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323 ; Ã ç Ð R Ù Î ± Les minerais de fer, de plomb et de zinc. L’exploitation des gisements de fer de la région d’Andenne Introduction Les gisements de fer de Belgique furent exploités par les Gaulois bien avant l’invasion romaine. Mais ce fut l’essor de la métallurgie qui entraîna l’exploitation industrielle de ces gisements. Elle connut son apogée entre 1850 et 1870, puis subit un déclin, brutal de 1870 à 1890 et plus lent de 1890 à 1913. Une légère reprise se manifesta au lendemain de la guerre 1914 – 1918 et se prolongea jusqu’en 1939. Dans la région d’Andenne, l’extraction du fer constitua une importante activité minière. Il fut extrait à partir de deux types de gisements : d’une part, les parties supérieures des filons plombo-zincifères soumises à l’oxydation atmosphérique (les chapeaux de fer) et, d’autre part, les gisements sédimentaires d’hématite oolithique. Toutes les parties de ces gisements n’ont pas été exploitées sous le même régime juridique. Denayer et al. (sous presse) ont précisé les aspects légaux qui régissaient ces exploitations depuis le Moyen Âge. La Charte des Ferons de Marche-sur-Meuse datant de 1345 et la Chartre des Minières de Morialmé octroyée en 1384 semblent bien être les premiers documents qui réglementaient ces exploitations et précisaient les obligations et privilèges des exploitants. Jusqu’au XVII e siècle, d’autres octrois miniers servant de code d’exploitation virent le jour dans toutes les régions du pays. Sous l’Ancien Régime, le propriétaire du sol possédait une grande marge de manœuvre pour l’exploitation de son gisement. Mais avec la Révolution française, l’État eut le souci d’améliorer le contrôle des travaux miniers afin d’éviter les conflits et de mieux percevoir les taxes sur les produits extraits. La loi du 21 avril 1810 fut déterminante car elle précisait la distinction entre mines et minières et fixait les redevances dues à l’État. Par cette loi, les minières concernaient des travaux d’exploitation à ciel ouvert non mécanisé restant la propriété du possesseur de la surface tandis que les mines étaient des travaux souterrains (qualifiés d’« arts ») pouvant être concédés par l’Autorité responsable à n’importe quel demandeur. Par exemple, les parties superficielles oxydées des filons sulfurés de plomb et de zinc – les chapeaux de fer – étaient exploitées en minière tandis que les parties plus profondes dont l’extraction impliquait le creusement de puits et de galeries étançonnées étaient considérées comme mine. La révolution belge de 1830 amena un nouveau changement. Par la loi du 2 mai 1837, le minerai de fer devint une ressource non concessible ce qui évitait L’exploitation des gisements de fer de la région d’Andenne en minières et dans les mines concédées de Boninne, Boloy- Grancelle, Champion, Chant d’Oiseaux, Maquelette, Marquis de Croix et Maîtres de Forges et de Couthuin Par Léon Dejonghe Service géologique de Belgique, 13 rue Jenner B-1000 Bruxelles et Université libre de Bruxelles, Département des Sciences de la Terre, 50, avenue F.D. Roosevelt, B-1050 Bruxelles. E-mail : [email protected]

L’exploitation des gisements de fer de la les mines ... · concernaient des travaux d’exploitation à ciel ouvert non mécanisé restant la propriété du possesseur de la surface

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s minerais de

fer, de

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. L’exploitation

des gisemen

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la région

d’And

enne

Introduction

Les gisements de fer de Belgique furent exploités

par les Gaulois bien avant l’invasion romaine. Mais ce

fut l’essor de la métallurgie qui entraîna l’exploitation

industrielle de ces gisements. Elle connut son apogée

entre 1850 et 1870, puis subit un déclin, brutal de

1870 à 1890 et plus lent de 1890 à 1913. Une

légère reprise se manifesta au lendemain de la guerre

1914 – 1918 et se prolongea jusqu’en 1939.

Dans la région d’Andenne, l’extraction du fer constitua une

importante activité minière. Il fut extrait à partir de deux

types de gisements : d’une part, les parties supérieures

des filons plombo-zincifères soumises à l’oxydation

atmosphérique (les chapeaux de fer) et, d’autre part, les

gisements sédimentaires d’hématite oolithique.

Toutes les parties de ces gisements n’ont pas été

exploitées sous le même régime juridique. Denayer et

al. (sous presse) ont précisé les aspects légaux qui

régissaient ces exploitations depuis le Moyen Âge. La

Charte des Ferons de Marche-sur-Meuse datant de

1345 et la Chartre des Minières de Morialmé octroyée

en 1384 semblent bien être les premiers documents

qui réglementaient ces exploitations et précisaient

les obligations et privilèges des exploitants. Jusqu’au

XVIIe siècle, d’autres octrois miniers servant de code

d’exploitation virent le jour dans toutes les régions du

pays.

Sous l’Ancien Régime, le propriétaire du sol possédait

une grande marge de manœuvre pour l’exploitation

de son gisement. Mais avec la Révolution française,

l’État eut le souci d’améliorer le contrôle des

travaux miniers afin d’éviter les conflits et de mieux

percevoir les taxes sur les produits extraits. La loi

du 21 avril 1810 fut déterminante car elle précisait

la distinction entre mines et minières et fixait les

redevances dues à l’État. Par cette loi, les minières

concernaient des travaux d’exploitation à ciel ouvert

non mécanisé restant la propriété du possesseur de

la surface tandis que les mines étaient des travaux

souterrains (qualifiés d’« arts ») pouvant être concédés

par l’Autorité responsable à n’importe quel demandeur.

Par exemple, les parties superficielles oxydées des

filons sulfurés de plomb et de zinc – les chapeaux

de fer – étaient exploitées en minière tandis que

les parties plus profondes dont l’extraction impliquait

le creusement de puits et de galeries étançonnées

étaient considérées comme mine.

La révolution belge de 1830 amena un nouveau

changement. Par la loi du 2 mai 1837, le minerai de

fer devint une ressource non concessible ce qui évitait

L’exploitation des gisements de fer de la région d’Andenne en minières et dans les mines concédées de Boninne, Boloy-Grancelle, Champion, Chant d’Oiseaux, Maquelette, Marquis de Croix et Maîtres de Forges et de Couthuin

Par Léon Dejonghe

Service géologique de Belgique, 13 rue Jenner B-1000 Bruxelles

et Université libre de Bruxelles, Département des Sciences de la Terre, 50, avenue F.D. Roosevelt, B-1050 Bruxelles.

E-mail : [email protected]

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Les minerais de

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la région

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les pénibles procédures de demande en concession

et les exploitations furent qualifiées de « libres » :

elles appartenaient aux propriétaires de la surface qui

généralement en concédaient l’exploitation à des sociétés

moyennant redevance. En fait, tous les gisements de

fer tombèrent alors sous le régime d’exploitation des

minières selon la définition de la loi de 1810. C’est par la

loi du 5 juin 1911 que le Conseil de Mines récupéra la

prérogative de l’octroi de concessions pour les gisements

de fer. Cette loi est toujours d’application. La figure 1

montre les mines concédées dans la région d’Andenne

dont un bref historique est donné en annexe.

Les chapeaux de fer surmontant les filons plombo–zincifères

Les filons plombo-zincifères et pyriteux de la région

d’Andenne sont évoqués par Dejonghe dans cet ouvrage

(voir aussi Dejonghe, 2009). Ils étaient surmontés par des

chapeaux de fer renfermant de la limonite (FeO(OH).

nH2O), parfois manganésifère et, en profondeur, de la

sidérite (FeCO3), provenant de l’oxydation des sulfures de

fer (pyrite et marcasite). Ils ont été intensément exploités

en minières pour le fer au XIXe siècle et, jusque 1870,

ont même fourni la majeure partie de la production de

minerai de fer belge. La production moyenne a dépassé

500 000 tonnes/an entre 1850 et 1865, puis elle a

rapidement décliné, pour s’arrêter vers 1890 et faire

place à l’exploitation des gisements ferrifères d’origine

sédimentaire. Ces chapeaux de fer ont souvent été

qualifiés d’amas superficiels ou de plateures.

Dumont (1832, pp. 62-63) écrit : « Les mineurs

nomment plateurs1 ces amas superficiels, et dressans

ou trayens les amas couchés.

Voici quel est le gisement général des dressans et des

plateurs dans la plupart des exploitations que nous

avons visitées.

F

F

M!

!

!

!

!

!

!

!Boninne

Maîtres de Forges et de Couthuin

Chant d'Oiseaux

Marquis de Croix

Champion

Maquelette

Vezin

Boloy-GrandcelleFaille de Landenne

Faille de Bousalle

Faille de Vezin

Faille de Wasimont

Faille de Couthuin

BEN-AHIN

HERON

ANDENNE

COUTHUIN

VEZIN

SEILLES

LANDENNE

COUTISSE

MOHA

HUCCORGNE

BONNEVILLE

BOUGE

THON

NAMECHE

LAVOIR

NOVILLE-LES-BOIS

BEEZ

SCLAYN

MAIZERET

FRANC-WARET

VEDRIN - DAUSSOULX

CHAMPION - COGNELEE

BONINNE - GELBRESSEE

MARCHE-LES-DAMES

MARCHOVELETTE

Strud

Wartet

Houssoy

Andenne

Bellaire

Cognelée

Saint-Marc

Ville-en-Waret

La Meuse

0 1 2Km

Structures

F AnticlinalFaille

M SynclinalHématite oolithiqueConcessions

±Boloy-Grandcelle (Lot du Duc)

Boloy-Grandcelle (Lot 2)

Boloy-Grandcelle (Lot du Duc)

Boloy-Grandcelle (Lot 1)

Boloy-Grandcelle (Lot du Duc)

Photo. 1. Carte des concessions de la région d’Andenne. La concession de Boloy-Grandcelle a été ultérieurement divisée en plusieurs

concessions montrées dans la partie supérieure gauche de la figure. © SGB.

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. L’exploitation

des gisemen

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la région

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enne

Le calcaire sert ordinairement de mur ; sur ce mur reposent

dans l’ordre suivant :

1° Quelquefois un peu d’argile plastique ;

2° Une couche nommée touffège par les mineurs, qui

est composée de petits fragments de fer hydraté très-

argileux, mêlés à une terre brunâtre ferrugineuse ;

3° La mine de fer ;

4° Une couche d’argile plastique, souvent bigarrée

de rouge, de blanc, de jaune, et quelquefois noirâtre,

nommée solège ;

5° Assez rarement un très petit-banc de quartz carié

ferrugineux , nommé quastir ;

6° Enfin, des argiles et des sables colorés. Quelques

unes de ces argiles prennent une allure schistoïde.

Les mineurs ont observé que la mine est pauvre quand

le touffège abonde, et qu’elle augmente de puissance

lorsqu’il diminue. ».

Les gisements sédimentaires d’hématite oolithique

Ceux-ci sont composés d’hématite (Fe203) (dénommée

« oligiste2 » dans la littérature ancienne) à structure

oolithique. Les oolithes (ou oolites) sont des petites

sphères de 0,5 à 2 mm de diamètre en moyenne

(photos 1 et 2), dont le centre (le nucleus) est un débris

(par exemple, un grain de quartz ou un fragment de

fossile) et l’enveloppe (le cortex) une superposition de

minces couches concentriques auxquelles se superpose

une structure radiaire qui n’affecte pas toujours toutes

les couches. Les oolithes sont souvent calcaires,

parfois ferrugineuses, plus rarement phosphatées ou

glauconieuses. Dans les oolithes ferrugineuses, à côté

de l’hématite, on trouve aussi de la sidérite (FeCO3) et

de la chlorite ferrifère (chamosite = (Fe5Al)(AlSi3)O10(OH)8

ou berthiérine = (Fe,Al,Mg)2-3(Si,Al)205(OH)4).

Les oolithes sont empâtées dans un ciment calcaire

ou argileux. Le fer provient de l’altération continentale

et est véhiculé vers la mer par les eaux de surface.

Les oolithes se forment lorsque ces eaux arrivent en

milieu marin, ou parfois lagunaire et même lacustre, et

que le milieu est très agité (haute énergie). Dans tous

les cas, il s’agit de milieux de sédimentation de faible

profondeur (quelques mètres à un peu plus de dix

mètres) qui constituent souvent des lignes de rivage

marin à la base de séries transgressives. Par exemple,

les couches d’hématite oolithique que l’on trouve à

différents niveaux stratigraphiques du Dévonien belge

occupent des positions de plus en plus septentrionales

selon qu’elles appartiennent à des étages plus jeunes.

En Belgique, les gisements de fer oolithique se sont

formés à différentes époques : au Givetien (de -390,8

à -385,5 Ma), au Frasnien (de -385,5 à -374,5

Ma), au Famennien (de -374,5 à -359,2 Ma) et

au Toarcien-Aalénien (de -183 à -171,6 Ma). Ancion

& Van Leckwyck (1947) signalent aussi la présence

probable d’hématite oolithique au Lochkovien (ancien

Gedinnien, de -416 à -411,2 Ma).

Les minerais ferrifères exploités dans la région

d’Andenne sont traditionnellement restreints à la partie

Photo 1. Minerai de fer oolithique, concession du Chant

d’Oiseaux. Agrégat de petites sphères appelées « oolithes ».

Photo 2. Minerai de fer oolithique, concession du Chant d’Oiseaux.

Les oolithes ferrifères sont accompagnées de fossiles (principalement

des articles et des tiges de crinoïdes) épigénisés par de l’hématite.

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Les minerais de

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la région

d’And

enne

inférieure du Famennien. Toutefois, dans la région de

Couthuin, Ancion et al. (1956) ont daté le niveau

ferrifère comme appartenant à la Formation d’Etroeungt,

actuellement rangée dans le Famennien supérieur (dans

le passé, cette formation fut aussi placée à la base

du Tournaisien). L'hypothèse d'une lacune sédimentaire

d'une grande partie du Famennien n'a pas été

proposée. Notons encore que la gangue du minerai

était essentiellement silico-argileuse dans la région de

Vezin et essentiellement calcaire dans la région de

Couthuin (Ancion et al., 1946, p. 119).

Les minerais famenniens se présentaient généralement

en plusieurs couches lenticulaires séparées par des

bancs argileux. L’épaisseur des couches d’hématite

oolithique variait de quelques centimètres à deux mètres,

rarement plus. Par exemple, à Landenne-sur-Meuse, à

la minière du Chant d’Oiseaux3, près du puits de la

Grange Bodart, Delmer (1912, p. 912) renseigne sept

couches d’hématite oolithique réparties sur 3,54 m

et mesurant respectivement, de la base au sommet,

0,10 m, 0,38 m, 0,04 m, 0,06 m 0,10m, 0,10 m et

0,60 m, soit une épaisseur cumulée de 1,38 m. Dans

le même gisement, près du puits Saint-Remy, distant

d’environ 350 m du puits de la Grange Bodart, Delmer

(1912, p. 913) ne renseigne plus que cinq couches

d’hématite oolithique réparties sur 5,47 m et mesurant

respectivement, de la base au sommet, 0,20 m, 0,16

m, 0,25 m, 0,15 m et 1,45 m, soit une épaisseur

cumulée de 2,21 m. C’est dans la région de Vezin

que les plus fortes puissances ont été constatées . En

général, l’exploitation n’était pas profitable si l’épaisseur

était inférieure à 0,30 m. Le minerai riche renfermait

45 % de fer, exceptionnellement 50 % ; le minerai

pauvre, 25 % de fer. Les teneurs les plus fréquemment

constatées étaient de l’ordre de 35 à 40 % de fer. La

teneur en phosphore ne dépassait jamais 0,5 %.

La question du minerai de fer en Belgique a été

remarquablement synthétisée par Delmer (1912 et

1913). D’autres contributions synthétiques sont dues

à Ancion (1952), Ancion & Van Leckwijck (1947),

Dejonghe (1977 et 1978), Denayer et al. (sous presse)

et Lespineux (1910) Les lignes qui suivent s’inspirent

largement de ces auteurs.

Les exploitations d’hématite oolithique sont anciennes et

sont évoquées en 1811 par Bouësnel dans le Journal

des Mines. Mais ce minerai était peu estimé et on n’en

extrayait que du fer dit « tendre ». Il écrivait : « Dans un

mémoire sur le gisement des minerais de ce département, j'ai

fait connaître que les mines de fer s’y rencontraient sous deux

dispositions différentes, celle de filons et celle de couches;

le minerai des filons est jaune et connu dans le, pays sous le

nom de mine de fer fort, tandis que le minerai des couches

est rouge ou violacé, et s’appelle mine de fer tendre. ». Ce

n’est que vers 1851 que l’hématite oolithique stratiforme

a suscité plus d’intérêt. Warzée (1861, p. 31) écrivait :

« Vers 1851 ou 1852, on a employé les minerais oligiste en

proportion assez notable. Ces minerais4 étant très fusibles,

on ne pouvait les traiter que difficilement. À force d’essais, on

est parvenu à les employer et, aujourd’hui, il y a beaucoup

d’usines qui en font un grand emploi, concurremment avec

les minerais hydratés5. ». Il précisait en outre que la

Société d’Ougrée avait trouvé, pour le traitement de

l’oligiste, un lit de fusion convenable, consistant en un

mélange de chaux et de schiste houiller.

Les principales difficultés rencontrées lors de

l’exploitation minière sont la grande dureté de certaines

formations rocheuses traversées (les grès) et surtout

l’abondance des eaux. La couche était exploitée en

taille chassante c’est à dire que la progression de

l’exploitation se faisait en s’éloignant des galeries

principales. L’extraction s’est effectuée par petits puits

ou par galerie à flanc de coteau et ne comportait pas

toujours l’emploi d’une machine d’extraction.

Le morcellement de l’exploitation, conséquence de

la législation minière, et le type de gisement suivi à

l’affleurement sur de longues distances, ne permirent

pas la création de grand siège. Dans la région de

Vezin, il y eut cependant quelques minières occupant

plusieurs centaines d’ouvriers. Les groupements de

sociétés et les fusions d’exploitations furent opérés pour

épuiser à frais commun les eaux d’exhaure, pour creuser

de longues galeries et pour supprimer la surenchère

pratiquée par les propriétaires de la surface.

Dans la région d’Andenne, l’exploitation s’est effectuée

sur les deux flancs du Synclinorium de Namur : au

nord, en plateure (pendage moyen de 10 à 15° vers le

SSE), et au sud, en dressant renversé. Par ailleurs, le

niveau ferrifère n’affleurait pas partout à cause à cause

de la surélévation silurienne entre Vezin et Couthuin

et des décalages par faille (voir la carte géologique

simplifiée montrée dans cet ouvrage par Dejonghe pour

l’article relatif aux gisements plombo-zincifères).

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. L’exploitation

des gisemen

ts d

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la région

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enne

Les exploitations de la plateure septentrionale

De Mazy à Landenne-sur-Meuse, on peut suivre le

niveau ferrifère sur une trentaine de kilomètres de long,

sans cependant qu’il soit exploitable partout. Après un

hiatus de 6 km du à la surélévation du Silurien et au

passage de la Faille de Landenne, le niveau ferrifère

réapparaît dans la région de Couthuin et s’amincit

progressivement jusque dans la vallée de la Méhaigne

où il disparaît. Nous nous limiterons à commenter

l’exploitation à l’est de la Faille de Vedrin dans laquelle

se loge le filon St-Marc et où le niveau ferrifère se

présente avec une allure régulière et une grande

richesse du minerai. Le tracé en affleurement du

niveau à hématite oolithique appartenant au Famennien

est montré à la figure 1.

Dans la région de Vedrin, en allant de l’ouest vers

l’est, on rencontre les installations suivantes : 1.

près de la limite de la commune de Saint-Marc, se

trouvaient les puits Salvotte et Trussard. Là, l’hématite

oolithique fut atteinte vers 100 m de profondeur ; 2.

au nord, à la Haie-Francotte, les puits n’atteignaient

que 25 m de profondeur, car on se rapprochait

de l’affleurement du niveau d’hématite ; 3. au Bois

Fumal, la grande fosse dite de Montpellier recoupa les

couches ferrifères à 77 m de profondeur ; 4. enfin, à

l’est, les deux puits du Bois des Maires recoupaient

l’hématite aux profondeurs de 110 et 120 m. Dans

cette région, la Société de Montigny fut à l’œuvre

déjà avant 1858. En 1875, l’ensemble des travaux fut

cédé à la Société de Vezin-Brichebo. La production

diminua rapidement et, en 1883, la suspension des

travaux dans la minière de Vezin de cette société, à

la suite d’un accident, fut l’occasion de l’abandon de

l’exploitation à Vedrin.

Les travaux de la Société de la Providence, dans la

commune de Champion (Cognelée), s’étendaient de

part et d’autre de la route RN91 Namur – Leuven.

Les travaux furent poussés jusqu’à la profondeur de

126 mètres. Il fut question de prolonger la galerie de

Plomcot partant de la vallée de la Meuse, jusqu’à la

couche d’hématite, mais le projet ne fut pas réalisé.

L’angle nord-est de la mine de Boloy-Grandcelle

se trouve dans la commune de Marchovelette. La

couche se présentait avec une épaisseur régulière

mais une puissance assez faible qui diminuait au

fur et à mesure qu’on s’éloignait de Cognelée. Le

gisement fut atteint par la galerie à flanc de coteau

du ruisseau de Gelbressée et par une dizaine de puits

peu profonds.

L’affleurement de la couche traverse la concession

du Marquis de Croix sur une longueur de 2700 m

environ, mais son épaisseur dépasse rarement 0,25 m

et le minerai de mauvaise qualité ce qui rendait son

exploitation non rentable.

Photo. 2. Coupe passant par les puits du Manège N°2 et Noé N°1 et la galerie de Ville-en-Warêt (document inédit de X. Stainier daté du

22 avril 1874, Service géologique de Belgique).

Puits n°1(Noé)

Puits n°2(manège)

1

23456789

101112131415

1

2 3,75 m

10 m

5 m

3,50 m

6 m

17 m

15,50 m

1,25 m

14 m

5,50 m

0,75 m

21 m

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

15

Dolomie carbonifère

Schiste

Psammite bleu (gros banc)

Psammite bleu et blanc

Grès blanc

Psammite marbré (bleu-rouge)

Grès rosé

Schiste bleu et clavias

Veinettes d’oligiste

Schistes

Couche d’oligiste

Schistes

Calcaire dévonien

Grès avec rognons (gros banc)

Psammite et schiste bleu (avec clavias)

L’épaisseur des assises est mesurée normalement aux couches et dans le puits n°1 (Noé)

0 25 50 m

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Les minerais de

fer, de

plomb

et d

e zinc

. L’exploitation

des gisemen

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e fer de

la région

d’And

enne

À l’est de la concession du Marquis de Croix, l’allure

de la couche se modifie ; elle présente des ondulations

et de petits plis serrés avec des flancs en dressant.

À partir de la limite orientale de cette concession, la

couche devient beaucoup plus épaisse et les conditions

d’exploitation s’améliorent à mesure que l’on se rapproche

de l’axe du synclinal de Houssoy (au NW de Vezin).

Là , la puissance de la couche atteint et dépasse par

endroits deux mètres et le minerai est très riche. Au

sud de Houssoy, la composition de la couche devient

irrégulière. La vallée du ruisseau de Ville-en-Waret (à

l’WNW de Vezin), longeant et coupant le gisement

d’oligiste, en a facilité l’exploitation en permettant le

creusement de galeries à flanc de coteau (Fig. 2).

On pense que l’exploitation le long de l’affleurement de

la couche d’hématite de Ville-en-Waret fut commencée

vers le milieu du XVIIIe siècle. En 1840, on creusa la

première galerie partant du « fond des Gotteaux » ;

elle atteindra 380 m de longueur. C’est vers 1845 que

l’exploitation prit de l’ampleur par suite de l’intervention

de diverses sociétés métallurgiques :

La • Société de Marcinelle-et-Couillet exploita par

la galerie du Bois Bambo (217 m de long) et

par une galerie située vingt mètres sous la galerie

précédente (320 m de long). On creusa le puits de

Gistrée et un puits au lieu-dit « Bois des Maçons »

(Fig. 3) qui, en 1873, recoupa la couche d’hématite

à 205 m de profondeur. L’exploitation, au niveau

inférieur, n’était entamée que depuis quelques mois

lorsqu’une irruption des eaux noya les travaux.

La • Société d’Ougrée s’intéressa à l’hématite

oolithique à Houssoy6 en 1845, en reprenant le

creusement de la galerie du fond des Gotteaux

PuitsSte Marie

Puits duBois des Maçons

1

2 5 m 5,50 m

1 m

6 m

6,75 m

6,75 m

27,50 m

17,50 m

1,50 m

5 m

12,50 m

16,75 m

1 m

18,50 m

4 m

5,50 m

0,75 m

4,25 m

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

Dolomie carbonifère

Schistes

Psammite micacé

Psammite bleu (gros banc)

Psammite bleu et blanc

Calschiste marbré (rouge-bleu)

Grès rosé

Grès avec rognons (gros banc)

Schistes bleus et clavias

Couche d’oligiste

Schistes et clavias

Calcaire dévonien

Schiste et psammite bleu (clavias)

Grès rouge et blanc

1

23456

7

8

9

10

1112

13

14

1 m 1,70 m

20 m17,50 m

SchisteVeinetteSchisteVeinetteSchiste

SchisteVeinetteSchiste

Veinette

10,50 m

0,90 m

0,60 m

1,80 m0,10 m

10 m

Puits Ste Marie (97 m) Puits du Bois des Maçons (119 m)

Les épaisseurs sont mesurées normalement aux couches pour les deux puits

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

140 25 50 m

Fig. 3. Coupe passant par le puits du Bois des Maçons et le puits Sainte-Marie (document inédit de X. Stainier, Service géologique de Belgique).

Fig. 4. Coupe ouest-est passant par Bellaire et montrant la galerie du fond des Gotteaux (reproduit de Delmer,

1912, p. 870).

200

100

0 0

N SPuits N°1de Montigny

Puits duBois des MaçonsVille-en-Waret La Sarte

Oligiste oolitique

200

100

0 0

O E

Gal. des Gotteaux

Puits duBois des Maçons

Puits de Houssoy(Ste Ougrée)

0 100 200 m

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;ÃçÐ R Ù Î ±Le

s minerais de

fer, de

plomb

et d

e zinc

. L’exploitation

des gisemen

ts d

e fer de

la région

d’And

enne

(Fig. 4). Divers puits furent creusés, dont le puits de

la machine, qui devint le centre de l’exploitation, et

sous l’orifice duquel les chantiers se développèrent

par un plan incliné jusqu’à 175 m de profondeur.

L’envahissement de la mine par les eaux, en 1880,

détermina son abandon.

Fig. 5. Plan des travaux autour du puits Marie au lieu-dit « La Sarte » (document inédit de Stainier, Service géologique de Belgique). On

distingue les travaux situés au nord (en rouge) et au sud (en vert) de la Faille de Landenne.

Fig. 6. Coupe passant par les puits Ste-Barbe et Marie et qui montre l’allure du Synclinal de Houssoy (document inédit de Stainier, Service

géologique de Belgique).

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;ÃçÐ R Ù Î ±

330

Les minerais de

fer, de

plomb

et d

e zinc

. L’exploitation

des gisemen

ts d

e fer de

la région

d’And

enne

La • Société Cockerill (Seraing) eut deux champs

d’exploitation, l’un au nord de celui de la société

d’Ougrée (puits Sainte-Barbe), l’autre au sud du

bassin d’Houssoy, au lieu-dit « La Sarte » (puits

Marie qui atteint la couche à 124 m de profondeur)

(Fig. 5 & 6). En 1876, une forte venue d’eau ne put

être maîtrisée et les travaux furent suspendus.

Les exploitants se sont rendu compte qu’il y avait

intérêt à centraliser l’exploitation pour n’avoir qu’une

installation d’exhaure. La fusion fut réalisée en 1880

et la nouvelle société prit le nom de « Minières

réunies de Houssoy et de Ville-en-Waret ». De

1884 à 1898, l’activité fut assez grande, mais le prix

de revient du minerai augmentait avec les difficultés

d’exploitation, en particulier d’exhaure. En 1899, les

chantiers les plus profonds furent abandonnés. En

1901, les puits furent remblayés.

La grande plateure qui se développe au sud du synclinal

de Houssoy et qui en est séparée par la Faille de

Landenne n’est pas aussi régulière que pourrait le faire

supposer un examen rapide de la carte géologique : elle

est affectée d’ondulations. Entre les failles de Landenne

et de Vezin (Fig. 1), le niveau ferrifère forme une plateure

à peu près horizontale, légèrement bombée. C’est dans

cette partie du gisement, à l’ouest du puits N°3 de

Montigny (aussi appelé puits de la veuve Henin7,

Delmer, 1912, p. 876) que l’hématite a été transformée

en pyrite au croisement d’un filon plombo-zincifère (voir

l’article de Dejonghe dans cet ouvrage). Le phénomène

a été décrit en détail par Stainier (1902) qui invoque

l’action des eaux hydrothermales métallifères pour le

remplacement partiel ou total (phénomène d’épigénie)

de l’hématite en pyrite. C’est à la suite de cette

découverte que fut instituée la concession de Vezin

(Fig. 7 et annexe).

À l’intérieur de la concession de Boninne, trois puits

furent creusés de 1862 à 1865 dont l’un qui recoupa

l’hématite à 46 m de profondeur. Bien que la couche

possédait une épaisseur de 0,6 m, l’hématite n’était

pas exploitable à cause de son impureté.

Le versant méridional de la couche traverse le ruisseau

de Gelbressée, près de l’Abbaye de Marche-les-Dames.

Une exploitation fut tentée en 1850 dans la propriété

du Duc d’Aremberg, dans le bois de Hubémont. Le

minerai était schisteux et de mauvaise qualité.

À Wartet, l’exploitation commença en 1856 par puits

et par une galerie d’exhaure de 200 m environ. Pour

exploiter sous le niveau de celle-ci, on commença en

1863 une galerie partant de la vallée de la Meuse

en aval de la station de Marche-les-Dames et longue

de 1000 m environ. Peu après son achèvement, la

minière fut abandonnée, la puissance de la couche

étant faible en profondeur.

Bellaire

Puits

PuitsVeuve Henin

Grand Puitsd’Extraction

MoulinBrichebo

Eglise

Vezin

Orifice de la galerie d’écoulement de Vezin

Ph. Henin

Grand R

oute de Silaigneaux

N

Concession de Vezin

Fig. 7. Plan de la concession de Vezin (reproduit de Stainier, 1902, p. 3).

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;ÃçÐ R Ù Î ±Le

s minerais de

fer, de

plomb

et d

e zinc

. L’exploitation

des gisemen

ts d

e fer de

la région

d’And

enne

Au-delà du ruisseau de Ville-en-Waret, à Namêche,

Bodson et Cie (plus tard, la veuve Duvieusart)

exploitèrent l’hématite à l’est de la ferme de Montigny8

située au nord de Namêche, au sein d’une société

qui fut parfois appelée Société de Montigny-Vezin.

Quatre puits dits « du Manège » atteignirent la couche

à des profondeurs comprises entre 52 et 81 mètres.

Sa puissance variait de façon progressive entre 0,4 et

0,85 m. La plus grande partie fut exploitée de 1861

à 1874. Quelques années plus tard, la Société de

Somme et Vezin qui, venant de l’est, pénétra dans le

domaine de la ferme de Montigny et épuisa presque

tout ce qui restait d’hématite oolithique au dessus du

niveau de la Meuse. Des vestiges des exploitations du

Manège sont encore visibles dans les prairies à l’est

de la ferme de Montigny (photos 3 et 4).

De la ferme de Montigny jusqu’à la vallée du ruisseau

de Somme, c’est-à-dire principalement sur le territoire

de Vezin, diverses sociétés se sont partagées le

champ d’exploitation. Comme le montre la figure 8,

le niveau à hématite oolithique était particulièrement

épais dans cette région : la « grosse couche », située

au sud de la faille de Vezin, se composait en fait de

douze couches réparties sur 9,13 m et totalisant une

épaisseur utile de 3,39 m.

Photo 3. Petit monticule partiellement excavé composé

de minerai ferrifère et de stérile et situé à l’endroit du

puits du Manège le plus septentrional (juin 2010).

Fig. 8. Coupes dans les deux couches exploitées à

la mine de Vezin-Bichebo, des deux côtés de la Faille

de Vezin. La « petite couche », située au nord de la

faille, se composait en fait de cinq couches à hématite

réparties sur 3,03 m et totalisant une épaisseur utile

de 1,25 m ; la « grosse couche », située au sud

de la faille, se composait de douze couches réparties

sur 9,13 m et totalisant une épaisseur utile de 3,39

m (reproduit d'après un document inédit de Stainier,

Service géologique de Belgique).

Photo 4. Petit monticule boisé composé de minerai

ferrifère et de stérile, situé à l’est du monticule de

la photo 3 à l’endroit d’un des 4 puits du Manège

(juin 2010).

Petite couche

0,60

m

0,250,30

0,320,050,170,250,200,120,300,170,20

0,10

Grande couche

0,15

m

1,00

1,85

0,080,22

0,66

0,05

0,92

0,24

0,58

0,020,390,03

0,69

0,140,050,42

0,400,03

0,53

0,020,44

0,22

Ligne blanche

Schiste : 1,78 m

Oligiste : 1,25 m

TOTAL : 3,03 m

Schiste : 5,74 m

Oligiste : 3,39 m

TOTAL : 9,13 m

Incl. S 19° Incl. N 6°

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;ÃçÐ R Ù Î ±

332

Les minerais de

fer, de

plomb

et d

e zinc

. L’exploitation

des gisemen

ts d

e fer de

la région

d’And

enne

Le consortium • Seraing et Ougrée réunis

possédait, en 1865, deux puits au lieu dit « Les

Amptées ». Mais les travaux ne persistèrent pas

longtemps car limités à l’ouest par l’exploitation

des Bodson et à l’est par celle de Vezin-Aulnoye.

En 1868, la Société de Seraing et Ougrée réunis

reprit le champ d’exploitation de la Société de

Montigny qui se trouvait dans le village de Vezin.

C’est là qu’aboutirent les grandes galeries de

Vezin et de Sclaigneaux (Fig. 9). Le creusement

de cette dernière, longue de 1377 m, dura de

1857 à 1869. Les travaux permirent de reconnaitre

la couche d’hématite oolithique jusqu’à 115 m

sous le niveau de la Meuse. En 1866, la minière

fut abandonnée. C’est dans cette région qu’une

mine de pyrite fut exploitée pendant quelques

années (voir dans cet ouvrage, la contribution

de Dejonghe relative aux gisements plombo-

zincifères).

La • Société de Somme et Vezin (Sépulchre)

commença une exploitation vers 1851, au lieu-

dit « Stépys », par une galerie à flanc de

coteau et quelques puits. Un peu plus au sud,

le gisement fut atteint par la galerie dite de

Sépulchre longue de 450 m, partant du fond de

la vallée du ruisseau de Somme et aboutissant

au pied du puits Moreau (Fig. 10 & 11). À

l’est de ce ruisseau, cette société possédait

également une petite exploitation, accessible par

une galerie à flanc de coteau dans le dressant

et par le puits des Douze-Bonniers (Fig. 12).

Une galerie dite de Hamoir ou Sainte-Barbe,

terminée en 1869, partant de la vallée de la

Meuse, près de la station de Sclaigneaux, et

passant à proximité de l’église de Vezin, avait,

jusqu’à la recoupe de la couche, une longueur

de 1320 m. Tout ce qui restait à prendre dans

la plateure entre les travaux de la surface et le

niveau d’exhaure, supérieur de 5 m à celui de

la galerie de la Société de Seraing et Ougrée

réunis, fut exploité. Par différents plans inclinés

suivant la couche, dont un de 270 m de long,

une partie du gisement fut exploitée sous la

galerie.

grès

schiste

s

naissa

nce de

s grès

schiste

s

dolom

ie

terrain

s déra

ngésgrè

ssch

istes

naissa

nce de

s grès

schiste

s

seuil d

e la m

aison

(Brich

ebo)

seuil d

e la m

aison

(Smol)

dolom

ie

terrain

s déra

ngés

Puits Sépulchre(Moreau)

galerie du fourneau

galerie Sépulchre

galerie du fourneau

galerie Sépulchre

niveau de la Meuse

Puits Bodson

niveau de la Meuse

0 20 40 m

Fig. 10. Coupe passant par le puits Sépulchre (Moreau), le puits Bodson et la galerie Sépulchre (reproduit d'après un document inédit de

Stainier, Service géologique de Belgique).

Fig 9. Coupe passant par les galeries de Vezin et de Sclaigneaux (reproduite de Delmer, 1912, p. 876).

Frasnien

Givetien

Silurien

Calcaire carbonifèrePsammite du CondrozOligiste oolithiqueCalcaire frasnien

} Famennien

0 100 200 m

200

100

0

200

100

0

Puits N°3de Montigny

Avaleresse deSeraing et Ougrée

Galerie de Sclaigneaux

Galerie de Vezin LaMeuse

N S

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333

;ÃçÐ R Ù Î ±Le

s minerais de

fer, de

plomb

et d

e zinc

. L’exploitation

des gisemen

ts d

e fer de

la région

d’And

enne

La • Société de Vezin-Aulnoye fut parfois

confondue avec la Société de Somme et Vezin.

Elle posséda plusieurs puits près de l’affleurement

et, plus au sud, les puits Gourcy (ou Sépulchre)

et Moens. Elle cessa d’exploiter en 1873.

La • Société de Montigny-sur-Sambre possédait

un vaste domaine d’exploitation, depuis le ruisseau

de Somme à l’ouest jusqu’à la limite des provinces

de Namur et de Liège à l’est (limite des communes

de Vezin et de Landenne-sur-Meuse). Deux bancs

furent exploités, à l’est principalement. Le puits

de Baty-Driane (62 mètres) atteignait la couche

dans le nord et la double « galerie du Fourneau »,

partant de la vallée de la Meuse, recoupait le

gisement au pied du puits (Fig. 12). Ces galeries

avaient été commencées vers 1853 dans des

filons plombifères de la concession de Sclermont

(voir dans cet ouvrage, l'article de Dejonghe relatif

aux gisements plombo-zincifères). C’est dix ans

plus tard que leur prolongement a aboutit à la

couche d’hématite.

En 1873, la • Société de Vezin-Brichebo reprit

les travaux de la Société de Montigny. En 1883,

le déclin de l’entreprise s’accentuait lorsque survint

un incendie qui prit naissance dans la chambre de

la machine d’exhaure et qui asphyxia vingt-et-un

mineurs. Cette catastrophe détermina la cessation

des travaux et la mine fut inondée.

NO SEPuits Moreau

PuitsBodson

araine des stépis

grès et schistes

dolomieterrains dérangésterrains dérangés

Faille de VezinFaille de Vezin

0 50 100 m

Fig. 11. Coupe complémentaire à celle de la figure 10 montrant l’allure de la couche d’hématite oolithique (en rouge)

et la Faille de Vezin (reproduit d'après un document inédit de Stainier, Service géologique de Belgique).

NO SE

PuitsBaty-Driane

Ferme de Sclermont

Puits des 12bonniers

Fourneau

0 100

40 m

200 m

Fig. 12. Coupe de la mine de Vezin-Brichebo à Vezin passant par le puits des Douze Bonniers, le puits Baty-Driane

et la galerie du Fourneau (reproduit d'après un document inédit de Stainier, Service géologique de Belgique). La faille

dénommée « de Champs d’Oiseaux » sur ce document est la Faille de Landenne. Une coupe similaire de Delmer

(1912, p. 877) attribue les terrains situés au nord-ouest de cette faille au Silurien. La Faille de Vezin est ici quasi

verticale mais sur la plupart des autres documents elle est dessinée avec un pendage SE

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;ÃçÐ R Ù Î ±

334

Les minerais de

fer, de

plomb

et d

e zinc

. L’exploitation

des gisemen

ts d

e fer de

la région

d’And

enne

Près de la limite des provinces de Namur et de

Liège (ou des communes de Vezin et de Landenne-

sur-Meuse) l’horizon à hématite oolithique vient buter

contre la Faille de Landenne à environ 150 m de

profondeur. C’est une faille où, sur un tronçon de

près de 6000 m, le Silurien est en contact avec

le Dinantien et le Houiller. À l’est de la limite de

provinces de Namur et de Liège, l’hématite oolithique

n’affleure plus ; il faut chercher le minerai à plus

grande profondeur.

À Landenne-sur-Meuse, au sud de la Faille de

Landenne, le niveau ferrifère possède une faible

inclinaison (16° environ SE) et s’aplatit en profondeur.

Il est affecté par divers accidents, ondulations et

failles. Son exploitation n’a commencé qu’assez tard,

vers 1874.

La Faille de Vezin, légèrement oblique à la Faille

de Landenne (Fig. 1), mais d’inclinaison contraire

(Fig. 13), affecte la couche dans la mine du Chant

d’Oiseaux3 en l’enfonçant de quelques mètres

au sud. Des failles transversales, quasi verticales,

minéralisées en sulfures de plomb et de zinc

sont également présentes dans cette concession.

Au voisinage des filons, Firket (1878) a d’ailleurs

signalé que l’hématite était transformée en sidérite.

En fait, pour exploiter les filons plombo-zincifères,

une galerie d’exploitation et d’exhaure partant de

la vallée du ruisseau de la ferme de Loysse fut

commencée en 1854 et fut prolongée jusqu’à la

Faille de Landenne sans recouper le niveau d’oolithe

ferrifère. Le puits Saint-Remy (Fig. 13) commencé en

1860, atteignit le niveau de cette galerie, et servit

d’abord à l’extraction de minerai plombo-zincifère.

Un autre puits dit de la Grange Bodart (Fig. 13),

situé à environ 350 m au NNW du puits Saint-

Remy, atteignit le niveau d’hématite à 156,50 m de

profondeur après avoir recoupé 96 mètres de Silurien

et la Faille de Landenne. L’exploitation du gisement

ferrifère commença d’abord autour et puis surtout en

aval du puits de la Grange Bodart vers lequel il fallait

remonter le minerai. Pour pallier cette difficulté, le puits

Saint-Remy fut approfondi et, en 1885, il recoupa

le minerai de fer à 233 m de profondeur. Le puits

de la Grange Bodart fut alors comblé au dessus du

niveau de la galerie d’écoulement et l’entrée d’air se

fit par un puits spécial situé aux environs (photo 5).

L’exploitation du gisement ferrifère se poursuivit alors

par le puits Saint-Remy autour duquel subsistent

encore des vestiges miniers (haldes et cheminée –

photo 6). En 1912, la mine était la seule exploitation

de minerai d’hématite oolithique en activité (Delmer,

1912, p. 886). Elle appartenait à la Société des

minières de la Meuse à Sclaigneaux.

Photo 5. Vestige minier aux environs du puits de la

Grange Bodart correspondant vraisemblablement à un

puits d’entrée d’air (juin 2010).

Photo 6. Vestige de cheminée aux environs du Bure

Saint-Remy (mars 2009).

5 6

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s minerais de

fer, de

plomb

et d

e zinc

. L’exploitation

des gisemen

ts d

e fer de

la région

d’And

enne

Comme le montre la figure 1, le niveau ferrifère

affleure également au nord de la Faille de Landenne,

dans la région de Couthuin, alors qu’il est absent

sur le territoire de Landenne-sur-Meuse. La raison de

l’inexistence du Famennien inférieur entre Couthuin

et Vezin est la présence d’une surélévation qui fait

affleurer le Silurien. Au NE de cette surélévation, la

couche d’hématite oolithique est présente sur 6 km

de long sur les communes de Couthuin, Lavoir et

Huccorgne. Faiblement inclinée de 7 à 9° vers le

SE, sa puissance est assez régulière, mesurant 1m à

l’ouest, 1,30 à 1,75 dans la région de Lavoir et 0,7

m en profondeur.

À Couthuin, on produisait déjà du fer en 1790. En

1837, on comptait vingt-deux puits en activité dans

la région de Couthuin. Des haldes liées à l’extraction

de l’hématite oolithique sont encore visibles au Fond

de Jottée (photo 7). Pour servir à la fois au transport

du minerai et à l’exhaure, on eut l’idée de creuser

une galerie partant de la vallée de la Meuse et

destinée à recouper la couche d’hématite à 80 m

de profondeur. C’est la fameuse galerie de Java

(photo 8) commencée en 1855 et qui atteignit la

couche d’hématite en 1882 après avoir été creusée

sur 3200 m de longueur. Pendant quelques temps, le

transport du minerai se fit par locomotives à vapeur.

Les travaux furent abandonnés en 1887, à cause de

la mauvaise qualité du minerai (mélange d’hématite et

de pyrite), de la diminution d’épaisseur de l’horizon

ferrifère et de mésententes entre les exploitants des

deux concessionnaires (celle des « propriétaires de

la surface ou de Couthuin » à l’ouest et celle des

« Maîtres de Forges » à l’est). De 1923 à 1945, la

Fig. 13. Coupe due à Firket (1878) passant par le puits de la Grange Bodart et le puits Saint-Remy. La faille recoupée par le puits de la

Grande Bodart, désignée par Firket (1898) sous le nom de « Faille de Champs d’Oiseaux », est la Faille de Landenne. La figure est reprise

sous une forme simplifiée dans Delmer (1912, p. 877).

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;ÃçÐ R Ù Î ±

336

Les minerais de

fer, de

plomb

et d

e zinc

. L’exploitation

des gisemen

ts d

e fer de

la région

d’And

enne

mine de Couthuin a produit 1 521 830 t de minerai.

Ce fut la dernière mine de fer en activité dans la vallée

de la Meuse ; elle s’éteignit en 1946. Elle appartenait

alors à la société d’Ougrée-Marihaye. Des détails

sur l’exploitation de la mine de Couthuin peuvent

être trouvés dans Ancion et al. (1946), Caulier-Mathy

(1978) et Van De Roy (1993a,b).

Les exploitations du dressant méridional

Au bord sud du bassin de Namur, la couche d’oligiste

affleure sur une soixantaine de kilomètres (le double du

bord nord), entre Aisemont et Chokier. Son exploitation

n’a jamais été aussi intense qu’au bord nord car la

couche est presque verticale et son épaisseur plus

faible.

Sous les communes d’Andenne et de Haltinne, aux

hameaux de Coutisse et de Strud, les Sociétés

de Cockerill et de Couillet entreprirent des travaux

de reconnaissance par une galerie. L’oligiste se

répartissait dans trois couches totalisant une épaisseur

comprise entre 0,40 et 0,50 m et titrant 35 % de

fer. Les travaux furent arrêtés en 1870 après un

an d’exploitation, le minerai étant trop pauvre et

l’extraction trop onéreuse. En 1879, une nouvelle

tentative d’exploitation fut menée par les Sociétés

métallurgiques de Cockerill, de Sclessin, de Couillet

et d’Ougrée, mais sans succès.

Plus à l’est, la plateure qui s’étend du village

d’Ahin (commune de Huy) jusqu’à 600 m environ

à l’ouest du ruisseau de Solières a fait l’objet de

travaux intéressants par la Société Cockerill (deux

galeries partaient de la vallée de la Meuse dont une,

l’inférieure, de 900 m de long) et les sociétés de

Messieurs Dautrebande et Sépulchre (deux galeries

au niveau du ruisseau de Solière ont atteint des

longueurs de 190 et 220 m).

Conclusion

L’épuisement des parties les plus riches et surtout de

la zone superficielle des couches d’hématite oolithique

explique la diminution progressive de la production à

partir de 1873. Dans la région de Marche-les-Dames,

de Vezin, de Landenne, de Couthuin et de Ben-

Ahin, les travaux ont été conduits jusqu’au niveau

de la Meuse. En dessous, les exploitations n’ont

généralement pas été très étendues sauf à certains

endroits. Par exemple, par la Société des minières

de la Meuse qui, à Landenne, a poussé ses travaux

jusqu’à 330 m de profondeur environ, soit à plus

de 220 m en dessous du niveau de la Meuse.

À Couthuin, l’exploitation a atteint la profondeur de

200 m, soit 140 m sous le niveau de la Meuse.

L’exhaure a toujours constitué un problème majeur

lorsqu’il fallut approfondir les exploitations sous le

niveau hydrostatique. Les coups d’eau provenaient

surtout du mur, par suite de la faible épaisseur des

schistes séparant la couche exploitée du calcaire

frasnien gorgé d’eau.

Photo 7. Haldes au voisinage de puits dans la région du Fond

de Jottée, sur la concession des Maîtres de Forges et de

Couthuin (mars 2009).

Photo 8. Entrée de la galerie de Java (juin 2009).

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s minerais de

fer, de

plomb

et d

e zinc

. L’exploitation

des gisemen

ts d

e fer de

la région

d’And

enne

Si une mine restait inactive pendant une longue durée,

une procédure de déchéance de concession pouvait être

entamée par l’Administration des Mines. Cette procédure

n’a pas abouti dans tous les cas. Pour sortir de ces

impasses, le Conseil régional wallon a émis un décret

sur les mines en date du 7 juillet 1988. Les sociétés

concessionnaires qui ne se sont pas manifestées après

les publications dans la presse en 1993 et 1995 les

priant de déclarer si elles comptaient reprendre les

travaux ou y renoncer peuvent être déchues d’office

de leurs droits par le Gouvernement wallon. La situation

administrative des concessions attribuées dans la région

d’Andenne est brièvement décrite ci-après.

Concession de Boninne

La concession dite de « Boninne » pour mines de fer

situées sous les communes de Boninne et de Marche-

les-Dames et pour une étendue en superficie de 545

bonniers a été attribuée au sieur Charles Barbaix

le 15 août 1825 par Guillaume, Roi des Pays-Bas,

Prince d’Orange-Nassau, Grand-Duc de Luxembourg.

Sa déchéance a été prononcée le 4 décembre 1932,

considérant que les travaux d’exploitation de la mine,

commencés en 1862, ont été arrêtés en 1866 et n’ont

pas été repris après cette date malgré la sommation

qui a été faite aux propriétaires à laquelle ils n’ont pas

donné suite.

Concession de Boloy-Grandcelle9

La concession des mines de pyrite de fer désignée sous

le nom de « Boloy-Grandcelle » gisant sous une superficie

de 488 bonniers et 44 perches sous les communes

de Champion et de Marchovelette a été attribuée le

30 décembre 1828 à la Société de Vedrin. Elle a été

partagée en deux exploitations distinctes par des arrêtés

royaux du 18 juillet 1865 : un lot 1 (de 80 hectares 77

ares 5 centiares) cédé aux sieurs de Pierpont et consorts

et un lot 2 (de 130 hectares 57 ares 70 centiares)

cédé à Lucien Namèche. La surface restante de la

concession primitive constituait le lot du Duc (d’Arenberg).

La déchéance du lot 1 a été prononcée le 25 octobre

1927, celle du lot 2, le 14 juillet 1924. La déchéance du

lot du Duc n’a pas pu être conduite à bonne fin.

Concession du Chant d’Oiseaux

La concession des mines de fer oligiste dite du « Chant

d’Oiseaux » gisant sous une étendue superficielle

de 603 hectares environ, sous les communes de

Landenne-sur-Meuse, de Seilles et de Vezin a été

accordée à la S.A. des minières de la Meuse le 25

juin 1919. Mais cette société exploitait le minerai de

fer bien antérieurement à l’acte de concession. L’octroi

de concession arrivera trop tard car suite à l’arrêt des

pompes à cause de la guerre, la mine avait été noyée.

l’exploitation ne fut pas reprise après la guerre.

Concession de Champion

La concession dite de « Champion » pour mines

de fer situées sous les communes de Champion et

de Vedrin sous une étendue de 234 bonniers et 50

perches carrés a été attribuée à Antoine Lalour le 30

décembre 1828 par Guillaume, Roi des Pays-Bas,

Prince d’Orange-Nassau, Grand-Duc de Luxembourg.

Concession des Maîtres de Forges et de Couthuin

La situation administrative de cette concession est

assez compliquée.

Le 28 octobre 1926, l’ingénieur en Chef-Directeur

Annexe. La situation administrative des concessions des mines de fer de la région d’Andenne

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Les minerais de

fer, de

plomb

et d

e zinc

. L’exploitation

des gisemen

ts d

e fer de

la région

d’And

enne

des Mines (Léon Delruelle) écrivait au Gouverneur

de la province de Liège : « La mine métallique de

Couthuin appartient actuellement à la Sté Ame des

Aciéries d’Angleur et des Charbonnages belges. Elle

comprend : la concession primitive accordée par A.R.

du 1er septembre 1830 sur une étendue de 619 H 21

A (mine de fer) ; l’extension du 24 avril 1857, pour pyrite

de fer , sur 365 hectares ; celle du 10 septembre 1866,

pour le plomb & zinc, sur la même étendue ; et celle du

10 septembre 1866, pour plomb, zinc & pyrite de fer, sur

219 H 45 A, accordée comme extension de substance à

substance à la mine de houille de Couthuin. Elle s’étend

sous les communes de Couthuin, Héron, Huccorgne,

Landenne et Lavoir.

La mine métallique des Maîtres de Forges appartient

actuellement à la société civile des Maîtres de Forges.

Elle comprend la concession primitive, mine de fer,

accordée par A.R. du 1 septembre 1830, étendue 503

H 21 A. Ensuite, l’extension autorisée le 5 juillet 1866,

pour pyrite de fer, étendue de 349 H 43 A, comprise

dans la précédente ; enfin, l’extension du 15 septembre

1934, mine de fer, étendue 456 hectares. Elle s’étend

sous les communes de Couthuin, Huccorgne, Lavoir et

Moha. La concession de Lavoir étant déchue depuis le

6 juin 1929, la mine des Maîtres de Forges ne touche

que la mine de Couthuin au Sud-Ouest. Toutefois, la

mine de Moha (plomb) reste en grande partie dans la

dernière extension (fer) des Maîtres de Forges. De

même, depuis la déchéance de la mine de Velaine (15

juin 1926), la mine de Couthuin touche au Nord-Est,

celle des Maîtres de Forges et à l’Ouest, celle de Héron

(plomb, zinc, pyrite). L’extension du 10-9-1866, pour

plomb, zinc & pyrite, occupe une partie de la mine de

Houille de Couthuin. De même la concession de Héron

(plomb, zinc et pyrite) occupe une partie de celle de fer

de Couthuin. »

Le 14 avril 1927, la S.A. des Aciéries d’Angleur

et des charbonnages belges à Tilleur a cédé

à la Société civile des Maîtres de Forges les

concessions et extension accordées par arrêtés

royaux des 1er septembre 1830, 24 avril 1857, 10

septembre 1866, et constituant la mine métallique

de Couthuin, d’une contenance totale de 858

hectares 66 ares, s’étendant sous les communes

de Couthuin, Héron, Landenne et Lavoir. La Société

civile des Maîtres de Forges est autorisée à réunir

cette concession à sa concession des Maîtres

de Forges accordées par arrêtés royaux des 1er

septembre 1830, 5 juillet 1866 et 15 septembre

1924 et à enlever les épontes séparatives des

deux concessions. La concession ainsi formée

portera le nom de « Concession des Maîtres de

Forges et de Couthuin ».

Le 5 avril 1930, la société civile des Maîtres de

Forges, à Ougrée, est autorisée à céder à la S.A.

d’Ougrée-Marihaye la concession de mines métalliques

dite « Concession des Maîtres de Forges et de

Couthuin » d’une superficie de 1797 hectares 87 ares

s’étalant sous les communes de Couthuin, Héron,

Huccorgne, Landenne, Lavoir et Moha. Cette même

concession a été cédée le 6 janvier 1958 à la S.A.

Cokerill-Ougrée.

La mine de Couthuin sera définitivement fermée en

1946.

Concession de Maquelette

La concession dite de « Maquelette » pour mines de

fer situées sous les communes de Marchovelette et

de Gelbressée sous une étendue en superficie de 179

bonniers a été attribuée à Clément, Adrien, Florent,

comte de Berlaymont, le 15 août 1825 par Guillaume,

Roi des Pays-Bas, Prince d’Orange-Nassau, Grand-

Duc de Luxembourg.

Concession de Marquis de Croix

La concession dite de « Marquis de Croix » pour

mines de fer situées sous les communes de Franc-

Waret, Vezin et Gelbressée sous une étendue de

547 bonniers 77 perches et 38 aunes carrés a été

attribuée à Monsieur Charles Lidivine Marie, Marquis

de Croix, le 15 octobre 1828 par Guillaume, Roi des

Pays-Bas, Prince d’Orange-Nassau, Grand-Duc de

Luxembourg. Se basant notamment sur le fait que les

travaux d’exploitation de la mine ont pris fin en 1861,

la déchéance de la concession a été prononcée le

26 avril 1924.

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s minerais de

fer, de

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et d

e zinc

. L’exploitation

des gisemen

ts d

e fer de

la région

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Concession de Vezin

La concession des mines de pyrite de fer gisantes

dans la commune de Vezin, sous une étendue de 86

hectares 35 ares, fut octroyée le 27 novembre 1862

aux sociétés anonymes John Cockerill et d’Ougrée et

consorts. L’octroi précisait l’obligation de creusement

de deux galeries d’écoulement (l’une dont l’orifice se

trouve à Sclaigneaux, l’autre dont l’orifice se trouve

à un niveau supérieur près du village de Vezin).

Actuellement, la concession est la propriété de la

société Cockerill-Sambre.

Glossaire & notesBonnier, perche et aune correspondent respectivement

à un hectare, un are et un centiare.

Faille de Landenne. Faille introduite par Firket (1878)

sous le nom de Faille silurienne du Champ d’Oiseaux. Sur

la carte géologique de Stainier (1901), elle figure sous le

nom de Faille de Landenne. Stainier (1902, p. 6) évoque

la contribution de Firket (1878) en ces termes : « Par

une sagace étude des travaux miniers de la contrée,il

a fait valoir la nature et l’allure de cette importante faille,

qu’il a appelée la faille de Landenne… ». La raison du

changement de nom ne nous est pas connue.

Limonite. Terme englobant des hydroxydes de fer dont

la goethite et la lépidocrosite

(1) Ce mot féminin est généralement orthographié avec

un « e » (plateure).

(2) Davreux (1833, p. 180) précise que le minerai de

fer hydraté était désigné sous le nom de minerai jaune

tandis que le minerai non hydraté (« fer oligiste terreux

globuliforme ») l’était sous le nom de minerai rouge.

(3) Chant d’Oiseaux est aussi désigné par Champ(s)

d’Oiseau(x) dans de nombreux documents.

(4) Composés d’hématite = Fe2O3

(5) Composés de limonite = FeO(OH).nH2O

(6) Aussi orthographié Houssoi et Houssois. L’orthographe

utilisée dans cet article est celle de Delmer (1912).

(7) Henin est aussi orthographié Hennin par Delmer

(1912) et Stainier (1902).

(8) La ferme de Montigny est repérée sur la carte

topographique IGN à 1:10 000 de 1963.

(9) L’orthographe est celle des arrêtés royaux. Mais on

trouve aussi les orthographes Beauloy, Bolloy et Boloye

ainsi que Grandcelles et Grand-Celles dans divers

documents.

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Les minerais de

fer, de

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