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Le développement de la couverture maladie et le secteur informel en Afrique
subsaharienne
Letourmy Alain (CERMES-CNRS)Présentation au GIPSPSI
5 septembre 2011
Constat et objet de la présentation
• Constat : affichage par les Etats (incités par les partenaires du dévelopement) de l’objectif de couverture maladie universelle
• Objet : discuter comment l’objectif de couverture maladie universelle se traduit plus ou moins facilement par le développement d’une protection effective pour le secteur informel
Rappel : importance de la couverture maladie du secteur informel dans les PVD
• Comment la couverture universelle peut-elle être effective si 70 à 90% de la population sont laissés de côté ?
• La notion de CMU doit être explicitée, car le critère démographique est insuffisant
• Deux aspects à prendre en compte : – Taux de couverture– Nature de la garantie
Disparité des réformes et problèmatiques différentes pour la couverture maladie du
secteur informel• Réforme globale : Etat engagé et
volontariste, réforme concernant toute la population, processus continu– Exemples : Rwanda et Ghana
• Réforme fragmentée : Etat hésitant au niveau de l’agenda, traitement catégoriel de la couverture, processus discontinu– Exemples :Sénégal, Mali, Bénin, Burkina
Faso, Tanzanie, etc.
La couverture du secteur informel dans les réformes globales
Traits généraux
• Situation favorable au secteur informel
• Principes : – obligation d’assurance– offre de couverture adéquate mise en place
par l’Etat– redistribution
Questions en vue de la réplication des réformes globales
• Capacité qu’a l’Etat d’imposer l’obligation au ménages du secteur informel
• Identification des exemptés
• Equivalence des garanties entre secteurs formel et informel
• Viabilité financière
Obligation et secteur informel
• Mise en question de la force de l’Etat et de son administration
• Deux méthodes : – Incitation ou coercition (Rwanda) fondée sur
une conditionnalité– Pragmatisme avec date limite (Ghana)
Identification des exemptés
• Mise en place d’une gestion déconcentrée
• Choix des critères : sophistication (RAMED) vs simplicité
• Clé des procédures : légitimité et incorruptibilité des décideurs locaux (cf Cambodge)
Garanties selon les groupes
• Panier de soins de base laissant de côté diverses prestations
• Copaiements plus ou moins accessibles aux plus pauvres
• Difficulté d’empêcher le secteur formel d’avoir les prestations qu’il attend ou qu’il avait avant les réformes
• Deux voies : – Subvention du secteur informel ou des pauvres– Protection à deux vitesses
Viabilité financière
• Constat : la CMU n’est viable qu’en fonction d’un apport important de l’Etat (TVA au Ghana) ou de l’extérieur (appui financier au Rwanda)
• Problèmes : continuité de l’engagement public et pérennité de l’apport extérieur
• Risque : augmenter les contributions, ce qui fragiliserait les plus modestes
La couverture du secteur informel dans les réformes fragmentées
Traits généraux
• Les priorités des diverses étapes : d’abord couvrir le secteur formel
• Superposition de dispositifs
• Assurance volontaire préconisée pour le secteur informel
• Lancement simultané d’initiatives de gratuité
D’abord le secteur formel
• Justifications techniques (connaissance des ressources) et politiques (attentes de certains groupes : fonctionnaires)
• Pourtant : difficultés de mise en place (intérêts catégoriels)
• Risques d’inégalités entre régimes• Attitude ambivalente du patronat • Incitation à la réduction du secteur formel pour
maintenir le coût du travail à un niveau compétitif ?
Coexistence de plusieurs dispositifs
• AMO, AMV et initiatives de gratuité• Gouvernance éclatée : régimes paritaires,
leaders issus de la société civile et administration de l’Etat
• Difficulté de concevoir des formes de redistribution : la couverture du secteur informel est a priori limitée par la capacité contributive des groupes et l’hétérogénéité de la population concernée
Développer l’assurance maladie volontaire dans le secteur informel
• Résultats décevants des tentatives de développement de l’AMV
• Modèle de mutuelle inadapté : – bénévolat des gestionnaires issus de la
communauté– cotisations trop faibles– effectifs trop faibles
• Conséquence : faible capacité de gestion, faible capacité de croissance
Bases d’un modèle alternatif
• Groupes constitués pour réunir des effectifs plus importants :– IMF– syndicats de producteurs
• Gestion professionnelle indispensable
• Subventions pour compléter la cotisation qui ne peut être augmentée significativement
Mise en pratique d’un modèle alternatif
• Quelle offre d’assurance maladie volontaire à l’échelle des pays?
• Questions à résoudre : – Identifier des opérateurs de gestion– Organiser le “marketing”– Définir le rôle de l’Etat (subventions,
opérateur, promoteur)
Initiatives de gratuité
• Justifications : santé publique, OMD, rendement politique– Exemples : Santé de la mère et de l’enfant,
VIH, TB, malaria
• Quelle articulation avec l’assurance maladie, AMO ou AMV ?
Constats sur la mise en place des initiatives de gratuité
• Réduction du champ de l’AMV• Incomplétude : Reste à charge non
négligeable• Viabilité financière incertaine : risque de
déstabilisation du système (ex : Sésame au Sénégal)
• Gestion administrative peu rigoureuse• Inconvénients pour le secteur informel
surtout
Conclusion : quelles politiques nationales ? Quel appui ?
• Besoin de cohérence, car le volontarisme politique n’est pas une garantie de cohérence
• Nécessité de ne pas oublier le secteur informel
• Questions : – L’objectif de CMU est-il raisonnable ? – Comment l’atteindre : réplication des success stories
(Rwanda) ou adaptations nationales ? – Quels conseils donner aux décideurs ?