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Envie de lire, no 27

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Les coups de coeur des bibliothécaires des Bibliothèques municipales de la Ville de Genève

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Vous tenez entre les mains un recueil éclectique de propositions de lectures concoc-té par vos dévoués bibliothécaires. Vous y trouverez aussi bien des nouveautés quedes classiques, des essais que des bandes dessinées ou des romans, sans oublier lascience-fiction ou les polars, bref, tout ce qui fait la diversité des collections que lesbibliothèques municipales mettent à votre disposition.Nous, bibliothécaires passionnés de lecture, partageons avec vous nos coups decœur dans ces petits textes que nous vous laissons découvrir et dont nous espéronsqu’ils vous donneront envie de lire.

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ABDOLAH KaderLa maison de la mosquéeParis, Gallimard, 2008 (Du monde entier). 475 p.Disponibilité CEN • EVI • MIN • PAQ • SER • STA cote R ABDO

Au cœur de l’Iran et ses mystères ancestraux, l’auteur nous raconte une riche his-toire familiale. Le roman débute comme un conte oriental avec une douce ambianceau cœur de cet oasis qu’est la demeure partagée par trois cousins. Les coutumes sontprésentes sans être oppressantes même si une pointe d’archaïsme fait parfois obs-tacle à certaines esquisses de progrès, la notion de progrès demeurant un vaste dé-bat. C’est l’époque du Shah, d’un islam tolérant et d’Américains trop présents. Maisune ombre plane et c’est sous l’aspect d’un reportage journalistique que le débar-quement de Khomeiny et ses tragiques conséquences nous sont dévoilés. Ce romancondamne le fanatisme et son triste résultat mais il démontre subtilement que nousne pouvons associer tout un pays à ses égarements, tant l’histoire d’un peuple estmultiple. C’est surtout une démonstration où le temps est le grand balai de l’universet où rien ne dure vraiment. Une ode à l’humilité sans doute.

PC

AÏTMATOV TchinguizLe léopard des neigesPantin, le Temps des Cerises, 2008. 300 p.Disponibilité EVI • JON cote R AITM

Dans les lointaines montagnes du Kirghistan se meurt Jaarbarss, le plus grand et leplus valeureux des grands léopards des neiges. Arsène Samanchine, génial journa-liste fantasque au goût immodéré pour les grandes phrases est embarqué à soncorps défendant dans une drôle d’affaire. Il connaît les langues étrangères, il seradonc le guide-interprète des deux princes arabes venus chasser le grand gibier desMonts de l’Ouzenguilesh de l’Asie profonde et abandonnée des oligarques russes.Mais rien ne se passera comme prévu: attentat à demi-manqué, enrichissement es-péré en vain, amours contrariées sont les ingrédients burlesques de ce roman ma-gnifique, drôle et grave en même temps, et peinture naturiste des grands espaces etdes grands espoirs. Un très bon moment de lecture.

MCM

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ATKINSON KateLes choses s’arrangent mais ça ne va pas mieuxParis, Fallois, 2006. 410 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • SER cote R ATKI

Tout commence lors d’un banal accrochage entre deux voitures en plein centred’Edimbourg. Mais de banalité, il n’en est point question dans ce roman construitcomme une toile d’araignée où tous les témoins sont liés de façon obscure et bienmalgré eux! Piégé au milieu de cette toile, nous avons le plaisir de retrouver JacksonBrodie, le détective privé de la Souris Bleue, un précédent roman de Kate Atkinson.Ne reste plus qu’à tirer le fil de ce roman jusqu’au dénouement qui apportera enfinles réponses… Plus qu’un polar, une comédie de mœurs servie par un humour férocesans concession.

JM

ATTALI JacquesUne brève histoire de l’avenirParis, Fayard, 2006. 422 p.Disponibilité BUS • CIT • JON • MIN • PAQ • SER cote 303.4 ATT

Jacques Attali commence par brosser un tableau très clair de l’histoire de l’huma-nité pour ensuite imaginer l’avenir : «Selon la façon dont nous agirons, nos enfantset petits-enfants habiteront un monde vivable ou traverseront un enfer en noushaïssant »... Voici une citation qui situe bien ce brillant essai sur tous nos possiblesà partir d’une analyse ancrée dans le passé. Il existe peut-être une structure del’Histoire permettant de prévoir l’organisation des décennies à venir. Ainsi l’histoirene serait pas une fatalité, il serait même possible de la penser pour mieux la pré-voir. Un livre intelligent qui devrait nous aider à grandir !

CD

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BARLOW TobyCrocsParis, Grasset, 2008. 374 p.Disponibilité EVI • JON • STAcote R BARL

Crocs est un ovni, un roman hors du commun. C’est à la fois un polar, une fantaisiegore, un conte érotique, une tragédie shakespearienne, mais surtout une épopée inté-gralement écrite en vers libres, mêlant l’argot et le lyrisme sur un rythme effréné. Toutse passe dans un Los Angeles crépusculaire. Il y a d’abord Anthony Silvo, un jeune chô-meur au passé douloureux, qui trouve un travail comme attrapeur de chiens dans undispensaire pour animaux, remplaçant un collègue mystérieusement disparu. Mais il ya surtout des gangs mafieux qui se disputent le partage des différents commerces illé-gaux. Derrière ces gangs se cache un secret bien plus lourd: les différents membressont des descendants d’anciennes lignées de chiens-loups garous sanguinaires. Ils sesont tous adaptés et vivent maintenant au cœur de la ville, semant la terreur. QuandAnthony tombe amoureux de l’ancienne maîtresse de Lark, leur chef charismatique, laguerre éclate. Au milieu de tout ce beau monde, l’inspecteur Peabody, un flic solitaire,arrive toujours avec un temps de retard, mais assistera néanmoins au spectacle final.Premier livre de cet auteur américain, Crocs ne lâche pas le lecteur qui s’aventure dansses pages violentes, baignées de descriptions parfois sanguinolentes ou érotiques.

PB

BASHO Le chemin étroit vers les contrées du NordGenève, Héros-Limite, 2006. 77 p.Disponibilité EVIcote 895.6 BAS

Après une vie citadine, le poète Basho décide de s’exiler à la campagne, dans l’isole-ment et la tranquillité. Suite à cette expérience personnelle, il partira sur les routesjaponaises : quatre récits ponctueront ses errances poétiques. Comme ultimevoyage, il décidera de s’aventurer dans les contrées du nord, encore peu connues etdangereuses, face à la mer du Japon et environnée d’une nature sauvage.Accompagné de Sora, un ami poète, ils mettront cinq mois, en partant de Tokyo pouratteindre le point le plus septentrional. C’est ce récit de voyage, entrecoupé de haï-kus, qui est retranscrit ici. Magnifiquement traduit par Nicolas Bouvier, Le cheminétroit vers les contrées du Nord est un recueil d’une très grande originalité et d’uneincroyable modernité, surtout lorsque l’on sait qu’il a été écrit en 1689.

PB

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BAXTER StephenEvolutionParis, Pocket, 2008 (Pocket. Science-fiction). 2 vol.Disponibilité CIT • PAQcote R BAXT

La Terre, 65 millions d’années avant notre ère. Les dinosaures règnent en maîtres etPurga, un petit mammifère qui vit la nuit, tente de survivre en nourrissant et proté-geant ses petits tant bien que mal. La chute d’une comète va bouleverser l’équilibredes choses et permettre aux mammifères d’évoluer, puis aux hominidés de devenirles maîtres de la planète avant de passer le relais à leurs descendants. En 19 cha-pitres, Stephen Baxter nous fait voyager de 65 millions d’années avant notre ère, à500 millions d’années après. Les descendants du petit mammifère originel revêtenttoutes sortes de formes en fonction des changements climatiques auxquels doivents’adapter les différentes créatures issues du lent cheminement de l’évolution et descaprices de Dame Nature, sous peine d’extinction pure et simple.

FG

BEHRENS PeterLa loi des rêvesParis, Bourgois, 2008. 568 p.Disponibilité CITcote R BEHR

Irlande, 1846. La famine jette sur les routes des milliers d’ouvriers agricoles chassésde la ferme qu’ils exploitaient par leur propriétaire qui n’ont plus de quoi les nour-rir. La famille du jeune Fergus, épuisée par la faim, ne sortira pas vivante de l’incen-die qui ravagera sa masure. Avec l’énergie du désespoir et une volonté farouche desurvivre, Fergus se mettra en route lui aussi, tâchant de trouver de quoi gagner unpeu d’argent pour réaliser le rêve qu’il partage avec ses frères de misère :l’Amérique… C’est après bien des péripéties, des crève-cœur, des pertes et des deuilsqu’il embarquera enfin pour le Canada. A travers l’histoire de Fergus, accablé par ledestin mais d’une résilience extraordinaire, on assiste à la naissance de l’Amériquedu Nord telle qu’on la connaît aujourd’hui. Cette épopée tragique racontée sans pa-thos nous rappelle la terrible destinée de l’Irlande, terre accablée par les fléaux.

DM

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BIGGERT DougHitch-hikersBruxelles, Husson, 2007. Non paginé.Disponibilité STAcote 779 BIG

Doug Biggert est né dans les années 40, quelque part dans le Midwest américain. Quandil était étudiant à la fac, il a traversé les cinquante états d’Amérique au volant de sa VWcoccinelle toute pourrie. C’était en 73. En chemin, il croise de nombreux auto-stoppeursqu’il emmène avec lui pour quelques kilomètres ou pour quelques heures de route, his-toire de bavarder un peu. A chaque fois, il les photographie et récolte ainsi presque 500clichés. Dans ces portraits pris «à l’arrache», une collection improbable de gueules sai-sissantes. Il croise des gens ordinaires qui relient de courtes distances, ceux qui font laroute, des voyageurs du bout du monde, des laissés pour compte, des gens en quêted’une autre vie, épris d’une liberté absolue. Trente ans après, Doug Biggert se souvientde la plupart d’entre eux. Il dit que, souvent, ce furent de belles rencontres.

CL

BOLANO RobertoLes détectives sauvagesParis, Bourgois, 2006. 875 p.Disponibilité CIT • JONcote R BOLA

Titre original en espagnol : Los detectives salvajesDisponibilité CIT • JON • PAQcote R6 BOLA

Savez-vous ce qu’est le réalisme viscéral? Moi non plus! et après lecture des 875 pages, jene le sais toujours pas! mais j’ai été emportée par le tourbillon foisonnant du roman deRoberto Bolaño. Qui sont les héros du livre? les poètes du réalisme viscéral Arturo Belano(double de Roberto Bolano) et Ulisès Lima? tous les protagonistes du livre les ont rencon-trés, aimés, détestés, à un moment ou à un autre de leur vie… ou bien, est-ce la mysté-rieuse Césaréa Tinajero qui a disparu dans les années 20? Entre le Mexique, Israël,Barcelone, le Chilien nous entraîne dans des histoires hallucinantes de sexe et de poésieoù l’on ne sait plus très bien ce qui est réel et ce qui est inventé. Au fil des pages, je me suissouvent demandé si les écrivains cités dans la quête des mystérieux Belano et Lima exis-taient vraiment. Mais à chaque fois que je doutais, je découvrais un écrivain bien réel,comme par exemple Théodore Sturgeon, dont Bolaño retranscrit presque intégralementune nouvelle. L’adage qui prétend que tout le reste est littérature se révèle mal choisi pourl’œuvre de Bolano, il faudrait plutôt proclamer que tout est littérature et le reste n’est rien.

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BOUILLIER GrégoireCap canaveralParis, Allia, 2008. 45 p.Disponibilité EVI cote R BOUI

Dans cette courte nouvelle, Grégoire Bouillier raconte «une anecdote intime» assezsurprenante. Il ressuscite le souvenir vibrant de l’aventure d’une nuit avec une jeunelolita. Ce qui pourrait n’être qu’une furtive aventure entre un écrivain et une grou-pie va prendre une tout autre direction, basculant dans un registre différent. Alorsqu’elle l’emmène chez elle, qu’ils traversent l’appartement, surexcités, le narrateurpense se rendre dans la chambre de la jeune femme, mais celle-ci l’attire dans cellede sa mère. Avec des phrases courtes, heurtées, rapides, qui appuient l’urgence dupropos, Grégoire Bouillier tient le lecteur en haleine. Un récit plein d’émotion quiaborde, avec finesse et pudeur, mais aussi avec une grande franchise, les marges dela sexualité.

PB

BREWER Art, STECYK CraigBunker Spreckels, surfeur et divin prince de la décadenceKöln, Taschen, 2007. 215 p.Disponibilité STAcote 305.52 SPR

Issu d’une très riche famille d’entrepreneurs, beau-fils de l’acteur Clark Gable,Adolph «Bunker » Spreckels mène une existence confortable, protégée, et semblepromis à un brillant avenir. Dans les années 60, il découvre le surf à Hawaï et décided’y consacrer désormais tout son temps. Il passe de plage en plage, mène une vie iti-nérante, marginale, trépidante dans laquelle il incarne un idéal libertaire. Beau,doué, passionné, il contribue à l’évolution de cette discipline, crée des planches no-vatrices et s’impose sur les vagues parmi les meilleurs. Une légende du surf est née.A la mort de sa grand-mère, il empoche un héritage colossal. L’ascétisme de sonexistence antérieure est remplacé par des excès en tous genres : alcool, sexe, drogueet rock’n’roll sont quelques-uns des ingrédients d’un cocktail ravageur qui leconsume à petit feu. Insidieusement, il glisse de sa planche, s’enfonce dans le creuxde la vague et se noie à 27 ans, fauché en plein vol, dans la dissidence, l’excès et laprovocation.

CL

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BRICOLA Michel, POTARD DominiqueBerhaultChamonix, Guérin, 2008. 284 p.Disponibilité STA cote 796.522 BER

Un corps qui tombe sans un bruit et disparaît dans les nuages. C’est la dernièreimage de Patrick Berhault qui restera gravée dans les souvenirs de Philippe Magnin.Ce matin du 28 avril 2004, les deux alpinistes viennent d’ajouter un 65e sommet àleur projet démesuré: l’enchaînement des 82 sommets de plus de 4000 mètres desAlpes. Ils évoluent sur une arête enneigée quand soudain… C’est ainsi que disparaîtPatrick Berhault, sans doute l’alpiniste le plus emblématique de ces vingt dernièresannées. Des premiers pas sur les falaises de Monaco jusqu’au sommet de l’Everest, ilaura marqué les esprits par un style et des réalisations hors du commun, alliant sim-plicité, légèreté, vitesse, endurance et engagement. Une approche pure, totale, sansartifices qui aura, sinon révolutionné l’alpinisme, du moins contribué fortement àson évolution. Au-delà de la performance on trouve aussi l’homme: une personna-lité humble, passionnée, enthousiaste, une éthique. A travers ce magnifique hom-mage, on prend la mesure de ce personnage exceptionnel dont l’aura, encore bienprésente aujourd’hui, n’a pas fini d’influencer les amoureux des hauts sommets.

CL

CALLE SophiePrenez soin de vousArles, Actes Sud, 2007. Non paginéDisponibilité STA cote 709.2 CAL

Quand Sophie Calle reçoit une lettre de rupture, elle ne va pas réagir comme vouset moi. Non. Il faut qu’elle extériorise, qu’elle affiche, qu’elle dissèque ses amours enpublic, jusqu’à faire de cet épisode de sa vie une œuvre d’art. Elle demande alors à107 femmes de toutes professions, de l’avocate à la psychologue en passant par l’ac-trice ou la diplomate, leur propre interprétation de cette lettre de rupture. Ce travailaboutit à une exposition à la Biennale de Venise en 2007 puis à un ouvrage, recueilde tous ces témoignages. Prenez soin de vous est un livre à butiner, fascinant par ladiversité des analyses et des points de vue. L’ouvrage est accompagné de 4 DVD.

JM

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CHALANDON SorjMon traîtreParis, Grasset, 2007. 275 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R CHAL

Antoine, luthier parisien d’une trentaine d’années, se prend d’une affection pro-fonde pour l’Irlande du Nord, ses habitants et ses causes indépendantistes. Ses nom-breux voyages à Belfast, où il est logé par des activistes de l’IRA, deviennent sa rai-son de vivre, au point d’en oublier ses propres amis. Témoin de la misère des Irlandais,de la peur, de la grisaille, de la violence dans les rues, il cherche à prêter main forteà ses compagnons, même si son statut d’étranger lui confère une position particu-lière. Et pourtant, une énorme déconvenue l’attend : de maître, un de ses grandsamis irlandais devient traître… Ce roman est un document fort sur le combat poli-tique de l’Irlande du Nord pour son indépendance. Le thème de l’amitié y tient aussiune part primordiale. Mon traître se lit d’une seule traite, grâce à la plume deChalandon et peut-être aussi grâce à un fort goût d’authenticité… Toute coïnci-dence n’est en effet pas fortuite dans cette histoire. Sorj Chalandon a été grand re-porter en Irlande du Nord. Il a obtenu le prix Albert-Londres en 1988. Mon traîtrefait partie de la sélection Lettres frontière 2008.

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CHESSEX JacquesPardon mèreParis, Grasset, 2008. 218 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote 848.03 CH CHE

Jacques Chessex signe un récit poétique qui s’adresse à sa mère, Lucienne, néeVallotton à Vallorbe le 9 mai 1910 et disparue le 5 février 2001. Dans cette longuelettre d’amour posthume, il évoque ses souvenirs, ses regrets et disserte sur le temps.C’est probablement le plus beau portrait de femme qu’il ait écrit. Par une successionde courts textes au style impeccable, fluide et brillant, qui sont à la fois des souve-nirs ou des images et des réflexions ou des pensées, il dresse le portrait de celle qu’ila toujours aimée, mais à qui il a eu tant de peine à transmettre son amour. Unefemme protestante, pudique, digne et simple qui n’aimait pas les romans de son filsqu’elle jugeait « trop sexuel». Au fil des pages, le lecteur découvre un Jacques Chessextouchant, moins angoissé, plus serein, cherchant à affronter la vérité en face.

PB

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CHEYNET VincentLe choc de la décroissanceParis, Seuil, 2008 (L’histoire immédiate). 213 p.Disponibilité CEN • EVI • JONcote 338.92 CHE

Voici une réflexion très intéressante sur le thème de la décroissance. Pourquoi vou-loir toujours plus : plus de croissance, plus d’argent, plus de confort, plus d’objets, deloisirs, de voyages? Et jusqu’à quand? L’économie de marché nous aliène en nousfaisant oublier les valeurs essentielles, en nous emprisonnant dans des schémas ré-ducteurs : alors inventons une autre vie, changeons nos modes de pensée, que nospriorités s’affranchissent des pressions financières de nos sociétés ultralibérales, ou-blions les mondes virtuels superflus et revenons à nous. Sans faire du surplace oumême revenir en arrière, comme l’accusent ses détracteurs, Vincent Cheynet nousapporte ici un regard nouveau et plein d’espoir pour nous et notre civilisation dé-pensière, égoïste, à bout de souffle. Et écoutons le philosophe André Gorz qui nousaffirme que « la sortie du capitalisme aura lieu d’une façon ou d’une autre, civiliséeou barbare»…

MCM

CATHRINE ArnaudLa disparition de Richard TaylorParis, Verticales, 2007. 194 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQ • STAcote R CATH

Qui est vraiment Richard Taylor? Pourquoi cet homme qui menait une vie paisiblede petit-bourgeois dans un quartier tranquille de Londres a-t-il décidé de tout quit-ter en abandonnant son épouse Susan et sa petite fille qui venait de naître? En ap-parence tout allait bien, mais le 16 mai 1998, il a décidé de disparaître. Il a été aperçudans un bar, le Madame Jojo’s, au milieu de la nuit, puis à la station Brixton, dans lamatinée. Les motifs de son départ ne seront élucidés que partiellement et progres-sivement, au fil des récits, de 1998 à nos jours. Le lecteur va découvrir l’histoire decet homme par l’intermédiaire de dix voix féminines, dont sa femme, sa mère, maisaussi une collègue de bureau ou sa voisine. Roman polyphonique et choral, à la foissombre et cruel, qui passe très subtilement du mode burlesque au dramatique.

PB

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CULICCHIA GiuseppeLe pays des merveillesParis, Albin Michel, 2006. 382 p.Disponibilité CIT • EVI • MIN • PAQ cote R CULI

Zazzi est un drôle de zozo. A peine 16 ans, il détonne dans les escaliers du lycée tech-nique où lui sont inculqués des rudiments de comptabilité. Zazzi le zazou se dit fas-ciste, puis punk puis «extrême du centre» et pour ça il conteste, il crie, se bat et as-sène ses convictions avec force démonstration dans les cours d’italien, dans lescouloirs, entre deux bagarres à gauche, à droite. Qu’il est beau ce Zazzi délinquantflamboyant, armé de ses bombes de peinture mauve, enfumé, extravagant, difficileà suivre par son pote Attilio né Atilla, nostalgique, lui de Alice Tresses rousses yeuxbleus , sa sœur adorée partie étudier, apprendre la vie et les bombes à Milan. Un livredrôle, frappant et tendre. Cela se passe en 1977, l’année des attentats, de la luttecontre la capitalisme. Zazzi est un drôle de coco.

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DAENINCKX DidierCamarades de classeParis, Gallimard, 2008 (Blanche). 167 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • MIN • SER • STAcote R DAEN

Cette année, les événements de 68 ont été largement débattus et ont fait l’objet denombreux ouvrages documentés dont beaucoup se trouvent dans les bibliothèquesmunicipales. Parfois aussi, ils ont été source d’inspiration pour des ouvrages de fic-tion, comme ici. Dominique tombe sur un courriel destiné à François, son mari ; ilprovient de Denis qui désire reprendre contact avec ses anciens camarades de classe.Elle va répondre en se faisant passer pour son époux. Plongée dans l’Aubervilliersd’alors, « la banlieue rouge», marquée par la culture communiste puis retour dans leprésent hanté par la peur de François de perdre son travail en raison d’une déloca-lisation. Que sont devenus les enfants de la photo de classe prise lors de la visite del’usine Arthur Martin à Reims? L’un est chimiste, un autre SDF, un troisième est dé-cédé, un prof a été dans les prisons de Franco… Daeninckx, le spécialiste du polar,nous captive quand il décortique une société, des gens aux trajectoires si différentes,jusqu’à nous concocter une chute des plus surprenantes…

RL

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DESCHAVANNE Eric, TAVOILLET Pierre-HenriPhilosophie des âges de la vieParis, Hachette, 2007. 540 p.Disponibilité CIT • EVIcote 128 DES

Le phénomène du jeunisme est présent partout dans nos sociétés occidentales. Au filde l’histoire, la vieillesse a toujours été valorisée (théâtres antique puis classique, fi-gures du patriarche ou de la vieille femme sage et bienveillante) car elle était un abou-tissement logique et souhaité. Maintenant, il serait interdit de vieillir, de paraître vieux,de penser vieux, d’ETRE vieux et la négation de la vieillesse s’inscrit toujours plus dansnotre mode de vie et nos pensées: fuir l’immobilisme, être performant, avoir des pro-jets d’avenir et le plus aliénant, obéir aux diktats de la beauté, de l’apparence et del’éternelle santé. Alors que l’espérance de vie n’a jamais été aussi longue, nous refu-sons l’âge mature, l’expérience et la sagesse n’ont plus la cote. Ce brouillage des âgesest un phénomène récent: loin des rythmes saisonniers et du labeur répétitif de nosancêtres paysans, nous avons perdu les repères et le lent déroulement des cycles del’existence. Le monde de l’entreprise ne célèbre que la vitesse, les performances, l’ar-gent et… le recyclage rapide. Les deux auteurs de cette étude nous engagent à assu-mer notre âge, à retrouver nos passions premières et à accepter le temps qui passe, lesrides et autres outrages, accepter de grandir et mûrir pour mieux vivre.

MCM

DIVAKARUNI Chitra BanerjeeLes erreurs inconnues de nos viesArles, Picquier, 2002. 227 p.Disponibilité CIT • SERcote R DIVA

Ces neuf nouvelles mettent en scène des femmes indiennes émigrées aux Etats-Unis,lestées du poids de leurs traditions qui se confrontent au mode de vie occidental. DansMrs. Dutta écrit une lettre, une mère qui vient vivre chez son fils et sa belle-fille enCalifornie se montre serviable en effectuant diverses tâches comme la lessive et la cui-sine, jusqu’à ce qu’elle surprenne une conversation où sa belle-fille se plaint de la lour-deur des plats indiens, et des impairs commis par sa belle-mère par rapport aux voisins.Dans L’intuition des bêtes sauvages, une sœur retrouve son frère Tarun et réalise que sonancien compagnon de jeux est devenu un étranger, qu’il sort avec des femmes blancheset que le sort de leur mère lui importe aussi peu que l’Inde dont il semble avoir tout re-nié depuis son arrivée aux Etats-Unis. L’auteur traite avec subtilité d’un sujet qu’elleconnaît bien puisqu’elle a elle-même émigré en Californie à l’âge de 19 ans.

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DJAVANN ChahdorttLa muetteParis, Flammarion, 2008. 116 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • MIN • PAQ • SERcote R DJAV

La muette conte l’histoire de deux femmes victimes de l’intolérance dans l’Iran desmollahs. La première est condamnée à être pendue. C’est une muette de 29 ans, quine cache pas ses opinions. Elle vit tête nue et ose dévoiler ses sentiments à l’hommequ’elle aime, sans se soucier de celui à qui elle est promise à son insu. La seconde,Fatemeh sa nièce de 15 ans, connaîtra le même sort pour avoir vengé cette tantequ’elle aime et qu’elle admire pour son indépendance, et son esprit de résistance.Cette dernière livre, depuis sa petite cellule, des instants de vie, d’amour et d’horreur.

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DUBOIS Jean-PaulLes accommodements raisonnablesParis, Olivier, 2008. 260 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • PAQ • SER • STAcote R DUBO

Paul est un homme qui a exercé dans sa vie plusieurs métiers, dont celui de peintre,qui lui permit de rencontrer son épouse, la belle Anna, la fille de son patron.Aujourd’hui, ce père de 3 enfants et grand-père de 2 petits-enfants gagne sa viedans l’audiovisuel. Et justement, on lui propose d’adapter le scénario d’un film fran-çais, «Le désarticulé», à la sauce américaine. Pour cela, il doit laisser Anna à sa gravedépression et s’exiler pour plusieurs mois à Los Angeles auprès de la Paramount. Là,une grosse surprise l’attend, en la personne de Selma, sosie d’Anna… en 30 ans plusjeune… vous devinez la suite ? Paul résistera-t-il à la beauté incandescente dudouble de son épouse ? Se mêlent à cette histoire les relations difficiles de Paul avecson père Alexandre, qui semble avoir absorbé la personnalité de son frère Charles ré-cemment décédé. Dans ce roman, le héros, comme souvent chez Jean-Paul Dubois,est un être sensible et attachant. Cet auteur possède une façon d’écrire pleine deverve et d’humour. En matière de description de scènes cocasses, il n’a pas son pa-reil… il y en a plusieurs dans Les accommodements raisonnables et juste pour cela,ce livre mérite d’être lu!

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FIELDING JoySi tu reviensParis, Laffont, 2008 (Best-sellers). 361 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R FIEL

«Ta mère est en prison. Elle est inculpée de meurtre». Ces deux phrases terrifiantesque lui apprend Ben, son ex-mari, par téléphone vont bouleverser la nouvelle vie ques’est faite à Miami Amanda Travis. Brillante avocate, elle refuse tout d’abord de s’im-pliquer. Sa dernière entrevue avec sa mère, Gwen Price, remonte à dix ans aupara-vant aux funérailles de son père à Toronto, leur relation a toujours été tendue et ellene veut plus remuer le passé. Mais les liens du sang et le besoin de comprendre fi-nissent par la faire changer d’avis. Qui est cet inconnu que sa mère a abattu de sang-froid ? Pourquoi refuse-t-elle obstinément d’expliquer son geste et pourquoi est-ellerésolue à dissimuler ce douloureux secret ? Elle décide d’aider cette mère qui s’estmurée dans le silence, et de tout faire pour trouver les réponses aux questions quila rongent. Au cours de son enquête mouvementée, secrets de famille et fantômesdu passé vont resurgir.

CB

FONTENAILLE EliseUnicaParis, Librairie générale française, 2008 (Le livre de poche; 27065. Science-fiction). 158 p.Disponibilité PAQcote R FONT

A mon avis, ce roman, qui a reçu le grand prix de la science-fiction, n’est pas aboutiau sens où le démarrage laissait présager le meilleur et où, au final, le résultat est unpeu décevant. Il n’empêche, cette écrivaine a une imagination fertile et son romanest intéressant à plus d’un titre. La sœur du héros a mystérieusement disparu à l’ado-lescence et Herb ne s’en est jamais remis. Il est devenu chasseur de pédophiles sur lenet. Tout va relativement bien jusqu’au jour où il s’aperçoit que ses «proies» sont tra-quées et décelées avant son service par une mystérieuse cyber-unité conduite parune mystérieuse Unica… qui punit les coupables en adulte tout en gardant un corpsd’enfant.

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FOURNIER Jean-LouisMon dernier cheveu noir : avec quelques conseils aux anciens jeunesParis, Carrière, 2006. 203 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote 848.03 FOU

Un jour, vous n’êtes plus le fringant retraité aux cheveux cendrés, au teint hâlé etaux rides séduisantes sur qui se retournent les élégantes quinquagénaires dans larue. On ne se retourne plus. Les gens se mettent à vous parler plus fort, c’est éner-vant. Vous n’êtes pourtant pas sourd. Dans les transports publics, on se lève pourvous céder la place. Avez-vous l’air si mal en point? Et quand on vous invite, c’esten plein après-midi, de préférence un jour de pluie, pour aller enterrer une connais-sance. Décidément, il y a vraiment quelque chose qui cloche. Seriez-vous devenuvieux? La soixantaine bien sonnée, Jean-Louis Fournier s’interroge. Homme de télé-vision, écrivain et humoriste, il fut notamment le complice de Pierre Desproges dontil réalisa les épisodes de La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède et le créateurd’Antivol, l’oiseau au sol qui fit le bonheur des téléspectateurs de l’Île aux enfants.

CL

FRAZIER CharlesTreize lunesParis, Olivier, 2008. 521 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R FRAZ

A douze ans Will Cooper est vendu par son oncle. Acheté par un marchand, il doitrejoindre seul un des comptoirs de celui-ci en plein pays cherokee. Will sera adoptépar Bear, un chef indien qui en fera son fils spirituel. Mais en ce début de 19e siècleles blancs envahissent les territoires indiens, chassant ceux-ci vers l’ouest. Will de-venu un riche marchand se battra pour la cause de ses frères indiens, luttant pourque ceux-ci conservent leurs terres et leurs droits. Il découvrira aussi l’amour et l’ab-sence dans les bras de Claire, jeune fille mystérieuse et insaisissable… Treize lunesmêle le destin exceptionnel de son héros, autodidacte passionné de littérature, à lagrande épopée de l’Amérique dans son voyage vers le 20e siècle. Cette grandefresque aussi rude et mouvementée que mélancolique est d’une beauté à couper lesouffle. L’écriture de Charles Frazier déjà auteur de Retour à Cold Mountain magni-fie les grands espaces et la nature ainsi que les destins de ses personnages.

CLR

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GUILLAUME DE RUBROUCKVoyage dans l’empire mongolParis, Impr. nationale, 2007 (Voyages et découvertes). 300 p.Disponibilité PAQ • SERcote 951.7 GUI

En 1236, les troupes mongoles entreprennent la conquête de l’occident sous le règnede Genghis Khan et de ses successeurs, écrasant tout ce qui se dresse contre eux. Enjuillet 1241, ils atteignent Neustadt, près de Vienne. L’empire mongol va alors de la merde Chine à l’Autriche, et constitue encore aujourd’hui le plus grand empire jamais érigésur un seul continent. En décembre 1241, la mort du grand khan Oegödaï met unterme à l’invasion car tous les chefs mongols doivent assister à l’élection du nouveaugrand khan. Les souverains occidentaux envoient alors des émissaires auprès desMongols pour mieux connaître cette culture et parmi eux, Guillaume de Rubrouck,moine franciscain qui part en 1253 sur l’ordre de Saint Louis pour rejoindre Karakorum,capitale des grands khans. Son voyage durera 2 ans durant lesquels il parcourra 16’000kilomètres. Guillaume de Rubrouck est considéré aujourd’hui comme un ethnologueavant la lettre, il passe en revue tous les aspects de la vie quotidienne chez les Mongolset est très attentif aux lieux, distances et climats qu’il rencontre, contrairement auxautres voyageurs de son époque. Son témoignage reste un des textes fondamentauxsur lesquels s’appuie la connaissance de l’empire mongol.

FG

HARRISON JimLégendes d’automneParis, Laffont, 1981 (Pavillons). 286 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQ • SER • STAcote R HARR

Il y a peu de temps j’ai remarqué que Légendes d’automne n’avait jamais été présentédans «Envie de lire». Voici donc cette injustice réparée! Ce classique de Jim Harrison estcomposé de trois courts romans: Une vengeance, L’homme qui abandonna son nom (àmon avis le moins intéressant des trois) et Légendes d’automne dont a été tiré en 1995le film éponyme d’Edward Zwick avec Brad Pitt et Anthony Hopkins. Jim Harrison estun conteur hors pair. En quelques phrases il embarque le lecteur dans son univers, leMontana, le Wisconsin et le Mexique. Son écriture est très visuelle et bien que bizarre-ment construite, sa prose nous agrippe très vite. Il excelle tout autant dans la descrip-tion des lieux, de la nature que dans celle de ses personnages. Vengeance, femmes,guerre, relations père /fils, les histoires que raconte Jim Harrison dans ce livre sont aussirudes que belles, aussi brutales qu’intenses! Ces Légendes d’automne sont une belle le-çon de littérature et d’humanité!

CLR

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HIGSON CharlesL’encombrant Mister KitchenMonaco, Rocher, 2008 (Thriller). 246 p.Disponibilité BUS • CIT • STAcote R HIGS

Un jeune designer londonien surfe sur la vague du succès, cet après-midi il va mêmerecevoir une équipe de journalistes venu l’interviewer pour la plus célèbre revue dedécoration intérieure de Grande-Bretagne. Mais avant ça, il doit recevoir MisterKitchen, qui a répondu à son annonce pour l’achat de sa voiture. Mister Kitchen, pa-thétique représentant de la classe moyenne qui commence à l’ennuyer ferme avecses discours sur le fric et les bourgeois. La situation se gâte, le narrateur envoieKitchen au ciel d’un coup d’une de ses œuvres d’art en fer forgé… Il va maintenantfalloir se débarrasser du corps de cet emmerdeur, pas de souci, on l’enroule dans untapis, on le flanque dans le coffre de sa voiture et on part en campagne. Sauf que…Le héros se fait faucher son portefeuille, n’a plus un rond sur lui, se retrouve à l’ac-couchement de son ex-copine, perd ses clés, bref, illustre à merveille la loi de l’em-bêtement maximal… A tel point que ses aventures deviennent hautement impro-bables (essayez donc de porter un cadavre sur l’épaule sur une échelle alors que vousavez une entorse), mais peu importe, on suit sans les lâcher les tribulations de cepersonnage insupportable d’arrogance qui en devient pitoyable…

DM

HIRSHI ALI AyaanMa vie rebelleParis, Nil, 2006. p. 519 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SERcote 297.5 HIR

Fille d’un opposant célèbre à la dictature de Siyad Barré en Somalie, Ayaan Hirsi Aliprend, à contre-courant de sa culture, sa vie en main. Après avoir connu l’exil trèsjeune, la détresse d’une vie de réfugiée, la difficulté de grandir et de se construire entant que femme, la mutilation et les coups elle rebondit en choisissant un destin dia-métralement éloigné de celui auquel elle était vouée. Elle deviendra une femmelibre, défiant, en même temps que les lois de son clan, les menaces d’islamistes fon-damentalistes. Un itinéraire extraordinaire, à la fois intime et intellectuel, d’unejeune rebelle qui se lit, inutile de le préciser, d’un souffle.

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HONORE ChristopheLa douceurParis, Olivier, 1999. 155 p.Disponibilité CEN • EVI • MIN • PAQ • SERcote R HONO

Dans une colonie de vacances en Bretagne, le corps d’un enfant, Antoine, est re-trouvé mutilé et brûlé. On découvre que les criminels sont deux enfants de onze ans.L’auteur nous raconte ainsi les vacances de Steven qui très vite s’éprend d’un de sesjeunes camarades, Jérémy, avec qui il vit un amour passionnel. Une nuit, ce dernieremmène Steven dans la forêt et là il découvre le corps inanimé d’Antoine et devientmalgré lui complice de l’horreur en le violant, le mutilant et le brûlant au nom decet amour absolu qui fait que Steven suit aveuglement les ordres de son ami jus-qu’au bout du mal. A la voix de Steven qui, des années plus tard, se souvient, se mê-lent celles de son frère aîné Baptiste et de son amie, Aude, la directrice du centre devacances où a eu lieu le drame. Chacun cherche à saisir les responsabilités des en-fants, une raison au déclenchement de la violence. Mais peut-on vraiment expliquerla docilité avec laquelle Steven s’est prêté au jeu macabre de Jérémy ?

CB

HOSPITAL Janet TurnerComme un tigre en cageParis, Serpent à plumes, 1994. 374 p.Disponibilité BUS • CIT • PAQcote R HOSP

« Il se demanda si Emily lui amènerait Adam ce dimanche. Quel âge avait l’enfant?Huit ans. Il avait un petit-fils de huit ans qu’il n’avait jamais vu et dont il ignoraitjusqu’à l’existence trois ans plus tôt. Il sentit monter en lui la rage de toute une vie,tel un caillot, elle s’enflait, fleurissait, déployait ses pétales agglutinés. » Cette rageemprisonne Edward, le tigre déchu. Depuis que sa femme Bessie s’est mis en tête deréunir toute la famille pour leurs cinquante ans de mariage, Edward rumine ses ran-cœurs, l’ingratitude de ses enfants, et surtout le renoncement à son grand amour,Marta. Puis Janet Turner Hospital donne tour à tour la parole à tous les membres decette famille et l’on s’aperçoit que le patriarche qui croyait tenir en main les destinsde tous est encore bien plus déchu qu’il ne l’imaginait…

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HUTH AngelaDe toutes les couleursParis, Quai Voltaire, 2005. 268 p.Disponibilité JON • PAQ • SER • STAcote R HUTH

C’est autour d’un repas que Dan et Isabel, couple marié depuis quinze ans et parentsd’une ado, fêtent le retour à Londres de leur ami Bert. Isabel y convie égalementCarlotta, sa vieille amie, une célibataire volontiers allumeuse. Bert tombe amoureuxd’Isabel et celle-ci, troublée, tente de résister. De son côté, Carlotta n’est pas insen-sible au charme de Bert et Dan succombe à celui de Carlotta… Petits mensonges, se-crets, jalousie : le lecteur se délectera des tourments et des contradictions des per-sonnages qui expriment à tour de rôle leur point de vue et leurs sentiments intimes.Habilement construit, De toutes les couleurs traite du thème de la séduction avecbeaucoup d’ironie. Un roman aussi plaisant que pertinent pour les amateurs de ma-rivaudage.

CLR

HUTH AngelaUn fils exemplaireParis, Quai Voltaire, 2006. 282 p.Disponibilité CEN • SERcote R HUTH

Belle est mariée avec Barney, le maréchal-ferrant du village. Un petit Timothy naîtet Belle est comblée. Sa vie s’écoule, sans histoires, entre son mari et son fils et mêmesi Barney n’est pas un époux très démonstratif, le couple est heureux. Un jour Barneyquitte Belle sans crier gare : il est amoureux d’une autre. Belle encaisse le coup et seréfugie dans l’amour et l’éducation de son fils. Grâce à sa mère dévouée et aimante,Tim devient un jeune homme équilibré. Belle s’autorise une aventure avec unhomme plus jeune qu’elle et découvre la passion. C’est alors que Tim tombe amou-reux à son tour. Désormais plus rien ne sera pareil entre la mère et le fils. Mais l’irré-parable pourra-t-il être évité? Angela Huth explore avec talent et finesse le cœur deses personnages, où se terrent des rancœurs et des non-dits prêts à exploser sousl’effet de la passion.

CLR

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IKONNIKOV AlexandreDernières nouvelles du bourbierParis, Olivier, 2003. 183 p.Disponibilité CIT • EVI • STAccote R IKON

«En fait, la prétendue âme russe se réduit à quatre composantes : la croix russe, lalangue, la vodka et le bonheur dans la souffrance». En prêtant ces paroles à l’un deses personnages, Alexandre Ikonnikov donne le ton des 43 nouvelles qui composentce recueil. Drôle, déroutant, parfois tragique, il met en scène la vie de tous les joursde gens simples dans un empire post-soviétique sclérosé et corrompu, aussi vasteque dépassé. Dans ces petites villes et ces villages de campagne, la vodka règle beau-coup de problèmes et la débrouille est le seul moyen de s’en sortir, la population sup-portant tout cela avec le fatalisme des gens qui savent qu’ils ne sortiront pas de ce«bourbier».

FG

ISKANDER FazilLe buffle Front largeBruxelles, Complexe, 1990. 121 p.Disponibilité CITcote R ISKA

Front large est un brave buffle qui, à tort, accorde sa confiance à l’homme. Ce der-nier va pourtant le trahir en l’emmenant à l’abattoir, « là où les chevaux pleurent».Tout le texte part du point de vue du buffle qui se raconte, qui s’épanche.Evidemment il s’agit également d’une allégorie face à l’obscurantisme de la bureau-cratie, soviétique en l’occurrence, mais la satire pourrait s’appliquer à toute bureau-cratie ! Vous l’aurez compris, il est question ici de trahison, le pauvre buffle «Frontlarge» va très vite le comprendre. Là aussi il y a allégorie face à l’idéal trahi !

CD

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JAUFFRET RégisLacrimosaParis, Gallimard, 2008. (Blanche)Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • STAcote R JAUF

Après Microfictions et ses 500 courtes nouvelles, il était difficile d’imaginer ce queRégis Jauffret pourrait écrire pour se renouveler. Avec le roman Lacrimosa, il par-vient, une fois encore, à surprendre le lecteur. Le livre se présente comme unéchange épistolaire entre deux personnes. Lui, le romancier et narrateur qui écrit àla deuxième personne du pluriel, à celle qu’il aimait mais qui n’est plus. Elle,Charlotte, qui s’est suicidée et lui répond post mortem. Au fil des pages, les deux voixvont se répondre, se faire écho. Et peu à peu le récit bascule, l’auteur se mettant enscène dans une situation instable, s’interrogeant sur l’écriture, sur son pouvoird’aborder des sujets comme la mort ou le suicide. En jouant sur l’opposition entre levrai et le faux et avec une fin inattendue et forte, Régis Jauffret signe un très beauroman d’amour, entre cruauté et tendresse.

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JIANG RongLe totem du loupParis, Bourin, 2008. 565 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • PAQ • SER • STAcote R JIAN

En 1965, en pleine révolution culturelle, Chen Zhen fait partie des jeunes instruitschinois envoyés de Pékin dans la steppe de Mongolie intérieure pour encadrer lespopulations rurales. Au contact des nomades, il va découvrir la vénération que lesMongols vouent au loup dont ils se prétendent les descendants et comment lesloups régulent la vie de la steppe en chassant les animaux nuisibles et en faisantdisparaître les carcasses des animaux morts. Les Chinois, eux, veulent exterminerle loup qu’ils considèrent comme un frein au développement de l’élevage et donccontre-productif, malgré les mises en garde des populations nomades qui tententvainement de les en dissuader. Chen Zhen se passionne pour le loup, mais plus ilen apprend, plus il se rend compte du décalage entre l’enseignement qu’il a suiviet le mode de vie des Mongols, ainsi que de l’antagonisme entre les Chinois, peuplede sédentaires cultivateurs dont le principal souci est de survenir aux besoins im-médiats en nourriture et qui n’ont pas de vision à plus long terme, et les Mongols,peuple de chasseurs-éleveurs nomades, qui vivent en harmonie avec la nature etqui font très attention à ne pas épuiser les ressources qui les entourent. Cet ou-vrage, d’une étonnante actualité en regard des problématiques environnemen-

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tales, s’est vendu à plus vingt millions d’exemplaires en Chine quand bien mêmele message véhiculé peut être compris comme extrêmement critique vis-à-vis dela politique chinoise.

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JOUNDI Darina al-Le jour où Nina Simone a cessé de chanterParis, Actes Sud, 2008 (Bleu). 157 p.Disponibilité CIT • EVI • JONcote 305.420.956.92 JOU

A travers la plume de Mohamed Kacimi, c’est la voix de Darina Al-Joundi que nousentendons, celle d’une femme née en 1968 qui a vécu sa jeunesse dans un Liban enguerre. Le récit commence à la mort du père par cette phrase hurlée par la narra-trice : «Arrêtez ce Coran de malheur». Contre tous, bravant les insultes, les coups, ellepasse du Nina Simone sur le magnétophone afin de respecter les dernières volontés deson père. Il adorait le jazz et Fairuz, détestait la religion, ou plutôt ceux qui la brandis-sent comme arme, prônait la liberté et l’égalité des races et sexes. Marquée par la peuret la violence au quotidien, la jeune Darina va tenter de survivre en profitant de la viecomme si elle devait mourir à chaque instant. Sexe, drogue, alcool, roulette russe, l’ai-deront à se croire immortelle et libre, ce mot que son père adoré lui avait transmis.Jusqu’au jour où la société se chargera de la museler pour l’obliger à rentrer dans lerang. Même sa famille la laissera tomber et l’exil sera son seul salut.

RL

JOSEPHE PascalLa société immédiateParis, Calmann-Lévy, 2008. 247 p.Disponibilité CIT • STAcote 303.483 JOS

La communication a connu deux révolutions: celle née de l’invention de l’imprime-rie par Gutenberg en 1456 et qui a permis la diffusion de l’écrit à grande échelle etla révolution numérique que nous vivons aujourd’hui, foudroyante, sans contrôle,immédiate. La révolution numérique substitue le culte de l’instant à la notion deprojet. La technologie raccourcit le délai entre l’expression des besoins et leur satis-faction. Il en résulte une discordance des temps, une désynchronisation entre letemps individuel et le temps social qui font exploser les rythmes fondant la vie encollectivité. Soumis au bombardement incessant des sollicitations externes, nous ne

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disposons plus du recul nécessaire à la réflexion et à la prise de décision. Gavés d’in-formations et affamés de sens, comment pouvons-nous résister dès lors aux tenta-tions égoïstes, futiles et creuses de l’instant ?

CL

KEHLMANN DanielMoi et KaminskiArles, Actes sud, 2004 (Lettres allemandes). 175 p.Disponibilité BUS • CIT • SER • STAcote R KEHL

Titre original allemand: Ich und KaminskiDisponibilité BUS • CIT • SERcote R3 KEHL

Sebastian Zöllner est un jeune journaliste arrogant et arriviste, en deux mots, qui sela raconte. Flairant le bon coup qui lui assurera succès et notoriété, il décide d’écrirela biographie de Manuel Kaminski, un peintre très âgé et pratiquement aveugle quivit reclus dans un village difficilement inaccessible avec sa fille, qui lui sert à la foisd’agent et de garde du corps. Le culot sans limite de Zöllner lui permettra d’embar-quer le vieil homme dans un road movie jusqu’à celle qui fut son premier amour…Mais le peintre est un dur à cuire et le pathétique journaliste s’enlise dans une en-quête qui ne fera finalement que lui apprendre que son ambition personnelle seheurte à un mur, peu importe la volonté qu’il met à le détruire… Daniel Kehlmannest considéré comme l’un des meilleurs écrivains allemands actuels et son romanvaut le détour pour la psychologie de ses personnages et son écriture fluide.

DM

LAO SheGens de PékinParis, Gallimard, 2000 (Folio; 2473). 333 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQ cote R LAO

Ce recueil d’admirables nouvelles évoque la vie au quotidien des «petites gens» dePékin durant la chute de l’Empire et les premières années de la République. Artisans,policiers, petits fonctionnaires, commerçants, prostituées, sans oublier les tireurs depousse-pousse, tous prennent tour à tour la parole pour témoigner de leurs misères.Le langage parlé, ainsi que leurs propos souvent fatalistes, nous rendent les person-nages très proches et paradoxalement, l’humour est souvent au rendez-vous. La plus

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longue nouvelle de l’ouvrage Histoire de ma vie ne manque pas de nous rappeler sonchef d’œuvre Le pousse-pousse. Ecrivain de renommée internationale, Lao She dé-voile ici une grande sensibilité et une profonde humanité.

TLa

LAO SheLe pousse-pousseArles, Picquier, 1995 (Picquier poche ; 21). 221 p.Disponibilité CIT • EVI • PAQcote R LAO

Lao She nous conte les péripéties de Siang-tse le Chameau, solide paysan, honnêteet travailleur, devenu tireur de pousse-pousse dans un Pékin des années 20, magni-fiquement évoqué. Persuadé que sa constance et son acharnement au travail luipermettront d’acquérir son propre véhicule et de vivre enfin une vie décente, il irade désillusion en désillusion, pour finir écrasé par une société impitoyable où seull’argent compte. C’est sans doute le roman de Lao She le plus célèbre, à juste titre,tant il est vrai qu’on suit avec passion les aventures de son héros si attachant.

TLa

LE BRUN DominiqueHistoires de vieux gréementsBagneux, Sélection du Reader’s Digest, 2008. 159 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • SER cote 623.82 LEB

Gréement, voilà bien un joli mot qu’on déguste les yeux pointés vers le large, le nezaux vents d’ouest. Que dire de ces noms : la Recouvrance, le Sedov, l’Etoile ou leBelem? On frémit au vocable : ris, sloop, goélette, espar, morte-eau, bateau-phare…laissons-nous embarquer dans ce patrimoine unique aux saveurs de sel, écoutonsclaquer les grands-voiles et huniers, vibrons aux cris des marins, des terre-neuvas etautres capitaines. Voici un beau livre, de magnifiques illustrations, que l’on parcourt,ouvre et ré-ouvre sans cesse: un très bon moment de lecture, promesses de voyagesentre coups de vent et coups du sort.

MCM

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LEHANE DennisGone, baby, goneParis, Rivages, 2003 (Rivages /thriller). 387 p. Disponibilité BUS • CIT • EVI • MIN • PAQ • SER • STAcote R LEHA

Titre original anglais: Gone, baby, goneDisponibilité CITcote R2 LEHA

La petite Amanda MacCreary, 4 ans, a disparu un soir de chez sa mère, une margi-nale qui passe son temps devant la télé ou dans un bar louche en compagnie de genspeu fréquentables. Patrick Kenzie et Angela Gennaro, les deux détectives privés missur le coup, réalisent que, le soir de la disparition de l’enfant, sa mère, qui reste cu-rieusement peu concernée par l’affaire, était dans le pire bouge de la ville. Trempait-elle dans des affaires d’escroquerie? S’agit-il d’un règlement de compte? Kenzie etGennaro suivent la piste d’un gros trafiquant à qui Helene MacCreary n’a pas livrédeux cent mille dollars… Cette plongée dans le monde sans pitié de la drogue et destruands ne se fera pas sans adrénaline et sang, mais, hélas, ne permettra pas de re-trouver la petite Amanda… Je ne vous en dirai pas plus, mais sachez que, au-delà del’intrigue, ce livre de Lehane pose la question du bien-fondé de la justice, et de sonapplication qui va parfois à l’encontre du bon sens…

DM

LEPRONT CatherineEsther MésopotamieParis, Seuil, 2007. 212 p.Disponibilité BUS EVIcote R LEPR

Deux femmes gravitent autour de leur soleil, Osias Lorentz, un spécialiste de la sta-tuaire sumérienne, un homme souvent absent qui parcourt la Mésopotamie enchasse de «bimbeloterie», terme qu’Ana, sa gouvernante capverdienne utilise pournommer ses pièces d’antiquités de collection. La deuxième soupirante est la narra-trice qui elle aussi a été hébergée au «161» par le charismatique archéologue pourle seconder comme rédactrice et documentaliste. Pourtant il ne semble pas prêterattention à l’admiration amoureuse de ses colocataires. Il se marie, a des liaisons, di-vorce, mais surtout laisse entendre que son cœur est pris par une mystérieusefemme à qui il ne se serait pas déclaré. S’appelle-t-elle vraiment Esther? L’attend-elle quelque part en Mésopotamie? Pendant vingt ans, ces deux femmes vont se ra-conter une histoire autour de cette liaison. La narratrice prend lentement

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conscience que la douleur d’un amour caché la rend, en fin de compte, heureuse. Unroman qui parle d’amour avec humour dans une langue très maîtrisée.

RL

LOE ErlendMuléumLarbey, Gaïa, 2008. 217 p.Disponibilité CIT • JON • STAcote R LOE

Julie a 18 ans et alors que sa famille est partie faire un voyage en avion elle reçoitun sms: «ON VA S’ECRASER ON T’AIME FAIS CE QUE TU VEUX». Du jour au lendemainelle se retrouve orpheline, à la tête d’une colossale fortune et propriétaire d’une belleet grande maison. Mais sans sa famille, Julie n’a plus envie de vivre et décide demettre fin à ses jours. Pourtant, se suicider n’est pas à la portée de tous et pour Julierien n’est simple, elle refuse de souffrir et veut planifier son suicide dans lesmoindres détails. Elle recherche donc les moyens les plus sûrs pour mourir et surtoutles plus prévisibles. C’est à dire prendre l’avion, déclencher une fatwa, attraper lagrippe aviaire, etc. Mais le sort s’acharne contre Julie et elle échappe toujours à lamort. Heureusement il lui reste son humour et son journal intime auquel elle seconfie et qu’elle nous offre à lire.

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LOURIE RichardLa haine des tulipesMontricher, Noir sur blanc, 2008. 163 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • PAQ • STAcote R LOUR

Comment peut-on détester les tulipes, ces inoffensives fleurs qui à chaque prin-temps sortent leurs magnifiques corolles de couleurs vives? On le peut si l’on s’ap-pelle Joop, que l’on doit manger ses bulbes parce que l’on crève de faim en cet hi-ver 1944 à Amsterdam, et que l’on est encore en vie alors qu’un de ses petits frèresest mort. En se demandant qui a pu trahir la famille d’Anne, Richard Lourie nous livreune hypothèse terrible et banale, comment un enfant mal aimé a tout fait pourconquérir l’amour de ses parents, y compris vendre des adresses de Juifs. Joop auraitpeut-être réussi à tout oublier si la famille en question ne s’appelait pas Frank...

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MacCARTHY CormacLa routeParis, Olivier, 2008. 244 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R MACC

Titre original anglais: The roadDisponibilité BUS • CIT • EVI • PAQ • STA cote R2 MACC

Existe aussi en grands caractèresDisponibilité BUS cote R MACC

Le dernier roman de Cormac MacCarthy est aussi dépouillé que son titre. La route,c’est tout ce qui reste de la civilisation après une catastrophe dont on ne saura quepeu de chose, si ce n’est qu’elle a tout brûlé sur son passage et a laissé la plupart desrares survivants retourner à la barbarie. Sur cette route, nous suivons l’homme et lepetit, un père et son fils dont nous ne saurons pas beaucoup plus. Ils fuient vers leSud, car il faut bien aller quelque part et espérer encore, même s’ils voyagent dansla peur – celle des bandes de méchants et celle de ne rien trouver à manger. La ques-tion du livre est là. Au-delà de la problématique de la survie, dans un monde oùl’apocalypse à déjà eu lieu, peut-on encore rester un gentil? Au-delà de l’espoir, im-possible, peut-on représenter la dernière trace d’humanité, aux yeux de qui? Uneméditation à la fois brutale et poétique sur la transmission des valeurs.

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MacDONALD Ann-MarieLe vol du corbeauParis, Flammarion, 2005. 792 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • STAcote R MACD

Madeleine a 8 ans au début de l’histoire. S’inspirant apparemment largement de sa vie,Ann-Marie MacDonald a su retrouver les mots, le regard, les sensations de l’enfantqu’elle était. En 1962, la famille MacCarthy vient de quitter l’Allemagne pour venirs’établir dans le sud de l’Ontario. Le père, militaire de carrière dans l’aviation cana-dienne, retrouve la base aérienne où il a fait ses classes. Sa famille paraît idéale: unebelle épouse aimante, un fils normalement tourmenté par des crises d’adolescence etune fille qui admire son frère et plus encore son père. Pendant que les hommes tra-vaillent, les femmes se font les ongles, préparent des tartes pour les barbecues du soir

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pendant que les enfants vont sagement à l’école. Et puis, lentement l’atmosphères’alourdit. L’instituteur s’avère être un pervers mais le père est trop préoccupé par l’ar-rivée d’un ancien officier nazi - qu’il a ordre de protéger secrètement - pour se rendrecompte que sa fille ment pour ne pas «faire de la peine». Madeleine va alors grandir,devenir comédienne pour faire rire et ainsi réaliser son rêve d’enfant. Mais un jour elles’effondre de trop avoir tu son secret. Il faut qu’elle se souvienne…

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MAUMEJEAN XavierGothamParis, Baleine, 2007 (Baleine noire). 266 p.Disponibilité CIT • PAQcote R MAUM

Un publicitaire new-yorkais, écrasé par la pression, se suicide de façon particulière-ment explicite : il se fait éclater la tête dans un écrou. Cependant, personne nesemble particulièrement affecté, et surtout pas Jonathan Pyke, la vedette de la pres-tigieuse agence de publicité MacManus. Par contre, lorsque Jonathan rentre chez luiet découvre une rayure sur un mur de sa salle de bain, le monde s’écroule. Il neconçoit pas la vie avec une telle rayure, et va donc s’attacher à la faire disparaîtrepar tous les moyens. Il va alors commencer une étonnante métamorphose qui vacomplètement le transformer et le faire revenir à ses instincts les plus primaux.

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MEIZOZ JérômePère et passeGenève, En bas, 2008. 77 p.Disponibilité JON • PAQ • STAcote R MEIZ

«Et puis d’un coup, on roulait paisiblement dans la campagne, j’ai éprouvé pour la pre-mière fois que père était mortel. On ne le savait pas, et voilà, cela s’impose. Tout estchangé». A partir de cet événement, le narrateur va prendre des notes, se remémorer dessouvenirs, en pensant «tant que j’écrirais, père resterait en vie». En 40 courts textes, avecune écriture épurée qui cherche sans cesse l’essentiel et l’émotion, Jérôme Meizoz dressele portrait de son père, cet homme de la terre, à la stature «colossale», qui n’a pas apprisà montrer ses sentiments, mais qui montre son amour par les actes, qui a élevé seul sescinq enfants à la mort de sa femme et qui a tout fait pour leur offrir un avenir meilleur.Il signe une véritable lettre d’amour, une déclaration à la fois pudique et poétique.

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MUNRO AliceFugitiveParis, Olivier, 2008. 340 p.Disponibilité EVI • JONcote R MUNR

Titre original en anglais: Runaway Disponibilité BUS cote R2 MUNR

Alice Munro est une très grande conteuse. Il n’est pas mince affaire que de rendreincroyables et si beaux ces destins de femmes qui fuient, s’enfuient. L’auteure cana-dienne offre dans chacune de ces huit nouvelles une narration franche, épurée maisenchantante. Le suspense est omniprésent : qui y aura-t-il au bout de la route? unenouvelle vie, un nouveau gris, une autre terre ou rien. Paris réussis : enchantementdu verbe pour des désenchantements bien familiers. Munro est une très grandedame que l’on a envie de suivre…

MCM

NELSCOTT KrisBlanc sur noir : une nouvelle enquête de Smokey DaltonLa Tour d’Aigues, Aube, 2008 (Aube poche). 469 p.Disponibilité PAQcote R NELS

Je viens de découvrir un peu par hasard cette auteure de romans policiers. Les hérosforment un drôle de couple. Il y a Smokey Dalton, un détective noir et pauvre, etJimmy, enfant de la rue, noir et pauvre aussi. Tous deux ont dû fuir Memphis car le FBIles recherche, ou plus exactement recherche Jimmy. Il faut dire que nous sommes en1968, que Martin Luther King a été assassiné, et que Jimmy a vu l’assassin du pasteur.Dans cet épisode, Smokey et Jimmy se sont réfugiés à Chicago. Smokey a beau avoirchangé de nom, le bouche à oreille fait que, très vite, la communauté noire sait qu’ilaide les gens et « fait » le détective. Une dame vient le trouver et lui demande de trou-ver l’assassin de son mari, retrouvé mort dans un parc. Le meurtre date de plusieurs se-maines et Madame Foster a l’impression que la police se désintéresse de l’histoire: unNoir assassiné, même dentiste, n’a guère d’importance. Seule piste, quelques clichéspris par un jeune photographe free-lance, Saul Epstein… Ce polar en noir et blanc nousplonge dans la pesanteur des rapports sociaux de l’Amérique de la fin des années 60,et l’affection réciproque de Jimmy et Smokey ne le rend que plus attachant.

FA

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NICOLINO FabriceLa faim, la bagnole, le blé et nousParis, Fayard, 2007. 178 p.Disponibilités BUS • CIT • EVI • JON • PAQ • SER • STA cote 621.4 NIC

Les biocarburants, promesse de progrès, se dévoilent comme une bombe à retarde-ment à la lecture de ce pamphlet. Et pourtant, nombre de pays ont misé avec en-train sur ce nouvel or vert, souvent sous l’impulsion programmée des lobbies del’agriculture industrielle. Le constat découlant du développement actuel des cul-tures destinées à nos moteurs est alarmant. Sur le plan humain tout d’abord. Le prixde la nourriture de base, les céréales, augmente, rallongeant ainsi la liste des affa-més. Le massacre programmé des ultimes forêts tropicales ou des terres en jachère,pour accueillir ces nouvelles cultures vient ensuite. Ceci annonce une nouvelle ca-tastrophe environnementale. Pour couronner le tout, il semblerait que les biocarbu-rants, ironie du sort, ne soient pas écologiques… Un polluant de plus en devenir,puisqu’il faut bien que nos voitures continuent de rouler si le pétrole venait à dis-paraître. Car, malgré tout, ces constats n’entameront certainement pas notre atta-chement viscéral au véhicule privé.

PC

O’FARRELL MaggieL’étrange disparition d’Esme LennoxParis, Belfond, 2008 (Littérature étrangère). 231 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • STAcote R OFAR

Existe en grands caractèresDisponibilité BUS

A 76 ans, Esme Lennox sort de l’asile psychiatrique de Caulstone à Edimbourg. Esmeretrouve le monde extérieur après 60 ans d’internement et son seul soutien est Iris,sa petite-nièce qui n’avait jamais entendu parler de cette grand-tante auparavant...Comment une jeune fille de seize ans parfaitement saine d’esprit a pu être internéependant si longtemps et disparaître ainsi de la mémoire familiale? Peu à peu desliens vont se tisser entre les deux femmes et Iris va découvrir qui est Esme. Dans lesannées 30 la famille Lennox vit aux Indes. Les deux sœurs, Kitty et Esme, connais-sent la vie dorée des riches colons. Suite à un drame, la famille quitte les Indes et re-tourne en Ecosse. Très vite Esme, jeune fille pleine de vie, détonne au milieu de labourgeoisie d’Edimbourg. D’Inde à l’Ecosse, des années 30 à nos jours ce roman dé-peint à travers la destinée des sœurs Lennox celle de toutes les femmes alors : l’en-fermement dans une vie régie par les conventions sociales… ou l’asile. Ce récit fort

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habilement construit révèle, par petites touches, celles de la mémoire (péniblement)retrouvée le secret d’Esme. La machination dont elle a été victime est si terriblequ’elle risque de vous hanter encore quelque temps après avoir refermé ce livre !

CLR

O’NEILL HeatherLa ballade de BabyParis, 10/18, 2008 (Littérature étrangère XXIe). 378 p.Disponibilité CITcote R ONEI

Baby, douze ans, vit à Montréal avec son père Jules, un héroïnomane fauché et im-mature. Follement attachée à ce père irresponsable, Baby raconte son quotidien avecnaïveté et fraîcheur, même si celui-ci ne ressemble pas vraiment à celui de ses ca-marades de classe. Pas d’argent, pas de logement fixe, pas de repères, l’horizon deBaby se limite aux quartiers glauques de Montréal entre toxicos et prostituées.Lorsque Jules est hospitalisé, le quotidien fragile de Baby bascule. Foyers, famillesd’accueil, la fillette confrontée bien trop tôt à la violence des adultes sombre à sontour… Un récit fort empreint d’espoir et d’optimisme sur la capacité de chacun à re-bondir et à transformer sa vie. Premier roman de la canadienne Heather O’Neill, Laballade de Baby est inspiré de sa propre enfance.

CLR

PADGETT AbigailPetite tortueParis, Rivages, 2006. (Rivages /Noir). 387 p.Disponibilité PAQcote R PADG

Singulière héroïne que cette assistante sociale américaine d’origine irlandaise auxservices de l’enfance à San Diego, non loin de la frontière mexicaine! Bo souffre detroubles bipolaires. Chaque jour, elle avale consciencieusement des petites pilulescensées stabiliser son humeur. Malgré tout, l’empoisonnement d’un bébé dont lamère est une chanteuse d’origine guatémaltèque la bouleverse. Heureusement leditbébé, qui se prénomme «Petite Tortue» selon les Mayas, s’en sort, mais ce n’est pasle cas de sa chanteuse de mère qui elle, ne résiste pas à une injonction de cyanure…Entre réflexion sur la maladie mentale et sur la culture des Mayas, Abigail Padgettlivre une enquête originale, fine et prenante. A découvrir !

FA

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PADGETT AbigailLe visage de pailleParis, Rivages, 1997. 362 p.Disponibilité CIT • EVI • MIN • PAQ • STAcote R PADG

Bo Bradgett, représentante des Services de la Protection de l’enfance de San Diego,est chargée de s’occuper de la sœur d’une enfant de trois ans victime d’un viol bar-bare qui n’a pas survécu à ses horribles blessures. Décidée à mener sa propre en-quête, la jeune femme qui souffre par ailleurs d’une maladie psychique se sert desphases euphoriques de son humeur pour aller encore plus loin dans la recherche ducoupable, un pédophile féroce et sanguinaire, en détectant des indices impercep-tibles pour les autres. Rien ne lui échappe, ni les odeurs, ni les textures, ni les mi-miques des protagonistes de cette histoire haletante, écrite sur un rythme vif et trèsefficace. Ce polar terrifiant se dévore néanmoins avec grand plaisir grâce à un styleet un vocabulaire riches décrivant avec aisance les émotions des personnages.

MCM

PARKS TimLe silence de CleaverArles, Actes sud, 2007. 381 p.Disponibilité BUS • CIT • SER • STAcote R PARK

La publication d’un roman signé par son fils provoque un choc chez son illustre père.Celui-ci, grande figure des médias anglais, se retrouve en filigrane dans cette pseudofiction, sous un jour peu flatteur. Il perçoit dans cette rédaction un règlement decompte familial. L’émotion brutale qui le taraude dès lors pousse notre homme àprendre la décision de tout quitter au plus vite. Il fuit dans le sud Tyrol afin de secouper de son univers habituel, son projet essentiel étant d’arriver à se libérer de cequi l’oppresse où qu’il soit ; le moindre son de la civilisation, la télévision, l’ordina-teur et le natel. Trouvant refuge dans une vieille cabane et vivant un quotidien ar-chaïque, il se dépouille du superflu. Il peut ainsi se retrouver totalement seul, espé-rant détenir au fond de lui la solution à sa crise existentielle. Mais son nouvelenvironnement spartiate ne lui permet pas forcément de faire abstraction de ces re-grets lancinants. Loin de la société du spectacle, qui le faisait briller, il se découvreterne et fait un bilan sans fard de sa vie.

PC

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PESKOV VassiliErmites dans la taïgaArles, Actes Sud, 1992 (Terres d’aventure). 237 p.Disponibilité CIT • EVI • JON cote 915.7 PES

Grand reporter à la Komsomolskaïa Pravda, Vassili Peskov nous conte l’incroyable dé-couverte par des géologues durant l’été 1978 d’une famille de «vieux-croyants», lesLykov, réfugiés au plus profond de la taïga depuis plus de 40 ans afin de perpétuer leursrites et vivre leur religion à l’abri du monde moderne et de ses lois, «ce siècle plein detentations, de péchés et d’outrages à Dieu». On découvre avec stupéfaction leur vie auquotidien, cloîtrés dans une cabane misérable durant les interminables hivers sibérienset l’on suit avec émotion la tentative de la plus jeune d’entre eux, Agafia, de se ré-adapter au monde, elle qui n’a jamais connu d’autres humains que ses parents. Ce mi-nutieux compte rendu, extrêmement bien écrit et agrémenté de nombreuses photo-graphies ainsi que des croquis, captive et bouleverse.

TLa

POLIDORI RobertAprès le délugeGöttingen, Steidl, 2006. 333 p.Disponibilité STAcote 779 POL

En août 2005, l’ouragan Katrina s’abat sur l’Est des Etats-Unis et provoque des des-tructions extrêmes principalement en Alabama, en Louisiane et dans le Mississippi.Certains secteurs de la ville de La Nouvelle-Orléans construits dans une zone dépres-sionnaire située jusqu’à 6 mètres au-dessous du niveau de la mer et protégés par desdigues sont envahis par les flots. Plus de 160’000 maisons sont inondées, abandonnéesdans la précipitation, livrées à l’humidité et aux moisissures. Les ravages sont d’unetelle ampleur qu’il n’y a, dit-on, sans doute que des anciens combattants pour avoirdéjà assisté à pareille destruction. Le photographe Robert Polidori arrive à La Nouvelle-Orléans le 20 septembre et se met immédiatement au travail. Son attention est rete-nue par l’absence totale de présence humaine dans les quartiers évacués. Des câblesélectriques jonchent les rues et les trottoirs. Des meubles, des voitures, des débris detoutes sortes s’entremêlent, noyés dans la boue, les gravats et la végétation. Ses cli-chés créent un malaise oppressant. Ils frappent par leur beauté surréaliste, intempo-relle, leur dimension artistique alors qu’ils illustrent en réalité l’apocalypse et le déluge.Un témoignage d’une rare dimension, magnifique, essentiel.

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POWERS RichardLa chambre aux échosParis, Cherche-midi, 2008, 470 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • PAQ • STAcote R POWE

Après un terrible accident de la route Mark Schluchter se retrouve victime du syndromede Capgras, une lésion du cerveau et de la mémoire qui fait que ceux qui en sont victimesreconnaissent les visages familiers mais sont persuadés qu’il s’agit de sosies. Mark recon-naît ceux qui s’occupent de lui, sa sœur en particulier, mais est certain qu’il s’agit d’uneautre personne qui essaye de le tromper. Le cerveau, son mécanisme et sa relation avec lamémoire, est omniprésent dans ce roman. Le cerveau, cette «chambre aux échos», est aussiétudié à travers le vol migratoire des grues. Ces grues qui, année après année, reviennenttoujours vers le même lac pour se reposer entre deux étapes. Pourtant cette halte est me-nacée par de futures constructions sur l’emplacement du lac. Comment les grues vont-elle faire face à ce changement ? Comment Mark va-t-il surmonter le traumatisme de sonaccident ? Est-ce qu’après un choc affectant la mémoire l’identité reste la même ? Commeà son habitude, Powers mélange habilement plusieurs histoires à priori indépendantes,comme à son habitude, il est extrêmement bien documenté sur son sujet, ici la neurolo-gie, et comme à son habitude, il arrive même à nous le rendre compréhensible.

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PROSE FrancineUn homme changéParis, Métailié, 2008. 428 p.Disponibilité CIT • EVI cote R PROS

Vincent Nogan vient de prendre une décision: quitter l’ARM, l’Aryan ResistanceMovement, faucher le pick-up de son chef, son propre cousin Raymond et toutes ses éco-nomies de dealer raciste, débile, violent et enfin trouver une planque et sauver sa peaude renégat. La seconde mesure urgente est de contacter les «autres», donc trouver un re-fuge de première main et dans sa tête, ça veut dire frapper à la porte de la fondation phi-lanthropique «Brotherhood Watch Rights», créée par le charismatique et richissimeMeyer Maslow, juif sorti par miracle des rafles nazies, qui traque les injustices, le mal quedes hommes font à d’autres hommes pour des broutilles: positions politiques divergentes,religions qui ne relient plus rien mais attisent les extrémismes de tout poil. Le premiercontact est rude: si deux poignets se tendent, on ne s’attend pas forcément à ce que l’un,à la peau usée et marquée d’une chaîne indélébile de chiffres macabres et maudits, doiveserrer le poignet tatoué de croix gammées d’un skinhead repenti…

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PROULX AnnieC’est très bien comme çaParis, Grasset, 2008. 315 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • MIN • PAQ • SER • STA cote R PROU

Quel bonheur d’ouvrir un livre d’Annie Proulx : toujours le même sens aigu des rap-ports humains, les descriptions des paysages nord-américains si évocatrices etcette touche particulière alliant les précisions du propos à l’élégance de l’écriture.Dans cet ouvrage composé de neuf nouvelles, nous passons de l’incroyable histoireracontée par l’un des fils maintenant centenaire de plusieurs familles ayant toutesle même père, à la vie dure et tragique d’un jeune couple de pionniers, puis au ré-cit d’une chasse aux bisons censée mettre fin à la misère d’une tribu indienne etenfin la vie triste et maudite de Dakota, une petite fille abandonnée par sa mèreet confiée à ses grands-parents brutaux et indifférents à son sort. Ces différentesnarrations sont un régal, leur humanité déborde du cadre de l’écriture pour se gra-ver dans nos mémoires.

MCM

RAHIMI Atiq Syngué sabour, pierre de patienceParis, POL, 2008. 154 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • STAcote R RAHI

Le troisième roman d’Atiq Rahimi (le premier écrit en français), est un huis clos quise passe en Afghanistan, mais qui pourrait tout aussi bien se passer ailleurs, partoutoù la guerre fait rage. Une femme veille sur son mari taliban qui est dans le comadepuis qu’il a reçu une balle dans la nuque. Elle le soigne, jour après jour, même s’iln’est plus qu’un cadavre à peine vivant. Peu à peu, elle va se mettre à lui parler, per-suadée qu’il l’entend. Elle va enfin pouvoir lui dire tout ce qu’elle n’a jamais réussi àlui dire : la révolte contre son père, contre lui, son mariage forcé, la guerre, les tali-bans, mais aussi ses désirs les plus intimes, son amour pour lui. Son mari agonisantdevient alors sa syngué sabour, sa pierre de patience, qui selon la mythologie perse,détient le pouvoir d’absorber les malheurs et les souffrances, les secrets les plus en-fouis, avant d’éclater, libérant celui qui a pris la parole. Ce huis clos brûlant est écritau présent, dans une langue précise et explicite, qui permet à la voix de cette femmede résonner entre les bombes.

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RAVALEC VincentTreize contes étrangesParis, J’ai lu, 2005. 215 p.Disponibilité CIT • JON • PAQcote R RAVA

Treize petites nouvelles, du rire à la galère, qui grâce au style mordant de VincentRavalec, dressent un portrait de la société occidentale de la fin du dernier millénaire.Dans la première de ces nouvelles, le narrateur, un jeune auteur, part en tournée pro-motionnelle dans les FNAC de France avec un écrivain considéré comme génial quidevrait bientôt se retrouver dans les manuels scolaires. Tout à sa joie de faire partiede ce voyage, il va découvrir un être abject à moitié fou (voire plus) et vivre unvoyage assez pénible. Y a-t-il du vécu là-derrière?

FG

SANSAL BoualemLe village de l’Allemand ou Le journal des frères SchillerParis, Gallimard, 2008 (Blanche). 263 p.Disponibilité CIT • EVIcote R SANS

Les frères Schiller vivent en France depuis leur enfance. Ils ont très peu de contactavec leurs parents restés en Algérie. La mère est algérienne, le père est allemand. En1994, Rachel, le frère aîné, lit dans le journal qu’un massacre a eu lieu là-bas, dansson village. Ses parents font partie des villageois exterminés par le GIA. Il ne dit rienà son frère Malrich et part en Algérie. En triant les papiers, il apprend que son pèreétait un SS et qu’il a fui l’Allemagne pour sauver sa peau. Il a alors formé des com-battants du FLN, s’est converti à l’islam et était un homme respecté et adulé dans lebled. Malrich prend connaissance de ces faits et du désespoir de son frère en lisantson journal qu’il lui a légué après son suicide. Rachel n’a pas supporté l’héritage sul-fureux du père. Malrich se débat pour résister au choc. Il peine à contenir la violencequi l’habite. Il hait l’imam, les fanatiques de sa banlieue qu’il compare aux officiersnazis. Un acte d’écriture courageux qui fait débat.

RL

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SARAMAGO JoséL’autre comme moiParis, Seuil, 2005Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R SARA

Titre original portugais: O homem duplicadoDisponibilité CIT • JON • MINcote R69 SARA

Tertuliano Maximo Afonso, 38 ans, est un sombre professeur d’histoire, menant une viemonotone entre son travail, une maîtresse avec qui il refuse de s’engager et une dé-pression latente qui ne demande qu’à exploser… Un jour, cependant, sa vie va basculerlorsqu’il aperçoit dans un film loué au vidéo club son double parfait. La ressemblance estsi frappante qu’il a l’impression de voir un autre lui-même. Troublé au plus haut point, ilvisionne tous les films du même producteur qu’il arrive à emprunter afin de découvrirl’identité de ce jumeau, dont il découvrira le nom, Daniel Della Santa, et dans la vie delaquelle il s’immiscera. L’écriture très particulière de Saramago, très compacte, peut par-fois rebuter mais cela vaut la peine de se plonger dans ses histoires d’une originalitéunique, surtout, quand, comme ici, la chute est particulièrement inattendue…

DM

SAUL Jamie MLes leçons des ténèbresParis, Calmann-Lévy, 2007. 331 p.Disponibilité BUS • CIT • JON • PAQ • STAcote R SAUL

Qu’est-ce qui a bien pu conduire un adolescent à se suicider? Lorsqu’il apprend la mortde son fils à quelques jours des grandes vacances, Jack, professeur de cinéma à l’univer-sité, sent son univers chavirer. Il aurait dû s’alerter du manque d’appétit soudain deDanny, de la question qu’il lui a posée quelques jours avant sa mort et à laquelle il n’apas su répondre «Papa, qu’est-ce qui est le plus important, la loyauté ou la sincérité?».Plus ses amis lui disent que ce n’est pas sa faute, qu’il a été un père admirable, et plusles amis de son fils lui disent qu’ils auraient bien aimé avoir un père comme lui, et plusil s’effondre. Terré dans sa maison, il cherche un message que Danny aurait pu lui lais-ser, mais rien, sauf une petite boîte à pastels cachée sous le lit, qui contient des photosde Danny bébé avec Anne, sa mère, des petites silhouettes en papier fabriquées par elle,et le bouton orange arrachée à la cape qu’elle portait lorsqu’elle est partie pour toujoursvivre sa vie d’artiste. Dans cet effondrement total, Jack reçoit le soutien silencieux d’uninspecteur chargé d’enquêter sur le suicide apparent d’un autre garçon.

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SCEPANOVIC BranimirLa bouche pleine de terreParis, Privat, 2008. 94 p.Disponibilité CITcote R SCEP

La bouche pleine de terre raconte la double fuite à travers une vaste forêt duMonténégro d’un homme chassé par ses propres peurs et par des poursuivants im-provisés. La course haletante devient très vite symbolique. Un homme donc apprendincidemment qu’il est condamné par une maladie et décide de se fuir. Durant sacourse en pleine forêt il rencontre deux chasseurs qui, surpris, entament une pour-suite à laquelle viendront se joindre d’autres poursuivants. Tout ne devient plusqu’un immense malentendu, une farce totalement surréaliste où l’auteur excelle àdépeindre les mécanismes de la peur et de la haine qui en découlent.

CD

SIRKIS NicolaLes mauvaises nouvellesParis, J’ai lu, 2007 (J’ai lu; 8430. Nouvelle génération). 152 p.Disponibilité JON • PAQcote R SIRK

Nicola Sirkis, fondateur et chanteur du groupe de rock français Indochine, livre icitreize nouvelles qui reprennent les thèmes qui lui tiennent à cœur et que l’on re-trouve d’ailleurs assez fréquemment dans les textes de ses chansons: le suicide chezles adolescents, l’Asie, le fantastique.

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SPITZER WalterSauvé par le dessin: BuchenwaldLausanne, Favre, 2004. 207 p.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQcote 940.547 SPI

Walter n’a que 16 ans lorsqu’il doit quitter sa ville natale de Cieszyn à la frontière dela Pologne et de la Tchécoslovaquie pour le camp de Blechhammer, rattaché àAuschwitz en 1944. Walter a le tort d’être orphelin d’une famille aisée et surtout juif.Ce qui va le sauver, et l’amener à témoigner jusqu’à aujourd’hui, c’est son talent d’ar-tiste. Quelles que soient les conditions, il ne peut s’empêcher de dessiner. Il n’a pas decrayon, pas de papier à disposition: aucune importance, un morceau de bois calcinésur un sac de ciment fera l’affaire. Il est tellement doué que la résistance anti-nazie ducamp de Buchenwald le convoque et le sauve d’un transport voué à la mort contre lapromesse de témoigner de ce qu’il voit. Promesse tenue, et par ses dessins et sculp-tures, (on lui doit le monument commémoratif de la rafle du Vel d’Hiv), et par le récitqu’il nous livre à présent: celui d’un adolescent précipité dans l’horreur, et qui pour-tant arrive jusqu’au bout à garder son appétit de vivre et ses amis. Malgré l’imminencede la mort dans les camps et dans les marches forcées, que les nazis, paniqués par l’ar-rivée de l’armée rouge, imposent, il dessine et témoigne encore et encore.

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STABENRATH Bruno deLe dictionnaire des destins brisés du rockParis, Scali, 2006. 153 p.Disponibilité CITcote 781.66 STA

Quel point commun y a-t-il entre Janis Joplin, Kurt Cobain et Jimi Hendrix? Tous les troissont morts avant 30 ans à l’apogée d’une carrière musicale prometteuse, la première paroverdose d’héroïne, le deuxième d’une balle dans la tête et le dernier étouffé dans sonvomi… Ce dictionnaire morbide passe en revue de nombreux autres artistes morts tropjeunes, et l’auteur a rédigé pour chacun une notice biographique plus ou moins longue.Et l’on constate ici deux choses. La première est, si l’on en doutait encore, que la grandefaucheuse fait parfois preuve d’une imagination débordante pour emporter les humains.La deuxième c’est qu’il vaut mieux ne pas se lancer dans une carrière rock si on a envied’atteindre l’âge légal de la retraite. Assassinats (comme John Lennon, bien sûr maisaussi Tupac Shakur), accidents d’avion (Otis Redding, par exemple), noyade (Jeff Buckley,bien sûr), embolie pulmonaire (comme Andy Gibb, des Bee Gees)… ajoutés aux overdoseset autres suicides composent un panel de morts violentes dont ont été victimes cesjeunes rockers, certains maintenant oubliés, d’autres adulés à jamais.

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TANASE VirgilTchekhovParis, Gallimard, 2008 (Folio biographies; 36). 403 p.Disponibilité EVI • JON • SERcote 891.7 TCH

Ecrivain et homme de théâtre, Tchekhov (1860-1904) est universellement connupour ses pièces dramatiques (Oncle Vania, Les trois sœurs, La cerisaie) et ses conteset nouvelles. Sa dramaturgie révèle un auteur soucieux de coller à son époque, quidépeint les relations de ses nombreux personnages enlisés dans des compromis oudes ambitions illusoires, des antihéros au langage familier dans des situations ordi-naires. Mais sous l’aspect de ses textes se cachent la vraie nature du docteurTchekhov: un homme simple, toujours généreux envers les plus humbles, sensibleaux peines des siens et aux malheurs et souffrances de ses contemporains. Lesthèmes choisis, son style naturel et accessible détaillant les réalités de son temps,font de ce théâtre énigmatique et évanescent les prémices du théâtre moderne.Tendre et humaniste : voici Tchekhov…

MCM

TCHEKHOV AntonRécit d’un inconnu et autres nouvellesParis, Gallimard, 2008 (Folio classique ; 4692). 296 p.Disponibilité CIT • EVIcote R TCHE

Les nouvelles qui composent cet ouvrage ont été écrites entre 1891 et 1898.Tchekhov est alors au sommet de son art. La première, au titre énigmatique de Récitd’un inconnu, nous conte l’histoire d’un socialiste qui se fait engager comme do-mestique chez le fils d’un homme d’Etat afin de percer quelque secret. Il rencontreson épouse, s’en éprend et tout deux prennent la fuite. Le périple s’achèvera tragi-quement. Les autres nouvelles, brèves, moins romanesques, nous sont plus familièresde l’univers de l’auteur : scènes du quotidien, monotonie, provinces mornes...Que ceux qui rechignent à lire les nouvelles découvrent la perfection narrative deTchekhov!

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TEMPLETON EdithGordonParis, Laffont, 2004 (Pavillons). 244 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • STAcote R TEMP

Louisa, 28 ans, qui se targue d’être une femme libre avant l’heure (on est juste aprèsla seconde guerre mondiale), rencontre dans un pub un inconnu qu’elle suit sanstrop savoir pourquoi et qui, d’emblée, sur le banc de pierre de son jardin, la viole avecson consentement, lui faisant découvrir une jouissance jusque-là inconnue. Avecune froideur presque clinique, Louisa raconte l’étrange relation qui s’instaure entrece psychiatre dominateur et dénué de sentiments et la jeune femme qui se découvreun incompréhensible goût pour la soumission et l’humiliation. Le lecteur partageavec l’héroïne la même perplexité, la même interrogation: pourquoi ne parvient-ellepas à se libérer de l’attache qui la lie à cet homme pour lequel elle n’éprouve qu’unefascination malsaine? A travers ce roman, qui fut interdit lors de sa publication en1966, se pose la question de la découverte de ses propres pulsions.

DM

TEULE JeanO VerlaineParis, Pocket, 2007 (Pocket; 12827). 337 p.Disponibilité CIT • EVIcote R TEUL

On est en 1895 et le livre raconte les trois derniers mois de la vie de Verlaine. Mêlantl’invention, propre au romancier, à un travail très documenté, Jean Teulé écrit là untexte jubilatoire. Le lecteur est embarqué avec Verlaine et ses quelques admirateursà travers un Quartier Latin bruyant, malodorant et malfamé. On va le suivre dans lesbistrots, ses lieux de prédilection où il aligne les absinthes plus vite que les vers. Onle retrouve ensuite à l’hôpital où un médecin fanatique de son œuvre est aux petitssoins pour ce malade atteint de syphilis, diabète, cirrhose, altération sanguine,souffle au cœur, pneumonie… la liste complète de ses maux ne rentrant pas sur lapancarte au pied du lit. Le préfet Lépine, lui aussi adorateur du poète, interdit à sesgendarmes de l’arrêter même quand il fait du tapage nocturne ou quand, trop aviné,il dégaine son couteau. Ses amours sont aussi désordonnées que sa vie ; il passe deses deux « régulières » aux prostituées, tout en tâtant quelques jeunes garçons aupassage. Ce Verlaine-là, on n’est pas près de l’oublier !

RL

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VARGAS FredUn lieu incertainParis, Hamy, 2008 (Chemins nocturnes). 383 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R VARG

Un horrible massacre a eu lieu dans un pavillon de la banlieue parisienne. L’enquêtedémarre et tout conduit à penser que l’assassin est le fils du commissaire. Bien em-bêté, Adamsberg! Cette fois l’inspecteur de police va devoir arrêter son propre fils !Ca lui fait quand même un peu bizarre puisqu’il n’était même pas au courant qu’ilavait un fils. Ou alors Adamsberg se fait manipuler. Adamsberg ne sent pas ce filssupposé et, comme chez lui tout marche à l’intuition, il commence à se méfier. C’estalors que l’enquête va redémarrer et qu’Adamsberg va se retrouver au fond de laRoumanie dans un petit village où depuis toujours on est terrorisé par des vampires.

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VARGAS LLOSA MarioLa tante Julia et le scribouillardParis, Gallimard, 1979 (Du monde entier). 396 p.Disponibilité CIT • SERcote R VARG

Titre original espagnol : La tia Julia y el escribidorDisponibilité CITcote R6 VARG

Dans le Lima des années 50, les feuilletons radiophoniques sont les précurseurs dece qui deviendra ensuite les séries télévisées, on en parle à l’épicerie, avec ses voi-sins, etc. L’auteur haut en couleur des scénarios de ces feuilletons, Pedro Camacho,est un collègue du héros, Mario, qui passe quelques heures par jour à la radio localeà côté de ses études de droit. Des études qui ne le motivent pas vraiment, mais il fautbien faire plaisir à papa! Non, lui, Mario, ce qu’il veut c’est devenir écrivain. Et puissurgit dans la vie bien huilée de la famille, la tante Julia, fraîchement arrivée deBolivie, jeune divorcée à la recherche d’un nouveau mari. Mario va vite s’amoura-cher de cette femme «mûre» de 15 ans son aînée, créant un scandale sans précé-dent! Un chapitre sur deux nous raconte leur histoire, notamment l’épopée grand-guignolesque de la recherche d’un maire pour les marier, l’autre nous fait vivre lesfeuilletons de plus en plus farfelus de Camacho… Un vrai régal d’exubérance typi-quement sud-américain, pétillant drôle et (partiellement?) autobiographique.

DM

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VERONESI SandroChaos calmeParis, Grasset, 2008. 504 p.Disponibilité CIT • EVI • MIN STAcote R VERO

Un titre qui interpelle: chaos, calme, deux mots qui semblent antagonistes. Et pour-tant pour Pietro, le héros quadragénaire de cette histoire, cet état est bien celui danslequel il se sent après la mort accidentelle de sa femme. Le roman commence quandPietro et son frère sauvent deux femmes de la noyade. Au même moment, mauvaisefarce du destin, Lara, son épouse, meurt toute seule. Pietro souhaite que sa fille de 10ans ne souffre pas. Il décide de l’accompagner à l’école et de l’attendre dans sa voiture.Jour après jour, il passera ses journées ainsi et quand on lui demande jusqu’à quand, ilne peut répondre. Haut placé dans une boîte d’audiovisuel, il peut se permettre de semettre entre parenthèses. Défilent alors sa secrétaire, ses collègues, sa belle-sœur, sonfrère, ses chefs et même la femme qu’il a sauvée… Sa voiture se transforme en un lieude thérapie où tantôt lui, tantôt les autres s’assoient sur le divan. Ce livre écrit à la pre-mière personne embarque d’emblée le lecteur dans cette vie en équilibre sur des pointsde suspension, dans un entre-deux où rien n’est plus vraiment «normal».

RL

WERBER BernardL’ultime secretParis, Albin Michel, 2001. 409 p.Disponibilité BUS • CIT • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote R WERB

Samuel Fincher, neuropsychiatre mondialement connu et reconnu, affronte Deepblue IV, l’ordinateur le plus puissant jamais construit, dans une partie d’échecs quidoit prouver qui, de l’humain ou de la machine, est le plus intelligent. Le docteurFincher sort vainqueur de cette confrontation, mais est retrouvé mort le soir mêmedans sa villa du Cap-d’Antibes, de mort naturelle selon les conclusions de la police.Isidore Katzenberg et la journaliste Lucrèce Nemrod, les deux enquêteurs déjà ren-contrés dans Le père de nos pères s’intéressent de près à cette affaire qui leur sembleplus compliquée que l’on veut bien le dire. A travers leur recherches, ils découvrentque le docteur Fincher s’intéressait de très près à l’intelligence artificielle qui lui per-mettait de redonner un semblant de vie normale à ses patients très gravement at-teints et lourdement handicapés. Il se livrait à des expériences poussées dans l’asileoù il travaillait, situé sur une île très peu habitée, et dans lequel se passaient deschoses assez particulières....

FG

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WIERINGA TommyJoe SpeedbootArles, Actes sud, 2008 (Lettres néerlandaises). 397 p.Disponibilité BUS • CIT • EVI • PAQ • SER • STA cote R WIER

Joe Speedboot est apparu dans la vie du petit Frans et de tout le village de manièrefracassante. Son père s’est tué au volant de son camion en entrant sans prévenirdans le salon d’une bonne famille huppée! Le fameux Joe est resté en vie, de mêmeque sa mère et sa sœur India. Le petit Frans est fasciné, il n’est pas le seul, ses co-pains aussi ; il faut dire que Joe n’a peur de rien ni de personne, d’abord Joe, ce n’estpas son vrai prénom, pas plus que Speedboot son vrai nom, mais il refuse obstiné-ment de révéler son nom et prénom d’origine. De plus, Joe est un chercheur, un in-venteur, un expérimentateur. Il se lance même dans la construction d’un avion, toutça pour observer la mère de P.J. quand elle fait du nudisme: ça en jette et ça fait rê-ver tous ses copains. Il faut dire que Frans ne parle plus, ne marche plus depuis qu’ils’est malencontreusement endormi dans un champ. La faucheuse l’a tellementabîmé qu’il en est resté handicapé à vie. Frans ne parle plus, mais il observe et décritla vie de son petit village de Hollande, de ses potes «notables» ou «non-notables»,et surtout celle de Joe Speedboot. Son ambition est de faire de l’histoire «horizon-tale», contrairement aux historiens qui en restent à la «verticale»… Si vous voulezcomprendre la métaphore de Frans, plongez-vous dans ce magnifique roman d’ap-prentissage sur l’adolescence et l’amitié. L’écriture jubilatoire de Tommy Wierengaréjouit les tripes!

FA

WOLNIEWICZ ClaireLe temps d’une chuteParis, Hamy, 2008. 262 p.Disponibilité CIT • EVIcote R WOLN

En 1932, Madelaine a 11 ans quand sa mère meurt d’avoir trop attendu son hommecoureur de jupons et de bistrots. A l’orphelinat, les religieuses lui apprennent la cou-ture. Très vite, elle se passionne pour l’harmonie des couleurs, la texture des étoffes.Le sens de sa vie, c’est le plaisir qu’elle lit dans les yeux de ses camarades (plus tardde ses clientes) quand elle les habille, les rend belles. A 14 ans, elle est placée dansune maison de confection à Limoges. Sa patronne, pourtant acariâtre, l’apprécie jus-qu’au jour où l’élève, trop douée, lui fait de l’ombre. Elle monte alors à Paris et onsuit son ascension dans ce monde de la mode. Elle veut sortir la femme de l’engon-cement et libérer ses mouvements : allier le pratique à l’esthétique. Sa deuxième pas-

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sion, ce sera Tadeusz, un rescapé des camps de concentration, tantôt gai, tantôt traî-nant ses angoisses de survivant. De cet amour naît Lucie. Sa mère lui confectionnedes habits magnifiques… mais jamais elle ne la serrera dans ses bras...

RL

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BANDES DESSINÉES

BRAVO EmileLe journal d’un ingénuMarcinelle, Dupuis, 2008 (Une aventure de Spirou et Fantasio par…)Disponibilité CITcote BD BRAV

Dans cette série parallèle, les éditions Dupuis proposent à des auteurs d’exprimer leurvision du groom aventurier dans un album indépendant. Emile Bravo a choisi de sepencher sur les origines de la série et sur la rencontre entre ses deux protagonistes. Lespremières aventures de Spirou, dessinées par Jijé, datent de 1938. Emile Bravo situedonc son histoire dans la Belgique de la fin des années 30. Spirou, encore au sortir del’adolescence, est employé dans un grand hôtel de Bruxelles. L’établissement accueilleles réunions secrètes entre diplomates polonais et allemands qui tentent une dernièrefois de s’entendre autour de la question de Dantzig. Le jeune homme va bien malgrélui être pris dans le jeu des intrigues, de même que Fantasio, jeune journaliste arrivistepas très futé… et même Spip l’écureuil. En ancrant son histoire dans un contexte his-torique, tout en gardant un certain humour, Emile Bravo donne une épaisseur rare àses personnages. Une lecture moderne de ce mythe de la BD que Franquin, auteur del’âge d’or de la série, n’aurait certainement pas reniée.

FD

DUCHAZEAU FranzLe rêve de Meteor SlimParis, Sarbacane, 2008Disponibilité BUS • CIT • JON • STAcote BD DUCH

En 1935, dans un coin paumé du Mississipi, Edward Ray Cochran marche le long d’unchemin de campagne en chantant et en jouant de la guitare. Il vient de tout aban-donner, sa maison, sa femme enceinte et son travail, pour vivre son rêve, être musi-cien. En chemin, il rencontre Robert Johnson, la légende du blues qui l’aidera à de-venir «Meteor Slim». Mais la route sera longue. Il devra jouer dans des clubs miteux,dans des cabarets crasseux, dormir dans des chambres sordides, boire du whiskey augoulot, se bagarrer dans des bars pour enfin rencontrer des producteurs pourris. Sonseul instant de gloire sera l’enregistrement de son 78 tours intitulé «Devil’s got my

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mind». Avec un dessin en noir et blanc charbonneux et tourmenté, Franz Duchazeaunous plonge dans une vraie fausse histoire d’un bluesman qui cherche à échapper àsa condition grâce à la musique.

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FERLUT NathalieLettres d’AgatheParis, Delcourt, 2008 (Mirages)Disponibilité CIT • STAcote BD FERL

Alors qu’elle va devenir mère elle-même, Agathe se penche sur son passé. Pourquoisa mère ne l’a-t-elle jamais aimée? Ses deux frères pourtant ont eu toute l’attentionet l’amour maternels qui lui ont été refusés. Elle n’apprendra que bien trop tard lepoids du secret qui pèse sur sa famille et décide d’écrire cette lettre à sa mère qui,malheureusement, ne pourra jamais la lire… Le récit poignant d’une enfance ratée.

DM

KIM Dong-HwaLes nourritures de l’âmeBruxelles, Casterman, 2008 (Hanguk)Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote BD KIM

Les nourritures de l’âme est un recueil de courtes histoires qui mettent en avant labonté, les nobles sentiments et les pensées positives, d’un optimisme qui réchauffele cœur. Un magazine coréen avait demandé à ses lecteurs de raconter les plus belleshistoires qu’ils avaient vécues et qui dégageaient des sentiments positifs. Le célèbredessinateur de manhwa Dong-Hwa Kim les a ensuite mises en images. L’ensemble,homogène, est très largement constitué d’histoires de familles, de relations degrande tendresse, le plus souvent émouvantes, de la nostalgie d’un geste ou d’uneparole, bref d’un instant d’humanité. Sous l’aspect d’une grande simplicité, ce recueilvéhicule, avec des dessins épurés et très colorés, proches d’un style enfantin, dessentiments nobles, avec tendresse, pudeur et sérénité.

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LEPAGE Catherine12 mois sans intérêt, journal d’une dépressionMontréal, Mécanique générale, 2007.Disponibilité STAcote BD LEPA

Cette bande dessinée québécoise aborde le sujet encore sensible de la dépression.Pour ce faire, l’auteure choisit d’illustrer cette période sombre en évitant un récit li-néaire classique. C’est plutôt une compilation d’impressions et de sensations qui, àchaque page, touchent, émeuvent ou font réfléchir le lecteur. Pour mieux faire pas-ser son message, elle déploie une grande inventivité stylistique, avec des lettrages,des polices ou des calligraphies différentes, mêlant subtilement des dessins ou desphotos par exemple. Catherine Lepage parvient à transformer cette expérience pé-nible en un projet artistique réussi. La lecture est à la fois divertissante, stimulanteet touchante.

PB

MODAN RutuExit woundsArles, Actes sud, 2007 (Actes sud BD)Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote BD MODA

Nous sommes en Israël. Le héros de l’histoire gagne sa vie comme chauffeur de taxià Tel Aviv et est très proche de son oncle et sa tante. Sa mère est morte, son père l’amis à la porte il y a quelques années et sa sœur vit à New York. Aussi lorsqu’unejeune soldate demande à lui parler en privé et lui explique que son père fait peut-être partie des gens tués dans un attentat dans une gare routière, Kobi refuse de sesentir concerné. Mais la soldate Nomi, la «girafe» comme elle est surnommée, in-siste. Kobi découvre que son Gabriel de père a été aimé par la «Girafe» mais aussi parbien d’autres femmes. L’affection de la «Girafe» atténuera-t-elle son ressentimentenvers ce père volatile?

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OTT Thomas73304-23-4153-6-96-8Paris, Association, 2008Disponibilité CIT • JON • SER • STAcote BD OTT

Le personnage principal, un bourreau, découvre un bout de papier sur lequel est ins-crite une succession de chiffres, 73304-23-4153-6-96-8, au pied de la chaise élec-trique sur laquelle un détenu vient d’être exécuté. Ce nombre lui apportera toutd’abord une chance démesurée en étant associé au tatouage d’un chien perdu, autéléphone d’une femme au cœur solitaire, puis la disgrâce qui le mènera à la folie, àla malédiction. Dans ce polar poisseux, tous les protagonistes ont de la terreur dansles yeux. Le lecteur, lui, ne peut s’empêcher, après sa lecture, de reprendre l’histoireau début. Cette histoire, tout comme les autres albums de cet auteur suisse, est plusnoire que noir, avec cette fois une nouvelle gradation, le noir total : tout espoirsemble définitivement perdu.

PB

PEDROSA CyrilTrois ombresParis, Delcourt, 2007.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • PAQ • SER • STAcote BD PEDR

Le petit Joachim vit retiré du monde dans une petite ferme avec ses parents. Une viesimple pleine de petits bonheurs et de rires pour cette famille unie jusqu’au jour où…Trois ombres apparaissent à l’horizon, montées sur des chevaux. Trois ombres mena-çantes qui vont se rapprocher de jour en jour de la ferme, jetant sur la famille uneangoisse sourde. Comprenant que ces ombres sont venues chercher leur fils, le pèredécide de fuir au-delà de l’océan dans l’espoir de soustraire Joachim à cette menace.S’ensuit un long voyage, désespéré, puisque les ombres finiront par les rattraper...Maladie infantile? Puissances occultes destructrices? A chacun son interprétationsur ce que sont ces trois ombres. Un conte métaphorique sublimé par un coup decrayon magnifique. Un vrai coup de cœur!

JM

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PEETERS FrederikRuminationsGenève, Atrabile, 2008Disponibilité CIT • EVI • JON • PAQ • SER • STAcote BD PEET

Sur 180 pages, Frederik Peeters a décidé de compiler une vingtaine d’histoirescourtes parues dans différents magazines, mais principalement dans la revue Bilenoire, éditée par Atrabile. A part certaines histoires mises en couleur pour l’occasion,les autres apparaissent tel quel. Au fil de ces nouvelles, qui sont des coups d’essais,des expérimentations ou de petits chefs-d’œuvre, le lecteur se trouve en face d’unpanorama global, livré avec franchise, qui lui permettra de mieux comprendre la per-sonnalité de l’auteur et de saisir comment celui-ci est devenu incontournable, en si-gnant par exemple Pilule bleue ou Lupus.

PB

PEKAR HarveyThe quitter : le dégonfléSt-Laurent-du-Var, Panini, 2007Disponibilité STAcote BD HASP

Harvey Pekar est un monument de la bande dessinée américaine. Scénariste uni-quement, il produit depuis 1976, à un rythme annuel, un comics intitulé Americansplendor. Il y relate sa routine d’employé administratif à l’hôpital public de Clevelandet ses angoisses existentielles. Si le propos est banal, l’écriture d’Harvey Peakar ma-gnifie ce quotidien, car comme le proclame le sous-titre : «ordinary life is prettycomplex stuff » - la vie de tous les jours est quelque chose de bien compliqué.Curieusement, ses albums n’étaient pour l’instant pas encore traduits en français.Quitter est un «hors série» dans lequel l’auteur raconte son enfance et ses débutsdans la BD, notamment sa rencontre avec Robert Crumb, son premier illustrateur.

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RUTH Greg, NILES SteveFreaks of the heartlandParis, Semic, 2007Disponibilité BUS • CIT • EVI • JON • PAQ • STAcote BD RUTH

A Gristlewood valley, une petite communauté rurale dans le centre des Etats-Unis,un étrange secret unit toutes les familles du village. Certains enfants sont tués à leurnaissance et d’autres cachés durant toute leur vie car dans chaque famille naissentdes monstres. Les survivants sont nourris par leurs frères et sœurs qui ont eu lachance de naître «normaux», mais traités pire que des bêtes par leurs propres pa-rents. Or, un jour, Trevor se révolte et libère son frère Will. Les deux enfants vont alorschercher à libérer les autres «monstres» et s’enfuir ensemble, monstres et enfantsnormaux, en s’opposant aux adultes qui veulent les éliminer.

FG

TIRABOSCO Tom, WAZEM PierreLa fin du mondeParis, Futuropolis, 2008.Disponibilité CIT • EVI • JON • MIN • SER • STAcote BD TIRA

Le personnage principal est une jeune femme que le lecteur découvre étendue sur lesol, les bras en croix, perdue, ne comprenant ni les autres, ni elle-même, blessée den’avoir pas connu sa mère qui l’a abandonnée à la naissance. Son père étant hospita-lisé suite à un infarctus, elle retourne dans la maison familiale pour nourrir son chat.La pluie ne cessant de tomber, elle se cloître dans cette maison, se réfugiant, faisant lepoint sur sa vie, sur elle-même. Mais qui est cette vieille femme au chignon qui s’in-cruste dans la cuisine? Et comment fait-elle pour parler avec le chat?Avec des dessins en noir et blanc, rehaussés de bleu ajouté à l’ordinateur, Tiraboscocrée un univers onirique et déroutant, baigné d’une ambiance crépusculaire et plu-vieuse, qui se marie magnifiquement avec le récit de Wazem qui plonge dans lesprofondeurs des secrets familiaux.

PB

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Ces résumés vous ont été proposés par

Françoise Aellen • Cyrielle Bayard • Françoise Bonvin • Philippe Bonvin •

Philippe Cosandey • Catherine Demolis • Florent Dufaux • François Gerber •

Caroline Langendorf Richard • Tony Larsen • Roane Leschot • Thierry Leu •

Christian Liechti • Marie-Claude Martin • Dominique Monnot • JoëlleMuster

CIT • bibliothèque de la Cité5 place des Trois-Perdrix1204 Genèvetél. 022 418 32 22

EVI • bibliothèque des Eaux-Vives2 rue Sillem1207 Genèvetél. 022 786 93 00

JON • bibliothèque de la Jonction22 bd Carl-Vogt1205 Genèvetél. 022 800 13 61

MIN • bibliothèque des Minoteries3-5 rue des Minoteries1205 Genèvetél. 022 800 01 31

PAQ • bibliothèque des Pâquis15-17 rue du Môle1201 Genèvetél. 022 900 05 81

SER • bibliothèque de la Servette 9 rue Veyrassat1202 Genèvetél. 022 733 79 20

STA • bibliothèque de Saint-Jean19 av. des Tilleuls (entrée rue Miléant)

1203 Genèvetél. 022 418 92 01

BUS • service du Bibliobus40 points de stationnement dans tout le canton, renseignements auprès de votre commune ou au 022 418 92 70

SPO • bibliothèque des sports4 ch. du Plonjon parc des Eaux-Vives 1207 Genève

VOS BIBLIOTHÈQUES MUNICIPALES:

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