19
La valorisation du patrimoine et de la créativité par la industrie touristique Dr. Lluís Bonet Paris, 2-3 Octobre 2008 www.ub.edu /cultural U B UNIVERSITAT DE BARCELONA

La valorisation du patrimoine et de la créativité par la ...jec.culture.fr/Bonet_diaporama.pdf · sectorielle •Saisonnalité • ... • Le développement du tourisme culturel

Embed Size (px)

Citation preview

La valorisation du patrimoine et de lacréativité par la industrie touristique

Dr. Lluís BonetParis, 2-3 Octobre 2008www.ub.edu/cultural

U

B

UNIVERSITAT DE BARCELONA

���� L’industrie touristique et la culture

���� Modèles de développement: stratégiesde durabilité et évaluation de leursimpacts

���� L’analyse économique appliquée autourisme culturel, et à ses limites

TEMAS

L’INDUSTRIE TOURISTIQUEET LA CULTURE

Le contexte de l’industrie touristique

• L’industrie touristique est un secteur adulte, marqué par uneénorme et croissante compétence internationale entre lesdestinations, et en pleine transformation en ce qui concerne lemodèle économique de la distribution (par ex., internet implique un marchéplus transparent et compétitif, qui oblige à repositionner les intermédiaires, les agences,les tour-opérateurs…)

• La demande touristique mondiale dépend des revenusdisponibles, du climat de confiance, du temps libre et despossibilités de loisir des grands marchés émetteurs (Europe etAmérique du Nord)

Destinations du tourisme international

Source: OMT

Le contexte de l’industrie touristique

• “As more cities and regions compete in (re)producing andpromoting themselves for tourism and culture employing the sameformulaic mechanisms, their ability to create ‘uniqueness’arguably diminishes” (Harvey 1989)

• L’offre doit ajuster la relation qualité prix du produit et réinventerdes stratégies de séduction, en phase avec ces possibilités et cesattentes, afin de rester compétitive

• Dans ce contexte, le tourisme culturel émerge en tant que stratégiede positionnement des villes et des régions, en apportant unevaleur ajoutée à l’offre touristique conventionnelle à un coûtrelativement bas (en profitant du l’offre et du patrimoine culturelexistant)

• La culture est perçue alors comme génératrice de bénéficesexternes positifs pour le développement économique local

Qu’est-ce que le tourisme culturel?Un concept difficile à définir, puisque le touriste consomme tôt ou tard des produitsculturels, de manière consciente ou non, qu’il soient authentiques ou conçus dansce but (des spécialités locales, une promenade dans un centre historique…). Bienque l’intérêt réel pour les autres cultures soit en fait réduit, l’expérience touristico-culturelle est plus enrichissante.

• Intuitivement, il comprend la demande et l’offre de services associés à la visite demusées, monuments, centres historiques, parcs archéologiques et naturels, fêtestraditionnelles, marchés d’artisanat et d’art, gastronomie traditionnelle, festivals,spectacles, expositions, etc.

• Selon la European Association for Tourism and Leisure Education (ATLAS) il s’aditdu “mouvement des personnes en dehors de leur lieu de résidence, dans le butd’obtenir de nouvelles informations et expériences pour satisfaire leurs besoinsculturelles”.

� 3 conditions sont nécessaires pour parler de Tourisme culturel:• Le désir de connaître (apprécier, comprendre) certains objets ou coutumes, actuelles ou

passées (bien qu’on ne puisse pas toujours comprendre toutes les expressions de laculture locale)

• La consommation d’un produit qui possède ou renferme un sens culturel: monument,oeuvre d’art, spectacle, tradition, échange d’idées, etc.

• L’intervention d’un médiateur (une personne, un document écrit ou un matérielaudiovisuel), dont le but est de souligner la valeur de la ressources culturelle, saprésentation et son explication, et de la transforme en un produit touristico-culturel

Caracteristiques du touriste culturel

2 grandes typologies de touriste culturel:• Le touriste strictement culturel: il voyage poussé principalement par une raison

ou un événement culturel; caractérisé par un haut niveau d’études et unecapacité d’interprétation de la manifestation visitée.

• Le visiteur d’une manifestation culturelle en tant qu’activité complémentaired’une autre raison touristique (les plus nombreux)

Auxquelles nous pourrions rajouter une 3ème typologie:• Le touriste qui recherche une expérience créatrice (peindre, apprendre à cuisiner…)Uniquement, entre le 20% et le 30% des personnes interrogées sur un lieu culturel(ATLAS). Ce sont en majorité des professionnels urbains, avec un niveau d’étude et

de dépense supérieur à la moyenne

Il y a plusieurs catégories de comportement:

� Les collectionneurs de connaissance (60% des touristes culturels en Espagne). Ilsvisitent en général différents lieux et préfèrent augmenter la liste des lieux visitésplutôt que d’en approfondir la connaissance (zapping touristico-culturel).� Les passionnés de culture (25%). En plus de connaître, ils veulent comprendre lelieu, ce qui les incite à revenir, ou réaliser des séjours plus longs. Un public exigentmais fidèle.� Les amateurs de culture (15%). A mi-chemin entre les collectionneurs et lespassionnés, avec certains intérêts prédéterminés (musique, art, patrimoine...)

Le tourisme culturel est un phénomène social ambigüe:• Il existe une énorme variété de:

– Motivations: expérimenter, connaître, se reposer, interagir,collectionner…

– Attentes: elles sont diverses, mais beaucoup recherchent un produitidéal dans un cadre de rêve, sans conflits, inconfort ou problèmes, àun prix modique et, si possible, en pleine saison

– Comportements (et effets) contradictoires: respect, contemplation…;mais aussi faire la fête, utiliser puis jeter, salir

Le touriste culturel (nous-mêmes) peut se comporter de manièresparfois contradictoires, depuis l’amour pour le sublime à l’attirancepour le plus banal, du respect à la dégradation.

• Les manifestations culturelles n’échappent pas au fétichisme dusymbolique ni à la volonté commerciale

•Le tourisme culturel reste un commerce d’identités (réel, fictif, rêvé…),avide de clichés mais aussi de curiosités et de désir d’interagir

MODÈLES DEDÉVELOPPEMENT:

STRATÉGIES DE DURABILITÉET ÉVALUATION DE LEURS

IMPACTS

Modèle de développement durable

TOURISMETOURISMECULTURELCULTUREL

BIEN ETCONTEXTECULTUREL

Préservation de la ressource

VISITEURSqualité de

l’expérience

COMMUNAUTÉdéveloppement local

et qualité de vie

Stratégies de durabilité

•Valorisation culturellelocale•Formation et soutien initialaux acteurs sociaux•Espaces de négociationtransparente

•Programmation•Accessibilité•Services

•Étude et restauration•Limitation des visites•Stratification campagnede réputation et diffusion

Stratégiesde gestionintégrale

•�� revenu et emploi local•Investissementlocal/externe•Seuils et vitessed’absorption du changement

•Indices de satisfaction•% d’espacescannibalisés par desusages non culturels•ISO qualité des services

•�� coût de maintenancepar visiteur•�� références éditées

Indicateurs

•Croissance économique•Impact et distribution desexternalités positives etnégatives•Absorption du changement

•Qualité objective•Valorisation del’expérience

•Capacité de chargephysique (détériorationnaturelle + visites)• Reconnaissance

Variablesclef

•Développementéconomique, social etculturel local•Qualité de vie

•Jouissance et qualité del’expérience

•Préservation•Mise en valeurObjectif

Communauté localeVisiteurBien et contexteculturel

Objetd’analyse

Effets du développement du tourisme culturel

•Ségrégation etexclusion sociale•Blocage de l’identitélocale

•Mercantilisation•Banalisation•Dégradation de laqualité de la visite ou del’expérience

•� coût de la vielocale•Mono-spécialisationsectorielle•Saisonnalité•Haute dépendance dela conjonctureinternationale

•Prestige•Éducation•Renforcement del’identité et de l’autoestime locale

•Préservation•Mise en valeur•Enrichissement desparticipants

•Revenu disponible•Marché du travaillocal•Investissement local•Revenus publics•Sponsoring externe•Transports etcommunication

+

ExternalitésCulturelsÉconomiquesEFFETS

L’ANALYSE ÉCONOMIQUEAPPLIQUÉE AU TOURISME

CULTUREL, ET À SES LIMITES

Observations et thèmes de recherche

���� L’estimation de l’impact économiqueCe sont les plus nombreuses, presque toujours des commandes externes

���� La valorisation contingenteProlifération d’études académiques, centrées sur des événements ou des festivals

���� L’analyse des marchés touristico-culturelsDes études centrées sur des territoires, ou avec un but de planification

���� L’analyse du comportement de la demandeDes études de base empiriques sur les goûts et les comportements des touristes culturels

���� L’analyse des stratégies gouvernementales de soutien au secteurSurtout des commandes à des consultants, mais aussi quelques études critiques

• Il existe très peu de recherches économiques spécialisées dans la comparaisondes hypothèses de base empirique, appliquées au domaine du tourisme culturel.La majeure partie des études l’analysent de manière collatérale (économie dupatrimoine, des festivals…) ou bien elles répondent à des commandes deconsultant pour la planification de stratégies de développement local

• Au cours des dernières années, quelques recherches ont abordé le sujet (parfoisselon des angles multidisciplinaires). Pour l’instant les études se sont surtoutcentrées sur:

Les limites des études d’impact économique

• La communauté académique se montre assez critique envers la majorité des étudesd’impact économique, car leur manque de données les amène à:

• Surestimer l’effet généré par la dépense culturelle, en ne déduisant pas les effetsd’inertie (c’est à dire ceux qui se produisent dans tous les cas)

• Survaloriser les effets de déplacement (les flux vers l’extérieur), les effets desubstitution (entre secteurs) ou le changement de structure du marché du travail (parex. Serveur-agriculteur)

• Survaloriser les dépenses induites (transport, restauration, cadeaux) et la proportiondes touristes culturels par rapport au flux touristique global

• Un déterminisme exagéré du multiplicateur entre l’apport publique et le sur-revenufiscal

• Ne pas prendre en compte les externalités négatives (� coût de la vie, la congestion...)• De même, elles sont utilisées pour provoquer des conclusions inadéquates. En analysant

les effets coût>production>revenu, elles mesurent l’ampleur des effets économiquesdirects, indirects et induits générés, mais elle ne servent PAS a:

• Distinguer entre les assignations alternatives des ressources publiques disponibles(coût d’opportunité)

• Évaluer le coût-bénéfice obtenu par l’usage de ces ressources• Enfin, apparaissent des problèmes de délimitation territoriale (distinguer entre interne et

externe) et sectorielle (où commence et où termine le tourisme culturel)• D’autres méthodologies, comme la valorisation contingent, permettent de mieux mesurer

les externalités. L’idéal est de travailler avec des méthodes complémentaires (impactéconomique, comptes satellites, valeur contingente…) et sans pressions politiques.

En conclusion

• Le développement du tourisme culturel émerge en tant que stratégieconvergente de l’industrie touristique et des gouvernement locaux

• Un tourisme culturel durable doit être fondé sur le respect de lamanifestation culturelle, le développement de la communauté locale, etla qualité de l’expérience touristique

• Sont nécessaires pour cela des études empiriques qui puissentmesurer les effets culturels et socioéconomiques du tourisme sur lesmanifestations et les héritages culturels. L’abus ou le mauvais usagedes études d’impact économique ne doivent pas amoindrir l’intérêt dela valorisation des effets économiques et les externalités, ainsi que lavaleur contingente de la culture

• La culture, la créativité et l’innovation jouent un rôle central dans uneindustrie chaque fois plus concurrentiel a niveau international. Lesquestions sont: Qui dois payer les couts de ce investissement?Comme évaluer le cout bénéfice et d’opportunité de la créativité?

Références bibliographiques

• BONET, L. (2003), “Cultural Tourism”, TOWSE, R. [ed.], Handbook of Cultural Economics,Glos: Edward Elgar, 187-193

• GREFFE, X. (2003), La valorisation économique du patrimoine, París: La documentationFrançaise.

• Harvey, D. (1989). The condition of postmodernity. Oxford: Basil Blackwell.

• KOBOLD, C. (1997), “Optimizing the Use of Cultural heritage in Economic Perspectives”,HUTTER, M.; RIZZO, I. Economic Perspectives on Cultural Heritage, London: BasingstokeMacMillan, 155-169

• MAZZANTI, M. (2002), “Cultural heritage as multi-dimensional, multi-value and multi-attribute economic good: toward a new framework for economic analysis and valuation”,Journal of Socio-Economics, 31, 529–558

• NAVRUD, S.; READY, R. (ed.)(2002) Valuing Cultural Heritage: Applying EnvironmentalValuation Techniques to Historic Buildings, Monuments, and Artifacts. Chelthenham:Edward Elgar Publishing.

• NOONAN, D. S. (2003), “Contingent Valuation and Cultural Resources: a Meta-AnalyticReview of the Literature”, Journal of Cultural Economics, 27, 159-176

• Organización Mundial del Turismo (2002) Turismo: Panorama 2020. Previsiones mundialesy perfiles de los segmentos de mercado, Madrid: OMT.

Referencias bibliográficas• Organización Mundial del Turismo (2005), Gestión de la saturación turística en sitios de

interés natural y cultural - Guía práctica, Madrid: OMT.

• RICHARDS, G. (1997), “From Cultivated Tourists to a Culture of Tourism?”, VTB-VABConference on Cultural Tourism, Brussels.

• RICHARDS, G.; BONINK, C.A.M. (1995), “European Cultural Tourism Markets”, Journal ofVacation Marketing, 1, 173-180.

• SEAMAN, B. (2002), “CVM vs. Economic impact: Substitutes or Complements?”, Handbookof Cultural Economics, Glos: Edward Elgar, 224-231.

• SEAMAN, B. (2006), The Relationship Among Regional Economic Impact Models: The Caseof Cultural Assets, Working paper 06/05. Georgia State University. Nonprofit studiesprogram.

• SMITH C.; JENNER, P. (1998), “The Impact of Festivals and Special Events on Tourism,Occasional Studies”, Travel and Tourism Analyst, 4, 73-91.

• STANLEY, D. et al. (2000), “Win, Place or Show: Gauging the Economic Success of theRenoir and Barnes Art Exhibits”, Journal of Cultural Economics, 24(3), 243-255.

• THROSBY, D. (2003), “Determining the value of cultural goods: How much (or How little)does contingent valuation tell us”, Journal of Cultural Economics, 27, 275–285

• World Tourism Organization (2001), Cultural Heritage and Tourism Development, Madrid:WTO.