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MAGAZINE ASSOCIATION DE DIALOGUE DES ASSURÉS AVEC AG2R LA MONDIALE ET PARTENAIRE DU CERCLE DE L’éPARGNE L’ASSURANCE D’êTRE ENTENDU NUMÉRO 101 - DÉCEMBRE 2016 - DÉPÔT LÉGAL À PARUTION LE GRAND TÉMOIN « Il faut redynamiser le dialogue social » Jean-Marie Spaeth ACTUALITÉ « Tous entreprenants » L’ABSENTéISME, UN MAL FRANçAIS

l’aBsentéIsMe, un Mal françaIs - amphitea.comamphitea.com/upload/itemstore/4177/f25475.pdf · DÉCEMBRE 2016 - AMPHITÉA MAGAZINE 3 Dr Dr e n 2016, les états membres de l’Organisation

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magazine

ASSOCIATION DE DIALOGUE DES ASSURÉS AVEC ag2r La MONDIaLE et pARTENAIRE du cercle de l’épargne

l’assurance d’être entendu NUMÉrO 101 - DÉCEMBrE 2016 - DÉpôt LÉgaL à parUtION

Le gRanD TÉmOin

« Il faut redynamiser le dialogue social »Jean-Marie Spaeth

acTuaLiTÉ

« tous entreprenants »

l’aBsentéIsMe, un Mal françaIs

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2 DÉCEMBRE 2016 - AMPHITÉA MAGAZINE

Jamais dans l’histoire économique moderne les banquiers,

les assureurs, les épargnants et les Etats n’avaient été

confrontés à des taux d’intérêt aussi bas. Voulus par les

banques centrales pour relancer l’économie mondiale par la

consommation et l’investissement, ces taux, dont certains

sont même passés sous la barre du zéro, bouleversent

les habitudes et posent de nombreuses questions. Pour

décrypter cette situation inédite, AMPHITÉA Magazine a

rencontré André Renaudin, directeur général d’AG2R LA

MONDIALE, mais aussi Pierre Geirnaert, président de votre

association. Tous deux analysent ce contexte hors norme

en nous expliquant comment AMPHITÉA et son partenaire

assureur envisagent l’avenir. Les relations très étroites

qu’entretient votre association avec AG2R LA MONDIALE

confortent plus que jamais notre mission : vous représenter

et défendre vos intérêts en partenariat avec l’assureur,

mais aussi assurer la pérennité de ses engagements et

protéger, sur le long terme, la collectivité de ses assurés.

Quelles que soient les réponses qui seront apportées par

le groupe à ce défi posé par la baisse des taux, elles seront

certes contraintes par les décisions des pouvoirs publics,

mais quoi qu’il en soit concertées avec vos représentants

AMPHITÉA.

Bonne lecture à tous !

directeur de la publication : Guy Lamelot – comité de rédaction : Guy Lamelot,

Pierre Geirnaert, Patrice Coste, Frank Mauheran – conception & réalisation : Cap Horn

photo de couverture : Fabrice Picard / VU’ – editeur : DMR SA – 5 rue Cadet 75009 Paris –

Impression : Mercator Press – Dépôt légal : à parution – Ce magazine s’adresse aux adhérents

d’AMPHITÉA. ISSN 1634 – 1929 – AMPHITÉA – 5 rue Cadet 75009 Paris

Tél. : 01 71 24 02 60 – Fax : 01 71 24 02 61

email : [email protected]

Dr

SOMMAIREVOTRE ASSOCIATION Quand le protectionnisme sort de la naphtaline philippe Crevel

Baisse des taux : faut-il s’en inquiéter ?

CULTUREreims et la Champagne de Dominique Lepoutre

LE GRAND TÉmOIN

Jean-maRie SpaeTh « Nous vivons en permanence dans un monde de faux-semblants »

FORUm

LE DOSSIER

abSenTÉiSme au TRavaiL : paS DE fataLItÉ réalisé en partenariat avec ag2r La MONDIaLE, le 8e baromètre ayming sur l’absentéisme pointe du doigt les conditions de réalisation du travail.

ACTUALITÉBoom entrepreneurial

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L’ÉDITODE guy LameLOT

DIrECtEUr D’aMpHItÉa

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en 2016, les états membres de l’Organisation Mondiale du commerce (OMc) ont

adopté deux fois plus de mesures protectionnistes qu’en 2015 et plus de cinq fois plus qu’en 2008. du Brexit à la victoire de donald trump, les tentations de repli se multiplient. après 70 ans de libre-échange, sommes-nous en train de vivre une rupture ou simple-ment une pause après un proces-sus rapide de mondialisation ?En quelques années, notre en-vironnement économique a, en effet, été bouleversé. Avec l’ou-verture de la Chine au commerce extérieur, le décollage économique de nombreux pays asiatiques et la fin de l’URSS, l’économie mon-diale repose désormais sur plus de 50 États quand, jusque dans les années 80, seule une dizaine comptait réellement. Cette mondialisation s’est accom-pagnée d’une division internatio-nale du travail, les pays émergents réalisant plus de 50 % de la produc-tion industrielle mondiale quand les pays avancés conservent la re-cherche et la création. Combinée à la digitalisation, cette redistribu-tion de la production a fragilisé les classes moyennes des pays avan-cés dont l’avènement était intime-ment lié au développement des grandes entreprises industrielles à partir de la fin du XIXe siècle.

En augmentant la taille des mar-chés, la mondialisation a été une source de croissance y com-pris pour les pays avancés. Elle a permis de compenser la décrue des gains de productivité. Elle a contribué au développement des pays les plus pauvres, évolution que nous appelions, depuis des années, de nos vœux. Nous profi-tons donc sans nous en apercevoir des avantages du libre-échange. En revanche, nous en ressentons, avec une forte acuité, les effets négatifs. Il est ainsi jugé responsable, à tort ou à raison, de la destruction de nombreux emplois. En la matière, les études économiques réalisées sont loin d’être unanimes. Le déclin des em-plois industriels s’est amorcé bien avant la mondialisation. La défiance vis-à-vis du multila-téral est telle, aujourd’hui, que les États multiplient les comporte-ments non coopératifs. Ce n’est pas un phénomène nouveau. En effet, après l’émergence du libre-échange, entre 1846 et 1876, mar-quée notamment par l’adoption du traité franco-britannique de 1860, les gouvernements euro-péens optèrent, à partir de 1879, pour le protectionnisme avec les conséquences que nous savons. Plus loin dans le passé, la Chine

Quand le prOtectIOnnIsMe sOrt de la naphtalIne

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a, au XVIIe siècle, refusé le com-merce international ce qui l’a en-gagée dans un long déclin dont elle n’est sortie qu’au XXIe siècle. La remise en cause des vertus du libre-échange intervient au mo-ment même où le commerce in-ternational patine. Nous sommes arrivés certainement au terme du processus de mondialisation in-dustrielle. Il est difficile d’imaginer que les pays émergents puissent

augmenter indéfiniment leurs parts de marché. Ces pays, dont la Chine, sont engagés dans une mutation qui les conduit à favoriser leur demande in-terne. Par ailleurs, le cycle économique qui s’amorce

reposera d’avantage sur les ser-vices du fait du niveau de déve-loppement des pays émergents et du vieillissement de la population. En Chine, les services représentent déjà plus de 50 % du PIB.Condamner le protectionnisme ne revient pas à faire l’apologie du laisser-faire anarchique. En effet, il convient de remettre, au cœur du commerce international, quelques grands principes comme la clause de la Nation la plus favorisée, la réciprocité des concessions tari-faires, la transparence dans les po-litiques commerciales ainsi que la reconnaissance des mécanismes de contrôle et de sanction.

« NOUS SOMMES arrIvÉS aU tErME DU prOCESSUS DE MONDIaLISatION INDUStrIELLE »

Face aux problèmes économiques auxquels sont confrontés de nombreux pays depuis 2008, le protectionnisme apparaît de plus en plus comme une solution. Les leçons de l’histoire ne semblent pas avoir été retenues.

PHILIPPE CREVEL

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BaIsse des taux : faut-Il s’en InQuIéter ?

La baisse des taux défraie la chronique. Baisse des taux du crédit, avec une Banque centrale européenne (BCE) dont le taux de refinancement est même passé sous la barre du zéro. Baisse des taux des obligations, avec des Etats fortement endettés qui continuent à emprunter pour financer leurs déficits. Baisse des taux du rendement des produits financiers adossés à des actifs obligataires, tels que les fonds euros.Face à cette situation inédite, on s’interroge et on se prend à douter. Pourquoi cette baisse ? Va-t-elle durer ? Faut-il s’en inquiéter ? Menace-t-elle notre épargne et le financement de notre retraite ? Pour répondre à ces questions légitimes AMPHITÉA Magazine a rencontré André Renaudin, directeur général d’AG2R LA MONDIALE.

une croissance mondiale trop faibleAprès avoir été en moyenne de 2 % par an entre 1945 et 2008, la croissance en France avoisine 1 % aujourd’hui. Aux États-Unis elle est passée de 3 ou 4 % à 2 %. Et dans le monde, après avoir atteint en moyenne 6 %, elle est inférieure à 3 %.des banques centrales qui gouvernent par les tauxTrois facteurs influent sur le PIB d’un pays, c’est-à-dire la richesse qu’il crée : la demande interne (consommation des particuliers et investissement des entreprises), la demande externe (les exportations) et la dépense publique. Pour relancer une économie mondiale peu dynamique, les banques centrales jouent sur les taux pour décourager l’épargne, favoriser la consommation et les investissements et rééquilibrer les taux de change. des taux courts bas pour décourager l’épargneLa BCE, en faisant baisser les taux courts et avec un taux de refinancement négatif de - 0,4 % (une banque doit payer pour lui confier sa collecte), veut décourager l’épargne et favoriser la consommation. Cette politique a trois limites. Un, même si son taux de rendement baisse, l’épargne des Français reste encore significativement rémunérée, notamment grâce au Livret A (0,75 %). Deux, la crise de confiance qui pénalise les pays occidentaux incite plutôt les citoyens à constituer une épargne de précaution. Trois, certains peuvent même être tentés de compenser la baisse du rendement de leur épargne par… une épargne plus importante en volume. des taux longs bas pour favoriser l’investissementTous les pays européens sont endettés. La France, malgré une dette de 2 000 milliards e, emprunte encore 200 milliards e chaque année. En rachetant la dette des Etats à raison de 80 milliards e chaque mois, la BCE fait baisser les taux des crédits fixés par les marchés (taux longs français à dix ans actuellement à 0,4 %). Elle favorise ainsi l’investissement.des taux longs bas pour relancer les exportations Les investisseurs étrangers ont confiance dans la dette européenne. La baisse des taux longs les détourne de la dette en euros et les pousse à acheter de la dette en dollars, ce qui fait baisser le cours de la monnaie européenne (- 25 % en quelques années dans sa parité avec le dollar). Qui dit euro faible, dit exportations en hausse.

le cOntexte

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« nOus devOns préserver l’avenIr »aNDrÉ rENaUDIN

d epuis quelques mois, l ’ a s s u r a n c e - v i e semble marquer le pas. constatez-vous

un ralentissement de la collecte au sein d’ag2r la MOndIale ? «Même si la collecte nette 2016 restera positive pour l’ensemble du marché, elle connaît en effet un ralentissement pour plusieurs raisons ; et elle a même été né-gative en octobre.S’agissant des unités de compte, la baisse des cotisations est nette après le très mauvais début d’an-née de la Bourse de Paris. Quant aux contrats en euros, ce sont les sociétés d’assurances qui ont principalement restreint les conditions de souscription pour éviter que les nouveaux assurés, voulant profiter d’un rendement des contrats d’assurance-vie plus élevé que celui des obligations actuelles, viennent en masse et entraînent ainsi une dilution sup-plémentaire des rendements au détriment des anciens assurés. Cette baisse tendancielle des rendements des contrats euros doit également jouer, même si ces contrats demeurent très at-tractifs vis-à-vis de l’inflation ou des placements alternatifs. En ce qui concerne plus particu-lièrement AG2R LA MONDIALE, nous avions pris un peu d’avance sur le marché avec un net ra-lentissement, volontaire, des cotisations d’épargne en euros

Le directeur général d’AG2R LA MONDIALE, décrypte la baisse des taux obligataires et son impact sur les contrats en euros.

dès 2015. En 2016, nous devrions connaître une évolution comprise entre légère baisse et stabilité. Pour les unités de compte, après une très bonne année 2015, nous continuons à surperformer sur le marché avec une stabilité à fin sep-tembre 2016 contre une baisse de - 7 % pour le marché. »

pouvons-nous revenir sur ces dif-férents points en commençant par la baisse des rendements…« Les contrats d’assurance-vie sont adossés à des actifs principalement obligataires dont les rendements sont en baisse depuis le début des années 80, soit plus de 35 ans. Les autres actifs sont des actions ou des immeubles. Le rendement de ces contrats d’assurance-vie baisse donc lui aussi de manière quasi continue sous l’effet d’un double phénomène : les anciennes obligations détenues par les as-sureurs arrivent chaque année à échéance et sont remplacées par des obligations de fait moins bien rémunérées, tandis que le flux des nouveaux épargnants est investi lui aussi en obligations actuelles. Nous mutualisons ainsi les rendements dans un « actif général » qui assure une solidarité, non seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps : le taux moyen que nous servons donne donc un avantage aux nou-veaux entrants qui bénéficient de l’ancienneté du portefeuille. C’est cet effet d’aubaine qui peut entraî-

ner un afflux de souscriptions op-portunistes. »

cette baisse des rendements des contrats en euros a conduit le gou-verneur de la Banque de france à demander plusieurs fois aux assu-reurs de tenir compte de la réa-lité du marché, c’est-à-dire de la baisse des taux obligataires…« Ce que dit le gouverneur de la Banque de France est que l’écart n’a jamais été aussi important entre le taux de rendement des contrats actuels, 2,27 % en moyenne selon la FFA, et le taux des obligations, entre 0 et 1 % depuis quelques mois. C’était notamment le cas le 11 juillet dernier, où les taux obli-gataires étaient à 0,11 %. Cela reste d’actualité avec des taux obliga-taires revenus à 0,75 % depuis le ré-sultat des élections américaines. »Les assureurs sont in fine incités, a minima, à répercuter la baisse des rendements de leurs actifs sur les contrats des assurés pour conti-nuer à pouvoir faire face à leurs engagements. C’est une décision logique et responsable, dans l’in-térêt commun des assurés. La pro-babilité que les taux obligataires soient durablement bas est forte aujourd’hui. J’ai donc déjà annoncé que nous baisserons le taux de ren-dement 2016 de nos contrats de manière plus importante que l’an-née précédente et que le ren-dement de notre actif général nous y obligerait. Nous devons >>>Im

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préserver l’avenir.Ce qui est nouveau avec cette baisse des taux obligataires, c’est que l’on approche du zéro. Et comme en avion, plus le sol se rap-proche, plus il faut veiller à ce que fait le pilote… Il faut tout de même garder raison, les taux baissent depuis de nombreuses années. En 1982, lorsque j’ai acheté ma rési-dence principale, j’ai emprunté avec une inflation à deux chiffres ! Chaque génération connaît une si-tuation particulière. Ceci dit, ce qui est stupéfiant cette fois, c’est que le rendement des dépôts est passé sous le zéro. »

l’entrée en vigueur de solvabi-lité 2 n’ajoute-t-elle pas une com-plexité supplémentaire ?« Cette situation nouvelle se pro-duit l’année d’entrée en vigueur de la norme Solvabilité 2, ce qui amplifie les exigences de fonds propres des assureurs pour garan-tir leur bonne santé future. C’est en effet plus contraignant. Son im-pact en matière de taux étant pro-jeté sur de nombreuses années, ne pas prendre en compte la réalité des taux d’aujourd’hui aurait des conséquences importantes sur le ratio de solvabilité futur. La baisse des rendements de nos actifs qui arrive en même temps que l’en-trée en vigueur de Solvabilité 2 est effectivement une double peine ! Une espièglerie du destin sans doute… »

la baisse des taux va-t-elle durer et faut-il s’inquiéter ?« Les banques centrales pilotent l’économie mondiale par les taux pour deux raisons : la croissance économique est trop faible et l’in-flation est nulle. Les taux devraient donc être durablement bas.Si nos concitoyens se demandent « où on va », les rendements nets sont toujours positifs et leur épargne financière est en de

bonnes mains. Si vous faites un placement immo-bilier, en ayant par exemple acheté un bien dans une région qui est tout à coup frappée par un sinistre économique, non seulement votre investissement ne vous rapporte plus rien, mais vous pouvez aussi perdre votre capital si la valeur du bien se déprécie. Les revenus de l’épargne financière baissent c’est un fait, mais ils sont encore bien supérieurs à l’inflation et le capital reste protégé. En ce qui concerne l’épargne retraite, nous sommes là aussi pour garantir le versement des rentes viagères. Quant à l’as-surance-vie, outre son environne-ment propre, elle bénéficie d’un environnement réglementaire ap-proprié qui permet de moduler sa rente et de protéger « la veuve et l’orphelin » à travers des outils tels que la clause bénéficiaire, en allant bien au-delà de ce que permettent les dispositifs patrimoniaux clas-siques, de l’héritage en particulier. » la presse a beaucoup parlé de la loi « sapin 2 » qui ouvre la possi-bilité pour les pouvoirs publics de geler les contrats en cas de crise financière. les épargnants doi-vent-ils craindre une remise en cause de leurs contrats ?« Discuté au Sénat début no-vembre, le projet de loi relatif à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, dit « Sapin 2 », devrait en effet introduire une modification du Code monétaire et financier permettant au Haut conseil de stabilité financière, sur proposition du gouverneur de la Banque de France et président de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, de prévenir des risques représentant une menace grave et caractérisée pour la stabi-lité du système financier. Le fait générateur du scénario de crise envisagé par ces disposi-

tions serait une remontée brutale des taux qui ferait s’effondrer les plus-values latentes des assureurs, les mettant ainsi en difficulté. Rappelons cependant qu’il n’y a pas d’« assurroute » ! Les pouvoirs publics ont imaginé un scénario catastrophe, car ils veulent se do-ter de tous les dispositifs possibles pour réagir, même en cas d’un évé-nement très improbable. Il s’agit donc d’une mesure d’intérêt géné-ral, prise totalement à froid, ce qui est de bonne politiqueCette mesure, qui prend en compte le poids croissant de l’assurance dans le monde économique et financier, est plutôt de nature à rassurer les épargnants quant à la stabilité du système. Les mesures conservatoires prévues ne seraient pas de nature à remettre en cause

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les contrats, c’est l’exécution de certains actes qui serait simple-ment retardée et dans des condi-tions très encadrées. Parmi les mesures conservatoires possibles figurent effectivement la possibilité de suspendre, retar-der ou limiter temporairement, pour tout ou partie du portefeuille, le paiement des valeurs de rachat, la faculté d’arbitrages ou encore le versement d’avances sur contrat. L’exercice de certaines opérations ou activités, y compris l’accep-tation de primes ou versements, pourront aussi être limitées tem-porairement. Ces mesures sont prévues pour une période maxi-male de trois mois, renouvelable si les conditions ayant justifié leur mise en place n’ont pas dispa-ru, après consultation du comité

consultatif de la législation et de la réglementation financière. »

l’épargne assurance-vie des français est investie à plus de 80 % dans des fonds en euros et les fonds en unités de compte semblent peu intéresser les épar-gnants. comment donner le goût du risque aux investisseurs ? « Si les encours des supports uni-tés de compte sont très nette-ment minoritaires, et c’est le fruit du passé, les choses ont un peu changé depuis quelques années. Ces supports sont devenus ma-joritaires en termes de collecte nette – cotisations moins presta-tions – en 2015 et c’est toujours le cas sur neuf mois en 2016, malgré la baisse des cotisations en unités de compte.

Les épargnants prennent conscience que les livrets ne rap-portent plus beaucoup. Les ren-dements d’assurance-vie en eu-ros sont et seront en baisse. Cela convaincra les assurés que les fonds en euros ne sont plus une solution d’avenir pour valoriser leur épargne sur le moyen/long terme et que pour avoir une espé-rance de rendement significatif, il faut prendre plus de risque. Les supports en unités de compte sont l’outil idéal pour cela, et l’in-novation des assureurs dans ce domaine, visant à offrir des sup-ports d’investissement moins volatils – OPCI, fonds à volatilité contrôlée, fonds structurés… – de-vrait les aider à s’initier à la prise de risque. AG2R LA MONDIALE qui est plu-tôt en pointe au niveau du poids des unités de compte dans sa collecte propose ce type de so-lutions innovantes pour que ses assurés trouvent une réponse à leurs souhaits en matière de ges-tion patrimoniale. Un exemple pour étayer mon propos : en re-traite supplémentaire, nous met-tons en avant la gestion par ho-rizon, qui permet de réduire les risques pris par l’assuré au fur et à mesure que se rapproche sa date de départ à la retraite. Plus généralement, cette ques-tion du risque est à appréhender à travers les cycles de vie. Lors-qu’on est jeune, il est nécessaire d’avoir avant tout une bonne pré-voyance et de bonnes garanties pour emprunter et acquérir son logement. Ensuite, on peut placer une partie de son épargne dans les unités de compte car l’inves-tissement va être lissé dans le temps et la Bourse a besoin de la durée. A partir de 40 ans, il est temps de se préoccuper de sa re-traite. Enfin, lorsqu’on arrive à la retraite, il faut surtout anticiper sa dépendance… » H

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« prOtéger la cOllectIvIté des assurés sur le lOng terMe »

pIErrE gEIrNaErt, prÉSIDENt D’aMpHItÉa

nous sommes dans un environnement de taux bas sans précédent, et la question de la modi-

fication des caractéristiques des contrats est souvent évoquée. comment cela pourrait-il impac-ter concrètement les contrats des adhérents d aMphItéa ?»« Première remarque, dans le monde bancaire, un établissement peut modifier ses frais de tenue de compte de manière unilatérale. Dans le monde de l’assurance, qui est un univers contractuel, on ne peut pas modifier un contrat sans l’accord des deux parties et il faut alors un avenant.Deuxième remarque, en tant qu’as-sociation souscriptrice d’AG2R LA MONDIALE, AMPHITÉA est le point de passage obligé pour tout ce qui concerne les contrats de ses adhérents.Ce cadre étant posé, il est vrai que les pouvoirs publics et la profession travaillent à un projet de décret qui pourrait modifier l’alimentation et la disponibilité des sommes confiées et épargnées. Mais il ne s’agit là que d’un scénario envisagé avec des mesures temporaires qui ne remettraient pas en cause les inté-rêts de nos adhérents, mais bien au contraire pour leur garantir une sé-curité certaine sur le long terme. Les assureurs de leur côté réfléchissent

aux leviers qu’ils pourraient action-ner en lien avec leurs associations souscriptrices. C’est le cas d’AG2R

LA MONDIALE qui, dans le cadre de son dialogue permanent avec AMPHITÉA veut bien sûr protéger la collectivité des assurés sur le long terme. Ce dialogue va s’exprimer dans les semaines et les mois qui

viennent à travers trois instances de l’association, notre comité Produits tout d’abord, où siègent des repré-sentants de nos adhérents, notre conseil d’administration ensuite et enfin notre assemblée générale qui se tiendra cette année le 22 juin prochain. » Quelle est la marge de manœuvre dont vous disposez ?« Quelles que soient les positions que nous serons amenés à choisir en partenariat et en concertation avec AG2R LA MONDIALE, quelles que soient les décisions que nous prendrons ensemble, nous le ferons dans des limites très précises : d’une part, les instructions qui seront don-

nées par les pouvoirs publics et les autorités de régulation, d’autre part, notre mission qui est de défendre les intérêts de nos adhérents et de per-mettre à l’assureur de pérenniser ses engagements. »

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pOur se préparer à la vIsIte Tout simplement un film à voir sur Youtube, « Découvrez Reims attractive », un bon résumé de cette belle ville.

un prOduIt à raMener En dehors du vin de fête mondialement connu qui se décline en blanc de blanc, blanc de noir ou rosé, on peut aussi ramener les biscuits roses de Reims et les croquignoles qui se dégustent en même temps. Moins connu, le ratafia se buvait autrefois pour ratifier un contrat. Et pour ceux qui aiment cuisiner, la fine moutarde et le délicieux vinaigre de Reims.

la phOtO à ne pas ManQuerLa Porte Mars, vestige de la fin du IIIe siècle, magnifique arc à trois arcades.

une heure à perdre Trois excursions au choix : le fort de la Pompelle qui rappelle Verdun, le vignoble champenois de la montagne de Reims ou la plus grande réserve mondiale de hêtres tortillards, dits « faux de Verzy ».

une prOMenade à faIre Déambulez à pied ou à vélo dans le centre-ville et admirez les nombreuses maisons ou édifices des années 1920 de style Art’déco. Vous pouvez aussi vous promener jusqu’à la place du forum pour voir le cryptoportique du IIIe siècle sur la butte Saint-Nicaise ou le long du canal.

un p’tIt restO Dans le quartier des halles du Boulingrin (classées dans les années 1980), il faut aller manger au Petit Comptoir ou à la Brasserie du Boulingrin. Plus gastronomiques, l’Assiette Champenoise ou Les Crayères, deux 5 étoiles.

une recette de cuIsIneCe sera un cocktail, « la soupe champenoise ». Mélangez 10 cl de citron vert, 10 cl de cointreau et 5 cl de sucre de canne et au moment de servir, ajoutez 75 cl de champagne bien frais. Accompagnez de biscuits roses de Reims ou de croquignoles…Ou le gâteau aux biscuits roses de Reims, facile à faire et sans cuisson.

pour 10 à 12 personnes : réduisez en poudre 350 g de biscuits roses. Cassez 6 œufs dans un saladier et battez au fouet 1 minute. Faites fondre 190 g de beurre et laissez tiédir. Ajoutez-le aux œufs et mélangez pour bien incorporer.Ajoutez 90 g de sucre en poudre et 150 g de poudre d’amandes en continuant de mélanger et terminez par la poudre de biscuits roses et 2 verres à liqueur de marc de champagne. Prenez un moule à cake. Recouvrez le fond et les parois avec un film alimentaire. Versez la préparation et fermez avec le film. Réservez au réfrigérateur au moins 2 h et de préférence la veille pour le lendemain.

une vIsIte OBlIgatOIreLa cathédrale des Sacres et le Palais du Tau, séjour des 25 rois de France avant leur couronnement, mais aussi l’église abbatiale Saint-Rémi du XIe siècle qui abrite le corps de l’apôtre des Gaules qui baptisa Clovis. Le tout classé au patrimoine mondial de l’Unesco ! Et bien entendu, une cave ou crayère où reposent des centaines de milliers de bouteilles de champagne.

REIMS ET LA CHAMPAGNE DE dOMInIQue lepOutreun correspondant régional nous fait découvrir sa ville et sa région. Voici les bons plans d’un Champenois de cœur.

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Le gRanD TÉmOin - PROPOS RECUEILLIS PAR lOuIs Bassenne

Ancien secrétaire national de la CFDT, chargé de la protection sociale et de la politique de santé, Jean-Marie Spaeth siège au conseil scientifique du Cercle de l’Epargne. Il plaide pour un renouveau du dialogue social.

Jean-maRie SpaeTh

« Nous vivons en permanence dans un monde de faux- semblants »

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départ. Ensuite le Medef et la CGT ont agité ensemble le chiffon rouge de l’inversion des normes, alors que la norme est et reste le code du travail. Enfin ce sont les jeux de rôle qui ont été à la manœuvre avec un secrétaire général de la CGT qui a fait de la surenchère pour redorer son bla-son, une survalorisation par les médias des manifestations spec-tacle de ce syndicat où l’on retrou-vait des salariés de secteurs pro-tégés, des retraités… Ajoutez des échéances électorales en toile de fond et voilà pourquoi on a tordu le débat pour ne pas regarder en face la vraie vie des relations du travail dans les entreprises. »

Mais sur le fond de cette loi el Khomri ?« Dans les grandes entreprises de main-d’œuvre où j’ai été syndica-liste les rapports sociaux étaient structurés et organisés. Au-jourd’hui nous sommes passés du tout collectif au tout indivi-duel et certains croient encore qu’une somme d’individualismes peut définir une dynamique col-lective. Or on ne peut se contenter d’un rapport direct et unique entre le chef d’entreprise et ses salariés. On voit ce que donne le libéra-lisme sauvage : ce sont toujours les plus faibles qui se font écraser. Pour un syndicaliste, un patron restera toujours un patron. Mais même s’il y a des conflits d’intérêts entre employeurs et salariés, entre actionnaires et salariés, on peut faire émerger l’idée d’un destin commun et négocier les meilleurs moyens pour y parvenir. Pour cela il faut changer d’état d’esprit et fa-voriser le dialogue pour avoir des

II n’y a que 8 % de salariés français qui sont syndiqués. en tant que corps intermédiaires, le syndicalisme est-il en crise ?

« Le syndicalisme est à l’image d’une société française elle-même en crise et à la recherche de re-pères. Le monde politique aussi est en crise sévère. Il y a une perte de confiance des Français vis-à-vis de tous ceux qui sont censés les représenter. Les citoyens se rendent bien compte que ceux qui détiennent le pouvoir ou qui y aspirent pèsent bien moins sur les décisions qu’ils ne le prétendent. Il est vrai que la mondialisation a déplacé les lieux de décision et réduit les marges de manœuvre propres à chaque pays. Mais dans cette perte de confiance la res-ponsabilité est partagée entre un monde politique qui fait comme si les lieux et le pouvoir étaient res-tés les mêmes et des citoyens qui font semblant de croire que ceux qui les dirigent peuvent décider de tout. L’élection présidentielle est symptomatique : tous les cinq ans on confie le pays à quelqu’un en faisant semblant de croire qu’il a tous les pouvoirs pour tout changer… Forcément ça crée des frustrations ! »

la solution ? « Organiser la démocratie directe via des référendums ou à l’op-posé gouverner pas ordonnances, conduirait à des impasses. Il faut au contraire plus d’implication des ac-teurs sociaux. Ils n’ont pas toujours des intérêts convergents, mais ils doivent pouvoir discuter et s’im-pliquer en ayant conscience qu’ils ont un rôle dans la promotion et la construction d’un destin commun. »

pas si facile si on voit ce qui s’est passé avec la loi travail… « Avec cette loi, on a fait tout ce qu’il ne fallait pas faire. D’abord l’affaire a été mal expliquée au

salariés acteurs. Le dialogue social doit être structuré entre les entre-prises, la branche professionnelle et la loi. Et dans les entreprises, il faut organiser la discussion avant la prise de décision, car des décisions consenties sont plus efficaces que des décisions imposées. »

Il y aurait un manque de pédago-gie pour expliquer les réformes ?« La pédagogie, ça fonctionne si ceux qui la dispensent sont connus, reconnus et écoutés. Or le discours de nos responsables n’imprègne plus nos concitoyens. Le monde politique s’est affaibli. Le dialogue social est en panne. Les citoyens sont démobilisés. Résultat, c’est l’administration qui occupe l’es-pace laissé vacant. Encore une fois il faut redynamiser le dialogue social partout où des décisions

impactent la vie des gens. Cela nécessite des acteurs engagés ayant le sens de l’in-térêt général et une multi-plication des lieux de débat où sont po-sés les faits

et les enjeux, où s’expriment les différentes visions et choix en pré-sence. À force de mettre de l’idéo-logie là où c’est la réalité objective qui devrait être au cœur des dis-cussions, le débat démocratique a été confisqué pour maintenir des pouvoirs, des privilèges, des cor-poratismes. Et nous vivons en per-manence en France avec des demi-vérités et des demi-mensonges, au total des faux-semblants. »

un exemple de ces faux- semblants ?« Prenez la protection sociale. La ministre nous annonce que les dépassements d’honoraires des

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« LE DÉBat DÉMOCratIQUE a ÉtÉ CONfISQUÉ pOUr MaINtENIr DES pOUvOIrS, DES prIvILègES, DES COrpOratISMES »

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Le gRanD TÉmOin

BIOgraphIe

Jean-Marie Spaeth a été secrétaire général de la fédération nationale des mineurs CFDT de 1976 à 1984.Il devient ensuite secrétaire national de la fédération des mines et de la métallurgie avant d’occuper, jusqu’en 2002 le poste de secrétaire national de la confédération, chargé de la protection sociale et de la politique de santé.Il assume alors de nombreux mandats, notamment ceux de président de la caisse nationale d’assurance vieillesse des travailleurs salariés et de président de la caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS).Il a présidé également pendant 17 ans l’école nationale supérieure de la Sécurité sociale et divers organismes de coopération internationale.

>>> médecins sont désormais maîtrisés. C’est vrai lorsqu’on prend les méde-cins individuellement, mais dans le même temps le nombre de méde-cins qui pratiquent les dépassements a augmenté d’où le sentiment chez nos concitoyens que rien n’a changé et qu’il est de plus en plus cher de se soigner. Ils ont le sentiment que l’on veut leur cacher quelque chose ! Or il ne faut pas mésestimer le bon sens populaire. Nos concitoyens sont ca-pables d’entendre la vérité ils n’ont pas peur du débat responsable… ».

Mais ils ont peur du changement…« C’est surtout la mondialisation et l’augmentation des inégalités qui ali-mentent cette peur. Il y a un vrai pro-blème de répartition des richesses en Europe et dans le monde comme le note le très libéral Fonds monétaire international ! Au lieu de jouer avec la peur des gens en surfant sur leur ir-rationalité il faudrait indiquer un che-min d’avenir. La France se réforme pourtant, mais dans la clandesti-nité, encore une fois dans le faux- semblant. C’est délétère pour la mo-bilisation des acteurs, indispensable pour la réussite collective. »

l’europe aussi fait peur…« Comme personne ne présente une vision politique de l’Europe au sens noble du terme, on entend surtout ceux qui ont un raisonnement sim-pliste : le repliement sur soi. Il faut relancer l’idée européenne en met-tant fin d’abord à cette manie qu’ont les politiques de véhiculer l’idée que tout ce qui est bien en Europe, c’est grâce à eux et que tout ce qui va mal en France c’est la faute de Bruxelles. Ensuite les Etats membres doivent accepter de déléguer à des instances communes, en toute clarté, une partie de leur souveraineté dans des domaines tels que l’économie, la fiscalité, la protection sociale, la dé-fense. Après le concept « l’Europe fé-dération d’Etats Nations » promu par Jacques Delors, il faut aller vers une

Europe clairement fédérale. Notre avenir c’est l’Europe ! Il faut rêver aux États-Unis d’Europe ! »

On réforme, mais dans la douleur… la retraite est un bon exemple non ?« En matière de retraite il aurait été stupide de ne pas prendre en consi-dération l’augmentation fabuleuse de l’espérance de vie et l’augmentation de la durée de la formation. Mais si l’on veut que les gens travaillent au-delà de 60 ans, il faut mettre en place des mesures d’accompagnement très en amont. On n’a pas les mêmes « ressorts » physiques et intellectuels à 62 ans qu’à 35. De plus les situations ne sont pas les mêmes selon les mé-tiers, les professions. Il faut une ap-proche branche par branche en anti-cipant le plus possible les évolutions. »

comment voyez-vous l’avenir de la protection sociale ?« Dans le domaine de la retraite, les deux étages que composent la re-traite de base de la sécurité sociale et les retraites complémentaires ARRCO-AGIRC sont identifiés et la place des acteurs bien définie. En ce qui concerne la santé, c’est beau-coup plus flou. Le régime de base de la sécurité sociale s’oriente de plus en plus vers la prise en charge à 100 % des pathologies lourdes et des po-pulations les plus défavorisées, les régimes complémentaires interve-nants en plus. Pour les dépenses de « soins de ville » les complémen-taires interviennent pour près de la moitié des dépenses, mais sans visi-bilité : l’État réglemente de plus en plus, les données de santé ne sont pas accessibles et les négociations avec les professionnels de santé sont confidentielles... Il y a un fort besoin de clarification, de vision d’ensemble, de perspectives d’ave-nir. Nous sommes confrontés au vieillissement de la population. Voilà un fait heureux si nous savons l’an-ticiper pour y apporter une réponse solidaire. »

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FORum

1 – « Je ne comprends pas le rôle de l’association. Quel est le but de l’association ? Que donne-t-elle à ses adhérents ? »BOrIs fedOrOv – 34 la grande-MOtte

L’objet de l’association est de souscrire, auprès de l’assureur, des contrats qui correspondent aux attentes des adhérents (rôle des comités produits et gestion de l’association).Les assurés sont aussi représentés tout au long de la vie de leur contrat. De plus, s’agissant d’un contrat groupe ouvert, ils bénéficient d’un tarif collectif.D’ailleurs pour les professions libérales et indépendantes, le bénéfice de l’avantage fiscal accordé par la loi Madelin en 1994, exige que les contrats soient souscrits par une association.

2 – « La fondation ag2r La MONDIaLE soutient-elle exclusivement l’Epa ou peut-elle intervenir dans d’autres domaines et, si oui, lesquels ? »arnauld cassart – 45000 Orléans

Depuis 2005, la Fondation du Groupe AG2R LA MONDIALE intervient auprès d’associations œuvrant dans les domaines de l’autonomie de la personne et du bien vieillir ensemble. Ses champs d’intervention concernent l’éducation, l’emploi et l’entreprenariat ainsi que l’entraide intergénérationnelle.Depuis 2014, AMPHITÉA, partenaire de la fondation, cofinance des projets et finance le coup de cœur des assurés. De plus, en septembre 2016, une convention triennale a été signée avec la fédération des associations Entreprendre pour Apprendre (EPA) favorisant l’entreprenariat dans les établissements scolaires, au travers d’un projet pédagogique optionnel

permettant de développer une mini-entreprise réelle, tout au long de l’année scolaire. Les adhérents AMPHITÉA peuvent ainsi parrainer ces entrepreneurs en herbe, en se faisant connaitre auprès de leurs correspondants régionaux ou sur notre page Facebook AMPHITÉA.

3 – « De quoi vous occupez-vous et quand devons-nous vous

solliciter ? »MartIne claIre pIersOn – 88 harMOnvIlle

Vous trouverez une partie de la réponse à votre question dans la question n°1Nos moyens de communication (magazine, lettres, application smartphone) vous apportent des informations sur l’environnement de la protection sociale et les solutions d’assurance.N’hésitez pas, toutefois, à revenir vers nous pour tout complément d’information sur les sujets qui vous concernent.

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UNE appLICatION gratUItE pOUr SMartpHONE

AMPHITÉA a entamé, depuis janvier 2015, un travail de modernisation de ses outils de communication. L’objectif central est de placer les assurés que vous êtes, au cœur de la vie de votre association. Après notre nouvelle identité visuelle et la refonte du magazine, nous travaillons depuis janvier 2015 à la création d’une application pour smartphone que vous pouvez télécharger gratuitement sur Apple Store ou Google Play. Vous resterez ainsi informés de toute l’actualité de votre association. L’intranet n’est accessible qu’aux correspondants. Et bien sûr, n’oubliez pas de nous rejoindre sur notre page Facebook et Twitter. L’adhérent connecté reste donc au centre de la communication d’AMPHITÉA .

VOS QUESTIONS, nOs répOnses

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DOSSieR PAR LOUIS BaSSENNEIm

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Pour toutes les générations de Français, la retraite est devenue une préoccupation majeure.« Un lien direct existe entre l’épanouissement au travail des salariés et la performance de leur entreprise ».

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aBsentéIsMe au travaIl : PAS DE FATALITÉ

Mal français, l’absentéisme fait l’objet chaque année d’un baromètre ayming auquel le groupe ag2r la MOndIale s’est associé pour sa 8e édition. particulièrement montrées du doigt, les conditions de réalisation du travail.

On peut aller travailler le matin en se réjouissant où en traînant les pieds, en considérant le travail comme une manière de s’accomplir ou comme une insupportable fatalité. Selon que c’est l’une ou l’autre de ces deux approches qui l’emporte, l’entreprise va connaître un taux d’absentéisme très variable. Avec un impact direct sur sa productivité et sa rentabilité. A en croire l’étude sur l’absentéisme du cabinet Ayming, les salariés français sont plutôt adeptes de la version pessimiste. Moins heureux et moins motivés au travail que leurs voisins européens, ils sont aussi plus souvent absents de leur entreprise. Cet absentéisme a bien sûr pour cause la maladie, mais aussi des raisons liées à l’organisation de l’entreprise : conditions de travail, relations entre direction et salariés, ambiance générale, management, etc. Auteur de ce baromètre Ayming, Yannick Jarlaud nous en dévoile les enseignements (lire page 17). Mais absentéisme ne rime pas obligatoirement avec fatalité. On peut faire baisser le taux d’absence dans une entreprise en mettant en place des actions préventives et/ou correctives. Dirigeante d’une entreprise de transport, mais aussi correspondante régionale d’AMPHITÉA, Martine Ferrandes l’affirme : l’absentéisme n’est pas pour elle un problème (lire page 18). >>>

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le BarOMètre ayMIng en chIffres

– L’absentéisme affecte les entre-prises françaises d’une manière relativement constante, mais avec une légère hausse selon les der-niers chiffres connus. – En 2015, selon l’étude du cabi-net Ayming, les salariés du privé se sont absentés en moyenne 16,6 jours par an, soit plus de deux semaines de travail et un taux d’absentéisme(*) de 4,55 %. – Ce taux varie selon la taille des entreprises : 4,45 % pour les en-treprises de moins de 100 salariés, 4,76 % pour celles qui emploient plus de 100 salariés.– Si la santé ou des motifs per-sonnels sont des causes d’ab-

sence « naturellement » citées à 44 % dans l’étude, les autres raisons citées à 56 % touchent à l’organisation de l’entreprise : mauvaise organisation ou condi-tions de travail (9 %), manque de reconnaissance (7 %) ou encore charge de travail (6 %), mauvaise ambiance (4 %), manque de sou-tien managérial (4 %).– Tous les secteurs d’activité sont concernés mais avec des écarts de taux non négligeables : 3,95 % dans le commerce, 4,31 % dans l’administratif, 4,43 % dans l’indus-trie, 4,81 % dans la santé, 5,40 % dans le transport ou 5,65 % dans les services.

– Avec seulement 68 % de sala-riés « heureux et motivés », les Français sont sous la moyenne européenne (73 %), avec les Espa-gnols (67 %) et les Italiens (66 %). « Dans ces pays », constate l’étude Ayming, « les salariés ont un senti-ment d’obligation de travailler plus fort que dans les autres pays car ils connaissent un niveau de chô-mage élevé, semblant davantage subir leur travail et étant moins nombreux à se déclarer « heu-reux » au travail ».

(*) Taux d’absentéisme : nombre de jours calen-daires d’absence pour l’année sur le nombre de jours théoriques de présence calendaire.

LES SOLUtIONS prÉCONISÉES par ayMINg

Les DRH, interrogés pour l’étude sur leur retour d’expérience, insis-tent sur la nécessité d’une « forte implication des managers et un soutien solide de la direction ». Les actions les plus plébiscitées et efficaces : amélioration des condi-tions physiques de travail, ergono-mie des postes de travail, investis-sement dans l’achat de matériels favorisant la santé, formation de l’encadrement à la santé et à la sécurité, moments de convivialité informels autorisés.

Les actions les plus osées, mais

efficaces : mise en place d’ob-jectifs indi-viduels et de rému-n é r a t i o n a s s o c i é e , crèche pour les enfants du person-nel, mise en place du té-létravail.Les actions les plus contre-pro-ductives : mise en place de contre-

visites médicales généralisées, sanctions disciplinaires en cas d’absence injustifiée. p

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« UN LIEN DIrECt ENtrE L’ÉpaNOUISSEMENt aU travaIL Et La pErfOrMaNCE DE L’ENtrEprISE »

yannick Jarlaud

pourquoi cet intérêt pour l’absentéisme ? « L’absentéisme est l’un des sujets de préoccupation de nos clients. Or en France, si la Sécurité sociale étudie les accidents du travail et les maladies professionnelles et publie un rapport annuel sur l’évolution des indemnités journalières, aucun organisme ne suit cet indicateur. »

pourquoi un partenariat avec ag2r la MOndIale ? « Depuis notre premier baromètre en 2007, nous suivions nos 9 000 clients. L’association avec AG2R LA MONDIALE nous a permis d’élargir cet échantillon à 26 239 entreprises représentant 980 000 salariés. Mais nous avons aussi mené une étude avec collaboration avec TNS Sofres auprès de 3 000 salariés européens pour identifier les particularités françaises. Enfin, de façon plus qualitative, nous avons travaillé avec 250 DRH menant des actions pour réduire l’absentéisme dans leur entreprise. »

en huit ans de baromètre, qu’est-ce qui a changé ? « La tendance est globalement stable ces dernières années avec toutefois une légère hausse et une relation marquée entre le taux d’absentéisme, la santé financière de l’entreprise et le contexte économique dans lequel elle évolue. »

Qu’est-ce que ces huit baromètres

vous ont appris ? « Tout d’abord, les secteurs d’activité les plus touchés par l’absentéisme ne sont pas ceux que l’on attend. Le BTP et l’industrie, dont les métiers sont les plus pénibles, sont plutôt bien classés. Par contre, la santé, les services ou les transports témoignent d’une situation plus dégradée. Ensuite, les femmes sont toujours plus absentes que les hommes, 18 jours calendaires contre 13,6. On a beau parler de plus en plus de familles modernes où les tâches sont mieux réparties entre les sexes, les femmes continuent globalement à assurer les charges familiales en plus de leur travail et sont donc plus sensibles aux risques professionnels et physiologiques. Troisième constat, les seniors sont moins absents que les jeunes, mais ils le sont plus longtemps. Enfin, les salariés des PME sont plus présents. Mais c’est surtout la taille de l’équipe de travail qui joue : plus elle est petite, plus c’est un facteur de protection. »

vous insistez sur la nécessaire prise en compte du taux des toujours présents, pourquoi ?« Imaginons deux entreprises dont le taux d’absentéisme global est de 6 %. Dans la première, 40 % des salariés sont toujours présents, dans la seconde 65 %. Dans le deuxième cas, les absences sont concentrées sur une plus petite frange de la population salariée et la réponse à apporter va donc être différente. Pas besoin d’une action de grande

envergure, le dirigeant va pouvoir cibler sa réponse beaucoup plus. Il est donc important pour les DRH de suivre cet indicateur. »

le moral des français influe aussi sur l’absentéisme… « En effet, les Français sont moins présents, mais aussi moins heureux au travail et moins motivés par l’avenir de leur entreprise que leurs voisins européens. C’est préoccupant car il y a un lien direct entre l’épanouissement au travail des salariés et la performance de leur entreprise. »

les drh en ont-ils suffisamment conscience ? « Les DRH oui, mais les dirigeants beaucoup moins. Peu d’entreprises de taille moyenne font de la qualité de vie au travail un levier de développement. Sans doute parce que les dirigeants ne passent pas assez de temps dans leurs business schools ou leurs écoles d’ingénieurs à travailler sur les éléments clé de la performance… »

et comment faire pour qu’un salarié soit heureux et motivé ? « Les salariés heureux et motivés invoquent les bonnes relations au travail et le contenu intéressant de leur travail, les malheureux et démotivés invoquent le manque de reconnaissance de leur entreprise et un développement professionnel insuffisant. Voilà quatre bons leviers pour agir. » D

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Yannick Jarlaud a conduit le 8e baromètre sur l’absentéisme réalisé par le cabinet Ayming en partenariat avec AG2R LA MONDIALE.

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AG2R LA MONDIALE mène beau-coup d’actions qui ont un impact sur l’absentéisme. Celui-ci étant un ob-jectif indirect des politiques RH me-nées, constate Paule Arcangeli, di-rectrice des ressources humaines du groupe, « mais nous menons beau-coup d’actions qui ont un impact dans ce domaine ». Confronté de-puis plusieurs années à un périmètre en perpétuel évolution au gré de ses opérations de croissance externe, le groupe doit régulièrement conduire des rapprochements qui se tradui-sent par des réorganisations, des convergences d’outils informatiques

DIrECtrICE DES rESSOUrCES HUMaINES ag2r La MONDIaLE : « prIOrItÉ à La QUaLItÉ DE vIE aU travaIL »

paule arcangeli

et des déménagements de salariés. Il a donc fait de la qualité de vie au travail et de la politique managériale deux axes forts de sa politique de gestion des ressources humaines. Deux axes de travail qui orientent fortement le plan d’entreprise trien-nal Elan 2018. Très concrètement, un baromètre social donne chaque année la « tem-pérature » au sein des différents ser-vices et les points identifiés comme pouvant être améliorés font l’objet de plans d’action. L’aménagement des locaux, notamment, ainsi que certains métiers plus sensibles que

d’autres comme la relation client et les centres d’appel, sont particulière-ment accompagnés. Dans le même esprit, les managers de proximité, les managers opérationnels et les managers de direction sont réguliè-rement formés.Résultat, le taux d’absentéisme du groupe est de 3,88 % contre une moyenne de 4,55 % au niveau natio-nal. « On peut encore améliorer ce résultat », convient Paule Arcangeli, « mais nous sommes néanmoins bien situés, surtout vis-à-vis de du taux moyen de 5,65 % enregistré dans notre secteur des services ».

« DU rESpECt, DE L’ÉCHaNgE, DE La traNSparENCE »

Martine ferrandes

Pour Martine Ferrandes, dirigeante d’une entreprise de transport et correspondante régionale d’AMPHITÉA, l’absentéisme n’est pas un problème.

Martine Ferrandes et son mari ont créé leur entreprise de transport en 1986. Employant aujourd’hui 70 salariés sur trois sites (Nice, Aix-en-Provence et Paris), ils ne connaissent pas de problème d’ab-sentéisme. Et pour cause : malgré un métier dur et stressant, qui im-plique notamment une grande am-plitude horaire, la convivialité et l’es-prit de famille qui règnent dans leur société en font une entreprise où il fait bon travailler. Bonnes conditions de travail, relations de confiance et reconnaissance mutuelle entre diri-

geants et salariés… ils n’ont négligé aucun des leviers de performance de l’entreprise évoqués par Yannick Jarlaud, auteur de l’étude Ayming sur l’absentéisme (lire page 15), et leur expérience résonne parfaite-ment en écho à ses propos. Cette année, pour les fêtes de fin d’année, Martine Ferrandes emmè-nera ses salariés parisiens au Lido. Et pour ceux du Midi, elle a priva-tisé une salle du casino de Beau-lieu-sur-Mer où un orchestre latino animera une fête autour de la salsa. Chaque année, la dirigeante d’en-

treprise organise aussi une fête pour tous les salariés et leurs conjoints et réunit également, une fois par an, toutes ses salariées femmes pour une « sortie entre filles », une thalas-so par exemple. « Faire la fête tous ensemble, c’est important, mais ça ne nous empêche pas d’être rigou-reux dans notre gestion humaine » explique-t-elle. « On a des règles et tout est cadré. Chacun sait ce qu’on attend de lui et connaît les limites qu’on lui a fixées. Quand on est au boulot, on travaille et quand on fait la fête, on s’amuse… »

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trOUBLES MUSCULO-SQUELEttIQUES

Mutuelle cOMpléMentaIreAu quotidien, des petites attentions créent une proximité entre dirigeants et salariés. « Nous saluons tout le monde le matin en arrivant, chaque lundi nous organisons un petit déjeuner avec les cadres, nous n’oublions pas les croissants lorsque nous visitons une agence, ni les chocolats à Noël ou à Pâques », raconte Martine Ferrandes qui n’hésite pas non plus à faire venir un osthéopate pour des consultations en entreprise, ou qui n’a pas attendu l’ANI pour mettre en place, il y a dix ans, une mutuelle complémentaire. Venue du terrain avec son mari et ayant « appris sur le tas » le métier de dirigeant en ayant occupé tous les postes, de secrétaire à directrice générale, elle sait que les salariés ont souvent un avis pertinent sur la meilleure manière de faire évoluer l’organisation du travail. En les associant à ses prises de décision,

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« DU rESpECt, DE L’ÉCHaNgE, DE La traNSparENCE »

en les responsabilisant, elle les implique dans la bonne marche de la société. « C’est important de dire merci à nos salariés. Leur témoigner régulièrement notre reconnaissance nous permet de leur dire plus facilement que ça ne va pas lorsqu’il y a un problème. Bien sûr, il nous arrive, comme dans toute organisation humaine, d’être confronté à une brebis galeuse.

Mais la bonne ambiance qui règne dans notre entreprise lui laisse généralement peu de prise pour exercer une mauvaise influence… »« Oui, nous sommes proches de nos salariés, quel que soit leur poste », résume Martine. « Il y a du respect mutuel, de l’échange, de la transparence… mais je n’ai pas pour autant l’impression d’avoir inventé quelque chose ! »

DRH dans une entreprise de sous-traitance industrielle de l’Est de la France, Nathalie a convaincu son patron de la nécessité de lutter contre l’absentéisme le jour où elle lui a expliqué que ce fléau coûtait environ un million d’euros par an à la société. Depuis, en cinq ans, elle a mis en place de nombreuses actions de prévention et d’accompagnement, principalement tournées vers la santé des salariés. Mais, malgré une amélioration certaine, elle se débat encore avec un taux d’absentéisme bien plus élevé

que la moyenne française. Une situation qu’elle explique par deux raisons. « Premièrement, avant que la robotisation améliore considérablement leurs conditions de travail, nos salariés ont pratiqué durant de longues années des gestes répétitifs qui se traduisent aujourd’hui par des troubles musculo-squelettiques dont il faut bien tenir compte. Deuxièmement, notre convention collective prévoit que les salariés sont indemnisés dès le premier jour d’absence et je suis sûr que s’ils étaient soumis

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à un délai de carence de trois jours comme la plupart des salariés, le taux d’absentéisme baisserait… » Nathalie attend donc avec impatience les décrets d’application de la loi El Khomri, dont l’article 2 devrait lui permettre de renégocier avec ses syndicats. « Pas question d’instaurer du jour au lendemain un délai de carence de trois jours », précise-t-elle. « Mais je les ai déjà prévenus que nous allons réfléchir ensemble à des dispositions permettant de réduire ce qu’on peut considérer comme des « abus de confort »...

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dirigeant du cabinet Médiation et Arguments qu’il a fondé en 1994, Léonidas Kalogeropoulos(*)

s’est vu confier par le Medef un rapport sur l’entreprenalisme, une nouvelle doctrine qui vise à diffuser dans toute la société l’esprit d’entreprise, source de richesse pour la Nation. Partant de l’incroyable essor de l’entreprenariat en France, il théorise une politique qui consisterait à favoriser cet essor

économie et aussi une nouvelle dimension enthousiasmante du sentiment de citoyenneté. »

dans votre rapport, vous distinguez la nécessaire libération des énergies et le libéralisme. en quoi les deux sont-ils différents ?« Le libéralisme stricto sensu est synonyme de plus de liberté partout. Or l’entrepreneuriat a deux ennemis redoutables : la bureaucratie, qui peut dissuader d’aller de l’avant, et les rentes de situation qui conduisent à des abus de position dominante et à des blocages venant d’acteurs privés. S’il est possible de lutter contre la bureaucratie, par exemple par une politique de simplification administrative, il faut l’intervention des pouvoirs publics pour contrer les monopoles, il faut des régulateurs pour garantir un environnement vraiment concurrentiel et donner sa chance à tout le monde. A côté des recettes existantes de libéralisation de l’économie, il faut donc que l’Etat puisse accompagner la dérégulation. J’ajoute qu’en matière de financement aussi, un panachage est nécessaire entre les initiatives privées et le soutien public comme l’illustre la dynamique positive insufflée par la BPI, en particulier dans l’essor de la French Tech. »

tout en répondant aux défis que rencontre le pays. Une approche que tout dirigeant d’entreprise trouvera séduisante, mais qui s’adresse aussi au monde associatif, éducatif, médiatique ainsi qu’à l’univers de la fonction publique. Deux correspondants régionaux d’AMPHITÉA, Brigitte Mauléon et Olivier Collin, font écho par leurs expériences de dirigeants d’entreprise aux propos de l’auteur de Manifeste et chantiers de l’entreprenalisme.

Il y a un vrai essor de l’entreprenariat en france ?« Cet essor on peut le chiffrer : 550 000

nouvelles entreprises créées chaque année dont 225 000 par des auto-entrepreneurs. Il y a là autant de nouvelles énergies qui se mettent en marche. Mais des mécanismes d’accompagnement privés et publics convergent aussi pour amplifier ce phénomène qui s’exprime tant par le nombre des initiatives recensées, que par la diversité des activités concernées ou la taille des investissements. Il y a là un vrai fait national, l’un des éléments les plus positifs de notre

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« entreprendre POUR RETROUVER L’ESPRIT DES LUMIèRES »Entreprenalisme. Retenez bien ce mot ! Inventé par Léonidas Kalogeropoulos, il symbolise le renouveau de l’esprit d’entreprendre qui est en train de changer la France.

acTuaLiTÉ PAR françOIs cOQMur

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en quoi l’entreprenariat est-il un enfant de la révolution des lumières ?« La culture politique de la France a été forgée par les Lumières, avec une société des mérites qui est née de la Révolution de 1789 autour de deux idées : l’abolition des privilèges et la possibilité pour chaque porteur d’un projet de tenter sa chance pour le développer. Le problème c’est que, petit à petit, on a fait de l’école et du diplôme, le passage obligé pour promouvoir cette nouvelle vision de la société française. On a ainsi reconstitué une caste de lauréats des grandes écoles et perdu de vue l’objectif d’abolir les chasses gardées. Ce qui émerge aujourd’hui, c’est la possibilité de réussir sans diplôme ou sans réseau et d’avoir droit de cité, même si on ne sort pas de l’ENA, de HEC ou de Sciences Po. C’est cela qu’il faut soutenir et encourager pour que l’esprit d’entreprise nous amène à retrouver l’esprit des Lumières ! C’est cette nouvelle valeur consensuelle qui fait Nation ! »

comment définiriez-vous un entrepreneur ?« Par la somme de plusieurs caractéristiques. Tout d’abord, l’esprit d’initiative et la conviction que l’on doit soi-même faire quelque chose, sans attendre tout de la société et de l’Etat. Les jeunes de Nuit debout sont-ils pour autant des entrepreneurs ? Non, car il faut aussi avoir envie de construire quelque chose, d’apporter une réponse concrète à un besoin, un problème, un désir… Ensuite l’entrepreneur croit tellement que son projet est utile, pertinent, réalisable qu’il en accepte les risques et n’hésite pas à investir ses biens et ses moyens pour réussir. Enfin, il sait que lorsqu’il va monter

dans le train de la création, il ne pourra plus en descendre et devra chaque jour relever un défi. Cette confrontation au réel – les démarches administratives à accomplir, les taxes à acquitter, les salaires à payer… – il ne peut bien la vivre que s’il a foi dans la valeur travail, dans l’action. »

l’entrepreneuriat est-il réservé aux activités économiques ?« Pas du tout ! Cet esprit entreprenant dépasse de loin la seule sphère économique. Prendre son destin en main, devenir entrepreneur de sa propre vie passe aussi par l’envie de créer une association, d’écrire un livre, de réaliser un projet artistique… il ne s’agit pas de dire « Tous entrepreneurs », mais d’établir un consensus autour d’un but : réussir un projet quel qu’il soit, en somme, d’être « Tous Entreprenants. »

la philosophie de votre projet étant posée, quelles actions proposez-vous ? « Je propose deux grands ensembles d’actions concrètes visant, d’une part, à favoriser le développement de cette doctrine baptisée l’entreprenalisme, d’autre part, à répondre aux grands défis de société qui se sont posés à la France. En ce qui concerne l’amplification du phénomène de l’entrepreneuriat, tous les registres, de l’action sociale à l’école, en passant par les médias ou encore la Fonction publique sont autant de lieux où l’on peut éveiller l’esprit d’entreprendre et diffuser cet état d’esprit vertueux. Je ne citerai qu’une des actions que l’on peut toutes retrouver sur le site www.leschantiersdelentreprenalisme.fr :

le journal d’entreprise numérique individuel. L’idée est que chaque élève, dès 13 ans, se crée un profil personnel et l’alimente au gré de ses travaux sur Internet avec tout ce qui éveille son intérêt. Il pourra ensuite confronter son contenu deux fois par an avec des services en ligne permettant d’identifier les formations, les métiers, les marchés, les entreprises existantes, les opportunités correspondant à son profil. L’élève affirmera et structurera ainsi son projet personnel avant de l’affiner

avec des conseillers d’orientation. »

et concernant les défis de la société ?« L’esprit d’entreprendre peut apporter des réponses concrètes à des problèmes que les

politiques n’ont pas réussi à régler. Pour repenser et reconstruire les banlieues par exemple, pour accompagner dans les entreprises les parcours discontinus et agir ainsi sur le chômage, ou encore pour prendre en main un dialogue social défaillant en mobilisant l’esprit d’entreprendre des salariés… Même la cohabitation religieuse, devenue si sensible dans notre pays, pourrait être concernée à travers le projet d’un panthéon des religions et de la laïcité, lieu de culte et de culture où le fait religieux pourrait s’incarner dans la cité de manière concrète et tangible autrement que par les règles et la loi… »

Pour télécharger l’intégralité du rapport de

Léonidas Kalogeropoulos :

https://www.

leschantiersdelentreprenalisme.fr/manifest

(*)Léonidas Kalogeropoulos est aussi vice-

président du mouvement Ethic, fondateur

de libertedentreprendre.com, porte-parole

du collectif David contre Goliath et auteur

de « Liberté, Égalité, Fraternité et Esprit

d’entreprise » (éd. Cent Mille Milliards,

décembre 2014).

« C’ESt CEttE NOUvELLE vaLEUr CONSENSUELLE QUI faIt NatION ! »

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« QUaND LES ENtrEprENEUrS rÉUSSISSENt, C’ESt La fraNCE QUI gagNE »Dirigeant de l’agence Aliénor Consultants à Poitiers, mais aussi co-dirigeant de la société The Bridge à Houston au Texas, Olivier Colin est également représentant de la Chambre franco-américaine de Commerce de Houston pour la France et correspondant régional d’AMPHITÉA.

« La France est un pays formidable pour entreprendre. Mais si elle a de nombreux atouts, elle a aussi quelques faiblesses, dont

une qui nous coûte très cher : l’Etat providence ! D’une idée généreuse, nous avons fait un frein psychologique qui nous fait

bannir la culture du risque ! Et nous avons un Etat omniprésent à tous les niveaux de l’entreprise pour financer cet Etat providence ce qui coûte cher à l’entreprise. Nous avons, par exemple, fait du CDI un emploi à vie et licencier peut être rédhibitoire pour une TPE. Si malgré tous les freins que nous pourrions égrener, le succès est au rendez-vous, alors

la fiscalité vient sanctionner votre réussite… Libérer l’esprit d’entreprendre, c’est donner plus de liberté aux entrepreneurs pour qu’ils assument pleinement leurs responsabilités dans la société. N’oublions jamais que quand les entrepreneurs réussissent, c’est la France qui gagne et que pour être socialement généreux, il faut être économiquement fort. »

« UN ESprIt D’ENtrEprENDrE SOUffLE SUr L’ÉCONOMIE fraNçaISE »Brigitte Mauléon anime à Tours Vert et Blanc, une boutique de décoration et de cadeaux. Elle est également correspondante régionale d’AMPHITÉA.

« Salarié, demandeur d’emploi ou jeune diplômé, chacun peut avoir l’idée et l’envie d’aller de l’avant, de créer, d’innover, d’initier, c’est l’envie

d’entreprendre. L’envie aussi de prendre des risques. L’entrepreneur doit avoir un esprit créatif et du courage, car il faut de la passion pour s’investir à fond, mais aussi les compétences pour prévoir, organiser, gérer et contrôler tout en visant une rentabilité et un potentiel de développement.

Porteur de projet, il peut bénéficier de nombreux accompagnements : chambres consulaires, salons « Objectif entreprendre » qui permettent de structurer son projet avec des experts… Et la France se couvre peu à peu d’incubateurs ou de pépinières d’entreprises, tous plus prometteurs et innovants les uns des autres. Le statut d’auto-entrepreneur permet de démarrer une activité. Les réseaux peuvent accompagner le créateur dans l’organisation, la communication, le marketing, mais aussi l’aider à travailler avec les

autres, à capter toutes les énergies. Avec la 4e révolution industrielle digitale, le futur entrepreneur doit être innovant et agile car les métiers et les compétences de demain sont en train de se réinventer. Au-delà d’une période de transformation, il est même possible que nous soyons en train de vivre un changement de culture. Bercés par les histoires incroyables des fondateurs californiens de start-ups à succès ou désireux de devenir leur propre patron, de créer un produit ou un service nouveau qui changera la société, de plus en plus de jeunes sont en effet touchés par « l’esprit d’entreprendre ».Alors comment faire pour libérer cet esprit et réduire le chômage ? Il faut baisser les charges bien sûr et simplifier les formalités en créant par exemple un guichet unique pour effectuer toutes ses démarches en 54 h. Surtout, il faut un changement de la mentalité française dans son rapport à la réussite et à l’argent ».

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L’assurance d’être entendu

AMPHITÉA est une association d’assurés dont l’objet est de

souscrire auprès de son partenaire assureur AG2R LA MONDIALE,

au nom et au profit de ses adhérents, les meilleurs

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Avec près de 450 000 adhérents, elle s’inscrit parmi les trois

plus grandes associations d’assurés de France.

Les échanges avec l’assureur sont facilités à travers

deux comités, Produits et Service et Gestion. Ils sont composés d’adhérents

qui sont ainsi au cœur de la relation avec l’assureur.

Association d’assurés partenaire d’AG2R LA MONDIALE et DU CERCLE DE L’ÉPARGNE

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