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LANCERS ATHLÉTIQUES LIER PRISE D L'auteur propose des situations d'apprentis- sage pour optimiser le pourcentage d'amélio- ration de la performance lié à l'élan dans une évaluation des lancers athlétiques. PAR D. DAUMAIL Lancer plus loin avec élan que sans élan, marque la réussite de l'élève à la fin d'une étape d'apprentissage. Pour l'épreuve de poids et de javelot au bac- calauréat, le pourcentage d'amélioration de la performance lié à l'élan compte pour 20 % de la note globale de l'épreuve. Le barême suivant apporte un maximum de 4 pt à la note globale (1) : - aucune amélioration : 0 pt, - inférieure à 0,30 m : 1 pt, - supérieure à 0.50 m et inférieure à 1 m : 2,5 pt, - à 1,5 m : 4 pt. Comment aider l'élève à automa- tiser les repères moteurs qui le conduiront à lancer effectivement plus loin avec que sans élan ? La prise d'élan est la rupture de l'inertie du corps, c'est la prise d'avance des appuis par rapport à l'engin déjà placé sur sa rampe de lancement (mise en tension des muscles de l'épaule et du bras lanceur) (dessin la). La phase de double appui est la reprise d'appui droit-gauche quasi simultanée, conséquence de la phase de prise d'élan, la disso- ciation est à son maximum. Il y a phase d'ac- célération de l'appui droit (action motrice) sur un appui gauche fixateur (dessin lb). Si le lancer sans élan doit être réalisé « sans déplacement du pied arrière dans la phase ini- tiale du lancer » (condition de réalisation de l'épreuve de lancer au bac), il n'en sera pas de même pour le lancer avec élan. Avec élan, le pied droit arrière du lanceur droitier devra effectuer un long déplacement rectiligne (poids et javelot) et en rotation (disque). La pose du pied droit au sol à la fin de la prise d'élan sera la conséquence d'une prise d'avance du segment jambe-bassin et devra permettre une réelle accélération du bassin, surprenant la ligne des épaules en état d'attente. Les critères de réussite Ce sont : - une prise d'élan longue et rasante, - la pose de l'appui droit pied armé sur l'avant- pied pour accélérer la translation (poids et javelot) ou la rotation (disque), - la pose du pied droit au centre du plateau (poids et disque), sous le bas- sin (javelot). Ce qui va optimiser cette prise d'élan c'est la pose quasi simultanée des deux appuis au sol, celle du pied droit comme nous venons de la décrire dans son rôle moteur, et celle, tonique, à plat et légèrement décalée (pour permettre le face avant complet du bassin en fin de poussée) du pied gauche qui est alors le point fixateur du côté gauche du lanceur (axe pied- hanche-épaule gauche). Le pied droit moteur et le pied gauche fixateur forment un couple de rotation nécessaire à la transforma- 1a. Projeter les appuis vers l'avant, créer les conditions du lancer. 1b. Additionner les forces vers le bas. EPS № 306 - MARS-AVRIL 2004 33 Revue EP.S n°306 Mars-Avril 2004 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

LANCERS ATHLÉTIQUES LIER PRISE D'ÉLAN ET PHASE DE …

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LANCERS ATHLÉTIQUES

LIER PRISE D'ÉLAN ET PHASE DE DOUBLE APPUI

L'auteur propose des situations d'apprentis­sage pour optimiser le pourcentage d'amélio­ration de la performance lié à l'élan dans une évaluation des lancers athlétiques.

PAR D. DAUMAIL

Lancer plus loin avec élan que sans élan, marque la réussite de l'élève à la fin d'une étape d'apprentissage. Pour l'épreuve de poids et de javelot au bac­calauréat, le pourcentage d'amélioration de la performance lié à l'élan compte pour 20 % de la note globale de l'épreuve. Le barême suivant apporte un maximum de 4 pt à la note globale (1) : - aucune amélioration : 0 pt, - inférieure à 0,30 m : 1 pt, - supérieure à 0.50 m et inférieure à 1 m : 2,5 pt, - à 1,5 m : 4 pt. Comment aider l'élève à automa­tiser les repères moteurs qui le conduiront à lancer effectivement plus loin avec que sans élan ?

La prise d'élan est la rupture de l'inertie du corps, c'est la prise d'avance des appuis par rapport à l'engin déjà placé sur sa rampe de lancement (mise en tension des muscles de l'épaule et du bras lanceur) (dessin la).

La phase de double appui est la reprise d'appui droit-gauche quasi simultanée, conséquence de la phase de prise d'élan, la disso­

ciation est à son maximum. Il y a phase d'ac­célération de l'appui droit (action motrice) sur un appui gauche fixateur (dessin lb). Si le lancer sans élan doit être réalisé « sans déplacement du pied arrière dans la phase ini­tiale du lancer » (condition de réalisation de l'épreuve de lancer au bac), il n'en sera pas de même pour le lancer avec élan. Avec élan, le pied droit arrière du lanceur droitier devra effectuer un long déplacement rectiligne (poids et javelot) et en rotation (disque).

La pose du pied droit au sol à la fin de la prise d'élan sera la conséquence d'une prise d'avance du segment jambe-bassin et devra permettre une réelle accélération du bassin, surprenant la ligne des épaules en état d'attente.

Les critères de réussite Ce sont : - une prise d'élan longue et rasante, - la pose de l'appui droit pied armé sur l'avant-pied pour accélérer la translation (poids et

javelot) ou la rotation (disque), - la pose du pied droit au centre du plateau (poids et disque), sous le bas­sin (javelot). Ce qui va optimiser cette prise d'élan c'est la pose quasi simultanée des deux appuis au sol, celle du pied droit comme nous venons de la décrire dans son rôle moteur, et celle, tonique, à plat et légèrement décalée (pour permettre le face avant complet du bassin en fin de poussée) du pied gauche qui est alors le point fixateur du côté gauche du lanceur (axe pied-hanche-épaule gauche). Le pied droit moteur et le pied gauche fixateur forment un couple de rotation nécessaire à la transforma-

1a. Projeter les appuis vers l'avant, créer les conditions du lancer.

1b. Additionner les forces vers le bas.

EPS № 306 - MARS-AVRIL 2004 33 Revue EP.S n°306 Mars-Avril 2004 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

tion de la vitesse horizontale créée par la prise d'élan en une vitesse verticale, maxi­male en fin de phase de double appui et utile pour mettre l'engin sur une trajectoire opti­male (poids : 40°, disque : 40°, javelot : 35°).

Ce que les élèves doivent connaître • Vocabulaire technique de la prise d'élan : pas chassé ou sursaut au poids, demi-volte au disque, pas chassés ou croisés au javelot. • Repères anatomiques : le bassin en rétrover­sion dès la prise d'élan, attitude conservée jus­qu'au double appui (action des muscles abdo­minaux, fessiers et spinaux). • Repères biomécaniques : la mise en tension des muscles rotateurs du tronc pendant la prise d'avance des appuis à ressentir en phase de double appui, l'addition des forces du bas vers le haut, des muscles les plus puissants aux muscles les plus rapides.

Les connaissances techniques Elles seront apportées par les situations d'apprentissage, décrites ci-après pour un lan­ceur droitier (2).

Situation 1 : prise d'élan, les jambes d'abord !

Objectif : l'élan, translation et poussée sur deux appuis. Consigne : lancer un poids avec un élan en pas chassés de profil.

Critères de réalisation - le lanceur se place au fond du plateau, pied gauche à l'intérieur de celui-ci, pied droit en arrière à l'extérieur (dessin 2a). Cette position donne au débutant la possibilité d'utiliser toute l'aire d'élan. En effet, le plateau du poids est petit (2,135 m). Il faut donc partir en dehors de celui-ci pour que la translation effectuée à l'aide du dernier pas chassé per­mette d'obtenir une vitesse d'exécution et une amplitude optimales, - il effectue sa course d'élan en pas chassés de profil. Critères de réussite L'observateur vérifie que : - le lanceur effectue le placement dans le cou : poids au-dessus de la tête, il le descend sur la clavicule en écartant le coude, - il réalise le pas chassé : le pied droit chasse le pied gauche qui va au butoir, - il pousse sur ses deux appuis en accélérant et en se grandissant. Si l'élève manque de repères Faire un pas chassé à cheval sur deux lattes de haie posées au sol (la rivière à franchir) sur un plateau collectif, avec une haie à 50 cm au centre du plateau et une autre en dehors (dessin 2b), sur une aire de lancer neutre (terrain stabilisé), avec deux lattes dis­tantes de 2 m. L'observateur, de profil, vérifie que le lan­ceur arrive à cheval sur la seconde latte posée au sol.

Situation 2 : action continue

du pied droit à la reprise en double appui Objectif : un double appui rythmé pour conserver les mises en tension. Consigne : effectuer un lancer global. Matériel : une latte de haie. Critères de réalisation - le lanceur part les pieds à 50 cm du pla­

teau, ou sur un terrain stabilisé, à cheval sur une latte de haie posée au sol dans l'axe du lancer (dessin 3), - il effectue son lancer. Critères de réussite L'observateur, en arrière du lanceur, vérifie que : - les deux sursauts « à cheval », « placé » sont enchaînés, ce qui permet une utilisation optimale de la surface du plateau lors du déplacement, - la consigne « partir placé, arriver placé » est respectée, la ligne d'épaules ne bouge pas jus­qu'à l'arrivée en double appui au butoir.

Situation 3 : liaison élan - double appui

Objectif : l'élan, translation et poussée sur deux appuis. Consignes : lancer en passant deux rivières séparées par une zone intermédiaire, franchie en pas trottines, chassés ou croisés (dessin 4). Matériel : 4 lattes de haie matérialisant deux rivières.

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Critères de réalisation - le lanceur placé, javelot aligné, franchit la première rivière, - il vérifie l'alignement corps-engin de profil, poids du corps sur la jambe droite fléchie, après cet « instant photo », il se déplace dans la zone intermédiaire, en trottinant en pas chassés ou croisés, toujours placé, l'ensemble corps-engin aligné se meut avec un minimum de vitesse horizontale pour franchir dans la foulée la seconde rivière et projeter le javelot. Critères de réussite L'observateur, de profil, vérifie que : - l'alignement corps-engin de profil avant est conservé lorsqu'il franchit les rivières et dans la zone intermédiaire, - le lanceur accélère le rythme des appuis au niveau de la seconde rivière pour créer une mise en tension musculaire facilitant la mise en trajectoire du javelot. La situation permet au lanceur de doubler sa prise d'avance des appuis avec un seul jet. La réalisation de deux franchissements de rivière lui fait répéter deux fois de suite une consigne et multiplie ainsi ses sensations pro-prioceptives.

Matériel : un parcours de 4 lattes de haie (rivière) posées au sol (à 2 ou 3 pieds d'écart les unes des autres), à cheval sur une ligne (terrain de foot, piste d'athlétisme). Un plot est posé dans l'aire de réception (à 20 m au centre). Critères de réalisation - le lanceur franchit en demi-volte de face la première rivière (dessin 5a), - il part pied gauche devant l'obstacle, disque fixé au point haut et arrière au cours des balan-cers préparatoires, - il fixe le plot du regard pendant toute la pous­sée de la jambe gauche, - il arrive en double appui (dessin 5b). Critères de réussite Le lanceur s'autocontrôle selon les critères suivants, puis il marche jusqu'à la deuxième rivière (dessin 5b), qu'il franchit dans les mêmes conditions, sans s'arrêter pour le lan­cer (dessin 5c). Le lanceur vérifie que : - il a posé ses appuis simultanément sur la ligne de sol, - son buste est face à la rivière qui vient d'être franchie, - le poids de son corps est sur la jambe droite, - le disque est resté au point haut et arrière.

Dominique Daumail Professeur agrégée d'EPS,

Lycée C. Pissarro, Pontoise (95).

Situation 4 : liaison élan-double appui

Objectifs : l'élan, avancer et tourner. Consigne : lancer en demi-volte de face.

(l) BO n° 25 du 20 juin 2002. (2) On retrouve ces situations dans l'ouvrage : Daumail D., avec la participation de Aubert F.. Athlétisme : Les lancers, coll. De l'école ...aux associations, éd. Revue ERS. 2003.

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