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1
Le 27 janvier 1983, l'acteur comique le
plus populaire de sa génération
disparaissait à l'âge de 68 ans. De "La
grande vadrouille" au "Corniaud" en
passant par "Les aventures de Rabbi
Jacob", ses films sont toujours les valeurs
sûres du cinéma français de
divertissement.
Ses mimiques, tellement reconnaissables,
étaient devenues sa marque de fabrique.
Grimaçant et plein de tics, petit, chauve,
l'oeil vif et bleu, volubile, Louis de Funès
incarnait une sorte de Français moyen,
2
râleur et colérique. Au total, sa
filmographie compte plus de 140 films, du
simple rôle de figurant à la star principale
sur laquelle reposait le projet. A la fin de
sa carrière, le seul fait d'apposer son nom
sur une affiche était devenu un gage de
succès, même si la qualité laissait parfois à
désirer. Une sacrée revanche pour un
acteur qui ne connut véritablement la
gloire qu'à la cinquantaine.
Le public l'adorait (il est "l'homme aux 120
millions de spectateurs"). les intellectuels
le méprisaient. Si le premier continue
3
d'adhérer à son humour -les bons scores
de ses multiples rediffusions le
démontrent-, Louis de Funès tient
aujourd'hui sa revanche posthume sur les
seconds. Ceux-là mêmes qui le critiquaient
à l'époque louent désormais son talent de
comique et lui rendent d'ailleurs un
vibrant hommage vingt ans après sa
disparition.
On n'oubliera jamais cet homme
grimaçant, qui clignait des yeux, qui
abaissait un sourcil pour soulever l'autre,
qui gesticulait dans tous les sens, qui se
4
démenait, qui semblait en colère, qui
ressemblait à un clown ; son visage
paraissait fait de caoutchouc ; il tournait
sur lui-même, il mordait ses lèvres, il
sursautait, il faisait bouger son nez, il
semblait être monté sur ressorts, il
inventait des tics, il tapait du pied, il se
renversait, il mettait ses doigts dans ses
oreilles, il se frottait les yeux, son nez, il
essuyait une larme, il reniflait, il aboyait, il
jacassait … Parfois haï, mais la plupart du
temps adoré, Louis de Funès n'a pas
encore trouvé de réel successeur …
5
Au cours de sa carrière, Louis de Funès
participa a plus de 140 films!Sa carrière
peut se décomposer en 4 parties bien
distinctes.
Tout d'abord, la période de l'après guerre
où Louis de Funès n'obtenu pour ainsi dire
que de le figuration et quelques petits
rôles sans grandes importance comme
ouvrir une porte dans un film. Une
deuxième partie le mena jusqu'aux années
60 où Louis arriva à se faire connaître en
obtenant des seconds rôles. Il commençait
6
enfin à faire reconnaître ses mimiques que
tout le monde appréciaient de son temps
et même aujourd'hui encore. Ensuite il
connu l'apogée de sa carrière avec des
rôles inoubliables avec Le corniaud au côté
de Bourvil ou Le gendarme à Saint-Tropez
au côté de Michel Galabru et Jean
Lefèvre. Après sa crise cardiaque, les
médecins de Louis De Funès lui avaient
formellement interdit de se produire sur
scène. La seule solution qu'il restait au
comédien pour jouer L' Avare était donc le
cinéma. Par la suite il reprit le chemin du
7
cinéma avec L'aile ou la cuisse en 1976.
Après il ne fit pas beaucoup de films et on
sent dans ses films que Louis de Funès a
changé. Louis avait fait trop de mimiques
qui nous faisaient rire, nous faire rire
encore et nous fera toujours rire. A
chaque fois qu'un de ses films passe à la
télévision Louis fait monter l'audimat.
8
*Le comique ça ne tient à rien, c'est une
chose qui est dans l'air le comique !
*Le cinéma ? Je le fais sur un écran, pas
dans la vie !
*Je cultive mon jardin. Et dans ma vie
professionnelle comme dans mon carré de
jardin, j'ai bien l'intention d'exclure les
navets !
*Le gendarme ? C'est toute l'humanité !
Au fond, on cire toujours les pompes de
9
ses supérieurs hiérarchiques et on
s'essuie sur le derrière de son sous-fifre !
*Le comique, ce n'est pas seulement du
talent, mais c'est surtout un don, une
façon de sentir, de pouvoir comprendre et
interpréter !
*J'ai abandonné la pêche le jour où je me
suis aperçu qu'en les attrapant, les
poissons ne frétillaient pas de joie.
*Les gens sont des comédiens, nous, nous
10
sommes des acteurs.
*Ce ne sont pas les attitudes que je trouve
comiques mais les états d'esprit !
11
La Belle américaine
Marcel travaille toute la journée en usine.
Son rêve, c'est d'avoir une auto. Une
superbe occasion se présente : la
gigantesque voiture américaine d'un
banquier qui vient de mourir et dont la
veuve s'est débarrassée à vil prix pour
12
éviter que le montant de la vente
n'enrichisse la secrétaire-maîtresse de
son défunt mari.
Lorsque Marcel et Paulette débarquent
dans leur paisible banlieue au volant de
leur paquebot, quel émoi dans le quartier !
La vie quotidienne du jeune couple est
bouleversée par leur "belle Américaine" :
Marcel perd son emploi à l'usine, où son
arrivée en voiture a fait sensation. Mais
elle ouvre aussi des perspectives
inattendues à leurs propriétaires, qui
deviennent les amis d'un ministre,
13
participent à un concours d'élégance
automobile et se trouvent mêlés aux
invités d'une réception dans une
ambassade.
Elle leur vaut également leur première nuit
passée au poste et bien d'autres avatars,
qui finissent par convaincre Marcel de se
séparer de son encombrante merveille.
Mais les copains sont là, encore une fois,
pour trouver une solution et transformer
la "belle Américaine" en voiture de
marchand de glaces.
14
Autour du film : La Belle Américaine
marque en 1961 le grand retour de Robert
Dhéry au cinéma. Disparu des écrans
depuis 1954 Ah ! les belles bacchantes,
adaptation cinématographique de sa
propre pièce créée en 1951. Victime de
l'immense succès rencontré au théâtre
par La Plume de ma tante un show musical
promené en Grande-Bretagne et aux
États-Unis pendant quatre années, Dhéry
attendit ainsi sept années avant de
repasser derrière la caméra.
A sa sortie en 1961, La Belle Américaine
15
remporta un important succès auprès du
public, avec plus de 4 millions de
spectateurs en salles. Un triomphe pour
Robert Dhéry qui dépassera néanmoins ce
score avec la complicité de Louis De Funès
pour Le Petit Baigneur et ses 5, 5 millions
d'entrées.
Révélé au grand public dans une fameuse
scène de La Traversée de Paris de Claude
Autant-Lara aux côtés de Jean Gabin et
Bourvil, Louis De Funès qui a fait ses
premiers pas devant la caméra en 1945 est
encore, à 47 ans, un "troisième rôle" que
16
les cinéastes hésitent à solliciter. Sa
prestation dans La Belle Américaine va
néanmoins le faire davantage découvrir
des spectateurs qui le consacreront
définitivement trois ans plus tard dans Le
gendarme de Saint-Tropez et qui
l'applaudiront à nouveau chez Robert
Dhery, mais cette fois-ci en tête
d'affiche pour Le Petit Baigneur.
La « belle Américaine », dont ni la marque,
ni le modèle ne sont révélés dans le film,
est une Oldsmobile Rocket 88, modèle
1959, ayant subi quelques modifications
17
esthétiques visant à la rendre
méconnaissable. Sur le modèle d'origine, il
y a quatre phares avec des clignotants
entre les deux de chaque côté. Pour les
besoins du film, des antibrouillards Lucas
ont été mis à la place des clignotants, lui
faisant une face avant avec six phares, la
calandre a été modifiée : un embouti de
tôle de la même couleur que la carrosserie
contenant une grille beaucoup plus petite a
été monté à la place de la calandre
d'origine, les feux arrières ont perdu leur
moulures chromées, tous les logos et
18
inscriptions présents à l'origine ont été
enlevés de sorte que l'on ne puisse
identifier le modèle.
Le Gentleman d’Epsom :
Richard Briand-Charmery est connu sur
tous les champs de course où on l'appelle
"Le Commandant". À Longchamp avec
19
Charly, un garçon d'écurie, il escroque
ceux auxquels il vend des tuyaux. Un
boucher, un patron de boîte de nuit,
Arthur son ami... puis le restaurateur
Gaspard Ripeux. Les jours de vaches
maigres, il va déjeuner chez sa sœur
Thérèse, subissant stoïquement les
sarcasmes de son beau-frère Hubert,
riche industriel. Richard retrouve par
hasard Maud, une femme qui l'a aimé
autrefois et a fait un très riche mariage.
Il l'invite au "Schéhérazade" et paye sans
sourciller une fastueuse addition avec son
20
dernier chèque... sans provision (mais le
danger n'est pas immédiat: les banques
sont en grève !). Il réussit, en le charmant,
à obtenir du riche restaurateur Ripeux
une grosse somme qu'il prétend miser sur
un "crack" qui n'est en réalité qu'un
tocard. Mais le cheval gagne, sur lequel il
n'a évidemment rien misé ! Aux abois, il
convainc alors le restaurateur de
remettre tout ce qu'il croit avoir gagné
sur "Minotaure", un cheval qui ne peut que
rapporter des millions. Bien entendu, le
cheval perd, et Ripeux, venu pour la
21
première fois de sa vie sur le champ de
courses, s'écroule victime d'une crise
cardiaque. Dans la même course, on donne
par erreur au Commandant des tickets
pour un autre partant. Il les jette,
furieux, mais heureusement sans les
déchirer. C'est "son" cheval qui gagne,
Richard retrouve les tickets et encaisse la
forte somme mais se heurte à ses
habituelles victimes furieuses de lui voir
"toucher" un vainqueur alors qu'il ne leur a
recommandé que des perdants. Il trouvera
bien sûr moyen de les amadouer à nouveau
22
mais... rentrera à pied de Longchamp à
l'heure où... la grève des banques
s'achève.
Autour du film : Il s'agit d'un film
curieusement à part dans la carrière du
Gabin d'après-guerre. Il a incarné des
représentants de l'ordre (Razzia sur la
chnouf, Deux hommes dans la ville, Le
Pacha, deux Maigret), des truands
"sérieux" (Touchez pas au grisbi, Mélodie
en sous-sol, Le Clan des Siciliens) ou
amusants (Le Cave se rebiffe), de hauts
personnages (Les Grandes Familles, Le
23
Président), des grandes gueules hautes en
couleurs (Archimède le clochard, Le
Tonnerre de Dieu, Le Tatoué ou des
personnages décalés et doux-amers (Le
Baron de l'écluse, Un singe en hiver). Mais,
dans Le Gentleman d'Epsom, il n'est guère
autre chose qu'une vielle crapule assez
sordide qui, malgré ou à cause d'un passé
que l'on suppose brillant sinon glorieux, se
contente de vivre d'expédients minables,
"tapant" tour à tour sa tante et sa sœur,
escroquant d'autres joueurs et
s'abaissant¹ jusqu'à faire le "baron"
24
(compère/complice) d'un bonneteur de
champ de courses. Son heure de gloire,
c'est payer d'esbroufe — avec un chèque
sans provision — dans une soirée de luxe
pour éblouir encore une fois une ancienne
maîtresse devenue richissime. Il est
difficile d'éprouver la moindre sympathie
pour ce personnage et c'est bien cela qui
est rare chez Gabin qui, méchant ou
pathétique, flic ou truand, inspirait une
certaine tendresse dans les personnages
les plus en marge, même le très cynique
Grandgil de La Traversée de Paris n'y
25
faisant pas exception. Le Gentleman
d'Epsom est le deuxième des trois films
dans lesquels Jean Gabin et Louis de Funès
se donnent la réplique après La Traversée
de Paris, de Claude Autant-Lara en 1956
et avant Le Tatoué de Denys de la
Patellière en 1968.
De la relation Grangier-Gabin, voici ce
qu'en dit Gilles Grangier : "il y a eu entre
nous de véritables rapports de couple :
des hauts et des bas, des jalousies,
parfois des férocités, du meilleur et du
pire, beaucoup de joies et pas mal de
26
grognes." Grangier était le cinéaste
préféré de Jean Gabin. De 1953 à 1969 ils
tournèrent douze films ensemble, dont
certains furent couronnés de succès
comme Le cave se rebiffe.
La relation Gabin-De Funès par exemple
n'était pas vraiment fameuse à cause de
désaccords permanents, et ils ne se
parlaient que très peu en dehors des
prises. En outre, les improvisations
constantes de Louis De Funès
déstabilisaient Jean Gabin. Malgré tout
(et très certainement pour des raisons
27
commerciales), ces deux vedettes très
populaires joueront encore ensemble 6 ans
plus tard pour Le Tatoué.
Nous irons à Deauville :
À Deauville, Lucien Moreau, flanqué de sa
femme et de sa nièce, Sophie, vient
occuper la villa qu'il a louée avec son ami
28
Maurice Dubois, accompagné de sa
séduisante épouse. Sur la route une
rivalité de volant a opposé Lucien à un
petit monsieur rageur et vindicatif. À
l'arrivée, il tombe sur son patron féru de
camping, qui lui compliquera la vie durant
ces vacances tourmentées. La villa se
révèle être en triste état, sans parler du
ton cassant de sa propriétaire, Mme
Couffinous, du machiavélisme des
commerçants épiciers du quartier, des
bévues du porteur de bagages.
Autour du film : Le film, d'un budget
29
moyen, est signé Francis Rigaud, un
réalisateur parisien âgé de 42 ans qui
devait connaître plus tard quelques succès
avec Francis Blanche en vedette ('Les
Gros bras", "Les Baratineurs"). "Nous
irons à Deauville" réunit une équipe de
comédiens à la fois amis du réalisateur et
partenaires réguliers de Louis de Funès.
En effet, Jean Carmet, Michel Serrault,
Roger Pierre, Jean Marc Thibault, Jean
Richard ou encore Michel Galabru,
véritables piliers du cinéma à la française,
sont autant de talents que de Funès exigea
30
à plusieurs reprises au long de sa carrière.
De plus, à l'occasion de la première scène,
Jeanne de Funès a droit à une courte
apparition. En outre, de l'autre côté de la
caméra, de Funès est maquillé par Marie
Madeleine Paris (qu'il devait plus tard
engager pour une multitude de ses films),
retrouve Richard Balducci en attaché de
presse (scénariste du "Gendarme de
Saint-Tropez" deux ans plus tard) et le
dialoguiste Jacques Vilfrid (qui singera
également les dialogues de "Pouic Pouic",
"Faites sauter la banque", la série des
31
"Gendarmes"). Distribution
particulièrement fournie donc pour un film
se voulant avant tout familial et
dépaysant. A cette époque on l'a dit, la
petite station balnéaire de Deauville était
non seulement la destination privilégiée du
gratin parisien venu se ressourcer à l'air
pur de Normandie mais aussi celle des
familles plus modestes qui profitent des
bienfaits qu'offre ce coin de paradis. A
l'image de la place Blanqui de Saint-
Tropez, il est impossible de pouvoir
imaginer le Deauville actuel comme celui
32
des années 60, l'endroit ayant bien
changé, et hélas comme pour le site varois,
pas forcément en bien !
Pouic-Pouic :
Pour l'anniversaire de son mari, Cynthia
Monestier pense avoir trouvé le cadeau
33
idéal : une concession pétrolière sur les
bords de l'Orénoque. Cependant, son mari
découvre rapidement qu'elle a été dupée
par un escroc. Pour se refaire de ce
mauvais « investissement », il espère que
sa fille parviendra à convaincre le très
riche Antoine, qui s'intéresse beaucoup à
elle, de racheter la « fabuleuse »
concession. Mais pour le plus grand
malheur de son père, au même moment,
Patricia a recruté un faux mari afin de se
débarrasser de son fortuné soupirant...
Autour du film : Jean Girault retrouve sur
34
Pouic-pouic son collaborateur habituel au
scénario : Jacques Vilfrid. Les deux
hommes ont travaillé ensemble sur de très
nombreux projets comme Le gendarme de
Saint-Tropez, Les Bricoleurs ou Les
Grandes vacances.
Louis De Funès donne la réplique dans
Pouic-Pouic à deux actrices, Jacqueline
Maillan et Mireille Darc, avec qui il
partagera l'écran à d'autres occasions. Il
était à l'affiche avec la première sur Ah !
les belles bacchantes et avec la seconde
sur Des Pissenlits par la racine.
35
Louis De Funès retrouve sur Pouic-pouic le
réalisateur Jean Girault avec qui il
collabore sur l'ensemble de sa carrière
sur plus d'une dizaine de films dont
certains de ses plus grands succès comme
toute la série des gendarmes ou La Soupe
aux choux.
Pouic-Pouic marque un tournant dans la
carrière de Louis De Funès. L'acteur tient
ici son premier grand rôle principal. Il ne
quittera plus le haut de l'affiche par la
suite.
36
Carambolages :
L'agence « 321 » veille sur les vacances de
ses clients. M. Norbert Charolais, le
directeur général est un homme emporté
et, parmi les employés : Paul Martin se
montre ambitieux et sournois. Il est
37
fiancé à Danielle, fille d'un de ses
supérieurs : M. Brossard, dont il espère
bientôt prendre la place, lorsqu'il apprend
que l'âge de la retraite est reculé. Il va se
promouvoir par ses propres moyens.
Martin commence par supprimer Charolais.
Nullement inquiété, notre ambitieux est
nommé au poste qu'il briguait. Tous ses
supérieurs étant victimes d'une série
d'événements analogues: M. Beaumanoir,
M. Dalayrac, M. Frépillon... Paul se
retrouve P.D.G de l'affaire. Pour combien
de temps...?
38
Autour du film : Michel Serrault campe un
inspecteur de police caractériel et imbu
de son pouvoir pour qui il n'y a pas
d'innocent. Ancien de la Gestapo française
du 93 rue Lauriston (la "carelingue") il se
désole que la police ne puisse employer le
supplice de la baignoire. Pendant la fête du
321 il traite certains invités de
"rastaquouères" et prétend même
torturer l'ambassadeur de Birmanie. Dans
Fleur d'oseille il évoquera de nouveau la
Gestapo, Maurice Biraud apprendra à
Mireille Darc que Rosa était "garçon de
39
bain rue Lauriston".
- Trente ans d'bagne !... Et peut-être
même quarante si vous tenez l'coup !... Le
mariage, mon cher, c'est le Biribi des
amours !... Moi, ça fait vingt ans que
j'déguste... J'me suis marié en quarante-
deux parce que ça donnait droit à un
costume pure laine et une paire de
chaussures en cuir. Voilà où ça mène,
l'élégance...
M.Serrault
- Quand il s'agit de faire tomber une tête,
40
rien n'est prématuré. Ce qui prouve la
solidité de la peine de mort, ce sont les
erreurs auxquelles elle a survécu...
M.Serrault
- Adjoint Levey, vous n'êtes pas
outrecuidant, vous êtes con comme un
adjoint... Notez bien qu'c'est normal. Si
vous étiez une lumière, vous ne seriez pas
adjoint, vous seriez Inspecteur...
M.Serrault
- Ben ça prouve que contrairement au
41
crime, le travail paie...
S.Daumier
- Si les hônnetes gens n'ont presque
jamais la situation qu'ils méritent, c'est
parce que ils tuent moins que les autres.
J.C Brialy
- Assassiner un étranger a toujours un
petit côté ennuyeux. Tandis que l'étripage
en famille, c'est régulier, c'est
traditionnel, c'est bourgeois. Et puis, ça a
tout de même plus d'allure ! Tuer un
42
étranger, on pense à France-Soir. Un
parent, on pense à Sophocle.
J.C Brialy
- On ne peut pas tout avoir!
- Pourquoi ? Il y en a bien qui n'ont rien! Ca
rétablirait la balance, le juste équilibre,
l'harmonie universelle.
L. de Funès
- Le mariage est l'aboutissement logique
du célibat.
J.C Brialy
43
- On parle toujours de minimum vital et on
lésine sur le maximum.
L. de Funès
Faites sauter la banque :
Victor Garnier est un petit commerçant en
articles de chasse et pêche. André
Durand-Mareuil, un banquier, lui a conseillé
44
d'investir dans les actions Tangana.
Mais les actions s'effondrent et la famille
Garnier est ruinée.
Il entraîne alors toute sa famille (sa
femme et ses trois enfants) dans le
creusement d'un tunnel qui doit aboutir à
la salle des coffres de l'agence bancaire
située en face du commerce familial.
Cependant, sa fille ainée Isabelle est
courtisée par Philippe, un jeune banquier
stagiaire qui travaille justement chez
Durand-Mareuil...
Autour du film : En 1983 (année du décès
45
de Louis de Funès), ce film est sorti en
version colorisée.
On peut citer aussi la présence de
comédiens atypiques comme Dominique
Zardi et Henri Attal, ici en ouvriers
creusant une tranchée.
Le gardien de la banque s'appelle Gerber,
nom donné à Michel Galabru dans la série
du "Gendarme"
Deuxième collaboration entre Jean Girault
et Louis de Funès après Pouic-Pouic. En
tout, les deux hommes tourneront 12 films
ensemble (Pouic-Pouic en 1963, Faites
46
sauter la banque et Le Gendarme de Saint-
Tropez en 1964, Le Gendarme à New York
en 1965, Les Grandes Vacances (film) en
1967, Le gendarme se marie en 1968, Le
Gendarme en balade en 1970, Jo (film) en
1971, Le Gendarme et les Extra-
terrestres en 1978, L'Avare (film, 1980)
en 1980, La Soupe aux choux (film) en
1981 et Le Gendarme et les Gendarmettes
en 1982) jusqu'à 1982, date de décès du
réalisateur.
Ce film a été tourné entre Pouic-Pouic du
même réalisateur et Des pissenlits par la
47
racine, réalisé par Georges Lautner.
Vu le succès de Pouic-Pouic, Jean Girault
proposa à Louis de Funès une nouvelle
comédie derechef.
Le film contient une grosse erreur. La
famille de De Funès reçoit la visite de
leurs cousins de Liège et on les a affublés
de "l'accent belge", c'est-à-dire de
l'accent typiquement bruxellois qui est aux
antipodes de celui de Liège !
48
Le Grand Restaurant :
Monsieur Septime dirige d'une main de fer
le célèbre Grand Restaurant « Chez
Septime », temple parisien de la
gastronomie française. Bien décidé à
traiter le client comme un roi capricieux, il
n'hésite pas à infliger un traitement
infantilisant envers ses préposés, et ce à
49
la moindre erreur.
Mais sa vie est bientôt bouleversée par
l'enlèvement d'un chef d'État d'Amérique
du Sud, le président Novalès, pendant que
celui-ci dînait dans son établissement.
Tout semble alors l'accuser de complicité…
Autour du film : Au restaurant, le
commissaire divisionnaire (Bernard Blier),
attablé avec ses confrères italien, le
commandatore Riganti, et allemand, le Dr.
Müller, prie Louis de Funès d'expliquer au
Dr. Müller sa recette du soufflé à la
pomme de terre. Se prêtant à la demande,
50
Louis de Funès, avec la complicité de
quelques ombres chinoises qui découpent
son visage, prend la mimique et la voix
d'Adolf Hitler sous les yeux troublés du
policier d'outre-rhin.
Septime : 6 personne normale or ein
personne anormale , ein grosse personne
(regarde blier). Vous prenez ein kilogram
kartoffeln , 1 litter milch , 3 eie , 90g
butter , saltz und muscatnuss. Je répète
herr Muller , Ich wiederhole ,
51
(septime avec la moustache d'Hitler due a
une ombre) , ein kilogramm kartoffeln , 1
litter milch , 3 eie , 90g
butter saltz und ? UND ? Muscatnuss.
MUSCATNUSS HERR MULLER !!... Haben
sie verstehen herr Muller ?
Auf Wiedersehen herr Muller !
Serveur 1 : Un p'tit cachou , Mr septime ?
Septime : Non merci mon p'tit Roger !
52
Septime (en folle) : Il est pas là le
patttron ? ... Vous devez être content !
Serveur 2 : Mon dieu !
Serveur 3 : Préférez vous un demi-sec ?
Septime (en folle) : Non , je préférerais
un demi-doux ! ... Je veux de l'eau peu
pétillante ! Pas papapap ! mais pupupupupu !
Serveur 2 : Mon dieu !
53
Septime : Vous commencez à m'énervez
avec vos 'Mon Dieu , mon Dieu !!' !
Septime : Dites donc , votre violon , il joue
de la flûte ?
Serveur 5 : De la flûte ?
Serveur 6 : Mr Septime , y a plus de
langoustes , qu'est ce qu'il faut faire ?
Septime : Ben , il faut éternuer !
54
Les Grandes Vacances :
Philippe, le fils aîné de Charles Bosquier,
propriétaire et directeur d'un pensionnat
pour enfants de familles aisées, est recalé
au bac en partie à cause de son anglais
déplorable. Pour remédier à cette carence,
son père décide de l'envoyer pour les
55
grandes vacances en Angleterre, dans la
famille Mac Farrel, entre autres
distillateur de whisky écossais. En
contrepartie, la famille Bosquier accueille
leur fille Shirley. Celle-ci, après avoir
dissipé les élèves du pensionnat, entraîne
le fils cadet (Gérard) dans des
distractions. Cela va contrarier les plans
de Philippe, qui avait prévu pour ses
vacances de descendre la Seine en voilier...
Il décide de se faire remplacer par
Michonnet, autre élève de l'institution,
aux projets de vacances incertains et
56
envieux de visiter l'Angleterre...
Au nombre des équipiers de la croisière
s'ajouteront l'élève Bargin, requis pour
ses compétences de mécanicien, et Shirley
Mac Farrell, qui préfère l'aventure aux
vacances forcées chez la famille Bosquier.
Malgré cela, monsieur Bosquier va tout
mettre en œuvre pour ramener cette
progéniture dans le droit chemin.
Autour du film :
Charles Bosquier (Louis De Funès) à
Michonnet (Maurice Risch) :
- Ah c'est étonnant ! Hmmmm ! C'est
57
délicieux ! Delicious ! Mange mon fils !
Allez PAF ! [..] Alors ça, ça, c'est le
dessert ?
- Non, ça c'est la viande, avec la chantilly !
Charles Bosquier (Louis De Funès) à
Gérard Bosquier (Olivier De Funès) et
Shirley Mac Farrell (Martine Kelly) :
- Dites, vous vous foutez de moi ? Vous
vous foutez de moi, hein ? J'en ai jusque
là, je vais même vous dire la vérité, j'en ai
jusque là !
Charles Bosquier à la bonne :
- Allez vous coucher vous !
58
- Mais il est 2 heures de l'après-midi !?
- Oui bon alors allez faire la sièste !
- Mais j'ai pas déjeuner !?
- Ben vous mangerez après !
- Après la sieste !? Ce sera le dîner !
- Après le dîner on se couche !!!?
- Mais oui, mais j'aurai toujours pas
déjeuné !
- Alors que faire ???
- Se coucher !!
- Voilà...
- Se coucher !!
Charles Bosquier à sa femme :
59
- Votre fils est malade je vais me rendre
sur place
- Je vous accompagne...
- Non non non, le temps de vous préparer
on prendrait l'avion du soir !
Première fois que Claude Gensac est la
femme de De Funès. Elle le sera sept fois
au total (Les Grandes vacances, Oscar, Le
Gendarme se marie, Hibernatus, Le
Gendarme en balade, Jo et Le Gendarme
et les gendarmettes)
Jean Falloux est décédé pendant ce film
lors d'une cascade aérienne. Ce film lui est
60
dédié.
Plus gros succès de l'année 1967 avec
environ 7 millions de spectateurs, devant...
un autre film de Louis de Funès, Oscar.
Dans ce film Olivier de Funès joue « le fils
de son père »
Oscar :
61
Bertrand, un riche promoteur, mène une
vie paisible. Jusqu'au jour où son homme
de confiance, Christian, le fait chanter
pour doubler son salaire et obtenir la main
de sa fille, dont il est l'amant. Il lui avoue
également qu'il le vole depuis de
nombreuses années. Les choses se
compliquent encore quand la maîtresse de
Christian se révèle finalement ne pas être
Colette, la fille de Bertrand, mais qu'en
revanche, Colette s'avère être enceinte
d'Oscar, le chauffeur.
62
Autour du film : Adaptation d’une pièce de
théâtre à succès de Claude Magnier, que
Louis de Funès interpréta à quatre
reprises : 1959, 1961, 1971 et 1972.
La pièce Oscar a aussi été portée à l’écran
par John Landis en 1991 sous le titre
français L'embrouille est dans le sac
(Oscar). Les rôles de Louis de Funès,
Claude Gensac et Claude Rich sont repris
respectivement par Sylvester Stallone,
Ornella Muti et Vincent Spano.
Les extérieurs de la maison présentée
dans le film ont été tournés à la villa Stein
63
à Vaucresson près de Paris, bien que les
intérieurs soient purement décoratifs et
sans rapports avec l’œuvre de Le
Corbusier.
- J'ai à te parler ! Ta fille a un amant !
- Moi aussi.
- Quoi ?
- Moi aussi, j'ai à te parler !
- Ah... alors ?
- Ta fille a un amant.
- Mais c'est moi qui viens de te le dire !
- Oui, mais je le savais avant que tu me le
dises.
64
- C'est ce jeune homme que Colette doit
épouser ? Il est pas mal !
- Et encore, tu n'as pas tout vu !
Déshabillez-vous !
- Moi ?
- Naturellement, pas ma femme !
Le Petit Baigneur :
Lors de l'inauguration et de la bénédiction
de la vedette rapide L'Increvable, fierté
65
des chantiers Fourchaume, la coque de
celle-ci est transpercée par la
traditionnelle bouteille de champagne.
Hors de lui, le directeur des chantiers,
Louis-Philippe Fourchaume (Louis de
Funès) renvoie sur le champ le concepteur
du bateau, André Castagnier (Robert
Dhéry), avant même que celui-ci ait eu le
temps d'apprendre à son patron qu'une
autre de ses créations, un petit voilier à la
coque révolutionnaire baptisé Petit
Baigneur, vient de remporter en Italie les
« Régates de San Remo » et l'« Oscar de
66
la Voile ». Une fois informé et alléché par
les perspectives commerciales d'un tel
succès, Fourchaume dispose, avec son
épouse, d'un dimanche pour tenter de
rattraper son erreur et de convaincre
Castagnier de travailler de nouveau pour
lui. Mais l'inventeur est déjà courtisé par
Marcello Cacciaperotti (Franco Fabrizi), un
industriel italien qui lui fait un pont d'or
et qui est venu également lui rendre
visite…
Autour du film : La scène finale est
tournée dans la rade de Toulon (Var) à
67
Saint-Mandrier. La vedette L’Increvable
est une authentique vedette de la Marine
nationale, dite de « 24 mètres »
construite en 1954 aux chantiers
Burmeister de Brême. Portant la marque
de coque P9783, elle a servi au sein de la
flottille du Rhin de 1954 à 1966, date à
laquelle les Forces maritimes du Rhin ont
été dissoutes. Cette vedette, ainsi que ses
cinq sisterships, ont alors été affectées
dans les régions maritimes de l’Atlantique
et de la Méditerranée. Le P9783 a servi à
Toulon jusqu’à son désarmement en 1968.
68
Pour les besoins du film, elle a été
soigneusement repeinte, ce qui est inusuel
pour une unité déjà condamnée à la
démolition. Le tournage du Petit baigneur
était par moment très joyeux au point
qu'il n'est pas rare que les comédiens
aient des fous rires. Robert Dhery, le
réalisateur a même dû garder une prise
dans laquelle Louis De Funès ne pouvait
garder son sérieux en essayant de
l'endormir en chantant derrière un
paravent. Pour des raisons fiscales, le
producteur Robert Dorfmann devait avoir
69
dépensé le budget du film avant 1958.
L'équipe du Petit baigneur a donc dû
tourner en urgence toutes les scènes à
l'automne et l'hiver 1957 à Collioure dans
les Pyrénées orientales et à Anzio en
Italie. Toutes les scènes d'églises ont été
tournées dans une véritable église en ruine
à côté de Pezenas. La location pour le
tournage permit au curé de reconstruire
et de rouvrir le bâtiment. Au début du
tournage, Louis De Funès n'était pas
satisfait des choix de mise en scène de
Robert Dhery. Le cinéaste dut revoir ses
70
options de mise en scène pour offrir plus
de gros plans à son acteur principal.
Pour les besoins du Petit baigneur, Robert
Dhery a fait appel à une partie de la
troupe des Branquignols. On retrouve ainsi
dans le casting du film, sa femme Colette
Brosset ou Jacques Legras. Jean Carmet a
collaboré au scénario. Avec le petit
baigneur, Louis De Funès retrouve son
metteur en scène de La Belle Américaine
(1961), Robert Dhery. Les deux hommes
avaient travaillé ensemble sur Ah ! les
belles bacchantes (1954).
71
On retrouve au casting du Petit baigneur,
Louis De Funès et Michel Galabru, deux
acteurs qui ont eu l'occasion de collaborer
pendant leur carrière sur de très
nombreux films de la Belle Américaine à la
série des gendarmes en passant par Le
Corniaud.
Le Tatoué :
72
Antiquaire enrichi dans le commerce des
peintures naïves, Félicien Mezeray
rencontre chez le peintre Dubois, un
ancien légionnaire du nom de Legrain, venu
se faire portraiturer, et qui porte tatoué
sur le dos un authentique Modigliani.
Aussitôt vu, aussitôt vendu à deux
collectionneurs américains, Smith et
Larsen. Comme l'ex-militaire est réticent
à « vendre sa peau », Mezeray lui propose
de retaper sa maison de campagne en
échange de cette œuvre d'art unique. Mais
il ignore que la maison en question est un
73
château du XIe siècle en ruines, demeure
ancestrale du légionnaire coléreux et
misanthrope qui se trouve être en réalité
le dernier comte de Montignac…
Autour du film :
Mézeray / Le peintre / Legrain
- Qu'est-ce qu'il a dans l'dos ?
- Un tatouage !
- On dirait une reproduction d'un
Modigliani !
- Est ce que j'ai une tête à avoir une
reproduction ?!
Mézeray / le valet de chambre
74
- D’abord pourquoi vous me regardez de si
haut ?
- Comment ?!
- Parce que je suis le valet de chambre ?
- Comment ?!
- Parce que je suis Noir ?
- Mm...m...mais vous n'êtes pas Noir !
Suzanne Mézeray / Mézeray
- Ecoute, mon ptit coco..
- D'abord, je ne suis pas ton petit coco !
Je ne suis le petit coco de personne ! Est-
ce que j'ai une tête de petit coco ???
Quatrième et dernière rencontre
75
cinématographique entre Jean Gabin et
Louis De Funès après Napoléon (1954), La
Traversée de Paris (1956) et Le
Gentleman d'Epsom (1962).
Le tournage commença sans scénario
véritablement achevé.
Ce film réunit le plus grand acteur
français de l'époque, Jean Gabin, et
l'acteur français le plus populaire au box-
office de l'époque, Louis de Funès.
La demeure ancestrale du légionnaire est
le Château médiéval de Paluel, situé sur la
commune de Saint-Vincent-le-Paluel.
76
La voiture appartenant à Jean Gabin est
une Chenard et Walcker de 1920.
Une nouvelle de Roald Dahl, Peau, qui est
apparue entre autres dans le recueil
Bizarre ! Bizarre ! (1954), a un sujet
similaire : un vieil homme, Drioli, a sur la
peau du dos un portrait de sa femme
tatoué un soir de beuverie par le peintre
Chaïm Soutine. Après la mort du peintre,
la peau du vieil homme est convoitée par
les marchands d'art.
Il semblerait en outre que l'histoire de ce
film ait été inspirée par un fait divers des
77
années 1960, dont le dénouement survint
par un jugement du Tribunal de grande
instance de Paris du 3 juin 1969. En
l'espèce, un producteur de cinéma avait
conclu un contrat avec une jeune fille, aux
termes duquel elle devait poser nue dans
le film après avoir été marquée d'un
tatouage sur une fesse. Le commentateur
devait annoncer au public que ledit
tatouage serait prélevé puis vendu au plus
offrant. Ce film a fini huitième du box-
office de l'année 1968 en France avec 3
211 778 entrées.
78
Hibernatus :
Hubert de Tartas préside une société
d'emballage et mène une existence
heureuse avec sa femme Edmée et son fils
Didier. Sa vie est bouleversée le jour où
débarque un charmant jeune homme, qui
n'est autre que le grand-père d'Edmée.
79
Son corps a été conservé dans les glaces
polaires pendant plus d'un demi- siècle.
Pour lui épargner un retour trop violent,
l'atmosphère du Paris 1900 est restituée !
Autour du film :
Hubert de Tartas (De Funès) : Allons-nous
coucher ma biche, tout cela va
s'arranger...
Edmée de Tartas (Gensac) : Vous rêvez
Hubert... Charles vous a préparé la
chambre d'amis.
Hubert de Tartas (De Funès) : Nom de
Diou !!
80
Edmée de Tartas (Gensac) : Bonne nuit
mon ami !
---
Le professeur Loriebat (Michaël Lonsdale)
: Vous avez dodeliné !
Hubert de Tartas (De Funès) : Non, je n'ai
pas dodeliné !
Edmée de Tartas (Gensac) : Si vous avez
dodeliné de votre grosse tête dans une
intention inavouable.
Hubert de Tartas (De Funès) : D'abord
81
chère amie, je n'ai pas une grosse tête, et
ensuite je n'ai pas dodeliné. Je sais pas ce
que vous appelez "dodeliné" (et en
secouant sa tête), mais, là je dodeline !
---
Le professeur Bibolini (Pascal Mazzotti)
dans l'abbaye : Je sens que je vais
craquer... ../.. Je craque ! ../.. J'ai craqué...
---
82
Le Secrétaire Général du Ministère de
l'Intérieur (Piéplu) : Qu'est-ce qui fait la
grandeur d'un pays ?
Hubert de Tartas (De Funès) : Alors là, je
m'en fous !
Le Secrétaire Général du Ministère de
l'Intérieur (Piéplu) : Vous n'avez pas le
droit !!!! Ce qui fait la grandeur d'un pays,
c'est l'Espace !
Hubert de Tartas (De Funès) : (Il lève les
yeux au ciel)
---
83
Hubert de Tartas (De Funès) à « l'Hiberné
» : Et vous êtes le grand-père de votre
mère, c'est-à-dire de ma femme, et elle
s'appelle pas Clémentine, elle s'appelle
Edmée... Edmée ! Edmée ! elle s'appelle
Edmée !
---
Le valet (Paul Préboist) à Hubert de
Tartas : Ah, monsieur !
Hubert de Tartas (De Funès) : Oui ?
Le valet (Paul Préboist) : Monsieur, il y a
84
un monsieur qui vous attend.
Hubert de Tartas (De Funès) : Pourquoi
vous me le dites pas ?
Le valet (Paul Préboist) : Ah ben, je vous le
dis !
Hubert de Tartas (De Funès) : Quand ?
Le valet (Paul Préboist) : Maintenant.
Hubert de Tartas (De Funès) : Vous êtes
un menteur !
---
Paul Fournier (Bernard Alane) : Et
comment est morte votre femme ?
85
Hubert de Tartas (De Funès) :
(bredouillant) Ah c'est horrible ... Une
nuit, là comme ça, sa tête a commencé à
gonfler comme ça, là, pffffuuuiittt, et puis
PAF !!!! ...oh, y en avait partout, c'était
horrible.....elle n'a pas souffert...du tout
du tout !!
---
M. Crépin-Jaujard (Yves Vincent) : Ce
cher petit Didier, qui est le fils de mes
braves amis de Tartas! Qui ont pu... qui ont
86
su... qui ont... qui ont compris... et qui ont
senti... voyons, comment dire ? Comment
vous dire ? C'est difficile à dire...
Hubert de Tartas (De Funès) : Eh bien
vous me le direz demain!
La Gaumont reprend la recette d'Oscar :
une pièce à succès, Édouard Molinaro,
Louis De Funès, Claude Gensac, etc.
Concernant le tournage, Louis de Funès
déclarera qu'il ne fut guère à l'aise avec
Edouard Molinaro, qui n'exprimait pas de
rires lors des scènes jouées par l'acteur,
qui avait besoin de réactions et d'un
87
public. Hibernatus sera leur dernière
collaboration.
La scène de l'entrevue entre Hubert de
Tartas (Louis de Funès) et le Secrétaire
Général (Claude Piéplu) censée se dérouler
à l'hôtel de Beauvau a été tournée en
réalité dans la salle des mariages de
l'Hôtel de Ville de Versailles. Le hall
d'accueil ainsi que la salle de réception de
la mairie ont également servi de décors au
film.
L'église moderne que l'on aperçoit lors de
la « cavale » d'Hubert, d'Edmée et du Pr
88
Bibolini avec l'hiberné, est celle de saint-
Léger situé au no 20 rue de la maison
verte à Saint-Germain-en-Laye. Elle fut
construit dans le courant des années 1960.
Quand l'hiberné regarde la télévision, il
voit un meeting aérien au cours duquel
apparaît le Tupolev Tu-144, copie
soviétique du Concorde.
L’Homme Orchestre :
89
Evan Evans dirige une troupe de ballet
d'une main de fer. Mais les histoires
sentimentales de certaines danseuses
sèment le désordre et la confusion.
Lorsque l'une d'elle décide de convoler en
justes noces, le sang d'Evan Evans ne fait
qu'un tour : il décide de se montrer encore
plus sévère avec ses élèves.
Autour du film : Ce film a fait 2 410 000
entrées en France et se classe 15e de
l'année 1970. D'autre part, selon le
réalisateur Serge Korber, dans les pays de
l'Est le film aurait fait 33 millions
90
d'entrées et aurait également battu des
records d'entrées en Allemagne.
Ce film est sans doute le plus musical et
dansé de Louis de Funès, grand spécialiste
de l'insertion dans des scènes comiques de
numéros mettant en valeur ses talents de
danseur et de chorégraphe (talents que
l'on peut retrouver dans la fameuse danse
de Rabbi Jacob, la chorégraphie « mains
et tête » du chef d'orchestre de la
Grande Vadrouille, ou celle des garçons de
café dans le Grand Restaurant, entre
autres).
91
Ici, le scénario n'est pas très poussé : de
Funès a clairement voulu se faire plaisir en
exploitant au maximum les possibilités que
lui offrait le cinéma en matière de musique
et de danse. De fait, tant les parties
dansées que la partition musicale relèvent
d'une très haute tenue, toutes deux dans
le style moderniste du début des années
70. Le compositeur de ce film n'est
d'ailleurs autre que François de Roubaix,
que le grand public connaît surtout pour la
partition psychédélique et abstraite de la
série animée pour enfants Chapi Chapo.
92
On notera également une interprétation du
Loup et l'Agneau, Louis de Funès
racontant la fable à ses élèves tout en
onomatopées.
Sur un arbre perché :
93
Henri Roubier, un promoteur français, et
Enrico Mazzini, un Italien, viennent de
conclure un accord leur assurant la
mainmise sur les autoroutes européennes.
Alors qu'il roule sur les routes du midi,
Roubier prend deux jeunes auto-
stoppeurs, mais une malheureuse
embardée précipite la voiture d'Henri et
ses occupants sur la cime d'un pin parasol
accroché à la paroi d'une falaise.
Autour du film : Le tournage de ce film fut
assez complexe pour l'époque. Le
réalisateur Serge Korber a tourné cinq
94
semaines en décors naturels dans les
falaises de Cassis (les plus hautes
d'Europe) et l'équipe technique a
construit un pin parasol, y a fixé une
voiture, puis le metteur en scène s'est
entouré de cascadeurs (placés dans la
voiture), des alpinistes pour escalader la
falaise et filmer la voiture depuis un
hélicoptère, sans oublier l'important
matériel utilisé pour les scènes de
sauvetages, les effets spéciaux etc...
Une 2ème partie de tournage s'est
déroulée en studio avec les vrais acteurs.
95
Le décorateur Rino Mondellini a
reconstitué une partie de la falaise, le pin
parasol fixé sur l'arbre, puis des tuyaux
ont été installé dans le studios pour
recréer l'eau. Tout un système fut
employé également pour les mouvements
de la voiture, enfin grâce à la cabine de
montage, les acteurs observaient les
mouvements faits par les cascadeurs en
décors naturel pour pouvoir les raccorder.
Le projet initial s'intitulait L'Accident.
Yves Montand et Annie Girardot devaient
se partager la vedette. Mais ayant lu
96
l'histoire, Louis de Funès trouva que
c'était un bon sujet de comédie et le
script fut totalement réécrit.
Ce film fut un succès mitigé pour un film
où figurait Louis de Funès. Il attira tout
de même 1 622 836 spectateurs et se
plaça à la 19e place du classement annuel
du box office français 1971.
C'est la 6e et dernière fois qu'Olivier de
Funès tourna avec son père, avant de
devenir pilote de ligne.
97
Jo :
Antoine Brisebard, auteur à succès, est
victime d'un maître chanteur qui menace
de l'atteindre en dévoilant les origines
familiales de sa femme. Résolu à se
débarrasser de Jo, le responsable du
98
chantage, Antoine prétexte l'écriture
d'une pièce policière afin de recueillir
auprès de qui veut l'entendre les
ingrédients du crime parfait. Il envisage
même de dissimuler le corps de Jo sous le
kiosque que sa femme lui a offert pour la
saint Antoine. Malheureusement, lorsque
Jo vient chercher la somme d'argent
exigée, le plan imaginé par Brisebard pour
l'éliminer ne se déroule pas comme prévu.
À peine Jo éliminé, Antoine reçoit la visite
de madame Cramusel, un agent immobilier,
et du couple Grunder visiblement
99
intéressé par la villa des Brisebard.
Antoine a beaucoup de mal à cacher le
cadavre aux yeux de ses visiteurs. Il
parvient néanmoins à enterrer le corps
dans le trou creusé pour couler les
fondations du kiosque. Deux jours après,
alors que le kiosque repose sur ses
fondations et que le couple Brisebard fête
son installation, Antoine reçoit la visite de
l'inspecteur Ducros qui lui apprend que Jo
a été retrouvé mort assassiné chez lui.
Antoine se demande alors qui il a enterré
sous le kiosque. Il téléphone à toutes ses
100
relations pour s'assurer de leur présence
et son attitude étrange suscite
l'inquiétude de sa femme. La nuit suivante,
un violent orage s'abat sur la villa des
Brisebard et le kiosque menace de
s'effondrer. Antoine se lève et prépare du
ciment pour consolider les fondations. Il
est interrompu par deux malfrats, Leduc
et Grandlouis, qui recherchent leur ami
Riri. Mais à l'extérieur le kiosque
s'effondre et Leduc et Grandlouis
déterrent le corps de Riri des fondations.
Ils s'emparent de la serviette de Riri (qui
101
contient la bagatelle de 42 millions) et
déguerpissent, laissant le cadavre à
Antoine désespéré ...
Autour du film :
- Figurez-vous que Monsieur Jo était un
maître-chanteur.
- Non ?
- Si.
- Oh !
- Et nous avons retrouvé chez lui une liste
des gens qu'il faisait chanter.
- Non ?
- Si.
102
- Oh !
- Et si je suis là, c'est parce que vous êtes
sur cette liste.
- Moi ?
- Vous !
- Non ?
- Si.
- Oh !
Deuxième adaptation cinématographique
de la pièce de théâtre The Gazebo (1958)
après Un mort récalcitrant (The Gazebo)
de George Marshall en 1959.
Un des seuls films où de Funès tue
103
quelqu'un, les autres étant Des pissenlits
par la racine et Fantômas se déchaîne.
Le thème musical du film est repris dans
le dernier épisode du livre VI de la série
télévisée Kaamelott. Lors du générique de
fin, Alexandre Astier (réalisateur, acteur,
auteur, compositeur de la série) dédie
Kaamelott à Louis de Funès.
Alors que son mari vient d'installer dans le
salon une sculpture de son cru (en réalité,
le corps de sa victime recouvert de plâtre)
Claude Gensac s'empare du téléphone,
voulant appeler le Dr Poussin. C'est le
104
même nom utilisé par Claude Gensac elle-
même dans le film Oscar lors de la célèbre
crise d'apoplexie de Louis de Funès,
apprenant la disparition de ses valises
remplies d'argent.
L’aile ou la Cuisse :
105
Charles Duchemin, le directeur d'un guide
gastronomique mondialement connu, qui a
l'habitude de visiter incognito les
restaurants de l'Hexagone sous les
déguisements les plus divers, vient d'être
élu à l'Académie française. Il décide alors
de prendre sa retraite dès la parution de
la dernière édition de son guide et prépare
donc son fils Gérard à prendre sa
succession.
Cependant, ce dernier n'est guère
passionné par le monde des affaires et
anime en cachette une petite troupe de
106
cirque, sa véritable passion.
Mais Charles, défenseur d'une
gastronomie traditionnelle et de qualité,
souhaite partir sur un coup d'éclat et se
trouve un adversaire de taille en la
personne de Jacques Tricatel, P.D.G. d'une
chaîne d'établissements de nourriture
industrielle. Le père entraîne alors son fils
dans son ultime croisade...
Autour du film : Un soir de 1975, Claude
Zidi dîne avec des amis au Petit Colombier.
« Le garçon me demande à propos d’un
poulet : « L’aile ou la cuisse ? » J’ai trouvé
107
que ça ferait un bon titre de film. Avec
des amis, nous avons lancé la conversation
sur le guide Michelin et sur la ‘malbouffe’
qui commençait à sévir. Ainsi sont nés
Duchemin et Tricatel, amalgame entre
Borel, l’inventeur des restoroutes, et
Ducatel, candidat farfelu aux
présidentielles. » Zidi écrit le scénario
avec Michel Fabre et rêve de donner le
rôle du gastronome Charles Duchemin à
Louis de Funès. Mais victime d’une crise
cardiaque le 21 mars 1975, alors qu’il
devait débuter le tournage du «Crocodile»
108
de Gérard Oury, l’acteur est depuis en
convalescence. Affaibli, diminué, amaigri,
la rumeur court selon laquelle il ne
tournera plus.
Mais le producteur Christian Fechner,
alors âgé de 33 ans, en décide autrement.
« Pour moi, il était inenvisageable qu’il ne
tourne plus et puis j’attendais depuis trop
longtemps de tourner avec lui, c’était mon
rêve de producteur. Et bien que le
médecin des assurances ne nous ait laissé
aucun espoir, je suis allé voir le grand
patron des assurances de l’époque. Comme
109
j’étais assez jeune et assez inconscient, je
l’ai un peu agressé en lui disant qu’il ne
pouvait pas décidé comme ça, du jour au
lendemain, qu’un homme tel que De Funès
ne tournerait plus jamais ! » Il n’obtient
que deux semaines de tournage d’assurées,
mais cela suffit pour lancer la machine.
Zidi ne sera payé que si le film est terminé
et les techniciens acceptent de signer des
contrats renouvelables de semaine en
semaine.
Assez tôt sur le projet, le rôle du fils de
Duchemin est destiné à Pierre Richard,
110
avec qui Zidi a déjà tourné « La moutarde
me monte au nez » et « La Course à
l’échalote ». Mais un mois et demi avant le
début du tournage, l’acteur rompt son
engagement. « J’ai été déçu par mon rôle,
expliquera-t-il plus tard. J’ai senti que si
j’acceptais, j’aurais eu l’impression d’aller à
l’usine. Et Dieu sait que j’avais envie de
tourner avec De Funès ! Mais si le rôle ne
me dit rien, je ne peux pas, même si c’est
un coup commercial énorme. (…) Louis m’a
téléphoné et m’a demandé pourquoi je
refusais. Je lui ai répondu que je me
111
faisais une joie de tourner avec lui, mais
que je ne voulais pas interpréter ce rôle.
Et il me dit « ah bon, le scénario est
mauvais ? » Là, je me suis dit qu’il n’avait
pas dû le lire. Parce que lui, il savait qu’il se
débrouillerait toujours, quelque soit la
qualité de la scène, grâce à son talent
énorme. Moi je n’avais pas cette faculté.
Pour faire rire, j’ai besoin d’une situation.
Je ne suis pas capable de lire le bottin en
faisant rire. »
Il faut donc lui trouver un remplaçant et
Zidi pense rapidement à Coluche, à qui il a
112
donné un petit rôle dans « Le Grand Bazar
» en 1973. Le comique triomphe alors sur
scène et il n’a jusqu’à présent partagé
d’autre affiche que celle des « Vécés
étaient fermés de l’intérieur » de Patrice
Leconte. Coluche est aux anges, car il
vénère Louis de Funès. Reste à convaincre
ce dernier. « Je me suis rendu dans son
château, près de Nantes, se souvient
Claude Zidi. Là, je suis tombé sur sa
femme. Sceptique, elle trouvait Coluche
vulgaire. Puis arrive De Funès, qui hésite.
Surgit alors son fils Olivier qui « emballe »
113
l’affaire : « Ce serait formidable ! Et puis,
papa, il est plus drôle que toi ! » » (rires)
Coluche amène avec lui sa « bande », parmi
lesquels Martin Lamotte, Gérard Lanvin,
Bouboule, Marie-Anne Chazel (tous quatre
membre du cirque) et Bruno Moynot (le
responsable du tourne-disques). De son
côté, Louis de Funès impose Claude Gensac
contre l’avis de Claude Zidi qui l’affuble de
grosses lunettes et d’une perruque (pour
qu’on ne l’assimile pas immédiatement à «
la femme de De Funès »). Des partenaires
de connaissance comme Dominique Davray
114
(son épouse dans « Le Tatoué »), Max
Montavon (le majordome dans « Fantômas
contre Scotland Yard ») et Marcel Dalio
(le « vrai » Rabbi Jacob) complètent la
distribution des seconds rôles tandis que
Julien Guiomar interprète avec truculence
Jacques Tricatel (le rôle le rendra très
populaire : « Je ne peux pas rentrer dans
un restaurant sans qu’on me dise ‘J’espère
que ça sera meilleur que chez vous,
monsieur Tricatel’ ! (rires) »).
Le tournage débute en mai 1976 dans un
hangar aménagé près de Trappes car aucun
115
des studios parisiens n’est disponible. Une
ambulance et un cardiologue sont là en
permanence au cas où… Les journées de
travail commencent à 9 heures pour se
terminer tôt dans l’après-midi, afin de
ménager la star. « En vérité, tout était
permis, raconte Fechner. Il fallait éviter
d’user et d’abuser du fantastique
tempérament de Louis, ne pas lui faire
répéter trente-six fois la même scène,
trente-six fois les mêmes colères. Bref, il
fallait une extraordinaire préparation
d’avant-tournage. Je savais qu’avec Zidi, il
116
n’y aurait pas de problème et rien à
craindre… »
Les relations entre De Funès et Coluche
sont excellentes, ils apprécient de se faire
rire l’un l’autre (une scène de cirque où ils
sont tous deux maquillés en clowns sera
coupée au montage). La mort est même
devenue un gag entre eux. « Quand parfois
j’arrivais en retard à un rendez-vous, se
souvient Coluche, et le priais de
m’excuser, j’avais une phrase toute prête à
son intention : « Louis, je ne me pensais
pas en retard. Je n’avais pas vu votre
117
ambulance au bas de la maison… » L’après-
midi, De Funès commençait par faire une
petite sieste avant de reprendre le
tournage. Un jour, je m’étais déguisé en
ange et j’étais parti le réveiller dans sa
loge… « Louis, Loulou, vous êtes mort…
Vous êtes au ciel… » Il ouvre un œil, simule
une fausse colère, puis son visage
s’illumine : « Michel, si vous continuez,
vous allez effectivement me faire mourir.
Mais de rire… »
L’hôtel particulier de Charles Duchemin se
situe dans une cour du 5 place d’Iéna (un
118
an plus tard, un épisode de « Chapeau
melon & bottes de cuir » sera tourné au
même endroit, « Le Lion et la Licorne »).
Le reste du tournage se déroule à La
Défense (la tour Manhattan, la brasserie «
Le Tourbillon »), Puteaux (rue Marius
Jacotot, rue Anatole France, mairie),
Dampierre (dans les Yvelines) et au
restoroute de Rungis (sur l’A106).
Les prises de vues dureront finalement
douze semaines et tout se passera pour le
mieux…
119
La Zizanie :
Industriel ambitieux, Guillaume Daubray-
Lacaze agrandit son usine de matériel de
dépollution, détruisant du même coup le
jardin de sa femme Bernadette, férue
d'horticulture. Décidée à se venger de son
mari, elle quitte le domicile conjugal, et se
120
présentant contre lui aux élections
municipales.
Autour du film :
- Je peux m'asseoir ?
- Non, restez debout !
- Tu dors ma chérie ?
- Très bien, merci !
Le film attire 2 790 000 spectateurs en
salles lors de sa sortie.
Ce film met à l'affiche deux des plus
grandes vedettes du cinéma comique
français des années 1970 : Annie Girardot
121
et Louis de Funès.
Avant la sortie du film, Jean-Pierre Mocky
attaque la production au tribunal pour
plagiat parce qu'il avait auparavant
proposé à Louis de Funès un projet baptisé
Le Boucan dont le scénario ressemblait à
celui de La Zizanie. Jean-Pierre Mocky
gagne le procès et est indemnisé à hauteur
de 250 000 francs, mais il y perd alors le
soutien de la profession, l'industrie du
cinéma n'acceptant pas qu'on aille devant
les tribunaux.
Dans le film, pour se rendre incognito à
122
une soirée, Guillaume (Louis de Funès) met
un masque de… Louis de Funès et assiste
alors à un concours d'imitation du maire
(lui-même).
La campagne municipale décrite dans le
film (sorti le 22 mars 1978, trois jours
après le second tour des élections
législatives) rappelle le contexte politique
de l'époque : le thème du plein emploi : le
taux de chômage étant passé de 3 % en
1975 à 5 % en 1979, la place des femmes :
Guillaume dit que celles-ci « n'ont rien à
dire ». Il y aura 4,3 % de femmes au
123
parlement en 1978, l'environnement :
l'écologie faisait son entrée en politique
dans les années 1970. Dans le film,
Bernadette présente une liste en faveur
de la « protection de la nature » (liste
raillée par son époux) et remporte
finalement l'élection. Les élections
présidentielles de 1974 avaient quant à
elles vu la première candidature
écologiste, incarnée par René Dumont qui
réunit alors… 1,32 % des suffrages.
124
L’avare :
Harpagon, un riche veuf, vit avec ses
enfants, Cléante et Élise. Avare à
l'extrême, il a enterré, dans son jardin,
une cassette pleine d'or et soupçonne
perpétuellement son entourage de vouloir
la lui voler. Il souhaite que ses enfants
125
réalisent de beaux mariages d'argent et,
pour lui-même, caresse un projet de
secondes noces qui devra ne rien lui
coûter.
Il ignore que Cléante est amoureux de
Marianne, (la jeune femme de condition
modeste qu'Harpagon compte épouser), et
qu'Élise aime Valère, l'intendant de la
maison. Tous deux n'osent avouer leur
inclination à leur père. Pourtant, le temps
presse. C'est ce soir même qu'Harpagon
s'apprête à signer son contrat de mariage.
126
Autour du film : Louis de Funès rêvait
depuis très longtemps de jouer L'Avare ou
l'École du mensonge au théâtre. Mais son
état de santé ne lui permettait plus de
monter sur les planches (il avait eu un
double infarctus en 1975). Il envisagea
donc modestement une adaptation pour la
télévision, mêmes les producteurs, dont
Christian Fechner, misant sur l'énorme
popularité de l'acteur, préférèrent
transformer le projet en film pour le
cinéma. Louis de Funès a tenu à ce
qu'aucune réplique du texte de Molière ne
127
soit coupée. Ce fut pourtant le cas car
quelques répliques lors de la scène où
Cléante et La Flèche lisent le mémoire ne
figurent pas dans le film. Le film reste
très fidèle à l'œuvre originale, mis à part
quelques détails ajoutés par de Funès
(comme l'imitation de Donald Duck au
tribunal ou encore la fuite d'Harpagon
devant la femme qui demande de l'argent à
la messe). Selon Michel Galabru, de Funès
aurait été fortement inspiré par certaines
attitudes de sa mère pour interpréter le
rôle d'Harpagon.
128
La soupe aux choux :
Claude Ratinier, dit le Glaude et Francis
Chérasse, dit le Bombé, le premier
sabotier et le second puisatier, vivent
dans leur hameau campagnard du
Bourbonnais, nommé les Gourdiflots, très
129
en retrait de la vie moderne. Une nuit,
suite à un concours de pets entre les deux
amis, un extraterrestre que le Glaude
nommera La Denrée débarque en soucoupe
volante de la planète Oxo dans le jardin de
celui-ci. Le Glaude lui offre alors à manger
de la soupe aux choux. L'extraterrestre
appréciant le potage, il en emmène sur sa
planète.
Le voisinage s'émeut des aller-retour du
visiteur mais le Glaude et la Denrée se
lient très vite en amitié. Peu après,
l'extraterrestre lui propose de venir le
130
rejoindre sur sa planète pour faire
bénéficier tous les Oxiens des bienfaits
de la soupe aux choux, mais le Glaude
refuse en mettant en avant son amitié
avec le Bombé. Pourtant, rattrapés par les
péripéties de la vie moderne, nos deux
acolytes envisagent de plus en plus
sérieusement de migrer sur la planète
Oxo.
Autour du film :
Le Glaude : Eh ben si on peut plus péter
sous les étoiles sans faire tomber un
martien, il va nous en arriver des pleines
131
brouettes !
Le Glaude : Non, excuse moi camarade,
mais si il n'y a que quand on pète ou quand
on rote que ça te dit quelque chose, on va
pas causer souvent. D'abord, le Bombé et
moi, on ne pète que dehors. On sait se
tenir. On a déjà été au restaurant.
Le Glaude : On commence par voir des
soucoupes, et on fini par voir des rats se
balader sur l'édredon !
132
Le Glaude : La soupe aux choux mon Blaise
ça parfume jusqu'au trognon, ça fait du
bien partout où qu'elle passe dans les
boyaux. Ca tient au corps, ça vous fait
même des gentillesses dans la tête. Tu
veux qu't'y dise: ça rend meilleur.
Le Glaude : Ca, c'est pour le sanglier, et
ca, c'est pour l'éléphant. Et maintenant, je
vais te faire passer la cafetière au
travers du mur !
133
Le Bombé : Hey le Glaude… Mon eau, elle a
une température de haute précision pour
le perniflar… Si c'est glacé, ça tranche
l'ventre... Mais là... Ça te descend dans les
boyaux comme la rosée du matin sur les
feuilles.
Le Bombé (au Glaude) : J'ai jamais eu
qu'une femme... et c'était la tienne !
Le Glaude : Hhmmmmm ! Elle sent bon
cette soupe, hein la Denrée ?… elle sent la
terrrrre, la TerRRRrre, la TerRRRre
134
après la Pleut !
La Denrée : la pleut ?
Le Glaude : Voui ! « La Pleut » ! C'est
comme la pluie, mais c'est encore plus
mouillé !!!
Le médecin : Vous avez droit à une
chopine, Monsieur Ratinier.
Le Glaude : Par repas ?!
Le médecin : Ah non ! Par jour ! Que
buviez-vous quotidiennement ?
Le Glaude : J'sais pas moi… 5, 6 litres…
comme le Bombé !
135
Le médecin : Mais vous êtes fou !
Le Bombé : J'me suis cassé les reins
comme du cristal, oh j'va mourrir l'Glaude.
Ah oh ha! Oh j'ai mal au cul ! Oh mon dieu,
oh mon dieu, oh j'ai t'y mal au cul mon dieu
! J'peux pu respirer... Dis donc, j'aurais pu
m'tuer, appelle donc les pompiers ! Oh j'ai
t'y mal mon dieu ! Oh dis donc, j'me suis
pété la bosse ! J'me suis pété la bosse,
j'la sens plus ma bosse !
Le Glaude : Mais non mais non rassure-toi
elle est là, tu s'ras pas défiguré. Allez on
136
y va.
Le Bombé : Oh j'ai l'cul en rondelle, j'ai
les fesses qui m'sont rentrées dans
l'ventre...
Francine : Le Glaude, qu'est-ce qu'tu fais
Le Glaude : Mais enfin, je voudrais
t'arranger, ça se fait d'arranger sa
femme...
137
BONUS
138
Pendant trente ans, la carrière de Claude
Gensac a été intimement liée à celle de
Louis de Funès. De ses débuts au cinéma
dans La Vie d’un honnête homme de Sacha
Guitry en 1952, au Gendarme et les
gendarmettes de Jean Girault en 1982,
elle a partagé l’affiche avec lui une dizaine
de fois, le plus souvent dans le rôle de sa
femme. M6 diffuse ce soir Le gendarme se
marie, premier volet de la saga dans lequel
apparaît Josepha Cruchot, alias « ma biche
». A cette occasion, la comédienne à la
voix rauque (« Je ne fume pas assez »,
139
s’amuse-t-elle) jette un œil dans le
rétroviseur.
France-Soir : Comment avez-vous
rencontré Louis de Funès ?
Claude Gensac : Par hasard, et surtout par
chance. Son épouse me connaissait depuis
longtemps. Elle m’avait vue jouer un de
mes premiers rôles comiques dans une
pièce de Feydeau en 1967 et elle l’a incité
à me prendre comme épouse à l’écran.
F.-S. Quel souvenir gardez-vous du
140
tournage du Gendarme se marie ?
C. G. On riait beaucoup, ça transparaît à
l’image. Louis était très pointilleux. Mais je
n’ai jamais eu de problème pour
communiquer avec lui. Sur le tournage
d’Hibernatus en 1969, on a repris une
scène trois fois. Lorsque je lui ai dit ce qui
n’allait pas, il m’a lancé : « Ah bon, tu ne
pouvais pas le dire avant ? » Je me
souviens aussi que pour le film Oscar, je
devais descendre un long escalier et
regarder Louis qui m’attendait en bas.
Comme j’étais myope, il a mis ses deux
141
doigts devant les yeux en disant « Tu me
regardes, là ». Un geste que tout le monde
connaît.
F.-S. Comment expliquez-vous le succès
des différents volets du Gendarme,
maintes fois diffusés ?
C. G. Il n’y a pas de sexe, alors qu’on en
trouve à outrance partout. Ce sont des
films qui plaisent aux enfants et que leurs
grands-parents ont plaisir à revoir.
F.-S. Vous a-t-on souvent appelée « ma
142
biche » dans la rue ?
C. G. Oh oui ! Un jour, je sortais de mon
immeuble à Neuilly pour promener mon
chien et sur le banc d’en face était inscrit
« ma biche ». Je reçois des demandes
d’autographes, même d’Allemagne,
d’Angleterre et de République tchèque.
Comme j’ai un âge certain, pour ne pas dire
un certain âge, je mets un temps fou à
répondre. Mais cela me fait plaisir.
F.-S. Que regardez-vous à la télévision ?
C. G. Arte, pour ses documentaires sur les
143
animaux sauvages en voie d’extinction. J’ai
regardé une fois la télé-réalité, la Star
Academy, ça m’a suffi. La seule qui sorte
du lot, c’est Nolwenn Leroy. Mon fils est
compositeur de variétés, il me fait
écouter certains morceaux.
F.-S. Votre dernière apparition sur le
petit écran date de La Prophétie
d’Avignon, en 2007.
C. G. Je m’attendais à quelque chose de
formidable et j’ai été très déçue. Le
réalisateur n’était pas adapté à ce genre
144
de projets. Après, je n’ai plus joué dans
des téléfilms. Je suis peut-être trop
âgée… Il faut dire aussi que les
réalisateurs ne m’imaginent que dans le
registre comique. Alors qu’avant Le
Gendarme, je n’avais tenu que des rôles
dramatiques…
F.-S. L’étiquette de Josépha Cruchot vous
a longtemps collé à la peau ?
C. G. Oui, c’est le revers de la médaille.
F.-S. Vous dites que vous êtes trop âgée
145
mais, à 82 ans, Line Renaud est encore
sollicitée…
C. G. C’est très bien pour elle. D’autant
qu’elle a été interdite de télévision sous
Mitterrand, étant très proche de la
droite. Pour moi, un artiste doit se placer
au-dessus de ces considérations politiques.
146
Madame de Funès parle de son mari :
Nous nous sommes rencontrés dans une
école de musique où nous suivions des
cours de piano. Lui, il s'était tout de suite
fait remarquer comme un phénomène, car
il jouait comme un dieu sans avoir appris la
musique, alors que les autres, ainsi que
147
moi-même, avec toutes nos heures
d'étude, nous jouions fort mal !
Mon professeur me dit ; «Venez mardi,
vous entendrez un garçon extraordinaire»
Je suis venue et j'ai murmuré « Ce n'est
pas croyable ! »
Ensuite, nous avons parlé musique. Moi, qui
n'avais fait que du classique, il m'a initiée
aux mystères du jazz et, ensemble, nous
avons continué nos études de piano.
Nous étions des camarades, nous
aimions être ensemble, mais au point de
vue sentimental, nous ne nous disions rien.
148
Cependant, j'ai appris, par la suite, que,
lorsqu'il parlait de moi, il disait « ma
fiancée ». J'ai imité son exemple je disais
aussi « mon fiancé Mais, j'ai fini par lui
demander une explication ; «Voilà, me
répondit-il, dire « une camarade », en
pariant de toi, cela n'était pas exact ; des
camarades, on en a plus ou. moins. Une
amie ? Non, je ne pouvais pas dire une
amie non plus ; je n'ai trouvé que le mot
«fiancée».
Du mot « fiancés », nous avons passé aux
mots » mari et femme » et, du jour où
149
nous avons été mariés, la vie a été très
dure. Avant, nous étions tous deux chez
nos parents où nous avions gîte et couvert.
Livrés à nos seuls moyens, nous avons
mangé de la vache enragée. Louis gagnait
notre vie avec son piano et, comme dans
tous les bons romans, le premier bébé est
arrivé. Alors, là, cela a été très, très dur
pour nous !
C'est alors que le drame est entré en
scène ; un drame moral, mais' un drame
tout de même : Louis a dû choisir entre le
piano et la comédie.
150
Il a choisi le théâtre. Pendant sept ans, il a
joué en touchant de tout petits cachets
et, là encore, nous avons souffert. Nous
avions un second bébé, mais, sans fausse
modestie, je me vante d'être une femme
très ordonnée et organisée et nous nous
en sommes sortis très honorablement.
C'est un homme charmant, soucieux et
très bon, trop bon. Je dois souvent veiller
ou grain, c'est ce qui fait que l'on m'a
surnommée « La panthère ». On dit de
nous : « Lui, il est épatant, mais elle !..,
elle ne se laisse pas faire. »
151
C'est un père de famille dans toute
l'acception du mot. Lorsque les garçons
étaient petits, il donnait les biberons ;
maintenant, il surveille les études. Il adore
ses gosses, l'ainé, Patrick, il l'appelle
Zavatta et, le petit Olivier, c'est Béby,
pour lui. Il est bon, mais sévère. C'est un
homme d'intérieur, il aime et il tient à ce
que sa maison soit impeccable.
Louis est très consciencieux dans son
travail, il cherche toujours à faire mieux
et davantage, mais, dès qu’il a un jour de
repos, il fuit la ville. Nous avons dans les
152
environs de Mantes, une petite maison de
campagne ; nous avons Bourvil comme
voisin. Louis fait du jardinage, il adore cela
et ne le fait pas en amateur. Il aime aussi
faire de la peinture ; il fixe sur la toile
sans avoir la prétention de faire un chef
d'oeuvre, les endroits où nous sommes
allés et qui nous ont plu.
Pour nous, il sait se passer de bien ces
choses ; il a abandonné le plaisir que lui
procurait le piano à la naissance du
deuxième afin de ne pas l'empêcher de
dormir Je crois qu'il me sacrifierait
153
volontiers à ses enfants.
Cependant, je ne peux oublier l'angoisse
dans laquelle if a été plongé lorsque je suis
partie pour Nice sans lui. Nous devions
prendre le même train, nous avions
rendez-vous à la gare. Je ne sais plus
pourquoi, je m'étais attardée chez ma
tante. Dans la rue, pas un taxi en vue l Je
fais de l'auto-stop et, devant la mine
ahurie du valet de chambre de ma tante je
monte dans la voiture d'un inconnu.
Pensant que mon mari était dans le train,
je grimpe dans un compartiment au
154
moment où le convoi allait démarrer. J'ai
cherché Louis; il n'était pas parti ! J'étais
seule, sans argent ? Et lui était chez ma
tante, elle lui avait raconté que je m'étais
fait kidnapper, il était mort d'angoisse. En
arrivant à Nice, j'ai téléphoné, non pour le
rassurer puisque je ne connaissais pas les
conséquences de mon départ, mais pour lui
demander pour quelle raison il n'était pas
à la gare. Il y était et nous ne nous
sommes pas vus !
FIN