22

Le Golfeur et le Millionnaire

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Le Golfeur et le Millionnaire
Page 2: Le Golfeur et le Millionnaire
Page 3: Le Golfeur et le Millionnaire

Le Golfeur et leMillionnaire

Page 4: Le Golfeur et le Millionnaire

Du même auteur chez Québec Amérique

La Femme rousse, roman, Montréal, 2006.Le Monastère des millionnaires, Le Millionnaire, Tome 3, roman, Montréal, 2005.Le Millionnaire, Tome 2, roman, Montréal, 2004.Le Vendeur et le Millionnaire, roman, Montréal, 2003.Miami, roman, Montréal, 2001.Conseils à un jeune romancier, roman, Montréal, 2000.Le Cadeau du millionnaire, roman, Montréal, 1998.Les Hommes du zoo, roman, Montréal, 1998.Le Millionnaire, Tome 1, roman, Montréal, 1997.Le Livre de ma femme, roman, Montréal, 1997.Le Golfeur et le Millionnaire, roman, Montréal, 1996.Le Psychiatre, roman, Montréal, 1995.

Page 5: Le Golfeur et le Millionnaire

Q U É B E C A M É R I Q U E

Marc Fisher

Le Golfeur et leMillionnaire

Page 6: Le Golfeur et le Millionnaire

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canadapar l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industriede l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pourl’édition de livres – Gestion SODEC.

Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme desubvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennentégalement à remercier la SODEC pour son appui financier.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationalesdu Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Fisher, MarcLe Golfeur et le MillionnaireISBN 978-2-89037-882-7 (Version imprimée)ISBN 978-2-7644-2099-7 (PDF)ISBN 978-2-7644-2104-8 (EPUB) I. Titre.PS8581.024G64 1996 C843’.54 C96-940512-XPS9581.024G64 1996PQ3919.2.P64G64 1996

Québec Amérique329, rue de la Commune Ouest, 3e étage Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Dépôt légal : 2e trimestre 1996Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

Mise en pages : Julie LeducConception graphique : Isabelle LépineRéimpression : octobre 2008

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

©1996 Éditions Québec Amérique inc.www.quebec-amerique.com

Page 7: Le Golfeur et le Millionnaire

À Muktananda

Page 8: Le Golfeur et le Millionnaire
Page 9: Le Golfeur et le Millionnaire

Pour Deborah

Page 10: Le Golfeur et le Millionnaire
Page 11: Le Golfeur et le Millionnaire

Table des matières

1. Où le golfeur voit mourir ses rêves

2. Où le golfeur fait une rencontre étonnante

3. Où le golfeur comprend les raisons de ses échecs

4. Où le golfeur apprend la vraie manière de s’exercer

5. Où le golfeur découvre quelques mystères du golf

6. Où le golfeur apprend à ne pas se laisser influencer par les événements

7. Où le golfeur apprend le secret de l’imitation

8. Où le golfeur découvre la puissance du golfeur intérieur

9. Où le golfeur apprend à visualiser ses coups

10. Où le golfeur découvre le véritable amour du golf

11. Où le golfeur apprend à vaincre la colère

12. Où le golfeur décide de jouer le tout pour le tout

13. Où le golfeur rencontre un enfant qui croit en lui

14. Où le golfeur affronte les premières épreuves

15. Où le golfeur découvre le terrible secret de son enfance

16. Où le golfeur subit l’épreuve finale

17. Où le golfeur et le millionnaire se séparent

Page 12: Le Golfeur et le Millionnaire
Page 13: Le Golfeur et le Millionnaire

Il était une fois un homme qui ne croyait pas en lui.Pour quelle raison ? À vrai dire, il ne le savait pas... Mais c’était peut-être tout simplement parce que ses

parents – et surtout son père – n’avaient jamais cru en lui. Golfeur de profession, il n’avait jamais réussi à accéder

au circuit de la P.G.A.* (ce qui était son véritable rêve) etil devait se contenter de vendre des balles et de donner desleçons aux membres d’un club très sélect...

Côtoyer quotidiennement ces gens, qui avaient toussinon réussi leur vie, du moins réussi dans la vie, accentu-ait le sentiment de son propre échec.

Pourtant, jeune, il avait été habité par la certitudequ’un jour son nom brillerait au firmament des grands dugolf, à côté de ceux d’Arnold Palmer, Jack Nicklaus, TomWatson, Nick Faldo, Greg Norman, Fred Couples, NickPrice... Ses brillants succès à l’université permettaient tousles espoirs. Mais hélas ! une fois venu le temps des qualifi-cations de la P.G.A., son élan, pourtant très sûr à l’uni-versité, l’avait mystérieusement laissé tomber et son talentsur les verts l’avait abandonné, comme des ministres quis’éloignent spontanément d’un président malade ou défait.

Où le golfeur voit mourir ses rêves

1

* P.G.A. : Professional Golf Association.

Page 14: Le Golfeur et le Millionnaire

À trente ans, il avait finalement renoncé. Ne fallait-ilpas, comme on le lui avait tant de fois répété, se « faire uneraison », cesser de rêver en couleur ? Son père lui avaitd’ailleurs mille fois seriné qu’il n’avait aucun talent. Ilaurait simplement dû le comprendre plus tôt.

Une petite voix intérieure, de plus en plus faible il estvrai, aussi ténue qu’un murmure, lui soufflait pourtant qu’ilavait tout pour réussir, que ce n’avait été qu’un malheureuxconcours de circonstances, qu’il avait joué de malchance...

C’est ce qu’il se disait à ce moment-là, sur le terraind’exercice du club de golf qu’éclairait la lumière rosée dusoleil couchant. Comme un automate, comme un mani-aque plutôt, il avait bien dû frapper deux cent cinquante,peut-être trois cents balles d’affilée, toujours avec le mêmebâton, son bois n° 1.

Il avait beau avoir frappé des centaines de balles en cettebelle fin de soirée du mois de mai – et des centaines de mil-liers dans sa carrière –, il ne se lassait jamais d’admirer unbeau coup. D’abord la sensation de frapper la balle entre« les quatre vis », puis son vol blanc dans le ciel bleu, et cetinstant magique où, au plus haut de sa trajectoire, ellesemble une fraction de seconde immobilisée dans les airs,comme en état d’apesanteur, avant de retomber au sol etde rouler dans l’herbe verte de l’allée. Un sentiment glorieuxl’envahissait devant le spectacle d’un coup réussi, surtoutun coup de départ, un sentiment de puissance, certes, maisaussi de liberté, d’exaltation, comme si c’était lui quis’envolait à la place de la balle. Le rêve de voler est peut-être plus profond qu’on ne croit dans l’âme de l’homme...

Cette émotion fut plus intense qu’à l’habitude devantson dernier coup, car sa balle parcourut la distance

Page 15: Le Golfeur et le Millionnaire

phénoménale de trois cents verges, ce qui lui arrivait plutôtrarement.

Cette fierté fut vite assombrie par tout un train de pen-sées qui le hantaient depuis des années. La constatationde son propre talent exacerbait son amertume de golfeurfrustré.

« Je peux frapper trois cents verges, se dit-il pour la mil-lième fois peut-être, et je ne suis jamais arrivé à me quali-fier...* »

D’une certaine manière, même s’il avait renoncé à lacompétition, il n’avait jamais accepté ses revers et contin-uait de les trouver incompréhensibles. Il était certainementné sous une mauvaise étoile.

Le soleil avait disparu depuis un moment. Tout à coup,Robert – c’était le nom de ce golfeur malheureux – parutse réveiller, comme un somnambule. Il remarqua que samain droite, qui n’était pas gantée comme l’autre, le fai-sait souffrir. Il avait frappé trop de balles – il avait perdudepuis longtemps l’habitude, contractée dans ses jeunesannées, de ces longues séances d’exercices au coursdesquelles il pouvait lancer jusqu’à mille balles sans éprou-ver la moindre courbature ni la moindre douleur dans sesmains.

Il possédait des mains puissantes et souples, des mainsqui paraissaient animées d’une vie propre, d’une con-science. Des mains qui lui avaient souvent valu du succèsauprès des femmes. Il faut dire que son physique ne luinuisait pas trop à ce chapitre. Avec sa taille d’un mètrequatre-vingt-dix, son abondante chevelure blonde, sesyeux bleus et ses larges épaules, il ressemblait à Robert

*Se qualifier : sous-entendu pour le circuit de la P.G.A.

Page 16: Le Golfeur et le Millionnaire

Redford. Et cette ressemblance était responsable despamoisons, ou du moins des innombrables compliments,de ses élèves féminines, ce qui indisposait parfois les mem-bres du club, fortunés certes mais souvent plus âgés etmoins athlétiques que lui.

Il grimaça en constatant que son index droit avait undébut d’ampoule sur sa partie la plus charnue. Et il pensaavec dépit que, plus jeune, il n’aurait jamais pu frapperassez de balles pour en arriver là. Du bout de l’indexgauche, il appuya sur l’ampoule pour en estimer l’impor-tance. Les dégâts n’étaient pas trop sérieux. S’il arrêtait defrapper tout de suite, l’ampoule se résorberait sans douteen quelques heures. Il plissa les lèvres et se dit qu’il étaitstupide, de toute manière, de prolonger sa séanced’entraînement. N’avait-il pas renoncé une fois pour toutesà la compétition ?

Pourtant, ce jour-là, il avait éprouvé l’envie absurde derenouer avec l’époque glorieuse et pas si lointaine où songrand rêve vivait encore en lui, où il pouvait s’exercer del’aube jusqu’aux lueurs du crépuscule, sans se fatiguer,porté par son but, sa passion.

Était-ce parce que, sans se l’avouer, il était en état dechoc ?

Le matin en effet, Clara, sa compagne des troisdernières années, lasse de son refus obstiné de s’engager– en se mariant ou en ayant un enfant – avait décidé derompre. Il avait accepté qu’elle garde l’appartement – quiétait le sien au départ. Il se retrouvait donc du jour aulendemain à la porte, obligé de se réfugier à l’hôtel, per-spective qui le déprimait.

Il épongea son front baigné de sueur, un front haut etlarge, marqué à la tempe gauche par une petite cicatrice

Page 17: Le Golfeur et le Millionnaire

qui remontait à son enfance. Il ne se souvenait pas com-ment il s’était fait cette cicatrice : elle était restée pour luiun mystère. Il y pensait souvent, comme s’il avait la vaguecertitude qu’elle cachait un événement majeur de sesjeunes années, événement qu’il avait préféré reléguer autréfonds de sa mémoire, peut-être précisément parce qu’ilétait important. Ne préfère-t-on pas toujours oublier cequi est vraiment important dans la vie ?

Parfois lassé d’en sonder le mystère, il se disait qu’ils’était probablement fait cette cicatrice comme n’importequel enfant, en « jouant à la guerre » ou aux pirates avecune épée de bois...

Le jeune employé chargé de ramasser les balles sur leterrain d’exercice survint alors et lui demanda, d’une voixpolie :

— Allez-vous frapper d’autres balles, monsieur ?Robert sursauta, comme si le préposé le tirait d’un rêve

– d’un mauvais rêve. — Non, dit le golfeur après un instant de réflexion, tu

peux commencer. Tu rangeras mon sac lorsque tu auras fini.Et il laissa tomber son bois n° 1 contre son sac posé

par terre. Rouquin sympathique d’une quinzaine d’années,le garçon s’empressa de se pencher pour ramasser le bâton,l’essuya avec la serviette qu’il gardait continuellement danssa poche arrière puis le rangea dans le sac avec un soinextrême.

Le golfeur remarqua la lueur d’admiration qui brillaitdans les yeux de l’adolescent. Pour lui, comme d’ailleurspour beaucoup de jeunes employés du club qui aspiraientà gagner un jour leur vie dans le golf, Robert était sem-blable à un dieu, et ses bâtons étaient aussi dignes de

Page 18: Le Golfeur et le Millionnaire

vénération que les instruments sacrés d’un véritable sac-erdoce.

Robert plissa tristement les lèvres. Il ne pouvaits’empêcher de voir à quel point différaient l’image que lerouquin avait de lui et celle qu’il avait de lui-même.

Une image avec laquelle il devait vivre tous les jours,comme avec un compagnon de voyage indésirable.

Il s’approcha du jeune employé et ébouriffa affectueuse-ment son abondante chevelure. Puis il lui glissa dans lamain un généreux pourboire, ce qu’il ne faisait jamais avecle personnel et qui était d’ailleurs interdit aux membres. Lerouquin regarda le billet froissé de dix dollars.

— Mais, monsieur, objecta-t-il avec une surpriseembarrassée, ce n’est pas...

— Ne cesse jamais de rêver, dit le golfeur. Et il s’éloigna sans lui laisser le temps de protester

davantage. Le gamin observa un moment son idole, puishaussa les épaules, empocha joyeusement le billet et montasur le tracteur avec lequel il ramassait les balles.

Tout en marchant, Robert retira pensivement son gantde golf et nota qu’il avait également un début d’ampouleà la main gauche.

«Diable ! pensa-t-il, je n’ai vraiment plus la forme... » Il se rendit rapidement au vestiaire du pavillon avec

l’intention de se doucher. Puis il se ravisa, même s’il avaitpassablement sué. À quoi bon ! Il n’avait personne à quiplaire ce soir-là – en tout cas personne à qui il risquait dedéplaire ! Il se doucherait plus tard, dans la minable cham-bre d’hôtel qu’il dénicherait et où il n’aurait sans douterien de mieux à faire.

Il prit dans sa case un petit sac de voyage en cuir noir,se dirigea vers la porte et passa devant le préposé aux

Page 19: Le Golfeur et le Millionnaire

souliers, Roland, un quinquagénaire avenant qui exerçaitson art avec une aménité angélique et était l’ami de tousles membres.

Le téléphone sur son comptoir – un vieux modèle noirdes années soixante : seule résistance du club au progrès –attira l’attention du golfeur, et, après une hésitation, celui-ci céda à la tentation de composer le numéro de sonappartement. « Son » appartement... Le possessif s’appli-quait mal désormais !

Il laissa sonner deux coups, raccrocha avant que Clararéponde.

Puis, un peu mécaniquement, il fit les premiers chiffresdu numéro de son père. Mais il n’alla pas jusqu’au bout.Il avait songé à lui demander de l’héberger quelques jours,le temps qu’il se trouve un nouvel appartement. Mais sesrelations avec son père n’étaient pas à leur meilleur, et lapensée de retourner ainsi chez ses parents, à trente ans, ledéprima trop.

Il sortit alors que Roland, un chiffon à la main, luidemandait s’il pouvait faire quelque chose pour lui.Quelques secondes plus tard, Robert, son sac de cuir noiren bandoulière, arpentait d’un pas rapide le stationnementdu club.

Chaque fois qu’il y garait ou y récupérait sa voiture,ses complexes refaisaient surface, le tiraillaient. Sa vieilleRiviera avait beau conserver le lustre de son prestigeancien, elle faisait figure de parent pauvre à côté des Rolls,des Mercedes, des Porsche et des B.M.W. des membres.

Il savait bien qu’on ne doit pas juger quelqu’un par savoiture. C’était superficiel, matérialiste. Mais sa Riviera luirappelait que, à l’encontre des membres du club, il n’avaitpas réussi dans la vie... Elle était une sorte de tache, une

Page 20: Le Golfeur et le Millionnaire

plaie sur son visage, qui révélait une tare. Comme le jeunehomme de la Bible, au lieu de mettre en valeur les talentsreçus, il les avait enterrés. Il n’avait pas eu le courage, lapersévérance de faire ce qu’il aimait dans la vie. Et il enavait reçu la terrible punition : il détestait ce qu’il étaitdevenu.

Page 21: Le Golfeur et le Millionnaire

Saucier, GuylèneSARABANDE

Sernine, DanielCHRONOREG

Sicotte, Anne-MarieGRATIEN GÉLINAS : LA FERVEUR ET LE DOUTE, tome I

(1909 - 1956)GRATIEN GÉLINAS : LA FERVEUR ET LE DOUTE, tome II

(APRÈS 1956)

Smart, PatriciaÉCRIRE DANS LA MAISON DU PÈRE

Smith, DonaldL’ÉCRIVAIN DEVANT SON ŒUVREGILBERT LA ROCQUE, L’ÉCRITURE DU RÊVEGILLES VIGNEAULT, CONTEUR ET POÈTEJACQUES GODBOUT, DU ROMAN AU CINÉMA

Szucsany, DésiréeBEAU SOIR POUR MOURIRLE VIOLON

Thério, AdrienMARIE-ÈVE, MARIE-ÈVE

Tougas, GéraldLA MAUVAISE FOI

Tranquille, HenriENTRETIENS SUR LA PASSION DE LIRE [BEAUCHEMIN]

Tremblay, JanikJ’AI UN BEAU CHÂTEAU

Vanasse, AndréLA VIE À REBOURS

Vekeman, LiseLE TROISIÈME JOUR

Vézina, FranceOSTHER, LE CHAT CRIBLÉ D’ÉTOILES

Veilleux, FlorentLA FIANCÉE D’ARCHI

Vonarburg, ÉlisabethAILLEURS ET AU JAPONCHRONIQUES DU PAYS DES MÈRES

Page 22: Le Golfeur et le Millionnaire