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La Voie de la Lumière, une voie déjà tracée et à explorer : Soit une recherche méthodique des moyens par lesquels la LUMIERE Intellectuelle des Consciences, c'est à dire la SAGESSE, puisse enfin se propager à travers les esprits de Tous les Hommes de Toutes les Nations, à l'approche du soir du Monde. [ lumière intellectuelle des consciences, la Sagesse, cf. CAP VIII § 7 &8] Ce Livre écrit 26 ans auparavant en Angleterre a finalement été imprimé à Amsterdam chez Christophe Conrad, en l'an de grâce 1668 , et renvoyé en Angleterre ------------ Salut, Prospérité, Avènement à la Société Royale de Londres, à l'occasion de son heureux travail d'enfantement de la Véritable Philosophie de ces temps magnifiques et porteurs de Lumière. Job : par où la Lumière diffuse t elle ? Et il arrivera qu'au Soir du monde : la Lumière sera (Zacharie) Le peuple qui va dans les ténèbres verra une grande Lumière : Elle resplendira pour ceux qui demeurent dans l'ombre de la mort (Isaïe, 9/1) traduction coordonnée par Christian Fleischl 1

La Voie de la Lumière,data.over-blog-kiwi.com/2/29/32/31/20170310/ob_eb8714_voiedelum.pdf · et de Jan Van Rijckenborgh. (voir le travail de Pierre Gohar sur " l'homme de matière

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La Voie de la Lumière,

une voie déjà tracée et à explorer :Soit une recherche méthodique des moyens par lesquels la LUMIEREIntellectuelle des Consciences, c'est à dire la SAGESSE, puisse enfinse propager à travers les esprits de Tous les Hommes de Toutes les

Nations, à l'approche du soir du Monde.

[ lumière intellectuelle des consciences, la Sagesse, cf. CAPVIII § 7 &8]

Ce Livre écrit 26 ans auparavant en Angleterre a finalement été imprimé à Amsterdam chez Christophe Conrad, en l'an de grâce 1668 , et renvoyé en Angleterre

------------

Salut, Prospérité, Avènement à la Société Royale de Londres, à l'occasion de

son heureux travail d'enfantement de la Véritable Philosophie de cestemps magnifiques et porteurs de Lumière.

Job : par où la Lumière diffuse t elle ?

Et il arrivera qu'au Soir du monde : la Lumière sera (Zacharie)

Le peuple qui va dans les ténèbres verra une grande Lumière :Elle resplendira pour ceux qui demeurent dans l'ombre de la mort

(Isaïe, 9/1)

traduction coordonnée par Christian Fleischl 1

Avertissement aux lecteurs

Cette transcription résulte du travail d'un amateur peu qualifié. Elle ne vise pas forcément toujours à une parfaite exactitude,

et ne retiendra l'attention d'érudits spécialistes que s’ils font partie des quelques rares, curieux du l'urgent Message que

l'infatigable J-AKomensky adressa aux Grands de son époque. Ce message, nous croyons l'avoir bien restitué

JMT Trad.

[Les Majuscules en place à travers tout le Livre sont celles du texteoriginal, cependant elles peuvent résulter autant de la volonté de l'au-

teur que de celle de l'imprimeur]

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Préface

Ce livre, contrairement aux apparences, est peut-être celui qui s’attaque le plus directement et le plus pro-fondément aux problèmes pédagogiques, dans la mesu-re où il les aborde comme essentiels pour la vie spiri-tuelle de l’homme.

²Nous avons souvent tendance à vouloir projeterune image de la perfection en dehors de nous mêmes. Orl'Univers entier est inscrit en nous, avec sa perfection. Ilest hors de question ici de faire preuve de connaissancesque nous ne possédons pas. Il y faudrait la vie de plu-sieurs scientifiques de haut niveau. Mais la simpleappréhension de l'immensité de la chaîne qui va de l'a-tome à l'univers, cette immense chaîne elle-même, simerveilleuse qu'elle paraisse, n'étant que la partie laplus visible d'un septénaire cosmique dont nous pou-vons difficilement nous faire une idée, est déjà en soid'une très grande utilité afin de consacrer tout notre êtreau " chemin des étoiles " dont parlaient et que vivaientles Cathares.

C’est ce que Comenius nous développe dans sa“Pansophie”un des tomes de la “ConsultationUniverselle ...”

La Pansophie introduite dès la “Voie de Lumière” estune notion puissante que l’on retrouve dans toute l’oeu-vre de Comenius. . Il ne s’agit pas uniquement d’une“Pan-Taxia”, d’une description de l’univers, mais unevision pénétrante de la vocation universelle de l’hommeet de tout ce qui l’entoure.

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En ce sens il est évident que si cette Pansophie serépandait, était enseignée dans son essence, nous n’en-tendrions plus parler de guerre et de bruits de guerre.

Mais l’humanité a parfois l’oreille dure Les plusgrandes découvertes scientifiques rejoignent d'ailleursles premiers éléments de la science sacrée. De nomb-reux scientifiques en ont le pressentiment de plus enplus explicite. Les travaux sur la nature de la lumière enparticulier rejoignent les explications de Jacob Boehmeet de Jan Van Rijckenborgh. (voir le travail de PierreGohar sur " l'homme de matière et l'homme de lumière")

Voyons ici un peu la vie de Comenius

Jean-Amos Komensky naquit le 28 mars 1592, dansun village de Moravie (en Bohême). Il fut inscrit à l'uni-versité de Heidelberg comme natif de Nivnice, petitvillage à une lieue de Ungarisch-Brod.

Il était fils d'un meunier et perdit ses parents debonne heure. Dévoré du désir de s'instruire, Coméniusvers l’âge de seize ans, fournit un effort exceptionnelprobablement à l’origine de sa recherche pédagogiquespirituelle. Dès lors et plus tard, avec une ardeur parti-culière, il s’acharna à trouver les moyens de rendre l'é-tude spirituelle, psychique, et matérielle plus aisée, etsurtout accessible à tous. Sa famille appartenait à lacommunauté des Frères moraves, issue elle-même parChelcicky des Vaudois et des Hussites ; au retour de sesétudes aux universités de Herborn (Nassau) et deHeidelberg, il s’adonna à un début d’activités pédago-giques

Rentré en Bohême en 1614, il fut nommé directeur

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de l'école de Prerov, près d'Olmütz. C'est là qu'il com-posa son premier ouvrage, une « grammaire pour facili-ter l'étude du latin » (Grammaticae facilioris praecepta),imprimée à Prague en 1616.

En 1618, Coménius fut appelé comme pasteur àFulneck, près de Troppau. Fulneck était un des princi-paux centres des communautés moraves : c'était donc unposte d'honneur que l'on confiait, à une époque de per-sécution, à un jeune homme de vingt-six ans. Son pre-mier soin fut d'y entreprendre la réforme des écoles, car,dit-il, l'enseignement n'y était ni doux ni humain.

Il était à peine à Fulneck depuis trois ans quand sedéchaîna la persécution contre les Moraves.

En 1621, quelques mois après la bataille de laMontagne-Blanche (nov. 1620), Fulneck fut pris, pillé etbrûlé par les impériaux. Coménius y perdit tout, en plusde sa bibliothèque, et de ses manuscrits.

Il passa alors plusieurs années dans la clandestinité Ilse rendit d'abord à Brandeis, auprès d'un seigneur quiprotégeait les Frères moraves, Charles de Zérotin, chezlequel il écrivit (1623), entre autres ouvrages, “leLabyrinthe du monde et le paradis du coeur”. Il séjour-na ensuite à Sloupna, près des sources de l'Elbe, chez unautre protecteur des persécutés, le baron GeorgesSadovsky. C'est là que pour aider un autre ministre duculte, son compagnon d'exil, chargé d'instruire les troisfils de ce seigneur, il commença (1627) le grand ouvra-ge sur les méthodes d'enseignement qui devint plus tard,lorsqu'il l'eut récrit en latin, la “Grande Didactique”. Cetouvrage, terminé en 1632, resta manuscrit. Il fut retro-uvé en 1841 dans les archives de Lissa et a été publié en1849 par les soins de la Société du Musée de Bohême.

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Mais un dernier édit de bannissement (31 juillet1627) força les Frères moraves à s'expatrier pour tou-jours. Au plus fort de l'hiver (février 1628), Coménius,avec les débris de son ancienne congrégation, quitta laMoravie pour chercher refuge en Pologne.

Après bien des tribulations, Coménius et les siensatteignirent la petite ville polonaise de Lissa (Leszno, enPosnanie), ville déjà peuplée d'exilés moraves. Grâce àcet exil, les oeuvres de Coménius sont parvenues jus-qu'à nous. Jusque-là il avait écrit pour ses compatriotesseulement, en tchèque, sa langue maternelle. Peu à peuil fut obligé, dans cette colonie formée d'élémentsmêlés, d'abord de traduire ses ouvrages, puis bientôt deles écrire en latin et en allemand.

Chargé de diriger, plutôt comme inspecteur quecomme professeur, tout l'enseignement de la colonie, ilen entreprit la réforme en commençant par le degré leplus élémentaire. C'est l'objet d'un ouvrage composéencore en tchèque, mais aussitôt traduit par lui-même enallemand : le Guide de l'école maternelle(Informatorium der Mutterschule), où il insiste sur l'é-ducation des premières années. Comme suite à ce petittraité, il prépara six manuels correspondant aux sixannées que devait occuper l'école du degré immédiate-ment supérieur, celle qu'il nomme si bien Schola verna-cula, l'école en langue moderne ou vulgaire, par opposi-tion à l'école latine. Mais ces manuels n'ont pas étépubliés, les loisirs ayant manqué à l'auteur, comme il ledit quelque part, « pour leur donner le dernier coup delime ».

C’est en 1631 que parut le premier de ses trois grandsouvrages, la Janua linguarum reserata (littéralement la

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Porte ouverte des langues ). Coménius eut un immensesuccès. Un autre ouvrage publié en 1633, sous le titre deJanuae linguarum vestibulum (Vestibule de la Porte deslangues), servit d'introduction au premier.

Coménius, dont la doctrine pédagogique (visant à re-faire de chacun un “homme à l’image de Dieu”)consis-tait dans l'union intime de l'enseignement des mots avecl'enseignement des choses, voulut faire ensuite, pourcette seconde étude, — celle des choses, — l'équivalentde ce qu'il venait d'exécuter pour la première, celle desmots : la Janua linguarum devait ouvrir la porte du lan-gage ; restait à ouvrir la porte des choses ou des scien-ces. A cet effet, il conçut le projet d'une sorte d'encyclo-pédie et de vision spirituelle, la Pansophie.

Cette notion de Pansophie est cruciale, centrale, sil’on veur bien comprendre la pensée de Comenius. Ony retrouve cette notion d’Universalité chère à son coeur,et en même temps on y décèle quelques influencesgénéralement assez peu mises en valeur

Par exemple, on sait que Comenius lisait beaucoupcertains auteurs : Nicolas de Cuse écrivit “De fidei ryth-me” et “Docta Ignorantia”. Les concepts de la penséehumaine finie et de la divinité infinie, les relations entrel’unité et la multiplicité, l’individu et le Tout, le micro-cosme et la macrocosme, jouèrent certainement un rôleimportant dans bien des oeuvres pansophiques deComenius.

De plus Comenius connaissait des penseurs tels queRamon Lulle, et le theosophe Jacob Boehme. Il les citasouvent et connaissait “Görlitz”. Or on trouve déjà chezNicolas de Cuse l’idée de l’unité de toute vie religieuse,même si elle prend des formes diverses selon les temps

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et les lieux .Comenius et de Cuse convergent dans laconception de tolérance et de pacifisme qui les caracté-rise.

Tandis qu'il travaillait au développement de cetteconception, un de ses amis et admirateurs, l'AnglaisSamuel Hartlib, lui demanda communication de sonplan L’ aventure anglaise qui devait découler de leurséchanges épistolaires passionnants et passionnés devaitdonner naissance à la “Voie de Lumière, ou “Via Lucis”,qui nous occupe ici.

La Voie de Lumière, ou Voie vers la Lumière, estincontestablement le cœur de son œuvre prophétique.Pour comparer avec ses Frères spirituels de Tübingen,on a même dit de cet ouvrage qu’il était la “Fama” denotre héros. Il développera cette oeuvre en Angleterre,sans toutefois en terminer la rédaction complète (quiaura lieu bien plus tard, en 1668, en Hollande)

Cet ouvrage pansophique par excellence fut rédigé àLondres entre septembre 1641 et avril 1642. Komenskyfut auparavant appelé en Angleterre par Samuel Hartlib,au cours des circonstances suivantes :

[traduction française (extraits) de Claire Lebrun-Gouanvic, des chapitres 47/50 de la “Continuatio admo-nitionis fraternae ...(1667), de Comenius, in “Canadiansociety of Comenian studies”] :

... Deux de nos jeunes gens, Daniel Erastus etSamuel Benedictus, que l’on avait envoyés enAngleterre pour étudier, munis de recommandationsauprès des pasteurs de Londres. furent présentés à l’al-lemand Samuel Hartlib (précepteur de jeunes nobles);Comme ils mentionnaient qu’ils venaient de Pologne,

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on leur demanda s’ils connaissaient Comenius. Ilsrépondirent par l’affirmative. Et l’un rajouta : “j’ai étéson secrétaire - Et à quoi travaille-t-il, maintenant quela porte des langues est terminée ? - Il écrit La porte deschoses, répondit le jeune homme - De quoi s’agit-il ? -On pourrait également la nommer la PansophieChrétienne, qui montre l’ordonnance de toutes choses etleur véritable définition” Et Hartlib de demander :“Pourriez-vous lui faire parvenir une lettre de ma part? - Oui, répondirent-ils ...(...)...puis il m’envoya, par let-tre, quelque secours pour ma subsistance, avec la pro-messe d’une aide ultérieure si je consentais à un échan-ge épistolaire avec lui.

(...) ...Comme il me demandait (dans ses lettres, defaçon répétées) de lui faire une présentation de maPansophie, je rédigeai quelque chose et le lui envoyai.... Je finis par recevoir un gros paquet de livres, envoyéde Gdansk ! En l’ouvrant, je vois les Préludes au ProjetPansophique 86 de Comenius (des exemplaires de l’édi-tion d’Oxford), avec une préface expliquant pourquoi letexte avait été édité : cet écrit avait été recherché si avi-dement par les savants que les copistes n’avaient passuffi à la tâche, ...etc ... Il invoquait deux autres rai-sons :

1) En portant ce projet à la connaissance dessavants, nous pourrions solliciter des commentaires,qui seraient utiles à plusieurs points de vue.

2) Nous pourrions également susciter la générositéde personnes susceptibles d’aider à l’accomplissementd’un si noble projet. Car des sages en étaient venus àcette réflexion qu’il ne devait pas être l’oeuvre d’un seulhomme - (...)

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C’es pourquoi il faudrait, dans les circonstances, fon-der, comme le souhaitait l’illustrissime Bacon, un collègevoué aux études universelles, un collège d’hommes quise consacreraient au progrès des sciences et des artsdignes du genre humain ... (suivent plusieurs échangesépistolaires où Comenius refuse de quitter Leszno et sesresponsabilités pédagogiques et sacerdotales vis à visde sa communauté)(...)

Enfin, en juillet 1641, je reçus trois lettres de lui(toute de même teneur, mais envoyées par trois voies dif-férentes) dans lesquelles il me priait de venir immédia-tement, et il terminait par cette phrase : “Venez, venez,venez, il en va de la gloire de Dieu ! Ne tergiversez pasplus longtemps avec la chair et le sang !” Que pouvais-je faire ? J’en informais mes collègues, chefs de l’Eglisede Bohême et de Pologne, .... Après délibération, il futdécidé que je partirais et que la direction de l’écoleserait confiée dans l’intervalle au pro-recteur et au rec-teur, ...”

La situation avait donc été jugée favorable à l'établis-sement en Angleterre d'un collège universel d'hommessages de tous les pays. Tout se présentait donc bien etles travaux commencèrent, on attendait le résultat de ladécision parlementaire qui devait donner l’accord etles moyens d'accomplir cette tâche. Ce livre était doncdestiné à ces hommes, qui prendraient en main l"amen-dement des affaires humaines". Il ne fut publié que 26ans après, à Amsterdam, sur commande de la RoyalSociety formée entre-temps. La guerre civile devaitfaire avorter les projets anglais de Comenius.

Avant de partir à Londres, Coménius avait donc

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envoyé un abrégé en latin, que Hartlib fit paraître àOxford en 1637, sous le titre de Porta sapientiae resera-ta (la Porte de la sagesse ouverte). Ce petit traité est plusconnu sous le titre de Pansophiae Prodromus (Avant-coureur de la pansophie). Coménius le compléta plustard par deux autres traités sur le même sujet :Conatuum pansophicorum Dilucidatio (Eclaircissementsur la tentative pansophique), 1638 ; et PansophiseDiaty-posis (Constitution de la pansophie), Dantzig,1642. Quand au grand ouvrage que ces diverses publi-cations annonçaient, et qui devait être le pendant de laJanua linguarum, Coménius y travailla durant plusieursannées ; il devait porter le titre de Janua rerum seuMetaphysica pansophica (Porte des choses ouMétaphysique pansophique), mais il ne vit jamais lejour, et le manuscrit s'en est perdu, ainsi que celui de laSylva pansophiae (Forêt de la pansophie), qui devait luiservir de complément.

Vers la même époque (1640), Coménius récrivit enlatin, sous le titre de Didactica magna, la Didactiquecomposée en tchèque de 1629 à 1632: mais cet ouvrage,qui est réellement le premier en date de ses grands écritspédagogiques, puisque sa rédaction tchèque est anté-rieure à la publication de la Janua linguarum, ne futimprimé qu'en 1657, à Amsterdam, dans le recueil desoeuvres complètes de l'auteur.

En 1641, sur les instances de Samuel Hartlib, leParlement anglais adressa donc un appel à Coméniusafin qu'il vînt en personne travailler à la création d’un“Collège Universel de la Lumière”

Coménius se rendit à Londres ; une commission futnommée pour le seconder, des collèges royaux furent

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mis à sa disposition ; mais les troubles politiques quicommençaient en Angleterre et qui allaient aboutir à larévolution de 1648 firent bientôt perdre de vue ce pro-juet spirituel Universel. Coménius, qui avait déjà étéengagé à se rendre en Suède pour le même objet, reçutalors une nouvelle et pressante invitation de Louis DeGeer, riche négociant établi à Norrköping. VéritableMécène du Nord, il s'efforçait d'attirer en Suède uneélite de savants

Mis en relation avec l'illustre chancelier Oxenstiern,Coménius fut pressé par lui d'écrire une série demanuels destinés à faciliter l'étude du latin et à complé-ter la Janua linguarum ; il n'accepta cette mission qu'a-vec peine : tout plein alors de ses projets de publicationsencyclopédiques et du vaste système de la pansophie, ilappréhendait de se perdre dans le détail des travauxpurement linguistiques. Il s'établit cependant, avec unepension de Louis De Geer, à Elbing, petite ville dePologne, sur les rives de la Baltique, et y travailla pen-dant plusieurs années, aidé par un certain nombre decollaborateurs, à une série d'ouvrages didactiques desti-nés à la Suède

Le plus important de ces ouvrages fut la Methoduslinguarum novissima ou Nouvelle Méthode des langues(1648), qui avait pour objet de faire marcher de Irontcette triade, que Coménius résumait par cette formule :l'idée, le mot, la chose, ou penser, parler, agir. Il dédiason livre aux souverains qui venaient de signer le traitéde Westphalie : « O princes, dit-il, qui avez tout détruit,mettez-vous à l'oeuvre et reconstruisez. Et puissiez-vous, en ceci, ressembler à Celui qui vous a choisis pourêtre à sa place les administrateurs de l'humanité! Ildétruit, mais pour reconstruire ; il arrache, mais pour

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replanter.»

Les autres écrits composés par Coménius pendantson séjour à Elbing forment une série de manuels gra-dués pour l'étude du latin. Ce sont : Vestibulum linguaelatinae (Vestibule de la langue latine), reproduction cor-rigée du Vestibulum de 1633 ; Latinae. linguae Januanova (Nouvelle porte de la langue latine), seconde édi-tion de la Janua de 1631 ; Lexicon januale (Lexique dela Porte) ou Sylva linguae latinae (Forêt de la languelatine), vocabulaire formant un appendice à la Janua ;Atrium linguae latinae (Salon de la langue latine), fai-sant suite à la Janua.

En 1648, Coménius fut élu évêque des Moraves deLissa. Il quitta alors Elbing pour fixer de nouveau sarésidence dans cette ville où il avait déjà passé douzeannées. Mais, en 1650, le prince hongrois SigismondRakoczy lui écrivit pour l'engager à venir fonder dansses domaines, à Saros-Patak, une école modèle, d'aprèsles principes de la pansophie.

Coménius se rendit à cette invitation, et traça le plande l'école à fonder, dans un ouvrage dédié au princeRakoczy et intitulé : Scholae pansophieae clas sibusseptem adornandae Delineatio (Esquisse d'une écolepansophique de sept classes). Mais des sept classes quel'école modèle de Patak devait compter, il ne put organi-ser que les trois inférieures, qu'il appela le vestibule, laporte et l'atrium, et dans chacune desquelles on étudiaitle manuel latin portant le titre correspondant. Les quat-

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res classes supérieures devaient porter le nom de philo-sophique, logique, politique et théosophique. La mortdu prince Rakoczy, survenue en 1654, arrêta le dévelop-pement de l'école de Patak, et Coménius se décida àretourner à Lissa ; mais, avant de quitter la Hongrie, il yavait composé le plus populaire de ses ouvrages, l'Orbispictus (l'Univers en peinture), dans lequel il put enfinréaliser en partie son grand principe pédagogique, enplaçant à côté du mot, sinon la chose elle-même, dumoins l'image de la chose. L'Orbis pictus, qui n'est rienautre qu'une réédition légèrement modifiée de la Janualinguarum, avec addition de gravures sur bois, parut àNuremberg en 1658.

Coménius avait repris ses fonctions d'évêque moraveà Lissa, lorsque cette ville fut brûlée par les catholiquespolonais (1656) ; il perdit dans ce désastre tous ses liv-res et ses manuscrits, et dut reprendre de nouveau, àsoixante-quatorze ans, le chemin de l'exil. Il trouva unrefuge à Amsterdam, chez Laurent De Geer, le fils deson ancien protecteur, et il y passa les cinq dernièresannées de sa vie si agitée. C'est là qu'il publia, en 1657,une édition complète de ses oeuvres.

. Il mourut le 15 novembre 1671, après avoir publiéson testament spirituel “L’Unique Nécessaire” (edité enfrançais chez “L’Harmattan”

- h t t p : / / w w w . e d i t i o n s -harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=29019)

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Peu d'auteurs ont été plus féconds que Coménius ; ona de lui, tant en tchèque qu'en allemand et en latin, plusde quatre-vingts ouvrages publiés de son vivant, sanscompter un certain nombre d'oeuvres posthumes. Nousallons analyser ci-après ses trois livres les plus connus,la Didactica magna, la Janua linguarum et l'Orbis pictus.

Nous pensons sérieusement que ses trois oeuvresma^tresses sont , sur le plan spirituel et pedagogique ausens large, :

-”Le Labyrinthe du Monde et le Paradis du Coeur

- “La Voie de Lumière”

- “L’Unique Nécessaire”

Toutes les trois traduites par mes soins (voir Notes) .Donnons ici cependant l’essentiel de la :

DIDACTICA MAGNA. — La Grande Didactiquede Coménius est sans contredit l'un des traités les plusremarquables qui aient été écrits sur la science de l'édu-cation.

L’avant-propos ne laisse aucun doute sur les inten-tions profondes de sa pédagogie, de même que la cau-tion apportée par Jean Valention Andreae, dirigeant dela première vague de la Rose-Croix classique.

“Didactique signifie “Art d’enseigner”. Certainshommes éminents, pris de pitié pour les ecolierscondamnés comme Sisyphe à rouler sans succès lerocher du savoir, (se sont penchés sur le sujet, en vainla plupart du temps)

Pour moi, je prends le risque de promettre uneGrande Didactique”, cad un art universel de tout ensei-

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gner à tous, sûr, rapide, solide, et certain quand aurésultat, assez plaisant pour éviter l’ennui des élèves etdes maîtres, ...je tire cela de la nature immuable deschoses ... j’établis un art universel qui permet de fonderdes ecoles universelles ... l’affaire est de gfande impor-tance : tous doivent souhaiter sa réussite ... Il y va dusalut de l’humanité entière ...quelle constitution plusgrande et plus haute pouvons-nous apporter à laRépublique que d’instruire et de former la jeunesse,surtout lorsque les moeurs du temps la mettent sur unevoie qu’il faut freiner ...Professer l’art des arts, la péda-gogie, est un travail difficile qui exige le jugement sûtr,non seulement d’un seul homme, mais de plusieurs, carce qui échappe à la vigilance d’un seul n’échapperapeut-être pas à tous ... Dans ce siècle naissant, Dieu aenvoyé récemment la promesse d’une aurore ...

.... En particulmier JVAndreae... Seul celui-ci répon-dit à mes lettres :

Voici ce qu’il répondit à Comenius :

Le fait qu’une didactique soit correctement établieimporte :

- AUX PARENTS qui jusqu’à présent ne savaient pasce qu’ils devaient attendre de leurs enfants : ils les gui-daient, les fléchissaient par des prières, les charmaientpar des cadeaux, les transformaient même totalement,le plus souvent sans fruit.

Mais puisque nous avons tracé une méthode de for-mation conduisant à une certitude infaillible, l’effetespéré ne saura manquer de suivre, avec l’aide de Dieu.

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- AUX MAÎTRESdont la plupart n’ont pas eu uneclaire connaissance de l’art d’enseigner et, pour cetteraison, malgré leur bonne volonté, se minaient et épui-saient leur force dans un zèle laborieux pendant qued’autres changeaient de méthode au hasard des résul-tats non sans perte fastidieuse de temps et d’efforts.

- AUX ÉLÈVES, pour qu’ils puissent atteindre lesommet des sciences sans difficultés, cris et coups, maiscomme par jeu et plaisanterie.

- AUX ÉCOLES, qui, une fois leur méthode réformée,pourront non seulement se maintenir vigoureuses maiss’accroître à l’infini. Car ce seront véritablement desécoles, demeures remplies de délices et d’attrait. Etlorsque (parce que la méthode est infaillible), on fera den’importe quel élève un docteur (de grade inférieur ousupérieur), jamais ne pourront faire défaut les direc-teurs compétents, jamis les études ne manqueront deforce.

A LA RÉPUBLIQUE, suivant le témoignage deCicéron ... avec lequel concorde celui de Diogène lePythagoricien : “Quel est le fondement de laRépublique ? L’éducation des jeunes gens, car jamaisn’ont produit de fruits utiles les vignes qui n’ont pas étécultivées avec soin”

- A L’ÉGLISE, parce qu’une organisation correctede”s écoles peut seule lui fournir des docteurs érudits,et aussi des auditeurs convenablement instruits pourentendre ces derniers.

- AU CIEL enfin, pour une culture exacte et univer-selle des âmes que la réforme des écoles permettra delibérer plus facilement des ténèbres et de rendre sensi-

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bles à l’éclat de la lumière divine.... Par conséquentnous croyons qu’il est de notre devoir de prêter atten-tion aux réalités courantes grâce auxquelles toute lajeunesse ...acquerra l’intelligence vigoureuse et l’a-mour des choses célestes. Si nous y parvenons, nousverrons le royaume des cieux déployer sa majestécomme autrefois.

Par suite que personne ne soustraie d’un projet aussisacré ses pensées, ses désirs, ses forces et ses ressour-ces. Celui qui a donné la volonté donnera aussi la forced’aller jusqu’au bout. Sollicitons instamment cela de lamiséricorde divine et représentons nous en l’espoir.C’est du salut des hommes et de la gloire du très hautqu’il s’agit.

J.V. Andreae

On ne peut pas être plus clair !

Voici, toujours dans la grande didactique, deux cita-tion très actuelle où le développement de l’esprit derecherche, de découverte et d’autonomie sont mis enrelief :

« A l’armée on associe conscrits et vétérans, faibleset robustes, indolents et vaillants. Ils s’avancent sous lemême drapeau, commandés par le même chef. De mêmedans les troupes du savoir, il faut mêler les esprits lentset rapides, les obtus et les éveillés, les têtus et les doci-les. Tant qu’ils auront besoin d’être guidés, ils le serontsuivant les mêmes règles et les mêmes exemples. A lasortie de l’école, le cursus scolaire accompli, chacunprendra la route à son pas. » (ch XII)

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« Pour tout arbre, l’écorce, les feuilles, les fleurs, lesfruits, tout ce qui se développe provient des racines etnon d’ailleurs. La nourriture, l’eau passent par ellespour nourrir les parties supérieures. Ainsi le jardinierqui transporte des marcottes emporte-t-il de la terreavec les racines. De même l’oiseau n’emprunte passesplumes à un autre volatile, mais les fabrique à parti deses propres organes internes. Quant à l’architecte, s’iln’assoit pas ses fondements d manière solide, alors lespoutres ne reposent sur rien et la construction est vouéeà la ruine. Ainsi celui qui prépare un bassin ou uneréserve d’eau ne transporte pas l’eau d’ailleurs, nin’espère en l pluie pour les remplir ; il découvre unesource d’eau vive et jaillissante qu’il conduit par descanaux souterrains vers son réservoir. De cette règlefondamentale, il découle que pour bien instruire la jeu-nesse, il ne faut pas farcir l’esprit d’un fatras de mots,de phrases, de maximes ou d’opinions glanées ça et làdans les livres, mais il faut éveiller l’intelligence commeune source d’où vont jaillir des ruisseaux qui nourrirontbourgeons, fleurs, fruits auxquels succèdent de nou-veaux bourgeons, de nouvelles fleurs et de nouveauxfruits. On n’a pas habitué jusqu’ici les esprits à puiserleur force, comme les jeunes plantes, dans leurs propresracines. On leur a greffé de petites branches arrachéesailleurs et on les a parés des plumes d’autrui comme lecorbeau de la fable d’Esope. Les écoles n’ont pas eupour objet de découvrir en eux la source cachée de l’in-telligence, mais de les arroser des ruisseaux d’autrui.C’est-à-dire qu’on n’a pas mis les élèves en présencedes choses, pas plus qu’on ne leur a montré commentles choses existent par elles-mêmes et en elles-mêmes,mais qu’on leur a fait voir seulement ce qu’ont pensé ouécrit sur telle ou telle question, divers auteurs. »

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L'ouvrage proprement dit est divisé en trente-troischapitres. Dans les douze premiers, l'auteur expose lesprincipes généraux de sa théorie de l'éducation.L'homme est la plus excellente des créatures ; sa fin der-nière est placée au delà de la vie terrestre, laquelle n'estqu'une préparation à la vie éternelle. La nature humaineprésente trois degrés de développement progressif : lavie végétative, la vie animale et la vie intellectuelle, quicorrespondent à trois étapes différentes de la vie del'homme : dans le sein de sa mère, sur la terre et dans leciel. L'homme doit acquérir trois choses : la science, lamorale et le sentiment religieux ; le germe de ces cho-ses existe en lui, mais l'éducation est nécessaire pour ledévelopper. La jeunesse, tant de l'un que de l'autre sexe,a donc besoin d'éducation ; cette éducation doit êtredonnée dans des écoles publiques ; mais il faut des éco-les où tous puissent recevoir un enseignement completsur toutes choses. Des écoles de ce genre ont manquéjusqu'à présent ; toutefois il est possible de réformer etd'améliorer celles qui existent.

Dans les quatorze chapitres qui suivent, Coméniusdéveloppe son programme et sa méthode d'enseigne-ment. « L'art de l'enseignement n'exige rien d'autre qu'u-ne judicieuse disposition du temps, des choses et de laméthode. » Cette disposition doit être basée sur la natu-re, comme sur un roc inébranlable, car « l'art ne peutfaire qu'imiter la nature ». Il insiste, en premier lieu, surl'importance de l'éducation physique ; puis donne, enneuf sentences, ce qu'il considère comme les règlesnaturelles de la manière d'enseigner en général. Il déve-

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loppe ensuite les principes spéciaux de sa méthode.L'enseignement doit être facile ; il doit être solide ; ildoit enfin être prompt et succinct.

Il doit parler aux sens, donner aux élèves la connais-sance directe des objets par l'intuition, car, selon le motcélèbre auquel Coménius revient sans cesse, « il n'y arien dans l'intelligence qui n'ait d'abord passé par lessens », c'est-à-dire « il n'y a pas de pensée qui ne dérived'une sensation » Donc, il ne faut pas décrire les objetsaux élèves, mais les leur montrer. Il ne faut pas leur faireapprendre des définitions et des règles abstraites, maisles exercer par des exemples. « On doit présenter touteschoses, autant qu'il se peut faire, aux sens qui leur cor-respondent : que l'élève apprenne à connaître les chosesvisibles par la vue, les sons par l'ouïe, les odeurs par l'o-dorat, les choses sapides par le goût, les choses tangi-bles par le toucher. »

— Que faut-il •enseigner? Cinq choses : les scien-ces, les arts, les langues, la morale, la piété. Les scien-ces sont la connaissance des choses comme instrument,comme matière, comme modèle. Les arts consistent àsavoir se servir des choses dont les sciences donnent laconnaissance ; ils doivent s'enseigner par la pratique.L'usage des instruments doit se montrer par des exem-ples plus que par des préceptes. Les langues ne font paspartie des sciences proprement dites : elles ne sont qu'unmoyen de les acquérir et de les communiquer : et l'étu-de du mot doit toujours marcher parallèlement avec l'é-tude de la chose. L'étude de la morale et celle de la reli-gion sont distinctes. Coménius rattache la morale à ladiscipline de l'école : l'élève doit apprendre à se domi-ner, à diriger sa volonté, à aimer le bien pour l'amour dubien. La piété comprend trois choses : la réflexion ou

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méditation, la prière, l'examen intérieur ; cet enseigne-ment religieux est le couronnement de toute l'éducation.

C’est ce que nous appelons le “Devenir Humain”

Nous reviendrons sur l’organisation des études dansnotre prochaine traduction de “Lécole de l’enfance”

Coménius veut que tout soit enseigné à tous II n'en-tend pas par là que tous les enfants doivent suivre lescours de l'école latine et de l'académie ; ce qu'il deman-de, c'est que la schola vernacula ou école primairedonne à tous des notions suffisantes, quoique élémentai-res, sur l'ensemble des connaissances humaines. Il veuten outre que les écoles supérieures soient accessibles àtous ceux qui montrent des aptitudes, et non pas seule-ment aux enfants des riches et des nobles ; c'est pourcela que l'école primaire ne doit pas être l'école des pau-vres, mais l'école générale de tous, et la pépinière où seformeront, sans distinction de conditions sociales, tousceux que leur zèle et leurs talents désigneront ensuitepour la carrière des hautes études.

Il démontre à plusieurs reprises la nécessité de don-ner à la femme une éducation identique à celle de l'hom-me ; elle doit apprendre à fond non seulement sa proprelangue, mais encore, si elle le peut, le latin et les languesétrangères. C'est seulement alors qu'elle sera à même dediriger sa maison pour son propre bonheur, pour celui deson mari, de ses enfants et de tous ceux qui seront appe-lés à la servir et à vivre avec elle ; qu'elle sera capablede remplir ce rôle de première éducatrice que Coméniuslui assigne.

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La méthode d'enseignement doit tenir compte destendances et des aptitudes de chaque élève. Le seulmoyen d'enseigner avec succès est de suivre la voie dela nature, qui ne se presse pas et fait chaque chose enson temps, qui prépare la matière avant de lui imprimerla forme. La nature fait une chose après l'autre, elle vade l'ensemble aux détails, ne fait pas de sauts, ne laissepas de lacunes, mais avance pas à pas. Ce que l'hommeapprend en premier lieu doit être le flambeau qui éclai-rera ses études subséquentes. L'enseignement doit êtrele même à tous les degrés ; il ne doit différer que pourla forme et pour les détails. Pour cela, Coméniusdemande que l'enseignement représente une série decercles concentriques allant en s'agrandissant de l'écolematernelle à l’université.

Voici maintenant un autre texte de Comenius, quinous semblera peut-être très actuel et nous ramenera à la“Voie de Lumière”

" Il semble que l'état actuel du monde tende versce but, c'est à dire qu'il se prépare à une sorte de renais-sance. Si Dieu a noyé dans le déluge (ici déluge de feudont parle Mirdad, le héros du livre de ) la méchance-té des hommes, poussée à son paroxysme, et s'il a répan-du sur eux son juste courroux, s'il permet que les hom-mes se détruisent entre eux, alors il prépare, avec ladéchéance universelle des choses, la transmutation uni-verselle des choses."

Il est peut-être aussi intéressant d'y adjoindre cestrois paroles :

Le seul temple digne de Dieu, c'est l'intelligence dusage.

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(Porphyre - Lettre à Marcella).

L'homme est le miroir que Dieu tient devant Lui,

l'organe qui Lui sert à appréhender Son être.(C.G.Jung).

L'univers est une machine à créer de la conscience.(Bergson).

Essayons d'en tirer l'essence.Ce qui peut per-mettre la transmutation universelle, c'est bienentendu l'intelligence du sage. Mais qu'est-ce

qu'un sage ? Un sage ne répondrait pas à cette question.Et pour pouvoir y répondre, il faudrait cependant être unsage. Ce que nous pouvons en tout cas tirer de cela, c'estque la seule chance pour l'humanité, c'est la "multiplica-tion des sages", multiplication qui est possible puisquela conscience est la mesure de la sagesse et que "l'uni-vers est une machine à créer de la conscience". Or nousdevons ici faire très attention : de quelle conscience par-lons-nous ?

La phrase : Le seul temple de Dieu, c'est l'intelligen-ce du sage, est à rapprocher de la célèbre phrase deFaustus de Carthage," C'est moi-même, qui, si j'en suisdigne, suis le temple de Dieu" et de la parole de Paul :" Ne savez vous pas que vous êtes le temple de l'esprit,et que vous ne vous appartenez point à vous mêmes ".

Mais cela a prêté à de regrettables confusions. Laconscience qu'abrite le temple de Dieu, c'est la cons-cience de l'âme, la conscience qui est dès le début per-fection et absolu, même si l'acquisition et la maturationde cette conscience prend du temps et nécessite un pro-

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cessus qui s'inscrit lui aussi dans le temps. Il est diffici -le par des mots de rendre la différence entre la conscien-ce de l'âme et la conscience de la personnalité, puisqu'enfait il n'y en a pas, dans la mesure où la conscience del'âme englobe celle de la personnalité, qui doit d'ailleursse mettre à son service dans le grand travail de transmu-tation. Celui qui possède la conscience de l'âme comp-rend celui qui ne la possède pas encore, mais celui quine possède que la conscience de la personnalité se trou-ve placé devant un mystère indéchiffrable, et sans mêmes'en apercevoir parfois, quand il est confronté à la cons-cience de l'âme.

C'est pourquoi il est clair que celui qui parle ne saitpas. Celui qui écrit ces lignes doit avouer son ignoranceet reconnaître, placé devant le sage, qu'il est totalementperdu ; ainsi seul le silence peut permettre une petiteappréhension de cette nouvelle conscience. Tant qu'iln'y a pas une réelle stabilité émotionnelle, tant qu'unéclair astral peut encore susciter dans les relations d'unindividu un véritable chaos émotionnel, alors tout cequ'il pourra dire ou raconter de la libération ne resteraque puanteur aux yeux du sage.

Il suffit parfois de peu de choses, d'une simple sensa-tion d'impuissance ou d'échec, pour rendre un individupire qu'un animal, prêt à bondir à la moindre attaque ouprétendue telle. Or ce n'est pas ainsi que l'on permetl'expression de la vie de l'âme, la croissance et la matu-rité de la conscience-âme. L'exigence est donc purifica-tion, détachement, silence. Et c'est dans cet état d'espritqu'il peut y avoir prise de conscience de l'universel, àpartir de la "matière première", le " Noun " des égyp-tiens, donc à partir de la lumière même, de l'indifféren-cié, présent dans toutes les formes de matière.

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Or l'enseignement universel (Le Mystère de la vie etde la mort, de Mr Jan Van Rijckenborgh) nous expliquequ'à l'origine, avant la chute, l'homme était une sphèrede conscience positivement gouvernée au service dutout, composée du point de vue nucléaire de troisnoyaux, travaillant de concert à la glorification du tout,tout du moins en apprentissage pour cela. Les deuxnoyaux centraux étaient dans un rapport positif-négatif,et le troisième, neutre constituait le facteur d'apport etd'échange avec le milieu. Et ce n'est qu'en étant au ser-vice du tout en parfaite abnégation que l'homme de l'o-rigine pouvait se manifester en pleine gloire.

L a clé de l'Univers, pour nous, c'est l'homme.Et c'est pourquoi, j'ose à peine le dire, aujour-d'hui j'ai vraiment compris l'exigence, la

nécessité de vivre, par l'expression de la vie de l'âme, laperfection malgré mon insignifiance. Autrement dit deme détacher vraiment, en actes intérieurs et extérieurs,de tout désir, et de la vie des sens. Mais comprendren'est qu'un début. Constamment celui qui a comprisl'exigence est assailli, agressé par de multiples sollicita-tions spécifiques à sa propre personnalité. Il faut long-temps d'ailleurs avant d'accepter qu'il ne s'agit là que del'épreuve qui confirmera la compréhension.

Et les mouches bourdonnent, s'agitent, les collè-gues papotent de sujets puérils et superficiels, disent dumal de tout et de tous. Il faut se préserver et rester cons-tamment orienté. Rester positif, construire. Résister à lapassion, trouver l'apaisement, n'exclut d'ailleurs certai-nement pas la tendresse et la "caresse" de la vie à deux.Ce qui compte, c'est l'harmonie de la relation.

Mettons ici aussi, comme dans les précedebtes intro-

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ductions du “Labyrinthe...” et de l’Unique Nécessaire”,une approche générale de Comenius :

Dans la plus pure tradition classique, Comeniusest né en 1592, à Uhersky-brod, d'autres disent àNiwnice, au sein de la communauté des Frères Moraves,ou Frères de L'Unité. Depuis le 13é siècle un courantspirituel authentique était à l'œuvre en nos contrées.Après une "courte période d'obscurcissement", (RudolfSteiner y fait allusion dans son allocution du 27/9/1911),une loge spirituelle s'était constituée au cœur del'Europe. Ce Cercle rassemblait la synthèse des sagessesAtlantéennes et post-Atlantéennes, et la sagesse plusspécifiquement "scientifique"(appelée à l'époque philo-sophie ou connaissance naturelle). Alors eut lieu un évé-nement qui ne pouvait avoir lieu qu'une fois dans l'his-toire : le treizième, une individualité (précise Steiner),qui avait été en incarnation au temps du Mystère duGolgotha, reçut la somme de toute cette connaissance etla redistribua à tous les autres sous la forme d'un "chris-tianisme vécu". Son corps s'amplifia en transparence etdisparut au yeux des hommes.

Simultanément et progressivement, souvent atta-quée, resurgissant chaque fois avec plus d'intensité,cette nouvelle force commença à se dévoiler à l'Europe(prudemment, vu le danger de l'inquisition qui planaittoujours). Elle se déploie aujourd'hui au grand jour. LaRose-Croix, déjà active du temps des Cathares, bien quede façon très discrète, commença à se manifester dansdes groupes tels que les Vaudois, les Patarins, et lesFidèles d'Amour. En Allemagne, en Suisse, en Lorraine,et en Franche-Comté, c'étaient les Vaudois qui tenaient

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le flambeau de la spiritualité renaissante. Les Frères duLibre Esprit, comme tous ces pionniers, étaient justifiéspar une haute moralité et des exigences sur eux-mêmesqui primaient toutes les apparences. Maître Eckhartnous a alors laissé de très beaux textes, en particulier surle détachement, qui s'adressent à ceux qui désirent sin-cèrement retrouver l'état d'homme vrai :"Deus exHomo".

La Bohême était, au XIV-XVe siècle, imprégnée decette auto-révolte, de cette recherche de la liberté spiri-tuelle en dehors de l'orthodoxie romaine, en quête de lavérité d'un état d'être vécu, absolu.

Charles IV, dès son avènement en tant que roi desRomains, renforça ce pays jaloux de son autonomie. Lapensée put commencer à s'y exprimer dans des condi-tions meilleures que dans bien des endroits d'Europe.Bientôt le nominalisme parisien y subissait les attaquesdu réalisme de Wyclif f. Ce fut la crise du grand schis-me. Scandalisé par les contradictions entre les discourset les comportements des prêtres, Jean Hus osa exprimerla voix d'un christianisme véritablement évangélique, defaçon très discrète et prudente. Il prit le parti des pauv-res, prônant le retour aux purs principes du début duchristianisme. C'est de la branche pacifiste des disciplesde Jean Hus que naquit la communauté des FrèresMoraves, sous l'inspiration de Chelcicky, lui même parailleurs Vaudois. Ce fut bientôt L'Unité des Frères, quifit sentir son influence sur toute la Bohême-Moravie.

Vers la fin du XVe siècle, L'Unité comptait près dequatre cent communautés et plus de cent mille fidèles.Ce sont eux qui composèrent la "Bible de Kralice", entchèque, en 1582 , première bible officiellement tradui-

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te du latin, dont on retrouva un exemplaire au XXe siè-cle, sous les décombres d'une église.

Comenius vécut une enfance heureuse et paisible. Larépression qui accompagna la "recatholicisation", danscette région, dangereux bastion de liberté pour l'autoritéromaine, obligea la communauté à émigrer en Pologne.Jan Amos fut rapidement remarqué par les Frères etSœurs (Parfaits) de la Fraternité et reconnu, après sesétudes (et sa rencontre avec un évêque Vaudois qui scel-la sa mission universelle), comme l'envoyé qui devaitprendre la suite de la "première vague" de la Rose-Croix.

Sa vie fut d'abord, jusqu'en 1628-29, recherche etapprofondissement, de même qu'expérience et appren-tissage. Au cours de ses études, il rencontra les œuvresde Jean Valentin Andreae. Il eut connaissance de l'exis-tence de la Fraternité de la Rose-Croix dès 1613-1614,à Marbourg ou à Heidelberg. Il a dans ses écrits renduhommage à des "frères en esprit", tels que ThéodoreZwinger, Francis Bacon, Alsted, Johannes Arndt,Campanella, ou Wolfgang Ratichius. Mais Comeniusdésigna Andreae comme première source inspiratrice deses "Considérations sur la Pansophie"..

Parler de Comenius, et surtout dans la Via Lucis, fon-damentalement Universelle et Pedagogique, c’exst parler d’education “spirituelle”, et nous aimerions iciaccentuer cette vision, en y glissant les conceptions dequelques uns de ses “suivants”, en particulier iciPestalozzi.

L'homme est égoïste. Le pouvoir du peuple n'est pasmeilleur que le pouvoir monarchique. La recherche dudespotisme existe dans tous les pouvoirs. A vouloir la

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réalisation de la liberté on finit par imposer au peupleles plus sanglant des régimes. Aucun gouvernementn'assure la force du peuple face au danger de succom-ber aux visées égoïstes du pouvoir. Donc il faut seconquérir sa propre liberté. Se faire œuvre de soi même.(Cette phrase sera reprise régulièrement par P.Kergomard) ; On retrouve bien entendu cette concep-tion dans la conquête de la vraie liberté préconisée partous les gnostiques, libre de toutes circonstances exté-rieures)

L'homme fait les circonstances autant qu'il est faitpar elles. Donc, il est important de développer des for-ces individuelles pour aller à l'encontre de la massifica-tion de l'état. Rajoutons ici, de l' Eglise dans sa généra-lité, et de la masse dans sa généralité.

Au milieu de ses échecs, Pestalozzi, commeComenius, croit toujours à la nécessité de partir dubesoin de l'enfant et de ce que la nature met à la dispo-sition de l'homme pour apprendre.

Eduquer n'est pas combattre la vie, c'est la délivrer.

L'enseignement doit suivre la voie du développe-ment, de l'individualité de l'être qui se réalise pleine-ment à partir de ce qu'il est.

La reconstitution d'un être humain repose sur :

- L'expression libre des besoins de l'enfant

- L'élaboration avec lui des moyens de leur satisfac-tion.

- La mise en œuvre de ceux-ci dans le sens d'unehumanité plus satisfaisante pour lui et pour les autres.

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- L'éducation est le développement interne des facul-tés en germe dans une personnalité qui s'ignore.

- Tout ce qui ce que l'on veut apprendre aux enfantsdoit se présenter à eux comme l'expression de la vérité

Pour Pestalozzi il y a trois démarches:

-"Connaître" pour se dégager des impressions confu-ses et construire un univers de lois.

-"Pouvoir", donné par les moyens techniques qui ali-mentent la capacité d'œuvrer par soi-même.

-"Vouloir" par le développement de la sensibilitéavec et contre les contingences de ce monde.

Nous savons que dans l'ouvrage " Via Lucis ",Comenius présente les trois notions fondamentalescommunes à tout être humain comme Savoir, Vouloir etPouvoir. De même la Gnose actuelle, pédagogique ounon, présente les quatre facultés magiques de l'hommecomme "Savoir, Oser Vouloir Agir ". Nous voyons doncbien qu'ici le pédagogique, ou pédagothérapeutiquerejoint le gnostique, comme on aurait d'ailleurs pu s'endouter.

Trois démarches d'un seul être car l'homme est untout.

Ici il me semble que la notion de totalité de l'hommepasse plutôt par les réalités de corps d'âme et d'esprit.

On atteint le point central par l'activité.

Ses lois principales sont

-La simplification élémentaire. Il faut retourner versdes éléments simples, (1 ère lettre de " Comment

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Gertrude élève ses enfants ") aller jusque la racine, là oùles choses sont saisies comme extrêmement simples, oùelles ne contiennent rien d'étranger à l'intéressé, où ilpeut faire "œuvre de sois même".

- La loi de l'induction. L'être est habité par une insa-tisfaction essentielle qui se manifeste par le besoin, lacuriosité... donc il faut partir de l'individu pour suivre ledéveloppement de sa force, sa dynamique depuis sonorigine.

-Loi de l'accomplissement achevé. Il faut veiller à ceque la force atteigne son plein développement à chaquestade. Même si on doit se priver de résultats tangibles,plus que de l'extension de la force, son intensité est pri-mordiale. La scolarisation doit venir quand l'enfant estprêt.

-Loi de la proximité: La force doit trouver à s'alimen-ter naturellement dans son environnement immédiat.L'apprenant doit avoir la possibilité d'y faire des expé-riences sensibles. Pour Pestalozzi cela veut dire que lenécessiteux doit trouver dans sa condition même lesmoyens de la maîtriser; on doit le rendre mieux à mêmede s'en dégager, qu'en le gavant de la charité on ne luipermet pas de se prendre en mains.

Cela permet une autonomie dans les acquisitions.

- Lois de l'activité: la force ne se manifeste qu'à tra-vers la mise en œuvre. La seule parole qui vaille est elle-même action pour se mettre en route. Cette activitéporte en elle une dimension d'accomplissement de soi.C'est une exigence par laquelle l'intéressé s'approprie unmécanisme.

- Loi de la reprise autonome. L'être humain doit

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avoir l'espace nécessaire pour aller à son propre chemin.

Donc:

- Partir de ce que l'enfant sait déjà.

- Procéder par étapes et y rester assez longtemps pourqu'elle soit assimilée.

- Prendre dans l'environnement de quoi s'éduquersoi-même.

- donner de l'importance au travail manuel pour l'ap-prentissage scolaire, se baser sur la démarche sensoriel-le pour l'organisation du langage.

- Apprendre la vie en commun.

Il va inventer "la minute de silence", reprise plus tardpar M. Montessori. l'enseignement mutuel fera partie desa démarche. L'enfant qui s'est acquit un savoir-faire etun savoir le met à la disposition de l'autre et non des aut-res.

"La raison bascule dans l'absurde lorsqu'elle se sépa-re du cœur et qu'une vie privée de ces idées premières etuniverselles souffrent de malnutrition".

sur le plan plus pratique

L'enseignement est basé sur l'observation de la natu-re en plein air, on en profite pour aborder la géographie.

La discipline s'étaie autour de la gymnastique pouracquérir l'aisance et la liberté, pour apprendre un métieret pour la santé.

La musique et le chant sont très importants.

On pratique le bilinguisme .

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l'observation de l'enfant est très importante et faitl'objet de rapports. Il y est décrit dans son comportementintellectuel mais aussi lors de ses jeux. On lui choisi laclasse qui correspond le mieux à son niveau et non sonâge.

J. Pestalozzi fait partie de ces " pédagogues du cœur" où l'apprentissage de l'amour fait autant partie de l'é-ducation que la découvertes des savoirs intellectuels.Par " la tête, le cœur, la main " l'enfant est pris en consi-dération dans un tout où chacune des dimensions doitêtre prise en considération.

On voit ici que Pestalozzi reprend, avec une intentionspirituelle marquée quand on approfonditsa vision, lesgrandes lignes déjà lancées par Comenius...

Passons à notre époque:

Prenons l'exemple de la télévision, exemple large-ment utilisé par les fondateurs de l'Ecole Internationalede la Rose-Croix d'Or. Ceci nous permettra d'aborder leproblème de l'éducation "de l'intérieur" et de voir que ceque l'on appelle en général éducation est très limité, par-cellaire, et par là même dangereux.

Dans les années cinquante, on utilisait, aux fins devente à outrance, le slogan : "La télévision enrichit lavie familiale". Et un comique hollandais ripostait du tacau tac :" la télévision appauvrit la vie familiale!" On apu depuis largement s'apercevoir de la justesse de cettedernière phrase, les postes de télévision poursuivantchaque membre de la cellule familiale jusque dans sachambre même!

La télévision a maintenant totalement envahi lemonde, et vous passez pour un "extraterrestre" si vous

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n'en possédez pas une, ou plusieurs, chez vous. Nous nenous attarderons pas sur les influences nocives de cetappareil, tous les spécialistes n'étant pas encore parvenuà un accord entre eux. Mais certains points demeurent :

Enfants et adultes ont souvent tendance à imiter lesactes délinquants dont les programmes sont maintenantsi pleins. Parents et éducateurs savent que les enfantsapprennent pour une part importante par mimétisme.Mais la science officielle ne tient pas compte de ces faitsavérés, dont les conséquences se confirment tous lesjours. Des voix s'élèvent tous les jours pour dénoncer lesméfaits de cette toile d'araignée immense, mais peu entiennent réellement compte.

Les pionniers du Lectorium Rosicrucianum, Mr Janvan Rijckenborgh et Mme Catharose de Petri, avaientprévu ces choses, dès les années 50 et d'autres encore enmatière d'éducation. Ils soulignaient, à l'époque, qu'unetoute nouvelle forme d' éducation pouvait neutraliserl'influence de la télévision, qui, selon eux, refroidissaitle coeur et tuait l'esprit. Le développement spirituel deplusieurs générations a ainsi été attaqué. Jan vanRijckenborgh, au cours d'une allocution lors de la fon-dation des Ecoles de la Rose-Croix d'Or, précisait bien :Il faudra lutter pour chaque enfant!

Ainsi les Ecoles fondées à Haarlem et à Hilversum,se trouvaient-elles baignées dans un champ de vie pro-tecteur où les jeunes pouvaient apprendre les leçons del'existence, départ d'un devenir conscient. Au départ,une trentaine d'élèves et deux enseignants, membres duLectorium Rosicrucianum, commencèrent le travail.

Dans une lettre à la direction de l'Ecole, Catharose dePetri leur écrit : "Il est important que, très tôt dans la vie

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de l'enfant, deux états sensoriels se développent. D'unepart, une orientation pure sur la future vie mentale quidoit se manifester en tant qu"âme" ou "conscience del'âme; d'autre part, la manifestation et l'activité de l'ato-me du coeur, ou atome originel. A partir d'une telle base,d'immenses possibilités peuvent surgir dans l'enfant."

Cette éducation envisage donc, en vérité pour unefois, de garder ouverts, et au besoin de stimuler, maissans exagération, ces pouvoirs et- possibilités que sontla pensée et les sentiments vrais, l'intuition, la compré-hension, le savoir, la sagesse surtout, et la liberté inté-rieure. Le programme des études obligatoires repose surl'enseignement transmis dans l' Ecole Spirituelle de laRose-Croix d'Or. L'intention n'est certes pas de faire dechaque enfant un élève de l'Ecole Spirituelle. Mais lefait est que l'on tente de garder intacts la réceptivité àl'appel intérieur et le désir de la vie supérieure, tandisque s'épanouit la personnalité et que le moi conscient enprend la direction. La voix de l'âme peut continuer àparler. Ce n'est pas une utopie et beaucoup de jeunesgens passés par l'Ecole Jan van Rijckenborgh encoura-gent maintenant chez leurs enfants ce désir intérieur devaleurs essentielles, de liberté spirituelle.

"L'école Jan van Rijckenborgh a été pour moi le plusbeau moment de ma jeunesse" dit un ancien élève lorsd'une réunion.

Tout cela n'est pas une tâche facile et cela transparaîtdans les questions que les enseignants ont posé à Janvan Rijckenborgh :

"Ne pourriez vous décrire comment vous imaginezun tel enseignement?

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Il répondit

"Si vous restez en liaison avec le champ de rayonne-ment magnétique du Lectorium Rosicrucianum, vousn'envisagerez jamais votre mission comme une tâcheordinaire. Nous ne voulons pas que nos paroles soienttransformées en lois ou en schémas culturels. La consé-quence en serait la sclérose. Essayez de créer une sphè-re où les véhicules supérieurs restent toujours actifs, jus-qu'au jour où l'enfant peut déterminer sa vie de façonautonome. Utilisez comme fils conducteur les questionsfondamentales que posera chaque enfant à un momentdonné”

La façon d'envisager les matières à traiter dans unetelle école dut être inventée :

A côté des moyens éducatifs classiques ou en tout casdisponibles (le livre "Dit is je wereld, en hollandais" :"Ceci est ton monde"), un matériel spécifique fut mis aupoint. Au début furent regroupés, à Hilversum, desmatières telles que la biologie, l'histoire, la géographieles mathématiques et les langues, sous un titre unique :la biosophie. Il s'agit d'une approche universelle, dont lefondement ésotérique montre d'une façon inégalée lesrapports existants entre tous les éléments de l'univers.Sens de l'effort et activité personnelle y sont spontané-ment de mise. Les enfants de ces écoles développent iciune grande "avance" utilisable dans l'enseignementsecondaire.

Ceci nous amène à quelques pistes de réflexion :

Qu'il s'agisse des parents ou des éducateurs, noussommes surtout au départ confrontés à nous-mêmes, carles questions des jeunes nous interpellent en particulier

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dans la mesure où nous ne savons pas vraiment y répon-dre en profondeur. Peut-on parler d'éducation sansconnaissance de soi? Ici il n'est pas question de limiterceci à une connaissance de soi d'ordre psychologique,mais d'une connaissance de soi totale au sens d'unedécouverte de la dimension microcosmique avec sonprincipe central, et de son instrument, la personnalité.

Tant que nous ne posséderons pas l'entendement del'essence même de l'homme, impossible d'agir en tantqu'éducateur véritable. Car dans quelle direction guiderl'enfant? Notre vision devra devenir, concernant ceschoses, pénétrante et claire. Sinon nous ne pourronsdépasser les notions vagues, partielles, et, comme nousle savons, les aveugles ne peuvent guider les aveugles!

Si nous ne connaissons que l'aspect "personnalité" denotre microcosme, nous ne pourrons nous situer que surce niveau et manquerons totalement de transmettre toutle côté psychospirituel de celui-ci. Or ce qui est person-nel est partiel et la compréhension de ce niveau restemorcelée. La personnalité, imparfaite, commet deserreurs entraînant la souffrance. Il est donc insensé delutter contre les fautes issues de notre compréhensionpartielle. Les fragments ne peuvent donner que des frag-ments. On n'a pas non plus à se demander si l'éducationdonnée aux enfants est bonne, s'ils en garderont destraumatismes. Rien n'est bien, tout est bien, il y a iciimpossibilité de faire autrement.

Quand nous découvrons ces choses, en faisons l'ex-périence profonde, notre lucidité nous permet une dis-tance : jusque là, nous ne pouvions faire autrement.L'incertitude commence à se dissiper et la clarté à sur-gir. Dans cette clarté sont résolues toutes les questions,

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on ne s'écarte plus des faits concrets, et on ne maquilleplus les faits.

Toutes nos questions sur l'éducation ne témoignentelles pas de notre incertitude? Ne reculons nous pasainsi devant une affirmation lucide? Nous voulons évi-ter de nous démasquer et travestissons tout cela par demultiples questions, fuyant la vraie connaissance de soi!

Tout le monde du bien et du mal va s'écrouler par lavraie connaissance de soi. Jusque là nous nous empê-chions d'avoir une perception claire pour nous mêmespour nos enfants et nos élèves. Tout cela en passantnotre temps à prouver nos bonnes intentions.L'éducation préoccupe les parents et les éducateurs,nous nous sentons appelés à faire quelque chose poureux, à tout faire pour ceux qui nous sont confiés. Nousdevons donc développer une grande clarté.

A la clarté de la vie universelle, nous apprenons com-ment nous sommes structurés, quelles lois régissentnotre domaine de vie, comment nous sommes manipu-lés et vécus par les forces astrales de notre être profondet celles de la terre, renforcées et entretenues incons-ciemment par nous-mêmes, quand nous ne leur servonspas d'intermédiaire et ne travaillons pas à leur service.

Quand nous nous rendons compte de toutes ces cho-ses, non parce qu'on nous l'a dit mais parce que nous leressentons en profondeur, nous voyons que tous lesjours, nous donnons de la tête contre ce mur invisible,nous réalisons vraiment que nous ne sommes qu'uneparcelle de la totalité, incapable de faire bien ou mal. Lebien provient uniquement de la totalité parce que celle-ci englobe tout et n'exclut rien ni personne. La totalitéest l'universel. L'Universel est la Vie et seule la Vie nous

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dirige.

La personnalité ignore la certitude. Elle reste tou-jours dans l'expérimental. Mais ces tentatives sont for-matrices car faire expériences sur expériences, caracté-ristique du manque de savoir et de connaissance, faitavancer la recherche et la conscience. C'est pourtant lamarque de tout ce qui est temporel, partiel. Aussi long-temps que la forme ne comprend pas qu'elle n'est qu'u-ne partie du tout, elle doit suivre la voie de l'expérimen-tation, qui est voie de la non-connaissance. Ce cheminconduit à la découverte et est absolument nécessairepour tous ceux qui manquent de certitude, qui ne saventpas et sont brisés. On ne peut donc éviter le chemin del'expérimentation. Il est l'unique possibilité de parvenirà la découverte de notre ignorance fondamentale.

Toutes les méthodes proviennent d'un savoir partiel.Et tout cela est à un moment donné accepté ou rempla-cé, refusé ou non. Tous les problèmes d'éducation sesituent au niveau du temporel, de l'expérimental, du par-tiel. Ils dénotent toujours ignorance et incertitude, etmontrent clairement notre manque de clarté. Cette clar-té, cette connaissance de soi ne peuvent être acquis deforce.

Mais la Voie de Lumière, de même que la GrandeDidactique, montre une toute autre voie

Citons ici quelques passages de l'avertissement auxlecteurs de "La Grande Didactique" (2) , et du "De l'uti-lité de l'art d'enseigner" de J.V. Andreae, qui se trouveplacé immédiatement après :

" … 9) Mais dans ce siècle naissant, Dieu a envoyérécemment la promesse d'une aurore qui a poussé en

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Allemagne quelques hommes de bien, dégoûtés par lesméthodes utilisées dans les écoles, à rechercher unevoie plus rapide et plus aisée pour enseigner les lan-gues et les arts. D'autres ont suivi, à leur tour suivispar d'autres qui ont obtenu de bons résultats …

10) J'entends ceux de Ratke (Ratichius), Lubin,Helwig, Ritter, Bodin, Glaum, Vogel, Wolfstirn, Maissurtout de Jean Valentin d'Andréa qu'il aurait fallu citeren premier, lui qui perçut aussi bien les maux del'Eglise et de l'état que ceux des écoles et qui, çà et là,proposa des remèdes. …

13) Aussi, désireux de me renseigner plus complète-ment et plus précisément, j'écrivis à un, puis deux, puistous les auteurs précités. Ce fut en vain.…

14) Seul l'éminent Jean Valentin d'Andréa me répon-dit. Il me donnait quelques éclaircissements et il m'en-courageait même dans la hardiesse de mon entreprise.Ainsi stimulé, un ardent désir du progrès de tous mecontraignit à tenter l'aventure…

et

" … Le fait qu'une didactique soit correctement éta-blie importe :

1) Aux parents qui jusqu'à présent ne savaient pas cequ'ils devraient espérer de leurs enfants. Ils les gui-daient, les fléchissaient par des prières, les charmaientpar des cadeaux, les transformaient même totalement, leplus souvent sans fruit. …

2) Aux maîtres dont la plupart n'ont pas eu une clai-re connaissance de l'art d'enseigner et, pour cette raison,malgré leur bonne volonté, se minaient et épuisaient

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leurs forces dans un zèle laborieux pendant que d'autreschangeaient de méthode au hasard des résultats non sansperte fastidieuse de temps et d'efforts.

3) Aux élèves, pour qu'il puissent atteindre le som-met des sciences sans difficultés, ennuis, cris et coups,mais comme par jeu et plaisanterie.

4) Aux Ecoles qui, une fois leur méthode réformée,pourront non seulement se maintenir vigoureuses maiss'accroître à l'infini. Car ce seront véritablement desécoles, demeure remplies d'attrait. Et lorsque (parce quela méthode est infaillible), on fera de n'importe quelélève qui le veut un docteur … les directeurs compé-tents ne pourront faire défauts, …

5) A la République, suivant le témoignage de Cicéron…et de Diogène le Pythagoricien : "Quel est le fonde-ment de toute République? L'éducation des jeunes gens,car jamais n'ont produit de fruits utiles les vignes quin'ont pas été cultivées avec soin".

(…) On retrouve ici à peu près le schéma de la"Consultation Universelle…" dont nous parlerons plusloin, puisqu'il continue en parlant de la réforme del'Eglise en tant qu'Ecclesia Universelle.

E n 1629, à la suite d'un échange épistolaire oùAndreae se montre peu désireux de retourner"dans l'arène du combat", celui-ci propose de

lui transmettre le flambeau de l'ordre tout entier. Il l'ac-cepte. Parallèlement à ses activités d'enseignement auservice de la Communauté des Frères Moraves, préludeà sa conception universelle d'une éducation libératrice,il peut approfondir les idées de la Fraternité. En 1633,l'enseignement de l'Ame du Monde et des trois compo-

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santes de l'homme (corps, âme, esprit) est utilisé dansson "Synopsis d'une physique réformée à la lumièredivine", comme Paracelse l'avait fait auparavant. Onretrouve là les idées de Robert Fludd (la lumière commetroisième principe cosmique à côté de la matière et del'esprit). Il fut toute sa vie en butte aux critiques et per-sécutions, et préféra ne pas se poser ouvertementcomme le chef de l'ordre, après l'échec de la tentativeLondonienne.

Dans ce contexte, la “Voie de Lumière”, ou“vers la lumière”, fut écrite en deux temps.Tout d’abord, à Londres, entre Septembre

1641 et avril 1642. Puis, quelques années plustard, à lasuite de ce voyage effectué en Angleterre,. Il espérait yfonder le fameux “Collège Universel”, dont il nousentretient ici au chapitre XV. A la suite de la guerre civi-le, il dut fuir l’Angleterre et se réfugier anx Pays-Bas.C’est là qu’il reprit ses notes pour écrire aux membresde la “Royal Society” ce petit ouvrage, noyau de toutesa réflexion ultérieure. Il ne fut publié à Amsterdam que26 ans plus tard. Déjà l’essentiel de son oeuvre majeu-re, son “Opus Magnum”, en 7 volumes, la “ConsultationUniverselle ...” s’y trouve esquissée. En néerlandais, letitre en était d’ailleurs : “La Voie vers la Lumière, explo-rée et encore à explorer, ou la recherche sensée de lamanièredont la Lumière de l’Esprit, la sagesse, peut êtrerépandue favorablement, au crépuscule qui commencemaintenant à tomber sur le monde, et cela d’une maniè-re compréhensible pour l’intelligence de tous les hom-mes, et de tous les peuples”.

On considère que ce livre représente sa “Fama”,dans la mesure, où, à l’instar de JVAndreae,dans sa“Fama Fraternitatis”, il y trace les grandes lignes du tra-

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vail à accomplir pour l’humanité.

Voici quelques passages de la Dedicatio :

“Voilà( et c'est chose absolument nouvelle) ceque proposera la première partie de cet ouvrage : rienmoins qu'une réforme générale et jusqu'à guérison , del'humanité toute entière . Nous y verrons là un projetrésolument Universel, car il y est amplement démontréque toutes les tentatives ponctuelles d'amendement,aussi énergiques soient elles sont toujours et partoutvouées à l'échec...”

“Ce qui fonde l'originalité de la seconde partie,c'est que pour la réalisation de ce grand et universel des-sein, nous sont offertes des voies toutes nouvelles : Etdans la mesure où des voies nous sont révélées, noussommes à même d'aviser clairement quelle voie est pra-ticable, et quelle voie ne l'est point. Et maintenant voicila preuve que ces voies nous sont données : Il est un faitavéré que trois principes, également innés et placés enchacun de nous, oeuvrent conjointement à chacune denos actions ; je veux ici parler de la Triade " SAVOIR,VOULOIR, POUVOIR ". Or dès la naissance, déjà, setrouve en chaque Homme les Règles qui président àl'acquisition de toute Connaissance : appelons les : "Notions(élémentaires ) Communes . S'y trouvent aussitoutes les sollicitations qui stimulent les désirs et lavolonté : cad . les " Impulsions instinctives Communes" . Et enfin l'instrumentum nécessaire à la réalisationpratique et que l'on peut désigner par les " Facultés ordi-naires et communes à tous " . Or voilà bien ici la nou-veauté , c'est cette classification des Impulsions instinc-tives et des Facultés de Réalisation , que nous entrepre-

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nons sachant qu'à ce jour, le discours des Philosophess'est cantonné à l'étude des Connaissances et desNotions élémentaires innées et communes . Pas un d'en-tre eux n'a essayé de les regrouper par ordre et par clas-se ; laissés hors du champ de l'étude , les Impulsionsinstinctives et les facultés réalisatrices s'imposent doncpêle- mêle à n'importe quel homme au gré des circons-tances . Ce ne sont là que petits ruisselets , néanmoinsils sont porteurs de sagesse et nous avons imaginé de lesramener à leur source initiale en les répartissant selonleurs diverses variétés . Nous avons donc tenté de clas-ser dans de petits tableaux [ N :ou peut être paragraphes], selon une technique inédite, non seulement lesNotions communes, mais encore les Instincts et lesFacultés . Et sur les bases de cette Omnisagesse humai-ne il est manifestement impossible que les Hommes nes'accordent point....”

“... Considérant d'une part que cette triple classi-fication rassemble exhaustivement toute la diversité deséléments de sagesse çà et là épars ; et que d'autre partces bribes de connaissance ainsi réunies sont en quelquesorte les règles régissant tout au monde, alors apparaîtmanifestement possible la correction de tout écart quinous éloignerait éventuellement de ces normes divinesdéjà évoquées (voies divines qui sont , par le VerbeRévélé ) : Nous avons donc pris sur nous de confection-ner, sous le nom de PANSOPHIA, un Syntagme uniquede la somme des connaissances humaines (i e de tout cedont dispose l'Homme sous les cieux pour Savoir,Exprimer, Agir ) . Ainsi selon une méthode Unique,pérenne, à l'instar d'une chaîne jamais interrompue ,mais déroulée selon un ordre immuable, la Pansophie,Universelle Sagesse, expliquerait patiemment tout ce

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qui se rapporte à notre époque, et aux temps à venir,ainsi que le détail de toute chose manifestée ou cachéede sorte que quiconque explorant ce répertoire desconnaissances, comprennent aisément le tout ; avec enoutre, la constante possibilité d'éprouver sa compréhen-sion[intellectuelle] à l'aulne de l'expérience sensible .”

Plaçons ici quelques commentaires sur la triadeprésenté par Comenius :

SCIRE VOLLEPOSSE

SAVOIR VOULOIRPOUVOIR

NOTIONES INSTINCTUSFACULTATES

On pouvait penser que ces 3aspects communs à tous leshommes étaient des éléments de base de cette nature etqui en même temps que les mentalités ( consciences)devaient être réformées et affinées pour aller vers lecommerce avec dieu (cf. reformetio catholica). or ilappert au § 17 que ces 3 éléments de l'âme sont biend'essence divine tels des critères :De connaissance originelle De stimulation de la vigilanceDes outils de réalisations justifiés par l'usage ( juste/pécheur ) qu'en fait l'homme

Les critères de cette triple classification :

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1) exhaustive2) retour aux sources pour rassembler cesSagesses éparses3) Bases de la Pansophie en tant que processusuniversel

Mots clés de l'auteur Scire velleposse

Eruditio ReligioPolitéïa

Lux SalusPax

Iluminatum Loqui(logos)Pacatum(apaisement)

Ostendere omne optandostudere

Ne rien cacher discernementsérieux

...“Et si ces objectifs souhaitables par tous etcertes soumis à des normes strictes par souci de réelleefficacité, se révélaient dès lors être possibles et pratica-bles, nous voudrions aller plus avant et publiquementexposer lors d'un congrès mondial, nos points de vue surce qui suit : " Restaurer, sur des bases données etimmuables, la Science , la Religion et la Politique jus-qu'à leur état de perfection est chose possible à cette

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absolue condition que loin de l'ignorance , du doute, etdes dissensions, loin du tumulte des discussions et desaffrontements, et apaisé le fracas des guerres, revien-nent sur la terre la Paix, la Lumière et le Salut, dans l'a-vènement de ces temps éclairés, religieux et pacifiques,que l'on espère depuis des siècles " .

Et nous nous retrouvons, à cette aube du XXIesiècle, à un "moment" bien particulier de la chute dansl'espace-temps. Cette " partie " du plan doit nous aiderà opérer la reconstitution de ce microcosme vidé. Eneffet, après avoir travaillé pendant des million d'annéesdirectement à la constitution d'un univers et de person-nalités qui pourraient collaborer à ce travail, les forcesuniverselles à l'arrière-plan de notre monde vont , et celaest déjà un fait depuis le début du XXe siècle, se reti-rer et laisser l'humanité à elle-même, quelles que soientles souffrances que cela pourra impliquer. En effet, onapprend seulement par le développement progressif del'autonomie, et nous possédons, comme le disaient déjàles grands en esprit au XVIIe siècle, s'adressant à unpublic choisi, tous les éléments en nous-mêmes, bienqu'ils soient plus ou moins latents. Ils ne pourront semanifester de façon positive que par la pratique.

Un des aspects de la tâche de l'humanité actuelle estdonc de parvenir (et un nombre non négligeable d'entrenous en sont déjà là) à cet état d'être limite (mais en liai-son directe avec l'humanité-âme du sixième domainecosmique, et non avec les sphères limites supérieures duseptième, extrêmement piégeantes), où nous pouvonscomprendre ces choses :

1) Je suis incomplet, inachevé, inaccompli par rap-

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port à l'état d'être humain véritable.

2) Avec les organes dont je dispose dans leur étatactuel de développement, il m'est impossible de passer"de l'autre côté de la frontière"

3) Seule une révolution intérieure et extérieure mepermettra d'accomplir la "réformation", puis la "trans-formation" de mon être entier, comme le formulaientles Cathares.

La question lancinante qui nous reste est donc :"Comment réaliser ces choses?" Et c'est à cette questionque Comenius et ses amis tentent et tenteront de répon-dre jusqu' à ce fameux règne des mille ans, double méta-phore indiquant soit une civilisation gnostique, soit l'é-tat de l'humanité au moment où tous et toutes aurontcompris et réaliseront concrètement ce travail universel.

On retrouve, dans les grandes lignes de force de sontravail, projetées pour l'humanité présente et à venir,tous ces aspects. Dans l'introduction à son œuvre capi-tale, la "Consultation Universelle pour l'Amendementdes choses Humaines" (toutes les citations formuléesdans ce travail sont provisoires, notre équipe de traduc-tion étant loin d'avoir achevé son travail, et seule "Lagrande didactique " étant disponible en librairie ), quiconstitue une "adresse aux Lumières de l'Europe, hom-mes savants, pieux, éminents" , nous pouvons lire :

"…demeurent les confusions liées à la vie dumonde, comme toujours…

4 - Qu'est-ce qui nous empêche donc de tenter desavoir si vraiment des énormités aussi diverses, aussiabsurdes, aussi funestes, peuvent en général être corri-gées par quelque moyen et enfin, à la fin des fins, enle-

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vées un jour ou l'autre du genre humain, de façon uni-verselle et définitive…

6 - …ce qui vient à la compréhension … et du désirque nous avons de cet amendement.

Le problème est de parvenir soi-même à l'accomplis-sement de cette tâche et de guider en même tempsautrui, en toute discrétion, sans se sous-estimer ni sesurestimer. En effet, quand un être humain est parvenuà se rapprocher du but ici entrevu, il s'intègre logique-ment à une chaîne de la libération, où chacun est nonseulement tenu, mais ne peut faire autrement que d'ap-porter sa contribution au "grand œuvre alchimique".Ainsi ce n'est que si nous nous élevons au-dessus de cemonde, en ne lui appartenant plus, que son ordre origi-nel pourra être rétabli, puisque l'ordre espace-temps nefut créé que pour remédier à la situation engendrée parla catastrophe évoquée plus haut.

Il s'agit donc de modifier notre attitude face à cemonde, de nous en détacher, de le vaincre, de la façon laplus radicale qui soit, en ne le désirant plus, en plaçantnotre aspiration dans la réalisation de cet état d'être quinous permettra de quitter ces ternes champs de la mortet de réintégrer les domaines de l'humanité véritable. Iln'est donc pas question de lutter contre ce monde, ni deprendre parti pour tel ou tel système d'organisation decelui-ci, non, comme disent les soufis "il est temps dequitter ce monde", ou dans la Bible : "levez-vous, par-tons d'ici".

Et nous devons ici être très vigilants, faire très atten-tion à ne pas demeurer dans la théorie et le dogmatisme,si séduisants qu'ils soient. La maîtrise de soi et la victoi-re sur soi ne pourront être atteints qu'en commençant

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par une lucide et positive connaissance de soi. Il s'agitde laisser surgir une nouvelle volonté, un nouveau désir,une nouvelle pensée orientés exclusivement sur le butlibérateur. Pour l'ancienne conscience, cela se traduirapar un non-désir, un non-vouloir, et une non-pensée.Nous deviendrons progressivement neutre par rapport àce monde, repoussant naturellement et sans forcer toutce qui pourrait entraver le processus libérateur, et atti-rant les nourritures adaptées à la croissance psychique etspirituelle qui permettra le changement de nature envi-sagé par Comenius et ses amis.

Cela a l'air très simple, en effet. Mais notre sang,notre être tout entier, du plus dense au plus subtil,comme notre champ de vie actuel, est tellement impré-gné de l'esprit de la lutte pour la vie et de l'auto-conser-vation qu'il va falloir procéder de façon très radicalequoique prudente, à commencer par nous même, pourne pas tomber dans l'imitation et dans l'artifice. Il estvrai que cela est probablement inévitable quand le chan-gement de notre nature n'est pas encore suffisammentavancé, mais nous devrons développer le discernementnécessaire et le dynamisme qui nous permettrons de sur-monter les obstacles. Nous possédons, il est vrai, cettepetite voix, ce libre-arbitre dont nous avons fait unusage si funeste, mais il s'agit de développer la capacitéd'écoute, de conscience et de responsabilité, suivant leprincipe qui reviendra encore à plusieurs reprises"Savoir, Oser, Vouloir, Agir."

Nous voyons que nous nous trouvons placés devantune tâche ardue. Comment faire donc, quel combatmener, sans lutte ni héroïsme déplacé ? Comment la foisuffisante, nos possibilités latentes, non encore manifes-tées et la maturité d'âme capable de déceler, de discer-

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ner en nous-mêmes et autour de nous pourront-elles sedévelopper. Il va bien falloir apprendre, non seulementà écouter la petite voix intérieure, mais aussi à lui êtrefidèle, car si nous lui obéissons, elle nous servira decompas infaillible.

Voyons maintenant comment cette notion denécessité est pensée par Comenius dans un cas particu-lier.(titre du chapitre six de “l’Unique Nécessaire”

“GRÂCE À LA RÈGLE DE L’UNIQUE NÉCESSAIRE, L’HOM-ME CULTIVÉ ET L’HOMME VERSÉ DANS LES SCIENCES,

PEUT RENDRE DROIT SESPROPRESCHEMINS TORTUEUX, ET

CEUX DES ÉCOLES. IL APPORTE AINSI UNE POISSIBILITÉ DE

RÉALISATION PLUS SÛRE ET ÉVITE LES DÉCEPTIONS.”

De quoi l'homme a-t-il besoin ? Il doit pouvoir pren-dre la bonne position face aux choses impersonnelles dece monde des apparences, face à Dieu et aux hommes.La première, on l'appelle la philosophie, la deuxième lapolitique, la troisième la religion. Sans ces trois, l'hom-me ne serait pas homme, mais seulement une créaturedépourvue de raison même s'il était saturé de richesse,d'honneur et de tous les biens matériels. Un malade n'aque faire d'un lit en or. Pour un insensé une conduite devie brillante n'est d'aucune utilité. "Le sage a ses yeuxdans la tête, mais l'insensé marche dans les ténèbres"(Eccl. 2, 14). Car le but de la sagesse et de la culturen'est pas de faire suivre à l'homme, tel un animal, lesmouvements de la masse pour se diriger là où il ne doitpas aller. Il doit voir clairement devant lui sa vie et sondestin s'y conformer de façon intelligente, tirer lesconséquences du passé, qu'il perçoive le présent avecdiscernement, les yeux tournés vers l'avenir.”

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Nous ne développerons pas ce paragraphe, et laisse-rons le lecteur en tirer les conclusions qui s’imposentpour notre temps. Le bon sens ici présent ne laisse pastellement de place aux divagations pseudo-matérialis-tes, nécessaires à la fin du 19e pour contrer la folie etles dangers de l’église, mais sans plus de sens aujour-d’hui.

Espérons encore qu’un nombre croissant d’hommeset de femmes mettrons la main à la pâte et réaliseronsces choses en eux-mêmes et autour d’eux.

Comenius parle aussi de “règle christique”.

La règle christique de l'unique nécessaire doit abso-lument être étudiée. Elle seule est capable de montrerle chemin hors du labyrinthe du monde, de soulager lesfardeaux dont le monde nous charge, de calmer sonavidité. Christ en personne a établi cette loi par laparole et l'acte.

Qu’entend-il par là?

Voyons tout d’abord son développement, etessayons de le comprendre!

“Le royaume de Dieu est tel un grain de sénévé, c'estbien la plus petite de toutes les graines. Mais, quand ellea poussé, c'est la plus grande des plantes potagères, quidevient même un arbre, au point que les oiseaux du cielviennent s'abriter dans ses branches (Matt. 13, 31).Cette image, que Dieu donne du royaume des cieux, s'a-dapte aussi à la règle de Christ de l'unique nécessaire,que nous allons étudier maintenant. Elle semble peu dechose aux yeux des hommes, mais ses fruits permettentd'atteindre les cieux et l'éternité.”

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Ceci constitue le début, iumagé, du développementsuivant. Il durera un chapitre et nous ne poursuivronspas la citation complète, quitte à y revenir un peu quandmême... Qu’y a-t-il là? Une indication de brièveté, d’u-tilité, de concision: le petit est souvent le germe du plusgrand. Et les oiseaux viennent s’abriter dans les frondai-sons de l’arbre qui fut une graine. Cette règle christiqueveut soulager les fardeaux, élaguer les frondaisons,limiter et concentrer pour être efficace en profondeur. Etla nature nous monttre l’exemple. Si le forestier n’éla-gue pas, le sous-bois deviendra une jungle et se dévore-ra lui-même; Ne sommes-nous pas constamment dévo-ré par des racines que nous n’avons pas vu venir et quenous n’avons su couper à temps! Notre ciel n’est-il passouvent coupé de la lumière par une végétation luxu-riante, étouffant tout, et elle-même en fin de compte. Lagraine dense contient en elle-même toute la plante, danstoute sa concision le “big bang infime” contient l’ener-gie de l’univers!

Revenons un peu sur cette règle christique. Voilà cequ'en dit tout d'abord Comenius :

"1 .Voyons d'abord comment Christ a su faire de sapetite graine un grand arbre, pour le profit et l'utilité descroyants, les futurs citoyens des cieux. Puis nous ver-rons comment, en tant que disciples de notre Maître,nous pouvons utiliser au mieux cette règle dans toutesles situations de notre vie.

2 . J’affirme que Christ a voulu, avec cette courte etsimple règle, nous montrer un art triple: 1. Comment

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nous pouvons nous sortir du labyrinthe des erreurs ; 2 .Comment nous pouvons vaincre n'importe quel rocherde Sysiphe ; 3. Comment nous pouvons avoir accès auxnobles joies de la volupté spirituelle.

3. Ne pourrons-nous pas éviter facilement tous leschemins d'erreur, si l'on prend garde en toute chose dene pas s'occuper de ce qui est inutile, de ne prendre enconsidération que tout l'utile, de réduire cet utile à l'u-nique et de rester ainsi sur le droit chemin ?"

C'est d'une simplicité enfantine, n'est-ce pas! Toutd'abord se sortir des erreurs (labyrinthe). Puis vaincretoute action vaine et répétitive, sans but sérieux. Et doncavoir accès à l'Esprit. Ne s'occuper que de l'utile et dunécessaire, de façon unique! Mais le faisons-nous?! Etpourquoi ne le faisons nous pas? Il y a là matière à touteune étude ...

Se sortir des erreurs? Tout d’abord faudrait-il endevenir capable! Ce qui signifie des organes aptes à dis-cerner. Les possédons-nous ? Dans la plupart des cas,force nous est de répondre non ! Tout le monde a main-tenant entendu parler du rôle important joué par lesglandes pinéale, pituitaire, thyroïde, les chakras, etc....Mais cette connaissance est très partielle, comme estpartiel le développement des ces organes. Dans l’épa-nouissement parfait des “outils” de l’homme réalisé, ilpeut créer, dire, et la chose arrive, comprendre tout “del’intérieur”, et remédier à toute situation de la façon laplus favorable à la “libération” psychospirituelle”del’individu ou des groupes, et j’en passe. Nous sommes

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pour la plupart bien loin de tout cela, même si chacun denous se situe sur un plan différent d’accomplissement.

Il est fort évident qu’un homme en pleine possessionde ses moyens psychospirituels va toujours à l’essentielet se “dispense” de toute vanité, de toute répétitioninutile, car il a la vue d’ensemble et recherche toujoursle chemin le plus court, même pris dans des développe-ments incluant des dizaines de milliers d’années. Donc,si nous ne le faisons pas, cela est du à des obstacles,mais aussi et surtout à notre incomplétude. Nous devonsla reconnaître modestement et utiliser tous les moyens-de la pédagothérapie biopsychospirituelle pour y mettrefin, pour y remédier. Cela est d’ailleurs l’unique sens denotre vie, l’Unique Voie de la Lumière !

La “DEDICATIO” de la page suivante, texte inté-gral, a été cependant modifiée de la façon suivante,pour une lecture plus “dynamique”:

Nous avons placé les paragraphes 30 à 33 inclus endébut de texte

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DEDICATIO

30 - SERENISSIME ROI DE GRANDE BRETA-GNE,TOUTES LES NATIONS LISENTLE NOM DETA MAJESTE SUR LES OUVRAGES EDITES PARLA SOCIETE DONTTU ES LE FONDATEUR. Ellesles lisent et ceux qui ont l'intelligence des choses,applaudissent à ce qu'ils lisent, heureux d'espérer un bondénouement pour peu que les Rois renonçant à la vio-lence et au fracas des armes, aux artifices de leursmachinations politiques et à la vanité de l'apparat dontils s'entourent, en viennent en toutes choses à prêterattention au langage simple et dépouillé de la Vérité.Cette parole du plus glorieux des Rois, Salomon, restetoujours vraie : " la Gloire de Dieu est dans le mystèredes choses cachées et la gloire des rois est de sonder leschoses cachées " (Prov 25/2). Salomon en donnal'exemple et Dieu fit de son gouvernement, couronnépar la paix et le succès, une leçon pour les Rois et leursrègnes ; de même qu'au rebours, se condamnent auxtroubles et à l'insuccès, ceux qui abandonnent la voie dela sagesse pour la voie de la folie, et qui échangent laVérité contre la vanité, (à l'exemple encore malheureux,cette fois, du même Salomon ). Que ta Sagesse, ô GrandRoi, soit en exemple aux Souverains de ton temps, etveuille ordonner à ceux de Tes sujets qui Sondent lesVérités Naturelles d'agir avec bonheur et succès

31 - De toute évidence, comme il est dans notre inten-tion de faire avancer le Salut des Peuples selon un modeuniversel, ce n'est pas d'un aviron dont nous avonsbesoin, mais bien d'un navire (cf intro Reformatio

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Catholica) chargé de Lumière, de Paix, et de Vérité, quiseraient ainsi envoyées vers tous les continents et tou-tes les îles de la Terre. Et là il ne suffira plus de sonderla réalité des choses extérieures : car à ce point parve-nus, nous devons élever notre quête vers de bien plusgrandes choses encore. J'entends par là, la Vérité deschoses en nous( du domaine de la Métaphysique), et laVérité sur la venue du Règne de Dieu vers nous( domai-ne de l'Hyperphysique). Car si nous méconnaissions ceschoses, connaîtrions nous mille mondes autour de nous,possèderions nous tous les trésors, cela ne nous servi-rait de rien, comme le note Matthieu. Puisse l'avertisse-ment de cet excellent Professeur être entendu par lesNégociateurs : "s'ils cherchent des perles, qu'ellessoient de bonnes perles, et s'ils en découvrent une degrand prix, qu'ils vendent tous leurs biens pour l'acqué-rir " Matt 13/45, 46) 20

32 - Il y aurait encore beaucoup à dire à ce sujet, pourrévéler plus clairement la splendeur de la Sagesse divi-ne à l'intérieur de la deuxième et troisième Ecole subcé-leste, et aussi pour préciser comment s'établiront leschoses lorsque sera venu le temps de l'Ecclésia de laLumière, et comment tous, alors, pourront la voir dansune claire vision, surmontée de l'avènement de laGloire de Dieu. "Car les ténèbres recouvrent toujours laTerre, et l'obscurité s'étend sur les peuples ; et la colèrede Dieu sème encore la confusion sur le Monde, et lefrère n'épargne point son frère, dévorant la chair de sonpropre bras " (Isaie 9/19) 21 "Le jour du Seigneur estencore Ténèbre et il n'est point Lumière " (Amos 5/18)22. mais peut être faudra-t-il encore attendre cette venuede l'Ecclésia de Lumière, jusqu' au temps où "le Ventviolent qui renverse les monts et fracasse les pierres, où

les tremblements de Terre, où l'ardeur du Feu qui n'estpas de Dieu, enfin apaisés, le son d'une légère brise sefera entendre ; Et ceux qui s'avancent, s'entretiendrontavec Dieu sur la manière de relever les ruines " (Rois I/10, 11, sqq).

33 - Quant à vous, pendant ce temps, porte flambeaux dela Lumière, brillez de tout votre éclat ! " Que vos sentierssoient tels une Lumière resplendissante qui s'avance etcroît jusqu'à la perfection du Jour " (Prov 4/18)

Un de ces hommes humbles dans leurs prières,

Le vieillard COMENIUS ,

" Dont la vie s'est consumée dans la douleur, et lesannées dans les gémissements "Psaum 31/11) 23

AMSTERDAM. Ides d'Avril 1668 ----------------------------------------------------

1 - GRANDS HOMMES - Ce n'est point sans raisonqu'un Ouvrage sur la Voie de la Lumière Vous est adres-sé, vous qui de la Lumière êtes les serviteurs : Il est unfait qu' à travers toute l'Europe on connaît de plus enplus votre zèle à puiser la lumière de l'insondable puitsde Vérité qu'est la Philosophie de la Nature [Ndt : scien-ces physiques au sens très large]. Ajoutez à cela que cetOuvrage est né à un moment où je voyais mon payscomme la terre tant promise pour cette quête de laVérité. Or voilà qu'aujourd'hui, c'est à Vous, à votrepays, qu'échoit un tel champ de travail ! " D'autres entreprirent le labeur et vous c'est dans unchantier déjà paré que vous pénétrez " Ici la Parole de

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Christ revêt toute sa signification. Sachez donc ce quiaujourd'hui vous arrive et à quelle fin toutes ces chosessont retournées vers leur lieu d'origine.

2 - Il y a de cela quarante années, de par la volonté divi-ne, naquirent en mon cœur des désirs semblables à ceuxde David ; voilà pourquoi au milieu des ruines de maPatrie, des églises et des Ecoles , je clamais cette priè-re : " libère ô Dieu ta Lumière, ta Volonté, qu'elles meguident et me conduisent sur ta Sainte montagne etjusque sous ta tente " Psaum. 43/ 3) 1. Mais déjà la flam-me des combats saisissait les états voisins et de là, bien-tôt embrasait toute l'Europe, menaçant de changer laChrétienté en un vaste désert ; pour moi en ces instantsil n'y avait pas de plus grand réconfort que celui des pro-messes anciennes de Dieu quant à la Lumière des toutderniers jours triomphant enfin des ténèbres. Et là, dansune perspective de collaboration de toute l'humanité jen'envisageais rien d'autre qu'arracher la jeunesse auxLabyrinthes de ce Monde, en l'instruisant au mieux surtous les sujets ( en commençant par les plus fondamen-taux ). A telle fin que j'envisageais comme nécessaire derédiger un livre de caractère universel, qui graduelle-ment conduirait les consciences, des ténèbres à la lumiè-re ; et ainsi libérés des croyances hasardeuses et parasi-tes les hommes se tourneraient alors, vers l'Unique etSimple voie de l'Eternelle Vérité

3 - J'avais déjà sur ce thème consigné quelquesréflexions transmises en Angleterre ; Elles y furentimprimées et publiées sous le titre de " Prélude à unessai de Pansophie ", dans un premier temps à Oxford,puis à Londres. A l'instigation de quelques pieuxEvêques et Théologiens ( auxquels de fertiles semailles

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en Angleterre nouvelle avaient donné le souci de propa-ger l'Evangile parmi les peuples de toute la Terre ) je fusdurant l'année 1641, appelé à me rendre en ce pays.Lorsque j'y apparus on commençait à débattre publiquement de ces projets à l'instigation des autorités respon-sables. Toutefois comme ces résolutions ne purent abou-tir en raison des désordres civils qui troublèrent l'é-poque, on me renvoya chez moi, non sans formuler levœu que si Dieu restaurait en Angleterre des temps pluscléments je fusse disposé à revenir. Je partis donc nonsans laisser derrière moi la relation écrite de quelquesréflexions, et à laquelle je donnais ce titre de " VIALUCIS " ou voie de la Vérité déjà tracée et à explorer.Mais qui de nous aurait pu croire que la punition deDieu, la guerre civile, se poursuivrait aussi longtemps ?" Malheur à nous car nous avons péché " " A jamaisvivant est notre rocher, béni soit le Dieu " (Psaumes.18/47)2 vers Qui doivent se tourner tous les pays de laTerre, afin que toutes les nations l'adorent devant saface. " A Jéhovah est le règne, Il dominera donc lesnations " (Psaumes. 22, 28 / 24) 3

4 - Ainsi donc j'avais quitté l'Angleterre, toutefois monespoir établi en Dieu, lui ne m'avait point abandonné,mieux même ; " Le songe agréable du sommeil deJérémie” (Jér 31/26) 4, l'admirable vision de l'Eglise etpar là même du Monde entier renouvelés, et cette visionoccupait en permanence ma conscience, m'animant duperpétuel désir de servir et de promouvoir en cettecause, l'œuvre bienveillante de Dieu. Avec le tempscette sainte aspiration se développa si amplementqu'elle embrassa quasiment tout le champ [ de mes pré-occupations]. Et voilà, il en résulte une Œuvre en septparties, dont à ce point de mon exposition,je crois

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opportun de vous présenter les grands axes, d'autantque vous avez été investis de l'autorité publique pour cetravail de recherche sur la voie de la Vérité. A telleenseigne que si vos investigations avéraient notredécouverte de ces voies nouvelles, alors un Trésor aug-menté d'un autre Trésor (trésors de Lumière et deVérité), ce Trésor n'en serait que plus précieux

5 - Voilà ( et c'est chose absolument nouvelle)ce queproposera la première partie de cet ouvrage : rien moinsqu'une réforme générale et jusqu'à guérison, de l'huma-nité toute entière. Nous y verrons là un projet résolumentUniversel, car il y est amplement démontré que toutesles tentatives ponctuelles d'amendement, aussi éner-giques soient-elles sont toujours et partout vouées à l'é-chec

6 - Ce qui fonde l'originalité de la seconde partie, c'estque pour la réalisation de ce grand et universel dessein,nous sont offertes des voies toutes nouvelles : Et dans lamesure où des voies nous sont révélées, nous sommes àmême d'aviser clairement quelle voie est praticable, etquelle voie ne l'est point. Et maintenant voici la preuveque ces voies nous sont données : Il est un fait avéré quetrois principes, également innés et placés en chacun denous, oeuvrent conjointement à chacune de nosactions ; je veux ici parler de la Triade " SAVOIR,VOULOIR, POUVOIR ". Or dès la naissance, déjà, setrouve en chaque Homme les Règles qui président àl'acquisition de toute Connaissance : appelons-les“Notions(élémentaires ) Communes.” S'y trouvent aussitoutes les sollicitations qui stimulent les désirs et lavolonté : c’est à dire les " Impulsions instinctivesCommunes ". Et enfin l'instrumentum nécessaire à la

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réalisation pratique et que l'on peut désigner par les "Facultés ordinaires et communes à tous ". Or voilàbien ici la nouveauté, c'est cette classification desImpulsions instinctives et des Facultés de Réalisation,que nous entreprenons sachant qu'à ce jour, le discoursdes Philosophes s'est cantonné à l'étude desConnaissances et des Notions élémentaires innées etcommunes . Pas un d'entre eux n'a essayé de les regrou-per par ordre et par classe ; laissés hors du champ de l'é-tude, les Impulsions instinctives et les facultés réalisatri-ces s'imposent donc pêle- mêle à n'importe quel hommeau gré des circonstances. Ce ne sont là que petits ruisse-lets, néanmoins ils sont porteurs de sagesse et nousavons imaginé de les ramener à leur source initiale enles répartissant selon leurs diverses variétés. Nous avonsdonc tenté de classer dans de petits tableaux, selon unetechnique inédite, non seulement les Notions commu-nes, mais encore les Instincts et les Facultés . Et sur lesbases de cette Omnisagesse humaine il est manifeste-ment impossible que les Hommes ne s'accordent point.

7 - Considérant d'une part que cette triple classificationrassemble exhaustivement toute la diversité des élé-ments de sagesse çà et là épars ; et que d'autre part cesbribes de connaissance ainsi réunies sont en quelquesorte les règles régissant tout au monde, alors apparaîtmanifestement possible la correction de tout écart quinous éloignerait éventuellement de ces normes divinesdéjà évoquées (voies divines qui sont, par le VerbeRévélé ) : Nous avons donc pris sur nous de confection-ner, sous le nom de PANSOPHIA, un Syntagme uniquede la somme des connaissances humaines (c’est à direde tout ce dont dispose l'Homme sous les cieux pourSavoir, Exprimer, Agir ). Ainsi selon une méthode

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Unique, pérenne, à l'instar d'une chaîne jamais interrom-pue, mais déroulée selon un ordre immuable, laPansophie, Universelle Sagesse, expliquerait patiem-ment tout ce qui se rapporte à notre époque, et auxtemps à venir, ainsi que le détail de toute chose manifes-tée ou cachée de sorte que quiconque explorant cerépertoire des connaissances, comprennent aisément letout ; avec en outre, la constante possibilité d'éprouversa compréhension à l'aulne de l'expérience sensible.

8 - Et par ce que cette Triade (Savoir, Vouloir, Pouvoir)5,est semblablement présente en chacun de nous, à traverstous les peuples, les époques, les nations, nous avonsvoulu poursuivre notre effort jusqu'à trouver les modeset les moyens, qui permettraient d'offrir à n'importe quelêtre humain cette même connaissance Universelle ; desorte qu'aucune intelligence ne puisse rester en friche,ne puisse être en désaccord avec la commune harmonie,mais qu'elles soient toutes baignées de la mêmeLumière Pansophique

9 - Et enfin ayant discerné que le seul, mais ô combienpuissant obstacle à la pénétration de la Lumière chez lespeuples résidait dans la diversité des langues, et laconfusion qui en résulte, nous avons souhaité œuvrer àla suppression de cet empêchement : Sur la base d'unetoute nouvelle conception de la culture des Langues,rendant plus aisée une pratique polyglotte, nous avonsfinalement envisagé une Langue Unique, resolumentnouvelle, vraiment facile, rationnelle et philosophique( disons plutôt Pansophique), comme vecteur Universelde la Lumière.

10 - Et si ces objectifs souhaitables par tous et certes

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soumis à des normes strictes par souci de réelle effica-cité, se révélaient dès lors être possibles et praticables,nous voudrions aller plus avant et publiquement exposerlors d'un congrès mondial, nos points de vue sur ce quisuit : " Restaurer, sur des bases données et immuables,la Science la Religion et la Politique jusqu'à leur état deperfection est chose possible à cette absolue conditionque loin de l'ignorance, du doute, et des dissensions,loin du tumulte des discussions et des affrontements, etapaisé le fracas des guerres, reviennent sur la terre laPaix, la Lumière et le Salut, dans l'avènement de cestemps éclairés, religieux et pacifiques, que l'on espèredepuis des siècles ".

11 - Enfin quand on aura bien exposé dans le moindredétail, dans quelle mesure cet avènement requiert denous, attention et travail, dans quelle mesure il implorede nous soutien et assistance, alors nous ne cesseronsd'exhorter, comme nous le verrons à la fin de cet ouvra-ge, les dirigeants des affaires humaines, aussi bien queles simples participants, à s'adonner à une œuvre sou-haitée depuis des siècles, et qui, à présent, se révèle ànous comme une accessible réalisation.

12 - C'est pourquoi l'essentiel de notre propos se résumeen trois points : Montrer aux Hommes ce Bien qui leurrevient dans son intégralité [savoir]. Les convaincred'embrasser cette Connaissance, mus par le désir dedevenir Bienheureux [vouloir]. Enfin à les inviter, cesHommes, tous autant qu'ils sont à y consacrer leur Cœuret leur Intelligence [pouvoir]

Certes, si selon l'Idée divine , les Hommes sont à l'ima-ge de Dieu, c'est néanmoins au travers de cette nature,

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précisément, et selon un mode commun à tous qu'il leurest donné de, connaître, vouloir et réaliser. Mais actuel-lement égarés par des futilités, empêtrés dans de vainsprojets, ils ignorent ce qu'ils savent, ne veulent pas réel-lement ce qu'ils désirent, et n'ont pas le pouvoir de leréaliser. En effet la spirale vertigineuse de la chute lesrassemble dans le péché, et ils n'écoutent plus Et quandils nous écouteront de nouveau, nous les inviterons à neplus rien désirer, ne plus rien croire, ni faire, qui ne soitmûrement pesé ni décidé : Alors là, seulement, ils sau-ront avec certitude quelle Vérité et quel Bien ils doiventmettre en œuvre. Veillant à ne point prodiguer à l'excèsleurs désirs et leurs pensées, à ne pas gaspiller leurs for-ces, ils auront, et de loin, plus de liberté à se mettre auservice des désirs d'autrui, plus d'ouverture pour se ran-ger à une opinion autre, et plus d'aisance à lier leur forcede réalisation aux force des autres. Et comme serait à laportée des hommes le vrai Bonheur (Beatus)s'ils sai-sissaient que les biens qui y concourent sont là toutproches ; Et si en outre ils en usaient pour atteindre lebut qui leur a été fixé ! Et bien sûr, sans perdre de vuepour autant, que tout un chacun pourrait, voudrait, etserait à même de se réjouir du bien qui lui échoit person-nellement. Ne jamais être obligé de vouloir contre songré, de percevoir à l'encontre de sa compréhension, d'a-gir contraint et forcé. Autrement dit ne pas endommagerl'Image divine[que nous portons en nous]par unevolonté, une compréhension, une action vaine et vide :Voilà le très véritable renouvellement de la Naturehumaine à l'Image de Dieu .

13 - Voilà pour nous, ici, mais qu'en est il pour vousdans cette Angleterre rendue aux Alcyons ( loin veux-je

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dire, du tumulte de la guerre civile ) ? Nous ne sommespas sans savoir que Vous êtes déjà passés à l'action, etcela avec les honneurs, comme l'attestent la fondationde la Société royale de Londres [ Royal Society], solen-nellement instituée pour l'exploration des mystères de laNature, ainsi que vos observations expérimentales déjàpubliées, et d'admirable façon. Courage pour vos acteshéroïques, Hommes exceptionnels ! Loin de vous envier, nous vous encourageons et vous félicitons et nous vouspromettons les encouragements de toute l'humanité. Etpartout parmi les peuples sera claironnée l'action quevous menez, pour que la Souveraineté Sage et Eclairéede l'Homme sur la nature, ne demeure pas sempiternel-le chose infirme et chancelante. Et déjà on peut attend-re de votre habileté que la Philosophie, menée à sa per-fection, nous montre véritablement les propriétés, lesfinalités, les moyens et l'usage de toutes choses, à tellefin d'atteindre et d'accroître, de jour en jour, les riches-ses de l'Ame, du Corps, et de notre Destinée ( comme ondit). Allez, avérez donc par l'exemple le mot de votreVérulamus (Bacon) : " L'accomplissement de toutechose appartenant au domaine du possible, relève dequiconque, mais non de n'importe qui ; d'une successionde siècles et non d'une seule époque; des deniers duministère public et non de la seule industrie d'une richemais petite minorité "[Du progrès et de la promotiondes savoirs].6

14 - Ceux qui parcourront la publication de vos travauxet notre Voie de la Lumière, s'apercevront que votreeffort magnifique représente une glorieuse part desvœux ci exprimés au Chap. 16. Mais, et vous le recon-naîtrez vous-même, on n'y trouve pas l'intégralité de ceque l'on a entrepris de vouloir au nom de l'Humanité, ni

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ce qui est nécessaire à l'établissement de l'absolueFélicité des tous derniers temps : Le sujet dans son inté-gralité requiert un bien plus vaste développement eneffet, et même si nous traitons de cette question tout aulong des Chap. 14 à 21, le lieu, l'époque, et le sujet lui-même exigent de nous, que nous rendions nos avertisse-ments encore plus explicites.

15 - Ainsi j'ai posé tout au début de cet ouvrage que leMonde, dans son ensemble, était l'Ecole de la Sagessede Dieu, et il en est bien ainsi. Mais, il me parait bond'ajouter maintenant que cette école Subcéleste, (laquel-le est subordonnée, il est vrai,à une céleste Académie),se doit d'être subdivisée en trois sections de la mêmemanière qu'apparaissent classés en trois groupes diffé-rents, les Objets et les Organes, les Livres et les Maîtresqui ici bas nous sont donnés. Et, tandis que je m'apprêteà développer cette idée, j'en appelle instamment à l'at-tention et à l'entière liberté de jugement des lecteurs.

16 - Un Objet d'investigation de caractère triple : telnous est offert en son intégralité le Monde environnant,un monde plein de Créatures variées aux formes les plusdiverses, autrement dit le grand Livre de Dieu, ainsiempli de toute la diversité des caractères. Aussi, la toutepremière Ecole de l'Homme, celle à laquelle il accède depar sa naissance, et qui est le Monde même où noushabitons. Et c'est pourquoi nous devons qualifier cetteEcole de naturelle ou physique. Les Créatures duMonde lorsque nous en interprétons le spectacle selonl'intelligence et la raison, constituent pour nous autantde Livres et de Maîtres, conformément à la parole deJob : 12/7, 8) " interroge les animaux ils t'apprendront etles oiseaux du ciel ils t'enseigneront ; parle à la terre et

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elle te répondra ; et aux poissons de la mer , ils te racon-teront " Et comment ne pas reconnaître à ces témoigna-ges que la main du Seigneur a façonné tout cela ?

17 - Dans le prolongement de cette Ecole physique,mais sur un plan supérieur, vient l'Ecole Métaphysique,qui diffère en tout point de la précédente. Ici en effet, lesLivres et les Maîtres ne se trouvent plus hors de nous,comme c'était le cas auparavant, mais tout à l'inverse ilssont en nous. Il est clair que là l'objet de notre étude c'estnotre propre Conscience (Mens), ou plutôt l'image deDieu gravée en notre conscience à la manière d'une infi-nités de caractères innés, telles nos Idées, nos Désirs, etnos facultés Réalisatrices. Toutes choses en perpétuelcommerce avec l' Homme ; qu'il soit érudit ou ignorant,sot ou avisé, éveillé ou endormi, toujours dictant, ensei-gnant, conseillant, mouvant, incitant ; agissant de lajuste manière quand elles s'inspirent de la juste règle, etde manière erronée quand on les laissent s'écarter de larègle juste. Pour connaître et juger de ces réalités méta-physiques, nous ne pouvons guère nous en reporter ànos sens et à nos sensations, car ici la Raison seule estactive en tant qu'œil et Lumière intérieure de l'esprit

18 - Vient ensuite une troisième Ecole qu'il nous fautappeler Hyperphysique. En cette Ecole, nulle Créature,nul être Humain ne peuvent plus enseigner quoi que cesoit à quiconque. Dieu seul qui est au dessus de toutechose, en a ici le pouvoir. Car les objets qui maintenantconstituent la matière de l'enseignement et de l'étude,sont de telle nature que " jamais œil ne les vit, oreille neles entendit, et que jamais ils ne parvinrent au Cœur del'Homme car seul Dieu par la médiation de son propreEsprit, peut les révéler ". (I Cor 2/10) 7. Ainsi en est il de

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chercher à savoir ce qui en était avant que le Monde nefut, ou ce qui sera quand le Monde ne sera plus, ou bienencore ce qui à présent peut bien exister dans l'extra-Monde. Or se trouve t il un seul être qui par le seul faitde sa pensée ou de son calcul, même après de nombreu-ses recherches soit capable d' apporter le plus petit élé-ment de découverte en ces domaines ? Quel Homme,également, pourrait amener la moindre réponse concer-nant les desseins et les exigences de Dieu à notre égardou sur le sort réservé à ceux qui réalisent sa volonté parrapport à ceux qui ne la réalisent point. Assurément untel homme n'existe pas. Il y a certes des Livres propresà cette Ecole, à la source desquels on trouve l'inspirationdes Patriarches, des Prophètes, des Apôtres, et c'est decette divine inspiration et sur l'ordre de Dieu, que cesLivres furent rédigés à l'usage de l'Eglise 8. Et là pointd'autre enseignant, tel l'Herméneute intérieur des oraclescélestes, que l'Esprit de Dieu. Et c'est à ce propos que sevérifie la parole de Pierre : " nulle part l'Ecriture necontient en elle sa propre explication ". De cela il ressortque, ni la Pensée, ni le Raisonnement, ne constituent unorgane adéquat à l'enseignement d'une telle Ecole, oùseule une humble foi et une indéfectible confiance enDieu, sont requises. Ici toute la gloire de la Raison et dela Pensée est de s'incliner devant la Parole divine, decroire à l'incroyable quand il nous est révélé, de tenterl'impossible quand il nous est commandé, et d'espérer cequi toujours resta celé, quand il nous est promis.

19 - Ici on est tenu d'examiner en quoi les Ecoles subcé-lestes s'assemblent et se distinguent les unes des autres.D'abord ce en quoi elles s'accordent toutes trois :

1° Ce sont des écoles d'inspiration divines,

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elles sont donc ouvertes par Dieu seul. 2° Il ne fait aucun doute que c'est à l'Homme

qu'elles sont ouvertes, afin que celui-ci au cours d'unenseignement gradué parviennent à son parfait achève-ment.

3° Elles concourent au suprême dessein de mani-fester la gloire de Dieu dans sa propre Image, parfaitementpolie par l'Homme, porteur de celle-ci.

4° Elles sont en rapport avec notre vie actuelle,celle que nous menons présentement sous les cieux.Elles ne visent donc nullement cette vie future où, nousayant mené vers Lui, loin des images et des reflets, ilnous façonnera, nous instruira et nous abreuvera desdélices éternels . Et ceci par Lui-même absolument etpar la vision de sa face, que nul mortel ne peut contem-pler de son vivant, (Ex. 33/20).

5° Ces Ecoles sont vraiment actuelles et chacunde nous est appelé à les traverser toutes trois, pour cettemême raison que, lors de notre venue ici bas, le Mondea été placé tout autour de nous, notre Soi fut placé toutentier en nous même, et Dieu, lui, est au plus intime denotre conscience

20 - D'autre part on se doit de noter les particularités sui-vantes :

1° Particularité relative au principe instituantchacune des trois Ecoles qui, dans leur triplicité reflètela tri-unité de Dieu. A savoir, que la Création du mondeest l'attribut du Père ; l'Illumination des Consciences estl'attribut du Fils ; et l'Inspiration des Cœurs celui del'Esprit. (Jn 4/ 9, 2) 9 (Pierre I/21) 10

2° Particularité en regard de l'ordre de suc-cession: En effet il est nécessaire de débuter par lapremière école, et jamais par la seconde, voire par la

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troisième ; De la même manière qu'on ne débutera pasl'enseignement d'un enfant par celui de la Religion oupar l'art de Syllogisme ; mais par contre on commence-ra par tourner son intelligence vers la perception deschoses concrètes.

3° Particularité en raison de la place que cesobjets occupent dans le Monde. Et l'on verra ainsi quechaque Ecole supérieure est plus restreinte que la précé-dente, du fait du champ des objets étudiés, mais enmême temps plus grande par la dignité du propos. C'estainsi que le monde offre à notre étude une infinité dechoses à étudier, à palper, à sentir, à écouter, à goûter ;les hommes, eux ne présentent pas un terrain d'investi-gation aussi varié ; Et quant à Dieu, Lui, il est Un.Toutefois l'Homme est plus noble que la Nature, etDieu, Lui, est infiniment plus grand que l'HOMME

4° Quantaux Livres et aux maîtres qui oeuvrentà notre formation : Au sein de la première école, lesconstituent toutes choses auxquelles nous sommesconfrontés en cette nature. Dans la seconde, c'est l'hom-me tourné vers l'homme lui-même . Et dans la troisièmeEcole , c'est Dieu par la médiation de son propre esprit.C'est ainsi que l'Ecole première fait de nous desOntodidactes ; la seconde, des Autodidactes ; la troisiè-me, des Théodidactes. Ce qui selon la parole de (Jn6/46) 11, revient à dire que nous sommes d'abordinstruits par les choses, puis par nous-mêmes, et enfinpar Dieu.

5° Et une cinquième particularité en relationavec les degrés d'avancement vers l'ultime perfection :Nous savons qu’apprendre signifie assimiler les choses,ou encore devenir semblables à elles. Ainsi, et si tout sedéroule normalement pour nous, par la première écolenous devenons une créature douée de sens et intelligen-

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ce, par la seconde, une créature guide et souveraine desautres créatures, et, enfin par la troisième, une créaturesemblable à son Créateur, c'est à dire affranchie de ladomination qu'exerce sur elle aussi bien les autres créa-tures qu’elle-même, et restituée à la source originelledivine, au repos, et à la félicité de Dieu. Et on ne peutenvisager plus noble but que, une fois parvenu à la vie àtravers la mort, celui de contempler notre gloire pour l'é-ternité. (Epître jean I/ 1,2,3) 12. Ainsi donc, en ce mondecette (triple) Ecole, telle l'échelle de Jacob (scholaJacobi), unira la terre aux cieux

21 - Alors que je vous adresse le fruit de nos méditationssur la Voie de la Lumière, ce n'est pas sans intention quej'ai voulu y insérer ces quelques lignes sur la tripleEcole de Dieu .Je vous demande, en effet, de bien vou-loir peser et tirer profit de cette double considération : Ilest un fait que vos réalisations restent en deçà de nosespérances, pourtant si vous persistez à agir dans cemême esprit de vérité et rigueur, la voie que vous avezefficacement préparée restera ouverte pour des réalisa-tions encore plus grandes.

22 - Que les résultats de vos entreprises demeurent endeçà de ce que nous souhaitions cela est un fait, Et vousen apercevrez rapidement à la lecture de ce petitOuvrage, dès ce prologue même qui annonce les troispoints suivants :

1° Le Monde Matériel n'est qu'une rudi-mentaire ébauche de l'œuvre de Dieu, un tout premiermodèle émanant de sa Sagesse incréée ( qui ordonnatoutes choses selon l'espèce, la taille, le poids )

2° En l'Homme, lors de sa création futérigé à l'intention des Œuvres de la divine Sagesse, un

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théâtre d'une toute autre grandeur. Car outre les critéresde poids, de taille, d'espèce, communs à toutes créatu-res, en l'Homme fut imprimé, à l'image de la divinité, lamarque de l'infini vers lequel se portent ses pensées, sesdésirs et ses velléités de réalisation.

3° Le plus grand des mystères auquel ilsoit donné d'assister, c'est bien celui de l'homme égaré,et qui cependant, se relève à nouveau de la chute et dela corruption. Là, et là seulement s'ouvrent alors toutesles immensités de la sagesse et de la folie, de la justiceet de la faute, du salut et de la perdition éternels, pour laplus grande admiration des anges eux-mêmes.(Ephes.3/10) 13 -(I,Pier 1/12) 14

23 - Vous donc, scrutateurs zélés de la Nature, quand, dela manière dont on travaille le sol d'une terre , vous l'au-rez toute entière soumise à votre connaissance, de sortequ'avec Salomon vous compreniez la constitution duMonde et la force de ses éléments, le principe, la fin etle milieu des temps, l'alternance des solstices et la diver-sité des saisons, le cycle de l'année et l'emplacement desétoiles, les caractères naturels des êtres ainsi que lesesprits des animaux, les vertus essentielles des âmesautant que les pensées des hommes, et aussi les caracté-ristiques des simples, et les vertus des racines, et enfintout ce qui est manifeste ou caché, quand vous aurezcompris tout cela, sachez qu'alors et alors seulementvous serez aptes à déchiffrer l'Alphabet de la Sagessedivine. Disons que vous aurez tout juste atteint le seuil duTemple de la Sagesse de Dieu ; mais que du Temple luimême avec ses sanctuaires, vous n'aurez encore qu'unelointaine vision. " C'est quand l'homme a tout parache-vé qu'il est au commencement (Eccl Seracide 6).

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24 - Et comprenez bien qu'en dépit de tout l'appareilprotocolaire que vous avez assemblé autour de vos tra-vaux de recherches, en fait vous n'avez pas d'autre outilsous la main que quelques rudiments de sagesse divine;tout au plus avez-vous établi les bases d'une sagesseHumaine qui quelque jour cependant, sachez-le ,devrabien être menée au faîte de son achèvement. Si rien desemblable n'entrait en vos intentions, si rien ne venait àêtre édifié la dessus, veux-je dire, vous vous exposeriezà la dérision, à l'exemple sans doute de ce personnage del'Evangile, qui après avoir entrepris l'édification d'uneTour, ne conduisit jamais son projet à bonne fin.Dérisoires, dis je, vous le seriez sinon au regard deshommes, ( qui se refusent à entendre les merveilleuseschoses divines), mais assurément devant la face de Dieuet de ses anges .Sans compter que votre œuvre, à l'inver-se de la tour de Babel, n'aurait même pas été édifiée versle ciel, mais tout au contraire en direction de la terre. Eton pourrait comparer cette œuvre inachevée à l'ouvraged'un Salomon, qui après avoir bâti le parvis à l'usage dela foule, eût négligé d' y adjoindre le sanctuaire pour lesprêtres et le Saint des Saints pour le grand prêtre. Etnous nous maintiendrions en fin de compte en cetteaffection particulière aux anciens Grecs, qui, selonSénèque, manifestaient pour l'étude et la connaissance,d'infimes minuties et une inclination morbide. Or ce quirelève du sensible n'est que minuties vis-à-vis de ce quiparticipe de l'intelligible, et ainsi en est il du corporel enregard du spirituel, et du temporel relativement à l'éter-nel. Car les uns périssent et les autres demeurent. Et ,pour user d'une sentence de Jérôme, ne vaudrait il pasmieux, dans ces conditions, " apprendre sur terre ce quidoit perdurer aux cieux " ou encore, selon Paul, " se ser-

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vir du Monde comme si l'on ne s'en servait pas, parceque la figure du Monde passera "(I Cor 7/3 )Et si celadéjà était vrai lorsque le monde penchait vers sondéclin, comment ne le serait il pas, de nos jours où letemps court à sa fin.

25 - N'en concluez pas toutefois que je dédaigne cetteŒuvre qui vous occupe. Je la voue au contraire aux plusgrandes éloges et je prie Dieu d'affermir ce désir depourchasser la Vérité, qu' il a déposé dans vos cœurs.Mon propos, illustré d'une sentence de médecin, c'estqu'une première digestion 15, ne se corrige point en répé-tant deux ou trois fois cette même cuisson, mais plutôten prenant soin d'apporter une correction dès la premiè-re digestion. Il sera alors plus aisé de prévenir, voire decorriger, une erreur lors de la deuxième ou de la troisiè-me. Et semblablement il ne fait aucun doute que la cor-rection des erreurs commises par l'homme dans la pre-mière école de Dieu ne soit une grande aide pour corri-ger à leur tour les erreurs commises dans la seconde etmême la troisième Ecole. Il est un fait que dans leMonde d'aujourd'hui tout est faussé, tant en Politiqueque en Religion, partout et en toute chose on se fie àl'Opinion, au détriment de la Vérité. Tous font l'éloge dela vertu, mais en fait de vertu ils se contentent d'en exhi-ber le nom et la couleur. Tous ont Dieu à la bouche ,mais bien peu dans le Cœur. Ils adorent à la place deDieu, un veau d'or ou quelques représentation divineissue de leur imagination. Jusque dans les tentativespour réformer le Monde, ô combien fréquentes, où cesont les noms qui changent et non pas les réalités. Onprend ensuite la défense de ces réformes prétenduessérieuses et véritables, et pourtant inaptes à résister aumoindre examen rigoureux. On veut que tout cela soit

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accueilli par d'aveugles approbations, assorti de louan-ges par surcroît , et l'on a tôt fait de s'indigner si quel-qu'un voulait révoquer en doutes ces supercheries. Aussidans les affaires humaines, la Vérité est elle un exil etceux qui la recherchent en vain gémissent, enchaînésqu'ils sont, dans les entraves des préjugés et de la routi-ne

26 - Parce que la Vérité que nous promet Christ est éter-nelle (“si vous connaissez la liberté elle vous libèrera”Jn 8/31,32,36) 16, il est clair que ceux qui consacrent toutleur zèle à exhumer une vérité, quelle que soit sa natu-re, ceux là accomplissent un Saint Travail, que ce soitdans l'école du domaine du sensible, de celui de l'intel-ligible ou celui du spirituel. Et attendu que la première école prépare la voie à laseconde, et la seconde à la troisième, les Vérités naturel-les prépareront sans doute aux Vérités morales et quiaux spirituelles 27 - Soyez donc actifs, diligents et courageux : Vous lesMystes de cette Ecole naturelle. Efforcez vous sanscesse de soustraire l'humanité à l'illusion d'unePhilosophie vide, fausse et superficielle, mutilée etgrossièrement inefficace. Puisque vous avez découvertSpartes la Belle, parez-la donc des honneurs dus à sa beau-té. Et ainsi, vous les premiers, montrez donc à cesPoliticiens, à ces Théologiens, l'exemple d'une rigoureuseobservation des faits et la leçon de leur juste interpréta-tion. Ce n'est point sans raison que l'on a pu dire qu'unePhilosophie vainement disputeuse, générait uneThéologie à son image. Et je vais faire un pas de plus endisant de la Politique ce qu'il y a à en dire : les Maximessur lesquelles les Politiciens aujourd'hui s'appuient,pour gouverner le Monde, ces règles de l'art disais je,

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sont les véritables causes de la glissade, de l'instabilitédes Etats, voire actuellement de leur ruine. C'est à vousd'exposer aux hommes qu'il est grand temps de ne plussupporter les conséquences de ces erreurs, et de ne plusalléguer le prétexte de leur très ancienne origine ada-mique. Car c'est à l' Ourim et au Toumim (Lumière &Vérité ) qu'il faut ramener toutes ces choses et cetterègle s'applique non seulement aux Théologiens maisencore aux Politiciens eux-mêmes.

28 - Les Observations, à la fois Justes et Rigoureusesque vous effectuez sur les choses de la Nature, sonttellement solides, et à ce point loyales et parfaitementlucides : quiconque, non content de pouvoir, librementet tout son saoul, en examiner toutes les Publications,désirerait de surcroît en éprouver la Véracité par sespropres travaux d'expérimentations les plus rigoureuses,trouverait à chaque instant qu’il n'en va point autrementque dans la description par vous donnée. Et vous faiteslà une leçon si magnifique à ceux qui en Politique tien-nent le gouvernail des affaires, et dans l'Eglise celui desconsciences, qu'ils ne peuvent plus hésiter à imiter votreexemple. Tout ainsi que les apôtres, libérés du jugement,n'hésitèrent pas à soumettre leur parole au jugement deshommes ( Cor 4/3,4) 17.

29 - A ce point, je vous en conjure, poursuivez commevous l'avez déjà entrepris la Recherche méthodique decette Vérité des choses de la Nature et portez en témoi-gnage au monde, avec en vue cette possibilité que leshommes peu à peu en arrivent à craindre d'avoir été lejouet de l'illusion ou de la tromperie, jusque dans lesaffaires primordiales et sur des questions concernant leSalut même du Monde. Diogène intentait des procès aux

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musiciens qui, accordant leurs instruments, ne parve-naient pas à faire régner la même harmonie dans lesrelations humaines. Christ vouait au jugement lesPharisiens qui, nettoyant l'intérieur de leur vaisselle,n'en restaient pas moins eux-mêmes souillés d'impure-tés (Matt 23/25) 18. Et il traînera également en justice lespoliticiens, qui, à l'instar de Pilate, se lavent les mainsdans le sang des innocents (Matt 27/24) 19, à l'opposé deDavid qui lui, se purifiait les mains dans l'innocence(Psaum 26/6) 20. Malheur à nous, fous que nous som-mes, et qui prenant l'apparence pour la chose, cher-chons à nous duper les uns les autres, et même Dieu,sans nous apercevoir que nous nous abusons nousmême misérablement. Et la Vérité, dont l'accession tri-omphante est indispensable, nous confondra pour l'éter-nité.

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Chapitre I

Le Monde est une Ecole de la Sagesse divine

1 - Conformément à notre organisation : Nous nousdisposons en tout premier lieu à Exhorter le Monde às’élever jusqu’à la dignité de son nom, l’encourageantde même dans ses efforts pour développer les Intentionsde son Créateur. Dans le même temps nous présenteronsles voies clairement dégagées pour cette tâche, que Dieunous a révélées.

2 - Nous dirons que l’assimilation du Monde à uneEcole se justifie à plus d’un titre comme nous le signi-fie, tantôt la réalité du monde, tantôt la Révélation duConseil de Dieu, tantôt enfin, le soin ininterrompu aveclequel Dieu veut nous instruire en sa Sagesse. Maisqu’est ce qu’une Ecole, en fait? On pourrait définir uneEcole comme la réunion des éléments utiles auxEnseignants et aux Etudiants. Et donc si le Monde est àproprement parler, une Ecole, il est nécessairementconstitué d’un assemblage d’Etudiants, d’Enseignants,et de Disciplines.

3 - Il n’y a effectivement rien au Monde qui ne puisseêtre, soit enseigné, soit étudié, soit, tour à tour, et l’un etl’autre. Or on a inventé diverses méthodes que l’on aappliquées un peu partout à une éducation à caractèreréciproque. Par ailleurs, aussi bien dans le domaine

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public que privé, dans le dessein de rallier autrui à sespropres idées, on a fait appel à des modes de tradition del’enseignement, soit autoritaires, soit persuasives. 24

4 - Bien, maintenant, entrez dans une Echoppe d’arti-sans, une ferme de Campagnards, une demeureSénatoriale, ou Prétoriale, dans un Palais Royal, dans unCongrès de chefs d’états, ou bien tout bonnement dansune Famille avec ses enfants, et vous remarquerez quelà où se trouvent des hommes, que dis-je, là où un seulHomme se trouve, même solitaire, là on enseigne, là onétudie. Et notez encore que si les humains en viennent àces occupations ce n’est point par hasard, non, pas dutout, mais tout au contraire parce qu’ils sont venus auMonde pour Elles ! Et là manifestement réside l’originede ce besoin inné en tout Homme de connaître, d’inter-roger, et de faire partager aux autres, en retour, lesdécouvertes imprévues ou surprenantes. Mais là, gîtégalement la cause de ce désir d’amener à son proprepoint de vue, par la douceur et si cela ne suffit pas, parla force, quiconque ne saurait, ne croirait, ne penseraitpas comme soi.

5 - Considérant là que toute chose, tout évènement,apporte son bagage d'éléments éducatifs, sous forme destimulations, de leçons, d'incitations à réaliser, ce n'estpoint en ce sens abuser que d'appeler le Monde, laMaison de l'Education. D'autant que tous les jalons parlesquels la nature humaine définit le champ de son exis-tence, peuvent bien en somme se ramener à ces deuxtermes : Etude & Enseignement " L'œil ne se rassasiepas de Voir et l'Oreille ne se lasse pas d'entendre " (EcclI/)

6 - Ne rapporte t-on pas que Solon, alors qu'il avançait

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en âge, se targuait d'apprendre chaque jour quelquechose ! Il faudrait cependant être bien peu averti pourfaire de ce trait l'apanage d' un individu, quand c'est à lanature même des hommes que se rattache cette remar-quable faculté ; quoique, à la vérité elle s'exprimât defaçon fort inégale chez les uns et les autres , et de sur-croît pas toujours dans le sens souhaité de l'améliora-tion.

Et s’il est donné à la nature humaine cette facul-té d’arborer l’empreinte divine et de susciter une infini-té de désirs, c’est à seule fin que l’homme, placé dansun monde limité, un monde fermé à l’infini insondablede Dieu, y trouve d’incessantes opportunités dereprendre courage et de se relever. Et, bien sûr aussi,qu’envoyé sur ce monde il apprenne à y chercher Dieuet à le connaître en tant que Créateur, à partir de sesœuvres, et cela jusqu’à ce que vienne le temps oùl’homme même soit enfin rendu digne de se montrer àLui face à face, sans voile.

7 - Or les Saintes Prophéties enseignent que ce Mondene fut créé qu'afin de servir à l'Homme de Prélude[ludus = illusion, jeu et aussi petite Ecole] à l'Eternitémême. Dieu demeure en sa propre éternité, comblé parla Béatitude des voluptés qu'il trouve en Lui-même, tou-tefois il Lui a paru bon de produire hors de lui quelquechose à quoi révéler sa propre Majesté. Il lui a ainsi parubon de créer des êtres à son Image (c’est à dire immor-tels et doués de Sagesse et de Raison ).

Bien qu'Il les ait créés simultanément, il les aétablis dans 2 natures différentes :

D'une part les Anges, purs esprits et de naturenon composée ; comme il furent créés parfaits, ils furent

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établis d'emblée dans leur nombre fini et directementplacés dans les sublimes hauteurs autour du Trône de laGloire, afin de contempler sa face.

D'autre part les Hommes, de nature très compo-site, et revêtus de chair. Dieu ne les créa pas tous en unefois mais, afin de démontrer la grande diversité de saSagesse, il a voulu qu'ils se multipliassent au fil degénérations. Et comme le cours de telles choses requé-rait du Temps, il leurs mesura plusieurs milliers d'an-nées.

Et comme l'homme devait être une créature cor-porelle Il lui édifia un monde matériel, ce Monde visible,qu'Il dota de tout le nécessaire, tant pour les besoins cor-porels que pour ceux de l'âme. Et comme à l'évidence,durant ce laps de temps l'homme devait être tenu à l'é-cart de la bienheureuse vision de son Créateur, pour gra-duellement s'élever jusqu'à Elle, il parut bon à Dieu deplacer sous le regard de sa Créature, certaines images deson infinie Puissance, de sa Sagesse et de sa Bonté ; lesaspects visibles de la grande diversité de ses créaturesen sont le reflet et sa contemplation devait inciter l'hom-me à rechercher la claire vision de Sa sublime Beauté,Bonté et Majesté .

8 - Et voilà pourquoi, selon l’intention de son créateur,ce Monde n’est autre que le Prélude, l’Ecole préparatoi-re, où nous sommes envoyés avant d’être promus dansla céleste Académie.

Et cette école étant la sienne, Dieu l’a de plus,abondamment pourvu de ses propres livres: En effet,ici et maintenant devait se faire l’apprentissage. Or toutapprentissage passe soit par le Livre, soit par la Parole,de vive voix. Mais il se trouve que Dieu a voulu réser-ver la Voix Vivante pour son éternité: c’est donc par le

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Livre qu'entre-temps Il nous éduque.

9 - Il nous donna donc 3 Livres ; tous trois frappés ausceau de son éternité et à même de nous faire connaîtresa propre Ipséité, en tant qu' Archétype, Modèle, Gloire,Puissance, Sagesse et dans sa Bonté tout ce qu'il attendde nous et aussi ce qu'il a décidé pour nous quoiquenous fassions ou non.

10 - Le premier d’entre ces livres donnés par Dieu, leMonde Visible, est écrit d’autant de caractères qu’onpeut y voir de créatures divines.

11° Le second Livre c'est l'Homme lui-même, créé àl'Image de Dieu qui y inspira le Souffle de la Vie Divine,je veux dire l'Ame rationnelle qui est la mesure de toutechose. Et le fait est que ses Notions propres (c’est à direles éléments de connaissances connaturelles dont elledispose ), la font accéder à la mesure de toute chose. Enparticulier, par la conscience (notion )qu'elle a d'elle-même, elle peut entrer dans la connaissance de Dieu,son Archétype, bien mieux qu'elle ne saurait le faire àpartir d'aucune autre chose extérieure.

Et c'est ainsi qu'elle parvient à discerner quandelle est telle que Dieu et quand, seulement, elle y aspireau plus secret d'elle-même, comme on cherche à retro-uver le Souffle. Car de même que tout retourne à sonprincipe , l'Homme retourne à Dieu et à tout ce qui par-ticipe de Dieu. Et c'est tout naturellement qu'il est mupar l'ardent désir [de ce qui fut perdu]et à travers l'expé-rience même de ces désirs, voilà qu'il apprend quel estDieu. J'en citerai quelque exemple. Parce que vivre estson plus ardent désir, parce que l'anéantissement et lamort lui sont en grand horreur, il en arrive infaillible-

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ment à penser que celui qui le créa à son image estimmortel, éternel. De même, fuyant sans trève, misèreet douleurs pour que sa vie soit la meilleure possible, ilen conclura immanquablement que le Créateur estBienheureux. Souhaite-t-il posséder savoir et connais-sances dans un grand nombre de domaines (et celacomme nous nous l'avons déjà mentionné transparaitdans les colloques des Savants du Monde), et il endéduira que Dieu, son archétype, participe de la plushaute connaissance. Qu'il veuille, par ailleurs être unpuissant, tel celui qui soumet à son autorité, le reste dumonde, ( à l'instar des conflits entre Monarques toutautant que des sempiternelles disputes entre individusqui tentent d'établir les marques de leur autorité ) et il endéduit que le Créateur est un être infiniment Puissant .Et enfin comme chacun de nous souhaite être bonenvers autrui ( ou à tout le moins le paraître), voilà quenous sommes convaincus de l'extrême Bonté de Dieu.Conséquemment l'homme est rendu mieux à même deconnaître son Créateur à partir de ses Notions naturellespropres que de toutes autres choses créées par ailleurs.Telle est la particularité de ce second Livre que Dieu n'apas placé sous les yeux mais bien au milieu du cœur.

12 - Enfin Dieu a encore mis à la disposition de l’hom-me un Tiers Livre, à la fois tel un Commentaire duGrand Livre du Monde extérieur, et comme guide deconscience, dans la Lecture du Livre intérieur, et je veuxparler des Ecritures Saintes. Elles viennent, ici et là, éclairer quelque passage obscur,et elles montrent le véritable but et le juste usage detoute chose.

13 - Car dans ce troisième Livre divin la compréhension

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et le bon usage de tout ce que nous devons savoir etignorer est clairement exposé. Là, Dieu, infaillible entoute chose nous parle de ce qui nous est nécessaire."Pas une conversation, pas un sermon où l'on ne puisseentendre leurs voix ".(Psaum. 19, 3) D'abord offert auregard puis au cœur

Puissions nous tous user de ce troisième Livre,et puisse t il éclairer nos yeux et porter notre cœur. Etpuissions nous tous daigner y puiser la vraie lumière dela véritable Sagesse.

14- Et pour que rien ne fasse défaut, dans l’intérêt desplus simples et desnouveaux venus en ce Monde, voilàqu’il nous apporta en sus, des Savants pour interpréterses Livres; et cela dans le même temps où Il enjoignaitrespectivement aux Parents, aux Pasteurs desAssemblées, aux Hommes Politiques et à quiconque lepouvait d’informer leurs enfants, leurs fidèles, leurssujets et enfin quiconque de tout ce qui était nécessaireà connaître.

Et cela fut fait afin que cette œuvre nécessairefut l’œuvre de Tous.

15 - Voilà donc l’Ecole du Monde abondamment pour-vue. Et ce que Dieu dit jadis trouve place aujourd’hui« Y a-t-il quelque chose que j’aurais dû faire alors, etque je n’ai point faite?”Isaie 5,4) 25.

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Chapitre II

L’Ecole du Monde est tombée dans la confu-sion, l’Homme en est totalement responsable

1 - Et oui, hélas, l’Ecole du monde se trouve aujourd’-hui bien loin de la pensée de son Fondateur!

2 - Nous constatons d’abord combien rares sont ceuxqui s’efforcent de savoir pourquoi ils furent envoyésdans une Ecole. A l’évidence la plupart des hommes secomportent comme si ils étaient venus habiter ici ,sansautre intention que de s’y maintenir le plus longtempspossible. Quant à la quête de l’Eternité, ils ne s’en sou-cient pas plus que ne s’en soucient des brutes dénuéesde raison!

3 - D’un côté il y a ceux qui ont oublié qu’il furent pla-cés dans une Ecole et cela explique leur peu d’intérêtpour s’instruire et se cultiver; c’est pourquoi une frac-tion importante de l’Humanité, sans doute la moinsdouée, mène une existence comparable à celle des bêtesde somme, dans une profonde ignorance de Dieu, d’el-le-même et de son environnement. On y rencontre desindividus grossiers, dénués de toute urbanité, n’ayantd’humain que l’aspect, et ce, non seulement chez despeuples aussi incultes que les Scythes ou les habitantsde Cépharée [sans doute, habitant de la presqu’îled’Eubée], mais bien aussi chez les Chrétiens eux-

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mêmes 26.

4 - D’un autre côté il y a ceux qui, bien que cultivésappliquent les raffinements de leur culture à des aspectsde vie qui n’ont rien à faire avec l’intention première(du fondateur) c’est à dire chercher et trouver laBéatitude divine, en Dieu. Nous les voyons à la solde deleurs instincts, amassant des richesses, leurrés par leshonneurs; et quant à ceux qui sérieusement investissentune bonne part de leurs talents et facultés dans l’Etude,c’est notamment le cas des Lettrés, ils gaspillent leursoif de connaître en de vaines futilités. Et en toutechose, malheureusement, nous nous bornons à ces étroi-tes et stériles limites.

5 - Quelques uns, il est vrai se consacrent à la quête duvéritable bien, mais leur avancée en ce domaine est par-faitement illustrée par le commentaire de l’apôtreAptus, quand il dit: « Etudiant sans cesse, jamais ils neparviennent à la connaissance de la Vérité”. Tant à l’in-térieur qu’à l’extérieur de l’Eglise, nous est montré unecrasse ignorance des choses les plus nécessaires, uneinquiétude sceptique à l’égard des éléments les plus cer-tains et en revanche de tenaces convictions personnellessur les points les plus douteux voire totalement erronés.Ajoutons à cela, un peu partout, défiances, oppositions,guerres et assassinats. Il n’est que d’observer à traversle Monde, les conflits qui opposent Religions,Gouvernements, Familles, doctrines, et jusqu’aux diver-gences d’opinions personnelles.Et voilà comment, loin de l’Ecole de Sagesse, le Mondeest devenu une Empoignade folle et stupide. C’est pour-quoi à l’instar de Christ dans l’Apocalypse (2, 9 ) nousle nommerons une Synagogue de Satan. 27

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6 - Mentionnons, enfin, ceux qui ne manquent pas d’êt-re écoeurés par ces incessantes disputes: Ils rejettent àégalité tout ce qui ne leur semble pas absolument cer-tain, et par le fait Dieu lui-même, et ils recherchent lalumière au plus profond des ténèbres, et la quiétude del’esprit dans la stupeur (paralysie de la conscience). Deplus en plus, çà et là, on relève que le monstrueux bon-heur qu’est l’Athéisme, ouvertement ou en secret, s’a-vance dans notre Ecole du Monde au grand dam decelle-ci. Et de toutes parts ce sont autant de troupeauxd’Epicuriens qui arrivent, autant d’hommes devenusbêtes sauvages (sic).

7 - Cherchant les causes de tel fléau , nous découvrironsassurément au premier chef Satan, le prince des ténèb-res, qui après sa chute hors de la Lumière, alors qu’ils’édifiait un royaume dans les ténèbres, incita l’hommeau crime de rébellion, et l’enveloppa à un point tel dansces mêmes ténèbres qu’il ne trouva pas la force de s’enlibérer. Or Dieu qui sait toutes choses poursuit les cou-pables et, parmi eux, l’homme lui-même, jusqu’à com-plète réparation de la faute. Et c’est dans cette intentionque dans son Ecole, Il établit tout autant les plus Doctesque la foule bruyante du reste des hommes. Or commeil nous est donné à entendre dans Is 56, 11 28, Dieu incri-mine expressément ces mêmes Docteurs parce qu’“ilsne savent pas enseigner».Ailleurs encore ne dit il pas«mon peuple, ce troupeau perdu»; «leurs Pasteurs lesont égarés»; ou encore selon une autre lecture: «leursbergers font en sorte qu’ils s’égarent». (Is 50, 6)(?) 29 Ensomme ces Docteurs, ces Pasteurs,soit n’enseignentrien, soit leur enseignement superficiel, vain et trom-peur ne convient pas à des hommes qui se préparent

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pour l’Eternité, soit, qu’enfin, faute de charisme, lesenseignants ne puissent un tant soit peu secouer cet étatde confusion. Mais d’autre part le peuple s’est habitué àde tel guides, et il s’en délecte: à telle enseigne quechaque fois que Dieu veut lui en envoyer d’autres diffé-rents, voilà qu’il les refuse, préférant les premiers. Decela témoigne encore cette divine récrimination: (Jer. 5,30, 31) 30 : « Stupeur et abomination soit sur la terre. Lesprophètes prophétisent par le mensonge; les prêtres seglorifient; et mon peuple aime cela ; qu’adviendra t ildonc à la fin? » . Et c’est en toute réalité qu’il est dit queles ténèbres obombrèrent la terre et l’obscurité l’espritdes hommes.(Is 60, 2) “Et les hommes tâtonnent le longd’un mur comme des aveugles et ils palpent commes’ils étaient privés d’yeux; et ils trébuchent en pleinmilieu du jour tout autant que par une nuit d’orage.». (Is59, 10) “parce qu’ils marchent dans les ténèbres, ils nesavent où aller» (Jean, 12, 35). 31

Et, trébuchant à travers le monde, ils se heurtentperpétuellement entre eux et à Dieu lui-même, ce quiprovoque leur grand désarroi et leur déchéance, commeil est écrit dans (Os. 4, 14): «Mon peuple, parce qu’il necomprend pas, est dans le trouble» 32. Item: «parce qu’ilne possède pas la connaissance, mon peuple est captif»,mais aussi, «mon peuple est abattu parce qu’il a perdula connaissance», «parce que tu as dédaigné maconnaissance, moi aussi Je te repousse» (Os. 4, 6). Etenfin: «ceux qui s’écartent de la voie de la connaissan-ce reposent dans l’assemblée de ceux qui ont perdu lavie» (Prov 21, 16).

Or donc quelle volonté plus salutaire pour leshommes, quel projet plus grandiose au sein des délibé-rations de nos Savants que de vouloir trouver une voie,tant soit peu Efficace pour dissiper cette obscure igno-

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rance, cette répugnante désunion, de l’âme des hommeset pour y ramener la splendeur de la sagesse ? (Et cetteVoie, Dieu compatissant nous l’offre désormais). Etcomme nous caressons l’espoir que cette entreprise soitproche, nous examinerons en tout premier lieu ce qui adéjà été accompli jusqu’à présent en ce sens, et avecquelle perspective de succès.

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Chapitre III

On a cherché par diverses voies à remédier àcette confusion, pourtant, à ce jour, aucune

d’elle ne s’est révélée assez efficace.

1 - Bien que l’ire divine fut suscitée en de multiplesoccasions, jamais Dieu ne se désintéressa du cours del’humanité : les hommes ne furent jamais complètementlivrés à eux-mêmes.

2 - C’est par des voies extraordinaires que Dieu adresseà l’humanité ses avertissements, tantôt sous la formed’événements prodigieux, tantôt par l’entremise d’hom-mes doués de facultés hors du commun; Il leur reproche,tout d’abord de stupidement se détourner de cetteLumière de Raison qu’Il allume dans leur cœur et d’a-gir en toutes choses telles des bêtes dénuées de raison( Psaum. 94/8 33 49 /12 34) , alors qu’une attentive obser-vation du Monde, tant des hauteurs célestes que du fon-dement terrestre, leur apprendrait à connaître Dieu parses œuvres. (Es 5/12 35 40/ 21-26 36). Or, n’éprouvent ilspas comme hostile ce vaste modèle d’enseignement queDieu leur a prescrit par sa loi même? (Osée 8/12). 37 Etpuis aussi Il en veut à son peuple d’aimer les faux ensei-gnements des Docteurs.

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3 - Puis quand Il voit que ses admonestations ne sont passuivies d’effet, viennent les châtiments, peste , famine,guerre, cataclysmes, incendies, et autres plaies qui, parl’anéantissement de quelques uns génèrent la craintechez les autres. Et c’est dans cette même intention qu’ildispersa les nations et sépara les Langues afin que lespeuples ne se corrompissent point mutuellement.

4 - Mais finalement, après une période de châtiment Ilrenouvelle son assistance aux hommes pour l’avène-ment d’une nouvelle Lumière. Ainsi remplace-t-Il sesserviteurs bafoués et tués en suscitant de nouveauxProphètes, d’autres apôtres et d’autres docteurs, et jus-qu’à son Fils Unique. De même qu’Il compensa la sépa-ration des langues par le don de parler les Langues. Etde même, encore, qu’Il nous envoya sa toujours victo-rieuse bonté, pour détourner le mal en de maintes occa-sions.

5 - Et du côté de l’Humanité jamais les hommes ne som-brèrent en totalité , jamais ils ne perdirent complètementconscience de leur état dépravé, de sorte que ceux qui enavait encore la perception pouvait la transmettre auxautres, en même temps que leur zèle à rechercher desremèdes. Quant à moi voilà comment je vois la chose : si on pou-vait explorer les pensées, écouter les discours, lire lesécrits, et observer les réalisations des Sages depuis l’au-be de l’Humanité, on n’y trouverait guère autre choseque des recherches sur les maladies affligeant le genrehumain et l’expérimentation de quelques remèdes d’uneefficacité en deçà des espérances. Et de cela j’en veuxpour preuve les plaintes des Sages et l’état même denotre monde. En outre, la majeure partie de l’humanité

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pour qui une poignée d’hommes particulièrement coura-geux s’inquiètent, suent à la tâche et gémissent, n’a curede leurs efforts et répugne à les assister dans cette mêmetâche!

6 - Dans le même sens, je citerai Cicéron:«Assurément, depuis quelque temps on cherche à sedoter d’un Art qui permette de veiller sur le corps et dele soigner; et cette technique a été célébrée au mêmerang qu’une découverte des Dieux immortels. Or, enrevanche, une médecine de l’esprit ne fut jamais autantsouhaitée qu’une médecine du corps, et après sa décou-verte on ne peut pas dire qu’elle fut autant cultivée; ondirait même qu’elle suscite, de la part des hommesbeaucoup moins de gratitude, voire une certaine répul-sion suspicieuse». Et s’enquérant du motif de cettesottise, Cicéron d’ajouter: « Parce que nous jugeonsde l’atteinte du corps et en mesurons la douleur parl’esprit, nous ne pourrions percevoir les affections del’esprit par notre corps, allons donc! De plus si l’espritjuge de sa propre santé, il est possible qu’il ne soit pasapte à juger objectivement de lui-même [s’il estmalade]. (Car alors on peut penser qu’alors il est sus-ceptible de porter un avis moins exact sur lui-même)” Tusculanes questions III )

7 - Comme nous l’avons vu ce Monde de toutes lescorruptions avait dans son ensemble jugé inutile touttraitement susceptible d’amender l’état de l’humanité ets’en était même détourné. Précisons que ce refus a étédénoncé par les Docteurs qui tentaient , sans grand suc-cès de porter remède au moyen de la Lumière de cettenature , tout autant que par les Saints hommes éveilléspar le souffle de l’esprit de Dieu, tels les Prophètes , les

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Patriarches , les Apôtres et jusqu’au Saint parmi lesSaints. Toutefois la Miséricorde divine ne put, selon lesvoies qui lui sont propres, retirer du gouffre de la perdi-tion où tous se précipitent qu’un fort petit nombre; etlà, je veux parler de ceux qui s’étant retournés à sonappel témoignent abondamment de cette situation:«Jeremie: Nous avons guéri Babylone et elle est enco-re malade; Esaïe: Mais qui a cru à nos paroles et aconnu le Bras de Dieu? ; Salomon au terme de ses ten-tations : Ce qui est complètement ruiné ne peut êtrerelevé et ce qui fait défaut ne peut être compté» .

8 - Dieu même, en sa Sagesse nous dit: « Voici, Moi,je vous envoie des Sages, des Prophètes, et vous, vousles frappez de fouets et vous les mettez à mort! » Etfinalement Jean; « le Monde entier se trouve dans lesmains du malin».Et le fait est qu’un désordre sans limite s’est durable-ment installé au sein des organisations et des institutionshumaines et la plus grande confusion règne parmi lespeuples et leurs Langues. Car, selon la divine parole,partout jusqu’à ce jour les ténèbres occultent la terre etl’obscurité les peuples, à l’instar de l’irrémédiable mal-ignité de nos affaires humaines .

9 - Nous allons examiner quelles espèces de tentativesfurent donc ainsi menées (nous verrons qu’elles sont aunombre de 7) et puis pourquoi elles ne rencontrèrent pasle succès escompté. De toute évidence, plaintes etlamentations semblent avoir été le lot commun desSages qui reprochaient aux hommes cette universelle etstupide ignorance, dont ils voulaient leur faire honte,cherchant à leur transmettre un peu de leur propreconnaissance. A cette fin Diogène, déambulant parmi la

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foule, une lanterne allumée en plein milieu du jour, etrépétant sans cesse aux hommes de se chercher eux-mêmes; mais aussi Héraclite perpétuellement affligépar la sottise humaine, se répandant en larmes, soupirset lamentations; et encore Démocrite, qui tout àrebours riait à la vue des vaines et dérisoires menéeshumaines. Mais la situation actuelle le démontre: tou-tes ces plaintes, qu’elle soient affligées ou dérisoires,tant qu’elles ne se concrétisent pas sous forme de remè-de, n’abolissent pas la confusion; quant à la plupart deshommes du haut de leur sottise, ils se moquent toutautant du rire que des larmes de ces Sages. commel’illustrent bien, d’ailleurs, ces mots de Christ: «Nousvous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé;nous nous sommes lamenté et vous n’avez pas pris partà notre douleur». (Matt 11/17)

10° A la suite de quoi on voulut venir en aide aux hom-mes par de sages conseils: et ce fut l’avènement de laPhilosophie qui consacre son étude à rechercher la fina-lité des choses et à disposer des moyens pour l’accom-plir. Philosophie qui du reste, fit l’objet d’éloges déme-surés si on considère qu’elle devait être «uneMédecine pour l’âme, un guide de Vie, l’inventrice deVertus & le ban des Vices, l’accès lumineux à laBéatitude, et enfin l’art de rendre l’homme semblable àDieu, etc . En fait de bien pauvres résultats qui profitè-rent à bien peu! Car la petite minorité des hommes quivoulait bien prêter l’oreille à ces accents n’était pas apteà en saisir le sens. Cela se vérifie particulièrement dansla Philosophie Païenne qui est bien trop succinte et par-faitement ignorante des fondements de l’humanité; cequi est normal puisque lui fait défaut le 3e Livre desProphéties de Dieu.

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11 - On en vint donc à légiférer afin que les hommesapprennent à régler leurs comportements selon des nor-mes établies (par la Loi). Cette mesure assez bien défi-nie pour le maintien de l’ordre social, est en revancheincapable de résoudre le désarroi moral individuel. Et laraison en est que l’homme se souvient d’avoir été créédans la liberté et qu’il souffre fâcheusement descontraintes imposées par les lois. Ce qui explique pour-quoi la loi divine et à plus forte raison les lois humaines,ne font qu’accroître le péché et la colère des hommes:« et parce qu’ils sont irrités les hommes persistent dansleurs fautes et poursuivent de leurs désirs des chosesrefusées» (Rom 4/15 35 5/13 36 7/7 37)

12 - Et les Lois furent assorties de peines contre la trans-gression. Mais comme en témoigne l’activité quasiininterrompue des Geôles et des Gibets, ces châtimentsne réussissent tout au plus qu’à réprimer un moment laviolence à autrui, mais certes pas à l’éradiquer .

13 - les Puissants s’engagèrent de toute autre manièrepour imposer des limites aux discordes humaines: Riend’autre que de porter le conflit contre des nations entiè-res , les soumettre à leur propre volonté pour finalementles fondre en une seule entité politique ou religieuseainsi constituée. Mais, et l’expérience le montre une foisencore, à ce jour cela se révèle plus préjudiciable qu’a-vantageux. Et, toujours du fait de cet amour connaturelà l’esprit humain, dont rien ne peut venir à bout, l’indi-vidu se sent alors surveillé de partout et contraint demille manières, sans aucune issue possible, et inévita-blement il en arrive à revendiquer cette liberté parfois

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dans les termes d’une négociation mais parfois aussi parl’expression de la force. En bref disons que résistance,opposition et révolte sont la conséquence logique del’association de la coercition au Gouvernement des indi-vidus.

14 - Nettement moins violente nous apparaît l’institu-tion des Sectes. Par Secte j’entend un groupe de person-nes, en nombre défini, qui, sur une base Politique,Ecclesiastique ou Philosophique, s’accordent sur unBien profitable à la communauté, et s’étant engagésentre elles formellement, mettent en commun leur force,leurs connaissances et leurs facultés de réflexion pourl’obtenir et le protéger. Menées sur la base du volonta-riat, ces entreprises dans leur ensemble offrent davan-tage de garanties, dans la mesure toutefois où elles sevouent exclusivement à l’intérêt commun et que lesmoyens mis en œuvre soient respectables. Mais, commele plus souvent la conscience humaine n’a pas uneappréhension très claire de ces 2 notions ( intérêt com-mun & respectabilité des moyens ) il arrive parfois queces initiatives ne servent de rien pour amender la confu-sion et l’on voit le mal empirer. Et c’est ainsi que l’onpeut voir des sectes se lever contre des sectes, plusendurcies que jamais les unes contre les autres. Allonsplus avant et supposons qu’une de ces Sectes soit parve-nue à contempler la Vérité et le Bien, ce n’est pas pourautant qu’au travers d’Eux elle songera à l’intérêt com-mun, si elle ne partage pas le bénéfice de ces biens avecles autres communautés. Et chaque fois que l’on seretranche dans un enclos, par le fait on exclut les aut-res, et, ce cas en suscitant rapidement de nouveaux, denouvelles sectes ne vont pas tarder à s’exclure mutuel-lement, jusqu’à la séparation [définitive]. Et voilà

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comment pour finir, un bien destiné à tous devient unbien réservé à l’usage exclusif de quelques uns.

15 - Et enfin il semblerait que ceux qui, dégoûtés de lafolie des hommes se retirent dans des solitudes déser-tiques, contribuent fort peu à apporter des solutions audésarroi de l’humanité: comme le montre leur condui-te, c’est à eux qu’ils pensent et non à la communauté. Etle monde demeure dans l’obscurité et nous qui le déplo-rons cherchons toujours un remède à ces ténèbres uni-verselles, sinistre fléau.

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Chapitre IV

EXISTE-T-IL ENCORE UN REMEDE AU DESARROIDE L’HUMANITE ? SI OUI QUELLES SONTSES

NECESSAIRES CARACTERISTIQUES?

1 - Le mal qui nous afflige a tant gagné en force : il nereste guère de place pour le remède. Quasiment tous nosefforts en vue du salut universel échouent. C’est pour-quoi nous souffrons tous. Mais pour autant baisseronsnous les bras? Que non pas! Il ne convient pas d’abandonner la Médecine sous prétexte que la maladie necède pas; non, ce qu’il faut c’est persévérer sous desformes variées, comme le dit le Poète:

“Et puisque les maladies se diversifient nousdiversifieront notre Art

Mille sortes de maux, eh bien mille sortes deGuérisons”

2 - Si le medecin prend la maladie à son déclin, ilIntervient avec succès. Celle qui résistait jusqu’àlors àdes remèdes puissants, cède désormais devant une thé-rapeutique bien plus douce.

Pareillement, un mal nous afflige : le tempsécoulé ne nous apporterait-il pas son aide pour luttercontre lui ? Ainsi la croissance de l’enfant peut-elle

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constituer le remède aux maladies infantiles. Nousdevons tenter de mener notre entreprise par des voiesencore inexplorées, d’autant plus que de sages conseilsnous sont actuellement prodigués. Et nous le devonsaussi afin de ne pas laisser accroire que nous abandon-nons ni interrompons notre projet.

3 - Les Médecins ont coutume de tirer profit de leurspropres erreurs mais aussi de celles de leurs confrères:ainsi l’échec de telle ou telle médication les amène à entester d’autres nouvelles légèrement différentes voiretotalement opposées. Il leur arrive souvent de cettemanière de découvrir des remèdes particulièrement salu-taires contre des maux réputés sans espoir de guérison.

4 - Nous aimerions revenir sur un point particulier denotre projet ( auquel par la Grâce de Dieu il nous soitpermis de croire ) et qui est le suivant: En quoi, dansses vaines et innombrables tentatives pour parvenir àdes voies nouvelles, l’Humanité a-t-elle été défaillan-te ? Puisque l’occasion se présente nous allons y appor-ter une explication et, pourquoi pas, du changement.

5 - Parmi ce qui fut entrepris jusqu’à maintenant nousrelevons trois regrettables erreurs, à savoir:

I - Disons tout d’abord : on a envisagé des remè-des spécifiques appliqués au cas par cas à des aspectsisolés d’un Mal Universel (par exemple comment pal-lier tel ou tel type de désordre, au sein de tel ou telleNation, Religion ou Association particulière), alors que,et c’est remarquable, les Conseils de Dieux visentToujours à une Réforme Générale.

II - Nous nous apercevons que les voies emprun-tée à ce jour contrarient, sinon violentent, la nature

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humaine [profonde] (Chap.3,4,5)III - Et enfin il est clair que les moyens mis en

en œuvre sont assurément trop faibles et pour le moinsinefficaces.

6 - Alors pour ramener de l’ordre au sein de l’Humanitéen désarroi, trouvons donc des Moyens de caractèreUNIVERSEL, qui opèrent Universellement auprès dechaque homme et tels qu’ils puissent pénétrer sansexception chaque Peuple, chaque Langue, chaqueFamille. Ouvrons ensuite des voies attractives, tellesque chacun s’y engage spontanément. Inventons enfindes remèdes puissants auxquels nul ne saurait résister,même le voudrait-il. Alors peut être est il permis d’espérersinon la Libération parfaite, du moins, un soulagementau regard de ce que nous avons jusque là connu.

7 - Le rassemblement général des individus doit néces-sairement se réaliser par des voies Universelles, celarelève du pur bon sens. En effet lorsque le corps entierest recouvert d’ulcérations ou encore se trouve affectépar la Phtysie , l’Hydropysie, ou bien par la Fièvre,onne se contente pas d’appliquer un emplâtre sur un piedou sur le nez, mais on administre la médication à l’in-térieur du corps. Ainsi les forces actives, diffusant àtravers toutes les parties, chassent les humeurs nocivesde toutes parts. De partout, alors, les forces vitales, ainsidéliées, affluent et se rassemblent pour restaurer lavigueur [du corps entier]. Eh bien, c’est de même toutle corps de la Société des Hommes qui souffre et il seraittout aussi futile d’espérer rétablir ce corps par quelquesmesures correctives, çà et là, isolément appliquées. Caren ce cas la vénéneuse infection, s’étendant sans cesse àde nouvelles et adjacentes parties, la Thérapeutique

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employée ne progresse pas; et si parfois elle en donnel’impression, à long terme cela s’avère trompeur. Et enoutre cette pseudo guérison mêle aux parties saines desparties morbides, elle associe les morts aux vivants.

8 - De la même manière que Dieu, dès l’origine de lacréation a établi toutes choses en leur totalité, Il a fourniun instrumentum complet de tous les moyens nécessairesà la restauration des choses éventuellement dégradées.C’est ainsi qu’ayant fait naître tous les hommes quidevaient naître, 38 Il a ensuite voulu les envoyer dans sonEcole de la Nature, tout en préservant la teneur remar-quable des Livres qu’Il nous donna jadis, à la suite dequoi Il a admonesté tous les hommes par des moyenshors du commun. Enfin, amené à les punir tous, Il leurprodigua, à nouveau, ses bienfaits revigorants, et toutcela afin que nul ne périsse mais que tous accèdent aurepentir. (2 Pet 2, 9 ) 39

9 - Non seulement les Livres que Dieu nous laissa sonttoujours aussi explicites qu’au début, mais on peutmême dire qu’Ils révèlent davantage de choses de jouren jour. (Je reviendrai, d’ailleurs plus particulièrementsur cette aide ainsi apportée). C’est en des termes iden-tiques que ces Livres ont décrit le monde, de tout tempset en tout lieu: de toute évidence il s’agit bien de lamême Terre, du même Ciel et des mêmes astres que lesbons comme les méchants, ont pu voir avant nous etaussi verrons après nous. Si ce n’est toutefois que lamanière dont nous les observons aujourd’hui diffèrenotablement de celle de nos devanciers tout autant quede nos successeurs.

10 - Pareillement ces Notions, alors qu’elles n’étaient

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pas encore galvaudées par des concepts contre nature, etque nous avons dites innées et primordiales, furent divi-nement établies comme fondement à la pensée raisonna-ble. Ajoutons qu’elles furent transmises à l’hommecomme à la femme, à l’enfant comme au vieillard, auGrec comme à l’Arabe, au Chrétien autant qu’auMahométan, au religieux comme à l’impie. Et de cesNotions Universelles on peut tirer dans les jours à venirles plus riches trésors.

11 - Disons pour terminer que la Parole écrite est préser-vée de la corruption contre toutes les menées de cemonde et des mondes inférieurs. Et que cette Paroledévoile toujours plus de mystères à ceux qui l’observentscrupuleusement, ces révélations étant destinées à l’usa-ge de tous. Car elle appelle chaque Nation, chaquePeuple ( psaum 49). Bien que Dieu, jadis, irrité par laperversité des hommes ait alors voulu confier les écritsde sa Loi à une seule Nation élue par Lui.(Psaum 147,20) 40. Mais cependant Il éleva encore une fois la trom-pette de sa voix et la fit sonner jusqu’au confins de laterre .(Rom 10, 12) 41. Et Il ordonna de prêcherl’Evangile à toutes les créatures (Matt 28) Parce quedieu est Seigneur de toutes choses (Rom 10, 12) 41bis.Mais voilà qu’à ce jour nombreux sont ceux qui dédai-gnent ces règles très salutaires, de sorte que, bien quecela n’entrât point dans le dessein de Dieu, c’est pourleur propre malheur qu’ils rejettent ce sage conseildivin.(Luc 7 , 30) 41

12 - Comme Dieu est de par sa propre nature Dieu detoutes choses, tout ce qu’Il fait et dit pour le salut de sescréatures, est constitutif de lois et pratiques à l’usage detous. Or l’abandon de la notion de bien commun et le

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détournement de celui-ci vers un usage privé nous vien-nent du Diable et d’Adam: en effet, dès l’instant où onperd de vue l’intérêt d’autrui, tout le commerce avecDieu est mis en pièces. Car le diable, voyant qu’il estséparé de Dieu, tente de séparer et de disperser tout cequi est à sa portée. Tout au contraire, Dieu, parce qu’Ilest Dieu, immuable, et bien sûr source et principe, but etmoyens de toutes choses, contient et réunit tout: Ciel &Terre, Anges & hommes, Nations, Choses, Bienfaits, etles temps dans l’Eternité elle-même. Une entité infiniepeut contenir toutes choses finies. Or s’il s’avère quetoutes les choses se trouvent dans et avec une entité infi-nie, alors elles se trouvent en unité ; hors de cette entitéelles périront. N’est-il pas vrai que toutes les formesanimées qui ont pénétré dans l’arche de Noé furent sau-vées alors que périrent celles qui restèrent hors? Etc’est bien pourquoi tout ce qui doit être sauvé de laconfusion humaine doit retourner dans l’ordre établi parDieu ou bien périr.

13 - Pour cette raison Dieu veut que tout retourne dansl’Unité sur terre comme au ciel; et c’est égalementdans ce but qu’Il envoya son Fils pour que par Lui et enLui, toutes choses soient rassemblées ( Col I , 20 36) Luiqui offrit son sang pour une réconciliation et qui envoyades messagers à toutes les Nations afin que cette grâcesoit annoncée à toutes les créatures (Matt 28) . Et ceuxà qui fut confiée l’exécution de sa Volonté, c’est à direles Apôtres, se répandirent sur toute la terre ( Rom. 10).Là ils s’efforcèrent avec le plus grand soin d’avertir tousles hommes, de les instruire dans l’Universelle sagesse,et de les établir dans la perfection de Christ Jésus.

14 - Mais par la suite, oublieux de la mission et de

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l’exemple des Apôtres, les Chrétiens ne partagèrent pluscette Lumière universelle avec les autres peuples, laréservant au contraire, en majeure part, à leur propreusage. Puis, peu à peu, ils se levèrent les uns contre lesautres, pour finalement en arriver à se battre entre eux.C’est donc chez les chrétiens précisément et en tout pre-mier que cette flamme d’amour des hommes, la Charité,puis bientôt, la flamme de la foi, s’éteignirent ou biens’évanouirent dans les nuages d’une certaine fumée[guerres de religion]. Mais Dieu en sa puissance peutréactiver ces fumées environnantes en une lumineuseflamme dans la mesure où nous imitons à nouveau leGuide du salut qu’Il nous a donné pour illuminer lesNations, jusqu’aux confins de la terre (Jér. 49 6 42). Etcette Lumière éclaire chaque homme qui Vient auMonde : Elle brille dans les ténèbres et les ténèbres nela reconnaissent pas (Jean). Voilà pourquoi, le remèdeque nous recherchons contre les maux de l’humanitédoit être, au premier chef, résolument Universel.

15 - En outre, quel que soit ce Remède, il doit dans lamesure du possible agir sans violence, au bénéficed’une douce persuasion. Car comme en témoignentl’ensemble de ces pratiques coercitives et illégitimes,que sont les guerres et les conflits, les inquisitions, lesgeôles et les cordes, les armes et les bûchers, la violen-ce ne mène jamais nulle part. Quelque volonté, quelqueardeur que l’on y mette, ce n’est pas en heurtant lesconsciences qu’on les apaise, ni en indexant les sectesqu’on les élimine, non plus qu’en éteignant la lumièrequ’on l’avive, sur ce point tous peuvent tomber d’ac-cord. Or Dieu, en tant que divinité efficiente, a créél’homme parfaitement libre et cette résolution divine està ce point établie que même Lui ne saurait recourir à la

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force ! Et si dieu exige quelque chose de l’homme cen’est pas par la force qu’il l’escompte, mais bien plutôtpar l’enseignement, le conseil, l’encouragement, lapreuve, la promesse d’une récompense ou la menaced’une punition. Il ne cherche pas à contraindre celui quirefuse, seulement Il le transforme en celui qui veut bien. Et ces quelques traits résument le contenu des SaintesEcritures et l’essentiel du plan divin pour le Salut del’humanité. Et si l’homme refuse de suivre le Guide duSalut, celui-ci le laisse libre, mais Il n’en pleure pasmoins sa perte: à ce propos les Ecritures témoignentabondamment des larmes de Christ et de ses Saints ettout aussi fréquemment evoquent-elles la douleur dudivin Cœur. Or donc, si Dieu Lui-même se refuse à trai-ter l’homme comme une pierre ou une vulgaire bûche[le minéral & le végétal avec en plus la notion de «décapité» ], lui conservant ainsi sa qualité d’hommequoiqu’il advienne, comment nous, pouvons-nous envi-sager de faire une chose aussi injuste et inutile pournotre avenir? Occupons-nous plutôt de trouver desmoyens pour l’amélioration des hommes, tels qu’aucund’eux ne répugnent à en user et tels que tous se félicitentde les avoir utilisés.

16 - En revanche la troisième et indispensable qualité deces moyens recherchés en appelle à leur considérableefficacité, quant il s’agit de marquer puissamment lesperceptions [sensus], de pénétrer au plus secret de laconscience [animum penetrare : penetralia :saint dessaints], de troubler fortement les esprits et d’infléchir lavolonté. La raison en est que des pratiques fautives, pro-fondément enracinées dans les mœurs sont particulière-ment tenaces et seule une vertu puissante est capable deles extirper. Aussi, selon les paroles de l’Apôtre(2, Cor.

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10), Christ envoya t il des Apôtres qui lui soumettraientle Monde, et pour ce faire les équipa de puissantesarmes, afin de ruiner les desseins qui s’y opposeraient etpour abaisser tout orgueil qui s’élèverait contre Christ.Or si un Remède Universel doit nécessairement possé-der une telle efficace vertu, Il doit au demeurant se révé-ler attrayant et amical parce que le Monde est tellementendurci par la dépravation et la perversité qu’il fautauparavant l’adoucir afin que les soins s’effectuent dansde meilleures conditions

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Chapitre V

Quel Remède plus efficace qu’une LumièreUniverselle contre les Ténèbres de la confusion

dans les affaires des hommes ?

1 - Le Remède que nous recherchons, comme nousvenons de le voir, se doit d’être Universel, Doux, etPuissant. Voyons donc maintenant quel peut être ceRemède. La suite de notre enquête ferme et minutieusemontre qu’il doit nécessairement s’apparenter à laLumière. Il n’y a au Monde rien de plus Universel quela Lumière céleste et je veux précisément parler duSoleil qui égaye tout, qui façonne et transforme toutescréatures et toutes choses; et rien ni personne ne peutse dérober à son éclat ou à sa chaleur (Psaum 19). Etd’ailleurs aucun être n’éprouve le besoin de s’y dérobercar sa clarté est suave et agréable (Eccl 11, ). Comme deson influence vivificatrice il pénètre toute chose, touteschoses croissent et se maintiennent: le soleil est un telvecteur de vie que l’on pourrait être amené à penserqu’il guide et régente tout ce qui, sur notre globe, a traità la reproduction et aux cycles de vies.

2 - On pourrait espérer pareil effet sur le cœur des hom-mes à travers toute la terre, si l’on pouvait redonner à laLumière de la sagesse une telle splendeur: et certes untel éclat suffirait à illuminer tous les hommes, à chasserde leur regard les ténèbres de l’erreur et à leur dévoiler

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la Vérité et la Bonté qui sont le fondement de toutechose. Or cela se réalisera, dans la mesure où les direc-tives divines seront recueillies, réunies et ordonnéesselon ce que Dieu nous a exposé clairement dans sesLivres. Ainsi elles pourront être placées à l’évidencedevant chaque homme, de sorte que tous, sans exceptionsoit à même de les accepter et de les chérir profondé-ment.

3 - Supposons que la Lumière d’une telle SagesseUniverselle puisse être allumée: elle pourrait se propa-ger parmi les consciences à travers tout le Globe [cffrontispice de l’opus], à l’instar du soleil qui une foislevé, rayonne sans exception de l’orient à l’occident [idée que le soleil, à condition d’être levé, ne laisseaucun recoin dans l’ombre tant qu’il brille] ; elleéveillerait chez les hommes une sereine Joie et enfinelle modifierait leur disposition d’esprit. En effet si leshumains sous l’influence de cette Lumière voyaientclairement exposés devant eux le sens de leur existenceet le but des choses, ils saisiraient inéluctablement com-ment user de ces moyens dans l’intérêt du Bien et peut-être, pourquoi pas, les mettraient-ils en application.

4 - C’est un fait que nous, les humains, choisissons ceque nous connaissons: Ainsi la Volonté qui régit nosActes, écoute toujours sa conseillère intime, la Raison;or quand à travers le jugement de celle-ci, la Volontévoit, ou croit voir, quelque chose de bon et de profitableà mettre en œuvre, elle charge les Facultés de réalisationd’en poursuivre l’exécution. Et il ne peut en aller autre-ment pour la simple raison que la Volonté établie à l’i-mage du Dieu Bon ne se peut départir de son inclinationpour le Bien (qu’il s’agisse de l’authentique Bien ou

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d’un Bien illusoire).

5 - Cette Lumière Universelle des consciences qui illu-mine toutes choses rend chacun apte à considérer le bienvéritable, hors de toute illusion. Son éclat allume un vifdésir de suivre la voie du bien tout en fuyant le mal quis’y oppose. En outre à sa clarté chacun peut nettementconstater que le monde subcéleste est obligatoirementsubordonné au céleste. Autrement dit le monde n’a pasla libre volonté de décider, sous le ciel, de sa propredégénérescence, ni de sa perte.

6° Combien souhaitable est donc l’avènement d’unetelle Lumière, par égard pour Dieu mais aussi pour lesHommes: Par égard pour Dieu qui emplit ce monded’une telle profusion d’œuvres et de Bienfaits, qu’il neconvient plus de les laisser à ce point se perdre sansmême daigner les utiliser. Mais bien plutôt: Que SonNom sanctifie toutes choses, que Son Règne vienne surtous, que Sa Volonté soit faite par tous sur la terrecomme au ciel, et que tous sans exception, portionstémoignage de son Règne , de sa puissance, et de sagloire dans les siècles et les siècles. Amen !

7° Et en quoi l’avènement de cette lumière ne serait ilpas aussi souhaitable pour l’Homme? Pour que qui-conque a des yeux pour voir, puisse voir, des oreillespour entendre, puisse entendre, un cœur pour compren-dre, comprenne et que celui qui a une langue pour louerDieu puisse chanter? Mais aussi pour que plus person-ne désormais ne puisse encore tâtonner en pleine lumiè-re, ne puisse plus dévier sur une voie sans obstacle, et neperde plus de vue le but de la Béatitude alors qu’elle estdevant ses yeux. Et pour que personne, enfin ne puisse

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plus sacrifier l’ensemble à sa convoitise personnelle.“Puisse le Peuple entier de Jéhovah prophétiser”, ditMoïse( Nbre 11 29) Et puissent-ils tous connaître etcomprendre les choses à venir, dit Dieu Lui-même(Deut 32 29)

8° Concluons, disant que celui qui ne souhaiterait passuivre avec tous les autres cette voie de la LumièreUniverselle, ne peut d’aucune manière être un ami deshommes.On peut difficilement taxer de téméraire une entreprisemême audacieuse tant que demeure un espoir de succès,et nous pensons que sur ce point, la formulation de telsvœux reste à l’écart de toute critique. Et c’est la perma-nence de cet espoir que nous allons maintenant démon-trer.

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Chapitre VI

L’espoir de l’avènement de la LumièreUniverselle avant la fin du Monde ne fait

aucun doute .

Réfléchissons, d’abord, sur les nature propre de Dieu etde l’homme, ensuite observons attentivement le progrèset l’avancement de leurs œuvres respectives, et rappor-tons enfin à ces observations les prédictions divines surl’état du Monde avant son entrée dans l’éternité; ilapparaît alors que l’importance et le caractère des évé-nements actuels nous incitent plus que jamais à espérer.

2° L’ordonnancement et la conduite du Monde, ressem-blent à s’y méprendre à une Comédie; et, de fait, il s’a-git véritablement d’une Comédie que la Sagesse divine,avec la participation des hommes, met en scène surnotre Orbe terrestre (Prov 8) [cf aussi intro reformatiocatholikè] Or y a-t-il image plus caractéristique de lareprésentation théâtrale que celle-ci: Nous sommesplacés devant une foule de situations embrouillées etsurprenantes; au début de la pièce nous ne saisissonsdonc que fort peu de son propos. Et il en va ainsi jusqu’àce que, les évènements passés et présents prenant pro-gressivement du sens, le fil conducteur amène les spec-tateurs en un point où les éléments de l’intrigue mènentau dénouement final, inattendu, où tout devient claire-

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ment intelligible pour chacun. Et pourtant l’auteur de lamise en scène ne connaîtra les applaudissements qu’àl’expresse condition que toutes les situationsembrouillées aient à l’évidence générale connues uneheureuse solution. Or, décemment, pourrait on en atten-dre moins de la part de l’Auteur céleste.

3°.Les différentes ères de la Vie du Monde dans leurensemble illustrent les différentes étapes de la vie del’homme, et nous pensons que la Totalité de toute cetteVie ne peut pas ne pas s’achever sur la plus haute mar-che ! La première étape au cours de la formation dupetit d’homme correspond à l’apprentissage desMembres, ensuite l’expérimentation des sensationsexercent les Sens, et puis bientôt la Raison se met à exa-miner les causes des choses; à partir de là va se déve-lopper une Compréhension apurée des choses qui cul-mine dans une parfaite clarté à l’approche de la vieilles-se. Et ainsi en est-il du Monde et de l’Humanité qui, s’é-tant jusqu’à ce jour exercés aux pratiques Artisanales etIndustrieuses [Mécanikè], puis aux arts Sensibles etenfin aux disciplines de la Raison , pourra quelque jourse hausser jusqu’à la pure et abstraite Sagesse, pour yséjourner définitivement. Afin que cela soit parfaite-ment clair, voyons le maintenant en détail. 43

4° Dans le cours de l’Humanité, il y eut d’abord l’ère dela « subsistance», caractérisée par un florilège de pra-tiques agrestes et pastorales, de techniques d’édificationdes habitats, et d’industrie vestimentaires. En effetcomme l’homme venait d’être chassé du Paradis, il s’ef-forçait de se prémunir contre la faim le froid et lesintempéries. Puis le peuplement des hommes s’étantaccru, ils essaimèrent selon un mode d’habitats fami-

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liaux dispersés ici et là .En ce temps là on est fondé dedire que leur principal souci est d’ordre Economique.L’aspect Politique[organisation politique et sociale deshabitats groupés en cités]quant à lui commence à sefaire valoir postérieurement au déluge, à peu de choseprès sous Nemrod. Et bientôt avec Abraham l’Art de laGuerre se développe. Mais c’est à l’époque de Moïsequ’émerge la génération des Lettrés, génération qui serépand au cours d’une remarquable efflorescenced’Egypte en Phénicie et en Chaldée, et de là chez lesPerses; notons que ces derniers tendaient à gardersecrètes leurs connaissances sous formes de«Mystères”. Et c’est finalement au peuple grec que l’ondoit l’édition progressive de ces connaissances. Ilsouvrirent au public des Ecoles où étaient enseignées lesLettres et la Philosophie 44

Mais à la suite des guerres avec Alexandre Le Grand, legoût des grecs pour l’étude périclita en cette Région etce fut au tour des Romains d’honorer dans un premiertemps l’Eloquence puis bientôt la Philosophie.

5° Mais, à ce moment là, alors que la prédication del’Evangile répandait le Zèle religieux, d’énormesconflits furent suscités, puis éclatérent sous forme deschismes, de sectes, d’hérésies, et de religions nouvel-les, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Eglise.« Christ fut donné comme Signe contre le quel s’oppo-ser (dit Luc 2)”. Alors, sur des temps très longs, s’établitun siècle de barbares. Puis après la chute deConstantinople, de nombreux joyaux tirés deBibliothèques d’Italie, de France, d’Allemagne et deplusieurs autres pays d’Europe, allumèrent de leurs feuxla Clarté des Langues les plus pures, puis celle de laPhilosophie et finalement celle de la Religion. Et pour-

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tant cela ne suffit guère à mettre un terme aux ténèbresrépugnantes ni aux conflits acharnés, tandis que parailleurs les luttes sectaires se poursuivaient de plusbelle.

6° Et pourtant, paradoxalement, dans ce climat de que-relles et de factions, où chacun essayait d’installer lavérité dans son propre camp, la volonté même de triom-pher définitivement, quitte à s’appuyer sur d’AntiquesTémoignages, incita, dans ce but, à la recherche et à ladécouverte de tout ce qui passait à portée del’esprit( disons à ce propos que l’invention del’Imprimerie ne fut pas d’un maigre secours dans cetteaffaire). Et donc toutes ces remarquables découvertesqui jalonnent aujourd’hui la voie de l’UniverselleLumière, furent pour une grande part arrachées auxmonuments de l’Antiquité, au laboratoire de laRéflexion humaine et même aux Trésors de la paroleDivine. A tel point, d’ailleurs que d’aucuns pensèrentmême que la Suprême Lumière était déjà là! Mais il n’en était rien, bien au contraire, car les mesuresmises en œuvres étaient tellement altérées, faussées etdisparates, que les dissensions, loin d’être apaisées, s’entrouvèrent renforcées .Et c’est pourquoi il est si néces-saire de tout arrêter et de laisser de côté tout ce qui a ététenté à ce jour. Il est maintenant indispensable de se pla-cer sur un plan beaucoup plus élevé et tout autre, àsavoir celui où la Pure, l’Eclatante Vérité enfin dévoi-lée, offrant enfin à Tous le même visage, mettra unterme aux hésitations et aux conflits.

7° Or il semble que Dieu ait déjà figuré une telle incré-mentation de la Lumière, degré par degré, au cours de laGenèse elle-même. Et c’est ainsi qu’au 1° jour de la

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création la lumière fut, mais seulement comme unemasse lumineuse non organisée. Et c’est à la moitié deson œuvre, soit le quatrième jour, que Dieu la répartitentre divers corps sphériques, certains plus grands etd’autres plus petits, corps qu’Il disposa à des distancesprécises les uns des autres. Enfin, au tout dernier jour, Ildonna naissance à la Lumière de la Compréhension ( del’Intelligence), le Souffle Spirituel de l’Homme, quiselon Prov. 20/27est la lampe de Dieu.[ndt : Animum :les 3 centres de conscience de la personnalité (cfGaffiot), avec en sus la notion de Souffle (Grec) liée àAnima ]. Et quant au reste de la création il se dérouleselon ce processus: du plus petit vers le plus grand pargradations successives, de l’humilité à l’excellence, parla sublimité [ndt : humus: terre , sublimis: aerien,ciel et summa le sommet qui résume tout, sommation ];de ce qui est bon à ce qu’il y a de mieux, par améliora-tions successives. D’où peut être le commentaire décla-matif, 6 fois répété: “Et Dieu vit que ce qu’Il avait faitétait bien ! » Et dans une surenchère finale «que c’é-tait tout à fait bien! »Gen. 1 31) Et le fait est que Dieuextrêmement bon, à la fin de son œuvre parvenu, nepouvait que s’établir dans le repos du bien suprême. Orredouterions nous que le Dieu qui gouverne la créationsoit différent de son Auteur ? Ceux qui s’attendent àl’avènement des temps les plus obscurs, ceux qui voientet prédisent le chaos, l’affliction et la ténèbre, ceux là nepossèdent pas la compréhension parfaite de l’enchaîne-ment des œuvres divines. Comme si Dieu pouvait êtresemblable à l’homme qui verse d’abord le bon vin puisle moins bon à la fin. Les plus mauvais temps ne serontpas le lot des derniers arrivés puisque il leur est toujourspossible de tourner le regard, d’adresser des louanges,en sagesse et amour vers la source inépuisable qui

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dévoile toujours plus de choses nouvelles.

8° Certains détracteurs prennent comme argument ladivination du prophète Daniel relative à la vision des 4Royautés: la première d’or, la seconde d’argent , latroisième de bronze et la dernière de fer et d’argile. Biensûr, mais alors, pourquoi ne pas choisir de lire aussi toutce qui traite de la Royauté de Christ? Et par exemplepourquoi ne pas choisir cette vision de Daniel (2/44.45),au sujet de cette pierre qui du haut de la montagne,menace les tyrans qui répandent la violence sur laTerre? « La royauté, la puissance et l’excellence duRègne, sous tout le ciel seront donnés au peuple desSaintes sublimités «Quand Christ régnera, non commeaujourd’hui parmi ses détracteurs, mais quand ceux-ciferont un échafaud à son pied ( Psalm. 110.2 Heb. 10/23Cor. 15/25.26).Mais nous verrons ces prédictions unpeu plus loin.

9° La Méthode Réunificatrice que Dieu a suivie en tou-tes ses œuvres, de par sa nature propre, promet résolu-ment un très haut degré de lumière dans les tout derniersmoments. Une Méthode de ce genre a pour effet deregrouper des choses isolées en de petits ensembles, cespetits ensembles étant assemblés en des ensembles plusgrands, eux même enfin réunis en un ensemble qui serala somme de toutes les sommes. Les Bienfaits offertspar Dieu, les Inventions générées par les Hommes, de cide là, au gré des opportunités se sont peu à peu assem-blés en un édifice que nous ne désespérons pas de voirquelque jour couronné. L’observation et le respect detout ce qui fut découvert par les hommes et offert parDieu, constituent une fois réunis, ce que l’on appelleune Règle; l’association de Règles de même ordre per-

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mettent de les regrouper sous 3 rubriques; les Arts &Techniques, les Sciences, et les Sagesses: enfin laréunion respective des Arts et des Sciences donne lieu àla création de Systèmes ( comme les philosophies, lesthéologies. ) [ndt : en complément de supra § 4 Ars :savoir faire des artisans, artistes et ingénieurs et méca-niciens ; Scientia : érudition /observation ; Prudentia: sagesse intellectuelle(réflexion), morale( réserve etprudence); pragmatique: ( bon sens , prévoyance).La Philo au sens moderne (tentatives de laïcisation parles libertins (rien à voir avec le sexe! ) mais déjà avecMachiavel, M ficin, Rabelais, Pic de la Mirandole,Gassendi, les sociétés royales etc. est [encore philoso-phies] « d’écoles » (Jésuites) dans le carcan de laThéolog.dogmatique. Les philosophies comportantencore les sciences politiques, physiques.] Et pourquoialors, ne pas envisager enfin un Système des Systèmes,c’est à dire un Art de tous les arts & techniques, uneScience de toutes les sciences, une Sagesse de toutes lessagesses, et, dans la mesure où on peut la porter, uneLumière des lumières?

10° En outre il y a encore un élément de taille qui nousincite à espérer sans réserve; je veux ici parler de cetétonnant désir qui, accaparant les Consciences des hom-mes, les pousse tout naturellement à s’élever toujoursdavantage; un certain désir qui place au centre des pré-occupations toutes ces choses encore hors d’atteintemais auxquelles pourtant nous attachons tant de prix;et je fais ici allusion à ce besoin d’apprendre et deconnaître qui, s’il se révèle profitable à n’importe quelhomme, image du Dieu Omniscient, est particulière-ment utile à tous ceux qui lisent et surtout qui écriventles Livres actuels. En effet, lors même qu’ils écrivent

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pour le public ( je ne veux point parler ici des anachro-niques qui se contentent de recopier ou de refaire unefois encore ce qui fut déjà fait), ces auteurs ne recon-naissent ils pas en leur for intérieur, loin de la placepublique, que tout ce qu’ils exposent à ce jour dans leursouvrages est insuffisant et que conséquemment quelquechose de vraiment plus approprié reste encore à décou-vrir ? Et c’est pourquoi, ces Auteurs, après bien d’aut-res, écrivent afin de transmettre une chose encore inédi-te ou bien pour en préciser une autre déjà ancienne. Siils n’en sont point assurés il pensent ou du moins ilsespèrent être capables de préciser, de simplifier, en unmot d’améliorer la manière de transmettre toutes ceschoses au jugement public. Et d’un autre côté, lesLecteurs qui dévorent ces Livres nouvellement éditéspeuvent découvrir au plus profond d’eux même unefaculté de penser qui leur manquait mais qu’ils veulentdésormais développer. Evidemment, si toutes ces per-sonnes étaient persuadées qu’à ce jour tout était prêt etdisponible pour la tâche qu’elles envisagent, elles sereposeraient, tranquilles et confiantes sur les ouvragesexistants et ne se créeraient pas de nouveau tracas, touten s’épargnant bien du labeur.

11° Et voilà pourquoi le Monde cherche et reconnaît sondésir de découvrir la voie toute emplie de la magnifiqueLumière. Or si nous n’étions pas intimement pénétrésdu sentiment et de l’espoir de voir ce désir quelque jourassouvi, il devrait être détruit, car ni Dieu ni la naturen’agissent en vain [ndt. la Fraternité ne gaspille pas uneonce d’énergie]. Or si ce désir sciemment implanté dansnotre cœur se révèle indestructible, c’est qu’il est desti-né à être comblé.

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12° D’autre part, je ne suis pas sans connaître la nouvel-le objection à ce propos: En supposant que notreParfait Créateur ait bien voulu ancrer toujours mieux etplus solidement un tel désir dans l’esprit des hommes,n’est ce pas afin que les mortels, voyant que le mondesensible est insuffisant à combler les sens et à assouvirles désirs, ils en viennent à reporter l’objet de ce désirau-delà d’eux-mêmes , jusque dans l’éternité ( où est lasimultanéité des choses et la plénitude parfaite )? Ehbien cette objection ne me parait guère conforme à lavérité. Non, nous ne verrons pas ce désir indéfinimentalimenté, s’intensifier tout au long de notre existence[ndt. celle de l’humanite], un terme interviendra et rienn’interdit qu’il advienne, en ce monde, ici bas, à la suitede quoi il n’y aura rien d’autre que le parachèvement del’éternité. Car la très parfaite Sagesse de notre Dieunécessite absolument un tel degré de plénitude. Parconstruction la nature ne peut coexister avec le vide etle futile, et cela a rendu possible la découvertes des artset des techniques les plus merveilleuses: Pareillement,la conscience humaine qui ne supporte ni le vide ni l’oi-siveté [ Ndt : ce n’est pas l’homme qui ne supporte pasl’oisiveté ! mais sa conscience ], et s’emploie sans fin àles combler, nous avons la ferme conviction, que l’op-portunité présente ne passera pas que nous n’ayonsenfin cherché et trouvé tout ce que Dieu nous offrechaque jour davantage. Et s’il en était ainsi pourquoi nepoursuivrions nous pas jusqu’à l’Omniscience?J’entends par là une science intégrale, une complèteSomme de tout ce qui nous est fourni pour étude ici bas,et à notre époque dans le Triple Livre.

13° Mais parce que Satan dés le début a abusé de cedésir de tout connaître, l’homme fut jeté par sa curiosi-

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té fautive dans des ténèbres qui se sont follementaccrues avec le temps et jusqu’à ce jour, comme uneopprobre à Dieu et aux moyens qu’il met en œuvre ausecours de la Lumière. Estimerions nous possible queDieu n’accroisse pas d’autant la divine Clarté afin delaisser voir à tout le Chœur de ses créatures, que leTriomphe de la victoire sourit non au prince desTénèbres mais bien au Créateur de la Lumière? Carc’est non seulement dans l’éternité mais encore ici basdans notre théâtre du Monde que l’ennemi devra périr,parce que le triomphe de notre Dieu et de son Christ sedoit d’être total .Et quand cela sera, de toutes façons ,l’état du Monde sera au rebours de ce qu’il est aujourd’-hui : l’harmonie doit nécessairement présider à la res-tauration de ce qui fut ruiné par Satan . Par ailleurs Dieudans sa Sagesse et son Amour entreprit, dés l’origine, deréparer ce que Satan avait corrompu, de la même maniè-re qu’il tint en vérité, auprès de ses créatures délivréesdu malin, les fausses promesses qui leurs furent faites.Nous savons que lorsque Satan promettait à l’homme laVie, c’était pour mieux le précipiter dans la mort: EtDieu en cette occasion changea l’attrait pour la mort encelui pour la vie éternelle. Satan qui promettait l’unionà Dieu nous a en réalité détournés de Lui. Or voilà, Dieunous a rattaché à Lui d’autant plus étroitement, nous lesdétournés, et Il nous a rendu hypostatiquement(sic) unavec Lui [ndt consubstantialité]. Satan promettait denous rendre semblable à Dieu, par la connaissance dubien et du mal: et c’est à lui qu’il nous fit semblables,nous qui estimions le bien pour le mal et le mal pour lebien. Dieu, lui, nous fait véritablement semblables àLui, connaissant le Bien comme le vrai bien et le Malcomme tel, c’est à dire. rejetant le mal et choisissant lebien avec délectation; puissions nous donc suivre par-

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tout le bien et en jouir éternellement! Et disons pourfinir que Satan poursuit avec acharnement les hommes,de ses tentations, alors que Dieu s’attache constammentà les libérer et cela jusqu’à ce que ces derniers perçoi-vent qu’en réalité ils sont libres, ne serait Satan qui lesmaintient effrontément dans la confusion.

14° Et il adviendra en toute certitude que nous voyionsenfin pleinement réalisées toutes les promesses de notreDieu, aimant et miséricordieux. Les oracles divins neprédisent ils pas au soir du Monde l’avènement d’unelumière qui en regard de la Lumière des débuts à ce jourincertaine ( mêlée de ténèbres, ni jour ni nuit), doit êtreappelée «κατ’ εξοκεν », soit lumière par excellence?Or une des répercussions des promesses divines est laconversion de toutes les Nations à l’Eglise, afin queJéhovah devienne Roi et Maître de la terre entière, par-tout sous le même nom( Zach 14/7.8.9.). Ailleurs uneautre prophétie annonce la même chose en des parolessimilaires : « il arrivera dans les tout derniers jours quela montagne de la maison de Jéhovah, soit apprêtée entête des autres montagnes, élevée au dessus de collines,et vers elle conflueront toutes les nations, tous les peu-ples, disant: « Venez, montons sur la montagne duSeigneur, vers la maison du Dieu de Jacob, et Il nousenseignera ses voies. Venez, marchons dans la clarté denotre dieu ( Isaie 2/2.3.5).Et un peu plus loin est décriten ces termes, la conversion universelle des Nations:« Lève toi dans la clarté, Jérusalem; voilà l’avènementde la Lumière, la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.Car voici, les ténèbres obombrent la terre et l’obscuritéles peuples. Le Seigneur se lève sur toi et on verra sagloire sur toi. Et les Nations marcheront dans ta Clarté.etc. Le soleil durant le jour ne t’apportera pas plus de

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lumière et la Lune ne t’éclairera pas: car le Seigneur tetiendra dans sa Lumière éternelle et Dieu participera à tamagnificence (Isaïe 60/1.2.3.19.20)Encore, ailleurs: « la Lumière de la Lune sera telle laLumière du soleil, mais la lumière du soleil sera septfois plus forte: quand dieu aura pansé la blessure deson peuple et guéri les élancements de sa plaie ( Isaïe30/26). Quand Il réunira Israël à toutes les autresNations et à toutes les autres Langues, afin que ceux quiviennent puissent voir sa gloire et qu’ils conduisent tousnos frères à Jéhovah etc (Isaïe 66/18.19.20). Alors ilprêchera l’Evangile du Royaume sur toute la Terre, pourtémoigner devant les Nations avant la fin (Matt. 24/14)Et c’est l’Evangile éternel qui annoncera à travers toutela Terre, à toutes les Nations, les Familles, les Langues,et les Peuples, pour que tous craignent Dieu, lui rendentl’honneur et l’adorent, Lui qui créa le ciel et la terre, lamer et les sources. (Apoc. 14/6.7) Quand la conaissancedu Seigneur remplira la terre comme les eaux remplis-sent la mer (Is 11/9) Quand dieu donnera un seul cœuret un seul chemin à tous les hommes (Jer. 32/39). Et ilchangera les lèvres des hommes afin de les rendre pureset pour que tous puissent invoquer le nom du Seigneuret le suivent d’une seule volonté (Soph 3/9) Quand toutsera devenu le Royaume du Monde de notre Seigneur etde son Christ (Apoc 11/15), afin que soit un seul Berger,un seul Pasteur, (Jean 10). Quand Satan, Prince desténèbres, ne pourra plus tenter les Nations, vaincu etenchaîné au fond de l’abîme (Apoc. 20) Et bien d’autreschoses encore que les Ecritures prédisent ici et là ausujet de l’état glorieux de l’Ecclésia à travers tous lespays.

15° Mais nous devons à la vérité de dire que nous n’a-

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percevons pas encore un tel état du Monde et de sonEglise, ni une telle clarté provenant d’une Lumière quitournerait vers elle tous les peuples, liée qu’elle se trou-ve par la puissance du Prince des ténèbres. Cela est doncencore à venir afin que soit accompli tout ce qu’a prévule Conseil de Dieu et qui fut annoncé par Sa bouche.

Chapitre VII

Dans la mesure où nous pensons que les tempsde la Lumière Universelle approchent nous

sommes tenus d’explorer les Voies qui ymènent

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1° Or éveiller une telle Lumière à la suite de si profon-des ténèbres doit nécessairement revenir à celui là seulqui ordonna au début du Monde que la Lumière soit etbrille hors des ténèbres, car Lui seul peut pareillement,à la fin de ce Monde, faire resplendir la lumière de laconnaissance et de la gloire divine, sous l’aspect deChrist Jésus ( 2 Cor. /4 . 6). Et pourtant aujourd’hui onse doit de prouver que cette tâche est également du res-sort des fils de la lumière, du moins dans la mesure oùeux-mêmes aspirent et travaillent opiniâtrement à l’es-sor de cette illustre Lumière; autrement dit, dans lamesure où ils examinent méthodiquement tous les outilset toutes les voies susceptibles de mener à cetteLumière. Et nous pouvons nous permettre d’abordercette tâche avec toute l’assurance nécessaire, d’autantque l’audace de notre revendication ne saurait apporternulle gêne en nos consciences: En effet, ce faisant nousnous plaçons en serviteurs de dieu, et si par chance, ilvoulait bien user de nos services, ouvrant de sa toutepuissance l’accès aux voies que nous montrerait saSagesse, la Lumière finale se léverait d’autant pluspromptement sur nous.

2° Toutes choses donc, comme nous le voyons, propresà établir et renforcer en nos consciences notre droit etnotre devoir d’explorer toutes voies qui conduiraient àl’avènement de cette lumière.

3° Or tout ce que les Chrétiens sont en droit de souhai-ter de Dieu, ou de Lui demander, ils sont aussi en droitde le rechercher par eux-mêmes! Car il est vrai quecelui qui a dit «demandez» a également dit «frappezet cherchez» . (Matt. 7/7) Il n’entre donc point dans le

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dessein de Dieu de laisser une expectative désoeuvréeprésider à la requête d’un bienfait espéré ou à l’attented’une promesse d’ores et déjà accordée. Nous devons,au contraire, dans le même élan faire tout notre possiblepour attester du sérieux de notre demande, de notreappel, et de notre attente. Nous devons, en fait nous por-ter nous-mêmes au devant de Dieu et tendre la main versles dons qu’il nous apporte. Autrement nous pourrionsêtre accusés de tenter Dieu par le fait que nous divise-rions ce qui doit rester unis et en l’occurrence le fait dedemander sans frapper ni chercher. Quelques exempleséclaireront bien cette idée. Notre Seigneur nous a ensei-gné la prière suivante: « Père, que ton nom soit sanc-tifié » Or au cours de cette prière quiconque ne mani-festerait pas sa propre volonté de sanctifier le nom divinpourrait être dit simulateur, tout autant d’ailleurs, quecelui qui, dans le même temps n’aspirerait pas à fournirà autrui, par quelque méthode sensé et réalisable la pos-sibilité de sanctifier lui aussi le nom du Père. Toutpareillement quand on nous enjoint de prier afin que« son Règne vienne», injonction nous est faite parallè-lement de rechercher le Royaume par nous-mêmes.(Matt 6/3). Et quant nous énonçons «que ta Volonté sefasse», cela ne signifie nullement que sa volonté opèreen nous à notre insu, mais bien plutôt qu’il nous donnela volonté d’exécuter la Sienne: Car le sérieux de notreprière égale le sérieux avec lequel nous nous efforçonsde la réaliser. Maintenant quand nous disons «donnenous notre pain quotidien» , cela ne signifie pas nonplus, que nous devions attendre, désoeuvrés, que le paindescende du ciel, pour nous. De fait, en ce cas, nousdemandons à Dieu de bien vouloir apporter sa bénédic-tion sur ce pain déjà trouvé par chacun dans le fruit deson labeur et qui nourrit chacun à la sueur de son visa-

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ge. Et lorsque nous le supplions de «remettre nos det-tes » , nous nous obligeons simultanément à ne plusêtre trouvés débiteurs; quant à ceux d’entre nous, plusfaiblement disposés et qui ne tardent pas à céder, ilss’engagent à revenir au plus tôt dans leur intention de neplus pécher. « Et ne nous induis pas en tentation» dis-ons nous encore; et par ces mots nous nous attachons àne plus nous précipiter vers la tentation et à ne pas ten-ter Dieu. Et enfin cette supplique «délivre nous duMal », s’accompagne de la règle et de l’enseignementqui nos permet de fuir activement le Mal et d’éviter d’ytomber par mégarde. Et voilà que maintenant nous entretenons l’espoir quel’avènement final du siècle de lumière tant souhaité,amènera le rétablissement de tout ce qui fut ruiné.Pourquoi donc, à la clarté de ce qui vient d’être dit, nedemanderions nous pas à Dieu qu’Il veuille bien nousfaire saisir toute l’importance de notre implication dansla promotion de ce siècle de Lumière?

4° Nous avons établi que nous sommes en droit d’agircomme nous le faisons; de plus il nous est aussi permisde comprendre les raisons de ces actions; enfin nouspouvons examiner pourquoi il nous faut comprendretout cela.Parce que Dieu ne nous commande rien qui ne soit rai-sonnable, Il ne nous demandera pas, Il ne voudra surtoutpas que nous oeuvrions d’une manière déraisonnable!Et c’est bien pourquoi il ne nous est certes pas interditde sonder et d’examiner les causes et les modalités de latâche pour laquelle en cette époque nous sommesexpressément requis! Et à l’avenant rien ne nousempêche non plus de chercher à comprendre tout ce quirelie toutes ces tâches entre elles. Par exemple, chacun

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est aujourd’hui tenu de montrer à autrui ce qui est vraiet profitable et à le détromper sur ce qui est faux etcontrefait, tout en étant apte à reconnaître les opportuni-tés favorables à de telles révélations. Qu’est ce qui doncnous empêche de trouver une méthode grâce à laquellenous puissions sans exception, chacun pour tous et touspour chacun indiquer à tout moment le vrai et l’utile ennous détournant efficacement du mal et du pervers?Chacun de nous, Chrétiens, est à notre époque tenu d’a-grandir le Royaume de Christ, tout en détruisant celuidu Diable. Alors pourquoi ne pas convaincre chacun denous de chercher la voie et la méthode permettant d’œu-vrer de concert en ce sens? Nous devons assidûmentrechercher la Paix universelle; pourquoi alors ne pasindiquer à tous et à chacun, autant que faire se peut, lesvoies de la Paix? Et si jusqu’à ce jour il s’est rencontré des esprits libreset disponibles pour tirer la Vérité des ténèbres et ladéfendre contre les querelles des contradicteurs, com-ment ne trouverions nous pas l’opportunité de propagercette même Vérité déjà prête et préservée? Et si celaétait un effet de la bienveillante Paix de Dieu, pourquoine pas trouver des chemins sur lesquels on exposerait auregard de chacun cette Paix, vérité que Dieu veut faireconnaître à tous? Ajoutons que toutes ces propositionssont liées les unes aux autres, que par conséquent on nepeut les envisager séparément.

5° Disons enfin que l’apanage de l’homme Sage est safaculté de toujours mettre à profit les opportunités à luioffertes de pratiquer le Bien dans la crainte de Dieu. Nedit on pas «fournis au Sage l’occasion et il gagnera enSagesse» (Prov 9/9) Insensés serions nous donc deremarquer toutes ces bonnes occasions, sans les com-

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prendre et sans en tirer profit pour l’accroissement denotre sagesse! La Bonté de dieu nous laisse voir ce quiva venir, et voilà que pour nous faire comprendre ce quisera, elle commence déjà par dévoiler ce qui fut décou-vert par le passé. Suivons donc les traces laissées parDieu partout où il nous devance en toute sécurité etréfléchissons également sur la manière dont la rayon-nante Lumière est capable de converger d’une multitu-de d’endroits en un seul: Celui qui allume desFlambeaux sous la bienveillance du Père des Clartés, necherchera point à les dissimuler sous un boisseau, maisil les exposera sur le candélabre à l’usage de toute lamaisonnée. Celui, donc, qui se charge d’allumer desluminaires dans la maison de Dieu et qui se proposed’en ôter la souillure, celui là œuvre en ami de Dieu;en effet plus nombreuses les lumières et plus haute laclarté, plus claire sera la tâche à réaliser.

6° Et c’est pourquoi, nous nous avançons pleinementconfiants dans cette œuvre agréable à Dieu qu’est leSalut du Monde: Et nous n’avons nullement l’intentionde nous laisser arrêter par les jappements de tous ceuxqui par habitude condamnent sans réfléchir toute propo-sition qui sort quelque peu de leur ordinaire. Etd’ailleurs nous les entendons d’ici proférer: « pensezvous que la Sagesse n’ait attendue que vous jusqu’à lorspour se manifester? » A quoi nous répondrons que« Celle-ci attend depuis le commencement et attendrajusqu’à la fin » (Prov 1/20 et alibi ). Mais la vérité estque nous sommes lents et obstinés, aussi, après avoirélucidé nos erreurs et les causes sophistiquées de leurpropagation, puissions nous réunir, pourquoi pas dèsmaintenant, tout un assortiment de règles fiables, quinous permettraient de ne plus retomber dans les erran-

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ces passées.

7° En outre, si d’aventure les contempteurs disaient: «mais, appartient il bien au savoir-faire des Hommes decondenser les rayons de la Vérité pour illuminer etconvertir les Cœurs? », nous répartirions que c’est auseul Père des Clartés, effectivement, qu’il appartientd’illuminer les Cœurs, mais, «doit on pour autantattendre que cela s’opère par une voie miraculeuse?Ou ne doit on pas plutôt, en réalité, après les avoiraccueillis avec empressement, les tester et les mettre àl’œuvre ? ». Or nous ne sommes pas sans savoir quetoute industrie humaine loin de Dieu et de son serviceest de toute manière vaine. Et nous ne sommes pas sanssavoir, non plus, que la manière divine de procéder etqui, au travers des œuvres de Dieu, jamais ne s’estdémentie, est la suivante: en l’occurrence fournir auxhommes des moyens extérieurs [ndt. exotériques?]mais qui opèreront en fait selon un effet intérieur [ésot.?] ; voilà pourquoi il y a des envoyés qui préparent lavoie par laquelle Lui-même se dispose à venir.

8° Bref, nous, tous autant que nous sommes, n’avonsaucun autre choix que celui d’accepter tout ce que nouscomprenons être instillé en nous par Dieu, pour l’intérêtde tous. Et c’est seulement dans l’intention de soutenirle Père des Clartés dans son combat contre les ténèbresde tout temps indésirables, que nous nous apprêtons àexplorer la nature de cette Lumière; car voilà que l’oc-casion nous est fournie d’étudier ses voies non à partirde quelque instance étrangère mais bien à partir desvoies de la Lumière elle même.

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Chapitre VIII

De quelle et quantuple nature sont tout d’a-bord la Lumière mais aussi les Ténèbres ( qui

s’opposent à la Lumière) ?

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1 - On considère ordinairement la Lumière comme unRayonnement qui, se propageant parmi les choses, lesrévèle et les rend visibles. Les rayons lumineux révèlentainsi à l’observateur la Forme, l’Emplacement, et leMouvement des choses, mais aussi la distance qui lesséparent et donc leurs tailles relatives.

2 - Nous dirons que les Ténèbres, à l’opposé, sont uneprofonde obscurité qui enveloppe et recouvre touteschoses, de sorte que quelle que soit la nature ou la quan-tité des objets qui nous entourent , nous ne pouvons pasles voir et encore moins, bien sûr, les comparer entreeux.

3 - Et de toute évidence, ces deux phénomènes contrai-res s’opposent tant par leurs propriétés que par leurseffets. Quant à la Lumière, elle se porte vers l’extérieur,elle se place elle-même et toutes choses avec elle, sousle regard, ce qui rend ces dernières plus accessibles,plus simples à comprendre. Et inversement les Ténèbrestendent à se replier sur elles mêmes. Elles se dérobent àla vue et avec elles toutes choses qu’elles enfermentdans le secret et la complexité. On infère tout naturelle-ment que la connaissance des choses vient de laLumière et que l’ignorance résulte des Ténèbres. LaLumière confére aux choses un joyeux attrait. LesTénèbres les rendent tristement répugnantes. Bref, laLumière c’est la vie, les Ténèbres la mort. « Douce estla Clarté, et les yeux se réjouissent quand ils voient lesoleil ». Eccl 11/7)

4 - Il importe de souligner qu’il n’y a pas qu’une seulesorte de Lumière, comme d’ailleurs il n’y a pas qu’uneseule espèce de Ténèbres. C’est ainsi que les oracles

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divins célèbrent généralement la Lumière à travers troisaspects (auxquels correspondent, comme autant desouillures, 3 aspects des ténèbres )Successivement nousverrons la Lumière Eternelle, la Lumière Extérieure etla Lumière Intérieure.

5 - Définissons la Lumière Eternelle comme une trèsintense Clarté[ N : Fulgor : foudre, vif éclair de la fou-dre ] que l’homme est inapte à percevoir par ses propressens. Précisons que cette Clarté est habitée par Dieu(sic) qui, se voyant lui-même comme source de toutebéatitude et cause de tout ce qui est et peut être hors deLui, y jouit de la Vie et du bonheur parfait de toute éter-nité. Et la Création instaurée dans un Tout [ N :Consortium : communauté de biens et d’intérêts géné-ralement indivisible ]indivisible et indissociable duCréateur lui-même, contemplant la bienheureuse Visionde Dieu se délecte dans la satisfaction perpétuelle dejoies sans fin. Or à cette Lumière Eternelle viennents’opposer des Ténèbres Eternelles qui pourtant ne trou-vent nulle part en Dieu leur origine. «Car Dieu estLumière et il n’y a en Lui aucune ténèbre» Jean). Or sides Créatures destinées à participer au consortium de laCréation, se voyaient pour toujours chassées de la facede leur Créateur, ne percevant plus donc le moindrerayon, la moindre étincelle de sa béatifique Lumière,quel terrible, quel horrible Enfer éternel ce serait là!(Psalm 49/20 Matt 25/30)

6 - Quant à la Lumière Extérieure, c’est unRayonnement perceptible par les yeux corporels, parlequel Dieu répand la clarté sur la scène de son théâtredu Monde [N : cf supra ]afin de le rendre visible. Cesont les Astres, et plus particulièrement le SOLEILqui

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véhiculent cette Lumière. Avant que Dieu n’allumât cesluminaires, il n’y avait rien d’autre que le tohu wa bohu(sic ; kabbale? ) : déserte immensité, dépourvue devie, de forme et de mouvement. Or désormais lorsque laLumière ne pénètre pas dans ce monde , comme c’est lecas dans les profondeurs de la Terre ou bien à sa surfa-ce pendant la nuit, alors de noires ténèbres enveloppenttoutes les choses et elles perdent ce joyeux attrait dontnous avons parlé .

7 - Et il nous reste enfin à évoquer la Lumière Intérieurequi est un Rayonnement allumé dans l’esprit desCréatures raisonnables pour éclairer et guider les cons-ciences au cours de leurs cheminements. Et nous retro-uvons à nouveau une Lumière Triple qui rayonne triple-ment au plus intérieur de l’homme (penetralia), parl’Intellect, la Volonté et les Affects.

8 - La Lumière siégeant dans l’Intellect est une connais-sance raisonnée des choses, grâce à laquelle l’hommepourchasse la Vérité, observant de cette façon les causeset les raisons de ces choses, et ce faisant il procure à sonesprit une certaine jubilation. Et quand cette Lumièrebrille avec éclat on la nomme Sagesse: Sagesse quiconsiste en une mise en pratique avisée et salutaire deschoses que l’on connaît (comme vraies, cela va de soi).Et bien sûr vont s’opposer à cette Lumière de laconnaissance, les ténèbres de l’ignorance, véritableténèbres qui engourdissent et paralysent les consciencesdes hommes. Or si d’aventure, sollicitée par le désirinné de savoir, une de ces consciences rendues ignoran-tes entreprenait quoique ce soit dans ce sens, elle bron-cherait au moindre obstacle et, de chutes en glissades,de basses fosses en précipices, elle finirait fatalement

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par échouer.

9 - Le second aspect de la Lumière intérieure se mani-feste dans la Volonté. C’est en effet grâce à la Volontéque l’homme est capable de poursuivre tout ce qui estbon et utile en ce Monde , qu’il est apte à en goûter lesdouceurs , et qu’il peut en outre décider de se nourriragréablement mais exclusivement de ce qui est pur etsaint (sanctis]. A cet aspect de la Lumière vont s’oppo-ser évidemment, les ténèbres de l’impureté. Et lesEcritures nomment «fils des ténèbres» tous ceux dontles consciences sont souillées par l’impureté et qui vontse délectant des œuvres des ténèbres.

10 - Quant au troisième aspect de la Lumière intérieure,il réside dans la Connaissance Intime des sentiments etdes Affects [Ndt : conscience des mouvements del’âme, conscience du Coeur ]. Il va sans dire queSérénité et Joie du Cœur, naissent avec le sentiment dereconnaître la Vérité et d’avoir part à la Sainteté [Ndt :entendons: faire partie de ceux qui entendent et prati-quent le plan divin prévu pour ce Monde]Comme le ditle Psaume 92/11, « La Lumière se lève sur le juste et laJoie sur le cœur de celui qui va les voies droites» . Etles ténèbres qui s’opposent à ce troisième aspect de laLumière, sont l’angoissante oppression qui étreint lecœur conscient de sa propre malhonnêteté et de samalice . Et cette angoisse est comme le prélude à l’en-fer des éternelles Ténèbres .

11 - Nous nous proposons d’explorer, en tout premierlieu les voies de la Lumière Intellectuelle afin que lesgens apprennent à reconnaître et à éviter toutes les ténè-bres de la conscience, que nous venons d’évoquer. Car

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si cette Lumière vient à briller d’un pur éclat, elle peutde la juste manière porter le flambeau de sa clarté versla Volonté dont elle éclaire le bon vouloir; de plus elleest à même d’apaiser le Cœur et ses Emotions. Ce quiillustre les paroles de Christ: « Ton Œil est pour toi lalumière du corps ,si ton œil était simple tout ton corpsserait lumineux»Luc 11/34) .

12 - Pour l’étude des voies de la Lumière Intellectuelle,nous nous laisserons guider par la Lumière Externe quiest accessible à notre perception sensible et en relationdirecte avec la Lumière Intérieure. Quant à la LumièreEternelle à laquelle pour l’instant nous n’avons nulaccès, nous ne l’envisagerons pas dans le présent pro-pos.

13 - A ce point parvenu de notre Chapitre nous relève-rons 3 idées fondamentales: De même que le Père des Clartés pourvoit le Monded’une lumière ,visible, qui lui est propre, de même ilpare le petit Monde i.e. l’Homme d’une lumière parti-culière.De même que la Lumière du Monde se voit opposer desténèbres correspondantes, de même en est-il pour laLumière des Consciences .Enfin à la préséance de la Lumière sur tous les autresphénomènes du Monde sensible correspond la précel-lence de la Lumière de la Conscience qui devance tou-tes les autres facultés psychiques. De même que sans la Lumière Externe le Monde seraitdépourvu d’attrait, eh bien de même, sans la Lumière dela conscience rien ne serait intelligible, par conséquenttoute l’œuvre de Dieu resterait sans témoin! Evincez laLumière hors du Monde et vous dérobez la chaleur, or

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qui dit chaleur dit mouvement, vous supprimez donc dumême coup toutes les choses générées par le mouve-ment. Songez donc ici, à la Génération des êtres et deschoses, qui produit la Vie sous toutes ses formes. A telleenseigne que si on privait la conscience de la faculté decompréhension, c’est la conscience elle-même quidisparaîtrait, parce que ce faisant, on vide la consciencede la notion des choses et de leur représentation menta-le [Ndt : se souvenir que l’auteur auquel il est ici faitallusion( = Platon) , pense que toutes les notions deconnaissance sont en l’homme et oubliées , enténébrées; d’où la notion de reconnaissance, de ressouvenance ]Même chose pour la conscience du Cœur chassez en lajoie et l’Harmonie intime et plus rien ne subsiste , si cen’est le répugnant chaos de la confusion .

Chapitre IX

La perpétuelle lutte de la Lumière contre lesTénèbres, tour à tour favorable à l’un ou l’aut-

re camp, s’achèvera avec la victoire de la

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Lumière triomphante

1 - Il est tout à fait inévitable que Lumière et Ténèbresse combattent tant elles s’opposent respectivement enactes et en nature. Or, à l’instar de la Lumière face auxténèbres, l’agoniste qui mène sans faiblir un combaténergique l’emportera toujours sur celui qui se tient enposition de repli [Ndt : l’auteur donne Inferior: celuiqui se tient en dessous ( aujourd’hui nous parlerions de“pr ofil bas” ) ; Etymologiquement interessant car infe-rus-enfer, difficile à placer ici ; d’autre part repli sursoi est caractéristique des Ténèbres ] De par sa naturePositive, la Lumière produit des actions précises etconcrètes, et son influence se répand partout avec effi -cacité ; les Ténèbres en revanche ne sont rien d’autrequ’une privation de Lumière. Et cependant parce quecette absence de Lumière revêt le masque de l’Être, elleplagie Sa Nature autant que faire se peut: et dans lecadre de cette mise en scène elle pratique l’amour desoi, elle prend soin d’elle-même, se protège et lutte poursa conservation; fuyant et haïssant ce qui la contrarie,elle n’hésite pas si la retraite lui est coupée, à engager lecombat et s’associant alors à la Lumière, elle en altèrel’éclat de tout son pouvoir.

2 - Le conflit entre Lumière & ténèbres est donc sansfin, chacun des 2 partis cherchant par tout moyen à éta-blir son propre royaume. Nous verrons d’abord lesmodalités de cette lutte dans le contexte de la Lumièreet des ténèbres Extérieures; ce qui nous permettra parla suite, de mieux et plus aisément comprendre le conflitentre la lumière et les ténèbres Intérieures.

3 - Avant que Dieu n’allumât la Lumière dans les tous

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premier temps de la genèse du Monde, les Ténèbresétaient partout même si le Souffle de vie ( et bientôtavec lui l’idéation germinative de toutes choses ) [Ndt :plasmator associé à spiritus, l’esprit qui donne formeou porte le plan, l’idée; ce qui renvoie du 1°au 3°j dela genèse; je n’ose pas croire malgré la citation tohouwabohou , à une allusion à la kabbale ; le premier jourtohu wabohu, principe mâle femelle épousé par leCréateur engendre yod : germe cosmique, Lumière etChrist cosmique pour les Néos Kabb ( A de Souzenelle« Alliance de feu». ] ( le souffle ) avait déjà été répan-du sur la [prime] matière cosmique (mondaine) Gen.I/2) (vérif).Mais quand la Lumière fut allumée à partirdes ténèbres, elle se mit d’elle-même à tournoyer toutautour des Abysses, et chassant devant elle les fumées etles vapeurs obscures, elle commença à épurer l’immen-sité. Et voici que Bientôt, de l’enroulement indifférenciéde cette prime Lumière, se déployèrent, le 2° jour, desformes prodigieusement vastes, transparentes et subti-les, tels l’Atmosphère et le Ciel, où elle établit sonséjour. Fuyant l’expansion de la Lumière les ténèbrespar leur retraite même se condensèrent en une boule oùparallèlement elles établirent le siège de leur oppositionà la lumière. Siège qui se situe, bien entendu dans lesrégions les plus denses de la matière cosmique et mêmeau-delà. Je m’explique: Cette fuite des ténèbres, refou-lant la matière primitive, comme nous l’avons dit, il seproduisit alors, une formidable compression de la massaqui s’agrégea sous forme d’éléments; et c’est ainsiqu’apparut l’Eau et que de l’eau naquit la Terre. Et il estaisé de comprendre que les ténèbres trouvèrent d’autantmieux un repaire en soi et derrière soi [Ndt : à l’abri desoi même: les ténèbres comme écran à elle-même; l’i -gnorant par son ignorance ignore qu’il l’est ] que la

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condensation de la prime matière fut plus compacte.

4 - Il est absolument exclu que la Lumière puisse péné-trer les profondeurs opaques de la matière dense car lesTénèbres sont précisément une totale absence deLumière. Supposons que nous apportions de la lumièreen quelque partie sombre d’un corps, cette partie ducorps sera bien sûr éclairée, du moins en sa surface,mais seulement du côté où brille la lumière, du fait queles ténèbres revendiquent leur droit sur le côté opposé:elles n’acceptent pas de se voir complètement chasséesde cette nature. En ce lieu sis aux antipodes de l’inci-dence lumineuse les ténèbres prennent alors le nomd’Ombre. Or si dans une tentative pour expulserl’Ombre de l’endroit qu’elle occupe maintenant, ondéplaçait l’incidence de la Lumière, voilà que l’Ombreà nouveau s’enfuirait de l’autre côté, montrant ainsiqu’elle accepte, à la rigueur d’être délogée, mais certespas de disparaître totalement

5 - Nous prenons donc acte qu’il est impossible d’expul-ser ombres et ténèbres hors de ce Monde; tout au pluspeut on faire alterner leurs présences avec celle de laLumière. Il s’avère que partout où se lève la Lumière lesténèbres cèdent la place et inversement en tout lieuqu’Elle quitte, lui succèdent immédiatement les ténèb-res. D’autre part il n’existe, et ne peut exister, de natureintermédiaire entre elles deux, excepté, peut être, cetétat que nous appelons Crépuscule (tel que nous pou-vons l’observer à l’aube et le soir ). En son milieu, assi-milable à son centre géométrique, la Lumière est d’uneéclatante splendeur et les ténèbres sont dans le leurd’une extrême densité, tandis qu’à leurs confins elles semêlent toutes deux en une sorte de lutte: tantôt la

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Lumière se retire et les ténèbres envahissent le champ ettantôt la Lumière fait une violente incursion et l’empor-te sur les ténèbres. Considérons bien le fait que les ténè-bres sont incapables de contenir l’assaut de la Lumière.Tout au plus peuvent-elles occuper l’espace laissévacant par cette Lumière. Cette apparente Loi éternelleest très bien illustrée par l’alternance nycthémérale.

6 - Or ces phénomènes ne sont pas sans analogie avecce qui se passe entre la Lumière et les ténèbres de laConscience. Car Dieu dès qu’Il eut établi la Lumière lacorréla avec les germes de la connaissance qui permet-tent la génération de toutes choses. Et nous nommonsces germes, Notions innées, ou encore étincelles natu-relles, voire braises de la Lumière naturelle[Ndt : natu-ralis ; sens moins réducteur que de nos jours: scien-ces naturelles / sciences Techniques; naturelles : cho-ses à naître, à faire naître, à faire croître = Phytein(grec)d’où est tiré Physique ]. Bien entendu, avant queces braises ne soient activées en un brûlant foyer, cesont les ténèbres qui occupent l’immense espace videdes consciences (c’est notamment le cas chez le jeuneenfant qui ignore tout ), cependant à peine la Lumière selève-t-elle que son activité les disperse. De plus, à l’ins-tar des étincelles produites par l’acier contre le silex, lasomme de toutes les observations pertinentes et variéesfaites en divers domaines par le ministère de nos sens,contribue, elle aussi, à allumer ces foyers. Quand lesétincelles l’une après l’autre arrachées, insensiblementse prennent en une haute flamme, alors les ténèbrescommencent à quitter la Conscience; oh, non pas d’unseul coup mais peu à peu, endroit par endroit, car l’é-paisseur des ténèbres ne permet pas leur dissipationinstantanée.

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7 - Et voilà pourquoi les ténèbres de l’ignorance vien-nent contrer la connaissance de la Lumière jusque dansnos consciences; et même quand un domaine semblepurifié et quasiment débarrassé de ces ténèbres, voilàque un peu plus loin celles-ci se regroupent, s’agglomè-rent et à nouveau présentent leur obscurité à la Lumière.Et c’est la raison pour laquelle il nous arrive de rencon-trer dans notre Conscience, comme dans le Monde,d’ailleurs, tantôt des aspects sombres, tantôt des aspectslumineux. Jusqu’au jour où, effectivement, Dieu chasse-ra les ténèbres du Monde et des Consciences, où il ren-dra la Terre aussi lumineuse que le Ciel, et où Il ôtera levoile des yeux de ceux qui l’ont choisi. [Ndt : elector,(électeur, celui qui choisit); mais aussi attributd’Apollon : rayonnant, couleur d’ambre(d’où on tireelectron, electrique, par frottement de l’ambre ]. Et cequ’il adviendra des ténèbres et de la Lumière est annon-cé par les oracles des Saintes Ecritures.

8 - 0r à la fin de ce chapître les points suivants doiventêtre bien clairs:

Que l’état des Consciences humaines est soumisau même régime que celui du Monde: à savoir que cequi débute par les ténèbres , s’achève dans la Lumière .Car Dieu conduit les choses qu’Il a voulu donner, dunéant de l’abysse à l’immuabilité de son Être .

Que tout ce qui peut bien se tenir entre les deuxtermes précités (i.e. la ténèbre des premiers temps et l’a-vènement final de la Lumière )ne peut être qu’un mélan-ge des deux termes .Et cette association suscite une lutteperpétuelle jusqu’à ce que la Lumière mette les ténèbreshors de combat( sic).

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Que c’est la Lumière qui possède la faculté dechasser les ténèbres et non l’inverse. En effet partout oùse lève la Lumière les ténèbres s’amenuisent et se dissi-pent ; tout à rebours, les ténèbres sont incapables dedéloger la Lumière. Et que par conséquent si quelque jour il advenait, soitdans le Monde, soit dans les Consciences, que s’impo-sent les ténèbres ce ne serait aucunement du chef de leurpuissance mais seulement par le retrait même de laLumière , du fait vraisemblablement de notre complai-sance, ou plus sûrement de notre paresse.

Que la rencontre de la Lumière avec les ténèbresressort toujours à l’avantage de la première, pour labonne raison que chaque erreur apporte avec elle uneopportunité de découvrir un pan de la Vérité, commel’Expérience le prouve. Et que donc, si la Lumière ne cesse de s’établir et de s’é-tendre, les ténèbres bientôt ne trouveront plus nulle partun seul repaire duquel elles ne puissent être expulsées;et telle est bien notre certitude.Et qu’il ne reste plus maintenant qu’à poursuivre àbonne fin l’investigation des voies qui mènent à cetteLumière et à les aplanir en nous-mêmes. Ces voies parlesquelles la Lumière pourra efficacement se répandre,s’insinuer jusque dans les anfractuosités, les recoins lesplus dérobés, pour enfin quelque jour assaillir leRoyaume des Ténèbres et avec l’aide de Dieu les vain-cre définitivement.

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Chapitre X

Des voies par lesquelles la Lumière conformé-ment à sa nature effuse et se répand

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1 - « Sais tu par quelle voie se répand laLumière?»demanda Dieu à Job. Ce disant Il ne cher-chait pas à lui insuffler le désespoir d’une quête appa-remment sans issue mais Il voulait au contraire stimulerson ardeur à chercher. On pourrait soutenir cette affir -mation par quelques faits du siècle: à toute premièrevue il parait absolument impossible de capturer uneBaleine, de même qu’il parait infaisable de déterminerl’épaisseur du globe ou bien de dénombrer les étoiles.Or l’ingéniosité des hommes ayant dans une certainemesure déjà pénétré toutes ces choses, Dieu veut nousmontrer par là que ce qui nous apparaît aujourd’huicomme impossible n’est en fait que difficile. Et le faitest que les Nordiques ont appris a harponner desBaleines, que les Géographes par le biais de la mesurede la circonférence [Ndt : voir Erathostène] ont puévaluer le diamètre de la Terre, alors que les Astronomesarrivent à associer quelques chiffres à la multitude desétoiles visibles (quant à celles que l’on ne peut voirDieu ne les montrait pas à Abraham ). Toutefois discer-ner les voies de la Lumière ne ressort pas des lois del’Optique. Il est vrai que tout ce qui a trait à la Lumière,tout ce qui est un effet de la Lumière, tout ce qui se pro-duit dans la lumière (et même dans un certaine mesuresa propre essence ), se démontre avec une certitudeMathématique: aucune place n’est laissé au doutequant à la Vérite de la science [Ndt : ironique ? Quantau contexte contemporain à l’auteur relatif à l’ état destravaux sur la lumière ,se reférer, bien sûr à n’importequelle Histoire Des Sciences, mais surtout les voisinsd’exil Descartes et surtout Huygens( Optique et intui-tion aspect «ondulatoire »), Newton dispersion spec-

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trale et aspect «corpusculaire » (déjà le conflit !) et PGassendi que Comenius a pu aussi connaître ]

2 - Et maintenant que nous avons acquis une certainecompréhension de la nature des voies de la Lumièreextérieure, voies que nous avons reconnues être en liai-son avec celles de la Lumière intérieure, voyons si enapprofondissant quelque peu tout cela nous ne pouvonspas en tirer des notions fondamentales. Désormais nousne trouvons plus rien d’étonnant à penser que la Natureelle-même nous devance en jalonnant les sentiers quimènent jusqu’à l’Art, c’est à dire jusqu’à la découvertede la méthode et du mode d’action que nous recher-chons. Précisons, qu’il n’est pas dans notre propos dedévelopper ici, tout ce qui se rapporte à la nature de laLumière dans son ensemble , nous limitant en cela à cequi nous semble directement utile à notre présentetâche. Nous nous proposons donc dans ce cadre d’éta-blir quelques Théorèmes que nous démontrerons, à lamanière des Mathématiques,le plus brièvement possi-ble. Et cela bien que, même si les progrès de diffusionde nôtre entreprise sont petits, il s’agisse là d’une étudesi approfondie de tant de Lumière que les esprits éclai-rés ne doivent ni rechigner à la tâche ni regretter letemps passé.

Théorème I (§ 3&4)

3 - [Ndt fluxus : liquide, fluide. Fluide concept scienti-fique : qui a la caractéristique d’être Fluide (viscosité)et qui en mouvement est animé d’un Flux a pour traduc-tion Fluxus j’utilise tantôt l’un ou l’autre Ensuite pellu-cidus( per lucidus): Comenius. donne le choix entrediaphane (grec)= transparent, et translucide ( pellucide

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utilisé en biologie est trop savant). Choix: transparent= translucide +qualité optique c’est à dire: laisse pas-ser la lumière mais aussi grace à sa limpidité, pureté,laisse passer une image intelligible; analogie avecsensation et perception intelligible ; de plus, danstransparent la notion de transit est conservée( mouve-ment) ]

La Lumière est généralement considéréecomme un Fluide qui émane d’un sujet et afflue vers sonobjet en s’écoulant à travers un milieu intermédiaire. Atitre d’exemple: la lumière du jour émane du Soleil, sedéverse sur la Terre, après avoir traversé l’Air. Et d’unemanière plus générale nous dirons que n’importe quelleautre Lumière flue d’un corps lumineux, jusqu’à uncorps opaque, après avoir traversé un corpsdiaphane(transparent) ou translucide [Ndt : de nos jouron dit que la Lumière ne se déplace pas, mais seulementses «ondes»] ; exemple qui est en tous points compa-rable avec celui de la lumière Intellectuelle dont laconnaissance va, des Choses à la Conscience, par lesSens.

4 - Corollaires à ce théorème I L’action de la Lumière met donc en jeu trois

corps et trois propriétés corporelles: le corps lumi-neux, le corps transparent, le corps opaque. Enlevez lecorps lumineux et il n’y a plus d’émanation ; ôtez lecorps transparent: le flux est tari; enfin sans corpsopaque le flux n’a plus d’objet sur lequel se Répandre .La manifestation de la Lumière exige donc nécessaire-ment cette intégrité de processus du flux lumineux .Nous effectuons le même constat pour la Lumière intel-lectuelle : que viennent à faire défaut la Chose sensible,ou bien les Sens ou encore la Conscience et aucune

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Lumière de la conscience ne saurait se manifester.II La Lumière, par sa nature est un flux, c'est-à-

dire qu’elle est mouvement, selon l’acception oùquelque chose va d’un lieu à un autre, en traversant unlieu intermédiaire; quant au mouvement de la Lumièrede la conscience, c’est une sorte de translation de laconscience à partir des choses connues vers les chosesignorées, [Ndt : ignotus : aussi = oublié ] s’effectuantpar l’entremise de moyens, tantôt connus, tantôtinconnus.

III Enfin la Lumière, par nature, est entièrementorientée vers une fonction d’instruction [Ndt : sensjudiciaire : enquête et synthèse constructive] ce qui lavoue à réunir tout ce qui fut séparément analysé, en uneseule perception intelligente.

5 - Théorème n° IIOr si la Lumière a la propriété d’un fluide c’est qu’il ya en elle quelque chose qui flue et ce mouvementrépond aux questions: a partir d’Où, par Où, et versOù? ; à cela s’ajouteront les modalités d’incidence dece flux particulier. Je m’explique: Ce qui s’écoule cesont les rayons de la Lumière; d’Où ? : précisément ducorps lumineux; par Où ? : par le corps interposétransparent; vers Où? : vers un objet soit translucide,soit réfléchissant, soit opaque. Les incidences desrayons seront perpendiculaires ou obliques. Et noussommes devant quelque chose de comparable sur leplan de la connaissance. Ce qui transite ce sont la visionet les images des choses;a partir des choses sensibleselles mêmes, par la médiation des sens externes, pourparvenir à la Conscience; l’élément de conscience per-méable à la Lumière s’appelle Inadvertance, l’élémentpoli et réflecteur sera l’Attention et le Jugement, enfin

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celui qui est opaque et sur lequel se répand la Lumièrec’est l’Intellect ; et la clarté qui en résulte sera décupléepar le processus de la réflexion.

6 - Définitions :Un rayon,d’une certaine manière,c’est l’image ou plutôtl’apparence visible de ce qui est lumineux. Et celadevient évident quand on présente un miroir devant unobjet lumineux, que ce soit le Soleil, la Lune ou uneBougie, car à ce moment là leur image nous sembleinscrite dans ce monde. Et pourtant comment nous vientcette image, si ce n’est par le rayon incident? Et ainsipeut on en dire de tout ce qui est porté à la connaissan-ce de l’esprit, et dont la clarté, réfléchie dans la cons-cience, n’est autre que l’apparence visible et représenta-tive des choses Un corps lumineux est celui d’où se répandent lesrayons. Tels le Soleil, la Lune, les étoiles, la Chandelleetc. Notons que la faculté de rayonner n’est pas l’apana-ge des seuls corps lumineux, mais aussi celui des corpsbrillamment éclairés car la clarté qui les inonde leurconfère ses propriétés. Et si nous pouvons voir les objetsmatériels ainsi représentés dans ce miroir c’est à causede la présence de la lumière; car assurément si lalumière fait défaut nous n’y voyons certes rien. La sim-ple raison en est que pour rayonner, un corps quel qu’ilsoit, doit être baigné de lumière. Est dit translucide tout ce qui laisse passer les rayonssans les altérer; Tels l’Air, l’Eau, le verre, la cornepolie, certaines pierres taillées etc. d’autres disenttransparent(en grec diaphane) Est réputé poli tout ce qui réfléchit les rayons pour lesrenvoyer dans une autre direction. Ce qui est le cas detoutes les surfaces spéculaires, l’Eau, l’Huile, les

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Métaux polis, et le Verre après qu’on lui ait supprimé satransparence, etc. Enfin un corps est dit Opaque quand les rayons rebon-dissent à son contact ou plutôt se disséminent sans s’al-térer et de là se répandent sur tous les corps avoisinants.[Ndt : si cela était nous aurions assurément moins desouci avec le réchauffement de la planète!] Et c’est lecas de toute matière dont la surface est dense et d’aspectgrossier comme les Sols, la Pierre, le Bois etc. NB:n’importe qui peut aisément expérimenter la triple par-ticularité liée aux objets du flux de la Lumière, tout sim-plement en se tenant dans un réduit clos et parfaitementobscurci, mais dans lequel un trou laisserait entrer unrayon de Soleil. Supposons qu’un autre trou se trouvepercé au point d’incidence de ce rayon de soleil, l’airqui occupe ce second trou laissant passer le rayon il res-sort à l’extérieur et nul indice de son passage n’estremarqué à l’intérieur où l’obscurité n’est pas chassée.Si en revanche un miroir est placé sur le chemin de cerayon, il réfléchira vers notre regard une image dusoleil, laquelle, si elle est renvoyée par ce même miroirsur un des murs, rebondissant sur le revêtement gros-sier de la paroi, elle se dispersera et illuminera tout leréduit. De plus sur l’inégale manière dont les conscien-ces réagissent aux rayons de la Vérité. Les inactifs, lesendormis, ceux là ne gardent pour ainsi dire rien de cettelumière, ils se laissent paresseusement traverser par lesrayons sans en faire usage; d’autres se contentent defaire œuvre de Mémoire, autrement dit ils restituent toutce qu’ils ont reçu, mais sans plus. Et enfin d’autresencore, répandent tout autour ce qui est parvenu jusqu’àeux : Par le raisonnement ils établissent des liens consé-quents entre les choses et par la diffusion de leur scien-ce multiplient ce qu’ils ont reçu.

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Comme nous l’avons dit un rayon est direct quand sonincidence est perpendiculaire à la surface des objetsmatériels ; et oblique quand il arrive par leur côté (sic):[Ndt : angle différent de la «normale »avec la surfa-ce]. Le Soleil en son midi dirige ses rayons à la vertica-le de ces objets, alors que depuis l’horizon il se conten-te de les effleurer obliquement.

7 - Axiomes relatifs aux corps lumineux [en fait pourrespecter la distinction entre clarté et lumière ( lumen &lux )( effet de la lumière & lumière), on devrait direcorps lucide ou émettant de la lumière .] et aux rayons:

1°-Les sujets lumineux, c’est à dire ceux d’oùefflue la Lumière, procèdent, soit de Dieu qui les a pla-cés dans le Firmament ( le Soleil, la Lune, et les étoilesen sont des exemples.), soit de l’Homme en tant qu’ar-tefacts de son industrie ( telles les Chandelles, les tor-ches , etc.). Et de façon analogue, les sujets destinés àilluminer la Conscience, sont donnés par Dieu ou bienélaborés par l’Homme. Ceux qui nous viennent de Dieusont suspendus, à la manière de Luminaires, en vue denotre Intelligence. Et en l’occurrence il s’agit:

I) du Monde et des choses qui l’emplis-sent. II) de la Conscience, rayonnante des Notionsinnées que Salomon appelle «la Lampe de Dieu»Prov. 20/27 ) [cf Cap IX §6 et dedicace] III) de la Loicontenue dans les Ecritures, qui, toujours selonSalomon, est la «Loi de La Lumière». Prov 6/23).Parmi les flambeaux réellement inventés par l’Hommenous trouvons: I )les Œuvres résultant de son activitéartistique et technique;

II) les Livres, fruits de son génie particu-lier. Mais autant nos lampes pâlissent devant les lumi-naires célestes, autant les écrits et les réalisations

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humaines, cèdent le pas devant les Oeuvres divines.2°-Toute partie d’un corps lumineux est elle-

même lumineuse ( que ce soit plus ou moins) en tant quepart intégrante de ce corps. Car c’est bien l’intégralitédu Soleil, ou de la flamme, qui rayonne , jusque par laplus petite de leurs particules. Et quand on croit pouvoirdistinguer des taches sombres sur le Soleil, c’est simple-ment que certaines de ces parties brillent moins que lesautres. Et ainsi en est il des faits, des paroles, et desinspirations divines qu’il nous est donné de découvrir depar le Monde , la Conscience et les saintes Ecritures; etmême si certains d’entre eux peuvent nous apparaîtreplus clairement que d’autres, tous ces Bienfaits partici-pent également de la même Vérité, car brillant ensem-ble, ils s’illuminent mutuellement et répandent la vérita-ble clarté de l’Unique Lumière.

3°-Par définition un objet lumineux émet unrayonnement. Or à tout élément de Vérité est associé unconcept ou une image, qui, émanant en quelque sorte decet élément le rend accessible à la connaissance

4°-Ce rayonnement est continu: i e que l’émis-sion du flux (lumineux) se poursuit sans interruption etqu’elle reste indépendante de la présence ou non d’unobjet à atteindre. Aussi longtemps que se montre leSoleil et que brûle la flamme, ils rayonnent inéluctable-ment et sans interruption. Et ils sont en cela compara-bles à la Vérité qui, sous quelques formes ou actions quece soient, et quelques atteintes qu’Elle subisse, s’avan-ce et jamais ne s’arrête.

5°-Un sujet lumineux rayonne en tous points deson corps. Parce que comme nous l’avons vu, axiomen°2, aucune de ses parties n’est terne. En outre ce n’estpas seulement un rayon qui est produit mais une multi-tude quasiment infinie. Et c’est pourquoi tout élément

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de Vérité n’est pas seulement vrai dans sa globalité maisaussi dans la moindre des parties qui le constituent.

[Note générale: l’auteur affirme supraque les rayons de Lumière ne sont jamais altérés; enfait la lumière est vecteur énergie et c’est cette énergiequi ne s’altère pas( dans les conditions normales latransformation en matière est infinitésimale), de lumi-neuse elle devient electrique, thermique , mécanique …certaines longueurs d’onde du spectre sont «absor-bées» ce qui explique les couleurs , la photo, la fluores-cence , effet de serre …la propagation lumineuse s’es-tompe, voire s’arrête, mais l’energie contenue devientchaleur, catalyse chimique …. Par lumière entendonspeut être une Energie inépuisable qui se différencie oudont les vecteurs (ethers) se différencient en fonction dela cible ]

6° Plus grande est la luminosité plus grand lerayonnement: Le Soleil rayonne plus que la Lune dufait de son plus grand éclat; et la Lune plus que lesétoiles du fait qu’elle apparaît plus grosse et que sesrayons sont plus nombreux. Car la luminance d’un corpsdépend pour une part de la force de son rayonnement etpour une autre de la quantité de rayons émis. Ainsi leVrai se gravera-t-il d’autant mieux dans la Consciencequ’il est intensément reconnu comme tel en regard desNotions innées( cf supra)ou bien d’une autre manière,parce qu’il est fréquemment rencontré lors de nombreu-ses Expériences Sensibles

7° La propagation des rayons est rectiligne:c’est pourquoi tout rayon est précisément interrompupar l’interposition d’un corps opaque. Et l’Ombre est laconséquence flagrante de l’interception d’un ou plu-sieurs rayons. De plus il est utile de noter que le corps

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lumineux émetteur, le corps opaque intercepteur, et lazone obombrée privée de toute incidence des rayons,représentent trois parties parfaitement alignées. Et c’estainsi que le rayon de la Vérité atteint en droite ligne laConscience,où il s’imprime : toutefois qu’intervienneun préjugé erroné et le rayon sera intercepté.

8° [Ndt : petit jeu avec la symbolique des chiff-res ? en effet .ici on reprend les paragraphes tout enrestant sous: axiomes. Rayons et corps lumineux: 7alinéas insérés dans le §7 mais qui redeviennent para-grahes jusquà 12 où on change de catégorie d’axiome.]Tout Rayon s’étend autant qu’il en a la possibilité, sansjamais, toutefois, se prolonger indéfiniment. Citonspour l’exemple, ces minuscules étoiles lointaines dontles rayons, si ténus ne peuvent être perçus sans l’aided’instruments Optiques. Nous le démontrerons encoreen allumant une chandelle, de nuit, en un vaste lieu biendécouvert: la bougie ainsi placée, rayonne suffisam-ment pour éclairer les assistants les plus proches, elleéclaire également, quoique dans une moindre mesure,ceux qui se tiennent à l’écart, pour finalement disparaî-tre aux yeux des expérimentateurs les plus distants,montrant par là que les rayons ne les atteignent plus. Etc’est ainsi que les rayons de la Vérité se perdent à venirde trop loin. Comment pourrais je en effet être affectépar quelque phénomène si distant qu’aucune perceptionne se fraie, au moyens des sens, un chemin jusqu’àmoi ?

9° Plus un rayon est proche de la source delumière, plus il est puissant, et inversement lorsqu’ils’en éloigne. La force d’un rayon varie donc en une rai-son proportionnelle avec la distance. Et cela découle del’axiome précédent: la Lumière brille vivement en sasource mais au fur et à mesure que ses rayons s’en éloi-

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gnent, se répandant dans toutes les directions elle s’af-faiblit. Il s’ensuit que si plusieurs personnes, lisant à lalueur d’une chandelle, se trouvent à diverses distancesdu livre, chacune bénéficiera diversement de l’éclairagequi en résulte. C’est ainsi que celui qui place le livre àune seule coudée de la chandelle recevra deux fois plusde clarté que celui qui le tient à deux coudées, et troisplus que celui qui l’aurait placé à trois coudées etc….[Ndt : en fait 4 fois et 9 fois car la luminosité est fonctiondu carré de la distance ]. Et c’est bien pourquoi plus onexaminera de près la Vérité des choses, plus elle nouséclairera avec certitude.

10° Tout Rayonnement lumineux se propageselon un champ sphérique [ Ndt : cf Huygens voisin deComenius en Hollande ]Autrement dit, la Lumière dif-fuse ses rayons en toutes directions. Si nous introdui-sons une bougie allumée dans un réduit clos et obscur,le sol et le plafond tout autant que les parois latéraless’en trouvent illuminés. Ainsi de la Vérité, qui de jouren jour, déverse sa beauté sur toute chose. Ceux quiaspirent à la connaissance se partagent son éclat.

11° Et toute Lumière est délimitée par sa propresphère d’activité. Ainsi à une importante lumière cor-respondra une sphère plus grande qu’à une lumièremoindre. Une faible lumière suffira donc à éclairer unespace réduit, mais, bien sûr, une lumière plus puissan-te sera nécessaire pour illuminer un grand espace. Ainsiune bougie suffira t elle pour un simple cabinet, alorsque pour illuminer un palais on requérra de nombreusechandelles ou un gigantesque flambeau. Quand onsonge que le soleil lui-même malgré son énorme masseparvient à peine à éclairer notre Monde ! Or les hautsfaits de la Vérité répandent leur action en une vastesphère, tandis que les choses de l’obscurité ne dépassent

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pas les limites d’une sphère restreinte. Et nous savonsaussi qu’un esprit ouvert possède un vaste appétit (devérité), alors que l’esprit étroit se satisfait de peu.

12° Un Rayon jamais ne se perd à l’intérieur desa Sphère d’action. (En effet, dans la mesure où uncorps transparent est là pour assurer la transition, leRayon s’étend jusqu’à la périphérie de sa sphère; et si,d’aventure, il se trouvé être réfléchi, c’est en toute inté-grité qu’il migrerait dans une toute autre direction; etenfin s’il venait à heurter quelque corps, se fractionnanten une multitude de rayons plus petits, sa force s’entrouverait extravertie et accrue d’autant. Et ce, à l’instarde la Vérité sur les choses du monde: négligée, elle sta-gne, communiquée à autrui, elle s’écoule; mais quel’Etudiant, maintenant la presse de toute son attention,et voilà que sa délivrance s’en trouve avancée et seseffets multipliés.

Axiome relatif aux corps translucidesou transparents:

13° Tout corps transparent laisse passer lesrayons alors qu’un corps opaque les retient. La Véritétraverse le champ (transparent ) des perceptions senso-rielles pour venir se graver dans l’Intellect et laMémoire (opaques). Ainsi , une fois la vision oculairede l’Eléphant disparue, j’en conserve néanmoins leSouvenir et le Concept intellectuel.

14° A défaut de corps transparent la Lumière nesaurait se frayer un chemin en direction du corpsopaque. Tout comme la Vérité, sans la médiation de laperception sensible, ne saurait parvenir jusqu’à laCompréhension intellectuelle

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15° Seuls parmi les corps solides les corpsOpaques sont à même d’entraver la pénétration de laLumière .( Le verre, par ex. ,quoique solide, compact etdur , du fait de sa pure transparence, laisse passer lesrayons . ) Et par analogie, on est fondé de dire que cen’est point la matérialité organique de nos sens qui gênela pénétration de la Lumière, mais bien plutôt l’épaisseet louche stupidité dont ils sont encore entachés.

16°-- Le corps transparent n’a pas vocation às’illuminer lui-même , et encore moins à illuminer lescorps avoisinants, il n’en est d’ailleurs pas apte, il doiten fait recueillir la lumière dans sa totale intégrité et latransporter ( ou la laisser passer ) jusqu'au corps opaque.Ainsi en est il de nos sens, bien incapables par nature deconnaître la Vérité des choses, mais tout à fait appro-priés pour recevoir cette Vérité qui s’offre à eux, et latransmettre sans tarder à l’Intelligence.

17° Pour que le corps transparent puisserecueillir la Lumière dans sa pureté originelle et latransmette en l’état, il est indispensable qu’il se présen-te lui-même exempt de toute coloration propre . Et toutpareillement, afin de transmettre à l’Intelligence laVérité des choses, nos sens doivent être libres de toutaffect et de toute inclination étrangère à cette Vérité.

18° Un corps transparent double, réfracte lesrayons [ Ndt : cf Descartes autre voisin de l’auteur ],générant de ce fait une trompeuse image de la réalité.Par ex. un bâton à demi immergé, du fait que sa partiesupérieure est dans l’air, tandis que l’inférieure se trou-ve plongée dans l’eau, nous semble brisé en dépit de laréalité. De plus sa partie immergée, mais visible changede teinte, et nous apparaît aussi plus grosse, que la par-tie aérienne. Et nous savons que la connaissance deschoses, quand elle ne vient pas directement de la per-

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ception de nos sens, mais transite par le canal d’autrui,suscite en nous, pensées fausses et idées tordues.

19° Nous savons donc maintenant que tout Objetse trouvant soumis au phénomène de réfraction lumi-neuse, est altéré quand à la perception de sa position,forme et couleur. ( Autrement dit , cet objet se tiendrasous une trompeuse apparence, soit plus haut, soit plusbas, soit plus grand, soit plus petit, soit selon une autreteinte ) C’est ainsi que tout savoir, réfracté par des idéespréconçues, n’est qu’une connaissance déformée.

Axiome relatif aux objets polis aptes à réfléchirla Lumière ( autrement dit Axiome sur les miroirs deschoses )

20° Tout miroir réflète les rayons qu’il reçoit,avec les mêmes caractéristiques que tout geste d’atten-tion imprime la Vérité perçue, dans l’Intellect. [: Ndt :ce qui est précisé dans tout les § suivants ( 21 à 25)

21° Un Miroir réfléchit d’autant plus puissam-ment un rayon qu’il est fortement affecté ( axiome 8 ).Pour comprendre, approchons un miroir à environ unemain d’une chandelle, la lumière de la bougie s’en trou-vera énergiquement renvoyée, dans quelque directionque nous voudrons bien choisir; et maintenant reculonsprogressivement le miroir de quelques coudées, nousconstatons que la lumière réfléchie, dès lors, s’atténuede plus en plus. Or si nous appliquons ce constat à laqualité de l’Attention, nous saisissons qu’elle est d’au-tant plus efficace pour Percevoir et pour Comprendre leschoses de ce monde, qu’elle s’y intéresse de plus près,et inversement elle sera d’autant plus inefficiente qu’el-le se relâche.

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22° Tout Miroir renvoie autant de Lumièrequ’il en reçoit ; et il restitue également tout ou partied’un objet lumineux selon la quantité de l’image qu’ilen a reçu. ( Par ex. il réfléchira le soleil dans songlobe, s’il est plein, ou seulement en partie s’il n’estpas plein ) De la même manière que l’attention capteautant de choses qu’on lui en montre et les transmet enégale quantité à la Compréhension intellectuelle.

23° Un Miroir plan restitue, ni plus ni moins,une image de même taille que l’objet qui la génère (on nomme miroir plan, tout miroir dont la surface n’estni concave, ni convexe ) Si on obtient la dose d’atten-tion requise, elle suffira alors à établir la chose perçuedans l’intégrité de ses propriétés.

24° Un miroir convexe renvoie une image infé-rieure à la taille réelle de l’objet. Et c’est aussi pourquoil’Attention, quand elle n’est pas suffisamment déployéevers les choses, les aperçoit seulement en passant pour-rait on dire, et sans s’y arrêter, de sorte qu’elle n’est pasen mesure de les apprécier dans toute leur ampleur.

25° Un Miroir brisé, ou déformé, montrera desimages fragmentées ou tordues. Ainsi, quandl’Attention se disperse ou se porte inégalement vers plu-sieurs objets à la fois, elle induit des jugements dispro-portionnés quant à l’importance relative des chosesentre elles, et même elle donne lieu à des concepts erro-nés voire aberrants sur ces mêmes choses.

26° Axiome relatif aux corps opaquesqui« répercutent» la lumière

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[ ndt : difficulté de trouver unmot ( ou une périphrase ) pour rendre ; Percutire,repercutire discutire. La nuance entre réfléchir et «répercuter » est grande ds le contexte: corps poli :réfléchit, reflète ds l’intégrité // corps opaque: réper-cute. Etymologiquement.: répercuter : idée de heurt(passif ou actif) et rebond ; de plus Comenius ajoute,au-delà du sens classique du latin, une nuance de:dispersion résultant du choc. Image de la vague, sebrise sur les rochers, heurt et dispersion des embruns ;nouveau choc des embruns : embruns plus petits;mais embruns et vague ont les mêmes propriétés mari-nes conservées; seule l’ énergie potentielle est frac-tionnée par heurts successifs.]

Tout corps Opaque arrête les rayons, c’est à direles empêche d’aller plus avant. C’est ainsi que laCompréhension retient en elle, la Vérité des choses dece Monde; car cette Vérité n’a point lieu de dépasser laCompréhension intellectuelle.

27) [Ndt : Insistons sur la nette distinction quefait Comenius: Lux : principe invisible par les yeuxtant qu’elle ne se heurte pas nécessairement à un objetopaque, pour devenir Clarté visible en ce monde . Ainsiil est écrit Père des Clartés et non des Lumières ]

Tout corps Opaque, du fait même qu’il arrête lesrayons les répercute. par le choc qui en résulte. Ce fai-sant, il fait surgir la Clarté. Autrement dit, encore, lechoc qui ébranle ces rayons ainsi arrêtés dans leur cour-se, est tel, que compte tenu des propriétés intrinsèquesde la Lumière elle-même, l’adhérence de celle-ci aucorps opaque est impossible: de sorte que ces rayons

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volent en tous sens, comme réfléchis, tout en étantcependant fragmentés et dispersés en tous azimuts par lechoc en retour ( percussio). Et quand un rayon est ainsitotalement dispersé à l’entour on appelle ce qui en résul-te la Clarté. Et en irait il différemment de la Vérité deschoses? Car la Compréhension ne peut intégralementsaisir, ni conserver cette Vérité, de sorte que le surplusest reporté vers les autres au moyen, par exemple, del’Enseignement réflexif, dans le même temps que laclarté de la connaissance répercussive, se multiplie,pour soi et pour les autres, chacun recueillant auprèsd’autrui des connaissances nouvelles.

28° En outre la Clarté, elle-même, ( issue de larépercussion des rayons de la Lumière) voit son proprerayonnement à son tour dispersé: car, dans le mêmetemps où elle aussi rencontre d’autres corps opaques,elle se trouve également répercutée .(Ceux qui se préoc-cupent d’Optique distinguent l’Incidence et laRépercussion de la Lumière. ) Est dite Incidente la clar-té qui directement issue de la Répercussion d’un rayonde Lumière brille à même le corps opaque en faisantdiverger les rayons à l’entour. Est dite à son tourRépercutée la Clarté engendrée par les collisions nou-velles, les éclatements et les dispersions subséquentesde la Clarté initiale. Il en va de même de laCompréhension qui ne provient pas seulement de la per-ception directe des choses, mais est aussi amenée par leRaisonnement, lequel raisonnement génère à son tour denouveaux raisonnements, lesquels, à leur tour fomententla compréhension etc

29° La Lumière incidente est plus grande que lalumière répercutée; mais de l’association des deux

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résulte un Lumière plus grande encore. [Ndt insistons:la lumière répercutée.est la seule lumière visible, utili-sable, seule connaissance possible, mais non négligea-ble, ici bas, pour comprendre intention et plan divinsLux ne s’altère pas, Clarté, son avatar en ce Mondes’altère.] Si nous présentons un livre aux rayons duSoleil , notre lecture sera bien mieux éclairée que sinous le tournons vers la clarté répercutée par les mursenvironnants; mais si maintenant, nous parvenons àl’exposer simultanément à la Lumière incidente, issuedu Soleil, et à la Clarté renvoyée par les parois du local,l’éclairage s’en trouvera notablement accru.[Ndt :l’auteur ne précisant pas que le livre (librum mundi )est lui-même un objet opaque. De fait tout objet seraiten variable proportion et répercuteur et réflecteur, siune parte de lui même, âme renaissante, était suffisam-ment «polie »] Dès le premier abord, il ne fait aucundoute que la Compréhension directe et immédiate deschoses perçues par les sens, est plus puissante que cellequi survient après coup par la déduction et le raisonne-ment ; toutefois nous sommes forcés d’admettre quel’épreuve de la Vérité et les interprétations qui endécoulent, contribuent certainement à consolider etéclairer la Compréhension initiale.

30° Après une certaine quantité deRépercussions la clarté décline vers l’ombre et s’achèvedans les ténèbres. Plus la Clarté du rayonnement s’ab-strait de l’évènement de la perception des choses, pluselle s’assombrit. Et j’en veux pour exemple ce qu’iladvint de la Clarté des religions. La Clarté de laThéognose (grec dans le texte), primitivement reçue deDieu, sous forme de sa Loi et des Notions innées enl’homme, se répandit au sein de l’humanité de très nom-

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breuses manières et à travers des Traditions forts diver-ses, pour finalement tomber en des lieux obscurs, toutautant en notre Eglise, que chez les Païens. Et c’est pardésintérêt pour la Source de la Lumière et parce que leshommes, au travers de leurs Traditions, ont exclusive-ment commercé entre eux à l’aide de la seule Clartérépercutée que l’Humanité s’est de plus en plus éloignéede la claire Lumière incidente.

Axiome relatif à l’Illumination des cho-ses :

31° La Lumière émergenteva en s’accroissant.Et la preuve nous en est donnée chaque fois que nousallumons une torche à partir d’une simple étincelle:dans un premier moment on fait jaillir d’un obscursilex, une étincelle, qui convenableent projetée surune petite brindille, fomente une braise; par adjonc-tion de soufre cette incandescence s’avive en une flam-me et après qu’on en eût allumé une torche: la lumièreluit. Ainsi encore en est-il, lors du passage de la Nuitvers le jour : Voilà tout d’abord l’Aurore, elle précèdele Petit jour ; ensuite c’est un tout premier rayon quipoint et enfin, haut levé c’est le Soleil, qui resplenditdans son éclat. Et c’est donc très normalement que desétats confus et obscurs vont précéder une connaissanceclaire et précise des choses, mais ce n’est toutefois qu’a-près avoir parcouru toutes les étapes de son avènementque la connaissance sera établie dans sa force et sa plei-ne lumière.

32° La Lumière rend visible tout objet qu’ellerencontre sur son chemin; la raison en est qu’elleentreprend de faire reculer toute ténèbres et les chasse

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sans délai. Si une juste Pensée ou une Idée fertile, ren-contre , de la sorte, une certaine Compréhension, ellel’Eclaire et l’ignorance s’en trouve chassée .

33° La Lumière influe par contact, c’est à dire,elle n’illumine rien sans l’avoir auparavant touché deses rayons. Et les Idées que nous avons des choses nepeuvent nourrir la Compréhension qu’à condition d’êtreà elle unies, par la perception sensible.

34° Tout Rayon de Lumière atteint perpendicu-lairement un objet situé exactement en face de sa route,tout comme il parvient obliquement sur tout corps légè-rement décalé ; en revanche évidemment, il n’atteindrapas un objet placé complètement hors de sa trajectoire.

35° Plusieurs sources lumineuses unissant leursrayons donnent une clarté de plus forte intensité. A l’é-vidence une pièce sera mieux éclairée par plusieurs bou-gies que par une seule. Plus un esprit est apte à acquérirdes éléments de connaissance et plus sera grande laLumière de son Savoir.

36° Une très forte Lumière peut parfois masquerl’éclat d’une lumière plus faible. Par sa présence leSoleil nous empêche de percevoir les clartés respectivesde la Lune, des Etoiles ou tout simplement de la flammed’une bougie: c’est que leurs lueurs sont particulière-ment ténus eut égard à la fulgurance de l’astre solaire.Pareillement, lorsque quelque chose de sublime, d’ex-cellent, ou de divin, saisit tout entier l’esprit de l’hom-me et embrase sa conscience, il peut arriver dès lors, quele désir et l’activité intelligente qu’il consacre à des cho-ses plus viles, perdent de leurs forces .

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37° Une Grande Lumière a la faculté de susciterune intense Chaleur: c’est ainsi qu’une forte lumièrede la Compréhension, est suivie d’une profonde inclina-tion de la volonté pour les choses bonnes et justes, etparallèlement pour une grande aversion à l’encontre detout ce qui à ce moment sera clairement perçu commemauvais.

38° Plusieurs rayons de Lumière peuvent êtrecollectés, réunis et condensés, de sorte qu’ils concou-rent en un point. On utilise pour ce faire un instrumentoptique transparent et concave[Ndt étourderie de l’au-teur : il s’agit : ou d’un miroir poli et concave oud’une lentille transparente mais convexe! ] . Par unetechnique analogue la conscience peut concentrer sesfacultés d’Intellection pour regrouper tout ce qu’elle acollecté par les sens, afin de se concentrer elle-même àune unique tâche.

39° Toute Lumière ainsi condensée brille d’unéclat intense et brûlant. (C’est ainsi qu’on eût l’idée defabriquer des miroirs incendiaires et certains, dit on,furent même taillés dans de la glace très froide ) Ainsien est il des rayons de l’Intellect, qui, une fois tressés enun unique rayon extrêmement puissant, non seulementilluminent la Compréhension, mais de plus allument etembrasent la Volonté, tout en présentant un front uniqueaux choses terrestres impures et dommageables, sommetoute indignes de ce feu.

40° Tout comme la Lumière se tient d’aborddans le corps lumineux et ensuite seulement dans lecorps éclairé, la Vérité se tient initialement dans les cho-ses et secondement dans la conscience qui a su com-prendre ces choses.

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Axiome relatif à la vision deschoses

41° Tout ce qui brille frappe le regard; et, dansla mesure où elles sont dirigées vers notre consciencetoutes les choses intelligibles frappent notre faculté decompréhension

42° La Seule Lumière ne suffit pas à expliquer lephénomène de la vue; et on doit pour ce faire lui asso-cier l’activité de l’œil : en effet ce dernier possède unestructure, un fonctionnement et des voies propres grâceauxquels il peut se porter à la rencontre de la lumière.Quoique la Vérité puisse se présenter à l’Intellect par lal’intermédiaire des sens, si celui-ci ne coopère pas, laseule intervention de la Vérité ne suffira en rien àdéclencher le phénomène de l’Intellection.

43° Pour voir, l’œil doit impérativement tournerle regard vers ce qui doit être vu, comme laCompréhension doit se tourner vers ce qui doit êtrecompris.

44° Pour voir, l’œil n’a nul besoin d’être éclai-ré : il suffit que la chose à voir le soit. Remarqued’ailleurs valable pour n’importe quel miroir qui n’a pasbesoin, pour efficacement refléter un objet éclairé, de setenir lui-même dans la lumière. La raison de tout cela enest ( si on veut bien se reporter à la définition. 2 & àl’axiome. 29), que les rayons de Lumière sont plus puis-sants que les rais de la clarté. Qu’un rayon de Lumièrevienne à occuper notre œil et nous devenons incapablede distinguer quoique ce soit d’autre, du fait que la puis-sance de son éclat masque toute clarté de plus faible

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intensité. (ax. 36)Les personnes qui ont les yeux enchâssés y voient pluscommodément; nous avons également pour coutumede placer une main en visière lorsque nous désironsregarder au loin, par forte luminosité, car ce faisant noustentons d’éviter un contact direct entre le soleil et nosyeux. Et c’est pourquoi quand nous désirons comprend-re quelque chose, point n’est besoin de mettre son intel-lect à la torture, mais laissons plutôt la véritable raisondes choses s’exposer dans ses moindres détails à notreregard et la compréhension nécessaire se fera vite jour.

45° Le champ de la vision n’est pas sphériquemais il se projette simplement en avant de l’œil.Contrairement à ce que nous disions, Ax. 10, du champde rayonnement lumineux, celui de l’œil n’est pas sphé-rique, mais on pourrait dire que ce qui le caractèrise,c’est d’admettre uniquement les rayons issus d’objetsdirectement placés devant lui; à telle enseigne qu’ildoit impérativement se braquer sur la chose (ou frag-ment de chose ), qu’il désire expressément voir. Il en vaainsi de l’attention de la Conscience qui, de par sa natu-re propre ne peut se porter que sur une seule chose à lafois : or si on la contraint à s’occuper de plusieurs cho-ses en même temps, elle ne parvient plus à en saisir cor-rectement aucune; car une attention qui se dispenseentre plusieurs choses en général, ne dispense que bienpeu à chacune en particulier.

46° Telle la Lumière, telle la Vision en ceci quele regard se tient, lui aussi, dans une sphère d’activitéau-delà de laquelle il n’accède plus. (Le champ de lavision se schématise par une sorte de pyramide dont labase aurait pour dimension la taille de l’objet regardé et

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pour pointe du cône le centre oculaire. C’est dans lapupille que se fait l’image de l’objet: plus l’objet estplacé près de l’œil plus il parait grand, et inversementplus il est distant.) Ainsi l’Intellect saisira t il d’autantmoins le détail des choses qu’elles seront plus loin delui.

47° L’œil ne peut avoir une vision objective deschoses que s’il n’apporte dans le processus visuel, aucu-ne caractéristique particulière. (Les personnes affectéesd’Ictère et dont l’œil est imprégné de bile d’un jauneintense, voient toutes les choses colorées en jaune. LesMélancholiques, ont une vison grise des objets, etc.) Etpar analogie, l’intellect pour saisir les choses en touteobjectivité, doit être exempt de tout Préjugé et idée pré-conçue.

48° Un œil objectif ne voit ni autrement, ni autrechose que ce qui lui est donné à voir: l’œil ne voit niplus, ni moins que ce qui lui est montré: Il verra objec-tivement la chose à la place, sous la forme et selon lacouleur où elle se présente; Un œil pur se contente devoir, par exemple. tout ou partie d’un homme quand luiest montré un homme en partie ou en totalité, et il leverra, le cas échéant, debout ou couché, de race noire oublanche, tombant ou se redressant, etc. Et de la mêmemanière un esprit sain comprendra t il avec cette mêmerigueur qualitative et quantitative, ce qu’il reconnaîtclairement lui être donné à comprendre par la purelumière. Car c’est avec une égale acceptation que lemiroir, l’œil ou l’intellect reçoivent et réprésentent tousles phénomènes qu’ils soient obscurs ou brillants, leshauts faits comme les bassesses, la mort et la vie, le cielcomme la terre.

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Chapitre XIDes Moyens par lesquels les Ténèbres s’oppo-

sent à la Lumière

Nous avons jusque là examiné les voies manifestes de laLumière, intéressons nous maintenant aux voies occul-

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tes des ténèbres. Mais d’abord peut on encore parler devoies lorsqu’il s’agit d’une succession de carrefoursmuets débouchant sur d’obscures impasses? Or quandbien même, dans la mesure où il nous faut lutter pour envenir à bout, nous ne pouvons pas nous permettre de lesignorer. Dans cette perspective, nous approcheronsnotre étude sous trois aspects: à savoir, Où, Comment,et par quelle Force propre, les Ténèbres l’emportent-elles ordinairement sur la Lumière.

1 - Les Ténèbres ont leur demeure bien établieen tout lieu que la Lumière n’a point encore touché deses rayons ( leur incidence en soit-elle directe ou sim-plement oblique ) C’est le cas, bien sûr dans les profon-deurs de la terre, mais aussi en toute conscience humai-ne où nulle connaissance des choses n’a encore paspénétré.

2 - L’ombre niche confortablement en tout lieuoù la Lumière ne tombe pas mais où seulement diffusela Lumière répercutée ( que nous nommons Clarté ).( Nous en avons des exemples dans les gorges des mon-tagnes, sous les arbres, et dans les recoins des habita-tions, etc.) Et par analogie, il en va de même chez qui-conque ne détient pas sur quelque sujet que ce soit, uneinformation de première main, car en ce cas la connais-sance qu’il en a, présente inévitablement des zonesd’ombre et des points obscurs.

3 - Tout corps opaque porte en son sein un récep-tacle de ténèbres. ( Cela sera le cas, par exemple à l’in-térieur d’une pierre ). Prenons le cas d’un homme quiserait totalement dépourvu de facultés perceptives, oubien d’un autre qui aurait négligé d’observer la nature

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des choses, voire qui s’y serait carrément refusé, oud’un autre encore qui l’ayant fait n’aurait pas su en tirerparti, eh bien tous ces hommes au cœur d’eux-mêmessont devenus de véritables réceptacles de ténèbres. Etc’est bien pourquoi le prince des ténèbres rassasie lesmortels par une multitude de biens terrestres, afin qu’ilsne soient plus à même de discerner parmi ce fatras lesseules richesses qui soient véritablement utiles.

4 - Tout corps opaque placé dans la Lumièresera, en partie éclairé, en partie ombré. ( La Lune et laTerre, elles-mêmes corps exposés à la Lumière, illust-rent cet axiome ). Ainsi en est il de l’Homme placé ence Monde, au beau milieu de choses matérielles et lui-même enfermé dans un corps physique: dans la mesu-re où il est occupé à recueillir la clarté de la connaissan-ce, il s’en trouve illuminé; en revanche qu’il s’entouredes choses de ce monde pour en jouir ou y trouverconsolation, et le voilà plongé dans l’ombre.

5 - Tout ce qui se détourne de la Lumière, par cefait précisément, se retrouve dans l’ombre. (Al’imagedu Bœuf qui, se détournant du soleil, trouve l’ombredevant lui). Ainsi l’Intellect qui se détourne de la réali-té des choses pour se consacrer à lui-même, substitue-t-il l’obscurité des fantasmes à la clarté de la Sciencevéritable. Or quand la volonté se détourne de Dieu, quiest sa Lumière véritable, quand elle se complait dans lajouissance des choses non divines, alors, propre causede sa duperie, elle prend l’ombre des choses pour leurréalité.

6 - L’ombre et les ténèbres parodient une natureeffective et bien réelle, mais dont elles sont cependant

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dépourvues. Elles veulent ainsi montrer qu’elles sontpétries d’une essence lumineuse plus intense, plus réel-le et plus palpable que celle de la Lumière elle-même,alors que par essence, précisément , elle ne sont qu’ab-sence de toute Lumière véritable. Il suffit en effet que laLumière survienne, pour qu’elles s’évanouissent,contraintes qu’elles sont alors d’admettre leur non-exis-tence. Or pourrait il en être autrement de l’Ignorance età plus forte raison avec elle, des erreurs qu’elle induit?Et nous les observons en effet, satisfaites d’elles-mêmeset se complaisant dans l’imitation de la Science de laVérité, imposture dont elles tirent avantages; cepen-dant, que survienne là encore, la Clarté de la Science etde la vérité, et elles s’évaporent comme nuée au soleil.

7 - L’ombre reproduit la silhouette du corpsopaque qui en est la cause, mais ce faisant elle le flatte,un peu comme si elle en soulignait la forme. Et c’estpourquoi les ignorants et ceux qui sont en proie à l’er-reur, non seulement se complaisent dans cette Ignoranceet dans ces errements, qu’ils prennent,( cela va sansdire ), pour une part évidente de leur soi, mais de plus,ils regardent d’un mauvais œil toute vision autre quileur serait différemment proposée.

8 - La Lumière ne craint ni ombre, ni Ténèbreset conséquemment ne les fuit pas; au contraire les ténè-bres craignent et fuient la Lumière. Parallèlement quandune notion des choses est claire et assurée elle ne se sou-cie nullement de l’ignorance ou des erreurs d’autrui.Quant aux ignorants et à ceux qui se tiennent dans l’er-reur, comme ils ne sont pas suffisamment établis en euxmême, ils fuient pour la plupart la Lumière de la Vérité,

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tout au moins l’évitent ils.

9 - Si la lumière recule, les Ténèbres avancent,mais si la Lumière avance ce sont les ténèbres qui recu-lent .Et c’est pourquoi celui qui se refuse à recueillir laclarté de la connaissance voit se dérouler devant lui lavoie qui mène à l’obscurité de l’Ignorance; toutcomme celui qui néglige de s’instruire sur la Vérité, voits’ouvrir devant lui la porte de l’erreur. Mais , en revan-che, celui qui se donne la peine de récolter la clarté dela vraie Science, celui-là par le fait, écarte de lui lesténèbres de l’Ignorance et de l’erreur.

10 - Les ténèbres, fuyant devant la Lumière,cherchent toujours une demeure à l’opposé de la sourcede lumière incidente. Et ainsi de l’Ignorance et de l’er-reur qui trouvent une demeure d’autant plus propicequ’elle est située loin du champ de l’étude et de l’inves-tigation.

11 - La densité d’une ombre est fonction de lapuissance de la lumière et de l’opacité du corps qui luifait face. Et c’est pourquoi: plus intense est l’éclat dela Lumière de Vérité et plus tenace la résistance qui s’yoppose, plus profonde sera la cécité en laquelle on estplongé.

12 - Plus le corps lumineux est petit en regard ducorps opaque moins il l’éclairera; en outre plus la tailledu corps lumineux est réduite et plus l’ombre de l’objetopaque s’en trouvera augmentée. Inversement plus lecorps lumineux est proportionnellement grand, plusl’objet opaque sera éclairé,et plus son ombre se réduirajusqu’à finalement être forcée de disparaître si la taille

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de la source s’accroissait encore. C’est ainsi qu’unepetite quantité de lumière apportée dans un esprit égaréne suffira pas à en refouler l’erreur, mais contribueraplutôt à l’augmenter. Au contraire si on apporte dans cetesprit une importante Lumière, il sera illuminé, quant àl’erreur elle s’en trouvera affaiblie, diminuée et elle fini-ra forcément par disparaître. Voilà pour la Théorie desvoies respectives de la lumière et des Ténèbres, nousallons maintenant passer à l’application Pratique.

Chapitre XII

D’un usage convenable, efficace, et rationneldes voies de la Lumière, dans le but de chasser

les Ténèbres de toute part

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Nous avons déjà clairement vu la possible analogieentre la pratique de la Lumière intellectuelle, et celledes techniques optiques: néanmoins nous cerneronsmieux le procédé par quelques exemples probléma-tiques

Problème I-Comment obtenir une source lumi-neuse qui éclaire brillamment?

Pour ce faire on prêtera particulièrement attention àtrois points :

1) on fera en sorte que tous les points de la sour-ce de lumière soient brillants; prenant soin, cela vasans dire d’éviter tout ce qui pourrait produire de l’om-bre, que ce soit dans la flamme elle même ( une mèchetrop longue par ex.), ou bien autour de celle-ci .Axiome.2 ChapitreX

2) Le corps transparent doit être clair et léger, nitrouble, ni compact, et dans la mesure du possible d’unesubstance unique Axiome 13 à 17 3) Quant à l’objet lui-même il doit être directement présenté à la lumière:afin de recevoir simultanément la lumière incidente et lalumière répercutée. Axiome. 29. Nous dirons donc quela lumière allumée dans la compréhension sera particu-lièrement vive, si:

1) tout ce qui vient à être trouvé dans les œuvres,les dits et les instructions de dieu, est employé pour laseule illumination des consciences. 2) la perception enest claire 3) si l’esprit se tient attentif.

Prob. II- Comment parvenir à ce que quelqueobjet soit éclairé dans sa totalité?

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Le problème sera résolu en satisfaisant à ces trois exi-gences: 1) on utilisera pour l’éclairer une sourceimportante, soit plusieurs sources de clarté, soit uneseule mais très puissante ( Axiome. 5,6,11). 2) l’objetque l’on désire illuminer sera situé à l’intérieur de lasphère d’activité de la lumière, et aussi proche que pos-sible du corps lumineux ( Axiome 9,10,11 ). 3) Enfin onorientera la lumière droit sur l’objet, de sorte que lesrayons soient perpendiculairement incidents. ( Axiome29, 34) Tout corps présenté à la lumière de cette triplemanière sera toujours parfaitement éclairé. De la mêmefaçon chaque fois que l’on veut illuminer la conscienced’un individu, on la tourne soit vers la plus éclatante desLumières, le Verbe divin, soit vers des lumières pluspetites mais en aussi grande quantité que possible. Jeveux parler, bien sûr, des lumières de la Nature et desNotions innées communes à tous les esprits: LaLumière de l’entendement ne peut manquer de se fairedans une Conscience à l’affut, attentivement placée aupoint d’incidence de tous les rayons.

Pb III- Comment faire pour que quelque chosesoit vu ?

Comme le préconise l’Axiome. 41,42, le placer devantles yeux, non derrière la tête (sic). Ouvrir les yeux(Axiome d°). Y apporter de la clarté afin que la choserayonne ( Definition. 2) Faire de même pour laCompréhension d’une chose.

IV- Et pour qu’elle soit vue dans sa totalité?

Selon l’Axiome 22, montre-la dans sa totalité et ellesera vue dans sa totalité. Par conséquent si on présente

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quelque chose à la Compréhension dans sa totalité( d’un bout à l’autre, avec ses tenants et ses aboutis-sants, de fond en comble, et sous tous ses côtés, elle nemanquera point d’être perçue en son tout.

V - Et pour qu’elle soit vue exactement tellequ’elle est?

Ici on proposera la chose dans son intégralité et dans l’é-tat constitué où elle apparaît dans son milieu naturel; onévitera, inversement, d’en donner une représentationspéculative vidée de son contexte naturel (Axiome.23,25 ). On s’assurera, en outre, que le substrat intermé-diaire, est pur, d’une seule substance [no refract], et nonembué de vapeurs( Axiome. 17,19). Et donc , en obs-ervant les mêmes critères d’exposition au regard de laconscience, les choses seront perçues exactementcomme elles sont, c’est à dire, telles qu’en elles mêmes,directement, sans la médiation des préjugés et lestémoi-gnages d’autrui.

VI- Et pour en donner une vision claire?

On placera pour ce faire, la chose 1) devant un œil clair2) dans une claire lumière, dans une atmosphère vrai-ment transparente et sans réfraction. 3) et à la distanceestimée convenable.

Et par analogie, pour rendre une chose claire-ment intelligible, on l’exposera à une intelligence per-spicace. 2) à la lueur d’une Méthode éclairée. 3) nonsans avoir au préalable éveillé l’attention. Normalementaprès un certain laps de temps la Compréhension nepeut manquer de surgir.

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VII - Et pour en donner une vision nette?

Ici, on ne se contentera pas de montrer la chose dans saglobalité, comme qui dirait, «en passant», mais desurcroît, on l’exposera partie par partie, détail par détail.Or pour éclairer une chose jusqu’au plus infime détail,il est maintenant nécessaire de transposer le regard, del’ensemble vers les parties, des parties vers les partiessecondaires, et ainsi jusqu’à l’élément simple [et indivi-sible]. Et il va de soi que cette démarche progressive estrien moins qu’instantanée, car elle exige du Temps et duTravail. D’autant que, pour que la chose soit distincte-ment perçue dans ses détails singuliers, il est de plus,nécessaire de s’attarder sur chacun d’entre eux. Et c’està ce seul prix que l’Intellect parvient à pénétrer les cho-ses.

VIII - Comment examiner une chose distantecomme si elle était proche?

Soit on peut l’approcher des yeux, soitelle est fixe et c’est nous qui approchons. Si, en raisonde règles ou de conventions, aucune de ces deux appro-ches ne se peut, on se munira d’une longue vue à l’aidede laquelle on se fera aisément une assez bonne idée dela chose lointaine. Et c’est ainsi que, si une chose ne setrouvait pas à portée immédiate de la Compréhension,on peut s’efforcer de la garder bien présente en sonesprit et d’y exercer son jugement, mais on peut aussifaire appel à la lunette de la PanHarmonie ( l’HarmonieUniverselle), grâce à laquelle une chose non immédiate-ment perceptible, [parce que provisoirement hors deportée intellectuelle], par le jeu des correspondancesnaturelles [ signes], et des analogies, recevra autant que

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faire ce peut des éléments de compréhension.

IX- Comment éviter de laisser voir ce qui nedoit pas être vu?

On peut, soit écarter sans cesse la chose afin qu’elle netombe jamais sous le regard, soit ne jamais la mettre enlumière ; soit , enfin si on ne peut empêcher qu’elle sur-vienne, masquer son aspect naturel, et la cacher sous unvoile. De même quand nous ne désirons pas qu’unechose soit connue ni comprise, nous devons faire ensorte qu’elle ne soit point perçue; ou, à défaut , nousnous efforcerons de détourner l’attention de ceux quiregardent, vers une autre direction; soit, enfin, de nejamais laisser s’ébruiter les choses dommageables sansfournir concurremment l’antidote approprié.

X - Comment parvenir à illuminer une chosejusqu’à l’ignition ?

Nous avons vu qu’un milieu solide et transpa-rent, (Vitre, pierre et corne polies, glace.)convenable-ment taillé selon les canons d’une technique confirmée,en une forme concave, réunit les rayons du soleil (quenous choisissons, ici, en raison de sa grande puissance),en la pointe d’un cône, et leur Vertu illuminatrice etinflammatoire, ainsi concentrée au point de convergen-ce, blesse la vue en raison de son insoutenable éclat. Sion lui en laisse le temps, la chose sur quoi se condensentles rayons incidents, prendra feu ( pour peu qu’elle soitinflammable). Et c’est à un égal succès que prétendentles rayons de la Lumière intellectuelle ( principalementquand elle s’occupent des choses célestes) dans lamesure où les forces conjuguées de l’Attention et de la

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Vision, une fois recueillies dans le cœur, sont conden-sées en son centre. Car ces dits rayons répandent dansles consciences une incroyable Lumière et celles-cis’embrasent en une flamme particulière. Or, en s’inspi-rant de cette technique éprouvée, cela pourrait bienadvenir (et plus tôt que nous le pensons) si seulementnous réussissions à cultiver et à développer l’art de per-suader et de changer les consciences, et si les hommesétaient manifestement convaincus qu’ils peuvent êtremodelés à l’image des Verres et autres matériaux demême nature.

XI - Comment bouter les ténèbres hors de tou-tes parts?

Là nous n’avons nul besoin d’habile technicien. Il suffitsimplemen t d’apporter la lumière et les ténèbres s’en-fuient (Ax. 1,6,9, Cap VIII). C’est pourquoi il suffit deproposer à quelqu’un des éléments de connaissancepour que les ténèbres disparaissent d’elles mêmes:parce que comme l’œil se tourne naturellement vers laclarté, tous les organes des autres sens et avec eux l’en-tendement inné, se tournent spontanément vers la nour-riture à la quelle ils aspirent.

XII- Comment guider la lumière en des lieuxintrinsèquement inaccessible à ses rayons?

On rendra cela possible par le jeu de miroirs réfléchis-sant les rayons ( Axiome. 20 et suivants); car là ou unrayon incident ne peut parvenir ( anfractuosité, cachesouterraine, etc.), un rayon réfléchi le peut même sil’anfractuosité comporte plusieurs recoins. On peut, en

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ce cas , multiplier le nombre des miroirs utilisés. Maisen revanche, cela ne s’obtient pas sans une perte, niaffaiblissement de la lumière. Car il est extrêmementdifficile de se procurer un miroir suffisamment poli etassurant une conservation des rayons telle, que la lumiè-re incidente ne soit en partie répercutée; et c’estd’ailleurs pourquoi, à la suite de réflexions successives,le rayon s’éteint de lui-même. Pareillement si quelqu’unse trouvait enseveli dans un antre d’ignorance et d’er-reur, tel qu’aucun éclat de la Vérité environnante nepouvait lui parvenir de l’extérieur, on doit faire descen-dre, par un enchaînement ininterrompu et bien conçu,quelques éléments de connaissances jusqu’au momentoù enfin, il remarquera quelque rayon de Vérité qui s’estglissé jusqu’à lui.

XIII - Comment (ré)accoutumer à la Lumièredes yeux qui se sont habitués aux ténèbres?

Des chroniqueurs rapportent le fait que des êtreshumains longtemps incarcérés dans des geôles souter-raines, complètement déshabitués de la Lumière, furentfrappés de cécité lorsque ils y furent subitement et ànouveau exposés. Et c’est un danger semblable quimenace les personnes depuis longtemps accoutuméesaux ténèbres de leurs erreurs: en effet si on s’avisait deles placer sans aucune préparation à la clarté crue de laVérité, il se pourrait fort bien que la Lumière leur inspi-rât subitement haine et aversion; c’est d’ailleurs pour-quoi ces personnes ainsi exposées répondent presquetoujours dans un premier temps par la fuite ou bien parune résistance qui s’avère parfois farouche. Quel conseilprodiguer en pareille circonstance? La réponse estcontenue dans l’Axiome. 31. En l’occurrence la

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Lumière et surtout la Lumière céleste, ne se donnejamais d’entrée avec la force de son plein éclat, mais, etceci afin de ne pas nous aveugler et nous rendre davan-tage insensible, elle se propose à nous progressivement.C’est ainsi que les hommes à partir des Ténèbres sontélevés vers l’Ombre, puis de l’Ombre vers la Clarté, etde la Clarté vers la Lumière et enfin jusqu’au cœurmême de la Fulgurance de la lumière. Et en la matière iln’en va point autrement.Et donc si l’on doit changerl’intérêt des hommes pour ce monde terrestre en intérêtpour les choses célestes, l’attrait pour les choses char-nelles en l’attrait pour les choses spirituelles, et l’in-croyance en la foi, il est indispensable de mener cettetâche graduellement: il s’agit tout d’abord, en partantdes choses connues et admises par tous, de les conduirepeu à peu vers des choses ignorées. Le Christ, toutautant que ses Disciples nous fournissent un bon exem-ple de ce comportement avisé. Bien! essayons mainte-nant d’adapter ces réflexions relatives aux voies de laLumière à l’Universalité de notre propos.

XIV - Comment allumer sur le Monde la Plusgrande de toute les Lumières possibles?

Nous savons que c’est en utilisant toutes les sources deLumière disponibles que nous ferons naître la Lumièrela plus importante possible. Et nous savons aussicomme nous l’avons vu à l’Axiome 1, qu’il existe entout et pour tout, trois types de sources lumineuses sus-ceptibles de faire surgir la Clarté dans les Consciences.Nous rappelons ici, qu’elles nous furent données pardécision divine et qu’elles sont: 1) la Nature 2) lesEcrits Saints 3) les Notions innées communes à tous leshommes. Supposons donc, maintenant, que nous utili-

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sions conjointement ces trois sources, en les regroupantpour ne plus donner qu’une seule et unique clarté,(comme autant de soleils et d’étoiles se levant et rayon-nant de concert au firmament de notre Intelligence), onpourrait alors obtenir une immense flamme de lumière.Et au-delà de cette Lumière on ne peut envisager autrechose que la Lumière Eternelle même, qui on le sait,reste incompatible avec notre Monde mort.

XV- Comment offrir à cette plus grande Lumièreun objet correspondant aussi grand que possible?

La Conscience humaine dont une fonction est d’êtrecomblée par la Compréhension des choses, est l’objetcorrespondant à la Lumière Intellectuelle. On en infèreque l’objet le plus grand que l’on puisse placer devant laplus vaste Lumière Intellectuelle, sera l’universelleIntelligence de l’ensemble des hommes, que viendraitéclairer la pleine et universelle Lumière

XVI- Comment faire pour que tous les yeux setournent vers cette lumière universelle?

Là encore, point n’est besoin de talents cachés; car ilsuffit seulement de ne pas placer cette universellelumière sous le boisseau, mais bien sur le candélabreafin qu’elle rayonne librement dans toute la demeure duMonde, et qu’ellle attire par sa seule force le regard deshommes. Et cette propriété attractive, s’observe aisé-ment chez le tout jeune enfant nouveau né:Effectivement bien avant que ses organes des sens nesoient tournés vers le monde extérieur sensible, on noteque la lumière captive le petit être, alors qu’inconsciem-ment il porte son regard vers elle. Et de plus quand cette

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Lumière se sera levée elle révèlera des choses d’uneBeauté telle que les hommes se libèreront de leursvieilles habitudes.

XVII - Et comment faire pour qu’elle pénètreégalement chez des peuples que tout sépare?

Si le Monde possédait plusieurs soleils, (deux, parexemple, et se déplaçant en opposition), cela aurait bienentendu comme conséquence, un jour perpétuel simul-tanément chez tous les peuples de la Terre : or nous nesommes pas sans savoir que le jour perpétuel ne partici-pe pas de cette création mais qu’il est l’apanage del’Eternité (Apoc. 21/25). Et il s’avère, néanmoins qu’unseul Soleil suffit à illuminer les régions de notre globegrâce à son mouvement continu, rythmé par les jours etles ans, assisté d’ailleurs en cela par la Lune, les étoiles,etc. Et il en va de même pour ce qui a trait à la Lumièreallumée de la juste manière, une bonne fois pour toutespar les rayons réfléchis, c’est à dire par la Traductiondes livres utiles en langues vernaculaires, que l’on com-muniquerait peu à peu, à tous les Peuples.

XVIII - Comment parvenir à ce que toutes lesréalisations humaines se fassent en pleine Lumière?

Le soleil est présent sur tout le globe terrestre, donc,vers où qu’on se tourne en un lieu découvert, on s’expo-se à sa Lumière. Or si le soleil de la Sagesse quiexplique et dévoile les raisons de tout ce qui est etadvient ici-bas, se levait au dessus des Cœurs, des pen-sées et des gestes des hommes, inévitablement ces der-niers comprendraient ce qui se passe, et pourquoi, com-ment et dans quel dessein cela arrive. Or la très haute

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Lumière des âmes, qui nous occupe, autrement dit Dieu,est parfaitement à même de recouvrir toute chose de sonrayonnement éclatant, à telle enseigne qu’une âme, oùqu’elle portât son regard, ne puisse rencontrer autrechose que la splendide beauté de cette Lumière. A l’ex-ception peut être de ces quelques âmes qui d’elle-mêmese détournent( Axiome. 5), et finissent par serévolter(Job24/14), Or un tel égarement constitue unefaute passible des ténèbres éternelles (Axiomes.5 à 8).

XIX- Comment faire pour que la compréhensionacquise auprès de la Lumière intellectuelle ne viennepas à s’obscurcir?

Selon l’Axiome. 4-8, toute ombre est le produit de l’in-terposition de quelque corps opaque entre la Lumière etnous. Nous avons également vu que l’Intellect risquaitd’être embrumé par les opinions personnelles et lesenseignements de douteuse tradition: on en déduitdonc que si on ne se laisse pas envahir par ces compor-tements nébuleux, en prenant bien soin d’admettre ennous la lumière de la connaissance des choses, directe-ment et sans intermédiaire, aucune brume de cette sortene viendra obombrer notre vue.

XX - Enfin comment empêcher le retour des ténèbres?

Reponse: En veillant tout simplement, à ne pas secontenter de la lumière répercutée au détriment de l’in-cidence de la Lumière Originelle. L’Axiome 30, dit ensubstance: qui par trop néglige la Lumière reçue,risque fort de la perdre.

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Chapitre XIII

On tient la propagation de la lumière

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Universelle à travers les Consciences pour unprocessus en six phases; or il en existe encoreune septième, éminemment universelle, et à ce

jour non encore étudiée

1 - Ainsi que nous l’avons vu au Chapitre X, Axiome 31,l’accession de la lumière est normalement, graduelle:d’abord allumée, elle se propage et s’étend, pour enfins’embraser. Et c’est ainsi que procède le Soleil lorsqu’ils’apprête à apporter le jour sur les Régions de la Terre ;d’abord du fond de l’obscurité il lance un premier rayonvers le haut, et l’aurore point alors de son doux éclat,mais bientôt sa forme dorée passe au dessus de l’hori-zon, et soudain sa fulgurante splendeur se tient devanttous les regards. Et là débute son ascension, car plus sesrayons accusent le Zénith et plus la Lumière (et donc lachaleur qui en résulte) s’intensifient. Or il arrive parfoisaprès une ondée, ou une pluie matinale, que ce soleilpeine à disperser les sombres nuées; parfois, même,tardera-t-il jusqu’au soir avant de pouvoir, enfin, pro-duire ses rayons victorieux, et se montrer tout entier à lavue des colons réjouis. Il en va de même de la LumièreIntellectuelle des Consciences, encore nomméeSagesse: Tout le long de ce grand jour du Monde auquelon assimile le cours des siècles de l’Humanité touteentière, la Sagesse a nécessairement dû graduer l’inten-sité de la Lumière par laquelle elle s’efforçait d’éclairerles Consciences. Le fait est que sitôt après l’apparitiondes choses, ce fut la Chute; et de cette chute résulta unTourbillon qui obscurcit l’atmosphère de l’entendementhumain et c’est pourquoi aujourd’hui nous rencontronstant de difficulté à chasser ces brouillards et à ramener

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un ciel serein sur nos esprits.

2 - A ce jour nous avons étudié le procédé de la Lumièrede l’Intelligence, selon un déroulement en six étapestout au plus; or, comme le prouvent avec certitude nosinvestigations, il est bien une septième voie, à partentière et éminemment Universelle. Rappelons quenous ne faisons allusion, ici, qu’aux voies et étapes quitracent le chemin la lumière ordinaire telle que leMonde extérieur nous les propose à seule fin d’accroît-re la Lumière en chacun de nous; nous ne parlons abso-lument pas de ces voies extraordinaires par lesquellesDieu, jadis, infusait miraculeusement la Lumière inté-rieure dans les consciences de quelques hommes: telsSalomon, les prophètes, les Apôtres, etc.

3 - La première voie qui devait guider la Lumière intel-lectuelle vers la Conscience des hommes, fut (en grec)Autopsia : c’est à dire Vision autonome, voir par soimême. Autrement dit, il s’agissait d’observer scrupuleu-sement le Monde environnant , et bien sûr, sans aucunintermédiaire que ce soit. Et ce fut là, la tâche premièreque Dieu confia à l’Homme qui se trouvait encore en cetemps là solitaire. Et il advint qu’après qu’on eût amenédevant l’Homme tous les animaux, il fut chargé d’obser-ver la nature et les caractères de chacun d’entre eux enparticulier, et de les nommer en harmonieuse raison.( gen 2/19). Or l’Homme progressa tant sur la voie quilui était ouverte, qu’il nota combien tous les animauxque lui envoyait la divine Sagesse, allaient immanqua-blement par paire, et à cet instant il senti en lui lemanque qu’il avait de la vie en société.

4 - Et c’est pourquoi, en accord avec l’habituelle bonté

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de Dieu, ( qui, soit prévient les manques, soit, s’ils res-tent nécessaires pour affûter notre patience et notrevolonté, apporte son aide sans tarder), il fut adjoint àAdam une compagne dans sa vie . Et comme désormaisils se trouvaient être deux, s’initia, alors, une manièretoute autre de développer leur connaissance des choses,par la conversation et des échanges mutuels. Ainsi par lejeu des questions et des réponses réciproques, il leurdevint possible, la pratique aidant, de s’élever un peuplus sur la voie de la sagesse. Car il est vrai, s’agissantde collecter des éléments de connaissance variés, quel’Ouïe est de plus grande utilité que la Vue. En effet, lesconversations et les échanges verbaux, nous permettentde nous informer mutuellement et de nous conforter, lesuns les autres dans l’acquisition du savoir, quand bienmême les éléments de connaissance en question neseraient guère accessible par le regard.

5 - Après que les hommes se furent multipliés, dispersésde par le monde et se furent perdus en de vaines futili-tés, on inventa un autre moyen de les rappeler vers desaintes, justes et utiles occupations. Et c’est ainsi quel’habitude s’institua de tenir des réunions publiques, oùbon nombre d’hommes de qualité, pouvaient simultané-ment et mutuellement s’instruire sur les sujets capitauxde l’époque avec un gain de temps et un profit accrupour chacun d’eux. On place les débuts de cette coutu-me, en plein milieu de la grande confusion humaine quiprécéda le Déluge, à l’initiative du saint Patriarche Seth.Elle fut perpétuée par plusieurs autres et Dieu même, laconfirma dans sa Loi: de sorte qu’elle est maintenue etrévérée dans l’Eglise à l’égal d’une prescription divine.

6 - Mais comme la durée de vie depuis le Déluge a dimi-

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nuée alors que parallèlement augmentait le bruit desaffaires et des occupations mondaines, un tumulte crois-sant apparut dans les Consciences des hommes,tiraillées qu’elles étaient par des stimulations contradic-toires. Alors pour pallier les défaillances de mémoiressubséquentes et malgré tout répondre aux besoins de lapostérité, on fut amené à découvrir l’Ecriture: Elle per-mit à ceux qui étaient dans l’impossibilité de se rencon-trer, pour des raisons géographiques ou historiques, des’instruire tout à tour; et c’est ainsi qu’on put voir lesmorts enseigner les vivants, comme le dit Is 30/8,jusque dans l’Eternité. Et quant cet art d’écrire com-mença à être connu hors d’Israël, on voulu qu’il devien-ne commun à tous les hommes. Comment , en effet,pourrait-on autrement répondre à Job . 19/ 23,24, quidésirait tant savoir comment serait notées ces paroles?Reconnaissons que c’est effectivement le seul, l’uniquemoyen de transmettre les choses dignes de mémoire ànos descendants: sans cet art tout le souvenir del’Antiquité aurait été perdu. A ce propos l’exemple despeuples Barbares du nouveau Monde est flagrant:vivant à l’écart des livres ils n’ont aucune notion de l’o-rigine des choses et de leur évolution, ni de quoi que cesoit d’autre, digne de figurer dans la connaissancehumaine ; et ne serait leur apparence ils s’apparente-raient plus à des bêtes qu’à des hommes Les techniquesde lecture et d’écriture, ont toujours été perçues commechoses ardues ( ce qui est le cas en vérité), et nous-mêmes estimerions hasardeux d’entreprendre un telapprentissage, si d’expérience, ne savions qu’une pra-tique assidue rend la chose possible. Et en outre poursurmonter plus aisément ces réelles difficultés, on aouvert des écoles publiques, où nombreux sont ceux quipeuvent, ensembles réunis, apprendre l’art des lettres (

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surtout parmi les jeunes qui ne sont pas encore trop per-turbés par les tracas du monde).

7 - Mais nous devons à la vérité de dire que la traduc-tion des Livres fut chose laborieuse, d’où la rareté desouvrages traduits, leur cherté et le petit nombre de ceuxqui purent en bénéficier; et c’est pour cette somme demotifs que Ténèbres et Barbarie vinrent, une fois deplus, recouvrir toutes ces tentatives. Toutefois, du faitqu’approchaient les derniers temps, ceux de l’avène-ment de la Lumière, il parut bon à Dieu de montrer auxhommes cette étonnante technique permettant de repro-duire, quasi à l’infini, et avec une incroyable célérité, lesLivres : il s’agit, bien sûr, de l’Imprimerie, laquelleapporta à l’humanité une telle somme de bienfaits queles mots pour le dire font défaut. Signalons à son créditl’édition de la Loi divine et tout ce que les Siècles ontpar écrit consigné sur les monuments; toutes chose quel’Imprimerie a permis d’amener à la pleine lumière. Etc’est ainsi que nous avons pu lier un commerce avectoutes les périodes précédentes, et que nous sommes,par le fait, devenus tributaires de l’excellence accumu-lée du Génie du passé. De surcroît les hommes ainsiéveillés par la Lumière de l’antique Sagesse, ne secontentèrent pas d’y puiser, mais ils affermirent leurjugement et leur détermination en recherchant par eux-mêmes de nouvelles inventions. A partir de ce momenttout le travail qui portait sur la Littérature, les Idiomes,les techniques et la Religion, s’est épanoui avec uneconcision et une qualité plus grandes que jamais depuisla création du Monde: c’est donc à juste titre qu’on apu proclamer l’Imprimerie, «art de conserver et propa-ger tous les Arts ». Et de dire familièrement d’unechose écrite en caractère d’Imprimerie: C’est mis en

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Lumière ! Et nous nous accordons volontiers à recon-naître cete divine invention comme une des voies de laLumière

8 - Parvenus à ces temps de la fin, on peut considérer lesdécouvertes afférentes aux techniques de la Navigationcomme la sixième voie selon laquelle la Lumière doit serépandre parmi les hommes. Cette voie a permis deséchanges entre les individus des différents continents duglobe, entre des insulaires que des mers séparaient, etqui vivaient jusque là en parfaite autarcie, ignorants lesuns des autres. Grâce à elle nos connaissances purentêtre complétées sur plus d’un point, et nous eûmes denombreuses opportunités pour communiquer notrelumière à ces Peuples incultes (et selon une légitimeintention). Mais le plus incroyable dans cette affaire ,c’est bien la découverte de cet art étonnant qui permetde sillonner le Globe de part en part, laquelle est dueessentiellement à des raisons mercantiles ( la folie del’or du Pérou, l’ivresse du Tabac Brésilien, et autre butset considérations tous plus terre à terre les uns que lesautres) : or nous devons croire que le dessein de Dieuen cette affaire est autrement plus élevé! Notons aupassage que les oracles sacrés n’ont pas toujours gardéle silence sur les anecdotes de cette espèce: Elles rela-tent pour mémoire que Salomon arma une flotte pour luiramener des iles lointaines, de l’Or, de l’Argent, de l’i-voire, des Singes et des Paons, (Rois 10/22): « Car ilappartient au céleste Salomon d’affréter ses navires surl’Océan, sous la protection du Nom de Dieu; pourramener vers lui les fils de Sion, ainsi que l’Or,l’Ar gent, pour orner son Eglise, selon la prédicationd’Isaie ( 60/ 9). Nous remarquons que lors de ce passa-ge il est fait allusion à la conversion Universelle des

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Peuples. On verra dans la même veine d’inspiration,(Chapitre 42/ 10 16) , (Chapitre 43/ 14 – 16), et aussi(49/ 11,12). Et assurément, c’est en vain que Christaurait envoyé prêché l’Evangile jusqu'au bout duMonde, et qu’il aurait annoncé que cela adviendraitavant la fin de ce Monde, s’il n’avait dévoilé la voie etle moyen de pénétrer enfin jusqu’à ces Régions et à cesPeuples. Et c’est bien pourquoi ces deux inventionsapparues au dernier moment avec ce pouvoir propre demultiplier la Lumière, représentent, à n’en pas douter lesouffle annonciateur d’une certaine Lumière, de laLumière Universelle.

9 - L’ aspect général du Monde actuel donne la très netteimpression qu’il est prêt pour une renaissance. Ainsiquand Dieu Déverse le Déluge sur une humanité parve-nue au summum de sa perversité, quand il amène laruine des peuples les uns par les autres, cet effondre-ment généralisé de toutes choses fraie, en réalité, unevoie vers une radicale et universelle transformation.Exactement comme quand on aplanit le site d’un édifi-ce abattu pour établir le socle d’un édifice nouveau. Etde plus en stimulant le Génie propre des Nations, desEthnies, des Religions, celles-ci, écoeurées par lesHabitudes et la Confusion qui les empêtrent, finiront parchercher une issue. Avec un dynamisme de la pensée etun succès rarement connus à ce jour, nombreux sontceux qui font chaque jour davantage progresser laLumière à partir des trésors qui se révèlent à eux tantdans le domaine des sciences naturelles ou de l’exégèsedes Saintes Ecritures, que de l’approche de la psychéhumaine. Et cette remarquable accession de l’homme àla connaissance des choses apparaît comme la preuveindiscutable et certaine de ce que la divine Providence,

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selon ce qui fut jadis annoncé, est actuellement dans untravail d’enfantement. C’est pourquoi, (Dan. 12/4)« Ilpermet de transgresser tant de choses, voire suscite cettetransgression, afin de développer la connaissance.»

10 - Et nous voilà donc, après bien des siècles, parvenusau bout de ces Six voies, nous les avons dépassés, etnous sommes actuellement en train d’explorer laSeptième. Et comme notre progression s’est élevéejusqu là, degré par degré, ce dernier degré inévitable-ment se tient plus haut que tous les degrés précédent. Orcette dernière voie peut elle représenter autre chose quele commerce ouvert entre les Peuples, par les progrès dela Navigation et les échanges entre les générations dufait de l’avènement de l’Imprimerie, afin, évidemmentque de toutes ces clartés découvertes ici et là, se créé àce jour une grande et unique Clarté pour le bien et l’u-sage de tous. Songeons que toutes les bribes de bonneset véritables choses qui furent imaginées cherchées etpuis trouvées , à un moment ou à un autre, par quelqueshommes isolés, pour un usage privé, ou bien qui furentmontrés directement par Dieu en des circonstances par-ticulières, eh bien tous ces éléments de connaissancefurent captés et détournés pour un usage singulier, parune génération, par un peuple, une nation ,voire par unesimple famille ou un clan; Or de tout cela, il n’est dés-ormais plus question: tous ces biens disséminés doi-vent être reliés à l’ensemble de la communauté duMonde ! De surcroît la Compréhension de tels biens àlaquelle parvenaient quelques rares et pénétrantes intel-ligences, se trouve aujourd’hui à la portée de tousdepuis que les mystères de la Nature et du Monde sontbaignés par la Claire Lumière du dévoilement: d’au-tant que le travail de perception et d’acquisition de ces

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connaissances n’est plus aussi lourd qu’il le fut dans lepassé, car maintenant son aspect collectif et commun lerend au contraire, grâce à la Pan Harmonie, aisé, simpleet joyeux. En bref nous avançons sur l’ample voie de laLumière. Et chaque mortel qui emprunte cette large voiediscernera sans ambiguïté tout ce qui est nécessaire auparfait bonheur, car il n’y a ici nulle place pour la dupe-rie. 11 - Il n’est peut être pas inutile de mentionner en formed’avertissement, les conséquences attendues de cetteultime voie de la Lumière. Et il nous faut d’abord insis-ter sur le fait que cette Septième voie, étant la plus vastequi fut jamais pensée et appliquée, elle sera aussi laDernière que le Monde se verra offrir. Car après elle ilne peut advenir rien d’autre comme huitième voie quecelle de la céleste Béatitude, Autopsia renouvelée, où denouveau sera la Vision directe et autonome. A cettegrande différence près qu’aucune voie ne viendra pro-longer cette voie de la Béatitude céleste car cette nou-velle Vision ne résultera pas de la confluence ordonnéeet progressive d’une myriade de rus, ruisselets et ruis-seaux de connaissances, mais elle naîtra de la fons detoute chose, Dieu, en qui les bienheureux verront etjouirons de toutes choses sans fin.

12 - Il est également utile d’expliciter l’harmonieuxordonnancement des degrés de la LumièreIntellectuelle: à savoir que les derniers degrés franchisne rendent absolument pas caducs les niveaux précé-dents ; mais ils les englobent et les consolident. Parexemple, au moment où émergèrent parole et Langues,la Vision autonome n’en fut pas pour autant abolie, carpar la parole on put en convier beaucoup d’autres. De lamême manière les réunions publiques n’ont jamais sup-

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planté les conversations privées, ni la contemplation:elles auraient plutôt eu l’effet inverse. Et ces trois voiesn’ont pas non plus disparu quand naquit l’art d’Ecrire,qui les a fait connaître et s’étendre. Et nous savons bienque la Typographie n’a pas tué l’Ecriture mais qu’ellelui a fourni un cadre, son cadre formel. Et quant audéveloppement des voyages en mer il a permis de savoirune foule de choses restées jusqu’à lors inconnues. Ensomme cette ultime voie réunit toutes celles qui la pré-cédèrent, elle leur redonne leur lustre véritable et touteleur notoriété; et de fait, tout ce qui est donné à obser-ver se tient dorénavant dans la lumière. Tous les échan-ges, les discours ,portant sur l’étude de ces chosesdeviennent ainsi plus concis et décisifs. Et si cette der-nière voie ne contribue pas augmenter le nombre desLivres ( déjà plus que suffisant), du moins participe-t -elle à les épurer en de véritables véhicules de la CultureUniverselle. Et en outre, elle fournit le moyen de répan-dre les ouvrages devenus dignes de foi parmi lesPeuples, les Ethnies, afin que par leur lecture et bien sûrleur compréhension, soit incréméntée la clarté de laconnaissance, autant que faire se peut, en ce mondepérissable.

13 - Nous verrons que la progressivité propre à ces septvoies, peut aussi se définir en terme d’amplitude d’ap-plication : c’est ainsi que Autopsia, la vision personnel-le libre de tout média, sert la clarté cognitive d’un seulindividu. La discussion, elle, éveille et attise en deuxindividus, une ardente soif de connaître que le caséchéant, par la conversation précisément, ils peuventapaiser mutuellement. Enfin par le discours public c’esttout un groupe de gens réuni au même moment, dans unmême lieu, qui profite de cette clarté. L’Ecriture a relié

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ce qui ne pouvait matériellement pas se rencontrer dufait de la chronologie ou de la géographie ( c’est pour-quoi on a pu dire que «les morts enseignent les vivants» ) Et l’impression Typographique a rassemblé les clar-tés de toutes les générations de tous les siècles écoulés:c’est ainsi que tous les monuments scripturaires furent,selon le mot, «mis en lumière», et les écrits récents,joints aux anciens, sont ainsi adressés à la postérité. Deplus, par crainte que ces écrits imprimés ne demeurentle jardin privé de quelques Nations, Iles, ou Continent,Dieu, dans le but de les propager partout sur le Globe, adévoilé l’usage de l’aimant [et l’invention de la bousso-le], grâce auquel le Monde entier, par l’accès aux échan-ges communs, doit se transformer en une vaste demeu-re d’hôte ouverte à tous les hommes. Les quelques obs-tacles qui s’élèvent encore, relèvent de la PanHarmonie, qui doit montrer l’usage universel des donsdivins qui sont destinés à tous les hommes sans excep-tion. Et nous noterons que Dieu a agencé la dispensationde ces bienfaits de telle sorte que leur commune utilisa-tion mutuelle les multiplie, et le système divin est telque d’une part ces bienfaits peuvent être indéfinimentaccrus et que, d’autre part les hommes sont amenés àdécouvrir sans cesse quelque nouveauté remarquablequi les transporte d’enthousiasme pour la plus grandelouange de Dieu: ce qui, en soi est un bon remède àl’indolence naturelle des humains .

14 - On notera encore que les voies de la LumièreIntellectuelle répondent exactement à celles de laLumière extérieure: autopsia, se rapporte à la Lumièreinitiale, ou a un de ses rayons; la conversation se rap-porte , quant à elle, à la Lumière réfléchie, et les discus-sions des assemblées publiques, à la Lumière répercutée

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ou dispersée, c’est à dire la Clarté. Les Lettres et lesmanuscrits correspondent avec la lumière susceptibled’être enflammée avec des matériaux terrestres, dans unbut de conservation et de transport au gré des besoins,telles les chandelles et torches. L’Imprimerie correspon-dra à diverses formes plus ou moins élaborées deCandélabres et de Luminaires. L’Art de Navigationmaritime s’apparente, quant à lui, aux Lampes tempêteet Lanternes sourdes utilisées pour amener la clarté endes lieux difficiles ou dangereux. Enfin la panHarmonie ( harmonie universelle) esquisse la promessed’un Feu durable, d’une Lumière inextinguible. ( leSoleil par exemple.)

15 - Notons que ces voies de la Lumière s’ouvrirent toutd’abord au sein de l’Eglise, même si dans le mêmetemps les profanes se les approprièrent pour répandrel’erreur et l’impiété ; car selon la parole de Baruch:« Nul ne lui est comparable, c’est Lui notre Dieu. Il alui-même dévoilé la voie de la connaissance dans sonentier, Il l’a donnée à son fils Jacob et à Israël son peu-ple bien aimé». La pratique originelle de la Visiondirecte, Autopsia, ne vit-elle pas le jour dans le Paradisprécisément? Et les premières assemblées publiques, àcaractère sacré, se tinrent initialement dans des Eglises.Et la première Ecriture connue, le Décalogue, fut tracéepar le doigt de Dieu, alors que Moïse de sa main, laremit à Israël. Et l’Imprimerie, ainsi, d’ailleurs que l’artde Naviguer fut tout d’abord découvert par les peuplesChrétiens (sic). Isaïe ( 60/12?)prophétise une ultimeLumière brillant sur Sion; or, effectivement, en cestemps de la fin nous voyons, grâce à Dieu, se lever surnotre Sion une ultime Lumière. Assurément ces voies nesont rien d’autre que des dons de Dieu, elles ne doivent

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donc être utilisées que pour sa glorification

16 - Soulignons également que toute voie ultérieure estsuscitée, soit par une notoire insuffisance de la précé-dente, soit par un usage inapproprié ou abusif.

17 - Enfin disons qu’une nouvelle voie se manifeste,généralement, à la suite d’un besoin ou d’une volontéexpresse de l’humanité, et quand ce n’est pas le cas elleexige « a minima », sa collaboration. Ce qui se passalors de l’établissement de la seconde voie qui, à desseind’une société humaine, introduisit une compagne dansla vie de l’homme, en proie à ce désir. Puis avec la troi-sième voie qui découle de la croissante peine des hom-mes devant la confusion de leur société. Quant à la qua-trième, la voie de l’Ecriture, on ne saurait avec certitu-de établir si elle est une invention propre au Géniehumain ou si l’homme la tient directement de l’inter-vention de Dieu. Mais la cinquième et sixième provien-nent indubitablement de l’Industrie des humains. Or,que l’homme soit à même d’ouvrir des voies vers laLumière doit être pour nous un stimulantà aller encoreplus loin : et si nous pouvions en quelque mode que cesoit coopérer au développement de cette septième voie,alors impliquons nous de bon droit, et cela sans attend-re quelque avènement d’un céleste miracle. A l’instard’Isaïe, empressé et ardent, qui, après la réflexion divi-ne : « qui enverrai je , qui sera notre messager? »,s’offrit spontanément et sans tarder: « me voici,envoie moi ! » . (6 /7 , 8). Confions nous donc à ladivine Bienveillance, qui ne dédaigne pas la plus hum-ble des offres de service, et recherchons les traces decette septième voie avec un soin d’autant plus méticu-leux

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Chapitre XIV

Où l’on trouvera amplement expliquée la tripleintention de la voie de la Lumière Universelle,afin que TOUS puissent la reconnaître en sa

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parfaite TOTALITE, en TOUTES choses

1 - Nous préciserons d’abord un peu mieux ce qu’ilconvient d’entendre ici par les expressions, Tous, en saparfaite Totalité, et, en Toutes choses, afin que l’entre-prise nous apparaisse comme réalisable, justifiée et vrai-ment nécessaire

2 - Par Toutes choses nous entendons Tout ce que Dieua déjà placé à l’intérieur de l’Ecole du Monde tellequ’Elle s’offre actuellement à nos sens , et de plus Toutce qu’Il lui plaira d’y placer plus tard. Ces choses peu-vent être éternelles ou temporelles, Spirituelles ou maté-rielles, Célestes ou terrestres, Naturelles ou artificielles,d’inspiration Théologique ou philosophique[ NDT :Sciences physiques, naturelles, humaines fondées surles Sens et la raison: philosophia naturalis],Bonnesou mauvaises, ou bien enfin à caractère Général ou par-ticulier.

3 - Il est indispensable d’instruire les hommes sur leschoses Eternelles, car on ne peut se permettre de leslaisser dans l’ignorance du sort auquel ils se vouentpour l’éternité, sans courir le risque de les voir se perd-re à jamais.µ

Or ils doivent également être instruits des chosestemporelles car c’est par celles-ci que l’on va vers cel-les là .

4 - De même est il nécessaire que les hommes s’instrui-sent sur les choses d’essence Spirituelle afin qu’ils ne seméconnaissent pas eux-mêmes en tant que créaturesdivines : la part la plus estimable d’eux-mêmes n’estelle pas l’Esprit? Mais comme d’autre part nous habi-

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tons un Corps matériel, dont la conservation dépend denourritures et de substances matérielles, nous n’avonspas le droit d’ignorer toutes les choses placées en cemonde pour que nous en fassions usage: d’autant quel’utilisation inexperte d’élément que nous ne connais-sons pas risque de ne point donner les résultats escomp-tés et se révéler dommageable, dans le cas d’uneconnaissance spécieuse des choses et donc d’un usagefautif.5 - Nous devons également nous instruire des chosesCélestes car le Ciel est pour nous une patrie, c’est lamaison du Père où des demeures nous sont préparées[Ndt : pater, père, patrie ]. Or si les hommes sont tenusd’apprendre à reconnaître de telles choses [qui sont dsle Ciel], c’est moins taraudés par l’inquiétude que sti-mulés par le goût de s’énivrer à ces voluptés éternelles[Ndt : Dyonisos]Et lorsque Dieu évoque pour nous, ence Monde actuel, les Biens célestes, nous concevonsaisément qu’Il ne puisse le faire en utilisant un vocablecéleste, mais nous comprenons moins bien qu’il useencore de représentations imagées [Ndt : tels parabo-les, allégories, symboles ]lorsque Il veut nous décrireles choses terrestres. Mais, en fait et comme le dit Job3/12, c’est qu’Il veut bien condescendre jusqu’à notreinfime capacité du moment à percevoir, et aussi parceque la compréhension de la nature de ce monde demeu-re un incontournable et puissant préalable à unemeilleure intelligence des choses célestes. Car qui-conque n’a pas auparavant saisi la provenance de cesallégories et de ces métaphores, ne peut pleinement enappréhender toute la force.

6 - Et on doit également s’instruire sur tout ce qui cons-titue la Nature:

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Elle est en effet le Reflet manifesté de l’invisibleMajesté divine

Elle est la clef qui ouvre bien des choses cachéesdans les Saintes Ecritures.

Enfin elle définit , les Idées, les Formes et lesNormes de nos activités ( dans la mesure où celles-ciparticipent de la raison) Insistons sur la nécessité, à notre époque, d’observer etde pratiquer cette triple vertu de la Nature, afin que laSuprême Lumière, en ces temps de la fin, puisse libre-ment jaillir,de toute la puissance de son fulgurant éclat,des flambeaux divins.C’est pourquoi nous approfondirons un peu plus cestrois aspects

7 - La méthode éclairée consistant à connaître Dieu parsa Création et ses Créatures peut être globalement rap-portée au témoignage de ce grand Théologien qui écri-vait : « la méconnaissance des véritables Fondementsdu Monde et le mésusage qui est fait de la Nature nousprécipitent dans de scabreuses superstitions et nousemportent dans de fallacieuses spéculations quant à lanature véritable de Dieu» ; et inversement par laconnaissance vraie de ces choses nous faisons un grandpas en direction de la foi véritable. Et, selon Augustin(de origine animae): « ils se trompent ignominieuse-ment ceux qui prétendent que, pour accéder à la vraiefoi, le décalage entre ce que tout un chacun perçoit de laréalité de la Création et la manière exacte dont Dieu l’apensée , n’a guère d’importance» . En effet toute erreurqui s’insinue dans la connaissance que l’on a duCréateur, détourne la Conscience loin de Dieu.(Zanchée Hexaem. P. 4& 5). Et aussi, quand ( selonApoc. 14/ 6,7, et selon ce que nous croyons devoir se

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produire en ce siècle de l’Ultime Lumière), l’Angeapporte la Bonne nouvelle éternelle et qu’il appelle tousles Peuples, les Nations, les Familles, à rendre gloire àDieu, n’est il pas particulièrement remarquable qu’ilatteste du bien fondé de la convocation, par une évoca-tion des choses de la Nature? Conséquemment noustenons pour certain que plus l’homme percera à jour laNature, plus rayonnera la Majesté du fondateur de cetteNature, et plus se manifestera la vénération dont Il estl’objet.

8 - Egalement nous avons dit que la connaissance vraiede la nature était une clef propre à dévoiler le sens cachéde quelques points obscurs des saintes Ecritures, ou dumoins qu’elle en constituait une bonne base départ. Etgrâce à cette clef c’est sans conteste chacun d’entrenous qui devient pour lui même le meilleur des interprè-tes possibles de ces paroles [mystérieuses]. Et Dieusuprêmement sage quand Il pense et créé la nature doitl’être tout autant quand il trace les Ecritures. Car il estimpossible que la vérité qu’Il a imprimée dans les cho-ses ne concordât en tout point avec la vérité expriméepar Ses paroles; de même qu’il est impossible,au boutdu compte, qu’elle ne se révélât point d’elle-même ,chaque fois qu’elle nous apparaîtrait avec moins d’évi-dence, soit dans les paroles(divines), soit dans les cho-ses . Et donc prévaudront [pour mettre en évidence cettevérité dissimulée], tantôt les explications [des chosesde la nature], tantôt l’herméneutique des Ecritures.Précisons que [les éclaircissements apportés par] lesEcritures ont une portée plus générale et par la Natureune portée plus spécifique. Ordinairement l’Ecriturerenseigne sur des sujets d’ordre général tels, par exem-ple, « d’où viennent les créatures ? Par quelles facultés

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peuvent elle se maintenir? ou à quelles fins sont ellesdestinées? » [Ndt : par Créatures entendons les orga-nismes biologiques autant que les minéraux ou les phé-nomènes physico chimiques]. Or, à côté de cela, desCréatures particulières vont venir éclairer le véritablesens de tels ou tels passages spécifiques des Ecrituresqui nous sont proposés comme voilés de mystères. Parexemple, comme c’est le cas dans l’Ancien Testament,quelle peut bien être la volonté de Dieu lorsqu’il veutque tout offrande sacrificielle soit consumée par leFEU ? Que l’on étudie la Nature du Feu et on aura tôtfait de comprendre la teneur d’un tel commandement:Il est évident que le Feu possède une triple faculté , àsavoir Lumière, Chaleur, Mouvement; de cette consta-tation on développe un raisonnement qui permet d’affir -mer que Dieu exige de ceux qui s’offrent eux-mêmes ensacrifice, 1-la clarté de la connaissance, c’est à direselon l’interprétation de l’apôtre ( Rom 12/ v.1) un CulteRaisonnable; 2- une Chaleur ardente et 3-leMouvement que procure le Bon Dessein, [l’impulsion]de l’obéissance nouvelle . Et là ne voyez-vous pas sousla lettre poindre l’Esprit? On peuaussi se demanderpourquoi Dieu voulut il toujours que le sacrifice fûtaccompagné de l’offrande du SEL? Or il suffit d’enappeler aux vertus naturelles du Sel pour en appréhen-der à coup sûr la signification mystique[cachée]. Noussavons à l’évidence que parmi les substances créées, lesel, est de toutes, celle qui se conserve le mieux et defait il est pratiquement incorruptible ( de plus étant lui-même imputrescible, il a pour vertu de rendre les corpssur lequel on le répand eux aussi imputrescibles). Ensus, même si d’aventure on entreprend de modifier laforme et l’aspect sous lequel il se présente habituelle-ment à nous ( par ex. sous l’effet de l’eau qui le dissout

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et le dilue , ou bien du feu qui l’éclate et le pulvérise )cela ne change en rien ses vertus naturelles, qui ne lequittent pas. Parce que quand l’eau a dissout le Sel elles’est nécessairement imprégnée de sa nature; et quandle feu a atomisé le sel ce dernier a conservé toutes sespropriétés. A la lueur de ces explications douterait onque Dieu par cette acte symbolique du Feu et de laPierre [de sel ? ] aie voulu enjoindre à ceux qui Luivouent un culte, la constance? Les Ecritures foisonnentde cas semblables qui ne peuvent venir à la lumière véri-table de la compréhension sans une véritable connais-sance des choses de cette nature; pour le moment jepasserai les Paraboles sous silence. Et comme seraitgrande cette clarté [de la compréhension]si nous pou-vions mettre en harmonie l’ensemble des Ecritures avecla Nature, si nous savions symboliquement exprimer laNature toute entière par les Ecritures!

9.- J’ai également affirmé que ce sont les Idées mêmesde nos propres Actions qui se trouvaient par avance déjàinscrites dans la Nature; il s’avère donc indispensablede connaître précisément comment vont les choses de lanature si nous voulons pouvoir mener notre propre pro-cessus en toute certitude et sans risque d’erreur.Quelques-uns de par le passé, ne furent pas sans se ren-dre compte que la Technique et l’Artisanat se conten-taient de reproduire une nature dont ils étaient issus. Il yen eut également pour affirmer que la Nature était lemeilleur guide possible et qu’à le suivre nul ne pouvaits’égarer. Bien d’autres exemples vont dans le mêmesens. Et pourtant jamais constatation ne fut plus d’actua-lité qu’à notre époque, avec l’aide de Dieu qui alluma leLuminaire de la PanHarmonie ( harmonie Universelle).La méconnaissance du cours de la nature des choses a

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induit une foule d’insuffisances et d’erreurs parmi lesmœurs, les techniques, la politique et la religion: lerétablissement que nous souhaitons pour le cours del’humanité , passe donc nécessairement par une meilleu-re observation des voies et des instruments que Dieudisposa parmi ses Créatures. Dans cette perspective,nous importent d’autant plus toutes les normes fourniespar Dieu sur les choses que nous devons savoir, ou dontnous devons nous détourner. Ce qui nous conforte dansla nécessité de nous instruire sur toutes les choses de laNature.

10 - Mais prenons garde de ne point omettre tout ce quiconcerne les réalisations techniques et industrieuses,pour deux motifs; d’abord parce que, selon ce que nousavons dit, les techniques tendent à reproduire la nature( même si parfois elles s’en saisissent et l’emprison-nent), ce faisant elles la pressent de nous livrer peu àpeu ses secrets et finissent ainsi par la rendre plus acces-sible à la connaissance. Et ensuite parce que ces tech-niques se prêtent bien à développer le confort et lescommodités ( éléments de la vie dont on peut souhaiterl’abondance plutôt que le défaut dans un siècle éclairé ).

11 - J’ai par ailleurs dit que l’on se devait à l’étude de laThéologie et de la Philosophie, ce qui signifie qu’il estsouhaitable d’apprendre ce qui relève de la Raison etdes Sens, tout autant que ce qui relève de la Foi. Disonsque ce qui est de la Foi doit être enseigné parfaitementet dans sa totalité, parce que le juste vit de sa foi: nousavons là une des voies de la vie éternelle. Mais ce n’estpas pour autant qu’on doit laisser de côté ce qui partici-pe de la Raison; car c’est bien par elle que nous nousdistinguons de la brute idiote et surtout que nous nous

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prémunissons des faciles impostures d’une foi irration-nelle et menteuse. De même que l’on ne doit pas nonplus ignorer les choses qui participent des Sens, car cesont elles qui fournissent matière à la voie de la Raisonet qui par le fruit de l’expérience la confortent hors despièges de la duperie. En conclusion, quand les Sens sontasservis à la Raison, et la Raison à la Foi, on a l’assu-rance que rien ne fera défaut pour l’obtention d’uneLumière Parfaite. A moins bien sûr que l’on ne se soittrompé dans le choix des outils nécessaires àl’Illumination des esprits. Il va de soi que je ne peuxéventuellement parler de Foi aux incroyants qu’en ter-mes de Raison: c’à d en leur montrant, par un raison-nement logique que les Mystères de notre Foi ne recou-vrent rien d’autre que la vérité et le salut. Or comme unhomme ne peut apporter du crédit qu’à ce qu’il penseêtre crédible, il se peut, par quelque effet du raisonne-ment qu’il en vienne à estimer la chose digne de foi eten vertu du principe précité, qu’il accède à la croyance.Cependant afin de rendre possible quelque entretienavec un Incroyant, ce dernier se doit de reconnaîtrecomme préalable à notre conversation les points sui-vants : s’accorder avec moi sur le cadre du débat [Ndtsur le sens des concepts employés], s’en tenir au com-portement qui sied à une concertation harmonieuse,écouter patiemment son interlocuteur jusqu’au bout ( nepas interrompre), et manifester un vif désir d’apprendresans retard, de sorte que mis dans d’excellentes disposi-tions par la convivialité de notre entretien il acquiesceenfin d’extrême bonne grâce en apercevant la vérité.

12 - Or l’objection la plus probableest la suivante : «Ce ne sont point les Philosophes qui suscitèrent d’ordi-naire l’émergence des premiers Apôtres, mais bien plu-

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tôt la traversée des authentiques Mystères de la Foi”Nous répondrons que ces êtres qui étaient d’extraordi-naires instruments de Dieu, étaient dans le même tempspourvus de facultés exceptionnelles leur permettant defrapper les entendements tant par le verbe que par desactes prodigieux, et finalement de soumettre ainsi à laFoi n’importe quelle intelligence. Or ce dont nous, nousdébattons ici, c’est tout simplement d’un moyen ordi-naire de tirer les hommes de leur crasse ignorance, avecbien sûr l’aide de Dieu (sans qui rien n’est possible).Nous devons sans conteste reconnaître que ces extraor-dinaires instruments divins ont eu des résultats remar-quables, dans la mesure où ils se trouvaient chaque foismieux préparés à produire ces actes extraordinaires Mais nous ne pouvons pas non plus négliger la manièredont Dieu Lui-même a distingué ces êtres d’exceptionen leur conférant des dons surnaturels, et surtout enchoisissant ceux qui avaient déjà bien exercé leurs senset leur entendement à l’encontre des choses d’ici bas.Nous en trouvons confirmation avec Moïse:«Instruisez le de toute la Sagesse de l’Egypte avant qu’ilne soit appelé par Dieu, Lui le Puissant dans ses paroleset dans ses œuvres» .(Act 7/22 ?), mais encore auprèsdu prophète Daniel, de Salomon et de Paul, comme cheztout ceux qui annoncèrent initialement l’avènement deChrist, et puis enfin chez ceux qui les ont relayés danscette tâche. Parce que la divine Sagesse ne répugne pasà procéder par étapes successives, elle veut bien édifiersur les fondements de son propre ouvrage, des réalisa-tions nouvelles; elle veut bien sur la base d’une utilisa-tion parfaite et achevée de ses dons terrestres, édifier lechapiteau de ses dons d’une nature supérieure. ( Mar. 4/21,25). Et en fait il plut à Dieu de débuter le Livre de sesrévélations par la Physique ( i.e. la description du

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Monde et de la Création), et à la suite de quoi, au fur età mesure d’y placer ici et là, les Sciences Naturelles, lesSciences Techniques, les Mathématiques ( pour la quan-tification et les mesures de poids et de taille). Or, à quoibon une telle volonté si ces disciplines n’avaient pas lafaculté de préparer les consciences à mieux saisir lesmystères de l’Esprit? Ce n’est donc pas sans raisonqu’Augustin rappelle à l’ordre quiconque ne sachantrien des nombres et des sciences, essaierait cependant,de pénétrer les divins mystères. Or Cyrille ne dit-il pasque la Philosophie aurait été donnée aux peuples tel uncatéchisme pour accéder à la Foi? ( liber I, contraJulianum). Et Clément d’ajouter: « Telle la Loi auxJuifs pour les guider vers la Foi en Christ, la Philosophiefut donnée aux Nations comme Pédagogue».stromat.Lib. I cap.III) . Tandis que Huartus ( in ScrutineIngeniorum) : « Ils s’exposent à une grande erreur tousceux qui estiment que les Sciences Surnaturelles nerequièrent pas une disposition préalable du sujet quivoudrait s’en pénétrer».

13 - Toujours dans le même propos, il serait bon deremarquer que si on veut parvenir à une nouvelle clar-té il serait bienvenu d’établir une Philosophie nouvelleafin de rendre caduque l’antique philosophie hellénisan-te : en effet cette philosophie d’inspiration grecque,mutilée de tant de façons, confuse et décalée, mais pour-tant toujours active et péremptoire, est responsable debiens des dommages à l’égard du Christianisme: à l’i-mage de ces Israëlites qui pour effiler le soc des char-rues, les houes, et redonner du tranchant à leur bêche ouà leur cognée, étaient contraints de descendre chez lesPhilistins ; mais comme dans nos foyers il y a à la fois,et les glaives et les outils domestiques, rien ne manque-

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ra au jour du combat

14 - J’ai également dit que devait être clairement ensei-gné, sans la moindre part d’obscurité, tout ce qui avaittrait aux notions de Bien et de Mal. Or ce qui suit pour-rait à première vue paraître surprenant et même absurde.Et voilà comment je justifierai cela: la connaissanceest bonne en toute chose; et même quand elle s’ap-plique à l’étude du Mal, la connaissance reste non seu-lement utile mais indispensable( il est certain que Dieuet ses Anges ont la connaissance des choses mauvaiseset pourtant Ils ne participent point du mal). La connais-sance des choses justes et bonnes est bien entendu,nécessaire, afin que l’on puisse les désirer, les recher-cher, les chérir, et y veiller avec sollicitude ( commentles désirer si ardemment en effet lorsqu’on les ignore?);mais complémentairement il est nécessaire de savoir cequi est mauvais pour pouvoir prendre cela en aversionet le fuir. Or il est clair que si nous devons suivre le Bienet nous détourner du Mal, il est indispensable de faireavec la plus grande netteté, le départ entre les deux; orcomment parvenir à un tel discernement, sans uneconnaissance rigoureuse préalable de ces deux notions?Si le Diable dans le Paradis a réussi à duper l’hommec’est qu’il lui a présenté seulement les choses bonnes endissimulant les choses mauvaises [sic : cachés lespépins !] ainsi donc pour ne plus être trompé plus long-temps il convient de débarrasser les biens frelatés deleurs fallacieuses apparences, afin que le Mal dépouilléde toute fioriture nous apparaisse tel qu’en lui-même:et c’est alors qu’il perdra tout pouvoir de séduction et detromperie, mais qu’il gagnera, au rebours la propriété denous effrayer et de nous prévenir des risques encourusde déchéance. Or assurément, rien n’a été à ce jour plus

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insidieusement préjudiciable à l’homme que cette ten-dance à ignorer les malignités ici et là dissimulées:comme les gens ne peuvent y prendre garde ils en sontles proies. Et c’est la principale raison pour laquelle leDiable cherche constamment à ce que les hommes nedistinguent pas le Bien du Mal, qu’ils prennent le bienpour le mal, le mal pour le bien et donc qu’ils suppor-tent volontiers les liens de l’ignorance. Dieu, en revan-che présente toujours les bonnes et les mauvaises cho-ses : Il ordonne de choisir les bonnes et promet dessujets de récompense, mais il nous interdit de nous tour-ner vers les mauvaises, nous prévenant du châtimentsubséquent. C’est pourquoi une pleine et véritable imi-tation de la divine Sagesse consistera, d’une part àconnaître le Bien et à le mettre en pratique, et d’autrepart, à connaître le mal et à l’éviter. Il est certain qued’autant mieux nous discernerons chacun de ces deuxprincipes, mieux nous adopterons le comportementrespectivement adéquat. Mieux nous connaissons lebien, plus nous le chérissons d’un amour éclairé; etplus assurés nous serons à mettre à jour la malignité,plus attentifs nous serons à nous en préserver. Il est unfait que l’homme par nature, n’a pas pour habitude d’at-tirer sur lui le châtiment ( même si il n’est pas perverti).Il peut donc arriver qu’une personne, trop pressée par ledésir d’obtenir quelque bien présentant tous les aspectsextérieurs de l’authenticité, peut ne pas se rendre comp-te qu’un élément réellement mauvais s’y dissimule; or,soit que personne ne remarque la faute, soit que la puni-tion subséquente tarde à venir, cette personne précisé-ment, caresse l’espoir d’y échapper et par le fait se leur-re elle-même. ( Eccl? 10/11). Fort de cette remarque deSalomon et pour éviter que notre conscience en vienneà se piéger bêtement toute seule, il est bon d’adopter

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vis-à-vis des choses réellement mauvaises ce constat: àsavoir qu’il n’existe nul endroit préservé où nous pour-rions nous abriter de ce qui doit en toute certitude arri-ver, et où nous n’aurions plus à craindre le désastreinévitable, consécutif à la pratique du Mal. Pour conclu-re disons que l’ignorance est en soi le Mal, c’est à direles Ténèbres; alors que la connaissance, même quandil s’agit de la connaissance du mal, participe du Bien,c’est à dire de la Clarté. Ajoutons encore que parfois, dufait de notre caractère perverti, il soit préférable d’igno-rer volontairement certaines choses particulièrementintimes ou répugnantes; en ce cas le bien résidera dansle fait même de les avoir volontairement cachées.

15 - Pour terminer j’avais encore parlé de la nécessitéqu’il y a à enseigner aussi bien les Généralités que lesSpécialités des choses, et j’ajouterai: même lesSpécialités les plus intimes . Parce que c’est effective-ment dans l’étude de ses propriétés particulières ( et nonparmi ses caractères généraux), que réside la véritableconnaissance de la Nature. De plus on peut dire que laqualité des résultats dépend directement de l’ampleur etde la qualité de la science des spécificités propres, dansla mesure où elle répond pleinement aux critères[d’Autopsie ], c'est-à-dire l’examen direct, et le rejet detoute opinion préconçue. Toutefois comme ces proprié-tés particulières sont isolées et séparées les unes des aut-res, il sera nécessaire de les classer et de les regrouperen ensembles communs.

16 - Voilà donc ce que l’on peut dire sur Toutes les cho-ses qui doivent s’enseigner et s’étudier sous la LumièreUniverselle. Evidemment quand nous nous efforçons depersuader chacun d’entre nous à participer à l’avène-

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ment de l’ultime Lumière, notre intention n’est pas d’a-mener tous les Artisans, les Paysans, les femmes à seconsacrer à plein temps à l’etude des livres: ce quenous souhaitons c’est qu’aucune catégorie de gens nesoit écartée de l’entreprise que nous menons, car elle estnécessairement l’affaire de tous. Ce que nous souhai-tons avant tout, c’est que aucun d’entre nous ne puissesottement ignorer ce qu’il est, lui-même , et aussi ce quesont les Créatures, et enfin Dieu. Et puis, au-delà decette connaissance, que chacun soit instruit de saVocation Propre; ainsi, par exemple, que celui qui estle mieux placé pour conduire et diriger sache effective-ment diriger, et que ceux qui sont sur un niveau subor-donné, sachent obéir et se laisser diriger. En tant qu’-homme chacun se doit d’être instruit des choses humai-nes, en tant qu’Image de Dieu des choses divines et entant que candidat à l’éternité des choses éternelles.Sinon autant naître bête ou animal: en effet comme leschoses naturelles se corrompent d’elles même, notreentreprise pourrait bien se retrouver plus dégradée quece que, grâce à elle, nous tentons de restaurer. Et dans lecas où nous n’entreprendrions pas, Tous, de mener àbien ce pourquoi nous avons été placé ici bas, il se pour-rait que l’Ecole du Monde ne parvienne plus jamais àréintégrer l’ordre prévu par l’intention divine. Or quepouvons-nous entreprendre, nous, qui sommes sanscesse relégués dans nos propres ténèbres, si ceux quisavent reconnaître une présente opportunité de percerles ténèbres, ne nous la désignent point. Mais voilà quenous commençons, selon la manière montrée par Dieu àporter nos regards au loin. Et nous avons l’intention‘aborder cette tâche avec bien plus de soin que n’eneurent ces Philosophes grecs qu’Origène prend à parti(Lib.6 Contra Celsius), où il compare ces arrogants à

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quelques médecins qui, faisant fi du petit peuple, ne soi-gneraient seulement que les personnages les plus fortu-nés : mais en va-t-il autrement à notre époque quandcertains réservent le fruit de leurs travaux à un parti oubien à quelques personnages( soit par corporatisme, soitpour leur bénéfice personnel, soit le cas échéant pourplaire à quelqu’un) ? Quant à nous, puisse une humblecharité nous pousser à vouloir le bien commun: à l’ins-tar de Christ et de ses apôtres, et selon les conseils dusage Séracide, «Aquoi bon un trésor caché et une sages-se secrète»(Eccl. 20 /31). Et telle est la règle chris-tique : « que nul n’allume une lampe pour la mettresous le boisseau, mais qu’on la mette sur le chandelierafin qu’elle éclaire Tous ceux qui sont dans la demeu-re».

17 - Bien sûr nous n’ignorons pas que certains sedemandent ceux qu’il adviendrait, le cas échéant, sil’instruction devenait affaire de Tous. A les en croire,une fois l’érudition galvaudée, et les érudits dévalori-sés, s’ensuivrait une situation confuse où n’importequi se permettrait d’enseigner autrui sur n’importequoi, porterait jugement, qui sur la Religion, qui sur laPolitique, tout cela débouchant évidemment sur une for-midable foire d’empoigne. En réponse nous nouscontenterons donc de faire remarquer combien il estmalheureux que la tranquillité d’une religion, ou que lapaisible marche des affaires d’un Etat, soient subordon-nées à l’ignorance et à la dissimulation. Une Politiquevraie, une authentique Religion, celles dont nous préco-nisons l’usage dans l’intérêt du Monde entier, sontcomme autant de phénomènes Lumineux; Et la sûretranquillité qui en découle nous l’accueillons non pasdes ténèbres mais de la Lumière. Et lorsque nous sou-

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haitons que tous soient instruits de ces choses ( ce quinous le répétons ne nécessite nul Génie particulier, nulstatut social privilégié, nulle contrainte d’aucune sorte),nous n’envisageons pas de fomenter le désordre maissimplement de faire connaître à chacun ce qui convientau Salut.( 2 Tim. 3/15). Or ce genre de connaissance quirequiert moins de préparation et de bagages universitai-res que la docte Erudition, ne devrait en conséquencepas soulever la moindre jalousie, à l’exception, peutêtre, de la part de quelque esprit pervers, capable dejalouser jusqu’à Dieu en sa propre gloire, et aussi saCréature raisonnable, pour son association bienheureu-se avec son Créateur. Mais une malignité telle, propresaux Ames damnées , ne doit pas se trouver dans un cœurhumain.

18 - Quand nous aspirons à être les Prophètes de l’en-semble du Peuple de Jehovah (autrement dit quand nousaspirons à lui faire entendre clairement la volonté mani-festée de Dieu ), nous souhaitons en fait trois choses : 1°que Son peuple regarde résolument en direction duSalut commun; et si certains devaient malgré toutpérir, que ce soit de leur fait et non du nôtre; 2° que lePeuple veille par lui-même sur la Paix et sur la tran-quillité publique ; ce qui suppose que chacun se confor-me en toute intelligence à sa vocation divine, et se tien-ne, débonnaire, à la place qui lui revient. Comprenonsque le Salut de chacun (et donc précisément le sien)dépend nécessairement du Salut de tous; or l’intégritédu salut commun ne peut être conservée qu’à la condi-tion que chacun veille lui même sur son propre état,ferme sur ses positions, et sans jamais spolier autrui enquoi que ce soit. Et 3° Nous voulons que la Lumière

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résolument Universelle, qui, grâce à l’avènement del’instruction commune se trouve garantie pour les tempsprésents, puisse également être préservée, puis transmi-se dans son intégrité, à ceux qui après nous viendrons;car, dans l’hypothèse où la minuscule mais indispensa-ble fraction du petit peuple, ne percevrait pas la voie dusalut et le bon ordonnancement des choses, qui doncenseignerait ses enfants? Qui les surveillera? En outrequand les Doctes érudits affichent leur mépris du petitpeuple (plebs), ils contrarient fortement le rôle qu’il a.Et à cela, le remède le mieux adapté que l’on puisseprescrire, c’est l’accès du petit peuple à toutes lesconnaissances actuelles. Par conséquent que l’hommedu peuple, dorénavant, ne soit plus béat d’admiration etd’étonnement devant les doctes personnes, parce qu’ilne les comprend pas. Mais bien plutôt, en élevant lesyeux, qu’il pressente quelque chose, et il considèreraalors chez ces gens instruits la flamme d’une bellelumière dont il apercevra en lui quelque étincelle et ils’en délectera. Nous ne nierons pas, évidemment, l’é-norme différence, qui subsistera entre un enseignementpopulaire et un enseignement systématiquement conçu:Dieu Lui-même l’a signifié quand il a voulu que la clar-té de la Lune soit, certes, telle la clarté du Soleil, maisde sorte que la Lumière solaire soit sept fois plus gran-de que la clarté de la Lune.

19 - La troisième intention de la Lumière Universelleest d’enseigner les choses en leur absolue Totalité, c’està dire d’une manière qui n’est plus perfectible; on endéduit que ce qui est enseigné sur un mode non plus per-fectible ne peut être autrement compris, à son tour, qued’une manière absolument parfaite. Par suite n’importequel disciple en cette Ecole, est à même de déclarer à

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ses Maîtres, en tout point de sa progression, à l’instardes Samaritains au Prédicateur de leur Assemblée:« désormais nous ne croyons plus à cause de tes dis-cours, mais parce que nous avons reconnu par nous-mêmes ce que tu dis, et nous le savons». Pourquoi eneffet vouloir que les élèves de l’école du Monde restenttoujours des élèves? Augustin distingue parmi les élè-ves sots, ceux qui s’attachent plus à l’étude qu’à laconnaissance, ceux qui ont plus de plaisir à disputerqu’à convaincre, et ceux qui préfèrent le plaisir de latable au sentiment de satiété ( autrement dit qui, se dés-intéressant de la fin, cultivent les moyens pour eux-mêmes). Ainsi, on s’affaire dans le seul but de s’affairer.Et donc, si notre intention, après la restauration del’Ecole du Monde, est bien la connaissance, pour nous,et pourquoi pas cette fois pour le Monde entier avecnous, nous devons apprendre aux hommes à étudier nonpour étudier, mais pour parvenir au savoir; non passavoir pour savoir mais pour agir pratiquement; et nonpas agir pour agir, mais pour arriver enfin à cela versquoi tend chacune de nos actions, c’est à dire au reposet au parfait bonheur.

20 - Et on y parviendra dans la mesure où on enseigne-ra en Premier lieu les choses de Première importance;Et cela dans la perspective de l’observation directe, sansintermédiaire, [autopsia ], tout en s’appuyant sur unemise en pratique permanente et personnelle. Autrementdit, il s’agit de graduellement s’élever en partant desnotions les plus immédiates à la base de notre existence,pour arriver aux ultimes choses les plus hautes, en pas-sant par diverses étapes intermédiaires. Ainsi, au fur àmesure, toutes ces choses observées ne laisseront pas dedevenir de plus en plus évidentes, puisqu’elles découle-

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ront tout naturellement les unes des autres; tandis que,au cours du temps, elles s’affirmeront, en se corroborantmutuellement. Donc, exposer d’abord les choses capi-tales, sans se laisser retarder par des éléments de moin-dre nécessité, tout en ménageant plus de place pour lessujets majeurs; léger sur des sujets faciles, on s’appe-santira sur les thèmes difficiles ; mais, au cours de l’en-seignement on ne perdra jamais de vue les buts princi-paux initialement fixés. Ensuite, le concept d’“Autopsia » requiert de nous que nous inculquions auxhommes le bagage nécessaire à l’apprentissage sansfaire usage d’autorité ( autorité de la personnalité ou dudiscours ); en effet la Connaissance est un principelibre qui se coule sans heurt dans des consciences libres.C’est donc pourquoi, dans la mesure de nos possibilités,nous présentons ces éléments de savoir dans la seuleintention qu’ils soient perçus en eux-mêmes, sans l’aided’aucun intermédiaire que ce soit, afin que tout un cha-cun voie ce qu’il y a à voir, palpe ce qui est à palper, etapprenne ce qui est à savoir, vis-à-vis de chaque chose,telle qu’elle s’offre par elle-même. Il s’agit de connaît-re la chose telle qu’elle est en elle-même, et non selonce qu’on en rapporte. Car connaître à travers les consi-dérations et les estimations d’autrui ce n’est point savoirmais croire. Manger par la bouche d’autrui ce n’estpoint manger si ce n’est regarder manger les autres; jene saurai trouver du goût au gâteau que tu manges, ni auvin que toi, tu bois; non plus que l’aveugle ne discernele tableau que toi tu vois et lui décrit; et pour lesmêmes raisons comment connaitrais je ce que toi tu asvu, lu, expérimenté et su? Tout au plus pourrais je croi-re ce que tu me rapporte avoir vu, lu et expérimenté! Etle Monde jusqu’ici s’est contenté de cette connaissanceapproximative, qui dépend du crédit que l’on accorde à

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une docte autorité, et qui résulte moins de sa proprecompréhension que de celle d’autrui; cet état de fait nese maintient pas sans réticence de la part du Monde dontles réactions bien que désordonnées révèlent un ardentdésir de rompre l’enfermement. Et nous devons conve-nir qu’une bonne part de la tradition nous a été livrée surce mode secret et confus dès les tous premiers siècles.Mais voilà qu’un temps se présente où nous allons pou-voir nous élever des notions les plus rudimentaires à laScience parfaite, sans plus nous laisser porter par le flotcomme des enfants, ni ballotter, de ci de là, au gré dusouffle de la doctrine; Car à ce jour c’est en tantqu’ hommes adultes que nous allons apprendre etconnaître, et nul ne pourra nous convaincre, quant à cesavoir, de vanité, d’affectation, voire de malignité.

21 - Et quand finalement cela sera, définitivement lassésde tout ce qui fait autorité parmi les humains, nous fini-rons bien par suivre le seul docteur en matière de Vérité,l’Unique, le Suprême, celui qui se suffit à Lui-même :Alors nous puiserons notre science et notre Foi à lasource authentique et dénuée d’intermédiaire, dans lestablettes de la Nature, des Ecritures et du fonds commundes connaissances; et de plus nous y puiserons à l’aidede nos outils personnels c’est à dire de nos propres sens,de notre propre raison et de la foi qui est la notre. Il ensera ainsi fini de ces affirmations et témoignagespéremptoires par lesquels l’humanité a poussé le Mondevers des labyrinthes; et nous cesserons aussi de nousprésenter comme des guides pour aveugles ( ceux qui lesont déjà et ceux qui ne tarderont point à le devenir dansun tel contexte), imposant à autrui notre propre leçondes Livres de Dieu, alors même que de ceux-ci nousn’avons lu que quelque recopie incomplète des ouvra-

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ges autographes [autographos].Ils méritent bien d’êtreinduits en erreur ceux qui préfèrent suivre les hommesplutôt que Dieu, car il font confiance à l’ombre plutôtqu’à la réalité. Mais voilà venu le temps où le regard sedévoile en Christ; Christ par qui, selon l’esprit du Père,est, se fait, et nous est inspiré tout se qui peut se dire, sefaire, s’écrire ou se penser. Et dans la clarté de ce tempschacun pourra voir les voies et leurs issues, il verront laclarté divine et marcheront sur un chemin de Lumière .

22 - Nous nous efforçons avec quelque inquiétude de nerien associer à cette clarté, mais quand bien même nousy importerions des inventions ou des spéculations pure-ment humaines, cela contribuerait encore à accroître etfortifier cette lumière: considérons en effet que si cesactivités humaines participent de la vérité, elles contri-buent à renforcer la vérité commune; si , au contraireelles participent de l’erreur, une fois rapportées à cettelumière si pure, elles s’évanouissent, telles des ombresque la clarté déplace; ce qui, en avouant mensonge etvanité, est une autre manière d’attester la Vérité. Notredésir est le suivant: afin d’étayer de toutes parts cetteLumière Universelle, que nous soyons en mesure d’ap-porter également nos flambeaux de sagesse humaine,( car ces flambeaux sont à l’exclusion de toute autre ori-gine, issus des Luminaires de Dieu, source de tout acte,parole ou inspiration ), et, que leurs flammes, claires oufumeuses, cessant d’être plus longtemps dommagea-bles, deviennent à leur manière et selon leur possibilité,utiles à ceux qui vont dans la clarté divine.

23 - Nous ajouterons encore , afin de préciser un peu lapratique de «l’Autopsia » ou mode d’observationdirecte et personnelle, ce qui suit: en l’occurrence qu’il

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ne suffit point d’exercer sa perception sensible sur deschoses et phénomènes, mais qu’il est encore nécessaire,au prix d’une intense démarche d’observation et deréalisation , de parvenir à une infaillible certitude quantà l’objet étudié. Et cette insistance vise à ce que l’on nepuisse plus désormais considérer l’Ecole du Mondeautrement que comme un endroit tout entier enflamméde ce genre d’activité, où on pourrait finalement espérerl’avènement de la Panaugia ou éclat Universel [ cf capinfra]

Chapitre XV

Les quatre préalables à la LumièreUniverselle; à savoir : des Livres Universels,des Ecoles Universelles, un Collège Universel,

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une Langue Universelle.

1 - Après avoir établi les buts de la Pan Augia [ou l'Universel Eclat (de la Lumière) ], nous allons mainte-nant les assortir de moyens adaptés ; nous en dénom-brons quatre en tout et pour tout, à savoir : les Livresuniversels, les Ecoles universelles, un Collège universelde Sages, et une Langue universelle. La grande nou-veauté de ces moyens exige dès le début de leur mise enplace, une extrême vigilance.

2 - Les Livres universels ne font certes pas défaut et toutce qui doit être su se trouve contenu dans le triple Livre,du Monde, des Ecrits (sacrés), et du fonds commun desConnaissances ; nous ne manquons pas non plus d'Ecoleuniverselle, notamment celle à laquelle nul n'échappe, jeveux parler de celle de l'Existence ; Et nous avonsmême un Collège universel en l'armée [Ndt : agmen :troupe, colonne, phalange en marche ]des Anges et dessaints, lesquels partagent en une pieuse unanimité lagloire du Créateur ; seul fait défaut et manque à notrecommune entente , un Idiome universel. En vérité, ennotre ancien état d'innocence [N : innocent : qui ne peutnuire( au monde de secours , l'Eden), peut être aussi quine sait pas…….], nous disposions effectivement decette Langue ; d'ailleurs si nous nous étions maintenusdans cet état d'innocence, nous n'aurions aujourd'hui nulbesoin d'autres livres, écoles, assemblée collégiale, ouidiome. Mais voilà, nous nous sommes détournés de cetétat intègre, et nous errons maintenant sans fin dans lesdomaines de notre chute ; par conséquent un retour s'a-vère indispensable. Pour ce faire un regroupement uni-versel est nécessaire et ceux qui se chargent de ce ras-

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semblement ont besoin d'outils que nous allons caracté-riser ci après .

3 - Avec l'assistance de Dieu, les quatre outils que sontles nouveaux Livres, les nouvelles Ecoles, le nouveauCollège, la nouvelle Langue, chacun selon sa spécifici-té, peuvent être véritablement universels et communs àtous, et de surcroît appropriés pour guider tous les hom-mes vers les buts précités. Les livres que nous désironsseront des introductions permettant de comprendremieux et plus justement les Livres donnés par Dieu .Quant aux Ecoles nous les voulons pédagogiques, en cesens qu'elles prépareront à une école supérieure : l'Ecolede la vie elle-même. Il s'agit simplement d'amener cha-cun à se comporter en ce Monde comme en une Ecole ,et à y réaliser un maximum de progrès . Nous préconi-sons l'institution d'un Collège dont le seul propos serade constamment maintenir l'opportunité, pour touthomme en tout lieu et temps, de pouvoir rallier l'arméedes saints.[ Ecole spirituelle ? ]Enfin , la Langue uni-verselle facilitera activement une entente mutuelle àl'intérieur même de notre société mondaine et par le fait,contribuera à l'édification mutuelle de choses favorablespour le bénéfice de tous.

4 - Nous croyons fermement que l'on puisse atteindreces objectifs à partir des moyens énoncés. Une fois queles Livres universels auront été composés, et parcequ'ils contiennent tout le savoir véritable et nécessairedans un style bref et clair, celui qui les lit et comprendne pourra plus rien ignorer de ce qui lui est nécessaire .Et les Ecoles, dans la mesure où elles auront vraimentun caractère universel, garantiront que ces Livres soienteffectivement lus et compris par tous. C'est bien sûr

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dans ce genre d'écoles qu'on instruira sans aucunecontrainte la jeunesse : de petits ouvrages préliminai-res, sous forme de petits livres convenant mieux à desenfants, les disposeront peu à peu à lire et à mieux com-prendre les œuvres majeures. Or que de telles Ecolessoient établies dans toutes les nations, seul peut legarantir ce Collège d'hommes bons et instruits qui col-laborent à cet effet et qui, en nombre sans cesse crois-sant, se répandent d'une nation à l'autre. Et que ces hom-mes Sages quelle que soit leur ethnie et leur langue puis-sent communiquer et commercer entre eux, c'est celaque rendra possible de réaliser cette Langue commune.

5 - Actuellement nous disposons d'une diversité deLivres aux ingrédients hétéroclites, aux arguments sou-vent contradictoires, et qui n'affichent entre eux aucunlien commun ; qui plus est, et en bien des façons, ils seprésentent à nous tronqués ou défectueux. D'autre partces ouvrages sont généralement soustraits au commundes mortels, pour un usage plus réservé, soit particuliersoit sectaire. C'est pourquoi aujourd'hui, on doit penserdes livres aisément accessibles, qui, dans le strictrespect de la vérité la plus haute, exposent pleinementce qu'il est nécessaire de savoir et dont l'indubitableUniversalisme décourage radicalement tout comporte-ment sectaire.

6 - De la même manière nous disposons bien dequelques Ecoles sises ici ou là, mais l'enseignement quel'on y prodigue ne représente guère qu'une infime partde l'apprentissage pour lequel nous sommes venus à lavie : Or, pendant ce temps la foule des hommes qui n'ac-cède pas à ces rares écoles, est maintenue au rang d'untroupeau de bêtes de somme produisant la nourriture et

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charriant les fardeaux. Mais là, quand chacun auraacquis l'aptitude d'instruire quiconque sur quelque sujetque ce soit, quand cet art d'enseigner sera solidement etdurablement implanté, alors, partout où il y aura deshommes, il y aura aussi des écoles ,afin que nul ne puis-se être laissé en friche.

7 - Jusqu'ici on avait fondé divers Collèges, sociétés ouSodalités, ouvertes ou secrètes, tant dans les domainesde la Philosophie que dans ceux de la Théologie : onavait été jusqu'à y enregistrer quelques avancées auprèsdes mouvements religieux et des courants philoso-phiques, mais ces résultats ne dépassèrent jamais, lecadre associatif . [Ndt : rappel : Philosophie : scienceshumaines et sciences physiques ( sciences naturelles ausens large) . se souvenir( cf introduction) de la décep-tion de l'auteur après l'inflexion matérialiste de laRoyal Society de Londres] Or voilà, l'entreprise quenous menons à ce jour est toute autre, elle estUniverselle ( voici venu le temps où ce qui se trouvedisséminé se doit d'être collecté et où les sommes doi-vent être réunies en sommes des sommes comme nousl'avons précédemment vu ) ; c'est un Collège Catholique(Universel) que nous devons maintenant ériger entretous les Erudits du Globe. [Ndt : jusque là Comeniusutilise le mot latin universalis, il utilise maintenant legrec Katholikè : exactement même sens en français,mais dans le contexte s'ajoute la notion importanted'institution universelle ; universalis : concept abstraitphilosophique puis concret par application socialeet/ou religieuse universelle. Concret : communauté d'â-mes, puis abstrait : fraternité spirituelle ] Avec leuractive et bienveillante collaboration , tout ce que Dieude tout temps et à ce jour a révélé, tout ce qu'Il révèlera

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plus tard, pour la promotion de la Lumière et de laVérité, tout cela peut devenir le bien commun del'Humanité ; et nul coin de la Terre, nulle nation, nulleethnie, nul être humain quelque soit son rang et son sta-tut, ne seront oubliés.

8 - Nous avons enfin à notre disposition un assortimentd'Idiomes qui furent et restent le plus sûr moyen de per-pétuer la confusion où nous sommes et même de l'ac-croître indéfiniment. A la suite de la punition destinée àchâtier sa présomption, l'humanité entière devint uneBâbylon [ ou Bâbel ]. Et depuis nous nous trouvons plusisolés les uns des autres que ne le sont des animauxdépourvus de parole : Car les bêtes au moins, quandc'est nécessaire, peuvent se comprendre entre elles parquelques gestuelle appropriée. Alors que l'hommeconfronté à un congénère dont la langue lui est étrangè-re se trouve complètement désemparé. C'est ce qui apermis à Augustin d'affirmer : " pas un seul d'entre nousqui ne préférerait pas converser avec son chien plutôtqu'avec un individu dont il ignore la langue ". De par leMonde la diversité des idiomes n'a d'égale que la diver-sité des Peuples (dont, au demeurant, nous ignorons lenombre). Or, de toute évidence, tant que la barrière deslangues ne sera pas repoussée, l'approche de la majeurepartie des ethnies restera impossible. Cette constatationnous amène, une fois de plus, à supputer et avancer desidées sur l'institution d'une langue Unique qui seraitcommune à tous les individus. [ Ndt : cf intéressant petitlivre d’Umbrto Eco, " la recherche de la langue parfai-te dans la culture. Européenne ". Comenius y est briève-ment cité] Et si par chance, on y arrivait, et si on parve-nait à la faire passer dans les mœurs, ( de la mêmemanière que les trois outils universels précédents ), nous

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obtiendrions ce que nous souhaitons, sous l'aspect d'uneVoie claire et ouverte, sur laquelle chacun apprendraittout ce qui lui est nécessaire [de connaître].

9 - Ces quatre instruments que nous qualifions deCatholiques [parce qu'ils participent d'un OrdreUniversel ], ont vocation à propager la lumière de lacompréhension à travers tous les domaines del'Intelligence humaine. Ils peuvent donc également tirerleur désignation spécifique de cette Lumière ; et, il n'estdonc pas aberrant de les nommer aussi Livre de lalumière, Ecole de la lumière, Collège de la lumière etLangue de la lumière. En effet , les livres universels sontils autre chose que des Lampes qui appelleraient leregard sur l'illustre clarté universelle ? Et les écoles uni-verselles sont elles autres que ces Candélabres suspen-dus à travers la maison du monde où les Lampes brûlentà l'usage de tous ? Quant aux érudits dont nous avonsdécrit le commerce universel, sont ils vraiment autresque ces Serviteurs de la Lumière, dont la charge éviden-te est l'accrochage des Candélabres, l'approvisionne-ment des Lampes en huile, et l'entretien de la clarté dela flamme ? Et pour finir, l'Idiome universel représente-t-il autre chose que le combustible nécessaire à laLumière ( telle une huile parfaitement pure ) ? Tel uncollyre appliqué sur le regard de l'intelligence et quiaurait l'extraordinaire vertu d'affiner l'acuité des cons-ciences, pour mieux mettre à jour le contenu et la raisondes choses.

10 - Et s'il nous plaisait de faire allusion aux traditionssacrées, on pourrait rappeler cet épisode dramatique autemps de Salomon (Prov. 9/1 & sqq). La Sagesse, aprèsavoir bâti sa demeure, sacrifié ses Bêtes Grasses, mêlé

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son Vin [vin +eau] et dressé les Tables, dépêchant sesservantes, par groupes, sur les hauteurs de la Ville ( c’està dire du Monde)pour lancer l'invitation [Ndt : plus enaccord avec la syntaxe cette lecture : à travers les col-lèges et les hauts lieux de la ville (ambiguité aussi enlatin), mais peu compatible avec la suite….], afin queles gens simples et même dépourvus de raison puissentmanger et boire tout leur soûl. Les différents mets icipréparés en vue du banquet symbolisent le champ de laconnaissance, ordonnée et répartie par Ouvrages etrépandue comme un vin aux plaisirs nuancés, sur destables dressées comme autant d'écoles. Et les servantesqui invitent au festin sacré du Savoir, représentent lescollèges qui d'un cœur pur et virginal appellent tous leshommes aux noces sacrées avec la Sagesse promise.Enfin cette langue nouvelle aisément intelligible partous, ne manquera pas d'apporter tout un lot de formulesd'Invitation nouvelles et efficaces. Il est temps maintenant d'examiner plus en détail laméthode qui permettra de mettre chacun de ces outilsen place .

Chapitre XVIContenu et organisation des Livres Universels

1 - Nous désirons que ces Livres se présentent comme

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de véridiques et très ordonnées Encyclopédies de l'en-semble des choses à connaître. Par conséquent cesouvrages devront posséder ces trois qualités, à savoirqu'ils se doivent d'être : Complets - Organisés -Véridiques. Complets, selon que tout ce qui contribue àune bonne approche des choses temporelles ou éternel-les y sera contenu intégralement, c’est à dire sans préju-diciable amputation. Ordonnés, selon que l'ensemble sedéroulera de façon cohérente du début à la fin, au gré detoutes les étapes intermédiaires, sans hiatus. Véridiques enfin, selon que chaque chose est décritetelle qu'elle est, telle qu'elle fut faite et telle qu'elle seproduit, sans plus d'associations fallacieuses et vaines.

2 - Le contenu, la destination , et l'usage des ouvrages,tels que nous venons de les qualifier, peuvent s'appré-cier sur trois niveaux de réflexion ; en conséquence ilsera nécessaire de composer trois livres différents. Touten ne perdant pas de vue que par la vertu réunificatricede la connaissance , cette diversité de l'enseignementdoit concourir nécessairement à l'éveil d'une Seule etUniverselle Clarté de la Compréhension. On peut main-tenant illustrer ces trois niveaux de réflexion par troiséléments caractéristique d'un arbre ou d'une rivière :

a) Se tournant vers la partie qui correspond à laracine, ou à la source, on fera alors porter sa réflexionsur l'Universalité des Choses [ Ndt : Unité de Sens de laCréation ( contenu, but, usage, de la Nature dans sonrôle de guide et de substrat d'expérimentation pour lanouvelle incarnation)]en tant qu'elle se pense et seconnaît en pérenne et intime harmonie, libre de toutealiénation, et fermement établie par ses liens avec l'ord-re et la vérité, conformément aux idées générales [quisous tendent la création ][Ndt : phrase très imprécise

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en latin, nécessitant force explicitation et donc interpré-tation ( idées, schémas généraux, sans s'opposer vien-nent en face d’idées particulières) cf infra et ChapitreXIV sur le sel …].

b) Si on considère plutôt les rameaux, les coursd'eau, la réflexion porte alors sur tout ce qui circule et serépand , au fil d'évènements particuliers , et qui confor-mément à un plan [des idées ]donné va et vient dans leflux du Monde .

c) Enfin on peut se tenir sur des flots erratiquesou bien à l'ombre trompeuse des apparences, et ne plusconsidérer alors que les pensées et les témoignages d'au-trui, c’est à dire ce que d'aucuns, ici et là, ont pour euxmême vu, observé et perçu et dont ils ont fait part aumonde. [ Ndt : on retrouve : a- Théologie, b-Philo/sciences, c- dogmes.]

3 - Les hommes qui approchent la connaissance de lapremière manière deviennent des Sages ; par la secon-de des Scientifiques ; et, par la troisième, des Erudits.Le propre du Sage c'est effectivement de posséder unesolide connaissance des Formes générales des chosesou , ce qui revient au même, des Idées [ Ndt :1)Acception aristotèlicienne : Forme = eidos ( idée ;indépendant de la matière et en ce cas la matière sert laForme). 2) Acception moderne de forme : morphè ( ence cas la forme résulte de la disposition de la matièreelle est accident, une des innombrables facettes maté-rielles de la Forme/Essence : c'est le sens moderne etvulgaire/ On pourrait aussi comprendre que la formematérielle des choses porte en soi un signe universel del'Idée fondatrice/]. Et ainsi [grâce à cette claire vision ]des idées générales [ ndt : qui sont à la base de la mani-festation de la forme des choses( si choix d'acception

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moderne de la forme matérielle.], ces hommes sagesseront en mesure de juger de toutes les particularitésindividuelles . Ce qui caractérise le Scientifique c'est debien connaître les choses dans leur détail particulier à lasuite d'une expérimentation serrée. Enfin l'Erudit tireprincipalement son savoir de la tradition : il y puise tan-tôt des sujets d'intérêt général, tantôt des thèmes plusspécifiques, dans l'état précis où il les trouve décrits, pardes Auteurs référents.

4 - Et tout ce qui est susceptible de s'apprendre peut serapporter à une de ces trois catégories, à telle enseigneque l'on doit concrètement établir trois Livres distincts:

On nommera le premier d'entre eux, Pansophie :il comportera la part vitale, le cœur de l'éternelle vérité,c’est à dire [la notion de ] l'état fondamental en lequeltoutes choses se trouvent dans les idées ( soit comment,à partir d'un unique principe, ordonnées selon une règleunique, toutes choses vont et viennent jusqu'à un étatdurable, unique, éternel).

On appellera le second, Panhistoria, il dévelop-pera et expliquera toute les diverses particularités quiaffectent les choses ( selon ce que nous en savons à cejour) c’est à dire tous les évenements , les phénomènes,selon leur manifestations particulières, leur activité spé-cifique, les circonstances et les conditions propres à leurintervention, des origines à nos jours.[ N : Il est évidentque historia ne concerne pas l'histoire , disciplinemoderne mais toute la Philosopia naturalis].

Le troisième, qui portera le nom dePandogmatia, recensera des opinions diverses vraies oufausses, sur des sujets variés, qui sont apparues ici et là,puis se sont éditées sans qu'on sache trop comment.

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5 - C'est ainsi que la Pansophia rassemblera tout ce quiest nécessaire à quiconque désire pénétrer sans détour lanature des choses : alors, dans la mesure où lesHommes, grâce à une claire lumière, percevront le butde Toutes Choses ainsi que les moyens pratiques etinfaillibles de le réaliser, ils organiseront toute leur vieautour de ce grand but et, sans faiblir, ils s'avancerontsur des voies bienveillantes et sures ; autrement dit, carc'est bien ainsi qu'on doit l'entendre, ils avanceront dansla compréhension .

6 - Quoique sur un mode différent et moins direct, laPanHistoria nous transmet cependant des élémentsnécessaires [à la compréhension ]. Car effectivement lefait de connaître les tenants et les aboutissants spéci-fiques à chacune des choses (grâce, en particulier auxsciences Naturelles ou pratiques, à [l'observation ] desmœurs privés et publics, et [l'étude] des chosesSpirituelles ), contribue notablement à consolider,accroître et mettre en lumière la Sagesse Universelle.

7 - Quant à la PanDogmatia, plus utilitaire qu'indispen-sable, elle sera tout d'abord avantageuse pour ceux quidésireront acquérir une Erudition complète, et quidisposeront à cet effet de suffisamment de loisir. [ Unexemple imagé fera mieux sentir quel peut être sonrôle]. Dans le cas où un individu est pressé de se rendreen quelque endroit, il lui suffit pour ce faire de savoir lechemin direct qui y conduit ; qu'importe par ailleurs s'ilméconnaît les bifurcations et les détours qui s'en écar-tent. Supposons, maintenant, que ce Voyageur soitinformé de ces ramifications et de ces détours, eh biennon seulement ce savoir ne nuirait en rien à son trajet,mais de surcroît il le garantirait contre d'éventuels erre-

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ments et le conforterait dans la certitude d'être en bonnevoie ! Et donc, selon l'analogie ci-dessus, celui qui en vertud'une exacte connaissance du but de la vie et desmoyens fournis pour y parvenir, se hâte vers un bonheurparfait, celui là peut fort bien se suffire de ce viatique etignorer les errances et les égarements d'autrui ; Quant ànous, toutefois, si nous connaissons bien les erreurscommises par les autres, notre relation à la Vérité n'ensera que plus sereine et mieux assurée. Conséquemmentet pour généraliser, nous pensons que pour conforter laVérité dans son aspect Universel, nous ne devons négli-ger aucune des règles, aucun des préceptes, que se plu-rent à élaborer toutes les Ethnies, les Religions, lesPhilosophies, en quelque école, et en quelque écrit quece soit. En l'occurrence, soit une de ces institutions nousapportent quelque élément de Vérité, et alors, grâce à luinous en sommes renforcés ; soit elle nous livrent unfaux semblant mensonger, et alors, inévitablement lemal fondé de cette institution est dévoilé. Précisonsenfin ce que, là, dans la Pandogmatia, nous aurons toutlieu d'observer : d'abord, quelle que soit l'époque et songénie propre, nous y verrons la lutte entre la Lumière etles Ténèbres ; ensuite, nous y découvrirons la stérilitédes pensées humaines, chaque fois que les penseurs,incapables de s'en tenir à la réalité des choses s'aban-donnèrent à la vaine spéculation .

8 - En résumé : La PanSophia se présente comme unenchaînement ininterrompu de lois régissant toutes leschoses. La PanHistoria dresse une liste de faits exem-plaires et de preuves particulières qu'elle a tenté de com-prendre après les avoir suffisamment expérimentés. La Pandogmatia se présente comme autant de juge-

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ments restrictifs, ou au mieux de commentaires variés etsurajoutés aux Textes qui traitent de la Vérité.Quoiqu'il en soit nous devons parler plus en détail dechacune d'entre elle.

PANSOPHIA9 - Ce livre ne sera rien d'autre qu'une reproductionméthodique et ordonnée des Livres donnés par Dieu, àsavoir le livre de la Nature, celui des Ecritures, et celuides Notions connaturelles avec l'Âme : à telle enseigneque celui qui lira et comprendra un tel ouvrage, lira etcomprendra du même coup : Soi-même, la Nature, etDieu. C'est pourquoi ce Livre sera :

a) d'une suprême universalité ; tout ce que l'êtrehumain est appelé à savoir, à croire, à faire, à attendre,au bénéfice de cette vie et de celle à venir, sera étalé auregard de l'ensemble des hommes.

b) d'une indéfectible fidélité à sa ligne deconduite ; sans un regard pour la chose figée par l'usa-ge, se fondant seulement sur la Réalité présente, afinque l'Entendement établisse le lien entre les chosesselon la même Harmonie qui les lie spontanément entreelles.

c) d'une organisation parfaite ; c'est-à-dire qu' àpartir de principes universellement admis et posés unefois pour toutes, les choses devront être amenées de tellesorte qu'elles fluent sans solution de continuité, sansqu'aucune ne puisse être révoquée en doute ou pure-ment rejetée, mais que chacune soit agrée librement etavec joie en tant que Vérité commune à tous . Et l'ou-vrage en son entier sera donc établi sur la base de prin-cipes naturellement clairs et des conséquences inélucta-bles qui en découleront ; imaginons une trame d'idéesnotoirement éprouvées et admises par l'ensemble de

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l'humanité parmi laquelle viendrait se tisser une chaînede délibérations éclairées [ Ndt : pour conserver l'ima-ge de tisserand fournie par l'auteur, autrement dit, " uncorpus d'idées reconnues, approuvées par l'ensemble del'humanité, et assorti de délibérations éclairés etconsensuelles " ]. On observera en permanence au fil del'ouvrage, une nette distinction entre la Vérité nécessai-re et inéluctable, et les vérités contingentes[de l'existen-ce] [Ndt : Vie : (plénitude, permanence, Vérité fonda-mentale et unique) /// Existence : (expérimentation,changement, bribes de Vérité)]. à la suite de quoi on segardera d'établir quoi que ce soit sur la bases d'idéesreçues, ce qui signifie que l'on y placera uniquement deschoses à l'épreuve de l'examen, des Sens, de la Raisonet de la Révélation divine [ dévoilement ][ Ndt : n'ai-mant pas le Latin “obligatoire”, Comenius joue peuavec les Etymologies, cependant pour memoire, " exa-men” = aiguille de la balance dite romaine] de sorteque rien ne puisse se prêter à la contradiction , ni intro-duire le moindre désaccord.

10 - La Pansophia visera moins à rendre les hommesErudits que Sages, autrement dit intelligents quant aubut de toutes choses, aux moyens appropriés et à l'usa-ge qu'on peut en faire : de sorte que pas un seul ne puis-se perdre de vue la béatitude recherchée dans le siècle etpour l'éternité, sauf, peut-être, celui qui, à la voie droiteet rayonnante de la lumière et de la vérité, préfère enco-re peiner sur le vieux chemin des préjuges éculés. Orcette tâche d'analyse et d'organisation menée avec unsouci de pérennité, de simplicité et d'Universalité, devrasituer au regard des consciences, chaque chose, oùqu'elle se trouve [ dans le livre], à la place qui luirevient dans l'ordre naturel. Car toutes ces choses seront

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expliquées dans la plus totale lucidité, selon leur origi-ne naturelle, en fonction de leur destination et de leursvoies propres( droites ou trompeuses ), tout en signifiantpour finir, où toutes ces choses, qu'elles soient en bonneou mauvaise voies, doivent un jour retourner.

11 - En conclusion, le Livre de la PanSophie devra : a) relever de la plénitude suprême : on ne devra

rien pouvoir imaginer ou réaliser qui ne s'y trouve déjà.b) il devra également être d' une extrême facilité

: il devra être accessible à n'importe quel individu noninitié [en la matière], [Ndt: profane ( sens vulgaire)],grâce à son agencement progressif et gradué, des pré-misses à la conclusion et de la base vers les sommets.

c) il sera enfin absolument inébranlable : on nenégligera donc aucun détail lorsqu'on établira ses fonde-ments. Pour illustrer cela on peut, à juste titre, citer ce passagede Ciceron, plus talentueux que véridique, sur leStoïcisme " Ce qu'il y a de remarquable chez eux, c'estl'enchaînement continu des Choses. La Fin tient les pro-messes du Début, le Milieu évoque tout autant la pre-mière que le second, et toutes les choses se renvoient lesunes aux autres. On voit quelles choses s'accordent oudiscordent ; à l'instar de la Geometrie où une fois lesprémisses données tout est donné. ( 5 de finibus bono-rum )” Que la Pansophie, toutefois n'aille pas se com-plaire hypocritement dans une feinte harmonie, un sem-blant d'ordre, et une vérité fictive, dont serait artificiel-lement affublées les choses. Que l'ouvrage se contented'éditer ce qui peut clairement être démontré ; qu'il taisece qu'il ignore ; jusqu'à ce que Dieu révèle aussi ceschoses en leur temps. Cela dit la Lumière Pansophiquequi a vocation à se corriger spontanément, apparaîtra

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toujours plus grandiose que les deux ouvrages qui sui-vent.

PanHistoria12 - Nous ne trouverons rien, ici qui ne fût déjà exposé,selon la perspective des idées générales, dans laPanSophia ; si ce n'est que le déroulement du cours deschoses sera ici présenté sur [la scène] d'un IllustreThéâtre, par le truchement des sciences naturelles etpratiques, des arts moraux et des disciplines spirituellesSur ce théâtre nous serons montrés les conflits qui sanscesse opposent l'Idée à la matière, les Substances entreelles, la science à la Nature, mais aussi, les Lois auxcoutumes, la Prudence innée des hommes aux vicissitu-des, la Sagesse divine et la céleste à l'humaine bêtise, dufait de l'ingratitude mondaine, et qui opposent encore lapatiente Volonté de Dieu à l'impudence qui est la nôtre,et enfin la Justice à notre entêtement. Or au cours decette représentation il nous sera donné à voir avec quel-le constance le cours des choses règle ses lois sur cellesde la Nature , et aussi avec quelle variété il se déploie ;nous serons alors amenés à nous interroger sur le typed'Expérimentations menées dans la poursuite de la forceactive et cachée des choses ; et nous chercherons àsavoir où et quand la démarche a bien pu se fourvoyer.En fait c'est précisément à ce moment [ de réflexion ]ettout particulièrement à travers l'état [actuel ] de l'orga-nisation Politique, Sociale et Cultuelle, que l'Histoire [entendons, l'effort de connaître pratiquement]les cho-ses humaines, intervient ;[parenthèse relative àHistoire : traduction littérale du sens premier du motlatin --- politique & social : (civilis) / cultuel : (eccle-siasticus : relatif à l'assemblée & à l'église) ; cultuelréunit : fidèles et clergé, de plus répond à civilis]avec

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cette intention, que nous, non plus que nos successeurs,ne puissions ignorer le moindre évènement mémorableen raison de l'exemple qu'il propose, ou de la mise engarde qu'il renferme.

13 - Nous insistons, maintenant, sur le fait que tout, encet ouvrage, est tourné vers l'Historia naturalis, c à d. laquête et la description de toute chose digne de connais-sance, et ce avec une parfaite crédibilité et une extrêmeconscience. Parce que c'est essentiellement là que setrouvent latentes, les bases de tout notre savoir, les fon-dements de la véritable et parfaite Pansophie. Or il estun fait que les voies de la natures sont subtiles et d'unesurprenante diversité à telle enseigne que, sous uneapparente similitude, il arrive souvent qu'elles soient enréalité fort différentes et même, contradictoires ( Etinversement) . Comme de surcroît, il arrive égalementque bon nombre d'entre elles soient transmises sur unmode quelque peu fantaisiste, les accepter tel que, sanspreuves préalables, revient à se mystifier soi même.

14 - Comme, d'une part l'activité qu'un homme seul peutconsacrer à une telle foule de choses ne saurait suffire,et que d'autre part il ne fut jamais possible de réunir unetelle somme en un seul lieu, à nul moment au cours desans et des Siècles, hormis pour l'Astronomie et laChimie, ces travaux de recherches ne connurent de réelsprogrès. Il s'avère donc indispensable de porter à l'atten-tion [ du monde], gràce à la pratique inductive del'Historia naturalis, tout ce qui un jour fut précisémentétudié, puis reconnu comme infailliblement vrai, afin dele regrouper fidèlement en un seul Corpus. Au cours decette démarche, après avoir suffisamment examiné lescas particuliers, [ Ndt - ou : les choses isolément]et

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après nous être mutuellement édifiés dans le débat et parla collaboration, les lois Universelles de la Nature, seferont d'elles mêmes connaître à nous. Nous ne possé-dons quasiment nulle part, excepté peut être chez lesAstronomes, de connaissance pragmatique de ce genre :aussi quand il s'agit d'étudier la nature, les obstacles nemanquent ils pas de s'accumuler ! Et c'est pourquoi nousnous en tiendrons à cette antienne : Il ne faut plus orien-ter nos travaux relatifs à la nature sur la seule foi d'écritsou de rêves chimériques, mais uniquement sur la based'un savoir, étayé par des preuves suffisantes pourgarantir l'émergence d'un jugement véritable. Tant il estexact que nous ne voulons pas plus être séduits queséduire autrui , car tel est le risque inhérent au mode detradition par lequel nous avons coutume de livrer auxautres ce que par ailleurs nous reçûmes.

15 - Pour ce qui à trait au corps de l'ouvrage nomméPanHistoria, on se doit de particulièrement prêter atten-tion aux deux points suivants :

a) afin de ne point y insérer de parties inutiles,erronées ou douteuses, seule doit être mise par écrit laconnaissance pratique des choses ( historia naturalis), àl'exclusion de tout récit ou fictions.

b) il n'est pas nécessaire de coucher par écritl'exhaustive totalité des choses tenues pour véridiques,mais seulement celles qu'il importe de connaître. Enrègle générale, pour tout ce qui concerne l'observationon en appellera aux facultés intellectuelles ; évoquantles actions à entreprendre on visera à développer paral-lèlement le bon sens et la prudence ; enfin on veilleratoujours à instiller dans les âmes la piété et une réellecrainte de la volonté de Dieu. Il y a en outre certainesnotions dont le caractère est dégradant ou scandaleux et

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qu'il est préférable d'ignorer [ dans le corpus de l'œuv-re] : en effet quand de telles choses ont été montrées ourelatées, il est bon de les considérer dès cet instantcomme suffisamment enseignées [ Ndt : sans les consi-gner davantage par écrit]. Que les chose tenues pourobscènes, honteuses et apparentées, soient donc dissi-mulées car selon l'admonestation de l'Apôtre, il vautmieux ne pas les nommer entre Chrétiens.

16 - Ceux donc qui s'apprêtent à la véritable Sagesse,celle qui commence et finit en la crainte du Seigneur,auront à cœur d'imiter la piété [scrupule] des abeilles :comme elles, ils délaisseront les scories et le venin desaraignées, et ils ne ramèneront des fleurs que le meilleurpour la ruche. Et , de même que le Déluge sur le précé-dent Monde, a effacé le souvenir des exactions passées,de même nos Livres enfouissent dans la Ténèbre lesméfaits qui incombent au Siècles antérieurs. Certes tousces faits subsisteront dans les vieux ouvrages, mais leuraccès sera subordonné à la vigilance de Bibliothécaires,et réservé aux plus aguerris ; on évitera de les placercomme une pierre d'achoppement sous les pas de la jeu-nesse innocente ou sous ceux du petit peuple.

PanDogmatia17 - On tient généralement pour Savants ces personnesqui ont acquis par l'entremise de la lecture d'une fouled'Auteurs, un savoir soit sur les choses mêmes, soit surce qu'on en dit [ dans les manuels]. Or Séracide nerecommande-t-il pas à ceux qui s'efforcent vers laconnaissance : " Vérifiez la Sagesse des Anciens " Eccl.39/1Quant à nous qui scrutons les voies de la connaissancepouvons nous décemment nous affranchir d'un tel

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conseil ? Non assurément, mais de plus comme c'est uneSagesse Universelle que nous poursuivons, il apparaîtlégitime de confier cette tâche [de Verification ]à unchœur universel d'auteurs, c’est à dire un ensemble d'in-dividus où quiconque, à tout instant, en n'importe quel-le langue, pourrait faire connaître ses réflexions, surquelque sujet, au Monde entier. "Pas un n'est assezméchant pour ne pas contenir une parcelle de bien ", ditun illustre Ancien, formule qui, comme nous le montre-rons plus loin est dans une certaine mesure, exacte.

18 - Nous disposons actuellement d'une telle profusiond'Auteurs, frivoles ou sérieux, qu'il suffirait seulementde quelques uns d'entre eux pour accaparer toutes lesintelligences. Et vouloir ici admettre chacune de leursœuvres in extenso et par le menu, relève d'une entrepri-se sans commune mesure avec le potentiel du Géniehumain. Déjà évident, quand il s'agit de réunir les faitsépars et embrouillés de l'Existence, le phénomène est àson comble lors d'une approche Pansophique. Là ons'attache davantage à la réalité des choses qu' à ce quel'on en dit, et on explore plus volontiers les voies sim-ples et droites, que les chemins contournés ; et en règlegénérale on s'efforce de prendre à cœur ce qui est àréaliser plutôt que ce qui est déjà accompli .On doitdonc trouver le moyen de composer un compendiumUniversel susceptible d'exprimer la Quinte essence deces œuvres d'auteurs, afin que celui qui le souhaite puis-se en toute commodité et agrément, s'informer de tout cequi, à ce jour, a traversé l'esprit des hommes, et des pré-ceptes qu'ils crurent bon d'en tirer. Et ce tracas devraêtre supporté par quelques uns de sorte que tous les aut-res en soit exonéré. Nous ne suggérons nullement d'é-vincer en fin de compte certains auteurs existants, quel-

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le que soit leur catégorie, ce que nous suggérons c'est deréduire le contenu des ouvrages, sous la formed'Abrégés, lesquels, insérés dans des Bréviaires, etassortis de Sommaires seraient classés à l'aide de rayon-nages. Cela permettrait à quiconque le désire de prend-re, sans délai ni difficultés, connaissance de la penséedes Auteurs en quelque domaine que ce soit. Et quant autexte intégral, il demeurerait soit dans des Salles deThéâtre, soit dans des Bibliothèques, pour qu'on puisse,éventuellement les compulser à la source, si d'aventurecela s'avérait nécessaire ; où encore, s'il plaisait àquelques passionnés de la vaste érudition de déambuleren ces illustres plaines antiques.

19 - Quoiqu'il en soit l'ouvrage Pandogmatique devrarépondre, au titre de sa constitution, aux mêmes règlesque les deux livres précédents . Pour mémoire nous rap-pelons qu'il devra être Complet, Ordonné et Véridique. Quand je dis Complet, je n'entend point exhaustif jus-qu'au plus petit détail, jusqu'à la moindre scorie pouvantéventuellement se trouver sous la plume des plusfameux écrivains ( sans parler des autres ! ) : j'entendsimplement qu'il enferme tout ce que nous pensons êtreapte à conforter une Vérité ou à l'inverse démasquer uneerreur. C'est du reste ce qu'exprime Quintilianus lors-qu'il prétend que tout homme, voire le plus insignifiantd'entre eux, poursuit des buts qui se révèlent être vaine-ment présomptueux ou inaccessibles ; et il ajoute quecette quête hors de portée, accapare et stérilise l'intelli-gence des humains à un moment où, précisément, sadisponibilité eût été fort utile par ailleurs…

20 - Par " Ordonné " je veux signifier [ un avancementde l'ouvrage comparable]à l'exacte Succession des

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Epoques, telle que la décrivirent ceux qui l'ont vécue,c'est à dire avec la même rigueur, la même acuité d'éva-luation. Un peu comme cela nous est donné à voir dansla " medulla patrum " [le meilleur des pères (fondateurs,ou vénérables) ]d'Abraham Scultet. On pourra égale-ment, si cela agréé, adjoindre à l'ouvrage un Index entrois parties, comportant :

a) une liste alphabétique des auteurs b) un Répertoire mentionnant la Nationalité et

l'Idiome de rédaction et c) une table des matières, soit par ordre d'alpha-

bet, soit par ordre de traitement dans la Pansophia

21 - Et quand je dis que la rédaction doit être Véridique,ce que je souhaite en fait, c'est que les assertions[desauteurs] et les préceptes de doctrines y soient fidèle-ment rapportés, sans fard, sans dissimulation ni autremodification.Car, comme c'est souvent le cas, soit parpassion, soit par vindicte partisane , on brode sur la pen-sée de l'auteur à l'encontre de ce qu'il a voulu précisé-ment dire ; quand ce ne sont pas des phrases ou bien desexpressions mutilées par pure négligence, qui viennentobscurcir le sens des Textes. ( et à ce propos je vous ren-voie à l'admirable exhortation de Vérulamus [Bacon],au sujet des préceptes des philosophes Antiques ( deAugmentatione Scientiae lib 3 cap 2). La solution c'estde produire chaque auteur en sa propre langue [de com-position ], selon son propre vocabulaire, sans n'y rienchanger, ce qui fournira au lecteur une image réelle del'auteur et non pas un reflet fictif renvoyé par autrui. Sion se place dans l'esprit de la Pandogmatia on doit met-tre en œuvre un Rapporteur et non pas un Censeur [Commentateur, critique] .

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22- Au demeurant, si on ne devait craindre les excès,quelques appréciations et commentaires, pourraientencore trouver leur place, une fois que la pensée desauteurs aurait été convenablement exposée dans sonintégralité. Notre intention, d'une part consiste à éprou-ver, par une confrontation avec les fondements panso-phiques, ce qui dans les œuvres participe de la Vérité oun'y participe point ; et d'autre part, après la mise en com-mun des commentaires et des appréciations, il s'agit defaire entrevoir les réalités et les vérités qui se cachent,ici et là, et après avoir dévoilé la voie médiatrice de laVérité à tous ses obligés, faire que ces derniers, dans lamesure du possible et de leur engagement, s'appellentmutuellement à la réunion [ N : sens étymologique : Re-concilier, concile]. Et si cette double proposition estcorrectement comprise, nul doute, alors, que notreintention n'aboutisse dans la majorité des cas.

23 - Nous supposons qu'aucune personne sensée et àplus forte raison, aucun travailleur dans le champ de lasagesse, puisse jamais prendre une décision sans une[bonne] raison d'agir : Ce qui laisse penser qu'à la basede toute erreur se tient une part de Vérité à laquelle unauteur est tout particulièrement attaché ; jusqu'à ce quebaigné, bon gré, mal gré par des effluents de véritésdiverses et qui lui sont étrangères, il finisse par associerà cette part de vérité quelque chose d'erroné. Et c'estainsi que les auteurs détiennent chacun leur propreVérité qui la plupart du temps les oppose les uns auxautres. Pourtant si, ensembles, ils portaient uneréflexion intelligente sur ces vérités personnelles, dumême coup ils cesseraient de se combattre. Nous allonsillustrer cela par le cas d'Aristote réfutant Empédoclepour qui le Soleil ne dispensait sa Clarté que durant le

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seul espace de temps séparant son lever de son coucher:Ce que Aristote contestait comme ne pouvant exister.Laquelle des deux affirmations se rapprochait le plus dela réalité ? Eh bien nous répondrons que les deux asser-tions s'avèrent dans la mesure où elles saisissent exacte-ment le phénomène en soi : Il est en effet exact que leSoleil ne cesse jamais de rayonner et qu'il ne commen-ce donc pas à répandre sa clarté à l'instant précis où ilaffleure au dessus de l'horizon ; car dès avant qu'il selève ses rayons s'étendait déjà, au dessus de nos têtes ;Toutefois il est aussi vrai qu'à l'instant déterminé où sur-git le soleil, les rayons par le fait abaissés, nous entou-rent instantanément. Et c'est donc avec raisonqu'Empédocle pouvait affirmer que nous sommes bai-gnés [quotidiennement ] par une lumièreintermittenteMais pour autant, comme les rayons quinous entourent ainsi au moment du lever du soleil, nesont pas les mêmes ( si on peut dire) que ceux qui déjàauparavant se déployaient sur nos têtes, c'est à bon droitégalement qu'Aristote élabore le concept d'un mouve-ment continu qui, il ne peut le nier, n'est efficient [pourl'observateur humain]que par intermittence [diurne].

24 - Et c'est ainsi qu'une personne versée dans laPandogmatia n'aurait pas manqué de rappeler qu'entredeux assertions contradictoires se tient parfois une pro-position neutre et véridique. Alors que lesPéripathéticiens insistaient sur l'extrême subtilité duFeu, Huartus ( in scrutinio ingeniorum), soutenait, lui,que le Feu était d'une extrême densité. Nous avance-rons, dans ce cas particulier que la querelle est dénuéede tout fondement. La Pansophie qui saisit la chose danssa vérité propre et la dévoile, montre que le Feu n'est niléger, ni pesant. Car le Feu n'est pas une partie de la

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Matière mondaine, ni des Eléments, ce qui revient aumême [ Ndt : des éléments qui compose la matière mon-daine ? car le Feu est bien un des 4 éléments qui sont decette nature …] , mais il est la force qui opère dans lamatière, et telle il la trouve, lourde ou légère, telle il lalaisse . Effectivement le Métal passé au Feu n'en devientni plus ni moins pesant ; il en va de même de l'Eau…[ effectivement la vapeur, plus légère, condenséeredevient eau, de même densité. Proposition d'éclaicis-sement d'une illustration qui obscurcit : selonComenius, le Feu est “non-Physique”, donc pour lemoins surnaturel ; son application à un objet matérielconfère à la matière de l'objet un caractère principiel (cf Sel à l'eau de dissolution Chapitre XIV, 8). Donc sile Feu est subtil il transmet la subtilité à la matièreignée( et inversement.). Comme ce n'est pas le cas leFeu ne participe ni du léger, ni du lourd ( cependant, ilsuffit que l'auteur regarde ce qui subsiste de la bûchequ'il a mise au feu pour voir qu'elle s'est considérable-ment allégée….)] .[ N : ou bien l'auteur fait ésotérique-ment allusion à l'aspect Feu de la Lumière, qui passe àl'épreuve, ici, pèse, sans rien changer à la teneur del'âme. Il juge même le Feu mondain dont il semble s'a-gir ici et que l'auteur dit pourtant ne pas être de ceMonde !..].

25 - Voilà donc ces Livres Universels qui sont les trèsconcrets luminaires de la future Clarté Universelle, dansla mesure ou ils accomplissent le septuple paradigmesuivant :

a) Que l'on n'accède plus désormais àl'Erudition [ qui consiste à évincer l'ignorance ]sur laseule foi de l'apparence, mais par la considération de lachose même.

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b) Que l'on ne torture pas plus avant les espritsau cours de cette éprouvante et interminable chasse àl'Erudition, à travers les Bibliothèques immenses ; libé-rons nous enfin de tous ces tracas, par l'usage attrayantet commode d'un Compendium de toutes les Œuvres.

c) Et que par cette Erudition acquise, certesabrégée, mais en tout point Complète et Solide, [ N : telun Unique Nécessaire..] , il nous soit permis d'acquies-cer dans la joie et le repos. [ N : cesser de nous agiterstérilement ds les contradictions de l'érudition tradi-tionnelle dialectique] .

d) Que ceux qui néanmoins, désireraient aborderles auteurs à la source, disposent de rien moins qued'une clef pour des portes qui sont déjà entrouvertes.

e) Que grâce à l'attrayante pratique qui nous estproposée, personne ne puisse plus jamais se découragerde l'étude et des écrits.

f) Que par conséquent le Monde se peuple devéritables Erudits, emplis d'une véridique Erudition, cartel est notre propos.

g) Enfin que la Véritable Clarté de la Sagessepuisse spontanément se purifier et s'accroître, à traversces Livres qui se confortent mutuellement : LaPansophie montre à la Panhistoria quel aspect des cho-ses elle doit particulièrement observer et poursuivre. LaPanhistoria à son tour, à la suite d'expériences nouvellesest à même de redresser, le cas échéant, les erreurs sur-venues au cours de la détermination et de l'ordonnance-ment des idées [générales]des choses. La Pandogmatia,enfin, signalera à l'une et l'autre discipline les sujets quinécessitent une plus ample observation et une étude plusdiligente, elle indiquera les endroits où redoubler d'in-sistance, et elle relèvera toute lacune qu'il seraitindispensable de combler.

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Et ce faisant, Grâce à Dieu, il y aura toujours un réelespoir de voir s'accroître la Lumière .

Chapitre XVII

Du bon usage des Ecoles universelles

1°-Après qu l'on aura convenablement rédigé et compo-

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sé les Livres Universels, une fois qu'on les aura trans-crits dans la langue vernaculaire de chaque peuple, il sepeut que les Ecoles Universelles apparaissent commemoins indispensables : on pourra, en effet, envisager dèslors, de puiser avec profit tout ce dont on a besoin desavoir, dans les tableaux qui récapituleront la sagessehumaine de si ingénieuse façon. Néanmoins une analy-se plus fine démontrera que le Remède Universel conte-nu en ces Livres, serait somme toute inefficace, s'il n'é-tait accompagné d'une incitation à user de ces ouvragesUniversels et d'un mode d'emploi universel sur lamanière de les utiliser. En effet à quoi bon des miroirspour des non voyants et des livres pour des non-lec-teurs. Il est certes évident que des personnes noninitiées à l'art pratique de la lecture, ne sauraient lire,tout comme ne sauraient y être attentifs des gens nonaccoutumés à exercer leur attention ; Et quant aux lec-teurs adeptes de présupposés et d’idées reçues, ils man-queraient de cette liberté d'esprit préalable à toute lectu-re.

2 - S'il y a une certitude, c'est bien celle-ci : lorsque noustolérons l'incontinente exubérance de la Jeunesse aupoint où elle est parvenue aujourd'hui, nous préparonspour l'avenir un foisonnement des Mentalités dénué detoute réalité et fondement. Et alors, quand bien mêmeces Livres descendraient du Ciel, dictés par la Sagessedes Anges, personne ne songerait à les lire, et c'est àpeine s'ils s'en trouveraient quelques uns pour les par-courir d'un œil distrait ; et en supposant même qu'ils fus-sent lus sérieusement, qui donc serait capable de saisirl'usage réel qui en est attendu ? ( toujours bien sûr enraison des préjugés dont les gens, contre toute nature,sont imprégnés).

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3 - Et c'est pourquoi nous devons scrupuleusement insti-tuer ces Ecoles à l'intérieur des normes strictes de laSagesse. Les écoles devront sur ce point, contenir etcanaliser dans un Enseignement avisé la fougue desJeunes esprits, et elle les prépareront à assimiler bénéfi-quement la connaissance ; un peu comme on prépare leslabours pour les semailles….( et tout ça, bien sûr avantque le Monde extérieur ne les accapare, ou bien qu'euxmême ne s'enflent de songes creux et rêveries fumeu-ses). Or il est tellement vrai que tout, ou presque, sejoue sur cette période de l'enfance, que tout l'espoir derendre le monde meilleur repose sur la formation de laJeunesse tant qu'elle demeure saine, malléable et mode-lable. Ce qui justifie pourquoi, Dieu par le Verbe,inculque avec une telle insistance cette notion chez lesparents, afin qu'ils éduquent leurs enfants dans la crain-te du Seigneur. Il est tout à propos de rapporter ces paro-les d'Isaïe 28/ 7-12) [passim & libenter ]" .et dans ladépravation du Peuple il ne reste Personne à qui ensei-gner, Personne à qui offrir la compréhension, hormisquelques petits sevrés et tirés du sein ….. quant aux aut-res, bien qu'ils accumulent précepte sur précepte, indi-cation sur indication, un peu par ci et un peu par là( c’est à dire des bribes de secours offerts de ci de là[par la providence],c'est exactement comme si on leurtenait un discours exotique dans une langue inconnue.…. ".

4 - Par conséquent, nous qui suivons le Conseil de Dieu,afin de ne point prêcher dans le désert [ N : litt. chanterfable à des sourds ], nous choisissons d'adopter leshommes que nous devons former, dès la prime enfance( comme il est dit " nouvellement retirés du sein et

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sevrés "). Et pour que ce processus soit généralisé, noussuggérons d'ouvrir des Ecoles Universelles un peu par-tout dans les Pays, et nous conseillons de les mieuximplanter et organiser que ce ne fut le cas jusqu'ici .Quant à nous, chaque fois que nous en trouverons l'op-portunité , nous viendrons appuyer et hâter l'entreprisepar nos interventions orales et notre témoignage. Nousconclurons par cette alternative : Agir comme nousvenons de l'indiquer et par le fait rester fermement axéssur la perspective d'une Réforme Universelle, ou bien, àcoup sûr se perdre dans l'élaboration de tout autre pro-cédé.

5 - Les Ecoles Universelles visent à fournir la possibili-té de quitter les ténèbres de l'incivilité et de l'ignorance;et à ce propos il est important de préciser que ce desseinintéresse tout autant l'humanité dans son ensemble, sanspréjuger des races, des langues ni des conditions, quechaque individu en particulier. [ Et parce que le résultatcollectif est subordonné à l'efficience privée],il faudras'assurer parfaitement des trois points suivants :

Premièrement, il faut déterminer l'âge le pluspropice à l'apprêt des intelligences, car il ne s'agit derien moins que les rendre aptes à accueillir tout ce quidoit leur être apporté tout au long de leur existence, etmême au-delà! Il s'agit de les rendre souples et obéis-santes devant Dieu et devant leurs Maîtres, tout en leurinculquant le sentiment du respect de la Volonté de Dieu[numen : volonté divine active], et le sens profond de lavie future.

Deuxièmement, il faut parfaitement assurer l'ap-prentissage des lettres et l'apport de tous les outils qui serévèlent indispensables à une lecture intelligente desLivres Universels.

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Troisièmement, il est souhaitable de familiariserintimement le jeunes esprits avec les principes deconnaissance qui structurent les Livres Universels qu'ilsaborderont par la suite, et plus particulièrement avecceux de la Pansophie. En l'occurrence tous ce qui se rap-porte au Monde sensible, à la relation intégrale desEcrits sacrés, aux Notions générales et innées de l'âme,mais aussi aux fondements de la pensée humaine.

6 - Des méthodes didactiques justifiées montrerontcomment peut être menée cette approche auprèsd'Ecoles Maternelles, pour les très jeunes, et d'EcolesPédagogiques, pour les plus grands. On y verra com-ment procéder sans peine, grâce à la mansuétude del'Enseignant et par le plaisir des Etudiants. On retiendranotamment que partout où il y a des hommes de tellesécoles peuvent exister, surtout quand on sait la pénuriede ces institutions et les besoins non satisfaits en cedomaine. Nous ne sommes pas sans noter la doubleoccurrence suivante : nous voyons d'une part ces hôtesnouveaux venus dans le Monde, tout prêts à apprendre,plutôt curieux de nature de tout ce qui les entoure, etbien sûr avides de savoir le pourquoi et le comment, lescauses et les effets de tout ce qui est et peut arriver. Etvoici d'autre part, des Parents bien placés pour enseigner( dans la mesure, évidemment où ils savent) ; eh bien, ensupposant que des parents soient nantis de savoir,qu'est-ce qui nous empêcherait de définir, avec l'appuide Dieu, une pratique d'enseignement [parental] et d'é-tude par quelques règles précises et sures, qui évite-raient du même coup, tout risque de dérive ?

7 - Il peut se faire que l'Administration publique de nosrégions Chrétiennes [Magistratus Christianus ], dans sa

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bienveillante sollicitude, veille à ce que tous les Jeunes,sans exception, aussi bien les Orphelins que les indi-gents, aient loisir et opportunité d'accéder de plain piedà la culture. Certes si les plus riches voulaient bien pren-dre en charge au pro-rata de leurs propres enfants, dansdes tranches d'âge correspondantes, une fillette pour unede leur fille et un garçonnet pour un de leurs fils, parmiles plus démunis, ils honoreraient, ce faisant, Dieu parleur conduite, s'attireraient la reconnaissance des hom-mes dévoués [ pieux], et ils en tireraient pour eux etleurs progéniture Profit et Agrément. Considérant le ser-vice rendu à l'Etat par ces particuliers, on peut envisagerqu'il ne resterait plus beaucoup d'assistés à la charge dela Dépense publique. Elle pourrait donc les supporterjusqu'à ce que, imprégnés de lettres, de moralité, et depiété, on puisse les incorporer dans quelque activitésociale. Si par accident leur nombre demeurait encoreélevé, on peut toujours espérer une solution de la part del'Administration ou des Eglises, pour ce motif qu'il estun impératif de Salut public que plus un seul hommeavide de connaître, mais cependant oisif et inoccupé, nesubsiste dans ce nouveau contexte et n'insinue dans lasociété humaine un potentiel de corruption .

Chapitre XVIII

Forme et nature du Collège Universel

1 - Qui désire Bâtir, commence par rassembler les maté-

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riaux pour la construction , puis après avoir bien réflé-chi à la conception de sa Maison, et avoir parfaitementaplani l'Aire destinée à recevoir l'Edifice, il devra néces-sairement faire appel à un Architecte et à des Ouvriersqui convertiront sa résolution en un ouvrage. Dans uneentreprise de Réformation Universelle que l'on entendmener au moyen de la Connaissance Ecrite, après lacomposition des Livres, après l'élaboration d'uneMéthode spécifique à ces ouvrages, et après avoir défi-ni la forme des Ecoles implantées un peu partout dans leMonde, il faudra inévitablement des Travailleurs, qui,grâce à Dieu, ordonneront toute la réflexion en vue de laréalisation telle qu'elle fut souhaitée.

2 - Seront déclarés aptes à un tel travail des Hommes,ingénieux, habiles, dévoués [pieux], amis fervent dubien commun, et choisis de par le globe entier, indiffé-remment parmi les milieux Civils ou Ecclésiastiques.On peut se plaire à les imaginer veillant sur le salut del'humanité comme depuis un observatoire, scrutant lesvoies, les moyens, et les occasions de rechercher ce quipeut nous être utile, et après l'avoir trouvé, le fairesavoir à tous et finalement le conserver à l'abri de toutedégradation.

3 - Quand je formule : Des hommes, j'entends en fait,Beaucoup d'hommes, car un seul, voire quelques uns nesauraient suffire à une telle tâche. " Parce que le salut dela terre repose sur une foule de sages (Sap. 6/26) " Or unhomme seul ne possède absolument pas l'envergurerequise pour un projet de construction de caractère uni-versel, d'autant que l'ouvrage auquel nous pensons n'in-téresse pas uniquement un Peuple ou une Eglise, mais leMonde dans son ensemble ! En outre les décisions à

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prendre ne portent pas sur l'année en cours, ni même surle siècle, elles engagent en fait tout les temps qui restentencore à venir ! Et voilà pourquoi il est indispensablequ'un important groupe de gens unissent sans relâcheleur zèle et leurs efforts, attentifs aux besoins des hom-mes, tant que des hommes il y aura.

4° - Lorsque je précise des Hommes " choisis ", je sou-haite signifier que ce genre de travail doit être confié àdes personnes qui ne doutent nullement d'y avoir étéappelées par Dieu et qui, par conséquent, se consacrentexclusivement à convertir les dons divins en un biencommun accessible à la Terre entière. Nous avons tousremarqué que lorsque une tâche [s'imposait au sein d'uncollectif], et qu'en l'occurrence nul ne se trouvait nom-mément désigné, ou bien personne ne se présentait pourl'exécuter, ou bien tout le monde voulait s'en charger,dans une totale confusion. La nécessité d'une sélections'impose encore plus si on admet que les personnes cou-ramment installées dans des charges,( Ecclésiastiques,Enseignantes, Politiques et Sociales ), dans la perspecti-ve où elles s'efforcent de s'acquitter sérieusement deleur mission, une fois rentrées chez elles, auront tendan-ce à retourner dans leur tête tout ce qui les a tenuesoccupées dans l'ordre du jour, et ne seront guère portéesà échafauder des idées sur l'avènement de chosesUniverselles et encore moins de s'y consacrer efficace-ment.

5 - Fort de cet argument nous croyons utile de nommerdans chaque Nation des Professeurs honoraires, au seinde Collèges constitués ou, pour le moins, à titre indivi-duel, ( suivant le bel exemple fourni par la Hollande,avec des gens comme Lipsius [Jost Lips : 1547-1606 ],

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Scaliger [né à Agen, rugbyman ? 1540-1593 à Leyde]ou Salmasius [Salmaise 1588-1653 à Spa]), et puisqueaucune mission particulière ne leur serait attachée, ilsmaintiendraient le procès de l'Erudition Universelledans l'orbe de leur surveillance et de leur réflexion fon-damentale. Et pourquoi ces hommes que Dieu instruisitde ces dons universels dans l'intérêt de tous ne seraient-il pas pris en charge par le denier public ? Vérulame s'é-tonnait, non sans raison, que parmi tant de ces fameuxCollèges créés en Europe, tous se consacrant à une filiè-re bien définie de l'enseignement, il ne s'en trouvâtaucun pour s'adonner à l'étude universelle et sanscontrainte des Sciences et des Arts techniques et pra-tiques ; Et Verulame, d'y voir là, la très véritable causede ce navrant retard accumulé par l'Humanité dans lechamp de la connaissance. Si le Monde veille à l'avenirà améliorer cet aspect de l'instruction , son savoir s'entrouvera par le fait bonifié.

6 - Ces Guides, quelle que soit leur nationalité et leurstatut (collégial ou isolé),devront toutefois souscrire àces trois impératifs :

- Communiquer ouvertement entre eux.- Etre coordonnés par une société collégiale.- Etre retenus par les liens de règles saintes.

7°--- Il est en effet indispensable qu'ils communiquentclairement entre eux puisqu'ils mènent la même tâche etvisent aux mêmes buts. Dieu qui écoule vers chacun,mais par des voies différentes, son unique bonté, disper-se habituellement ses dons parmi les Peuples et parmiles Consciences ; or si nous ne daignons pas rassemblerses bienfaits en un unique bien commun, ils demeurent

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effectivement éparpillés et ne se prêtent donc pas à l'u-sage commun [auquel ils sont destinés] . Nous sommestenus de reconnaître que bon nombre de bonnes chosesfurent menées à bien, mais beaucoup de gens, et mêmedes peuples entiers n'ont pas pu en bénéficier, pour laseule raison qu'on avait négligé de les leur communi-quer. Mais quand on aura étayé le projet d'une commu-nauté d'usage et d'un échange réciproque des Savoirs, leMonde ne pourra plus davantage, ni d'aucune manière,être privé des biens accordés par Dieu, ni de ceuxdécouverts par les hommes.

8 - Et même si des échanges ont toujours plus ou moinsexisté à travers le Monde, ce ne fut jamais dans une per-spective de diffusion Universelle. Tout au plus les gensentretenaient-ils des relations de voisinage, un commer-ce que nous qualifierions de Religieux, Associatif oud'affaires ; mais ces relations possédaient le caractèreéphémère ou instable d'une opportunité d'intérêts entrecorrespondants, capables par ailleurs, de délaisser unechose pour se tourner brusquement vers une autre. Il setrouve que le ténébreux ennemi du genre Humain a su,pour nous duper, tirer parti de notre pusillanimité, denotre paresse et de notre réciproque mépris ; et c'estainsi qu'il est parvenu à placer au cœur des sectes et desfactions une ardeur qu'il ne cesse d'ailleurs d'alimenter,une hostile passion contre tout heureux avènement quipourrait intervenir à l'échelle du Monde : le fait est quepar le biais des mouvements sectaires il suscite à laplace du Bien commun (tel que Dieu l'a voulu et queChrist l'a enseigné par l'exemple), des intérêts d'ordreparticulier dont il convoite personnellement le bénéfi-ce. D'autre part, voyant qu'il augmente son propre édi-fice sur les ruines d'autrui, il trouve là une occasion de

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se complaire dans son imposture. Et comme il n'y aaucun remède capable de rivaliser avec celui qui consis-te à tendre uniquement vers le bien universel, nous fai-sons converger de toutes les façons possibles un mêmedésir, une même application à promouvoir le bien detous. On doit opposer avec la plus grande efficacité, lesoin pour une Science Universelle, aux engouementssectaires pour des études particulières.

9 - Nous recommandons par ailleurs d'encadrer l'activi-té de ces Mandataires de la prospérité universelle, ausein d'une organisation formelle, afin que leur démarchene perde rien de son efficacité. Nous souhaitons, biensûr, accordés en cela aux exigences mêmes de l'entrepri-se que ces hommes soient nombreux ; or nous savonsque le grand nombre va de pair avec le désordre, hormisle cas cependant, où par la vertu de quelque ordonnan-cement, la multitude est réconciliée sur la voie de l'uni-té. Et d'où, par conséquent la nécessité d'inclure le man-dat de ces hommes à l'intérieur d'une organisation telleque chacun sache qui fait quoi, où, quand et avec quel-les ressources. Et dans la même veine on s'efforcera depublier [les résultats obtenus]dans ce souci de clartéordonnée qui présida à la réalisation des travaux. Un desfondements de l'Ordre semble être la reconnaissanceofficielle par Tous, d'Un seul d'entre eux commePrésident du Collège. La médiation du Président auraitpour effet d'ordonner et faciliter sur un plan Universel,le mouvement omni-directionnel de tous les échanges.Ainsi, pendant que chaque individu consignerait à titreprivé tout ce qu'il jugerait bon, et le lui ferait tenir, Lui,en retour communiquerait telles qu'il les a reçues toutesces choses en direction de tous. [ Ndt : Ici je vais pla-cer la fin du chap.13 qui précise ce qui vient d'être dit

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et ne semble pas à sa place plus loin ( cependant je lerépéterai à la place où il fut imprimé](en fait des suf-frages pourraient même se tenir à travers toute la Terredans un délai inférieur à deux ans) De plus, au moinsune fois par an, chaque Membre, quel qu'il soit, à l'oc-casion d'une lettre de salutation au Président, le mettraau courant de l'état de la région dont il s'occupe : si touts'y déroule normalement il poursuit seul sa tâche, dansle cas contraire on pourrait toujours lui proposer uneaide pour résoudre les difficultés. Pareillement de soncôté le Président écrira à chacun des membres en parti-culier, au moins une fois l'an, lui aussi, pour les infor-mer de toutes chose notables qui lui auront été commu-niquées de par le monde ou bien qui auraient eu lieuchez lui : de la sorte les veilleurs du Globe ne pourrontrien ignorer de l'Etat Universel du Monde pour le salutde tous. [ N : il en va de même semble t il pour la der-nière phrase du parag suivant qui semble un peu para-chutée en regard de ce qui est dit avant]

10 - Et si par bonheur, l'idée prend corps, il sera néces-saire que l'Ordre siège en quelque lieu aisément acces-sible depuis toutes les contrées et d'où, grâce au bienfaitde la Navigation, on puisse en retour rayonner sans dif-ficulté vers toutes les régions du Globe. Or il en estparmi les Royaumes d'Europe qui présentent de telsavantages : citons par ex. l'Espagne, la France, laHollande et l'Angleterre ; Et à vrai dire, plus que toutautre le Royaume d'Angleterre, semble le mieux conve-nir à l'établissement du siège des échanges. Et tout d'a-bord en souvenir de l'héroïque aventurier Drake qui,pour avoir bouclé cinq fois le tour du Globe, préluda enson temps, à la Sainte et Universelle réunion desPeuples. Ensuite en mémoire du très illustre Chancelier

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d'Angleterre, Vérulame, [ Bacon] qui, le premier menaune réflexion sur une possible Réforme de la Science.L'Angleterre enfin pour avoir mis en route ce projet, ôcombien Salutaire, d'un Collège doté de revenus régu-liers pour entretenir autant de Membres et de Secrétairesque l'exigerait cette entreprise qui, délaissant lucre ethonneurs, se place sous le signe d'une charité bien-veillante et attentive. [ (Via Lucis).La Voie deLumière.fut esquissée en Angleterre, 20 ans plus tôt,lors de contact avec des savants ouverts au dessein deréforme universelle. Leurs travaux aboutirent à laRoyal Society à laquelle Comenius , déçu, adresse cetteexhortation]. [ Ndt : cf supra fin parag 9]Il se pourrait,encore, si cela était jugé bon, que quelqu'un, dans n'im-porte quel Pays du Monde, soit poussé à occuper uneplace de premier rang et soit ainsi remarqué par desMembres qui songeraient alors à lui dans le but de tou-jours améliorer l'organisation. [ Ndt : on ne dit pas sic'est pour l'agréger au Coll. ou pour en faire simple-ment une tête de pont]

11 - Il est bon de nommer une société qui se consacreunanimement à une affaire sainte dans l'intérêt del'Humanité toute entière ; nous la désignerons donc parle terme de Collège. Dans tous les cas la cohésion duCollège devra être maintenue dans le cadre de certainesRègles. La première d'entre elles étant que les Membresestiment à sa juste valeur la précellence de leur mission,à laquelle ils se sentiront appelés à l'instigation de Dieu( Qui veut sauver les hommes doit parvenir à l'accepta-tion de la vérité I Tim. 2/3) et qu'ils se fassent une joied'avoir été établis en tant que Pédagogues, selon le motde Sénèque, et d'avoir été nommés pour étendre le Ciel,et pour fonder la Terre (comme le dit Dieu en

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Esaïe51/16) [ Ndt : Réforme de l'âme du Monde et aussirenaissance de l'être aural : nouveau firmament auralpréalable à la naissance d’une nouvelle personnalité].Qu'ils redoublent donc d'efforts pour servir l'idée divinedans cette pieuse entreprise, comme les imitateurs desdévoués Apôtres qui oeuvrèrent à faire connaître l'inté-gralité de la Sagesse à tous les hommes afin qu'ils rede-viennent parfaits en Christ (Jésus. Col 1/28). Là est laRègle de l'abandon total de soi, pour la plus grande gloi-re de Dieu et pour la promotion du salut collectif .[N : Digression sur trois mots latins proches phonéti-quement et se recoupant transversalement : Ligare/Legare/ Legere - ligare : relier / legare : envoyer unmandataire en mission / legere : image du pauvre quiglâne, choisit, cueille et rassemble la cueillette ( florilè-ge, electeur, prédilection, négligence, collection, dialec-tique de socrate, lecture et choix d'interprétation …lec-torium : où les pauvres en esprit recueillent avec dis-cernement la nourriture. Ligare + legere (e>i) : Re-ligion ---Collège regroupe ces 3 mots : choix des hom-mes, recueil et interprétation des informations, mandat,lien, universalité]

12-Et parce que dans une telle entreprise les forceshumaines sont particulièrement défaillantes, qu'ils necessent jamais de leurs soupirs d'invoquer le secours duciel dans la plus profonde humilité. Et là, instruits de lavérité et de la miséricorde divine, oublieux d'eux-mêmes, de leur salaire et de l'intérêt des leurs, qu'ilshâtent leur travail chacun pour soi, selon ce qui leur aété donné. 13 - Les chroniques de l'édification du second Templenous mettent à l'abri de tout risque d'erreur quant à laconstruction des temps présents : Esdras y relate en effet

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comment un nouveau fondement ne fut pas nécessairecar les bâtisseurs posèrent le nouveau Temple sur lesocle déjà existant. En clair cela nous incite à édifier lenouveau sur le principe déjà établi de toute éternité etauquel nul ne peut rien ajouter (ICor.3/4), tout en s'ap-puyant, au demeurant, sur le socle des connaissancesque Dieu a bien voulu déposer, dans la Nature, dans lesEcritures et dans les Notions (innées) communes à tous. Dans le même esprit, et afin que rien ne vienne altérerla fiabilité du contenu des Livres Universels, si on s'avi-se par hasard, de la nécessité d'un ajout ou d'une correc-tion, il sera impératif que les membres en débattentamplement entre eux, et qu'ils n'aient de cesse de s'ac-corder tous ensemble sur la résolution d'amendement.Par ailleurs si d'aucun y rencontre un passage énigma-tique il se gardera bien de le divulguer de sa propreinitiative, mais il en fera plutôt part aux frères [ du col-lège ], afin que la Découverte soit dûment établie danssa vérité par l'application de preuves adéquates. A lasuite de quoi et quelle que soit la teneur de ce don deDieu, il sera versé dans le fonds commun de la sagesseuniverselle, et ajouté aux outils qui comptent pour leSalut de l'humanité entière. (on veillera toutefois à nepas croire ni faire accroire des énigmes là où il n'y en apas). En outre [ les membres ] exhorteront les PouvoirsPublics de chaque Pays à s'occuper, avec toute l'autori-té dont ils furent investis, de l'implantation des Ecolesun peu partout sur leur sol, aussi bien dans les bourgsque dans les places fortes. De surcroît ils veilleront à labonne tenue de ces écoles, en empêchant notammentque viennent à s'y installer des comportements excessifsou au contraire un climat d'indolence. Après avoir cor-rectement instaurées ces pratiques dans leur propre paysils devront également apporter une réflexion sur les

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manières de les propager, sous l'éclairage de la sagesse,vers les peuples voisins, ( aussi longtemps que ces peu-ples n'auront pas été soustraits à l'emprise des ténèbres )et pour ce faire ils devront trouver des moyens sûrs etefficaces pour convaincre et convertir les Juifs, lesMahométans et les Idolâtres ; dans le cas où ces paysrépondraient par une hostilité déclarée, tant par forceque par ruse, alors eux, dédaignant de rechercher l'avan-tage par les mêmes armes que celles qui leurs sont déjàopposées, ils rechercheront plutôt les conseils et lesdélibérations des frères des pays voisins, voire de tousles autres pays ( par la médiation du Président) .[ N : cequi suit commence par une parenthèse sans grand rap-port avec ce qui précède] cf fin § 9 ] (en fait des suffra-ges pourraient même se tenir à travers toute la Terredans un délai inférieur à deux ans) De plus , au moinsune fois par an, chaque Membre, quel qu'il soit à l'occa-sion d'une lettre de salutation au Président, le mettra aucourant de l'état de la région dont il s'occupe : si tout s'ydéroule normalement il poursuit seul sa tâche, dans lecas contraire on pourrait toujours lui proposer une aidepour résoudre les difficultés .Pareillement de son côté lePrésident écrira à chacun des membres en particulier, aumoins une fois l'an, lui aussi, pour les informer de tou-tes chose notables qui lui auront été communiquées depar le monde ou bien qui auraient eu lieu chez lui : de lasorte les veilleurs du Globe ne pourront rien ignorer del'Etat Universel du Monde pour le salut de tous.

14 - Cette Amitié partagée par des Sages de tout pays duMonde, constituera ce que, dès lors on est en droit d'ap-peler la véritable et sainte armée des annonciateurs duDieu triomphant ( voir à ce propos : Psalm. 68/12) : etla glorieuse bannière qui sera levée pour le ralliement

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des peuples et des nations ( comme l'avait prédit Esaïe11/10), sera Christ Jésus Lui-même, lumière du monde,porte de l'éternité, fondement de Sagesse, colonne, cha-piteau, et Couronne, [ Ndt : colonne, colombe, couron-ne, même Etymologie. Chapiteau : Fastigia = le trian-gle au dessus des colonnes, le fronton ]. Véritable Guideet Recteur des Sages. ( Sap 7/15 ?), Il sera le Chef decette société, car le Père l'a établi au dessus de toutechose (Ephes. 1/22), Lui qui le premier se fitMandataire de Dieu sur toutes les contrées du monde.Quand il fut sur le point de se retirer, Il manda desEnvoyés vers tous les peuples sans exception, promet-tant d'être présent jusqu'à la fin des temps. ( Matt. 28dernier verset ). Et le Seigneur lui-même n'avait il pascoutume de rappeler les hommes à la pure simplicité dela petite enfance ? et Matthieu n'affirme t-il pas : " Iln'en est pas ainsi depuis le Début … ". Et par consé-quent ses serviteurs pensent devoir faire tout leur possi-ble pour ramener les mortels sur les anciennes voiesdivines dont ils se sont tant de fois et de tant de façonsécartés ( Jér. 6/16), et ils croient devoir nous placer faceà notre responsabilité par cette symbolique injonction [pour une reconnaissance mutuelle]: [ Ndt :Etymologiquement, Symbolos : fragment complémen-taire d'un autre fragment du même objet, accréditant unmandataire porteur] RETOURNONS ! : de la dispersionrevenons vers l'unité, de la confusion vers l'ordre, duparti pris vers la réalité, et de l'apparence des chosesvers leur essence ; et enfin loin du monde, loin de nous-mêmes, Retournons à Dieu !

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Chapitre XIX

Principe et motivationd’une langue universelle

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1 - Nous étions loin de nous douter à quel point laconfusion des langues avait fait obstacle à la Concorde,au Savoir et à l'Enseignement de la vérité, et combienelle avait entravé l'extension de l'Eglise dans la sociétédes Hommes, jusqu'à ce que Dieu Lui-même en appor-te l'éclatante révélation : En effet , lorsque dans sa mis-éricorde Il décida de faire venir la Lumière de l'Evangileau milieu de nos ténèbres, voilà justement que c'est parle truchement des langues qu'il opère ! Toutefois ilprend la précaution d'assortir cette venue d'une doubledisposition :

2 - [ ndt : Comenius donne Monarchia. Or connaissantl'organisation en Cités de la Grèce et la variéte desrégimes à Rome, je lis Monarchie comme Hégémonie,domination Empire] Il décida d'une part quel'Hégémonie impériale de la Grèce devait précéder lavenue de Christ, alors que celle de Rome se chargeraitde l'accompagner. De la sorte l'idiome unique et trèsabouti qui circulait respectivement à l'intérieur de cha-cun de ces Empires, et touchait chacune de leur nation,constituait le véhicule idoine à la transmission del'Evangile. A preuve, s'il en était besoin, l'inscriptionsur la croix du Christ, les écrits évangéliques et aposto-liques, ainsi que toutes les œuvres laissées par les Pèresgrecs et latins.

3 - Et d'autre part, à l'aide de l'Esprit Saint, Il instruisitles prédicateurs de l'Evangile dans la connaissance desautres langues afin que la Parole et la Lumière del'Evangile puisse accéder à la conscience des popula-tions d'expression étrangère ne parlant ni le latin , ni legrec.

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4 - Et donc puisque c'est une Réforme du Monde toutentier que nous espérons et à laquelle nous aspirons, lerecours à l'outil des langues s'avère absolumentindispensable. Ceux qui désirent répandre la Clarté de laconnaissance se voient placés devant une telle alternati-ve : soit le don pour eux-mêmes de parler toutes sortesd'idiomes, soit l'usage par les peuples d'une quelconquelangue commune. Contrairement à ce qu'il y peut paraî-tre aucune de ces deux propositions n'est irréalisable ; laseconde étant néanmoins celle des deux qui semble pré-senter le moins de difficultés. Il est vraisemblablementplus aisé de faire apprendre une langue par toutes lespersonnes, que toutes les langues par une seule. Et sinous faisons cette remarque c'est que nous envisageonsque la mise en place d'un tel outil linguistique nécessiteune réelle somme de travail et d'activité à une époque oùles dons miraculeux sont révolus.

5 - Les hommes instruits devront donc engager uneréflexion sans complaisance sur :

a) la meilleure manière d'acquérir la pratique detoutes sortes de langages, et plus particulièrement, biensûr, ceux des Peuples avec qui ils commercent habituel-lement.

b) sur les modalités d'une langue unique commemode de communication , aussi bien entre soi qu'avecles autres Peuples (voire les plus barbares), dans la per-spective de leur transmettre l'enseignement dans sonintégralité .

6 - Pour autant notre préférence s'attache à la secondevoie qui consiste à élaborer une langue commune pourle monde entier . En utilisant respectivement les mêmessons les gens s'entendront mieux : et on pourra y recon-

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naître un indice certain de la pénétration de la ClartéUniverselle en chacun . De surcroît l'inclination àrechercher la Sagesse sera mieux ancrée en tous leshommes et sa transmission aux générations à venir seraainsi mieux préservée. Et dans un autre ordre d'idée,chacun pourra au cours de ses pérégrinations de par leMonde, être assuré, en toute contrée et sous tout climat,de comprendre et de se faire comprendre.

7 - Et ce serait là chose pleine de charme que de pouvoirenfin discerner cet état que Claude chantait en termespoétiques, à la louange du magnifique empire romain,alors si sagement administré, en la personne deStilichos : " De nos coutumes paisibles, tous Lui sommes redeva-bles,Quand la terre étrangère nous accueille comme la terrede nos Pères, Quand nous sommes libres de voyager, de visiter Thulé, Quand débarrassés de toute frayeur nous pénétronsjusqu 'aux confins reculés, Quand là-bas je bois l'eau du Rhône, ici celle del'Oronte, Et que tous ensembles ne formons qu'un seul Peuple ".Or voilà que notre Siècle ne doit pas attendre un tel

bienfait de la part d'un quelconque Stilichos, ni dequelque chef que ce soit d'entre les mortels, mais biendu Seul Souverain absolu, Christ.

8 - Et nous de notre côté, nous devons rechercher unMercure, un médiateur universel entre les nations, telqu-il puisse convenir à tous, par sa douceur, sa fluidité,son attrait et sa facilité. Et à ce point je ne peux m'em-pêcher de citer Louis Vivès, partisan, lui aussi de l'éla-

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boration d'une langue universelle dont il nous fait partdans l'introduction du Livre III( de tradendis disciplinis)[ de la manière de transmettre les enseignement]."Comme une langue, dit il, est aussi bien un outil de lasociété humaine, qu'un trésor d'Erudition, il serait bonque l'Humanité disposât, à l'usage de toutes les Nations,d'une Langue Unique. Ce langage devrait être à la fois,Agréable ( grâce à une prononciation aisée et plaisan-te) , Affiné ( grâce à des dénominations adéquates et desacceptions spécifiques) et Facond ( du fait de l'abondan-ce des termes et de la variété des formulations). Il enrésulterait pour tous une plus grande propension à s'ex-primer en cette langue, également une meilleure adé-quation des mots avec la pensée, mais dans tous les cascela contribuerait à renforcer les capacités de discerne-ment ". Et Vivès d'ajouter : " Et le latin entre toutes aut-res langues, est celle qui me paraît détenir de telles qua-lités :

a) parce qu'il est répandu à travers de nombreuxpays,

b) parce qu'il règle quasiment tous les arts, c) parce qu'il est riche de diversité,d) parce qu'il est mélodieux, et e) parce qu'il est solennel.

Pour toutes ces raisons il serait profondément injuste dene point conserver et cultiver la Langue latine ; nouspensons que son abandon, provoquerait un grave désor-dre, semant la confusion dans l'enseignement et c… " "Sans compter que la diffusion de la foi nécessite unmutuelle compréhension N.B. : A cela s'ajouterait une langue sacrée [ sacré : ausens d'intouchable, inviolable], en laquelle les Savantsconsigneraient certains secrets, et c…. " " Je ne sais tou-tefois s’il est judicieux qu'une telle langue différât de la

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langue commune…. " Fin de Citation .

9 - Nous nous accordons à penser avec Vivès que leMonde a besoin d'une seule langue commune : et pardéfaut nous donnons aussi notre préférence au Latin surla pratique de quelque autre langue que ce soit.Cependant comme notre réflexion actuelle porte bienplus loin [que tout ce à quoi Vivès faisait allusion], nousne pouvons faire moins que prôner un idiome résolu-ment nouveau. Nous expliciterons ce qui motive notreattitude dans les lignes qui suivent

10 - Tout d'abord il nous semble qu'une langue vraimentuniverselle se doit de servir également les intérêts dechacun, or dans le cas du latin, nous ne serions certespas sur un pied d'égalité avec les populations barbares,majoritaires sur le globe, qui achoppent sur les difficul-tés de la langue, quand elles ne l'ignorent pas purementet simplement. Tant il est réel, comme le montre l'expé-rience de nos jeunes gens, que l'apprentissage de lastructure de la langue, nécessite de nombreuses annéesd'étude laborieuse et de pratique assidue. De fait le Latin[possède une structure] extrêmement diversifiée[ Ndt :comme un grand nombre de mots Latins( dont lesacceptions se sont accumulées au cours des siècles,) quisignifient pleins de choses et leur contraires, " diver-sus" signifie riche de sens ou dans des sens divergentsvoire contradictoires ; diversus est à prendre ici selonses aspects "négatifs "qui correspondent d'ailleurs à l'é-tymologie . Cette digression pour montrer une des diffi-cultés du latin que Comenius n'évoque pas clairement :la diversité des sens possibles oblige à choisir le sensdes mots selon le contexte général. Plus le contexte estabstrait ou obscur et plus c'est, pour des amateurs non

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éclairés, du “pifomètre” ! Ne pas oublier que le Latinétait essentiellement une langue parlée ou lue et l'attitu-de vocale et gestuelle( mimiques) est bien plus efficaceque la richesse et le raffinement lexique. Or ces attitu-des et cette gestuelle sémiotique sont de facto en situa-tion dans un contexte social et psychosocial qu'une lan-gue artificiellement maintenue( latin) ou synthétisée(langue universelle) ne peut prendre en compte ]De faitle Latin [possède une structure] extrêmement diversi-fiée et j'en veux pour preuve la variété des cas dans lesdéclinaisons des noms,celle des modes et des temps ver-baux, mais aussi la divergence des constructions syn-taxiques, sans compter enfin, le foisonnement des irré-gularités à l'intérieur même de ces trois rubriques. Certes, les italiens ont expurgé de leur idiome bon nom-bre de ces complications et il est vrai que même s'ilssemblent avoir galvaudé le Latin, ils ont en revancheréussi à ce que non seulement la quasi-totalité desNations européennes y prenne goût, mais encore lesArabes, les turcs, les Tartares, et quelques autres peu-ples barbares ; on reconnaîtra cependant que l'italienprésente encore bien des épines rébarbatives, sous laformes de ses pénibles irrégularités de syntaxe. Que neserions nous pas enclin à espérer si par bonheur, nousétait donné l'outil d'une langue parfaitement fluide etrégulière, et par conséquent plus facile que toutes cellesque nous avons connues à ce jour ?

11 - En outre une Langue Universelle se doit entre touteautres d'être richement dotée afin d'exprimer le plus jus-tement toutes choses ; elle devra encore, sans difficulté,pouvoir rendre exhaustivement toutes les conceptionsde l'esprit, ce qui convenons en est loin d'être le cas duLatin . Il manque notamment de mots composés [ Ndt :

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contrairement au grec] et les tournures dérivées dont ildispose, ne sont guère heureuses ; c'est bien pourquoi iluse de tant de vocabulaire emprunté çà & là, et en par-ticulier au Grec dont il dépend en grande part, sansjamais toutefois l'égaler en perfection.

12 - Enfin une Langue Universelle doit avant tout êtreun Remède universel à la confusion qui règne autour del'acception des termes utilisés pour désigner les cho-ses.Or pour remplir une telle fonction la langue doitévoluer de pair avec les choses[ qu'elle prétend décri-re] : le nombre des termes doit correspondre avec celuides choses à définir, et la nécessaire association des ter-mes entre eux doit être de même nature que l'enchaine-ment reliant les choses entre elles. Dans un premiertemps il apparaît comme indispensable que la sonoritémême des mots ramène sans interruption lesConsciences vers l'essence des choses ; et notons qu'ence domaine le Latin est aussi défaillant que n'importequel autre idiome. Il est probable que les anciens Latins,responsables du langage parlé tel qui nous fut transmis,ne furent pas des observateurs de la nature suffisammentméticuleux pour en dégager toute la richesse des détailset les restituer par des mots appropriés et sans équi-voque. Il leur suffisait en effet d'exprimer les chosesdéjà connues de leur environnement proche . La majeu-re partie du vocabulaire naquit plus ou moins au gré descirconstances, et sans intention affirmée de signifier unechose plutôt qu'une autre, à telle enseigne qu'un mêmephonème, ou du moins deux très proches pouvaientsignifier des choses opposées, alors que la même chosepouvait très bien être notée par des sons forts diver-gents. De là cette litanie d'homonymes, de synonymesde paronymes, de métaphores, euphémismes et péri-

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phrases. Bref, un discours équivoque, redondant etconfus. Dans un tel contexte, pour un minimum de pré-cision on est donc sans cesse amené à redéfinir ce quel'on entend par telle ou telle expression, à introduiredans le discours des digressions, des exceptions, desdistingo, et autres limitations de langages ; d'ailleursplus souvent par maladresse ou par affectation que parréel souci d'établir la vérité. Et parce que l'acception quel'on attache à un terme n'est jamais parfaitement pure,l'incertitude et l'erreur entachent inévitablement le dis-cours.

13 - Voilà pourquoi les Peuples, qui perpétuent l'édifica-tion de Babel, sont encore à ce jour incapables de s'en-tendre sur ce qu'ils disent et sur ce qu'ils font. Cetteconstatation valable pour les peuples dont les parlersdiffèrent, s'applique aussi à ceux qui usent du mêmeidiome. Aussi longtemps que les Choses ne seront pasnommées selon leur essence, aussi longtemps que lapratique du langage ne révèlera point le fondement deschoses ni leur enchaînement harmonieux, alors toutediscussion sur un point de controverse ne dépassera pasle stade du simple babillage. Les mots n'étant pas enparfaite adéquation aux choses, ils ne peuvent pertinem-ment pas en façonner le concept. Et c'est bien pour cetteraison qu’en dépit du retentissant tintamarre des dispu-tations, des controverses et des Doctrines, c'est à peinesi nous progressons dans l'étude de la connaissance. Carnous débattons sur des Mots, non sur des Choses.

14 - Nous dirons pour récapituler que la pluralité, la dif-ficulté, et l'imperfection des Langues ont causé l'ater-moiement et le désordre dans le commerce des hommes.Or il ne saurait à cela y avoir plus efficace remède que

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l'aménagement d'une langue nouvelle qui surpasseraittoutes celles déjà connues :

a) en Facilité, car elle pourrait être apprise à peude frais et en peu de temps.

b) en Agrément, car ce serait de l'apprendre unplaisir égal à celui de l'enseigner. Enfin

c) en Perfection ( dans la mesure où le permet-tent cette Nature et notre propre imperfection au sein decette école subceleste ), de sorte que le simple fait deparler cette langue contribuerait déjà à la compréhen-sion même de la nature des Choses.

15 - Voilà pourquoi nous concevons des vœux pour lafondation d'une Langue résolument :

a) Rationnelle, c’est à ne présentant dans samorphologie ou dans sa texture aucun élément ( et jus-qu'à la plus petite virgule) qui ne soient porteur de sens

b) complètement Logique, et qui, nulle part nefasse place à la moindre irrégularité ; et enfin

3) Harmonieuse en ce sens qu' elle n'admettraitaucune dissonance entre les choses et leur concept, vuqu'elle exprimerait l'essence et la particularité des cho-ses par la sonorité même de ses mots. Par le fait elledevient une sorte de canal de la connaissance. Et si leshommes adoptaient ce langage selon un consensusgénéral, tous s'accorderaient à reconnaître que c'est lemeilleur moyen de réconcilier les hommes entre eux,d'une part, et les Concepts avec la Vérité des Chosesd'autre part ; et ils s'en réjouiraient. Alors quand la clar-té et la paix seront dans les choses, dans la perceptiondes choses et dans les mots qui en véhiculent lesconcepts, des temps seront que l'on pourra enfin direéclairés et paisibles.

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16 - Une intéressante information vient d'être portée ànotre connaissance : Elle concerne les CaractèresChinois qui ont pour particularité de [correspondre àdes]choses Concrètes : Un tel langage peut avantageu-sement contribuer à une mutuelle entente des nations delangues disparates. Dans une même veine nous pouvonsremarquer que ceux qui savent discourir avec les mainsn'ont guère besoin au sein de leurs relations d'un dis-cours parlé. Si on pensait pouvoir en tirer profit et dansla mesure bien sûr, où cela agréerait, pourquoi ne pasconsacrer toute notre recherche à la découverte d'unLangage concret ? Autrement dit trouver un langage,parlé ou gestuel, par lequel tous puissent également sai-sir, non seulement le discours, mais encore les Conceptsqu'il véhicule, et plus important encore les Choses ellesmêmes. Il en couterait moins d'effort et de peine [quel'apprentissage] de cette monstrueuse somme deCaractères chinois( plus de six mille ) pour un bénéficeinfiniment plus grand.

17 - Et la Langue dont nous parlons serait le plus beloutil qui soit pour mettre en lumière la Sagesse divineaux yeux du Monde, selon un mode tout nouveau. Eneffet aussi vrai que Dieu en diverses occasions utilisa lediscours des Hommes pour donner une preuve de SaSagesse, il nous semble, à n'en pas douter, que cette voiedoive atteindre une pleine expression dans les temps quiviennent. N'est il pas en effet surprenant qu'Il ait conçu[en l'Homme ]un organe apte à générer autant de sons ?Plus d'une vingtaine de sons simples et élémentaires,tous distinctement articulés ? Il est même difficilementconcevable que par la seule combinaison de cesquelques phonèmes élémentaires on eût pu formuler lamultitude de mots nécessaires à décrire la diversité des

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choses. Et sur ce, le discours humain ajoute encore auprodige, en déployant ses aspects selon une variété telleque les idiomes ethniques en sont proprement innom-brables. Pour peu que notre Monde dure encore assezlongtemps, le génie de l'homme tout autant que le fait duhasard, peuvent susciter bien d'autres formes [d'évolu-tion] du langage. Cependant on peut raisonnablementaffirmer que les prodigieuses réalisations divines autourdu langage, ne connaîtront leur couronnement qu'auterme de cette expansion désordonnée, quand, après ladécouverte de sons bien accordés avec la Réalité deschoses, on pourra enfin reconduire le discours des hom-mes vers une Harmonieuse Unité. Et cette voie mériteque chacun la considère attentivement, car elle nousparait le seul moyen actuel de restaurer la Communautédéchirée des Peuples, de rendre à la Terre entière uneseule bouche, et d'accroître d'illustre manière la Gloirede Dieu .

18 - Il ne se trouvera sans doute personne pour releverce point embarrassant : est il permis de créer une languenouvelle ? Au cas où ce scrupule surgirait en quelqueconscience, je répondrais que c'est permis. Gen. 2/19,l'atteste : une autorisation de droit divin fut accordée àl'Homme. Le droit d'observer les Choses et de leurimposer un Nom représente la part de Souverainetéoctroyée à l'Homme en regard de la création. Et donc, sifut accordé à Adam, et depuis lors aux Philosophes, auxArtisans ainsi qu'à quelques autres, le droit de nommerchaque chose spécifiquement, pourquoi donc ne serait ilpas possible de créer les Mots, les Particules et tout l'ap-pareil concourrant à l'intégralité d'une Langue ? Et, làoù des circonstances fortuites ont pu générer par proli-fération une véritable confusion des idiomes, pourquoi

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une réflexion consciencieuse et méthodique, une restau-ration habile et originale, ne pourraient elles pas refon-dre tous ces dialectes en une seule et Unique Langue ?Pourquoi donc tout abandonner au hasard sans rienreconduire sur la voie de la réflexion ? S'il est permisd'améliorer nos concepts par une adéquation plus exac-te aux choses, pourquoi ne pourrions nous pas préparerune version améliorée de la langue afin de la rendre apteà exprimer les Concepts mêmes d'un tel amendement ?

19 - L'industrie humaine n'est absolument pas prohibéepar Dieu qui , au contraire ordonne que l'on se forge uneréelle conception des Choses ; Il ne peut donc pas inter-dire un véritable langage fondé sur la Nature même deces Choses. Et nous affirmons cela parce que voilà lestemps où ( selon les prophéties), Toutes les Nations,Toutes les Langues, sont regroupées pour assister à laGloire de Dieu ( Is, 66/18), et où la Lèvre des Peuplessera Changée en une Lèvre pure par laquelle Tous invo-queront le nom du Seigneur, en l'honorant d'une seuleépaule, [ selon un seul culte]( Soph 3/9) ; ainsi leSeigneur sera le Monarque de la Terre entière, le SeulSouverain, et son Nom sera Unique ( Zach 14/9). Lasignification de ces oracles est telle : La magnificencede Dieu brillera devant les Nations d'un éclat encorejamais atteint. Or les passages cités mentionnent égale-ment le regroupement des nations et des langues, laconversion de la lèvre ( Tremellius donne :Changement de la lèvre ), et le Nom unique de Dieu,ainsi que la réduction de tout le Globe de la Terre en uneplaine. Zach 14/9) . Il n'est pas absurde d'interpréter cescitations comme suit : celui qui à travers la diversité detous les idiomes a su dès le début de l’Evangile rallierles peuples dans l'Unité de la foi, celui là regroupera

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également les langues à l'approche du grand rassemble-ment des Peuples afin que tous le servent par des paro-les choisies et selon une seule pratique[une seule épau-le] [ Note - lèvre : labium ou labrum : Com. donnelabium or labes/ labor lapsus : chute ; et ce qui sort deslèvres est ce par quoi l'homme pèche ; Humerus : epau-le et bras (biceps) ; à rapprocher de hombre, homme ,force active et volontaire de la personnalite : adepte deMithra rejetant la couronne mondaine de sa tête versson épaule ; mithra enfonce le glaive dans l'épaule dutaureau( agneau oriental), agneau porté sur les épaulesdu berger……valeur liturgique et rituelle de la positiondes bras lors des offices religieux. ]. Les oracles ne pré-cisent pas si ces prophéties se réaliseront par voie mira-culeuse ou dans la collaboration des hommes ; et celan'a guère d'importance : quoiqu'il advienne cela serainéluctablement Son Œuvre.

20 - dans l'éventualité où des personnes chercheraient àconnaître la meilleure méthode pour créer cette langue :nous préciserons qu'en fait il y en a deux. L'une s'inspi-re des langues déjà connues, tandis que l'autre s'appuiesur les choses elles mêmes. Par la première on enrevient à imiter Zeuxis qui, se proposant de faire untableau d'Hélène, fit venir autant de Jeunes Filles, etaussi belles qu'on en pût trouver. Ensuite il les contem-pla méticuleusement et quand l'une d'elles en quelquepartie de son corps surpassait tous les autres modèles enperfection, il transférait par la peinture, cette partie, surle portrait d'Hélène ; et ce faisant il parvint avec un cer-tain bonheur à restituer l'idée de la grâce la plus absolue.Nous pourrions, quant à nous, opérer d'analogue façon :postulant qu'il n'y a guère langage aussi pauvre qui nepuisse offrir quelques singularités propres, on pourrait

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envisager de sélectionner ici et là, dans une langue ouune autre, quelques éléments intéressants en terme d'é-conomie, d'originalité, et de force expressive, puis decondenser harmonieusement tout cela pour en faire unelangue unique. Ainsi, de beaucoup de bonnes choses onen ferait une seule, et d'un tout une quinte essence.

21 - C'est néanmoins la seconde méthode qui est la plusconcrète, car en l'occurrence ceux qui ont pour tâche deformaliser ce langage se laisseraient guider par lesChoses elles même ; attendu que tous ces aménage-ments linguistiques ne visent qu'à exposer la Nature desChoses selon la plus extrême rigueur. Et quand ce butsera atteint, alors là, enfin, régnera une réelle et accessi-ble Harmonie. En effet à ce moment une claire percep-tion des choses, lesquelles s'offrent spontanément auxsens des hommes sans distinction, les aidera à appréhen-der cette Harmonie et aussi à la reproduire [ entre eux].Deux Français, parmi les plus ingénieux, ( Mersenne etle Maire ), pensent avoir réussi à poser les bases d'unetelle Langue. Ils sont convaincus de pouvoir, grâce à celangage, converser avec n'importe quel habitant de laTerre et même de la Lune s'il en existe. Or nous-mêmesqui nous appuyons sur les fondements de la PanSophie,nous avons osé espérer l'avènement d'une Langue, dixfois plus simple que le Latin, puisque complètementdébarrassée de toute irrégularité, cent fois plus aboutiepuisque expressément prévue pour représenter les cho-ses et leur concept, dans les moindres détails, et millefois mieux accordée à l'expression de la Nature desChoses, puisque conçue pour définir les Choses en ter-mes de nombres, de taille et de poids et qu'à chaque motde son vocabulaire correspondrait une définition parti-culière

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22 - Et, quoiqu'il en soit de l'avenir de cette LangueUniverselle, il nous semble judicieux pour l'instant defaire deux suggestions : Tout d'abord, il parait bon queles langues savantes et consacrées par les inscriptionssur la croix du Christ, demeurent usitées. Il s'agit, bienévidemment de l'Hébreu, et du Grec, eut égard aux sour-ces des Ecritures Saintes ; mais on réservera aussi uneplace pour le Latin qui constitue à ce jour un Thésaurusdu génie [humain]. Ensuite il faudrait que les Nationsconservent l'usage de leur langues propres et même lescultivent ( quelle sera la décision des peuples qui, aprèsavoir savouré la douceur de la langue nouvelle, ne peu-vent qu'être rebutés par leur horrible dialecte barbare,seul l'avenir nous le dira…) . " Que chaque Souffle soitune Louange au Seigneur, que toutes les Langues chan-tent Dieu ". Et l'on pourrait même dresser pour tous cesidiomes un lexique universel ; et de la même manière ilserait possible d'établir une grammaire usuelle faisantapparaître, selon les cas, les similitudes, les divergen-ces, et les oppositions affectant la morphologie et lasyntaxe. Cela contribuerait encore plus à montrer quemême au milieu de cette indescriptible confusion deslangues la Sagesse divine est déversée sur toute chose.

Chapitre XX

Que peut on espérer de la situation du Mondeaprès

[ la mise en place ]de telles institutions ?

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[ NOTE retroactive concernant Ecclesia :difficulté de compréhension et traduction. (Comenius

l'ecrit en Latin/)Etymologie catholique : Ek Kallein : appeler ( latincalare, Anglais to call)Etym. Selon Platon ( mais que je n'ai pas trouvée ds leCratyle) Ek Halizei : Rassembler.Le H esprit rude justifie le redoublement du k.Parallèle avec Ek LegO : Ex Legere( latin et même sensque le grec : image du glaneur : Cueillir, ramasser enchoisissant Elire, eclectique, dialectique, lecture (choixd'interprétation) Lectorium , religion, ….Traduire par Eglise, ne convient pas surtout ds ce cha-pitre.( d'autant qu'Eglise rappelle les Eglises religieusesofficielles)En grec Ekklesia : Assemblée (tardivement Eglise,assemblée à but religieux)On pourrait préciser selon Etymologie, assemblée choi-sie par Dieu (AncienTestament.) ou par les membreseux-mêmes, (autonomie collégiale) ( neo testamentai-re). C'est toujours l'Esprit qui choisit mais via laconsience de la communauté d'âmes (" c'est moi quivous ai choisi ")Or ici il peut sembler que l'auteur fait correspondreEglise et symbolique d’Israël c’est à dire d’une assem-blée élue par Dieu et réhabilitée en Christ. Assembléede l'Eglise de Christ .Or dans le Monde désormais pourvu des 4 institutions (livres, ecoles, collèges, Langue,), à quoi correspondcette Ecclesia ? A une Ecole spirituelle / guide ou à l'en-semble des hommes de la terre dans un monde redevenumonde de secours originel ? Dans le doute je donne le mot Ecclesia sans interpréter]

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1 - " Il ne vous appartient pas de connaître les temps etles moments que le Père a institués de sa propre autori-té " (act 1/7) Ces paroles de Christ nous rappellent sansambiguïté notre devoir de réserve lorsque nous scrutonsles arcanes du Conseil de Dieu. Aussi longtemps que lePère garde une chose dans le secret, Il ne le dévoile, nipar des oracles, ni par des faits, et nous ne disposonsquant à nous d'aucun moyen de les amener à manifesta-tion. Toutefois, quand apparaissent des signes annoncia-teurs de l'Œuvre de Dieu, que ses Desseins semblents'inscrire dans une phase de réalisation, et qu'en outredes phénomènes directement perceptibles laissent pré-sager des conséquences imminentes, le fait de relever latête, de scruter les alentours, et de tendre la main versd'éventuels dons divins, ne relève en rien d'une folleinconséquence ; nous affirmons qu'il s'agit plutôt d'unelégitime inclination à la vénération et à la reconnaissan-ce.

2 - Par conséquent pourquoi ne pas envisager, confiantsdans les voies désormais accessibles de la Lumière, l'is-sue prochaine du Royaume des ténèbres et l'imminenteet triomphale victoire de la radieuse Vérité ? Comptetenu de ce qui déjà à ce jour fut positivement mis enplace, et d'un aménagement des bases [déjà existantes][ Ndt : cf supra CAPXVIII § 13, où il est dit que lesrebâtisseurs conservaient les anciens fondements]dansla perspective de réaliser les prédictions des prophètes,nous avons le légitime espoir que ce qui nous fait exul-ter dans le Seigneur, peut s'accomplir.

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3 - Quand la véritable Pansophie, c’est à dire la panso-phie telle que nous l'attendons de la divine miséricorde,nous aura été donnée, alors se fera connaître la vraieClarté par la quelle le pourquoi de toute chose devien-dra une évidence : causes accessoires ou raisons majeu-res, manifestes ou secrètes, aucune d'entre elles ne seradérobée à notre connaissance, comme l'annonce la paro-le de Christ : " car rien de celé qui ne soit mis à jour, riende secret qui ne soit divulgué ". (Luc 8/17) . Il en est quisondent les domaines les plus secrets des trésors donnéspar Dieu, au sein de la Nature, des Ecritures, et de l'Amehumaine, pour en faire surgir chaque jour de nouveauxmystères. Or ces mêmes personnes confessent qu'ungrand nombre de ces mystères enfouis, restent encore àdécouvrir, et que même lorsqu'ils sont découverts, ilsconservent encore tout leur secret. Mais on peut toute-fois se douter que la découverte de ces choses encorecachées, n'est pas réservée pour notre futur séjour auCiel, car il est un fait que ces Livres sont donnés parDieu [ Ndt : Livres de la Nature, Livres Sacrés, de l'Ameet des notions connaturelles (ou “de lHomme”)]à l'oc-casion de notre existence ici bas, et non pour cette viefuture où Il nous enseignera, non par des éléments figu-rés et des images, mais bien en Se laissant voir Lui-même, par lui-même, face à face et sans intermédiaire.Or si toutes ces choses qui ressortissent à la représenta-tion figurée et aux images participent de la vie, ici bas,il s'avère nécessaire qu'elles soient exhaustivementexprimées au cours de ce Monde-ci. Autrement il sem-blerait que cela fut placé ici en vain, et que Dieu fasseLui-même ce qu'il défend aux autres, à savoir : recouvrird'un boisseau quelques lumières allumées ici et là, en neles plaçant surtout pas sur le chandelier à la vue et aubénéfice de tous ceux qui peuplent la demeure du

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Monde. ( Luc 8/16) (Mat3/11).

4 - S'il est exact que bien des choses restent encoreenfouies à notre insu, il est aussi vrai que le Seigneur al'intention de les manifester un jour dans leur intégrali-té. Ce qui importe c'est une authentique réalité qui n'aque faire des opinions personnelles et des conjectureshasardeuses, mais qui se fonde sur la seule révélation duprincipe de la chose même. Et ce qui compte également,c'est que ceux qui sont appelés à vivre ces évènements,voient de leurs propres yeux, non seulement ce qui éta-blit l'architecture et l'économie de ce Monde, ce quisoude l'Ecclesia, ou encore ce qui tisse le fil du Temps,mais encore et surtout qu'ils comprennent par euxmêmes pourquoi rien de ce qui est à la source de ceschoses ne peut venir à manquer ou être autrement qu'iln'est. Et c'est alors, et alors seulement que pourra seréaliser la prophétie qui dit que les hommes cesserontd'être enseignés par les hommes ; ( Jer 31/34) ce quivient à dire qu'ils cesseront d'être éconduits par desinventions humaines. Et ils deviendront desThéodidactes [Ndt : cf supra onto, auto, théo didactes :erudition, expérience, connaissance]Is 5'/13), ce quisignifie qu'ils se tourneront vers les Œuvres, les Paroles,et qu'ils suivront les Instigations du seul Dieu [N : raresles fautes typos, ici en l'occurrence, au lieu de solis Dei( du soleil de Dieu) je préfère lire :soli Dei : du seulDieu, plus contextuel…] : ainsi quand les Livres donnéspar Dieu seront ouverts, quiconque les lira, les com-prendra sur le champ. Et par voie de conséquence, leshommes ne se contenteront plus de croire les mystèresdivins, (ce qui, notons le, suffisait dans les premierstemps à les conduire vers la béatitude ( Heureux ce quiont cru a dit le Christ), mais de surcroît ils compren-

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dront. Et Dieu a voulu magnifier ces derniers temps parune incrémentation de la Lumière (Is32/4 Jer 30/24Dan 12/3 Apoc22/10) " Dieu accordera cette grâce etcette magnificence à ses sanctifiés, afin que ni le Soleil,ni la Lune, ne leur fassent défaut puisque Lui-mêmesera alors leur perpétuelle Lumière, lorsque sa tente seraplacée parmi les hommes " Psalm 84 Is 60/19Apoc21/3. En fait, à ce moment là, les Docteurs et lesguides sur la voie de la Vérité, ne manqueront point, (Is30/21 22)mais alors ils se trouveront principalementailleurs comme Dieu l'a prédit ; Et de fait il n'y aura per-sonne pour s'ériger en guide ou en maître des Hommes,ni d'ailleurs, d'Homme pour les instituer comme tels, cartous confesseront que Christ est le seul et unique Maître(Matt 28/10). Et ce sera alors aux docteurs de prononcersolennellement, la parole des Samaritains : " Nous necroyons pas à cause de tes paroles…. " [cf supra CAPXIV] [ ndt : credere dans l'antiquité possédait le doublesens indivis de croire et faire confiance]

5 - L'ouverture des Ecoles Universelles, c’est à dire l'in-troduction de la Culture au sein de toute l'Humanité,afin que tous apprennent à lire et à saisir le sens de leurlecture, autorisera le déploiement de la lumière verstous, pour que tous sans exception apprennent à connaî-tre le Seigneur ( Is 31/34) ; pour que la Terre entières'emplisse de la connaissance de Jéhovah et que la Mersoit recouverte par les eaux (Is 11/9) ; et désormais il n'yaura plus d'enfant (IS 65/20)car tous parviendront à l'u-nité de la foi et à la connaissance du Fils de Dieu, à l'é-tat d'Homme parfait à la mesure de pleine stature deChrist, et ils ne seront plus des enfants ( Ephes 4/13 14)[Ndt : infans du radical archaïque Far, signifie qui n'estpas assez mûr pour pronocer les paroles rituelles et

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sacrées ; ce qui bien sûr correspondait à la non interlo-cution parmi les adultes ; on en a gardé que la deuxiè-me partie]

6 - Après la mise en place des Sociétés universelles deSages, la Lumière ne pourra faire défaut et le retour desténèbres sera condamné, du fait qu'à cet instant la clartéuniverselle touchera tout le monde et que le nombre deceux qui la propagent s'accroîtra toujours davantage.Egalement le nombre des consciences qui répondrontspontanément à la Lumière se multipliera, à l'instar desfruits de la Terre quand revient la saison ; et comme uneféconde graine jetée sur le sol ici ou là, se reproduirabientôt en de nombreuses autres. Voici ce que préditIsaïe ( 60) : " les portes [de Jérusalem]laisseront tou-jours s'écouler[ un flux de Richesses et de Rois](verset11) ; et encore " Ton soleil ne se couchera plus et TaLune ne décroîtra pas, car le Seigneur deviendra pourtoi une lumière permanente et tes jours de deuil s'achè-veront. Ton peuple ne comptera plus que des justes…Leplus petit sera millier, l'insignifiant sera une puissantenation. Moi, Jéhovah, le temps venu, je hâterai l'avène-ment de ces choses (Is 60/20 -22) Voir encore : Is 33/2021) et Jer 30/ 19 20) et ailleurs.

7 - Après avoir doté les peuples d'une Langue universel-le, et qu' elle fût tenue en usage, le Monde deviendrapraticable au déplacement de l'ensemble de ses habi-tants. Rien ne s'opposera plus à ce que quelqu'un entre-prenne selon son gré, de voyager, d'enseigner ou d'ap-prendre en quelque contrée que ce soit. Car si les habi-tants du Globe s'entendent entre eux, ils ne formerontplus en quelque sorte, qu'une seule Nation, un seul peu-ple, une seule demeure, une seule Ecole de Dieu. Et là,

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enfin sera révélé ce qui adviendra à la suite de ces insti-tutions : Toute la Terre deviendra comme une Plaine(Zach 14/10)et on ne se verra plus confronté auPeuple[ de la Terre] dont le discours est si abscons qu'ilen est incompréhensible, et dont les langues étrangèressont dénuées de tout entendement[ N : ou discernementdans le choix des mots ou pensée rationnelle ou expres-sion de la connaissance : difficile de préciser la penséede l'auteur ; quant à citer la bible : on voit queComenius paraphrase à tout instant.](Is 33/19 et66/18) Aux peuples sera redonné une lèvre pure, et unterme sera mis à la dispersion de Babel[Etymologiquement : la confuse : ], lorsque Il auradébuté la reconstruction de Sion et qu'Il apparaîtra danssa Gloire.

8 - " Et voilà qu'à ce moment les nations qui accourentvers la Clarté de Sion, marcheront dans sa Lumière( Is60/1 2 3) ; et les confins de la Terre se tourneront versle Seigneur (Psalm 22/28) ; et les richesses des nationsvoleront comme de lourdes nuées, telles des colombesvers le colombier. Tous les peuples amèneront leurs filssur leurs bras et porteront leurs filles sur les épaules (Is49/22) ; et tous les autres peuples appartenant auxnations qui de tout temps montèrent contre Jérusalem,viendront adorer le Seigneur, le Roi des armées.( Zach14/16-21)

9 - Voyant cela les Israélites, alors dispersés aux quatrecoins du monde, se ressaisiront à leur tour quand ilsreconnaîtrons les ténèbres qui les entourent, et, com-mençant leur quête, ils trouveront leur propre DieuJéhovah, et leur Roi David. (Osée 3/ ) ; et ils seront eux,les Israélites, rétablis dans une grandeur toute nouvelle.

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Or les promesses solennelles, relatives à une ultime etformelle réhabilitation de l'ensemble des Juifs, apparais-sent un peu partout dans les Ecritures.

10 - Alors il adviendra qu'après l'abolition del'Hégémonie des Juifs inflexibles, [Ndt : Juteoferrea :( appliqué à monarchia) or ce mot apparemment com-posé, n’est pas au dictionnaire :Juteo pour Judeo ?accolé à ferreus : inflexible, dur comme le fer (or lapierre tombée a frappé le pied en fer de la statue) ; allu-sion à l'abolition de la Loi Mosaïque. Et avènement dela connaissance Christique ?]la Pierre tombée et chan-gée en une montagne occupera tout la Terre [ elle-mêmechangée en Plaine]. Autrement dit l'ensemble desRoyaumes deviendra le Royaume du Seigneur et de SonChrist. Ce qui ne signifie pas qu'il n'y aura plus de Roissur la Terre, ni de Chefs à la tête des Peuples, car ilsseront de fait éminemment réunis ensembles ( Psalm72/11 et 102/ 16-23 Is49/23 &60/ 3-16 ). Cela veut direqu'il n'y aura plus de bêtes fauves occupées à se déchi-rer et à s'entre dévorer, et qu'il n'y aura plus de ces bel-luaires toujours prêts-à-porter la guerre chez les autreset à écraser tout ce qui fait obstacle à leur convoitise.Mais en retour tous ces hommes fiers, Lions maintenantapprivoisés et rentrés dans le troupeau de Christ, réunisau sein de l'Ecclesia nourricière, seront, dans la Paixparfaite, des collecteurs de Justice [ndt cf note prelimi-naire. Collecteur : lectorium / ekklesia], afin que s'étei-gnent le bruit de la dévastation et de la violence et larumeur de la désolation ( Is 11/7, 60/ 18 ). Car ceux quiravagent le Monde se perdent eux-mêmes. ( Apoc.11/18)

11 - Le psaume 110 / 2 - 3, ainsi que l'Apôtre [Paul] I

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Cor. 15 /24- 49) enseignent qu'il faut considérer deuxpériodes distinctes dans le Règne de Christ, lequel,après avoir régné au milieu de ses ennemis, connaîtraensuite une Royauté sans détracteurs. On s'accordecommunément pour prolonger cette deuxième périodejusque dans la vie éternelle, qu'introduit le Jugementdernier ; or l'Apôtre, quant à lui, se refuse à situer ainsice Règne où Christ " fait de ses ennemis un escabeau[ pour ses pieds ]" : il prédit en effet que cette secondepériode durera jusqu'à ce que le Christ aie complète-ment affaibli et éradiqué toute forme d'autorité et depuissance ; puis il affirme que le Fils doit à son tourremettre son Royaume au Dieu et Père, afin que celui cisoit tout en tous ( vers. 24 à 28). Et l'Apôtre d'ajouterque le dernier ennemi à abattre, c'est la Mort. Nous enconcluons que tous les ennemis autres que la Mort, [etbien sûr antérieurs ], doivent nécessairement êtreanéantis en cette vie, ici bas, afin, (selon apoc. 2), queles Royaumes du Monde deviennent ceux du Seigneuret de son Christ. Et ce moment correspondra à la réha-bilitation [ou Rétablissement], d'Israël (Act. 1). Et deplus ce temps sera celui du rétablissement de toutes cho-ses, comme le laissaient entendre certaines allusionssymboliques sous la Loi et même avant la Loi. On admet généralement que furent assignés au Mondetrois états correspondant à trois époques distinctes : Toutd'abord une période pendant laquelle il fut livré à lui-même [ note - inanis : vide, creux, inoccupé ( sens pro-pre et figuré) ]puis une autre où il fut sous la Loi, etenfin le temps du Messie. Quoiqu'on en pense deuxpériodes se sont déjà écoulées, pourquoi n'assisterionsnous pas maintenant à l'avènement de la troisième ?Avant la Loi, dans le contexte impie des adeptes deCaïn, l'Ecclesia fut contenue dans sa plus simple expres-

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sion, pour ne pas dire opprimée ; toutefois quand ledéluge eût radicalement mis un terme à cette situation,elle recouvra sa liberté. Précisons que d'Abraham jus-qu'à Moïse, la Loi n'était pas écrite ; au cours de cettepériode l'Ecclesia se déplaçait sans cesse, elle fut mêmetenue en servitude durant son séjour en Egypte, recou-vrant à nouveau sa liberté après que Pharaon fût englou-ti par les flots; elle reçut enfin la Loi, et après avoir tra-versé le Jourdain, et défait ses ennemis, elle fonda unRoyaume. ( Néanmoins n'oublions pas qu'elle fut puniepour ses fautes quand l'occasion se présentait) . Or voilàqu'avec la venue du Messie, l'Ecclesia doit pareillementvivre deux situations différentes : d'une part persécutéepar ses détracteurs et d'autre part régnant avec Christ surses ennemis, comme elle y aspire désormais.

12 - Il ressort de tout cela que c'est Satan Lui même,chef et guide des ennemis, qui doit être mené captif auTriomphe. Voilà ce que proclament les oracles divins :Et Satan sera lié par une puissante chaîne et enfermédans l'abîme de ses propres ténèbres, afin qu'il ne puis-se plus davantage séduire les Peuples, et ce, durant lesmille ans de cette dernière période .( Apopc. 20). Etnous pensons que ce bridon qui viendra museler safureur sera justement la Chaîne toute puissante de notreDieu Lui-même : S'il nous etait effectivement donnéd'appréhender les voies de l'expression de la puissancedivine, serait il alors déplacé de croire que la chaîne[Ndt au sens de succession ininterrompue des causesdes choses ]de la Lumière et de la Vérité, puisse enrou-ler des liens tels que Satan en personne ne puisse s'endéprendre ? Certes à ce jour, c'est encore lui qui liait lesPeuples dans les chaînes de l'erreur, de la grossièreignorance et des savoirs imposés ; Pourquoi dorénavant,

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la [force de ]cohésion [Ndt - nexus : nœuds, étreintes,lien entre les causes]de la Vérité et de la fulguranteLumière ne le lierait-elle pas à son tour ? Et pourquoi,comme cela est indispensable, ne le maintiendrait-ellepas, sans possibilité de rébellion, dans le gouffre de sespropres ténèbres ? Or quand la Lumière prend les armesde la Vérité, elle est absolument invincible.

13 - Alors après avoir enduré la haine et ses causes,après avoir supporté les dissensions et les divergences,la Paix universelle sera sur toutes les régions du Globe.Comme tous les hommes auront devant les yeux lesmêmes aspects de la Vérité, tout motif de dispute auradonc disparu. De même l'ambiguïté des opinions incer-taines ne perturbera plus personne, vu que les hommesne seront plus enseignés par des hommes mais qu'ilstireront leur enseignement de Dieu qui est la Véritémême. Et chacun verra clairement , la seule et uniqueSainte voie de Sion, hors de laquelle même les sots nepeuvent s'égarer (Is 35/8). Et si un seul cœur, une seulevoie, fut placé en tous c'est pour qu'ils craignent unani-mement le Seigneur(Jer. 32/39). Alors la prédiction s'ac-complira , qui annonce : " Ils feront de leur glaive dessocs, de leurs lances des faux, et de leurs javelots deshoues. Et les peuples ne lèveront plus le glaive contreles peuples, et ils ne s'exerceront plus au combat ".Is2/4Mich.4/3) ". Et ils se tiendront, qui sous sa vigne, quisous son figuier, et il ne se trouvera personne pour les enempêcher. Les bruits de violence se seront tus ". (IS60/18, voir encore Is65/21-25, voir encore 66/12-14plus divers passages des prophéties et partout où ondécrit le règne paisible du Prince de la Paix : Christ.

14 - Ainsi se réalisera la promesse donnée par Christ,

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relative à une seule Bergerie et à un seul Berger, quandIl aura réconcilié dans un seul et même troupeau, tous,jusques aux Lions, aux Loups, aux Ours, et auxFélins(Chapitre II). Et ce sera alors l'avènement d'unvéritable siècle d'or, plus encore que ne le fut celui deSalomon : Puisque les hommes, guéris de leur folie,délaissant une existence bestiale, commenceront à vivretels des hommes, se tournant vers une vie sensée, spiri-tuelle et divine. Et ceci apportera donc une heureuseconclusion à la litanie des malheurs passés. Et la légen-de du Phénix, lequel renaît hors du brasier encore plusbeau qu'avant, deviendra une réalité : Puisque , aprèstant de funestes divisions qui ont pour ainsi dire embra-sé l'Ecclesia et le Monde entier, Lui, Il leur rendra unvisage plus pur que la neige, etc. Et voilà que l'Ecclesiaà son tour s'émerveillera de ce que tant de décombresparmi une telle désolation, puisse être si miraculeuse-ment restaurés. (Is 49/19).

15 - Et l'on assistera, alors, à l'Ecclesia du Sabbat [ desHébreux], au Septième Âge du Monde, où, après 6000années d'efforts et de peines, après d'incessantes luttes etde perpétuelles défaites, le repos sera enfin accordé,avant que ne retentisse le bienheureux Huitième âge duMonde, pour l'Eternité. [ Ndt : cf commentaires duCorpus Hermeticum par Jan van Rijckenborgh,Poïmandrès/ Hermès Gnose des temps présents-TomeI - Editions du Septénaire, Tantonville]. En cet instantnous saisissons toute la portée des mots de Pierre quicaractérisait la Fin de ce Monde par cette simplenotion: " Pour Dieu un jour est comme mille ans etmille années comme un seul jour "(II Pierre 3/8) Il s'a-vère donc qu' à l'instar de l’œuvre de la Création qui futparachevée en Six jours, ( le Septième, surajouté et

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dédié au repos), le processus de L'Ecclesia aura nécessi-té 6000 ans, auxquels s'ajoute un Septième millénairedédié à la paix, à la contemplation, à la bénédiction età la joie. Et parce que : " quand se tiendront Sabbat surSabbat, toute chair qui vient adorera la face du Seigneur". Is 66/23) . Et quand toute l'Ecclesia chantera lePsaume 133, " voyez comme il est bon, comme il estagréable d'habiter, tous réunis comme frères, & c… " "Et voilà le seigneur fait venir la bénédiction et la viejusque dans le siècle ".

16 - Et ainsi se tiendront les noces de l'Agneau et de sonEpousée [Ndt - Sponsa, celle ( que l'on a promise) etdont on est responsable ; Sponsor : tuteur, parrain, quis'engage à l'intégrité, à la parole du Sponsus & de laSponsa ],dans son jardin ( de l'Agneau) qui fleure lesaromates ; et Il dira : " viens dans mon jardin ma sœur,ma fiancée ! j'ai mêlé ma myrrhe à mes aromates. J'aimangé mes gâteaux avec le miel et j'ai bu mon vin etmon lait ensemble. Mangez amis, buvez et vous enivrez.(Cant. 4, 5)

17 - Et voilà que maintenant on nous dit de nous eniv-rer ou de songer. Or puisse celui qui prépare l'ivresse deses amis et le songe de son bien aimé, ( Psalm 127/4),noyer ainsi également tous les hommes dans le flot deses voluptés. Psalm. 36/9 10) ; puisse-t-Il encore lesjuger dignes d'être admis à ce genre de songes qui nesont autres que la [vision] de Christ, du Ciel, du salutuniversel, de l'amour et de l'édification réciproques ;puisse t Il les trouver, délivrés de leur pitoyable faute,aptes à la vision du Sabbat ! Et le Prophète eut, et assu-rément donna à son entourage, le sentiment d'avoir rêvé,lorsqu'il prédit que sous l'affligeant état de L'Ecclesia

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surviendraient de bien agréables choses, et lui d'ajouter" je m'éveillai d'une sorte de sommeil et je me rendiscompte que ce sommeil m'avais été agréable " Jer31/23-26)

Chapitre XXI

De la septuple exigence requisepour mener à bien

ces choses tant désirées

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1 - D'ores et déjà nous ne pouvons ignorer le présentespoir de pouvoir poursuivre le saint et tant désiré des-sein d'une Réforme Universelle. Or les décisions quiprésident à la conduite de ce projet ne sont pas sanscomporter des impératifs et des précautions : c'est pour-quoi sept exigences particulières vont susciter notreréflexion.

2 - Dans la mesure où nous voulons être comptés parmiles serviteurs de la bonté de Dieu,

a) il sera indispensable que nous soyons animéspar les effets d'une incommensurable confiance ;

b) il nous faudra aussi ardemment invoquer l'ai-de de Dieu ;

c) nous aurons, d'autre part inévitablementbesoin de l'activité laborieuse et inlassable d'une fouled'Hommes sages, mais également,

d) de l'approbation et du soutien des Puissants ;e) en outre, au cours de la construction il sera

indispensable que la Réflexion et l'Organisation structu-rent nos travaux ; et,

f) dès qu'un produit sera élaboré, qu'on l'amènesans tarder dans sa phase d'application pratique ;

g) par conséquent, pour avancer d'une réalisa-tion à l'autre, jusqu'à l'Universalité souhaitée, nousaurons besoin en permanence d'être sagement conduitvers le but . Nous allons maintenant préciser un peu cha-cun de ces points.

3 - Précisons d'abord, et c'est affaire de bon sens, quepour mener à terme une vaste tâche, il faut un cœur etun courage à la mesure ; et j'en veux pour preuve lesentreprises divines elles mêmes. Or cet ouvrage néces-

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site de la part de ceux qui l'entreprennent un inflexiblecourage. “Aux audacieux rien d'invincible, ditPlutarque, et aux esprits forts rien d'inaccessible " “qui-conque a cru en de grandes découvertes, a fait de gran-des découvertes " disait Sénèque. Et chaque fois queDieu a appelé une personne à réaliser quelque actionremarquable et hors du commun, Il ne requérait d'ellepour l'exécution de son dessein, qu'une puissante foi ; enrevanche Il fustigeait sans équivoque toute forme depusillanimité. On retrouvera cette exigence divine dansles caractères de personnages comme Moïse, Gédéon,Jérémie, Paul, et d'autres encore, qui furent appelés ende telles circonstances. Et d'ailleurs, Christ voulant édi-fier dans une foi confiante ceux qui cherchaient à savoiret à obtenir auprès de Dieu, ne leur a-t-il pas dit“Contentez vous de croire et cela sera ; car tout est pos-sible à celui qui croit. " ?

4 - Il y a dans cette affaire que nous avouons être horsde proportion avec ceux qui l'entreprennent, au moinstrois points susceptibles de nous assurer le succès.D'abord un indéfectible espoir dans l'aide de Dieu ;ensuite la sympathie bienveillante et ouvertement pro-mise des gens de bien ; et enfin la nature même de cetteaffaire dont les bases déjà bien établies facilitent la miseen œuvre.

5 - [ Pour justifier du premier motif de confiance ci-des-sus], retenons que, quelle que soit la nature et l'impor-tance de ce que nous brassons ici en pensée et en actes,au final cela concerne la Gloire de Dieu et l'accroisse-ment de son Règne. Par conséquent on est fondé de croi-re que, sauf à se nier Lui-même, Dieu ne peut manquerd'assister cette entreprise. Toutefois comme aucune

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révélation extraordinaire ne nous a instruits de notremandat à poursuivre l'exécution de cette affaire, il estpossible que, en proie à l'incertitude, nous en venions àdemander : “Veut Il que nous menions ce projet tantsouhaité, avec nos seules ressources, par nous-mêmes,ou bien au contraire destine-t-Il cette tâche à d'autresque nous ( et que nous aurions suscités par nos exhorta-tions et notre exemple) ?” Mais certes une telle incerti-tude s'éloigne devant le fait que Dieu nous a trouvésdignes de recevoir des révélations certaines quant à sapropre volonté. De surcroît nous possédons quelquesillustrations de cette alternative auprès de David,Salomon et autres Saints Hommes. Alors que Davidoffrait son travail à Dieu par la construction du Temple,c'est à son fils Salomon que fut confié le soin d'y appo-ser le sceau. Dieu tout au moins n'interdit pas de mettresur le métier l'idée et la conception de l'ouvrage. Il sem-blerait plutôt qu'en ces occasions, ayant vigoureusementapprouvé de si pieuses dispositions d'esprit, Il ait four-ni, comme on le sollicitait, les opportunités de réunir leséléments nécessaires à ces entreprises. Ce qui resteindubitable, c'est que les choses favorables ne peuventassurément pas provenir de source autre que celle, inta-rissable, d'où émanent toutes les justes pensées et lesbonnes actions. Et il s'avère tout autant que Dieu n'apoint coutume d'abandonner ses œuvres, excepté quandelles sont négligées par ceux là mêmes qui avaient latâche expresse de les servir.

6 - Quiconque, donc, prend la décision d'agir pour ser-vir Dieu, (et ces engagements pour la cause de Dieu nemanquent certes pas), est en droit d'agir aussi énergique-ment qu'Elias( Job 33/6 & 36/2 ) " L'humilité et lamodestie ne seyent point au service de la cause de

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Dieu ; là ne sont admis que des natures fortes et inflexi-bles " Elisée, [disciple d'Elias]par zèle de promouvoirla Gloire de Dieu, osa demander le double d'Esprit àElias, ( ce qui de l'aveu même d'Elias était vraimentbeaucoup), et pourtant il obtint ce qu'il avait demandé :Aucune confiance ne saurait être si grande que Dieu ensa Toute puissante et miséricordieuse Bonté, ne la com-blât point. C'est qu'en effet la Vertu divine ne placeaucune limitation quand elle collabore avec l'Humanité.Qu'on évoque l'aide divine et on sera entendu, que l'ondemande et on nous donnera, que l'on frappe et on nousouvrira. Cherchez et on vous indiquera ce que vousdevez trouver. Dans la mesure où les grandes choses quel'on désire sont en accord avec Sa volonté, c a d qu'ellesparticipent de sa Gloire et du Salut des hommes, Il nepeut les refuser , car cela équivaudrait à se refuser lui-même. " ouvre seulement la bouche et Je la comblerai ,ditIl lui-même ( Psalm81/11 ). Que les bâtisseurs de lafastueuse Babylone craignent d'être abandonnés, euxqui bâtissent contre le conseil de Dieu, mais non pointles humbles constructeurs de Sion ; l'enthousiasme lesabandonnerait-il dans une cause aussi généreuse ? Maisces paroles auront peut-être plus de poids : car quand leChrist dit " allez de par le Monde et prêchez toutes lescréatures ; Moi, je serai parmi vous jusqu'à la consom-mation des Siècles ", il ne s'adresse assurément pas auxseuls Apôtres, qu'en ces temps Il dépêchait vers leMonde, en les assurant de sa présence, mais il s'adresseà tous, sans solution de continuité, jusqu'à la fin dumonde. Et donc il s'adresse également à nous qui som-mes venus en ces derniers moments du Siècle.

7 - Nous n'avons nulle raison de désespérer de la sym-pathie des hommes, attendu que nous n'agissons pas

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dans l'intention de léser qui que ce soit mais nous oeu-vrons au contraire dans l'intérêt collectif. Il convient quetous soient assurés que nous ne tramons pas, parquelques menées trop humaines, l'accession d'un quel-conque Monarque, devant qui Rois et Peuples plieraientle col ; et qu'il n'entre nullement dans nos intentions defonder quelque Secte philosophique ou religieuse delaquelle les autres auraient tout à redouter ; et que nousne cherchons pas non plus à semer inconsidérémentquelques idées nouvelles, ni à faire accroire quelquesnouveaux secrets mystères, au détriment et au mépris detoute l'ancienne tradition. Non, certes non ; notre réelpropos est que les hommes acceptent de reconnaître lesbonnes choses dont ils disposent, et que les ayant ver-sées dans la communauté, ils en apprennent l'usage et lajouissance, ensemble et dans la joie. Et afin que, cessantd'attenter les uns les autres à leur liberté respective, touscommencent, dans la suprême royauté de Christ àrégner sans entrave dans son Royaume libre. Et pourqu'ils cessent également les divisions sectaires et lespratiques odieuses. Nous suggérons qu'ils travaillentplutôt dans une même volonté et une même intention, àl'avancement des Arts et des Sciences, ainsi qu'à l'appro-fondissement de l'étude des trésors et des mystères de laconnaissance. On ne cherche certes pas non plus à déva-loriser l'activité des anciens, ni à minimiser le mérite deleurs découverte, on veut, tout au contraire les parfaireet les couronner. Nos prédécesseurs avaient simplementatteint des limites qu'ils ne pouvaient franchir, alors quenous, nous appuyant sur leurs épaules nous en devenonscapables. En un mot redisons que notre entreprise neprépare aucun dol, aucune violence, au détriment de quique ce soit d'entre les mortels ; elle s'efforce seulementde procurer à chacun la clarté necessaire pour observer

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avec la plus grande acuité possible ce qui est propre etusuel, mais de surcroît tout ce qui est étranger et nou-veau. Ainsi tout un chacun est à même, en toute connais-sance de cause, de décider s'il préfère conserver sonmode de vie habituel, ou si au contraire, il estime fondéde changer pour quelque chose cde mieux. Et pour finirnous souhaitons mettre à la portée de l'ensemble deshommes, sans exclusion, tout élément de Bien ou deVérité, où qu'il se trouve. Tant que nous nous comporte-rons ainsi qui donc pourrait trouver à nous haïr ? Etpourquoi, dans ces conditions, nos efforts ne seraient ilspas promis à la sympathie, à l'appui, et aux vœux detous ? Le monde n'est pas aussi attaché aux perturba-tions qui l'affligent, qu'il ne veuille accepter quelquesremèdes quand on lui en propose. Présentez au Mondequelque chose de neuf, tout en faisant miroiter ses avan-tages, et il acceptera en confiance, même si une trompe-rie y était dissimulée : alors ne se laissera t il pas, à plusforte raison convaincre, s'il appert que ce qu'on lui pro-pose est le Bien Véritable ?

8 - Dans la mesure où elle bénéficie du secours de Dieuet où elle s'appuie sur notre propre réflexion, l'entrepri-se nous apparaît maintenant accessible et nous avonsbon espoir de la mener à bien . Car nombreux sont ceuxqui actuellement y collaborent et de plus, il semble quele Monde lui-même se dispose à une vie nouvelle[palingenesia]. Et en outre voilà que Dieu nous exposeses desseins en toute clarté et avec une simplicité parfai-te. Rappelons que sa réalisation ne présente aucunrisque lié au danger ou à la jalousie d'autrui ( comme cepourrait être le cas si les tâches nécessitaient le secret,une intelligence subtile ou au rebours un caractèrelubrique, ou bien si elles exposaient tout simplement à

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des obstacles périlleux) ; or il s'avère que ces tâches sontconcrètes, visiblement axées sur un but tangible ; parailleurs elles utilisent des outils adéquats et elles semontrent pour ce qu'elles sont, sans ornement. Au termede ce tableau, je vous le demande, que nous reste-t-ildonc à faire si ce n'est vouloir et tendre la main vers lesecours divin tant invoqué ?

9 - J'ai en effet mentionné comme seconde exigence lanécessité d'invoquer ardemment l'assistance de Dieu.J'ajouterai que cette aide est à ce point indispensable,que si Dieu ne venait point soutenir Lui-même le travail,s'Il ne le menait et ne le parachevait Lui-même, c'estbien en vain que le Monde entier rassemblerait forces etconnaissances. La Terre entière appartient à Celui qui l'afondée ('Psalm 24). Qui oserait donc la restaurer sansson consentement, sans son avis, sans qu'Il l'ait ordon-né? C'est pourquoi il faut prier Dieu que de Lui-mêmeIl fasse descendre son Esprit Saint et qu'Il redresse lessentiers des habitants de la Terre, et que ceux-ci se com-plaisent à servir comme des Hommes instruits dans laSagesse. Des promesses sans équivoque furent d'ailleursfaites à ce propos : " A cause de Sion on ne se taira pas,a cause de Jérusalem on ne se reposera pas, jusqu'à ceque sa Justice se montre dans sa splendeur, jusqu'à ceque son Salut brûle tel une lampe ; jusqu'à ce que lesPeuples voient la justice de Dieu et les Rois saMagnificence ".

10 - Quand Dieu n'œuvre pas par des miracles Il utilisedes moyens ordinaires. C'est pour cette raison qu'aprèsavoir invoqué une aide céleste, on doit également cher-cher des appuis parmi les Humains. Quand dans les touspremiers temps, pour sonder les voies de la connaissan-

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ce et tenter d'imaginer toutes sortes d'ingénieux instru-ments, on fait appel à Befeeles et Aholiabi, il s'agitincontestablement d'hommes emplis par le Seigneur duSouffle de la Compréhension ; d'hommes à qui la grâcedivine a communiqué des capacités, des connaissanceset l'efficience de la volonté, ce qui les rend aptes à sedévouer intégralement au saint Travail, pour la Gloirede Dieu, le Salut de l'Ecclesia et celui de l'humanité. Orsi le cas échéant, il était possible de rencontrer n'impor-te où parmi les Peuples de tels hommes, égalementenvoyés du Ciel et désignés par le doigt tendu de Dieu,il est bon que l'on soit à même de les reconnaître ( mêmes'ils n'ont pas, à l'instar de Befeeles et Aholiabi, étéexpressément appelés) .

11 - Parce que, précisément, l'œuvre est vaste, qu'ellesuppose tout un lot de tâches diverses, et qu'elle requiertun temps considérable, on ne doit pas s'attendre à cequ'elle s'accomplisse avec les facultés et les forces d'unseul ; Elle doit être réalisée par un Collège choisi parmide nombreux hommes qui se distinguent par leur intel-ligence, par leur habileté, et qui sont naturellement aptesà poursuivre, établir, et propager la Lumière, la Vérité,la Paix, et la Concorde. Et finalement on peut escomp-ter que l'Union de ces esprits hors du commun( isolé-ment ils seraient impuissants), générera dans le cadre duprojet, un ensemble de produits aboutis : en supposantbien entendu, que ces hommes, après avoir sérieuse-ment mis la main à l'ouvrage ( toujours avec l'aide deDieu) ne se désistent pas.

12 - Etant désormais assurés de l'aide et de l'assistancedes Libraires et des Rayonnages de leurs Bibliothèques,sûrs également du renfort apporté par des gens de tous

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horizons, décidés à ne point ménager leur temps ni leurpeine, certains encore de la caution et du soutien desaînés, nous avons néanmoins encore besoin dans cetteaffaire de ceux qui représentent Dieu sur la terre et quidétiennent en leurs mains, l'autorité, la décision, le nerfde l'action, et une bienfaisante générosité. En effet quepeuvent bien faire, en des choses aussi considérables,les courageuses initiatives privées, de simples particu-liers disposant pour tout équipage de leur seul talent etressources personnelles ? Et c'est la raison pour laquel-le Dieu lui-même, chaque fois qu'Il voulut apporterquelque nouvel embellissement à son Eglise, suscita desHéros [sic] ; ainsi Moïse pour faire élever sa Tente parles Chefs des Peuples, qui, d'eux même, en totale obla-tion, initièrent le saint œuvre avec ferveur. Et quand Ileut besoin d'architectes ce sont les Rois David etSalomon, pieux et sages s'il en fût, qu'Il attacha àl'Edification du Temple. Et quand il fut nécessaire de lerebâtir , il confia la tâche à Zerrobal, Cyrius, et Darius ;dans la même veine il chargea Joseph, Josée, etMacchabée de restaurer la religion. En revanche c'est àPtolémée qu'Il demanda de transcrire les Livres Saintsde l'Hébreu en langue Grecque, afin que les peuplesHellènes, dès avant l'avènement de Christ, prennentconnaissance de sa venue annoncée par les oraclesdivins : d'autres exemples peuvent encore se rencontrerici ou là, en diverses circonstances. Enfin, comme l'an-nonce Isaie, 49, Il a promis d'éveiller des Rois et desReines, nourris au sein de son Eglise et qui une derniè-re fois, ramèneraient son Peuple dans l' Ecclesia ; et cesont eux, précisément, et nul autre, qui apporteront leuror et leur argent au Seigneur pour le plus grand honneurde sa Maison ( Is 69). Car il convient que ceux qui sontappelés à concrétiser de grandes et puissantes choses,

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soient armés et encouragés par les Grands et lesPuissants : et cela, nonobstant le fait qu'en certaines cir-constances où ne se trouvait personne d'autre pour offrirses services, Dieu laissât mener son grand œuvre par depetites gens dénuées de ressources et sans l'aide des aut-res hommes ; mais cela toujours dans la perspectived'apporter encore plus de lustre à Sa Magnificence.

13 - Quant à l'exigence de prudente réserve, que nousavons mentionnée, elle s'appliquera en tout premier lieuau comportement avisé de quiconque est mandaté pourélaborer ces choses en vue d'un usage public et de qui-conque préside, planifie et dirige l'élaboration de leurspréparations : autrement dit, on agira en ce point, autantque faire se peut, en secret, loin des rumeurs et de l'os-tentation mondaines : Et Dieu n'a point autrement agidans l'accomplissement de ses œuvres, qu'Il a dévoiléesune fois accomplies et non au moment où Il se préparaità les accomplir. Ou bien selon une formule païenne : "Jupiter foudroie d'abord, et l' Eclair jaillit ensuite ", ettoujours dans la même inspiration : " Le Soleil se lèveen silence ; et les arbres poussent sans bruit " ; " et leRoyaume de dieu n'est pas apparu sous les regards ", ditle Christ. Donc, ceux qui posent les bases de laConnaissance agiront à l'imitation du Christ qui, d'aborda fait et enseigné ensuite, [Ndt : Jesus transfigure puisil revient enseigner les disciples], Lui qui ne sollicitaitpersonne, ne prêchait ni ne faisait entendre ses parolesdans les lieux publics, [sic] , jusqu'à ce qu'enfin Il pro-duise son témoignage de Victoire. Et dans la mesure oùcette règle fut observée jusque là, elle doit l'être encoreplus scrupuleusement aujourd'hui, afin que la réflexionque nous menons( sous le vocable de la voie de laLumière), ne soit connue que de ceux-là seuls qui sont

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appelés à participer à ses délibérations. -[ Ndt inframeletemata ? melle temeta, vin au miel voir chapitreXX] Cette précaution dont le principal motif est quenous commençons à peine à préparer le vin au miel c’està dire que nous en sommes seulement au rudiment del'œuvre et que celle ci ne semble pas prête pour être pro-duite dans l'arène publique.

14 - Ensuite il sera nécessaire que ceux qui vont se voirconfier l'exécution de ces tâches gardent présent àl'esprit que non seulement elles contribuent intrinsèque-ment au bien commun, mais aussi qu'elles constituent laseule voie possible( ceci au cas où les efforts des tra-vailleurs ne passeraient pas inaperçus du public) ; le caséchéant on exposera donc, sans détour, le but visé, ainsique les critères d'égalité, qui présideront à l'élaborationdes moyens choisis pour son accomplissement. Ainsisera démontré l'innocuité générale de notre projet, etpersonne ne pourra éventuellement se saisir du prétextede l'iniquité.

15 - D'autre part, dans l'hypothèse où quelques person-nes voudraient apporter leur contribution à la recherched'instruments propres à diffuser la connaissance, et tou-jours dans la perspective d'un comportement avisé,qu'elles imitent plutôt les Abeilles ou les Fourmis queles Mouches ou les araignées ; Les premières collabo-rent dans l'intérêt collectif, alors que les secondes, agis-sent de manière opportuniste, chacune d'elles attentive àsa propre quête du moment. C'est pour cette raison quele Sages agiront préférentiellement dans le cadre deCollèges, désireux qu'ils sont, de faire connaître avanttout leurs propres avancées à leurs pairs, avec le plusgrand respect des uns pour les autres et de chacun pour

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le travail de tous. Et parce que en vérité, pour éliminerde tels rochers si malencontreusement semés sur noschemins, comme d'inutiles tourments pour notre huma-nité, il est indispensable d'associer toutes nos forces,alors, unissons nous donc ! Et comme il n'est pas bon deretirer ce qui vient d'être définitivement mis en placepour le modifier une fois de plus, soyons donc attentifsles uns aux autres, afin que personne ne travaille sur deschoses déjà réglées, mais s'occupe exclusivement de cequi reste encore à faire. Et c'est de la sorte que, aprèsavoir supprimé ici et là quelques rochers, on découvreun coin propice au repos et puis un autre encore, jusqu'àce que, peu à peu, soient surmontées toutes les difficul-tés, que progressivement soient nivelées toutes lesinégalités, et qu'insensiblement l'ordre succède à laconfusion. Et dès que quelqu'un( n'importe qui) auramené à terme un travail, quel qu'il soit, le produit en seraversé dans la somme de ce qui a déjà été réalisé ; de lasorte, plus personne ne sera amené à travailler sur unouvrage déjà terminé, et l'activité de tous et de chacunportera ainsi uniquement sur ce qui est en attente deréalisation ou en voie d'achèvement.

16 - Quatrième et dernière précision à propos de l'exi-gence d'organisation avisée et prudente : Lorsque on ensera à mettre définitivement en place les voies de cetteRéforme Universelle, il conviendra de procéder selonl'ordre que nous avons déjà proposé plus haut, à savoir :

a) il faudra avant toute chose remanier et adap-ter les Livres au profit de la Méthode[d'enseignementdes connaissances]-

b) et sans délai réformer les Ecoles au service deces Livres

c) ensuite on s'occupera de regrouper les

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Magistères sous formes de collèges d) Et enfin on instituera une Langue Universelle.

17 - Quant aux Livres nous allons nous trouver devantl'alternative suivante : Allons nous composer en prioritéles ouvrages dont le contenu est capital, ou plutôt ceuxdont le contenu, plus usuel, sera d'autant plus rapide-ment abordé ? Si l'accord se porte sur l'importance de lamatière, c'est alors la Pansophie que nous rédigerons del'alpha à l'oméga ; et ce faisant, tandis que tout ce quipeut et doit être connu, sera ainsi classé selon uneméthode claire, concrète et invariable, des buts vontd'eux-mêmes se proposer, des limites se définir, et desnormes relatives à la taille s'imposer , auxquels nouspourrions adjoindre quelque agrément dans la lecturepour harmoniser les moyens au but. Sans compter quetous ces aspects qui vont émerger d'eux-mêmes au coursde la composition de la Pansophie trouveront à s'appli-quer aux autres ouvrages. Mais si, en revanche, onchoisissait de créer d'abord des usuels, dont la mise enpratique pourrait être obtenue assez rapidement, on sedoit alors nécessairement de commencer par la rédac-tion d'opuscules destinés à l'édification des divers âgesde l'Enfance. Et de la sorte on pourra alors procéderdepuis la base, progressivement jusqu'au faîte ; ou, ditd'autre manière, partant des connaissances connaturelleset communes, (mais non encore ordonnées), se haussergrâce à la pratique personnelle et aux expériencesconcrètes, jusqu'à la compréhension abstraite ; ou enco-re, ce qui revient au même, passer de l'Erudition à laConnaissance, via l'Expérience. En conclusion, même sion se doit d'apporter la plus grande considération auxapports de quiconque dans le cadre de cette affaire, quine saurait aboutir sans la participation de tous les autres

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hommes, pourtant, il semble que la meilleure résolutiondu moment consiste en ne rien éditer de ces travaux,excepté vers ceux qui souscrivent à cette plénitude, cetharmonieux équilibre que nous projetons .

18 - Quant à l'institution de la Langue universelle, nousattirerons plus particulièrement l'attention sur ces deuxpoints :

a) tout d'abord ne rien tenter de construire avantl'achèvement de la Pansophie ; du moins en ce quiconcerne la juste perception de la nature des choses, deleurs propriétés et des Idées qui en sont à l'origine. Carrien de concret ne peut être établi, qui n'épouse la réali-té des choses mêmes : Et notre démarche ne peut vérita-blement correspondre à cette réalité que si, après avoirrévélé le fondement de toutes choses, elle en montreexactement l'organisation et l'enchaînement réciproque.

b) Ensuite dissuader tout individu isolé de pren-dre la moindre initiative en ce domaine, et en revancheinsister pour qu'elle soit laissée à un Collège constituéde Sages. Il se peut encore que, mus par le désir de réus-sir une chose aussi extraordinaire, un groupe de person-nes exceptionnelles l'entreprenne, et que d'autres aientle sentiment qu'ils ne peuvent faire moins que de les sui-vre ; Or si en l'occurrence n'importe qui décide de sonpropre chef de mener des recherches personnelles en cedomaine, en fait d'une seule et unique LangueUniverselle c'est à une multitude que nous allons êtreconfrontés, et alors, bien loin de bannir la confusionnous allons au contraire l'augmenter. Evidemment rienne s'oppose à ce que des personnes réfléchissent à cequ'elles pourraient bien apporter comme contribution autravail , à cette expresse condition qu'elles ne prennentaucune initiative décisive qui, en la circonstance, enga-

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gerait de fait le monde dans sa totalité. Que ces person-nes veuillent plutôt consigner , tout ou partie des résul-tats qui leur semblent intéressants, et qu'elles laissent lecollectif se déterminer à leur sujet ; ce qui interviendranécessairement en son temps.

19 - J'ai encore précisé que dès le tout début et dans tousles domaines sans exception, ( Livres, Ecoles etCollèges), il devait s'agir d'une réelle et véritableRéforme. Il n'est pas question de débattre interminable-ment de ce que l'on doit faire, mais simplement de lefaire ; même si tout n'est pas parfait dès le début. Mieuxvaut être ponctuellement défaillant que d'atermoyerindéfiniment sur le tout. Considérant au départ, laNature, les Arts et les Sciences qui la reproduisent, ainsique cette Grâce offerte de pouvoir amender la corrup-tion de la nature, nous voyons que même si ces voiesvisent à la réalisation d'œuvres achevées, pourtant, ellesdébutent infailliblement par les rudiments : Car, et celaest un trait constant de leur avènement, les choses sontextraites des principes et c'est au cours de leurs dévelop-pements successifs qu'elles se haussent à leur accom-plissement.Tout Incendie démarre par une petite étin-celle : d'abord dans les bûches du foyer, voilà qu'ilgagne les poutres du plafond, et sans tarder il embrasela maison, le bourg et enfin la ville entière. Or notreSeigneur Christ compare bien son Enseignement à unfeu et Il a Lui-même entrepris de le propager parmi lessiens, au sein du Collège des apôtres. " C'est alors qu'Ilordonna à ceux qui avaient écouté dans les ténèbres deprêcher dans la Clarté, et de clamer par-dessus les toits,ce qui jusqu'à lors avait été dit à l'oreille "Mat 10/27)Et donc que celui qui donne un conseil le donne plus parl'exemple, que par la parole ; Tout au moins que tou-

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jours l'exemple assortisse le mot, de sorte que ce dernierne soit pas vain. Or quand une personne fait ce qu'ellerecommande à autrui, elle gagne plus aisément laconfiance et le crédit, de sorte que l'imitation de l'exem-ple donné s'en trouve hâté ; et de surcroît, cette person-ne trouve là l'opportunité d'accomplir pleinement lateneur de son propre conseil. Bien évidemment c'est làl'exclusif apanage de Dieu que d'alimenter la créationd'œuvres parfaites selon une Idée prévue de toute éter-nité ; à telle enseigne qu'Il est le Seul et l'Unique de quipeut être dit ; " Et Il vit toutes les choses qu'Il avait fai-tes et Il trouva qu'elles étaient tout à fait bien " (Gen1/31). Durant tout le temps où il agit l'homme étudie :parce qu'il n'entreprend la réalisation, il n'accomplit lesIdées ou les choses qu'il a personnellement imaginées,que d'une manière graduelle : Les Réformateurs s'es-sayerons, eux en premiers à mettre en pratique leurspropres recommandations : s'ils constatent un indénia-ble progrès ils auront alors le droit de les transmettre àtout le restant du monde ; dans le cas opposé, qu'ilsréexaminent la teneur de leur conseils et qu'ils les amé-liorent. Car s’il est vrai que personne n'accepte de bonnegrâce un remède nouveau, il s'avère aussi que si lemême remède s'accompagne de considérations élogieu-ses, on y recourt plus volontiers.

20 - Pour ce qui est des Livres didactiques, quels qu'ilssoient, qu'une fois composés, ils passent rapidement enusage ; Car c'est à l'usage qu'on verra d'évidence , si cesnouveaux manuels inculquent mieux et plus aisémentqu'à ce jour, la Connaissance. D'abord, commencer partester [ hors public] un de ces Livres, puis un second ;si le résultat paraît probant , le tester cette fois dans unedes Ecoles publiques, puis dans une autre, si cela mar-

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che, étendre l'utilisation dans plusieurs autres Ecoles ;etc…. Précisons que la mise en route de l'applicationpratique de ces Livres sera confiée à la décision de cesgens mêmes, chez qui et par l'appui desquels, furent pré-parés les outils de l'Erudition. [ Ndt : ceux qui sont à l'o-rigine de la rédaction et diffusion des livres antérieursà la reforme universelle. Auteurs, imprimeurs, mécènes,princes...] D'une part parce que, dit on, charité bienordonnée commence par soi même [sic] , d'autre part,dans le but de procurer un supplément de confiancechez ceux qui en reproduiront les directives ; et en outreest il juste que ceux qui ont semé les prémisses en récol-tent les fruits.

21 - Et pareillement, un Collège bien au fait des mystè-res de la Lumière pourra se lancer en premier, puis plustard un autre à sa suite ; non pas bien sûr avec l'intentionde prendre le pas sur tous les autres, mais bien pour don-ner l'exemple en premier. La mise entrain des Collègesrestant en effet l'affaire de tous : Pour multiplier unnombre, on part de lui-même, puis on lui applique sondouble, son triple, etc… Or toute Unité élémentaire, parrespect pour le tout s'efforcera de se maintenir dans uneégale et parfaite intégrité. Les Rédacteurs des Livresuniversels, avec leurs Promoteurs et leurs Protecteurs,pourraient, en l'occurrence, former le premier CollègeUniversel ; Jusqu'à ce que Dieu fournisse des occasionsde le constituer formellement et de lui instituer desrègles.

22 - Toutes ces choses résultant d'un souhait isolé, etproduites ponctuellement en une seule Demeure, uneVille, un Peuple, l'étape suivante consistera donc à réflé-chir sur la meilleure manière d'étendre cette Clarté, un

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peu partout. La lumière est appelée à se répandre, c'estévident et ses qualités à se communiquer. Voilà quirésout une apparente contradiction dans le comporte-ment du Christ : Car au tout début Il affirmait avoir étéenvoyé spécialement pour la maison d'Israël et il défen-dait à ses envoyés de faire route vers les autres Peupleset de pénétrer dans les cités de Samarie. Mat10/5). Maisplus tard Christ Lui-même prêcha au milieu desSamaritains et Il envoya des prêcheurs à travers leMonde entier, ordonnant d'annoncer l'Evangile, à toutesles créatures. Les Apôtres observèrent scrupuleusementce commandement ; ils allaient répétant inlassablementaux Grecs, aux Barbares, aux sages et aux insensés,qu'ils étaient leurs serviteurs ; ils allaient de Nations enNations, tout à la joie d'annoncer le Christ. Et mêmeSénèque, un Païen, reconnaît avoir appris à seule fin depouvoir communiquer ce savoir aux autres ; et d'ajouterqu'il se refusait à apprendre quoique ce soit, si, obligé dele garder pour son usage exclusif, il ne pouvait en faireprofiter autrui. Or donc, quand ceux qui ne possèdentd'autre connaissance que celle des biens illusoires, ( fon-dateurs de sectes philosophiques ou religieuses, par ex.),imitent la nature du bien véritable, pourquoi pas, à plusforte raison ceux à qui Dieu révéla les véritables rayonsde la vraie Lumière ainsi que les moyens de les réfléchiren toutes directions ?

23 - Comment cela ? Eh bien, tout particulièrement enétablissant un ordre, une organisation, assurément à l'i-mitation de Christ qui, voulant rassasier une foule consi-dérable, ordonna dans un premier temps que les gensviennent par groupes de cent, prendre place sur le som-met de la colline ; Là, ayant brisé les pains, Il les don-nait aux disciples, lesquels les passaient aux personnes

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voisines, lesquelles, à leur tour faisaient suivre ; jusqu'àce que personne, en fin de compte ne se trouvât si éloi-gné qu'il ne pût en obtenir une portion ; Eh bien je penseque c'est ainsi que nous devons opérer. D'abord chacunse restaure pour lui-même à la Clarté divine, ensuite,vient le tour de son proche entourage ; et bientôt on s'in-vite les uns les autres, d'abord entre voisins, ( frères demême religion par exemple), puis on y adjoint ceux quise trouvent plus éloignés, (comme Simon et André,invitèrent les amis qui étaient sur des barques alentour,à partager une pêche abondante) ; jusqu'au moment oùTous les Chrétiens reviendront dans l'Harmonie et laConcorde ; Ils seront, alors, fin prêts à engager le com-bat contre les épaisses ténèbres qui règnent hors del'Ecclésia . Et le moment sera alors venu de mettre cetteLumière devant le regard des Mahométans, qui noussont plus proches que les Païens et les Juifs : ils connais-sent en effet le Christ tel un Prophète, et ils en vénèrentle Nom. Après quoi on s'adressera aux Peuples Païens ,qui ne connaissant pas le Christ, ne conçoivent donc àson égard, ni haine, ni amour. Et en tout dernier il y aurases ennemis déclarés, les Juifs, que les Saintes Ecritures,prédisent être éveillés par l'enthousiasme même despeuples convertis : afin que le Siècle de Miséricorde setermine chez ceux là même où il avait commencé.

24 - Et si cela s'avérait nécessaire, comment donc tou-cherions nous ces Peuples Barbares dont nous ignoronsla Langue ? Et comment pourrions nous alors leurs pré-senter la Lumière de la Vérité ? Or voilà que les Apôtrespossédaient pour ce faire, une double Clef : Le don desLangues ouvraient les oreilles et la puissance desProdiges déverrouillait les cœurs : Pourquoi donc, n'endisposerions-nous pas nous aussi ? Or si nous avons à

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cœur de servir Christ et d'accroître son Royaume,soyons assurés que ni les moyens, ni les voies ne man-querons à Christ pour manifester sa confiance à ses ser-viteurs : selon qu'il est écrit, " et ceux qui étaient partisprêchèrent de tous côtés avec l'aide du Seigneur quiétayait leurs propos par les Signes qui les accompa-gnaient". Et quant à déverrouiller les sens des hommesnous disposons, dis je, d'une clef suffisante : l'intelligen-ce de la Pan Harmonie, qui ouvre à la connaissance desPrincipes de la Nature, des Ecritures Saintes et de laConscience entière des hommes . Il se trouve qu'elle estpar elle même assez forte pour impressionner commel'éclair les yeux et pour soumettre tous les sens à l'em-prise de la Vérité, pour peu qu'on la mette suffisammenten lumière au regard des hommes.

25 - Mais comment, maintenant accéder jusqu'à laConscience de ces Peuples dont nous ignorons laLangue ? Nous attendrons du Seigneur qu'Il rende àchacun la " lèvre pure ", afin que nous comprenionstous: là je veux parler de cette lèvre choisie qui, par lamédiations des choses, [ Ndt : la Langue UniverselleEst basée sur la connaissance des choses mêmes :essence, propriétés et principes],permettrait d'ensei-gner aisément à tout homme. Même si, au début pourdonner aux barbares le goût de l'harmonieuseConnaissance, on devait utiliser des langues usuelles, etque de plus, quelques uns des nôtres soient amenés àapprendre des langues vernaculaires barbares, au coursde relations qu'ils noueraient avec ces peuples. Dans lecas où certains de ces peuples seraient sous notre auto-rité, on pourrait envisager de prendre en charge l'ins-truction de leurs enfants, en nombre aussi grand quepossible, et ainsi leur enseigner notre langue et

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l'Harmonie qui lie toutes choses : Et une fois qu'ilsseraient confirmés dans cet apprentissage, on pourraitles dépêcher vers leur Peuple tels de futurs Apôtres.

26°-- ¨Pourtant il y a encore un autre moyen ; pour cequi est de langues mineures parlées seulement chez depetites ethnies, et qu'on aurait négligées d'apprendre, ilreste encore la possibilité d'enseigner la Langue nouvel-le et concrète par le truchement d'une langue communeà plusieurs de ces petits peuples ; ainsi , par ex. le Latinen Europe, l'Arabe en Afrique et en Asie [ Asie mineu-re, ou plutôt moyen Orient ? ]: Ce qui est écrit en Latinest compris par des hommes de tous les pays euro-péens; de plus si ils l'estiment utile, ils pourraient éven-tuellement le transcrire en langue vernaculaire. Toutpareillement ce qui est rédigé en Arabe est compris de laplupart des peuples africains et de presque tous lesAsiates. Une fois établi le Januaire de la Nature desChoses, c’est à dire la Metaphysica Pansophica , desti-née à définir les véritables lois de l'HarmonieUniverselle, à son tour éditée en toutes les langues, defaçon telle que toutes les traductions se correspondentles unes les autres, page pour page, ligne pour ligne etmot pour mot, elle sera l'entonnoir [sic : le canal], parlequel n'importe qui sera à même d'apprendre n'importequelle langue, et grâce auquel les bases de la Languenouvelle, ainsi que le fondement des Choses ellesmêmes, pourront être perçus et compris.

27 - Il y en aura pour soulever le fait que cela parait êtreune grosse somme de labeur : Mais en fait cela estmoins laborieux qu'il n'y paraît, à condition d'engager cetravail avec méthode et de s'y employer sérieusement.Et même si l'on reconnaît que le chantier est de taille, le

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bien que l'on en attend est incomparablement plusgrand, puisqu'il s'agit de faire en sorte que tous nos frè-res, de tous les pays soient guidés vers le Seigneur . ( Is66/20). Oui , nos frères pour qui nous avons à construi-re nos propres âmes, et au moins autant notre travail.

28 - Les moyens doivent inévitablement être en rapportavec la fin. On ne fonde pas un glorieux édifice sur demesquines économies ; une abondante moisson requiertde nombreux travailleurs, beaucoup de faucilles, de vas-tes greniers et un temps justement compté. Puisse cetteultime moisson être abondante ( par moisson nousentendons, le rassemblement de tous les Peuples dans legrenier de l'Ecclésia) ; pourtant si les travailleurs( lescollèges de la Lumière ) étaient également nombreux etsi les outils de l'Harmonie Universelle, étaient en leursmains aussi nombreux et affûtés que des faucilles, etque chacun manifeste le zèle indispensable à sa fonc-tion, alors, avec l'aide de Dieu, il se pourrait que nousvoyions l'Epoque où on moissonnera le froment en nosContrées. Alors en l'espace de quelques jours, il nousserait donné de voir les champs moissonnés, les greniersemplis et les travailleurs comblés. Et ainsi que dans lesgrandes villes , le chef de famille à la veille d'une fêtesolennelle, nettoie soigneusement sa maison, balaie sonbout de rue, de sorte que le même jour toute la ville seprésente aux regards des gens toute propre et reluisan-te : si de la même manière chacun de ceux que la Clartédivine a touché, exécutait sa tâche parmi les siens,auprès de ses proches, il nous serait enfin donné d'assis-ter, comme jamais encore, à ce qui point péniblement iciet là : " le désert changé en un Jardin de Dieu ", tel quel'annonce les oracles divins.

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Chapitre XXII

Au père des Clartés, en guise d'ultimes vœux pourl'illumination de l'Humanité

Tous enfin réunis, tournés vers Toi, nous prions : Ô père

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des Clartés, aie pitié de nous Tous ! Eclaire notre lampeet illumine nos ténèbres ! ( ,psalm 18/29)Jusque là les Ténèbres ont occulté la Terre et l'obscuritéles Peuples ( Is 60/1,2) La Terre, au commencement,comme aujourd'hui, et pour toujours, est désolation,vacuité, et perpétuel réceptacle des ténèbres. Mais Toiqui a dit " Fiat lux”, et la Lumière fut, ordonne aujour-d'hui encore que la Clarté resplendisse depuis les ténèb-res jusque dans notre cœur ( II Cor. 4/6). Nous vécûmesjusqu'ici dans une lumière incertaine, mêlée de ténèbres,ni jour, ni nuit. Accomplis la promesse que Tu fis, quandau soir du Monde viendra la Lumière ( Zacc 14/7).Puisse un Jour se lever dont la Lumière plus jamais nese cache, une Lumière en laquelle le Royaume desTénèbres n'aie aucune part ! Une Lumière dont la fulgu-rante splendeur plonge dans l'effroi le Prince des ténèb-res et le précipite au milieu de son propre abîme ! ÔPère des Esprits, Dieu de toute chair, Toi dont le regardest sur tous les Fils d'Adam, et qui voit notre aveugle-ment, aie pitié de nous ! Afin que nous aussi puissionsTe voir, Toi de qui, par qui, et en qui sont toutes choseset nous également. Ô combien puissent Te trouver Tousceux qui Te cherchent, mais aussi tous ceux qui nesavent pas chercher ! Ô Lumière Invisible accorde nousla faculté de Te voir ! Ô Eternelle Clarté éclaire nosConsciences qui furent créées pour participer à la com-munauté éternelle, pour qu'elles Te comprennent et Techoisissent ! Les Ténèbres peuvent-elles Te glorifier, ÔLumière éternelle ? Ô, déploie, déploie tes rayons, queleur force disperse toute notre obscurité. Eloigne denous le tourment de la cécité, de l'erreur et du doute,prévient notre chute, nous qui fûmes créés pour laLumière et la Vie. Si Tu ne nous avais pas créés,Seigneur nous ne serions pas : Pourquoi donc laisserais

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Tu ce que Tu créas pour la Vie disparaître dans la mort?Ton regard est mille fois plus lumineux que le Soleil etil scrute même la profondeur de l'abîme. Pourquoi donc,Toi qui nous fis à Ton image, ne nous donnes Tu pas lesyeux clairs, qui discerneraient en eux, l'abîme du néant,et en Toi, la Source de leur essence ? Ô Verbe qui aucommencement dit " Fiat Lux "veuille dire encore main-tenant : Que la Lumière soit, et Elle sera.

Ce Monde vieillissant appelle vers Toi ; Toi qui a illu-miné sa Jeunesse, ne déçois pas ses vieux jours ! Faisjubiler ses os, rend lui la jeunesse des vieux Aigles[exprssion Latine s'appliquant à des vieillards quiconservent leurs facultés et leurs forces jusqu'au bout,tels les aigles]O Dieu de tous les Peuples, accorde àtous les Peuples de connaître le son de ta trompette et demarcher dans Ta Clarté (psalm 85/15 16). Ô Père qui estdans les cieux, que Ton Nom soit sanctifié, maintenantdans le Monde entier. Que Ton Règne viennent aujour-d'hui sur le Monde entier. Que Ta Volonté soit dans toutle Ciel comme sur toute la Terre. A travers toutel'Europe, ô Seigneur, toute l'Asie, l'Afrique, l'Amérique,la Contrée de Magellan, et sur toutes les Iles de la Mer,Que Ton nom soit sanctifié, que Ton Règne vienne, etque Ta Volonté se fasse ! Comble, ô Dieu la Terre de TaConnaissance, comme est la mer recouverte par leseaux, afin que toute la Terre Te célèbre. Fais lever deshommes qui écriront Ta volonté dans des Livres, maisc'est toi qui les inscrira dans les cœurs des hommes. Faisque partout dans les Nations s'ouvrent des Ecoles pourl'instruction de tes Fils. Mais édifie Toi-même cesEcoles dans le cœur des hommes. Eveille l'Esprit desSages du monde entier, afin qu'ils disent tes louangesdans un même Souffle Mais préside Toi-même le Chœur

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de ceux qui Te choisirent ! Redonne aux Peuples unelèvre choisie, afin que nous te célébrions à l'unisson !mais conduis-nous, Toi , par ton discours intérieur.

Ô Lumière du Monde, Jésus Christ, sans qui ne seraientque les Ténèbres, Illumine nous ! Ô Vie du monde, sansqui ne serait que la mort, vivifie le Monde ! Ô Voie, sansqui ne serait aucune certitude, aucun chemin, ramènetout ce qui s'égare, vers toi, par Toi, dans la joie de Tavie Eternelle. Ah, si tu demandais, Seigneur, comme tule fis pour Barthélemy, " que voulez vous que je fassepour vous ? "nous répondrions, encore et encore : " Faisque nous voyions ! " Les sombres et vastes nuées de l'i-gnorance, de l'erreur et de la vanité obscurcissent lesyeux du Monde, et les yeux enténébrés des hommes nepeuvent Te voir, ô Soleil de Justice et de Vérité : maisils se complaisent dans ces nuées obscures et ils refusentd'en être libérés car ils ignorent la Lumière. Tonne, ôSeigneur, fais jaillir l'éclair de Ta foudre ; que Ta fulgu-rante Lumière atteigne tous les Saül de la Terre, qu'Elleen fasse des Paul et qu'ils aillent en Ton nom vers lespeuples et les nations ; ouvre leurs yeux, qu'ils sedétournent des ténèbres vers la Lumière, qu'ils quittentl'emprise de Satan pour se tourner vers le Dieu vivant ;Et qu'ils accueillent, par la Foi qui est en Toi, laRémission des péchés et l'héritage parmi les sanctifiés.(Act 26) Il ne suffit pas que Tu sois le Renouveau d'unpeuple ou deux, car Tu fus établi Lumière des Nationspour porter le Salut jusqu'aux confins de la Terre .(Is49/6) Envoie l'Ange de l'Evangile, qu'ILporte la bonnenouvelle, dans chaque famille, dans chaque tribu, verstous les peuples et vers toutes les nations ( Apoc 14/6)Ô Seigneur, Toi qui a dit : "Laissez venir à moi tous lespetits enfants, et ne les repoussez pas ", nous en appe-

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lons au cœur maternel de Ta Miséricorde, afin que Tulaisses venir à Toi tous les petits enfants de toute laTerre. ( Marc 10/9) Et n'éconduis pas les Fils desPeuples des confins de la Terre, car ils viennent pour taGloire, ô Deus Sabaoth, et pour embellir Ta SainteJérusalem. (Is 60/9) Mais qui que ce soient ( Pharisiensou disciples ), qui leur en défendent l'accès, reprend lesafin qu'ils ne puissent rien écarter de ce qui contribue àTa Gloire et au Salut du Monde. " Ô, Toi, le Sauveur duMonde, opère ! [ Ndt : équivalent de Hosanna] (Matt21/16) Les démons Te demandaient de ne point leurordonner de se retirer dans leur propre abîme, et l'on saitque Tu leur permettais d'entrer dans des pourceaux.(Luc 8/31) Or , nous, tes serviteurs, te prions de lesfaire, désormais se jeter dans l'abîme, et que Tu le refer-mes et le scelles, afin qu'ils ne puissent plus séduiredavantage les peuples. (Apoc 20 ) Et si pourtant Tu leurpermets encore d'entrer dans des pourceaux, que leurpropre folie soit cause de leur perte et que tes jugementssoient pour eux comme un abîme ; ainsi les hommes queSatan tient encore aujourd'hui sous la coupe de savolonté, seront libres désormais. Puisse toute laDemeure du Monde être emplie de Fumée [agréable àDieu] et de la Lumière de Ta Magnificence. ( Is 6/4) Etque sur la Terre entière les myriades de ceux qui se tien-nent autour du trône de Ta Majesté, clament les uns auxautres : Sanctus, Sanctus, Sanctus, Deus Sabaoth : Laterre est pleine de Sa Magnificence ! ( Is 6/3 , 4). Puisse cela être, Dieu saint, être & être ; Amen, Amen,Amen.

Que le nom du Seigneur soit béni, dès mainte-nant et jusque dans les siècles.

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Du lever du Soleil à son coucher, louez le nomdu Seigneur.

FINIS

Notes3

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On trouvera ici aussi bien des notes du traduc-teur que des citations de la Bible plus précises que cel-les parfois faites par Comenius [Ndt. : se souvenir quetrès fréquemment Comenius donne dans les citationslatines des Testaments, pour tout ou partie, soit une lec-ture différente de notre bible soit une paraphrase amé-nagée pour le contexte / ex. LSegond: les sacrificateursdominent sous leur conduite(de faux prophètes)//Comenius: les prêtres s’applaudissent de leurs propresmains (se glorifient )]

1) Envoie ta lumière et ta fidélité ! Qu’elles me guident,Qu’elles me conduisent à ta montagne sainte et à tesdemeures.2) Vive L’éternel, et béni soit mon rocher ! Que le Dieude mon salut soit exalté,

3) Toutes les extrémités de la terre penseront àL’Eternel et se tourneront vers lui; Toutes les famillesde nations se prosterneront devant ta face. ...

(24) A l’Eternel la terre et ce qu’elle renferme,le monde et ceux qui l’habitent !4) Là-dessus je me suis réveillé, et j’ai regardé; mon

sommeil m’avait été agréable.5) Note et commentaire sur la triade :

SCIRE VOLLE POSSE

SAVOIR VOULOIR POUVOIR

NOTIONES INSTINCTUS FACULTATES

On pouvait penser que ces 3 aspects communs à tous les

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hommes étaient des éléments de base de cette nature etqui en même temps que les consciences devaient êtreréformées et affinées pour aller vers le commerce avecdieu (cf reformatio catholica). or il appert au § 17 queces 3éléments de l'âme sont bien d'essence divine telsdes critères :

De connaissance originelle De stimulation de la vigilanceDes outils de réalisations justifiés par l'usage ( juste/pécheur ) qu'en fait l'homme

Les critères de cette triple classification : 1) exhaustive2) retour aux sources pour rassembler cesSagesses éparses3) Bases de la Pansophie en tant que processusuniversel

Mots clés de l'auteur Scire velle posse

Eruditio Religio Politéïa

Lux Salus Pax

Iluminatum Loqui(logos) Pacatum(apaisement)

Ostendere omne optando studere

Ne rien cacher discernement sérieux

6) Francis Bacon avait une orientation tout à fait com-parable à celle de Comenius. Il était lui même probable-

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ment aussi Rose-Croix. Il proposa le plan d’une langueuniverselle, et une de ses devises était “Savoir pourPouvoir”. Vu les fonctions qu’il occupa à la cour de laReine Elisabeth I, (chancelier à 57ans après avoir étémembre de la chambre des communes, puis ProcureurGénéralet Lord Gardien des sceaux royaux), il eut cer-taienement une influence positive sur la politiqueEuropéenne de l’époque;7)(I Cor, 2-9) : Mais, comme il est écrit, ce sont des

choses que l’oeil n’a point vu, que l’oreilles n’a pointentendues, et qui ne sont point montées au coeur del’homme, des choses que Dieu a préparées pour ceuxqui l’aiment(I, Cor. 2-10) “Dieu nous les a révélées par l’Esprit ...”8) Livres écrits par les grands Initiés, Livres sacrés,

écrits sacrés parfois même à l’origine des textes connus,tels que les évangiles de Nag Hammadi et de la mermorte9) “L ’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ceque Dieu a envoyé son Fils Unique dans le monde, afinque nous vivions par lui”10) ..., qui n’est pas la purification des souillures du

corps, mais l’engagement d’une bonne conscienceenvers Dieu, et qui maintenant vous sauve, vous aussi,par la résurrection de Jésus-Christ.11) Ce n’est pas que persone ait vu le Père, sinon celuiqui vient de Dieu. Celui-là seul a vu le Père.12) -Ce qui était dès le, commencement, ce que nous

avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce quenous avions contemplé et que nos mains ont touché,concernant la parole de vie.

- car la vie a été manifestée, et nous l’avons vueet nous lui rendons témoignage, et nous vous l’annon-çons la vie éternelle, qui était auprès du Père et nous a

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été manifestée, -- ce que nous avons vu et entendu, nous vous

l’annonçons à vous aussi, afin que vous soyez en com-munion avec nous. Or notre communion est avec le Pèreet avec son fils J.C.13) Afin que les dominations et les autorités dans les

lieux célestes connaissent aujourd’hui par l’Eglise lasagesse infiniment variée de Dieu.14) Heureux l’homme qui supporte patiemment la ten-

tation ; car, après avoir été éprouvé, il recevra la cou-ronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l’ai-ment.15) jeu sur “cuisson médicinale”16) Et il dit aux juifs qui avaient cru en lui : Si vous

demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disci-ples;

Vous connaitrez la vérité, et la vérité vousaffranchira...

Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réelle-ment libres.17) Malheur à vous scribes et pharisiens hypocrites !

parce que vous payez la dîme de la menthe, de l’anethety du cumin, et que vous lassez ce qui est le plus impor-tant dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité :c’est là ce qu’il fallait pratiquer, sans négliger les aut-res choses.18) Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites,

parce que vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat,et qu’au-dedans ils sont pleins de rapines et d’intempé-rance.19) Pilate, voyant qu’il ne gagnait rien, mais que le

tumulte augmentait, prit de l’eau, se lava les mains enprésence de la foule, et dit : je suis innocent du sang dece juste. Cela vous regarde.

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20) Le royaume des cieux est encore semblable à unmarchand qui cherche de belles perles

Il a trouvé une perle de grand prix; il est allévendre tout ce qu’il avait, et l’a acheté;21) On pille à droite, et l’on a faim; on dévore à gau-

che, et l’on n’est pas rassasié; Chacun dévore la chairde son bras.22) Je lave mes mains dans l’innocence, et je vais

autour de ton autel, O Eternel !23) Ma vie se consume dans la douleur, et mes années

dans les soupirs; ma force est épuisée à cause de moniniquité, et mes os dépérissent24) Peut être, allusion aux méthodes jésuites, les plus

efficaces de son époque auxquelles il voulut répondrepar la pédagogie modernisée qui le rendit célèbre,d’ailleurs subtilement reprise par ces mêmes jésuites.25) Qu’y avait-il encore à faire à ma vigne, que je n’aiepas fait pour elle? Pourquoi, quand j’ai espéré qu’elleproduirait de bons raisins, en a-t-elle produit de mau-vais.26) Aujourd’hui que l’on connaît le raffinement symbo-lique et spirituel de l’art sacré des Scythes et desParthes, on est confondu /en outre Comenius a souventdes a-priori simplistes, conventionnels et contempteurssur les cultures païennes, juives, d’islam, manichéeen-ne, alors qu’un siècle avant, Marsile Ficin, Pic de laMirandole, Giordano Bruno, Lulle, etc.,semblaientmieux informés. Mais peut-être ne puisait-il pas auxmêmes sources? Ne désigne-t-il pas par là tout autrechose, par exemple, “païen”, chez lui a le même sensque confus, indistinct, sujet à l’erreur, etc...?27) Je connais ta tribulation et ta pauvreté (bien que tusois riche) et les calomnies de la part de ceux qui se dis-ent juifs et ne le sont pas, mais qui sont une synagogue

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de Satan28) Et ce sont des chiens voraces, insatiables; ce sont

des bergers qui ne savent rien comprendre : tous suiventleur propre voie, chacun son intérêt, jusqu’au dernier :...29) Je donne ici le texte biblique indiqué, bien qu’il

n’aie pas grand chose à voir avec le propos deComenius :J’ai livré mon dos à ceux qui me frappaient, et mes

joues à ceux qui m’arrachaient la barbe ; je n’ai pasdérobé mon visage aux ignominies et aux crachats.30) Des choses horribles, abominables, se font dans le

pays. Les prophètes prophétisent avec fausseté, lessacrificateurs dominent sous leur conduite, et mon peu-ple prend plaisir à cela. Que ferez-vous à la fin ? 31) ... celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il

va ...32) ...Le peuple insensé court à sa perte...33) Prenez-y garde, hommes stupides ! Insensés, quandserez-vous sages ?34) Ils s’imaginent que leurs maisons seront éternelles,que leurs demeures subsisteront d’âge en âge, eux dontles noms sont honorés sur la terre.35) ... Mais ils ne prennent point garde à l’oeuvre de

l’Eternel, et ils ne voient point le travail de ses mains.36) Ne le savez-vous pas, ne l’avez-vous pas appris ?Ne vous l’a-t-on pas fait connaître dès le commence-ment? N’avez-vous jamais réfléchi à la fondation de laterre ......Levez vos yeux en haut, et regardez ! Qui a créé ces

choses? Qui fait marcher en ordre leur armée ? Il lesappelle toutes par leur nom; Par son grand pouvoir etpar sa force puissante, Il n’en est pas une qui fassedéfaut.

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37) Que j’écrive pour lui toutes les ordonnances de maloi, elles sont regardées comme quelque chose d’étran-ger.38) C’est à dire tous ceux qui devaient naître dans un

1etemps, puisque prévu qu’ils se reproduisent par géné-ration 39) Il a voulu par lui réconcilier tout avec lui-même,

tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux,en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix.40) Que dirons-nous donc ? La loi est-elle péché ? Loinde là ! Mais je n’ai connu le péché que par la loi. Carje n’aurais pas connu la convoitise, si la loi n’eût dit :tu ne convoiteras point.41) Il n’y a aucune différence, en effet, entre le Juif et

le Grec, puisqu’ils ont tous un même Seigneur, qui estriche pour tous ceux qui l’invoquent.41 bis) idem42) Le Seigneur sait délivrer de l’épreuve les hommes

pieux, et réserver les injustes pour être punis au jour dujugement.43) Il n’a pas agi de même pour toutes les nations, et

elles ne connaissent point ses ordonnances. LouezL’Eternel !44) Il n’y a aucune différence en effet, entre le Juif et leGrec, puisqu’ils ont tous un même Seigneur, qui estriche pourtous ceux qui l’invoquent.45) artes Mekanikès: industrieux, artisanal, savoir

faire, conceptuel d’outils-artes sensualis (lecture nonclassique )liés à la sensibilité, émotions, impulsions dessens-artes rationabiles, disciplines et pratiques liées àla raison , calcul et méthodes 46) entendre par Philosophie l’observation, descriptiondu monde physique, psychique et divin et donc théolo-gie, philosophie au sens moderne, morale, et sciences

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naturelles au sens large / en revanche arithmétique.Géometrie, dessins, mécanique, musique relèvent desarts et techniques ingénieuses et industrieuses.47) Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux susci-

tera un royaume

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