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Le 11 novembre 1918, n’oublions pas !!! Le 11 novembre 1918, à 5hl5 du matin, les plénipotentiaires allemands acceptaient les conditions d'armistice du Maréchal Foch. Le 11 novembre 1918, à llh00, le "Cessez le Feu" sonnait sur tout le front mettant un terme à quatre années d'une guerre effroyable. Utilisée pour la signature de l'armistice le 11 novembre 1918, la voiture n° 2419D avait été aménagée en bureau pour le Maréchal Foch par la Société des Wagons-Lits. Le wagon du 11 novembre sera installé en 1927 dans la Clairière, Hautement symbolique, ce wagon sera utilisé par Hitler pour l'armistice de 1940, puis emporté et incendié en Allemagne en avril 1945, alors que l'Allemagne est à la veille d'un nouveau " Le 11 novembre". Le musée actuel du 11 novembre 1918 expose une autre voiture de la même série de 1913. Rappels des faits le jour du 11 novembre : à 5h05 du 11 novembre 1918, la France et le nouveau gouvernement de la toute jeune république allemande sont d'accord sur le texte définitif de l'armistice. Au terme de cet accord du 11 novembre 1918, il est décidé d'arrêter les hostilités le plus tôt possible. Un télégramme, qui a été immédiatement envoyé sur tout le front par radio et par message téléphoné aux commandants en chef à la date du 11 novembre 1918 stipule que : "Les hostilités seront arrêtées sur tout le front à partir du 11 novembre à 11 heures, heure française" Dans le courant de la matinée du 11 novembre 1918, les différents documents sont remis aux plénipotentiaires allemands. Leur train quitte, le jour même le garage de Rethondes à 11h30 pour Tergnier, où ils retrouveront leurs automobiles. Sur leur demande, toutes facilités ont été données au capitaine allemand Geyer pour se rendre, le même jour (11 novembre 1918) en avion au grand-quartier-général allemand, porteur des textes et de la carte. Voici ce qu'écrira Foch à propos du 11 novembre : "le 11 novembre à 11 heures, le feu était arrêté sur tout le front des armées alliées. Un silence impressionnant succédait à cinquante-trois semaines de bataille. Les peuples pouvaient entrevoir le rétablissement de la paix dans le monde. Le lendemain [du 11 novembre], j'adressais un ordre du jour de félicitations aux armées alliées". http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/11_novembre.html

Le 11 novembre 1918, n’oublions pas!!!cdn1_3.reseaudescommunes.fr/cities/43/documents/fz5jttmnzr7oy1x.pdf · succédait à cinquante-trois semaines de bataille. ... Le 20 mars 1929

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Le 11 novembre 1918, n’oublions pas !!!

Le 11 novembre 1918, à 5hl5 du matin, les plénipotentiaires allemandsacceptaient les conditions d'armistice du Maréchal Foch. Le 11 novembre 1918, àllh00, le "Cessez le Feu" sonnait sur tout le front mettant un terme à quatreannées d'une guerre effroyable.Utilisée pour la signature de l'armistice le 11 novembre 1918, la voiture n°2419D avait été aménagée en bureau pour le Maréchal Foch par la Société desWagons-Lits. Le wagon du 11 novembre sera installé en 1927 dans la Clairière,Hautement symbolique, ce wagon sera utilisé par Hitler pour l'armistice de 1940,puis emporté et incendié en Allemagne en avril 1945, alors que l'Allemagne est àla veille d'un nouveau " Le 11 novembre". Le musée actuel du 11 novembre 1918expose une autre voiture de la même série de 1913.

Rappels des faits le jour du 11 novembre : à 5h05 du 11 novembre 1918, laFrance et le nouveau gouvernement de la toute jeune république allemande sontd'accord sur le texte définitif de l'armistice. Au terme de cet accord du 11novembre 1918, il est décidé d'arrêter les hostilités le plus tôt possible. Untélégramme, qui a été immédiatement envoyé sur tout le front par radio et parmessage téléphoné aux commandants en chef à la date du 11 novembre 1918stipule que :"Les hostilités seront arrêtées sur tout le front à partir du 11 novembre à 11heures, heure française" Dans le courant de la matinée du 11 novembre 1918,les différents documents sont remis aux plénipotentiaires allemands. Leur trainquitte, le jour même le garage de Rethondes à 11h30 pour Tergnier, où ilsretrouveront leurs automobiles. Sur leur demande, toutes facilités ont étédonnées au capitaine allemand Geyer pour se rendre, le même jour (11novembre 1918) en avion au grand-quartier-général allemand, porteur destextes et de la carte.

Voici ce qu'écrira Foch à propos du 11 novembre : "le 11 novembre à 11 heures,le feu était arrêté sur tout le front des armées alliées. Un silence impressionnantsuccédait à cinquante-trois semaines de bataille. Les peuples pouvaient entrevoirle rétablissement de la paix dans le monde. Le lendemain [du 11 novembre],j'adressais un ordre du jour de félicitations aux armées alliées".

http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/11_novembre.html

Wagon de l'Armistice, Rethondes (60)

La clairière de l'ArmisticeLe 11 novembre 1918, à 5h15 du matin, les plénipotentiaires allemandsacceptaient les conditions d'armistice du Maréchal Foch. Quelques heures plustard, à llh00, le "cessez le feu" sonnait sur tout le front mettant un terme àquatre années d'une guerre effroyable.Aménagée en 1922 par l'architecte Mages en collaboration avec M. BinetValmer, président de la ligue des sections et anciens combattants, la clairière del'Armistice deviendra le symbole de la Victoire et de la paix. Ornée d'unmonument aux Alsaciens-Lorrains (oeuvre d'Edgar Brandt), percée d'une alléelongue de 250 mètres conduisant à un rond-point de 100 mètres de diamètre,elle commémore la fin de la guerre sous le regard de la statue du MaréchalFoch.

Le wagon de l'ArmisticeUtilisée pour la signature de l'armistice de 1918, la voiture n° 2419D avait étéaménagée en bureau pour le Maréchal Foch par la Société des Wagons-Lits.Installé en 1927 dans la clairière, ce wagon symbolique sera utilisé par Hitlerpour l'armistice de 1940 avant d'être emporté et incendié en Allemagne en avril1945. Le musée actuel expose une autre voiture de la même série de 1913

Le choix de Rethondes"(...) Lorsque le Maréchal Foch eut à déterminer le lieu où il convoquerait lesparlementaires chargés de demander un armistice, plusieurs solutions s'étaientprésentées à son choix. Serait-ce une localité plus ou moins importante ?Faudrait-il la choisir à l'arrière, ou dans une région des pays envahis etrécemment délivrés ? Le Quartier Général du Commandant en Chef n'était-il pasle point où devaient être conduits ceux qui venaient implorer la cessation deshostilités ? (...) Il adopta la forêt de Compiègne à proximité de la gare deRethondes. Maintes fois pendant la guerre, il avait établi dans son train sonposte de commandement. C'est à son poste de commandement que lesparlementaires viendront se présenter à lui. La solitude du lieu assurera lecalme, le silence, l'isolement, le respect de l'adversaire (...)"Maxime Weygand, 11 novembre, 1932.

Ordre du jour N° 5961Le 12 novembre 1918, le Maréchal Foch adressait de son quartier général deSenlis ce message aux Armées : "Officiers, sous-officiers et soldats des arméesalliées ; après avoir résolument arrêté l'ennemi, vous l'avez pendant des mois,avec une foi et une énergie inlassables, attaqué sans répit. Vous avez gagné laplus grande bataille de l'Histoire, sauvé la cause la plus sacrée : la liberté dumonde. Soyez fiers, d'une gloire immortelle vous avez paré vos drapeaux, lapostérité vous garde sa reconnaissance."

Les personnages associés

Ferdinand Foch (1851-1929)

Foch naît à Tarbes, en 1851, au sein d'une famillebourgeoise et pieuse. Lycéen travailleur et brillant, il devient bachelier ès lettres puis ès sciences.

Envoyé à Metz en 1869 pour y préparer l'Ecolepolytechnique, il connaît l'occupation prussiennequi s'abat sur la Lorraine.Epreuve déterminante ? A Polytechnique, ilchoisit la carrière des armes.

Capitaine à 26 ans, ami de Gustave Doré, il se marie en 1883.Elève à l'Ecole de Guerre en 1885. il y professe de 1895 à 1901,avant d'en devenir le commandant en 1908. Déjà, deux ouvragesont regroupé ses conceptions stratégiques.

"La réalité du champ de bataille est qu'on n'y étudie pas ; on faitsimplement ce que l'on peut pour appliquer ce que l'on sait ;dès lors, pour y pouvoir un peu, il faut savoir beaucoup etbien" (Foch. in "Principes de guerre").

Août 1914 : la guerre éclate. Général depuis 1907, Foch commande alors le 20ecorps d'armée à Nancy. Le 29 août, il prend la tête des unités qui vont former la9e armée, se distinguant dans la bataille des marais de Saint-Gond, opérationcapitale dans la 1ère bataille de la Marne. Il coordonne ensuite le groupe desarmées alliées du Nord qui arrêtent les Allemands dans leur "course à la mer",puis dirige les offensives d'Artois en 1915 et celles de la Somme en 1916.

Mais l'impact du résultat de celles-ci, jugé insuffisant, s'ajoutant à des rivalitésinternes, entraîne une disgrâce provisoire du général.

En 1917, la situation militaire des Alliés est inquiétante : échec du généralNivelle sur le Chemin des Dames, mutineries, effondrement de l'empire russe,déroute italienne... Foch est rappelé comme chef d'état-major général del'Armée. Désigné comme généralissime des troupes alliées, il bloque l'offensiveallemande en avril 1918 et lance la contre-attaque décisive du 18 juillet. Le 11novembre, il a le sentiment du devoir accompli. Mais il songe aussi aux millionsde soldats morts - dont son fils et son gendre - et il sait qu'il faut aussi gagnerla paix. "Je ne fais pas la guerre pour la guerre. Si j'obtiens par l'armistice lesconditions que nous voulons imposer à l'Allemagne, je suis satisfait. Le but étantatteint, nul n'a le droit de faire répandre une goutte de sang de plus".(Mémoires du maréchal Foch, t. II. p. 285).

Les honneurs l'auréolent : il est maréchal de France, de Grande-Bretagne et dePologne, académicien, titulaire de 37 décorations françaises et étrangères,Président du Conseil supérieur de la guerre.

Conseiller lors de la conférence qui s'ouvre le 18 janvier 1919, il ne réussit pas àimposer sa conception d'une paix exigeant le Rhin comme frontière del'Allemagne plutôt que fondée sur d'hypothétiques promesses.

Déçu par les clauses du traité, il veut faire entendre sa voix en se présentantaux élections présidentielles de 1920. Son échec lui fait renoncer à la politique.

Il voyage, écrit ses mémoires, ne cessant de défendre sa conviction : une nationmoralement forte, puissamment armée, est nécessaire pour éviter que nerecommence la guerre. L'isolement de la France, le marasme économique qui seprofile, la déliquescence des traités de paix, assombrissent d'autant sesdernières années. Le 20 mars 1929 s'achève une vie placée sous la devise :"Que soit vaincu celui qui ne veut vaincre".

Le nom de Foch est lié à la victoire de 1918, et c'est symboliquement que detrès nombreuses municipalités en ont baptisé une rue, une place, un boulevard :le maréchal Foch est incontestablement l'un des personnages historiques lesplus évoqués dans les villes de France.source : MINDEF/SGA/DMPA/SDACE

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Autres photos :

http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichegalerie.php?idLang=fr&idGalerie=1391

Le 11 novembre raconté par le maréchal Foch

[...] A 5h05, on est d'accord sur le texte définitif. Il estdécidé qu'afin d'arrêter les hostilités le plus tôt possible,la dernière page de ce texte sera dactylographiéeimmédiatement et que les signatures y seront apposées.A 5h10, les plénipotentiaires alliés et allemands yapposent leurs signatures. L'heure conventionnellede 5 heures est adoptée comme heure de lasignature. [...]

Le Maréchal Foch déclare la séance terminée, etles délégués allemands se retirent. Le télégrammesuivant était immédiatement envoyé sur tout le front par radio et par message téléphoné aux commandants en chef :

1. Les hostilités seront arrêtées sur tout le front à partir du 11 novembre à 11 heures, heure française.2. Les troupes alliées ne dépasseront pas jusqu'à nouvel ordre la ligne atteinte à cette date et à cette heure. Rendre compte exactement de cette ligne.3. Toute communication avec l'ennemi est interdite jusqu' à la réception des instructions envoyées aux commandants d'armées.

Le maréchal Foch

Dans le courant de la matinée, les différents documents sont remis auxplénipotentiaires allemands. Leur train quitte le garage de Rethondes à 11h30pour Tergnier, où ils retrouveront leurs automobiles. Sur leur demande, toutesfacilités ont été données au capitaine allemand Geyer pour se rendre en avionau grand-quartier-général allemand, porteur des textes et de la carte. Cetofficier a quitté en avion le terrain d'atterrissage de Tergnier vers 12h30. [...]Le 11 novembre à 11 heures, le feu était arrêté sur tout le front des arméesalliées. Un silence impressionnant succédait à près de cinquante-deux mois debataille. Les peuples pouvaient entrevoir le rétablissement de la paix dans lemonde. Le lendemain, j'adressais un ordre du jour de félicitations aux arméesalliées :

Officiers, sous-officiers, soldats des armées alliées. après avoirrésolument arrêté l'ennemi, vous l'avez pendant des mois, avec une foiet une énergie inlassables, attaqué sans répit. vous avez gagné la plusgrande bataille de l'histoire et sauvé la cause la plus sacrée : la libertédu monde. soyez fiers ! d'une gloire immortelle vous avez paré vosdrapeaux. la postérité vous garde sa reconnaissance.

Le maréchal de France, commandant en chef les armées alliées : F Foch.

Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre 1914-1918, maréchal Foch

La Première Guerre mondiale (1914-1918)

Le contexte international dans lequel se déclenchent les hostilités en 1914résulte des modifications profondes qui ont affecté l'Europe depuis le milieu duXIXème siècle. La fragilité des Balkans traversés par de fortes pousséesnationalistes, le regroupement de la monarchie austro-hongroise (1867), laréalisation de l'unité italienne (1870) et celle de l'Allemagne (1871) déstabilisentl'équilibre européen issu du traité de Vienne (1815). Les tensions entre laFrance, désireuse de retrouver l'Alsace et la Lorraine annexés en 1871, etl'Allemagne d'une part, entre l'Autriche-Hongrie et la Russie d'autre part, sansoublier le rôle de l'Angleterre, toujours soucieuse de conserver son influencemondiale, attisent les risques de crises. L'empire ottoman lui-même estcontraint lors du Congrès de Berlin (1878) de reconnaître l'indépendance deplusieurs pays qui étaient intégrés dans son administration (Serbie, Roumanie,Bulgarie, Monténégro notamment). Par le jeu des alliances nées de cesnouveaux découpages et de la concurrence entre les grands Etats (crisesrépétées entre 1904 et 1914), l'affrontement n'a pu être évité.

La guerre éclate à la suite de l'assassinat le 28 juin1914 à Sarajevo de François-Ferdinand, neveu ethéritier de l'empereur d'Autriche, par un étudiantbosniaque lié aux milieux nationalistes serbes.L'Autriche, après s'être assurée de l'appui del'Allemagne, présente un ultimatum à la Serbie : cetultimatum exige que l'enquête sur les circonstancesde l'assassinat soit menée sur le territoire serbe pardes fonctionnaires autrichiens. La Serbie en accepteles conditions à l'exception de la présence desagents autrichiens qui constituerait une atteinte à sasouveraineté. L'Autriche-Hongrie lui déclare laguerre le 28 juillet 1914. L'engrenage des alliancess'amorce aussitôt : entre les mobilisations généraleset les ultimatums réciproques, l'Allemagne déclarela guerre à la Russie le 1er août et à la France le3 août, entraînant la réplique de l'Angleterre quidéclare la guerre à son tour à l'Allemagne le 4 août.Le patriotisme, nourri de longue date auprès desdiverses opinions publiques, permet aux populationset aux classes politiques des différents belligérantsd'accepter cette situation perçue comme légitimepar chacun des camps.

L'archiduc François-Ferdinand et laduchesse de Hohenberg dontl'assassinat va déclencher l'entrée enguerre des grandes puissanceseuropéennes. Source : L'Illustration -l'album de la guerre 1914-1919

La bataille de la Marne. Les troupes allemandes enfonçées sous lesmurs du château de Mondement. Source : L'Illustration - l'album dela guerre 1914-1919

Les armées allemandes, sanstenir compte de la neutralité de laBelgique, attaquent d'abord laFrance. Cette opération seraappelée la "bataille desfrontières" (7-24 août 1914): lesFrançais se portent en avant versMulhouse, Strasbourg et enLorraine. Mais à Mons et àCharleroi les Anglais et lesFrançais sont contraints dereculer après des combatsacharnés où ils ont des difficultésà faire face au dynamisme desassaillants malgré l'efficacité del'artillerie française (exceptionnelcanon léger de 75). Parvenus auxportes de Paris le 2 septembre,les Allemands, plutôt que detenter de s'emparer de lacapitale, essayent de prendre àrevers l'ensemble du corps debataille français par unemanoeuvre d'encerclement.S'engage alors la "bataille de laMarne" où Joffre, chef d'état-major, et le général Gallieni,commandant la place de Paris,lancent une contre-offensivegénérale marquée par de hautsfaits d'armes : le général Fochrésiste héroïquement dans lesmarais de Saint-Gond et l'arméedu général Maunoury esttransportée par les taxis de Parisau nord de la Marne : constatantl'échec de leur action, lesAllemands se replient le 10septembre sur l'Aisne ; leurcommandant en chef, von Moltke,est remplacé par von Falkenhayn.Paris est sauvé.

Commence alors la "course à la mer" entre octobre et novembre 1914. L'arméeallemande tente de déborder les alliés sur la gauche en remontant vers le nordafin d'atteindre les ports permettant aux troupes britanniques de débarquer. LesAnglais et les Français font face dans des engagements âpres et meurtriersnotamment dans les Flandres (1er-27 octobre). Les premières tranchéesapparaissent, les soldats les creusant pour se protéger à la fois de l'ennemi et

de l'hiver. Finalement le front se stabilise entre la mer du Nord et la Suisse surprès de 700 km ; 10 départements français sont partiellement ou totalementoccupés.Le front oriental a permis au même moment aux Allemands de s'assurer d'unevictoire sur les Russes qui avaient pris l'offensive (bataille de Tannenberg, 26-30août 1914) ; mais la nécessité de prélever des troupes du champ de bataillefrançais a amoindri la puissance allemande dans la bataille de la Marne. Laguerre de mouvement, initialement prévue pour vaincre rapidement la France,se solde donc à la fin de l'année 1914 par deux conséquences inattendues :d'une part une neutralisation réciproque des armées en présence, d'autre partune extension mondiale du conflit : le Japon a rejoint l'Entente (GrandeBretagne, Russie et France) et l'empire ottoman et la Bulgarie se sont associés àl'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie (octobre 1914).

Les caractéristiques de ce nouveau conflit apparaissent des deux côtés : lesEtats doivent organiser une véritable économie de guerre mobilisant tous lesmoyens dont ils disposent pour éviter la défaite (organisation des ressources,ravitaillement, production d'armements, usage massif des chemins de fer,financement de l'effort de guerre). Une mobilisation psychologique et morale estégalement menée auprès des opinions publiques (importance de la censure afinde contrôler les informations). Sur le terrain les tranchées sont transformées enun système défensif efficace contre l'infanterie (utilisation de mines et de fils defer barbelés) ; l'artillerie lourde devient alors un instrument essentiel de labataille tandis que l'aviation, dépassant le simple rôle d'observation, est utiliséedans la chasse et le bombardement ; les gaz asphyxiants sont utilisés pour lapremière fois par les Allemands dans une attaque près d'Ypres le 22 avril 1915 ;le premier bombardement aérien de populations civiles est effectué par lesAllemands sur Paris (hôpitaux et magasins) le 30 janvier 1918.

Un boyau d'accès de Verdun, Collection DMPA

La guerre d'usure se poursuit des deux côtés. Entre mai et septembre 1915,l'Allemagne tente de faire plier la Russie par une offensive qui lui permetd'occuper notamment la Pologne ; mais elle ne parvient pas à obtenir une paixséparée. Afin de soulager à son tour la Russie, les Alliés franco-anglais essayentde s'emparer des Dardanelles, mais l'opération échoue (janvier-février 1915).Le torpillage du paquebot anglais Lusitania (7 mai 1915) fait franchir uneescalade nouvelle dans la guerre maritime. Le front occidental voit se succéderdes offensives des Alliés (Artois en mai 1915, Champagne en septembre 1915)qui occasionnent des pertes considérables sans gains tactiques importants. En1916 une offensive allemande sur Verdun a pour but de briser l'armée française

de façon décisive : la bataille est l'une des plus sanglantes de l'Histoire et serésout par l'arrêt de l'attaque en juin. Les Alliés tentent d'enfoncer le front dansla Somme (juillet - novembre 1916) sans grand succès. La mondialisation duconflit continue à s'étendre : respectivement l'Italie (mai 1915) et la Roumanie(juillet 1916) entrent en guerre au côté des Alliés ; les théâtres d'opérationss'agrandissent : les combats se transportent en Afrique et au Moyen-Orient, enmer (guerre sous-marine et victoire anglaise sur la flotte allemande à la batailledu Jutland, mai 1916) ; enfin les colonies sont appelées à fournir de l'aide à laGrande Bretagne et à la France.

Le village de Prosnes, Collection DMPA

Le prolongement du conflit largement au-delà des prévisions initiales et lessouffrances endurées commencent à peser en 1917 sur les troupes engagées.L'échec de l'offensive française menée par le général Nivelle au « Chemin desDames » (avril 1917) déclenche une vague de mutineries ( mai 1917) quel'état-major a du mal à maîtriser ; les Allemands sont confrontés au mêmephénomène (marine de guerre à Kiel, fraternisation avec les russes sur le frontde l'Est). Les sociétés civiles des belligérants connaissent également desagitations politiques et sociales (grèves dans les usines d'armement,déclenchement de la révolte en Irlande contre les Anglais). Le pacifismeprogresse fortement dans les opinions prônant une « paix blanche » (sansannexion ni indemnités) : conférence de Stockholm (juin 1917). Par ailleurs ladécision allemande (février 1917) de pratiquer une guerre sous-marinesystématique afin de desserrer l'étau du blocus économique amène les Etats-Unis à entrer en guerre contre l'Allemagne (avril 1917) tandis que la révolutionqui éclate au même moment en Russie (février 1917) remet en questionl'équilibre des forces ; la paix séparée de Brest-Litovsk (mars 1918) confirmecette situation nouvelle.

Un char Renault FT 17 français Photo SHAT

L'année 1918 va être décisive. Une fois libérés par l'arrêt des hostilités à l'Estles Allemands déclenchent en mars 1918 une offensive très puissante enPicardie, en Flandres et au Chemin des Dames rompant le front au point dejonction entre les armées françaises et anglaises. Ceci provoque la création d'uncommandement unique confié au général Foch afin d'améliorer la coordinationdes armées alliées. Les Allemands mènent une autre attaque en juillet 1918 enChampagne qui manque de réussir, et qui est arrêtée in extremis sur la Marne(deuxième bataille de la Marne). Mais la machine industrielle et humaine del'Amérique est lancée : plus d'un million de soldats américains présents sur lesol français participent aux opérations qui intègrent désormais régulièrement lestanks. En juillet 1918 Foch lance une contre-offensive qui donne le signal d'unrecul progressif des Allemands dont le repli ne cesse de s'accentuer (le frontallemand est enfoncé à Montdidier en août, l'offensive générale de Verdun àl'Yser est déclenchée le 31 octobre). Les Italiens effacent de leur côté ledésastre de Caporetto (octobre 1917) en battant les Autrichiens à Vittorio-Veneto (octobre 1918). Dans les Balkans sous l'effet de la pression alliée(Franchet d'Esperey victorieux à Uskub) les empires centraux sont pris à revers; la Bulgarie et la Turquie sont de plus en plus isolées et demandent l'armistice(30 octobre); l'Autriche fait de même le 3 novembre. Devant le retournement dela situation militaire, l'agitation politique gagne l'Allemagne : la flotte allemandese révolte à Kiel, la révolution éclate à Berlin, Guillaume II abdique et larépublique est proclamée le 9 novembre, l'armistice est signé à Rethondes le 11novembre.

Le PC de commandement du 298e RHA, collection DMPA

Le bilan global estimé en pertes humaines (militaires morts et disparus) est lesuivant :

Nations belligérantes

Alliés Mobilisés Morts

France 8 317 000 1 390 000

Grande-Bretagne 6 000 000 776 000

Belgique 380 000 44 000

Serbie

450 000 400 000

Italie 5 615 000 530 000

Portugal

60 000

8 000

Grèce 200 000 12 000

Roumanie

1 000 000 158 000

Russie 15 000 000 1 700 000

Etats-Unis

3 800 000

114 000

Canada 630 000 62 000

Afrique du Sud 136 000 9 000

Australie

413 000 60 000

Nouvelle-Zélande 128 000 18 000

Inde 1 500 000

75 000

Empires centraux

Allemagne 13 000 000

1 950 000

Autriche-Hongrie 9 000 000 1 047 000

Bulgarie 950 000 100 000

Empire ottoman (Turquie) 2 850 000 400 000

MINDEF/SGA/DMPA François Cavaignac

Le PC du colonel Driant (55)

PC du Colonel Driant. Photo JP le Padellec

21-22 février 1916La consigne était de tenir jusqu'au bout. Elle a été observée. Le Députe deNancy, le Colonel Driant, Saint-Cyrien, demande à rejoindre le front avec songrade et on lui confie, au nord de Verdun, une demi-brigade formant corpsconstituée de deux bataillons de Chasseurs : les 56ème et 59ème B.C.P. Officiermais aussi homme politique, Driant, qui a toujours eu son franc-parler, ne segêne pas pour observer et formuler des critiques sur l'organisation du secteurde Verdun. Ce qui n'empêcha nullement la poursuite du démantèlement desouvrages de la place fortifiée, alors même que les positions intermédiairesétaient à peine esquissées.Pratiquant au milieu de ses Chasseurs un commandement d'une affectueusesimplicité non dénuée de rigueur, il ne pouvait rien faire d'autre qu'organiserson secteur et attendre l'orage qu'il voyait venir avec une cruelle lucidité.Driant, dès le 20 janvier, avait, dans un ordre du jour à sa demi-brigade,annoncé la grande épreuve. Voici ce texte, où sont soulignées les lignes quiprécisaient à l'avance le caractère de la lutte sans précédent qui allait s'engager.

Ordre du jour - 20 janvier 1916"L'heure est venue pour les graciés et les chasseurs des deux bataillons de sepréparer à l'action, et pour chacun de réfléchir au rôle qui va lui incomber. Ilfaut qu'à tous les échelons on soit pénétré que dans une lutte aussi morceléeque cette qui s'apprête, nul ne doit se retrancher derrière l'absence d'ordrespour rester inerte.Multiples seront les interruptions de communications, fréquentes les occasionsoù des portions d'effectifs se trouveront livrées à elles-mêmes.Résister, arrêter l'ennemi par tous les moyens doit être la pensée dominante detous les chasseurs se rappelleront surtout que dans les combats auxquels ils ontassisté depuis dix-sept mois, ils n'ont laissé entre les mains de l'ennemi d'autresprisonniers que des blessés. Les chasseurs ne se rendent pas."Le 21 février, il se lève tôt, il regarde le ciel splendide, le soleil brillant. Il ôteson alliance qu'il remet à son secrétaire : "Si je suis tué, vous irez la rapporter à

Madame Driant".II monte à cheval au Bois des Caures, suivi de son palefrenier.Il est 6 heures 45; il se rend au chantier où une compagnie de réserve construitun boyau sous la direction des lieutenants Leroy et Simon. Il fait interrompre letravail et envoie la troupe sur ses emplacements de combats. Pendant qu'ilcause avec les deux officiers le premier obus éclate; la tragédie est commencée.Le terrain du Bois des Caures (Caures : noisetier en patois local), humide, seprête mal au creusement des tranchées aussitôt inondées. Les 56ème et 59èmeB.C.P. organisèrent là un système de redoutes dont la tragique faiblesse était legabionnage. C'est dans ces contions que l'atteint le choc du 21 février 1916. Lespositions du Bois des Caures et du bois d'Haumont à gauche à tenu par le165ème R.I. sont en plein dans l'axe offensif des Allemands. Le bombardementlamine les retranchements si fragiles devant les 150, 210 et 305 : Driant lui-même avait écrit la veille : "leur assaut peut avoir lieu cette nuit comme il peutêtre encore reculé de quelques jours."

Début de la bataille de VerdunEn février 1916, le secteur du Bois des Caures est occupé depuis novembre1915 par le groupe de Chasseurs du Lieutenant-colonel Driant. Le groupecomprend le 56ème B.C.P. (Capitaine Vincent) et le 59ème B.C.P. (CommandantRenouard). Depuis plusieurs semaines, les deux bataillons, alternativement enligne, ont renforcé leurs positions et aménagé leurs défenses, sous l'impulsionde Driant qui pressent une attaque imminente.Le 21 février 1916, à 7 heures du matin, le premier obus tombe sur le bois etDriant, sachant que l'heure du sacrifice a sonné, parait au milieu de seschasseurs qu'il ne quittera plus. Le bombardement devient si dense que tout leterrain semble miné. Dès 10 heures, le bois est impraticable, c'est un vraichaos. A 17 heures, le bombardement cesse brusquement, puis le tir reprend,mais très allongé, c'est l'attaque rapide, souvent même la lutte au corps àcorps. Malgré des actes d'héroïsme extraordinaires, quelques tranchées sontprises.Le soir venu, l'ennemi est maître d'une partie des premières lignes. Mais leschasseurs de la compagnie Robin contre-attaquent dans la nuit glacée,reprennent leurs tranchées et sèment la panique parmis les Allemands,persuadés que les Chasseurs sont tous hors de combat.Vers minuit, le Colonel Driant parcourt tout le secteur, va à l'extrême pointe destranchées et encourage tous ces hommes.

L'attaque allemande du 21 au 25 février 1916. Source : Conseil Général de la Meuse

Le 22 février au matin, si les Chasseurs ont reconquis les tranchées de premièreligne perdues la veille, partout ils sont à portée de grenade de l'ennemi. Dès 7heures, un bombardement aussi formidable que celui du matin précédent,reprend. A midi, la canonnade cesse. Les Chasseurs survivants bondissent àleurs postes de combat. Leur Colonel est au milieu d'eux, il prend un fusil et faitle coup de feu. Le Bois des Caures n'existe plus comme couvert. Les massesennemies l'encadrent. Trois compagnies de première ligne meurent à leurspostes, submergées par deux régiments. La compagnie Seguin fait merveille. Onse bat à la grenade tant qu'il y en a, puis à coup de pierres, à coup de crosses.A13 heures, nouvelle attaque. Toujours un fusil à la main, Driant est sur ledessus de son poste de commandement, au milieu de ses agents de liaison. Ilest d'excellente humeur. Tireur d'élite, il annonce le résultat des coups, lesfautes de pointage. La compagnie SIMON contre-attaque et fait même desprisonniers.A 16 heures, il ne reste plus qu'environ 80 hommes autour du Colonel Driant, duComandant Renouard et du Capitaine Vincent. Tout à coup, des obus viennentde l'arrière. Le Bois des Caures est donc tourné. C'est la fin. Dans le but decombattre encore ailleurs et de ne pas être fait prisonnier, Driant décide de seretirer en arrière du bois. Trois groupes s'organisent Le groupe du Colonelcomprend la liaison et les télégraphistes. Chacun s'efforce de sauter de troud'obus en trou d'obus, cependant qu'une pièce allemande de 77 tires sans arrêt.Le Colonel marche calmement, le dernier, sa canne à la main. Il vient de faireun pansement provisoire à un chasseur blessé, dans un trou d'obus, et ilcontinue seul sa progression, lorsque plusieurs balles l'atteignent : "Oh là ! MonDieu" s'écrie-t-il. Le député de Nancy s'abat face à l'ennemi, sur cette parcellede terre lorraine. Des 1200 chasseurs de Driant contre lesquels se sontacharnées les divisions du XVIIIème corps d'Armée allemand, une centaineseulement sont sauvés. Le Krönprinz s'attendait à une résistance de quelques

heures. Cet arrêt imprévu de deux jours permet aux réserves d'arriver. Verdunne tombera pas. Cette plaque commémorative a été offerte par les Saint-Cyriens de la promotion "Lieutenant Colonel Driant " à l'occasion du 20èmeanniversaire de leur baptême et du 70ème anniversaire de la mort de leurparrain.

Les combats sur la rive droite1874-1914 - Verdun place frontièreProjetée aux avant-postes frontaliers par l'annexion de l'Alsace-Lorraine (1871),Verdun devient rapidement la pièce majeure du programme de défensedéveloppé sur les frontières de l'Est à l'initiative du général Séré de Rivières. Leshauteurs enserrant la ville et le solide réduit de sa Citadelle reçoivent unedouble ceinture de fortifications, aménagées sans relâche de 1874 à 1914 etrenforcées par des carapaces de bétons et des tourelles cuirassées. L'ossatureprincipale déploie sur 45 kilomètres de périmètre 39 forts et ouvrages. De petitséléments disposés dans les intervalles (abris de combat, magasins et dépôts,retranchements, positions d'artillerie ...) apportent leur soutien. Ce bouclierimpénétrable, occupé à la mobilisation par 66 000 hommes, irrigué par 185kilomètres de réseau ferré militaire à voie étroite, est doté de casernes,d'arsenaux, de terrains de manœuuvre, d'un parc à dirigeable et d'un campd'aviation. Pivot de la défense française en 1914, la place de Verdun est en1915 largement vidée de ses moyens de défense. Les Allemands entendentalors par l'offensive "Jugement", y porter un coup brutal, rapide et décisif.

1916 - devant Verdun, une bataille de dix moisDurant 300 jours et 300 nuits, sur le mouchoir de poche fortifié des Hauts deMeuse, la plus grande bataille de l'Histoire met en œuvre des moyens humainset matériels jamais rassemblés jusque-là, constituant un tournant majeur de laGrande Guerre. C'est dans ce creuset d'enfer retourné sans cesse par un délugede 60 millions d'obus, engloutissant 300 000 tués et disparus, meurtrissant 450000 blessés, que survit et meurt le soldat de Verdun. Français et Allemands,seuls ou en petits groupes isolés, abandonnés dans des trous d'obus peuplés decadavres, mal ravitaillés, en proie à la misère du froid, de la soif, de la boue, ontalors pour compagnons la peur, la folie, le désespoir et, pour simples ordres,attaquer ou tenir.Dès le 21 février, la pluie d'obus du "Trommelfeuer" hâche les positionsfrançaises. Au Bois des Caures écrasé, une résistance de 36 heures ne peutendiguer l'assaut. Le 25 février, le fort de Douaumont est enlevé. La situationdevient alors critique et la probable chute de Verdun précipite l'exode desderniers civils. Nommé le 26, le Général Pétain est décidé à mener sur place unebataille défensive : il réorganise les positions, réarme les forts, et approvisionnele front en hommes et en matériels par la Voie Sacrée. L'offensive, contenue parles sacrifices désespérés des unités, s'essouffle.En mars, Falkenhay, commandant en chef allemand, élargit son front d'attaquesur la rive gauche : on se bat avec acharnement devant Avocourt, sur les pentesdu Mort-Homme et de la Cote 304. A l'autre bout de la tenaille, sur les secteursde Vaux et de la Caillette dont les ravins, âprement disputés, prennent lesurnom de "ravins de la mort", le front ploie mais ne cède pas.En mai, la Cote 304 et les lignes de défense du Mort-Homme et de Cumièressont emportées, mais chaque mètre perdu ou gagné l'est désormais au prix d'unterrible calvaire.Le fort de Vaux, atteint le 9 mars, pris le 7 juin, constitue alors le levier d'uncoup de grâce qui doit être porté rapidement avant l'offensive franco-britannique sur la Somme.Le 23 juin, 50 000 allemands s'élancent à la conquête des dernières hauteursdevant Verdun, occupent le plateau de Thiaumont et le village ruiné de Fleurymais butent sur l'ouvrage de Froideterre.Les 11 et 12 juillet, un ultime assaut des Allemands, désormais face à l'offensive

de la Somme, vient mourir sur les superstructures du fort de Souville, à moinsde 4 kilomètres de Verdun, confirmant l'impossibilité d'emporter la décision.L'offensive allemande stoppée, l'initiative change de camp. Fleury est repris le17 août et durant l'automne, l'effort de reconquête écarte le danger devantVerdun. Le fort de Douaumont est réoccupé le 24 octobre, Vaux le 2 novembre.En décembre, l'essentiel du terrain disputé depuis 8 mois a été reconquis. Mais ilfaudra encore deux années et l'appui des troupes américaines en 1918 pourrepousser le front au Bois des Caures.

De l'Argonne à Saint-Mihiel, quatre années "sous Verdun"De l'Argonne à Saint-Mihiel, quatre années "sous Verdun"Dès août 1914, la guerre se développe aux confins de la Meuse, pour contournerpuis isoler le verrou que constitue la place forte de Verdun. Après la terriblemêlée de Vaubécourt-la-Vaux-Marie le 10 septembre, le repli fixe le front sur lemassif-barrière de l'Argonne. Du 20 au 25, les violents combats des Hauts deMeuse aboutissent à la formation d'un saillant autour de Saint-Mihiel, coupant laMeuse et les voies de communication 30 kilomètres à l'amont de Verdun. Larésistance du fort de Troyon interdit cependant tout encerclement. Durantquatre années, "cotes", crêtes et buttes enserrant Verdun sont les lieux deterribles combats. Inscrits dans le sol aux Eparges et à Vauquois, degigantesques entonnoirs témoignent de la guerre des mines dont les explosionsengloutissent hommes et tranchées. Ce n'est qu'à l'automne 1918 que deuxoffensives américaines desserrent cet étau, sacrifiant 120 000 "Sammies" pourla reprise du saillant de Saint-Mihiel et la maîtrise du secteur Meuse-Argonne.

Les tombes successives de DriantSelon le compte-rendu en date du 23 mars 1916, du Chasseur Paul Coisne du56ème B.C.P., interné au camp de Cassel et témoin des derniers instants duLieutenant-Colonel Driant, ses derniers mots ont été : "Oh ! là, là, mon Dieu !"

Tombe du Colonel Driant. Photo JP le Padellec

Par une intermédiaire suisse, la baronne Schrotter de Wiesbaden adresse unelettre de condoléances à Madame Driant, le 16 mars 1916. Elle lui écrit plusprécisément : "Mon fils, Lieutenant d'artillerie qui a combattu vis-à-vis deMonsieur votre mari, me dit de vous écrire et de vous assurer que MonsieurDriant a été enterré, avec tout respect, tous soins, et que ses camaradesennemis lui ont creusé et orné un beau tombeau (...). on va soigner le tombeaude sorte que vous le retrouverez aux jours de paix (...)".Maurice Barrès, citant cette lettre le 9 avril 1916, dans l'Echo de Paris, écrira :

"Voici la lettre allemande qui clôt la vie d'un grand Français".Le souvenir du Lieutenant-Colonel Driant est hautement maintenu au musée desChasseurs, Tombeau des Braves, qui est rattaché au service historique del'armée de terre à Vincennes.L'histoire des tombes successives de Driant est compliquée. Après sa mort, il futinhumé par les Allemands sur le champ de bataille. Ce n'est que le 9 août 1919qu'il fut exhumé, identifié et enseveli de nouveau à la même place, Une nouvelleexhumation eut lieu le 9 octobre 1922, en prévision de la translation dans lemonument du Bois des Caures. Celle-ci eut lieu le 21 octobre, veille del'inauguration.

Source : Conseil Général de la Meuse

Verdun (55)

Verdun, aujourd'hui capitale mondiale de la paix, fut l'un des champs debataille les plus effroyables de la Grande Guerre. De février à décembre 1916,durant 300 jours et 300 nuits, des soldats, français et allemands vécurent ence lieu, un véritable « enfer».

Verdun - Porte St-Paul. Source : JP le Padellec

La ville de Verdun, dans le département de la Meuse, est un ancien oppidumgaulois. Son nom, composé de ver "le gué" et de dun(o) "la hauteur" désigne unlieu dominant un ancien passage de La Meuse.Virodunum castrum gallo-romain, le site est alors fortifié, mais en vain,lorsqu'en 450 Attila la réduit à néant. En 843, les petits-fils de Charlemagnesignent à Verdun le traité de partage de l'empire carolingien ; le document estconsidéré comme la première attestation écrite de la langue française. De 870 à879, la cité, possession de Lotharingie, est incorporée au royaume de France,avant de tomber sous la férule de l'empire germanique othonien en 923. La villeest l'objet d'une contestation de pouvoir entre la lignée de comtes dont est issuGodefroy de Bouillon et les princes épiscopaux soutenus par l'empereur du SaintEmpire Romain germanique. Une révolte sanglant permet aux bourgeois des'affranchir de leur autorité au XIIIe siècle.Henri II de France prend la ville le 12 juin 1552 lors de la "Chevauchéed'Austrasie". Charles Quint investit la place de Metz le 18 octobre suivant.Verdun devient alors une place frontière, la menace d'un siège plane. Afin de

renforcer leur pouvoir sur le comté, Henri et son successeur, François Ier, luiaccordent des privilèges et modernisent hâtivement les remparts médiévaux.Des levées de terre et le flanquements de bastions triangulaires protègent lesmurs des tirs d'artillerie ; des ouvrages de terre à l'intérieur de la placeaccueillent des canons. Ville ligueuse lors des Guerres de Religion, Verdun ne sesoumettra qu'après la conversion d'Henri IV.

Verdun - Entrée de la citadelle. Source : JP le Padellec

En 1611, Louis XIII renouvelle la protection de sauvegarde à la ville. En 1624,Richelieu décide d'achever la citadelle verdunoise. Il envoie le Maréchal deMardillac et les ingénieurs d'Argencourt, Aleaune et Chastillon. Les travauxdurent dix ans : les anciens bastions sont remplacés par de nouveaux,régulièrement répartis autour de la citadelle et reliés entre eux par un rempart.

Vauban modernise le système défensif de la ville à partir de 1675. Il rajoute desdemi-lunes devant l'enceinte médiévale et, entre 1680 et 1690, réalise sonenceinte bastionnée et applique le principe de l'inondation défensive. Il créenotamment un rempart digue pour barrer le Pré l'Evêque et ferme les troispassages de la Meuse en Amont de Verdun par trois ponts écluses, les pontSaint-Amans, Saint-Nicolas et Saint-Airy.

Au XVIIIe siècle, les efforts de la commune se portent sur la maîtrise desinondations qui touchent la ville basse. Le Pont Sainte-Croix, actuel Pont Legay,est reconstruit avec des arches plus larges. Les casernes Anthouard et Jeanned'Arc sont créées afin de mettre un terme à l'obligation faite aux habitants deloger les soldats de la garnison. Le pouvoir royal n'entretient plus lesfortifications. Seul le "Polygone des mineurs" (actuellement à Thierville, près dela caserne Niel), au Nord, est aménagé pour servir de terrain d'exercice auxtroupes.Lors des guerres révolutionnaires, la place commandée par Beaurepaire, doitcapituler le 30 août 1792. Les Allemands occupent ainsi la ville pendant sixsemaines avant de se retirer le 14 octobre face à Kellermann.

Sous le Premier Empire, Verdun, éloignée du front, n'intéresse guère lacommission des fortifications. Ce n'est qu'après 1815, alors que la France estremise dans ses limites de 1789, que le pouvoir entreprend des travaux derenforcement de la place sur la base des installations de Vauban : on ouvre laPorte neuve (à côte de l'actuel carrefour des Maréchaux), au Nord-Est, uncourtine renforce la demi-lune de la Chaussée et celle des Minimes (actuelles

rues de la Liberté et du 8 mai 1945), trois réseaux de galeries de contreminessont creusées sous le glacis du front Saint-Victor (école Jules-Ferry).

Vue nocturne du carrefour des Maréchaux. Source : JP le Padellec

Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, les troupes de Verdun (1500soldats de garnison, 2000 gardes mobiles, 1400 hommes de la garde nationalesédentaire), renforcées par 2600 survivants de Sedan, commandées par legénéral Guérin de Waldersbach et le général Marmier, tiennent le terrain faceaux 10000 recrues du prince de Saxe. Son armée encercle totalement la ville le23 septembre, elle réquisitionne les habitants des villages alentours pourréaliser les ouvrages d'investissement. La ville, assiégée et sous le coup de 140grosses pièces d'artillerie se rend le 8 novembre. Elle sera administrée par lepréfet Bethmann-Hollweg jusqu'au 13 septembre 1873.

Dès 1874, le gouvernement français, met le réarmement de Verdun au centrede ses préoccupations. Il charge le général Séré-de-Rivières de réaliser unréseau défensif de Verdun à Toul. La ville devient ainsi en quarante ans lapremière place fort d'Europe : dans un périmètre de 40 km autour de la ville,l'ingénieur installe deux ceintures de forts (19 en tout, dont 14 bétonnés) ; septkilomètres de galeries souterraines parallèles de 20 mètres sous terre complètele dispositif (en 1888) ; un réseau ferroviaire de 185 km doublé d'itinérairesempierrés pour les véhicules hippomobiles et les pièces d'artillerie. Cesmodifications du paysage meusien s'accompagnent de changements sociaux. Lapopulation et l'économie se "militarisent". Les soldats sont bientôt plusnombreux que les civils (27000 contre 13300), l'armée devient le premieremployeur de la région, les carrières et les hauts fourneaux travaillent presqueexclusivement à la construction des forts et à leur armement, le paysage sert deterrain d'entraînement aux troupes.

Pendant la première guerre mondiale, zone de Verdun met en présence la plusimportante concentration de troupes des deux camps qui s'affrontent pendant300 jours, de février à juillet 1916 les pertes sous le commandement du généralNivelle feront 62 000 morts, soit 812 morts par jours. Les populations civiles ontfui la ville. Seuls l'état-major qui occupe la citadelle souterraine, et la brigadedes Sapeurs Pompiers stationnée dans les caves de la Mairie, subsistent dansVerdun assiégée. La ville sera décorée de la Légion d'Honneur et de la Croix deGuerre avec palmes par le Président de la République Poincaré le 13 septembre1916. Le Verdunois sort exsangue des combats, la paix revenue. Les CroixRouge française et américaine et les oeuvres du Duché du Luxembourg portent

secours aux habitants de retour : une cantine est installée à la gare, undispensaire ouvre rue Saint-Sauveur, une coopérative municipale élit domicile àl'Hôtel de Ville. Les troupes américaines restent jusqu'en mai 1919.La cathédrale, remise en état, souvenir du Verdun historique, point de repère duPoilu, et la citadelle, symbole de la résistance à l'ennemi, structurent l'espacemémoriel de la cité à côté des cimetières militaires, de la nécropole nationale deDouaumont ou de lieux combats tel le Bois-des-Caures.

Monument de la Victoire. Source : JP lePadellec

La reconstruction de Verdun estprévue dès 1917, appuyée pardeux hommes d'Etat meusiens,Raymond Poincaré et AndréMaginot. Le centre ville, prévuplus au Nord de la ville sur lesemprises militaires déclassées àcet effet, marque la volonté d'enaccentuer le caractère industrielpar la construction de deux garesferroviaires et la réalisationd'importants aménagementsportuaires. L'Etat se rendacquéreur de près de 16 000hectares de terrain à réhabiliter,les principaux champs debataille, dont une partie serareboisée. Les sépultures dessoldats sont regroupés dans desnécropoles nationales(Douaumont), ou dans descimetières plus modestes(Glorieux, Bevaux). Le tombeaudu soldat inconnu de Verdun estinstallé dans la Citadelle en 1920.La topographie urbaine évoquedésormais la bataille par le nomde nouvelles rues ou lechangement d'autres. On crée unmusée de la guerre, lemonument aux enfants deVerdun morts pour la France estinauguré en 1928 suivi par unautre dédié à la Victoire(inauguré en 1929), ainsi quecelui aux 375 territoriaux mortsdans l'incendie du magasind'intendance en 1916 (squared'isly) ; les plaquescommémoratives sont apposéesà la Citadelle, dans les casernes,etc.

A la déclaration de guerre, le 3septembre 1939, Verdun renoueavec sa fonction de ville degarnison.

Elle sert au rassemblement de troupes destinées à être disposées le long de lafrontière Nord et Est. Le 13 mai 1940, les Allemands passent la Meuse à Sedan

et prennent à revers la ligne Maginot. Suite à la prise de l'ouvrage de La Ferté etde l'encerclement de Dunkerque, le général Hutzinger donne l'ordre d'organiserla défense du verdunois. Le commandant de la place, le général Dubuisson, faitconstruire de obstacles anti-chars, des artilleurs sont affectés dans les fortsSéré-de-Rivières, une ligne d'arrêt est aménagée entre le Bois Bourru au ravinde Besonvaux. Le 15 juin 1940, au soir, l'armée allemande entre dans Verdun.Dans les cimetières de Bévaux et du Faubourg-Pavé reposent les corps de sesdéfenseurs. L'armée d'occupation installe ses quartiers place de la Nation (laFreiskommandantur), dans l'hôtel du Coq-Hardi (la Feldgendarmerie), uneprison est ouverte rue du Rû, les soldats investissent les casernes (Verdun sertde centre de formation pour les jeunes recrues) et les cafés tels le Café de lapaix ou Le Continental ; les casernes de Thierville et de Jardin-Fontaine sonttransformée en Frontstalag. La libération de la Mause prend une seamine auxtroupes alliées. La Wehrmacht oppose une défense sommaire : quelques charset éléments d'artillerie sont positionnés comme au carrefour de la Voie Sacré etde la route de Châlons, au lieu-dit du Moulin-Brûlé, dans le faubourg deGlorieux.La cité se dote à nouveau de témoignages de guerre. Le pont Beaurepaire sauvédu dynamitage par le résistant Fernand Legay, est rebaptisé en son honneur.L'avenue de la 7e DB US, celle du 8 mai 1945 ou du Général-de-Gaulle viennentenrichir la toponymie. Plaques et monuments commémoratifs surgissent :plaque en l'honneur de Legay sur le pont du même nom, les Bornes de la Voiede la Liberté, le monument aux Résistants abattus avenue de Metz, celui auxFusillés de Thierville.

La participation de la France à l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord(OTAN) a laissé son empreinte, notamment par les installations logistiquesaméricaines. L'ancienne caserne Maginot est restaurée en 1951 et sert aulogement des troupes. Au Jardin-Fontaine (ancien champ de manoeuvre deThierville derrière la caserne Maginot), les troupes US montent des préfabriquésdestinés où seront logés l'ingénierie, les services de cultes et d'autreséquipements collectifs (gymnases, parkings, garages ...) des tombes de soldatssont encore visible au cimetière municipal. Les 50 hectares au bord de l'EtangBleu sont aménagés en entrepôts et ateliers dont une partie du matériel serviraau tournage du film Le Jour le plus long. La zone "Chicago", aménagée en 1953,accueille une blanchisserie puis une boulangerie. Le Fort du Rozelier esttransformé en dépôt de munitions de l'OTAN destiné à recevoir des armesatomiques. Sur l'ancien aérodrome du Faubourg-Pavé, zone de Désandrouins,un hôpital est crée en 1958. La caserne de Gribauval devient un lieud'hébergement des troupes.

Le 22 septembre 1984, Helmut Kohl, Chancelier de la République fédéraled'Allemagne, et François Mitterrand, Président de la République française, ontscellé l'amitié entre les deux peuples en apposant une plaque à la mémoire descombattants à la nécropole allemande de Consenvoye, à l'occasion du 70eanniversaire de la première Guerre mondiale. Trois ans plus tard, l'Organisationdes Nations Unies (ONU) attribue le statut de capitale mondiale de la Paix, deslibertés et des droits de l'Homme à la cité meusienne.

Tranchées et boyauxA la guerre de mouvement des mois d'août et septembre, batailles de Belgique,de Loraine, des frontières, de la Marne, suivie de la course à la mer, lestranchées plus ou moins aménagées font leur apparition dès octobre 1914. Lestroupes sont épuisées les pertes énormes, les premiers mois de guerre fontl'objet de pertes humaines, tués, blessés, prisonniers et disparus, plusimportantes que chacune des années 15-16-17 et 18 où les moyens de

destruction, artillerie, gaz de combat et lance-flammes deviennent de plus enplus efficaces et meurtriers.

La tranchée aménagée et régulièrement améliorée, feu de combat doté d'abris, d'emplacement de guetteurs et de crénaux detir. Source : Conseil Général de la Meuse

Dans cette guerre de tranchées qui dure de fin 1914 à juillet 1918, lesassaillants rencontrent un réseau de barbelés plus ou moins important dont lesfils enchevêtrés ralentissent leur avance sous les feux meurtriers demitrailleuses, fusils-mitrailleurs, lance-grenades, crapouillots et ou minenweeferlégers ; sur la lèvre de la tranchée en zig zag ou à angle droit pour éviter les tirsen enfilade, côté ennemi une banquette de tir aménagée (sacs de terre aveccréneau) permet de surveiller et de battre le cas échéant le champ de tir plus oumoins profond entre les deux lignes adverses.De proche en proche sont installés des postes de guet pourvus de guetteurs,sentinelles ou observateurs d'artillerie avec ou sans bouclier métallique.Dans un ou deux épis creusés vers I'avant ou tout simplement dans unimposant trou d'obus aménagé s'installe un poste d'écoute d'où l'on peutintercepter des communications téléphoniques ennemies, source derenseignements indispensables en complément de ce que l'on peut observer.Plusieurs épis dits "parallèles de départ" en prévision d'une attaque sont creuséssur ordre du commandement, pour une sortie rapide vers l'ennemi descombattants donnant l'assaut.Au fil du temps et des relèves successives, ces tranchées s'améliorent et seréparent sous les effets des tirs d'artillerie, des intempéries, etc...

L'arrière de cette ligne de tranchée est atteint par des boyaux profonds,permettant relèves, évacuations sanitaires, ravitaillement et acheminement desmunitions et matériels nécessaires à l'aménagement de sapes, d'abris, depostes de commandement; etc.. Plusieurs réseaux de tranchées peuvent ainsise succéder en profondeur, plus ou moins camouflés aux vues et photosaériennes, ce qui offre la possibilité de dispersion des effectifs, rapidementregroupés le cas échéant.Au-delà se situent cuisines roulantes, postes de secours, batteries d'artillerie,bases arrières avancées des unités engagées, antenne chirurgicale.Si à Verdun les tranchées n'existent pas dans les secteurs au coeur de labataille, en raison des bombardements violents et permanents, des différencesd'aménagements de ces tranchées sont encore visibles en Meuse, notammentdans la forêt d'Apremont du Saillant de Saint-Mihiel, de Bois d'Ailly et Brûlé oùles allemands utilisent depuis 1914 le mot "Enfer".

Source : Conseil Général de la Meuse