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L’Istrie slovène, un joyau à découvrir
Situation Nichée entre l’Italie et la Croatie, l’Istrie slovène est un petit bijou. Située à l’extrême sud-ouest de la Slové-
nie, elle comprend la zone côtière et l’arrière-pays riche en traditions.
La région côtière est longue d’une cinquantaine de kilomètres s’étirant du sud de Trieste à la frontière avec la
Croatie. Elle va grosso modo de Piran à Ilirska Bistria. Ce nom rappelle des souvenirs au GO. N’est-ce pas à la
gare de cette ville que le 25 avril 2010 nous avons dû déposer notre ami François en mal de carte d’identité
valable, épinglé à la frontière croato-slovène par une policière blonde peu amène ? Après qu’il eût récupéré ses
armes et bagages nous avions poursuivi notre route et gravi le mont Učka (1401 m) le plus haut sommet d’Istrie,
localisé ci-dessus sous le "p" d’Opatija. Le village de Strunjan/Strugnano où se trouve l’hôtel Salinera **** est
située non loin de cette frontière, en bordure de mer. Cette région est forte en activités diverses, comme le
ski nautique, la planche à voile, la plongée, l’aviron, la randonnée ou tout simplement la baignade. Des cités
historiques ponctuent la côte.
Un peu d’histoire L’Istrie slovène est la partie la plus au nord de l’Istrie, encore appelée presqu’île de Pula. Les premiers
habitants, d’origine indo-européenne, sont les Illyriens dont une partie, les Histres ont donné le nom à la région.
Elle est soumise en 178 avant JC par les Romains qui en font la Xème région romaine, puis par les Goths en 476.
Elle devient ensuite possession de Byzance puis des Francs. Puis la péninsule est occupée par des peuplades
diverses. Au VIIème s. il y a des Slaves ancêtres des Slovènes, des Horvates ancêtres des Croates et des
Istriens, Romans orientaux venus des Balkans. En 1060 elle devient margraviat autonome de l’Empire germani-
que. Au XVème la plupart des côtes et une partie de l’intérieur font partie des possessions de la République de
Venise (de 1420 à 1797), alors que le reste appartient aux Habsbourg. A la fin du XVIIIème elle est
successivement rattachée à l’Empire des Habsbourg, au royaume napoléonien d’Italie. En 1814 le congrès de
Vienne l’attribue à l’Empire d’Autriche.
Après la 1ère Guerre mondiale, l’Istrie passe à l’Italie (par le traité de Rapallo en 1922) qui annexe les îles de
Cres et Losinj. Après le 2ème Guerre <mondiale, l’Istrie est disputée entre l’Italie (qui n’obtient que Trieste) et
la Yougoslavie qui annexe le reste.
Indépendante en 1991, la SLovénie obtient un débouché sur l’Adriatique avec Koper (Capodistria en italien) et
Piran (Pirano en italien) après un petit chantage avec la Croatie.
Climat et végétation En Istrie slovène, le climat est assez doux en hiver, les étés sont très chauds. Outre les cultures méditerra-
néennes traditionnelles, on y trouve des vignobles, des champs cultivés et de belles forêts de chênes, de
hêtres, de châtaigniers et de marronniers.
Piran / Pirano Le nom de la ville vient du grec pyr qui signifie feu car à l’époque grecque un phare était installé sur la presqu’île
pour annoncer l’entrée du port d’Aegidia, l’actuelle Koper. Les Romains fondent ensuite sur la presqu’île une cité
du nom de Piranum. La petite ville tombe dans l’orbite de la République de Venise à partir du XIIIème siècle. La
domination dure près de 5 siècles. Elle tombe ensuite sous le contrôle de l’Autriche jusqu’à son rattachement à
l’Italie après la 1ère Guerre Mondiale puis fut réunie à la Yougoslavie en 1954.
Cette ville d’environ 18 000 âmes est officiellement bilingue. Plusieurs localités la composent, dont Portorož/
Portorose et Strunjan/Strugnano. Elle séduit par son charme et son authenticité. Construite sur une langue de
sable qui s’enfonce dans la mer, elle est classée monument historique. Elle a conservé ses étroites ruelles
Vue générale de la côte de l’Istrie slovène
ombragées, ses petites maisons médiévales serrées les unes contre les autres, ses nombreuses églises. Puisque
rattachée à Venise au XVème s, l’influence dans l’architecture locale fut très forte. Piran
Au centre de la ville, la place Tartini porte le nom du
célèbre compositeur baroque et violoniste Giuseppe
Tartini qui a fait connaître la ville dans le monde entier.
On peut visiter la maison où il est né et assister à un
mini-récital musical joué avec son propre violon de
l’époque. Cette tradition musicale est encore en usage de
nos jours, avec de nombreux concerts joués dans les rues
dans la belle saison et des concerts de qualité tous les
vendredis dans l’atrium du monastère franciscain. L’église
San Giorgio est l’emblème de la ville. Construite au XIIème
siècle, elle dispose d’un clocher inspiré par le campanile
de l’église Saint Marc de Venise. Elle est située sur une
colline, de sorte qu’on y jouit de points de vue fabuleux.
L’église a changé de style en 1634, l’intérieur est en cours
de rénovation. Le baptistère octogonal est un ancien
sarcophage romain dont le bas-relief représente un jeune
homme nommé Tétide sauvé par un dauphin. En fait il
s’agit de Thétis, une néréide, fille de Nérée et de Doris,
et mère du bouillant Achille.
L’église Sain Pierre a été édifiée en 1818. A côté, l’église
Saint François, fut bâtie en 1318 et agrandie aux
XVIIème - XVIIIème siècles.
La maison de style vénitien sur la place Tartini.
Au fond le campanile de l’église San Giorgio
Le monastère des Frères Mineurs possède un beau
cloître. Construit en 1301, il fut transformé en
style baroque au XVIIème s. Son intérieur et
richement meublé, on y remarque une peinture
de la Vierge entre les Saints et une dalle au sol
indiquant le caveau de la famille Tartini.
L’église Sainte Marie des Neiges avec sa
fresque de l’Assomption, date de 1414 ; sur la
voûte une peinture en trompe l’œil. Les murs
garnis de marqueterie de l’église Sainte Marie
de la Consolation attirent l’attention.
Portorož / Portorose Cette jolie station balnéaire de 2 900 habitants fait partie de la commune de Piran. Son nom signifie le "port
aux roses". Connue dès le XIIIème siècle pour les effets salutaires de ses boues et eaux salines, c’est
aujourd’hui une station thermale très réputée. Elle possède un complexe de 7 centres de bien-être et de santé
offrant des prestations modernes et haut de gamme. La ville abrite aussi le fameux hôtel Kempinski Palace,
Cloître des
Frères Mineurs
ruelle près du palais prétorien
lieu de villégiature de la société du Haut Empire et des
Habsbourg jusqu’au début du XIXème s. Il a été rénové en
2006 et connaît une seconde jeunesse. Il n’y a rien à
visiter dans cette ville qui possède de grandes plages de
sable fin, des casinos (le 1er fut créé en 1913) avec des
machines à sous, des discothèques, des thermes.
Izola / Isola Comme le signale son nom en italien (Isola) c’était
autrefois une île. Elle est reliée à la terre par un pont en
pierre. Les ruines de son ancien mur d’enceinte ont servi à
combler le bras de mer qui la séparait du continent et elle
compte aujourd’hui plus de 10 000 âmes.
Les Romains ont conquis cette côte au IIème siècle en
battant les Illyriens près de Pula. Mentionnée la 1ère fois
en 972, elle était alors à Venise qui lui
accordait sa protection. Grâce au commerce
du vin, du sel, des poissons et de l’huile
d’olive, la fin du Moyen Age fut prospère.
Touchée par la peste à deux reprises au
XVIème et au XVIIème siècle elle perdit sa
place prépondérante. La découverte d’une
source thermale en 1820 n’eut pas de suites
car le développement de l’industrie du pois-
son à proximité y mit fin. La ville a toujours
gardé le regard tourné vers la mer, ses habitants sont traditionnellement restés des pêcheurs dont on peut
déguster les poissons fraîchement pêchés dans les restaurants de la cité. Ses ruelles médiévales témoignent
aussi d’un riche passé historique. En parcourant les sentiers
de promenade on pourra découvrir l’arrière-pays, lieu de
production d’huile d’olive et de vins locaux.
Koper / Capodistria Koper (50 000 habitants) attire les voyageurs grâce à la
beauté de son centre ville. Située à 10 km au sud de Trieste,
elle est bilingue slovène et italien. Elle accueille le seul grand
port de son pays et y joue de ce fait un rôle stratégique. La
Portorož
le port d’Izola
Koper : le palais prétorien
ville doit son nom aux chèvres. Elle est d’abord appelée Aegida ("caprine") par les Grecs puis Capris, Caprea,
Capre ou Caprista par les Romains. Au Moyen Age la zone appartient d’abord à l’Empire romain d’Orient et est
alors appelée Kaput Histriae, la "pointe de l’Istrie", d’où est tiré le nom italien de Capodistria.
A partir du VIIème siècle les Carantanes, Slaves ancêtres des Slovènes, les Horvates, Slaves ancêtres des
Croates, les Istriens, Romains orientaux venus des Balkans, s’installent aussi en Istrie. Au XIème siècle la région
passe à l’Empire germanique puis devient possession de la République de Venise pendant 500 ans, puis des
Habsbourg et des Impériaux français avant d’échoir pour plus d’un siècle à l’Empire d’Autriche devenu
l’Autriche-Hongrie. En 1917 elle est cédée à l’Italie, puis occupée par les partisans de Tito en 1945 et
rattachée à la Yougoslavie
en 1947. Son image est
fortement marquée par
l’influence vénitienne à qui
on doit entre autre le
magnifique palais prétorien
(XVème s) de style gothique.
C’est aussi une étape gas-
tronomique avec son pain
aux olives et aux figues, ou
encore ses fuži, pâtes façon-
nées à la main. L’occasion
aussi de déguster des pois-
sons marinés, de la morue
séchée ou encore des mou-
les et des calamars.
Strunjan/
Strugnano la "baie de la Lune" et les falaises de Strunjan Le bourg (510 habitants) est situé à 5 km à l’Ouest d’Izola sur la route de Portorož. La baie de Strunjan
interpelle les voyageurs avec ses impressionnantes falaises, faites de couches de flysch sans cesse modelées
par la mer. Elles s’élèvent à près de 80 m au-dessus de l’Adriatique, ceinturant la "baie de la Lune". Ce biotope
unique constitue un habitat pour des plantes méditerranéennes.
Škocjanski zatok C’est la plus grande zone humide saumâtre en Slovénie. Suite à de longues années de remblayage et
d’assèchement, elle est rénovée en 2007 pour étendre la ville et le port de Koper. Paradis pour les amoureux
de la nature, elle accueille 225 espèces d’oiseaux, dont certains sont très rares et viennent y nicher. Des
chevaux de Camargue et des bovins d’Istrie vivent aussi dans les pâturages et assurent l’équilibre de la
végétation dans la partie d’eau douce de la réserve, comme les highlands cattle de Dambach . . .
Sečovlje : aux portes de Piran
on peut découvrir les salines de
Sečovlje qui firent autrefois la
richesse de la région. La produc-
tion locale était en ces temps
directement envoyée à Venise et
une grande partie de la population
y travaillait. Autrefois, à partir du
mois d’avril, les fermiers des
villages voisins se rendaient dans
les marais salants et y restaient
jusqu’à la fin de la récolte. Ils se
plaçaient alors sous la protection
de Saint Georges, toujours célé-
bré aujourd’hui. De nos jours, le
sel est toujours récolté de maniè-
re traditionnelle, comme il y a 700
ans. A l’époque la plus florissante,
400 maisons de saliniers se dres-
saient ici. Hors saison, les hommes
Koper, le palais prétorien
la tour penchée de l’église Saint Valentin
pratiquaient la pêche. Un musée a été aménagé dans une ancienne maison de saliniers près d’un canal artificiel.
Au rez-de-chaussée, la grange à sel. Les deux ouvertures permettaient de rejoindre le canal et les bassins. Le
récipient en bois appelé "albolov" servait à charger 50 kg de sel, récolté après une quinzaine de jours, selon les
conditions météorologiques. Plus il était blanc, plus son prix était élevé. Au 1er étage, les murs n’atteignent pas
le plafond, l’air peut ainsi circuler entre les trois pièces. Des ustensiles et des seaux servant à marquer l’origine
du pain (il n’y avait qu’un seul four pour toutes les familles) sont exposés. A l’extérieur, un moulin servait à
pomper le trop plein d’eau. L’endroit est devenu un parc naturel de 650 hectares qui abrite 270 espèces
d’oiseaux.
Un arrière-pays riche en traditions L’arrière-pays verdoyant de l’Istrie slovène mérite qu’on s’y attarde. Ses charmants villages possèdent une
tradition et une architecture qui n’ont rien à envier aux cités du littoral. On pourra découvrir Črni Kal et la plus
ancienne maison paysanne slovène, la tour penchée de l’église Saint Valentin ou encore le viaduc qui rejoint
Ljubljana, le plus long et le plus haut ouvrage du pays par-dessus et en dessous duquel nous passerons souvent
avec le bus.
L’un des plus vieux villages du pays
mentionné dès le XIème siècle est
Osp, bien connu des grimpeurs
pour sa paroi haute de 200 m. On
peut aussi visiter le château de
Socerb avec, à proximité dans une grotte, la seule église souterraine
de Slovénie qui abrite le martyr Saint Socerb.
Krkavče est un village dont le nom est d’origine celte. Il désigne la
pierre du Ier siècle de notre ère dressée à proximité du village. Elle
est d’origine mystérieuse, haute de 2,5 m et enfoncée d’un mètre
dans le sol. L’image stylisée d’un homme avec les bras tendus et une
couronne de rayons de soleil pourrait
représenter le dieu perse Mithra. C’est un
riche lieu de découvertes archéologiques de
vestiges du temps des Romains et du Moyen
Age. Son église Saint Michel du XVIIème siècle
est l’une des plus riches de l’Istrie slovène.
Kostanona domine une rivière, c’est le plus bel
exemple de hameau istrien. Sa forme ressem-
ble au ramage d’un arbre.
Dans l’arrière-pays de Piran, plusieurs villages
méritent le détour comme Nova Vas classé
monument historique, Sveti Peter (St Pierre)
et sa maison Tonina hiša qui date principale-
ment des XVIIIème – XIXème siècles et qui
témoigne du mode de vie rural jusqu’à la moitié
du XXème siècle. C’était une maison de riches
fermiers qui doit son nom à la dernière
propriétaire, Antonia Gorela.
le château de Socerb