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Capport de la biologie au d&eloppement de e Pr Jacques Robert (l), vice-president de la Societe franpaise du cancer (SK), s’est plu a evoquer ce theme en soulignant que I’essentiel des connaissances sur les meca- nismes biologiques de la cance- risation avaient ete acquis depuis 1975, veritable ef explo- sion * des connaissances debouchant tout & la fois sur la definition de cibles et le deve- ioppement de nouvelles mole- cules elles-memes mieux ciblees. II a trace ces progres au cows d’une reunion-bilan de la SFC sur les nouveaux anti- cancereux. Les exemples ne manquent pas. Dans le domaine de la biologie des tumeurs, c’est la compre- hension de la proliferation cellu- laire et d’un defaut d’apoptose, l’ identification des facteurs de croissance tumorale et de leurs recepteurs que I’on peut blo- quer par anticorps monoclonaux (Herceptine @,), la decouverte de l’activite tyrosine kinase cel- lulaire et I’ interet de son inhibi- tion dans certains sarcomes et leucemies. Toutes les connaissances biolo- giques mises B la disposition des laboratoires pharmaceu- tiques ne debouchent pas tou- jours sur des succes immediats. Ainsi, le demembrement du mecanisme de I’angiogenese n’a pas encore debouche sur un inhibiteur du developpement de neo-vaisseaux par la tumeur avide d’oxygene. Les metallo- proteinases, enzymes impli- q&es dans le processus meta- statique (a I’origine de la migra- tion cellulaire tumorale), atten- dent encore leur inhibiteuc Deux autres avancees en recherche biologique ont fait progresser la cancerologie : I’ identification des oncogenes, genes cc inn&s 1’ de proliferation cellulaire dont la reactivation est une des cles de la candroge- nese ; la decouverte de muta- tions genetiques exposant une petite proportion de patients a une forme precoce tc familiale )) de cancer (BRCA 1 et cancer du sein). Ces avancees en biologie tumo- rale ont eu un effet g dopant 1’ sur la pharmacologic. Depuis peu, comme le souligne le Pr Robert, aux medicaments stric- tement anti-proliferatifs (empe- cher I’expansion tumorale) sont Venus s’adjoindre de nouveaux medicaments, avec des ciblages differents, s’attaquant non plus a la tumeur (c’est la fonction des chimiotherapies) mais au meca- nisme moleculaire generant tumeur. II est possible que I’association chimiotherapie/medicaments biologiques impose des choix prudents (risque d’effets secon- La biologie a 6clair6 les phQnom&nes de la canc6risatlon cellulaire daires). II est possible aussi que le typage moleculaire, s’ il se developpe, permette de mieux adapter cette richesse thera- peutique a chaque patient... Cavenir est a un (acocktail 3’ de medicaments agissant sur des cibles differentes et en syner- gie : une chimiotherapie, un anti-angiogenique, un vecteur moleculaire, un anticorps mono- clonal... J.-M. M. ---- (1) Cancerologie clinique, CHU de Bordeaux, et lnstitut Bergonie (Centre regional anti- cancereux). Revue Francaise des Laboratoires, f&&x 2003, N” 350 13

L'apport de la biologie au développement de nouveaux anti-cancéreux

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Capport de la biologie au d&eloppement de

e Pr Jacques Robert (l),

vice-president de la Societe

franpaise du cancer (SK),

s’est plu a evoquer ce theme en

soulignant que I’essentiel des

connaissances sur les meca-

nismes biologiques de la cance-

risation avaient ete acquis

depuis 1975, veritable ef explo-

sion * des connaissances

debouchant tout & la fois sur la

definition de cibles et le deve-

ioppement de nouvelles mole-

cules elles-memes mieux

ciblees. II a trace ces progres

au cows d’une reunion-bilan de

la SFC sur les nouveaux anti-

cancereux.

Les exemples ne manquent pas.

Dans le domaine de la biologie

des tumeurs, c’est la compre-

hension de la proliferation cellu-

laire et d’un defaut d’apoptose,

l’identification des facteurs de

croissance tumorale et de leurs

recepteurs que I’on peut blo-

quer par anticorps monoclonaux

(Herceptine @,), la decouverte

de l’activite tyrosine kinase cel-

lulaire et I’interet de son inhibi-

tion dans certains sarcomes et

leucemies.

Toutes les connaissances biolo-

giques mises B la disposition

des laboratoires pharmaceu-

tiques ne debouchent pas tou-

jours sur des succes immediats.

Ainsi, le demembrement du

mecanisme de I’angiogenese

n’a pas encore debouche sur un

inhibiteur du developpement de

neo-vaisseaux par la tumeur

avide d’oxygene. Les metallo-

proteinases, enzymes impli-

q&es dans le processus meta-

statique (a I’origine de la migra-

tion cellulaire tumorale), atten-

dent encore leur inhibiteuc

Deux autres avancees en

recherche biologique ont fait

progresser la cancerologie : I’identification des oncogenes,

genes cc inn&s 1’ de proliferation

cellulaire dont la reactivation est

une des cles de la candroge-

nese ; la decouverte de muta-

tions genetiques exposant une

petite proportion de patients a

une forme precoce tc familiale ))

de cancer (BRCA 1 et cancer

du sein).

Ces avancees en biologie tumo-

rale ont eu un effet g dopant 1’

sur la pharmacologic. Depuis

peu, comme le souligne le Pr

Robert, aux medicaments stric-

tement anti-proliferatifs (empe-

cher I’expansion tumorale) sont

Venus s’adjoindre de nouveaux

medicaments, avec des ciblages

differents, s’attaquant non plus a

la tumeur (c’est la fonction des

chimiotherapies) mais au meca-

nisme moleculaire generant

tumeur.

II est possible que I’association

chimiotherapie/medicaments

biologiques impose des choix

prudents (risque d’effets secon-

La biologie a 6clair6 les phQnom&nes

de la canc6risatlon cellulaire

daires). II est possible aussi que

le typage moleculaire, s’il se

developpe, permette de mieux

adapter cette richesse thera-

peutique a chaque patient...

Cavenir est a un (a cocktail 3’ de

medicaments agissant sur des

cibles differentes et en syner-

gie : une chimiotherapie, un

anti-angiogenique, un vecteur

moleculaire, un anticorps mono-

clonal...

J.-M. M.

----

(1) Cancerologie clinique, CHU

de Bordeaux, et lnstitut

Bergonie (Centre regional anti-

cancereux).

Revue Francaise des Laboratoires, f&&x 2003, N” 350 13