16
Le magazine du KKL 3 e volet s"xc Janvier - Février - Mars 2012 - N°58 - 5TOU BICHVAT 5772 Hag ilanot sameah ! www.kkl.fr Dossier : les villes méconnues d’Israël

Le magazine du KKLkkl.fr/media/862/ADAMA-58.pdf · d’Israël. 4 3 6 10 11 12 15 ... autour de la capitale éternelle du peuple juif : ... détérioration ou non-retour des documents

  • Upload
    trananh

  • View
    214

  • Download
    1

Embed Size (px)

Citation preview

Le magazine du KKL

3e

volet

s"xc

Janvier - Février - Mars 2012 - N°58 - 5€

TOU BICHVAT5 7 7 2

Hag ilanot sameah !

www.kkl.fr

Dossier :les villes méconnuesd’Israël

4

3

6

10

11

12

15

Le mot du président du KKL de FranceProjet du KKL de France :

LE PARC MÉTROPOLITAINDE JÉRUSALEM,une couronne verte pour une ville d’or

Dossier : les villes méconnues d'Israël Troisième volet

CÉSARÉE, RETOUR VERS LE PASSÉ Biographie :

HANNAH SZENES (1921-1944)Une éteincelle dans l’obscurité

Israël en chansons :

IDAN RAICHEL (né en 1977)« Chanteur israélien du monde »

LES BRÈVES DU KKL

LIVRES À DÉCOUVRIR...

Chers lecteurs,

À l’occasion de TouBichvat, mais aussi du

110e anniversaire du KKL,célébré cette année, nousvous invitons à découvrir, danscette nouvelle édition dumagazine Adama, le projetphare que notre institution a décidé de prendre à sacharge, en partenariat avec la municipalité de Jérusalemet d’autres acteurs, autour de la capitale éternelle dupeuple juif : le parc métropolitain de Jérusalem, uneimpressionnante couronne de verdure dédiée auxloisirs, à la nature et à la culture, pour le plus grandbonheur de tous les citoyens israéliens et des touristes !Au fil de ces pages, vous pourrez également prendreconnaissance du troisième volet de notre dossier annuelconsacré aux villes méconnues d’Israël. C’est à Césarée,cité antique et moderne aux mille attraits, que nousvous proposons à présent à faire escale. Notrebiographie sera quant à elle dédiée à une grande héroïnede l’histoire sioniste et fameuse poétesse, HannahSzenes. Nous évoquerons par ailleurs le parcours inouïde la star de la chanson Idan Raichel, avant de conclurepar les dernières actualités du KKL, en France et enIsraël, et nos conseils de lecture. Pour célébrer comme il se doit le Nouvel An des arbres,notre fête traditionnelle, ainsi que notre vénérableanniversaire, nous vous avons concocté une série defabuleux concerts, avec Idan Raichel (à Paris et à Nice)et David D’or (à Paris et à Marseille). Nous vous yattendons très nombreux ! ■

Hag Ilanot sameah !

ÉDITORIAL

ADAMA, le magazine du KKL, est édité par le Keren Kayemeth LeIsraël - Association loi 1901 - Directeur de la publication : Raymond BUNAN. Comité de rédaction : Adva BENZIMRA - Nadine CHICHE - Reuven NAAMAT - Frédéric NORDMANN - Yaël SIMON. Maquette : SH GraphicImpression : AM PLUS, 93260 Les Lilas - Dépôt légal : à parution - Commission paritaire : N° 0713G79279 - ISSN 1621 - 8590 - Crédits photos : archivesphotos du KKL, sauf mention contraire - Crédits de couverture : KKL - L’éditeur décline toute responsabilité en cas de perte, détérioration ou non-retour des documents qui lui sont confiés. Il se réserve le droit de refuser toute demande d’insertion sans avoir à motiver son refus. La citation de marques, noms de firmes, d’associations, institutions, etc. est faite sans aucun but publicitaire. Ce mailing comprendra les éléments suivants :Adama, une lettre accompagnatrice, une enveloppe, des cartes de correspondance et un dépliant du parc de France - Adoulam.

ADAMA

Reuven NAAMATDélégué général du KKL en France

KL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KKL KK

BULLETIN D’ABONNEMENT AU JOURNAL ADAMAà retourner au : Keren Kayemeth LeIsraël - 11 rue du 4-Septembre, 75002 Paris

Tél. : 01 42 86 88 88

Nom : ....................................................................................................... Prénom : ...........................................................................................................................

Adresse : .......................................................................................................................................................................................................................................................

Code postal / Ville : ............................................................................................................... E-mail : ......................................................................................

Prix de l’abonnement pour 4 numéros : 20 €

❏ par chèque à l’ordre du KKL ❏ par CCP 17.029.55U CENTRE PARIS

❏ par carte bleue N° ________________________________ Date d’expiration /__________

Cryptogramme ________________ (3 derniers chiffres au dos de la C.B.) Signature :

N°58

www.kkl.fr

www.kkl.fr Le magazine du KKL

Quelques semaines après le débutde l’année civile, c’est un « nouvel

an » qui nous est cher – « roch hachanahailanot » (Nouvel An des arbres) –, Tou Bichvat, que nous fêtons. C’est un événement emblématique pournotre institution sioniste, le KKL, qui l’a remis à l’honneur en terre d’Israël : i l représente un temps pour lesinaugurations et pour les plantations.

En Israël , la s ituation sécur itairedemeure problématique. L’instabilitéqui règne aux frontières peut à toutmoment dégénérer, et l’on sait ques’attaquer à l’État d’Israël a toujours été un exutoire pour les régimes endifficulté ou pour les tenants d’une idéologie « antisioniste »qui supporte mal l’existence d’un État démocratique oùtoutes les religions peuvent s’exercer librement. L’Iran, sous la coupe du régime obscurantiste des ayatollahs quidéveloppe un programme militaire nucléaire, constitue leprincipal danger. Cela concerne tous les pays épris deliber té et de paix, même si Israël est, en la matière, enpremière ligne !

Le KKL fête ses 110 ans et entame la douzième décenniede son existence avec toujours plus de projets en vue dedévelopper l’État d’Israël et d’assurer la pérennité de sonexistence au bénéfice de la nation juive tout entière et de

tous les habitants du pays. En France,nous sommes par tie prenante d’uncertain nombre de ces projets par noscontributions et par notre participationà des manifestations ou des activités quiles soutiennent.

Nous avons l ’habitude de rendrehommage à nos amis, juifs et non-juifs. Ilen est de particulièrement précieux, quinous ont quittés l’année dernière et qui nous manquent cruellement. Parmi ceux-ci, nous voudrions citer SergeBenattar (zal), fondateur de l’hebdoma-daire Actualité juive, et le grand rabbinde Paris, David Messas (zal), qui avaienttoujour s été présents à nos côtés.

En plantant les arbres de Tou Bichvat, nous rappelleronsleur souvenir, ainsi que celui d’Ilan Halimi (zal), assassiné il y adéjà six ans. ■

Hag ilanot sameah !

C’est le dernier « mot du président » que je signe ès qualités, car j’achève mondeuxième et dernier mandat à cettefonction, mais je resterai au service denotre institution pour soutenir lesprochaines instances dirigeantes etcontribuer au succès de nos nombreusesactivités.

Le mot du président du KKL de FranceD

rF r é D é r i c N o r D m a N N

ADA

MA

ADA

MA

OASIS DE QUIÉTUDEÀ DEUX PAS DEL’EFFERVESCENCECITADINE, LE PARCMÉTROPOLITAIN DEJÉRUSALEM CONSTITUEL’UN DES PLUSAMBITIEUX PROJETSAUQUELLE KKL S’EST ASSOCIÉDANS LE DISTRICTDE LA VILLE SAINTE.ENTRE NATURE ETPATRIMOINE, SPORTET DÉTENTE, CETTEAURÉOLE DE VERDUREDE 1500 HECTARESOFFRIRA AUX CITOYENSISRAÉLIENS DE TOUSÂGES ET ORIGINES, DEMÊME QU’AUXVISITEURS ÉTRANGERS,MILLE ET UNEOPPORTUNITÉS DEPROFITER DES JOIES DESLOISIRSDE PLEIN AIR. UNEENTREPRISE DE VASTEAMPLEUR À LAQUELLENOUS VOUS INVITONSAUJOURD’HUI ÀPARTICIPER.

Projet du KKL de France

4

Le parc métropolitain de Jérusalem

AD A M A N°58 - TO U BI C H VAT 5772 / 2012

ADAMA

5

Le parc métropolitain de Jérusalem

AD A M A N°58 - TO U BI C H VAT 5772 / 2012

Selon la tradition juive, sur les dixmesures de beauté qui furent allouées

à notre monde, Jérusalem s’en arrogeaneuf. Garants de cette distinctionsymbolique, les par tenaires du projet,dont la municipalité de Jérusalem et leKKL, ont investi énergie et savoir-fairepour concevoir un plan de long termedestiné à agrémenter la cité d’un véritablepoumon ver t, gage de qualité de vie pour une population multiculturelle enconstante croissance.

UN PROGRAMMEDE DÉVELOPPEMENT ÉLABORÉ

Situé dans les vallées du pourtour nord,ouest et sud de la capitale , le parcmétropolitain entend respecter un strictéquilibre entre la satisfaction des besoinsexprimés par les Hiérosolymitains et lasauvegarde d’un environnement précieuxet fragile, parsemé de vestiges archéo-logiques qu’il s’agit également depréserver. Spécialiste incontesté desplantations forestières, de la restaurationdes sites naturels et historiques et del’aménagement d’infrastructures de loisirsà impact écologique réduit, le KKL joueraun rôle majeur dans la concrétisation decette œuvre d’embellissement. Engagéedans l'extension des zones boisées et laplantation de vergers, l’institution sionistesera du reste chargée de mettre en placeun réseau de communications compre-nant routes d’accès pavées, parkings,sentiers pédestres, signalétique et pistescyclables de tous niveaux, dont une voiepériphérique qui traversera l’ensembledes espaces ver ts. Le KKL aura parailleurs pour mission de réhabiliter leswadis endommagés et leur écosystème,les sources locales, leurs canalisations etbassins de stockage, ainsi que les terrassesagricoles antiques. Enfin, il assurera laconstruction d’aires de repos, de jeux, de

pique-nique et de loisirs, d’équipementssportifs, de points de vue panoramiqueset de centres d’information et d’activitéspédagogiques.

QUATRE ESPACES, QUATRE IDENTITÉS

Le parc métropolitain se subdivisera enplusieurs espaces, reliés entre eux etconnectés aux zones urbaines qu’ilsdesserviront. - Le parc Arazim, au nord, s’étendra autourdu wadi éponyme, dûment restauré.Sources, terrasses agricoles ancestrales,vergers, forêts sillonnées de sentiers, airesrécréatives et bases de sports aquatiquesréjouiront les habitants des localités etquartiers septentrionaux. Les amateursd’histoire découvriront avec intérêt lesruines industrielles du village juif de BethTalma. - Le parc Motsa, à l’ouest, se situera dansla vallée du nahal Sorek. Le lac saisonniersis au-dessus du réservoir de Beth Zaïtsera au centre d’un complexe sportif etde loisirs. Promenade ombragée de 3 km,vestiges d’une agr iculture ancienneflorissante, sources et sites archéolo-giques et pionniers (synagogue, maisonYelin…) figureront également parmi lesattractions du parc. - Le parc Refaim, au sud, formera unecoulée verte de 500 hectares jouxtant laville, prétexte à de superbes promenadesà travers la nature et l’histoire, mais aussià toutes sortes de réjouissances de pleinair. Trois sources, Ein Lavan, Ein Walaja etEin el Hanniya, seront restaurées pour leplus grand bonheur des visiteurs. - Le parc Hatsofim et Tsurim : la vallée deTsofim, dans la section supérieure dunahal Sorek, accueillera des aires de jeux,des sentiers et des pistes cyclables. Situéeentre le mont Scopus et la vieille ville, son homologue de Tsurim, réputée pour

ses oliviers et pistachiers, ses citernesantiques et ses grottes funéraires, seraaussi pourvue de chemins réservés auxmarcheurs et cyclistes.

Grâce à votre généreuse contri-bution, prendra vie, dans l’immé-diate banlieue de Jérusalem, la plusspectaculaire ceinture verte jamaiscréée en Israël, habitat privilégiéde la faune et de la flore sauvageset lieu de rendez-vous récréatif etculturel de tous les publics, laïcs etreligieux, jeunes et seniors, valideset handicapés. Une opération d’en-vergure digne de la capitale éter-nelle du peuple juif ! ■

Le parc métropolitainde Jérusalem,

une couronne verte pour une ville d’or

● Localisation :le parc s’étendra sur1500 ha autour de Jérusalem(limites nord, ouest et sud).

● Objectifs : - Préserver la nature : protection

de la faune et de la floreindigènes contre l’urbanisationexcessive ; réhabilitation descours d’eau et de leurs berges.

- Sauvegarder le patrimoinehistorique : restauration desterrasses agricoles antiques, dessites archéologiques et pionniers.

- Offrir des activités diversifiées :aménagement d’aires de pique-nique, de loisirs, de jeux,d’installations sportives, desentiers pédestres, de pistescyclables, de cafés etrestaurants…

LE PROJET EN BREF...

www.kkl.fr Le magazine du KKL

APRÈS AVOIR EXPLORÉLES CENTRES D’INTÉRÊTINSOUPÇONNÉS DE DEUXCAPITALES RÉGIONALES,HAÏFA ET BEERSHEVA,NOTRE DOSSIER ANNUELS’INTÉRESSERA DÉSORMAIS ÀUNE VILLE DE TAILLEMODESTE, QUI PRÉSENTE À

BIEN DES ÉGARDS UN CARACTÈRED’EXCEPTION EN ISRAËL : CÉSARÉE.CITÉ PORTUAIRE FASTUEUSE DEMÉDITERRANÉE ORIENTALE SOUSDOMINATION ROMAINE, ATTACHÉEAU RÈGNE ET À LA PERSONNALITÉD’HÉRODE LE GRAND, ELLE ESTDEVENUE, AU TERME DE DEUXMILLÉNAIRES DE CONQUÊTES,

UN HAVRE DE PAIX PRISÉ PAR LESÉLITES ISRAÉLIENNES POUR SONCADRE PRIVILÉGIÉ, SA QUALITÉ DEVIE, SA VITALITÉ ÉCONOMIQUE ETCOMMUNAUTAIRE ET SON HAUTNIVEAU DE SERVICES. UNIQUELOCALITÉ DE CETTE ENVERGUREGÉRÉE PAR UNE ORGANISATIONPRIVÉE, ELLE S’EMPLOIE À METTREEN VALEUR SON PATRIMOINEARCHÉOLOGIQUE ET À ÉTOFFERSES ANIMATIONS AFIN D’OFFRIRAUX TOURISTES UNE EXPÉRIENCESANS ÉQUIVALENT À TRAVERS LETEMPS. EN ROUTE POUR UNEDESTINATION MAGIQUE, OÙL’HISTOIRE RENCONTRE LAMODERNITÉ.

Dossier réalisé par Yaël Simon

6

Césarée, retour vers le passé

AD A M A N°58 - TO U BI C H VAT 5772 / 2012

DR

DR

Troisième volet

DR

DR

« Je demeurailongtemps errantdans Césarée. »(Jean Racine, Bérénice,acte 1, scène 4)

ADAMAD

R

7

Césarée, retour vers le passé

AD A M A N°58 - TO U BI C H VAT 5772 / 2012

S i tuée sur la plaine côtièreisraélienne, dans la région de HofHacarmel, à 45 km de Tel-Aviv et

de Haïfa et à 5 km au nord-ouest deHadera, Césarée jouit d’un cl imatméditerranéen caractérisé par des étéssecs et chauds et des hivers doux etpluvieux. Des atouts géographiques quin’ont pas manqué d’être exploités dèsl’Antiquité.

JALONS HISTORIQUES

Les fouilles archéologiques effectuées à par tir des années 50 ont révélé de spectaculaires vestiges des èresromaine, byzantine et croisée, témoinsde la magnificence passée de Césarée,carrefour maritime entre Orient etOccident.

Une capitale antique

Après avoir abrité un village au cours de la période perse achéménide, le site accueille un comptoir phénicien,Stratonis Turr is (1), dont s’emparel ’Hasmonéen Alexandre Jannée au Ier siècle avant l’ère commune (AEC). À l’issue de la conquête romaine de la Judée en 63 AEC, le roi iduméenHérode le Grand y fonde CaesareaMaritima, en hommage à son protecteur,l ’empereur Auguste . Bâtie selon leschéma urbanistique romain (cardo-decumanus), la cité se dote, de 22 à 9 AEC, de monuments somptueux(palais, temple, théâtre, hippodrome,forum, thermes, aqueducs, statuaire…),ainsi que d’un port artificiel sophistiqué,Sebastos, qui allait occuper une positionprépondérante dans la région (2). Après lamort de son créateur, la ville est placéesous l’égide des procurateurs romainsde la province de Judée. Elle devient lethéâtre de la sédition inaugurale de lagrande révolte juive qui aboutit à ladestruction du Second Temple en 70.Capitale provinciale, Césarée conserve,malgré les persécutions (3), une popu-lation juive qui devait prospérer du IIIe

au Ve siècle. En attestent d’ailleurs lesacadémies talmudiques renommées quis’y épanouissent (4).

Un phare du christianisme

La cité d’Hérode, où fut découver tel’unique inscription mentionnant PoncePilate , occupe par ai l leur s un rôlepar ticulier dans l’histoire de la chré-tienté. Les Actes des Apôtres indiquentque le centur ion romain Cornelius y fut baptisé et que saint Paul y futempr isonné. Évêché dès la fin du IIe siècle, Césarée se distingue par soncentre d’études théologiques et sabibliothèque de 30 000 manuscrits,fondés par Origène au IIIe siècle etfréquentés par saint Jérôme et saintBasile. Au début du IVe siècle, l’évêqueEusèbe y rédige son Historia Ecclesias-tica et son Onomasticon. Sa principaleéglise, où sont vénérés les martyrs de lagrande persécution de Dioclétien (303),est édifiée au VIe siècle sur l’emplace-ment de l’ancien temple. Sous souve-raineté byzantine (325-640), la villefor tifiée accroît son influence com-merciale et reçoit de nombreux pèlerins.À partir du Ve siècle, Juifs et Samaritainssubissent des mesures d’exclusionentraînant des troubles durementréprimés.

Six siècles d’invasions

En 640, Césarée est envahie par lesconquérants arabes au terme d’un siège

éprouvant. Délaissée, elle perd son statutde capitale administrative, intellectuelleet commerciale. C’est donc davantageune localité secondaire qu’une citéflamboyante que les Croisés découvrenten mai 1099. En 1101, les Francs, menéspar Badouin Ier, prennent la ville, où estinstitué un archevêché. La populationjuive est quasiment anéantie. Enlevée par Saladin après son éclatante victoirede Hattin (1187), elle tombe, en 1191,entre les mains de Richard Cœur de Lion, qui en exile les habitantsmusulmans. For tifiée par Louis IX, roi de France, en 1251-1252, Césarée estdétruite par le sultan mamelouk Baybarsen 1265. Elle devait demeurer à l’état deruines, enfouie sous les dunes de sable,jusqu’en 1884.

Le temps de la renaissance

C’est en effet à cette date que l’Empireottoman décide d’y établir des réfugiésmusulmans de Bosnie, qui y fondent un vi l lage de pêcheurs. À la fin du XIXe siècle , le baron de Rothschildachète des terres ingrates et maréca-geuses à Césarée et dans ses environs,dont il finance le drainage et la mise envaleur. L’église or thodoxe grecque yréalise également des acquisitions. Enfévrier 1948, le 4e bataillon du Palmakh,com-mandé par Joseph Tabenkin, assuresa mainmise sur la cité. En 1954, lafamille Rothschild choisit de transférerl’essentiel de son patrimoine foncier aunouvel État d’Israël, à l’exception des

DR

DR

Vue aérienne

de Césarée.

Statue de l’empereur Hadrien.

www.kkl.fr Le magazine du KKL

ADAMA

8

Césarée, retour vers le passé

AD A M A N°58 - TO U BI C H VAT 5772 / 2012

35 000 dounams qu’elle détient àCésarée, soumis à un statut spécifique :une fondation (la Société de dévelop-pement de Césarée Edmond Benjaminde Rothschild) est, depuis lors, chargéede son essor urbain, économique ,éducatif, social, communautaire, culturelet touristique.

UNE VILLE MODÈLE

Conformément aux dernières volontésdu « Bienfaiteur bien connu » (5), Césarée dispose ainsi d’un mode degouvernement singulier, fidèle aux idéauxphilanthropiques du « père du yichouv »et attaché à l’édification sociale et édu-cative de ses résidents. Les 80 employésde la Société de développement deCésarée, contrôlée pour moitié par lafamille Rothschild et par l'État d’Israël,s’appliquent, par le biais d’un master plan,à en faire une vitr ine d’excellence , de bien-être et de croissance, dans lerespect de normes environnementalesrigoureuses.

Un cadre de vie prestigieux

For te de 5000 habitants, Césaréecomprend plusieurs lotissements detailles très variées. À quelques encabluresdes vestiges antiques se dressent de luxueuses vil las, modernes etspacieuses. Centres commerciaux, cafés,restaurants et autres lieux de convivialitéagrémentent le quotidien des citadins.L’environnement urbain fait également lapart belle aux espaces verts, sans oublierla magnifique plage qui longe la cité. Trèsinvestie dans la sauvegarde de la nature,la Société de développement s’emploie àassurer l’entretien optimal du domainepublic, à réaliser des économies d’énergieet à favoriser le tri sélectif des déchets.

Un parc économique de pointe

Paradis résidentiel , Césarée s’estégalement dotée d’un business parkexemplaire , également géré par laSociété de développement. Idéalementsitué à proximité des principales voies de

communication, desservi par une navetteet de vastes parkings, il s’étend sur 350 hectares, dans le voisinage de l’usinede traitement des eaux de NahalayMenashe. De la distribution au high-tech,en passant par les biotechnologies, le matériel médical, les technologies del’eau ou encore l’industrie cosmétique,les 170 entreprises à for t potentiel qui y sont hébergées emploient près de5500 personnes. Elles se signalent dureste par leur engagement en faveur dela qualité des eaux de l’aquifère côtier.Une palette de services haut de gamme(poste, crèches, centre de conférences,etc.) est offerte sur place aux compa-gnies et à leur personnel.

Des communications aisées

Épargnée par les flux de circulation lesplus denses, Césarée est pour tantraccordée aux pr incipaux axes detransport régionaux. À la frontière de lazone résidentielle, l’autoroute 2 relie laville à Tel-Aviv et Haïfa. Légèrement plus à l’est, l’autoroute 4 dessert Hadera,Binyamina, Zikhon Yaakov et lesmochavim et kibboutzim de Emek Hefer.Quant à l’autoroute 65, elle permet de rallier Pardes Hanna-Karkur, Umm el-Fahm et Afula. Le business park accueillepour sa par t une station de chemin de fer.

Un réseau éducatif de qualité

Placée sous la supervision du dépar-tement de l’Éducation du conseil régionalde Hof Hacarmel, l’école élémentaire de Césarée bénéficie des meilleursprogrammes pédagogiques, équipements

informatiques et culturels, dont unconservatoire de musique. Les élèves dusecondaire fréquentent pour leur partl ’école régionale de Hof Hacarmel. Par ailleurs, sept crèches, dont deuxétablissements privés, veillent à l’épa-nouissement des plus jeunes. Enfin, uncentre pour la jeunesse organise desactivités périscolaires en faveur du millierd’enfants de Césarée. La ville se soucieégalement du moral des appelés, auprofit desquels elle organise des visitesfamiliales et distribue de petits cadeaux.

Des loisirs diversifiés

Poumon social de la cité, le Centre deculture et de loisirs accueille depuis 1992les résidents de tous âges, auxquels il propose des activités, ateliers etévénements tout au long de l’année(théâtre, danse, chorale, jeux, club seniors,bridge…). Côté sportif, la plage se prêteà la baignade et à la plongée, tandis qu’unskate park fait le bonheur des jeunes. Le Country Club local est équipé, quant àlui, d’une piscine, de courts de tennis, desalles de gymnastique et d’arts martiaux.Unique en Israël, le golf de 18 trous deCésarée assure à lui seul l’attractivitésportive de la ville. Inauguré dès 1961,son parcours a été entièrement redessinépar l’architecte de réputation inter-nationale Pete Dye en 2007. Pourvud’une clientèle il lustre et for tunée, i l accueille tous les quatre ans lesépreuves de golf des Maccabiades.

UN EDEN TOURISTIQUE

Outre son golf et sa douceur de vivre, laville de Césarée, inscrite au patrimoinemondial de l’Unesco, recèle de véritablestrésors historiques, culturels et naturels (6),à même d’émerveiller les visiteurs lesplus exigeants (7).

Un héritage archéologiquesans pareil

Parc national depuis 1963, le sitearchéologique de Césarée permet aux

DR

Césarée, à la pointe du développement.

ADAMA

ggggggggggggggggggggggggggggggggggggggtouristes des quatre coins du monde dedécouvr ir, sur 50 hectares, les plusremarquables strates de l’histoire d’Israëldepuis deux millénaires. Bien qu’elle ait subi les injures du temps, lesdéprédations l iées aux conquêtessuccessives et les dévastations dues auxcatastrophes naturelles, la somptueusecité hérodienne a su conser ver destraces révélatr ices de sa splendeurantique , exhumées par les fouil lesarchéologiques israéliennes. Du théâtre àl’hippodrome, en passant par le palaisroyal, le temple de César, le Tiberium, leforum, les thermes, le double aqueduc etl’immense port, l’on prend consciencenon seulement de l’influence régionalede Caesarea Maritima, ville peuplée de dizaines de milliers d’habitants, maisaussi du savoir-faire technique desarchitectes affectés à sa construction. Les restes d’une synagogue et demosaïques byzantines, de fortifications etde croisées d’ogive franques rendentcompte du devenir de la ville à l’époquemédiévale. Sous la houlette de l’Autoritéisraélienne des antiquités, de la Sociétéde développement de Césarée et del’Autor ité des parcs nationaux, desexpositions archéologiques présentent aupublic des pièces exceptionnelles, dont lecouvercle décoré d’un sarcophage de1700 ans. Les amateurs de plongée sontinvités pour leur part à une excursionsous-marine à travers les structuresimmergées du por t romain (quais,

vvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvventrepôts, phares…), sans oublier lesnavires échoués. De plus, des animationsmultimédias, « le voyage dans le temps »et « la tour du temps », proposentdésormais des rencontres interactivesavec des personnages historiques entrois dimensions (Hérode, rabbi Akiva,saint Paul, Saladin, le baron de Rothschild,Hannah Szenes…), ainsi qu’une visitevirtuelle de la cité à travers les âges.

Une ville de cultureet d’animations

Rénové dans les années 70, le théâtreromain a renoué avec sa vocation initiale.I l accueille depuis, dans son cadreféerique, des concerts donnés par desar tistes israéliens (Shlomo Ar tzi, Rita,Yehudit Ravitz, Eyal Golan, Idan Raichel…)ou des stars internationales de lachanson, mais aussi un festival d’opéra etdes représentations théâtrales. Desreconstitutions historiques costuméeségayent les rues au printemps, tandis quedes jeux collectifs parsemés de défis etautres chasses au trésor récréatives sontorganisés autour du port, de jour commede nuit. Tai-chi-chuan, paintball et activitésludiques pour petits et grands complètentcet alléchant programme. Cafés,restaurants, ateliers et galeries d’ar toffrent aux promeneurs l’occasion dedélicieuses haltes. Enfin, le musée Ralli, à larafraîchissante architecture hispanique,abrite d’intéressantes collections, dont desœuvres de Salvador Dalí.

Aux alentours de Césarée, les touristesgagneront à se rendre à Zikhron Yaakov,ville pittoresque fondée par le baron de Rothschild en 1882, réputée pour ses établissements vinicoles et ses muséesde la première alya et du Nili-BethAharonson, et au kibboutz Sdot Yam, oùse visitent des expositions archéologiquespermanentes, ainsi que la maison deHannah Szenes (lire page 10). ■

Alors, à bientôt à Césarée !

Notes :(1) « La Tour de Straton », du nom du roi

Straton Ier de Sidon.

(2) Césarée a été décrite parFlavius Josèphe dans LesAntiquités judaïques (XV) et dansLa Guerre des Juifs contre lesRomains (I).

(3) C’est notamment à Césaréeque les autorités romainessupplicièrent rabbi Akiva etautres martyrs juifs.

(4) Le traité Nezikin (« Dom-mages ») du Talmud deJérusalem fut d’ail leurscompilé à Césarée au IVe siècle.

(5) « Le Bienfaiteur bien connu »(« Hanadiv hayadoua ») et le « père du yichouv » sontdeux des surnoms attribuésau baron Edmond de Roth-schild.

(6) Signalons notamment la ré-serve naturelle du Caroubier,en cours d’aménagement(sentiers pédestres, ranch pourpromenades à cheval, etc.).

(7) Plus d’infos : www.caesarea.com

9

Césarée, retour vers le passé

AD A M A N°58 - TO U BI C H VAT 5772 / 2012

DR

DR

Vestiges des thermes sur la plage de Césarée. Le musée Ralli abrite des œuvres d'artistes latino-américains.

DR

www.kkl.fr Le magazine du KKL

ADAMA

Héroïne d’Israël, HannahSzenes incarna, au cours de

sa brève existence, l’idéal sioniste,le sens de l’engagement et du sa-crifice du soi. D’un courage exem-plaire, cette figure de la résistancejuive au nazisme assuma sans ja-mais fléchir sa périlleuse missionet son tragique destin. Célébréepour sa détermination sans faille,la jeune pionnière de la troisièmealya acquit également une renom-mée méritée pour ses talentslittéraires.

Issue de la petite bourgeoisie juiveassimilée, Hannah Szenes naît à Budapestle 17 juillet 1921. Son père Béla, jour-naliste et dramaturge, décède alorsqu’elle n’a que six ans. Soutenue par samère Katrina, qui n’hésite pas à acquitterles frais de scolarité doublés imposés auxenfants juifs, la jeune fille est scolariséedans une école privée protestante, oùelle excelle. Elle hérite du reste desqualités de plume de son défunt père,qu’elle exploite dans son journal intime.Consternée par l’antisémitisme populaireet officiel qui règne dans son pays,Hannah Szenes se rapproche de sesracines juives et rejoint, en compagnie deson frère György (Guiora), les rangs de l’organisation sioniste estudiantineMaccabea. Elle y reçoit notammentl’instruction du grand rabbin de BudapestImre Benoschofsky.

AU SERVICE DE SON PEUPLE

En 1939, elle choisit d’émigrer enPalestine plutôt que de se convertir auchristianisme, condition sine qua nond’accès aux études universitaires. Elle suitles cours de l’école d’agriculture pourjeunes filles de Nahalal, avant d’intégrer lekibboutz Sdot Yam, non loin de Césarée.

Membre de la Hagana, elle s’engage en1943 dans l’armée de l’Air britannique,en qualité de soldate de 2e classe. Elledébute alors en Égypte un entraînementde parachutiste au profit du SOE (SpecialOperations Executive). Le projet clan-destin auquel elle se destine a pourobjectif d’entrer en contact avec descombattants de la résistance européenneafin de venir en aide aux communautésjuives menacées d’extermination et aux pilotes alliés abattus. Au terme de sa formation, elle compte parmi les 33 personnes sélectionnées pour êtreinfiltrées en terrain ennemi.

DANS L’ANTRE DE LA BÊTE

Le 15 mars 1944, elle est parachutée enYougoslavie avec deux camarades, YoëlPalgi et Peretz Goldstein. Après avoirappris que l’armée de Hitler avait envahila Hongrie, les deux hommes décident derenoncer à une mission qu’ils jugent tropdangereuse. Désormais seule, HannahSzenes partage le quotidien d’un groupede par tisans pendant trois mois, puisgagne la frontière hongroise. Elle estaussitôt arrêtée par la police locale, quidécouvre son émetteur radio. La jeunefemme est internée à Szombathely, puistransférée à Budapest. Interrogée ettorturée sans répit, elle refuse pourtantde dévoiler le code de son appareil. Sestortionnaires menacent alors de mettresa mère à mort, sans plus de résultat.Emprisonnée, Hannah Szenes utilise un miroir et autre subterfuges pourcommuniquer avec ses codétenus, dontelle entretient le moral en chantant.

HONNEUR ET PERSÉVÉRANCE

Âgée de 23 ans, elle est traduite devantun tribunal pour trahison le 28 octobre1944. Lors de son procès, elle plaide sa

cause avec éloquence, revendiquant sesactes sans réclamer la clémence de sesjuges. Le verdict est repor té à deuxreprises, mais elle est conduite devant le peloton d’exécution le 7 novembre,avant que la décision ne soit rendue.Inébranlable en dépit de plusieurs moisde calvaire, elle choisit d’être fusillée sans bandeau, fixant de son regard d’acierles agents de basse besogne chargés de mettre fin à ses jours. Reflet de sa lucidité, un émouvant poème estretrouvé dans sa cellule après sa mort.

AU PANTHÉON SIONISTE

En 1950, la dépouille de Hannah Szenesest transférée à Jérusalem, où elle estinhumée dans le cimetière militaire dumont Herzl. Sa mère, rescapée, s’investitdans la préservation de sa mémoire : son journal et ses poèmes sont ainsilargement diffusés. Certains de ses écrits,tels La Marche vers Césarée (Eli, Eli…) ouBénie soit l’allumette, ont été mis enmusique et interprétés par les plusgrands artistes, tandis que son épopéefuneste a inspiré, entre autres, le dra-maturge Aharon Megged. Les kibboutzimSdot Yam et Yad Hannah commémorentson souvenir, de même que de trèsnombreuses rues israéliennes. Unefondation lui est également dédiée. Enfin,après la Guerre froide, une cour martialehongroise l’a officiellement réhabilitée. ■

Hannah SzenesUne étincelle dans l’obscurité

DR

10

Hannah Szenes (1921-1944)

AD A M A N°58 - TO U BI C H VAT 5772 / 2012

(1921-1944)

ADAMA

É à Kfar Saba le 12 septem-bre 1977 dans une familleoriginaire d’Europe de l’Est,Idan Raichel découvre l’ac-

cordéon à l’âge de 9 ans. Ouvert à tous

les styles, il s’avère, à l’adolescence, unexcellent claviériste et s’essaie au jazz. À 18 ans, il rejoint la troupe musicale de Tsahal, où il se distingue par ses dons d’arrangeur et de producteur de spectacles. À l’issue de son servicemilitaire, le jeune homme occupe un poste de conseiller dans une écolefréquentée par des immigrantsd’Éthiopie. Il s’intéresse alors de près à cette communauté africaine, dont il découvre les talents musicaux (Mahmoud Ahmed, Aster Aweke…).

Musicien prisé des studios d’enregis-trement au service de personnalités dela chanson, il décide, au tournant dusiècle, de se consacrer à son propre « projet », reflet de ses aspirationsmulticulturelles. Il invite ainsi plus de 70 collègues de tous horizons àcontribuer à son disque de démons-tration, enregistré au domicile de sesparents. Si ses détracteurs jugent sontravail trop « ethnique » et l’accusent de plagier la musique traditionnelleéthiopienne, il est repéré par GadiGidor, d’Helicon Records. Triple disquede platine, son premier album, The IdanRaichel Project (2002), le propulse sur ledevant de la scène. Quatre opus suivent,de 2005 à 2011, auxquels participentplus de cent artistes, dont ShoshanaDamari, India Arie, Mayra Andrade ouSomi. En hébreu, amharique, hindi, arabe ou créole capverdien, son message de tolérance séduit une audienceinternationale. Showman surdoué,l’Israélien aux dreadlocks, assisté de songroupe « à géométrie variable », donneégalement des concerts à guichet fermédans les salles les plus prestigieuses deNew York, Los Angeles, Hong Kong,Sydney, Moscou, New Delhi, Paris,Singapour, Mumbai..., sans oublier sestournées en Amérique du Sud et enAfrique. Élu « musicien de la décennie »en Israël, Idan Raichel chantera pour le KKL à Nice (4 février) et à Paris (5 février). Courez l’applaudir ! ■

(1) Qualificatif attribué à Idan Raichel par le New YorkTimes.

RÉVÉLATION DE LA DERNIÈRE DÉCENNIE, L’INCLASSABLE IDAN RAICHEL,MUSICIEN, COMPOSITEUR ET INTERPRÈTE DE GÉNIE, A RÉVOLUTIONNÉ LACHANSON ISRAÉLIENNE QU’IL A ENRICHIE, PLUS QU’AUCUN AUTRE AVANTLUI, D’INFLUENCES MUSICALES ET LINGUISTIQUES DU MONDE ENTIER.RETOUR SUR UNE FULGURANTE SUCCESS STORY.

ISRAËLEN CHANSONS

Idan Raichel« CHANTEUR ISRAÉLIEN DU MONDE » (1)

Si tu pars

Si tu pars, qui m’enlacera comme cela ?Qui m’écoutera à la fin de la journée ?Qui me consolera et m’apaiseraComme toi seul le sais ?

Si tu pars, qui attendrai-je à la fenêtre,Vêtue d’une robe de fête ?Qui viendra m’enlacerComme tu le fais lorsque tu viens ?

Quand tu partiras, je sortirai vers le soleil.Dans les champs dorés, matin et soir,La lune illuminera mon visageQui ne cesse de rêver de toi.

Et quand tu viendras,Tu me porteras dans tes brasDes champs jusqu’à la rivière.Tu laveras mon visage et tu me diras des motsComme toi seul le sais.

Im télèkhIm télèkh mi yéhabèk oti kakhaMi yichma oti béssof hayom

Mi yénahem véyarguiaRak ata yodéa

Véim télèkh lémi ahaké bahalonBéssimla chèl hag

Chéyaguia, yéhabèk oti kakhaK’mo ché ata maguia

Kché télèkh lachémèch étséBassadé hamouzhav bokèr vaérèv

Yaréah yaïr èt panaïChéholmot kol hayom rak aleikha

Oukhché tavoTissa oti bichté yadékha

Missadé lanaharTirhotz èt panaï vétaguid li milim

K’mo chérak ata yodéa

Paroles et musique : Idan Raichel

11

Idan Raichel, chanteur israélien du monde

AD A M A N°58 - TO U BI C H VAT 5772 / 2012

www.kkl.fr Le magazine du KKL

N

ADAMA

Àl’occasion du Forum des présidents du KKL de France, quis’est tenu le 27 novembre au Grand Hôtel Intercontinental

Paris Opéra, Frédéric Nordmann, président du KKL de France,Reuven Naamat, son délégué général, et David Edery, son déléguéaux Legs et Testaments, recevaient Efi Stenzler, président du KKLmondial, Avi Dickstein, directeur du département des Ressourcesdu KKL de Jérusalem, et Itzhak Mopsik, directeur du départementLegs et Testaments du KKL de Jérusalem, en présence deplusieurs présidents d’antennes provinciales du KKL. ■

LE KKL S’EXPOSEÀ THIAIS

En étroit partenariat avec la mairie de Thiais, l’associationYonathan Netanyahou du B’nai B’rith organise, sous l’égide de

son président, Rolland Ghnassia, l’exposition « Israël, du désert auxjardins, parcs et forêts », présentée au public du 26 mars au 6 avril 2012 dans le hall de l’hôtel de ville (rue Maurepas, 94320 Thiais). Dédiée aux réalisations du KKL, qui fête cette annéeses 110 ans, elle comprend une soixantaine de photographieshistoriques et contemporaines, ainsi que des livres et documents.Saluons à ce titre le précieux soutien du député-maire de Thiais,Richard Dell’Agnola, qui accueille régulièrement, depuis 1998, des manifestations célébrant l’amitié entre la France et Israël. ■

Les Brèves du KKl

12

Les brèves du KKL

AD A M A N°58 - TO U BI C H VAT 5772 / 2012

Dans le cadre de la 10e édition dufestival Jazz’n Klezmer, le KKL

de France s’est associé au Centred’art et de culture de l’Espace Rachipour offrir au public francil ienl’opportunité de découvrir le groupeTal Ben Ari & Asikides. Les spectateurs sont venus en nombre, en ce 19 novembre, applaudir la talentueuse Israélienne et sescompagnons sur la scène du New Morning. À l’issue desallocutions, la chanteuse d’origine yéménite et ses partenaires(Yannis Papaioannou : luth, saz, ney, voix et direction artistique ;Lisandro Silva : guitare ; Alberto Perez : percussions, voix) ontproposé à des auditeurs charmés un concert d’inspiration « ethnique », nourri de diverses influences venues du Bassinméditerranéen et du Moyen-Orient. Un voyage sonore appréciéde tous. ■

UNE CROISIÈREMUSICALE

LYON CÉLÈBRETOU BICHVAT Le KKL de Lyon fêtera Tou Bichvat le

dimanche 5 février, à partir de 15h, auCentre culturel de Villeurbanne (234 coursÉmile-Zola). Au programme : en premièrepartie, après les allocutions des présidents,

un film sera diffusé, avant de laisser place à un orchestre klezmerde quatre musiciens ; la seconde partie sera consacrée à unspectacle de l’humoriste juif Ophir et à des animationsorchestrées par Dany du groupe Nadav. Notez qu’une tombola,dotée de nombreux lots, sera également organisée. Veneznombreux ! ■

ADAMA

Les Brèves du KKl

En qualité d’expert de l’afforestation et de la gestion desressources en eau, le KKL a pris part, du 28 novembre au

9 décembre à Durban, à la 17e conférence des Nations unies sur lechangement climatique. Outre les événements qu’elle a organisésen marge des débats, l’institution sioniste a tenu un stand qui aattiré des visiteurs parfois inattendus, représentants d’une vingtainede pays, dont certains n’entretiennent pas de relations diplo-matiques avec l’État d’Israël (Bangladesh, Brésil, Cambodge,Éthiopie, Indonésie, Irak, Kenya, Malawi, Mali, Mauritanie, Namibie,Nigéria, Ouganda, Pérou, Soudan, Sri Lanka, Swaziland, Tchad etTunisie). Parmi ceux-ci, on retiendra notamment Muhammad Bahir,haut fonctionnaire du ministère des Transports irakien, venudiscuter de la politique israélienne en matière de réduction desémissions de gaz à effet de serre, Suzanne Sami Jamil el-Banna, chefde la délégation irakienne, particulièrement intéressée par lecombat mené par le KKL contre la désertification, ou encore NabilHamadi, haut fonctionnaire du ministère tunisien de l’Agricultureet de l’Environnement, qui a exprimé le désir de poursuivre ledialogue ainsi entamé. La délégation du KKL a égalementrencontré, entre autres personnalités, une princesse nigérianeinvestie dans un mouvement féminin pour la paix et ledéveloppement, le ministre de l’Environnement et de la Gestiondes catastrophes des îles Salomon, son homologue du Malawi,le secrétaire brésilien à l’Environnement, Grayton Toledo, leparlementaire sud-africain Gareth Morgan, ainsi que Jack Kaye, dela division des sciences de la terre de la Nasa. Un succès qui en ditlong sur la réputation planétaire du KKL ! ■

L e 1er novembre dernier, pasmoins de 204 conseils régio-

naux et 260 000 volontaires, dont 80 000 élèves des écoles et de nombreux soldats, ont prêtémain-forte au KKL lors de la 11e édition israélienne du Clean UpDay, manifestation internationaledestinée au nettoyage des espacesverts. Grâce au soutien des anten-nes australienne et canadienne duKKL, cet événement écologique aremporté, cette année encore, un

grand succès en Terre promise, même si les activités organiséesdans le Néguev du nord et de l’ouest ont dû être annulées enraison des agressions terroristes en provenance de la bande deGaza. Pour la première fois, le tri sélectif a fait partie duprogramme de sensibilisation pédagogique : des sacs aux couleursdu KKL (brun pour le papier et le carton, bleu pour le plastique et vert pour les détritus organiques) ont permis de recycler lesdéchets recueillis. « Les participants sont issus de toutes lesrégions et de toutes les religions, s’est réjoui Efi Stenzler, présidentdu KKL mondial, lors de la cérémonie principale qui s’est tenue dans la forêt de Ben Shemen en présence du ministre del’Environnement, Gilad Erdan, et de l’ambassadrice d’Australie enIsraël, Andrea Faulkner. Notre message est clair : si nous sommescapables de débarrasser nos forêts des déchets, nous pourronsgarantir la propreté de notre pays ! » ■

POUR UNE NATURESANS DÉTRITUS

13

Les brèves du KKL

AD A M A N°58 - TO U BI C H VAT 5772 / 2012

LE KKL, UN PARTENAIREINTERNATIONAL

Lors de la 11e édition du Clean Up Day (lire « Pour une naturesans détritus »), l’enseignant suisse Louis Palmer a présenté en

Israël, sur le mont Carmel, son ingénieux prototype de taxi solaire100 % écologique, à bord duquel l’inventeur helvétique a d’ores etdéjà parcouru 60 000 km à travers le monde. « Mon objectif est demontrer à des millions de personnes que nous pouvons nouspasser d’essence, a-t-il déclaré devant un public captivé, dont desélèves des écoles Almogim et de Amirim de Kiryat Yam. Enfant, jerêvais de parcourir le monde, mais quand j’ai grandi, j’ai comprisque les déplacements polluaient. Pour réaliser mon rêve, j’ai crééune automobile solaire ! » Le véhicule, dont la vitesse est limitée à 90 km/h, fonctionne avec une batterie qui permet de couvrir 300 km. Contrairement aux voitures classiques, il ne pollue pas, nefait aucun bruit et ne coûte pas une goutte de carburant. Et si letemps s’avère nuageux, il est possible d’utiliser une batterie desecours, rechargeable, au besoin, sur secteur électrique. « C’estune excellente solution d’avenir, et j’espère que, dans quelquesannées, nous conduirons tous des véhicules tels que celui-ci », aajouté le promoteur du taxi solaire. Une démarche environ-nementale logiquement soutenue par le KKL ! ■

LE TAXI DU FUTUR

www.kkl.fr Le magazine du KKL

15

Livres à découvrir...

AD A M A N°58 - TO U BI C H VAT 5772 / 2012

LIVRESà découvrir...

Notes de lecture de Yaël Simon

H omme de culture et d’action,Vladimir Zeev Jabotinsky (1880-1940) a souvent fait

l’objet de jugements tranchés, qu’ilssoient le fait de ses farouches détracteursou de ceux qui se réclament de sonhéritage. Loin de toute caricature, cerécit autobiographique – hélas inachevé– laisse entrevoir une personnalité com-plexe, sensible et clairvoyante, assumantses choix voire ses erreurs sans la

moindre complaisance. Au fil des pages, l’on découvre l’univers de cenatif d’Odessa devenu journaliste globe-trotter, la lente maturationde ses conceptions politiques, ses passions et aversions, ses doutes etses espoirs déçus. Partisan résolu de l’autodéfense juive et d’unretour à la « tradition herzélienne », il expose sans ambages saviolente opposition aux atermoiements du « sionisme naïf » incarné par Weizmann et sa majorité. Le futur Roch Betar décrit également son combat, aux côtés de Trumpeldor, en faveur de la création ducorps des muletiers de Sion (1915) et d’une légion juive à même delibérer Eretz Israël de l’occupation ottomane. Non sans exprimer sagratitude envers celles et ceux qui ont compté et qui l’ont soutenu,des petites mains aux plus puissants, le théoricien du sionisme « révisionniste » nous livre ici un captivant témoignage, à la foispersonnel et historique. ■

VLADIMIR ZEEV JABOTINSKY

HISTOIRE DE MA VIE Éditions Les Provinciales

A nthologie d’articles, de discours etde leçons, savamment agrémentésde références au Talmud, au

Midrach, à la Kabbale ou encore auhassidisme, la nouvelle publication enlangue française d’Adin Steinsaltz nousconvie à « mieux vivre » les fêtes juives en dépassant leur caractère historique et potentiellement routinier pour enappréhender la quintessence. Premier de ces rendez-vous, les solennités de Roch Hachana et Kippour invitent non

seulement à un examen de conscience personnel et « national »,mais aussi à un retour sincère vers la « Source première ». Alorsque les réjouissances de Soukot et de Hanouka symbolisent l’unicitédu peuple juif, que Tou Bichvat incite à repenser son rapport à laterre et que Pourim célèbre son triomphe sur Amalek, Pessah etChavouot signent l’avènement de sa délivrance et de sa spécificité.Sans omettre Ticha Béav, temps d’exil de la Présence divine – où ilsuggère d’ailleurs de commémorer le souvenir de la Shoah –,l’auteur ne néglige pas d’évoquer célébrations de l’indépendanceretrouvée et fêtes hassidiques. Une lecture qui nourrira assurémentune expérience religieuse pleine de sens. ■

ADIN STEINSALTZ

INTRODUCTION À L’ESPRITDES FÊTES JUIVESÉditions Albin Michel

Hommage à un « monde assassiné »,celui des écrivains yiddish del’entre-deux-guerres, le dernier

roman de Gilles Rozier met en scènel’improbable amitié entre un jeune diplôméparisien en quête de ses origines et la fillenonagénaire du poète Alter Kacyzne,dépositaire obstinée de la mémoire decette « Atlantide engloutie ». Sur les tracesde sa grand-mère polonaise disparue, AnnaJanowska, Pierre fait la connaissance de

Sulamita, vieille dame retranchée dans les combles d’un palaisRenaissance romain, gardienne du trésor littéraire d’un royaume juifrévolu. Débute alors une fascinante correspondance dans laquellerenaissent de leurs cendres les destins croisés de Melekh Rawicz,Uri-Zvi Grinberg et Peretz Markish, banquier issu de Radymno, filsde rabbin galicien et révolutionnaire d’Ukraine réunis à Varsovie parleur commun amour de la poésie yiddish. Entre guerres et pogroms,drames personnels et extermination de tout un peuple, espoirsioniste et persécution stalinienne, publications avant-gardistes etdéfense d’une langue perçue comme une survivance diasporique, lelecteur se laisse emporter par la tragique épopée de ces Ostjuden,chantres d’un univers disparu subtilement célébré dans ces pages. ■

À contre-courant des thèsesnégationnistes de Shlomo Sandet autres dénonciations calom-

nieuses proférées quotidiennement àl’encontre d’Israël, David Horowitz etGuy Millière rappellent, dans cet essaiefficace et accessible, quelques salutairesvérités relatives à la notion de « peuplepalestinien », sur laquelle reposent lesprétentions des par tisans d’une cause « moralement répugnante ». Faitshistoriques incontestables à l’appui, les

auteurs montrent tout d’abord que, loin de constituer une entitéhomogène, la population en question s’avère amplement constituéed’immigrants récents, attirés par le dynamisme de l’entreprisesioniste. Encouragés par les trahisons britanniques puis lescapitulations onusiennes, les nationalistes arabes ont mis enexergue, dans la deuxième moitié des années 60, une identiténullement revendiquée auparavant, créée à des fins exclusivementgénocidaires : instrumentalisé et fanatisé, le « peuple palestinien »,émanation du refus arabe, n’a d’autre raison d’être que ladestruction de l’État d’Israël et la liquidation de ses citoyens.Nécessaire contrepoison face aux falsifications de l’histoire, à la confusion des agresseurs et des victimes, aux imprécationssélectives et aux égarements d’Oslo, cet ouvrage d’une grandehonnêteté intellectuelle mérite la plus large diffusion. ■

DAVID HOROWITZ ET GUY MILLIÈRE

COMMENT LE PEUPLEPALESTINIEN FUT INVENTÉ Éditions David Reinharc

GILLES ROZIER

D’UN PAYS SANS AMOURÉditions Grasset

www.kkl.fr Le magazine du KKL

1 er FESTIVAL MUSIQUE D’ ISRAËL

Cré

atio

n SH

Gra

phic

06

21 1

3 02

93

- Ph

otos

non

con

trac

tuel

les.

Un concert inédit !

ansduKKL

Dimanche 5 février 2012 à 18hau Zénith de Paris : 211 av. Jean-Jaurès, 75019 ParisRéservations au KKL : 01 42 86 88 88 - www.kkl.fr, www.festival-musique-israel.com0892 68 36 22 (0, 34€TTC/min), FNAC – CARREFOUR et points de ventes habituels, www.fnac.com.

IdanRaichel project en concert à NiceSamedi 4 février 2012

Tél : 04 93 80 25 30 - E-mail : [email protected]

David D’or en concert à MarseilleMardi 7 février 2012

Tél : 04 91 53 39 74 - E-mail : [email protected]

The

IdanRaichelproject

The

DavidD’or

Un événement Tabboo Production