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L’air de rien N o 25 Les anciens élèves L’aléastriel du Laboratoire de Recherche et de Développement de l’EPITA 1 Numéro 25, Mai 2012 Édito par Guillaume Lazzara (CSI 2008) Le LRDE est composé d’une dizaine d’enseignants- chercheurs avec qui travaillent les étudiants de la majeure CSI. Dans ce contexte, les étudiants ont l’occasion de collaborer sur des projets relativement diffé- rents de ceux du cycle ingénie- rie à l’EPITA : ils sont souvent développés depuis plusieurs années et sont plus orientés R&D. La majeure CSI est aussi l’occasion de comprendre comment fonctionne le milieu de la recherche et en particulier, le milieu académique. Contrairement à certaines idées reçues, le labora- toire ne forme pas que des étudiants voués à pour- suivre avec une thèse. Le but de la majeure CSI est avant tout la formation par la recherche et non pour la recherche. C’est notamment la raison pour laquelle les parcours professionnels de nos anciens sont as- sez variés. Selon nos dernières informations, près de la moitié des anciens CSI a continué en thèse. Les autres ont rejoint des entreprises ou ont même monté la leur ! Dans cette seconde édition « spéciale anciens », nous avons voulu à nouveau vous faire part des par- cours professionnels de ceux qui furent étudiants au LRDE il y a quelques mois ou quelques années. Nous espérons qu’ils vous permettront de mieux saisir la saveur des élèves passant par le laboratoire. Bonne lecture ! Jean-Sébastien Mouret, CSI 2003 Ingénieur logiciel Ubisoft 2 , Singapour Jeux-vidéo Après avoir passé mes années de prépa à faire des petits jeux en 2D et 3D, le LRDE m’a at- tiré pour ses recherches en trai- tement d’images. Mes premières tâches ont été sur l’implémenta- tion de techniques de morpho- mathématique dans Olena. Puis, en m’inspirant des travaux de Yoann Fabre, j’ai dévié sur l’étude des langages visuels et de leur implémen- tation en utilisant du C++ augmenté. J’ai commencé ma vie professionnelle chez Ga- meloft à la fin de la N-Gage et sur les premiers pro- totypes de la Nintendo DS. Puis, désirant travailler sur de plus grosses consoles, je suis passé chez Ubi- soft. Tout d’abord à Paris où les techniques de trai- tement du signal apprises au LRDE ont été utiles pour le filtrage des contrôles de la Wiimote. En- suite, départ pour Shanghai pour terminer mon pre- mier Splinter Cell. J’ai pu retrouver le plaisir d’écrire une grammaire en intégrant le système de reconnais- sance vocale dans EndWar. Après un rapide passage par Montréal, je vis maintenant à Singapour. Le trai- tement d’images m’a poursuivi avec l’arrivée de Ki- nect qui remet au goût du jour toutes les techniques de morpho-mathématique, et pour lequel j’ai déve- loppé plusieurs prototypes. Je travaille maintenant sur Ghost Recon Online en intégrant un langage de script maison orienté réseau. 1. L’air de rien, http://publis.lrde.epita.fr/LrdeBulletin. 2. Ubisoft, http://www.ubisoft.com.

L’air de rien N · Bien que recherche et création d’entreprise n’aient en apparence rien à voir, le temps passé au labo n’a pas été perdu, loin de là. Les méthodes

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L’air de rien No 25Les anciens élèves

L’aléastriel du Laboratoire de Recherche et de Développement de l’EPITA 1 Numéro 25, Mai 2012

Éditopar Guillaume Lazzara (CSI 2008)

Le LRDE est composéd’une dizaine d’enseignants-chercheurs avec qui travaillentles étudiants de la majeure CSI.Dans ce contexte, les étudiantsont l’occasion de collaborer surdes projets relativement diffé-rents de ceux du cycle ingénie-rie à l’EPITA : ils sont souvent

développés depuis plusieurs années et sont plusorientés R&D. La majeure CSI est aussi l’occasionde comprendre comment fonctionne le milieu de larecherche et en particulier, le milieu académique.

Contrairement à certaines idées reçues, le labora-toire ne forme pas que des étudiants voués à pour-

suivre avec une thèse. Le but de la majeure CSI estavant tout la formation par la recherche et non pour larecherche. C’est notamment la raison pour laquelleles parcours professionnels de nos anciens sont as-sez variés. Selon nos dernières informations, près dela moitié des anciens CSI a continué en thèse. Lesautres ont rejoint des entreprises ou ont même montéla leur !

Dans cette seconde édition « spéciale anciens »,nous avons voulu à nouveau vous faire part des par-cours professionnels de ceux qui furent étudiants auLRDE il y a quelques mois ou quelques années. Nousespérons qu’ils vous permettront de mieux saisir lasaveur des élèves passant par le laboratoire.

Bonne lecture !

Jean-Sébastien Mouret, CSI 2003 Ingénieur logicielUbisoft 2, Singapour Jeux-vidéo

Après avoir passé mes annéesde prépa à faire des petits jeuxen 2D et 3D, le LRDE m’a at-tiré pour ses recherches en trai-tement d’images. Mes premièrestâches ont été sur l’implémenta-tion de techniques de morpho-mathématique dans Olena. Puis,

en m’inspirant des travaux de Yoann Fabre, j’ai déviésur l’étude des langages visuels et de leur implémen-tation en utilisant du C++ augmenté.

J’ai commencé ma vie professionnelle chez Ga-meloft à la fin de la N-Gage et sur les premiers pro-totypes de la Nintendo DS. Puis, désirant travaillersur de plus grosses consoles, je suis passé chez Ubi-

soft. Tout d’abord à Paris où les techniques de trai-tement du signal apprises au LRDE ont été utilespour le filtrage des contrôles de la Wiimote. En-suite, départ pour Shanghai pour terminer mon pre-mier Splinter Cell. J’ai pu retrouver le plaisir d’écrireune grammaire en intégrant le système de reconnais-sance vocale dans EndWar. Après un rapide passagepar Montréal, je vis maintenant à Singapour. Le trai-tement d’images m’a poursuivi avec l’arrivée de Ki-nect qui remet au goût du jour toutes les techniquesde morpho-mathématique, et pour lequel j’ai déve-loppé plusieurs prototypes.

Je travaille maintenant sur Ghost Recon Online enintégrant un langage de script maison orienté réseau.

1. L’air de rien, http://publis.lrde.epita.fr/LrdeBulletin.2. Ubisoft, http://www.ubisoft.com.

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L’air de rien — Les anciens élèves No 25, Mai 2012

Guillaume Pitel, CSI 2000 EntrepreneureXenSa 3, France Data-Mining

Je suis entré à l’EPITA en 1995,attiré par l’incroyable énergiecréatrice de ses élèves et mû parune passion qui semblait aussianimer les murs de l’école. J’airejoint le LRDE à sa création,avec trois autres élèves devenusdes amis, sous la houlette de

Thierry Géraud et de son enthousiasme communi-catif. La passion ne m’a pas quitté, et mon passageau LRDE m’a permis de découvrir d’autres moyensd’assouvir ma fascination pour les créations de Tu-ring et von Neumann.

J’ai quitté le LRDE avec comme rêve de découvrirde nouveaux territoires intellectuels, en rejoignantle monde de la recherche avec un DEA de SciencesCognitives à Paris XI (négocié en parallèle avec madernière année de spécialisation SCIA 3), DEA quifût complété par une thèse dont je suis sorti avec le

goût amer du travail à moitié fini. S’en sont suiviesquelques années de post-doctorat au LIMSI-CNRS,au LORIA et enfin au CEA-LIST avant de rejoindremes trois anciens camarades du LRDE, qui avaiententre temps monté la société Epiphyte, une entre-prise capable d’accueillir mon projet de recherchecomme dans un incubateur. J’y ai développé une mé-thode de calcul d’embedding inédite et très puissante,capable d’une part de réaliser des performances trèsélevées dans des tâches d’Information Retrieval, de ca-ractérisation sémantique ou encore de CollaborativeFiltering, et d’autre part ayant la capacité d’effectuerdes transferts de connaissances entre différentes mo-dalités.

Cette méthode m’a donné une occasion en orpour monter un projet commercial début 2011, etje l’exploite désormais au sein de la société eXenSadont je suis le fondateur et président.

Franck Coppola, SCIA 2002 EntrepreneurHexaglobe 4, France Réseaux et communication

J’ai intégré le LRDE après mascolarité à l’EPITA (SCIA 2002)et un DEA à l’Université deRennes. On m’y proposait unstage intéressant qui pouvait dé-boucher sur une thèse CIFRE.Je connaissais la qualité du labopar des camarades l’ayant inté-gré lors de leurs études et j’ai

donc peu hésité.Au final, cela ne s’est pas passé comme prévu et la

société qui finançait ma thèse a mis fin à son finance-ment suite à des difficultés économiques. Je me suisdonc retrouvé entrepreneur. Avec un camarade de lapromo 2006, nous avons créé (en 2004) Hexaglobe,société de prestation dans le domaine des réseauxet télécommunications. Au fur et à mesure des mis-sions, nous nous sommes spécialisés dans les outilstechniques pour l’audiovisuel et avons commencé àpackager des produits et services pour répondre aux

besoins de ce secteur. Aujourd’hui, la société comptedix collaborateurs.

Bien que recherche et création d’entreprisen’aient en apparence rien à voir, le temps passé aulabo n’a pas été perdu, loin de là. Les méthodes detravail employées dans le monde de la recherche sonttrès utiles bien en dehors des labos. De plus la ré-ponse aux besoins de nos clients nous a forcé à cher-cher des solutions techniques. Même si c’était moinsthéorique, il a fallu se renseigner sur l’état de l’art ettrouver des moyens de le dépasser. Pour cela, nousavons parfois collaboré avec des laboratoires. C’est làqu’avoir été au LRDE a été un vrai plus car j’étais àl’aise pour discuter avec les chercheurs là où pour unsimple « ingénieur » le monde de la recherche sembleparfois ésotérique.

À l’avenir, le développement de la société vacontinuer avec une complexité croissante des solu-tions scientifiques et techniques à mettre en place.Cela promet plein de challenges passionnants.

3. eXenSa, http://www.exensa.com.3. A cette époque, la majeure CSI n’existait pas encore en tant que telle !4. Hexaglobe, http://www.hexaglobe.com.

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No 25, Mai 2012 L’air de rien — Les anciens élèves

Giovanni Palma, CSI 2005 Ingénieur de rechercheGE Healthcare 5, France Traitement d’images médicales

Ma passion pour l’informatiquem’a conduit de manière assezdirecte vers l’EPITA. Après laSup, la Spé et une année encycle d’ingénieur, l’intégrationau LRDE m’a permis d’aborderune nouvelle phase sur ma sco-larité, à savoir l’enseignementpar la recherche.

Ainsi j’ai pu m’initier à la programmation gé-nérique et au traitement d’images. Cela m’a permisde spécialiser quelque peu mon profil et de trouverune opportunité de stage chez Siemens CorporateResearch raffinant ainsi mes aspirations profession-nelles : l’imagerie médicale. Aussi après cela j’ai inté-gré le mastère spécialisé Signal Image et Reconnais-sance des Formes (SIRF) de Télécom ParisTech. Cette

formation m’a permis de compléter la formation del’EPITA en poussant l’aspect théorique. Pour vali-der cette année, j’ai fait un stage en mammographiechez GE Healthcare qui a débouché sur une propo-sition de thèse en industrie. Cette dernière s’est dé-roulée dans le cadre d’une convention CIFRE entreGE et Télécom ParisTech. Après ces trois années dedoctorat très enrichissantes, je me suis vu proposerun poste d’ingénieur de recherche chez GE dans lamême équipe, poste que j’occupe depuis deux ans.

Aujourd’hui, le côté pragmatique hérité de monpassage à l’EPITA jumelé au goût pour la rechercheconfirmé par mon passage à Télécom ParisTech mepermettent d’appréhender de manière efficace lesproblématiques de recherche appliquées qui me sontposées.

Damien Thivolle, CSI 2006 EntrepreneurVEDATIS 6, France Web et jeux-vidéo

Je suis arrivé à l’EPITA directe-ment en Spé en 2002 et j’ai in-tégré le LRDE deux ans aprèspour deux raisons : je pensaisque les travaux de recherche me-nés au LRDE allait me passion-ner ; j’étais attiré par l’autono-mie et la liberté qu’avaient les

étudiants du labo.Pendant les deux années qui ont suivi, j’ai

d’abord travaillé sur la plate-forme de traitementd’images Olena 7 puis sur des problématiques decompilation juste à temps. J’ai énormément apprisen menant ces travaux. Aussi bien des connais-sances purement scientifiques que des connaissancestechniques : programmation en Python, Ruby ouPerl, maîtrise de l’anglais technique, méthodologiesd’écriture de rapports de recherche. . . Au final, cesont ces connaissances techniques et la rigueur quim’a été inculquée au LRDE qui me servent encoretous les jours.

J’ai fini mes études à l’EPITA par un stage à l’ENSLyon pendant lequel j’ai développé un model che-

cker pour le compte de l’équipe VASY 8 de l’INRIARhône-Alpes. Ensuite, j’ai enchaîné sur un Master àl’Université de Grenoble avec de nouveau un stagepuis une thèse 9 dans l’équipe VASY, toujours sur lemodel checking.

Après ma thèse, le monde de la recherche nem’attirait plus et j’avais l’opportunité de démarrerma propre entreprise. Avec un ami, nous éditons unsite Internet en anglais sur World of Warcraft. Nousfournissons gratuitement des guides pour différentsaspects du jeu. Le but est de vivre des publicités quenous affichons sur le site (nous y sommes presque) etde couvrir un jour d’autres jeux.

Cette nouvelle orientation en a surpris plus d’un,mais j’aime la liberté et le sentiment de contrôle queme procure ma nouvelle activité.

Pendant ma thèse, j’ai surtout appris à bien ré-diger et cela nous permet d’avoir probablement lesguides les plus clairs et les plus concis sur Worldof Warcraft. Créer, maintenir et administrer un siteweb est complexe, surtout pour le passage à l’échelle.J’imagine mal comment j’aurais pu lancer sereine-ment mon projet sans mes bagages techniques.

5. GE Healthcare, http://www.gehealthcare.com.6. VEDATIS, http://www.icy-veins.com.7. Olena, Plate-forme de traitement d’images, http://olena.lrde.epita.fr.8. VASY, http://vasy.inria.fr.9. Thèse de Damien Thivolle, http://vasy.inria.fr/press/these_thivolle.html.

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L’air de rien — Les anciens élèves No 25, Mai 2012

Johan Oudinet, CSI 2007 Post-doctorantUniversité de Karlsruhe 10, Allemagne Vérification de programmes

Je suis entré à l’EPITA enn’ayant aucune idée de ce qu’estla programmation. Je me sou-viens lire un bouquin d’intro-duction au C++ la veille destests d’admission. Ensuite, aprèsavoir pris goût à l’informatiqueet aux mathématiques pendantles deux années de prépa et à

l’adrénaline de la piscine, je me suis présenté au re-crutement LRDE sans avoir la moindre idée de cequ’est la recherche en informatique.

Néanmoins, c’est au LRDE que j’ai découvertmon intérêt pour la recherche en y développant lesouci de perfection avec le besoin de créer un codeà la fois élégant et performant et la volonté de per-sévérance face à des problèmes à priori insolubles.Ce fut le point de départ de ma carrière. La suite,un master recherche et un doctorat à Orsay sur les

méthodes d’exploration aléatoire de très grands mo-dèles, suivi d’un postdoc en Allemagne (à Karlsruhed’abord et à Munich prochainement) sur le test desécurité des applications web à partir de modèles,dans le cadre du projet européen Spacios 11. Le butde ce projet est d’améliorer le test automatique del’implémentation d’un protocole de sécurité à par-tir d’une description formelle de son fonctionnementet des propriétés de sécurité qu’il est censé garantir.En d’autres termes, comment faciliter la détection defailles de sécurité dans un système avec l’aide de mé-thodes formelles. Le second point que m’a apportéle LRDE, et plus particulièrement Sylvain Peyron-net, Réda Dehak et Thierry Géraud, est l’intérêt pourles méthodes approchées qui peuvent vous donnerune réponse fiable à 99% en moins d’une minutealors qu’une méthode exacte mettrait plusieurs an-nées pour répondre au même problème (avec proba-blement la même réponse).

Nicolas Widynski, CSI 2007 Post-doctorantUniversité de Montréal 12, Canada Traitement d’images

En deuxième année de l’EPITA,j’ai participé à un projet decontrôle de curseur informa-tique en détectant et suivant ledéplacement d’un iris par unecaméra standard. Grâce à ce pro-jet, notre équipe est rentrée encontact avec la Direction Géné-rale de l’Armement (DGA) ainsiqu’avec le LRDE. Cela a été ma

première expérience en traitement d’images, et asans nul doute été déterminant dans mes choixd’orientation. En particulier, cela m’a permis d’effec-tuer un stage de traitement d’images à la DGA à lafin de ma deuxième année.

Pour autant, postuler au LRDE n’a pas été simple.Comme beaucoup, j’avais peur de me détacher dureste de la promotion et ainsi perdre la stimulationde groupe qui caractérise si bien la première annéedu cycle ingé. Je me souviens en particulier avoirpostulé seulement quelques minutes avant la clôturedes inscriptions. C’est un choix que je ne regrette-rai jamais. Avec Christophe Berger, j’ai participé au

projet Olena. Thierry Géraud, Roland Levillain et Jé-rôme Darbon m’ont transmis leur passion du traite-ment d’images. Parmi les qualités que j’ai acquisesau LRDE, la ténacité et la rigueur sont certainementles plus importantes et restent fortement appréciéesdans n’importe quel milieu professionnel.

J’ai ensuite décidé de continuer en master IMA-gerie. Ce master présente l’avantage d’être cohabilitéentre Paris VI et Télécom ParisTech, et donc d’ouvrirdes perspectives assez variées. Après un stage de ro-botique à l’Ecole des Mines de Paris, j’ai commencéune thèse avec Isabelle Bloch et Séverine Dubuissonà Télécom ParisTech. Mon sujet a porté sur l’intégra-tion d’informations spatiales floues dans un modèlestochastique de suivi d’objets.

Je suis désormais en post-doctorat à l’Univer-sité de Montréal, où je détecte les contours d’uneimage en utilisant un modèle stochastique. Bien quele choix entre une carrière académique ou indus-trielle reste à faire, le traitement d’images sera trèscertainement la composante principale de mon tra-vail.

10. Université de Karlsruhe, http://www.uni-karlsruhe.de.11. Projet Spacios, http://www.spacios.eu.12. Université de Montréal, http://www.umontreal.ca.

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No 25, Mai 2012 L’air de rien — Les anciens élèves

Thomas Moulard, CSI 2008 DoctorantLAAS-CNRS 13, France Robotique

J’ai choisi de rejoindre le LRDEpour deux raisons : découvrirla recherche scientifique, d’unepart, et pouvoir contribuer àdes logiciels dépassant le simplecadre de projets d’étude, d’autrepart.

J’ai ensuite réalisé mon stage d’ING1 à Gostai,une start-up spécialisée dans les outils informatiquespour la robotique et développant la plateforme Urbi.La combinaison de ces deux expériences a réellementdéfini mon parcours jusqu’à maintenant. Le LRDEm’a donné le bagage ainsi que la rigueur nécessairepour pouvoir continuer un Master recherche aprèsl’EPITA. Quant à Gostai, cela a constitué une expé-rience très enrichissante. J’ai alterné entre ces deuxactivités jusqu’à mon stage de fin d’études. Pour cedernier, j’ai eu l’opportunité de travailler six mois àiLab 14, un laboratoire à mi-chemin entre les neuros-ciences et la robotique, à Los Angeles. Mon travail aporté sur le développement d’un middleware robo-tique pour faire fonctionner les logiciels du labora-

toire sur un robot mobile.

Après mon stage de fin d’études, j’ai enchaînésur un Master recherche, le MPRI (Master Parisiende Recherche en Informatique). Suite à cela, j’ai re-joint pendant six mois le JRL (Joints Robotics Labo-ratory), un groupe de recherche franco-japonais spé-cialisé dans la robotique humanoïde situé à Tsukuba,au Japon. L’objectif était de concevoir un outil d’opti-misation numérique appliqué à la robotique (Robop-tim). Il permet d’optimiser les trajectoires de marchedu robot humanoïde HRP-2. Au terme de ce stage, jesuis revenu en France en tant que doctorant au seindu LAAS et je travaille sur l’exécution robuste de tra-jectoire sur le robot HRP-2.

Cette thématique balaie un pan extrêmementlarge de la robotique : contrôle, vision, informatiquedistribuée et planification de mouvements. La réa-lisation d’une architecture utilisant des éléments detous ces domaines est une tâche riche et passionnantequi m’occupera jusqu’à septembre prochain, date dema soutenance de thèse !

Nicolas Pierron, CSI 2008 Ingénieur logicielMozilla 15, États-Unis Langages et compilation

Pour résumer mon cursus etmes choix d’orientation, j’aisuivi une règle logique qui estde faire ce que j’aime faire, etd’éviter tant que possible lereste.

Quand j’ai trouvé la bro-chure d’EPITA, j’ai tout de suite compris que je pou-vais faire une école d’ingénieur où je pouvais conti-nuer à faire ce que je faisais sur mon temps libre encollège/lycée.

J’ai fait le LRDE suite aux recommandations deplusieurs amis. Cela m’avait intéressé car je voulaisconnaître un peu plus ce qui se cache derrière « laRecherche ».

Au final, j’ai compris que la recherche a pour butd’explorer des variations minimes, les classifier, et lessynthétiser pour les personnes qui n’en n’ont pas l’at-trait mais l’utilité. Bien que cela ne soit pas reluisantpour quelqu’un qui comme moi est intéressé par l’in-novation, le milieu de la recherche reste un bon sup-

port. Le LRDE m’a offert la liberté de me concentrersur un projet pendant une longue durée, et de ren-trer en contact avec d’autres personnes situées auxPays-Bas.

C’est avant tout l’aspect relationnel qui m’a per-mis de déboucher sur un stage à Delft (Pays-Bas), oùj’ai eu la chance de côtoyer la personne à l’originede ma distribution GNU/Linux (NixOS). Par la suite,j’ai suivi des cours de physique théorique ce qui m’apermis d’enseigner la physique à l’EPITA ; avec Gos-tai et le LIP6, j’ai tenté une thèse CIFRE sur la « ma-chine virtuelle » Urbi. Mais j’ai finalement saisi uneautre opportunité. . .

Aujourd’hui, je travaille chez Mozilla, aux USAet je mets en pratique ce que j’ai appris au LRDE etau LIP6 en améliorant le nouveau compilateur Juste-À-Temps du moteur Javascript, qui va impacter descentaines de millions d’utilisateurs d’ici quelquesmois.

Pour conclure, faites ce que vous aimez et saisis-sez votre chance.

13. LAAS-CNRS, http://www.laas.fr/gepetto.14. iLab, http://ilab.usc.edu/.15. Mozilla, http://www.mozilla.org.

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L’air de rien — Les anciens élèves No 25, Mai 2012

Alexandre Abraham, CSI 2009 Ingénieur de rechercheNeurospin 16, France Traitement d’images médicales

« La vocation, c’est avoir pourmétier sa passion » nous ditStendhal. Je pense que cela ré-sume parfaitement mon choixpour EPITA : de toutes les étu-diants, ce sont les épitéens quime semblaient les plus inves-tis dans leurs projets malgré descharges de travail hors normes.

Comme beaucoup, je suisrentré avec l’intention de travailler dans les jeux-vidéo. Cependant, dès la prépa, les professeursm’ont fait découvrir un pan de l’informatique quim’était inconnu, à la croisée de l’informatique etdes mathématiques : l’intelligence artificielle. Galva-nisé par cette découverte, j’ai implémenté en projetlibre, avec d’autres passionnés, un simulateur d’IAbasique provenant d’une thèse. C’est donc naturelle-ment que j’ai rejoint le LRDE et la majeure CSI dèsque l’occasion s’est présentée.

Au sein du laboratoire, j’ai eu l’occasion de dé-couvrir les réelles activités d’un chercheur (réunions,

partage d’informations, (re)lecture d’articles. . .).Cette atmosphère fut extrêmement stimulante : ons’imprègne des chercheurs, on apprend sans mêmes’en rendre compte. Sous l’égide de Thierry Géraud,j’ai rejoint le projet Olena que j’ai enrichi d’un al-gorithme de segmentation par ligne de partage deseaux. Plus qu’un projet de traitement d’images, leframework sur lequel est basé Olena est une véritableextension du langage C++ qui permet de program-mer de façon générique et performante. L’expertiseacquise au sein du laboratoire m’a par exemple per-mis de passer avec succès des entretiens d’embauchetrès poussés dans ce langage.

J’ai poursuivi avec un Master d’Intelligence Arti-ficielle et Décision et acquis une première expérienceprofessionnelle au sein d’une SSII pendant un an.J’ai maintenant rejoint le laboratoire Neurospin duCEA Saclay sur de l’analyse d’IRM fonctionnels aurepos. Nous tentons de tirer de ces données un atlasfonctionnel du cerveau pour aider la rééducation depersonnes victimes d’AVC. J’espère poursuivre cetteétude par une thèse.

Vivien Delmon, CSI 2009 DoctorantLaboratoire CREATIS 17, France Traitement d’images médicales

Le début de la première annéed’ingenieur à l’EPITA est l’occa-sion de tisser des liens forts avecune partie de la promo en lut-tant tous contre l’adversité de lapiscine. Les personnes avec quij’ai tissé ces liens avaient toutesune forte envie de rentrer auLRDE. C’est à ce moment que

j’ai découvert le LRDE et que j’ai eu envie de voirà quoi ressemblait la recherche et peut-être aussi unpeu par défi personnel.

J’ai accroché assez vite à ce monde où l’on tra-vaille à plusieurs pour faire avancer un projet quiétait Vaucanson, une plateforme de manipulationd’automates finis 18, dans mon cas. Ensuite mon at-trait pour le monde médical et mon intérêt grandis-sant pour le traitement d’images m’ont fait choisirun stage de fin d’études chez General Electric où j’aiexpérimenté la recherche en entreprise. Je me suis

assez vite rendu compte que les sujets qui m’inté-ressaient étaient réservés aux titulaires d’une thèse.J’ai donc suivi les traces de certains de mes prédeces-seurs CSI et continué mes études en suivant le MasterImage de Paris VI, où la spécialisation Imagerie duVivant m’a apporté énormément de connaissancesnouvelles dans le domaine de l’imagerie médicale.Un deuxième stage de fin d’études dans le labora-toire d’imagerie médicale de Philips m’a permis deconfirmer mon envie de faire une thèse.

Je suis maintenant à Lyon dans le laboratoireCREATIS au sein d’une équipe qui travaille directe-ment dans le Centre Léon Bérard. Ma thèse est enpartenariat avec Elekta, une entreprise qui fabriqueet vend du matériel de radiothérapie. Je dois beau-coup au LRDE d’être arrivé jusqu’ici, l’expertise tech-nique que j’y ai acquise a toujours été un point fortet c’est ce qui m’a permis d’arriver là où je suis au-jourd’hui et d’apprécier tous les jours ce que je viensfaire.

16. Neurospin, http://www.neurospin.fr.17. Laboratoire CREATIS, http://www.creatis.insa-lyon.fr.18. Vaucanson, plateforme de manipulation d’automates finis, http://vaucanson.lrde.epita.fr.

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No 25, Mai 2012 L’air de rien — Les anciens élèves

Alex Hamelin, CSI 2011 Ingénieur logicielNVIDIA 19, Allemagne Développement pour GPU

J’ai intégré le LRDE tout d’abordpar curiosité. La première par-tie de l’ING1 avait été une ex-périence singulière où j’ai pu ap-prendre une quantité phénomé-nale de choses. Mon expérienceen programmation avait été re-

lativement limitée jusque là, et cette première pé-riode fut particulièrement formatrice. Mais au mo-ment du recrutement du LRDE, je sentais que pourcontinuer à progresser, il me fallait quelque chose denouveau. D’une part l’existence d’Assistant C/Unix(ACU) CSI et d’autre part la présentation du labora-toire et de ses projets me motivèrent à tenter l’expé-rience. J’avais le sentiment que ce parcours ne pour-rait que m’être bénéfique.

Grâce à la majeure CSI et mon travail sur Vau-canson, j’ai pu acquérir des compétences essentiellesdans le monde actuel de l’ingénierie. Au delà de l’ex-pertise technique qui vient naturellement lorsqu’unepersonne travaille sur un projet complexe, les en-

seignements des permanents du laboratoire et l’en-vironnement collaboratif y existant furent une mer-veilleuse aventure.

Tout juste diplômé, j’ai choisi de rejoindre l’in-dustrie plutôt que de continuer dans la recherchepure, l’opportunité m’ayant été faite à la sortie del’école s’alignant parfaitement avec mes passions etaspirations personnelles.

Je suis actuellement employé à NVIDIA où jetravaille sur Parallel Nsight. Avec l’évolution de lacomplexité des nouvelles générations de GPU, leurprogrammation devient de plus en plus complexe.Pour que les développeurs puissent tirer des cartesgraphiques les meilleures performances, il faut leurfournir des outils qui leur offrent une expériencede programmation au moins similaire à celle bienconnue sur CPU. Après avoir travaillé pendant monstage de fin d’étude sur un profileur, je suis mainte-nant un employé à plein temps sur un debugger deshader graphique.

En brefLes nouvelles publications

L’ensemble de nos publications sont disponibles surhttp://publis.lrde.epita.fr/.

XU, Y., GÉRAUD, TH., AND NAJMAN, L.. Context-based energy estimator : Application to object seg-mentation on the tree of shapes. In Proceedings ofthe 19th International Conference on Image Processing(ICIP), Orlando, Florida, USA. IEEE, IEEE

Dans cet article, nous proposons un nouvelestimateur ratio-cut efficace pour détecter lescontours fermés qui entourent les objets d’in-térêt. Il est à la fois basé sur le contexte et peutêtre interprété comme un contour actif. Commepremier exemple de l’efficacité de notre formu-lation, nous considérons l’arbre de formes.

SENTA, L., CHEDEAU, CH., AND VERNA, D.. Ge-neric image processing with Climb. In European LispSymposium, Zadar, Croatia

Dans cet article, nous présentons une biblio-thèque générique de traitement d’images expé-rimentale : Climb. Contrairement à la plupartdes bibliothèques de traitement d’images écriteen langage statique, notre but est d’en fournir

une exploitant les possibilités du langage dyna-mique Common Lisp, en étudiant notammentl’apport en termes de généricité.

Le LRDE fait parler de lui

ESIEE Yongchao Xu, doctorant au LRDE, a donnéune présentation sur le thème « MorphologicalFiltering in Shape Spaces : Applications UsingTree-Based Image Representations », lors d’unesession organisée par l’ESIEE.

IRILL Le LRDE a participé à la conférence du 2 fé-vrier 2012 dédiée au sujet « Free Software andHigher Education » organisée par l’IRILL.

Un futur directeur de thèse !

Thierry Géraud, enseignant/chercheuret mentor de l’équipe Olena,soutiendra son Habilitation àDiriger des Recherches (HDR)à l’ESIEE le 25 juin pro-chain.

19. NVIDIA, http://www.nvidia.com.

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Page 8: L’air de rien N · Bien que recherche et création d’entreprise n’aient en apparence rien à voir, le temps passé au labo n’a pas été perdu, loin de là. Les méthodes

L’air de rien — Les anciens élèves No 25, Mai 2012

C’est parti !

Le projet Terra Rush, un des 18 premiers projetsretenus pour le Programme d’investissements d’ave-nir, vient de démarrer officiellement le 16 mars der-nier.

Le LRDE, faisant partie du consortium du projet,aura la charge de conduire l’extraction de texte dansles séquences d’images afin de permettre l’enrichis-sement des bases de données des rushes (ensembledes documents originaux audio et video résultantsd’un tournage avant montage des séquences).

Une bonne manière d’enrichir Olena, notre plate-forme de traitement d’images. À suivre donc !

De nouvelles têtes !

Edwin Carlinet (Stagiaire)

Ingénieur EPITA CSI promo 2011, ila continué ses études avec un mas-ter recherche en traitement d’imagesà l’ENS Cachan. Il effectue actuelle-ment son stage de master 2 au LRDE

dans l’équipe Olena. Son travail porte notammentsur l’utilisation de l’arbre des formes et de manièregénérale sur la détection d’objets dans les images.

Il donne également des cours de bio-informatiqueà l’école Sup-Biotech.

Stefania Calarasanu (Stagiaire)

Étudiante à l’Universite Pierre et Ma-rie Curie (Paris VI) en Imagerie, elle arejoint notre laboratoire dans le cadrede son stage de fin de master. Elle faitpartie de l’équipe image et travaille

sur la localisation de texte dans des images natu-relles.

Séminaire LRDE 20

Le prochain séminaire du LRDE aura lieu le mercredi9 mai 2012, de 14h à 17h30 en amphi masters. Deuxinvités seront à l’honneur.

Antoine Manzanera nous parlera d’un modèlegénérique de traitement et de représentation desimages.

Matthieu Garrigues nous expliquera commentréaliser l’analyse des mouvements apparents dansun flux vidéo. Des cas d’utilisation seront dévelop-pés pour illustrer ces propos.

Les futurs anciens (de gauche à droite) : Raphaël Boissel, Sébastien Crozet, Thomas Badie, Pierre Parutto, Syl-vain Lobry, François Ripault, Edwin Carlinet, Victor Lenoir, David Moreira et Benjamin Roux.

20. Séminaire LRDE, http://seminaire.lrde.epita.fr.

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