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La Visite de la vieille dame Ci-dessus : Pauline Méreuze, Noam Morgensztern, Céline Samie, Samuel Labarthe. En couverture : Michel Favory, Samuel Labarthe, Noam Morgensztern, Didier Sandre, Christian Gonon, Danièle Lebrun, Christian Blanc, Gérard Giroudon. © Cosimo Mirco Magliocca

La Visite de la vieille dame En couverture : Michel Favory, Samuel … · 2018-06-08 · de Jean Lebrun ICoordination artistique Michel favory 3 MARS, 19 MAI Esquisse d’un portrait

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La Visite de la vieille dameCi-dessus : Pauline Méreuze, Noam Morgensztern, Céline Samie, Samuel Labarthe. En couverture : Michel Favory, Samuel Labarthe, Noam Morgensztern, Didier Sandre, Christian Gonon, Danièle Lebrun, Christian Blanc, Gérard Giroudon. © Cosimo Mirco Magliocca

de la Comédie-FrançaiseLes Nouveaux Cahiers

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Le théâtre français du XXe siècledirection Robert Abirached

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spécialistes et les metteurs en scène de référence

Disponible en librairieou sur www.avant-scene-theatre.com

Danièle Lebrun, Christian Gonon, Samuel Labarthe. © Cosimo Mirco Magliocca

La Visite de la vieille damePièce en trois actes de Friedrich DürrenmattTraduction Laurent Muhleisen

DU 19 FÉVRIER AU 30 MARS 2014THÉÂTRE DU VIEUX-COLOMBIER

durée 2h10

Version scénique et mise en scène Christophe Lidon

Décor Catherine BLUWAL I Costumes Chouchane ABELLO TCHERPACHIAN ILumières Marie-Hélène PINON I Musique originale La Manufacture Sonore I VidéoLÉONARD I Assistante mise en scène Natacha GARANGE I Assistante décorFrançoise HENRY I Assistante lumières Lucie JOLIOT I Assistant vidéo CyrilleVALROFF I Le décor a été construit par l’atelier Jipanco. Les costumes ont été réaliséspar Catherine Jahan, Fatima Azakkour et Anna Gillis. La marionnette a été réaliséepar Daniel Sandron.

Ce spectacle a été créé au CADO, Centre National de Création Orléans-Loiret, du 23 janvier au 9 février 2014.

Coproduction Comédie-Française – Théâtre du Vieux-Colombier / CADO, Centre National deCréation Orléans-Loiret

L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté.

La Comédie-Française remercie M.A.C. COSMETICS I Champagne Barons de Rothschild I Baron Philippede Rothschild SA.

Pour la première fois à la Comédie-Française

L’avant-scène théâtreRéalisation du programme

avecYves GASC Koby et Loby, les aveugles I Simon EINE le Majordome, le MédecinNüsslin, Helmesberger I Gérard GIROUDON le Maire I Michel FAVORY le ProfesseurKühn I Christian BLANC le Commissaire Hahncke, un client de l’épicerie, le Reportertélé I Céline SAMIEMme Ill I Christian GONON Moby, Hoby, Voby, septième, hui-tième et neuvième maris de Claire Zahanassian I Danièle LEBRUN ClaireZahanassian I Samuel LABARTHE Alfred Ill I Noam MORGENSZTERN Karl, filsd’Alfred Ill, le Gymnaste, le Chef de train, un journaliste, le Caméraman, l’Employéde l’hôtel de ville I Didier SANDRE le Pasteur, le Peintre Hauser I Pauline MÉREUZEErica, fille d’Alfred Ill, la Femme du maire, une cliente de l’épicerie, la Serveuse del’auberge, une journaliste I et Fabrice COLSON,Xavier DELCOURT Toby et Roby,les mâcheurs de chewing-gum

La troupe de laComédie-FrançaiseFÉVRIER 2014

Gérard Giroudon Claude Mathieu Martine Chevallier Véronique Vella Catherine Sauval

Michel Favory Thierry Hancisse Anne Kessler Cécile Brune Sylvia Bergé Éric Ruf

Éric Génovèse Bruno Raffaelli Christian Blanc Alain Lenglet Florence Viala Coraly Zahonero

Denis Podalydès Alexandre Pavloff Françoise Gillard Céline Samie Clotilde de Bayser Jérôme Pouly

Laurent Stocker Guillaume Gallienne Laurent Natrella

Serge Bagdassarian Hervé Pierre

Nicolas Lormeau

Bakary Sangaré

Benjamin Jungers Stéphane Varupenne

Samuel Labarthe

Gilles DavidChristian Hecq

Suliane Brahim Georgia Scalliet Nâzim Boudjenah

Danièle Lebrun

Louis Arene

Félicien Juttner

Pierre Niney Jérémy Lopez Adeline d’Hermy

Sociétaires

Pensionnaires

Pierre Hancisse Sébastien PouderouxBenjamin Lavernhe

Michel Vuillermoz Elsa Lepoivre Christian Gonon

Julie Sicard Loïc Corbery Léonie Simaga

© Christophe Raynaud de Lage

Elliot JenicotJennifer Decker

Laurent Lafitte

Muriel Mayette-Holtz

Adm

inistratrice

générale

Pierre Louis-Calixte

Noam Morgensztern

Sociétaires honorairesGisèle Casadesus, Micheline Boudet, Jean Piat, Robert Hirsch, Ludmila Mikaël,Michel Aumont, Geneviève Casile, Jacques Sereys, Yves Gasc, FrançoisBeaulieu, Roland Bertin, Claire Vernet, Nicolas Silberg, Simon Eine, AlainPralon, Catherine Salviat, Catherine Ferran, Catherine Samie, Catherine Hiegel,Pierre Vial, Andrzej Seweryn.

Les comédiens de la troupe présents dans le spectacle sont indiqués en rouge.

Claire de La Rüe du Can

Didier Sandre Pauline Méreuze

ClémentHervieu-Léger

THÉÂTRE DU VIEUX-COLOMBIER STUDIO-THÉÂTRESALLE RICHELIEU

Les spectacles de laComédie-FrançaiseFévrier-Juillet 2014www.comedie-francaise.fr

CandideVoltaire - Emmanuel DaumasDU 16 JANVIER AU 16 FÉVRIER

L’Île des esclavesMarivaux - Benjamin JungersDU 6 MARS AU 13 AVRIL

Cabaret BrassensThierry HancisseDU 3 MAI AU 15 JUIN

Les Trois Petits CochonsThomas QuillardetDU 26 JUIN AU 6 JUILLET

Dom JuanMolière - Jean-Pierre Vincent

DU 28 OCTOBRE AU 9 FÉVRIER

Psyché Molière - Véronique Vella

DU 7 DÉCEMBRE AU 4 MARS

AntigoneJean Anouilh - Marc Paquien

DU 20 DÉCEMBRE AU 2 MARS

Le Songe d’une nuit d’étéWilliam Shakespeare - Muriel Mayette-Holtz

DU 8 FÉVRIER AU 15 JUIN

Un chapeau de paille d’ItalieEugène Labiche - Giorgio Barberio Corsetti

DU 21 FÉVRIER AU 13 AVRIL

Andromaque Jean Racine - Muriel Mayette-Holtz

DU 28 FÉVRIER AU 31 MAI

Le Misanthrope Molière - Clément Hervieu-Léger

DU 12 AVRIL AU 20 JUILLET

Lucrèce BorgiaVictor Hugo - Denis Podalydès

DU 24 MAI AU 20 JUILLET

Le Malade imaginaireMolière - Claude Stratz

DU 3 JUIN AU 20 JUILLET

Phèdre Jean Racine - Michael Marmarinos

DU 13 JUIN AU 15 JUILLET

PANTHÉONDes femmes au PanthéonMuriel MAYETTE-HOLTZ I Charlotte DELBO 6 MAI

Claude MATHIEU I Marguerite DURAS 13 MAI

Cécile BRUNE I Simone DE BEAUVOIR 20 MAI

Léonie SIMAGA I Marguerite YOURCENAR 27 MAI

RADIO FRANCERichard IIIlecture dirigée par Anne Kessler 2 MARS

LE CENTQUATRE-PARISÉcriture en scène #219, 20 JUIN

La Visite de la vieille dameFriedrich Dürrenmatt - Christophe LidonDU 19 FÉVRIER AU 30 MARS

OthelloWilliam Shakespeare - Léonie SimagaDU 23 AVRIL AU 1ER JUIN

HernaniVictor Hugo - Nicolas LormeauDU 10 JUIN AU 6 JUILLET

PropositionsDébats Théâtre et générations 28 MARS Qu’est-ce que vieillir au théâtre ? 16 MAI

LecturesLaurent NATRELLA I Daniel PENNAC 15 MARS Louis ARENE I Albert COHEN Belle du seigneur 24 MAI

La séance est ouverte avec France Inter enregistrement en public de « La Marche de l’histoire »de Jean Lebrun I Coordination artistique Michel favory3 MARS, 19 MAIEsquisse d’un portrait de Roland Bartheslecture par Simon Eine 10 MARS

Bureau des lecteurs 7, 8, 9 JUILLETÉlèves-comédiensCe démon qui est en lui de John Osborne dirigé par Hervé Pierre10, 11, 12 JUILLET

PropositionsÉcoles d’acteursLaurent LAFITTE 10 FEVRIER Pierre NINEY 24 MARSMartine CHEVALLIER 19 MAI Danièle LEBRUN 26 MAI Gérard GIROUDON 30 JUIN

Lecture des sens17 MARS, 7 AVRIL, 2 JUIN

STUDIO-THÉÂTREGalerie du Carrousel du Louvre99 rue de Rivoli – 75001 Paris01 44 58 98 58

SALLE RICHELIEU Place Colette – 75001 Paris 0 825 10 1680 (0,15 euro la minute)

THÉÂTRE DU VIEUX-COLOMBIER 21 rue du Vieux-Colombier – 75006 Paris01 44 39 87 00 / 01

Danièle Lebrun, Simon Eine, Christian Gonon. © Cosimo Mirco Magliocca

APRÈS DES DÉCENNIES d’absence,Claire Zahanassian revient à Güllen, lapetite ville de son enfance, pour y fêterses noces avec un huitième mari. Toutela communauté espère que la richissimevieille dame relancera l’activité de la villeplongée depuis longtemps dans lamisère. Mais si elle accepte de céderdes sommes colossales, c’est à uneseule condition : que l’on tue Alfred Ill,son amour de jeunesse qui l’a reniée

après l’avoir mise enceinte. Bannie parune morale hypocrite, elle a vécu hantéepar son désir de vengeance, qu’elle estaujourd’hui décidée à accomplir. Tout aulong de cette épopée, l’amoralité de lavieille dame va contaminer la ville entière.Comme dans un conte moderne, suivantsa propre idée de la justice, elle vadéclencher une véritable chasse àl’homme.

La Visite de la vieille dame

FRIEDRICH DÜRRENMATT est né en 1921en Suisse, dans le canton de Berne. Aprèsdes études de philosophie et de littératureallemande, ce fils de pasteur protestantdécide, en 1943, de se consacrer à lalittérature et au drame, parallèlement àune carrière de peintre. Remarqué parson concitoyen Max Frisch pour sa première pièce, Les Fous de Dieu, quifait scandale lors de sa création en 1947,il devient célèbre comme romancier,essayiste et théoricien du théâtre autantque comme dramaturge. Son œuvreabondante, de près d’une trentaine depièces, se caractérise par une critiquesociale forte marquée par les consé-quences de la Seconde Guerre mondialeet par la guerre froide. Il meurt en 1990à Neuchâtel.

FriedrichDürrenmatt

QUE CE SOIT AU THÉÂTRE, à l’opéra ouau cirque, Christophe Lidon mène depuisplus de vingt ans un parcours de metteuren scène exigeant qui privilégie les rencontres. Depuis qu’il a fondé sa compagnie La Nuit et le MomentThéâtre en 1991, il a créé de nombreuxspectacles en France comme à l’étran-ger, passant sans distinction dans lessalles les plus prestigieuses du théâtrepublic et du théâtre privé. Son univers vades grands classiques (Racine, Diderot,Shakespeare, Molière, Tchekhov,Goldoni) au répertoire contemporain(Xavier Durringer, Alessandro Baricco,David Lodge, Christian Siméon). À la

recherche d’un « théâtre humaniste »,impliqué dans la formation et la sensibi-lisation de tous les publics, c’est avec unesprit libre et un amour profond descomédiens qu’il aborde ses projets. Iltravaille en compagnonnage fidèle avecles « monstres » du théâtre que sontRobert Hirsch, Claude Rich, DanielleDarrieux, mais aussi des comédiens desa génération, Isabelle Carré ouAlexandra Lamy, et plusieurs acteurs dela Comédie-Française, dont DanièleLebrun, Christian Gonon, SamuelLabarthe et Didier Sandre qu’il retrouvepour cette création.

Christophe Lidon

Yves Gasc © Cosimo Mirco Magliocca

Au fond : Christian Blanc ; sur le banc : Simon Eine, Céline Samie, Didier Sandre ; au premier plan : Gérard Giroudon, Samuel Labarthe,Pauline Méreuze. © Cosimo Mirco Magliocca

Une pièce de troupeLa Visite de la vieille dame est une piècede troupe dont la force repose sur unprincipe choral. Il faut faire exister unepopulation, celle de Güllen, la « ville-fumier », en mettant en avant, commel'indique Dürrenmatt, ses notables quisont les représentants de la morale et dupouvoir – la politique avec le maire, lesavoir avec le professeur, l'ordre avecle commissaire, la spiritualité avec lepasteur, et le bien-être avec le médecin.À elles cinq, ces figures incarnent lamanière dont les décisions collectivessont prises ; ce sont ces décisions quiont déclenché le projet de vengeancede la vieille dame qui décide de s’« ache-ter la justice ». Cette pièce est une par-tition d'orchestre où chaque soliste a sonmoment, chacun dévoilant à sa manièrela face sombre et médiocre de l'humain.

Une noce funèbreDürrenmatt représente une société oùl’on dit vouloir être juste, sans s'inter-roger sur la légitimité des règles de la justice. Et voici qu'une femme revientdans sa ville natale pour se venger de cequ’on lui a fait quand elle avait dix-septans. À partir du moment où l'idée devengeance a germé en elle, Claire n’aplus vécu que pour la mettre en œuvre.C’est pratiquement la jeune fille dans lecorps de cette dame qui vient régler sescomptes. Dürrenmatt nous raconte

l’histoire d’une noce funèbre. Claire vientenfin épouser dans la mort le seulhomme qu’elle a vraiment aimé, unhomme qui l’a blessée et trompée. Cettepièce parle de quelqu’un qui arrive, maisaussi de quelqu’un que l’on reçoit. Ce qui est drôle et tragique à la fois,c’est que les notables de cette petiteville commettent la même erreur quepar le passé. Ils sous-estiment leuradversaire, ils pensent la berner en lui fai-sant « cracher ses millions », ils veulentl’exploiter, mais son plan, consubstantielà ce qu'elle est devenue au fil des décen-nies, est plus implacable que le leur. Ilsne pourront que payer le prix fort.

Une tragi-comédie ? Un conte ?Dürrenmatt décrit sa pièce comme unetragi-comédie. Le grotesque et le bur-lesque suffisent-ils à traduire la comédie ?La tragédie doit-elle forcément prendreles habits du drame ? Une chose estsûre, la pièce est tragique, le destin s’ac-complira malgré les humains, malgré lesuspense qui tient le spectateur enhaleine. C'est peut-être à cet endroitque se cache la comédie, une comédiehumaine de la bêtise et de la veulerie,voire de la résignation. On rira parfoisde ces gens qui se font rouler dans lafarine. Le message de Dürrenmatt estfondamentalement pessimiste. J’aichoisi de me diriger vers le conte, unconte expressionniste, pour éviter de

La Visite de la vieille damepar Christophe Lidon

me trouver sur le terrain de la fable, etdonc de la morale. J'ai voulu mettre enavant la présence oppressante de la forêtsombre, lieu propice à l'introspection età l'isolement. Je voulais que l'esthétiquede la mise en scène nous plonge dansunemémoire collective, celle du dangerqui rode et de la menace qui plane.Certaines scènes revêtent ainsi un carac-tère onirique, comme autant de souve-nirs surgissant du passé, un passé parfois tendre, où Claire Zahanassianredevient Clara. Le décor peut « laisservoir » mais aussi « dissimuler ».

La perversion des âmesJ’ai souhaité que la présence puissantede l'univers sonore guide le spectateurvers le sacrifice annoncé et accompagnela progression inéluctable de cette his-toire. Il pourra savoir intuitivement quandClaire Zahanassian est dans l'action et

quand elle est rattrapée par ses souve-nirs. L'évolution graduelle des costumesvient relayer la narration : les person-nages de la pièce, tout d'abord maladesd’une pauvreté lépreuse, vont peu à peu être physiquement contaminés parla richesse que leur promet ClaireZahanassian. Les traces de cette conta-mination apparaissent sur eux comme leferaient celles d'une maladie de peauminérale et métallique. Une maladie propagée par la vieille dame qui connaîtles ravages de la cupidité sur leshommes et leur capacité à renier leurmoralité et leur conception de la justicesous l’effet de l’appât du gain. Elle laisseface à elles-mêmes les âmes des habi-tants de Güllen occupées à tenter derecomposer leur bonne conscience.

PROPOS RECUEILLIS PAR LAURENT MUHLEISEN

Michel Favory, Samuel Labarthe, Didier Sandre. © Cosimo Mirco Magliocca

EN 1680, LOUIS XIV fonda la Comédie-Française en réunissant deux troupesdans lesquelles il choisit douze actriceset quatorze acteurs. Le plus souvent,cette parité relative y fut respectée.Pourtant, le répertoire français favorisadans son ensemble les belles partitionsmasculines. Chez Molière, les rôles fémi-nins sont relativement courts en dehorsde Psyché. Incontestablement, la tra-gédie offre davantage de rôles valori-sants, notamment chez Corneille :Camille (Horace), Émilie (Cinna), Pauline(Polyeucte), Cléopâtre et Rodogune(Rodogune). Chez Racine, Andromaque– le personnage central de la piècehomonyme – est peu présente contrai-rement à Agrippine (Britannicus), Béréniceou Phèdre. En dehors de Corneille etRacine, le répertoire tragique mettant àl’honneur des caractères masculins eutbien plus de succès que celui centré surdes héroïnes. Ce n’est qu’avec l’arrivéede Voltaire que le public suivit plus assi-dûment les vies tragiques de Zaïre,Adélaïde du Guesclin, Alzire, Mérope,Sémiramis. Deux écoles de jeu s’affrontèrent au XVIIIe

siècle dans la manière d’interpréter lesgrands rôles féminins : Mlle Clairon jouait« de réflexion » ses rôles qu’elle tenaitde bout en bout, tandis que MlleDumesnil « déblayait » la plupart desrépliques pour se concentrer surquelques moments. Le « grand rôle »

n’était pas forcément celui qui tenait leplus de vers mais plutôt celui qui four-nissait à l’interprète des moments debravoure. Au XIXe siècle, la comédie etle drame se saisirent peu à peu des pro-tagonistes féminins : Valérie etAdrienneLecouvreur de Scribe dépassèrent lestrois cents représentations, Marion deLorme de Victor Hugo (1838) connut uncertain succès mais les deux grandesfigures féminines de Hugo tarderont àêtre représentées au Français (LucrèceBorgia en 1918 et Marie Tudor en 1982).Le système des emplois régissait tou-jours l’organisation de la troupe et lesdistributions. L’emploi de « jeune pre-mière » ou de « grande coquette » dansla comédie et le drame réservait à cer-taines comédiennes, comme Mlle Mars,l’apanage des premiers rôles. Selonl’usage, la comédienne garda son emploijusqu’à sa retraite, interprétant ainsi lajeune première de Mlle De Belle-Isled’Alexandre Dumas en 1839, à soixanteans passés. La seconde moitié du XIXe siècle consacra le triomphe descomédies historiques et bourgeoisesdans lesquelles Dumas fils, Augier,Sandeau, dressèrent des portraits defemmes prisées des comédiennes.Sarah Bernhardt lors de son second pas-sage au Français (1875-1880) accaparales rôles vedettes. Après son départ, nese satisfaisant pas des rôles qui luiétaient offerts, elle interpréta en travesti

des rôles d’hommes, comme Marie-Thérèse Piérat qui reprit cette tradition(Hamlet, Lorenzaccio) et créa le person-nage d’Hedda Gabler au Français (1925).Au XXe siècle, La Voix humaine deCocteau pour Berthe Bovy (1930),Ondine de Giraudoux pour IsabelleAdjani (1974), La Folle de Chaillot deGiraudoux pour Annie Ducaux (1980),Félicité d’Audureau pour Denise Gence(1983), Mère Courage de Brecht pourCatherine Hiegel (1998), Oh les beaux

jours de Beckett pour Catherine Samie(2005) et Penthésilée de Kleist pourLéonie Simaga (2008) offrirent des rôlesdéterminants à ces actrices. La Visitede la vieille dame de Dürrenmatt, inspiréede la figure de Sarah Bernhardt, s’ins-crit dans cette lignée de beaux rôlesféminins que les administrateurs eurentà cœur de programmer pour les comé-diennes de la troupe.

AGATHE SANJUANconservatrice-archiviste de la Comédie-Française

Les grands rôles de femmes à la Comédie-Française

Catherine Bluwal, décor – Diplômée de l’École Camondo en 1982, Catherine Bluwal poursuit une carrière au théâtre et à la télévision. Au théâtre, elle travaille avec Christophe Lidonsur de nombreux spectacles, dont deux ont été récompensés par le Molière du meilleurdécor, Le Diable rouge d’Antoine Rault en 2009 et La serva amorosa de Goldoni en 2010. Ellecollabore également avec Delphine de Malherbe ou Didier Caron. À la télévision, elle estchef-décoratrice sur plusieurs téléfilms de Joël Santoni, Philippe Setbon, Marcel Bluwal ouencore Yves Boisset.

Chouchane Abello Tcherpachian, costumes – Diplômée de l’ESAT (Paris), section scéno-graphie, Chouchane Abello Tcherpachian expérimente le costume au cinéma sur les deux der-niers films d’Henri Verneuil, Mayrig et 588 rue paradis. Elle crée l’atelier « ABICENE » en 1992afin de créer et de réaliser des costumes pour le théâtre, puis pour le cinéma, la télévision,l’événementiel ou la publicité. Sa rencontre avec Christophe Lidon lui permet de renoueravec le théâtre à l’occasion d’Une journée particulière d’Ettore Scola et Ruggero Maccari.

Marie-Hélène Pinon, lumières – Créatrice lumière pour le théâtre, la danse, le cirque etl’opéra, Marie-Hélène Pinon collabore entre autres avec Pierre Guillois, Laura Scozzi, Fellag,le clown-physicien Norbert Aboudarham, Christian Bourigault, Jean-Claude Brialy, ArletteTephany et les scénographes Philippe Marioge, Claude Lemaire, Catherine Bluwal, CharlotteVillermet... En 2009, elle obtient le Molière de la meilleure création lumière pour Le Diablerouge d’Antoine Rault, mis en scène par Christophe Lidon, metteur en scène avec lequel elletravaille depuis 1991.

La Manufacture Sonore, musique originale – Vincent Butori, Jean-François Thomelin etYohan Progler ont créé il y a cinq ans La Manufacture Sonore. Ils menaient ensemble depuisde nombreuses années des projets théâtraux et musicaux, et ont choisi d’allier leurs compétencespour servir des projets variés, de la création théâtrale à la muséographie. Ayant tous les troisune double casquette de musicien et d’ingénieur du son, leur objectif est de toujours serviret nourrir une création de leur sensibilité.

LÉONARD, vidéo – Comédien et metteur en scène, Stéphane Cottin (LÉONARD) s’intéresseau langage de la scénographie-vidéo qu’il expérimente pour la première fois en 1997 auxcôtés de Christophe Lidon sur Marie Tudor de Victor Hugo. Depuis dix ans, il crée des dispo-sitifs vidéo pour ses propres spectacles, dont Les Indifférents de Camille Turlot et ÉricSzerman, ou pour d’autres metteurs en scène. Il collabore avec Christophe Lidon sur plusieurscréations, notamment Une journée particulière d’Ettore Scola et Ruggero Maccari en 2013.

L’équipe artistique

Directrice de la publication Muriel Mayette-Holtz Directrice administrative et techniqueAnne Pollock Coordination éditoriale Patrick Belaubre, Pascale Pont-Amblard, Chantal Hurault

Photographies de répétition Cosimo Mirco MaglioccaConception graphique Jérôme Le Scanff © Comédie-Française

Réalisation du programme L’avant-scène théâtre Impression Imprimerie des Deux-Ponts - Eybens, févier 2014

Licence n° 1-1039203 / Licence n° 2-1039204 / Licence n° 3-1039205