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1 « Argonne, zone de guerre, 1914-1918 » FICHE ENSEIGNANTS Le DEBUT de la GUERRE : juillet- octobre 1914 Panneau1 : Le contexte à l’été 1914 Illustrations : - L’empereur François-Joseph - Le Kaiser Guillaume II - L’attentat de Sarajevo - Carte de l’Europe en 1914 de fortes tensions existent en Europe depuis la fin du XIXe siècle. Des rivalités entraînent la mise en place de deux alliances militaires rivales : - la Triple Entente avec la France, l’Angleterre et la Russie - la Triple Alliance avec l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie. Le 28 juin 1914, l’assassinat de l’héritier de l’Empire d’Autriche-Hongrie à Sarajevo met le feu aux poudres L’Europe bascule dans la guerre par le jeu des alliances. L’Autriche-Hongrie, soutenue par l’Allemagne, attaque la Serbie le 28 juillet La Russie mobilise aussitôt, entraînant l’intervention des autres pays. L’Allemagne déclare la guerre à la Russie le 1er août la France mobilise le 2 août et l’Allemagne lui déclare la guerre le 3 les Allemands envahissent la Belgique pourtant pays neutre le 4 pour atteindre la France La Grande-Bretagne entre alors en guerre contre l’Allemagne pour défendre la neutralité belge. Panneau 2 : les 1ères batailles La bataille des frontières : 7-23 août 1914 Conformément au plan Schlieffen, les Allemands lancent leur attaque par le nord le 4 août 1914, misant sur la rapidité de leur armée. Les Français qui privilégiaient l’offensive vers l’est sont décimés par les mitrailleuses et les Allemands pénètrent profondément dans le pays. Suite aux multiples revers de l’armée française, le commandant en chef Joffre, ordonne la retraite le 23 août 1914. La 1ère bataille de la Marne : 6-12 septembre 1914 Début septembre la capitale est menacée, mais les Allemands qui veulent en terminer au plus vite avec l’armée française passent au nord de Paris, et non au sud comme le prévoyait le plan initial. arne, le Deux vitrines sur le képi français rouge garance et le casque à pointe allemand

Le DEBUT de la GUERRE : juillet- octobre 1914 · Le 6, un coup de feu éclate à Clermont et blesse légèrement un soldat allemand. Un officier menace de la faire fusiller en représailles,

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« Argonne, zone de guerre,

1914-1918 »

FICHE ENSEIGNANTS

Le DEBUT de la GUERRE : juillet-

octobre 1914

Panneau1 : Le contexte à l’été 1914 Illustrations :

- L’empereur François-Joseph

- Le Kaiser Guillaume II

- L’attentat de Sarajevo

- Carte de l’Europe en 1914

de fortes tensions existent en Europe depuis la fin du XIXe siècle.

Des rivalités entraînent la mise en place de deux alliances militaires rivales :

- la Triple Entente avec la France, l’Angleterre et la Russie

- la Triple Alliance avec l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie.

Le 28 juin 1914, l’assassinat de l’héritier de l’Empire d’Autriche-Hongrie à Sarajevo met le feu aux poudres L’Europe

bascule dans la guerre par le jeu des alliances.

L’Autriche-Hongrie, soutenue par l’Allemagne, attaque la Serbie le 28 juillet La Russie mobilise aussitôt, entraînant

l’intervention des autres pays. L’Allemagne déclare la guerre à la Russie le 1er août la France mobilise le 2 août et

l’Allemagne lui déclare la guerre le 3 les Allemands envahissent la Belgique pourtant pays neutre le 4 pour atteindre

la France La Grande-Bretagne entre alors en guerre contre l’Allemagne pour défendre la neutralité belge.

Panneau 2 : les 1ères batailles

La bataille des frontières : 7-23 août 1914

Conformément au plan Schlieffen, les Allemands lancent leur

attaque par le nord le 4 août 1914, misant sur la rapidité de leur

armée. Les Français qui privilégiaient l’offensive vers l’est sont

décimés par les mitrailleuses et les Allemands pénètrent

profondément dans le pays.

Suite aux multiples revers de l’armée française, le

commandant en chef Joffre, ordonne la retraite le 23 août 1914.

La 1ère bataille de la Marne : 6-12 septembre 1914

Début septembre la capitale est menacée, mais les Allemands qui veulent en terminer au plus vite avec l’armée

française passent au nord de Paris, et non au sud comme le prévoyait le plan initial.

Objets et portrait glorifiant la bataille de la Marne, le

général Joffre et les taxis de la Marne

Deux vitrines sur le képi français rouge garance et le casque à

pointe allemand

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Les Français saisissent là l’occasion de contre-attaquer au nord et à l’est de Paris.

La 1ère bataille de la Marne met un terme à l’avancée allemande après plusieurs jours de combats incertains.

La course à la mer : septembre-décembre 1914

Cette victoire n’est cependant pas décisive et la lutte continue. Chaque camp cherche à déborder l’autre. Mais les

deux adversaires ne parviennent pas à franchir les premières tranchées et se lancent dans une course vers les grandes

plaines de la mer du nord. A partir du 20 septembre a lieu de la Picardie aux Flandres une longue série d’assauts parfois

très violents, mais sans aucun résultat.

LES OPERATIONS EN ARGONNE

Panneau 3 : l’arrivée de la guerre en Argonne

Début septembre 1914, les Allemands descendent vers le

sud de chaque côté de la forêt d’Argonne tandis que les

Français, affaiblis par un mois de guerre, font retraite dans

des conditions difficiles.

Le front hors de la forêt se stabilise sur une ligne Vienne-le-

Château, Boureuilles, Vauquois.

Le 24 septembre, les Allemands entrent dans la forêt

d’Argonne mais s’y heurtent très vite aux Français, déjà bien

installés notamment dans le bois de la Gruerie. S’ensuit alors

une succession d’attaques et de contre-attaques meurtrières

Le 13 octobre, la ligne de front stabilisée passe au nord de la

Harazée et du Four-de-Paris.

Clermont et Sœur Gabrielle Lors de l’arrivée des Allemands à Clermont le 4

septembre, la mère supérieure de l’hôpital, sœur

Gabrielle, est restée à son poste pour veiller sur

des vieillards intransportables.

Elle tient tête aux officiers allemands

Pour protéger le soldat blessé Camille Guéret, elle

prétend qu’il est atteint d’une maladie très

contagieuse.

Le 6, un coup de feu éclate à Clermont et blesse

légèrement un soldat allemand. Un officier

menace de la faire fusiller en représailles, avant de

renoncer le jour suivant. Les Allemands quittent

Clermont le 14 septembre et la sœur continuera à

diriger l’hôpital pendant toute la durée de la

guerre.

Illustrations :

- Photo d’Erwin Rommel, futur « renard du désert »

de la 2e guerre mondiale, en Argonne en 1914

- Carte : « la progression allemande début

septembre 1914 »

- Carte : « l’arrêt de l’avancée allemande et la

remontée vers le nord »

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L’enlisement du front 1914-1916

Panneau 4 : l’Argonne, un secteur défensif

L’Argonne est un front secondaire pour les deux camps :

Elle doit épauler les opérations de Champagne à l’ouest en empêchant les Allemands d’envoyer des renforts

Elle doit contenir l’avance allemande le long de la Meuse à l’est pour protéger Verdun.

Les Français doivent également préserver coûte que coûte la ligne de chemin de fer entre Châlons et Verdun. Cette

ligne est la dernière voie de ravitaillement d’importance pour Verdun depuis la perte de St-Mihiel qui commandait la

voie ferrée Bar-Verdun.

Entre 1914 et 1916, les opérations ont essentiellement lieu sur deux champs

de bataille : la forêt d’Argonne, avec la Haute-Chevauchée et le secteur de la

Harazée et du Four-de-Paris, et la butte de Vauquois.

Illustration : carte de la position de l’Argonne

Panneau 5 : l’ensevelissement dans les tranchées

En Argonne, comme tout au long de la ligne de front, la guerre de mouvement est un échec. Aucun des deux camps

ne parvient à avancer et rapidement les combattants s’enterrent pour tenir le terrain sans offrir une cible trop facile.

Débute alors la guerre de siège, d’autant plus dure dans notre région qu’elle se déroule en grande partie dans les bois.

Le terrain est difficile, vite gorgé d’eau, les routes impraticables pour le matériel et la visibilité quasi nulle. La forêt

couvre un plateau entaillé par des vallées aux versants escarpés, les fameux ravins, qui rendent la progression difficile.

Conscient de ces problèmes, le général allemand von Mudra se consacre dès octobre à l’organisation du front et de

l’arrière. Il améliore les tranchées, camoufle des positions d’artillerie et aménage des voies de liaison. Côté français,

le général Sarrail considère que ses hommes ne doivent pas s’installer trop confortablement puisqu’ils ont pour

mission de conquérir du terrain sur l’ennemi. Il n’installera pendant la durée de son commandement qu’une seule

ligne de front en Argonne.

Illustrations : photographies de tranchées argonnaises allemandes et françaises

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Panneau 6 : la lente et laborieuse progression allemande : 1914-1915 Pendant les deux premières années de la guerre, les Allemands gagnent continuellement du terrain. Ils appliquent la

méthode du général Mudra : de violentes préparations d’artillerie et des explosions de mines souterraines, suivies

de l’attaque de l’infanterie sur des zones limitées.

Ils ont pris l’ascendant sur les Français qui ne peuvent que se défendre du mieux possible. Le moral des troupes de

Sarrail faiblit au fur et à mesure des assauts sanglants.

Malgré la supériorité technique des Allemands, les pertes sont très lourdes des deux côtés pour un gain de territoire

insignifiant.

En un an de guerre, près de 150 000 hommes, toutes nationalités confondues, ont laissé leurs vies dans les

tranchées d’Argonne.

Fin octobre 1915, le haut commandement allemand décide de cesser ces assauts bien trop destructeurs. Désormais,

la guerre se fera avec des tirs d’artillerie et des explosions de mines.

Panneau 7 : le point d’orgue : « l’orgie de destruction » du 13 au 20 juillet 1915 Les combats du 13 au 20 juillet 1915 seront particulièrement dévastateurs pour l’Argonne, et conduiront au limogeage

de Sarrail par le maréchal Joffre.

Mathurin Méheut (1882-1958) Mathurin Méheut est l’un des nombreux artistes précipités

dans l’enfer des tranchées.

Peintre et dessinateur breton, installé à Paris, il est incorporé en

tant que simple soldat. En août 1915 il rejoint le front d’Argonne

et combat dans le secteur Saint-Thomas-Servon. Il découvre

alors émerveillé la faune et la flore de la forêt qu’il « croque » à

plusieurs reprises. En novembre 1915 il quitte le front pour

l’état-major de sa brigade puis en janvier 1916 pour le Service

topographique du 10e C.A., basé à Sainte-Ménehould. Il mène

des missions de reconnaissance tout près de l’ennemi et en

rapporte de nombreux plans et panoramas. Il quitte l’Argonne

en juin 1916 pour d’autres zones de combats.

Le Four-de-Paris, Mathurin Méheut, mars 1916

Carte grand format (2,2 x 1,8 m) de l’Argonne montrant les

lignes de front à la fin septembre 1914 et en septembre 1915.

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Persuadé d’obtenir un effet de surprise, Sarrail prévoit une offensive massive pour le 14 juillet mais par pure

coïncidence, Mudra lui coupe l’herbe sous le pied en attaquant dès le 13.

Il commence par une intense préparation d’artillerie : plus de 7h durant, 50 000 obus sont lancés et plusieurs mines

explosent. Puis l’infanterie monte à l’assaut, suivie de la Landwehr qui retourne les tranchées conquises.

Au soir, la situation est critique côté français. Les pertes sont très lourdes, la 1ère ligne est aux mains des Allemands

et le terrain est méconnaissable. Seules la cote 285 et la cote 263 ont résisté.

Les généraux combattants en Argonne

Illustrations : Portrait de Von Mudra, Portrait du Kronprinz, Portrait de Sarrail, Portrait de Gouraud

Panneau 8 : un front secondaire mal équipé : le système D à l’honneur !

L’Argonne est considérée comme un front secondaire et équipée comme tel du côté français. Si les Allemands

disposent dès le début de la guerre de puissants Minenwerfer et de grenades, très utiles pour le combat de tranchées,

les Français n’ont aucune arme adaptée à la situation et doivent improviser en bricolant. Le fusil est devenu secondaire

et d’une tranchée à l’autre, on s’envoie des bombes et des pétards.

Les artilleurs français n’ont que des canons de 75 à tir tendu, alors qu’il faudrait des mortiers dont le tir courbe permet

d’atteindre les tranchées adverses. Pour toute réplique face aux obus de 100 kg des Minenwerfer, on utilise une

fabrication artisanale, le mortier Cellerier, dont la portée est fonction de la quantité de charge explosive ! Ce n’est

L’épopée garibaldienne Commandée par le général Ricciotti Garibaldi, petit-fils du héros de l’indépendance

italienne, cette troupe de volontaires italiens courageux et résolus est venue aider

la France.

Ils arrivent en Argonne le 23 décembre 1914 et partent à l’assaut au matin du 26

dans le bois de Bolante. La fusillade est intense et Bruno Garibaldi, fils de Ricciotti,

tombe sous le feu. Le 5 janvier, les Garibaldiens attaquent à nouveau près du Four-

de-Paris et des Courtes-Chausses. Ils prennent vaillamment la 1e puis la 2e et la 3e

ligne allemande, mais sont décimés par les mitrailleuses. La moitié d’entre eux,

dont Costante Garibaldi, reste sur le champ de bataille

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qu’en février 1915 qu’apparaît un véritable mortier de tranchée, le mortier Duchêne de 58, le fameux « crapouillot ».

Mais la supériorité de l’artillerie allemande restera écrasante en Argonne pendant les 4 ans de guerre, et explique en

grande partie les revers français.

Panneau 9 : la guerre des mines

Face à l’impossibilité d’avancer à découvert, les soldats font éclater des

mines sous les positions adverses. Lors de l’explosion, la terre s’ouvre et

engloutit les lignes et les défenseurs ennemis, formant à la surface un

cratère. L’infanterie se précipite alors pour occuper les lèvres de l’entonnoir,

gagnant quelques précieux dizaines de mètres de terrain.

En représailles, les défenseurs posent des contre-mines, qu’on appelle des camouflets. Dès qu’ils entendent à travers

la paroi des bruits de pioches, signalant le percement d’une

galerie, une lutte de vitesse s’engage. On creuse une sape sous

le tunnel adverse qu’on bourre le plus rapidement possible

d’explosifs avant de faire sauter le tout. Si la charge explosive a

été bien calculée, seule la galerie ennemie explosera et il n’y aura

aucun effet en surface.

La guerre des mines est particulièrement angoissante et usante.

Terrifiés à l’idée de mourir ensevelis vivants, les soldats ont

constamment les nerfs à vif.

Vue d’une sape

Les pionniers côté allemand, sapeurs pour les Français, creusent des galeries ou sapes sous le no man’s land et aménagent une chambre remplie

d’explosifs qu’ils feront sauter sous les tranchées adverses

Panneau 10 : les affrontements en forêt d’Argonne Durant l’automne 1914, les Allemands se consacrent à l’organisation de leur ligne de front et multiplient les assauts

ciblés pour « grignoter » continuellement du terrain. A partir de janvier 1915, les offensives d’ampleur reprennent. Le

bois de la Gruerie, cible de l’assaut du 29 janvier, est renommé « bois de la Tuerie » par les Français. Mal armés, ceux-

ci ne parviennent pas à répliquer et leur moral est en chute libre.

Les combats du 13 au 20 juillet sont encore plus dévastateurs. L’été 1915 sera le plus meurtrier en Argonne. A chaque

fois ou presque, ce sont les Allemands qui ont l’avantage sur le terrain, mais leurs pertes sont très lourdes pour un

gain de territoire insignifiant. Du 20 juin au 20 juillet 1915, plus de 30 000 Français ont été mis hors de combat dont la

moitié ont été tués.

Illustrations : Carte de la zone des combats dans la forêt d’Argonne, Vue de la cote 285 déchiquetée par les obus

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Panneau 11 : non loin de l’Argonne, la Main de Massiges

Après la bataille de la Marne, les Allemands se replient le 14 septembre 1914 sur les hauteurs du village de Massiges. Vue du ciel, cette forteresse naturelle rappelle une main ouverte dont chaque « doigt » deviendra un véritable bastion fortifié. Ce site stratégique permet le contrôle des liaisons entre le front de Champagne et celui de l’Argonne. Depuis 2008, l’association de la Main de Massiges, dégage et remet en état le vaste réseau des tranchés, boyaux et abris rendant à nouveau lisible l’organisation complexe des lignes. Régulièrement, des dépouilles sont exhumées de ce tombeau à ciel ouvert.

Illustration : Carte de la main de Massiges, Photo d’une explosion à Massiges

Panneau 12 : la Butte de Vauquois, haut lieu de la guerre des mines Le village, perché à 290 m de haut sur une colline dominant la vallée de l’Aire, est conquis par les Allemands en

septembre 1914. Les Français y reprennent pied début mars 1915 dans des conditions effroyables et font face aux

tranchées allemandes. Malgré les attaques sanglantes, les lignes, très proches les unes des autres, ne bougent pas.

Mais aucun des deux camps ne veut cesser la lutte. Alors on multiplie les mines, de plus en plus profondes, de plus en

plus puissantes. Le 14 mai 1916 explose une mine allemande de 60 tonnes qui

creuse un entonnoir de 60 m de diamètre et 20 m de profondeur. Il engloutit 108

Français, 30 m de tranchées et une partie de la colline!

La quantité d’explosifs nécessaire pour atteindre la surface devient démesurée.

Aussi, les artificiers se rabattent sur les camouflets pour détruire sous terre la

galerie adverse. La guerre est devenue souterraine et à partir de juin 1917, le

chapelet de cratères sur la colline n’est plus modifié.

Malgré 519 mines1 et d’innombrables victimes, les combats ne donnent aucun résultat, et il faudra l’arrivée des

Américains en 1918 pour que les Allemands abandonnent la butte de Vauquois.

Illustrations : le marronnier de Vauquois, le Père Collignon, Vue de Vauquois en mai 1916.

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LA VIE QUOTIDIENNE

La vie des combattants

Panneau 13 : La vie au front. La vie dans les tranchées alterne entre courtes périodes de peur intense sous les tirs ennemis et longs moments

d’ennui.

C’est la nuit que les soldats sont les plus actifs : il faut sortir dans le no man’s land pour ramener les blessés, réparer

les défenses, et parfois lancer un raid pour ramener des prisonniers à interroger.

Ils doivent lutter contre le froid particulièrement rude de l’hiver 14-15, la boue, mais aussi les rats et les poux, parfois

même la faim !

L’hygiène est un problème permanent, les soldats ne peuvent pas retirer leurs bottes pour dormir par crainte des

attaques surprises.

En Argonne, les poilus français restent longtemps en première ligne, parfois 12 jours d’affilée ! Ils se reposent ensuite

dans des camps ou des villages proches du front, mais n’y restent pas inactifs : ils améliorent les installations,

effectuent des corvées et s’entraînent au maniement des armes.

Lors du temps de loisirs, on joue aux cartes, on lit et surtout on écrit beaucoup.

L’armement Pour les Français en 1914, la guerre se fait à la

baïonnette, la Rosalie, plantée au bout du fusil Lebel.

Mais l’artillerie confirme vite son rôle prépondérant.

Elle a pour mission de détruire les défenses adverses

et notamment les redoutables réseaux de fils de fer

barbelé pour faire place nette à l’infanterie lors de

l’assaut. Le mortier de 58 a été amélioré et complété

par toute une série de crapouillots. D’autres armes

complètent cette puissance de feu destructrice. Les

grenades, abandonnées depuis la fin des guerres

napoléoniennes, sont désormais indispensables pour

combattre d’une tranchée à l’autre. De même la

mitrailleuse, mise au point au XIXe siècle, fait des

ravages dans les rangs des deux armées. L’arme

chimique est utilisée en Argonne dès l’été 1915.

L’argot des tranchées

Les poilus se constituent rapidement un argot des tranchées pour

tourner en dérision l’atrocité des combats et la dureté de la vie

quotidienne. L’humour est le meilleur remède contre le désespoir !

Abeille = balle

L’ami Fritz, le moulin à café, la machine à secouer le paletot = la

mitrailleuse

Barda = le sac

Biffin = les fantassins (avant la guerre, ce mot signifiait chiffonnier)

Cafard = mauvais état psychologique (de l’énervement à l’angoisse en

passant par la dépression)

Canard = journal

Civelots/ ciblots = les civils

Crapouillot = les mortiers de tranchée et leurs projectiles> par

extension : crapouilloter et crapouillotage

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Panneau 14 : l’artisanat de tranchée pour retrouver un semblant de normalité L’artisanat de tranchée se développe dès l’hiver 14-15 dans les camps de repos, les villages et les hôpitaux.

La permission n’existe pas encore, alors les soldats qui sont souvent des ouvriers ou des paysans habiles aux travaux

manuels oublient un temps l’horreur de la guerre en s’occupant à la fabrication de petits objets avec les moyens du

bord.

Les premières réalisations sont utilitaires : une lampe, un briquet, etc. Rapidement les hommes, encouragés par leurs

officiers qui n’aiment pas les voir oisifs, fabriquent des bagues, des encriers, des porte-plume, des cannes...

Certains, peut-être luthiers dans le civil, se tournent vers des créations encore plus complexes comme un violon en

bois et parfois même en cuivre !

En Argonne, on retrouve beaucoup de réalisations liées à la forêt comme les feuilles d’arbre ciselées ou du côté

allemand les cartes postales en écorce.

Ces objets ne sont pas toujours destinés à un usage personnel : ils peuvent être vendus à l’arrière ou sur le front à des

camarades moins doués.

D’autres datent de l’après-guerre et sont réalisés industriellement pour être vendus aux touristes qui visitent les

champs de bataille.

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Panneau 15 : la religion et les croyances Les soldats portent souvent sur eux une petite croix ou une statuette censée les protéger. Ils assistent en nombre

aux messes des aumôniers militaires qui ont pour mission de soutenir le moral des hommes durement éprouvés.

Panneau 16 : le service de santé en Argonne Les blessés sont pris en charge par le Service de santé des Armées. Les brancardiers leur prodiguent les premiers soins

directement dans les tranchées puis les emmènent au poste de secours le plus proche. Là un médecin les examine et

fait un tri entre ceux qui n’ont aucune chance et ceux qui peuvent être sauvés.

Les premiers restent au poste et sont ensuite enterrés sur place, les seconds sont opérés si besoin puis évacués vers

un hôpital de proximité, et enfin à l’arrière.

En forêt d’Argonne, grâce au couvert des arbres, les ambulances peuvent s’approcher au plus près du front. Les postes

de secours de Vienne-le-Château, la Harazée ou encore le Four-de-Paris évacuent sur Sainte-Ménehould transformée

en gigantesque hôpital.

Illustrations :

- Poste de secours Maison Forestière

- Passage d’un blessé en forêt d’Argonne

- Gravures humoristiques sur l’hôpital signées Desbarbieux

- Soldat allemand brûlé aux yeux à l’hôpital Chanzy à Ste-Ménehould

L’organisation et équipement du front

Panneau 17 : l’organisation du front Les Allemands aménagent très rapidement le front en dur et sur plusieurs lignes. Ils sont là pour rester, au contraire

des Français qui doivent gagner du terrain à tout prix.

A l’automne 1915, les deux camps améliorent encore leurs positions par le percement d’immenses tunnels qui relient

un ravin à l’autre. Ils permettent aux soldats de monter en 1ère ligne sans passer par la ligne de crête, souvent sous le

feu de l’ennemi, et offrent un abri sûr pour les blessés et le matériel. Les Français en construisent 13 dont le tunnel

Peyrou-Lecomte, long de plus d’1 km, les Allemands 11, dont le fameux Kaisertunnel.

Plus loin vers l’arrière se trouvent les nombreux camps de repos où les troupes cantonnent avant de remonter au

front : camp Bourdelois, camp Lhénard, Kaiser Lager, Heckof Lager…

Illustrations :

- du Kaisertunnel,

- du Ravin du génie dans la forêt de la Haute-Chevauchée

- Camp de repos français sur la route du Four-de-Paris à la Harazée

- L’Argonnenbahn

- Tour Mudra

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Panneau 18 : un exemple de camp de 3e

ligne : la vallée Moreau Toute une série de camps allemands sont installés dans la

vallée Moreau entre Binarville et Vienne-le-Château, à 1 km

des positions de combat mais à l’abri des tirs français. Le

Lager Moreau West, créé à partir de février 1915, est l’un

d’eux. Il accueille les soldats du 83e régiment de la Landwehr

qui y ont construit des cabanes dont certaines sont de

véritables maisons forestières.

LA VIE CIVILE

Les villes et villages en arrière du front Carte au sol de l’Argonne en 1911 avec des cartes postales suspendues des villages pendant la guerre

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Panneau 18 : Septembre 1914 : l’arrivée des

Allemands dans les villages argonnais Les luttes de septembre 1914 n’épargnent pas les civils.

Entre 150 et 200 d’entre eux seront victimes de la violence

des combats mais aussi d’exactions, de prises d’otages et

de déportations en Allemagne.

Ainsi 12 personnes sont tuées à Vouziers, 5 à Dombasle, 3 à

Montblainville…

Des villages entiers sont anéantis, comme Clermont ou

Vauquois. A Neuvilly, la moitié des maisons sont détruites

par des obus incendiaires.

Lors de la retraite française, les habitants de Montfaucon, Cheppy, Binarville… fuient devant les combats. Les maisons

abandonnées sont pillées par les Allemands, voire même par les Français en fuite !

Panneau 19 : Vie quotidienne et guerre En Argonne, la vie quotidienne est étroitement liée à la guerre.

Sainte-Ménehould devient une place stratégique, à la fois centre de commandement, de soin, de ravitaillement et

de repos. Un incessant va-et-vient de convois de matériel et de soldats parcourt les rues de la ville. A Clermont,

l’hôpital tourne à plein régime et la gare permet l’évacuation de nombreux blessés.

Les soldats et les civils cohabitent dans les villages de l’arrière qui servent de cantonnement-bivouac. Certains sont

logés chez l’habitant qui perçoit en échange une compensation financière. Il y a inévitablement des tensions suite aux

retards de paiement ou aux réquisitions. Mais les civils soutiennent très largement leur armée, et certains profitent

de la présence des troupes pour faire des affaires…

Panneau 20 : L’occupation des villages du nord de l’Argonne Les Allemands s’installent dans les villages du nord de l’Argonne dès septembre 1914.

Les premières semaines, les soldats pillent ou réquisitionnent tout ce dont ils ont besoin : nourriture, argent, métaux,

mobilier, objets d’art…

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Le pouvoir est aux mains des autorités militaires, qui surveillent très étroitement les civils, craignant par-dessus tout

l’espionnage. Les taxes et réquisitions conduisent rapidement au dénuement des populations.

La quasi-totalité des récoltes revient aux Allemands. La famine menace les villages qui ne parviennent à survivre que

grâce aux ravitaillements organisés par les sociétés de secours étrangères principalement espagnoles et américaines.

L’Allemagne, soumise au très efficace blocus allié, exploite économiquement les zones occupées pour poursuivre la

guerre. L’occupant impose le travail forcé parfois dès l’âge de 9 ans

LES AMERICAINS EN ARGONNE à partir de 1917

Panneau 21 : 1916-1917 : Verdun et l’attente des Américains 21 février 1916 : les Allemands attaquent Verdun dans un déluge de feu. La bataille sera l’une des plus sanglantes de

la guerre avec plus de 700 000 morts en 10 mois sans aucune avancée.

Pendant cette période, le front est plutôt calme dans la forêt d’Argonne et la vallée de l’Aire. La région est considérée

comme une zone trop difficile où aucune progression n’est possible et la lutte a changé de forme depuis l’automne

15. Il n’y a plus de grands assauts meurtriers, mais de violentes explosions de mines et des pilonnages d’artillerie.

Les soldats ont pour mission de maintenir la continuité du front.

Avec l’entrée en guerre des Etats-Unis, le mot d’ordre sera désormais : « attendre les Américains » !

Panneau 22 : un camp de repos allemand réutilisé par les Américains : le Borrieswalde

Lager Beaucoup de sites de 14-18 ont été détruits par l’agriculture ou l’expansion urbaine. Ce n’est pas le cas de la forêt

d’Argonne où les bois ont conservé ces vestiges. C’est aujourd’hui un site privilégié pour l’archéologie de la Grande

Guerre.

Le Borrieswalde Lager, un camp allemand de 3e ligne installé non loin d’Apremont, à 8 km au nord du front, a été

fouillé par le Service régional d’archéologie de Champagne-Ardenne. Le Borrieswalde était une véritable petite ville

pouvant accueillir jusqu’à 2 500 hommes et reliée à Apremont et à la zone des combats par l’Argonnenbahn.

Panneau 23 : l’offensive Meuse-Argonne Entrés en guerre le 6 avril 1917, les Etats-Unis envoient en France 2 millions d’hommes avec à leur tête le général

Pershing.

Fin septembre 1918, trois attaques massives vers Cambrai, dans les Flandres et en Meuse-Argonne doivent mener à

la victoire finale. En charge de l’offensive Meuse-Argonne, Pershing doit percer le front et atteindre Charleville-

Mézières pour couper la voie ferrée Lille-Metz, clé de voûte du ravitaillement allemand.

Page 14: Le DEBUT de la GUERRE : juillet- octobre 1914 · Le 6, un coup de feu éclate à Clermont et blesse légèrement un soldat allemand. Un officier menace de la faire fusiller en représailles,

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L’offensive américaine lancée le 26 septembre est un succès jusqu’au 3 octobre avec 12 km de progression. Mais les

Américains doivent interrompre leur élan suite à de graves problèmes logistiques. Lors de la reprise des assauts, la

résistance acharnée des Allemands fait des ravages. Montfaucon, Romagne et Cunel, les trois hauteurs clé, sont

prises après des luttes sanglantes.

Le 1er novembre un nouvel assaut brise enfin le front. Les alliés dépassent le massif argonnais et avancent au nord à

un rythme plus soutenu.

Le 8 novembre une délégation allemande traverse les lignes pour recevoir les termes de l’Armistice, proclamé le

11 !

Les ambulances américaines

Avant même l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917, près de 2 000

Américains s’engagent dans les rangs des sections sanitaires étrangères et

partent au volant de leur ambulance chercher les blessés dans les postes de

secours pour les ramener à l’arrière.

Chaque section américaine, les SSU, compte une vingtaine d’hommes.

Plusieurs d’entre elles ont opéré en Argonne, notamment la SSU 12 près

d’Esnes et Dombasle.

Julien Green, âgé de 17 ans à l’époque, a relaté son expérience de la guerre dans « Mille chemins ouverts », paru en

1964 : « on m’envoyait à un endroit appelé Neuvilly. Je dis bien un endroit car du village il ne restait guère que des tas

de pierres ».

Le caporal York et le Lost Battalion

Ces deux épisodes particulièrement marquants de l’offensive Meuse-Argonne seront adaptés au cinéma par

Hollywood. Le fait d’armes du caporal York sera incarné par Gary Cooper dans le film de Howard Hawks « Sergent

York » en 1941, et Russel Mulcahy réalisera « The Lost Battalion » en 2001.

Panneau 24 : après la tragédie… Le 11 novembre 1918 à 11h, le cessez-le-feu est proclamé, la guerre terminée. Mais pendant ces 4 ans, l’Argonne a

cruellement souffert.

75 villages recevront la croix de guerre en tant que communes martyrisées. La reconstruction sera longue et tous les

habitants ne reviendront pas. La ligne de front est jonchée de cadavres et d’armes. Classée en zone rouge, cette partie

du territoire argonnais restera incultivable pendant longtemps. On peut encore voir de nos jours des traces de la

guerre : queues de cochon dépassant du sol, grenades ou obus mis au jour par les eaux de ruissellement… Ces armes

sont aujourd’hui encore potentiellement mortelles.

On peut repérer ici ou là les traces des tranchées, notamment à la Haute-Chevauchée où l’association Argonne 2015

s’emploie à conserver et à valoriser ces vestiges. Les visiteurs peuvent aussi se rendre au camp de la Vallée Moreau, à

la butte de Vauquois, au Ravin du Génie ou à la Main de Massiges pour découvrir un champ de bataille ou tenter de

comprendre la vie des soldats entre 1914 et 1918.

Page 15: Le DEBUT de la GUERRE : juillet- octobre 1914 · Le 6, un coup de feu éclate à Clermont et blesse légèrement un soldat allemand. Un officier menace de la faire fusiller en représailles,

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Enfin, les cimetières militaires allemands, français et américain qui parsèment la région témoignent de la violence des

combats et conservent la mémoire des 150 000 hommes morts en Argonne.