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Le livre d’or d’un Bigor Chef de Bataillon (er) Jean-Pierre CONILL

Le livre d’or d’un Bigor

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Page 1: Le livre d’or d’un Bigor

Le livre d’or d’un Bigor

Chef de Bataillon (er) Jean-Pierre CONILL

Page 2: Le livre d’or d’un Bigor

2

Préface

Ce livre retrace trente années de carrière au sein des Troupes de

Marine

Les troupes de marine ont été constituées pour tenir garnison

outre-mer. Ses soldats se fédèrent autour d'un symbole unique,

l'ancre d'or.

Leur vocation naturelle est de servir outre-mer et à l'étranger.

Constituées à l'origine pour tenir garnison outre-mer, les troupes

de marine y ont acquis une culture d'ouverture au monde.

En outre, les missions lointaines ont exigé de cette arme qu'elle

couvre des domaines de spécialités variés (combat de l'infanterie et

des blindés, feux d'appui, communications...) dont l'exercice,

aujourd'hui, se renforce d'une expérience ancienne de la

professionnalisation. Transcendant la notion de maîtrise de

techniques militaires, les troupes de marine se fédèrent autour d'un

symbole unique, l'ancre d'or, marque d'un style propre dont les

traits essentiels sont :

- une fraternité d'arme, état d'esprit entretenu par

des rapports humains simples et chaleureux

entre compagnons d'arme,

- une faculté d'adaptation aux situations les plus

insolites, véritable style de vie, produit de

l'histoire et d'expériences opérationnelles

réitérées,

- un "humanisme militaire", culture de l'autre

perpétuant notamment cette aptitude à nouer des

contacts avec les populations les plus diverses et

à gagner leur confiance.

Page 3: Le livre d’or d’un Bigor

3

- Ces valeurs identitaires fortes donnent son sens

à l'engagement des marsouins et des Bigors et

fondent toujours la vocation naturelle des

troupes de marine au service Outre-Mer et à

l'étranger.

De relater ses souvenirs encore vivants, les bons et les mauvais,

avec sincérité, honnêteté et vérité c’est le devoir de l’homme pour

présenter généreusement tous les clichés entreposés dans sa

mémoire.

Clichés qui parlent et racontent des faits passés, qui montrent des

images, des mouvements, des actes, des périodes touchant au

déroulement de toute sa vie passée.

Il est de mon devoir d’offrir aux générations présentes et à venir de

ma famille ces clichés de ma carrière militaire afin de maintenir le

lien inter-génération.

Ce livre permettra d’enrichir les souvenirs des ancêtres de la

famille CONILL lors de mon décès.

J’ai consacré ce premier livre à relater mon existence durant trente

années de suite au sein de l’institution militaire et particulièrement

dans les Troupes de Marine.

J’y ai mis le déroulement de ma carrière avec dans chaque étape

des souvenirs, des photos et des anecdotes pour enrichir et rendre

vivant les récits.

Page 4: Le livre d’or d’un Bigor

4

Les récits n’en seront peut-être pas toujours très corrects ni très

développé ; mais à coup sûr, ils seront sans prétention.

Ceci dit, je crois qu’il est nécessaire de donner quelques

renseignements très succinctement sur ma famille.

Mon père, ancien sous-officier Bigor, était

un interprète de la Coloniale, Médaillé

Militaire il a participé au débarquement en

Provence à la campagne d’Italie, de France

et d’Allemagne.

À la fin de la guerre il fût désigné pour le

Vietnam.

Il y fera deux séjours

Mon pére

Lors du deuxième séjour il rencontra ma mère et

c’est ainsi que le 15 Août 1953, j’ai vu le jour.

Ma mére

En 1954, il est désigné pour l’Algérie et je rejoins

avec ma mère un petit village du sud de la France

« Rivesaltes » au sein d’une famille Catalane.

Maréchal Joffre

En 1956, mon père quitte l’armée et s’installe comme Négociant

en Matériaux de construction à Rivesaltes.

Page 5: Le livre d’or d’un Bigor

5

CHAPITRE – I

Mon Engagement dans l’Armée

Je suis âgé de 17 ans et après discussion avec mon père avec qui

nous avions souvent des joutes, celui-ci est d’accord de me laisser

partir dans l’armée

Le 28 Septembre 1970 je me suis engagé pour 5 ans devant

l’Intendant Militaire de Perpignan au titre de l’armée de terre Je

suis convoqué pour faire mes trois jours à Tarascon afin de

déterminer mes capacités d’aptitudes intellectuelles et physiques.

J’en ressors apte avec un Niveau Général de 18/20.

Le niveau général était très important car il permettait d’orienter

les futurs militaires vers les différentes armes de l’armée de Terre.

(Il m’a servi plus tard lors de la sélection pour Saint-Maixent ou

un minimum de 14/20 était demandé).

Lorsque je suis passé devant l’officier orienteur, j’avais les portes

ouvertes à toutes les armes de l’Armée de Terre.

Le seul bémol c’est que je n’avais à l’époque aucune connaissance

sur les armes (ALAT, GENIE, ARTILLERIE, INFANTERIE,

INTENDANCE etc…).

Ma seule connaissance sur les armes était celle de mon père qui

avait fait sa carrière militaire dans l’artillerie coloniale.

C’est ainsi que fort de cette connaissance j’annonce à l’officier

orienteur que je choisi l’Artillerie Coloniale.

L’officier orienteur me fait savoir que l’appellation ‘Coloniale’ a

été remplacée par les ‘Troupes de Marine’

Si une explication sur les techniques des armes avait été réalisée

peut-être que mon choix aurait été différent.

Si j’avais eu les connaissances d’aujourd’hui sur les spécificités

techniques des armes il est certain que je me serais orienté vers le

Commissariat de l’Armée de Terre.

Mais le destin en a choisi différemment.

Début novembre 1970, je rejoins le 33 Régiment d’Artillerie

d’Instruction à POITIERS.

Page 6: Le livre d’or d’un Bigor

6

CHAPITRE – II

33éme Régiment d’Artillerie de POITIERS

Novembre 1970 à Février 1971

Dès mon arrivée je réalise mes classes de soldat et à l’issue je suis

dirigé vers le peloton gradé pour passer le Certificat Militaire

Elémentaire (C.M.E) et le Certificat technique Elémentaire

(C.T.E).

Le C.M.E est essentiellement de l’instruction générale et le C.T.E

est pour sa part une formation technique d’artillerie.

Page 7: Le livre d’or d’un Bigor

7

J’obtiens le C.M.E avec 13,88/20, le C.T.E sur canon 105 mm

HM2 avec 14.45/20 et mon Brevet Militaire Elémentaire avec

13,88/20.

Au peloton gradé nous étions à l’époque plus de trois cents ;

comme quoi aujourd’hui on est loin de ses effectifs.

Sur les trois cents 12 seulement avaient accès à l’école mère des

sous-officiers (Saint-Maixent) créée pour former les élites des

sous-officiers.

La sélection a été faite au CTE, avec 14,45 je me suis retrouvé

huitième sur plus de trois cents.

C’est ainsi que je suis appelé chez l’officier orienteur qui m’a

demandé si je voulais compte tenu de mon classement aller à

Saint-Maixent ou bien rejoindre FREJUS maison mère des

Troupes de Marine pour rejoindre TAHITI afin de servir auprès de

la formation d’expérimentation des bombes atomiques dans le

Pacifique.

Sans détermination particulière j’ai choisi Saint-Maixent et c’est

ainsi que le 01 Mars 1971 j’ai rejoint l’Ecole mère.

Souvenirs : Ce dont je me rappelle c’est l’obligation de sortir en

ville en tenue. Pour ce faire nous passions devant le poste de

police où se trouvait une grande glace.

Nous avions l’obligation de nous regarder pour corriger notre

tenue.

Il arrivait parfois que le chef de poste refusait la sortie pour tenue

négligée. Les chaussures devaient être cirées et brillées,

Page 8: Le livre d’or d’un Bigor

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les boutons de la vareuse devaient briller à l’aide du Miror , la

cravate avec le nœud parfait etc..

Rigueur dans la tenue. (Cela commencé à me plaire déjà).

J’ai connu mon camarade Cornil qui dormait toujours sur le dos

les mains jointes. (On avait de ses fous rires ensemble).

Cornil a été viré de l’armée suite à ses antécédents du civil.

Je crois qu’il avait volé et qu’il devait passer au tribunal.

Nous étions en chambrée de 30 avec un fonctionnaire brigadier

dont il fallait apporter le café au lit le matin à tour de rôle.

Comme sanction nous avions le nettoyage des WC à l’aide d’une

brosse et supprimer les traces des rangers au sol à l’aide de brosses

à dents également. (Cela commençait à me plaire de plus en plus

cette affaire).

Corvée de pomme de terre, je suis désigné pour aller éplucher des

pommes de terre à l’ordinaire. A l’époque l’épluchure se faisait

avec un couteau, nous avions des sacs de 50 kilos à éplucher.

Une fois je me suis bagarré avec un camarade, je ne me rappelle

plus pourquoi.

Le souvenir de courir pour ne pas louper le train lors de mes

permissions de week-end.

Les trains à l’époque étaient à vapeur ils étaient bondés et parfois

et il m’est arrivé de faire le trajet dans les couloirs faute de place.

Il y avait beaucoup d’espagnol dans cette période au départ de

Perpignan c’était une autre ère.

Durant cette période je percevais ma solde de 400 francs, mes

cigarettes, bons de colis et timbre FM de plus ma mère m’expédier

chaque semaine un mandat. Je n’avais pas de soucis d’argent

Mon copain Lespinasse avait quitté l’Ecole Normale et comme il

devait de l’argent à l’Etat pour sa formation il s’était engagé.

(Il m’a enseigné quelques règles de Français pour bien rédiger).

On a commencé à l’époque à s’intéresser à la politique et les

propos allaient bon train avec nos différences d’opinions.

J’ai passé mon permis de conduire sur Jeep.

Page 9: Le livre d’or d’un Bigor

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Voici un bon de colis

Bon de colis Timbre F.M

Sentiment sur cette formation J’ai vécu mes classes et mon peloton avec insouciance et j’étais

heureux de ma situation. J’étais libre vis-à-vis de mon père, j’avais

de l’argent, j’étais bienheureux.

Page 10: Le livre d’or d’un Bigor

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CHAPITRE – III

Saint-Maixent l’Ecole

du 01 Mars 1971 au 30 Août 1971

La vocation militaire de Saint-Maixent est née dans

les tourments de l'Histoire et les fracas de bataille.

Dès 1224 apparaît la mention du château royal qui va

faire de Saint-Maixent une place forte.

En 1878, la ville accueille le 114e régiment d'infante-

rie et la décision va être prise d'implanter une école

militaire dans l'ancien château et ses dépendances.

En 1881 la ville de Saint-Maixent accueille l'école militaire de

l'infanterie (EAI). Fière de cette histoire commune partagée, la cité

prend en 1926, le nom de Saint-Maixent-l'École.

De 1963, date de création de l'E.N.S.O. A, à 1967, date du départ

de l'E.A.I, les deux écoles cohabitent sur le même site.

Les régiments mettent alors à sa disposition les meilleurs de leurs

officiers et de leurs sous-officiers pour que la première promotion,

baptisée « promotion du drapeau », soit formée à la hauteur des

ambitions affichées : donner à l'armée de Terre les sous-officiers

de haut niveau dont elle a besoin.

IMPLANTATION

Implantée au cœur de Saint-Maixent-l'École, l'E.N.SO.A se répar-

tit sur plusieurs sites :

1- Le quartier Coiffé, bâti en 1914 pour faire face aux

besoins de la garnison en raison de la loi prolongeant le

service militaire à trois ans.

2- Depuis la création de l'E.N.S.O.A, ce quartier n'a

cessé de se développer. Cœur de l'école, il regroupe l'état-

Page 11: Le livre d’or d’un Bigor

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major, 4 bataillons d'élèves, le groupement de

perfectionnement des sous-officiers, les bâtiments des

engagés volontaires et un bâtiment d'instruction moderne et

fonctionnel avec ses 35 salles de cours.

3- Le quartier Marchand, espace d'accueil ouvert sur la cité, il

abrite le musée du sous-officier et le bâtiment réservé aux

cadres célibataires

4- Le panier fleuri, son complexe sportif permet la pratique

des divers sports collectifs, individuels et militaires. On y

trouve également les installations de tir de l'école.

5- Le camp d'Avon avec ses bocages et ses sept fermes, il

offre de larges espaces pour la formation et l'entraînement à

la « vie de campagne » et au combat. Il se situe à 15 km au

nord-est de Saint-Maixent-l'École. Il comprend également

1 village de combat permettant l'initiation aux actions en

zone urbaine.

En 1971 et 1972, la mission de l'Ecole s'est étendue au

perfectionnement de tous les sous-officiers de l'Armée de terre, qui

viennent à Saint-Maixent passer le C.M.2.

Page 12: Le livre d’or d’un Bigor

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Le 1er Mars 1971, je rentrais dans la maison mère des sous-

officiers de France, j’intégrais la 45éme Promotion «

Robert JUMEL »

Les trois premiers mois étaient consacrés à l’étude des Maths,

Français, Histoire et contexte Géopolitique du monde, droits et

devoirs du citoyen et du militaire, éducation civique, droit et

conventions internationales. (J’étais retourné à l’école).

Aujourd’hui cela fait rigoler, mais à l’époque on n’était pas à la

fête.

Les déplacements se faisaient la musette au dos en chantant.

Après le repas du soir études obligatoires jusqu’à 22 heures.

À la fin de la première période un examen était passé, ceux qui

réussissaient poursuivaient la deuxième période consacrée au

métier des armes.

Ceux qui échoués à l’examen de culture générale étaient muté en

régiment avec le grade de Caporal.

J’ai réussi à passer l’examen de culture générale et me voici en

train d’étudier le métier de fantassin.

(NRBC détection, renseignement militaire, équipements, Génie,

Combat, Chef de groupe, Tirs PA, PM, technique d’Intervention

Opérationnelle rapprochée « self défense adaptée aux missions

militaires » Sport : parcours du combattant, natation, course à pied,

grimpé de corde, course d’orientation, topographie, pédagogie)

La dureté de l’enseignement, des instructeurs, les efforts physiques

déployés durant l’école m’ont permis de me forger une force de

caractère hors du commun.

On nous a forgés pour commander, pour être des chefs sur le

terrain.

La réussite à l’examen de connaissances militaires et celle de

l’enseignement général donnait le Certificat Militaire du Premier

Degré (C.M.1).

Page 13: Le livre d’or d’un Bigor

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Juillet 1971, nous sommes réunis en amphi pour les résultats.

On allait savoir si on avait réussi à décrocher la fameuse sardine.

L’attente en amphi a été longue, et tout d’un coup j’entends le

général dire au micro a réussi l’élève Conill Jean.

À quinze jours de ma date anniversaire de mes 18 ans, je suis

nommé Sergent. Ce grade dont il fallut toute une carrière à mon

père pour y accéder.

Il faut dire que j’étais le plus jeune de la promotion et de France.

Cela m’a valu par la suite jalousie de la part de mon père et

d’autres anciens en régiment et également quelques coups de

pouce dans ma carrière.

Saint-Maixent terminé je devais rejoindre l’Ecole d’Application de

l’Artillerie à Chalôn sur Marne aujourd’hui Chalôn en Champagne

pour une période quatre mois afin de passer le certificat technique

du premier degré d’artillerie.

Le 01 Mars 1971, je rentrais à l’Ecole, le 01 Mai 1971 j’étais

nommé Caporal, le 01 Juillet 1971 je suis nommé Caporal-Chef et

le 01Août sergent.

En l’espace d’un an j’étais sergent alors que mon père avait mis

quinze ans pour décrocher le grade de sergent.

Page 14: Le livre d’or d’un Bigor

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Défilé à PARIS

Le 14 Juillet 1971 l’Ecole à défilé pour la première fois colonne

par six sur les champs Elysées à PARIS en chantant pour la

première fois.

Képi de l’école À Paris

Chant de l’E.N.S.O.A « le jeune chef »

I

Le Clairon nous réveille, le canon nous appelle

le fracas des combats nous ensorcelle

ainsi chantait l'ancien vibrant au souvenir

de l'épopée que tous admire

II De ses charges épiques, ses combats héroïques

Il rappelait la furie fantastique.

Il faudra comme lui, brandissant nos drapeaux,

un jour sans lui mener la troupe d'assaut

III L'école te formera dans un creuset d'acier

mais toi seul trouvera l'esprit guerrier,

le souffle de la gloire, l'ivresse de la victoire

pour te jeter au choc d'un bloc

Page 15: Le livre d’or d’un Bigor

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IV Tu dois dans la mitraille devenir la muraille

fièrement dressé contre les invasions

et creuser tes sillons dans les noirs tourbillons

mourir s'il faut pour la patrie meurtrie

Paris 14 Juillet 1971

Je ne sais pas où je suis sur la photo dans les rangs.

Nous étions logés au château de Vincennes.

La nuit du 13 juillet avec des camarades nous avons fait le mur

pour aller danser à Paris dans un bal des pompiers en prenant le

Métro.

On avait la santé.

Page 16: Le livre d’or d’un Bigor

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Pratique des Sports

Durant le cycle d’instruction, j’ai participé au championnat

régional d’athlétisme à la Rochelle en concourant sur 400 mètres,

j’ai parcouru la distance avec un record de 54’.

À l’époque je faisais 12’ au 100 mètres, 1.65 m en hauteur, 4.20 m

à la perche.

J’ai appris l’escrime à l’Ecole.

Mon camarade LESPINASSE

Mon camarade Lespinasse qui était avec moi à Poitiers vient me

voir et me dit que nous sommes tombé dans une usine de cons (il

faut dire que nous étions sous les joutes d’une discipline de fer) et

qu’il avait l’intention d’aller voir le général commandant l’Ecole

pour démissionner et se faire muter dans un régiment

métropolitain.

On en parle et me demande si je veux le suivre. Pour ma part

j’étais très tenté, mais j’avais la sanction de mon père et de ce

Lieutenant Fréche mon chef de section qui était de Perpignan sur

mon dos.

Je me décide à rester. Mon camarade Lespinasse est allé voir le

général et a été muté dans un régiment métropolitain.

De Lespinasse on en reparlera lors de ma mutation à l’Ecole

d’Application de l’Artillerie de Draguignan.

Je me rappelle de cet Adjudant qui nous appelait les intellectuels

broussailleux et de mon Lieutenant rang Fréche qui était originaire

de Perpignan.

Punition Ecole

Lors de mes sorties au village les week-ends de libre, je

fréquentais un bar près de la gare où j’avais rencontré une fille

dont je ne rappelle pas son nom. Elle avait un véhicule et avec elle

je me rappelle nous sommes allés un week-end danser dans

l’arrière-pays.

Page 17: Le livre d’or d’un Bigor

17

Un soir pour aller la rencontrer j’ai quitté ma chambre et par

manque de chance il y a eu l’appel du soir. Etant absent j’ai dû

aller rendre compte au Lieutenant Fréche pourquoi j’avais fait le

mur. J’ai eu une punition école. Cela a fait jazzer les copains.

Les artilleurs à Saint-Maixent.

Nous étions la crème des sous-officiers de l’armée de terre. Cela se

prouvera par la suite car sur douze artilleurs sélectionnés pour

Saint-Maixent, neuf ont terminé officiers supérieurs, un Major, un

Adjudant et deux qui ont quitté l’armée.

Maitrise de soi

Une fois je suis désigné pour monter la garde au dépôt à munitions

proche de Saint-Maixent. Nous avions à l’époque consigne de dire

si on apercevait quelqu’un de dire « Halte là –Qui va là –Avance

au ralliement – Halte - On disait un mot de passe et la personne

devait répondre le deuxième mot de passe » Exemple :

MARSEILLE et l’autre doit répondre PARIS.

Alors un individu s’approche dans une nuit noire, je fais les mots

de sommation, mais il ne répond pas. Je crie avancement au

ralliement Halte et l’individu continue à avancer, je charge mon

fusil Mas 36 et j’étais à deux doigts de tirer sur lui.

Fusil très lourd avec un fort recul.

Page 18: Le livre d’or d’un Bigor

18

J’ai eu la présence d’esprit de pas tirer, l’individu arrive à ma

hauteur et me dit ça va. C’était le chef de poste.

Je me suis dit il a eu chaud celui-là.

Et moi aussi car si j’avais tiré je ne dis pas les conséquences.

Corvées

Une fois je suis désigné pour aller faire la plonge à l’ordinaire, je

me souviens que le sous-officier d’ordinaire nous a donné à

manger le soir.

Sentiment sur cette formation :

J’ai appris à être rigoureux à commander et à former la troupe à

donner l'esprit d'équipe, le sens de la discipline et devenir le

premier exemple à suivre en matière d'exigence militaire.

On m’a formé comme responsable à qui incombent le bien-être et

la sécurité des hommes.

On m’a appris à m'adapter et à écouter.

On m’a enseigné des valeurs qui font un homme.

De cette période je n’ai qu’un regret celui de n’avoir pas eu la

présence d’esprit de prendre des photos de mes camarades.

Tenue Ecole

Page 19: Le livre d’or d’un Bigor

19

CHAPITRE- IV

L’ Ecole d’Application de l’Artillerie

à Châlons sur Marne du 01 Septembre 1971 au 14 Janvier 1972

Créée en 1791 à Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne), la

première École d’artillerie s’installe en 1871 à Fontainebleau

jusqu’en 1940. Durant la Seconde Guerre mondiale, les cours

d’artillerie sont poursuivis à Nîmes de 1940 à 1942,puis à

Cherchell en Algérie de 1942 à 1945. En 1945, l’école est recréée à

Idar Oberstein. La même année est créé à Nîmes le centre des

forces terrestres antiaériennes qui deviendra l’école de

spécialisation de l’artillerie antiaérienne (ESAA), puis l’école

d’application de l’artillerie sol-Air (EAASA).

Fin 1952, l’école d’application de l’artillerie revient à Châlons-

sur-Marne, sa ville de création. Elle y séjournera jusqu’en 1976,

année où elle s’installe dans un quartier neuf à Draguignan.

En 1983, l’EAASA quitte Nîmes et rejoint l’EAA à Draguignan.

Creuset unique de formation de tous les jeunes cadres officiers et

sous-officiers de l’artillerie, l’école est subordonnée au

Commandement des organismes de formation de l’Armée de Terre

(COFAT) et rattachée à la circonscription militaire de défense de

Marseille.

L’école assure pour l’artillerie sol-sol et sol-air :

- une mission de formation : formation initiale et

stages de perfectionnement

- une mission d’études et d’expérimentations dans

les domaines tactiques et techniques

Page 20: Le livre d’or d’un Bigor

20

Le 01 Septembre 1971, j’arrive à Châlons-sur-Marne pour suivre

ma formation d’Artilleur

On me demande si je veux suivre la formation classique ou

nucléaire

Je choisis le classique 155 F3 AM.

Le Certificat technique du premier degré est très complexe et de

haut niveau à l’époque tant dans le domaine topographique que

dans la préparation des tirs et étude des matériels.

Je n’avais aucune difficulté à assimiler les cours que je trouvais

(en travaillant bien sur) assez simple.

Nous étions logés en chambre sous-offcier et on mangeait au

Mess.

À cette époque je gagnait 1100 francs. Le S.M.I.G était de 800

francs.

Le jour de l’examen je suis sortie major de promotion des Troupes

de Marine avec 12,11/20 de moyenne générale ce qui m’a permis

de choisir en amphie sur le tableau la garnison de mon choix, le

9éme R.A.Ma

Le jour des résultats nous passons tous en amphie pour choisir

notre garnison d’affectation.

Les premiers mettant leur nom à la garnison de leur choix et les

suivants prennent les restes.

Jean -Jacques

Je me rappele de mon camarade qui le jour de l’examen s’est fait

bouler par l’examinateur car il avait montré le train de roulements

de l’AMX 13 avec le pied.

Il faut dire que Jean-Jacques (Corse de son état) était spécial, il se

prenait pour un Officier toujours avec ses gants et souliers à

clous.(Très imbu de sa personne avec beauxoup de défauts)

Page 21: Le livre d’or d’un Bigor

21

En parlant de lui il était titulaire des deux BAC et durant sa

carrière a réussi l’écrit des OAEA mais a terminait sa carrière

comme Adjudant suite à ses mauvaises actions au sein de l’armée.

Etant sortie Major de promotion des Troupes de Marine mon

camarade Jean-Jacques sortie second me proposa de me donner

500 francs si je ne prenais pas le 9éme R.A.Ma

À l’époque choisir le 9éme R.A.Ma représentait une solde

supérieure et plusieurs avantages liés à l’Allemagne. (fête de la

bière, journée des femmes…) Alors j’ai choisi le 9éme R.A.Ma

Visage couvert de neige

Un jour j’ai été désigné pour aller à Suippes avec un AMX13 en

qualité de chef de pièce. Il neigeait et lorsque je suis arrivé j’avais

la moitié du visage recouvert de neige et l’autre moitié non. Cela à

fait rire mes camarades et instructeurs.

Premier manteau

J’ai acheté mon premier manteau en laine vierge plus de 1000

francs.

Pas beaucoup de distractions

J’ai connu les bars il n’y en avait pas beaucoup.

Il n’y avait pas beaucoup de distraction à par la patinoire et les

cafés.

Il n’y avait pas de dancing donc pas de fille.

Page 22: Le livre d’or d’un Bigor

22

Week-ends

Compte tenu de la distance Châlon-sur-Marne et Perpignan je ne

pouvais pas descendre les week-ends en train.

Je suis descendu que deux fois en quatre mois, chez mes parents.

Connaissance du futur chef de corps du 11éme R.A.Ma

Je me souviens qu’il y avait une machine à café qui distribuer du

chocolat chaud pour 50 centimes et c’est là qu’un jour j’ai

rencontré un jeune lieutenant Polytechnicien .

Le lieutenant Novac qui plustard commandera le 11éme R.A.Ma

durant la guerre du Golfe.

Nous avons sympathisé à l’époque au sein de cette Ecole.

Le destin a fait que jamais nous nous sommes croisés dans notre

carrière d’artilleur.

Sentiment sur cette période

De cette Ecole, j’en ai gardé un excellent souvenir.

La seule chose que je regrette c’est d’avoir fait mon Application en

plein hiver et un manque de photos de mes copains.

Sinon que de beaux souvenirs avec mes camarades

Page 23: Le livre d’or d’un Bigor

23

CHAPITRE – V

9éme R.A. Ma

du 25 Janvier 1972 au 30 Juillet 1974

Le 9º RAMA est l'héritier des traditions du Régiment d'Artillerie

Coloniale du Maroc (RACM).

Son étendard porte dans ses plis les noms suivants:

Maroc 1919-1954

Toulon1944

Indochine 1945-1954

Il est décoré de la croix de guerre 1939-45 avec palme, et de la

croix de guerre TOE avec 4 palmes.

Il porte la fourragère aux couleurs du ruban de la médaille

militaire et croix TOE.

En avril 1911, les premières unités d'artillerie Coloniale

débarquèrent au Maroc et s'illustrent lors de la marche de la

colonne Mangin sur Marrakech en 1912.

Six batteries prennent part à la grande Guerre et combattent en

particulier à la bataille de la Marne.

Le 1 septembre 1919, ces batteries reçoivent le nom de Régiment

d'Artillerie Coloniale du Maroc.

Absent des premières batailles de la 2GM (Division de Casablanca

- Général Béthouart), le Régiment reprend la lutte en 1943 en

Tunisie, puis en tant que Régiment d'Artillerie de la 9 DIC, il

Page 24: Le livre d’or d’un Bigor

24

participe aux opérations de l'Ile d'Elbe, au débarquement de

Provence, à la libération de Toulon et à la bataille de France.

Le 3 avril 1945, il franchit le Rhin et conquiert Fribourg.

Pendant neuf ans le RACM est engagé en Indochine. Il gagne

quatre citations à l'ordre de l'armée. En 1959, le Régiment rejoint

les Aurès (Algérie) où il est affecté au maintien de l'ordre dans les

régions de Batna et Lambèse et appuie les opérations de défense

du barrage Tunisien.

Transféré après avoir changé d'appellation, il s'installe à Saarburg

puis à Trèves, au quartier du Belvédère, ou il stationne depuis 1974

jusqu'à sa dissolution en 1994. Au moment de sa dissolution, le 9

RAMA est la seule unité des TDM en Allemagne, il est l'un des

deux régiments d'artillerie sol-sol organiques de la 1er Division

Blindée (2 Corps d'Armée).

Organisé en quatre batteries de tir (AUF-1 155mm), une batterie

d'instruction et une batterie de commandement et de soutien, le 9

RAMA avait un effectif d'environ 900 hommes dont 50 officiers et

150 sous-officiers.

Source; Brochure édité parle 9 RAMA lors de la

commémoration de Bazeilles 1989

Insigne des FFA

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Le 155 F3 A.M

À la sortie de l’Ecole d’Application je rejoins le 9éme R.A. Ma à

Saarburg le 25.01.1972 en Allemagne.

Lorsque j’arrive je suis âgé de 18 ans en qualité de Maréchal des

Logis.

Le régiment est commandé par le Lieutenant-Colonel Krauth, je

suis affecté à la 1er Batterie commandé par le Capitaine Maüer.

À l’unité, j’exerçais les fonctions de chef de pièce, je commandais

neuf hommes plus âgés que moi, j’avais la responsabilité de

plusieurs millions de francs (un 155 F3 automouvant et un GBC

d’accompagnement) à l’époque nous étions avec une technologie

de la guerre de 39/45, il fallait réaliser l’orientation de la pièce

avec une boussole M22, tous les calculs étaient réalisés de façon

archaïque.

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Pour être un Artilleur il fallait avoir un certain don pour les Maths,

pour le calcul de la trajectoire et la topographie. (Logarithme

décimal, on utilise une table qui est une représentation tabulaire

des logarithmes, généralement en base 10, des nombres).

Il n’y avait pas de règle de sécurité, si on perdait une charge, on la

reconstituait au Pif et on tirait. Il n’existait pas comme par la suite

un officier de sécurité chargé de récupérer les appoints de charges

non tirés.

À l’époque en 1971 il faut savoir que la moyenne d’âge des

Maréchal des Logis était de 25 ans.

Je suis mal dans ma peau, j’ai affaire à des ivrognes, des têtes

dures, des sous-officiers d’un niveau intellectuel assez bas.

Certains s’accrochés à la barre du Bar et buvaient jusqu’à tomber

raide.

Je suis orienté pour présenter le concours de l’E.M.I.A l’école des

officiers à Strasbourg.

Je tombe dans une Unité qui ne me convient pas avec des Officiers

que je qualifierais de con, qui me rende rebelle. Je m’entête à ne

pas vouloir rester dans l’armée. Ainsi je commence à faire ma tête.

Point de vue autorité aucun problème, la castagne je connaissais.

J’ai dû enlever mes galons quelques fois.

Cela était de coutume pour être respecté.

Concernant la technique aucun problème, mon problème était que

je ne voulais pas rester dans ce bourbier.

J’étais un sous-officier moyen par mes comportements alors que

lorsque je suis arrivé au Régiment j’étais l’élite des sous-officiers

de l’Armée.

Berlin juin 1972