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Le livre d’or d’un Bigor
Chef de Bataillon (er) Jean-Pierre CONILL
2
Préface
Ce livre retrace trente années de carrière au sein des Troupes de
Marine
Les troupes de marine ont été constituées pour tenir garnison
outre-mer. Ses soldats se fédèrent autour d'un symbole unique,
l'ancre d'or.
Leur vocation naturelle est de servir outre-mer et à l'étranger.
Constituées à l'origine pour tenir garnison outre-mer, les troupes
de marine y ont acquis une culture d'ouverture au monde.
En outre, les missions lointaines ont exigé de cette arme qu'elle
couvre des domaines de spécialités variés (combat de l'infanterie et
des blindés, feux d'appui, communications...) dont l'exercice,
aujourd'hui, se renforce d'une expérience ancienne de la
professionnalisation. Transcendant la notion de maîtrise de
techniques militaires, les troupes de marine se fédèrent autour d'un
symbole unique, l'ancre d'or, marque d'un style propre dont les
traits essentiels sont :
- une fraternité d'arme, état d'esprit entretenu par
des rapports humains simples et chaleureux
entre compagnons d'arme,
- une faculté d'adaptation aux situations les plus
insolites, véritable style de vie, produit de
l'histoire et d'expériences opérationnelles
réitérées,
- un "humanisme militaire", culture de l'autre
perpétuant notamment cette aptitude à nouer des
contacts avec les populations les plus diverses et
à gagner leur confiance.
3
- Ces valeurs identitaires fortes donnent son sens
à l'engagement des marsouins et des Bigors et
fondent toujours la vocation naturelle des
troupes de marine au service Outre-Mer et à
l'étranger.
De relater ses souvenirs encore vivants, les bons et les mauvais,
avec sincérité, honnêteté et vérité c’est le devoir de l’homme pour
présenter généreusement tous les clichés entreposés dans sa
mémoire.
Clichés qui parlent et racontent des faits passés, qui montrent des
images, des mouvements, des actes, des périodes touchant au
déroulement de toute sa vie passée.
Il est de mon devoir d’offrir aux générations présentes et à venir de
ma famille ces clichés de ma carrière militaire afin de maintenir le
lien inter-génération.
Ce livre permettra d’enrichir les souvenirs des ancêtres de la
famille CONILL lors de mon décès.
J’ai consacré ce premier livre à relater mon existence durant trente
années de suite au sein de l’institution militaire et particulièrement
dans les Troupes de Marine.
J’y ai mis le déroulement de ma carrière avec dans chaque étape
des souvenirs, des photos et des anecdotes pour enrichir et rendre
vivant les récits.
4
Les récits n’en seront peut-être pas toujours très corrects ni très
développé ; mais à coup sûr, ils seront sans prétention.
Ceci dit, je crois qu’il est nécessaire de donner quelques
renseignements très succinctement sur ma famille.
Mon père, ancien sous-officier Bigor, était
un interprète de la Coloniale, Médaillé
Militaire il a participé au débarquement en
Provence à la campagne d’Italie, de France
et d’Allemagne.
À la fin de la guerre il fût désigné pour le
Vietnam.
Il y fera deux séjours
Mon pére
Lors du deuxième séjour il rencontra ma mère et
c’est ainsi que le 15 Août 1953, j’ai vu le jour.
Ma mére
En 1954, il est désigné pour l’Algérie et je rejoins
avec ma mère un petit village du sud de la France
« Rivesaltes » au sein d’une famille Catalane.
Maréchal Joffre
En 1956, mon père quitte l’armée et s’installe comme Négociant
en Matériaux de construction à Rivesaltes.
5
CHAPITRE – I
Mon Engagement dans l’Armée
Je suis âgé de 17 ans et après discussion avec mon père avec qui
nous avions souvent des joutes, celui-ci est d’accord de me laisser
partir dans l’armée
Le 28 Septembre 1970 je me suis engagé pour 5 ans devant
l’Intendant Militaire de Perpignan au titre de l’armée de terre Je
suis convoqué pour faire mes trois jours à Tarascon afin de
déterminer mes capacités d’aptitudes intellectuelles et physiques.
J’en ressors apte avec un Niveau Général de 18/20.
Le niveau général était très important car il permettait d’orienter
les futurs militaires vers les différentes armes de l’armée de Terre.
(Il m’a servi plus tard lors de la sélection pour Saint-Maixent ou
un minimum de 14/20 était demandé).
Lorsque je suis passé devant l’officier orienteur, j’avais les portes
ouvertes à toutes les armes de l’Armée de Terre.
Le seul bémol c’est que je n’avais à l’époque aucune connaissance
sur les armes (ALAT, GENIE, ARTILLERIE, INFANTERIE,
INTENDANCE etc…).
Ma seule connaissance sur les armes était celle de mon père qui
avait fait sa carrière militaire dans l’artillerie coloniale.
C’est ainsi que fort de cette connaissance j’annonce à l’officier
orienteur que je choisi l’Artillerie Coloniale.
L’officier orienteur me fait savoir que l’appellation ‘Coloniale’ a
été remplacée par les ‘Troupes de Marine’
Si une explication sur les techniques des armes avait été réalisée
peut-être que mon choix aurait été différent.
Si j’avais eu les connaissances d’aujourd’hui sur les spécificités
techniques des armes il est certain que je me serais orienté vers le
Commissariat de l’Armée de Terre.
Mais le destin en a choisi différemment.
Début novembre 1970, je rejoins le 33 Régiment d’Artillerie
d’Instruction à POITIERS.
6
CHAPITRE – II
33éme Régiment d’Artillerie de POITIERS
Novembre 1970 à Février 1971
Dès mon arrivée je réalise mes classes de soldat et à l’issue je suis
dirigé vers le peloton gradé pour passer le Certificat Militaire
Elémentaire (C.M.E) et le Certificat technique Elémentaire
(C.T.E).
Le C.M.E est essentiellement de l’instruction générale et le C.T.E
est pour sa part une formation technique d’artillerie.
7
J’obtiens le C.M.E avec 13,88/20, le C.T.E sur canon 105 mm
HM2 avec 14.45/20 et mon Brevet Militaire Elémentaire avec
13,88/20.
Au peloton gradé nous étions à l’époque plus de trois cents ;
comme quoi aujourd’hui on est loin de ses effectifs.
Sur les trois cents 12 seulement avaient accès à l’école mère des
sous-officiers (Saint-Maixent) créée pour former les élites des
sous-officiers.
La sélection a été faite au CTE, avec 14,45 je me suis retrouvé
huitième sur plus de trois cents.
C’est ainsi que je suis appelé chez l’officier orienteur qui m’a
demandé si je voulais compte tenu de mon classement aller à
Saint-Maixent ou bien rejoindre FREJUS maison mère des
Troupes de Marine pour rejoindre TAHITI afin de servir auprès de
la formation d’expérimentation des bombes atomiques dans le
Pacifique.
Sans détermination particulière j’ai choisi Saint-Maixent et c’est
ainsi que le 01 Mars 1971 j’ai rejoint l’Ecole mère.
Souvenirs : Ce dont je me rappelle c’est l’obligation de sortir en
ville en tenue. Pour ce faire nous passions devant le poste de
police où se trouvait une grande glace.
Nous avions l’obligation de nous regarder pour corriger notre
tenue.
Il arrivait parfois que le chef de poste refusait la sortie pour tenue
négligée. Les chaussures devaient être cirées et brillées,
8
les boutons de la vareuse devaient briller à l’aide du Miror , la
cravate avec le nœud parfait etc..
Rigueur dans la tenue. (Cela commencé à me plaire déjà).
J’ai connu mon camarade Cornil qui dormait toujours sur le dos
les mains jointes. (On avait de ses fous rires ensemble).
Cornil a été viré de l’armée suite à ses antécédents du civil.
Je crois qu’il avait volé et qu’il devait passer au tribunal.
Nous étions en chambrée de 30 avec un fonctionnaire brigadier
dont il fallait apporter le café au lit le matin à tour de rôle.
Comme sanction nous avions le nettoyage des WC à l’aide d’une
brosse et supprimer les traces des rangers au sol à l’aide de brosses
à dents également. (Cela commençait à me plaire de plus en plus
cette affaire).
Corvée de pomme de terre, je suis désigné pour aller éplucher des
pommes de terre à l’ordinaire. A l’époque l’épluchure se faisait
avec un couteau, nous avions des sacs de 50 kilos à éplucher.
Une fois je me suis bagarré avec un camarade, je ne me rappelle
plus pourquoi.
Le souvenir de courir pour ne pas louper le train lors de mes
permissions de week-end.
Les trains à l’époque étaient à vapeur ils étaient bondés et parfois
et il m’est arrivé de faire le trajet dans les couloirs faute de place.
Il y avait beaucoup d’espagnol dans cette période au départ de
Perpignan c’était une autre ère.
Durant cette période je percevais ma solde de 400 francs, mes
cigarettes, bons de colis et timbre FM de plus ma mère m’expédier
chaque semaine un mandat. Je n’avais pas de soucis d’argent
Mon copain Lespinasse avait quitté l’Ecole Normale et comme il
devait de l’argent à l’Etat pour sa formation il s’était engagé.
(Il m’a enseigné quelques règles de Français pour bien rédiger).
On a commencé à l’époque à s’intéresser à la politique et les
propos allaient bon train avec nos différences d’opinions.
J’ai passé mon permis de conduire sur Jeep.
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Voici un bon de colis
Bon de colis Timbre F.M
Sentiment sur cette formation J’ai vécu mes classes et mon peloton avec insouciance et j’étais
heureux de ma situation. J’étais libre vis-à-vis de mon père, j’avais
de l’argent, j’étais bienheureux.
10
CHAPITRE – III
Saint-Maixent l’Ecole
du 01 Mars 1971 au 30 Août 1971
La vocation militaire de Saint-Maixent est née dans
les tourments de l'Histoire et les fracas de bataille.
Dès 1224 apparaît la mention du château royal qui va
faire de Saint-Maixent une place forte.
En 1878, la ville accueille le 114e régiment d'infante-
rie et la décision va être prise d'implanter une école
militaire dans l'ancien château et ses dépendances.
En 1881 la ville de Saint-Maixent accueille l'école militaire de
l'infanterie (EAI). Fière de cette histoire commune partagée, la cité
prend en 1926, le nom de Saint-Maixent-l'École.
De 1963, date de création de l'E.N.S.O. A, à 1967, date du départ
de l'E.A.I, les deux écoles cohabitent sur le même site.
Les régiments mettent alors à sa disposition les meilleurs de leurs
officiers et de leurs sous-officiers pour que la première promotion,
baptisée « promotion du drapeau », soit formée à la hauteur des
ambitions affichées : donner à l'armée de Terre les sous-officiers
de haut niveau dont elle a besoin.
IMPLANTATION
Implantée au cœur de Saint-Maixent-l'École, l'E.N.SO.A se répar-
tit sur plusieurs sites :
1- Le quartier Coiffé, bâti en 1914 pour faire face aux
besoins de la garnison en raison de la loi prolongeant le
service militaire à trois ans.
2- Depuis la création de l'E.N.S.O.A, ce quartier n'a
cessé de se développer. Cœur de l'école, il regroupe l'état-
11
major, 4 bataillons d'élèves, le groupement de
perfectionnement des sous-officiers, les bâtiments des
engagés volontaires et un bâtiment d'instruction moderne et
fonctionnel avec ses 35 salles de cours.
3- Le quartier Marchand, espace d'accueil ouvert sur la cité, il
abrite le musée du sous-officier et le bâtiment réservé aux
cadres célibataires
4- Le panier fleuri, son complexe sportif permet la pratique
des divers sports collectifs, individuels et militaires. On y
trouve également les installations de tir de l'école.
5- Le camp d'Avon avec ses bocages et ses sept fermes, il
offre de larges espaces pour la formation et l'entraînement à
la « vie de campagne » et au combat. Il se situe à 15 km au
nord-est de Saint-Maixent-l'École. Il comprend également
1 village de combat permettant l'initiation aux actions en
zone urbaine.
En 1971 et 1972, la mission de l'Ecole s'est étendue au
perfectionnement de tous les sous-officiers de l'Armée de terre, qui
viennent à Saint-Maixent passer le C.M.2.
12
Le 1er Mars 1971, je rentrais dans la maison mère des sous-
officiers de France, j’intégrais la 45éme Promotion «
Robert JUMEL »
Les trois premiers mois étaient consacrés à l’étude des Maths,
Français, Histoire et contexte Géopolitique du monde, droits et
devoirs du citoyen et du militaire, éducation civique, droit et
conventions internationales. (J’étais retourné à l’école).
Aujourd’hui cela fait rigoler, mais à l’époque on n’était pas à la
fête.
Les déplacements se faisaient la musette au dos en chantant.
Après le repas du soir études obligatoires jusqu’à 22 heures.
À la fin de la première période un examen était passé, ceux qui
réussissaient poursuivaient la deuxième période consacrée au
métier des armes.
Ceux qui échoués à l’examen de culture générale étaient muté en
régiment avec le grade de Caporal.
J’ai réussi à passer l’examen de culture générale et me voici en
train d’étudier le métier de fantassin.
(NRBC détection, renseignement militaire, équipements, Génie,
Combat, Chef de groupe, Tirs PA, PM, technique d’Intervention
Opérationnelle rapprochée « self défense adaptée aux missions
militaires » Sport : parcours du combattant, natation, course à pied,
grimpé de corde, course d’orientation, topographie, pédagogie)
La dureté de l’enseignement, des instructeurs, les efforts physiques
déployés durant l’école m’ont permis de me forger une force de
caractère hors du commun.
On nous a forgés pour commander, pour être des chefs sur le
terrain.
La réussite à l’examen de connaissances militaires et celle de
l’enseignement général donnait le Certificat Militaire du Premier
Degré (C.M.1).
13
Juillet 1971, nous sommes réunis en amphi pour les résultats.
On allait savoir si on avait réussi à décrocher la fameuse sardine.
L’attente en amphi a été longue, et tout d’un coup j’entends le
général dire au micro a réussi l’élève Conill Jean.
À quinze jours de ma date anniversaire de mes 18 ans, je suis
nommé Sergent. Ce grade dont il fallut toute une carrière à mon
père pour y accéder.
Il faut dire que j’étais le plus jeune de la promotion et de France.
Cela m’a valu par la suite jalousie de la part de mon père et
d’autres anciens en régiment et également quelques coups de
pouce dans ma carrière.
Saint-Maixent terminé je devais rejoindre l’Ecole d’Application de
l’Artillerie à Chalôn sur Marne aujourd’hui Chalôn en Champagne
pour une période quatre mois afin de passer le certificat technique
du premier degré d’artillerie.
Le 01 Mars 1971, je rentrais à l’Ecole, le 01 Mai 1971 j’étais
nommé Caporal, le 01 Juillet 1971 je suis nommé Caporal-Chef et
le 01Août sergent.
En l’espace d’un an j’étais sergent alors que mon père avait mis
quinze ans pour décrocher le grade de sergent.
14
Défilé à PARIS
Le 14 Juillet 1971 l’Ecole à défilé pour la première fois colonne
par six sur les champs Elysées à PARIS en chantant pour la
première fois.
Képi de l’école À Paris
Chant de l’E.N.S.O.A « le jeune chef »
I
Le Clairon nous réveille, le canon nous appelle
le fracas des combats nous ensorcelle
ainsi chantait l'ancien vibrant au souvenir
de l'épopée que tous admire
II De ses charges épiques, ses combats héroïques
Il rappelait la furie fantastique.
Il faudra comme lui, brandissant nos drapeaux,
un jour sans lui mener la troupe d'assaut
III L'école te formera dans un creuset d'acier
mais toi seul trouvera l'esprit guerrier,
le souffle de la gloire, l'ivresse de la victoire
pour te jeter au choc d'un bloc
15
IV Tu dois dans la mitraille devenir la muraille
fièrement dressé contre les invasions
et creuser tes sillons dans les noirs tourbillons
mourir s'il faut pour la patrie meurtrie
Paris 14 Juillet 1971
Je ne sais pas où je suis sur la photo dans les rangs.
Nous étions logés au château de Vincennes.
La nuit du 13 juillet avec des camarades nous avons fait le mur
pour aller danser à Paris dans un bal des pompiers en prenant le
Métro.
On avait la santé.
16
Pratique des Sports
Durant le cycle d’instruction, j’ai participé au championnat
régional d’athlétisme à la Rochelle en concourant sur 400 mètres,
j’ai parcouru la distance avec un record de 54’.
À l’époque je faisais 12’ au 100 mètres, 1.65 m en hauteur, 4.20 m
à la perche.
J’ai appris l’escrime à l’Ecole.
Mon camarade LESPINASSE
Mon camarade Lespinasse qui était avec moi à Poitiers vient me
voir et me dit que nous sommes tombé dans une usine de cons (il
faut dire que nous étions sous les joutes d’une discipline de fer) et
qu’il avait l’intention d’aller voir le général commandant l’Ecole
pour démissionner et se faire muter dans un régiment
métropolitain.
On en parle et me demande si je veux le suivre. Pour ma part
j’étais très tenté, mais j’avais la sanction de mon père et de ce
Lieutenant Fréche mon chef de section qui était de Perpignan sur
mon dos.
Je me décide à rester. Mon camarade Lespinasse est allé voir le
général et a été muté dans un régiment métropolitain.
De Lespinasse on en reparlera lors de ma mutation à l’Ecole
d’Application de l’Artillerie de Draguignan.
Je me rappelle de cet Adjudant qui nous appelait les intellectuels
broussailleux et de mon Lieutenant rang Fréche qui était originaire
de Perpignan.
Punition Ecole
Lors de mes sorties au village les week-ends de libre, je
fréquentais un bar près de la gare où j’avais rencontré une fille
dont je ne rappelle pas son nom. Elle avait un véhicule et avec elle
je me rappelle nous sommes allés un week-end danser dans
l’arrière-pays.
17
Un soir pour aller la rencontrer j’ai quitté ma chambre et par
manque de chance il y a eu l’appel du soir. Etant absent j’ai dû
aller rendre compte au Lieutenant Fréche pourquoi j’avais fait le
mur. J’ai eu une punition école. Cela a fait jazzer les copains.
Les artilleurs à Saint-Maixent.
Nous étions la crème des sous-officiers de l’armée de terre. Cela se
prouvera par la suite car sur douze artilleurs sélectionnés pour
Saint-Maixent, neuf ont terminé officiers supérieurs, un Major, un
Adjudant et deux qui ont quitté l’armée.
Maitrise de soi
Une fois je suis désigné pour monter la garde au dépôt à munitions
proche de Saint-Maixent. Nous avions à l’époque consigne de dire
si on apercevait quelqu’un de dire « Halte là –Qui va là –Avance
au ralliement – Halte - On disait un mot de passe et la personne
devait répondre le deuxième mot de passe » Exemple :
MARSEILLE et l’autre doit répondre PARIS.
Alors un individu s’approche dans une nuit noire, je fais les mots
de sommation, mais il ne répond pas. Je crie avancement au
ralliement Halte et l’individu continue à avancer, je charge mon
fusil Mas 36 et j’étais à deux doigts de tirer sur lui.
Fusil très lourd avec un fort recul.
18
J’ai eu la présence d’esprit de pas tirer, l’individu arrive à ma
hauteur et me dit ça va. C’était le chef de poste.
Je me suis dit il a eu chaud celui-là.
Et moi aussi car si j’avais tiré je ne dis pas les conséquences.
Corvées
Une fois je suis désigné pour aller faire la plonge à l’ordinaire, je
me souviens que le sous-officier d’ordinaire nous a donné à
manger le soir.
Sentiment sur cette formation :
J’ai appris à être rigoureux à commander et à former la troupe à
donner l'esprit d'équipe, le sens de la discipline et devenir le
premier exemple à suivre en matière d'exigence militaire.
On m’a formé comme responsable à qui incombent le bien-être et
la sécurité des hommes.
On m’a appris à m'adapter et à écouter.
On m’a enseigné des valeurs qui font un homme.
De cette période je n’ai qu’un regret celui de n’avoir pas eu la
présence d’esprit de prendre des photos de mes camarades.
Tenue Ecole
19
CHAPITRE- IV
L’ Ecole d’Application de l’Artillerie
à Châlons sur Marne du 01 Septembre 1971 au 14 Janvier 1972
Créée en 1791 à Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne), la
première École d’artillerie s’installe en 1871 à Fontainebleau
jusqu’en 1940. Durant la Seconde Guerre mondiale, les cours
d’artillerie sont poursuivis à Nîmes de 1940 à 1942,puis à
Cherchell en Algérie de 1942 à 1945. En 1945, l’école est recréée à
Idar Oberstein. La même année est créé à Nîmes le centre des
forces terrestres antiaériennes qui deviendra l’école de
spécialisation de l’artillerie antiaérienne (ESAA), puis l’école
d’application de l’artillerie sol-Air (EAASA).
Fin 1952, l’école d’application de l’artillerie revient à Châlons-
sur-Marne, sa ville de création. Elle y séjournera jusqu’en 1976,
année où elle s’installe dans un quartier neuf à Draguignan.
En 1983, l’EAASA quitte Nîmes et rejoint l’EAA à Draguignan.
Creuset unique de formation de tous les jeunes cadres officiers et
sous-officiers de l’artillerie, l’école est subordonnée au
Commandement des organismes de formation de l’Armée de Terre
(COFAT) et rattachée à la circonscription militaire de défense de
Marseille.
L’école assure pour l’artillerie sol-sol et sol-air :
- une mission de formation : formation initiale et
stages de perfectionnement
- une mission d’études et d’expérimentations dans
les domaines tactiques et techniques
20
Le 01 Septembre 1971, j’arrive à Châlons-sur-Marne pour suivre
ma formation d’Artilleur
On me demande si je veux suivre la formation classique ou
nucléaire
Je choisis le classique 155 F3 AM.
Le Certificat technique du premier degré est très complexe et de
haut niveau à l’époque tant dans le domaine topographique que
dans la préparation des tirs et étude des matériels.
Je n’avais aucune difficulté à assimiler les cours que je trouvais
(en travaillant bien sur) assez simple.
Nous étions logés en chambre sous-offcier et on mangeait au
Mess.
À cette époque je gagnait 1100 francs. Le S.M.I.G était de 800
francs.
Le jour de l’examen je suis sortie major de promotion des Troupes
de Marine avec 12,11/20 de moyenne générale ce qui m’a permis
de choisir en amphie sur le tableau la garnison de mon choix, le
9éme R.A.Ma
Le jour des résultats nous passons tous en amphie pour choisir
notre garnison d’affectation.
Les premiers mettant leur nom à la garnison de leur choix et les
suivants prennent les restes.
Jean -Jacques
Je me rappele de mon camarade qui le jour de l’examen s’est fait
bouler par l’examinateur car il avait montré le train de roulements
de l’AMX 13 avec le pied.
Il faut dire que Jean-Jacques (Corse de son état) était spécial, il se
prenait pour un Officier toujours avec ses gants et souliers à
clous.(Très imbu de sa personne avec beauxoup de défauts)
21
En parlant de lui il était titulaire des deux BAC et durant sa
carrière a réussi l’écrit des OAEA mais a terminait sa carrière
comme Adjudant suite à ses mauvaises actions au sein de l’armée.
Etant sortie Major de promotion des Troupes de Marine mon
camarade Jean-Jacques sortie second me proposa de me donner
500 francs si je ne prenais pas le 9éme R.A.Ma
À l’époque choisir le 9éme R.A.Ma représentait une solde
supérieure et plusieurs avantages liés à l’Allemagne. (fête de la
bière, journée des femmes…) Alors j’ai choisi le 9éme R.A.Ma
Visage couvert de neige
Un jour j’ai été désigné pour aller à Suippes avec un AMX13 en
qualité de chef de pièce. Il neigeait et lorsque je suis arrivé j’avais
la moitié du visage recouvert de neige et l’autre moitié non. Cela à
fait rire mes camarades et instructeurs.
Premier manteau
J’ai acheté mon premier manteau en laine vierge plus de 1000
francs.
Pas beaucoup de distractions
J’ai connu les bars il n’y en avait pas beaucoup.
Il n’y avait pas beaucoup de distraction à par la patinoire et les
cafés.
Il n’y avait pas de dancing donc pas de fille.
22
Week-ends
Compte tenu de la distance Châlon-sur-Marne et Perpignan je ne
pouvais pas descendre les week-ends en train.
Je suis descendu que deux fois en quatre mois, chez mes parents.
Connaissance du futur chef de corps du 11éme R.A.Ma
Je me souviens qu’il y avait une machine à café qui distribuer du
chocolat chaud pour 50 centimes et c’est là qu’un jour j’ai
rencontré un jeune lieutenant Polytechnicien .
Le lieutenant Novac qui plustard commandera le 11éme R.A.Ma
durant la guerre du Golfe.
Nous avons sympathisé à l’époque au sein de cette Ecole.
Le destin a fait que jamais nous nous sommes croisés dans notre
carrière d’artilleur.
Sentiment sur cette période
De cette Ecole, j’en ai gardé un excellent souvenir.
La seule chose que je regrette c’est d’avoir fait mon Application en
plein hiver et un manque de photos de mes copains.
Sinon que de beaux souvenirs avec mes camarades
23
CHAPITRE – V
9éme R.A. Ma
du 25 Janvier 1972 au 30 Juillet 1974
Le 9º RAMA est l'héritier des traditions du Régiment d'Artillerie
Coloniale du Maroc (RACM).
Son étendard porte dans ses plis les noms suivants:
Maroc 1919-1954
Toulon1944
Indochine 1945-1954
Il est décoré de la croix de guerre 1939-45 avec palme, et de la
croix de guerre TOE avec 4 palmes.
Il porte la fourragère aux couleurs du ruban de la médaille
militaire et croix TOE.
En avril 1911, les premières unités d'artillerie Coloniale
débarquèrent au Maroc et s'illustrent lors de la marche de la
colonne Mangin sur Marrakech en 1912.
Six batteries prennent part à la grande Guerre et combattent en
particulier à la bataille de la Marne.
Le 1 septembre 1919, ces batteries reçoivent le nom de Régiment
d'Artillerie Coloniale du Maroc.
Absent des premières batailles de la 2GM (Division de Casablanca
- Général Béthouart), le Régiment reprend la lutte en 1943 en
Tunisie, puis en tant que Régiment d'Artillerie de la 9 DIC, il
24
participe aux opérations de l'Ile d'Elbe, au débarquement de
Provence, à la libération de Toulon et à la bataille de France.
Le 3 avril 1945, il franchit le Rhin et conquiert Fribourg.
Pendant neuf ans le RACM est engagé en Indochine. Il gagne
quatre citations à l'ordre de l'armée. En 1959, le Régiment rejoint
les Aurès (Algérie) où il est affecté au maintien de l'ordre dans les
régions de Batna et Lambèse et appuie les opérations de défense
du barrage Tunisien.
Transféré après avoir changé d'appellation, il s'installe à Saarburg
puis à Trèves, au quartier du Belvédère, ou il stationne depuis 1974
jusqu'à sa dissolution en 1994. Au moment de sa dissolution, le 9
RAMA est la seule unité des TDM en Allemagne, il est l'un des
deux régiments d'artillerie sol-sol organiques de la 1er Division
Blindée (2 Corps d'Armée).
Organisé en quatre batteries de tir (AUF-1 155mm), une batterie
d'instruction et une batterie de commandement et de soutien, le 9
RAMA avait un effectif d'environ 900 hommes dont 50 officiers et
150 sous-officiers.
Source; Brochure édité parle 9 RAMA lors de la
commémoration de Bazeilles 1989
Insigne des FFA
25
Le 155 F3 A.M
À la sortie de l’Ecole d’Application je rejoins le 9éme R.A. Ma à
Saarburg le 25.01.1972 en Allemagne.
Lorsque j’arrive je suis âgé de 18 ans en qualité de Maréchal des
Logis.
Le régiment est commandé par le Lieutenant-Colonel Krauth, je
suis affecté à la 1er Batterie commandé par le Capitaine Maüer.
À l’unité, j’exerçais les fonctions de chef de pièce, je commandais
neuf hommes plus âgés que moi, j’avais la responsabilité de
plusieurs millions de francs (un 155 F3 automouvant et un GBC
d’accompagnement) à l’époque nous étions avec une technologie
de la guerre de 39/45, il fallait réaliser l’orientation de la pièce
avec une boussole M22, tous les calculs étaient réalisés de façon
archaïque.
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Pour être un Artilleur il fallait avoir un certain don pour les Maths,
pour le calcul de la trajectoire et la topographie. (Logarithme
décimal, on utilise une table qui est une représentation tabulaire
des logarithmes, généralement en base 10, des nombres).
Il n’y avait pas de règle de sécurité, si on perdait une charge, on la
reconstituait au Pif et on tirait. Il n’existait pas comme par la suite
un officier de sécurité chargé de récupérer les appoints de charges
non tirés.
À l’époque en 1971 il faut savoir que la moyenne d’âge des
Maréchal des Logis était de 25 ans.
Je suis mal dans ma peau, j’ai affaire à des ivrognes, des têtes
dures, des sous-officiers d’un niveau intellectuel assez bas.
Certains s’accrochés à la barre du Bar et buvaient jusqu’à tomber
raide.
Je suis orienté pour présenter le concours de l’E.M.I.A l’école des
officiers à Strasbourg.
Je tombe dans une Unité qui ne me convient pas avec des Officiers
que je qualifierais de con, qui me rende rebelle. Je m’entête à ne
pas vouloir rester dans l’armée. Ainsi je commence à faire ma tête.
Point de vue autorité aucun problème, la castagne je connaissais.
J’ai dû enlever mes galons quelques fois.
Cela était de coutume pour être respecté.
Concernant la technique aucun problème, mon problème était que
je ne voulais pas rester dans ce bourbier.
J’étais un sous-officier moyen par mes comportements alors que
lorsque je suis arrivé au Régiment j’étais l’élite des sous-officiers
de l’Armée.
Berlin juin 1972