L’actionnariat, une porte d’entrée pour les femmes en entrepreneuriat

Une étude commandée par Femmessor, en collaboration avec Rouge Canari et Léger

Les femmes ont évolué de manière très favorable sur la scène entrepreneuriale du Québec. En effet, selon l’Indice entrepreneurial 2017 publié par la Fondation de l’entrepreneurship du Réseau M, les femmes sont trois fois plus nombreuses qu’en 2009 à démontrer l’intention d’entreprendre et elles sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à passer à l’action1. Le rapport qualifie d’ailleurs les femmes québécoises comme étant la plus importante « réserve entrepreneuriale dont recèle le Québec ».

Or, force est de constater aujourd’hui que les femmes sont encore minoritaires comme propriétaires d’entreprise. Seulement 13,6  % des entreprises du Québec sont détenues à 100 % par une ou des femmes, comparativement à 64,9  % des entreprises qui sont détenues par leurs

homologues masculins2. Tant et aussi longtemps que les femmes ne seront pas aussi présentes que les hommes

dans le domaine de l’entrepreneuriat, nous nous privons d’une grande richesse collective puisque «  la différence entre la propension des hommes à être des entrepreneurs et celle des femmes se traduit par une perte théorique de dizaines de milliers d’entreprises au Québec »3.

Toujours à la recherche de solutions en vue d’augmenter le nombre d’entreprises à propriété

féminine au Québec, Femmessor a mandaté Rouge Canari pour explorer des pistes et c’est ainsi que l’accès des femmes à la propriété d’entreprise par la voie de l’actionnariat a été identifié. À travers un sondage en ligne mené au Québec par Léger auprès de 2 592 salarié(e)s occupant différentes fonctions au sein d’entreprises sises au Québec, nous avons découvert qu’une femme sur deux (employée ou cadre dans une entreprise) souhaiterait devenir un jour actionnaire si son employeur le lui proposait.

Par ailleurs, cet intérêt vis-à-vis de l’actionnariat trouve écho chez les propriétaires d’entreprise. En effet, un(e) propriétaire sur trois est actuellement à la recherche de partenaires, d’actionnaires ou d’associé(e)s pour stabiliser ou faire croître son entreprise.

Ces données méritent toute notre attention et démontrent le véritable potentiel de l’actionnariat comme solution prometteuse pour favoriser l’accessibilité des femmes à l’entrepreneuriat. L’écosystème entrepreneurial québécois, dont Femmessor fait partie, aurait avantage à redoubler d’efforts pour valoriser l’actionnariat comme forme d’entrepreneuriat et à développer des services pour mieux soutenir les propriétaires d’entreprise et les futures actionnaires.

1 https://www.reseaum.com/documents/20182/64353/Rapport_IEQ2017_final_171030.pdf/ed5cd154-855a-4362-bec4-93079cd502b32 Enquête sur le financement et la croissance des petites et moyennes entreprises (EFCPME), Édition 2017, Statistique Canada. Compilation : Direction des politiques et de l’analyse économiques, ministère de l’Économie et de l’Innovation.

3 https://www.reseaum.com/documents/20182/64353/Rapport_IEQ2017_final_171030.pdf/ed5cd154-855a-4362-bec4-93079cd502b3

1

Augmenter le nombre d’entreprises à propriété féminine au Québec, c’est s’enrichir collectivement.

2

1 L’utilisation du terme actionnaire ou associé réfère à la différence entre deux formes juridiques de l’entreprise. Pour une « société par actions », nous parlerons « d’actionnaire », tandis que pour une « société en nom collectif », nous parlerons « d’associé ».

Compétences et habiletés les plus recherchées

La rigueur

Les compétences en développement des affaires

Les compétences financières ou comptables

Des chiffres qui parlent.

En recherche active d’opportunités d’investissements27 % des femmes employées ou cadres d’entreprise

73 % des hommes employés ou cadres d’entreprise

Les femmes sont trois fois moins actives que les hommes

Propriétaires à la recherche d’actionnaires1 ou d’associé(e)s

55 % des propriétaires seraient ouvert(e)s à partager l’actionnariat de leur entreprise avec des employés et employées

33 % sont activement à la recherche d’actionnaires, d’associés ou d’associées

75 % n’ont pas de préférence de genre

81 % sont ouvert(e)s à s’associer avec une femme œuvrant au sein de leur entreprise

Intention des femmes d’entreprendre et de devenir actionnaire au cours d’une vie31 % des femmes ont l’intention d’entreprendre au cours de leur vie

51 % auraient de l’intérêt à devenir actionnaire

+ 60 % potentiel d’augmentation de l’intention d’entreprendre par le moyen de l’actionnariat

Les hommes affichent des intentions plus élevées (49 % ont l’intention d’entreprendre et 68 % ont de l’intérêt pour l’actionnariat)

Freins à l’entrepreneuriat (en ordre d’importance)

Pour les femmes

Les risques

Doutes sur mes capacités OU doutes sur mes compétences (égal en importance)

Pas d’intérêt pour le moment OU manque de financement (égal en importance)

Les risques

Le manque de financement

Le manque d’occasions d’affaires

Pour les hommes

3

L’actionnariat, un réel potentiel pour augmenter le nombre d’entreprises à propriété féminine au Québec.

Indicateurs Panel total (%)

Panel Hommes (%)

Panel Femmes (%)

Intention d’entreprendre chez les cadres et les employé(e)s 41 49 31

Indicateurs Panel total (%)

Panel Hommes (%)

Panel Femmes (%)

Intéressé(e)s si l’employeur propose d’intégrer l’actionnariat 60 68 51

Parmi les employé(e)s à temps plein 60

Parmi les cadres en entreprises privées 67

Parmi les employé(e)s à temps plein et les cadres en entreprises privées ayant formulé une intention d’entreprendre au cours de leur vie

75

Avez-vous l’intention de devenir propriétaire d’une entreprise au cours de votre vie?

Si votre employeur vous proposait d’intégrer l’actionnariat de son entreprise, cela vous intéresserait-il?Panel de cadres et d’employé(e)s à temps plein, 2019

4

+ 60 % potentiel d’augmentation de l’intention des femmes d’entreprendre par le moyen de l’actionnariat

Les freins à l’entrepreneuriat.

5

5

Priorité à la famille 15 %

14 %

Manque de temps 13 %

9 %

Contexte négatif 7 %

6 %

Pas de partenaires 6 %

2 %

Manque d’encouragements

6 %

4 %

Secteurs humains plus intéressants

4 %

10 %

Risques 27 %

26 %

Manque de financement21 %

16 %

Doute de mes capacités

13 %

16 %

Doute de mes compétences

15 %

18 %

Pas d’occasions d’affaires16 %

12 %

Pas d’intérêt pour l’instant

11 %

16 %

Pour les femmes

Pour les hommes

À FAIRE

6

L’histoire d’une entrepreneure ayant fait l’acquisition d’actions au sein d’une entreprise Sylvia Masson, Pourvoirie St-Zénon C’est lors d’un voyage de pêche dans une pourvoirie de la région de Lanaudière que Sylvia Masson et sa conjointe, Magalie Dionne, ont réalisé qu’elles souhaitaient élever leur enfant dans un endroit similaire. En pleine nature, dans un lieu paisible et accueillant, loin du trafic et du béton. La vie faisant bien les choses, une offre d’emploi à la direction générale pour la Pourvoirie St-Zénon est publiée quelques jours plus tard.

« Déterminée à devenir un jour ma propre patronne, j’ai mentionné mon intérêt à devenir actionnaire de la pourvoirie dès mon entrevue d’embauche. Pour moi, acquérir des parts me permettrait d’avoir un impact réel sur l’entreprise. Ce que j’avais imaginé dans un horizon de cinq ans s’est plutôt concrétisé neuf mois après mon arrivée en poste. On m’a alors offert de racheter la totalité de la compagnie! »

Ayant auparavant travaillé et gravi les échelons rapidement dans une société d’État, Sylvia Masson précise tout de même : « Je ne serais jamais devenue propriétaire d’une telle compagnie il y a quinze ans. En plus du manque de financement, je n’avais pas suffisamment confiance en moi et je ne pensais pas avoir les compétences nécessaires pour la gestion d’une telle industrie. » Avec plusieurs années d’expérience en emploi et comme actionnaire, madame Masson a finalement concrétisé son rêve entrepreneurial.

L’aventure n’a pas toujours été comme un long fleuve tranquille. « Le plus grand défi a été de convaincre les gens de la faisabilité du projet et de nos projections. Si j’avais un conseil à donner à une femme désirant acquérir des parts dans une entreprise, ce serait de ne jamais prendre un non comme une réponse définitive. Il faut bien étudier son dossier et lorsque les chiffres sont convaincants, il faut foncer. »

Les deux entrepreneures voient leurs efforts récompensés en réussissant à donner un second souffle à la Pourvoirie St-Zénon, qui est maintenant en pleine croissance. « Le fait d’avoir un pouvoir décisionnel m’a permis de concrétiser ma vision et d’offrir une expérience à la hauteur des attentes de tous », conclut madame Masson. Persuadée que tous les employés peuvent aussi jouer un rôle important au sein de l’entreprise, la nouvelle propriétaire n’hésite toutefois pas à partager ce pouvoir avec ses employés. « Le succès de la pourvoirie est partagé par tous les membres de l’équipe. Ils participent à la pourvoirie d’aujourd’hui et de demain. »

33 % Oui

18 % Oui Actionnaires

15 % Oui Associé(e)s

67 % Non

Homme dirigeant

(%)

Femme dirigeante

(%)

Pas de préférences de genre 75 72

Préférence pour un homme 14 6

Préférence pour une femme 15 22

33 %

67 %

15 %

18 %

Propriétaires d’entreprise cherchent actionnaires ou associé(e)s, sans préférence pour le genre.

Propriétaires d’entreprise : Êtes-vous actuellement à la recherche

d’actionnaires ou d’associé(e)s pour stabiliser ou faire croître

votre entreprise?

7

Les compétences recherchées chez un(e) actionnaire ou un(e) associé(e).

Rigueur

Développement des affaires

Compétences comptabilité/ finances

35 %

41 %

45 %

Pour les femmes propriétaires d’entreprise

Pour les hommes propriétaires d’entreprise

47 %45%

41 %

88

des propriétaires sont ouvert(e)s à ce qu’une nouvelle actionnaire soit une femme de leur entreprise actuelle.

81 %Les propriétaires ouvert(e)s à intégrer leurs employé(e)s au sein de l’actionnariat de l’entreprise.

23 % Oui, je l’ai déjà fait

17 % Oui, mais je ne l’ai pas encore fait

15 % Non, mais j’y serais ouvert(e)

39 % Non, je ne suis pas intéressé(e)

6 % Ne sait pas ou préfère ne pas répondre

Globalement,

des propriétaires ouvert(e)s à partager l’actionnariat

55 %

23 %

17 %

15 %

39 %

6 %

55 %

9 99

10

La perspective d’un propriétaire d’entreprise Jason Monfette, Absolu Jason Monfette est associé chez Absolu, un réseau d’agences de communication marketing fondé en 1987 qui compte aujourd’hui près de 80 employés répartis dans cinq bureaux au Québec. Étant lui-même devenu actionnaire de l’entreprise, il y a maintenant quinze ans, l’homme d’affaires et ses associés de l’époque ont récemment accueilli quatre nouvelles personnes au sein de leur actionnariat, dont trois sont des femmes.

« En effet, plus de trente ans après sa création, l’agence Absolu est arrivée à une nouvelle étape de son évolution. La nomination des quatre nouveaux associés de l’agence s’inscrit comme la première étape du plan de relève que nous avons mis en place il y a plus de trois ans. »

Si l’intégration de ces quatre nouvelles ressources fait partie du processus de relève de l’entreprise, elle visait également à retenir des employé(e)s-clés au sein de l’entreprise.

« Dans les dernières années, l’agence a connu une croissance fulgurante. Cette réussite est la résultante non seulement du travail réalisé par toute l’équipe, mais aussi de l’implication de nos quatre nouveaux associés. »

Identifiés comme jeunes leaders dans leur milieu et gestionnaires de choix, les quatre nouveaux associés occupent des postes liés aux piliers nécessaires pour assurer la pérennité de l’agence, soit la stratégie, la création, le développement des affaires et la gestion.

« Le partage d’une vision et de valeurs communes est bien entendu un des éléments fondamentaux que nous avons privilégiés. Nous souhaitions également nous entourer de personnes qui possèdent d’excellentes qualités en matière de gestion. La complémentarité des compétences et des idées était aussi un élément très important. C’est d’ailleurs un des avantages à avoir une diversité dans l’équipe de direction. »

S’il avait un conseil à donner aux employé(e)s qui ont un intérêt à devenir actionnaires un jour, ce serait de le démontrer et de ne pas hésiter à le nommer.

« Au-delà de travailler comme si l’entreprise vous appartenait, parlez de votre intérêt aux propriétaires-dirigeant(e)s. Cela pourrait avoir une incidence sur les mandats et les responsabilités qui vous seront confiés et donc, sur vos chances de développer et de démontrer votre potentiel. De plus, lorsque le moment sera venu de penser à ouvrir son actionnariat, vous serez rapidement informé de vos possibilités d’évoluer au sein de l’entreprise. »

Quelques recommandations

Valoriser l’actionnariat comme une forme d’entrepreneuriat.

Être actionnaire, c’est aussi devenir en partie propriétaire d’une entreprise et participer activement à son développement, à la prise de risque et, éventuellement, aux retombées financières. Il importe de parler davantage de l’actionnariat, d’informer les femmes et les hommes des possibilités qu’apporte cette façon d’entreprendre et de mettre en lumière des modèles d’actionnaires comme nous le faisons en entrepreneuriat.

1

Offrir aux propriétaires d’entreprise et aux futur(e)s actionnaires des services d’accompagnement et de financement adaptés à leur réalité.

Les services aux entrepreneur(e)s sont nombreux au Québec. Mais peuvent-ils répondre aux besoins spécif iques des propriétaires désirant ouvrir leur actionnariat, ou encore aux employé(e)s intéressé(e)s par une prise de participation dans l’entreprise? Les organisations de l’écosystème auraient avantage à se concerter et à diversifier leur offre de services pour développer le plein potentiel de l’actionnariat au Québec.

Encourager les entreprises à identifier des femmes à haut potentiel au sein de leur équipe et à favoriser leur participation comme actionnaire ou associée.

Les propriétaires connaissent-ils tout le potentiel qui dort au sein de leur équipe? Sont-ils(elles) conscient(e)s des avantages liés à l’ouverture de leur actionnariat sur la rétention de leurs meilleurs talents et sur le transfert éventuel de leur entreprise? Des actions de communication pourraient être menées pour stimuler la réflexion des propriétaires d’entreprise au Québec.

2 3

11

Méthodologie

Un questionnaire a été développé par Rouge Canari et Femmessor en collaboration avec Léger. Au total, 2 592 entrepreneur(e)s et propriétaires d’entreprise, travailleur(-euse)s autonomes, salarié(e)s à temps plein et cadres des secteurs public et privé du Québec membres du panel Léger ont été interrogés en ligne entre le 12 février et le 3 mars 2019.

L’échantillon a été tiré aléatoirement à partir du panel d’internautes de Léger, soit un panel représentatif de la population du Québec. Afin de redresser les déséquilibres et de rendre l’échantillon représentatif de la population étudiée, les données brutes de l’étude ont été pondérées en fonction de la distribution réelle de la population selon la région, le sexe, l’âge, la langue maternelle, et le fait de vivre avec des enfants de 18 ans ou moins à la maison (source : Statistique Canada, recensement de 2016) Et, à titre comparatif, un échantillon probabiliste de même taille (2 592 répondants) comporterait une marge d’erreur maximale de ±1,96 % dans un intervalle de confiance de 95 % (19 fois sur 20).

12

Profil des répondant(e)s

77,3 %

2,9 % 3,8 %

9,7 %

6,2 %

6,2 % Propriétaires d’entreprise

9,7 % Travailleur(-euse)s autonomes

3,8 % Cadres du secteur privé

2,9 % Cadres du secteur public

77,3 % Employé(e)s à temps plein

Total : 2592 répondant(e)s

=

34 %

66 %

42 %

58 %

47 %

53 %

58 %

42 %

46 %

54 %

13

Pour les femmes

Pour les hommes

À propos de Femmessor

Femmessor est une organisation vouée au développement de l’entrepreneuriat féminin qui a pour mission de contribuer directement à la création, à la croissance et à l’acquisition d’entreprises dirigées et détenues en partie par des femmes dans les 17 régions du Québec.

Que ce soit pour démarrer une entreprise, réaliser un projet de croissance ou encore acquérir ou prendre la relève d’une entreprise, Femmessor, en collaboration avec ses fonds partenaires, offre du financement sous forme de prêts conventionnels et réalise des investissements en capital-actions dans des entreprises à propriété féminine. Grâce à des partenariats avec le MEI, Fondaction et Desjardins Capital, elle dispose de près de 20 millions de dollars pour financer des entreprises comptant au moins une femme dans un poste stratégique, et détenant au moins 25 % des actions.

L’offre de financement de Femmessor est conjuguée à une expérience d’accompagnement adaptée aux besoins des entrepreneures. Ainsi, les entreprises financées par l’entremise de Femmessor bénéficient d’un soutien en continu et d’un accès à plusieurs ressources essentielles à leur succès, et ce, durant tout le terme de leur financement.

Notre ambition? Contribuer à l’augmentation du nombre d’entreprises à propriété féminine au Québec.

Femmessor est soutenue financièrement par le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI).

1414

Merci aux partenaires de l’étude

Cette étude a été réalisée en collaboration avec :

Partenaires de diffusion :