8
Newsletter Printemps 2016 - La vie du réseau IDAY - Santé et éducation en Afrique - Entretien avec Pamela Weathers - Des jardins pour les écoles du camp de réfugiés de Nyarugusu Rubriques IDAY Porte-voix pour l’éducation en Afrique Santé et éducation en Afrique Artemisia annua © IDAY-International aisbl - 19, rue des Jambes - 1420 Braine l’Alleud - 2 e trimestre 2016 - Bureau du dépôt de Braine l’Alleud - N.A.: P918672

L'Artemisia Annua pour lutter contre le paludisme en Afrique

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Newsletter IDAY - Printemps 2016

Citation preview

Page 1: L'Artemisia Annua pour lutter contre le paludisme en Afrique

NewsletterPrintemps 2016

- La vie du réseau IDAY- Santé et éducation en Afrique- Entretien avec Pamela Weathers- Des jardins pour les écoles du

camp de réfugiés de Nyarugusu

Rubriques

IDAY

Porte-voix pour l’éducation en Afrique

Santé et éducation en Afrique

Artemisia annua

© ID

AY-I

nter

natio

nal a

isbl

- 19

, rue

des

Jam

bes

- 142

0 Br

aine

l’Al

leud

- 2e

trim

estr

e 20

16 -

Bure

au d

u dé

pôt d

e B

rain

e l’A

lleud

- N.

A.: P

9186

72

Page 2: L'Artemisia Annua pour lutter contre le paludisme en Afrique

www.iday.orgIDAY p. 2 / Printemps 2016

Avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin

Votre publicité dans la prochaine

newsletter d’IDAY : contactez

[email protected]

Sommaire

2 - Mot du Président d’IDAY3 - Actualités IDAY-International4-5 - Artemisia annua6-7 - Entretien avec Pamela Weathers 8 - Bourse à projets Des jardins pour les écoles du camp de réfugiés de Nyarugusu

A propos d’IDAY

IDAY-International est un réseau de plaidoyer regroupant les associations de la société civile africaine oeuvrant pour l’éducation.

IDAY-International se bat pour le droit de tous les jeunes Africains à une éducation de base de qualité en encourageant un dialogue constructif entre la société civile africaine et ses gouvernements.

Prenez contact avec IDAY

Recevez les dernières infos liées à IDAY en nous suivant sur les réseaux sociaux :

Bienvenue !

IDAY-International 19, rue des Jambes - 1420 Braine-l’Alleud - Belgique Editeur Responsable : J-J. SchulRédacteur en chef / graphiste : L. FourmentinTél. +32 (0)2 385 44 12 - [email protected] bancaire : IBAN - BE 93 5230 8026 6767BIC - TRIOBEBB (TRIODOS).

Rendez-vous sur notre site internet www.iday.org et recevez notre newsletter tous les trimestres en nous envoyant un mail à : [email protected]

@iday (IDAY-International)

IDAY

Mot du Président d’IDAYChers amis et partenaires d’IDAY,

On peut se demander si le moment est bien choisi, alors que l’Europe pleure ses victimes des horribles attentats terroristes mortels de porter notre attention sur le paludisme en Afrique. IDAY tient à exprimer ici sa profonde sympathie envers ces victimes mais se doit aussi de rappeler les centaines de milliers de morts, y compris 1000 enfants par jour en Afrique dus au paludisme. Pourtant, comme les articles ci-après le montrent, ce fléau mortel pourrait être éliminé en Afrique. IDAY a été rendue consciente de la relation entre la lutte contre le paludisme et l’amélioration de la qualité de l’éducation en Afrique par une série d’éminentes personnalités scientifiques. D’abord le Dr. Pierre Lutgen de l’ONG luxembourgeoise, Iwerliewen, qui introduisit IDAY au potentiel de l’Artemisia annua et reste un pilier central pour l’échange d’information entre scientifiques et praticiens, Dr Tobias Arudo qui a réussi au Kenya le premier projet de jardins scolaires avec la plante à grande échelle, Dr Lucile Cornet-Vernet, de « More for Less » qui organisa une formation à l’Artemisia annua à Ouagadougou Professeur Guy Mergeai de la Faculté Agronomique de l’Université de Liège qui teste des cultivars africains d’Artemisia annua, Dr Patrick Ogwang, chercheurs de l’Université de Makerere en Ouganda, Dr Ahmed Hassanali, qui se bat pour lancer des essais cliniques conformes aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé permettant de vérifier les résultats favorables obtenus sur le terrain avec l’Artemisia annua et Bernabe Ollo Kambou qui cherche à organiser un colloque sur la plante en Afrique. Mais je souhaite remercier tout spécialement les chercheuses éminentes, la Professeur Pamela Weathers du Worchester Polytechnical Institute au Massachussets (USA) et Rosine Désirée Nkuitchou Chougouo Kengne de l’Université des Montagnes du Cameroun pour leur soutien à IDAY et leur contribution à cette Newsletter. Tôt ou tard, le rationnel et la logique prévaudront dans la lutte contre ce fléau que représente le paludisme pour l’Afrique et IDAY est fière d’y contribuer. Je dédie cette Newsletter aux membres d’IDAY qui au Burundi, Kenya, Cameroun, Gabon, Togo, Benin, Burkina-Faso, Sénégal et en RDC, Ouganda et Tanzanie, participent à ce défi.

Jean-Jacques SchulPrésident-fondateur d’IDAY-International

Page 3: L'Artemisia Annua pour lutter contre le paludisme en Afrique

www.iday.org IDAY p. 3 / Printemps 2016

Actualités / IDAY-International

Action IDAY-KivuIDAY-Kivu participe au projet régional de lutte contre les violences à l’encontre des enfants et jeunes travailleurs domestiques.

Le 10 mars, l’équipe du projet a organisé à Uvira (Sud Kivu - RDC) un événement festif afin de sensibiliser la population et de faire du plaidoyer auprès de leurs autorités. L’événement a regroupé des personnes de différents horizons, en particulier le Chef de Cité d’Uvira, le Chef du service des affaires sociales, le Chef du service du plan, le Chef du service art et culture, le Chef du service jeunesse, des chefs de quartier, mais aussi de nombreux travailleurs domestiques.

Après les discours des différents intervenants, un groupe de musique a animé l’événement avec une chanson tout spécialement conçue pour sensibiliser aux droits des travailleurs domestiques. Une pièce de théâtre a ensuite mis en évidence les violences auxquelles sont soumis les travailleurs domestiques. Une jeune femme travailleuse domestique est également venue témoigner de son parcours. La journée s’est terminée en chanson et en danse.

Rapport régional et vidéo sur les travailleurs domestiquesDans le cadre de la campagne de sensibilisation sur le projet des travailleurs domestiques, le rapport et une vidéo sont disponible sur le site http://invisibleworkers.eu/fr

Déménagement bureaux IDAYCes dernières semaines, deux bureaux IDAY ont changé d’adresse. Vous trouverez désormais la coordination d’IDAY-Kivu RDC à Office I, Avenue Nyiragongo numéro 12, Quartier Murara, Commune de Karisimbi, Goma.

Au Kenya, la coordination IDAY a été invitée à intégrer les bureaux du PALM situés à Général Mathenge, Westland, P.O. Box 1498-00606 Sarit, Nairobi.

Visite de coordination au Kenya et en TanzanieDans le cadre de la campagne régionale sur les travailleurs domestiques, la coordinatrice a rencontré les partenaires d’IDAY-Kenya et des organisations PALM et CEFA. Le séjour s’est terminé par la visite de KHAI, une association membre d’IDAY-Kenya travaillant à l’éducation et l’insertion dans la société de jeunes adultes porteurs d’un handicap intellectuel.

En Tanzanie, la coordinatrice a rencontré la Coordination nationale et les coordinateurs des 8 zones d’intervention de la coalition. Le temps d’une journée à Dar Es Salaam, les coordinateurs de Zanzibar, Dar Es Salaam, Kigoma, Mwanza, Dodoma, Morogoro et Bagamoyo ont pu échanger sur leurs structures, les défis rencontrés et ont ensemble réfléchi à un projet commun de promotion du droit à l’éducation des enfants tanzaniens à l’échelle nationale.

Une réunion similaire fut organisée à Zanzibar, réunissant la coordination de l’île de Pemba et celle de Zanzibar, afin de confronter les conclusions de la séance de Dar Es Salaam, et dresser les grandes lignes d’un programme stratégique qui sera mis en oeuvre dans les 9 zones d’intervention d’IDAY-Tanzanie.

IDAY-MauritanieLe Réseau Mauritanien pour l’Education Pour Tous (RMEPT), membre d’IDAY, n’est pas en reste en ce moment. Après la visite d’un représentant de la Banque Mondiale en février 2016, la coalition a également été reçue début mars par le Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur Ban Ki-moon.

RMEPT fait partie des 16 organisations choisies pour représenter la société civile lors de cette rencontre. Pendant quelques 45 minutes, Monsieur Ban Ki-moon a rappelé le rôle clé de la société civile qu’il a qualifié de « roi sans couronne » et acteur incontournable du développement.

Nouvelle stagiaire fundraisingDepuis janvier 2016, Martina Giuffrida est venue renforcer l’équipe IDAY en Belgique. Cette stagiaire volontaire, dotée d’un solide bagage universitaire et multilingue, vient appuyer le réseau dans sa recherche de fonds pour une période de 6 mois.

Page 4: L'Artemisia Annua pour lutter contre le paludisme en Afrique

www.iday.orgIDAY p. 4 / Printemps 2016

Pourquoi IDAY, un réseau oeuvrant àpromouvoir l’éducation, s’occupe t-il de santé ?L’anthropologue américain Jared Diamond observait que le sous-développement frappe principalement les pays de long de l’équateur où de graves maladies tropicales sévissent. Il formula donc l’hypothèse que ces maladies pourraient exercer un effet plus dépressif sur les économies de ces pays que la mauvaise gouvernance, généralement considérée comme première coupable.

IDAY-Kenya a réussi à quasiment éliminer le paludisme d’une cinquantaine d’écoles, favorisant ainsi des améliorations spectaculaires des résultats scolaires. De même, J-PAL – le « Poverty Alleviation Laboratory » du Massachussets Institute of Technology (MIT) – a établi que la vermifugation était la deuxième action la plus efficiente pour garder les enfants à l’école. IDAY a donc conclu lors d’une conférence au Parlement européen le 16 juin 2011 que l’on ne pouvait plus parler d’éducation de qualité en Afrique sub-saharienne sans traiter la question de la santé.

Pourquoi les moyens classiques d’éradication du paludisme ne suffisent-ils pas ?Ces moyens – moustiquaires et les médicaments Artemisia Combination Therapy (ACT) – utilisés contre une des maladies des plus débilitantes en Afrique ont des effets secondaires désagréables, sont sujets aux résistances et sont très chers.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime qu’éliminer le paludisme dans le monde avec ces moyens coûterait 7 milliards USD par an alors que la communauté internationale ne dispose que de 2,7 milliards USD. Des doutes ont aussi été émis sur les résultats réellement obtenus avec ces méthodes. Cette approche n’est donc pas soutenable.

Comme IDAY promeut des investissements à bas coût, il se devait de trouver une approche alternative pour « bouter le paludisme hors d’Afrique » comme le demandaient plusieurs étudiants africain. L’Artemisia annua remplit cette condition.

Qu’est ce que l’Artemisia annua ? L’Artemisia annua est une plante utilisée par les Chinois depuis plus de 2 000 ans contre diverses maladies infectieuses y compris le paludisme. Elle reçut une reconnaissance internationale après avoir sauvé le Vietcong du paludisme. Comme le montrent les articles des Prof. Pamela Weathers et Dr. Rosine Désirée Nkuitchou Chougouo Kengne, la plante offre une véritable polythérapie moins sensible aux résistances que les médicaments.

Quelles sont les composantes de l’action d’IDAY ? Les jardins scolairesSuite à l’expérience réussie au Kenya avec un cultivar d’Artemisia annua trouvé à l’Université de Kenyatta qui s’avère être adapté aux conditions écologiques d’Afrique, d’autres membres du réseau IDAY reprirent l’idée de jardins scolaires combinant l’Artemisia annua avec des plantes à haute valeur nutritive pour subvenir au déficit nutritionnel fréquent chez les jeunes Africains les plus démunis. Aujourd’hui, 14 projets de jardins scolaires sont proposés dans 8 pays membres d’IDAY.

Ces projets bénéficieront à 140000 enfants et professeurs pour un coût total de 700000 € (770000 USD) pour lesquels IDAY cherche des financements extérieurs totalisant 400000 € (400000 USD). Ils comprennent des campagnes de plaidoyer pour convaincre les gouvernements d’étendre ces initiatives à l’ensemble des écoles du pays.

Ces jardins scolaires donnent une nouvelle dimension aux écoles: parce qu’elles contribuent à améliorer la vie des communautés, elles voient leur intérêt augmenter aux yeux des populations. Cela accroit la motivation des parents d’envoyer leurs enfants à l’école pour apprendre des pratiques utiles dans la vie courante.

Tests CliniquesLa plupart des recherches ont été effectuées jusqu’à présent in vitro ou sur des populations restreintes qui ne répondent pas complètement aux standards de l’OMS. L’Université Kenyatta à Nairobi et IDAY proposent de tester l’utilisation de l’Artemisia annua contre le paludisme selon un protocole suivant les exigences de l’OMS. Les recherches seront conduites en collaboration avec des universités américaines et européennes. Les 3 ans de recherches coûteront 1,8 millions € (2 million USD) dont 10% sont couverts par l’Université Kenyatta.

Le but des recherches est de convaincre l’OMS d’inclure les extraits naturels d’Artemisia annua dans sa stratégie d’éradication du paludisme en Afrique.

ColloqueÉtonnement, alors que c’est en Afrique que le paludisme tue le plus de gens - 1 000 enfants par jour ; 100 000 femmes enceintes par an -, les colloques sur l’utilisation de l’Artemisia annua contre la maladie se tiennent rarement sur le continent, ou seulement à petite échelle. IDAY prévoit l’organisation d’un colloque de haut niveau qui rassemblerait autorités politiques, représentants de l’OMS, médecins, chercheurs, praticiens et agronomes expérimentés en Artemisia annua pour décider comment progresser. Un tel colloque coûterait 60000 € (66000 USD).

L’ArtemiSiA AnnuA contre Le paLudismeCette plante peut-elle sauver l’Afrique du paludisme ?

Page 5: L'Artemisia Annua pour lutter contre le paludisme en Afrique

www.iday.org

Echange de jeunesL’Artemisia annua est une culture exigeante en termes de lumière, eau et contrôle de maladies. La plupart des planteurs échouent leur première culture. Conscients de ces difficultés, des étudiants kenyans ayant réussi à maitriser les techniques culturales sont disposés à voyager pendant 4 à 6 mois pour communiquer leur savoir-faire aux jeunes d’autres coalitions IDAY. Les coûts de ces échanges sont pour la plupart inclus dans les coûts d’investissements de projets de jardins scolaires.

Avec la réalisation de l’ensemble de ces composantes du programme Artemisia annua d’IDAY, le réseau espère contribuer significativement à la lutte contre le paludisme en Afrique et à l’amélioration de la qualité de l’enseignement sur ce continent.

IDAY p. 5 / Printemps 2016

Artemisia annua

Echanges et partages sur l’Artemisia annuaà Ouagadougou7-9 novembre 2015 par David Amouzou, président d’IDAY TogoCette rencontre internationale m’a plus que jamais donné un véritable regain d’intérêt pour la culture et la promotion de l’Artemisia annua. J’ai obtenu 1,5kg de poudre d’Artemisia annua de mes dernières récoltes, et plus de 100 personnes ont bénéficié avec succès du traitement du paludisme à base de la tisane et de la poudre produites à partir de la plante. Actuellement plus de 20 pépinière sont en train d’être mis en pots. Plus de 5000 plants sont prêts pour la mise en terre et 2 ha sont mis à disposition pour la culture de l’Artemisia annua. L’unique élément attendu est un forage pour permettre une irrigation permanente des plants.

Pour le compte d’IDAY TOGO, un programme de promotion de l’artemisia au niveau scolaire est en cours de finition et de recherche d’appui pour son lancement dans les trois régions du Nord Togo.

projet de promotion de la santé intégrée à l’enseignement : Artemisia annua cultivée dans les jardins scolaires de Bangangte (nord cameroun).

En prolongement de mes premières recherches à l’Université des Montagnes, les travaux actuels effectués sous la direction du Dr. Kouamouo portent sur l’étude des propriétés de l’Artemisia annua, ses principes actifs, ses activités pharmacologiques, ses effets préventifs, les méthodes culturqales et son utilisation. Ces dernières s’appuient sur une expérimentation par des paysans, à l’arboretum de l’Université, et dans 7 écoles du Département du Ndé.

Sur le terrain, un projet est actuellement réalisé par APESE, jeune association pluridisciplinaire de Promotion de la Santé soutenue par la mairie de Bangangte et qui vient de rejoindre la coalition IDAY-Cameroun.

Le paludisme règne dans le département du Ndé. Il y est souvent mortel pour les plus petits et ses crises occasionnent l’absentéisme scolaire. IDAY soutient les initiatives de jeunes africains notamment par des projets de culture d’Artemisia annua dans les jardins scolaires. La coalition camerounaise adhère à ce projet ! Elle envisage l’extension progressive de l’expérience dans d’autres sites. Le gouvernement n’interdit pas l’utilisation de l’Artemisia annua considérée comme un MTA (médicament traditionnel amélioré).

Après 4 ans d’expérience de culture de la plante dans les jardins scolaires, plusieurs leçons peuvent être tirées : les enseignants sont la clé pour transmettre cette culture délicate aux élèves; les paysans et associations de femmes doivent être formés lors de séminaires ; un laboratoire informatique doit être équipé pour que les maîtres s’approprient le suivi de la culture.

Les tâches sont variées : acheter les boutures, former les enfants à la culture, arroser régulièrement la plante en saison sèche (dans certaines écoles qui manquent d’eau, les maîtres invitent les enfants à apporter chaque jour un récipient d’eau), acheter

le matériel de production, sécher le volume important récolté (la plante atteint une hauteur de 3 mètres), et conditionner la production, ce qui s’est avéré difficile sans machine. Des étudiants de l’Université des Montagnes ont expérimenté plusieurs conditionnements dans ce sens.

Une fois ces conditions remplies, les résultats encourageants obtenus montrent que l’Artemisia annua du Cameroun est aussi efficace que les cultures chinoises, tant comme traitement de la maladie que comme répulsif autour des habitations. De plus, cette approche donne l’occasion de travaux pratiques dans les écoles1. Il faut aussi récompenser ceux qui obtiennent les meilleurs résultats; et faire des évaluations épidémiologiques qui pourraient être menées par des étudiants universitaires. L’Artemisia annua offre une contribution concrète à l’usage des MTA, réduit significativerment l’absentéisme scolaire et la mortalité infantile, ce qui permet d’atteindre les objectifs de l’Organisation Mondiale de la Santé.

Cette approche revient, pour les populations, à faire les premiers pas vers une santé communautaire. Elle mobilise des professionnels locaux qui deviennent des acteurs de santé, les enfants qui apprennent concrètement les besoins culturaux d’une plante mais aussi ses effets sur leur santé, et l’entourage auquel les enfants transfèrent leurs connaissances.

APESE cherche à expérimenter un dispositif de 3 ans dans toutes les écoles de Bangangte, et à évaluer scientifiquement chacune des étapes du processus. Son but final vise l’autofinancement de la production et la diffusion de l’Artemisia annua comme MTA en toute période de l’année à l’ensemble de la population.

Rosine Désirée Nkuitchou Chougouo Kengede l’Université des Montagnes au Cameroon

1Note de la rédaction : ce qui confirme les conclusions du projet pilote de jardins scolaires mené par IDAY-Ouganda.

Page 6: L'Artemisia Annua pour lutter contre le paludisme en Afrique

www.iday.orgIDAY p. 6 / Printemps 2016

Quels sont pour vous les principales découvertes issues de vos recherches sur l’efficacité de Artemisia annua contre le paludisme ? Dans une première étude nous avons observe que les feuilles séchées Artemisia annua (PC) rendait l’artemisinine – le médicament antipaludique isolé à partir de la plante – bien plus assimilable que les ART consommé pur par voie orale [1]3. Nous ne nous attendions pas à ce résultat ce qui nous conduisit à d’autres études lancées par Mostafa Elfawal, alors au Rich Lab de l’Université de Massachusetts, Amherst, sur des souris infectées par le parasite ; ces études permirent d’observer que PC était plus puissante contre le parasite que les ART pure : PC délivrait beaucoup plus d’AET dans le sérum animal [2]. Ces résultats étaient cohérents avec la première étude. Les PC montraient aussi une plus grande dynamique pharmacokinétique comparée aux ART pures, persistant plus longtemps ce qui était important Après nous avons tenté d’induire des parasites résistants aux ART et avons traité des souris infectées avec ce parasite résistant. PC démontra une résilience trois fois supérieure au parasite résistant. En comparaison aux ART [4]. En d’autres mots, pour une même concentration d’ART, PC pris 3 fois plus de temps pour générer une résistance au ART pures ! Ces résultats excitants nous ont amené à étudier dans des travaux en cours financés par le National Institute Health (NIH) comment les ART délivrés par PC devenaient plus biodisponibles utilisant des digestions simulées dans des tubes expérimentaux. Nous avons trouvé que les ART délivrées par des PC devenaient plus solubles en présence d’huiles essentielles (HE) (Desrosiers and Weathers, non encore publié). De plus, utilisant des modèles cellulaires intestinales Caco2, PC accélère le transport de l’ART digérés 50% plus vite que le pure ART. sauf quand on ajouter des HE. Nous savons donc que les HE de la plante ont un effet critique sur la biodisponibilité améliorée que nous avions observée dans nos premières études sur les souris. Enfin, nous avons démontré que l’Artemisia annua peut être produite invariablement et préparée si la plante est reproduite par clonage. Nous savons aussi comment les ART et d’autres produits phytochimiques contenus dans les PC sont modifiés lorsque les feuilles séchées sont transformées en tablettes [5]. Ceci est important pour contrer les préoccupations sur le dosage variables des ART en provenance de différents cultivars et méthodes culturales.

Quels sont pour vous les principaux avantages et inconvénients de l’Artemisia annua par rapport aux traitements classiques du paludisme ? Avantages : Utiliser l’Artemisia annua est une thérapie simple et très efficiente avec un coût moyen estimé loin en dessous du seuil de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de USD 0.50 [6]. Elle peut traiter des paudismes devenus résistants aux ART etr minimise l’émergence de résistances au paludisme [4]. La littérature montre que les PC intervient nettement mieux que les monothérapie d’ART et au moins aussi bien que les thérapies combinées (Artemisinin Combination Therapy (ACT)4 [Weathers et al. 2016, à publier]. Un nombre de maladies tropicales négligées telles que la leishmaniose et la schistosomiase sont aussi susceptibles d’être traitées par PC [manuscrits en péeparation d’autres laboratoires] et pourraient donc aussi bénéficier de la consommation orale de PC ou d’extraits naturels de la plante. Comparés aux ACTs, le traitement à base de PC n’ont pas d’effets secondaires. Il peut être administré par voies orale ou rectale (rapports non publiés de traitement de nouveaux nés au Mali).

Inconvénients : D’abord et avant tout, il y a le refus apparent de l’OMS et l’establishment médical de considérer les PC comme un traitement alternatif aux ACTs, et cela malgré un corpus croissant d’évidence démontrant l’efficacité et une plus grande résilience envers les résistances des traitements aux PC5. Il existe aujourd’hui plusieurs plantes médicinales approuvées par le US FDA [7] (Veregen® pour le traitement de verrues et Fulyzaq® pour le traitement de diarrhées induites par le VIH) et les USA ont donc des précédents et la structure régulatoire pour assurer la qualité et l’efficacité de thérapies basées sur ces matériaux véfétaux complexes. Un autre inconvénient est le danger des contrefaçons, mais ceci affecte aussi les ACTs Enfin, je suis préoccupée par l’utilisation d’Artemisia annua de basse qualité. Nous ne savons toujours pas quels autres produits phytochimiques de la plante sont impliqués tant dans la biodisponibilité, l’efficacité et la résilience contre les résistances qui affectent les ART et ACT. Néanmoins, le manque de connaissance, qui pourrait prendre 10 ans à être comblé, n’exclut pas l’usage d’une plante médicinale bien définie dont nous avons pu démontrer l’efficacité. La plante est sans danger, bien tolérée, est en usage depuis des millénaires et efficace. Des peuples meurent parce qu’elle n’est pas diffusée.

PC = Plante complète d’Artemisia annua, un traitement naturel compose de feuilles séchéesART & ACT = extraits pharmaceutiques d’artemisinine, un compose de la plante. Il convient de bien distinguer la plante “ l’Artemisia ” du compose chimique “ l’artemisinine ” extrait de la plante2.

Membre du comité d’honneur d’IDAY, Pamela Weathers travaille depuis de nombreuses années sur les fonctionnalités de l’Artemisia Annua. Nous lui avons posé des questions sur ses recherches et les bienfaits de cette plante millénaire :

entretien avec pamela Weathers1

Page 7: L'Artemisia Annua pour lutter contre le paludisme en Afrique

www.iday.org IDAY p. 7 / Printemps 2016

Entretien / Pamela WeathersPamela J. Weathers, Ph.D. est professeure aux départements biologie et biotechnologie à la Worcester Polytechnic Institute avec une nomination conjointe en génie biomédical.

Elle a plus de 50 ans d’expérience de travail sur les plantes, les racines, les algues et le développement de bioréacteur. Elle est une experte internationalement reconnue sur l’Artemisia annua et l’artémisinine, ayant travaillé avec la plante et ses composés phytochimiques durant plus 25 ans.

Quelles sont les prochaines étapes encore nécessaires pour assurer un soutien plus étendu à l’usage de l’ Artemisia annua pour combattre les maladies infectieuses en Afrique ?Il nous faut des tests cliniques de grande qualité, d’abord sur le paludisme avec des résultats publiés et disséminés après révision des pairs dans des journaux rénomés. Une fois les résultats certifiés par les pairs, les résultats sont alors irréfutables et il sera plus aisé d’obtenir les investissements nécessaires pour que le traitement soit disséminé aux patients. Ensuite, le traitement avec la plante d’autres maladies susceptibles d’être guéries par ART deviendra possible.

Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à la plante et donner votre soutien à iDAY ?J’ai commencé à travailler avec la plante au début des années 1990 pour satisfaire l’intérêt d’un étudiant en licence. Je ne connaissais rien du tout de l’espèce ayant travaillé avant principalement sur des algues. Au cours des années je devins de plus en plus intriguée par les implications morales entourant le traitement de populations appauvries ce qui m’amena éventuellement aux expérimentations pour voir si les ART pouvaient passer dans le sang des souris si administrés par voie de PC. Nous fûmes totalement surpris par les résultats et le projet s’amplifia pour devenir les efforts actuels. Aujourd’hui mes buts sont multiples :• Fournir une explication scientifique saine des résultats

bénéfiques de la thérapie apparemment simple de la méthode d’administration par PC.

• Rapprocher les médecines traditionnelle et Occidentale ditemoderne.

• Accélérer la transposition de cette thérapie simple et usagedes PC par les patients.

J’ai pris conscience du travail d’IDAY par la coincidence des résultats du rapport ICIPE de 2005 [8] et le rapport d’évaluation d’IDAY de 2014 [9] démontrant l’efficacité de la méthode PC sur les patients humains souffrant de paludisme Dans le fons, on « inventait » la même technologie sur différentes continents ! Il y avait une convergence d’idées, une évolution géographique d’idées identiques mais naissantes simultanément sur deux continents distants. Travailler ensemble est plus raisonable. En effet, de nombreuses études émergent ou ont été publiées démontrant une efficacité similaire sur les humains [9] [10].

Soutenez-vous la recommandation d’iDAY de tenir un colloque en Afrique qui rassemblerait chercheurs, médecins, politiciens, planteurs, et des représentants de l’OmS pour déblayer les défis résiduels sur l’usage des extraits naturels d’Artemisia annua contre le paludisme en Afrique ?Ceci est une approche raisonable à condition que les corps régulateurs (OMS, etc.) participent aussi. Sinon, on ne fait que parler entre nous. Il est assez inconcevalbe que cette plante si bien étudiée et d’autres plantes efficaces ne sont pas prises en compte par l’OMS et les médecine occidentales. La science dit que ça marche… quel est donc le problème ?

1Biologiste Pamela Weathers a été honorée en février 2015 par sa nomination comme Membre de l’ American Association for the Advancement of Sciences, la société de sciences générales la plus étendue au monde, poru ses contributions à la biologie des plantes et ses recherches sur le traitement par les plantes médicinales du paludisme. 2L’artemisinine, fut identifiée en 1972 comme composant anti-pauldique de l’Artemisia annua par la Dr. Tu Youyou qui reçu le prix Nobel de médicine en 2015. 3Les chiffres dans les parentheses carrées renvoient à la bibliographie fournie par Professeur Weathers. 4La medication standard recommandée par l’OMS et distribuée largement avec le financement de plusieurs grandes fondations américaines à un coût élevé. -5Note d’IDAY : il convient de noter que deux pays européens qui hébergent les principales entreprises pharmaceutiques produisant des ACTs – la France et la Belgique – interdisent la vente de l’Artemisia annua, alors qu’elle est accessible dans les magasins de produits naturels et les pharmacies notamment en Allemagne et en Autriche

Bibliographie 1. Weathers PJ, Arsenault PR, Covello PS et al. Artemisinin production in Artemisia annua: studies in planta and results of a novel delivery method for treating malaria and other neglected diseases. Phytochemistry Reviews 2011; 10: 173-1832. Elfawal MA, Towler MJ, Reich NG et al. Dried whole plant Artemisia annua as an antimalarial therapy. PLoS ONE 2012; 7: e527463. Weathers PJ, Elfawal MA, Towler MJ et al. Pharmacokinetics of artemisinin delivered by oral consumption of Artemisia annua dried leaves in healthy vs. Plasmodium chabaudi-infected mice. Journal of Ethnopharmacology 2014; 153: 732-7364. Elfawal MA, Towler MJ, Reich NG et al. Dried whole-plant Artemisia annua slows evolution of malaria drug resistance and overcomes resistance to artemisinin. Proceedings of the National Academy of Sciences 2015; 112: 821-8265. Weathers PJ, Towler MJ. Changes in key constituents of clonally propagated Artemisia annua L. during preparation of compressed leaf tablets for possible therapeutic use. Industrial Crops and Products 2014; 62: 173-1786. Weathers PJ, Towler M, Hassanali A et al. Dried-leaf Artemisia annua: A practical malaria therapeutic for developing countries? World Journal of Pharmacology 2014; 3: 39-557. David B, Wolfender J-L, Dias DA. The pharmaceutical industry and natural products: historical status and new trends. Phytochemistry Reviews 2015; 14: 299-3158. ICIPE. Whole-leaf Artemisia annua-based antimalarial drug: report on proof-of-concepts studies. In, Nairobi, Kenya. Nairobi, Kenya; 20059. Kenya - Artemisia annua School Garden Project. Evaluation Report by an Independent Team of Researchers. IDAY - January 13-26 2014 10. Onimus M, Carteron S, Lutgen P. The surprising efficiency of Artemisia annua powder capsules. Medicin Aromat Plants 2013; 2: 2167-0412Ajout d’IDAY : Voir aussi les nombreuses publications notamment de Pierre Lutgen dans “Malaria World”.

Page 8: L'Artemisia Annua pour lutter contre le paludisme en Afrique

des jardins pour Les écoLes du camp de réfugiés de nyarugusu

Le camp de Nyarugusu, dans le Nord de la Tanzanie à la frontière avec le Burundi, accueille environ 170.000 personnes venues principalement de la RDC et du Burundi.

Du fait des conditions sanitaires délabrées, le paludisme sévit gravement dans le camp, avec une incidence non négligeable sur l’éducation des enfants et des jeunes. Cette maladie est une cause majeure d’absentéisme scolaire tant des élèves que des professeurs, et nuit fortement aux capacités d’apprentissage des enfants. Le coût des traitements pèse également sur l’ensemble de la communauté.

Inspiré par les jardins scolaires mis en place dans plusieurs pays d’Afrique par des associations membres d’IDAY, le collectif IDAY-Tanzanie dans le camp de Nyarugusu a entrepris depuis 2015 de s’attaquer à ce problème afin d’améliorer l’accès et les conditions d’apprentissage des enfants vivant dans le camp.

Leur objectif ? Eradiquer le paludisme et améliorer la nutrition des quelques 60.000 élèves des 16 écoles primaires et secondaires du camp. A travers la création de jardins et de cantines scolaires, ils proposent une approche à moindre coût et pérenne mobilisant les élèves et la communauté.

Les jardins entretenus par des groupes de jeunes comprendront des plantes à haute valeur nutritive ainsi que la plante Artemisia annua, qui permet de prévenir et de traiter le paludisme. Une campagne de sensibilisation sera menée sur l’utilisation de cette plante et pour encourager sa culture par les familles elles-mêmes. Le projet inclut également l’installation de fours fermés afin de réduire la consommation de bois (-50%) dans les cantines scolaires, et donc les coûts pour les familles.

Des plantations d’Artemisia annua ont déjà été initiées dans le camp de Nyarugusu, mais elles ont été rendues difficiles par les intempéries et le doublement de la population du camp en 2015.

Ce projet permettra donc à IDAY-Nyarugusu/Tanzanie de relancer l’initiative et, avec les ressources appropriées (55 855€ recherchés sur 3 ans) et l’appui des autorités du camp, de la pérenniser. Ce projet s’inscrit d’ailleurs dans la campagne menée par la coalition IDAY-Tanzanie pour promouvoir les jardins scolaires et l’Artemisia annua au niveau national.

Des échanges avec des coalitions IDAY engagées dans la culture et l’utilisation de l’Artemisia annua dans d’autres pays d’Afrique sont également prévus dans la perspective d’un renforcement mutuel et d’une réelle appropriation de l’approche.

B E 9 3 5 2 3 0 8 0 2 6 6 7 6 7

T R I O B E B B

IDAY InternationalRue des Jambes1420 Braine l’Alleud

News2016-03/BAP50