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Ouvrage réalisé sous la direction de Claude Eterstein Français Méthodes & Pratiques 2 de / 1 re TOUTES SÉRIES Livre du professeur Sylvie DAUVIN Agrégée de Lettres classiques Professeur au lycée international de Saint-Germain-en-Laye (78) Véronique LE LIBOUX Certifiée de Lettres modernes Professeur au lycée Jacques-Cartier de Saint-Malo (35) Adeline LESOT Agrégée de Lettres modernes Valérie MARQUENET-COMBEL Agrégée de Lettres modernes Professeur au lycée Pablo-Picasso de Fontenay-sous-Bois (94) Christine SEBAL Certifiée de Lettres modernes Professeur au lycée Jacques-Cartier de Saint-Malo (35) Jacques DAUVIN Agrégé de Lettres classiques Professeur au lycée international de Saint-Germain-en-Laye (78) Claude ETERSTEIN Ancien élève de l’E.N.S. Agrégé de Lettres modernes Professeur au lycée international de Saint-Germain-en-Laye (78)

Ldp Methodesetpratiques 2011

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  • Ouvrage ralis sous la direction de Claude Eterstein

    FranaisMthodes & Pratiques

    2de / 1reTOUTES SRIES

    Livre du professeur

    Sylvie DAUVINAgrge de Lettres classiquesProfesseur au lyce international de Saint-Germain-en-Laye (78)

    Vronique LE LIBOUXCertifie de Lettres modernesProfesseur au lyce Jacques-Cartier de Saint-Malo (35)

    Adeline LESOTAgrge de Lettres modernes

    Valrie MARQUENET-COMBELAgrge de Lettres modernesProfesseur au lyce Pablo-Picasso de Fontenay-sous-Bois (94)

    Christine SEBALCertifie de Lettres modernesProfesseur au lyce Jacques-Cartier de Saint-Malo (35)

    Jacques DAUVINAgrg de Lettres classiquesProfesseur au lyce international de Saint-Germain-en-Laye (78)

    Claude ETERSTEINAncien lve de lE.N.S.Agrg de Lettres modernesProfesseur au lyce international de Saint-Germain-en-Laye (78)

  • Conception graphique: Graphismes Ralisation: Dominique Grelier Relecture et correction: Monika Gabbaydition: Marylne Duteil

    HATIER, Paris, aot 2011 - ISBN: 978-2-218-93808-5Toute reprsentation, traduction, adaptation ou reproduction, mme partielle, par tous procds, en tous pays, faite sans autorisation pralable est illicite et exposerait le contrevenant des poursuites judiciaires. Rf.: loi du 11 mars 1957, alinas 2 et 3 de larticle 41.Une reprsentation ou reproduction sans autorisation de lditeur ou du Centre Franais dExploitation du droit de Copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris) constituerait une contrefaon sanctionne par les articles 425 et suivants du Code Pnal.

  • 3Avant-proposObjectifsLe livre du professeur de Franais Mthodes &Pratiques 2de/ 1re se propose en premier lieu de rpondre aux questions poses dans la partie Dcouvrir et dans la partie Exercices du livre de llve. Il veut galement prsenter de nombreuses possibilits de dmarches pdagogiques afin daborder: les programmes de franais de 2de et de 1re gnrales et technologiques qui entrent en vigueur en sep-tembre 2011 et en particulier les diffrents objets dtude ainsi que leurs liens avec lhistoire des arts et les textes de lAntiquit; la mthodologie des preuves orales et crites de franais (EAF) du baccalaurat (B.O. n26 du 28 juin 2001 et B.O.E.N. du 16 janvier 2003).

    Rappel des objets dtude au programme de 2de et de 1re

    Moyen ge-xVIe sicle

    xVIIesicle xVIIIesicle xIxesicle xxesicle

    Seconde Comdie et tragdie au xviies.: le classicisme

    Le roman et la nouvelle au xixes.: ralisme et naturalisme

    Genres et formes de largumentation: xviie et xviiie s.

    La posie du xixe au xxes.: du romantisme au surralisme

    Premire (toutes sries)

    Le texte de thtre et sa reprsentation: du xviies. nos jours

    Le personnage de roman du xviies. nos jours

    La question de lhomme dans les genres de largumentation du xvie au xxes.

    criture potique et qute du sens: du Moyen ge nos jours

    Premire L Vers un espace culturel europen: Renaissance et humanisme

    Les rcritures du xviies. nos jours

    Contenu de louvrage En tte de chacun des chapitres sont rappels les objectifs et les contenus des programmes: reprage dans lhistoire littraire et culturelle (chap. 1 4), tude et pratique de la langue et des discours (chap. 5 14, chap. 52), objets dtude (chap. 15 31), dfinition des preuves de lEAF (chap. 32 43), initiation la lecture dimage, au fonctionnement des mdias et la synthse de documents (chap. 44, 45, 47 et 49). Les corrigs de la partie Dcouvrir, comme ceux de nombreux exercices, proposent des tudes de corpus de textes et de documents. Les corrigs des valuations 2de et des sujets de Bac des chapitres destins la 1re prcisent les critres dvaluation des diffrents sujets (notamment dinvention), offrent des plans dtaills ainsi que des paragraphes rdigs. Une rubrique Prolongement suggre de nouvelles possibilits dexploitation pdagogique des textes et des images, propose de nouveaux documents, renvoie des sites Internet. Rappelons quavec Mthodes & Pratiques 2de/ 1re, vous pouvez aussi accder des ressources suppl-mentaires gratuites en ligne sur le site www.editions-hatier.fr/methodesetpratiques: des fiches de rem-diation en orthographe avec rappels des rgles et exercices; un tableau des abrviations courantes pour la prise de notes; une fiche dvaluation pour loral; des fiches contenant des citations sur diffrents genres littraires (posie, roman), etc.

  • 2de 1re 1re L

    I - SE REPRER DANS LHISTOIRE LITTRAIRE ET CULTURELLE

    1. Dcouvrir les mouvements littraires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 2. Situer un texte dans son poque et son contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 3. Replacer une uvre dans lhistoire des arts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 4. Comprendre les liens entre la littrature et les autres arts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

    II - ENRICHIR LE VOCABULAIRE

    5. tudier lhistoire et la formation des mots . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 6. Tenir compte du sens des mots et savoir en jouer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 7. Enrichir son vocabulaire : les motions et la r exion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 8. Enrichir son vocabulaire : socit, politique, religion, art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

    III - MATRISER LA LANGUE : SYNTAXE, ORTHOGRAPHE, RHTORIQUE

    9 tudier et matriser la syntaxe de la phrase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 10 tudier et matriser lexpression des temps et des modes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 11 Amliorer son orthographe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 12 tudier lnonciation et la modalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 13 tudier et employer les fi gures de style . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 14 Distinguer et pratiquer les diffrentes formes de discours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

    IV - ANALYSER ET PRATIQUER LES GENRES DE LARGUMENTATION

    15. tudier et choisir des stratgies argumentatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 16. Distinguer diffrents genres de largumentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 17. tudier et pratiquer les genres de lloquence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 18. laborer, organiser et illustrer une argumentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 19. Confronter des argumentations sur la question

    de lHomme du xvie sicle au xxe sicle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 20. tudier les problmatiques de lhumanisme pendant la Renaissance . . . . . . . . . 119

    V - TUDIER ET PRATIQUER LES GRANDS GENRES LITTRAIRES

    LE ROMAN ET LA NOUVELLE 21. tudier et pratiquer la narration et la description . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127 22. tudier la composition du rcit dans le roman et la nouvelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 23. Analyser la construction et la signifi cation

    du personnage romanesque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140

    Sommaire

    4

  • LE THTRE 24. tudier la comdie et le comique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150 25. tudier la tragdie et le tragique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 26. tudier le renouvellement des formes thtrales du xviie sicle nos jours . . . 164 27. tudier les formes et les enjeux de la reprsentation thtrale . . . . . . . . . . . . . . . . . 174

    LA POSIE 28. tudier le travail du pote sur le langage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184 29. tudier lvolution des formes potiques du Moyen ge nos jours . . . . . . . . . . . 191 30. tudier les fonctions de la posie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199

    31. tudier et pratiquer les rcritures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208

    VI - SINITIER AUX PREUVES CRITES ET ORALES DU BACCALAURAT

    LA QUESTION SUR LE CORPUS 32. Lire un corpus et des consignes, crayon en main . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216 33. Rdiger la rponse une question sur un corpus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221

    LE COMMENTAIRE 34. tudier le texte et concevoir un plan dtaill . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227 35. Rdiger un paragraphe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231 36. Rdiger lensemble du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233

    LA DISSERTATION 37. Analyser un sujet et concevoir le plan du dveloppement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239 38. Rdiger un paragraphe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245 39. Rdiger lensemble du devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252

    LCRITURE DINVENTION 40. Analyser le sujet dinvention en prenant la mesure de ses contraintes . . . . . . . . 258 41. Rdiger le devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263

    LORAL 42. Prparer lexpos oral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270 43. Prparer lentretien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275

    VII - TRAVAILLER EN AUTONOMIE

    44. Lire limage fixe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 280 45. Lire limage mobile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 282 47. Sinitier au fonctionnement des mdias . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283 49. Savoir prendre des notes et synthtiser des documents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 284 52. Corriger et amliorer son expression crite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 286

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  • 1 Dcouvrir les mouvements littraires 6

    1 Dcouvrir les mouvements littrairesLivre de llve, pp. 12-23

    Instructions officielles Programme des classes de Seconde et PremireLes finalits propres lenseignement du franais sont: la constitution et lenrichissement dune culture littraire ouverte sur dautres champs du savoir et sur la socit; la construction progressive dune conscience historique de la littrature [].Dans la continuit du Socle, les comptences vises rpondent directement ces finalits. []Il sagit de: connatre quelques grandes priodes et les mouvements majeurs de lhistoire littraire et culturelle; savoir situer les uvres tudies dans leur poque et leur contexte. []

    Objectifs et comptencesComprendre la notion de mouvement littraireSe reprer dans lhistoire littraire et culturelleDvelopper sa culture littraire en apprenant les caractristiques des mouvements

    Dcouvrir Livre de llve, pp. 12-13Texte 1: Nicolas Boileau, Art potique (1674)

    Texte 2: Andr Breton, Manifeste du surralisme (1924)

    COMPAREZ LES TEXTES

    1. Les deux extraits sont des textes injonctifs caractriss par lemploi de limpratif: Travail-lez loisir (v. 8), ne vous piquez point (v. 9), Htez-vous lentement (v. 16), Polissez-le sans cesse (v. 18), Ajoutez quelquefois (v. 19) dans le Texte 1; Faites-vous apporter (l. 1), Placez-vous (l. 3), Faites abstraction (l. 4) dans le Texte 2. Les deux discours visent dfinir et enseigner une faon dcrire. Un art potique nonce les prceptes, les rgles, les finalits dun travail littraire. Notons que Boileau ne livre pas seu-lement sa propre conception de lcriture mais bien celle du classicisme. Un manifeste est un expos thorique par lequel des artistes, des crivains lancent un mouvement artistique et notamment littraire. Cest le cas dAndr Breton dans le Manifeste du surralisme.2. Ces textes se distinguent dabord par leur forme: le premier est crit en alexandrins rimes

    plates, le second en prose. En outre ils exposent deux conceptions trs diffrentes de lcriture littraire: Boileau la place sous lgide de la rai-son et de la clart ds les premiers vers, conclus par la clbre maxime Ce que lon conoit bien snonce clairement (v. 6), alors que, pour Bre-ton, la premire phrase de lcriture automatique doit tre trangre notre pense consciente (l. 10). Pour lui, il sagit dcrire vite, sans sujet prconu (l. 7) et sans se relire pour rester dans lesprit et la libert du jeu surraliste (l. 17). Au contraire, Boileau recommande la lenteur (Tra-vaillez loisir, v. 8; Htez-vous lentement, v. 16) et critique un style si rapide, et qui court en rimant (v. 10). Il invite reprendre sans cesse son travail pour atteindre une sorte dpure clas-sique (v. 17-19).3. Pour Boileau, lcriture est la servante de la pense: Lexpression la suit, ou moins nette, ou plus pure (v. 5). Elle est assimile un ruis-seau qui se promne dans un pr si elle est matrise ou un torrent dbord quand elle est trop rapide (v. 12-15). Elle est une tapis-serie quil faut continuellement remettre sur le mtier ou un marbre quil ne faut cesser de polir

  • 7 1 Dcouvrir les mouvements littraires

    (v. 17-19), un artisanat en somme. Breton, pour sa part, voit ironiquement dans la littrature un des plus tristes chemins qui mnent tout (l. 6).

    Il personnifie la phrase qui ne demande qu sex-trioriser (l. 11) et voit dans son accueil et son expression spontane essentiellement un jeu.

    Exercices Livre de llve, pp. 21-23*1. Distinguer genres, mouvements et registres littraires Genres littraires : roman, tragdie, essai, comdie, fable, nouvelle.Mouvements littraires : romantisme, huma-nisme, Nouveau Roman, surralisme, natura-lisme, classicisme.Registres littraires : comique, polmique, pathtique, tragique, lyrique.

    *2. Situer auteurs et uvres dans diffrents mouvements Lhumanisme : Montaigne, Essais Le classi-cisme: Molire, Tartuffe; Racine, Andromaque; La Bruyre, Les Caractres Les Lumires: Rous-seau, Le Contrat social; Beaumarchais, Le Mariage de Figaro Le romantisme: Musset, Lorenzaccio Le ralisme : Flaubert, Madame Bovary Le naturalisme : Zola, Germinal Le surralisme : Aragon, Le Paysan de Paris Le Thtre de lab-surde: Ionesco, La Cantatrice chauve Le Nou-veau Roman: Sarraute, Le Plantarium.

    *3. Connatre les chefs de file de certains mouvements littrairesa. Le romantisme: Victor Hugo (1802-1885) Le naturalisme : mile Zola (1840-1902) Le surralisme : Andr Breton (1896-1966) avec Louis Aragon, Paul luard, Philippe Soupault.b. La Prface de Cromwell (1827) de V. Hugo est considre comme le manifeste du drame roman-tique mais on pourrait en dire autant dHernani, pice autour de laquelle se sont affronts, en 1830, partisans et adversaires de la nouvelle cole romantique (livre de llve, pp. 24-25). Plusieurs textes de Zola sont considrs comme des manifestes du naturalisme: Le Roman expri-mental (1880), la Prface de LAssommoir (1877) (livre de llve, Texte 2, p. 23). La Prface de Germinie Lacerteux (1865) des frres Goncourt est galement un texte thorique important dfi-nissant les buts du naturalisme (livre de llve, exercice 10, Texte 1, p. 22).

    Il existe plusieurs Manifeste du surralisme crits entre 1924 et 1930 dans lesquels Andr Breton sest efforc de prserver loriginalit de ce mouvement.

    * 4. Raliser une frise chronologiqueCertains auteurs, comme le rappelle la Mise au point de la page 21 du livre de llve, ne peuvent tre relis aucun mouvement littraire.On peut faire figurer dans ce tableau des uvres dart significatives tudies en classe et asso-cies des mouvements culturels (livre de llve, chap. 2 et 3, pp. 24-37).

    **5. Reprer les ruptures marques par les mouvementsa. Le classicisme, sur bien des points, se dis-tingue du mouvement baroque. Sa recherche dun Homme ternel, de la mesure et de lquilibre soppose linconstance baroque, au got des mtamorphoses et des apparences, du thtre dans le thtre, qui marquent la premire moiti du XVIIe sicle.Le romantisme sinscrit, lui, en rupture, notam-ment dans son thtre, avec les rgles et le got classiques. Ainsi le mlange des genres et des registres, du grotesque et du sublime, le rejet de la rgle des units et de celle des biensances dans le drame romantique, rompent avec les claires distinctions de lart classique. La trans-gression des valeurs opre par les hros roman-tiques soppose aussi nettement lidal clas-sique de lhonnte homme.

    Prolongement Lextrait de la Prface dHer-nani (livre de llve, p. 25).Le Parnasse se dmarque du romantisme par son refus de leffusion lyrique, son choix de limper-sonnalit loppos du culte du moi des romantiques.Le ralisme soppose lui aussi au romantisme mais plutt sa tendance idaliste et ce qui peut demeurer en lui dune conception aristo-cratique du monde. Dans la littrature raliste,

  • 81 Dcouvrir les mouvements littraires

    contrairement celle de lpoque romantique, il est difficile de trouver de vritables hros.Le symbolisme veut rintroduire, dans le thtre et la posie notamment, une forme de spiritualit que les courants raliste et natura-liste auraient carte. Il sagit de prendre ses distances avec lexistence et les sentiments communs pour privilgier limage rare, lmotion dans tout son mystre.Le surralisme marque, dans ses principes et ses uvres, une rupture avec les catgories esth-tiques et les valeurs morales traditionnelles: il sagit de changer la vie (Rimbaud), de dpas-ser dans la cration la logique prsidant lacti-vit consciente ainsi que les sparations entre les diffrents domaines de lart.

    Prolongement Lextrait du Manifeste du sur-ralisme (livre de llve, p. 13).b. Le Nouveau Roman se dmarque souvent des formes traditionnelles de la narration. Il dve-loppe dans certains cas les monologues int-rieurs (Le Plantarium de Nathalie Sarraute), adopte une narration la deuxime personne du pluriel (La Modification de Michel Butor, livre de llve, p. 178), prsente des descriptions selon un point de vue externe (La Jalousie dAlain Robbe-Grillet), tlescope plusieurs poques (Les Gorgiques de Claude Simon). Le personnage du roman traditionnel est aussi contest: pour Nathalie Sarraute, il nest plus aujourdhui que lombre de lui-mme (Lre du soupon, 1956); pour Robbe-Grillet le roman de personnages appartient bel et bien au pass (Pour un nou-veau roman, 1961). Les personnages du Nouveau Roman semblent souvent flotter entre les vagues de leurs motions prsentes et le dsordre de leurs souvenirs, comme les personnages de La Route des Flandres de Claude Simon (1960).

    **6. Associer rvolutions scienti-fiques et mouvements culturelsa. et b. 1. La dcouverte de lAmrique (1492), dun nouveau monde, inspire la rflexion sur la diversit humaine (livre de llve, chap. 19 et 20) et les crations utopiques des humanistes de la Renaissance.2. Les dcouvertes astronomiques de Galile confirmant celles de Nicolas Copernic branlent la vision du monde centre sur la terre (le go-

    centrisme) qui prvaut depuis lAntiquit et donnent aux contemporains de lge baroque lide dun monde instable.3. La loi de lattraction universelle de Newton (dont Voltaire traduit en franais certains tra-vaux) est un symbole du progrs des sciences de la nature, des pouvoirs de la raison humaine lpoque des Lumires.4. Le naturalisme de Zola voudrait tre, en lit-trature, ce que Claude Bernard a prsent dans son Introduction ltude de la mdecine exprimentale: un examen mthodique, appuy sur lobservation et lexprience, de la ralit humaine et notamment du corps.5. Les travaux de Freud sur linconscient ont eu une influence trs importante sur les surralistes qui, dans toutes les formes de lart, veulent exprimer les puissances du rve.

    **7. Approfondir sa connaissance des mouvements littrairesa. Le terme de Renaissance suggre une rsurrection des uvres de lAntiquit grco-latine, une nouvelle priode brillante pour la culture, la pense, les arts, aprs une priode juge obscure, le Moyen ge.b. Le choix du nom de Pliade est mettre en relation avec la constellation du mme nom: les potes de la Renaissance regroups dans ce mou-vement taient sept comme ses toiles. Ronsard, Du Bellay, Dorat, Baf, Pontus de Tyard, Jodelle, Belleau staient aussi inspirs dun groupe de sept potes grecs dAlexandrie portant ce nom au IIIesicle avantJ.-C.c. Le mot baroque vient du portugais barroco qui dsigne une perle irrgulire . Lesth-tique baroque est, comme cette perle, la fois ornementale limage des dcors des intrieurs dglises de cette poque et irrgulire, en ce sens quelle rejette des rgles de composition trop strictes, notamment au thtre (Le Cid de Corneille, 1637).d. Les Lumires sont celles de la raison autonome et de la science qui veulent clairer ce qui reste inconnu dans lunivers et instruire ceux qui, parmi les humains, sont ignorants ou victimes du prjug. Le philosophe doit porter ce flambeau de la raison pour dissiper les tnbres de lobscurantisme et en premier lieu celles de

  • 9 1 Dcouvrir les mouvements littraires

    la superstition. Les Lumires, cette pense en action, se diffusent travers la littrature et la socit selon le mot dordre voltairien: Plus les hommes seront clairs, plus ils seront libres.e. Le mot romantique apparat dabord en Angleterre (romantic) et il caractrise lorigine lmotion du lecteur de roman. Adapt en alle-mand sous la forme romantisch, il dsigne dans cette langue les uvres qui sinspirent de la chevalerie et du christianisme du Moyen ge et sopposent aux classiques. Cest prcisment la dfinition que retient Germaine de Stal dans De lAllemagne (1813).f. Le mot surralisme est d au pote Guillaume Apollinaire (LEsprit nouveau, 1917).g. Ionesco est n en Roumanie et Beckett en Irlande.

    **8. Associer de grands auteurs europens des mouvements culturels Humanisme de la Renaissance : Ptrarque (1304-1374), Canzoniere (1470); rasme (1469-1536), loge de la Folie (1511)Baroque : Shakespeare (1564-1616), Hamlet (1601) ; Cervants (1547-1616), Don Quichotte de la Manche (1605-1615)Classicisme : Descartes (1596-1650), Discours de la mthode (1637)Lumires: Kant (1724-1804), Critique de la rai-son pure (1781)Romantisme: Goethe (1749-1832), Faust (1808-1832); Byron (1788-1824), Manfred (1817)Ralisme: Dickens (1812-1870), David Copper-field (1849)Absurde: Kafka (1883-1924), Le Procs (1925)

    **9. Raliser un diaporama sur un mouvement culturela. et b. Pistes de recherche sur le classicisme Le contexte historique o il apparat : la volont politique qui prside sa naissance et son dveloppement. Illustrations pour le diaporama: portraits de Richelieu par Philippe de Champaigne et de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud; vues de Versailles. La constitution de la doctrine classique et lop-position avec le baroque. Illustrations: compa-raison entre les Mnines de Vlasquez (tableau

    baroque) et lEx-voto de Philippe de Champaigne (tableau classique), entre LEnlvement de Proser-pine par Pluton de Girardon (sculpture baroque) et Flore de Coysevox (sculpture classique), entre Claudio Monteverdi ou Marin Marais (musique baroque) et Lully (musique classique), entre LIl-lusion comique de Corneille (thtre baroque) et Les Plaideurs de Racine (thtre classique).Un exemple darchitecture classique : la cha-pelle royale du chteau de Versailles par Mansart (1699-1710). Un exemple de peintre classique: Nicolas Poussin, Autoportrait, LInspiration du pote, Lt ou Ruth et Booz.

    ***10. Dgager de deux prfaces les principes dun mouvementa. Les Goncourt comme Zola font de la reprsen-tation vridique du peuple la grande nouveaut de leur uvre. Pour les auteurs de Germinie Lacerteux, reprsenter le peuple revient rparer une injustice: il sagit de mettre en lumire ce monde sous un monde (l. 5) interdit de reprsen-tation, ddaign par les crivains qui lont consi-dr comme indigne, trop bas, trop peu noble (l. 11-13). Or, soulignent-ils, et cest leur deu-xime argument, leur poque (la deuxime moi-ti du XIXe sicle) ne reconnat aucune caste, aucune aristocratie lgale (l. 17), lexclusion du peuple de la littrature romanesque entre donc en contradiction avec le droit dans un temps de suffrage universel, de dmocratie, de libralisme (l. 1-2). Enfin les misres des petitset des pauvres (l. 17) peuvent susciter autant dmotions que celles des grands et des riches (l. 19-20). Ds lors le roman nouveau quils ont conu parat parfaitement adapt la restitution de lHistoire morale contemporaine en mlant ltude littraire et lenqute sociale (l. 26 29).Dans le deuxime paragraphe du Texte 2, Zola souligne une autre innovation de son roman : donner une forme littraire la langue du peuple (l. 16-19). voquant les ractions du public, un chiasme met en valeur cette nouveaut : La forme seule a effar. On sest fch contre les mots (l. 15-16). La dernire phrase du troisime para-graphe insiste sur la vracit indite de luvre travers une personnification de LAssommoir, le premier roman sur le peuple qui ne mente pas et qui ait lodeur du peuple (l. 28-30).

  • 101 Dcouvrir les mouvements littraires

    b. Ces textes illustrent les principes et les thmes du naturalisme: les Goncourt et Zola veulent en effet faire du roman un rvlateur de certains maux sociaux (Texte 1: malheurs, l. 11, larmes, l. 20; Texte 2: la dchance fatale dune famille ouvrire, l. 6, livrognerie, l. 8) en dcrivant des dterminismes: Au bout de livrognerie [...], il y a le relchement des liens de la famille (l. 8-9). Dans cette perspective, ils prtendent faire du roman une tude scientifique: les Goncourt soulignent que dsormais le Roman sest impos les tudes et les devoirs de la science (l. 29), parlent denqute sociale et de recherche psycho-logique (l. 27-28); Zola voque, pour sa part, un travail purement philologique [...] dun vif intrt historique et social (l. 25-26): lintroduction du langage parl par les ouvriers dans LAssommoir.

    Prolongement Lextrait de LAssommoir (livre de llve, p. 28).

    ***11. Tester sa culture gnrale1. Rabelais et Montaigne. On peut aussi citer

    Thomas More ou rasme.2. Les grandes dcouvertes et les guerres de

    religion.3. Ronsard et Du Bellay.4. Premire moiti du XVIIe sicle (le mouve-

    ment nat la fin du XVIesicle et connat en Europe certaines manifestations en archi-tecture et en musique notamment jusquau XVIIIe sicle).

    5. Thmes de prdilection du baroque: le mou-vement et les reflets (de leau par exemple), linconstance et la fragilit de la vie humaine (notamment dans les Vanits), lillusion et les apparences (thtre dans le thtre).

    6. Sous le rgne de Louis XIV (1661-1715).7. On peut citer une comdie de Molire

    comme Le Misanthrope (1666), une tragdie de Racine comme Phdre (1677).

    8. LEncyclopdie (1751-1772).9. Lautonomie de la pense (le Sapere aude

    de Kant) et la foi dans le progrs.10. La Rvolution franaise mais aussi celles de

    1830 (les Trois Glorieuses) et de 1848.11. Le drame.12. Balzac et Stendhal.13. Flaubert, Madame Bovary (1857); Maupas-

    sant, Bel-Ami (1885).14. Les Rougon-Macquart, histoire naturelle et

    sociale dune famille sous le Second Empire (1871-1893).

    15. Les dterminismes du corps (hrdit, bio-logie), du moment (histoire) et du milieu (socit).

    16. Verlaine, Rimbaud, Mallarm.17. Au lendemain de la Premire Guerre mon-

    diale dans les annes 1920.18. La Cantatrice chauve dEugne Ionesco

    (1950) et En attendant Godot de Samuel Beckett (1953).

    19. Ils ont innov en dconstruisant certains aspects du roman traditionnel (ex: la psy-chologie du personnage ou la chronologie narrative) et en empruntant certaines tech-niques au cinma (montage du rcit, point de vue subjectif ou parfois externe).

    20. Claude Simon, Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Michel Butor.

  • 11 2 Un texte dans son poque et son contexte

    2 Savoir situer un texte dans son poque et son contexteLivre de llve, pp. 24-29

    Instructions officielles Se reporter p. 6 du livre du professeur.

    Objectifs et comptencesSavoir placer un texte dans lhistoire et dans son contexte littraire et culturelDistinguer lpoque de la rdaction dune uvre et lpoque quelle dpeintConfronter un texte avec une prface, un art potique ou le manifeste dun mouvement littraire

    Dcouvrir Livre de llve, pp. 24-25Texte 1: Victor Hugo, Hernani, II, 2 (1830) Texte 2: Victor Hugo, Prface dHernani (1830)

    COMPAREZ LES TEXTES

    1. Hernani a t compos la fin de la Restau-ration (en 1829), sous le rgne du roi Charles X, et reprsent pour la premire fois le 25 fvrier 1830 la Comdie franaise Paris dans une atmosphre de tumulte (livre de llve, exemple comment, p. 26). Une double confrontation agite alors la socit: en politique, celle entre les ultrasroyalistes, partisans dun rtablisse-ment complet de lAncien Rgime, et les libraux (rpublicains, bonapartistes, partisans dune monarchie constitutionnelle) qui vont faire la rvolution de juillet 1830; en littrature, lop-position entre les partisans des classiques et ceux du romantisme. Victor Hugo mle les deux niveaux en dfinissant le romantisme comme le libralisme en littrature (l. 3) et en parlant des Ultras de tous genres, classiques ou monarchiques (l. 4).2. Hernani est un manifeste thtral du mouve-ment romantique et son genre est le drame.

    3. Laction dHernani a lieu en Espagne pendant la Renaissance et plus prcisment, dans lacteII, en fvrier1519. Le conflit entre Doa Sol et le roi Don Carlos a plusieurs significations: la ten-tative denlvement de la jeune femme par le roi marque un abus de pouvoir de celui-ci, qui prend alors la figure du tyran ; la rbellion de Doa Sol qui drobe le poignard du roi pour le menacer de mort traduit, quant elle, la reven-dication dune libert de choix pour la femme et plus largement une rvolte contre un pouvoir injuste qui va jusqu son renversement violent (une rfrence claire pour les contemporains la Rvolution franaise).4. Le vol du poignard par Doa Sol marque, du point de vue du thtre, un renversement de situation. Il est lacte symbolique par lequel lh-rone du drame conteste un ordre ancien (celui des hommes et celui des rois) et revendique cette fameuse libert qui, selon Victor Hugo dans la prface de la pice, caractrise la fois la socit ne de la Rvolution (nous voil sortis de la vieille forme sociale, l. 14 ; cette France du dix-neuvime sicle qui Mirabeau a fait sa libert et Napolon sa puissance, l. 19-20) et la rvolution littraire du romantisme.

  • 122 Un texte dans son poque et son contexte

    Exercices Livre de llve, pp. 27-28*1. Utiliser le paratexte pour situer des uvres dans le tempsa. et c. Le Texte 1 est extrait des Confessions rdiges par Jean-Jacques Rousseau entre1765 et1770, et publies aprs sa mort en 1782. Il sagit dune autobiographie: lauteur et le nar-rateur sont donc confondus en la personne de Jean-Jacques Rousseau. Le Texte 2 en revanche est lextrait dun roman publi en 2006 dont lauteur contemporain, Stphane Audeguy, a fait du frre de Jean-Jacques Rousseau, Franois, son narrateur. Le roman est la premire personne et permet un dialogue littraire (fictif, factieux et distance) entre les deux frres Rousseau.b. Les vnements rapports dans le Texte 1 (dans les premires pages du LivreI des Confes-sions) concernent la naissance de Jean-Jacques Rousseau en 1712, lhistoire et la disparition de son frre an n en 1705. Dans le Texte 2, le nar-rateur, Franois Rousseau, commence par racon-ter la crmonie du transfert des restes de son frre Jean-Jacques au Panthon laquelle il dit avoir assist en octobre1794, avant dvoquer sa propre naissance, le 15mars 1705 Genve.Interdit de publication partir de 1762, Rous-seau na pu voir dites Les Confessions de son vivant. Luvre parat titre posthume en 1782.

    Prolongement La confrontation des deux textes et des deux uvres (Les Confessions et Fils unique) offre un exemple original de rcri-ture (objet dtude 1re L): la cration du hros et de lintrigue dun roman partir de donnes trs fragmentaires contenues dans la plus clbre des autobiographies, avec un jeu subtil entre la ra-lit et la fiction.

    **2. Distinguer poque de publication et faits racontsa. et b. Dans le Texte 1 (la premire page de La Chartreuse de Parme), une quarantaine dannes spare la date des vnements rapports (1796) et la date de la publication (1839). Le roman prend un caractre de rcit historique mais aussi pique : la campagne dItalie de 1796 est pr-sente par le narrateur comme un moment glo-rieux, mis en valeur par la comparaison entre

    Bonaparte, Csar et Alexandre (l. 4-5) et lhyper-bole mliorative miracles de bravoure et de gnie (l. 5-6). Dans le Texte 2, il ny a que quelques mois dcart entre les faits raconts (la bataille de Madrid en dcembre 1936) et la parution de LEspoir. Le rcit se prsente certains gards comme une chronique journalistique sur des vnements sai-sis chaud. Lexpression cinq copains (l. 2) prcise dans quel camp se situe le narrateur: du ct des rpublicains espagnols et des Interna-tionaux contre les fascistes. Lcrivain veut aler-ter lopinion publique sur ce qui est en train de se jouer en Espagne en 1936-1937: les menaces qui psent sur la Rpublique. Laction relate dans le Texte 3, la rdaction du journal de Winston Smith, est date du 4avril 1984 et fait cho au titre dun roman paru en 1949. Il sagit donc dun rcit danticipation dans le cadre dune contre-utopie. Le romancier lance un avertissement : le totalitarisme, reprsent par le systme politique de Big Brother et carac-tris par lomnisurveillance, la police de la pen-se, la ngation de lhistoire, guette les dmo-craties modernes. Ds lors le narrateur prsente le fait dcrire son journal pour Winston Smith comme un acte dcisif (l. 7) et particulirement courageux compte tenu des risques encourus.c. La localisation prcise et la datation des faits, lemploi du prsent dactualit (Devant la fentre, il y a deux morts,l. 1) et du complment de temps pour linstant (l. 12), la dimension fac-tuelle et prcise de lhistoire rapporte dans des phrases brves, les explications distinguant les deux camps en lutte apparentent le rcit, dans le Texte 2, un reportage. Lcriture romanesque prend le style dune chose vue par un tmoin direct des vnements. On sait quAndr Malraux sest personnellement engag dans la guerre dEspagne aux cts des rpublicains espagnols parmi dautres Internationaux et a contribu les doter dune force arienne. Cest au cur de ces vnements quil compose son roman et tourne le film qui en reprend certains pisodes: LEspoir Sierra de Teruel (1939).

  • 13 2 Un texte dans son poque et son contexte

    **3. Reprer les caractristiques dun mouvementa. et b. La date du texte de Jacques Valle des Barreaux (1658) ne doit pas entraner de confu-sion: il sagit bien dun sonnet baroque comme en tmoigne son thme central rsum par le titre La vie est un songe , (rfrence la clbre pice de lEspagnol Caldern). Lunivers voqu dans le pome est un monde de vaine apparence (v. 1) oppos par la rime ltat de consistance (v. 4). La diffrence entre monter et descendre (v. 3), veiller et dormir (v. 5), rve[r] en son lit et rver en la maison (v. 9) sy efface. La vie elle-mme apparat phmre comme le suggre la chute du pome (v. 13-14). Le texte illustre parfaitement les grands principes du baroque: la reprsentation dun monde incons-tant, soumis des mtamorphoses et au jeu des apparences.Le Texte 2 prsente des associations surpre-nantes entre des ralits premire vue dissem-blables par le jeu des comparaisons (La terre est bleue comme une orange, v. 1) et des mtaphores (Les gupes fleurissent vert, v. 10; Un collier de fentres, v. 12): on reconnat aisment la logique associative et potique du surralisme. Lemploi du vers libre, labsence quasi totale de ponctua-tion, la technique du collage entre les diff-rentes images du pome, le thme de lamour fou (Au tour des baisers de sentendre / Les fous et les amours, v. 4-5) sont aussi caractristiques de ce mouvement littraire en ce quils tmoignent du refus des catgories esthtiques traditionnelles, du choix de la posie comme libration des puis-sances cratrices de linconscient et comme av-nement dune nouvelle vrit: Jamais une erreur les mots ne mentent pas (v. 2).

    ***4. Confronter un texte et le manifeste dun mouvement a. Dans cet extrait de LAssommoir, certaines ambitions du roman naturaliste affiches dans la prface du livre apparaissent clairement. Il sagit tout dabord de la reprsentation sans fards de la condition dune famille ouvrire, dans le milieu empest de nos faubourgs (Prface, p. 23 du livre de llve, l. 6-7). La fte de Gervaise illustre, en premire analyse, les loisirs des pauvres mais, dans le rcit et la description du quartier qui, pour la circonstance, cesse de travailler (Le petit bijoutier, assis son tabli, ne pouvait plus tra-vailler, sol davoir compt les litres, l. 9-11) et est envahi par la gourmandise et la soif (ce monde attroup bant de gourmandise, l. 16; On trinquait ceux qui passaient, l. 21), on sent le dbut dune descente Au bout de livrognerie et de la fainantise (Prface, l. 7-8), la mise en uvre et en lumire dun dterminisme la fois biolo-gique (celui des apptits) et social (la chute de Gervaise). Lautre ambition de Zola concrtise par ce passage est de faire entendre la langue du peuple et de la couler dans un moule trs travaill (Prface, l. 17-18). Les expressions familires du parler populaire sont nombreuses dans le texte. Zola les a insres dans un discours narrativis (les garons de lpicier croyaient manger de la bte, l. 2-3; On appelait les camarades qui avaient lair bon zig, l. 21-22; Le gueuleton stalait, [...] tellement que le quartier de la Goutte-dOr entier sentait la boustifaille, l. 22-25) ou dans des pas-sages de discours indirect libre(Oui, les voisins en fumaient!, l. 12).

    Prolongement Reconnatre un mouvement culturel le naturalisme (livre de llve, chap. 3, exercice 4, p. 36).

    valuation Livre de llve, p. 29Texte: Verlaine, Art potique, Jadis et nagure (1884)

    COMPRHENSION

    1. Le premier conseil de cet art potique concerne la musicalit du pome et notamment le rythme impair que privilgie Verlaine dans le pome lui-mme en adoptant un mtre de neuf syllabes dans neuf quatrains aux rimes embras-

    ses. Le travail des allitrations et des asso-nances est remarquable ds la premire strophe dont les vers 3 et 4 offrent une sorte de chiasme sonore: p p // s l r / s r l // p pPlus vague et plus soluble dans lair,Sans rien en lui qui pse ou qui pose.Dans lensemble du pome, une fluidit et une musicalit particulires dcoulent de la prdomi-nance des liquides et des sifflantes.

  • 142 Un texte dans son poque et son contexte

    Le deuxime conseil du pote, le mlange de lIndcis et du Prcis (v. 8), est mis en pratique dans les images du texte associant la clart un flou impressionniste: Cest des beaux yeux der-rire des voiles (v. 9); Le bleu fouillis des claires toiles! (v. 12). Le got de la nuance est illustr non seulement par la reprise musicale du terme dans la 4e strophe mais par limage dun ciel dau-tomne attidi (v. 11) suggrant un moment et une saison de transition comme le passage de la flte au cor (v. 16).Enfin le refus des artifices de lloquence et de la rime savante en faveur dune Rime assagie (v. 23) et de sensations dlicates est mis en vi-dence dans la dernire partie du pome o les rimes sont gnralement pauvres ou suffisantes et o la synesthsie de la musique et du parfum offre un dernier accord particulirement heureux (strophes 8 et 9).

    2. Diffrents caractres de la posie symbo-liste apparaissent dans cet art potique . Et dabord la prdilection pour lallgorie quil-lustre le grand nombre de termes comportant une majuscule (lImpair, lIndcis, le Prcis, la Nuance, la Couleur, la Pointe, lEsprit, le Rire, lAzur, la Rime) et formant une sorte de voca-bulaire potique et esthtique. Cest ensuite la recherche de limage rare qui prend une valeur de symbole, comme la rime, bijou dun sou / Qui sonne creux et faux sous la lime (v. 27-28), ou

    les vers, chose envole / Quon sent qui fuit dune me en alle (v. 30-31). Cest enfin le caractre propre dun art qui privilgie les vertiges de lins-tant: la bonne aventure / parse au vent crisp du matin (v. 33-34); le mystre et la suggestion dans lvocation de paysages entre rve et ra-lit: Le bleu fouillis des claires toiles! (v. 12); et les liens secrets entre le monde matriel et le monde spirituel (8e et 9e strophes).

    VERS LE COMMENTAIRE

    Plan du commentaire:

    I. Un mlange de conseils et de critiquesA. Les trois mouvements du pome:Quatrains 1 4: lloge de la musique et de la nuanceQuatrains 5 7: la critique de lEsprit cruel et de la RimeQuatrains 8 et 9 : le retour la musique et la dfinition du vers idalB. Les cibles et les procds de la critiqueC. Les conseils et les procds de linjonction

    II. Une potique et une posie qui empruntent aux autres artsA. La mise en pratique des conseils (voir Com-prhension 1.)B. Les emprunts aux autres arts: musique, chant, peinture, orfvrerieC. Le vers verlainien: synthse et creuset dune posie en qute de renouvellement

  • 15 3 Une uvre dans lhistoire des arts

    3 Replacer une uvre dans lhistoire des artsLivre de llve, pp. 30-37

    Instructions officielles Programme des classes de Seconde et PremireAu lyce les professeurs de Lettres doivent apporter leur contribution lenseignement de lhistoire des arts, dans le cadre des programmes de franais tels quils sont dfinis par le prsent texte. Aussi, pour chacun des objets dtude du programme, en Seconde comme en Premire, les corpus intgrent des choix de textes et de documents dfinis en relation avec lhistoire des arts ou avec les langues et cultures de lAntiquit.

    Objectifs et comptencesAcqurir des repres en histoire des artsConfronter un texte littraire et une uvre dun autre champ artistique de la mme poquetudier la critique dart

    Dcouvrir Livre de llve, pp. 30-31Document 1: Andr Breton, LUnion libre, Clair de terre (1931)

    Document 2: Man Ray, Le Violon dIngres (1924)

    Document 3: Salvador Dal, Visage de Mae West pouvant tre utilis comme appartement surraliste (1934-1935)

    Document annexe: Louis Aragon, La peinture au dfi, crits sur lart moderne (1930)

    COMPAREZ LES DOCUMENTS

    1. Les trois documents traitent du thme de la femme, li lide de dsir.Andr Breton voque les diffrentes parties du corps de la femme : taille, paules, cils, seins, dos, etc. On peut penser aux blasons de la posie du XVIesicle. Le pome insiste sur la sensualit du regard du pote, notamment par des images rotiques : Ma femme aux seins de creuset du rubis (v.16).Man Ray photographie Kiki de Montparnasse (muse et amante de nombreux artistes) nue. En ajoutant les oues de linstrument cordes, il sous-entend que le corps de la femme peut tre un instrument entre les mains de lhomme.

    Enfin, Salvador Dal choisit Mae West, symbole de la star pulpeuse de Hollywood. Le choix, par exemple pour le centre du tableau dun canap en forme de lvres implique encore une roti-sation du corps fminin. La mtaphore de la femme-appartement est un collage de deux ra-lits a priori htrognes.Chaque uvre est cre avec la technique du collage.Celle des mots associs, apparemment par hasard pour provoquer des images inattendues et nou-velles: Aux sourcils de bord de nid dhirondelles (v.6).Celle qui ajoute, lencre, sur la photographie, un lment venant expliciter lassociation dides qui rapproche violon et corps fminin.Celle du dcoupage des lments du visage de Mae West, puis de leur redistribution dans un espace nouveau et dans des proportions chan-ges par rapport au dcor. Les lments du visage sont peints pour crer un effet de collage.

    2. Le pome appartient au mouvement surra-liste. crit par Andr Breton, chef de file du mou-vement, le pome est reprsentatif des proccu-pations de lpoque: thme de la femme et refus du tabou moral; criture libre des contraintes de la raison et de la logique ; vers libres et absence de ponctuation.

  • 163 Une uvre dans lhistoire des arts

    3. Man Ray et Salvador Dal sont des artistes reprsentatifs du mouvement surraliste par leur volont de faire clater les limites entre les arts. Le premier est photographe mais aussi sculp-teur, comme en tmoigne le traitement plastique du corps rel de la femme photographie qui devient forme pure; le second est peintre mais se passionne aussi pour le cinma, do lintrt pour licne que peut reprsenter Mae West.On retrouve aussi un certain humour dans ces deux uvres. Le clin dil Ingres rappelle la passion de celui-ci pour le violon tout en tant un hommage sa toile Le Bain turc, dont la photographie de Man Ray est une rcriture. Le titre du tableau de Dal, Visage de Mae West pou-vant tre utilis comme appartement surraliste, semble voquer avec drision la femme-objet que lactrice incarne.

    4. La guerre de 1914 a profondment marqu la gnration des artistes surralistes par sa vio-

    lence extrme et son absurdit. Les formes clas-siques dexpression ne semblent plus pouvoir donner une vision valable de ce monde boule-vers. Les artistes cherchent traduire le chaos, notamment par la fragmentation des images et le recours des matriaux ordinaires ou rcuprs.Aragon dans larticle La peinture au dfi se veut prophtique. Il cherche annoncer com-ment lart du peintre va voluer : emploi du futur les peintres [...] ne dessineront mme plus (l.11). Il fait rfrence cette ide de rcup-ration, de rutilisation dimages prexistantes, mais aussi peut-tre une vision plus commu-nautaire de luvre artistique. Aragon participe cette ide de fusion des principes artistiques lorsquil voque en fin de texte le devenir de la littrature, suivant la mme voie que la peinture. Les rgles de la versification sont relgues au pass, lcriture nouvelle, elle aussi, doit trouver de nouvelles techniques.

    Exercices Livre de llve, pp. 35-36*1. Comparer un texte et un tableaua. Points communs Volont de promouvoir la rflexion et la connaissance: triple occurrence du verbe savoir; environnement reprsent dans le tableau: table de travail, feuille, instruments mathmatiques. Mise en valeur de lindividu par lutilisation du singulier il; choix du portrait. Rfrence lhomme de cour : dans le titre du texte de Castiglione, par la fonction de Nicolas Kratzer. Il sagit de montrer un modle dhumaniste: le savant.

    Diffrences Multiplication des domaines de savoir chez Castiglione ; valorisation unique des tudes scientifiques dans le tableau. Lhomme de cour doit avoir une disposition pour les arts (rfrence la musique); alors que Nicolas Kratzer parat plus austre (marqu par le protestantisme de ce temps).b. Les deux uvres prsentent le portrait de lhomme humaniste.

    **2. Comprendre la porte symbolique dune uvre.a. Bougie consume Temps qui passe.Crne Mortalit de ltre humain.Bulle Fragilit, aspect phmre de la vieVerre en cristal ( droite du crne) Fragilit, vacuit.Palette de peintre, pinceaux Rfrence au travail de lartiste, explicitation de lillusion.Trompe-lil de la toile, notamment en haut droite (chssis, toile) Monde dillusion.b. Voici une liste de critres pour aider lva-luation des travaux dlve. Respect de la forme de la lettre (adresse, date et lieu ventuels conformes luvre, formule de politesse ). Respect de la situation de communication : hirarchie entre lartiste et le commanditaire riche, vouvoiement, marque de respect, valorisa-tion du travail, rfrence la commande. Exploitation des connaissances apportes par la mise au point sur les Vanits.

  • 17 3 Une uvre dans lhistoire des arts

    **3. tudier une critique darta. Daprs Diderot, cest incontestablement LArioste qui a le mieux trait cette scne. Tout dabord, il a su localiser la scne (dans un antre secret) avec vraisemblance: Comme le lieu de son aventure est plus beau, plus grand, plus pittoresque et mieux choisi!(l.6) car convenant mieux une scne damour entre les deux per-sonnages. linverse, le lieu choisi par Boucher ninspire Diderot que des remarques ngatives: en plein jour, en pleine campagne, sur un coussin (l.11); du persil sur les arbres (l.15); autant de remarques qui insistent sur le manque de crdi-bilit de la scne peinte par Boucher. Lassocia-tion, au sein de la mme numration, de deux lments aussi disparates que la campagne et le coussin montre le manque de cohrence, selon Diderot, de lunivers peint par Boucher.

    Dautre part, le traitement de la scne par le peintre soppose au pome en ce qui concerne les personnages. Diderot reproche en effet Boucher de navoir pas respect le caractre mar-tial de Mdor: dans la reprsentation picturale, le personnage est moiti nu couvert dune peau de flin et voque plus un Apollon grec quun soldat.Diderot exprime aussi son dsaccord sur le nombre des personnages : chez LArioste, les deux amants sont censs tre seuls, dans un lieu loin de tout importun (l.10); or, chez Boucher, lintimit amoureuse entre Anglique et Mdor est trouble par la prsence de trois angelots joufflus. Le regard de Mdor nest dailleurs pas dirig vers Anglique et ne suggre pas la pas-sion amoureuse.b. Les procds littraires

    Citation Procd EffetIl a plu au peintre dappeler cela Anglique et Mdor (l.1)

    Pronom dmonstratif pour dsigner le tableau

    Marque ici le mpris de Diderot pour le tableau.

    plus beau, plus grand, plus pittoresque (l.6)

    numration, double de lemploi anaphorique du comparatif

    Permet de hirarchiser les uvres.

    pittoresque (l.7) Choix du lexique Il est remarquable que Diderot choisisse paradoxalement le terme de pittoresque dont le sens est normalement li la peinture: qui est digne dtre peint.

    Cela na pas le sens; petite composition de boudoir. Et puis, ni pieds, ni mains (l.13)

    Propositions nominales, numration

    Diderot semble refuser de se donner la peine de rdiger davantage sa critique, dsinvolture la hauteur du tableau.

    persil sur les arbres (l.15) Mtaphore Comparant trivial, dvalorisant le trait de Boucher.

    **4. Reconnatre un courant culturela. Le thme commun prsent dans les deux docu-ments est lalcoolisme. Dans le tableau dmile Friant, le peintre a saisi linstant o les deux hommes se passent la bouteille (chacun a une main dessus). Le personnage de droite sessuie la bouche, comme sil venait dabsorber une gorge de vin. Il a le regard trouble, comme abruti par lalcool. Les deux hommes sont assis par terre,

    dans la poussire et montrent ainsi leur indiff-rence lenvironnement.Le texte de Zola montre les ravages de lalcool chez un personnage sobre dont les ascendants taient alcooliques: Pourtant, il ne buvait pas, il se refusait mme un petit verre deau-de-vie, ayant remarqu que la moindre goutte dalcool le rendait fou. Et il venait penser quil payait pour les autres, les pres, les grands-pres qui avaient bu [...] (l.22).

  • 183 Une uvre dans lhistoire des arts

    b. Le thme du travail est prsent dans le tableau dmile Friant: un des deux buveurs est un cantonnier ou un ouvrier qui a interrompu ses activits pour boire ; en tmoignent ses vte-ments (bleu de travail) et les outils dlaisss, sur la droite de limage.Dans le texte de Zola, cest le thme de la jeu-nesse de certaines mres qui est voqu : Sa mre Gervaise, il est vrai, lavait eu trs jeune, quinze ans et demi ; mais il narrivait que le second, elle entrait peine dans sa quatorzime anne lorsquelle tait accouche du premier, Claude (l.7). Ce phnomne est prsent comme un flau social par la classe dominante de lpoque, la bourgeoisie (dont Zola fait partie), qui prne les valeurs traditionnelles et chr-tiennes de la temprance et de la procration au sein du mariage.

    c. Ces deux documents peuvent tre associs au mouvement du naturalisme, qui sintresse aux lois de lhrdit dcouvertes depuis peu et qui constituent la cl de vote de la srie des Rougon-Macquart. Dans cette saga romanesque, cest la prtendue hrdit de lalcoolisme que Zola met en avant. Ainsi, dans lextrait de la Bte humaine, Jacques en venait penser quil payait pour les autres, les pres, les grands-pres, qui avaient bu, les gnrations divrognes dont il tait le sang gt, un lent empoisonnement (l.25). Le fait dintituler son tableau Les Buveurs montre qumile Friant dfinit ses personnages par cette seule activit.Le thme du travail est galement un thme important du naturalisme: il sagit notamment de faire accder au statut de personnages des repr-sentants dautres classes sociales que la bourgeoi-sie: des ouvriers, des paysans. Enfin, la volont chez Friant de saisir sur le vif une scne du quo-tidien correspond pleinement lhritage raliste.

    d. Dans le texte de Zola, Jacques, le personnage qui souffre de la lourde hrdit de lalcoolisme, est le personnage focalisateur. Ainsi le texte nous donne accs, dans un passage qui est constitu dun monologue intrieur, ses inter-rogations, ses doutes: Quavait-il donc de diff-rent, lorsquil se comparait aux autres?(l.36); ses hypothses: Et ilen venait penser quil payait pour les autres (l.25); ou ses explora-

    tions du pass: L-bas, Plassans, dans sa jeu-nesse, souvent dj, il stait questionn (l.4).mile Friant, lui, ne cherche pas idaliser ses personnages : le cadrage dcentr et leffet de plonge tmoignent de la volont de proximit de lartiste par rapport son sujet. La palette de couleurs, la multiplication de dtails non-esthtiques : affiches cornes, poussire du sol, chien quelconque, position de la carriole sont autant dlments montrant linfluence de la photographie sur la peinture.

    DOCUMENT COMPLMENTAIRE Au revoir Monsieur Friant, Philippe Claudel.

    mile Friant avec ses Buveurs ma redonn cet anctre que je rpugne nommer, et je ne sais trop pourquoi doit-on toujours savoir? mon arrire-grand-pre []. Il est l, contre un mur, un petit pan de mur [...] sessuyant la moustache perle de vinasse et passant le litre, la casquette dbonnaire, le cul sur la terre, sans faon, en regardant son com-pagnon de fortune. Oui, cest bien lui, il me semble, la chaussure boueuse et le doigt sale, avec pour seul outil de travail le litron. Il y a non loin une pelle, une pioche et une charrette bras, comme des insignes rejets dun labeur quon ignore, dont on se gausse, quon raille, et le petit chien roux, reproche vivant et jappeur, ou bien ami muet, indfectible, la truffe noire et trempe. [...]

    Lami dun jour sempare de la bouteille de vin. Cest elle seule quil regarde. Le monde a disparu et avec lui celui qui la lui tend, qui la lui donne, dans cet entranement aussi complice que suicidaire. Anar-chisme de la poussire et du gosier creux. Fraternit de la vinasse et du titubement diurne. Les deux com-pagnons se serrent les coudes et les lvent. Plus rien nexiste en dehors de leur ivresse venir.[...]

    Je ne pense pas que Grand-Mre et aim ce tableau. On ne peut aimer les choses qui nous parlent si ouvertement de nos tares, et les ravivent en les fouaillant au grand jour. En les rendant de plus fort belles alors quelles sont, pour ceux qui les vivent ou en meurent, tout simplement sordides. [...]

    Tout baigne dans une blondeur rassurante, humaine, chaleureuse, heureuse: le sol, les affiches illisibles sinon celle o lon distingue le mot bal et qui suffit ouvrir lespace et le prolonger vers des guinguettes o le goujon frtille dans lhuile, tout enrubann encore de farine poudreuse.

    Philippe Claudel, Au revoir Monsieur Friant (2006) ditions Nicolas Chaudin

  • 19 3 Une uvre dans lhistoire des arts

    valuation Livre de llve, p. 37Texte: Octave Mirbeau, article sur C. Monet, Le Figaro (1889)

    COMPRHENSION

    1. Il nous donne lillusion complte de la vie (l.8) ; lart disparat, sefface, et [...] nous ne nous trouvons plus quen prsence de la nature vivante (l.23). Pour Mirbeau, la force de lart de Monet est sa capacit, travers ses tableaux, de faire voir la vie en faisant donc oublier le travail de lartiste.

    2. Pour voquer les tableaux de Monet, Mirbeau fait appel aux sens, permettant ainsi au lecteur de mieux percevoir les uvres.La vue est videmment privilgie : fugitifs effets de lumire; nous voyons les terres se soule-ver (l.3, 16). Cependant pour soutenir sa thse selon laquelle les uvres de Monet donnent lillusion de la vie, Mirbeau montre quelles sol-licitent dautres sens (plus inattendus dans ce contexte).Ainsi, lauteur voque loue: la vie chante dans la sonorit de ses lointains(l.8) ; des souffles de brises marines nous apportent aux oreilles ces orchestres hurlants du large ou la chanson apaise des criques (l.15), ce qui permet dvoquer les ambiances bucoliques ou marines des tableaux.Enfin, lodorat est convoqu: nous respirons vrai-ment dans sa toile les senteurs de la terre (l.14) montrant la force dvocation de la peinture de Monet, sa relation troite avec la nature, la volont de la sublimer. Largumentation, soutenue par les procds lit-traires, est mise en uvre pour faire lloge de lart du peintre.

    VERS LA DISSERTATION

    Pour dvelopper, dans un paragraphe de disser-tation, largument donner lillusion de la vie est reprsentatif du courant raliste, on pourra prendre appui sur ces ideset exemples.

    1. Refus didalisationPosture des corps, vrit du travailleur. Exemples: tableau de G. Courbet, Les Cribleuses de bl, 1854 (livre de llve, p. 188); tableau de F. Pelez, Grimaces et Misre, les saltimbanques, 1888 (livre de llve, p. 178).Faire parler les personnages de manire raliste. Exemple : roman de Balzac, Les Paysans, 1844 (livre de llve, p. 198).

    2. Volont dlargir le champ artistique en voquant des sujets nouveauxMontrer la modernit, lutilitaire. Exemple : tableau de Monet, La Gare Saint-Lazare, 1877 (livre de llve, p. 174).Valorisation des personnages du peuple. Exemple: roman de Balzac, Le Cousin Pons, 1847 (livre de llve, p. 170); roman de G. Verga, Les Malavoglia, 1881 (livre de llve, p. 189).

    3. Souci du dtail vrai Voir les lments de rponses de lexercice 4 sur le tableau dmile Friant, Les Buveurs (1884) (livre du professeur, p. 17).4. Narration didactiqueExemple roman de Zola, LAssommoir, 1877 (livre de llve, p. 171), description : Zola, Thrse Raquin, 1867 (livre de llve, p. 181).

  • 204 La littrature et les autres arts

    4 Comprendre les liens entre la littrature et les autres arts

    Livre de llve, pp. 38-45

    Instructions officielles Se reporter p. 15 du livre du professeur.

    Objectifs et comptencesComprendre les influences rciproques entre la littrature et les autres artsConfronter un texte littraire et une uvre artistique de priodes diffrentestudier ladaptation dune uvre littraire au cinma

    Dcouvrir Livre de llve, pp. 38-39Document 1: Homre, Odysse, XII, v.29-58 (fin du VIIIe s. av. J.-C.)

    Document 2: Herbert James Draper, Ulysse et les sirnes (1909)

    Document 3: O Brother, film de Joel et Ethan Coen (2000)

    Document 4: Cher Ulysse, ballet de Jean-Claude Gallotta (2007)

    Texte (1) Tableau (2) Film (3) Chorgraphie (4)Les Sirnes qui envotent tous les hommes(l.1).

    La nudit.Regard hallucin dUlysse.Corps tendu vers les Sirnes.

    Ulysse sarrte pour voir la scne (camra subjective).Posture sensuelle des corps des femmes.

    Prsence de femmes.

    Leur chant clair(l.3).

    Les Sirnes ont la bouche ouverte, ce qui sous-entend quelles chantent.

    Le photogramme ne permet pas de savoir que les femmes chantent effectivement dans le film.

    Musique qui accompagne la danse.

    Tes compagnons te lient (l.6).

    Ulysse attach au mt, les compagnons rament.

    Geste des mains derrire le dos.

    2. Dans les trois uvres, les Sirnes sont reprsen-tes comme un groupe, elles agissent ensemble et de la mme manire: elles accostent le bateau, tordent lascivement du linge, se penchent et for-ment des ailes avec leurs bras La connotation est claire: elles ont une aura collective.Chaque document prsente trois Sirnes : on peut ainsi penser aux trois Grces (divinits mineures compagnes dAphrodite. Les Grces - du latin gratiae - personnifient la beaut, la joie et labondance).

    Le tableau de Draper et le photogramme du film OBrother donnent une reprsentation trs sen-suelle des Sirnes par leur nudit et leur beaut.Les uvres contemporaines dlaissent laspect merveilleux des Sirnes. Ces dernires nont plus de queue de poisson (dtail mdival non pr-sent chez Homre, qui nindique aucune origine marine ces enchanteresses: la Sirne dans les uvres de lAntiquit est reprsente mi-femme, mi-oiseau). Les Sirnes dans les uvres rcentes sont des femmes relles, traduisant ainsi la

  • 21 4 La littrature et les autres arts

    capacit de sduction et denvotement de la fminit de manire gnrale.Notez quaucune des uvres prsentes ici ne reprend laspect funeste clairement exprim dans le texte dHomre: assises dans un pr prs dun grand tas dos et de chairs en putrfaction (l.4).

    3. Le chant des Sirnes inspire les artistes pour bien des raisons, par exemple: lide du danger quvoque la femme pour lhomme (quve endosse dans la tradition judo-chrtienne);

    le risque pour le hros dtre dtourn de sa qute, entrav par son dsir; la fascination pour le mystre, la sorcellerie; limaginaire se dveloppant autour de la sen-sualit

    Prolongement Pour explorer dautres icono-graphies, vous pouvez consulter le site suivant: www.mediterranees.net/mythes/ulysse/epreuves/ sirenes/iconographie.html

    Exercices Livre de llve, pp. 42-44*1. tudier linspiration littraire en peinturea. Les deux tableaux accordent une large place la nature, et plus particulirement au ruisseau et au saule (l. 1). Delacroix cependant utilise des couleurs assez fonces pour ces deux l-ments avec une dominante verte et marron, alors que, dans le tableau de Millais, elle est dun bleu assez pur, plus proche de la description de Shakespeare: la glace du courant (l.2).Dans les deux tableaux, le personnage fminin est au centre dun crin de verdure et porte bien des guirlandes (l.4) de fleurs, dont quelques varits sont visibles chez Millais: coquelicots, bleuets.

    b. Les deux peintres ont choisi des moments diffrents: ainsi, dans le tableau de Delacroix, Ophlie est reprsente en train de tomber dans le ruisseau aprs quune branche envieuse sest casse (l.10).Dans le tableau de Millais, Ophlie est dans leau, ses vtements se sont tals (l.13) autour delle, elle semble encore vivante, ses lvres entrou-vertes pouvant correspondre au moment o elle chante des bribes de vieilles chansons (l.15).Le fait de choisir des moments distincts rvle une interprtation diffrente de la mort dOph-lie: dans le tableau de Delacroix, le spectateur peut croire quOphlie tente de retenir sa chute en agrippant une branche: la mort du person-nage serait alors accidentelle. Millais semble montrer Ophlie se laissant aller au mouvement de leau, ce qui rejoint la thse du suicide.Ces reprsentations sont thtrales dans le sens o elles se servent de la nature comme dun

    dcor encadrant la scne. Le regard du specta-teur est attir vers les deux figurations dOphlie, qui semble claire par des projecteurs. La ges-tuelle est dans les deux cas peu raliste et sert surtout le propos.

    c. Ce passage de la pice de Shakespeare a ins-pir beaucoup de peintres, car la mort dOphlie est une mort tragique. Ce personnage incarne la figure de la victime : en peu de temps, elle a perdu son pre, Polonius, sous les coups dpe dHamlet etelle est dlaisse par ce dernier. La reprsentation de lascne insiste sur la solitude pathtique du personnage.

    *2. tudier les rapports entre posie et peinturea. Sites utiles pour les recherchesRubens: www.curiosphere.tv/rubens/Rembrandt: www.rijksmuseum.nl/asp/start.asp? language=uk http://expositions.bnf.fr/rembrandt/Michel-Ange:www.educnet.education.fr/veille-education-numerique/avril-2010/visite-virtuelle-chapelle-sixtineWatteau:www.louvre.fr/llv/commun/home.jsp

    b. Baudelaire, ici pote, mais aussi critique dart, cherche donner voir le style des tableaux de chaque peintre. Pour cela, il voque les diff-rentes composantes en peinture: la lumire: Rembrandt, un rayon dhiver (v.8); Watteau, dcors frais et lgers clairs par des lustres (v.15); Michel-Ange, crpuscules (v.11);

  • 224 La littrature et les autres arts

    le mouvement : Rubens, o la vie afflue et sagit sans cesse (v.3); Watteau, bal tournoyant (v.16); les lignes: Michel-Ange, des Hercules [] se lever tout droits (v.9); Rembrandt, grand crucifix (v.6);Il caractrise aussi chaque peintre grce des comparaisons ou des mtaphores afin de per-mettre au lecteur de mieux saisir latmosphre particulire des tableaux.

    Rubens Luvre de Rubens est un fleuve doubli (v.1): Baudelaire fait rfrence au Lth (fleuve dont leau rendait amnsiques les mes accdant la rincarnation) souvent prsent allgorique-ment en peinture sous la forme dun vieillard la barbe fournie tenant une urne et la coupe de lou-bli. Deux tableaux de Rubens reprennent cette thmatique: Bacchanales, Les Quatre continents.Luvre de Rubens est aussi un jardin de la paresse (v.1) (voir les tableaux Nymphes et Satyres, La Fte de Vnus) et un Oreiller de chair frache (v. 2) : les femmes nues sont trs prsentes dans les tableaux de Rubens; Baudelaire insiste ainsi sur la sensualit dgage par de nombreux tableaux du matre. Enfin, la comparaison la vie afflue et sagite sans cesse / Comme lair dans le ciel et la mer dans la mer (v.4) montre que Rubens propose un monde en mouvement ayant une certaine unit, cohsion renforce par le retour du son [air/er]; la comparaison avec des lments de la nature sert valoriser laspect vivant de ses compositions.

    Rembrandt Sa peinture est un triste hpi-tal (v. 5). Si Rembrandt a en effet peint des leons danatomie (La Leon danatomie du Pro-fesseur Tulp), il sagit surtout de traduire ici la palette sombre et austre du peintre hollandais, ayant souvent choisi des thmes lis la souf-france et la mort.

    Michel-Ange lieu vague (v.9) : cette mtaphore exprime la varit des thmes exploits par ce peintre de la Renaissance qui fait la synthse de la culture antique (avec ses Hercules) et la culture chrtienne (des Christ; suaires, v.10, 12) voir La Fresque du jugement dernier (1535-1541).

    Watteau ce carnaval (v.13): ici encore Baude-laire met en avant les thmes de prdilection du peintre voqu. La lgret: des papillons (v. 14);

    Dcors frais et lgers (v. 15) et le mouve-ment, tous deux connots par le mot carnaval, font cho la touche de Watteau. Grce la comparaison des curs illustres, /Comme des papillons(v.13-15), le sentiment amoureux et le libertinage sont associs aux papillons. On note une volont dvoquer linsouciance et la libert que lon trouve dans les tableaux tels que Les Plaisirs du bal (1715).Le titre mme du pome Les Phares est une mtaphore pour les grands peintres et artistes ouvrant la voie aux gnrations qui les suivent et servant de repres dans lhistoire des arts.

    **3. Analyser les choix dadaptation dune bande dessineb. Cette bande dessine transpose laction de la pice au tout dbut du XXe sicle comme lat-testent le guridon, le fauteuil Voltaire et les tentures sombres. Les costumes des deux pro-tagonistes costume neutre pour Sganarelle et manteau long grand col de fourrure pour Don Juan participent cette atmosphre 1900.Les expressions du visage de Don Juan montrent sa domination et sa violence envers Sganarelle, notamment dans la troisime vignette. Lattitude corporelle et le geste de la main dans la vignette suivante traduisent le mpris pour la constance, bonne pour les ridicules, reprsent ici par Sgas -narelle. Enfin, limage finale rvle un Don Juan cynique, grce aux choix dun regard dur et dun sourire carnassier.

    ***4. tudier comment un auteur voque un autre arta. La musique provoque chez Swann plusieurs motions agrables qui vont crescendo. Ainsi, au dbut,il est surtout sensible la qualit de lex-cution: Dabord, il navait got que la qualit matrielle des sons secrts (l.3). La composition (rapport entre la partie de piano et la partie des violons) provoque aussi paralllement du plai-sir (l.5-12). Mais son motion va brutalement gagner en intensit quand il va devenir sensible une ligne harmonique particulire quil a cru reconnatre: Mais un moment donn, sans pou-voir nettement distinguer un contour, donner un nom ce qui lui plaisait, charm tout dun coup, il avait cherch recueillir la phrase ou lharmo-

  • 23 4 La littrature et les autres arts

    nie il ne savait lui-mme qui passait et qui lui avait ouvert plus largement lme (l.12-17). Il sagit donc pour Swann dune exprience com-plte, la fois sensible et spirituelle qui le trans-

    forme profondment, comme le montre lemploi de ladjectif charm (l.14), qui renvoie au nom latin carmen et signifie chant magique.

    b. Les procds employs

    Procds Citation Effet crComparaison Il avait vu tout dun coup chercher

    slever en un clapotement liquide, la masse de la partie de piano, multiforme, indivise, plane et entrechoque comme la mauve agitation des flots (l.7-11).

    Comparaison entre la musique et le mouvement de leau afin de faire comprendre les variations de rythme de la musique: du clapotement lagitation.

    numration Mince, rsistante, dense et directrice (l.7-11).

    Labondance des adjectifs qualificatifs montre la richesse musicale.

    Comparaison entre deux sens

    Lharmonie [] lui avait ouvert plus largement lme, comme certaines odeurs de roses circulant dans lair humide du soir ont la proprit de dilater nosnarines (l.16-20).

    Cette comparaison montre la complexit et la richesse des sensations provoques par la musique qui cre des ractions sensorielles mais aussi spirituelles.

    Amplification Les phrases de lextrait deviennent de plus en plus amples, longues, complexes sur le plan grammatical.

    Ce rythme traduit le mouvement de la musique, elle aussi, de plus en plus emporte.

    C. VERS LCRITURE DINVENTION Grille dvaluation pour lcriture dinvention

    TB AB/M Insuffisant Non trait

    Texte descriptifChoix du thme musicalPoint de vue interneExploitation de procds reprs dans le texte de ProustExploitation dautres sens que loueVariation sur le rythme des phrasesComparaisons et mtaphoresnumrationMatrise de la langue, longueur du texteLongueur acceptableRichesse et prcision du vocabulaireCorrection grammaticaleOrthographe

    ***5. Commenter la vision de lartiste propose par un auteura.Selon le traducteur, Manuel, luvre artistique serait le fruit dun miracle (l.16). La connota-tion de ce terme renvoie aux dons que chacun reoit la naissance, marquant lide dun destin

    artistique. La part humaine, dans sa conception, serait donc rduite. La cration artistique relve-rait du mystre.Pour Michel-Ange, en revanche, cest le travail de lhomme qui peut donner naissance une uvre dart : Le talent nest rien sans travail (l. 18).

  • 244 La littrature et les autres arts

    La leon quil donne ensuite Manuel montre la progressivit de la dmarche adopteret la ncessit de persvrer : Recommence jusqu ce que tu saches. Puis tu feras la mme chose avec ton pied (l.32). Il sagit donc dune activit rflchie, dune comptence qui peut sacqurir.

    b. VERS LA DISSERTATION

    Quelques ides possibles:1. Un crivain choisit un artiste comme person-nage central pour traduire son admiration. Rfrences : Guy Goffette (pote) rend hommage au talent de Pierre Bonnard dans Elle, par bon-heur et toujours nue, 1998.Baudelaire dans chaque strophe du pome Les Phares (livre de llve, p. 43) voque la gran-deur des peintres et sculpteurs quil admire.

    2. Un crivain choisit un artiste comme person-nage central car celui-ci est souvent contre-courant, marginal ou en avance sur son temps.Rfrences : Un soir au club, Christian Gailly (le parcours dun jazzman); Nu couch, Dan Franck (vocation du Paris artistique des annes 1920).

    3. Un crivain choisit un artiste comme person-

    nage central dune uvre parce que le processus cratif est riche de pripties, dinterrogations de la part de lartiste.Rfrences : Luvre, Zola;Tout ce que jaimais de Siri Hustvedt (vocation du milieu artistique new-yorkais des annes 1970 contenant de nom-breuses descriptions duvres fictives), La Carte et le Territoire, Michel Houellebecq, 2010.

    4. Un crivain choisit un artiste comme person-nage central dune uvre parce que la cration littraire et la cration artistique (plastique, musicale, etc.) sont similaires et que cette res-semblance lui permet de parler implicitement de son propre processus cratif.Rfrences : La Jeune Fille la perle, Tracy Che-valier, 2000.

    5. Un crivain choisit un artiste comme person-nage central dune uvre parce que la cration artistique est une recherche didal qui peut engendrer de la dception.Rfrences : Le Chef-duvre inconnu, Balzac; Le Dernier des Mozart, Jacques Tournier (roman qui voque la difficult dtre fils de quand on choisit la mme voie que son pre), 2000.

    valuation Livre de llve, p. 45Texte: Michel Houellebecq, La Carte et le territoire (2010)

    COMPRHENSION

    1. La cration artistique est dsacralise dans le premier paragraphe du texte. En effet, Houel-lebecq cre un parallle entre artiste et artisan grce la multiplication de verbes daction: Jed achetait (l.12) lacide, filmait (l.9) les cartes-mres, les aspergeait (l.11) dacide, enfin pro-cdait (l. 13) au montage des photogrammes. Dautre part, les outils et matriaux de Jed ne sont pas ceux traditionnellement associs aux plasticiens. La matire premire vient du rebut (l. 8). Jed travaille partir de dchets prove-nant des ordinateurs. Si, tel un cinaste, il cre une uvre grce une camra, il intervient aussi avec un produit corrosif comme on en utilise dans la mtallurgie, par exemple.

    2. Pourtant Jed est bien un artiste; il exploite le monde de limage, comme latteste lvo-cation de son travail de montage, superposer

    jusqu quatre-vingt-seize bandes vido (l. 21), et la recherche sur les effets de lumire et de contraste.Lacte de cration passe par la ncessit de prendre son temps, de laisser mrir le projet : quinze annes (l. 17), et par la multiplication des uvres prparatoires : trois mille modules (l.18). Jed ressemble ici aux crateurs duvres monumentales dont la ralisation sinscrit dans la dure et qui ncessitent des esquisses mul-tiples avant la production dfinitive (que lon pense la chapelle Sixtine par exemple).Lartiste est aussi reprsent comme un solitaire (image hrite en particulier du romantisme) : aucun autre personnage napparat dans le pas-sage.Jed est la fois peintre, sculpteur, vidaste, rpondant la dfinition de lartiste contempo-rain dartiste complet.

    3. La personnification des uvres se trouve en fin dextrait : ces longs plans donnent limpres-

  • 25 4 La littrature et les autres arts

    sion de se dbattre (l. 26) ; ils replongent au sein du magma vgtal (l. 28). Une fois ache-ve, luvre prend ainsi vie. La personnification donne lillusion que lart devient autonome, a une volont propre.Les uvres de Jed voquent par ailleurs un aspect fantastique, les composants lectroniques associs aux couches vgtales (l.26) devenant des tres vivants, se dbattant pour leur survie.

    4. Les uvres fictives prsentes dans cet extrait opposent lments technologiques et magma vgtal (l. 28). Ainsi le lecteur peut imaginer que Jed veut, consciemment ou non, exprimer la lutte entre la nature et la pollution industrielle et technologique.Une autre piste pourrait tre la mise en valeur de la fragilit des donnes stockes sur les cartes-mre, toutes voues la destruction. La techno-logie ne serait donc pas la solution pour dfier le temps. Lart de Jed sinscrirait dans la tradition des Vanits (voir Mise au point, p.35 du livre de llve).

    VERS LCRITURE DINVENTION

    Critres de russite Ce travail combine trois objectifs, pour lesquels on peut attendre des lves les items suivants.

    Narration (livre de llve, chap. 21) Narration la premire ou la troisime per-sonne. Point de vue interne (artiste personnage foca-lisateur). Indices de ce point de vue: le personnage est sujet de verbes de perception varis (renvoyant dautres sens que la vue), de sentiments

    Description (livre de llve, chap. 21) Organisation de la description travers le tableau. Prise en compte de la forme artistique (livre de llve, chap. 3 et 44) : tableau, donc pein-ture, vocation des couleurs, contraste, effets de lumire, lignes de fuite et de force, composition, figuratif ou abstrait

    Argumentation (livre de llve, chap. 15 18) Respect de la contrainte de lloge (expression claire dun jugement de valeur). Mise en place de procds de valorisation (hyperbole, vocabulaire mlioratif). Personnification de luvre (elle est russie car vivante).

  • 265 Lhistoire et la formation des mots

    5 tudier lhistoire et la formation des motsLivre de llve, pp. 46-51

    Instructions officiellesComptences vises : Approfondir sa connaissance de la langue principalement en matire de lexique ou de syntaxe.Programme de la classe de Seconde Ltude de la langue: Le vocabulaire fait lobjet dun apprentissage continu, en relation notamment avec le travail de lcriture et de loral: on sintresse la formation des mots, lvolution de leurs significations et lon fait acqurir aux lves un lexique favorisant lexpression dune pense abstraite.

    Objectifs et comptencesApprendre connatre ou reconnatre lorigine des mots Suivre lvolution du sens des motsAnalyser la composition des mots

    Dcouvrir Livre de llve, p. 46Texte: Michel Leiris, Biffures, La Rgle du jeu (1948)

    QUESTIONS

    1. Le texte traite de la dcouverte du langage par un enfant pour qui les mots jusque-l ntaient que des sons et ne diffraient pas dautres pro-ductions sonores telles que le cri, le rire, linter-jection. Cette dcouverte est dcrite comme une rvlation (le dchirement brusque dun voile, l. 7; lclatement de quelque vrit, l. 8). Elle se prsente sous deux aspects.

    2. La premire dcouverte que fait lenfant est quun mot fait partie dun ensemble plus vaste que lui: il est reli dautres mots.a. Le champ lexical de la relation et du lien est

    constitu par se rattache, rapprochement (l. 3, 4), insr, squence (l. 4, 5), chanon, cycle (l. 10). Ce champ lexical exprime lide que cest par le rseau quil forme avec dautres que se construit le sens dun mot.b. Le second aspect de la dcouverte de lenfant est quun mot est un outil commun plusieurs locuteurs.La dissociation entre le propre et le commun est explique par lopposition entre une chose moi (l. 11) et le langage de mes frres, de ma sur, et celui de mes parents (l. 12) ; puis, articule autour du verbe devenir, apparat lopposition entre cette chose propre moi (l. 13) et, dautre part, une chose commune et ouverte (l. 13), chose partage, socialise (l.14).

    Exercices Livre de llve, pp. 49-50

    VRIFIER SES ACQUIS 1. Utiliser les prfixesinactif incomplet inconnu ou mconnu mcontent malheureux malhonnte ou ds-honnte immoral ou amoral dsordonn dplaisant.

    2. Distinguer le rle des suffixes1. comprhensible: qui peut tre compris, intel-ligible. Une peur bien comprhensible. / com-prhensif: qui peut comprendre, indulgent. Des parents comprhensifs.2. envieux : qui prouve de lenvie. Un voisin envieux. / enviable : que lon peut envier. Une situation enviable.

  • 27 5 Lhistoire et la formation des mots

    3. offensant: qui offense, blessant. Une allusion offensante. / offensif: qui attaque, agressif. Une campagne de publicit offensive.4. raisonneur : qui aime discuter, rpliquer, argumenter (pjoratif). Un enfant raisonneur, qui tient tte. / raisonnable : sens, rflchi, modr. Un enfant raisonnable, ou un projet, ou un prix raisonnable.5. respectable : qui inspire le respect. Un ge respectable. / respectueux: qui tmoigne du res-pect. Des salutations respectueuses.

    3. Exploiter les racines latinesRacine voc: vocal, vocifrer, vocatif, vocation, vocation, invocation, convocation, provoca-tion, rvocation, irrvocable, avocat

    Racine voqu : voquer, invoquer, convoquer, provoquer, rvoquer.Voc (ou voqu) a le sens de parole dans: vocable, vocabulaire, quivoque.

    4. Interprter la formation des motsLe pouvoir (cratie) revient: au peuple (racine dmo) ; aux meilleurs (racine aristo) ; largent (racine ploutos: richesse); aux autorits religieuses (racine tho : dieu) ; aux tech-niciens (hauts fonctionnaires ou cadres diri-geants); aux vieillards (racine geronto).

    5. Respecter lorthographe des racines grecques1. polyglotte. 2. hypothse. 3. orthographe4. anthropomorphe. 5. misogyne.6. pseudonyme.

    APPROFONDIR *6. Comprendre un titreLe mot misanthrope est form de deux racines grecques : mis(o) (qui dteste) et anthrop(o)(lhomme, ltre humain).

    Le mot atrabilaire est form de deux racines latines: atra(noire) et bilis(bile).Pour comprendre ce mot, on doit le rattacher la thorie des humeurs hrite de la mdecine de lAntiquit selon laquelle le corps humain est soumis quatre humeurs (cest--dire des

    liquides): le sang, le flegme, la bile et la bile noire. Chaque humeur dtermine des dispositions psychologiques correspondantes: le sanguin, le flegmatique, le bilieux et latrabilaire.

    On en profitera pour prciser que le latin bilis a pour quivalent en grec khol (racine orthogra-phie chol ou col) que lon retrouve dans colre et dans mlancolie. Atrabilaire et mlancolique sont donc forms sur des racines de mme sens: atra / melas(noire) et bilis/ chol(bile).

    Prolongement On pourra mettre le titre et le sous-titre de la comdie de Molire en rela-tion avec les extraits suivants qui en illustrent le senstymologique:

    Pour le mot misanthrope:Philinte. Vous voulez un grand mal la nature

    [humaine!Alceste. Oui, jai conu pour elle une effroyable

    [haine.Molire, Le Misanthrope, I, 1, v. 113-114

    Pour le mot atrabilaire:Alceste. Mes yeux sont trop blesss, et la cour et

    [la villeNe moffrent rien quobjets qui mchauffent la bile;Jentre en une humeur noire, en un chagrin profond, Quand je vois vivre entre eux les hommes comme

    [ils font.Molire, Le Misanthrope, I, 1, v. 89-92

    **7. Retracer lhistoire dun mota. Le mot vlo est une abrviation du mot vlo-cipde qui dsignait un appareil de locomotion (anctre de notre vlo), compos dun sige mont sur des roues que lon faisait avancer par le mouvement des pieds au sol (plus tard en actionnant des pdales).Le mot vlocipde lui-mme est compos de deux racines latines, lune venue de ladjectif velox (rapide), lautre du nom pes, pedis(pied) (cf. pdestre, pdale, pdalier).Vlo a dtrn vlocipde la fin du XIXe sicle. Il a servi son tour forger dautres mots avec ladjonction dautres racines : vlodrome (piste de courses [racine -drome] de vlos) puis vlo-moteur au milieu du XXe sicle.

    b. On ne dsigne pas celui qui pratique le vlo par le nom vlocipdiste comme on pourrait sy attendre mais par le mot cycliste.

  • 285 Lhistoire et la formation des mots

    Cycliste, apparu aussi la fin du XIXe sicle, vient du mot bicyclette lui-mme form sur le mot anglais bicycle, de bi (deux) et du grec kuklos (roue, cercle > hmicycle, cyclique). Cycliste rsulte donc de la suppression du prfixe bi- et de ladjonction du suffixe iste (qui pra-tique, adepte de).

    **8. Former des familles de motsa. et c. Six noms forms de la racine versum / version et ladjonction dun prfixe:

    Aversion : forte antipathie. Avoir de laversion pour les passe-droits. Avoir le mensonge en aver-sion.Conversion : le fait de changer quelque chose en autre chose La conversion des euros en dol-lars ou dadopter une nouvelle croyance. Une conversion inattendue au capitalisme.Diversion : le fait de dtourner lattention de quelquun. Dans lambiance tendue de la runion, son entre a fait diversion.Inversion : un changement de sens. On assiste aujourdhui une inversion de la tendance.Interversion: renversement de lordre habituel. Le comique de la contrepterie repose sur linter-version des syllabes.Subversion : une action qui vise renverser lordre ou les valeurs tablies. Le Surralisme pr-nait la subversion dans tous les domaines.

    b. Cinq mots forms sur prehendere / prehensum:Prhension: laction de tenir, de saisir. La capa-cit de prhension de la trompe dun lphant.Apprhender: 1. Envisager avec crainte. Appr-hender une preuve dexamen. 2. Saisir par les-prit. Apprhender un phnomne dans sa globa-lit. Autre sens: arrter quelquun. Apprhender un suspect.Apprhension: nom driv dapprhender. (sens 1). Aborder lpreuve avec apprhension.Comprhensible : qui peut tre compris. Une raction parfaitement comprhensible. Expliquer une situation de faon comprhensible.Rprhensible: qui mrite dtre blm. Chanter dans la rue na rien de rprhensible.

    **9. Utiliser les racines latines pour un niveau de langue soutenu1. Un tmoin oculaire. 2. Une preuve indubi-table. 3. Des dcisions unilatrales. 4. Un spectacle questre. 5. Le repos (ou le travail) dominical. 6. La qualit gustative.

    **10. Comprendre le vocabulaire des mdiasLa dsacralisation : le prfixe d est privatif (sans, priv de); le suffixe -ation exprime lac-tion (de dsacraliser) et le rsultat de cette action. Le mot signifie donc que lcole a perdu son caractre sacr, quelle ninspire plus un res-pect absolu.

    La mondialisation: le mot est form sur ladjec-tif mondial auquel ont t ajouts le suffixe de verbe iser puis le suffixe de nom ation. Ces deux suffixes ont pour sensrendre (mondial). Le mot dsigne le fait, apparu la fin du XXe sicle, que les phnomnes politiques, cono-miques, financiers doivent tre dsormais appr-hends globalement lchelle mondiale.

    Mritocratique : le suffixe cratie (cratique) vient du grec et a pour sens la force, la puis-sance. On trouve ce suffixe associ dautres racines grecques (exercice 4). Ici il est associ par cration verbale au mot mrite. Ladjectif dsigne donc une socit dans laquelle le mrite reprsente une valeur, une socit qui rcom-pense ce mrite et lui reconnat le pouvoir.

    Fminisation: le mot est form de ladjectif fmi-nin auquel ont t ajouts le suffixe de verbe iser et le suffixe de nom ation qui indique laction ou le rsultat de laction. Le mot signifie que le secteur doit comporter ou comporte un nombre de femmes plus grand quauparavant ; que la part prise par les femmes dans ce secteur doit saccrotre ou saccrot.

    Interventionnisme : le mot est form du nom intervention auquel sajoute le suffixe isme qui a pour sens le fait dtre et qualifie souvent une doctrine. Le mot dsigne une politique dinter-vention revendique par ltat que ce soit dans le domaine conomique, culturel, scientifique du pays ; ou bien dans un conflit concernant dautres tats.

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    **11. Comprendre lorigine des noms publicitairesLa marque amricaine de vtements de sport utilise le mot grec nik qui signifie la victoire. La statuaire grecque reprsente souvent des Victoires ailes (comme la clbre Victoire de Samothrace du muse du Louvre). Do la forme daile donne au logo de la marque par la firme amricaine.

    Nik est en grec lpithte associe Athena, fille de Zeus, souvent reprsente avec des ailes ou des sandales ailes. Pourtant sur lAcropole Athnes subsiste un temple ddi Athena Nik qui porte le nom de Temple de la victoire Aptre (aptre = sans ailes). Les Athniens en effet reti-raient la desse ses ailes pour tre srs de la conserver prs deux dans la ville.

    Prolongements La ville de Nice en France, ancienne colonie grecque, tient son nom du grec nikaa, de nik (victoire).La ville de Thessalonique doit son nom la sur dAlexandre le Grand, Thessalonik (tymologi-quement: victoire sur les Thessaliens).

    b. Le lait Candia: du latin candidus (blanc). Mot tronqu et ajout dune terminaison fminine.Le lait Lactel: calqu sur le latin lac, lactis(lait). Redoublement de la consonne l rappelant le mot lait.La crme Nivea: du latin niveus, a, um(neigeux, de neige). Choix de la terminaison fminine en a.Fer repasser Calor : calqu sur le latin calor, caloris (chaleur).Moutarde Amora: du latin amor(amour). Termi-naison fminine en a.Plat Pyrex : du grec puros (feu) avec ajout du mot latin rex (le roi) comme suffixe