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La véritable histoire - publie.net · ®papier+epub, marque déposée publie.net. John Barnett La véritable histoire de l’assassinat de ... peut-être avant nous sur la terre

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La véritable histoirede l’assassinat de

Marilyn Monroe

du même auteur, chez le même éditeur :

La véritable histoire du crash de RoswellLa véritable histoire de la Guerre froide

La véritable histoire des premiers pas de l’Homme sur la luneLa véritable histoire de l’assassinat d’Elvis Presley

La véritable histoire de l’assassinat de J.F. KennedyLa véritable histoire du Watergate

(à suivre)

r

“ son blog: http://www.johnbarnett.fr/

Écrivain-détective né le 1er mai 1931, le jour de l’inauguration de l’Empire State Building — mais il n’y est pour rien — disparu en juillet 1969. Capitaine, sergent puis lieutenant des Marines en Corée, insubordonné par religion, démobilisé en 1957, agent de la CIA, puis détective privé. Un témoin l’aurait aperçu pour la dernière fois, embarquer dans un trawler des années 40, dans le port de Cockburn Town (îles Turcos & Caïcos), un cigare aux lèvres après avoir acheté une grande partie de la cave à alcool locale.

© Maggie Barnett, 1971, renewed 2013.© publie.net & Patrick de Friberg pour la traductionImages de couverture : Wikimédia et Julien ParocheDépôt légal : 3e trimestre 2013ISBN 978-2-8145-9756-3

®papier+epub, marque déposée publie.net

John Barnett

La véritable histoirede l’assassinat de

Marilyn Monroetraduit par

Patrick de Friberg

roman

PUBLIE

[NO

IR ]

La véritable histoire del’Amérique des 60’s

ou

Les aventures délirantesde Jack Pasolsky détective privé

Principaux méfaits retrouvés (l’enquête piétine) :

Black is Red comme le cul du vieux colonelLézard, lève-toi et marche

Le moine ne portait pas de basMême les flics ronflent la nuit

Joe, le paradis et leurs enfants illégitimes Un doigt de trop pour faire tomber la pluie

résumé

Le privé Jack Pasolsky est bien marri quand la maîtresse de Marilyn Monroe déboule dans son bureau, que la sœur de Marilyn Monroe le pend par les pieds par-dessus un balcon chic d’un gratte-ciel de Central Park, que Robert Kennedy lui ment et que la mafia le poursuit. Tout cela et bien d’autres calamités encore qui ont pour but unique d’empêcher la découverte de la vérité sur l’assassinat de celle qui ne porte que du Chanel N°5 sur la peau quand elle dort au couvent de la Miséricorde, ce qui est une absolue absurdité. Ah, oui, j’allais oublier : Joe, la fille de John Barnett et néanmoins la secrétaire de Pasolsky, possède l’une des plus belles plasties de la galaxie (même si, en dehors de notre bonne vieille terre, les arrière-trains extraterrestres militent pour l’abstinence éternelle)..

l’auteur 4résumé 11

chapitre 1 15J’ai appris d’une longue expérience douloureuse qu’il ne faut pas

résister aux grandes forces de la Nature. Le cyclone, la mer

déchaînée par la vague scélérate, le volcan en furie ou la femme

trompée qui vous vise de son flingue sans trembler.

chapitre 2 31Le silence était éloquent, on aurait entendu une mouche péter.

chapitre 3 43Je lui fis donc les poches, remplies de bonbons collants, d’un

portefeuille qui avait l’âge de mon grand-père, pas le rabbin, l’autre

qui faisait le travesti dans les claques de Broadway.

chapitre 4 55Le doux bruit du palan de chantier me fit penser qu’il me fallait

profiter de cette vue avant qu’on me l’enlève. Mon nez ne me

démangeait plus, preuve que la nature psychologique de la torture

l’emporte le plus souvent sur sa part physique.

chapitre 5 67Une élection sans les pics à glaces des dockers dans les

manifestations républicaines est une élection perdue.

chapitre 6 68Pancrasse avait les yeux aussi ouverts qu’une chouette après un

fixe d’héroïne. Je dois vous avouer que je suis contre l’adminis-

tration de produits stupéfiants aux animaux sauvages.

chapitre 7 93Je vous laisse imaginer mon courroux à la dimension de ma haine

envers tout ce qui vole depuis qu’en Corée l’on m’a poussé pour

des mauvaises raisons en dehors d’avions en bon état de marche,

le tout avec l’élan de la tape d’un sergent largueur

goguenard.

chapitre 8 103Je ne peux que prescrire aux anxieux des vols moyens ou longs

courriers de tomber amoureux le temps du voyage

New York-Hollywood.

chapitre 9 113Le FBI était un repaire d’intellectuels efféminés pour les

fonctionnaires de la CIA.

chapitre 10 125Elle avait sa manière particulière de parler, les yeux fermés pour

profiter de son cigare et surtout celle de remonter sa jambe pour

créer cet angle parfait qu’on dit isocèle alors qu’il n’est qu’à écarter

pour devenir parfait.

chapitre 11 135Vous n’en saurez pas plus parce qu’il n’y a pas de raison que vous

en sachiez plus que moi. Foi du seul détective privé sans le sou

qui a connu bibliquement la meilleure et la plus douce des hétaïres

de l’univers.

chapitre 12 145Il fallait que je sois prudent, même si la perspective d’enquêter

sans rémunération avait refroidi mes ardeurs de détective en

provoquant cette lassitude dépressive qui promet une soirée à

jouer du trombone en s’oubliant au whisky.

chapitre 13 161Son lit était de la facture américaine originale qui permet de rece-

voir les quintaux de graisse du client américain pressé sans avoir

à racheter à chaque passe la literie au complet.

chapitre 14 169Il faut quelques fois rappeler à la force brutale du bras armé de

nos institutions que nous ne sommes quand même pas seule-

ment des sauvages assoiffés du sang des Indiens qui habitaient

peut-être avant nous sur la terre bénie du centre de l’univers, mais,

en revanche, n’avaient pas construit une seule entreprise rentable

avant notre arrivée.

chapitre 15 179Ce fut alors le déchaînement de la revanche masculine et le début

de ma douloureuse intervention pour que l’acte simple et naturel

du coït présidentiel ne prenne pas le chemin de l’exécution froide

d’un simple détective privé new-yorkais.

chapitre 16 191Ceci dit, sa réputation de conservatisme aurait été vérifiée s’il n’y

avait pas autant de démocrates du Sénat que de républicains de

la chambre parmi ses membres, ce qui était une preuve supplé-

mentaire du manque de convictions de nos élus, une fois installés

dans leur fauteuil.

chapitre 17 207L’appartenance à un club vient en deuxième position dans la

hiérarchie des obligations culturelles du bourgeois new-yorkais,

après l’appartenance à une confrérie universitaire la plus élitiste

possible et bien avant l’adhésion à une loge franc-maçonne.

chapitre 18 217Nous sommes d’une tradition maritime complexée où notre

relation à la mer ne pourra jamais égaler notre amour des immen-

sités terrestres du Grand Ouest où l’on s’est pourtant fait si souvent

trouer la peau pour un simple verre refusé d’alcool frelaté.

chapitre 19 229Le nouvel arrivé avait un accent à couper au couteau le Burrino

di bufala qui, comme tout le monde le sait, se mange presque

pourri et surtout quand il pue vraiment.

chapitre 20 243J’allais m’évanouir rien qu’à la vue de ces merveilleuses créations

qui devraient rappeler aux sages qui dirigent notre pauvre humanité,

que, non pas à cause d’une couleur d’âme quelconque, d’une

capacité originale ou d’une aptitude à la survie supérieure aux autres

espèces, que l’Homme, je veux dire l’Américain de New York, est

une race supérieure parce qu’il a inventé le Spécial Pasolsky.

chapitre 21 251Je ne comprenais pas cette envie bourgeoise de vouloir découvrir

la diversité de la planète, alors que l’humanité en entier était pré-

sente autour de Broadway, de plus sur un futur Titanic et si loin

de Julio’s.

chapitre 22 263Il fallait quatre heures à un C-141 Starlifter de l’Air Force à vide,

réquisitionné par le FBI ou la CIA pour traverser le pays, fort de ses

huit cent cinquante kilomètres par heures.

chapitre 23 275Pancrasse se recula, apeuré que je me jette aussi sur lui pour

montrer ainsi mon bonheur de les retrouver.

chapitre 24 283Autant croire en l’existence des petits hommes verts ou qu’Elvis

Presley mourra le 16 août 1977 à l’âge de quarante-deux ans.

épilogue 293Autant vous dire que la vision idyllique d’une image pastorale et

printanière peut me pousser au meurtre si je n’ai pas une dose

suffisamment corsée de whisky pour me faire croire que je suis

dans un monde irréel qui se terminera par la gueule de bois du

lendemain.

Aux vétérans et à tous les décorés.Pour qui le hasard d’une balle perdue était bien

plus dangereux que la rareté d’un tir ajusté. Que le diable vous enivre, à perpétuité.

John Barnett

chapitre 1J’ai appris d’une longue expérience

douloureuse qu’il ne faut pas résister aux grandes forces de la Nature. Le

cyclone, la mer déchaînée par la vague scélérate, le volcan en furie ou

la femme trompée qui vous vise de son flingue sans trembler.

&

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e suis Jack Pasolsky, détective privé. New York.Je voudrais bien fanfaronner en vous racontant que je suis le meilleur de toute la profession parmi ces

centaines d’officiers et de sous-officiers démobilisés après ces conflits où nous avions seulement appris à tuer et à survivre. Rien de tout cela dans mon curriculum encore un peu vitae par le hasard ou par le fait que je courre très vite depuis tout petit.

Après la guerre de Corée, de retour à New York, nos médailles accrochées derrière notre fauteuil en similicuir, nous nous sommes arrogé le droit de faire la loi, en sou-venir de tous les passe-droits que nous avions usés sur les champs de bataille.

— Je suis aussi un peu fainéant. Dans ma catégorie, je suis juste positionné avant

les petites frappes que les rares clients payent quelques dollars pour aller faire chanter un notaire ou faire taire un banquier récalcitrant.

J’ai vécu des temps difficiles, mais le pire qui ne me soit jamais arrivé fut de rester au bureau

-J

LA VÉRITABLE HISTOIRE DE L’ASSASSINAT DE MARILYN MONROE

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sans boulot, les poches pleines de dollars d’une enquête rondement menée, après avoir dépensé tout ce dont peut rêver un détective privé de New York si peu envieux comme moi des richesses du monde.

Alors, je me suis ramolli. J’avais beau essayer le « Jack Pasolsky, mon vieux frère – parce que je me considère ainsi, quand je n’ai pas le moral –, secoue-toi et va te cogner un ou deux malfrats du Bronx, une poignée de religieux politisés ou un artiste qui vou-drait sortir son violon de son étui », mais rien n’y fit.

Il faut vous dire que ce qui me mit les tripes en pelote, alors que la petite voix me dirigeait vers un voisin et son violon, si tentant à exploser d’un coup de mon 38’ parce qu’authentique Stradivarius, vers à la belle chair tendre, la veine fine et la douceur de la peau de ma secrétaire, la jolie Joe, ce ne fut pas le sou-venir de nos sorties désespérées des tranchées de Corée – on apprend à vivre avec ses peurs et ses pantalons mouillés –, ni les cauchemars que vous donnent vos premières rencontres avec des cadavres – il y a une morbide habitude qui s’installe dans l’étude du détail tragi-comique –, ni même cette découverte d’une nuit trop arrosée quand vous remarquez que la jolie blonde que vous aviez emmenée chez vous, pisse debout en sifflant My Bonny is over the sea – là, vous ne pouvez qu’imaginer la tête de Pancrasse quand vous lui raconterez, et le rire vous sauve.

Non, je ressens encore le choc qui me traversa l’esprit quand je compris que rien n’était pire que de

savoir qu’une blonde aussi stupide et innocente que Marilyn Monroe s’était éteinte avant que

JOHN BARNETT

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son sublime corps n’ait pu révéler sa beauté intérieure par le principe de la physique fondamentale de l’équi-libre des masses corporelles humaines quand elles vieillissent. Je me voyais pourtant tellement, déjà, la croiser, quand je serai vieux, encore alerte, les fausses dents étincelantes, mon compte en banque bien chargé, elle, décatie, tellement à ma portée que j’aurais fait cet effort qui coûte au corps, mais satisfait tant l’ego du Pasolsky : je l’aurais emmenée danser pour entendre craquer ses genoux.

C’est pour cela que j’eus ce brutal ressenti d’un acte manqué qui me poursuivrait longtemps, d’avoir laissé échapper une nuit future avec la star des stars enfin à ma portée.

Ok, vous allez encore dire que le vieux Pasolsky, quand il a une idée dans la tête, ne l’a pas ailleurs, mais voilà que ce 7 août 1962, encore sous le choc de la disparition de Marilyn Monroe, je cuvais dans mon coin mon Jack Daniel’s, quand débarqua une folle dingue qui n’offrit pas le moindre bonjour à ma douce secrétaire, ma Joe Louis Barnett – prononcer Louisssss comme le boxeur – cette intelligence fine aux jambes si parfaites, disais-je l’autre jour à mon ami l’agent spécial du FBI Roberto Pancrasse junior, qu’on fan-tasme de se les accrocher autour du cou comme la décoration ultime d’un Olympe retrouvé.

La furie, donc, ouvrit la porte d’un seul coup de poitrine et me balança le journal du jour sous les yeux.

Joe, qui porte pourtant son deuxième prénom en l’honneur du meilleur boxeur de l’univers, mais aussi le nom de famille de l’écrivain John Barnett

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dont elle a hérité surtout l’indépendance d’esprit et la rapidité du coup de boule, n’avait pu faire un seul mouvement pour l’empêcher de me réveiller de ma sieste sacrée, doucement dépressive et alcoolisée autour de mon fantasme avorté, parce que l’heure de la digestion post-déjeuner est réservée à la deuxième couche de son vernis à ongles, une véritable oeuvre d’art, qui l’occupe chaque année le temps nécessaire à une éléphante d’accomplir sa gestation.

Joe eut juste le temps de crier un « hé là, la grosse ! Quand on est éduqué, on frappe avant d’frapper ! ». L’autre n’en eut cure et j’avais la bouche trop pâteuse pour me fâcher. Je levais la tête en même temps que je prenais le temps de pousser mon chapeau vers ma nuque douloureuse

— Lisez, m’ordonna-t-elle.— Parce que ça écorcherait vos lèvres pulpeuses

de dire « S’il vous plaît » ?— Ne faites pas le con ou je vous en mets une,

« s’il vous plaît ».— Je peux savoir ?— Lisez ou je me mets en colère.La dame était grande, fine, les cheveux courts et

l’allure soignée. Pas un canon comme Joe, plutôt une pin-up qu’on pourrait épouser.

Elle avait sorti d’un sac ridiculement petit, un énorme colt inconvenablement immense, un de ces 1860 Model Army qui vous regarde le long des vingt centimètres et trois millimètres de son canon parfaite-

ment rond qu’on souhaiterait voir sur un châssis de char de combat plutôt que devant son nez.

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Sachez qu’on apprend à comprendre la science de la perspective quand on est pointé par une arme de ce calibre. Vous apprenez ainsi à mieux saisir pourquoi les militaires, ces galopins, peignent des yeux et un grand sourire carnassier sur leurs bombes atomiques, leurs avions ainsi qu’une cible sur leurs caleçons.

— Vous faites comment ?— Quoi ?— Pour ranger votre artillerie dans votre sac ?— Oh, ça, c’est ma grand-mère.— Votre quoi ?— Ma grand-mère m’a appris tout ce qu’elle

savait de la survie du temps de la prohibition. Gueuler si nécessaire, montrer son cul quand il le faut et des-cendre un salopard ou un nuisible quand c’est utile à l’éthique ou quand il veut toucher sans invitation, au cul, à la famille, où aux bons sens des affaires. Mais, laissez ma généalogie tranquille, je vous demande une dernière fois de lire l’article souligné, sinon vous aurez droit à sa deuxième leçon.

— Je me doute qu’il s’agira de faire taire un témoin, c’est ça ?

— Non, un crâneur. Mamy Sweet Butcher’s Hook, et Sweet Bee pour les intimes, ne supportait pas les frimeurs et préférait la musique de la poudre à canon à la sérénade du prétentieux.

Je n’osais pas imaginer pourquoi la douce abeille jouait du croc de boucher, j’ouvris donc le journal alors que le canon me chatouillait le front.

Je suis un romantique, vous le savez peut-être. Loin des relents habituels de la graisse et de

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la poudre, il émanait de l’engin les effluves de ces parfums capiteux qui suivent les Françaises quand elles débarquent du transatlantique certaines de trouver un mari riche à New York, juste avant de se faire alpaguer par les proxénètes qui leur promettent l’amour éternel.

« Il faut toujours se méfier d’une arme qui sent la rose de Paris », surtout entre Pigalle et le Moulin Rouge, m’avait appris mon père qui avait voyagé comme boxeur professionnel en Europe parce qu’il acceptait de se coucher au troisième round pour tou-cher sa part de cotes des paris truqués. Peut-être même étais-je le fils naturel d’une Girl qui avait levé la jambe sur le paternel, mais préféré le french cancan à l’amour douloureux d’un boxeur alcoolique. Ma mère, cette sainte intellectuelle, restait prudente sur mes origines, parce qu’elle défendait la propriété col-lective de l’Internationale marxiste depuis les gènes de l’enfant, jusqu’à la révolution du prolétariat.

— J’ai appris d’une longue expérience douloureuse de voyageur paresseux qu’il ne faut pas résister aux grandes forces de la Nature. Le cyclone, la mer déchaînée par la vague scélérate, le volcan en furie ou la femme trompée qui vous vise de son flingue sans trembler.

— Vous êtes philosophe, mon vieux. C’est dans des cas comme ceux-là que vous pourriez perdre une oreille par accident, ou pire, parce que j’ai le bras qui faiblit quand j’ai des aigreurs. Je n’ose envisager pour

vous une reconversion en castra. Lisez, je vous dis.

JOHN BARNETT

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Elle ne tremblait pas, mais alors seulement de la paupière et pour mieux viser. Une vraie profession-nelle, le doigt manucuré sur la queue de détente qu’elle caressait sans l’exciter, n’y voyez aucune allu-sion grivoise. Une si parfaite maîtrise de soi restait une chance pour ses aigreurs et pour la reconversion présentée.

Je pris donc le journal, essayais de lire en tendant les bras, parce que je porte des lunettes de lecture depuis peu et que la honte m’envahit quand une femme me surprend avec mes besicles de vieux sur le bout du nez.

L’article était entouré d’un cercle rouge, visible-ment du rouge à lèvres dont l’odeur de fraise me fit penser à celui que portait Joe lors de son premier baiser, juste avant la gifle qui avait calmé mes ardeurs, malgré l’excuse toute trouvée de lui expliquer que la science se devait de démontrer cette certitude à l’enfant qui embrasse pour la première fois, que le baiser des jolies femmes a toujours le goût du bonbon à la fraise des bois.

L’article était mal écrit dans cette nouvelle mode des journaleux de vouloir imiter Ernest Hemingway au lieu de faire leur simple boulot de reporter. Sa lecture m’apprit qu’une femme avait été retrouvée dans un appartement de la banlieue de Boston, nue et allongée sur le ventre, visiblement arrosée copieusement de parfum de la célèbre marque.

— C’est hors de ma juridiction et trop loin de mes compétences. Je ne fais que dans le mari trompé et la femme volage, deux pléonasmes proches

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du chleuasme quand je pense à ma propre vie amoureuse.

— J’m’en tape de vos « asmes », monsieur le détective.

Elle avait sorti de son sac une autre coupure de journal, celle-ci du New York Times, découpée rageu-sement. Elle me le claqua sur le bureau.

— Lisez ça, aussi.— Encore ?— Vous voulez vivre une minute de plus avant

que je m’énerve ? Alors, lisez !— Je vais finir écrivain, non ? À force de lire sous

la contrainte ?— Lisez et fermez là.J’allais avoir un bleu sur le front à défaut d’un

trou bien net, si je ne m’exécutais pas. Je devrais sur-tout expliquer la marque à toute la clientèle de mon restaurant préféré, chez Julio’s qui me reprocherait à vie l’abandon d’une religion dont je pensais qu’un Dieu bougon les avait abandonnés depuis si longtemps. J’obéis donc à nouveau en soupirant. Là, je vous avoue que mon sang ne fit qu’un tour. Une de ces impressions nauséabondes qui vous prouve par le simple bon sens que les flics se sont encore mis le doigt dans l’oeil, jusqu’à le voir ressortir par l’arrière dans un état impropre à la consommation.

Joe avait passé la tête par la porte, les sourcils en angles aigus, signe évident qu’elle était en train de viser, qu’elle tenait de la main cachée par le cham-

branle, ma batte de base-ball fétiche signée par Jackie Robinson, lui-même.

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