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Le Livre Blanc du (des) territoire(s) de la Vasconie 3.2.

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Le Livre Blancdu (des) territoire(s)de la Vasconie

3.2.

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C1. Chemin parcouruSur la base de son objet et de ses objectifs généraux, EuskoIkaskuntza a lancé le processus participatif Denok Gai, visant àidentifier, avec les citoyens et la société civile organisée desterritoires de la Vasconie, les défis les plus importants et lesplus urgents du XXIe siècle.

En plaçant la « société humaine durable dans la Vasconie XXIesiècle » au centre et avec une projection d’avenir, ce processus aabouti à l’identification de plusieurs domaines thématiques àdévelopper par Eusko Ikaskuntza – à moyen et long terme : « la structuration sociopolitique, les modèlessocioéconomiques, l’avenir de l’euskara et la réalitésocioculturelle ». Tout en rappelant et en soulignant lesprincipes fondateurs de l’institution : « rigueur scientifique,indépendance idéologique, relation intergénérationnelle,perspective de genre, collaboration entre institutions, lien avecla citoyenneté, centralité de l’euskara, pont entre les territoireset interdisciplinarité ».

Nous vivons une ère d’incertitude, pleine d’opportunités et demenaces. L’avenir de la Vasconie doit s’inscrire dans uncontexte global, en partant toujours de notre propre réflexion,ouverte et délibérante, qui offre les outils dont les territoiresde la Vasconie ont besoin pour s’adapter aux défis qui nous

attendent dans différents domaines : système de valeurs,modèles politiques, culturels et socioéconomiques.

D’autre part, le développement humain de nos territoires et lagouvernance qui y est liée ne peuvent être compris sans prêterattention aux assemblages émergeants entre culture, capital,territoire et citoyenneté. En d’autres termes, ce processus nepeut être compris sans la participation de la société civile. Lepremier objectif consiste donc à approfondir et à faireprogresser la démocratisation de nos territoires, en laconsidérant à la fois comme un processus et un résultat.

En deuxième lieu, l’impulsion et le renforcement de lacohésion et la solidarité des territoires de la Vasconie sontconsidérés comme l’axe vertébrateur de l’analyse et de ladélibération. Compte tenu de cet objectif, basé sur laconnaissance des différentes réalités et récits territoriaux,nous identifierons les outils permettant d’articuler lessynergies sociales, culturelles et économiques, ainsi que lacréation de nouveaux modèles inclusifs de gouvernancedémocratique intra et interterritoriale.

Le territoire, espace physique identitaire où se reflète la praxiscollective, est l’espace où se matérialise la vie quotidienne,notre économie et notre bien-être, l’environnement qui nousrelie à nos voisins et voisines. Le territoire est une réalité

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définir les opportunités et les faiblesses de notre présent. C’estpourquoi nous sommes partis de la proposition d’un premierdiagnostic, inclus dans le « Livre Vert du(des) territoire(s) dela Vasconie ».

Le Livre Vert aide à savoir l’état dans lequel se trouvent lesmultiples dimensions de la territorialité, de sorte que, àl’avenir, l’action collective développée par la communauté surle territoire soit profitable pour les personnes et lescommunautés qui l’habitent.

Notre travail a consisté à rassembler des connaissances et desexpériences diverses. Des personnes aux perspectivesdifférentes se sont assises autour d’une même table et nousavons découvert que nous partageons bien plus que ce quenous imaginions, et que nous devons continuer à parler pourconstruire une idée consensuelle sur la territorialité de cepeuple.

Sur la base de tout ce qui précède, en tenant compte destendances et des défis identifiés dans le diagnostic, ainsi quedes accords et des divergences, nous proposons commepronostic les agendas (feuilles de route) correspondants quirépondent aux scénarios souhaités pour la constitution del’avenir que nous voulons et dont nous avons besoin. Ainsi,cet espace collaboratif que nous sommes en train de créeraura une continuité dans les prochaines années, afin derépondre aux agendas établis et d’en élaborer d’autres jugésnécessaires.

2. ContexteAfin de contextualiser la présentation des résumés des sujetsabordés au cours de ces années, avec le XVIIIe Congrès commeétape fondamentale, nous incorporons, en guise

construite par les personnes qui l’habitent et le traversent. Parconséquent, le territoire n’est rien d’autre que l’interaction depratiques vitales.

Nous ne partons pas de rien. Les bases pour la cohésion desterritoires de la Vasconie reposent sur une histoire commune,un sentiment d’appartenance, une culture et une langue quiont façonné une manière caractéristique de voir et d’être dansle monde. Au paysage physique s’ajoute un paysageémotionnel, intangible peut-être, mais détectable dans unsystème de valeurs partagé.

L’imbrication de différents axes socioéconomiques etculturels a défini un espace de relations dense et diversifié,qui devient un capital collectif essentiel pour pouvoir sesituer dans un monde aléatoire et complexe. La cohésion et lasolidarité que nous cherchons à renforcer partent, donc, dece qui existe déjà.

Dans un monde contemporain de plus en plus complexe, cetterecherche d’une échelle territoriale intelligente, compétitive,équitable et durable sera ou ne sera pas partagée.

Dans ce but, le processus que nous avons lancé s’étend surplusieurs années et vise à activer un espace collaboratifréunissant des universités, des institutions, des acteurs sociauxet les citoyens de tous les territoires de la Vasconie. Il s’agit, ensomme, d’un environnement collaboratif orienté vers laréflexion stratégique nécessaire pour que notre pays puisse sepositionner de manière adéquate dans ce monde changeant.Autrement dit, nous visons à diffuser une logique délibérative,avec la société civile et le monde universitaire comme facteursclés, qui encourage la prise de décisions et la connaissancecollective entre citoyens et acteurs sociaux.

Si nous voulons concevoir un avenir fondé sur la cohésion et lasolidarité, nous devons d’abord comprendre notre passé et

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d’introduction, un double regard : le premier, externe, orientévers les changements les plus importants qui nous affectent entant que société et en lien plus étroit avec le contenu de notretravail ; le second, interne, rassemble les valeurs et le substratcommun sur lesquels doit s’appuyer un projet d’avenir visantla cohésion et la solidarité entre les territoires de la Vasconie.

2.1. Notes sur l’état du monde

Ces notes présentent dix tendances qui affectent le présent etl’avenir de nos sociétés. Des tendances sur lesquelles il estpossible de développer des programmes de transformation.Mais les agendas sont différents selon les types de tendances,que l’on peut résumer en trois : transformatrices, quiproduisent des changements structurels dans les sociétés ;équilibratrices, qui cherchent à atténuer les impacts destendances transformatrices ; et révolutionnaires, qui, dans leurdéveloppement, vont configurer les futures tendancestransformatrices.

Tendances transformatrices

Populations : La tendance démographique des sociétéseuropéennes montre un processus de vieillissement croissantde la population. L’investissement de la pyramide des âges ades conséquences fondamentales sur le développement futurde l’État Providence (crise des pensions, crise du marché dutravail, crise des systèmes de santé, crises migratoires, languesminoritaires, entre autres).

Numérisation : La voie du développement technologique aucours des 30 dernières années a été impulsée par ledéveloppement des technologies numériques. L’innovationnumérique a de profondes conséquences sur lefonctionnement des entreprises, des gouvernements et de lasociété elle-même, au point de transformer les modes de

communication et d’interaction entre les personnes. Lestechnologies numériques constituent désormais l’ADN du liensocial.

Énergies et Environnement : La voie du développementéconomique des 100 dernières années a été favorisée par lesénergies fossiles. Le degré élevé de pollution del’environnement produit par ce type d’énergie détruit demanière irréversible des écosystèmes entiers. La tendanceopposée à l’utilisation des énergies fossiles est l’impulsion dela transition énergétique vers l’utilisation d’énergies propresbasées sur les nouvelles technologies.

Mondialisation : Ces 40 dernières années, l’internationalisations’est transformée en mondialisation, c’est-à-dire eninterrelation profonde et dépendance mutuelle des marchés,des technologies et des finances, générant une transformationpar intégration des cultures. Actuellement, on assiste à laconsolidation d’un nouveau scénario géopolitique de perte dedomination stratégique par les pays occidentaux. Le revers de ceprocessus d’intégration par interrelation est l’émergence deprocessus de fragmentation favorisant des cultures focales, desautogouvernements locaux et de nouvelles configurationsterritoriales.

Tendances équilibratrices

Connaissance : La société de la connaissance est désormais unetendance claire et consolidée. Le terme suggère que laconnaissance est socialement distribuée. Cela signifie que laconnaissance se produit à différents endroits du social. Il s’agitd’une tendance d’équilibre face à la centralisation quereprésente la mondialisation. La société de la connaissancefavorise les compensations basées sur l’éducation tout au longde la vie et des modèles relationnels entre la science, latechnologie et la société.

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génétique, mais aussi un grand débat, éthique etphilosophique, sur la condition humaine et les relations entrehumains naturels et humains de design.

Informatique quantique : L’informatique quantique permettrale traitement exponentiel de l’information et des données. Lesapplications futures de l’informatique quantique sont trèsdiverses : réseaux de communication et systèmes dechiffrement inviolables (cybersécurité), tests de modèlescellulaires pour la guérison de maladies, etc. Dans un avenirtrès proche, les liens entre les données et la vie quotidiennesubiront une transformation radicale.

2.2. Valeurs et capital social pour un avenir àconstruire en collaboration

La personnalité de notre peuple et ses valeurs ne peuventpas être comprises sans prêter attention aux indiceshistoriques, tels que la spécificité juridico-politique, lesluttes entre factions, la perte des Fueros après les GuerresCarlistes, le fait frontalier, les turbulences du XXe siècle, lesdeux Guerres Mondiales, la dictature franquiste, latransformation sociale de la seconde moitié du siècledernier, le mouvement ouvrier, la transition politique dansl’État espagnol et ses conséquences politiques et sociales,les processus d’émigration et d’immigration, la lutte pourl’égalité femmes, les tensions engendrées par la violencepolitique, les développements de l’autogouvernement et denos propres institutions.

Tout cela a façonné une personnalité collective, qui se reflètedans la capacité de résistance à surmonter les circonstancesdifficiles vécues tout au long de son histoire. Cette composanteactiviste de la société basque est l’une des valeurs les pluschères et, avec les aspects culturels, notre propre langue etnotre sens de l’appartenance, façonnent notre identité.

Gouvernements : Au cours des 25 dernières années, le secteurpublic a clairement eu tendance à modifier ses modèles degouvernance. Une tendance à l’équilibre, qui génère denouveaux partenariats public-privé dans différents secteurséconomiques, mais aussi une nouvelle gouvernanceparticipative, dans laquelle les politiques publiques cherchent àintégrer de plus en plus les citoyens dans leurs processus dedéveloppement.

Organisations : Ces 20 dernières années, la dynamique de laresponsabilité sociale des entreprises et de l’innovationresponsable est apparue comme un mécanisme permettant decompenser et d’équilibrer l’impact produit par lesorganisations (qu’elles soient économiques, sociales outechnologiques). La responsabilité sociale est liée àl’anticipation des impacts négatifs et à l’application desprincipes de précaution.

Tendances révolutionnaires

Intelligence artificielle : L’intelligence artificielle est ledéveloppement de programmes permettant aux machinesd’effectuer des opérations similaires à celles de l’intelligencehumaine. L’intelligence artificielle est déjà appliquée dansl’industrie (en particulier automobile), mais la génération delangage naturel, les plates-formes de machine learning, lesplates-formes d’apprentissage approfondi et l’automatisation(robots), entre autres applications, modifieront les relationsentre les humains et de ces derniers avec les machines.

Biogénétique : Les énormes progrès scientifiques ettechnologiques en génétique et biogénétique permettent lamodification progressive des gènes pour modifier leurfonctionnalité. Avec de larges applications en matière demaladies infectieuses, cancérigènes, etc., la biogénétique ouvrenon seulement un nouveau champ en matière de design

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nécessité d’intégrer l’immigré est, en outre, une exigenceincontournable pour la survie de notre culture et pour lacohésion future de notre société.

Nous disposons d’un capital social important, construit au fildu temps par un grand collectif de personnes « militantes »,d’associations et d’entreprises engagées dans le développementéconomique, social et culturel du Pays. La collaborationpublic-privé ainsi que la cohésion relativement forte entre lespersonnes, les réseaux familiaux et les territoires, quiconstituent un actif essentiel pour la mise en œuvre deprogrammes et de projets de développement et de solidarité,ont notamment contribué à cette situation.

Nous vivons dans un monde en mutation accélérée, affecté, entre autres, par des facteurs tels que la mondialisation, les mouvements migratoires, la durabilitéenvironnementale, la numérisation, le pouvoir des grandesmultinationales, la construction problématique de l’Unioneuropéenne et la crise de l’État-nation, désormais égalementsoumis à de nouvelles tensions recentralisantes, avec la révision consécutive du concept de souveraineté que celaimplique.

Les succès obtenus au niveau international dans des domainesaussi divers que l’industrie, l’économie sociale, la gastronomie,les arts plastiques, la littérature, le cinéma, la danse ou lamusique, entre autres, nous montrent qu’il est possible detrouver une place, à partir du local, dans un monde global, enintégrant à la fois le traditionnel (contenu) et la modernité(contexte). La clé réside dans la qualité.

Par conséquent, nous devons mettre en place un projet d’avenirpartagé, s’appuyant sur un modèle démocratique et participatif,engagé pour la planète, soutenu par la coopération, le respect dela diversité, le consensus, la tolérance et l’innovation

La culture de l’entraide entre voisins, la réciprocité, l’égalité,l’échange et la solidarité étaient déjà bien ancrée dans lasociété basque et elle conduit, plus récemment, à undéveloppement très important de l’économie sociale, ducoopérativisme et à une société qui occupe une positioncomparative favorable, au niveau international, en termesd’indices de précarité, d’inégalité relative et de développementhumain.

Le sens du travail, l’engagement acquis et l’obligation de leremplir sont encore aujourd’hui des valeurs collectives, quifacilitent également la capacité de négociation et la confianceentre les différents acteurs, individuels et collectifs.

La Vasconie a su intégrer relativement bien la populationimmigrée, à la fois au cours des années de développementindustriel et lors de l’arrivée plus récente de la populationétrangère. La diversité interne, ainsi qu’une jeunesse ouverte àson acceptation, sont des éléments qui facilitent la capacitéd’adaptation au changement.

Il convient également de mentionner certains éléments quientravent la construction d’une société plus équitable etégalitaire, tels que la difficulté de trouver des éléments decohésion en surmontant les divisions idéologiques-politiques,le risque de polarisation, la menace de risque environnementaldue au consumérisme, la masculinisation encore excessive lasociété, l’individualisme compétitif, le « provincialisme »excessif, les déséquilibres territoriaux et le risque d’uneinégalité croissante.

La Vasconie possède, en outre, l’un des taux de natalité les plusbas au monde. Une donnée négative, considérée comme unproblème fondamental pour notre avenir et qui exige uneréponse de Pays, qui fait actuellement défaut et qui aura desconséquences très importantes à moyen et long terme. La

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Séance inaugurale.Imaginer l'avenir : lasociété que nous voulons,la société que nos aurons(Bayonne, 05-10-2018).

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de ces différences peut s’avérer problématique. Nous nementionnerons ici que certaines d’entre elles, telles que legenre ou le sexe, l’orientation sexuelle, la classe sociale,l’origine, le sentiment national, la langue, la culture ou lareligion. Les problèmes surgissent autour de ces différencessous forme de discrimination en raison du sexe ou du genre,de harcèlement en raison de l’orientation sexuelle, dedifférences politiques, discrimination, xénophobie, conflitnational, conflit linguistique...

Ces tensions se reflètent dans notre société dans certainsdomaines et à certains moments. En Vasconie, nous pouvonsmentionner celles liées à l’éducation, aux politiqueslinguistiques, aux médias, à la gestion des services sociaux, auconflit national et au conflit politique (violence, mémoirehistorique, symboles, autodétermination, droit de décider... ),etc.

Certains de ces aspects seront abordés dans d’autreschapitres de ce Livre Blanc, car nous souhaitons ici nouscentrer davantage sur la diversité en tant que sujet d’étude,analysée du point de vue de la Vasconie et de ses habitants,dans le but de parvenir à des consensus. Un consensusnécessairement limité, car certains des aspects qui nousdifférencient sont structurels – tels que le capitalisme et lepatriarcat – et ils devront être traités de manièretransversale. Dans le même temps, nous tenteronségalement d’aborder la cohésion et le concept decitoyenneté en Vasconie et nous mettrons l’accent surl’Éducation – puisque qu’elle joue, à notre avis, un rôlefondamental dans la tâche de la cohésion –, le rôle desmédias et la langue. Pour ce faire, nous nous baserons surles séminaires, les forums et les opinions recueillies aucours des journées qui se sont déroulées ces deux dernièresannées.

– également sociale –, associant création de richesse et réductiondes inégalités et assumant le développement culturel, l’éducationtout au long de la vie et l’euskara, en tant qu’éléments pour lerenforcement de la cohésion interne.

3. Société à personnalité diverseLes migrations, les nouvelles technologies et, en général, lephénomène de la mondialisation ont fait de cette diversitél’une des caractéristiques les plus remarquables de la sociétéactuelle. Il est également vrai que les sociétés ont toujours étédiverses, dans la mesure où les êtres humains ont descaractéristiques, des désirs et des besoins différents. Tout aulong de l’histoire, la diversité a été gérée de différentesmanières : à de nombreuses reprises, la diversité n’a pas étéconsidérée comme un problème et la coexistence s’estdéveloppée pacifiquement, comme dans le cas des bourgs denombreuses villes. D’autres fois, la différence a été considéréecomme préjudiciable et a provoqué des attaques violentes. Ilest également arrivé que la différence soit attribuée à unenorme divine ou établie par la nature et qu’elle ait été utiliséepour attribuer des niveaux ou des différenciations naturellesaux êtres humains (comme dans les relations entre hommes etfemmes ou dans les sociétés esclavagistes).

La diversité n’est donc pas un phénomène nouveau, même sielle est aujourd’hui constamment mentionnée car noussouhaitons une coexistence qui se développedémocratiquement, sans agression contre les personnesconsidérées différentes. Nous défendons donc l’égalitéuniverselle de tous les êtres humains, en acceptant lescaractéristiques de chaque individu.

Nous partons du fait que nous sommes différents à bien deségards, et l’interdépendance ou le chevauchement de certaines

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personnes qui y vivent sont ses citoyens et citoyennes. Êtrecitoyen ou citoyenne d’un État-nation implique des droits etdes obligations, mais, aujourd’hui, le débat sur qui est ou peutêtre citoyen ou citoyenne est ouvert. La naissance décidesouvent, mais la religion, la culture, la langue ou d’autreséléments, tels que l’origine géographique, influent également,créant ainsi les conditions nécessaires ou des obstacles pourobtenir le statut de citoyen/ne. Ce débat, visant à clarifier leconcept de citoyenneté, s’enflamme encore davantage, comptetenu du fait que l’obtention de la citoyenneté dans les pays ditsdéveloppés est un privilège.

Le fait que la Vasconie soit divisée administrativement en deuxÉtats et trois régions administratives pose de grandes difficultésen termes de collaboration. La division administrative estprécisément l’obstacle le plus évident au développement deprojets de cohésion entre tous les territoires de Vasconie.

Nous sommes une identité locale dans un monde globalisé.Sans nier les avantages de la mondialisation, nous devonsreconnaître la richesse de notre identité locale, en évitantl’homogénéisation en tant que moyen de favoriser la cohésion.

Si l’on regarde l’histoire, les habitants des territoires basquespartagent de nombreuses caractéristiques. Dont notammentl’égalité, l’honnêteté, la collaboration, la capacité de travail, lasolidarité... On considère également que nous avons un fortsentiment de pays et une capacité d’auto-organisation. Il nefaut pas oublier que, parmi tous les petits pays du monde,nous sommes les seuls à diffuser notre langue. Cependant, sefocaliser sur ces aspects risque de nous faire tomber dans desclichés.

Bien que nous parlions sans cesse de collaboration, nous nepouvons pas oublier que nous nous heurtons, aujourd’hui, àl’important obstacle que représente l’individualisme, car la

Par ailleurs, bien qu’il ait fait l’objet de son propredéveloppement au Congrès du Centenaire, il nous a sembléapproprié d’inclure dans ce chapitre dédiée à la « société » lerésultat de la dynamique « Construire collaborativement lesscénarios futurs en euskara » ou « e5 ». Le chapitre enquestion comprend l’explication du travail réalisé.

3.1. Gérer la diversité: à la recherche de lacohésion

Le Livre Vert initial, ainsi que les groupes de participationcitoyenne et les forums sociaux, ont abordé les thèmes suivants: définition de la cohésion, identité et citoyenneté, le territoireet ses habitants, valeurs communes de cohésion, éducation,école et cohésion... Le point de départ de ce débat a été, d’unepart, le diagnostic partagé inclus dans le Livre Vert et, d’autrepart, la lecture des nouvelles opportunités offertes par lecontexte actuel. Avec, en outre, le résumé des contributionsapportées par les groupes de participation citoyenne et lesforums sociaux.

Tendances négatives

La diversité de la Vasconie a parfois été la cause de conflits. Lesidentités ont souvent été basées sur la construction del’ennemi ; autrement dit, en approfondissant les différencesartificielles par la création de ghettos, accentuant ainsil’absence de relations entre différents secteurs sociaux etculturels, tout en minant la confiance. Dans la création de cesghettos, les différences sociales ont joué un rôle fondamentalet ont été le principal obstacle à l’instauration d’une sociétéplus équitable et équilibrée.

Dans la société actuelle, les groupes de personnes sont séparéspar des frontières politiques. Le territoire est défini, demanière arbitraire, par ce que l’on appelle l’État-nation et les

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pas à la même nation ; ils peuvent même s’identifier àplusieurs nations.

Toutes les sociétés ont eu recours à l’union de leurs forcespour atteindre des objectifs communs et nous avons enVasconie de nombreux exemples de ce genre (l’auzolan outravail communautaire, par exemple). Afin de progresser vers lacohésion, en canalisant les grands objectifs communs deshabitants d’un pays, il est essentiel de créer un climat propice – un climat de confiance, principalement –, afin de rassemblerles forces de toutes les personnes et de favoriser ce progrès. Ilest possible que, au cours de ce processus de rapprochementdes forces, des désaccords et des conflits surgissent, mais lesconflits peuvent également avoir un caractère constructif pourcontinuer à avancer. Outre les conflits, un autre défi consiste àmontrer la nécessité de cohésion. La raison en est que cebesoin de cohésion n’est pas partagé par toutes les personnes,car cela impliquerait de nier la totalité de leur projet. Il estdonc nécessaire de faire connaître les avantages des projetscommuns créés dans le respect et le consensus.

Conscients que la diversité culturelle de la société basque et detoutes les discriminations, la langue basque peut s’avérer unoutil précieux pour la construction de cette identité partagéeet, par conséquent, pour la cohésion sociale. Les habitants dessept provinces de Vasconie peuvent partager la langue basqueen tant que lien symbolique, même s’ils ne peuvent pas tous laparler.

En d’autres termes, les personnes bascophones et celles qui nele sont pas peuvent aimer l’euskara et considérer que la languebasque fait partie de notre patrimoine. Il s’agit d’une tâche quirevient à toute la société ; cependant, l’un des défis les plusimportants qui se posent dans le milieu scolaire est la capacitéde former et de motiver les personnes à l’utilisation de lalangue basque.

raréfaction croissante et la faiblesse des relations entre lesindividus rendent plus difficile la tendance collaborative.

Tendances positives

La langue, la culture, la différence entre nous et les autres...Nous avons besoin d’une identification symbolique, d’un sens,et l’identité est la source de ce sens. L’identité, au sens large etconsidérée comme une caractéristique culturelle ou unensemble de caractéristiques culturelles, est un processus dedéfinition de soi qui crée une signification. De même, danscette autodéfinition, de nombreuses identités peuvent êtreintégrées, que ce soit dans un individu ou dans unecollectivité. La diversité, souvent source de tensions et decontradictions, est un élément très positif que nous devonspréserver.

Notre territoire est habité par des êtres divers. Au lieu de parlerde diversité, nous devrions parler de diversités : diversitéculturelle, d’origine, nationale, sexuelle, de genre, etc. Parconséquent, il nous faut aborder les abondantes dimensions dela diversité, en l’affirmant également de cette manière. Il estimpossible de trouver un moyen unique de gérer toutes cesdiversités ; et l’un des casse-tête de l’école est précisément lanécessité de répondre à ces abondantes dimensions de ladiversité. Parler de diversité c’est faire face au défi de lanécessité de problématiser ce concept : la diversité est unconcept qui a été utilisé à l’excès et qui cache parfois desrelations de discrimination entre les personnes.

En ce qui concerne l’identification nationale, la plupart desterritoires sont diversifiés. Et, bien entendu, les intensités ousignifications politiques acquises par cette diversité nationalevarient, de la même manière qu’elles influent de manièredifférente sur la cohésion du territoire. En ce sens, la Vasconien’est pas une exception et tous ses habitants ne s’identifient

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• Opportunité de créer un nouveau contrat social. Onconstate qu’il existe des synergies et une force suffisantepour associer des forces différentes, ainsi que la volontéde surmonter les obstacles pouvant surgir sur la voie dela cohésion, par le biais du travail en commun et de lacollaboration.

• Contribution de l’Éducation. Le système éducatif estl’outil le plus efficace pour former des citoyens etcitoyennes responsables ; il joue, par conséquent, un rôleessentiel dans la construction d’une société cohésionnée.Grâce à l’éducation, il est possible de développer unegestion inclusive de la diversité.

Agenda

Les axes de travail suivants proposés, pour développer lesscénarios susmentionnés et relever les défis, sont les suivants :

• Création du nouveau modèle de citoyenneté.

– Pour créer quelque chose en commun, la première étapeconsiste à promouvoir l’acceptation des réalités « nonpropres », c’est-à-dire accepter la légitimité de la réalitéde l’autre, en valorisant la diversité. Les personnes et lescommunautés doivent s’autonomiser pour progresservers l’objectif de canaliser le développement de projetscollectifs communs dépassant l’individualisme. Pourcette raison, les institutions et les acteurs sociaux sontinvités à développer et à mettre en œuvre des outils pourpromouvoir l’autonomisation.

– Sur le chemin de l’égalité, il est essentiel d’apporterune réponse immédiate aux besoins et droitsfondamentaux des personnes (éducation, santé,logement...), comme premier pas pour atténuer lesinégalités sociales et parvenir à une société plus

L’éducation joue un rôle fondamental dans la promotion de laconscience critique et elle doit faire en sorte que les personnessoient capables de définir leurs propres critères quant àl’orientation de la société. Sans négliger la responsabilité desfamilles et des médias, le système éducatif – principalement auxniveaux non universitaires – a plus de capacité que tout autrepour former des citoyens et citoyennes responsables,conscient/es des objectifs communs qui les unissent et, donc,pour jouer un rôle crucial dans la construction d’une sociétécohésionnée. En outre, le système éducatif offre aux élèves lesressources nécessaires pour réfléchir de manière rationnelle surl’orientation de la société et participer activement aux institutionslocales. Ainsi, une éducation scolaire sans dogmes et basée sur undialogue libre est l’outil le plus efficace pour faire disparaître laxénophobie et la méfiance fondées sur des stéréotypes.Cependant, la transmission d’une identité civique implique enquelque sorte l’existence d’une identité partagée. L’éducation a lacapacité d’unir le passé, le présent et l’avenir, en permettant queles citoyens et citoyennes se sentent, dès leur enfance, partieintégrante d’une communauté en perpétuelle mutation.

Scénarios

Tout au long du processus, la réflexion d’Eusko Ikaskuntza afaçonné un diagnostic partagé, qui a débouché sur desscénarios fondés sur les préoccupations, les désirs et lespropositions des experts, des acteurs sociaux et des citoyens.Dont notamment les suivants :

• Opportunité de façonner un nouveau modèle decitoyenneté. Les nouveaux défis posés par la société sontégalement perçus comme une opportunité de progresservers un modèle de citoyenneté plus inclusif, ensurmontant les défis de l’immigration et de lamondialisation.

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• Pour la création d’un nouveau contrat social.

– La diversité doit être gérée de manière intégrale.Autrement dit, la communauté doit être construite enmettant en relief les valeurs positives de la diversité eten s’éloignant du monolithisme et del’homogénéisation. Pour atteindre cet objectif, nousdevons rechercher des projets d’avenir partagés et, àcette fin, nous proposons la création de nouveauxespaces, éloignés de ceux qui sont sourced’affrontements.

– Il est proposé de tisser des réseaux qui régénèrent laconfiance. Si nous prenons en compte le fait que lesrelations de confiance entre individus et entre groupessociaux constituent un élément fondamental pour lacohésion d’une société ou d’un pays, il convient decréer des espaces qui les favorisent. Autrement dit, nousdevons créer un nouveau contrat social fondé sur lagénérosité, l’humilité et le débat social. En ce sens,l’établissement de valeurs communes, minimales,pourrait être le premier pas.

– De même, l’un des piliers de ce contrat devrait êtrel’acceptation et la bonne gestion de la diversité. Et, pour ce faire, l’approbation active des citoyens estnécessaire. Il est essentiel de faire un exercice éducatifpermanent dans tous les domaines de formation (la famille, l’administration, les médias, le systèmeéducatif…).

– Nous sommes arrivés à la conclusion que la Vasconie abesoin d’un projet de pays sans imposition. Parconséquent, il est demandé aux acteurs politiques,sociaux et économiques de s’efforcer de parvenir à delarges accords, car la coopération et la cohésion desterritoires de la Vasconie ne pourront devenir réalité

équilibrée. En ce sens, une éducation publique dequalité et la démocratisation de l’économie sontconsidérées comme des éléments essentiels. En ce qui atrait aux droits humains, le défi consiste à les convertiren valeurs humaines universelles, face à la montéed’attitudes contraires, que l’on observe dans certainssecteurs de la société.

– L’organisation de la société civile est considéréecomme essentielle. La capacité d’influencer la sociétéest très importante, comme on a pu le constater dansdes domaines tels que les pensions, le mouvementsocial en faveur de l’euskara, la capacitéd’auto-organisation, l’écologie ou la lutte dumouvement féministe, entre autres. Par conséquent, ilnous faut visibiliser le potentiel de la sociétéorganisée pour changer le système. Le point de départest de promouvoir une nouvelle culture de laparticipation, dans laquelle la visibilité despériphéries sociales et des schémas de participation« de la base vers le sommet » revêt une grandeimportance.

– La manière dont les citoyens perçoivent la nation esttrès diverse en Vasconie, étant donné qu’elle présentedes sentiments nationaux pluriels. Pour cette raison, lacohésion doit être encouragée sur la base d’uneconception large de la citoyenneté et de garantie desdroits fondamentaux. Il est nécessaire d’accepter lesdifférentes façons de voir le monde et les différentesidentités qui convergent en Vasconie, en créant lesentiment d’une nation diversifiée. Dans le cas de laNavarre, il nécessaire de promouvoir l’identiténavarraise, sans autre adjectif. Le premier pas vers lacohésion de tous les territoires basques pourrait être lacohésion de la citoyenneté navarraise.

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> Approfondir la collaboration en matière de santé, afinde progresser vers l’unification des établissements desanté.

> Augmenter le nombre d’espaces partagés, pourpromouvoir le mouvement social en faveur del’euskara et la production culturelle.

> Promouvoir les associations professionnelles enVasconie.

> Promouvoir des espaces partagés dans le domaine del’éducation et de la formation professionnelle.

• Pour une gestion inclusive de la diversité parl’Éducation.

– Dans le but de former des personnes libres, autonomeset critiques, il convient d’élaborer un Pacte Éducatifqui, outre la mise en place d’outils et de ressources,devrait présenter les caractéristiques suivantes :

> Développement des compétences nécessaires tout aulong de la vie.

> Rôle central de l’égalité.> Acceptation et gestion de la diversité.> Promotion de la capacité critique, c’est-à-dire de la

capacité d’analyser les problèmes à partir de critèrespersonnels.

> Éducation à participer avec des points de vuecritiques.

> Égalité entre les femmes et les hommes dans ladiversité sexuelle.

> Multilinguisme, avec la langue basque comme axe.> Éducation à la santé et habitudes appropriées.> Respect et préservation de l’environnement.> Capacité à participer et à résoudre des conflits.> Outils pour apprendre et s’adapter tout au long

de la vie.

que par le biais d’un large accord consensuel et par lareconnaissance et le respect de l’autre.

– Il convient de construire un projet collectif incluanttout le monde et associant le plan symbolique etmatériel. Le symbolique repose sur le fait que le cadregéographique de la Vasconie nous octroie une certaineunité et un sentiment de communauté. Mais il fautégalement prendre en compte le matériel, car il doitêtre clair que ce projet apportera des avantages à toutesles personnes, même si leurs intérêts sont différentsdans d’autres domaines. A cette fin, un processusconstitutif inclusif est proposé. Ce processus constitutifnécessite un leadership solide, l’articulation d’intérêtscommuns (après avoir surmonté la mentalité desmajorités et avoir créé des réseaux de confiance) et desoutils de participation au niveau local.

– Dans la progression vers la cohésion des territoires deVasconie, il est jugé nécessaire de promouvoir desinstitutions partagées, pas seulement dans le domaineformel, mais également dans le cadre des institutionschargées de la promotion du mouvement social par lebiais de l’euskara et la production culturelle. Du pointde vue des progrès réalisés dans la collaboration desterritoires basques, l’Eurorégion est égalementconsidérée comme une opportunité ou, du moins,comme une carte pouvant nous situer dans le monde(bien que ce ne soit pas tout à fait exact, puisque lePays Basque Continental est inclus dans la région de laNouvelle-Aquitaine). Une collaboration basée sur leconcret est proposée et, dans cette ligne, lespropositions spécifiques sont les suivantes :

> Développer un projet « Erasmus » basque, pour queles jeunes basques connaissent la Vasconie.

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de la publicité directe et indirecte ; et certaines valeurs sontrenforcées, au détriment des valeurs culturelles. En d’autrestermes, pour de nombreux médias, la Vasconie n’est pas uneréalité ; c’est un espace étatique qui nous informe et lesinformations, de même que les références culturelles qui nousunissent, sont situées en dehors de la Vasconie.

La nation n’est pas un titre que l’on obtient une fois pourtoutes ; elle doit être enrichie quotidiennement, de la mêmemanière que le reste du monde nourrit quotidiennement sanation et sa société. Une tâche dans laquelle les médias jouentun rôle principal.

Si nous parlons de pluralité, il faut mentionner qu’il existeégalement en Vasconie un manque de diversité informative. Ence qui concerne la presse, 75-80% des lecteurs sont concentrésdans de très peu de journaux, dans tous les territoires. Quant àla télévision, celle de Navarre n’est guère présente et le PaysBasque Continental ne possède pas de chaîne pour l’ensembledu territoire. De plus, à ce manque de diversité il faut ajouterque les principaux médias sont entre des mains privées et que,dans les publics, on assiste également à une tendance à laprivatisation. Dans ce contexte, nous aurions besoin de médiasbasés sur des initiatives populaires.

Au XXIe siècle, l’État reste le principal acteur de la cohésionnationale, culturelle et linguistique. Et nous manquonsd’outils et de ressources qui nous aident à la réalisation de lacohésion.

L’espace numérique, quant à lui, présente des opportunités,mais il comporte également des risques, dont notammentl’absence de critique. L’une des caractéristiques qui définissentcet espace est l’immédiateté qui, en soi, empêche la critique.Par conséquent, nous avons besoin plus que jamais de médiasqui encouragent une attitude critique.

– Dans ce contexte, en ce qui concerne l’enseignementsupérieur, il est nécessaire de promouvoir desprogrammes renforçant l’autonomie personnelle, dansle domaine de la participation et de la résolution desconflits. En outre, dans le domaine de la gestion desétablissements d’enseignement et par rapport àl’objectif de la recherche scientifique, la priorité doitêtre donnée aux acteurs sociaux et aux intérêts locaux.En résumé, les étudiant/es devraient devenir desacteurs actifs de la transformation sociale.

3.2. Médias

Le point de départ de cette ligne de débat est le diagnosticpartagé inclus dans le Livre Vert et la lecture des nouvellesopportunités offertes par le contexte actuel. Parmi lescontributions reçues sur le rôle des médias, à noter lessuivantes :

Tendances négatives

La Vasconie n’est pas aujourd’hui un pays de communication.Les principales structures de communication de masse sont, deloin, l’espagnole et la française, auxquelles il faut ajouter leboom qui a conduit à la mondialisation de la communication.En se centrant sur les médias de Vasconie, il y en a très peu quidiffusent dans ses sept provinces ou ceux qui situent laVasconie comme référence principale. L’image offerte est celledes divisions par autonomies, avec une faible présence des septterritoires. Par ailleurs, la réalité recréée par les médiashégémoniques ne reflète pas non plus fidèlement ce que noussommes. Il y a une surreprésentation du pouvoir – politique,économique, de genre, culturel, linguistique ou autre – et unesous-représentation de nombreux secteurs de la société. Lemarché exerce également une présence excessive, par le biais

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sommes et si nous sommes. Dans ces conditions, il est essentielde faire appel au concept d’intersectionalité, c’est-à-dire detisser et de combiner les identités, les pratiques et les discoursqui nous traversent autant qu’ils nous unissent. Le tout enrenforçant les alliances et en établissant les différents niveauxde subordination.

Les changements importants survenus au cours des dernièresannées ont apporté de nouveaux supports et de nouvelleshabitudes. Outre les traditionnels, de nouveaux médias et rôlesont vu le jour et ils doivent tous être orientés vers laconstruction d’un pays. L’offre de produits, la relation entrel’émetteur et le récepteur, les expériences de consommation etla manière même d’organiser le mode de vie ont changé ; il ya eu une grande révolution à cet égard. De plus, nous devonsgarder à l’esprit que la communication ne se limite pas àl’information, car les contenus destinés aux loisirs ou à lafiction construisent aussi la réalité : la société est façonnée àtravers eux, tout comme elle s’est formée pendant des siècles àtravers des récits et des histoires.

Comme déjà mentionné, la Vasconie n’est pas un pays decommunication, mais cette situation n’est pas irréversible. LesÉtats qui nous entourent se sont donné la peine de créer leurnation dans les médias et de produire la société qu’ilsreprésentent. Dans notre cas, cette tâche reste en suspens,malgré les précieux outils produits au cours des dernièresdécennies, issus principalement d’initiatives populaires quiont perpétué la tradition de notre culture. Mais ces tentativesne suffisent pas pour construire un système decommunication propre et solide, même s’il est possible detirer des enseignements de ces expériences et d’en lancerd’autres.

Dans notre monde actuel, les médias sont des outils essentielspour récupérer, promouvoir et normaliser les langues

Les différentes langues qui existent en Vasconie ont donné lieuà différents agendas communicatifs. Par conséquent, au lieu decréer des agendas différents pour chaque langue, ilconviendrait de favoriser la formation d’un puzzle à partird’un agenda unique. À cet égard, la faible présence de lalangue basque dans les médias est particulièrement frappante(et davantage dans le cas de la Navarre). Bef, nous devrionstirer parti du potentiel de l’euskara pour générer la cohésion etaccroître sa présence publique, en particulier dans les médias.

Tendances positives

Les médias ne reflètent pas simplement la réalité, ils laconstruisent également. Ils nous informent de ce qui est etn’est pas un pays et définissent ce qui est « nôtre » et ce quiest « externe ». Les membres qui forment une nation ont enréalité une expérience directe très limitée de ce qu’est cettenation, leurs relations étant limitées à un petit nombre deco-nationaux et leurs expériences se développant dans desespaces physiques très spécifiques. Cependant, à travers lacommunication, chaque personne reçoit et expérimente uneimage de l’ensemble de la nation : lorsqu’elle voit une cartede la météo qui représente l’ensemble du territoire, à traversl’activité des représentants et des institutions politiques de lanation en question, par la présence de référents sociaux, oupar la simple présence « de l’autre », du peuple qui formecette nation. Dans une large mesure, la nation vit en nous àtravers les médias.

Les médias sont non seulement créateurs de nation, mais ausside société, car toute la communauté est imaginée en eux, sonextérieur et son intérieur, la norme et l’exception,l’hégémonique et le subalterne, l’habituel et l’exotique.L’identité et les compétences de cette communauté y sontégalement représentées : ce que nous sommes, qui nous

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collaboration d’acteurs sociaux, d’individus etd’institutions. Ainsi que la possibilité de devenir unréférence en matière de qualité de l’information.

• La possibilité d’amener l’euskara à la centralité dusystème de communication, en utilisant les nouveauxmodes de communication.

• La possibilité de situer les territoires basques dansl’espace numérique. Vu que l’espace numérique est unespace vide, nous avons une occasion unique d’y situerles territoires basques.

Agenda

• renforcement du système de communication basque.

– La fragmentation des médias actuels oblige à agir entant que système et, pour ce faire, il est nécessaire deconcevoir des politiques et des comportements. Pourconstruire un espace incluant toute la Vasconie, cesystème doit avoir différentes dimensions, dontnotamment : la langue (euskara, espagnol, français) ; leniveau (local, pays, national) ; le type de média(traditionnel, nouveau, film, publicité...) et les acteurssociaux (initiative populaire, initiative publique,initiative privée).

– En partant de cette prémisse, il est urgent d’établir unPlan Stratégique de Communication pour la Vasconie etde le mettre en œuvre. Comme cela a déjà été fait dansd’autres secteurs – par exemple dans l’industrie et dansla science –, il faudra définir la communication commeun domaine stratégique et établir les objectifs, lesactions, les ressources et les évaluations pour les annéesà venir. Un plan qui doit être approuvé par le plusgrand nombre possible d’acteurs.

minorisées. L’euskara est un élément fondamental pouratteindre l’objectif de cohésionner notre territoire : en tant quelangue minorisée, il est essentiel pour sa survie qu’elle disposed’un système de communication intégral et compétitif.

Contrairement aux médias classiques, dans l’environnementnumérique, compris comme un espace, sans nous référeruniquement aux outils, les citoyens disposent d’un espacecommun dans lequel établir des relations directes. Autrementdit, les personnes d’un même pays peuvent se rencontrer, seconnaître, se voir ou parler à travers l’espace numérique. EnVasconie, une fois les distances géographiques et la divisionadministrative surmontées, nous disposons d’un espacepartagé pour réunir les bascophones. En ce qui concerne lapresse, la radio et la télévision, pour la première fois dansl’histoire, les habitants des sept provinces et de la diaspora (lahuitième province) ont l’occasion de s’unir. En résumé,l’espace numérique, en tant que générateur de cohésion,offre une grande opportunité de créer une communauté, caril facilite la communication et ouvre une extraordinairepossibilité de participation, dans la mesure où il estdisponible pour tous. En outre, son potentiel pourpromouvoir la langue basque et la visibilité de la culturebasque est énorme.

Scénarios

Tout au long du processus de réflexion ouvert par EuskoIkaskuntza, un diagnostic commun a été effectué, qui a donnélieu à l’apparition de divers scénarios et a mis en relief lespréoccupations, les désirs et les propositions d’experts, dedivers acteurs sociaux et des citoyens. Dont notamment :

• L’opportunité de renforcer le système decommunication basque. La possibilité de renforcer lesystème de communication basque à travers la

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• Utilisation des opportunités offertes par l’espacenumérique.

– Dans l’espace numérique, il convient de créer dessynergies entre les acteurs et les individus travaillantdans le domaine de la communication, afin d’établir oude renforcer un espace de communication basque. Ence sens, nous proposons la création d’un think-tank surl’espace numérique, formé d’acteurs dédiés à lacommunication, avec la participation des institutionspubliques.

– L’espace numérique ouvre également des possibilitésde participation. Dans notre cas, il n’est pas le plusutilisé actuellement ; par conséquent, les institutionssont invitées à prévoir un plan pour encourager laparticipation numérique dans les décisions politiques.

– Promotion de l’utilisation des Creative Commons, afinque chaque personne partage librement sesconnaissances.

3.3. La communauté qui aspire à se développer eneuskara

S’il est vrai que la langue basque a tendance à améliorer sasituation et que des mesures importantes ont été prises, l’AtlasUNESCO des langues en danger du monde maintient l’euskara ensituation de vulnérabilité, d’où la nécessité de renforcer etd’améliorer l’initiative en faveur de la langue.

Il n’y a pas dans le monde de tendance générale à récupérer leslangues minorisées, la plupart d’entre elles étant immergéesdans l’effort de survivre. Cependant, le processus derevitalisation de l’euskara va au-delà de la simple survie et il aconnu une croissance significative. De sorte que nous avonsexaminé le processus de revitalisation et les acteurs qui ont

– L’un des moyens les plus importants pour renforcer lesystème de communication, consolider son propreespace et générer un point commun serait une agenced’information basque.

– Enfin, dans la voie de la cohésion, il est proposé decréer une télévision couvrant toute la Vasconie et lestrois structures administratives.

• Accorder à l’euskara la centralité dans le système decommunication.

– À l’avenir, la langue basque sera le principal supportpour la construction d’un espace de communicationbasque. En ce sens, il est essentiel de situer notrelangue historique au centre de la communication, sansoublier la situation actuelle, mais en tenant compte deschangements sociolinguistiques en cours.

– De même, des politiques doivent être développées,pour renforcer les médias déjà existants en euskara,ainsi que pour promouvoir la collaboration entreeux.

– En ce qui concerne les médias qui utilisent peu ou pasdu tout l’euskara, il convient de mettre en oeuvre despolitiques pour les inciter à les utiliser, à travers lanormalisation et l’octroi d’aides.

– Les politiques de communication doivent êtreconvenues conformément aux politiques éducatives,afin de pouvoir, à travers les médias, compléter etassurer la continuité de la politique d’alphabétisationen euskara lancée à l’école. Le tout avec l’objectif defavoriser la socialisation en euskara des personnes quin’ont pas acquis la langue de naissance, mais qui l’ont apprise.

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Le modèle méthodologique du projet se concentre sur lecouple transformation-réflexion, basé sur la vision del’Enquête Appréciative. Il s’agit d’un processus collaboratifd’investigation et de construction, axé sur le noyau positif dusystème, en appréciant et en valorisant ses points forts.

Tendances négatives

Comme nous l’avons déjà dit, l’avenir de l’euskara est entrain de se construire sur un processus endogène derécupération plutôt que sur les tendances mondiales. Unprocessus qui a près de 50 ans, puisque ses débuts remontentaux années 1960, avec la création de l’euskara unifié, lanaissance des ikastolas et des centres d’euskaldunisation. Aucours de cette période, d’importants progrès ont été réalisés,mais l’usure commence également à apparaître : l’utilisationde l’euskara n’augmente pas au même rythme que laconnaissance, des reculs ont lieu dans les zones à fortedensité de locuteurs, le mouvement social en faveur de lalangue perd de son efficacité, comme conséquence de laprécarité et du manque d’innovation... La situation a étéqualifiée de crise active : en effet, le processus est en crise,car la simple répétition de ce qui a été fait à ce jour negarantit pas que les rythmes de croissance se maintiennent ;mais, dans le même temps, les acteurs sont très actifs, à larecherche de leviers d’innovation.

Un autre problème a une origine politique : dans les années1980, à la suite de la transition espagnole, la politique basques’est fissurée et divisée entre ceux qui préconisaient laparticipation aux nouvelles institutions et ceux quichoisissaient de les combattre. Cette fissure a provoqué uneforte confrontation au sein du mouvement de revitalisation del’euskara, entre institutions publiques et dynamiques sociales,absorbant beaucoup d’énergie du processus lui-même.

joué un rôle moteur, plutôt que les tendances mondiales et lamanière dont elles se sont développées.

En outre, lors de l’analyse du processus de revitalisation del’euskara, nous avons mis l’accent non pas sur la situation de lalangue, mais sur le capital et les actifs dont dispose lacommunauté qui aspire à vivre en euskara. L’objectiffondamental de ce projet est d’aider à définir la nouvelle phasedu mouvement social en faveur de l’euskara – euskalgintza –pour les décennies à venir. Et, pour ce faire il nous faut :

• Construire un nouveau cadre d’interprétation, basé surl’analyse du capital dont dispose la communauté.

• À partir de ce capital, représenter la constellation desscénarios souhaités pour l’avenir.

• Définir l’architecture d’une feuille de route permettant d’atteindre la constellation des scénariossouhaités, à partir des connaissances et des pratiquesaccumulées.

L’analyse se base sur les idées-forces suivantes :

• Complexité. La société actuelle est une réalité systémiqueet complexe.

• Polycentrisme. Les forces motrices de la société sontdiverses, polycentriques.

• Synchronisation. Dans la complexité du polycentrisme, ilest préférable de synchroniser l’hétérogénéité que derechercher l’uniformité.

• Communauté. L’accent n’est pas mis sur la situation del’euskara, mais plutôt sur la communauté qui aspire à sedévelopper en euskara, sur ses ressources actuelles et surses projections d’avenir.

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• Capital humain

– Les tendances actuelles se caractérisent par une attitudepositive vis-à-vis de l’euskara : de plus en plus depersonnes l’apprennent, le connaissent et lecomprennent. De plus, l’euskara soulève unmilitantisme important et la capacité organisationnellede l’initiative sociale est remarquable.

– Sur cette base, nous avons imaginé qu’une grandepartie de la société sera composée de personnesbascophones actives, cohérentes et autonomisées, secommuniquant en euskara avec assertivité et empathie,à la fois à travers les réseaux formels et informels, etque la majorité des hispanophones et francophonesseront des alliés et, bien que ne parlant pas euskara, ilsoffriront leur soutien à l’euskara et à quiconquesouhaite vivre dans cette langue.

• Capital social

– Nous avons imaginé que, en utilisant des normeslinguistiques, des références et des cadres attrayants,l’euskara arrivera à acquérir progressivement uneprésence importante dans les institutions publiques etprivées, et que l’option linguistique est une possibilitéréelle. Et aussi que le mouvement social en faveur del’euskara sera solide et efficace et qu’il y aura desbascophones assertifs bien placés dans les dynamiquessociales et les centres de décision. Et, enfin, que lesoutien social à l’euskara ayant augmenté, il disposerad’un écosystème lui permettant de se développer toutnormalement.

• Capital culturel

– Le scénario souhaitable est celui où, face aux tendancesd’uniformisation, la société basque assume

Tendances positives

Au cours de la décennie qui a débuté en 2010, la « nouvelleère politique » a assoupli la société basque et a marqué uneinflexion dans les relations entre les institutions publiques etles organisations sociales de l’euskara. Les indicateurs decette inflexion sont, par exemple, le kilomètre parcouru lorsde la Korrika 2017 par les représentants des deux tendances,sur le pont reliant Hendaye et Béhobie ; ou l’initiativeEuskaraldia, fruit prometteur de la collaboration public-social ;ou, pourquoi ne pas le dire, l’empathie et la convergence quis’est produite entre ceux qui ont participé à la dynamiquee5, en surmontant la confrontation du passé. Une nouvelleeuskalgintza, empathique et collaborative, est en traind’émerger.

Par ailleurs, il y a eu un changement politique en Navarre, avecle dernier gouvernement, et la Communauté Pays Basque /Euskal Hirigune Elkargoa a été créée au Pays BasqueContinental, regroupant les trois territoires historiques dunord. De sorte que, pour la première fois depuis des siècles,dans les institutions couvrant toute la Vasconie, il existe despolitiques actives en faveur de l’euskara ; mieux encore, lestrois principales administrations disposent d’un cadre decollaboration pour mutualiser ces politiques, dans un souci decomplémentarité et d’intérêt commun. Ce qui pourrait servirde base à une convergence en politique et en stratégielinguistique, dans le respect des réalités locales. En d’autrestermes, la possibilité de commencer à construire le pays del’euskara.

Scénarios

Six capitaux ont été identifiés et le scénario suivant a étéenvisagé dans chaque cas, à l’horizon 2040 :

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• Capital politique

– Nous avons imaginé que, grâce aux accords appropriés,la langue basque aura, en 2040, un statut juridiquesuffisant pour que les droits de ses locuteurs ne soientpas enfreints ; qu’il y aura une collaboration structuréeentre les institutions publiques et sociales de l’euskara,ainsi qu’entre les différents territoires ; et enfin, que lacommunauté de l’euskara aura assumé la place et laresponsabilité qui lui revient dans l’ensemble deslangues minorisées et petites du monde.

Agenda

Ci-après, les idées principales des propositions figurant dans leLivre Blanc.

Actifs et lignes d’action pour développer le capital humain

• Connaissance de la langue

– Compréhension universelle : afin d’accroître laconnaissance, pour surmonter les conflits entrelocuteurs de langues différentes et assurer lacoexistence linguistique, il convient d’appliquer unestratégie visant la compréhension universelle, de sorteque l’option linguistique soit possible dans desconditions d’égalité.

• Capacité linguistique

– Suffisance : d’une part, transformer le système éducatifpour renforcer le processus de récupération, engarantissant la suffisance linguistique ; d’autre part,mettre à la disposition de tous les citoyens basques lesystème d’euskaldunisation (gratuit et flexible). Dans lesdeux cas, l’objectif est d’obtenir des locuteursfonctionnels capables de communiquer en euskara aumoins aussi correctement qu’en espagnol ou en français.

majoritairement le caractère de l’euskara, qui devientun élément de cohésion dans un environnement dediversité culturelle et linguistique croissante. Unscénario dans lequel les créateurs et les récepteurss’activent pour que, à la fois dans les consommationsde masse et minoritaires, les produits en euskaratrouvent une place digne ; et où les moyens nécessairessont mis en place pour que les contenus en euskarasoient prioritaires dans la transmission culturelle.

• Capital (infra)structurel

– Nous avons imaginé que, en 2040, les administrationspubliques seront pleinement en mesure de garantir lesdroits des bascophones et d’être le moteur duprocessus de revitalisation linguistique, encollaboration avec les acteurs sociaux ; que le systèmede médias en euskara, basé également sur lacollaboration public-social, sera développé ; que, dansl’environnement numérique, la stratégie sera unifiée,afin de tirer parti des possibilités offertes par l’euskara,et que les connaissances seront gérées de manière à ceque les initiatives en euskara aient un impactconsidérable sur la société.

• Capital économique

– Au cours des deux prochaines décennies, il estnécessaire que l’euskara devienne la langue habituelledu travail, afin que la contribution du système scolairese prolonge dans la trajectoire professionnelle de lajeunesse ; et que l’industrie linguistique atteigne uneposition préférentielle, étant donné que notre processusde revitalisation est à l’avant-garde ; et, en général, quel’euskara dispose des moyens suffisants et stables qu’ilmérite, ce qui permettra d’augmenter le poids relatif dela communauté bascophone dans la société.

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Actifs et lignes d’action pour développer le capital culturel

• Identité

– L’identité basque, en euskara : élaborer uneproposition multimodale favorisant les références eneuskara dans tous les domaines de la société, enutilisant des registres formels et informels dans tous lescanaux.

• Création

– Création et consommation : promouvoir la création etla consommation de contenus en euskara, afin derenforcer l’auto-organisation des créateurs et le soutienpublic, et d’améliorer la position des produits eneuskara dans la consommation de masse.

• Connaissance

– Gestion de la connaissance : sachant que l’utilisationd’Internet comme vecteur de transmission culturelle estune réalité de plus en plus répandue, recueillir,sauvegarder systématiquement et offrir de la manière laplus utilisable possible tous les contenus publiés eneuskara ou liés à cette langue, dans le cadre des fonctionsà exercer par la Bibliothèque Nationale Basque.

Actifs et lignes d’action pour développer le capital des(infra)structures

• Planification

– Planification pour euskalduniser l’administration etles services : parvenir à un consensus entre les acteurspublics et sociaux sur la planification à long termepour euskalduniser l’administration, l’enseignement etles services, afin que les bascophones aient lapossibilité d’exercer leur option linguistique et queleurs droits soient garantis.

• Attitudes actives

– Activation et attitudes : parallèlement à l’expansion del’euskara, développer une conscience des valeurslinguistiques nécessaires pour promouvoirl’engagement du locuteur et une attitude active.

Actifs et lignes d’action pour développer le capital social

• Normes

– Droits linguistiques et normes : pour augmenter laprésence de l’euskara dans la société et garantir l’égalitélinguistique, placer les droits linguistiques au mêmeniveau que le reste des droits sociaux, en les intégrantdans les lois et les normes de tous les domaines. À cetégard, il convient de souligner le Protocole pour laGarantie des Droits Linguistiques, signé à Donostia/SanSebastián en 2016.

• Mouvement social

– Euskalgintza : revitaliser, transformer et renforcer lemouvement social né au sein de la communauté del’euskara, en attribuant les fonctions et ressourcesnécessaires et en les coordonnant efficacement, demanière à ce qu’il ait la capacité d’influencer en faveurde l’euskara dans tous les domaines stratégiques.

• Alliances

– Alliances : associer la dynamique de revitalisation del’euskara à d’autres dynamiques socioéconomiques etculturelles essentielles dans la société, afin qu’elles serenforcent mutuellement.

• Soutien social

– Soutien social : alimenter et favoriser au sein de lasociété un engagement en faveur de l’euskara, endiffusant les messages et les connaissances nécessaires.

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Troisième séance. Societé :diversité et cohésion(Iruña/Pampelune,26-10-2018).

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l’euskara ait un poids important dans les principalesstratégies et décisions.

• ressources

– ressources pour l’euskara : doter de ressourcessuffisantes les stratégies visant à accroître lacollaboration public-social et l’influence sur laréglementation, afin de surmonter la précarité etd’accroître la compétitivité.

Actifs et lignes d’action pour développer le capitalpolitique

• Lois

– L’euskara et la loi : dans le respect de la flexibilitérequise par les différentes réalités sociolinguistiques,utiliser la capacité de la loi pour rendre l’euskaranécessaire dans un nombre croissant de domaines, àcommencer par le niveau de compréhension.

• Collaboration

– Collaboration linguistique entre le secteur publiqueet la société et entre les territoires : promouvoirl’action conjointe de toutes les institutions publiques etsociales œuvrant dans le domaine de l’euskara de tousles territoires, afin de combiner et d’appliquer lespolitiques et stratégies linguistiques, en accordant lapriorité à la collaboration.

• Coopération

– Solidarité linguistique : créer et développer un réseauinternational de relations entre les langues minoriséeset petites à travers le monde, pour travailler ensembleen faveur d’intérêts communs et gagner ainsi encapacité d’influence.

• Médias

– Médias : consolider la collaboration public-socialgarantissant et orientant le développement des médiasen euskara, afin qu’ils fonctionnent comme un systèmequi gagne des espaces d’hégémonie pour l’euskara.

• Connaissance

– Connaissance de la sociologie linguistique :structurer la recherche systématique et étroitementliée à la pratique du processus de revitalisation del’euskara dans un centre de sociolinguistique, encréant un réseau de centres de connaissances et leliant à l’action.

• Environnement numérique

– Stratégie numérique de l’euskara : mettre en oeuvreune stratégie numérique innovante qui place la languebasque au centre, en utilisant efficacement laconvergence et le développement technologique.

Actifs et lignes d’action pour développer le capitaléconomique

• Langue de travail

– L’euskara en tant que langue de travail, en particulierchez les jeunes : coordonner les normes, les discours etles impulsions, de sorte que les principales entreprisescontractantes adoptent systématiquement des profilslinguistiques lors de l’embauche de personnel, et quedes circuits de travail soient créés en euskara.

• Industrie

– L’industrie de l’euskara : articuler et orienterl’industrie de la langue, afin qu’elle exerce uneinfluence croissante dans les domaines économiques,de sorte que le secteur politico-économique de

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L’artificialisation est l’un des processus qui déséquilibre leterritoire et qui nuit au patrimoine naturel. Le degréd’artificialisation des dernières décennies est très élevé ;d’autant plus que les tendances sociales et économiques denotre société n’ont pas changé.

Si un territoire résilient doit se développer avec un degré élevéde complémentarité et de coopération interterritoriale, ilconvient de noter que, dans notre cas, notre cultureadministrative et nos institutions socioéconomiques etsocioculturelles développent généralement des niveaux decollaboration très faibles avec les territoires basques les plusproches. De même, les dynamiques en faveur d’uneinstitutionnalisation commune sont très faibles dans uncontexte atomisé.

L’identité commune s’affaiblit, car il n’y a pas de réseauxsectoriels solides au niveau de la Vasconie qui la renforcent.

La visibilité des territoires basques dans le monde est trèslimitée ; les étrangers ne perçoivent guère le fait différentielbasque à première vue.

Tendances positives

Le territoire a été l’élément de cohésion de la communautébasque à travers l’histoire et les axes fonctionnels du territoireont été préservés dans tous les domaines. Aujourd’hui, nousavons atteint un certain niveau d’institutionnalisation dans tousles territoires basques, ce qui permet de générer des synergiesde collaboration matérielle et fonctionnelle.

La durabilité est une préoccupation claire pour les citoyensbasques et on peut dire que le degré d’accord pour prendredes mesures en vue de nouveaux scénarios de durabilité estélevé. Cet objectif est cohérent avec l’objectif depréservation de la santé des petites villes et des régions,

4. Dynamiques territoriales : del’atomisation à la coopération, par la voiede la durabilitéLe territoire étant notre objet d’étude, les exercicesparticipatifs menés pour élaborer le contenu de ce Livre Blanc ont mis en évidence des questions relatives à : 1) la coopération interterritoriale ; 2) la préservation del’environnement naturel et l’aménagement du territoire ; 3) la stratégie économique applicable au territoire (les priorités, la localisation par rapport à l’efficacité, latransition productive par rapport à un impactenvironnemental moindre...). Nous allons commencer parexposer les tendances :

Tendances négatives

Les espaces métropolitains sont de plus en plus larges et lasituation des zones rurales de plus en plus fragile. En outre, onconstate une importante périphérisation des zones demontagne. Cette tendance est la conséquence d’une grandechaîne de phénomènes. La métropolisation concentre unegrande quantité de ressources et présente un degré élevé deségrégation, avec des incidences importantes sur la cohésionsociale. De même, si les zones rurales perdent de la population,la masse critique nécessaire au développement des petites villeset des régions s’affaiblit.

Le modèle économique en vigueur cherche à maximiserl’efficacité économique, il est fortement concentré dans deszones spécifiques du territoire et il génère un nombred’emplois limité, bien que hautement qualifiés. Il s’avèrenécessaire de promouvoir un modèle qui renforce l’économiesur l’ensemble du territoire, qui génère des emplois et tireparti des capacités endogènes de chaque région.

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communauté basque mondiale, nous avons la possibilité denous ouvrir au monde et de faire connaître qui nous sommes.

Scénarios

• La mise en œuvre d’initiatives stratégiques visant larecherche d’un équilibre territorial est envisagée. Maiscela nécessite d’identifier les zones rurales et dereconnaître leurs fonctions. pour travailler ensuite surleur complémentarité avec les espaces urbains etmétropolitains. Dans ce sens, plusieurs aspects doiventêtre travaillés. D’une part, des initiatives doivent êtreactivées en faveur du renforcement de la population, del’économie ou du bien-être des petites communes (en particulier dans les zones de montagne). Et, dans cedomaine, le premier secteur joue un rôle particulier.Cependant, le rééquilibrage du territoire nécessiteégalement des initiatives pour surmonter la ségrégationdans les zones métropolitaines, garantissant ainsi lebien-être dans son ensemble.

• Les nouveaux paradigmes de durabilité doivent seconcrétiser si nous voulons conserver notre patrimoinenaturel. Cependant, cet objectif nécessite de modifierles tendances actuelles et principalementl’artificialisation du milieu naturel ou des activités quipolluent l’atmosphère. De plus, nous devons repenserde nombreux comportements, qui affectentactuellement le territoire.

• La réactivation du territoire nécessite que le projetéconomique soit diversifié, tire parti de lacomplémentarité territoriale et soit efficace pour créerdes emplois et partager les richesses. En d’autres termes,tout comme les activités les plus spécialisées exigent desécosystèmes adéquats, les secteurs créant le plus

ainsi qu’avec celui de la valorisation de l’activité despaysans et agriculteurs.

Nous avons de puissants écosystèmes régionaux et sectoriels,qui ont un impact sur l’économie. Il convient de souligner lecaractère innovant des entreprises, le fait que nous possédonsun réseau de formation solide, des organisations orientées versla facilitation de l’innovation, etc. L’économie basque disposed’une base adéquate pour continuer à se renforcer et à sediversifier sur de nombreux points de sa géographie.

La structure du territoire est polynucléaire, ce qui favorise sonéquilibre. La société basque s’est formée dans lescommunautés locales structurées autour des capitalesprovinciales et des chefs-lieux de région. La Vasconie actuelleest formée de territoires d’identité solide, dotés d’un capitalsocial important et très orientés vers l’entrepreneuriat,l’autogestion et la collaboration.

Ce qui a permis le développement d’une forte tendanceascendante à l’entrepreneuriat, c’est-à-dire du bas vers le haut.Dans le passé, nous l’avons constaté dans des situations tellesque la récupération de l’euskara et le dépassement de la criseindustrielle ; et plus récemment, nous le constatons dans ledéveloppement de l’agenda du Pays Basque Continental et sapropre institutionnalisation.

Les réseaux d’initiatives citoyennes font preuve d’une grandeconfiance envers les propres institutions du pays. La défensedes institutions et de leurs compétences, ainsi que le droit dedécider, sont majoritairement revendiquées. Parmi les optionspour articuler tout cela, il existe différentes formulations.

Nous avons une bonne réputation parmi ceux qui connaissentnotre travail : la marque basque se vend bien ; nous sommesmême des référents dans certains domaines. Et vu laréactivation qui est en train de se produire au sein de la

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domaines et milieux sociaux. La collaboration et lacomplémentarité peuvent faire de la Vasconie unterritoire résilient doté d’un niveau de développementsocial remarquable. Elles peuvent également nous aider àsurmonter l’atomisation actuelle. De la même manière, larégionalisation préconisée par l’Union européenne peutoffrir des opportunités intéressantes, si nous sommes enmesure de conclure des accords qui nous mettent surcette voie.

Agenda

Nous nous sommes demandés quelle serait la stratégieterritoriale la plus efficace. Et la réponse est : un agenda bienchargé.

• Sur la voie de l’équilibre territorial.

– Valoriser le milieu rural et activer une initiativeinstitutionnelle reconnaissant ses fonctions etdéfinissant spécifiquement son statut.

– Mettre en œuvre des plans favorisant le renforcementde la population, de l’économie ou du bien-être despetites communes.

– Mettre en œuvre une initiative institutionnellereconnaissant la ségrégation territoriale générée par lamétropolisation.

– Développer une ligne d’action stratégique visant àvaloriser le premier secteur (influencer la culturealimentaire des citoyens, préserver les sols à valeuragrologique, augmenter la production, renforcementde la commercialisation des produits locaux…).

– Promouvoir des projets locaux, basés sur le capitalsocial local et sur des accords solides, dans le respectdes décisions adoptées (subsidiarité).

d’emplois, les projets générant des avantages sociaux etles initiatives valorisant les atouts locaux ont égalementbesoin d’un élan particulier, afin de revitaliser leterritoire dans toute sa complexité.

• L’opportunité d’articuler un imaginaire commun surles territoires basques et la communauté basque, ainsique de mettre en valeur les éléments qui nous unissent,au lieu de ceux qui nous séparent. Pour cohésionner ungroupe humain, il est essentiel d’encourager lesentiment de communauté. En ce sens, il est proposé dedébattre et de construire un imaginaire commun quienglobe et canalise les divers sentiments d’identité. Cetimaginaire doit inclure non seulement la communautébasque globale, mais aussi les personnes qui ontrécemment rejoint notre communauté et leursdescendants.

• Les bases communes de la cohésion et de la solidaritéentre les territoires basques doivent être construites demanière sociale, économique et politique, en assumantla diversité territoriale comme un patrimoine. De lamême manière, pour cohésionner les territoiresbasques, il est essentiel de disposer de citoyensautonomisés, partageant les conditions de base requisespour permettre à l’ensemble de la population de menerune vie digne (« bien vivre »). Il s’agit de doter decontenu et de renforcer la citoyenneté basque à l’aidede droits.

• L’opportunité de construire des structures partagéespour l’ensemble de la Vasconie ; qui montrel’importance de promouvoir des structures communescanalisant la coopération et la cohésion entre lesterritoires basques. Ces structures, en plus d’agir dans ledomaine public, doivent être impulsées dans divers

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– Réactivation des zones les plus problématiques enmatière de ségrégation, en particulier dans lesenvironnements métropolitains. et mise en œuvre deprojets pour leur renforcement.

• renforcement de l’imaginaire et des contenuscommuns de la communauté basque.

– Proposition pour représenter et faire connaître lesavantages des valeurs de cohésion de l’euskara et laculture. Accorder de l’importance à la politiquelinguistique et, en particulier, au processusd’euskaldunisation, en tant qu’élément de cohésion.

– Commencer à articuler le tissu éducatif, les réseauxprofessionnels et commerciaux et la communautéscientifique.

– Mettre en œuvre les délibérations publiques sur lesoutils permettant de renforcer la carte mentale desterritoires basques : de la marque basque (avec unregard interne et externe) à la connaissance de notrehistoire ou de notre système communicatif,

• Promotion d’une citoyenneté basque commune.

– Mise en oeuvre d’un processus délibératif etdémocratique bottom up permettant l’établissementd’axes ou de normes communes garantissant une viedigne aux citoyens basques, dans le but de partager le« système basque de bien-être » sur tous les territoires.

– Développement de propositions pour la mise en œuvrede politiques publiques favorisant la cohésion socialedans tous les territoires basques, dans le but d’atteindreun équilibre social, économique et politique entre lesterritoires.

– Valorisation et utilisation des structures degouvernance démocratique existantes, afin de générer

• Vers un nouveau paradigme de durabilité.

– Protection des sols agricoles – principalement dans leszones périurbaines – contre l’artificialisation (la préservation du patrimoine naturel est fondamentale pour l’autosuffisance alimentaire).

– Réduction, autant que possible, des activités nuisibles à l’environnement naturel et mise en œuvre des pratiques alternatives. Construction duconsensus social et son intégration dans un systèmejuridique.

– Construction du futur imaginaire partagé de laVasconie, sur les axes territoriaux suivants : richepatrimoine naturel et environnement rural dynamique ; paradigmes de durabilité visant latransition ; activités économiques avancées etrésilientes sur l’ensemble du territoire.

– Promotion de la consommation durable baséenotamment sur les circuits courts, en matièrealimentaire. Créer, entre autres, des Conseils Régionauxde l’Alimentation, ainsi qu’un Observatoire del’Alimentation.

• Développement d’un projet économique qui renforcele territoire, dans toute son ampleur.

– Analyse des secteurs exclus des stratégies de spécialisationintelligente et étude de leur impact éventuel.

– Mise en œuvre de programmes de projetscommunautaires visant à promouvoir des activitésendogènes dans les zones rurales et dans les secteurséconomiques locaux.

– Promotion d’activités et de modèles d’entreprise àvocation sociale destinés, notamment, aux zones deplus grande vulnérabilité.

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Quatrième séance.Développementsocioeconomique : sociétébasque et entreprise(Bilbao, 09-11-2018).

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– Attribution d’une fonction spécifique à EuskoIkaskuntza dans le débat sur la cohésion et la solidaritédes territoires basques, en tant qu’entité consultative etdynamisatrice du débat social.

5. Modèle de Bien-être : préserver la vie,créer et distribuer la richesseLe Livre Vert, qui est à la base de ce processus de réflexion,affirme que « dans un monde planétaire et globalisé, sansnotre propre État et sous différentes administrations, nousavons besoin d’un projet commun, même minimum, sinonnous finirons par nous diluer dans la société planétaire ». Laprincipale conclusion du processus de réflexion, et l’idéeénoncée dans ce chapitre, est que la recherche de l’inclusionsociale et la qualité de la vie de tous les citoyens doivent êtrela base de ce projet commun. Comme dans le cas d’autrespetits pays – Écosse, Québec, Finlande... –, l’élaboration d’unmodèle de protection sociale large, efficace et durable peut être considéré en Euskal Herria comme un projet depays, comme un outil pour l’articulation et la cohésioninterne.

Afin de construire une société, une communauté soucieuse dela vie et de la dignité de tous les peuples, qui tienne comptedes liens générationnels, une société à solidaritéintergénérationnelle offrant des opportunités aux jeunes sansminimiser la sagesse de sa population la plus âgée, et soucieusede laisser aux générations suivantes un capital culturel, naturel,économique et social.

Pour mener à bien ce projet de pays, il est essentiel dereconnaître la contribution des entreprises basques et du tissuproductif à la création d’emplois et de richesse. La relationentre le modèle productif et le bien-être social est

cette citoyenneté commune, en particulier les outils decoopération et d’intégration territoriale existants ausein de l’Union européenne.

• Promotion d’une nouvelle culture politique etdémocratique commune.

– Appréciation des leçons tirées du conflit vécu. Faireconnaître les outils et les initiatives créés poursurmonter le conflit – initiatives sociales convergentesdu Pays Basque Continental et du Pays BasquePéninsulaire – et leur utilisation pour renforcer le« système de valeurs basque ».

– Mise en oeuvre d’un processus constitutif participatifvisant à approfondir la cohésion et la solidarité desterritoires basques.

– Encourager les échanges d’expériences entre lesterritoires basques à travers des actions concrètes et,principalement, entre acteurs socioéconomiques,culturels et locaux.

• Vers la structuration partagée des territoires basques.

– Représentation des outils, des compétences et de la « carte des ressources » renforçant la cohésion des territoires basques, le tout dans le cadre de lastratégie de la connaissance et de la collaborationmutuelle.

– Mise en œuvre d’une ligne de réflexion au sein desinstitutions basques sur la possibilité de partager lescompétences, de renforcer les axes vertébrateurs et lemodèle de structuration partagée le plus efficace.

– Articulation de nos propres outils financiers, afin derenforcer la cohésion entre les territoires basques. Dansle même ordre d’idées, articuler un fonds definancement au bénéfice de la cohésion territoriale.

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Un système de formation professionnelle avancé dans lecontexte d’une conception intégrale, en tant que processusdynamique et ininterrompu tout au long de la vie despersonnes. La formation est un élément clé face aux tendancesde polarisation et de précarisation du marché du travail. Cetaspect suscite un très grand consensus auprès des personnes,des acteurs et des institutions, et il met en relief la nécessitéassumée majoritairement de réviser et de perfectionner lessystèmes actuels. Cependant, la qualité de notre système deformation professionnelle et l’existence d’initiativesnormatives qui conçoivent le processus de formation d’unpoint de vue intégral et tout au long de la vie, sont devéritables atouts à prendre en compte.

Un tissu productif consolidé et un ensemble d’expériencesdiverses, qui constituent une culture d’entreprise solide etpermettent d’affronter les transformations nécessaires. L’undes principaux points forts des territoires basques estprobablement l’existence d’un tissu productif solide, capablede générer des niveaux élevés de richesse et d’égalité, aumoins par rapport à d’autres pays et régions de notreenvironnement. S’il est vrai que les différences régionales etterritoriales sont très importantes à cet égard – la situationn’est pas la même sur la côte du Labourd (Lapurdi), dans leHaut Deba, en Navarre, sur la Rive Gauche ou dans la Plaine del’Alava–, on peut cependant affirmer que, dans l’ensemble, ilexiste en Euskal Herria un tissu productif compétitif,raisonnablement intégré dans une économie mondialisée, qui,d’une part, génère moins d’inégalités et de pauvreté qued’autres modèles de production et, d’autre part, permet definancer les politiques sociales.

Plus particulièrement, il existe dans la réalité basque diversesstructures juridiques pour soutenir l’activité productive, ce quia permis l’émergence et la consolidation d’expériences très

bidirectionnelle. Il n’y a pas d’État-providence sans un modèleproductif solide, et il en est de même à l’inverse : les systèmesde protection sociale, quand ils sont bien conçus, génèrent unretour économique, qui stimule et favorise l’activitééconomique.

Une autre prémisse fondamentale sur laquelle ce texte estfondé est la considération d’un emploi de qualité en tant quemécanisme privilégié pour l’inclusion sociale, de même que lapriorisation des mécanismes de distribution primaire de larichesse.

5.1. Diagnostic

Les forces de l’économie et de la société basque identifiéestout au long du processus sont les suivantes :

L’adaptabilité, la capacité d’innovation et la vocationd’entrepreneuriat. Les points forts et les traits distinctifs del’économie basque résident avant tout dans sa capacité às’adapter à un environnement en mutation, ainsi que dans lepotentiel d’entrepreneuriat et de transformation despersonnes, qui sont le moteur et la garantie de continuité desprojets.

L’existence de pratiques organisationnelles basées sur desvaleurs qui transcendent la recherche de bénéficesstrictement économiques. L’existence de certaines valeurs quigravitent autour des pratiques de coopération ou qui ontfavorisé des projets économiques et du Tiers-secteur, à vocationsociale claire, ne constitue pas seulement une caractéristiquespécifique des expériences concrètes de réussite, mais undénominateur commun, explicite ou implicite, de bon nombred’initiatives et de projets. Le tout ayant contribué audéveloppement socioéconomique des territoires basques et àune croissance économique raisonnablement équilibrée.

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sociales. Les lois sur les Services Sociaux et la garantie derevenus en Navarre et en Euskadi, les politiques françaises – au niveau national – d’aide aux familles, la Loi Basque surle Logement... ne sont que quelques exemples del’existence, dans les territoires d’Euskal Herria, d’un cadrede droits sociaux raisonnablement développé, plus généreuxet plus consolidé que dans de nombreuses autres régionsd’Europe.

Les personnes qui ont participé au processus de réflexion onttoutefois souligné la nécessité de progresser dans lareconnaissance réelle des droits de toutes les personnes,au-delà de leur reconnaissance théorique.

Solvabilité technique et capacité d’innovation dans ledomaine des Services Sociaux. Au moins dans le cadre del’État espagnol, les territoires basques se caractérisent par uncertain leadership dans le développement des politiquessociales et on peut affirmer qu’il existe en Euskal Herrria unniveau élevé de solvabilité et de capacité d’innovation dans ledomaine des Services Sociaux.

Un tissu social actif, mobilisé et engagé. Comme indiqué dansle Livre Vert, les territoires basques sont traditionnellement desterritoires de coopération. En effet, la société basque a eu etpossède encore un tissu social étendu, pluriel et actif. En cesens, parmi les points forts des territoires d’Euskal Herria enmatière de protection et de bien-être social, il convientégalement de mentionner le capital social représenté par lesinstitutions du Troisième Secteur – particulièrement actives enNavarre, en Iparralde et en Euskadi –, l’importance del’économie sociale et le degré de coopération public-privédans ce domaine.

significatives dans le domaine du travail coopératif et del’économie sociale et a également généré un réseau étendud’initiatives à but non lucratif, qui constituent un actifsupplémentaire.

Un large soutien de la part des citoyens, bien qu’ambivalent,à l’égard de l’État providence. La population d’Euskal Herriasemble valoriser positivement le modèle de protection socialeet elle se montre pas favorable à la réduction ou au recul desdroits sociaux. Les experts en la matière avertissent égalementque le positionnement de la société basque est ambivalent :d’une part, la citoyenneté apparaît comme un fervent partisande l’État-providence, mais, de l’autre, elle considère que cedernier est devenu une machine géante impossible decontrôler.

Une architecture institutionnelle qui, dans la plupart desterritoires de Vasconie, permet, dans une plus ou moinsgrande mesure, de définir ses propres politiquesbudgétaires, orientées vers des modèles de développementet de distribution des ressources plus équilibrés etéquitables. Au-delà des différences idéologiques etconceptuelles relatives au degré d’autonomie ou desouveraineté fiscale nécessaire ou souhaitable, à la fois enEuskadi et en Navarre, la consolidation de l’accordéconomique, en tant que formule de relation avec l’État pourla collecte, la distribution et l’allocation de ressourcespubliques, constitue un outil incontournable pour laconception et le maintien de nos propres politiques.

Un cadre législatif solide dans le domaine social. Ilconvient également de noter – sans négliger les différencesinstitutionnelles, organisationnelles et normatives quiexistent entre Iparralde, la Communauté Autonome Basqueet la Navarre – l’existence dans ces trois territoires de cadresnormatifs relativement avancés en matière de politiques

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rupture du lien existant entre emploi et inclusion sociale.L’emploi salarié n’est plus une garantie suffisante de protectioncontre la pauvreté et l’exclusion, et l’idée que la meilleurepolitique sociale est l’emploi perd de son sens.

Augmentation de l’inégalité/des inégalités et difficultéspour assurer la mobilité sociale. Dans ce contexte, on assiste,dans les pays de notre environnement de même que dans lesterritoires basques, à une préoccupation croissante à l’égarddes inégalités, et notamment des inégalités de revenus.L’amélioration récente des indicateurs mesurant les inégalitéset l’amélioration de la situation des territoires basques, parrapport aux autres territoires de notre environnement,n’arrivent pas à masquer la persistance de poches de pauvreté,qui affectent de manière disproportionnée certains collectifsspécifiques (familles avec enfants, tout spécialementnombreuses et monoparentales ; jeunes, immigrés, personnespeu qualifiées...), la chronification des situations de pauvretéles plus graves et, surtout, la consolidation de l’écart entre unpourcentage important de la population vivant en situation debien-être et un secteur, minoritaire mais important, installédans la précarité.

Défi démographique Les territoires basques, dans unemoindre mesure en Ipar Euskal Herria, se caractérisent par destaux de natalité et de fécondité faibles, dus en grande partieaux conditions socioéconomiques découlant de la précarité del’emploi et du logement, à des politiques de soutien auxfamilles inadéquates, mais aussi à des conditionnementsculturels. Dans ce contexte, beaucoup de personnes retardent ladécision d’avoir des enfants et/ou ont moins d’enfants queceux souhaités.

Cette situation est due, outre à la précarité de l’emploi et dulogement, au fait que la société basque n’a pas été en mesure derésoudre l’un des principaux défis des sociétés européennes :

5.2. Tendances

On observe les tendances suivantes, générant des incertitudeset des difficultés :

Impact de la numérisation et de la robotisation sur lemarché du travail. Il existe un niveau élevé d’incertitudeconcernant l’évolution prévisible de la quantité et descaractéristiques de l’emploi disponible dans le contexte dessociétés et économies globalisées, très compétitives et en voiede numérisation, de robotisation et d’intégration croissante del’intelligence artificielle.

risque de polarisation et de précarité du marché etdéséquilibres à court et moyen termes entre lesqualifications accréditées par les demandeurs d’emploi etcelles requises par les employeurs. Au-delà de ces disparitésquant à l’évolution prévisible de l’emploi en termesquantitatifs, des déséquilibres importants pourraient seproduire à l’horizon de la prochaine décennie dans l’ensembledes territoires basques (bien que de différente intensité). Nonseulement quantitativement, en raison de l’insuffisance de lapopulation active dans un contexte de croissance économiqueet de vieillissement démographique associé à l’offre demétiers, mais aussi qualitativement, du fait de la nonadéquation des demandeurs au profil des postes offerts,compte tenu de la transformation et de la technisationaccélérée des processus de travail et de l’apparition continue denouvelles exigences professionnelles.

Crise salariale en tant qu’ascenseur social et émergence duprécariat. L’un des défis fondamentaux auxquels sontconfrontés nos modèles de protection sociale est la précaritédu marché du travail et l’émergence du précariat, en tant quecatégorie sociale. L’effet principal de la précarité de l’emploisur les modèles de protection sociale et d’inclusion est lié à la

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diversité devient encore plus importante si l’on prend encompte la nécessité de maintenir un solde migratoire positifpour répondre aux besoins découlant du vieillissement de lapopulation et que, selon de nombreux spécialistes, lesÉtats-providence traditionnels ont été conçus pour fonctionnerdans des contextes homogènes sur le plan ethnique, culturel etreligieux. La diversité culturelle, affirment les théoriciens,affaiblit les liens qui rendent possible la solidarité collective.

5.3. Scénarios et propositions

En ce sens, les lignes de progrès possibles, issues du processusde réflexion mené, sont les suivantes :

Le Bien-être comme projet commun

• Avancer dans le paradigme de l’investissement social ;combiner prédistribution et redistribution.

– Actualiser le modèle classique de bien-être social, parla promotion de deux approches ou paradigmesétroitement liés : la prédistribution et l’investissementsocial. L’idée est qu’il vaut mieux agir ex ante (parl’éducation, la régulation du marché du travail ou ladotation d’un revenu de base) qu’ex post, par le biais demesures de redistribution coûteuses, qui génèrent desincitations perverses et des effets indésirables.

• Avancer dans la consolidation d’un système solide degarantie de revenus.

– Avancer vers des formes de garantie de revenus plusindividualisées, plus agiles, plus normalisées et moinsconditionnelles.

– Profiter des Trésors Publics régionaux commeinstrument pour une plus grande intégration de lapolitique fiscale et garantie de revenus. Une application

l’incorporation des femmes au travail salarié n’a pas étéaccompagnée de l’adaptation des structures sociales à cettenouvelle réalité, ni d’une coresponsabilité suffisante deshommes dans les tâches de procréation et de soins.

Jeunes en risque de précarisation. Les nouvelles générationssont confrontées à un monde en mutation, numérisé etglobalisé, qui nécessite un nouveau paradigme en matièred’éducation et d’apprentissage. L’écart entre la société etl’éducation se creuse de plus en plus et, bien que la générationactuelle soit la plus instruite de l’histoire, il existe une certaineinadaptation des compétences. La situation de précaritécroissante et d’absence d’opportunités, conjuguée auxpolitiques d’entrepreneuriat des jeunes qui échouent, nousplace devant un scénario de décapitalisation de l’avenir quenous devons éviter.

Vieillissement et crise des soins. Le défi démographiqueauquel sont confrontés les territoires basques est égalementlié au vieillissement de sa population et au poids croissant despersonnes âgées dans sa structure démographique, qui ne vacesser d’augmenter dans les années à venir. La croissance del’espérance de vie – une conquête sociale de premier ordre –implique également la nécessité d’apporter une réponsedurable à la crise des soins, en recherchant des formulespermettant d’associer les tâches productives et procréatives,dans un contexte de vieillissement démographique. Il estnécessaire de réfléchir sur l’attention qu’il convientd’accorder aux personnes âgées, sous l’angle des soins centréssur la personne.

Le défi de la diversité. Enfin, l’affluence croissante despersonnes d’origine étrangère dans les territoires basquesoblige à mettre sur la table, comme défi essentiel, la gestion dela diversité et la nécessité d’intégrer sur des valeurs partagéesdes personnes d’origines très différentes. La question de la

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le destinant directement au financement de ladépendance.

• revoir l’articulation des compétences et l’organisationterritoriale des Services Sociaux.

– Définir et délimiter la répartition des fonctions entreles services sociaux et les services de l’emploi, de lasanté, de l’éducation et du logement.

– Préserver l’unité du système et l’égalité de lacitoyenneté, en renforçant des mécanismes communstels que, en Euskadi, l’Organe Interinstitutionnel desServices Sociaux, l’Observatoire et le Systèmed’Information des Services Sociaux, et, en particulier, laHaute Inspection des Services Sociaux.

• Améliorer la gestion des connaissances et la r&D&Idans le domaine des politiques sociales.

– Développer des initiatives orientées vers l’innovation etla gestion des connaissances dans ce domaine. Articulerdes centres de R&D&I solvables et des initiatives visantà identifier les besoins sociaux, à garantir des soins dequalité, à améliorer la formation et laprofessionnalisation et à évaluer l’impact des politiquespubliques.

L’autonomie personnelle, la préservation de la vie et larelève générationnelle

• Promotion de politiques pour l’autonomie personnelle.

– Face à la dépendance, la promotion de l’autonomiepersonnelle apparaît comme un actif. Le scénariosouhaité recherche la responsabilisation, pour une plusgrande autonomie personnelle, l’intégration dans desréseaux sociaux de proximité (réseaux de confiance) etla rupture avec les dynamiques de la solitude. Et tendre

possible serait l’impôt négatif, pour certains collectifsde population.

– Et prendre des mesures pour le bon fonctionnement dusystème public de retraite : l’extension des systèmes deprévision volontaire et le transfert de la gestion de laSécurité Sociale pourraient s’avérer des outils utilespour améliorer le système.

• Nouvelles formes de création d’emploi de qualité.

– Créer des emplois de qualité dans le domaine desservices sociaux et de la prise en charge de ladépendance. Ce type d’emploi améliorerait les serviceset les soins, ainsi que la qualité de vie de nombreusesfemmes migrantes qui travaillent en situationirrégulière. Une alternative raisonnable pourrait être lacréation de coopératives de soins.

– Impulser la figure de l’Accord Social, afin de préserveret de valoriser l’action des institutions du Tiers Secteur.

– Promouvoir la création d’emplois, par le biais deprogrammes de relève générationnelle, dansl’administration publique et dans l’ensemble du tissuproductif.

– Mettre en place des mesures de promotion del’économie sociale et des entreprises d’insertion, etexpérimenter des formules de garantie d’emploi pourles collectifs défavorisés.

• repenser la fiscalité.

– Analyser des formules pour augmenter la capacité derecouvrement, en tenant compte du double effet despolitiques fiscales (leur effet sur la compétitivité relative).

– Établir des taxes et des cotisations finalistes pour lefinancement de la dépendance. L’impôt sur lessuccessions pourrait être un instrument raisonnable, en

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• Promouvoir des politiques familiales, de l’enfance etde la jeunesse, et conclure un nouveau pacte desolidarité intergénérationnelle.

– Il s’agit de faire progresser le paradigme del’investissement social, tout en répondant aux besoinsde la population vieillissante. Par, notamment :

> La création d’une prestation économique universellepar enfant à charge en Navarre et dans laCommunauté Autonome du Pays Basque, similaire àcelle qui existe déjà en Iparralde.

> Enseignement gratuit de 0 à 3 ans.> Prolongement – pour les mères, mais surtout pour

les pères – du congé de maternité et de paternitéactuel.

• Connecter les jeunes aux opportunités.

– Face au scénario de jeunesse précarisée, au manqued’opportunités et aux compétences limitées en matièred’entrepreneuriat social, technologique etprofessionnel, nous devons évoluer vers un scénariod’autonomisation, de stabilité de l’emploi, decompétences élevées et de capacité d’adaptation.

– Et encourager les dynamiques de solidaritéintergénérationnelle, ainsi que les politiques publiquesvisant à promouvoir la relève aux niveaux deresponsabilité, et les dynamiques d’innovation,d’apprentissage et de développement des compétencesliées au marché et aux défis sociaux.

• Mettre les personnes au centre et repenser lesfondements de l’inclusion sociale : activation inclusiveet attention centrée sur la personne.

– Dans le domaine spécifique des Services Sociaux, faireen sorte que le système s’adapte aux besoins des

ainsi vers un cycle vertueux d’autonomie, d’estime desoi et de rôle productif dans la société. Les actions àmener comprennent :

> Développer des programmes visant à promouvoirl’autonomie personnelle (retarder la dépendance).Renforcer les services communautaires et de soins àdomicile, en rendant possible le vieillissement à lamaison.

> Promouvoir une meilleure intégration des servicessociaux et de santé.

> Encourager le bénévolat, en tant qu’activité socialeproductive (programmes de bénévolat pour unvieillissement actif).

> Impliquer les personnes âgées en tant que membresactifs de projets d’innovation sociale.

> Transformer l’image sociale de la vieillesse enfavorisant l’émergence de nouveaux termes,métaphores et concepts relatifs au vieillissement actif.

• Valorisation des connaissances et de l’expérienceaccumulées par les personnes âgées.

– Il s’agit d’éviter la décapitalisation qui survient lorsqueles personnes âgées n’ont pas d’espace pour appliqueret développer ce qu’elles ont appris tout au long deleur vie. Nous proposons, pour ce faire :

> Rechercher de nouvelles relations entre lesconnaissances expertes et non expertes : valoriserl’apprentissage social accumulé, la diversité dessources de connaissances, l’expérience, etc. Ainsi, desprogrammes tels que les classes d’expériencedevraient suivre une dynamique à double sens : lespersonnes âgées en tant qu’élèves, mais aussi en tantqu’enseignants, afin de valoriser leurs connaissanceset leur professionnalisation.

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Quatrième séance.Développementsocioeconomique : sociétébasque et entreprise(Bilbao, 09-11-2018).

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que des politiques d’accès au logement pour lescollectifs défavorisés.

> Nouvelles technologies. Favoriser l’introduction detechnologie ouverte, pour améliorer lacommunication, la surveillance et le diagnostic chezles personnes âgées. Les nouvelles technologiespeuvent jouer un rôle dans l’amélioration de lacommunication et de l’information des personnesâgées (lutte contre l’isolement social). Par ailleurs, lestechnologies sont une charnière pour la connectivitéintergénérationnelle, un terrain commun pourinteragir, par exemple, dans les programmes éducatifsintergénérationnels basés sur les TIC. En effet, lestechnologies de surveillance de la santé à domicile, lediagnostic précoce des maladies et la fourniture deservices sociosanitaires jouent un rôle important dansl’amélioration de la qualité de vie des personnesâgées.

> Innovation sociale. Développer de nouvelles formesde volontariat et de citoyenneté active, des réseauxd’auto-organisation communautaire et de solidaritéde voisinage. Il existe un large consensus sur la valeurde ces initiatives sociales, mais dans un cadre decollaboration public-privé et sous le principe de laresponsabilité publique.

Le modèle économique

• La garantie d’une durabilité multiple comme axe dumodèle de développement économique.

– Le principal défi des territoires basques est trèssimilaire à celui de l’ensemble des pays développés :pouvoir réaliser, dans un délai raisonnable, unetransition efficace entre un modèle de croissanceéconomique linéaire, conçu et géré comme

personnes et non, comme c’est bien souvent le casactuellement, que les personnes doivent s’adapter auxbesoins du système. Bref, mettre les personnes aucentre.

> Revoir les critères de conditionnalité qui s’appliquentaux programmes d’intervention.

> Promouvoir l’autodétermination et le contrôle desutilisateurs sur les services qu’ils reçoivent.

> Adopter une approche d’intervention sociale plusaspirationnelle et plus relationnelle, davantage baséesur la biographie, les valeurs, les besoins, les désirs etles attentes de chaque personne.

• Promouvoir l’innovation sociale, technologique et despolitiques publiques.

– Le problème du vieillissement est un problème jeune,qui exige des solutions nouvelles et créatives. Nousdevons passer des solutions standardisées à dessolutions innovantes, à la fois dans la sphèresocio-communautaire, dans le domaine de latechnologie et dans les politiques publiques. Certainesdes politiques considérées comme essentielles à cetégard sont les suivantes :

> Politiques de logement. Promouvoir de nouveauxmodèles de logement pour les personnes âgées.Parmi les stratégies envisagées, à noter celles deco-housing comme une alternative pour lespersonnes valides mais seules, afin qu’elles puissentse faire compagnie, partager les dépenses ets’occuper les unes des autres. Ainsi que celled’appartements partagés avec des jeunes, dans lemême but. Promouvoir également les nouvellestechnologies (dans les logements) et les services desoutien aux personnes âgées peu autonomes. Ainsi

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exclusivement le poids des tâches et des soinsdomestiques. Une situation qui a eu un impact négatifsur la carrière professionnelle des femmes en général etqui a créé un écart important dans les conditions detravail par rapport aux hommes, Ce qui nous met doncface au défi inévitable d’inverser la situation et deprogresser en tant que société vers une culture de pleinecoresponsabilité entre les sexes. Cette transformationculturelle doit être abordée parallèlement àl’amélioration des mécanismes de conciliation entre vieprofessionnelle et vie personnelle.

• La réalisation, le maintien et la garantie de niveauxsuffisants de protection de l’emploi rémunéré et desconditions de travail.

– Dans les sociétés démocratiques et cohésionnées, laqualité et les conditions matérielles de l’emploirémunéré ne devraient pas dépendre uniquement ouexclusivement de facteurs intrinsèques au travailréalisé, tels que la productivité ou la qualification, maisaussi de l’existence de systèmes juridiques permettantet garantissant l’établissement négocié de conditions detravail, ainsi que d’autres mécanismes légaux ounormatifs destinés à établir un minimum acceptable dedroits pour l’ensemble des personnes occupées.

• Maintenir l’objectif de la formation en tant queprocessus intégral et intégré tout au long de la vie despersonnes, en le complétant par des initiatives deportée très diverse, qui permettent de conserver et, lecas échéant, de récupérer le talent, en tant qu’actiffondamental de nos sociétés.

– La formation exerce un rôle central face aux tensionscroissantes du marché du travail et elle constitue unélément essentiel pour l’accès à un emploi rémunéré,

potentiellement illimité, et de nouveaux paradigmes,sur lesquels il existe de nombreuses propositionsprésentant différents degrés de concrétisation et decapacité transformatrice, mais toutes basées sur lareconnaissance de la durabilité, sous ses différentes etmultiples facettes, en tant que principe de base dudéveloppement.

• La recherche d’un équilibre raisonnable entre ladistribution primaire et secondaire de la richesse.

– Ce nouveau modèle de développement devrait êtrebasé sur un système économique garantissant auxpersonnes une contreprestation équitable et suffisantepour leur participation active aux processus decréation de valeur (distribution primaire par le biaisde salaires et d’une rémunération suffisants), etagissant, dans le même temps, en tant que fournisseurde ressources pour l’ensemble de la société,permettant la mise en oeuvre et la durabilité dessystèmes de redistribution de la richesse (distribution secondaire), afin de surmonter lesinégalités et d’atteindre des niveaux acceptables decohésion, ainsi que la participation généralisée descitoyens au bien-être.

La centralité et l’avenir de l’emploi

• L’égalité de genre et l’élimination des disparités dansles conditions d’emploi entre les hommes et lesfemmes en tant qu’objectif central, ainsi quel’augmentation de la coresponsabilité dans le travaildomestique et dans le secteur des soins, commeprémisse incontournable.

– L’incorporation massive des femmes au marché dutravail s’est produite tout en leur réservant presque

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Cinquième séance.Gouvernance démocratique(Donostia - San Sebastián,16-11-2018).

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éléments partagés permettant de modifier de manièresubstantielle, d’une part, la vision des entreprises et,d’autre part, la position et la valeur des personnes quiles composent.

– Des intérêts de niveaux différents coexistent dans lesentreprises, notamment en ce qui concernel’attribution des résultats obtenus et, donc aussi, quantà la répartition de la valeur générée par l’entreprise etla répartition des risques liés à l’activité elle-même.

– Dans ce contexte, encore prédominant, au-delà desréflexions et des propositions théoriques sur lanécessité et l’opportunité de passer à une vision plusintégrée et inclusive de l’entreprise, en tant que groupede personnes engagées dans la réalisation d’un objectifprioritaire et partagé qui est la création de valeur, ils’avère essentiel de trouver, de manière négociée, denouvelles transactions rendant cette évolution possible.

– Il est donc essentiel d’identifier et d’objectiver leséléments et les transactions nécessaires pour permettreun véritable changement de paradigme. Passer dudiscours à la négociation efficace de nouveauxscénarios et cadres de relations dans les entreprises.

• La nécessité de promouvoir un tournant substantieldans la position des organisations syndicales etd’employeurs, dans le cadre de relations de travailstables et sur la base de la consultation et du dialogue.

– À l’heure actuelle, le degré de prise en charge de cesnouveaux discours par les acteurs sociaux,économiques et syndicaux n’est en aucun casuniforme, puisque, avec des approches formelles pluspropices au changement, il existe des résistancesdéclarées à la modification, du moins de manièresubstantielle, des paradigmes traditionnels. Inverser

le maintien de l’employabilité, la promotionprofessionnelle et le plein exercice de la citoyenneté.

• Impulser – dans un cadre stable de collaborationpublic-privé et sur la base de méthodologiescommunes – des dialogues ouverts entre tous lesacteurs impliqués, pour élaborer des diagnosticspartagés et travailler sur des prospections fiables.

– Cet ensemble d’initiatives pourrait aller de la mise enplace de cellules prospectives à la création d’unecommission interinstitutionnelle chargée de surveilleret de coordonner les activités liées à l’avenir du travailet de l’économie.

Les nouveaux modèles d’entreprise et de relationsprofessionnelles

• La transition vers des modèles de relations de travailplus coopératifs.

– La reconnaissance explicite de la contribution desentreprises basques à la croissance économique et à lacréation d’emplois et, donc, au bien-être des citoyens,est un principe essentiel pour faire face avec desgaranties de succès à toute réflexion sur les modèlesd’entreprise et les relations professionnelles.

– Le principal paradigme sur lequel ont reposé, à ce jour,les relations de travail dans les entreprises a été celui dela confrontation. Le type de relation de travaildominant s’est basé sur la recherche d’équilibresconjoncturels à partir du binôme salaire/jour, en tantque contreprestation déconnectée du caractère généralde l’évolution et des résultats de l’entreprise.

• La recherche et explicitation par le biais de processuslarges et ouverts de dialogue et d’accord sur des

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– Certains des éléments essentiels pour mener à biencette transition sont liés à la confiance, en tant quevaleur centrale de la vie des entreprises. Cetenvironnement de confiance exige au préalable unerestitution de la reconnaissance réciproque delégitimité entre les acteurs sociaux, et un contextede coopération et d’accord avec les pouvoirs publics.

6. La démocratisation, axe de lagouvernanceLors de la fondation d’Eusko Ikaskuntza, il était évident quenous devions renforcer les institutions des territoires basques.Les Conseils Provinciaux de l’époque pouvaient difficilementmettre en œuvre la gouvernance réclamée par notre peuple,dans un monde en pleine mutation. Cependant, avec l’audacenécessaire requise, la société basque a su lancer l’initiative quifête cette année ses cent ans : Eusko Ikaskuntza. EuskoIkaskuntza, dès ses débuts, a abordé cette lacune institutionnelleet, dix ans plus tard – en 1931 – elle offrait à notre pays ce quiallait devenir le premier jalon de l’autogouvernement basquemoderne : le « Statut Général de l’État Basque », la propositionde statut qui a servi de projet de référence tout au long de latrajectoire d’autonomie développée au XXe siècle, en particulierau Pays Basque Péninsulaire.

Après un siècle agité, bien que les besoins des territoiresbasques soient similaires – assurer le bien-être des citoyens etle progrès dans un pays qui souhaite développer sa propreidentité – nos institutions sont aujourd’hui plus solides, sansaucun doute. Malgré les limites, la capacité de décision de lasociété basque s’est élargie et, pour la première fois de l’èremoderne, tous les territoires basques sont institutionnalisés. Leniveau de compétence de nos institutions varie, de même que

cette situation constitue par conséquent non seulementun défi prioritaire, mais aussi une prémisse de départpour évoluer vers de nouveaux modèles relationnels.

• La progression vers de nouveaux modèles de relationsde travail pour la création et la durabilité d’entreprisesplus inclusives, en tant qu’objectif explicite et partagépar les partenaires sociaux.

– La volonté d’aborder une transformation des modèlestraditionnels d’entreprise et de relations de travail, dansun contexte économique de mondialisation et dans lecadre d’un marché du travail en mutation accélérée,polarisé et menacé par une certaine précaritéstructurelle, ne peut en aucun cas servir de prétextepour nier ou minimiser la position et le rôle importantdes organisations professionnelles et syndicalesreprésentatives, en tant qu’acteurs sociauxinstitutionnalisés, dans cet élan transformateur.

• La consolidation et la mise en œuvre, le cas échéant,d’initiatives publiques de différentes natures :réglementations, promotion, aides financières etfiscales... pour accompagner la transition vers desentreprises plus inclusives et plus participatives.

– Il est essentiel d’introduire tout un ensemble demesures publiques et à portée transversale quifacilitent, d’un point de vue instrumental, la transitionvers de nouveaux paradigmes d’entreprises plusparticipatives, dans le contexte de relations de travailplus coopératives.

• La confiance en tant que valeur centrale de la vie desentreprises et la mise en place de structures et deprocessus garantissant un scénario plus transparent etun flux d’informations permanent.

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Cinquième séance.Gouvernance démocratique(Donostia - San Sebastián,16-11-2018).

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pouvoir décisionnel » que la mondialisation entraîne.L’objectif n’est pas de nous situer dans le monde den’importe quelle manière, mais de nous situer dans lacompétition mondiale, en sachant clairement quelle estnotre volonté collective : faire avancer la démocratisation.Cela signifie que l’objectif est d’accroître la capacitédécisionnelle des citoyens dans tous les domaines, degarantir la citoyenneté en termes d’égalité et de dignité, dela manière la plus large possible et, enfin, de situer au centrel’équité et le rejet de l’arbitrariété, au nom des droits et deslibertés. En résumé, nous ne voulons pas n’importe quellegouvernance, mais une gouvernance rassemblant tous lesacteurs et toutes les voix. Bref, un modèle de gouvernance« démocratique ». Dans cette première édition du LivreBlanc, nous avons rassemblé des propositions concrètes pourprogresser dans cette voie.

Enfin, nous avons mentionné qu’actuellement tous les territoiresbasques sont institutionnalisés. Cependant, il est clair que, pouraffronter l’avenir avec des garanties de survie digne, il estnécessaire de renforcer la cohésion des territoires, des institutionset de la citoyenneté, afin de densifier les axes de relation qui onthistoriquement existé. Les citoyens basques partagent un modede vie – la culture, la langue, les coutumes, l’environnementsocioéconomique, des valeurs... – et aussi un moyen decomprendre leur vie. La gouvernance devrait nous offrir desoutils pour gérer le développement de notre personnalité et lapluralité croissante dans notre société. En ce sens, la tâche de lapolitique est d’organiser des méthodes qui allient ouverture,flexibilité et, en même temps, solidarité et cohésion.

En général, la démocratisation est le phare qui a guidé cetravail, pour lequel nous avons effectué de manièreparticipative le diagnostic inclus dans le Livre Blanc, élaboré laliste des tendances et des défis, et, surtout, envisagé les

les majorités politiques, mais il existe aujourd’hui une carteinstitutionnelle de la Vasconie. Il est vrai que notre pays estrelativement désarticulé et que sa capacité décisionnelle estlimitée, mais nous bénéficions d’une institutionnalisationdémocratique non négligeable.

En partant de cette opportunité, avec enthousiasme etresponsabilité, le travail d’Eusko Ikaskuntza est impulséaujourd’hui par le désir de donner une réponse commune auxnouvelles préoccupations du XXIe siècle. En ce qui concerne lagouvernance démocratique, trois lignes de réflexion sontoffertes dans le Livre Blanc.

En premier lieu, nous avons examiné le monde. Dans le LivreVert, nous décrivons les opportunités offertes par le processusde mondialisation, ainsi que les caractéristiques inquiétantesdécoulant de l’incertitude générée. Dans le but de proposer unensemble de réponses partagées, nous soulevons plusieursquestions : dans le débat idéologique agité qui se déroule dansle monde contemporain : comment et où la citoyennetébasque et les territoires vont-ils se situer ? Quel type derelations voulons-nous développer avec les territoires qui nousentourent, c’est-à-dire avec l’Espagne et avec la France ? Quelleest notre place en Europe ? Et dans le monde ? La réponse àcette dernière question, notre place dans le monde, doitnécessairement tenir compte de qui nous sommes et qui nousavons été ; on ne peut pas y répondre sans prendre en compteles valeurs enracinées dans notre société. Il est vrai que lesvaleurs changent, qu’elles sont constamment renouvelées etenrichies, mais elles sont en même temps l’essence de notrepersonnalité différenciée et, sans elles, nous ne pouvons pasnous situer de manière adéquate dans le monde global.

En deuxième lieu, nous nous sommes concentrés sur lacapacité décisionnelle des territoires basques et de leurcitoyenneté, tout en étant conscients de « l’expropriation du

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du monde que nous connaissions. La rapidité avec laquelle leschangements se succèdent entrave la capacité d’adaptationhistorique dont les territoires basques ont fait preuve.

Le modèle de mondialisation imposé nuit à la démocratie. Vuqu’il n’est pas clair qui prend les décisions et où, le déficitdémocratique avance et l’expropriation de la capacitédécisionnelle des peuples et de leurs citoyens devient évidente.L’incertitude et le doute se répandent dans tous les domainesde notre vie et les réponses proposées ne sont pas, biensouvent, les plus appropriées (intransigeance, xénophobie...).

La standardisation de la culture dans ce modèle globalisé peutétouffer notre culture locale. On perçoit un risqued’assimilation culturelle. Si l’avantage économique sesuperpose à la politique et à la culture, la durabilité d’un pays,d’une culture et d’une langue de dimensions réduites est miseen péril. D’autant plus quand il s’agit d’une culture qui,comme la nôtre, est entourée de cultures très puissantes(l’anglaise, la française et l’espagnole).

Le centre du monde global s’éloigne de nous et lapériphérisation des territoires basques peut menacer notrecompétitivité. À l’avenir, il peut s’avérer difficile de maintenirla capacité de faire face aux crises économiques cycliques.

Tendances positives

La vitesse du monde et la connectivité qui y est associéeoffrent la possibilité de participer au marché mondial, enmettant à disposition les informations et les connaissancesmondiales. Cette dynamique facilite la communication et lesrelations, et il est aussi plus facile identifier les défis mondiauxet les alliances viables.

Si les pays ont des liens étroits avec la communauté, il estpossible de renforcer les logiques pour faire face aux

scénarios que nous souhaitons construire à l’avenir, avecl’agenda des décisions dont nous aurions besoin pour leurréalisation. Les contenus offerts sont le résultat de laconvergence de différentes sources : les opinions d’expertssont évidemment présentes, mais nous avons aussi intégré lescontributions de divers acteurs sociaux et citoyens, ainsi quedes réflexions issues du domaine institutionnel. Nous pensonsainsi avoir activé l’intelligence collective, qui a toujourscaractérisé notre pays, et semé le germe du débat constitutifdont les territoires basques et leurs citoyens ont besoin pouraffronter les défis du monde global.

De même que lors de notre fondation, cette responsabiliténous unira désormais dans un débat de pays ayant pourobjectif la cohésion et la solidarité entre les territoires basques.La base et le point de départ de toute gouvernancedémocratique doit être une réflexion partagée sur le pays quenous voulons être à l’avenir et sur les outils nécessaires pourréaliser ce rêve collectif.

6.1. Les territoires basques dans la globalisation

Les conditions pour la matérialisation de la cohésion et lasolidarité des peuples basques ont changé au XXIe siècle. Nousvivons dans un monde globalisé, qui nous offre de nouvellesopportunités et de nouveaux risques, que nous devonsaffronter avec une capacité d’adaptation adéquate.

En ce qui concerne le diagnostic de la mondialisation, lespoints clés suivants ont été identifiés, fruit du diagnosticpartagé par les experts, les citoyens et les acteurs sociaux.

Tendances négatives

L’accélération de la modernisation – la mondialisation – et larévolution technologique qu’elle entraîne ont ébranlé les piliers

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Cinquième séance.Gouvernance démocratique(Donostia - San Sebastián,16-11-2018).

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personnalité différenciée. Pour cette raison, l’analyse et lerenforcement des clés de cette capacité sont essentielspour faire face aux changements.

• Le deuxième défi et scénario à prendre en compte est laplace des territoires basques dans le monde, qui doit sebaser sur un récit de pays, exprimant la particularité dela personnalité basque, ainsi que la diversité de notrepeuple. De la même manière, elle doit prendre encompte les traits distinctifs de nos territoires et, enparticulier, les éléments qui nous unissent.

• Enfin, en tant que ressource pour réaliser avec succès lesdeux scénarios précédents, c’est-à-dire notre place dansle monde globalisé et le maintien de notre personnalité,il est nécessaire d’être pionniers et pionnières dansdivers domaines. Autrement dit, de devenir uneréférence.

Agenda

A vu des réflexions précédentes, une longue liste depropositions concrètes a été établie, sur la base d’un exerciced’analyse partagé :

• Assimilation des influences extérieures, maintien denotre personnalité.

– Créer des systèmes de collaboration entre les territoiresbasques, dans les domaines de la langue, de la cultureet de l’éducation.

– Impulser l’innovation du système éducatif basque, enélaborant une planification à long terme. Diffuser laréflexion sur le système universitaire et notre propresystème scientifique, et adopter des mesures pour lesrenforcer, telles que la complémentarité, la mobilité, la mise en place d’un système d’évaluation propre,

aspects négatifs de la mondialisation. Ces logiquesconsistent, entre autres, à valoriser le développementhumain, à protéger les droits fondamentaux et le bien-être,à développer la société de la connaissance et la propreculture, à miser sur un territoire intelligent etresponsabilisé, à revendiquer le droit de décision et, endéfinitive, à défendre la souveraineté du peuple.

La mondialisation a mis en péril tous les piliers de la sociétéque nous connaissions : elle a bouleversé la politique,l’économie, la culture, l’environnement... Ce chaos offreégalement la possibilité de redéfinir le monde de manièredifférente, plus équitable. En Europe et dans notreenvironnement, une période « constitutive », au sens large, acommencé.

En partant de ce diagnostic, nous avons soulevé plusieursquestions : quelles mesures faudrait-il prendre pour protégeret développer la particularité de nos territoires, dans le cadredes flux incontrôlables de la mondialisation (idées, personnes,finances, cultures...) ? Comment pourrions-nous maintenirnotre compétitivité dans le monde global, voire être pionniersdans certains domaines ? Quel est le futur « scénario basque »que nous dessinons dans le monde ? Où et commentallons-nous nous situer dans le monde ?

Scénarios

• Le processus de mondialisation est imparable, mais nousavons la responsabilité incontournable de renforcer lacapacité à assimiler les influences externes et à lesadapter à notre environnement. Il est donc nécessairede réfléchir sur l’identité basque en analysant lestensions entre ouverture, flexibilité et personnalité. Toutau long de l’histoire, les territoires basques ont sus’adapter aux transformations du monde en gardant leur

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– Multiplier les investissements dans les aspects critiquesinhérents à la mondialisation et promouvoir lessynergies entre entreprises, notamment dans ledomaine de l’environnement numérique, des énergiesrenouvelables et de la biotechnologie.

6.2. Les territoires basques dans le monde, enEurope et dans les États

Les idées principales du diagnostic partagé sur les relations desterritoires basques avec des instances plus larges (avec d’autresÉtats ou avec l’Europe) peuvent être résumées comme suit :

Tendances négatives

Le nationalisme des États est en train de ressurgirdangereusement dans le monde. Des tendances idéologiquestrès préoccupantes s’imposent, telles que l’intransigeance,l’acceptation des inégalités socioéconomiques, la xénophobie...La réduction des droits et libertés et la perte du bien-êtregénéral s’étendent à travers le monde en toute normalité. Lapossible influence libératrice des nouvelles technologiess’affaiblit au profit de l’utilisation du contrôle social.

La visibilité des territoires basques dans le monde est trèslimitée ; de fait, les étrangers ne connaissent guère de leurexistence et encore moins l’identité différenciée de la Vasconie.

L’Union européenne est loin de la citoyenneté basque, qui estméconnue. L’Union européenne n’encourage pasparticulièrement la participation citoyenne, ce qui entraîne unmanque d’information et une méconnaissance de l’Europe.

La capacité d’action et de décision en dehors des territoiresbasques est limitée, dans le système actuel de relationsinternationales. Il existe très peu d’instruments efficacespermettant aux institutions européennes de prendre en compte

le renforcement de la recherche au service de lasociété, etc.

– Adopter des mesures visant à renforcer la société de laconnaissance et la culture basque, par opposition à lasimple société de l’information.

• Place appropriée dans le monde.

– Mettre en place une initiative pour construire notrerécit de pays : proposer une réflexion de pays large,critique et diversifiée.

– Diffuser la réflexion sur la souveraineté de l’État basqueen tant qu’outil, bien qu’insuffisant, nécessaire pouraffronter la mondialisation.

– Développer les opportunités offertes par lacommunauté globale basque, en renforçant lesinitiatives paradiplomatiques.

• Position pionnière et compétitive dans le monde global.

– Donner la priorité à l’innovation sociale : miser enfaveur des territoires basques qui seront désormaiscollectivement intelligents et responsabilisés(connaissance et démocratie).

– Adopter des mesures visant à valoriser et à renforcer lemodèle de développement humain basque, enapprofondissant les éléments considérés de l’extérieurcomme distinctifs et positifs de nos territoires –modèle de bien-être, travail communautaire etcoopérativisme, solidarité avec d’autres peuples,développement de la culture et de notre propre langue,société civile collective, défense du commun,entrepreneuriat... – et, en général, promouvoir ceuxqui s’avèrent indispensables au « bien vivre », tels quel’égalité dans tous les domaines, le respect del’environnement, etc.

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Séance de conclusions(Oñati, 23-11-2018).

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Les déficits liés à la capacité de décision renforcent la demandehistorique selon laquelle les territoires basques doivent avoirun « statut politique différencié ». De même, on considère quece chemin doit être fait à partir des différents niveauxinstitutionnels des territoires basques.

Au Pays Basque Continental, grâce à un processus dedémocratisation ascendant, des progrès ont été réalisés auniveau de l’institutionnalisation, dont notamment la créationde l’Euskal Hirigune Elkargoa.

Au Pays Basque Péninsulaire, des opportunités se sontprésentées pour faciliter un nouveau statut politique danslequel convergent la légitimité historique et démocratique, etl’on perçoit la manière de parvenir à de vastes accords sociaux.Quant à la Navarre, compte tenu des mesures prises pourvaloriser sa propre diversité, il lui est difficile de régresser,quelle que soit sa direction politique à l’avenir.

Le monde nous voit avec de bons yeux et la marque basque sevend bien. Nous sommes considérés comme exemplaires dansde nombreux domaines. Nous sommes connus pour notreexpérience coopérative, et reconnus pour notre tissu industriel,notre capacité à surmonter les conflits, à préserver notreculture...

On observe une sorte de réactivation de la communautéglobale basque, ou diaspora.

La situation diagnostiquée sur les relations extérieures desterritoires basques soulève de nombreuses questions, en termesde renforcement de la cohésion et de solidarité des territoiresbasques : Où nous situons-nous dans le monde ? Commentpouvons-nous participer aux décisions qui sont prises dansl’Union européenne et comment pouvons-nous participer audébat sur le renforcement de l’Europe ? Quelle est la capacité dedécision dont les territoires basques ont besoin pour renforcer

les besoins de la Vasconie ou de permettre aux représentantsbasques de participer directement aux décisions prises parl’Europe. Dans le monde globalisé actuel, l’absence de tellescapacités pose un problème et entrave les relations entre lesterritoires basques.

L’attitude centralisatrice des États a une influence directe sur la capacité de décision des territoires basques. Les attaquescontre la diversité sont évidentes et, de fait, une involutionidéologique est en cours dans les États. À l’heure actuelle, on pourrait parler d’ « hypernationalisme » des États-nations.

En Espagne, un processus de recentralisation est en cours, quimet tout spécialement en évidence les symptômes de faiblessedans la capacité de prise de décision des territoires du PaysBasque Péninsulaire. Certains de ces symptômes sont lemanque de garantie, l’affaiblissement du droit basque, laréduction de la capacité politique des institutions et l’érosionde l’autonomie financière. Par conséquent, le processus basquede démocratisation risque d’être paralysé.

Par ailleurs, au Pays Basque Continental, la collectivité EuskalHirigune Elkargoa s’est formée avec une légitimitédémocratique transversale – les représentants ne sont pas éluspar vote, mais au travers des institutions locales – et leurpouvoir décisionnel est limité.

Tendances positives

L’inquiétude face aux graves tendances qui se développent enEurope et mentionnées ci-dessus se propage et génère despositions fortes en faveur de solutions allant à l’encontre dudéveloppement humain. En Europe, nous vivons une périodede réformes et il n’est pas écrit d’avance où nous aboutironsaprès avoir franchi cette porte.

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États espagnol et français. La situation institutionnelledes territoires du Pays Basque Péninsulaire et du PaysBasque Continental et le débat territorial ouvert enEspagne et en France offrent la possibilité de développerdes relations plus équilibrées.

• À court terme, la possibilité de renforcer les relationspolitiques entre les territoires basques est un scénariopossible. L’opportunité de renforcer les relations entre lesterritoires basques vient de deux directions : d’une part,nous avons les opportunités institutionnelles offertes parle cadre européen – dont notamment l’Eurorégion – ; et,d’autre part, l’affaiblissement croissant des limites, queles États ont toujours imposées, pour développer cesrelations de manière démocratique.

Agenda

Les axes de travail suivants sont proposés pour développer lesscénarios susmentionnés et faire face aux défis.

• Augmentation de notre visibilité dans le monde.

– Développer une stratégie partagée en matière derelations extérieures et analyser la manière dont nousnous lançons à l’extérieur, avec quelle marque, ce quinous différencie. À l’extérieur, un consensus minimumest nécessaire, pour tirer parti des possibilités de créerdes alliances.

– Ouvrir le débat sur le développement de la marquebasque, dans le cadre d’un modèle de gouvernanceinnovant, en associant les institutions publiques, lesacteurs sociaux, les entreprises et les citoyens.

– Promouvoir des initiatives qui activent la communautéglobale basque (diaspora) : Batzen, système éducatif,réseaux sociaux, etc.

leurs relations avec la communauté basque globale ? Commentet dans quelle mesure la capacité décisionnelle des territoiresbasques doit-elle être partagée avec l’Espagne et la France ? Etdans quelles conditions doit-elle être partagée, pour renforcer lacohésion et la solidarité des territoires basques ?

Scénarios

• Opportunité de situer les territoires basques dans lemonde. La possibilité d’approfondir la visibilité desterritoires basques dans le monde peut être un scénarioviable. Il convient toutefois d’approfondir les points forts(coopératives, tissu industriel, culture...) et de s’efforcerde devenir référents, par exemple en matière de gestiondu bien-être ou de la qualité de la vie.

• Les scénarios sur le modèle de l’Union européenne sontincertains. Le modèle d’avenir Européen n’est pas définiet la préoccupation pour les scénarios est évidente (parexemple, le Livre Blanc de l’Europe). Le moment de crisedans l’Union européenne – crise économique, brexit,tendances idéologiques négatives – offre la possibilitéd’influencer et de poser de nouveaux défis ; autrementdit, la possibilité de construire un nouveau modèle pourl’Europe. Et l’opportunité de situer l’ « Europe » commethème au centre du débat politique basque : les scénariossont ouverts.

• renforcer l’influence des territoires basques en Europeest à la fois un défi et un scénario possible. L’objectif est depromouvoir la participation et l’influence des territoiresbasques en Europe, afin que les besoins de la Vasconiesoient pris en compte dans les institutions européennes.

• Un scénario clair à moyen terme est l’opportunité dechanger les relations des territoires basques avec les

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l’éducation, la connaissance, le système decommunication, le système judiciaire, etc. En outre, ilconvient de réfléchir à la nécessité d’un État basque.

• renforcement des relations entre les territoires basques.

– Proposition de travailler ou de renforcer les opportunitésoffertes par l’Europe visant le renforcement des relationsentre les territoires basques : de l’Eurorégion auxstructures suprafrontalières actuelles.

– Analyse et promotion d’autres outils disponibles sur lascène internationale favorisant la collaboration entre lesterritoires basques (pactes internationaux, etc.).

6.3. La démocratisation des territoires basques

Nous allons, ci-après, examiner les aspects suivants : lessystèmes de décision publique en vigueur dans les territoiresbasques, les différents modèles de gouvernance, la suffisancedémocratique des systèmes actuels et les mesures à prendrepour les améliorer ou en construire de nouveaux. Dans lemême esprit, nous avons rassemblé les idées suivantes, autourde la démocratisation des territoires basques.

Tendances négatives

De nos jours, les espaces de décision s’éloignent et la capacité dedécisionnelle s’érode, sous l’influence de la mondialisation et dela recentralisation des États. Ce qui empêche l’élaboration d’unmodèle de bien-être fondé sur notre propre système de valeurs.

On constate une apathie politique, en général. L’espace pour laliberté d’expression est de plus en plus limité et, en outre, surla voie de la démocratisation, on observe aussi une criseévidente concernant le rôle des médias. En ce sens, le doutequant à la transparence et la crédibilité de l’informationaugmente, au détriment de l’opinion publique démocratique.

• Placer la Vasconie en Europe et accroître son influence.

– Vu la nécessité de participer au débat sur l’avenir del’Europe, des initiatives partagées devraient être menéespour travailler et élargir les propositions visant àapprofondir la démocratisation des institutionseuropéennes. Dont notamment : convenir la mise enoeuvre de directives « clarificatrices » pour parvenir àla stabilité démocratiquement.

– Consolider le rôle des peuples face à l’Europe des États.Impulser l’acceptation du statut des nations politiqueseuropéennes dotées de compétences législatives et lareconnaissance du droit de participation auxinstitutions européennes.

– Renforcer les politiques publiques orientées versl’intégration européenne et la défense des valeurs, ence qui concerne les futurs plans d’accueil, le systèmede protection sociale universel et le renforcement desrelations entre les jeunes européens.

• Établissement de nouvelles relations entre la France etl’Espagne.

– Afin de garantir le domaine de compétences desterritoires du Pays Basque Péninsulaire, il conviendraitque la/les proposition/s d’un nouveau statut politique,ouvertes dans la Communauté Autonome Basque et enNavarre, occupent la place centrale de l’agenda.

– Lancer la réflexion sur le développement del’institution Euskal Hirigune Elkargoa, afin de ladémocratiser. Et, en ce sens, ouvrir un débat surl’élection directe ses représentants.

– Développer des systèmes basques de prise de décisionet en créer de nouveaux. Certains nouveaux sujetssignificatifs ont déjà été mentionnés. Dont notamment

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décision, de sorte que nous jouissons d’un niveaud’institutionnalisation considérable. Nous avons réussi àdépasser les limites et à former des systèmes de décisionbasques.

Récemment, les conditions ont été créées pour mener à bien,en tant que pays, de larges réflexions partagées, après un longcycle de conflits.

Nous avons donc l’occasion de construire une nouvelle culturede décision et de gestion du pouvoir, dont l’axe est la volontédu peuple et son bien-être. Il est possible de réfléchir sur lesnouvelles gouvernances partagées, à partir de l’expérienceinstitutionnelle des dernières décennies.

Les conditions pour un débat ouvert et public sur le modèle dedéveloppement humain semblent exister.

La situation qui a été diagnostiquée soulève plusieursquestions, dont notamment : Comment renforcer la capacitéde prise de décision des territoires basques ? Comment lagarantir ? Qui peut participer au processus de décision etcomment ? Qui devrait participer et comment à la prise dedécisions publiques, afin de renforcer la cohésion et lasolidarité des territoires basques ? Quels sont les outilsappropriés pour la prise de décisions, en vue dudéveloppement équilibré et partagé des territoires basques ?

Scénarios

À partir du diagnostic du Livre Vert, mentionné ci-dessus, nousprésentons ci-après les opportunités envisagées par les forumssociaux, classées en quatre groupes.

• D’une part, le scénario possible de l’autonomisation descitoyens, de donner la parole aux citoyens et citoyennes

De même, nous avons déjà signalé que le bien-être etl’ensemble du système de droits et de libertés sont en danger.Nous avons mentionné que le partage des pouvoirs s’estassoupli et que la garantie des droits qu’un État doitnécessairement offrir n’est plus assurée. À titre d’exemple : lepouvoir judiciaire.

La tendance à ne pas écouter la voix et les décisions descitoyens est préoccupante. Les déficits démocratiques ontégalement été mis en relief, en raison notamment de laprééminence d’un système démocratique représentatif quilimite le développement d’une facette de la démocratieparticipative et directe, et du fait que l’opinion des citoyensn’est pas prise en compte comme elle se doit.

Les citoyens sont préoccupés par le manque d’articulation desterritoires basques et par le fait que chaque territoire a sespropres intérêts, ainsi que sa propre organisation administrative,et qu’il n’y a pas de collaboration structurée entre eux.

En ce qui concerne la gestion des décisions politiques, il estinquiétant de constater que le contrôle de la démocratie estexclusivement entre les mains d’acteurs politiques etéconomiques, autrement dit des partis politiques. En lien avecle monopole des décisions publiques des partis politiques,nous avons évoqué la nécessité de dépasser le concept de« culture des camps ». Nous avons également mentionné quele modèle de gouvernance public-privé soumis au marché doitêtre remis en question.

Tendances positives

Dans les territoires basques, on perçoit une culture politiquedifférenciée et la différenciation juridico-politique que nousavons aujourd’hui résulte de l’effort collectif permanent. Lesterritoires basques ont développé leurs propres espaces de

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• L’autonomisation et la capacité de prise de décision, entant que lignes d’approfondissement de ladémocratisation.

– Initiatives visant à promouvoir des valeurs ou desprincipes essentiels pour créer une culturedémocratique. Dont notamment : la transparence,l’information, la capacité de décision individuelle, lacollaboration et l’engagement.

– Promotion de politiques et de programmesd’autonomisation axés sur la citoyenneté, par le biaisdu système éducatif et les moyens de communicationpublics, entre autres.

– Mesures visant à accroître la capacité de décisionpolitique des jeunes, telles que l’établissement dequotas de jeunes dans les institutions représentatives.

– Le modèle de bien-être est l’axe pour approfondir ladémocratisation et autonomiser les citoyens. Plusprécisément, il est proposé de récupérer et de renforcerla capacité de prise de décision, afin de garantir lespensions et des salaires décents. Dans la voie durenforcement du concept de citoyenneté, il est considéréque l’égalité est une valeur à promouvoir, par rapportaux aspects socioéconomiques, de genre et culturels.

– De nouvelles formules sont apparues pour faciliter laparticipation des citoyens. Il est proposé de tirer partides avantages du monde numérique pour faire connaîtreet renforcer les outils de la démocratie électronique.

– Il serait utile d’établir des outils pour gérer lesdécisions stratégiques à long terme de manièreparticipative. De la même manière, il convient derechercher des moyens de canaliser l’évaluation desdécisions publiques en garantissant des alliances entregénérations.

dans les processus décisionnels publics, ainsi quel’approfondissement de la capacité décisionnelle. End’autres termes, il est possible de répandre une attituded’approfondissement démocratique et de construire unesociété responsabilisée et consciente. En définitive, il estpossible de promouvoir une culture démocratique.

• Plus spécifiquement, un scénario diffusant desopportunités de participation citoyenne est considérécomme viable. En particulier, le défi del’approfondissement de la démocratie participative etdirecte est considéré comme une priorité. Autrement dit,que les conditions sont réunies pour miser sur unprocessus de démocratisation profond qui renforcel’intelligence collective.

• Un scénario possible et souhaitable pour l’avenir dusystème politique basque sera fondé sur la garantie dubien-être général. Le modèle de gouvernance doit êtreorganisé en faveur de la citoyenneté, au sens large et entermes d’égalité.

• Le scénario suivant serait la construction d’un consensuspolitique, pour progresser vers une identité politiquecommune. À cette fin, un processus participatif profonden tant que pays, basé sur le respect des divisionsadministratives actuelles, s’avère souhaitable.

• Enfin, en ce qui concerne la nouvelle gouvernancedémocratique, la possibilité de rassembler la volonté descitoyens, des institutions et des acteurs sociaux estconsidérée comme une tendance viable.

Agenda

Les axes de travail suivants sont proposés, pour développer lesscénarios susmentionnés et affronter les défis.

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institutions collaborent. Et la mise en œuvre denouveaux outils de gouvernance, fondés sur le respectmutuel et la reconnaissance.

– Valoriser le potentiel du principe de subsidiarité,renforcer les capacités des institutions locales etreconnaître la personnalité des régions.

– Dans la mesure où l’influence de l’action collective etde la mobilisation est essentielle dans les processus dedémocratisation, il convient d’adopter des mesurespour prendre en compte et encourager l’initiativepopulaire.

– Prendre en compte les différentes structures etutilisations historiquement développées en Vasconie(par exemple : conseils, assemblées, travailcommunautaire ou « auzolan »), afin qu’elles serventde modèle de gestion du commun.

– Dans le domaine de la démocratie directe, il estrecommandé d’évaluer l’outil des consultations,qu’elles soient informatives ou contraignantes, sansnégliger les diagnostics ni les budgets participatifs. Tousles outils de participation doivent être articulés selonune logique délibérative.

• Construction d’une personnalité communeconsensuelle.

– Prendre en compte les expériences autochtones etextérieures couronnées de succès. Par exemple, lemodèle de gouvernance du Pays Basque Continental(Conseil de Développement/Collectivité territoriale)ou le processus du Livre Blanc écossais.

– Envisager la possibilité de promouvoir un débatconstitutif sur le modèle d’un possible futur Étatbasque.

– En ce qui concerne le renforcement des relations entreles territoires basques, créer des organes communsefficaces, qui mènent des politiques publiquescommunes. Et mettre en place des initiatives pouraméliorer la coordination entre les différents niveaux.

– Face à l’avenir, analyser la possibilité de promouvoirune réflexion commune : mise en œuvre d’unedynamique RIS3 conjointe des territoires basques.

– Envisager la possibilité de créer un Conseil deDéveloppement Territorial pour la Vasconie.

– Le forum formé par les jeunes propose de créer leConseil de la Jeunesse pour la Vasconie.

• Modèles partagés pour une nouvelle gouvernancedémocratique.

– Une collaboration en trois dimensions, car il estnécessaire que les individus, les acteurs et les

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