L’usage problématique d’internet : état de la littérature ... · L’usage problématique d’internet: état de la littérature scientifique sur les principaux facteurs de

L’usage problématique d’internet : état de la littérature scientifique sur les

principaux facteurs de risque et protection chez les adolescents âgés entre 12 et 17

ans.

Par

Jonathan Lamy-Canuel

Essai sous la supervision de Andrée-Anne Légaré présenté dans le cadre de la

Maîtrise en intervention en toxicomanie

Université de Sherbrooke

Faculté de médecine et des sciences de la santé

© 01 mai 2019

i L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation

clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.

Pour citer cet essai: Lamy-Canuel, J. (2019). Recension des principaux facteurs de risque et protection de l’usage problématique d’internet chez les adolescents âgé entre 12 et 17 ans. Essai synthèse inédit. Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de

Sherbrooke

Résumé

La littérature scientifique aborde les facteurs de risque et de protection, ainsi que l’impact

de l’usage problématique d’internet (UPI) à l’adolescence. Ces travaux ont été réalisés

entre autres dans les pays d’Asie, comme la Corée du Sud. Aucun texte francophone ne

fait le point sur l’ensemble des facteurs de risque et de protection de l’UPI, ce qui serait

un plus pour la communauté scientifique. Le but de l’essai sera de recenser les principaux

facteurs de risque et de protection de l’UPI auprès des adolescents âgés entre 12 et 17 ans

à partir de la littérature scientifique. Afin de répondre à cet objectif d’essai, la recension

des écrits apparaît comme étant le moyen le plus pertinent afin de réunir en un seul texte

francophone les principaux facteurs de risque et protection de l’UPI. Les résultats sont

divisés en trois catégories, les facteurs individuels, liés à l’usage et à l’environnement.

Sur le plan individuel, les principaux facteurs de risque sont le genre masculin, l’humeur

dépressive, l’estime de soi, l’impulsivité, la recherche de nouveauté. Les principaux

facteurs liés à l’utilisation d’internet sont la participation à des jeux vidéo, des sites

pornographiques, et aux réseaux sociaux, le nombre d’heures passer en ligne. Finalement,

les facteurs liés à l’environnement sont la relation avec les pairs et la fréquentation d’une

école professionnelle. Peu d’étude rapporte des facteurs de protection. Il peut être

intéressant d’évaluer les adolescents, qui présentent ces facteurs de risque. Les forces et

les limites de l’essai de même que les retombées possibles sont finalement présentées.

Mots clés :

Usage problématique d’internet, adolescents, facteurs de risque, facteurs de protection

Keywords:

Problematic internet use, adolescents, risk factors, protective factor

ii L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.


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Remerciements

Je tiens à exprimer toute ma gratitude à ceux qui m’ont soutenu pour l’élaboration de

mon essai et à sa réussite. Tout d’abord, je désire remercier ma directrice d’essai,

Andrée-Anne Légaré pour son aide précieuse, son support ainsi que son indulgence tout

au long du processus de mon essai.

Je veux remercier mes parents qui sont toujours présents pour moi et qui m’ont offert leur

soutien moral, tout au long de mes études ainsi que lors de la réalisation de mon essai. Je

veux remercier ma directrice clinique du centre ASPA, Caroline Fortin, qui m’a donné la

chance de travailler pour elle, qui m’a apporté son savoir et qui m’a aussi offert du

support moral pour les moments plus difficiles durant mon parcours à la maîtrise.

Je tiens aussi à remercier mes collègues de travail, Maude Frenette, Katherine Bourdon-

Gill, Kadidia Ouedraogo et Maude Lévesque pour leur support moral offert durant mon

parcours à la maîtrise, principalement durant la réalisation de mon essai.

Je tiens à dédier mon essai à ma grand-mère, qui au début de mon cheminement à la

maîtrise, est décédée d’un cancer du poumon. Ma grand-mère était une personne très

importante pour moi, qui est partie trop vite.

iii L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.


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Table des matières Résumé ............................................................................................................................................. i

Remerciements ................................................................................................................................ ii

1. Introduction ............................................................................................................................. 5

1.1. Constats théoriques .................................................................................................................. 7

1.1.1. Prévalence de l’UPI chez les adolescents ........................................................................ 7

1.1.2. Les conséquences de l’UPI .............................................................................................. 8

1.1.3. Facteurs de risque et protection de l’UPI ........................................................................ 9

2. Méthodologie ......................................................................................................................... 10

2.1. Justification d’un moyen ....................................................................................................... 10

2.2. Stratégie de recherche et critères de sélection ....................................................................... 11

2.3 Procédures et analyse des données : ........................................................................................ 11

3. Résultats ................................................................................................................................ 12

3.1. UPI et facteurs individuels .................................................................................................... 13

3.2 UPI et facteurs liés à l’usage d’internet ................................................................................. 15

3.3 UPI et facteurs environnementaux ........................................................................................ 16

4. Discussion ............................................................................................................................. 17

4.1. Résumé des principaux constats ............................................................................................ 17

4.2. Forces et limites de l’essai ..................................................................................................... 21

4.3. Recommandations ................................................................................................................. 23

4.3.1. Recommandation 1 : ...................................................................................................... 23

4.3.2. Recommandation 2 : ...................................................................................................... 23

4.4. Retombées de l’essai ............................................................................................................. 24

5. Conclusion ............................................................................................................................. 24

6. Références bibliographiques ................................................................................................. 25

7. Annexe A : Organigramme du processus itératif d’exploration de banques de données ....... iv

8. Annexe 2 : Tableaux résumés des principaux facteurs de risque de protection de l’UPI. ....... v

5 L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.


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1. Introduction

L’utilisation d’internet fait partie du quotidien de la population, mais pour certains

individus, son usage amène des conséquences sur plusieurs sphères de leur vie (Zhou et

coll., 2018). Plusieurs moyens permettent maintenant d’y accéder, en plus des multiples

applications qui sont développées tous les jours (Dufour et coll., 2016). Parmi ces

individus, les adolescents représentent une population plus à risque que les adultes, étant

donné qu’ils sont dans une période de transformation développementale sur les plans

psychologiques, corporels et identitaires, ce qui augmente les risques de dépendance

(Ballarotto, Volpi, Marzilli, & Tambelli, 2018 ; Jia et coll., 2018 ; Mo, Chan, Chan, &

Lau, 2018 ; Trumello, Babore, Candelori, Morelli, & Bianchi, 2018). En ce qui a trait au

nombre d’heures passées par semaine par les adolescents, celui-ci aurait augmenté au

cours des dernières années, passant d’une moyenne de 11 heures à 17,9 heures (Dufour et

coll., 2016). Une autre étude réalisée au Québec démontre que les adolescentes passent

en moyenne près de 17 heures en ligne par semaine, alors que la moyenne serait de 19,65

heures pour les garçons (Dufour et coll., 2017). Les principales applications utilisées

chez les adolescentes sont les médias sociaux, YouTube, ainsi que les sites internet de

téléchargement de musique ou de film (Dufour et coll., 2017). Les garçons préféreraient

aussi les jeux vidéo avec d’autres joueurs ainsi que les sites pour adultes (Dufour et coll.,

2017).

Bien que l’utilisation problématique d’Internet (UPI) fasse l’objet de nombreuses études,

le trouble lié à l’utilisation de l’ensemble des applications disponibles sur internet n’est

pas encore officiellement reconnu par la communauté médicale. Actuellement, le DSM-5

(American Psychiatric Association [APA], 2013) reconnaît uniquement l’usage

problématique de jeux vidéo, comme diagnostic à l’étude, tout comme l’Organisation

mondiale de la santé (OMS) qui a récemment ajouté le trouble du jeu vidéo dans la

Classification Internationale des Maladies. Selon l’APA (2013), les principaux critères

diagnostics du trouble sont : la préoccupation concernant les jeux vidéo sur internet, la

présence de symptômes de sevrage en cas d’arrêt des jeux, une tolérance, des tentatives



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infructueuses pour contrôler l’usage de jeux vidéo, une perte d’intérêt pour les différentes

activités de loisirs et divertissements antérieurs, l’utilisation excessive malgré les

problèmes psychosociaux, tromper l’entourage sur la quantité d’heures de jeux en ligne,

utilisation dans le but de fuir ou soulager une humeur déplaisante ainsi qu’une menace ou

une perte d’une relation sociale importante, d’un emploi ou une possibilité d’éducation

ou de carrière par la participation à des jeux sur internet. Le trouble du jeu vidéo sur

internet exclut l’usage récréatif et social ainsi que la consultation exclusive des sites de

jeux de hasard et d’argent ou les sites pornographiques (APA, 2013). En ce qui concerne

l’OMS, depuis juin 2018, celle-ci reconnaît le trouble du jeu vidéo et l’inscrit au même

titre que la dépendance aux substances psychoactives et aux jeux de hasard et d’argent

(OMS, 2018.). L’OMS (2018) définit la problématique de l’utilisation de jeux vidéo

comme étant une altération sévère des activités personnelles, familiales, sociales,

scolaires, professionnelles et des autres sphères de vie sur une période de 12 mois.

Nonobstant la reconnaissance de la problématique liée à l’utilisation des jeux vidéo dans

le monde médical, les deux diagnostics excluent certaines activités en ligne qui

pourraient causer des problèmes chez les adolescents (Dufour et coll., 2017). C’est

pourquoi certains chercheurs du domaine ont recours au concept d’usage problématique

d’internet (UPI) qui regroupe la dépendance à internet et l’utilisation compulsive

d’internet (Anderson, Steen, & Stavropoulos, 2017). À l’heure actuelle, la littérature

scientifique ne possède pas de définition claire de l’UPI (Anderson et coll., 2017).

Toutefois, Anderson et ses collaborateurs (2017) ont soulevé trois principales définitions

qui sont fréquemment employées pour définir l’UPI. Selon les auteurs, le concept d’UPI

se définit comme une utilisation d’internet qui apporte des difficultés à une personne sur

le plan psychologique, social et scolaire/professionnel (Zhang, Li, & Li, 2015). L’UPI

provoquerait une dépendance psychologique et une perte de contrôle qui engendreraient

un sentiment d’anxiété et une préoccupation lorsqu’une personne est privée d’internet, ce

qui affecterait quotidiennement leur vie (Ozturk & Kaymak Ozmen, 2011). L’UPI est

défini par certains auteurs par une incapacité de contrôler son usage d’internet malgré les

conséquences négatives et par une persistance des problèmes pendant une période



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significative (Dufour et coll., 2016 ; Xin et coll., 2017). Ainsi, pour certains auteurs l’UPI

se réfère à une perte de contrôle de certaines applications d’internet, qui génère une

utilisation compulsive de ces applications. Malgré le manque de convergence entre les

différentes définitions, le point central concerne les conséquences engendrées par cette

problématique. Donc, pour le souci de l’essai, l’UPI sera le terme employé pour définir la

problématique à l’étude.

1.1. Constats théoriques

1.1.1. Prévalence de l’UPI chez les adolescents

Les études épidémiologiques des différents pays présentent de grands écarts entre les

prévalences de l’UPI. Aux États-Unis, la prévalence varierait entre 0,7 à 8,1 %, tandis

qu’en Asie les résultats varient entre 2,4 à 37,9 % (Durkee et coll., 2012). Au Québec, la

prévalence de l’UPI chez les adolescents serait de 1,32 %, mais 17 % seraient considérés

à risque (Dufour et col, 2017). Cette variation s’expliquerait en partie par la variété

d’outils, le manque d’outils standardisés, ainsi que par le manque de consensus quant à la

définition de l’UPI (Chérif et coll., 2015 ; Dufour et coll., 2017, 2016 ; Durkee et coll.,

2012).

Au Québec, aucun rapport gouvernemental récent ne documente le nombre d’heures

passées par les adolescents sur les différentes applications internet ou le nombre de

jeunes présentant un UPI. Toutefois, deux études menées par Dufour et ses collaborateurs

auprès d’un large échantillon d’adolescents sont disponibles dans la littérature

scientifique. Selon l’étude de Dufour et coll. (2016), l’augmentation du nombre d’heures

par semaine concorderait avec l’arrivée des différentes applications telles que Facebook,

depuis 2007. Aussi, les auteurs indiquent que les adolescents québécois passent plus de

temps sur internet comparativement aux jeunes des pays européens (Dufour et coll.,

2016).



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1.1.2. Les conséquences de l’UPI

Comme indiqué précédemment, la littérature révèle que les adolescents et les jeunes

adultes sont plus à risque de vivre des conséquences en lien avec l’utilisation d’internet

(Lin, Wu, You, Hu, & Yen, 2018 ; Munno et coll., 2017 ; Savci & Aysan, 2017), ce qui

pourrait s’expliquer notamment par des vulnérabilités biologiques et développementales

qui augmentent le risque de comportement de dépendance (Metin et coll., 2015 ; Tsitsika,

Critselis, Janikian, Kormas, & Kafetzis, 2011 ; Watson, 2014 ; Wu et coll., 2016 ; Wu et

coll., 2018). De plus, comparativement aux adultes, les adolescents sont dans une période

de transformation développementale sur les plans psychologique, corporel et identitaire,

qui augmentent les risques de développer une dépendance (Ballarotto, Volpi, Marzilli, &

Tambelli, 2018 ; Jia et coll., 2018 ; Mo, Chan, Chan, & Lau, 2018 ; Trumello, Babore,

Candelori, Morelli, & Bianchi, 2018). De nos jours, l’utilisation d’internet peut être un

moyen pour répondre aux différents besoins qui sont nécessaires au développement de

l’adolescent, comme l’appartenance, l’affirmation de soi et la recherche identitaire

(Trumello et coll., 2018). Toutefois, l’utilisation d’internet en excès apporterait aussi des

conséquences qui affecteraient principalement la santé physique et le développement

psychosocial, les performances académiques et les relations familiales (Gómez, Rial,

Braña, Golpe, & Varela, 2017 ; Wang, Wu, & Lau, 2016 ; Wu et coll., 2018). La

littérature rapporte aussi que les conséquences de l’UPI ont des chances de se poursuivre

à l’âge adulte (Anderson et coll., 2017 ; Jia et coll., 2017 ; S. Park, Lee, & Jun, 2017).

Sur le plan de la santé physique, certains adolescents favoriseraient le nombre d’heures

passées sur internet au détriment de leur nombre d’heures de sommeil (McNicol &

Thorsteinsson, 2017; Nakayama, Mihara, & Higuchi, 2017). Par rapport à la santé

psychologique, il aurait une augmentation des symptômes de troubles psychologiques

(Nakayama et coll., 2017). Les adolescents qui ont une UPI auraient une faible estime

personnelle et plus de chance de développer une dépression, de l’anxiété et du stress (Li,

Zhang, Li, Zhen, & Wang, 2010 ; Park, Kim, & Cho, 2009 ; Shek & Yu, 2013). Sur le

plan académique, les adolescents qui présentent un UPI sont plus à risque d’échec

scolaire et de négliger leurs devoirs (McNicol & Thorsteinsson, 2017 ; Nakayama et coll.,



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2017 ; Park et coll., 2009 ; Shek & Yu, 2013 ; Trumello et coll., 2018). Ils ont aussi plus

de chance d’avoir une baisse de concentration, d’assiduité scolaire et d’abandonner

l’école (Park et coll., 2009). Sur le plan social, certains adolescents auraient tendance à

favoriser l’utilisation d’internet au détriment des relations avec les pairs (McNicol &

Thorsteinsson, 2017). L’UPI aurait des conséquences sur la communication avec les pairs

en dehors de l’internet et pourrait conduire à vivre de l’isolement (Li, Zhang, Li, Zhen, &

Wang, 2010). Les adolescents auraient aussi des difficultés d’adaptation sociale et

relationnelle, ce qui augmenterait la solitude (Shek & Yu, 2013 ; Trumello et coll., 2018).

Les adolescents souffrant d’UPI vivraient des conséquences sur le plan familial, comme

des conflits avec leurs parents (Nakayama et coll., 2017 ; Park et coll., 2009 ; Shek & Yu,

2013). Aussi, l’UPI à l’adolescence pourrait augmenter les chances d’être un

cyberintimidateur, de vivre du chantage à propos des photos et des vidéos et d’être

contacté et/ou rencontrer des étrangers (Gómez et coll., 2017). Donc, l’UPI aurait un

impact direct sur le développement de l’adolescent, puisqu’ils augmenteraient les risques

de vivre diverses conséquences sur plusieurs sphères.

1.1.3. Facteurs de risque et protection de l’UPI

En ce qui concerne la recherche sur les facteurs de risque, plusieurs études tentent de

situer les différentes causes ou caractéristiques qui contribuent à augmenter les chances

de développer un UPI (Koo & Kwon, 2014 ; Lin et coll., 2018 ; Nakayama et coll., 2017).

La prise en compte des facteurs de risque et de protection apporte aussi aux intervenants

des données qui peut leur permettre de développer des stratégies d’intervention et de

prévention (Ko, Yen, Yen, Chen, & Chen, 2012 ; Ko et coll., 2015 ; Koo & Kwon, 2014 ;

Nakayama et coll., 2017). Toutefois, force est de constater que la littérature scientifique

offre peu d’écrits scientifiques qui regroupent l’ensemble des différents facteurs de risque

ou de protection de l’UPI chez les adolescents (Fumero, Marrero, Voltes, & Peñate,

2018; Koo & Kwon, 2014). Bien que plusieurs études aient été menées dans des pays

d’Asie, comme la Corée du Sud, ces études ciblent souvent une série de facteurs précis en

lien avec l’UPI (Koo & Kwon, 2014), écartant la possibilité d’avoir un portrait de

l’ensemble des facteurs de risque et de protection de cette problématique.



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Ainsi, ce premier survol de la littérature permet de soulever le manque de précision de la

définition de l’UPI. En un deuxième temps, plusieurs études scientifiques qui abordent

les facteurs de risque et de protection ainsi que l’impact de l’UPI à l’adolescence sont

réalisées dans les pays d’Asie, comme la Corée du Sud (Koo & Kwon, 2014), alors que

les études québécoises abordent principalement les prévalences et les différences entre les

genres. Ainsi à la lumière de la recension de la littérature effectuée, il apparaît qu’aucun

texte francophone ne fait le point sur l’ensemble des facteurs de risque et de protection de

l’UPI, ce qui serait un plus pour la communauté scientifique.

Tenant compte de l’ensemble des faits relatés précédemment, le but de mon essai sera de

recenser les principaux facteurs de risque et de protection de l’UPI auprès des adolescents

âgés entre 12 et 17 ans.

2. Méthodologie

2.1. Justification d’un moyen

La recension des écrits apparaît comme étant le moyen le plus pertinent de réunir en un

seul texte francophone les principaux facteurs de risque et protection de l’UPI. Également

appelé revue de littérature, cet ouvrage consiste à recenser toutes les publications portant

sur le thème d’intérêt et en faire un examen critique. De plus, la recension des écrits

permettra de préciser les différentes données issues de la recherche sur les facteurs de

risque et de protection de l’UPI, ainsi qu’établir des relations entre les différents concepts

abordés dans la littérature scientifique dans l’intention de les réunir en un seul texte

francophone (Fortin, Gagnon, Fournier, & Lauzier, 2016). Le moyen apparaît idéal, étant

donné que plusieurs textes abordent directement et indirectement les facteurs de risque et

de protection de l’UPI. Ainsi, la transférabilité des informations sera pertinente pour les

cliniciens qui sont confrontés à cette problématique, puisqu’ils auront des pistes

supplémentaires lors de l’évaluation des usagers sur le plan individuel, de l’utilisation

d’internet ainsi que de l’environnement.



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2.2. Stratégie de recherche et critères de sélection

Dans le cadre de la réalisation de la recension des écrits, des barèmes de recherche ont été

utilisés dans le but de colliger la littérature scientifique des dix dernières années. Les

banques de données utilisées dans le cadre de la recherche documentaire sont PsychInfo,

Medline, Sciendirect et Academic Search, étant donné qu’elles ciblent principalement des

écrits scientifiques en lien avec des problématiques psychologiques. Les différents mots

clés utilisés ont été validés par une bibliothécaire et bonifiés pour la recherche sur les

différentes banques de données. Les mots clés sont: internet addiction, adolescents,

problematic internet use, adolescence, teenager, youth, social factors, personal factors,

risk factors et protective factors.

Les principaux critères d’inclusion concernent la période de publication des articles :

ceux-ci doivent avoir été publiés entre janvier 2008 et le 31 octobre 2018. Le choix de

cette période est principalement dû à l’arrivée des médias sociaux comme Facebook en

2007 (Dufour et coll., 2016). Les études ont été sélectionnées en fonction de la

population dans le but d’avoir des données représentatives des adolescents québécois. Les

textes scientifiques choisis ont été retenus s’ils sont disponibles en anglais ou en français,

afin d’éviter les biais liés à la langue. Ils doivent aussi comporter un des différents mots-

clés énumérés ci-dessus dans le titre et le contenu du résumé. Finalement, les études

scientifiques devaient présenter un niveau de qualité de la preuve suffisant tel qu’évalué

par la grille proposée par Tanti, Hupin, Boutin, & Hassanaly (2010).

Les critères d’exclusion sont les études qui ne sont pas des essais randomisés tels que des

revues systématiques, des méta-analyses ainsi que des études épidémiologiques. Les

études qui ciblent l’usage problématique d’une seule activité en ligne, par exemple les

jeux vidéo, ont été exclues. Finalement, les études scientifiques qui n’ont pas un

échantillon en provenance des Amériques ou de l’Europe ont été exclues, puisque la

culture de l’utilisation d’internet est différente (Dufour et coll., 2016).

2.3 Procédures et analyse des données :

La recherche documentaire a permis d’identifier 69 996 études avec les mots clés

indiqués ci-dessus. En spécifiant les sujets internet et internet addiction ainsi qu’en



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spécifiant l’âge adolescent (13-17 ans), 390 écrits sont ressortis par les différentes

banques de données. De ces 390 écrits scientifiques, 90 études scientifiques ont été

sélectionnées par les titres et la lecture des résumés. Ensuite, 24 textes scientifiques ont

été sélectionnés en fonction de la population étudiée, en provenance de l’Amérique du

Nord, du Sud ainsi que des pays de l’Europe. Finalement, des 24 études scientifiques, 12

textes ont été exclus pour des raisons méthodologiques, suite à l’évaluation de la qualité

de la preuve ainsi que l’incohérence entre les résultats/l’objectif de l’étude et le

titre/résumé de l’article, afin d’avoir des données probantes. Les différents essais

randomisés ont été évalués à l’aide de la grille de Tanti et coll. (2010). Sur les 15 textes,

13 études scientifiques présentent une bonne qualité de la preuve. Les deux études qui

présentent un niveau de preuve plus faible sont l’étude de Aydm & San (2011) et Munno

et coll. (2017). Les études présentes soient des lacunes sur le plan méthodologique ou sur

la présentation des résultats. Les études n’ont pas été exclues, puisque les résultats sont

bien justifiés et cohérents avec la littérature. De plus, la bibliographie des différents

articles a aussi été consultée pour enrichir la banque de données, ce qui a permis

d’intégrer quatre textes supplémentaires. Donc, 16 textes ont été sélectionnés et analysés

pour la présente recension des écrits. La création de fiches de lecture ainsi qu’un tableau

récapitulatif des données sont les moyens privilégiés pour l’extraction des données

textuelles et pour faciliter la rédaction des résultats.

3. Résultats

Dans le cadre de l’essai, les facteurs de risque et protection sont définis comme des

variables qui augmentent ou qui diminuent les risques d’éprouver une UPI (Brisson,

2010 ; Koo & Kwon, 2014). Les facteurs de risque et de protection issus de la littérature

scientifique ont été divisés en trois principales catégories soit les facteurs individuels, les

facteurs liés à internet ainsi que les facteurs liés à l’environnement. Les facteurs

individuels incluent les caractéristiques biologiques, psychologiques, comportementales

et émotionnelles. Les facteurs liés à internet réfèrent aux différentes caractéristiques de

l’usage fait par les adolescents. Finalement, les facteurs environnementaux impliquent les



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différentes composantes issues du milieu de l’adolescent, tel que l’impact des amis et de

la relation avec les parents.

3.1. UPI et facteurs individuels

Sur le plan biologique, dans l’échantillon, six études se sont intéressées à l’influence du

genre sur le développement de l’UPI. Le genre masculin est un facteur de risque de l’UPI

selon cinq études de la recension (Evren, Dalbudak, Evren, & Demirci, 2014; Munno et

coll., 2017 ; Perrella & Caviglia, 2017; Tsitsika, Critselis, Louizou, et al., 2011; van

Rooij, Ferguson, van de Mheen, Schoenmakers, & van Rooij, 2017). Parmi les six études,

nous retrouvons une seule étude scientifique qui n’identifie pas le genre comme un

facteur de risque d’UPI (Vigna-Taglianti et coll., 2017). Néanmoins, les auteurs de cette

étude identifient que les filles plus jeunes seraient plus à risque d’UPI que les garçons

(Vigna-Taglianti et coll., 2017).

En ce qui concerne les facteurs psychologiques, ils se subdivisent en cinq principales

catégories : les traits de personnalité, les symptômes liés à différents troubles

psychologiques ainsi que de la dépendance aux substances psychoactives ainsi que

l’estime de soi.

Parmi la littérature scientifique qui a étudié les différents facteurs de risque ou de

protection, trois études se sont intéressées à l’influence de différents traits de

personnalités sur l’UPI, en recourant aux traits de personnalité tels que définis dans le

modèle du Big Five (Costa et McCrea, 1987). Le premier trait de personnalité identifié

comme facteur de risque est un faible niveau de conscienciosité. Le trait consciencieux

inclut la responsabilisation, une faible impulsivité ainsi que la conformité aux règles de la

société (Stavropoulos, Kuss, Griffiths, & Motti-Stefanidi, 2016). Par exemple, un

adolescent qui aurait un faible niveau de conscienciosité aurait plus tendance à prioriser

l’internet au lieu de ses travaux scolaires (Stavropoulos, Kuss, et coll., 2016). Aussi, il est

démontré qu’un faible niveau d’agréabilité serait un facteur de risque de l’UPI à

l’adolescence (Kuss, van Rooij, Shorter, Griffiths, & van de Mheen, 2013). Le trait



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agréabilité se définit par la facilité à entrer en relation, à aider et à apprécier les autres

(Costa & McCrae, 1992 ; Plaisant, Courtois, Réveillère, Mendelsohn, & John, 2010). Les

adolescents avec un faible niveau d’agréabilité seraient plus enclins à utiliser des

comportements agressifs en ligne, dus à l’aspect désinhibiteur d’internet engendré par

l’anonymat que procurent les différentes applications (Kuss et coll., 2013). Le troisième

trait de personnalité considéré comme un facteur de risque est la faible stabilité

émotionnelle ou le névrosisme (Kuss et coll., 2013). La stabilité émotionnelle réfère à la

capacité à éprouver et tolérer des émotions désagréables (Matthews, Deary, & Whiteman,

2003).

Le dernier trait de personnalité associé à l’UPI est l’ouverture à l’expérience qui serait,

quant à lui, un facteur de protection de l’UPI (Stavropoulos, Gentile, & Motti-Stefanidi,

2016). Les adolescents qui ont un haut niveau d’ouverture à l’expérimentation, qui inclut

la curiosité, l’expérimentation, et la recherche de nouveauté, auraient plus tendance à

socialiser avec les autres adolescents à l’école. Cette ouverture diminuerait les chances de

combler le besoin de socialisation uniquement internet (Stavropoulos, Gentile, et coll.,

2016). Paradoxalement, pris individuellement, les composantes de l’ouverture à

l’expérimentation, soit la curiosité, l’expérimentation et la recherche de nouveauté sont

des facteurs de risque de l’UPI (Stavropoulos, Gentile, et coll., 2016). Les adolescents qui

ont ces traits auraient plus de chances d’essayer différentes applications (Stavropoulos,

Gentile, et coll., 2016) ce qui induirait un risque de développer une UPI par rapport à ces

applications.

En ce qui concerne les symptômes psychologiques, la littérature scientifique recensée

présente cinq études qui ont démontré l’impact de certains symptômes lié à l’anxiété et à

l’humeur dépressive. La présence de ces symptômes agirait comme facteur de risque pour

l’UPI (Gámez-Guadix, 2014 ; Munno et coll., 2017 ; Stavropoulos, Gentile, et coll.,

2016 ; van Rooij et coll., 2017). L’usage d’internet agirait comme moyen de réguler

l’humeur ou comme moyen pour atténuer l’anxiété, ce qui augmenterait les risques d’UPI

(Gámez-Guadix, 2014 ; Stavropoulos, Gentile, et coll., 2016 ; van Rooij et coll., 2017).



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Par ailleurs, le sentiment d’ennui, chez les garçons, est aussi identifié dans la littérature

scientifique comme un facteur de risque de l’UPI (Vigna-Taglianti et coll., 2017).

L’utilisation d’internet devient un moyen pour réguler les différents sentiments

déplaisants. La consommation de substances psychoactives augmenterait les risques

d’UPI, étant donné que la substance augmenterait la stimulation cérébrale et l’altération

du jugement (Evren et coll., 2014). Finalement, les adolescents qui ont une faible estime

de soi et de faibles aspirations personnelles sont des facteurs de risque de l’UPI (Aydm &

San, 2011 ; Munno et coll., 2017).

3.2 UPI et facteurs liés à l’usage d’internet

La littérature scientifique répertorie cinq études, qui recensent des facteurs de risque liés

à des aspects de l’utilisation d’internet. La littérature scientifique a aussi répertorié

certaines activités en ligne faites par les adolescents, qui sont plus susceptibles

d’augmenter les chances d’UPI ainsi que le nombre d’heures passées en ligne (Vigna-

Taglianti et coll., 2017). Les jeux de hasard et d’argents en ligne ont été identifiés comme

un ensemble d’application qui augmente les risques d’UPI (Tsitsika, Critselis, Janikian,

Kormas, & Kafetzis, 2011). La consultation de sites pornographiques a été confirmée

dans deux études scientifiques comme un facteur de risque de l’UPI (Reiner et coll.,

2017 ; Vigna-Taglianti et coll., 2017). Les réseaux sociaux ainsi que les jeux vidéo ont

été identifiés dans trois études scientifiques, comme des facteurs de risque de l’UPI (Kuss

et coll., 2013 ; Reiner et coll., 2017 ; van Rooij et coll., 2017 ; Vigna-Taglianti et coll.,

2017). Une étude identifie la recherche d’information sur internet comme facteur de

protection de l’UPI (Vigna-Taglianti et coll., 2017). Ainsi, le nombre d’heures passées en

ligne pourrait représenter un facteur de risque de l’UPI (Vigna-Taglianti et coll., 2017).

La littérature scientifique identifie certaines utilisations d’internet qui augmentent les

risques chez les garçons. Trois études indiquent que les garçons qui consomment de la

pornographie, des jeux vidéo ainsi que le téléchargement de musique sont plus à risque

d’UPI (Reiner et coll., 2017 ; Tsitsika et coll., 2011 ; Vigna-Taglianti et coll., 2017). En

contrepartie, une étude souligne que les réseaux sociaux seraient un facteur de risque qui



Sherbrooke

touche davantage les filles (Reiner et coll., 2017). Une étude scientifique spécifie la

présence de plusieurs points d’accès d’internet, comme un facteur de risque chez les

garçons (Vigna-Taglianti et coll., 2017).

3.3 UPI et facteurs environnementaux

La section adressant les facteurs environnementaux a été divisée en trois catégories, soit

les facteurs familiaux, scolaires et relationnels.

Sur le plan familial, trois études scientifiques ont recensé des facteurs liés à l’UPI. Un

trop grand contrôle parental par rapport à l’utilisation d’Internet de l’adolescent est un

des facteurs de risque de l’UPI (Vigna-Taglianti et coll., 2017). Un parent qui applique

des règles trop strictes sur le temps passé en ligne augmenterait aussi les risques d’UPI

(van den Eijnden, Spijkerman, Vermulst, van Rooij, & Engels, 2010). De plus, les

adolescents pourraient être en réaction vis-à-vis leurs parents qui auraient eux-mêmes de

la difficulté à limiter leur temps passé en ligne (van den Eijnden, Spijkerman, Vermulst,

van Rooij, & Engels, 2010). Aydm et San (2011) abordent l’influence du milieu familial

sur l’estime de soi qui aurait aussi un impact sur l’UPI. L’estime de soi dans le milieu

familial est influencée par le support familial, les soins et la participation aux activités

quotidiennes (Aydm & San, 2011). L’autonomie dans le milieu familial serait un facteur

important dans le développement de l’estime de soi de l’adolescent dans son milieu

familial (Aydm & San, 2011). La littérature identifie une bonne communication entre les

parents et l’adolescent à propos de l’utilisation d’internet comme un facteur de protection

(van den Eijnden et coll., 2010).

Sur le plan académique, trois études scientifiques ont identifié des facteurs liés à l’UPI.

La relation peu positive avec un enseignant serait un facteur de risque (Díaz-Aguado,

Martín-Babarro, & Falcón, 2018). L’engagement dans un programme d’école

professionnelle serait un facteur de risque propre aux garçons et confirmé par deux études

randomisées auprès des jeunes âgés entre 14 et 20 ans (Munno et coll., 2017 ; Vigna-

Taglianti et coll., 2017). Comparativement aux écoles secondaires, les écoles



Sherbrooke

professionnelles ont des programmes d’études qui encouragent l’utilisation d’internet

(Munno et coll., 2017 ; Vigna-Taglianti et coll., 2017).

Sur le plan de la relation avec les pairs, deux études abordent l’impact sur l’UPI.

L’attachement insécure aux pairs agit comme un facteur de risque, tandis qu’un

attachement sécure aux pairs agit comme un facteur de protection (Reiner et coll., 2017).

Un attachement insécure fait référence à un manque d’habileté sociale, qui amènerait à

une difficulté à maintenir les relations avec les pairs ainsi qu’à réguler ses émotions

(Reiner et coll., 2017). Comparativement, un adolescent avec un attachement sécure

présente plus d’habiletés sociales, ce qui aurait un impact sur le support social, qui serait

plus soutenant et qui favoriserait une meilleure régulation des émotions chez l’adolescent

(Reiner et coll., 2017). Ainsi, l’estime de soi dans son réseau social serait un facteur de

risque de l’UPI. Les auteurs définissent l’estime de soi dans son réseau social par la

présence de relations entre les pairs chez l’adolescent, qui est déterminant pour le

développement de l’estime de soi à cette période. (Aydm & San, 2011).

4. Discussion

4.1. Résumé des principaux constats

Cette recension des écrits avait pour but de réunir en un texte francophone les principaux

facteurs de risque et de protection de l’UPI auprès des adolescents âgés entre 12 et 17 ans

à partir de la littérature scientifique. Celle-ci nous a permis de classer les différents

facteurs de risque et de protection en trois principales catégories soit les facteurs

individuels, liés à l’usage ainsi qu’à l’environnement.

En accord avec plusieurs auteurs, les facteurs de risque et de protection tentent de situer

les différentes causes ou caractéristiques qui contribuent à augmenter ou diminuer les

chances de développer un UPI (Brisson, 2013 ; Koo & Kwon, 2014 ; Lin et coll., 2018 ;

Nakayama et coll., 2017). Les résultats de cet essai permettront d’apporter des pistes pour

l’évaluation et la prévention auprès des adolescents.



Sherbrooke

Sur le plan individuel, il est important de souligner qu’aucun facteur de protection n’a été

étudié dans la littérature scientifique. En contrepartie, les résultats ont démontré que

certains facteurs biologiques augmentent les risques d’UPI. Le principal facteur de risque

qui émerge de la littérature est le genre masculin. En effet, les garçons seraient davantage

à risque d’UPI, ce qui converge avec des résultats similaires issus de la littérature en

provenance des pays asiatiques, autant chez les adolescents qu’auprès d’une population

adulte (Choi, Chun, Lee, Han, & Park, 2018 ; Hong, You, Kim, & No, 2014 ; Shek & Yu,

2012 ; Tsai et coll., 2009 ; Wu et coll., 2016 ; Yu & Shek, 2013). Ces résultats

indiqueraient que les garçons seraient plus vulnérables à l’UPI, étant donné qu’ils sont

plus ciblés par le marketing des applications qui augmentent les risques d’UPI, comme

les jeux vidéo (Hong et coll., 2014).

En ce qui a trait aux facteurs de risque sur le plan psychologique, certains traits de

personnalité, certains symptômes psychologiques ainsi que l’estime de soi sont les

principaux thèmes qui émergent de cette catégorie. Il est pertinent de noter qu’à

l’extérieur du contexte nord-américain et européen, peu d’études sur l’UPI étudient

certains traits de personnalité, en lien avec le modèle Big five, comme facteur de risques

de l’UPI. Le faible niveau de conscienciosité et une grande ouverture à l’expérimentation

ne sont pas des résultats corroborés dans la littérature scientifique. Cependant,

l’impulsivité ainsi que la recherche de nouveauté sont des facteurs qui convergent avec la

littérature scientifique asiatique (Ko et coll., 2012 ; Lin et coll., 2018). Donc, les

adolescents qui présentent un niveau plus élevé d’impulsivité seraient aussi davantage

portés à utiliser internet, au lieu de faire leurs travaux scolaires (Kuss et coll., 2013),

entraînant ainsi des conséquences sur le plan académique. Les adolescents qui ont un plus

haut niveau de recherche de nouveauté auraient tendance à être plus créatifs, imaginatifs

et innovants, ce qui augmente les chances à s’adonner à des activités agréables comme

l’utilisation d’internet (Kuss et coll., 2013). Les adolescents qui présentent un haut niveau

de recherche de nouveauté ont tendance à se surinvestir dans leurs passe-temps, ce qui

peut transformer une utilisation d’internet récréative en UPI (Kuss et coll., 2013). Par

exemple, un adolescent qui a un haut niveau de recherche de nouveauté, qui aurait



Sherbrooke

tendance à jouer à des jeux vidéo, aurait des risques de se surinvestir en ignorant les

conséquences (Kuss, 2013).

Par ailleurs, l’humeur dépressive, le sentiment d’ennui, ainsi que l’anxiété sont

considérés comme des facteurs de risque confirmés dans la littérature scientifique

(Koyuncu, Unsal, & Arslantas, 2014 ; Shek & Yu, 2012 ; Wu, Li, Lau, Mo, & Lau,

2016). Certains adolescents auraient plus tendance à gérer leurs émotions déplaisantes par

l’utilisation d’internet, ce qui augmente les risques de développer un UPI si le recours à

cette stratégie d’adaptation se cristallise (Gámez-Guadix, 2014). Aussi, dans les résultats

du présent essai, une faible estime de soi représente un facteur de risque de l’UPI. Aydm

& San (2011) supportent l’idée que certaines applications favorisent le développement de

l’estime de soi chez les adolescents, tandis que d’autres nuisent au développement de

celle-ci. L’utilisation d’internet serait une activité qui diminuerait la maîtrise de soi, par

l’investissement dans le jeu, elle aurait un impact sur l’estime de soi (Aydm & San,

2011). Munno et coll. (2017) souligne que les adolescents avec une faible estime de soi

prioriseraient les activités solitaires au lieu des activités sociales, puisqu’ils éprouveraient

de la gêne, de l’inconfort ainsi que de l’anxiété dans les activités sociales, ce qui

s’exprimerait par de l’évitement. Cependant, peu d’études scientifiques valident ces

résultats. La revue de littérature de Ko et coll. (2012) confirme le facteur de risque. En

contrepartie, les études scientifiques de Lin et coll. (2018), auprès des adolescents et de

Younes et coll. (2016) auprès des adultes, indiquent qu’une meilleure estime de soi agit

comme un facteur de protection. Il est important d’indiquer qu’aucune étude issue de

l’échantillon ne laisse supposer qu’une forte estime de soi agit comme un facteur de

protection.

En ce qui concerne les facteurs en lien avec l’usage d’internet, aucun facteur de

protection n’a été étudié et reconnu pour les adolescents. Cependant, plusieurs facteurs de

risque ont été identifiés dans la recension des écrits. La consommation de pornographie

ainsi que l’utilisation de jeux vidéo, chez les garçons, sont les principaux facteurs de

risque qui ressortent de la recension des écrits. Les résultats convergent avec d’autres



Sherbrooke

études issues de la littérature scientifique autant auprès des adolescents que des adultes

(Ko et coll., 2008 ; Koyuncu et coll., 2014 ; Rehbein & Mößle, 2013 ; Şaşmaz et coll.,

2014 ; Sun et coll., 2012 ; Tsai et coll., 2009). Les jeux vidéo en ligne nécessiteraient plus

d’engagements pour atteindre les objectifs du jeu, ce qui conduirait au développement,

chez les personnes vulnérables, de comportements d’adaptation pour renforcer

l’investissement dans le jeu (Kuss et coll., 2013). En ce qui concerne les sites

pornographiques, les garçons seraient plus à risque étant donné qu’ils ont une

augmentation de l’activation du plaisir sexuel par la visualisation de fantasmes (Tsai et

coll., 2009). De plus, la pornographie serait entre autres un moyen utilisé chez les

adolescents pour l’éducation sexuelle (Koyuncu et coll., 2014).

En ce qui concerne l’utilisation des réseaux sociaux, la littérature scientifique reconnaît

aussi l’impact des réseaux sociaux comme facteur de risque pour l’UPI (Rehbein &

Mößle, 2013 ; Şaşmaz et coll., 2014 ; Sun et coll., 2012), mais aussi comme un facteur de

protection (Kormas, Critselis, Janikian, Kafetzis, & Tsitsika, 2011; Thorsteinsson &

Davey, 2014). Selon Thorsteinsson & Davey (2014) et Kormas et coll. (2011), l’usage

des réseaux sociaux à des fins de socialisation diminuerait les risques d’UPI chez les

adolescents. Les réseaux sociaux renforceraient les relations sociales des adolescents.

Ainsi, le dernier facteur de risque de l’UPI pertinent issu de l’échantillon de texte est le

nombre d’heures passées en ligne. Dans l’étude de Vigna-Taglianti et coll. (2017), les

résultats ne sont pas tout à fait précis. Il y a une apparence d’une confusion entre un

facteur de risque et une conséquence de l’UPI qui se dégage de l’article. Cependant, la

littérature scientifique reconnaît que le nombre d’heures passées en ligne est un facteur de

risque de l’UPI identifié auprès des adolescents (Koyuncu, Unsal, & Arslantas, 2014 ;

Şaşmaz et coll., 2014 ; Wang et coll., 2011). Dans l’étude de Wang et coll. (2011), les

auteurs indiquent qu’un adolescent qui utilise un ordinateur pendant 8 heures par jour,

serait plus à risque d’UPI.



Sherbrooke

Finalement, sur le plan environnemental, aucun facteur de protection n’a été identifié

dans la recension des écrits. Cependant, quelques facteurs de risque ont été identifiés. Le

principal facteur de risque qui émerge de la recension des écrits est la fréquentation d’une

école professionnelle. Le facteur de risque identifié concerne les adolescents âgés entre

16 à 17 ans qui fréquentent les écoles professionnelles. Munno et collaborateurs (2017)

identifient dans leur étude que les adolescents qui vont dans des écoles professionnelles

ont plus tendance à utiliser internet dans leur quotidien, étant donné qu’ils ont des

formations spécifiques avec internet. Peu d’études confirment ce résultat dans la

littérature scientifique, outre l’étude de Yang & Tung (2007) qui corrobore ce résultat de

l’essai. Dans le cadre de l’essai, une mauvaise relation avec les pairs a été identifiée

comme un facteur de risque de l’UPI. Les données sur l’estime de soi par les pairs ainsi

que l’attachement aux pairs, font référence à l’importance pour un adolescent d’avoir des

relations sociales et de les maintenir. Milani, Osualdella, & Di Blasio (2009 b, 2009a)

supportent que les adolescents avec peu de relations sociales ont tendance à adopter des

stratégies d’évitement lors des situations sociales anxieuses (Milani et coll., 2009 b,

2009a). La littérature scientifique reconnaît l’impact d’un faible réseau social comme un

facteur de risque de l’UPI (Chen, Chen, & Gau, 2015 ; Milani et coll., 2009a, b).

4.2. Forces et limites de l’essai

Les résultats du présent essai doivent être nuancés à la lumière de certaines limites

associées au devis. Bien que le présent essai ait suivi un processus rigoureux pour la

sélection des écrits, peu de résultats sont confirmés par deux études scientifiques. Cette

limite laisse supposer qu’il y a un manque d’études scientifiques européennes et Nord-

Américaine à ce jour qui permettent d’avoir des données probantes pour l’évaluation de

cette problématique. Nous pouvons présumer qu’il a des études scientifiques qui ont été

menées dans un contexte asiatique. Toutefois, elles n’ont pas été considérées en raison

des différences culturelles sur le plan de l’utilisation des technologies. Aussi le manque

de définition claire de l’UPI au sein de la communauté scientifique représente une grande



Sherbrooke

limite pour le présent essai. En effet, le manque de définition claire apporte un manque de

balise pour faciliter l’évaluation et l’identification des facteurs de risque et de protection.

Malgré ces limites, les résultats de l’étude comportent aussi plusieurs forces. Sur le plan

méthodologique, des critères de sélections rigoureux ainsi que l’évaluation de la qualité

de la preuve des différentes études ont permis de sélectionner des études avec un bon

niveau de preuve. Ces forces sur le plan méthodologique permettent aussi d’identifier des

études scientifiques qui sont davantage reconnues dans la communauté scientifique.

Ainsi, elles permettent d’assurer la pertinence et la fidélité des résultats du présent essai.

Donc, l’évaluation de qualité a permis d’assurer. Aussi, le choix de la provenance des

études américaines et européennes a permis d’avoir des études scientifiques avec des

contextes culturels en lien avec la technologie qui est similaire au contexte québécois. De

ce fait, nous pouvons supposer que les facteurs de risque et de protection identifiés

peuvent être similaires aux adolescents québécois, ce qui permet la transférabilité des

résultats.

Finalement, en ce qui a trait aux informations présentées dans le cadre de l’essai, il est

pertinent de noter que la majorité des études portent sur les facteurs de risque et peu

d’étude scientifique porte sur les facteurs de protection. Dans le but d’avoir des pistes

afin de développer des programmes de prévention positifs, il serait pertinent d’avoir

davantage d’études qui portent sur les facteurs de protection. La majorité des études ont

identifié les garçons comme plus à risque de développer un UPI. Considérant que Dufour

et coll. indiquent que 17 % des adolescentes sont aussi à risque de développer un UPI, il

aurait été pertinent d’identifier des facteurs de risques ou de protection plus

particulièrement avec les filles. Enfin, il est pertinent de noter que peu d’études

scientifiques ont analysé les facteurs environnementaux comparativement aux facteurs

individuels.



Sherbrooke

4.3. Recommandations

4.3.1. Recommandation 1 :

À la lumière des informations recueillies dans la littérature, certaines recommandations

peuvent être émises pour favoriser la mise en place de stratégies de préventions,

d’intervention et d’évaluation.

Considérant que la reconnaissance des facteurs de risque et de protection peut être utile

pour la création des programmes de prévention qui cible l’UPI et certaines interventions

en amont de la problématique.

• Nous recommandons que les programmes de prévention pour l’UPI visent à

promouvoir le développement de l’estime de soi ainsi que sur l’acquisition de

connaissance par rapport aux impacts potentiels du nombre d’heures passées sur

les jeux vidéo, les sites pornographiques et les réseaux sociaux.

• Nous recommandons aussi que les intervenants en dépendance, qui œuvrent

auprès des adolescents, travaillent en amont la gestion des émotions, l’impulsivité

ainsi que l’estime de soi.

4.3.2. Recommandation 2 :

Considérant que la reconnaissance de certains facteurs de risque de l’UPI peut être utile

pour le processus d’évaluation de la problématique chez les adolescents.

• Nous recommandons que les intervenants en dépendance, qui œuvrent auprès des

adolescents, ciblent les jeunes qui présentent une humeur dépressive, de l’anxiété

et de l’impulsivité.



Sherbrooke

4.4. Retombées de l’essai

L’objectif du présent essai était de réunir en un texte francophone les différents facteurs

de risque et de protection de l’UPI. Ces connaissances pourraient apporter aux

intervenants des pistes de réflexion lors de l’évaluation de l’UPI quant aux éléments sur

le plan individuel, environnemental et en lien avec l’usage d’internet qui augmenterait les

chances de développer une UPI. Également, les connaissances apportées par les résultats

de l’essai pourraient permettre de développer des stratégies de prévention adaptée à cette

problématique (Ko, Yen, Yen, Chen, & Chen, 2012 ; Ko et coll., 2015 ; Koo & Kwon,

2014 ; Nakayama et coll., 2017). Pour l’ensemble des cliniciens qui travaillent en

dépendance auprès des adolescents, j’espère que cet essai permettrait d’avoir une

meilleure connaissance sur les différents facteurs de risque et de protection de l’UPI issu

de la littérature. Aussi, pour la communauté scientifique, j’espère que cet essai

permettrait de générer de nouvelles pistes de recherche portant sur des facteurs

individuels, environnementaux et en lien avec l’usage d’internet, qui sont moins étudiées

auprès de la population adolescente québécoise.

5. Conclusion

En conclusion, cet essai a permis de souligner différents facteurs de risque et de

protection auprès des adolescents. Cependant, le manque de définition claire ainsi que le

manque d’outils standardisés apportent des défis supplémentaires pour la recherche

scientifique sur ce sujet. Étant donné que l’utilisation d’internet est de plus en plus

fréquente par les adolescents, il serait fortement pertinent de poursuivre les recherches

sur l’UPI afin de favoriser l’élaboration d’outil d’évaluation, d’intervention et de

prévention plus pointus.



Sherbrooke

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