9
24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 | Ce supplément ne peut être vendu séparément Émotion et ferveur pour le défilé des costumes Pages 4-5 La magie au bout de leurs doigts Croiser les auteurs de la prochaine Fête des Vignerons de Vevey, c’est déjà sentir leur passion pour l’événement en cours de création. Ils ont accepté, chacun dans leur domaine, d’en dire un petit peu plus (De b. en haut) Daniele Finzi Pasca (créateur et metteur en scène), Giovanna Buzzi (costumière), Maria Bonzanigo (compositrice principale et directrice musicale), Hugo Gargiulo (scénographe), Jérôme Berney (compositeur), Blaise Hofmann (librettiste), Stéphane Blok (librettiste), Valentin Villard (compositeur). VANESSA CARDOSO Les auteurs au fil des siècles, revue des troupes Pages 10-11 Versdujamais-vu, jamais-entendu àVevey Page 15

L’amour, la joie, La magie au bout une envie de fête de ...°2_20_21... · «Ce n’est pas de la cachotterie» UÉclairage La pression était forte, ils étaient nombreux à vouloir

Embed Size (px)

Citation preview

24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 | Ce supplément ne peut être vendu séparément

Émotion et ferveurpour le défilédes costumesPages 4-5

Les vaches amadouent la zénitude

Pages 10-11

Flore Duboux avait les deux derniers mots

en 1999. Elle a réagi dès les inscriptions

ouvertes pour 2019. Son portrait en page 12.

ODILE MEYLAN

Daniele Finzi Pasca prend la mesure d’un tournant crucial

Page 4

Longtemps, les figurants ont tenu la Fête, sans les pros

Pages 8-9

24 heures | Samedi-dimanche 30 septembre - 1er octobre 2017 | Ce supplément ne peut être vendu séparément

Partenaires Principaux

L’amour, la joie,une envie de fête Ils, elles, vous êtes nombreux à vouloir vivre la Fête des Vignerons 2019, événement à chaque fois unique dans une tradition historique entrée au Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Ce premier de nos douze suppléments vous est dédié.

La magie au boutde leurs doigts

Croiser les auteurs de la prochaine Fête des Vignerons de Vevey, c’est déjà sentir

leur passion pour l’événement en cours de création. Ils ont accepté, chacun dans leur domaine, d’en dire un petit peu plus

(De b. en haut) Daniele Finzi Pasca (créateur et metteur en scène), Giovanna Buzzi (costumière), Maria Bonzanigo (compositrice principale et directrice musicale), Hugo Gargiulo (scénographe), Jérôme Berney (compositeur), Blaise Hofmann (librettiste), Stéphane Blok (librettiste), Valentin Villard (compositeur). VANESSA CARDOSO

Les auteurs au fil des siècles, revue des troupesPages 10-11

Vers du jamais-vu,jamais-entendu à VeveyPage 15

de la période actuelle?Budgétaires. Car c’est l’heure des choix. Nous ne pourrons pas tout faire.La Fête ne bénéficie d’aucune subven-tion publique, c’est depuis toujours le choix de la Confrérie, même si les re-tombées économiques de l’événe-ment sont évaluées à 150 millions de francs pour la région. Mais, pour notrepart, et c’est une autre de nos préoccu-pations, nous ne souhaitons pas, comme organisateur, un traitement de faveur dans nos rapports avec les politiques sur des sujets comme la sé-curité, l’utilisation du domaine public ou le nettoyage, mais nous souhaitons avoir une égalité de traitement par rap-port aux autres producteurs d’événe-ment.Claude Béda

mètres carrés libres se font rares aucentre de Vevey. Deux chiffres: notrepressing de nettoyage pour les costu-mes s’étendra sur 500 m2 et occu-pera 50 personnes jour et nuit. Et nosarènes abriteront 600 haut-parleurs,contre 40 par scène au Paléo.

Vous parvenez à dormir?J’ai besoin de peu de sommeil. Je me suis mis à vivre et à dormir pour la Fête.Parfois, je me réveille la nuit, afin de noter une idée qui m’a traversé l’es-prit. Et puis, j’aime les problèmes. Et réunir les gens. Avec un souci d’éga-lité: je ne suis pas plus déférent à l’égard du directeur artistique qu’avecles bénévoles.

Quelles sont les difficultés

seul ne suffit pas au succès d’un specta-cle.

Et ça se passe bien?Oui, mais notre organisation exigeparfois de savoir avaler des couleu-vres. Il faut travailler pour le bien duprojet et dans le cadre d’un budget.Dans une production comme la nô-tre, un compositeur peut écrire unemusique qui ne sera pas retenue. Cen’est pas si grave. Car cette prépara-tion constitue un immense labora-toire. Enrichissant. Comme ce fut lecas pour Expo.02 (ndlr, dont FrédéricHohl a été le directeur d’exploitation).Ces jours, la complication est de sa-voir ce qu’on va mettre sur les8000 m2 de surfaces sous les arènes.La Fête est un vrai défi logistique et les

hésion. Pour cela, nous devons faire preuve de beaucoup d’anticipation. Par exemple, nous estimons que, du-rant la Fête, celui qui donne de son temps mérite de bien manger. Nous soignerons donc les repas. Ce souci du «détail» vise à désamorcer de potentiels conflits avant et durant la cé-lébration. Je me mets toujours à la place de l’autre. J’ai la même attitude pour le bénévole que pour le futur visi-teur. Afin que ce dernier considère que l’expérience de la Fête soit pleine-ment réussie, il faut éviter la moindre anicroche. Et, dans ce but, nous met-tons du cœur dans notre moteur. Car ilnous faut une véritable implication et un enthousiasme total de l’équipe, desacteurs-figurants et des bénévoles pour obtenir l’effet «waouh». L’argent

entrons dans un organigramme de conduite. Aucun point majeur blo-quant à signaler. Tout roule. Nous avons déjà une belle vision de la Fête: après avoir reçu les intentions de cha-que département nous serons en me-sure de déterminer près de 80% du budget. Il sera entièrement connu ce printemps. Et devrait s’élever entre 70et 80 millions de francs.

Tous les acteurs artistiques et de la logistique sont réunis. Comment faire cohabiter tout ce monde?Toutes les commissions ont déjà été réunies plusieurs fois l’an passé. Main-tenant, jeunes, moins jeunes, bénévo-les, professionnels, Vaudois, Tessinois et internationaux constituent une équipe. Dont il s’agit de renforcer la co-

2 24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 3

L’organisation s’apprête à tour-ner à plein régime, à la fois enmode logistique et en mode

création artistique. Le facteur humain prend de l’importance. Tous les acteursétant réunis, la préparation de la Fête entre dans sa phase la plus dense. Car ilfaut mettre en œuvre des projets maous et, simultanément, peaufiner d’emblée les «détails». Là où peut se ca-cher le diable, selon Frédéric Hohl, di-recteur exécutif.

Où en êtes-vous?Nous sommes… dans les temps. Nous

L’interview

Histoire Reportage Coup de fil à... Arènes En bref

Interview Portrait C’est loin la fête? ??? Dans le vif

PUBLICITÉ

Les équipes commencent à vivre ensemble. Un moment crucial, selon Frédéric Hohl,directeur exécutif

Frédéric Hohl au «Rivage»,

un des centres névralgiques

de la Fête. PATRICK MARTIN

Le cœur de la Fête se met à battre Un tour de SuisseLa Fête des Vignerons va à la rencontre de la population suisse. Dès ce mois de janvier, elle part pour un périple à travers tout le pays. Le voyage commence par l’étape de Château-d’Œx où la Fête est l’invitée d’honneur du Festival international de ballons, du 27 janvier au 4 février. Cette année, la tournée fera escale dans une quinzaine de destinations, sans oublier des haltes en France, en Allemagne ou, encore, en Italie. L’objectif: faire découvrir l’esprit et l’histoire de la Fête, parler de celle de 2019 ou encore amener à mieux connaître le patrimoine viticole et touristique de Lavaux et du Cha-blais vaudois. Il s’agit aussi de susciter la curiosité des visiteurs. Des agents d’accueil seront pré-sents pour répondre à leurs ques-tions et les plonger dans le monde de la Fête des Vignerons et de l’esprit qui la fait rayonner.

PUBLICITÉ

Les premiers travaux débuteront dans neuf mois. FDV

Avant même d’être érigées, les arènes sont pensées «recyclées»

U Dans moins de neuf mois, le sol de la place du Marché sera creusé par endroits: les solides fondations des arènes de la prochaine Fête des Vignerons seront réalisées avant la fin de l’année, promet Daniel Willi, responsable des constructions pour la Fête 2019. «Nous débuterons en octobre, dès le départ du Cirque Knie, et aurons terminé le 19 décembre. Toutes les fondations seront achevées mais rien ne sera visible en surface. Nous rendrons la place à la population pour les fêtes de fin d’année et commencerons l’édification des arènes à proprement parler en janvier.» L’infrastructure monumentale devrait être prête pour mi-mai, afin d’offrir 2 mois de répétition sur place. Les contrats définitifs des

travaux seront signés ce printemps, selon Daniel Willi. Qui se préoccupe en ce moment déjà de l’après-fête: «Nous réglons la question de savoir comment les 700 tonnes de charpente seront réutilisées, en principe par une entreprise de construction métallique.»

Une seule modification a été apportée aux plans des arènes: quatre écrans avaient été prévus en haut de mâts surplombant les gradins. Ils seront déplacés au niveau des quatre scènes secondaires. Les spectateurs auront ainsi moins de mouvements du regard à effectuer entre les écrans et l’espace de la représentation.

D’autres changements prévus?«Comme dans toute construction, il y aura des imprévus, constate Daniel Willi. Cependant nous rationalisons pour faciliter au maximum les montages, démontages et la réutilisation des matériaux.» ST.A.

À suivreHistoire Reportage Coup de fil à... Arènes En bref

Interview Portrait C’est loin la fête? ??? Dans le vif

Ça crée des liens

Avec passion et avec vous.

Partenaire principalwww.bcv.ch

La Fête des Vignerons, patrimoine vaudois et mondial.

PÈSEMOÛT · n.m.Instrument servant àmesurer la densité dumoût et donc à évaluersa teneur en sucres.

Dans le vifdu sujet

Histoire Reportage Coup de fil à... Arènes En bref

Interview Portrait C’est loin la fête? ??? Dans le vif

«Une chose, c’est d’imaginer cescostumes, de les dessiner, une autreest de les voir s’animer et se mettre enmouvement. Avec l’équipe couture,nous avons travaillé durant un moissans relâche pour voir ça. Sachantqu’on touche à une tradition que cha-cun ressent dans ses tripes. Ce n’estdonc pas son poids mais plutôt cetamour fébrile qui m’a impression-née.» Conservés dans les armoires fa-miliales, les costumes en sont l’unedes marques visibles, Giovanna Buzzile sait, mais la créatrice, qui a déjàcousu sa fantaisie sur les plus bellespages lyriques de la Scala au Ma-riinsky de Saint-Pétersbourg, n’a pascillé. La preuve, ses premiers traits decrayon ont été pour les icônes de laFête. «Il faut autant d’éclat que deconfort, ces costumes doivent ac-compagner le mouvement. L’envieétait aussi de croiser tradition et vi-

sion poétique, elle s’incarne dans cespetites touches qui font la différence.Avec, par exemple pour les armaillis,une vache de couleur rouge qui n’estjamais la même d’un costume àl’autre ou alors la forme du chapeauqui change pour chaque conseiller dela Confrérie. C’est ça l’idée! On la re-trouvera dans plusieurs groupes, il yaura des variations sur un mêmethème.»

Ce soir de novembre, l’approba-tion est venue d’un silence auréolé d’enthousiasme avant la libération collective d’une salve d’applaudisse-ments. «J’ai aimé, tout simplement. Ces costumes sont extrêmement bientravaillés. Est-ce que je suis neutre? Jene sais pas, confie Conrad Briguet, membre du Conseil. Mais une chose est sûre, on sent gentiment la Fête ar-river.» Florence Millioud Henriques

«Ce n’est pas de la cachotterie»U Éclairage La pression était forte, ils étaient nombreux à vouloir vivre le premier défilé des costumes. Mais François Margot, combattant les jugements hâtifs comme les méprises, s’est fait sa loi: l’abbé-président n’ouvrira le vestiaire qu’une fois l’ensemble des costumes déterminés jusque dans les détails les plus infimes. Une décision, il l’affirme, qui n’a rien à voir avec la culture du secret. «Ce n’est pas de la cachotterie mais une vraie mesure de protection à l’égard des auteurs. Comme nous sommes encore dans un processus de création et de concertation, je m’interdis de montrer quelque chose d’aussi important qu’un costume qui participe à la teneur et aux couleurs d’une Fête alors qu’il est encore susceptible d’être modifié. Quand on sait l’attachement des acteurs à leur

costume, c’est aussi une question de respect.» Mais, parole d’abbé, la délivrance est pour bientôt! «D’ici mars-avril, des choses seront fixées et pourront ensuite être dévoilées peu à peu. Aboutissement fort après avoir vu des croquis, le défilé de novembre a évidemment été créateur. Dans une vraie affirmation personnelle, Giovanna Buzzi n’a pas eu peur de s’attaquer à une symbolique ou une fibre historique, elle a étudié nombre de planches, de gravures, de dessins pour ensuite laisser parler son imagination dans une vraie volonté d’homogénéité. Mais, à l’écoute, elle sait aussi trouver le juste équilibre entre les besoins concrets et l’esthétique et c’est tout dire… À l’issue de la présentation, certains m’ont dit: «On a vu la Fête, on pourrait presque mourir demain.»

4 24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 5

Les premiers costumes ont défilé,

que la Fête commence

Deuxième étape après la présentation de quelques croquis l’été dernier, 27 prototypes ont été soumis à l’aval de quelques privilégiés. Ils seront dévoilés

publiquement une fois tous les détails arrêtés

L’heureest désor-mais à laprise demesurepour lesfigurants.La com-mission des costumes cherche desbénévoles pour cette immense tâche. SANDRA CULAND

PUBLICITÉ

Nos racines communessont à VeveyNestlé est fière d’être l’undes partenaires principaux dela Fête des Vignerons 2019

www.nestle.ch

Photo

:©NathyPTG—

Shuttersto

ck

«Les couleurs» défilent sous le regard de Daniele Finzi Pasca.

SA

ND

RA

CU

LA

ND

ment, l’envie de la fixer pour la rete-nir. Daniele Finzi Pasca, créateur et metteur en scène de la Fête, et Gio-vanna Buzzi foncent les premiers – té-léphone en mode photo – se mêler au final improvisé du défilé célébrant, enfait, un début.

Humour et poésie«L’abbé-président avait dit: pas de photos. Mais c’était impossible», con-fie la costumière. Pendant une petite trentaine de minutes accrochées à l’éternité, la Romaine – Oscar de la mode 2017 et doigt d’or des spectaclesdu Tessinois depuis 2006, JO de Turinet Sotchi compris – avait couvé ses créations partant à la conquête des premiers regards. L’ensemble des auteurs, la direction administrative, nombre de membres du Conseil de la Confrérie dont Jean-Marc Narbel. «Je n’ai fait qu’une remarque à l’observa-tion des semelles des chaussures quant à leur confort dans la durée, l’abbé-président m’a répondu qu’il al-lait faire le test. Sinon, c’était un mo-ment privilégié, ces costumes sont magnifiques, colorés, vivants, on sentune certaine influence de la comme-dia dell’arte.» Énergique, communi-cative, l’humour pour langage, Gio-vanna Buzzi a incité les fourmis chan-teuses à sortir leurs ailes, les chevaux àgaloper, les gymnastes à faire des

acrobaties et les enfants cocci-nelles à prendre leur envol.Même les effeuilleuses, dansle rôle pour l’occasion

comme tous les autres mo-dèles, n’ont pas hésité

une seconde à montrerl’envers froufroutant deleur costume… de dan-seuses de cancan. Et s’ilfallait une preuve del’énergie galvanisantedu moment, elle étaitlà! Plus de gêne, que dubonheur.

L’ intensité d’un instant fonda-teur, presque volé au pro-cessus créatif, la conscience

d’être à une étape clé accélérant le rythme de préparation de la Fête, el-les étaient là. Absolues! Laissant seul le silence poser la solennité du mo-ment: les 27 premiers costumes 2019 se sont émancipés de la feuille de cro-quis, ils habillent vignerons, dignitai-res, bannerets, Cent-Suisses et Suis-sesses, enfants ou encore chanteurs pour un défilé ultraconfidentiel, un soir de novembre à Vevey. L’assis-tance en oublie jusqu’aux apartés, le souffle suspendu.

«Il y avait ce quelque chose de spé-cialement émouvant dans l’atmo-sphère, je confirme, raconte Sabine Carruzzo, secrétaire générale de la Confrérie. Peut-être ne le sait-on pas mais, pour certains, l’élaboration de laprochaine édition est en cours depuis six ans déjà! Alors, après la présenta-tion des arènes, celle du projet de sy-nopsis, avec ces costumes on touche àquelque chose de très concret. J’ai adoré le brin d’humour pour les ar-maillis, apprécié l’élégance des Cent-Suissesses, ri avec les fourmis chanteu-ses et leur immense abdomen et me réjouis de voir voler les sansonnets. C’est bourré de petites astuces commeleurs ailes dissimulées dans un sac à dos. On a hâte de voir la suite et, en même temps, on y était déjà un petit peu.» Présidente de la commission descostumes, Monique Pugin abonde: «Les auteurs étaient là, c’était in-tense, on a pu voir qu’eux-mêmes y croyaient encore davantage.» Tous ont vécu la ma-gie de ce bascule-

Giovanna Buzzi, costumière.

confiance sans borne en son expé-rience et sa capacité à magnifier le travail de non-professionnels, con-firme l’abbé-président François Margot. Il le sait aussi, comme lui, doté d’une vision à trois dimensions. Dès qu’une idée surgit, elle a immé-diatement une forme, une durée, un mouvement.» Mieux, avant de rejoindre le backstage, Bryn Walters a passé douze ans dans l’art de les exécuter à l’affiche de certains titres phares de la comédie musicale comme Fame, Copacabana et sur-tout Cats. Dans les années 90, c’est le Londonien, formé à Cambridge, qui se glissait dans la fourrure hir-

sute de Macavity, l’antagonistejaloux et dangereux, en

même temps que danscelle de Plato, un matousympa et facile à vivre.Des traits qu’il a égale-ment incarnés pour la

version filmée du musi-cal d’Andrew Lloyd Web-

ber en 1998. F.M.H.

Avoir une ou plusieurs cérémonies d’ouverture ou de clôture de Jeux olympiques à son actif devient presque un lien de famille dans l’équipe artistique de la Fête des Vignerons 2019! Dernier arrivé et choisi par la Confrérie, le chorégra-phe Bryn Walters a attisé la flamme olympique à Athènes, Turin – comme Daniele Finzi Pasca – Van-couver ou encore Londres. Égale-ment au générique de la mise en mouvement des cérémonies officiel-les de jeux du Commonwealth ou panaméricains, le Londonien s’est fait un nom dans le milieu depuis une quinzaine d’années comme chorégraphe principal ou associé. Il a la réputation d’être l’un des rares à savoir maîtriserdes «armées» de figu-rants dignes des plus grands péplums hol-lywoodiens et de possé-der une réelle science des mouvements de foule. «Daniele Finzi Pasca a une

De Cats aux JO, des JO à Vevey

6 24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 7

Bryn Walters, chorégrapheé La culture c’est… Une harmonie globale, une harmonie générale entre les individus de diffé-rentes origines et races. é Une source d’inspiration… La nature.é Un choc esthétique… La réaction du public après ma première chorégraphie d’ensemble.é Le sens de la fête… C’est une célébra-tion de la vie.é Un mot à graver pour l’éternité… La tolérance.é Un patrimoine à léguer… La nécessité de collaborer les uns avec les autres.

Illustration: «Les Vendanges», d’Ernest Biéler, estampe pour la Fête des Vignerons de Vevey, 1905/Photos: VANESSA CARDOSO

Maria Bonzanigo,compositrice principale et direction musicaleé La culture c’est… L’appréciation, le respect des différences, la confrontation. Ce que j’entends c’est que, selon moi, la culture s’ap-précie dans les détails, dans les différences qui ont des racines profondes et qui libèrent de nouvelles énergies pour le futur. L’époque est aux cultures qui se mêlent, ce qui peut être profitable pour mieux se comprendre mais il

faut espérer que nous n’allons pas vers un potage monocolore et fade. Car ce sont lesdifférences qui rendent notre monde si bonet beau à vivre.é Une source d’inspiration… Pour la Fête? Le

bon vin de Lavaux, ceux qui le produisent, sonhistoire. C’est vraiment incroyable de constater

que les façons de le décrire sont infinies avec, à disposition, des siècles d’histoires. é Un choc esthétique… J’en conserve plusieurs, en voici un alors que j’étais petite fille et que je suis arrivée en famille au sommet d’une monta-gne. Voir ce qu’il y avait de l’autre côté, voir cette «mer» de montagnes m’a donné à la fois une sensation d’immense liberté mais aussi de terreur.é Le sens de la fête… C’est le partage, la détente, le renouvellement.é Un mot à graver pour l’éternité… Amour, sans aucun doute.é Un patrimoine à léguer… J’aimerais avoir le temps de bien écrire toute la musique qui s’agite en moi.

Blaise Hofmann, librettisteé La culture c’est… Davantage qu’une rubri-que de journal, davantage qu’un sous-dépar-

tement de l’État de Vaud. C’est peut-être cette force paradoxale qui soude les

membres d’une communauté, tout enleur imposant de porter sur le mondeun regard singulier.é Une source d’inspiration… Laréalité, les gens. Ce que l’on voit, ce

que l’on entend, ce que l’on ressent esttrès souvent plus parlant que la fiction.

é Un choc esthétique… Le costume desarmaillis de la prochaine Fête des Vignerons, dévoilé à quelques chanceux en novembre dernier.é Le sens de la fête… Une parenthèse essen-tielle, un bon investissement, des excès en tout genre pour mieux être ensemble… et qu’im-porte si les lendemains sont un peu doulou-reux.é Un mot à graver pour l’éternité… Chasselas for ever.é Un patrimoine à léguer… Tout ce que l’on m’a donné, et, si possible, une planète pas trop défoncée.

Valentin Villard, compositeur é La culture c’est… Un environnement en deux polari-tés, à la fois rassembleuse, à la fois séparatrice, mainte-nant la tradition tout en décidant de s’en écarter, capable de nous proposer d’une part un divertissement et surtout d’autre part des interrogations, la culture détient cette qualité de viser «l’ailleurs», hors de notre quotidien, ou en le mettant en scène de manière ciblée pourque le message en miroir de ce quotidien soit percutant.é Une source d’inspiration… Une recherche de connexion profonde avec une spiritualité au sens très large du terme, à travers mes nom-breuses marches dans la nature, mes observations contemplatives de celle-ci, et la volonté de ne faire plus qu’un avec mon environnement, comme si l’énergie artistique ne devait pas être une lutte mais au contraire une écoute intérieure.é Un choc esthétique… La Turangalîla-Symphonie (1948), d’Olivier Messiaen, que j’ai eu la chance d’entendre en concert lors du Verbier Festival avant mes études professionnelles de musique. Pour moi qui n’avais pas beaucoup de clés pour entrer dans le monde de la musique contemporaine classique occidentale, ce fut une incroyable révélation.é Le sens de la fête… C’est la manifestation joyeuse et exubérante d’un ressenti au départ très intime.é Un mot à graver pour l’éternité… Le respect des discours personnels. é Un patrimoine à léguer… La sensation que tradition et modernité peuvent effectivement avancer en parallèle et s’influencer.

Stéphane Blok, librettisteé La culture c’est… Une notion intemporelle, c’est ce que nous avons en commun. é Une source d’inspiration… Le pessimisme.é Un choc esthétique… La nature en général.é Le sens de la fête… L’optimisme.é Un mot à graver pour l’éternité… Hasard.é Un patrimoine à léguer… L’espoir.

Daniele Finzi Pasca, créateur et metteur en scène é La culture c’est… Nos rêves, les saveurs que l’on ajoute aux plats que l’on cuisine, les histoires qui font

passer la peur de la nuit auxenfants, les histoires qui

maintiennent à vif lessouvenirs des erreurspassées, la chaleur de lavoix de nos ancêtres. lesidées visionnaires qui

dessinent un meilleurfutur.

é Une source d’inspiration…La vie des autres.é Un choc esthétique… Je me souviens de cette jeune femme vivant dans la rue, devant le Musée d’histoire naturelle de Calcutta. Elle avait un enfant en larmes dans les bras et portait le sari avec une telle beauté! Chaque belle image de la décadence et de la pauvreté me questionne profondément.é Le sens de la fête… C’est se prendre dans les bras, danser, s’asseoir à table, se retrouver exactement là où l’on s’est quitté la dernière fois.é Un mot à graver pour l’éternité… Croireetdouter (J’aime inventer de nouveaux mots). é Un patrimoine à léguer… Des histoires secrètes pour aider à guérir.

Giovanna Buzzi, costumièreé La culture c’est… La culture est bien plus: c’est d’être des créatures humaines pensantes qui se cultivent avec de grands trésors tels que la beauté, les tradi-tions, l’art, la musique, la littérature et toutes les formes de pensée et de vie. é Une source d’inspiration… Les êtres humains et leur rayonnement. é Un choc esthétique… Mon premier opéra et les costu-mes des comédiens et des chanteurs.é Le sens de la fête… Un tourbillon de joies humaines.é Un mot à graver pour l’éternité… Le respect et l’exigence, que ce soit sur le plan humain ou artistique.é Un patrimoine à léguer… La bienveillance et la fraternité, patri-moine qui est aussi celui de la Fête des Vignerons.

Hugo Gargiulo, scénographe é La culture c’est… Des racines et une façon de mettre les gens ensemble. é Une source d’inspiration… L’observation de la nature. Si on regarde bien, tout est là!é Un choc esthétique… Définitivement Icaro. Créé en 1996 par Daniele Finzi Pasca, ce specta-cle a changé ma vision sur l’art de faire du théâtre, il condense à la fois le sens de faire ce travail et toute sa poétique.é Le sens de la fête… C’est partager quelque chose de beau à plusieurs. Être une brique d’un grand pont, entre le passé et l’avenir.é Un mot à graver pour l’éternité… Intuition. Il faut lui faire confiance. Parfois, la connexion n’est pas bonne et on s’énerve, mais il faut lâcher prise et la laisser gagner.é Un patrimoine à léguer… Plus de conscience de l’autre et le respect de notre planète.

Jérôme Berney, compositeuré La culture c’est… L’occasion de rencontrer d’autres gens, d’autres visions du monde, d’autres cultures, de créer des ponts. é Une source d’inspiration… Miles Davis et Charles Ferdinand Ramuz. L’un pour son génie à se renouveler, l’autre pour sa formidable puissance créatrice.é Un choc esthétique… À 13 ans, j’ai reçu le disque Changes du Keith Jarrett Trio. Je ne m’en suis pas encore remis. Un envol, une liberté totale. À pleurer de joie.é Le sens de la fête… C’est sortir du quotidien, se rassembler, s’aimer.é Un mot à graver pour l’éternité… Solidarité. é Un patrimoine à léguer… Des mélodies qui vont droit au cœur.

Une galaxie de Une galaxie de créateurs créateurs en six questionsen six questions

n’est pas un but en soi. Nous, auteurs, restons des artisans. Pour Icaro, l’un denos très grands succès, la déclinaison technique était très réduite. La simpli-cité prend tout son sens lorsqu’on sait la présenter comme un choix et non une condition.»

La simplicité avant tout, la techno-logie à bon escient. Tout est une ques-tion de dosage, en somme, en fonctionde l’âme du spectacle et des attentes: «Aux JO de Turin, la priorité était à la représentation d’une forme de savoir-faire, d’élégance à l’italienne. En Rus-sie, nous étions plus dans la démons-tration de force, immense et gran-diose, probablement la cérémonie la plus ambitieuse jamais réalisée en ter-mes de moyens technologiques à dis-position. À Vevey, on se retrouve dans une situation différente. L’objectif est que 300 000 personnes soient contentes d’avoir payé pour quelque chose et qu’elles aient envie de revenirdans vingt ans, avec leur enfant ou leurneveu, pour la prochaine Fête.» Karim Di Matteo

faut-il y voir un paradoxe? En aucun cas pour Maria Bonzanigo, composi-trice principale et directrice musicale: «La technologie fait partie de la tradi-tion de la Fête. Celle de 1999 exploitait déjà pleinement les moyens du mo-ment et même celle de 1977», ajoute celle qui travaille depuis 35 ans avec Daniele Finzi Pasca.

Il est certain, relève toutefois ce der-nier, que le public s’est habitué à une qualité de son et d’image très sophisti-quée ces vingt dernières années. Qui plus est en tous lieux: au concert, au ci-néma, chez soi ou même dans ses écouteurs en faisant du sport, on est submergés. «De simples chars qui pas-sent, ce n’est plus suffisant, reprend-il.Il faut trouver une forme qui touche lesnouvelles générations.»

Pour les deux auteurs, le maîtremot reste néanmoins «l’émotion». «Celle-ci est amplifiée grâce à l’outil technologique, reprend Daniele Finzi Pasca, mais ça n’enlève rien à l’hu-main. On ne va pas le mettre en avant, on va l’utiliser le mieux possible, mais il

8 24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 9

PUBLICITÉ

«Dans le théâtre en géné-ral, on a toujours lesouci de trouver de

nouveaux moyens de surprendre. Au début, quand le rideau se levait, on dé-couvrait des caisses de bois rafistolées,des bougies pour la lumière. Pour don-ner une ressemblance, créer un es-pace, transporter le spectateur quel-que part, recréer l’effet du temps qui passe. La technologie nous rend au-jourd’hui toutes ces choses plus acces-sibles. Puis on retourne à la bougie.»

Même lorsqu’il évoque le recoursaux moyens techniques de pointe en matière d’événements, Daniele Finzi Pasca ne manque pas de poésie, lui quise revendique plus que jamais du «théâtre pauvre» de ses débuts. Il n’empêche, des événements d’am-pleur aux effets spéciaux et aux moyens hors normes, il en a créé un certain nombre avec sa famille artisti-que. Qu’il s’agisse des spectacles à suc-cès du Cirque du Soleil ou des cérémo-nies de clôture des Jeux olympiques d’hiver de Turin en 2006 et, plus en-core, de Sotchi en 2014, lui et son équipe ont démontré leur savoir-faire. Le choix de la Confrérie des Vigneronsde lui confier la création et la mise en scène de la prochaine Fête relève, à ce titre, de tout sauf du hasard.

De la technologie, il y en aurad’ailleurs dans les arènes de près de 20 000 personnes à ériger sur la placedu Marché. Beaucoup même, et d’un niveau jamais égalé, notamment en ce qui concerne l’image et le son (lire en page 15). «Mais cela commence par les arènes en tant que telles. La visibilité y sera très soignée et chacun des specta-teurs y sera idéalement placé. Là, il y a déjà un défi. Sans compter les trappes et un déroulement avec d’incessantes surprises.»

Technologie et tradition ancestrale,

«À Vevey, la technologie fait aussi partie de la tradition» Quelle place pour le high tech dans les arènes? Pour Daniele Finzi Pasca et Maria Bonzanigo, il reste un vecteur d’émo-tion, non un but en soi

En termes de recoursà la technologie,la cérémonie de clôture des JO d’hiver de Sotchi, mise en scène par Daniele Finzi Pasca et son équipe, avait fait très fort en 2014. VIVIANA CANGIALOSI/COMPAGNIA FINZI PASCA

K Je pense enpremier lieu à labeauté de cetteterre, une beautéquotidienne qu’ilfasse beau oupas. C’est magni-

fique et, en plus, elle me fait vivreH

K Un événement dédié à la vi-gne, à la terre, c’est déjà quelque chose de magnifique mais jus-qu’ici, je l’ai vécu en spectateur. Cette fois je vais y prendre part, ça va être un grand moment et je vais en profiter pleinementH

Daniel Bühlmann, 52 ansDomaine viticole de la commune de Lutry

K Je suis néedans ces vignes,c’est une terre decœur. Je suisdevenue vigne-ronne sur le tardpour reprendre

le flambeau à la retraite de mon père.H

K J’ai assisté aux deux dernières Fêtes comme spectatrice, ce sera ma première en tant que partici-pante. Quand on passe autant d’heures à travailler ces vignes, on peut être heureux d’être honorés par un tel événementH

Corinne Buttet, 55 ansDomaine des Allours et Cure d’Attalens, Chardonne

K C’est une fiertéde travailler uneterre du vignoblede Lavaux, qui estl’emblème detoute une région.J’apprécie ce

travail en lien avec la nature. C’est cela qui est, à mes yeux, le plus gratifiantH

K Je n’avais que 8 ans en 1999. J’ai d’ailleurs fêté mon anniver-saire durant la Fête. Je me sou-viens d’un événement festif et joyeux. Je me réjouis de la redé-couvrir en 2019H

Gaël Cantoro, 26 ansVigneron-tâcheron de la Com-mune de Bourg-en-Lavaux

Les vignerons face aux experts et à nos questions (2)

K Qu’importe laterre sur laquelleon œuvre. Cha-que vigne estdifférente. Moi,j’aime avant touttravailler avec la

nature. Ces jours, la vigne paraît morte. Mais au printemps, elle revivraH

K C’est une superbe fête soute-nue par toute une région, avec un dynamisme exceptionnel. Et qui permet, surtout, de couronner le travail des gens de la terreH

Eddy Bertholet, 52 ans, vigneron-tâcheron, au Domaine des Hospices cantonaux à Ville-neuve et au Clos de Chillon.

K C’est toute mavie. Ma passion.J’aime œuvrer duraisin à la bou-teille. Pour mefaire plaisir, maisaussi à ma fa-

mille, à mes amis et à tous ceux qui vibrent à la beauté de notre région. Dont nous nous attelons, en tant que vignerons, à sortir le meilleurH

K La Fête représente la recon-naissance d’un savoir-faire à Lavaux. Avec tout ce qu’elle a de grandiose. J’ai participé à celles de 1955, de 1977 et de 1999H

Antoine Bovard, 72 ansDomaine Bovard à Cully

K C’est un pres-tige de travaillerdes terroirs argilo-calcaires, dans uneappellation renom-mée! Et de perpé-tuer les gestes des

générations antérieuresH

K J’ai eu la chance de faire la dernière Fête des Vignerons comme Cent-Suisses. Un souvenir magnifique. J’ai hâte de participer à la prochaine, cette fois comme vigneron-tâcheron, en espérant qu’elle maintiendra les traditions comme le Ranz des vachesH

Cyrille Bonjour, 43 ansDomaine Pré-Rocet La Bastide, Yvorne

K Je suis fier deces terres, un trèsbeau morceau de terroir duChablais. Mêmeles terres dont je ne suis pas

propriétaire et que j’exploite depuis 35 ans sont aussi un peu les miennesH

K La Fête est une superbe carte de visite pour Vevey et la Suisse, au retentissement mondial, un événement unique à voir une fois dans sa vie et une belle recon-naissance pour les vigneronsH

Stéphane Borter, 60 ansDomaine de Fontanney, Obrist et Société coopérative d’Aigle

1) Qu’est-ce que cette terre viticole a de spécial à vos yeux?2) Votre vision de la Fête des Vignerons, un souvenir, une envie, un rêve?

K C’est l’une desplus belles ré-gions du monde,la preuve: on esttoujours contentde revenir quandon part. C’est

aussi celle qui fait vivre ma famille depuis des générations. H

K La Fête, c’est à la fois ce mo-ment convivial et cette possibilité de montrer notre métier aux citadins. En 77, je devais être sur les épaules de mon papa, en 99 j’étais porte-drapeau. Là, je serai parmi les vigneronsH

Xavier Bühlmann, 41 ansLa Doges à La Tour-de-Peilz, Château d’Hauteville à St-Légier

24 heures, av. de la Gare 33, 1001 Lausanne Rédacteur en chef: Claude Ansermoz Coordination: Florence Millioud Henriques (24 heures),Marie-Jo Valente et Estelle Bersier (FDV2019) Rédaction: Stéphanie Arboit, Claude Béda, Karim Di Matteo, Florence Millioud Henriques,

Michel Rime Mise en pages: Antoine Blanc, Serge Gros Impression: CIL Centre d’Impression Lausanne SA à Bussigny Marketing: Jean-Luc Avondet Editeur: Tamedia Publications romandes SA Directeur: Serge Reymond, une publication de Tamedia AG. Indication de participations importantes selon article 322 CPS: CIL Centre d’Impression Lausanne SA, Homegate SA, Immostreet.ch SA, LS Distribution Suisse SA, LC Lausanne-Cités SA, Société de Publications Nouvelles SPN SA.

Au cœurde la vie

locale

LE GAZ NATUREL

AU SERVICE DEVOTRE MOBILITÉCONTACT 0800 429 429

«La technologie n’est pas un but en soi, mais un outil. Nous, auteurs, restons des artisans»Daniele Finzi PascaCréateur et metteur en scène de la Fête des Vignerons 2019

«Les Fêtes de 1999 et 1977 exploitaient déjà pleinement les moyens du moment»Maria BonzanigoCompositrice principale et directrice musicale

éléments folkloriques vaudois! JeanMorax, le frère, peintre influencé parles Nabis, dessine les costumes. Levoyage qu’il a fait en Grèce avec Renél’influence magistralement. Ce triolocal s’affiche gagnant des six specta-cles qui exaltent 75 000 personnes.L’air du Chœur des ivrognes emballetout particulièrement les éméchés.

La Fête de 1927 a failli entrer dans lemur: le metteur en scène Edouard Vierne, directeur du Théâtre Munici-pal de Lausanne, a été dégagé à quel-ques semaines de la première et rem-placé par le comédien, metteur en scène et réalisateur français Arsène Durec, vrai sauveur parachuté de Pa-ris. Si Doret a accepté de remettre l’ouvrage sur le métier, René Morax y a renoncé. Le livret échoit au GenevoisPierre Girard et les costumes à Ernest Biéler, dont on a savouré les 16 estam-pes Art nouveau en 1905. On loue la grâce, la tendresse et l’humour du li-brettiste Pierre Girard, mais cette Fêteconfirme la primauté de la musique sur le texte et la mise en scène.

caze en 1865. Sous la baguetted’Henri Plumhof, la musique deHugo de Senger, le maître de GustaveDoret, enthousiasme la foule qui as-siste aux cinq représentations. Le no-taire Currat de Bulle qui chante en so-liste le Ranz des vaches l’emporte àl’applaudimètre.

1905, l’envolée vaudoiseGustave Doret, moins de 40 ans, estdéjà célèbre, lorsqu’il accepted’écrire la première partition duXXe siècle tout en endossant la direc-tion musicale de 1905. Son ami RenéMorax, qui s’est illustré avec desspectacles dans le hangar des tramsde Mézières (futur Théâtre du Jorat)devient le premier véritable poèted’une Fête des Vignerons. Sa drama-turgie bouleverse l’ordre traditionneldes saisons. Tout commence par l’hi-ver pour s’achever avec l’automne etses folles bacchantes enfin interpré-tées par des femmes. Sus aux traves-tis et retour jugé bienvenu à une sym-bolique chrétienne métissée à des

10 24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 11

voue à la peinture, au dessin et àl’écriture. Il conçoit aussi des unifor-mes pour le gouvernement vaudoiset écrit sur l’art dans la Gazette de Lau-sanne. On le retrouve comme Benja-min Archinard et Jules Mülhauser14 ans plus tard avec une casquettesupplémentaire, celle de metteur enscène. C’est lui notamment qui ré-glera la bacchanale écrite par le Grué-rien Pierre Sciobéret. Les décors de1865 sont signés de l’architecte ethomme politique Ernest Burnat, àqui l’on doit l’Hôtel du Lac à Vevey etdu National à Montreux.

En 1889, Burnat est à la mise enscène et Archinard, pour la troisièmefois aux ballets. Un Allemand devenuGenevois d’adoption, Hugo de Sen-ger, invente les notes, le livret de-meure collectif et les costumes sontsignés Paul Vallouy, professeur dedessin à Vevey et artiste peintre aubout du lac. La Confrérie concédera,au fil des années, que son travail et ce-lui de Burnat ne présentèrent «ni lafraîcheur ni la grâce» de ceux de La-

L’histoireHistoire Reportage Coup de fil à... Arènes En bref

Interview Portrait C’est loin la fête? ??? Dans le vif

Mexico que l’Opéra de Lausannevient de redonner. Autour des starsNina Vyroubova, Max Bozzoni et Mi-

chel Renault, une trentaine dedanseurs professionnels

(recrutés dans les théâ-tres de Lausanne, de

Bâle, de Berne et deZurich) encadrentles 300 jeunes fillesdu corps de balletamateur. Un autreParisien, H. R.Fost crée les cos-tumes.

Premières nocturnes

Le chorégraphe Ni-colas Zvereff, né à

Moscou et passé par lesBallets russes, dirige alors

l’Académie de danse lausan-noise. À la mise en scène, le Zuri-

chois Oscar Eberlé, grand manitoudes spectacles d’Einsiedeln. Le duovaudois Hemmerling-Blanc assure

Le duo Doret-Girard marquepourtant longuement les espritsavec la chanson du Petit chevrier:«Je chante et souvent mon cœurme fait peine. J’aurai mes15 ans l’automne pro-chain. Je chante toutseul dans les éboulis,pour rien pour per-sonne, tout l’après-midi, hodiria-dou…»

D i x - h u i t a n splus tard, en 1955,la commémorationchampêtre se «pa-risianise» et se pro-f e s s i o n n a l i s ecomme jamais. Le di-recteur artistique Mau-rice Lehmann (adminis-trateur de la réunion desThéâtres lyriques nationauxfrançais) amène trois danseurs étoi-les de l’Opéra de Paris et l’Harmoniede la Garde républicaine. Un de sessuccès au Châtelet est Le chanteur de

1955Le Parisien Maurice Lehmann

officie comme directeur artistique

musique et livret. Le premier est di-recteur de l’Union Chorale de Veveydepuis 1931 et on doit au second unecentaine de pièces radiophoniques àRadio Sottens, comme on disait àl’époque. 1955 marque les espritsavec les premières représentationsnocturnes. Dans la Feuille d’Avis deLausanne, Charlie Chaplin s’ex-clame: «De ma vie entière, c’est laplus belle chose que j’ai vue en Eu-rope.»

La 10e Fête des Vignerons se pared’un roi-récitant (interprété magis-tralement par Sam Leresche) et re-vient à une dimension mystique ettrès vaudoise. C’est un trio valdo-lé-manique qui accouche de 1977. Char-les Apothéloz et Jean Balissat sontnés à Lausanne, Henri Debluë à Mon-treux. Le quatrième larron, le pein-tre Jean Monod, vient de La Chaux-de-Fonds mais a fait une bonne par-tie de sa carrière de costumier etscénographe au Centre DramatiqueRomand et au Théâtre Municipal deLausanne. C’est à lui que l’on doitaussi la statue géante de Gulliver àExpo 64.

Deux cycles pour le vinL’oncle de François Debluë, le poètede la dernière Fête du XXe siècle, an-nonça vite la couleur: «On pourraitrevenir à l’ancienne distribution:printemps, été, automne, hiver.Deux cycles, celui de la vigne, glori-fiée par la Bacchanale, puis celui duvin nouveau, qui symbolise Pâques.»Il écrit dans La ritournelle du vin nou-veau: «Parler, chanter, suffit plus ànos cœurs/Tournons, sautons, c’estle temps de danser». Apothéloz ren-voie les professionnels à la maison etun nouveau dieu surgit pour l’hiver:Janus au double visage. Les arènessont ouvertes sur le lac. Le dépliantde Jean Monod irradie sur fondsnoirs.

1999 replacera un Genevois aucœur du dispositif. François Rochaixchoisit Jean-Claude Maret, de mêmeprovenance, pour la scénographie.Sur les trois musiciens, deux Vau-dois, Bovard et Hostettler, et le So-leurois Meier. Le chorégraphe,Serge Campardon, possède, lui, unpasseport rouge blanc bleu. Maisabrégeons car l’ultime célébrationdu XXe siècle n’est pas encore entréedans l’histoire. En guise de conclu-sion, on vous laisse, chers lecteurs,recenser le nombre d’auteurs venusde Piogre célébrer la vigne et le vin àVevey.Michel Rime

Vaudois, Genevois et Parisiens, tous louent Bacchus à Vevey

crée costumes et décors. Il est legrand-père allemand naturalisésuisse de Théophile Alexandre, l’amides chats, de Toulouse-Lautrec, Ver-laine et Bruant. Côté textes, signalonsla présence du Genevois Paul de Cha-ponnière et d’Henri Ducret, appa-remment Vaudois, qui écrivent pourla noce une scène de théâtre s’ache-vant sur l’air rousseauiste d’Allons

danser sous les ormeaux. Mais lelivret reste majoritairement

collectif. Cette Fête met leCouronnement des vi-

gnerons au centre.Depuis huit ans, le

lac Léman voit croi-ser des vapeurs quiamènent beaucoupde monde les 8 et9 août 1833. Les pla-ces coûtent entre 1et 3 francs. Les pié-tistes s’indignent:

pour résumer, ilscrient au païen.

Dix-huit ans plustard, en 1851, la Confrérie

remet la vigne et ses labeursau cœur de la ville. Un maître à

danser genevois, Benjamin Archi-nard (élève du Conservatoire de Pa-ris), un musicien genevois, FrançoisGrast, et un costumier en chefautochtone, Pierre Lacaze, endos-sent les honneurs avec le poète valdo-genevois Jules Mülhauser. On doit à

ce vibrant patriote la traduc-tion française du

Guillaume Tell deSchiller. FrançoisGrast est professeurde chant et de théo-rie musicale aubout du lac. Inter-prétée par 800choristes, sa com-position originalerapproche la Fêtedes Vignerons del’opéra. Le poème,

lui, manque tou-jours d’homogénéité.

L’auteur du Traité pra-tique d’instrumentation

moderne écrira aussi la mu-sique de 1865.

On prend les mêmes…Le Vaudois Pierre Lacaze s’est forméà Paris. Vite retiré des affaires, il se

C’ est à partir de 1819 que l’onparle d’auteurs. Avant,tout est affaire collective

sous la houlette des abbés. Pour lapremière Fête du XIXe siècle, il estfait mention d’un maître à dan-ser, en la personne de Da-vid Constantin. Quantau musicien DavidGlady, il arrange desparoles sur des airsconnus.

Le respect de latradition et la glo-rification de la pa-trie se retrouventau cœur de l’évé-nement. Il fautdire que Vaudvient d’accéder austatut de canton. Desanciens Suisses encostume de lansque-nets gardent l’estrade de2000 places et ouvrent lamarche de la parade.

Autre première, vachers et ar-maillis déboulent avec leurs trou-peaux dans l’évocation de l’été etchantent le Ranz des vaches. Le solistede cet air qui brouille les yeux desspectateurs les plus virils n’apparaî-tra, lui, qu’en 1889. Attache-ment fort au pays, même sile sieur Glady est d’ori-gine strasbourgeoise.Il officiait néanmoinsà Vevey. Jean-Phi-lippe Walter, mar-chand drapier etsurtout lieutenant-colonel de l’artille-rie fédérale, or-donne le cortège,signe de sérieux del’événement. Onmanque de détailssur M. Constantin quiéduqua les 730 figu-rants.

En 1833, Samuel, le filsGlady, compose pour la pre-mière fois une musique spécialementdestinée à la célébration. Le maître dedanse Constantin est toujours pré-sent. Et c’est Théophile Steinlen qui

Au cours des XIXe et XXe siècles, la Confrériedes Vignerons fait appel à de nombreuses personnes hors landerneau pour mener ses solennités

1889Genevois

d’adoption, Hugo de Senger écrit

la musique

1851 et 1865Le Genevois François

Grast a écrit la musique de ces deux Fêtes

1905Le trio vaudois: les frères Moraxet Gustave Doret

1977Le metteur en scène Charles Apothéloz porté en triomphe

CO

NF

RIE

DE

S V

IGN

ER

ON

S/C

UR

CH

OD

JE

AN

-CL

AU

DE

/DR

PUBLICITÉ

Il vient de l’univers du cirque. Il a conçu des spectacles où la repré-sentation poétique, présentée à des spectateurs fascinés, peut se passer de mots. Pas étonnant dès lors que, pour Daniele Finzi Pasca, le créateur et metteur en scène de la Fête des Vignerons 2019, l’image doive servir de support sur lequel viendront se greffer les musiques actuellement en créa-tion (lire page 14). «Ce qui se dé-roulera sur scène passe avant tout, textes et musique seront au ser-vice de ces images. Prenez un film de Hitchcock: la tension ne se produirait pas avec un air de Mozart! Maria (ndlr: Bonzanigo, compositeur principal et directrice musicale de la Fête) crée en pen-sant aussi au mouvement, elle qui est aussi chorégraphe.»Comment ce récit musical par-viendra-t-il à intégrer le patri-moine tout en le renouvelant?

«Notre vrai gros défi est que la jeune génération s’attache à la Fête 2019 au point de souhaiter en refaire une autre dans vingt ans. Nous devons toucher les gens dans leur contem-poranéité.» Pour ce faire, point de musique trop érudite. La petite ombre au tableau de l’édition 1999 était en effet la difficulté de retenir et chantonner les airs de la Fête. Pour pallier cela, Daniele Finzi Pasca n’a qu’un mot: «Simplicité»! Il explique: «Afin de raconter en une douzaine ou quinzaine de chansons tout ce qui se passe entre une vendange et la suivante, il faut trouver une forme sublime, conte-nant certes des structures de haute voltige, mais réalisées avec la simpli-cité nécessaire pour être reçues par

un large public. La musique doit embrasser les gens pour les emplir immédiatement d’émotion. C’est un travail très complexe. Ennio Morri-cone a composé de la musique savante aussi bien que des musi-ques de film qui ont imprégné les gens. Notre but est de marquer l’imaginaire de toute une région.»Dans cette aventure, l’intuition a sa place, mais le processus créatif se fait surtout par réécritures successi-ves. «Nous arrivons à ce moment magique et très libératoire où l’al-chimie commence à prendre. Il fallait ce temps pour intégrer à notre grande famille nos «jeunes», qui embarquent pour la première fois dans un projet de cette nature (Blaise Hofmann, Stéphane Blok, Jérôme Berney et Valentin Villard). Avec Maria, ils ont déjà fourni 4 ou 5 pièces musicales qui produisent des réactions positives immédiates. Celles-là, je peux les défendre! Mon

rôle est de leur dire ce qui convient ou ce qu’il faut refaire. Je dois faire comprendre ce que nous avons dans la tête et, tel un chef, parvenir à maîtriser l’harmonie des goûts et des couleurs.»Même écrits, les airs pourront être modifiés au gré de leur adéquation aux tableaux finaux. «La respiration de l’image déterminera la longueur du coup d’archet, image Daniele Finzi Pasca. Comme pour une robe de mariée, qui peut demander 4 ou 5essayages jusqu’à ce que les retou-ches soient terminées. De plus, si la mère de la mariée n’aime pas les fleurs, il faut les changer ou, au minimum, les repeindre sans que cela ne se voie trop. De même, la Confrérie des Vignerons peut jus-qu’au dernier moment trouver par exemple quelque chose trop sombre et nous demander, même en une seule nuit, de faire jaillir le soleil.» Stéphanie Arboit

«C’est le moment magique où l’alchimie commence à prendre»

Battementsde cœur

AU CENTREDE VOS DÉSIRS

CENTRE-MANOR-VEVEY.CH

12 24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 13

symbiose avec les autres créateurs.Après des années d’enthousiasme etde médiatisation, il est revenu à sasolitude. Au silence: «Deux ansaprès l’été 99, je publiais Naissancede la lumière. Une belle librairie deVevey avait organisé une séance dedédicace: je n’y ai pas vu un seul re-présentant de la Confrérie, pasun seul des 5000 figurants, quasiaucun des 240 000 spectateurs.Nous avions vendu 18 000 exem-plaires des Saisons d’Arlevin, alorsque je n’ai eu à dédicacer que cinqou six exemplaires de mon livre: unefameuse leçon d’humilité.»

Mais le poète garde son obstina-tion d’écrire. Depuis 1999, il a pu-blié une douzaine de livres. Des ré-cits, des réflexions, des recueilspoétiques. Le dernier vient de pa-raître: Pour une part d’enfance, auxÉditions Empreintes. Il œuvre en-core, entre autres, sur un récitautour de la seconde mort de La-zare. Un opéra inspiré de La damede la mer d’Ibsen.

«Je rêverais que, si l’on se sou-vient de moi comme l’auteur dupoème de la Fête des Vignerons de1999, l’on s’intéresse aussi au travailqui avait précédé et à celui que jepoursuis.» Claude Béda

ces. J’assistais à certaines répétitionsdes chœurs et des troupes. J’ai lesouvenir de mouvements fantomati-ques d’une foule de figurants, avecFrançois Rochaix à la manœuvre,le soir, l’hiver, dans le froid et l’obs-curité des halles désaffectées desAteliers mécaniques.»

Une leçon d’humilitéDes figurants, il retient l’ambiancechaleureuse et des signes de recon-naissance émouvants: «J’avais créé,sans le penser tout à fait comme tel,un slogan: «Amour et Joie!» Je le re-prenais dans mon texte car j’étaissecrètement curieux de savoir ceque chacun des compositeurs en fe-rait. Des mois après, des gens que jecroisais à Vevey, à Lausanne oudans un aéroport international, mefaisaient signe de la main et me lan-çaient: «Amour et Joie!» J’exprimaislà une urgence dans un monde ma-lade de violences, de conflits, indi-viduels et collectifs. Aujourd’hui, lemonde ne va pas mieux. L’amour etla joie n’en restent que plus ur-gents.»

L’expérience personnelle, pourl’écrivain de Rivaz, aura été le pas-sage du travail solitaire à l’aventurecollective, à l’ouvrage partagé, en

l’esprit analytique que déclenche lalecture silencieuse d’un texte. Celan’excluait pas la critique. Mais il yavait d’abord, si possible, la musi-que du texte!»

Pour les auteurs, la Confrérie desVignerons était avant tout représen-tée par son abbé-président, Marc-Henri Chaudet, et par Jean-Louis Si-

mon, président de la Commissionartistique. «Des personnalités dehaut vol, attentives, intelligentes,et bienveillantes. Respectueusesde notre travail. Cela aura été une denos grandes chances aussi.»

Désigné en 1995, François Debluëa terminé son travail d’écriture enaoût 1996, trois ans avant le specta-cle. «La mise en scène et la scénogra-phie dépendaient largement dutexte. C’est ainsi que j’ai vu naître,peu à peu, le spectacle par séquen-

E n se replongeant dans la Fêtedes Vignerons de 1999, Fran-çois Debluë ne donne pas

dans les souvenirs de vieux combat-tant. Il l’évoque tourné vers le pré-sent et l’avenir de la célébration de2019. «Je me sens proche des auteursromands de la Fête qui se prépare.Ils me font le cadeau de leur amitié.Grâce à eux, je ne me sens pas relé-gué dans les oubliettes de l’histoire.Ils prennent le relais, sans méprispour le travail de leurs prédéces-seurs, tout en innovant: on ne sau-rait rêver mieux! Et ils ont un met-teur en scène qui est un maître del’image.»

L’auteur du poème de la Fête de1999 – Les saisons d’Arlevin – se sou-vient des séances de travail se dérou-lant dans un climat de grandeconfiance. «Avec le metteur enscène François Rochaix, les compo-siteurs Michel Hostettler, Jost Meier,Jean-François Bovard et le scénogra-phe Jean-Claude Maret, le courantpassait magnifiquement. À chaquerencontre, j’apportais mon travail.Je tenais à précéder les musiciens.Je ne leur donnais pas mon texte àlire: je leur en faisais la lecture à voixhaute, afin qu’ils le reçoivent par lesoreilles et le cœur, plutôt qu’avec

Après l’aventure collective,le poète retrouve la solitude

François Debluë se souvient du travailpartagé en symbiose avec les auteurs

de la Fête de 1999. Depuis, il écrit seul. Un nouveau livre paraît ces jours-ci

«En écrivant: «Amour et Joie!» j’exprimais une urgence dansun monde malade de violences»

Depuis 1999, François Debluë a écrit et publié une douzaine de livres. PHILIPPE MAEDER

SA

BIN

E P

AP

ILL

OU

D

«Pour le reste, nous avons été engagéspour amener notre propos sur notre région et la matière vigneronne, avec lesquelles je suis très à l’aise. Je con-nais notre lac, sa force, ses odeurs. Lorsque montent les relents d’égouts avant l’orage. Je fais les vendanges chaque année. Pour que ma fille vienne au monde, nous sommes allés avec ma compagne Fiamma nous pro-mener à Lavaux.» «Nous aussi!» souritJérôme Berney.

Comment rendre le patrimoinedes Fêtes contemporain? «Je ne me pose pas cette question, affirme Sté-phane Blok. Nous cherchons les émo-tions pour toucher les spectateurs. La tradition n’a rien à voir avec un fond de placard poussiéreux. La Fête des Vignerons a toujours été avant-gar-diste: c’est dans son ADN d’écrire de façon moderne et exubérante le rap-port de l’homme à la nature.»

Inspirations réciproquesAvant de se retrouver tous ensemble, le processus créatif se déroule d’aborden tandems – librettistes d’un côté, compositeurs de l’autre. Dont Maria Bonzanigo, compositeur principal et directrice musicale de la Fête. Une nouveauté: «Les créations des Fêtes passées se faisaient sur le modèle de l’opéra: pas de musique avant que le texte n’existe», explique Valentin Vil-lard. Désormais, l’identité se crée par allers-retours permanents entre paro-les et mélodies. «Il nous a fallu un an pour comprendre le langage de cha-cun et l’absorber afin de créer une patte commune, explique Maria Bon-zanigo. En trente-cinq ans de travail commun avec Daniele Finzi Pasca, nous avons créé une poétique ensem-ble, à laquelle il faut intégrer Blaise, Stéphane, Jérôme et Valentin, tout en respectant leurs personnalités pro-pres. Nous devons offrir une danse aux mots.» «En s’inspirant même des gymnastes ou des tenues», souligne Blaise Hofmann. «La costumière Gio-vanna Buzzi nous a beaucoup inspi-rés. À nous de lui retourner ce souffle créateur», constate Maria Bonzanigo. Qui souligne: «Nous aussi cousons sur mesure. Les thèmes des airs doivent être simples, mais développés dans la complexité, avec des orchestrations amenant au sublime. Se baser sur unestructure simple nous permettra de raccourcir ou allonger en fonction destableaux. Penser à l’avance comment se réadapter est nécessaire avec de tel-les arènes.»

Les partitions seront présentéesaux chœurs cette fin d’été. Seront en-suite développées les parties pour or-chestre. Toujours dans la plus grande discrétion: «Laisser les cuisiniers tra-vailler tranquillement prépare l’appé-tit», sourit Maria Bonzanigo.Stéphanie Arboit

canton de Fribourg. Mon grand-père, musicien de fanfare, m’avait fait voir à la TV cette édition-là. J’avais été boule-versé par la musique, et par la transpo-sition du travail de la vigne à tous les as-pects de la vie. Cette idée que cela noustranscendait, nous transportait ailleurs, m’a marqué.» Chez Jérôme Berney, Balissat est aussi présent: «Il disait des choses incroyables dans un film diffusé à l’exposition de la Confré-rie des Vignerons sur la Fête de 1977! Des archives passionnantes, dans les-quelles je me suis plongé pour ce tra-vail. J’ai aussi écouté tous les disques des précédentes éditions.»

L’inspiration se hume donc diffé-remment pour chacun. Blaise Hof-mann s’immerge dans le travail des vi-gnerons: «Je viens d’apprendre à tailler la vigne.» «Et nous avons fait lesvendanges tous ensemble, l’automne dernier, chez le père de Blaise, vigne-ron!» dit Jérôme Berney. L’occasion d’enregistrer toutes sortes de sons, comme le bruit du pistolet à étour-neaux. Stéphane Blok s’est plongé dans l’histoire très ancienne de la Fête.

L e cheminement de leur créationest confidentiel. À peine noussera-t-il permis d’entrapercevoir

quelques notes, cette partition sera pliée pour s’assurer que son titre n’ap-paraisse pas sur la photo. Ce trésor n’estpas gardé dans le coffre-fort d’un sous-sol reculé, mais au 3e étage d’un bâti-ment du centre de Lausanne, dans le lo-cal où a répété jadis le BBFC (quartet dejazz vaudois, à la réputation internatio-nale). C’est là que se réunissent les auteurs romands de la Fête – Blaise Hof-mann et Stéphane Blok pour le livret, Jé-rôme Berney et Valentin Villard pour lamusique.

Entre piano, harmonium et ordina-teur, ces rencontres s’accomplissent sous le patronage symbolique d’un an-cien: «Une partie de la précédente Fête a probablement dû se composer ici», imagine Stéphane Blok. Pour preuve, lepetit «Nunussophone» trône en haut d’une étagère. Soit une trompette mo-difiée par Daniel Bourquin, comparse au sein du BBFC de Jean-François Bo-vard, l’un des compositeurs de la Fête de 1999. Le lien avec les précédents

Les musiques se façonnent à dix mainsLe travail s’effectue en tandems librettiste-compositeur, avant de se retrouverà quatre, puis à cinq. Avec comme préoccupation principale: créer des émotions

Jérôme Berney, Blaise Hofmann, Valentin Villardet Stéphane Blok (de g. à dr.), autour d’un harmonium, dans le local lausannoisoù ils se rencontrent. VANESSA CARDOSO

I l ne peut y avoir de scénographieambitieuse sans une équipe quis’active en coulisses, appuyée

sur des moyens techniques. Etceux-ci s’annoncent hors norme. Lecréateur et metteur en scène Da-niele Finzi Pasca et son équipe pour-ront en effet compter sur une tech-nologie non seulement innovantemais spécialement créée pour l’oc-casion. «Il s’agira d’une Fête des Vi-gnerons du XXIe siècle, on entredans un autre univers, lance Fran-çois Mottier, directeur technique etorganisateur de spectacles son et lu-mière d’envergure. Les fabricantsont même dû se gratter la tête et jesais que cela a trouvé un écho jusquedans les principales entreprisesmondiales.»

Première certitude, on n’aura ja-mais aussi bien entendu les acteurs:«Nous partons sur 400 unités de boî-tes de son, reprend-il. À titre de com-paraison, le Paléo en utilise une qua-rantaine pour sa grande scène. L’ef-fort porte sur l’identification du son:si un choriste chante à gauche, il estaussitôt repéré, et le son se déplaceavec les artistes.»

Les chants et textes arriveront aupublic via huit mâts de 29 mètresdisposés tout autour des arènes. Iln’y en avait qu’un en 1999: «Leshaut-parleurs étaient perchés à50 mètres et surplombaient la scène

bre de 2000, sans compter les kilo-mètres de câbles. Nous aurons aussiun important appareillage de «map-ping» (ndlr: projection de lumière oude vidéos sur des volumes afin de re-créer des images de grande taille enrelief): jusqu’à 42 machines parmiles plus puissantes du marché».

S’y ajouteront quatre écrans LEDde 60 m2 disposés aux extrémitésdes arènes et au milieu des tribuneslatérales. «Ils seront montés sur railset déplacés à la main pour offrir desangles de vue différents selon les be-soins, pour habiller le fond de scène,diffuser les images du spectacle oudes informations de services.» Les«régies de pilotage» culmineront ausommet des arènes sur deux étagesde conteneurs du côté de la salle DelCastillo (ouest). Plusieurs minirégiesseront en outre dispersées dans l’es-pace scénique. Une équipe très in-ternationale d’une trentaine de per-sonnes s’activera en coulisses du-rant les spectacles, soit unevingtaine d’opérateurs aux postesclés et une dizaine pour la régie tech-nique (gestion des figurants, timing,costumes, etc.).

Et que dire de l’écrin? «Des arènesaux proportions de celles de Nîmesou de Vérone, selon Daniel Willi, re-posant sur 700 tonnes de charpentemétallique. Ce qui est intéressant,c’est que par le passé des poutres pré-fabriquées soutenaient la structure.Là, 8000 m2 seront disponibles sousla scène pour la technique, l’accueil,le stockage, etc. Il y aura une vie enpermanence là-dessous.» Karim Di Matteo

principale, se souvient Daniel Willi,président de la commission infra-structures pour 2019. Entre l’or-chestre côté Grenette et les Colombi-nes à l’autre bout au bord du lac, ilfut difficile de mettre tout le mondeen phase.»

L’éclairage ne sera pas en reste entermes de superlatifs: «Si on re-prend la comparaison de la grandescène du Paléo Festival, ce dernierutilise 250 à 300 unités, expliqueFrançois Mottier. Pour la Fête, lessources lumineuses seront au nom-

Vers du jamais-vu et entendu dans les arènesLes moyens techniques son et lumière seront hors norme et faits sur mesure pour la Fête

Les arènes accueilleront une technologie hors norme, notamment les huit mâts pour le son. COMPAGNIA FINZI PASCA

14 24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018 15

Si l’association Daniele Finzi Pasca-Fête des Vignerons 2019 semble aujourd’hui aussi passionnante, passionnée qu’évidente, François Margot l’avoue volontiers, elle n’a eu ni la primauté ni germé immé-diatement dans son esprit. Pour tirer ce fil, il faut remonter le compteur des années à 2012. «Nousétions partis à Berne avec quelques membres du Conseil de la Confré-rie pour prendre la température de la Confédération quant à l’édition à venir. Et c’est dans le sillage de cette discussion que Jean-Frédéric Jauslin, alors directeur de l’Office fédéral de la culture, nous a glissé le nom de Daniele Finzi Pasca. J’ose dire qu’à ce moment-là, n’étant pas aussi fervent d’arts de la scène que je le suis de musique classique, je n’en avais jamais entendu parler.» Le manco vite comblé, vient le temps de la première rencontre à Fribourg. On est toujours en 2012. Le créateur intéressé sur le prin-cipe, la Confrérie approfondit encore sa connaissance du réper-toire et de l’œuvre, mais sa convic-tion est faite, elle veut une Fête qui relève de l’émotion et pas de l’in-tellect comme la dernière! «Avec son langage, celui des sentiments et de la rêverie, avec son sens des effets de surprise et de la magie scénique, Daniele Finzi Pasca entrait parfaitement en résonance avec notre acception d’un specta-cle populaire dans le sens noble du terme.» Sa désignation en 2013, l’équipe artistique nommée en octobre 2015, la certitude des Veveysans est devenue un acte foi. «Daniele pratique le théâtre de la caresse, ce qui veut dire embar-quer le public avec des gestes qui l’entourent, à l’opposé donc de l’esprit qui veut en imposer. Il a aussi beaucoup écouté, s’est im-prégné du travail de la vigne, du quotidien de ses travailleurs, et le synopsis va être à l’avenant: pro-che du geste du vigneron. Mais si c’est quelqu’un de très respec-tueux de la tradition, elle l’ennuie s’il ne peut pas la revivifier un peu, alors on sera entre la tradition (les Cent-Suisses) et l’innovation (les Cent-Suissesses), c’est typique-ment lui. Avec son extrême fraî-cheur, avec sa capacité à toucher de façon très humaine.» F.M.H.

Rendons à Jean-Frédéric…

L’abbé au bout du fil

«Il s’agira d’une Fête des Vignerons du XXIe siècle, on entre dans un autre univers»

François MottierDirecteur technique

«Les arènes auront les proportions de celles de Nîmes ou de Vérone»

DanielWilliPrésidentde la commissioninfrastructures

créateurs s’est, par ailleurs, noué un soir d’été dernier: «Nous avons rencon-tré François Rochaix, François Debluë et Michel Hostettler chez Blaise», se ré-jouit Jérôme Berney, qui avait aussi jouépar le passé avec Jean-François Bovard.

Troisième compositeur de 1999(avec Jost Meier), Michel Hostettler est «devenu un ami» pour Valentin Vil-lard: «Je me suis pris ses airs en pleine figure! Moi qui ne vivais jusqu’alors qu’avec Mozart, j’ai découvert la musi-que moderne à 14 ans, en participant àla Fête de 1999 dans un chœur d’en-fants.» Ses parents l’avaient inscrit en cachette et lui avaient révélé, le jour deson anniversaire, qu’il serait de l’aven-ture. «Dans les années 1960-1970, le nom de Jean Balissat – compositeur de la Fête de 1977 – était important dans le

«Nous devons offrir une danse aux mots»Maria Bonzanigo Directrice musicale

Quelle responsabilité! On le sent, ellecristallise tellement d’attentes et derécits personnels. Impossible de nepas voir cette flamme s’allumer chezceux qui l’ont vécue ou espèrent la vi-vre en 2019. Il y a aussi ce rythme trèsparticulier qui défie les habitudes eten fait un événement hors du com-mun.»

S’amuser en travaillantHugo Gargiulo n’y a peut-être jamaisassisté, par contre, il partage déjà unpeu de son ADN: son histoire à luiaussi s’est façonnée avec la terre, sesleçons d’humilité et ses rythmes. «Jeviens d’une famille italienne arrivéeen Uruguay avec l’amour du vin, cerituel, ce trait d’union entre les gens.Mon grand-père et mon père étaientencaveurs et lorsque j’étais enfant,c’est moi que l’on chargeait de net-toyer l’intérieur des tonneaux.» Lesvacances y ont passé! Comme l’op-portunité de partager l’insoucianced’autres enfants. «Disons que j’ai euun parcours plus intérieur, ce quin’exclut pas le temps du jeu. Il fallaitjuste trouver le moyen de s’amuseren travaillant et… finalement, c’estce que je fais aussi aujourd’hui.»Multiplié par diverses énergies créa-trices comme l’écriture, ce retour àla plénitude des moments à soi, cerecentrage sur les mots, sur une lan-gue maternelle. Les nouvelles tech-nologies le fascinent, oui, mais HugoGargiulo ose leur opposer la nostal-gie du temps où l’hyperconnectiviténe nous faisait pas «perdre leur capa-cité d’être en connexion avec nous-mêmes». Il y a aussi – et bien sûr – cetart de la scène découvert si autre, sibouleversant avec Daniele FinziPasca. Il y a encore la scénographieconjuguant ses amours d’architecte,le rationalisme du Bauhaus d’uncôté, le rapport organique à la ma-tière de l’autre. «J’aime autant réali-ser quelque chose que savoir soncôté éphémère, exactement ce quiva se passer avec les arènes dela Fête. Avec Matteo Verlicchi – monassistant et bras armé de technolo-gies, moi je travaille encore à la main– nous avons réinterprété la proposi-tion de Jean Rabasse (ndlr: premierconcepteur) pour rendre ces arènesréalisables. En augmentant leur ca-pacité, nous avons réussi à créer lesespaces nécessaires au déroulementd’un spectacle dynamique afin dedonner du souffle et la liberté àl’émotion.»

Des vies. Des rêves. Parfois, en ar-penteur de sommets alpins commede cultures du monde, Hugo Gargiulose dit que «ça serait bien de renaître».Mais, réflexion faite, il se dit aussi queson existence migratoire lui a déjà of-fert plusieurs… vies.Florence Millioud Henriques

rin, à Nebbia, à Aïda au Théâtre Ma-riinsky à Saint-Pétersbourg, à La Ve-rità, aux JO de Sotchi, à Bianco suBianco, à Per Te. Les contextes chan-gent, le sillon demeure, tracé dans lemonde des rêves et enrichissant l’his-toire d’un long compagnonnage aveccelle qui est devenue son épouse, lacompositrice et chorégraphe MariaBonzanigo et Daniele Finzi Pasca.Reste un vertige, un seul… Il prend aumoment d’envisager l’avenir par rap-port à tout ce qui a déjà été accompli.«C’était super, inouï même. Parfois,on se dit qu’il faut être inconscientpour se lancer dans certains projetsmais surtout il faut poursuivre et con-forter cet esprit notamment à traversla réussite de la Fête des Vignerons.

toires de la création – cette aspirationsemble même avoir gagné un peu dela lutte contre une certaine timidité.

La liste des réalisations de l’Uru-guayen vient en appui, confirmantune autre volonté, celle d’une poly-valence qui fonde, essentielle commeelle élève, énergisante. Il y a d’abordeu l’envie de bâtir. Pour de vrai! L’étu-diant pense alors «architecture» sansse refuser l’opportunité parallèle dese construire à chaque fois différentsur les scènes du Théâtre pour en-fant. Autant d’êtres et de vies que trèsvite Hugo Gargiulo va aussi imaginer,mettre en scène et entourer d’unmonde tangible où évoluer. Le savoirdevient multiple, il profite à Corteopour le Cirque du Soleil, aux JO de Tu-

16 24 heures | Samedi-dimanche 20-21 janvier 2018

C omme une marque de recon-naissance des piliers dela Compagnia Finzi Pasca,

comme une foi intérieure qui lui ap-partient mais qu’Hugo Gargiulo nedemande qu’à propager, son regardbrille de ce génie de l’onirisme. Il ditaussi l’empathie d’un créateur, heu-reux d’insuffler et de dessiner cettepoésie dans l’espace. Inutile donc delancer le scénographe de la Fête desVignerons sur le sujet, son désir decommunier vibre! Et depuis le temps– l’artiste a 52 ans et à peine moinsd’années sur scène et dans les labora-

Le portrait

Histoire Reportage Coup de fil à... Arènes En bref

Interview Portrait C’est loin la fête? ??? Dans le vif

Hugo Gargiulo migre avec ses rêvesDescendant d’immigrés italiens, le scénographe, acteur et auteur uruguayen, est venu en Suisse, au Tessin, par amour et avec la Compagnia Finzi Pasca

K Je viens d’une famille italienne arrivée en Uruguay avec l’amour du vin, ce rituel, ce trait d’union entre les gens. Mon grand-père et mon père étaient enca-veurs et lorsque j’étais enfant, c’est moi que l’on chargeait de nettoyer l’inté-rieur des ton-neaux.H

CH

AN

TA

L D

ER

VE

Y