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جريدة لوموند

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  • Jeudi 3 avril 2014 - 70e anne - N21526 - 2 - Francemtropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Mry - Directrice: Natalie Nougayrde

    Mars a t cruel Kaboul. Avril ris-quedeltreplusencore.LAfgha-nistan vit, ces temps-ci, des heu-resunpeuplussombresqulha-

    bitude. Le pays est dans une phase de transi-tion. Il doit se rendre aux urnes, samedi5avril,pourlepremiertourdunscrutinprsi-dentiel et des lectionsprovinciales.

    LesAfghansvotentavec,entoilede fond, laperspective du retrait massif des troupes delOTAN essentiellement amricaines dici lafindelanne.Et,donc, lapossibilitdunereprise de la guerre civile entre le pouvoir,

    dun ct, et les talibans, de lautre.Menespar lesEtats-Unisou, secrtement,

    par lactuel prsident, Hamid Karza, toutesles tentatives de ngociations avec les tali-bans ont chou. Protgs par une partie delEtatpakistanais, les talibansveulentpartici-per au pouvoir Kaboul sans donner aucunegarantiepralable, politiqueoumilitaire.

    Ils sopposent,notamment, la conclusion

    entreKaboul et lesEtats-Unisdunaccordsurlemaintienduneforceamricainersiduelle quelque 10000 hommes pour encadrerlarmeafghane.

    Lchec des ngociations de paix a conduitles talibans tout faire pour saboter le scru-tin.Leur objectif est dempcher que le rgi-me soit nouveau lgitim par les urnes. Ilsont lanc une campagne dassassinats pourterroriser les fonctionnaires chargs du vote,les militants des partis en lice, les ONG, demme que les journalistes, afghans et tran-gers. Ils disent vouloir faire le plus de victi-mes civiles possible. Ils nhsitent pas tirer bout portant sur des enfants en bas ge. Ilfaut tuer, et tuer encore, pour terroriser.

    Lenjeu est rien de moins que lavenir delAfghanistan aprs treize annes de guerre.La vrit est quun bonnombre dAfghans, etcertainspaysvoisins,souhaitentquelesEtats-Unismaintiennent une force. Ils veulent quelONUet les ONGnabandonnent pas le pays.Ils redoutent une offensive gnrale des tali-bansaulendemaindudpartdugrosdestrou-pes de lOTAN.

    Ils craignentune guerre civile qui se solde-

    rait par une victoire des talibans, ces milicesarmes, issues des tribus pachtounes, leth-nie majoritaire, pratiquant et imposant unislam ultraconservateur, aussi intolrant lgardde tous les autres cultesquil est impi-toyable lgarddes femmes.

    En poste depuis la chute du rgime tali-ban en 2001, le prsident sortant, M.Karza,joue un jeu dangereux. Il se comporte enadversaire rsolu de Washington. Il refusede signer laccord ngoci entre Kaboul etWashington sur la force rsiduelle. Il cultiveune rhtorique antiamricaine, comme silcherchait semnager, dj, les bonnes gr-ces des talibans.

    Ildnonce, justetitre,certainsbombarde-ments de lOTAN qui font encore nombre devictimes dans la population. Mais il donnevolontiers crdit ce sujet des documentsquil sait fabriquspar les talibans. Surtout, ilfeint dignorer cette ralit : les milliersdAfghans civils tus depuis treize ans ont,dansleurcrasantemajorit,tdesvictimesdes talibans. Do ces heures dangoisse, depeur et dincertitudeque vit lAfghanistan.p

    LIRE LENQUTE PAGE20

    La saga du procs deMontigny-ls-MetzLeprocsdeFrancisHeaulmeat renvoyaprs le tmoignagedelancienmanutentionnaireHenriLeclaire.FRANCEPAGE 11

    Venezuela:le systmeMadurocraqueLergimevnzulienestconfrontdesviolencesquiont fait aumoins40morts.INTERNATIONALPAGE 8

    La biotech franaise,star de la BourseLesactionsde la start-upGenomicVisionsarrachent laBoursedeParis. Les fondsamricainscherchent lesbonnesaffairesenFrance.CAHIER COPAGE 3

    POUR VOTRE SANT, PRATIQUEZ UNE ACTIVIT PHYSIQUE RGULIRE. www.mangerbouger.fr

    La campagne a t rude ?Cure de douceur pour tous !

    ROYAL LCOLOGIELE RETOUR EN FORCE

    SAPIN BERCYLA GARANTIE DU PRSIDENT

    HAMON LDUCATIONLA CAUTION DE GAUCHE

    AUJOURDHUI

    DITORIAL

    Legouvernement,unesynthseValls-Hollande

    LE GOFF PAR UMBERTO ECOAfghanistan: les talibans, la terreuret le vote

    Manuel Valls quitte lElyse,mercredi 2 avril aumatin,aprs avoir formson gouvernement.JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/

    FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

    tLepremierministredirigeraunequiperesserre, qui respectelaparit et lesquilibresduPStLes entrants :SgolneRoyalet Franois Rebsamen.Les sortants:PierreMoscovicietVincentPeillontLesVertsnontpasvouluparticiperaugouvernement.ChristianeTaubirareste gardedes sceauxtBruxelles refuse la Franceunsursispour rduire ledficitLIRE PAGES27,CAHIER COP.5ET LACHRONIQUEP.21

    LE REGARD DE PLANTU

    YJacquesLeGoffnestplus. Il avait 90 ans,un ge raisonnable

    pour la plupart des gens; pourtant,ledcsdesafemmelavaitlittrale-ment boulevers. Les derniresannesde sa vie, il les avait passeschez lui, immobilis, mme si sesfacultsintellectuellestaientintac-tes. Il ne cessait de travailler, depublier,sedplaantavecundam-bulateurentrelesgratte-cielquefor-maient les livres qui ne trouvaient

    plus leur place dans les tagresbondes,sortesdeManhattandru-ditiondans sonpetit appartement.LaFrancesenorgueillitdhistoriensminents de la priodemdivale,et il suffit de songer, pour lhistoirede la philosophie, EtienneGilson,pour lhistoirede lart, EmileMleou Henri Focillon, pour lhistorio-graphie, Pirenneou Duby,maisLeGofffutuninterprtetrsperson-neldecettegrandetradition.UmbertoEco LIRE LA SUITE PAGE 17

  • LedosagetrspolitiquedugouvernementLenouveaupremierministreambitionnedincarnerunerupturerapideetradicaleaveclamthodedesonprdcesseur,

    france

    Charg par le prsident din-carner la promesse dunenouvelle tape de sonquinquennat, Manuel Valls a dcomposer un gouvernement faitde subtils quilibres entre les cou-rants du PS, avec lequel il espreimposer sa marque. Son quipe at annonce, mercredi 2 avrildans la matine par le secrtairegnral de la prsidence, Pierre-Ren Lemas.

    Laveille, leprsidentetsonnou-veau premier ministre, qui plan-chent de concert depuis lundimidi, avaient veill jusque tarddans la soire dans le bureau duchef de lEtat. Mercredi matin, ilssattachaient encore y rsoudreles multiples paramtres dunequationpolitiquecomplexe:pr-senterungouvernementparitaireet resserr, qui compose avecles quilibres du PS. LquipeVallscompte deux entrants : SgolneRoyal, qui fait son grand retour enprenant lcologie et lnergie, etFranois Resbamen, qui nobtientpas, une fois encore, le ministrede lintrieur, en raisondu vetodeManuelValls,mais rcupre le tra-vail, lemploi et le dialogue social.

    Les grands perdants sont PierreMoscovici et Vincent Peillon, quiquittentBercyet lducationnatio-nale. Arnaud Montebourg prenddu galon, en rcuprant le titre deministre de lconomie, sans obte-nir la haute main sur Bercy: cestMichel Sapin, le fidle de FranoisHollande qui sera ministre des

    finances et des comptes publics etdfendra la politique budgtairede la France Bruxelles. Parailleurs, Christiane Taubira restegardedes sceaux.

    Cette quipe est compose deprofessionnels sans pour autantfaire talage de vieilles gloires.Manuel Valls veut en faire ungouvernementde combat capa-ble de rsister aux rpliques dusisme municipal du 31mars quisannoncent, des europennes laprsidentielle.

    Communiquant n, ManuelValls sest coul dans le costumedu manageur, expert en ressour-ces humaines et politiques.Mardi,il avait reu lesdirigeantscologis-tes place Beauvau. Puis, une foisinstallMatignon,leprsidentde

    lAssemble, Claude Bartolone,celui du Parti radical de gauche,Jean-Michel Baylet, ses collguesStphane Le Foll, Arnaud Monte-bourg, Vincent Peillon et Christia-ne Taubira ainsi que le patron duPS,HarlemDsir.

    Despremiresheuresquiesquis-sent dores et dj le rle que sap-prte embrasser le nouveau chefdugouvernement,quiambitionnede gouverner comme il a construitsa trajectoire politique: Libr dela contrainte et des quilibres dap-

    pareil qui font perdre le soutien delopinion, selonunproche.

    Leprofessionnel, ce pourrait entre le titre. Ses proches, qui souli-gnent lenvi ses expriencespas-ses Matignon aux cts deMichel Rocard et de Lionel Jospin,quil a lui-mme voques lors dela passation, en annoncent djlesprit, entrepreneurial en diable.Cest une vraie philosophie. Uneinformation plus fluide, une prisededcisionsimplifie,unecapacit animer une quipe et la faire tra-

    vailler ensemble, vante lun. Il arflchi la communication gou-vernementale et pas seulement celle du premier ministre, appuieun autre. De la coordination, despriorits dfinies, un agenda ma-tris,desmessagesqui serptequise dclinent: lide, cest de ne plussubir.

    Le nouveau premier ministre,quiseposedjenchefdquipeetdorchestre, capable danimer uncollectif,selonsesproches,sinstal-le rsolument dans la rupture par

    rapport son prdcesseur.M.Valls a dailleurs indiqu sansambages devant M.Ayrault, lorsde la passation de pouvoirs, quilvoulait aller encore plus loin,encore plus vite . Le nouveauPM, mme sil a pris soin lis-suedelacrmoniedallerembras-ser sous lil des camras uneretraite du service de presse deMatignon, na jamais fait dans lesentiment.Lexcutifayanttirduscrutin la leonselon laquelle lab-sence de rsultats ne saurait sac-commoderplusavantdelamateu-risme et des dissonances gouver-nementales, M.Valls se prsente,fort logiquement, comme lhom-me de la situation, charg de rta-blir lordre.

    Lacoordinationet lharmonisa-tion du travail entre Elyse et Mati-gnon,quifaisaientdfautlancien-ne architecture, seront dsormaisassures, confirme un proche duprsident. Le message, cest : lescouacs, a suffit. Cest le retour delautorit tous les niveaux delEtat, assure le vallsiste Luc Car-vounas. Pour incarner le change-ment,ManuelValls doit-il changerlui-mme? Adoucir son imagepouroffrirsontourcelledudialo-gueetducompromis?Surtoutpas,plaide lun de ses intimes: Sil sehollando-ayraultise, il est perdu.Manuel doit faire du Valls. Cest ceque Franois lui a demand.

    Certes, le nouvel hte de Mati-gnon devra abandonner le seulregistre scuritaire pour embras-ser une palette politique infini-mentplus large, traiter enprioritde sujets conomiques et sociauxqui demeurent pour lui une terreinconnue, tenter de se situer aupoint dquilibre du gouverne-ment, dmontrer quil est capabledepiloterunemajoritbranleet

    des partenaires de gauche tou-jours plus turbulents.M.Valls, quisest souvent illustr, jusquici,dans le registre de la provocationetde la transgressionparrapportson camp, sera videmmentcontraint des concessions.

    Manuel Valls ne devrait en rienmodifiersamthode.Surlaforme,vitesse et ractivit, hyperactivitmdiatique, esprit commando.Surlefond,incarnationdelautori-t et de la fermet rpublicaine.

    La gmellit politique entreMM.Hollande et Ayrault, tousdeux purs sociaux-dmocrates lallure tranquille, stait termervlecontre-productive.Ladiff-rence radicale doffre politiqueentre MM.Hollande et Valls estcense confrer cette dyarchieun tour plus dynamique et plusfonctionnel. Et lui apporter ce quilui a jusquici tant fait dfaut: uneimagenette dupouvoir en action.

    Laclartduvallsismepourdissi-per le flou hollandais: missionnpourinsufflerpopularitetautori-t un excutif en perdition danslopinion,etdece fait installdansla position du sauveur, M.Valls setrouve pourtant paradoxalement,aussi, dans celle du collaborateur.Unretourlespritdelacampagneprsidentielle, quand il tait ledirecteurde la communicationducandidat Hollande. Depuis sonarriveplaceBeauvau,ilavaitrega-gnsonautonomiepolitique,affir-mantpeu peu ses ambitions jus-qu engager le rapport de forcesavec le chefde lEtat, commesur lecas Leonarda. Le voil de nouveaudans la peau dun premier lieute-nant, charg, deux ans aprs, depersonnifier la promesse de cam-pagne, jamais tenue: Le change-ment, cestmaintenant.p

    DavidRevaultdAllonnes

    LescologistesoptentpourlesoutiensansparticipationONAURAITPUPENSERunpois-sondavril. Il nenest rien.Aprsdeux jours rocambolesques, lescologistesontdcid,mardi1eravril, denepasparticiperaugou-vernementdeManuelValls. Ladcisionest revenue ladirectiondEuropeEcologie-LesVerts. Elle atapprouvehuit voixcontrequatre. Lesparlementaires,eux,souhaitaientmajoritairementrejoindre lquipedunouveaupre-mierministre.Dequoi tendre lesdbatsauseinduparti.

    EmmanuelleCosse, secrtairenationaledEELV, expliqueauMon-de,quil yaune inquitude trsforte sur la volontdeHollandedefairebouger sa ligne. ()Onnepeutpasoublier les deuxanspas-ssduneexpriencegouvernemen-talequia eudeshautset desbas.Cest lchecdunemajorit. Il y aaussiune responsabilit lourdedeHollande.

    Il ny auradoncpasdeministreissudEELVauxctsdeM.Valls.Ceuxqui seraient tentspar laven-tureserontdsavouspar leparti.Favorable laparticipationgouver-

    nementale, le patrondes sna-teurscologistes, Jean-VincentPla-c, nexclutpasune revoyureavecManuelaprs les europen-nesou les rgionales.

    Maismardi soir, certainsnecachaientpas leuramertumesurTwitter.A commencerpar lecopr-sidentdugroupecologiste lAs-semblenationale, FranoisdeRugy,dont lenomcirculait avecinsistancepourdevenirministre.Cequi est dramatique, cestquanddes enjeux internesdepartiprennent lepas sur les enjeuxpoliti-ques.Et celadevient incomprhensi-ble, sedsolait-il. SoncollguedeParis,DenisBaupin,prfrait ironi-ser surle comblede lcologiste,surtoutnonviolent: se tirerunebal-ledans le pied. Tout anestpastrs lisible, confiegalementM.Plac.

    Toutcommence lundi soir.Apeine ladclarationdeFranoisHollandetermine,CcileDuflotetPascalCanfin,dsormaisex-ministrescologistes, fontsavoirquilsne rejoindrontpas legouvernementdeM.Valls. Cette

    dcision,annonceavant toutedis-cussioncollective, estmalvcueen interne.Mardimatin,Mme Cosserencontre, avec lesprsidentsdesgroupesparlementaires, lepre-mierministre.

    M.Valls a trs envie de conser-ver les cologistes dans songou-vernement. Jug trop droite, ilsait quil na pas bonnepresse EELV. Le nouveauchef dugouver-nementaccde plusieursdeleurs revendications. Il leur propo-seungrandministre de lcolo-gie, assorti de lnergie.Unepro-positionque les cologistesnauraientpas imaginevenantdes socialistesmmedans leursrves les plus fous.

    Suicide politiqueDautresengagementssont

    pris: sur la transitionnergtique,sur lintroductiondunedosedeproportionnelleaux lgislativesouencoresur lajustice sociale.Dequoi les faire rflchir. Les ru-nionssenchanenten interne.Mais certainsrestentmfiants,dautantplusque lesmilitants

    commencentgronder. La senten-ce tombevers 20heures.Cestdusuicidepolitique, sedsespreunautremembrede ladirection. Il y aunevolontde reprise enmainduparti trs forte.Dans leviseurdece cadredEELV: lex-patronnedesVerts,CcileDuflot.

    Ccileapensquil fallaitdon-nerun signal clair sur la sortie etdoncquepersonnene rentre, noteM.Plac, rarementendsaccordaussiouvertavec sacomplicedetoujours.LesdtracteursdeMme Duflot laccusentdavoirver-rouill lesdiscussions.Unepti-tioncontre lentreaugouverne-ment, signeparplusieurs figuresdEELV,agalementcirculmardien interne.Selon lesuns, elle ma-naitdesamisdeM.Canfin, selonlesautresdeceuxdeMmeDuflot.

    MmeCosseassurequesonpartirestedans lamajorit, quellenesouhaitepasuneoppositionstri-le, toutefois,la confiancenevapasde soi. Nidfianceautomati-queni confianceabsolue, a ren-chriM.Placmercredi surRMC. p

    RaphalleBesseDesmoulires

    Silsehollando-ayraultise,

    ilestperdu.ManueldoitfaireduValls,

    plaidelundesesintimes

    2 0123Jeudi 3 avril 2014

  • france

    VallsJean-MarcAyrault

    UneanciennedeBercy,directriceducabinet

    Cestungouvernementenfor-me de pari politique quaannoncmercredi 2avril enfin dematine, le secrtaire gn-ral de lElyse Pierre Ren Lemas.Comme promis, lquipe prsen-te, qui se runira pour un pre-mierconseildesministresvendre-di matin, est avec seize ministreslun des plus restreints de lhistoi-re selon un proche de ManuelValls, paritaire et essentiellementcompose de tnors. Lidentit etle nombre des secrtaires dEtatserontconnus la semaineprochai-ne.

    Franois Hollande et ManuelValls entendaient matrialiserlide dun nouveau dpart. Pourlillustrer, ilsontmnagquelquessurprises. Et, du coup, pris de trssrieuxrisquespolitiques.Leprin-cipal dentre eux est la nomina-tion dArnaud Montebourg latteduministrede lconomie,duredressement productif et dunumrique. Il devra dsormaismnager Bruxelles, les marchsfinanciers et la direction du Tr-sor, quil a tant vilipends auministre du redressement pro-ductif. Il sera accompagn auxfinances et aux comptes publicsduhollandaisMichelSapin,aupro-fil plus rassurant. La promesse,selon lentourage de M.Valls,dune architecture resserre etcohrente Bercy, o cohabi-taient jusqualors septministres.

    Larrive au poste de ministrede lcologie, du dveloppementdurableetde lnergiedeSgolneRoyal, ancienne compagne duchef de l'tat, connuepour sa paro-le libre et sa difficult se fondredans un collectif, permettra dedonner une dimension populaireldificegouvernemental.Num-ro trois du gouvernement, ellehrite de dossiers sensibles, com-me le nuclaire et la transitionnergtique, que le prsidententenddsormaisfairefigurerpar-misespriorits.La faondont lan-cienne finaliste de la prsidentiel-le, tenue lcart depuismai2012,

    se pliera la frule du nouveauchefdugouvernementetduprsi-dent de la Rpublique sera obser-ve deprs.

    Si le nom de Mme Royal circu-lait depuis plusieurs semaines, lechoix opr pour le ministre delintrieur ntait pas prvu. Onattendait Franois Rebsamen ouJean-Jacques Urvoas, respective-ment proches de Franois Hollan-

    deet deManuelValls, lintrieur.Ce sera ni lunni lautre,mais lan-cien ministre du budget BernardCazeneuve, qui peut arguer dunecompatibilit tant avec le prsi-dent quavec son premier minis-tre. Hollandais historique et nou-vel entrant, M.Rebsamen hritedu travail, de lemploi et du dialo-gue social.

    La monte en puissance deBenot Hamon, nomm ministredelEducationnationale,delensei-gnementsuprieuretde la recher-che, constitue une autre indica-tion de la volont de M.Valls dedonner des gages sa gauche. Silancien patron du Mouvementdes jeunes socialistes bnficie dusoutiendesrseauxsyndicauxtu-diants et lycens (UNEF, Fidl), cequi doit garantir une forme depaix sociale avec la jeunesse, ilaura fort faire avec un corpsenseignantduparsonprdces-seurVincent Peillon.

    Lancienne porte parole NajatVallaudBelkacembnficie gale-mentdunepromotion,qui sevoitattribuer le ministre du droitsdes femmes, de la ville, de la jeu-nesse et des sports. Le porte paro-lat choit Stphane Le Foll, autrefidle du prsident, qui conservepar ailleurs son portefeuille delAgriculture.

    Il ny a pas dcologistes parmilesministres. Il y auraenrevancheune radicale de gauche, SylviaPinel, qui quitte lartisanat et lesPMEpour remplacer Ccile Duflotau ministre du Logement et de

    lgalit des territoires.Sur les ministres rgaliens,

    peu de changement. Jean-Yves LeDrian la dfense et LaurentFabius au Quai dOrsay, quiavaient donn satisfaction, sevoientconforts.Ledeuxime,quiambitionnait de dvelopper ladiplomatie conomique, se voitadjoindre le portefeuille du dve-loppement international.

    Donne partante pour causedincompatibilit de ligne avecM.Valls, ainsi que la dmontrleur bras de fer de lt 2013 sur larforme pnale, Christiane Taubi-ra conserve la chancellerie. Le pre-

    mier ministre russit conserverla figure la plus emblmatique,auxyeuxde la gauche, de lquipesortante.

    Trois autres ministres gardentleur portefeuille: Aurlie Filippet-ti, Marisol Touraine et MaryliseLebranchu, respectivement laculture et la communication,aux affaires sociales et la dcen-tralisation. George Pau-Langevinquittelarussiteducativeetrem-place Victorin Lurel au ministredesoutre-mer.

    En terme dquilibre, cette pre-mire quipe Valls ne porte quemodrment lempreinte du nou-veau chef du gouvernement, quinyapasplacdeproches. Leprsi-dent de la Rpublique, en revan-che,conforteleblochollandais,quiplus est des postes stratgiques,avec lamonteengradedeStpha-ne Le Foll, lentre du maire deDijon Franois Rebsamen et lins-tallation deMichel Sapin au postecl du budget. Lquipe Valls estdabordunequipeHollande. p

    BastienBonnefous,DavidRevaultdAllonnes et

    ThomasWieder

    Si lenomdeMmeRoyalcirculaitdepuisdessemaines, lechoixdeM.Cazeneuvepour

    lintrieurntaitpasprvu

    ELLEESTLAPREMIRE femmeoccuperun tel poste. VroniqueBdague-Hamiliusa t choisieparManuelValls pour diriger soncabinet Matignon. Cette grandefemmebrunede 50ans, discrtemais rputepour sonautorit,venait de quitter un autre postestratgique. Secrtaire gnralede la Ville de Paris depuis 2008,elle avait t nomme le 14marsprsidentede lAgence franaisepour les investissements interna-tionaux (AFII) et, dans la foule,directricede lAgence franaisepour le dveloppement interna-tional des entreprises (Ubifrance).Elle avait pourmissionde russirla fusionde cesdeuxoprateurs.

    Enarque (promotion Jean-Mon-net, 1990), VroniqueBdague-Hamilius est promue ce postesans tre issuedun grand corpsde lEtat, contrairement la quasi-totalitdes directeurs de cabinetdespremiersministres. Adminis-tratrice civile, diplmede lEssec,elle commence sa carrire Bercy.Avant dedevenir conomiste auFondsmontaire international,de 1994 1997. Elle revient ensui-te au budget, o elle occupeplu-sieurspostes. De 2000 2002, elleest conseillre technique auprsde Laurent Fabius, alorsministrede lconomie, des finances et delindustrie, puis de FlorenceParly,secrtairedEtat au budget delpoque.

    Aprs lalternanceen 2002,repreparBertrandDelano, elle

    devientdirectrice des financesdelaVille de Paris. Puis elle occupe leposte stratgiquededirectricegnrale.A la tte de larmadaadministrativeparisiennede50000agents, elle se voit confierlamissiondenmoderniser lefonctionnement.

    PromotionDelanoAMatignon, la remplaantede

    ChristopheChantepy, directeurde cabinet de Jean-MarcAyrault,sera amene ctoyerunhautfonctionnairequelle connatbien:NicolasRevel, actuel secr-taire gnral adjoint de lElyse,anciendirecteurde cabinetdeBer-trandDelano. A euxdeux,M.Revel etMmeBdague-Hamiliusincarnent la promotionDelanodans leshautes sphresde lEtat.

    Lancien cabinetdeM.Valls lintrieur forme lossaturede sonquipeMatignon. YvesColmoua tnommconseiller, selonunarrtpublimercredi au Journalofficiel. Yves Colmouest unpro-chedeManuelValls. Les deuxhommes staient croiss Mati-gnonen 2001 au seindu cabinetde Lionel Jospin. SbastienGros,chefde cabinet deM.Valls auministrede lintrieur, occuperalamme fonction, demmequeMagaliAlexandre, conseillrepar-lementaire, etHaroldHauzy,conseillerpour la communica-tion. p

    Batrice Jrme

    DJ DANSLES MEILLEURES

    VENTES

    Photos Julien Falsimagne

    Anne Pingeot est une hronede tragdie. Entre Paul Claudelet Marguerite Duras. Fabienne Pascaud, Tlrama

    Lnigme dune femme,prisonnire dun mensonge dtat. Caroline Mangez, Paris Match

    Il fallait raconter cette histoire. Christophe Ono-Dit-Biot, Le Point

    Donnepartante,ChristianeTaubiraconservefinalement

    lajustice

    Laurent FabiusMinistredes affaires trangres etdu dveloppement internationalSgolneRoyalMinistre delcologie, du dveloppementdurable et de lnergieBenot HamonMinistre de ldu-cation nationale, de lenseigne-ment suprieur et de la rechercheChristiane TaubiraGardedes sceaux,ministre de la justiceMichel SapinMinistre desfinances et des comptes publicsArnaudMontebourgMinistrede lconomie, du redressementproductif et du numriqueMarisol TouraineMinistredes affaires socialesFranois RebsamenMinistredu travail, de lemploiet du dialogue social

    Jean-Yves LeDrianMinistrede la dfenseBernardCazeneuveMinistrede lintrieurNajat Vallaud-BelkacemMinis-tre des droits des femmes, de laville, de la jeunesse et des sportsMarylise LebranchuMinistre dela dcentralisation, de la rformede lEtat et de la fonctionpubliqueAurlie FilippettiMinistre de laculture et de la communicationStphane Le FollMinistre delagriculture, de lagroalimentaireet de la fort, porte-paroledu gouvernementSylvia PinelMinistre du loge-ment et de lgalit des territoiresGeorgePau-LangevinMinistredes outre-mer

    Composition dugouvernement

    UnequipeavecdespoidslourdshollandaisetpeudeprochesdupremierministreNaviguantentre lesexigencesdeparitetde renouvellement,ManuelVallsetFranoisHollandeontcomposungouvernement restreint seizeministres

    Manuel Valls,lors de lapassationde pouvoiravec Jean-MarcAyrault danslacour deMatignon,mardi 1er avril.JEAN-CLAUDECOUTAUSSE/

    FRENCH-POLITICS

    POUR LEMONDE

    30123Jeudi 3 avril 2014

  • - CESSATIONS DE GARANTIE

    LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRETDAPPLICATION N 72-678

    DU 20 JUILLET 1972 - ARTICLES 44QBE FRANCE, sis Etoile Saint-Honor 21 Rue Balzac 75406 Paris Cedex08 (RCS Paris 414 108 708), succursalede QBE Insurance (Europe) Limited,Plantation Place dont le sige social est 30 Fenchurch Street, London EC3M 3BD,fait savoir que, la garantie nancire dontbnciait l :

    EURL MUSTIMMO95,Avenue Charles de Gaulle69160 Tassin la Demi Lune

    SIREN : 538 956 558depuis le 1er Janvier 2012 pour sonactivit de : TRANSACTION AVECPERCEPTION DE FONDS a cess au 25Fvrier 2014. Les crances ventuelles serapportant ces oprations devront treproduites dans les trois mois de cette inser-tion ladresse de lEtablissement garantsis Etoile Saint-Honor 21 Rue Balzac 75406 Paris Cedex 08. Il est prcis quilsagit de crances ventuelles et que leprsent avis ne prjuge en rien du paiementou du non-paiement des sommes dues etne peut en aucune faon mettre en causela solvabilit ou lhonorabilit de lEURLMUSTIMMO.

    Sgolne Royal, ministre deFranois Hollande. Com-ment ne pas sourire? Com-ment ne pas penser tout ce quadextraordinaire une telle situa-tion? En entendant Pierre-RenLemas, le secrtaire gnral delElyse, annoncermercredi 2avrilque Madame Sgolne Royal taitnommeministrede lcolo-gie, il tait videmment impossi-ble de rester impassible.

    Sgolne Royal, ministre deFranois Hollande. Oui, dcid-ment,toutestsingulierdanslara-lit que dcrivent ces quelquesmots.Unprsidentqui fait appelson ex-compagne.Une ex-compa-

    gne qui avait failli tre prsidente.Uncouplequisereformesurlasc-ne politique, quelques annesaprs stre dchir en priv. Icitout sentremle, et le citoyen quiassiste ces retrouvailles si parti-culiresnepeutquhsiter : suis-jedans un vaudeville? suis-je danslhistoire? Peut-tre un peu dansles deux, en fait.

    Imaginons que Sgolne Royalnait jamais partag la vie de Fran-oisHollande. Si tel avait t le cas,son entre au gouvernementaurait pu avoir lieu depuis long-temps. Dans dautres pays, dan-ciens candidats llection prsi-dentielle deviennent naturelle-ment ministres : Hillary ClintonouJohnKerry,parexemple.Candi-datemalheureuse de la gauche en2007, Sgolne Royal pouvait tre

    ministre de la gauche victorieuseen 2012. Politiquement, cet tlogique.

    Mais la politique, en loccurren-ce, na pas dict ses lois. Cardautres lois, plus imprieuses,ontalorspris ledessus.Onconnatlhistoire, inutile de la rappeler endtail. Deux femmes qui se has-sent, entre les deux un prsidentquisaitquetoutgesteendirectiondecelleavecquiilavcuprovoque-

    ra lire de celle avec qui il partagedsormaissavie.Untweetdvasta-teur le lui prouvera.

    Paradoxalement, ce fameuxtweet du 12 juin 2012, dans lequelValrie Trierweiler apportait sonsoutienauconcurrentdeSgolneRoyal aux lections lgislatives deLaRochelle aprsque cettederni-re eut reu le soutien de FranoisHollande, aidera normaliser lesrelations entre les deux derniers

    enmmetempsquildistendra lesliens du couple prsidentiel. Maisil faudra la rupture officielle decelui-ci, en janvier2014, pour que les feux redeviennent verts pourle retour de Sgolne, selonundeses proches.

    Ces vingt mois dattente, pourlex-candidate la prsidentielle,auront dabord t marqus parune longue dpression. Puis parune lente reconstruction. Peu

    peu, aprs un temps disolement,Sgolne Royal a repris contactavec ses proches, laissant ceux-ci,notammentGuillaumeGarotetDominique Bertinotti, tous deuxministres, le soin denvoyer rgu-lirementdessignauxdesondsirdintgrer le dispositif. Un dis-positifenvimaisvolontierscriti-qu, Sgolne Royal endossantpeu peu le rle dallie frondeu-se,daiguillondungouvernement

    dont elle nhsite pas fustiger leshsitations,lesprudencesetcertai-nes dcisions, en matire fiscalenotamment.

    Ces dernires semaines, sonentre prochaine au gouverne-ment tait devenue une vidence.Le ministre de la dfense, Jean-Yves Le Drian, vieil ami de Fran-oisHollande, et doncdeSgolne

    Royal, a rcemment djeun avecelle pour discuterde la question.

    Avec Manuel Valls, qui lavaitsoutenue au congrs de Reims, en2008, mais avec qui les relationsstaient distendues depuis desannes, le contact a t renou fin2013aprs laffaireLeonarda loc-casionde laquelle la prsidente dela rgion Poitou-Charentes avaitdfendulapositionduministredelintrieur.

    A 60ans, voici donc SgolneRoyal ministre pour la quatrimefois.Vingt-deuxans jourpour jouraprs sa premire entre dans ungouvernement. Ctait le 2avril1992. Ce jour-l, Sgolne Royaltait nomme ministre de lenvi-ronnement dans le gouverne-mentde PierreBrgovoy.

    Franois Hollande, qui espraitlui aussi un portefeuille minist-riel, nen avait pas obtenu. Pasquestion de nommer les deuxmembresdunmmecouple dansun mme gouvernement, avait lpoque tranch Franois Mit-terrand.p

    ThomasWieder

    france

    FranoisRebsamen,unfidleentrelesfidlespourmenerlabatailledelemploi

    Endevenantministredelducation,BenotHamonenfileunshortXL

    CESDERNIERSMOIS, BenotHamonsestimait ltroit auministredlgu lconomiesociale et solidaire et la consom-mation. Enpriv, ce quadra, fanderugby,hsitait entre trois futurspossibles: soit unshortminis-triel taill plusgrand, soit la tteduPS, soit briguer la prsidencede la rgion Ile-de-Franceen 2015.Ce sera donc le short tailleXL.

    Mercredi 2avril, BenotHamonaquittBercypourunministrelargi de lducationnationale, dusuprieur et de la recherche. Lan-cien leader tudiant contre la loiDevaquet en 1986devient lepatrondesprofs. Sanominationtait enprparationdepuis quel-quesmois. Ennovembre, sonactionauprsdes syndicats tu-diants et lycens lors de laffaire

    Leonardaavait t remarqueparlElyse.Depuis, il a rencontrBer-nadetteGroison, la secrtairegnralede la FSU, premire fd-rationde lducation, endbutdanne. Et la semainedernire,desproches dunouveauministreont laiss quelquesmessages des tnors dumondeducatif.

    PourquoiBenotHamon? Il afait toute sa carrire auParti socia-liste sauf quelques annes pas-ses linstitut de sondages Ipsosaudbut des annes 2000 estclass laile gaucheduPS. Et puisces derniersmois,MM.Valls etHamonont passun gentlemenagreement aprs stre long-temps combattusdans lappareilsocialiste.A lautomne,Valls acompt ses forces.Hamontaitprsent, Peillonnon, confieunobservateur. Par ailleurs, placerunministre estampillgauchesocialistedansun corps ensei-gnantnest pas insens.

    Unposte hauts risquesBretondenaissance,une enfan-

    cepasse enpartie au Sngal,M.Hamonest entr auPSdans lesannes 1980par la porte rocar-dienne. Il devient en 1993 le prsi-dent duMouvementdes jeunessocialistes (MJS), uneorganisationquil tient toujours samain.Conseiller deMartineAubry auministrede lemploi sous le gou-vernement Jospin, il glisse peupeuvers laile gaucheduPS avecHenri Emmanuelli. En2003, il fon-de leNouveauParti socialiste avecses amis dalors, VincentPeillonetArnaudMontebourg.

    Mais lamiti tactiquenedurepas et leNPS clatedeuxansplustard. Noniste en2005, il sou-tient Laurent Fabius,mais devientporte-paroledupremier secrtai-re duPS FranoisHollande aprsle rfrendumsur lEurope. Candi-

    dat la directionduparti aucongrsde Reimsen 2008, il rallieMartineAubry contre SgolneRoyal. En 2011, il ne concourtpas la primaire, laissant le champlibre sur le flanc gaucheduparti M.Montebourg. PartisandeMmeAubry, il a nanmoins tnommministreparM.Hollandedans le gouvernementAyrault, etsoncourant auPS, Unmondedavance, a intgr la directionduparti. Elu dputdesYvelines en2012, la liste sur laquelle il taitcandidat (mais pas en tte) a rem-port les lectionsmunicipales Trappes (Yvelines) dimanche.

    Sa feuillede route officieuselducationpourraitbien luidemanderde se contenterdcrireles dcretsdapplicationde la loidorientationlaborepar sonpr-dcesseur,VincentPeillon, tout endonnant lillusionque lducationet la jeunesse restentprioritairesdans ce gouvernement.Unmoyendenepas faire devaguesdans cesecteur secoudepuis 2012par larformedes rythmes scolaires.Unemissionqui consisterait fai-remarcherunemachineconueparunautre: veiller la bonnemarchedesESPE, les toutes jeunescolesduprofessoratet de lduca-tion,mettreunepincedenumri-queet sassurerque la rformedeszonesdducationprioritairespoursuit son chemin

    Sera-t-il leministrequi enterre-ra la promesseprsidentiellederecrer60000postesdans ldu-cation?Voir celui qui reviendrasur les rythmes scolaires? La ruedeGrenelle est unposte hautsrisques.M.Hamon le sait qui enplus confiait enpriv il y a quel-ques semainesquePeillonaquandmmeungros bilan, bonnechance celui qui lui succdera.p

    MarylineBaumardetBastienBonnefous

    A60 ans,MmeRoyalestministrepourlaquatrimefois,vingt-deux ansaprssonpremier

    maroquinIlafallularuptureavecMmeTrierweilerpourquelesfeuxredeviennentverts

    pourSgolne,selonundesesproches

    CETTEFOIS-CI, il na pas pass sontour. La nominationdupatrondes snateurs socialistes, FranoisRebsamen,mercredi 2avril, aupostedeministre du travail, delemploi et dudialogue social, aunpetit got de rattrapage. Enmai2012, la PlaceBeauvau luiavait chapp, et il avait refustout autreposte: pas questiondabandonner lamairie deDijon,quil a conquis dehaute lutte en2001 aprsdeux tentativesmal-heureuses, pour autre chosequelintrieur. Ce fidle de FranoisHollande, g de62 ans, a saisi sadeuximechancedaccder unportefeuilleministriel. Ce sera sapremire fois. Son rle sera cen-tral pour faire passer la pilule dupacte de responsabilit auprsdes syndicats etmener la bataillede la lutte contre le chmage.

    Mardi, quelquesheures delannoncede la compositiondunouveaugouvernement, lemairedeDijon et prsidentdugroupePS au Snat avaitmis toutes leschancesde son ct dans lesmdias et avaitmmemanifestun enthousiasme indit pour lenouveauchef dugouvernement,lhommequi correspond lasituation, sur le plateaudi-Tl:Il a russi auministrede lint-rieur. () Il a fait beaucoupde cho-ses bien, il est rassurant.

    Mais cest sa relationavecFranoisHollandequeFranoisRebsamendoit sa nomination. Illa secondpendantdes annesauParti socialiste, aprs avoirnavigupendant les annes1980et 1990auprs de Pierre Joxe auministrede lintrieur.

    Nommsecrtairenational duPS chargdes fdrationsduPSen 1999, il simpose ennumrodeux indispensabledupremiersecrtaireHollande. Leur relationnest pas entamepar samise au

    servicede SgolneRoyal lors dela prsidentielle de 2007 il estcodirecteurde campagne puispar la guerre des chefs qui suit ladfaite. AuPS, Franois Rebsamena toujours louvoy,mais il najamaisperdu le cap.

    Pour sa campagnede 2012,FranoisHollande laurait bienvuen conseiller spcial, auplus prsde lui, comme Jean-MarcAyrault.Franois Rebsamenrefuse. Il veutla tte duple scurit, avec dans

    le viseur, bien sr, la PlaceBeau-vau.Une fois nomm, il fait placenette et jecte le secrtairenatio-nal aux questionsde scurit,Jean-JacquesUrvoas, qui lui dispu-te le leadership sur les questionsde scurit depuis 2008. Le calcultourne court. Dans lombre, Jean-JacquesUrvoas semet au servicedeManuelValls, qui prpare sonatterrissagePlaceBeauvau. Enparallle de son rle de directeurde la communicationdu candi-dat,ManuelVallsmultiplie lesrendez-vousavec les syndicalisteset les hauts responsablesduministrede lintrieur. FranoisRebsamenest coiff aupoteau.

    La tchedes deuxallis estdautantplus facile que FranoisRebsamen, lui, tarde recevoir ceshommesqui comptent. Il prfresappuyer sur la vieille gardede cequil est convenudappeler lesrseaux Joxe: des hommespro-ches de la retraite, qui ont connula gloire des annes 1980,mais

    ont achev leurs carrires surlchecde la police deproximi-t sous le gouvernement Jospin.Loindu cur de la campagne, ilrate plusieursmoments-cls etchute enfin sur unedclarationmalheureuse, lors dune runionpublique quelques jours dusecond tour: il semble dfendre lacontraventionnalisationducannabis. Il est schementdmen-ti par le candidat.

    Franois Rebsamense remet desonchec depuis son grandbureauduPalais du Luxembourg.Ferventdfenseurdu cumuldesmandats, il nhsite pas porter lefer contre le projet du gouverne-ment, en vain. AvecManuelValls,unpacte denon-agressionestnou: le rivalmalheureux senga-ge nepas critiquer lactionduministrede lintrieur. Il se dta-chedudossier, et assurait, il y aquelquesmois : Je neme vis pascommeex-futurministre de lint-rieurouun futurministrede lint-rieur. avantde lcher, bravache,Avecmoi [ Beauvau], il y auraiteudes problmes.Moi, jauraisentamdes rformes. Je nauraispas cart davoir desmanifesta-tions, avec tous les syndicats dedroite contremoi.

    Auministredu travail, Fran-ois Rebsamendevrauser de tou-tes ses qualits dentremetteur.Lancien trotskyste, franc-maonen cong il assure quil na plusle tempsdepuisquil estmaire deDijonna jamais rechign occu-per cette fonction, voire assurerlesmissions de lombre. En 2000,il amanqude sy griller, lorsquesaprsence lors dune rencontresecrte avecdes nationalistes cor-ses auGrand-Orient de France at rvledans la presse. Auministrede lemploi, il devra semontrerplus prudent.p

    LaurentBorredon

    LarevanchedeSgolneRoyalLanciennecandidate laprsidencede laRpubliquedevientministrede lcologie,dudveloppementdurableetde lnergie

    LanominationdeM.Rebsamenaunpetitgot

    derattrapage.Enmai2012, laplaceBeauvauluiavaitchapp

    Sgolne Royal sur le plateau de France 3, dimanche 30mars. BRUNO LEVY/DIVERGENCE POUR LE MONDE

    4 0123Jeudi 3 avril 2014

  • france

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    Le nouveau gouvernement,annonc mercredi 2 avril,conforte leurs ministresLaurent Fabius, Jean-Yves LeDrian,ChristianeTaubiraouenco-re Marisol Touraine, et largit lesmissionsdeplusieursdesesmem-bres, commeNajat Vallaud-Belka-cem ou Stphane Le Foll, quidevientporte-parole.

    Laurent Fabius, affaires tran-gres Pilier du gouvernement,Laurent Fabius est reconduit latte du ministre des affairestrangres. Un temps envisagpour Matignon, lancien premierministre deMitterrand a toujoursfait savoir quil voulait rester auQuai dOrsay, le seul poste, quilestime, 68 ans, la hauteur deson parcours et o il pense pou-voirlaissersamarquedanslhistoi-re. Avec une guerre inacheve auMali, une autre mal engage enCentrafrique et des frontireseuropennesbousculesparVladi-mir Poutine,ManuelValls a choiside jouer la scuritet la continuitauQuai dOrsay.

    Christiane Taubira, garde dessceaux Christiane Taubira restePlace Vendme. Ctait son sou-hait. Le dbat sur sa grandebataille du quinquennat, la rfor-mepnalecontrelarcidiveet lin-dividualisation des peines, devaitsouvrir le 14avril devant lAssem-ble nationale. Un texte en partiercrit par la commission des lois,avec laccord deManuel Valls lors-quil tait ministre de lintrieur,et qui a dsormais toutes les chan-ces dtre adopt. Laministre de lajustice, aurole gauche par ledbat,enjanvier2013,surlemaria-gepourtous,navaitpasencorepufairevoternombredetextesadop-ts en conseil desministres.

    Michel Sapin, finances et comt-pes publics Vingt ans aprs avoirt leministredeministrede lco-nomie et des finances de PierreBrgovoy, Miche Sapin retrouveBercy en tant que ministre desfinanceset des comptespublics.

    Malgr lchec de linversion dela courbe du chmage, M.SapinbnficiedesaproximitavecFran-oisHollande,quilarencontr lorsdesonservicemilitaire,pourbn-ficier dune promotion. A 61 ans,son influence au sein de lexcutifest en effet reste intact, malgr lefaitque lenombredechmeursaitbondi de prs de 425000 person-nes depuis mai2012. A Bercy, ildevra apprendre travailler avecArnaudMontebourg.

    MarisolTouraine,affairessocia-les A 55 ans, Mme Touraine conser-veleportefeuilledesaffairessocia-les, ce quelle souhaitait. Si elle napas dmrit enmenant bien larforme des retraites, elle devradsormais acclrer le rythme surla sant, un peu oublie depuisdeux ans. Deux lois sont au pro-

    gramme: la premire sur la santpublique, la seconde sur la fin devie. Un sujet qui tient cur lafille du sociologueAlainTouraine.Maisellevaaussi et surtoutdevoirtrouver le moyen de rduire lesdpenses, la sant tant consid-recommeundesprincipauxgise-ments dconomies pour arriveraux 50milliards promis par Fran-oisHollande.

    Jean-Yves Le Drian, dfense Ilne se voyait pas ailleurs et, 66 ans, ce trs proche de FranoisHollandeest bien confort aupos-te de ministre de la dfense.Depuis deux ans, ce Breton aucaractreplutttaiseuxatplacen premire ligne par le prsidentpourvendreunepolitiquedin-terventionsmilitaires extrieurestrs volontariste. A la tte du troi-sime budget de lEtat (31,4mil-liardsdeuros), ildevracontinuersebattresansrelchecontreBercy,en dpit des arbitrages prsiden-tiels et de la stratgie scelles danslenouveauLivreblancde ladfen-se en 2013.

    Stphane Le Foll, agriculture,porte-parole du gouvernementFidle parmi les fidles du prsi-dent, le ministre de lagriculture,de lagroalimentaire et de la fort,devient par ailleurs porte-paroledu nouveau gouvernement. St-phane Le Foll, ancien directeur ducabinet de Franois Hollandequand celui-ci dirigeait le PS, avaitt pressenti ces derniers moispour prendre la tte du parti. CeBreton la voix forte va doncdevoirtreletraducteurdelaparo-legouvernementale.Unpostesen-sible et expos mdiatiquementqui tmoigne de la confiance quelui accorde le chef de lEtat, qui atoujours apprci son parler-vraiet sa franchise.

    Najat Vallaud-Belkacem, droitsdes femmes, ville, jeunesse etsportsLabenjaminedugouverne-ment Ayrault perd sa fonction deporte-parolemais largit sonpri-mtre, en ajoutant les porte-feuillesde la ville, de la jeunesseetdes sports celui des droits desfemmes, quelle dtenait dj.Issue dun milieu modeste, NajatVallaud-Belkacemestnele4octo-bre 1977 au Maroc, avant de gran-dir dans un quartier populairedAmiens. Diplme de Scien-ces Po mais reste aux portes delENA, la jeune femme amen sonascensionauseinduParti socialis-te sous laile de deux mentors, lemaire de Lyon,Grard Collomb, etSgolneRoyal,dontellefutlapor-te-parole pendant la campagneprsidentiellede 2007.

    La ministre a russi faire tra-vailler la plupartdesministres surlgalitdessexes,quisuscitetradi-tionnellement des crispations. Laministre sest galement pluttbien sorti du dbat pig sur lapnalisation des clients de prosti-tues.

    Sylvia Pinel, logement Ne le28septembre 1977, Sylvia Pinel at nomme ministre du Loge-ment et de lEgalit des territoires.Elle succde lcologiste CcileDuflot.MembreduParti radicaldegauche, elle tait depuis le 16mai2012, dlgue puis ministre delArtisanat, du Commerce et duTourisme dans le gouvernementde Jean-MarcAyrault.

    Aurlie Filippetti, culture,conserve son ministre de laculture et de la communication,malgr un premier mandatcompliqu par la mise au sec dubudget de la culture. On traverseune crise dune gravit inoue,justifie alors, en bon soldat, cette

    ex-cologiste, qui lcha les VertspourlePSen2006,semisauservi-cede SgolneRoyal pour la prsi-dentielle de 2007 avant de seconvertir, ds la primaire socialis-te de 2011, auhollandisme. Sa plusgrande victoire est sans doute cel-le mene pour la dfense de lex-ception culturelle. Elle na enrevanche pas russi pacifier ledossier des intermittents du spec-tacle et les artistes et techniciens,toujoursmobiliss, lui en veulentbeaucoup.

    Marylise Lebranchu conservesonministre de la dcentralisa-tion,de la rformede lEtatetdela fonction publique, malgr lecamouflet quelle avait essuy en2013 lorsque sa rforme de ladcentralisation avait t entire-ment reprise en main par Mati-gnon et scinde en trois textes. Ledeuxime, qui donnera de nou-veaux pouvoirs aux rgions, doitdailleurs tre prsent une datequi nest pas encore connue. Elledevra par ailleurs grer le mcon-tentement des fonctionnaires quimonte cause dumaintien du geldu point dindice et des suppres-sionsdepostesdanslesministresnonprioritaires.

    George Pau-Langevin ministredlgue la russite ducativedans les gouvernements de Jean-Marc Ayrault, devient ministredes outre-mer, o elle succde Victorin Lurel. Ne Poin-te--Pitre, en Guadeloupe, cetteavocate de 65 ans a t lue dpu-te de Paris en 2007. Elle devientalors la premire dpute de cou-leur de mtropole. Mme Pau-Lan-gevin a dirig de 1997 2001,lAgence nationale de promotionet dinsertion des travailleursdoutre-mer.p

    Service France

    LejokerBernardCazeneuvelintrieur

    LegouvernementValls:seizeministres,dontseulementdeuxnouveauxPierreMoscovici etVincentPeillonnesontplusmembresdugouvernement

    ArnaudMontebourg,leconcurrentetallipromuBercyIl serachargde lconomie,duredressementproductif etdunumrique

    Cestune srieuse prise de ris-que politique pour ManuelValls : Arnaud Montebourgdevientministrede lconomie,duredressement productif et dunumrique. Il devra cohabiter avecMichel Sapin, qui choient lesfinancesetlescomptespublics.Ber-cy sest illustr depuis vingt-deuxmois, par des dissonances en srieet des divergences de ligne entreArnaud Montebourg et le prc-dent titulaireduposte, PierreMos-covici. Au point de devenir embl-matiquedescouacsdunemachinegouvernementale structurelle-mentdysfonctionnelle.

    A la veille de lamise en routedupacte de responsabilit, que lesobservateurs ont prsent commele grand tournant social libral dugouvernement,lechoixdeM.Mon-tebourg, qui le portera au premierchef,tonne.Leministreduredres-sement productif stait illustrpar unbras de fer, sur le dossier deFlorange, avec le premierministredalors Jean-MarcAyrault, avec quiil entretenait depuis dexcrablesrelations. Mais M.Montebourgnenavaitcure.Lex-troisimehom-medesprimaires socialistes, rcol-tant 17% des suffrages aprs avoirvant lesmritesde ladmondia-lisation, incarnait au gouverne-ment une ligne diffrente, bienplus gauche que celle du prsi-dentetde lex-premierministre.

    Sanominationunportefeuilletrslargiconstitueunehabileop-ration pourManuel Valls, qui per-met de contrebalancer son imagedroitire et denvoyer unmessage ces lecteurs de gauche qui sesont massivement abstenusdimanche. Elle prsente nan-moins une part de danger. AlorsquelaFranceetsesdficitssontpla-cssousobservationparlesrespon-sablesde lacommissiondeBruxel-lesetlesmarchs,passrqueceux-cisemontrentrassursparlamon-te en puissance de M.Monte-bourg, qui avait lt 2013 traitlespremiersdeconnards.

    Il a pourtant su sattirer lesfaveurs des chefs dentreprise. Lespatrons navaient pas de motsassezdurspourqualifiersonattitu-delorsdesespremiersmoisaugou-vernement. Ils ont aujourdhui lesyeux de Chimne pour lui. Tour tour,Antoine Frrot (Veolia), DenisRanque (Airbus), Chris Veihbacher(Sanofi) ou encore Vincent Bolloront dernirement pris sa dfense,saluant son discours volontaristeet sa dfense de lindustrie tricolo-re. Le magazine LUsine nouvelle, apubli le 18mars un ditorial ainsititr: Remaniement: il faut gar-der le soldatMontebourg.

    ArchitecteLaptrede la dmondialisation

    a certes mis de leau dans son vin.Alors quil stait focalis sur lesplans sociaux en 2012, il sestmuau 2013 en architecte. Les 34 plansindustriels lancs lautomneder-nier,quidoiventstimulerlactivittricoloredanslesdomainesdesbio-carburants, des voitures sanschauffeurs ou de la nanolectri-que,ontpositivementimpression-n. Sesdiscours sur leuro trop fortet les contrles tatillonsdeBruxel-les font un tabac auprs des entre-prises.Sapropensiondnigrerlesbanques ou la direction du Trsor,lui vaut galement de nombreuxsoutiensparmilespatronsdePME.

    Lex-prsident du conseil gn-raldeSane-et-Loire,quiasuccessi-vement embrass avec passion lalutte contre les paradis fiscaux,contre le cumuldesmandats, pourla VIeRpublique, et rcemmentpour un colbertisme forcen, sedonnelacauseduvallsisme.Pourautant, son rapport au nouveaupremierministrerelveplusdelal-liancequede lallgeance.Lesdeuxanciensconcurrentsdesprimaires,aux lignes opposes, partagent unobjectif commun: tre candidat laprsidentielle. Entre eux, le sujetsera tranchplus tard.p

    Cedric PietralungaetDavidRevaultdAllonnes

    CEST la principale surprisede cegouvernement: la nominationdeBernardCazeneuveauministrede lintrieur. Les postulants lafonctionnemanquaientpasmais, faute daccord entre Fran-oisHollande etManuelValls,cest nouveau ce joker quil at fait appel, comme il avait djen catastrophet catapult aubudget aprs la dmissioncontraintede JrmeCahuzac.Preuvede la confianceque luiaccorde le prsident de la Rpubli-que et quil est devenu lhommedes situations impossibles.

    Avantdeprendresesnouvellesfonctions,BernardCazeneuve lais-sederrire luiun travail bienavan-cenmatirede redressementdes

    financespubliques. Si lenouveaugouvernementparvient finaliserlepactede responsabilit, il pour-ra lui en rendregrce. Sansbruit,sansheurts, sansdclarationsintempestives, fidle samthodequi lui a valudtre surnommlatombe, leministredlguchar-gdubudget, est rest riv lob-jectifque lui avait assignFranoisHollande:dgager 50milliardsdeurosdconomiesen trois ans.

    Enmoins de deuxans, lanciendput fabiusiende laManche,membrede la commissionde ladfense et rapporteurde la com-missiondenquteparlementairesur laffaireKarachi, est devenuundeshommesde confiancedeFranoisHollande.Dabord au

    ministredes affaires europen-nes, o il convainc lamajoritsocialistede voter le trait de sta-bilit europenquelle rejetaitquandelle tait dans lopposition.Puis auministredubudget.

    FaadetechnoNepas se fier auxapparences.

    Lhommeapparat rserv, pres-que austre, son tonmesur, llo-quence calibre. Celui que ses col-lgues appellent aussi BernardoCazanova, ce qui rsumeassezbien sa doublepersonnalit fid-le et sducteur ,manie aussi avecune redoutable efficacitun ver-be tranchant et une inflexibleobs-tination. Lesministresqui ontdfil dans sonbureauau 5e tage

    deBercypour lui prsenter leursmesuresdconomies en saventquelque chose.Cest lhommequi dit non en souriant. Il vouscoutepoliment, prendnotemaisil sait parfaitemento il veut alleret il nen dvierapas, constateunde ses collgues.

    Cest se demander si cettefaade techno, basede languedebois bien rode, dalignementsde chiffres implacablementass-ns, ne relvepas dunepart tacti-que. Anen pas douter,M.Caze-neuve est aussi et dabordun finpolitique, qui sait parfaitementvaluer les rapportsde forces etmobiliser en consquence les res-sourcesncessaires.p

    PatrickRoger

    Le secrtaire gnral de lElyse, Pierre-Ren Lemas, le 2 avril. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

    50123Jeudi 3 avril 2014

  • Lapetite phrase sest bien ins-talle dans la majorit socia-liste. De laile gauche du PSjusquau courant de la Gauchepopulaire enpassant par les pro-ches deMartine Aubry, de plus enplusdedputs la rptentdepuisla nomination de Manuel Valls Matignon, lundi 31mars : Lim-portant, ce nest pas le casting,mais le scnario. Le prsident delAssemblenationale,ClaudeBar-tolone, a trouv la formule qui afait mouche, lcrivant sur sonblog ds le soir du second tour desmunicipales.

    Daprs celui qui, depuis desmois,prvientdunrisquededb-cle aux municipales, le messagedes Franais sadresse nous etrien qu nous, ils nous disent :changez!. Et pas seulement depremier ministre. Depuis prs dedeux ans, les gifles ont t nom-breuses pour la majorit parle-mentaire: affaire Cahuzac, affaireLeonarda, couacs rptition Ladroute desmunicipales a t cel-le de trop et, cette fois, plus ques-tion de continuer courber lchi-ne sans broncher.

    Onattrspolisettrsdocilesdepuis deux ans. On a alert surltat du pays, mais jamais on ne

    nous a couts, jugeait un dpu-t, mardi 1er avril, lissue dunerunionde crise lAssemble ladeuxime en deux jours. Cetterunion, cest une manire de direcest fini. On estmajoritaire danslamajorit,notrevoixvadeplusenplusporter, assure-t-il.

    InflexionPrs de cinquante autres lus

    taient venus ce rassemblementorganis par les Reconstruc-teurs un courant daubrystes etde strauss-kahniens cr en 2008par ledputdeParis Jean-Christo-phe Cambadlis et Claude Bartolo-ne auxquels se sont jointdespro-ches dArnaud Montebourg. Fran-ois Lamy, ministre (pour lemoment) de la ville, tait l, ainsique des poids lourds du parti telsGuillaumeBachelay (Seine-Mariti-me), Christophe Borgel (Haute-Garonne), Christian Eckert (Meur-the-et-Moselle) ou encore Jean-MarcGermain (Hauts-de-Seine).

    Sil nest pas encore questionpour eux de tirer boulets rougescontre le premier ministre, tousattendent de connatre le contenuprcisdelafeuillederoutedunou-veau gouvernement et, surtout,les premires nominations de

    ministres. Lundi, linitiativenotamment de Laurent Baumel(PS, Indre-et-Loire), une trentainede dputs staient dj runis lAssemble, issus de la Gauchepopulairemaisaussidelailegau-che, de la Gauche durable et ducourant Unmondedavance deBenotHamon.

    Cest le fondquidterminera, jene mets de veto sur personne. Jat-tends du futur gouvernement uneinflexion de la politique conomi-queetfiscale.SiManuelVallslincar-ne, trsbien; sinon,notreconfiancene lui sera pas acquise, prvientLaurentBaumel, gure rassur parles annonces de FranoisHollandede lundi soir,trop imprcises.

    A la gauche du parti, les motssont encore plus durs. Cest unchoix trange et surprenant, leslections ont exprimunbesoin degauche dans le pays, je ne suis passr que Manuel Valls soit le plus mme dy rpondre, commenteEmmanuel Maurel, le leader delaile gauche socialiste. Le vraisujet, cest le changementdepoliti-que. Ce nest pas parce queManuelValls est premierministre quon vasadoucir, avertit le dput Pou-ria Amirshahi (Franais de ltran-ger),quistaitconfrontauminis-

    tre de lintrieur aprs ses propossurlesRoms. JrmeGuedj(Esson-ne), lu dans le mme dparte-ment que Manuel Valls, insiste :Il ny a pas damour, il ny a quedes preuves damour. Limportantcest la ligne, etValls est celui, sur lepapier, qui sloigne le plus de cellequenous souhaitons.

    Quant la snatrice de ParisMarie-NolleLienemann,elleassu-re que le choix de Manuel Vallsnestpas lahauteurde lattente.Mme sil a une trs bonne imagedans les sondages, il incarne lailedroite du PS, explique-t-elle. Au

    lendemain de la dbcle, normale-ment on serre les rangs. Hollande,au contraire, a dcid de rajouterune difficult dans la majorit ennommant celui qui y est le moinscentral, ajoute unpoids lourd dugroupe PS. Depuis des semaines,cetluprvientdunrisquedescis-sion, assurant que lamajorit de2012 ne tiendra jamais jusquen2017.

    Lhypothse dun groupe parle-mentairesocialistedissidentrefaitsurface, ce qui serait un importantmoyen de pression, dautant plussi le Snat bascule droite aux

    snatorialesdeseptembre.Lesco-logistes semblent en outre de plusen plus difficiles retenir, etmmelesradicauxdegauchecom-mencentmontrerlesdents.Avec,en outre, un parti totalement ato-ne, les points dappui de FranoisHollande commencent fondrecomme neige au soleil. Jusquatteindre, peut-tre, un point denon-retour, quand le chef de lEtatfiniraparse retournersursamajo-rit pour se rendre compte quepluspersonnene le suit.p

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    PLOTTE,GENTILLE, en chaussu-res plates, telle est la nouvelleNathalieKosciusko-Morizet, qui aruni les lus parisiens,mardi1er avril, dans sonQGde la ruede laLune, aprs sa dfaite Paris,dimanche.Avertie des rsistancesqui semanifestaient sonendroit,NKMvoulait sassurer dedevenir prsidentedugroupe auConseil deParis et dfinirune stra-tgiepour la crmoniedu same-di 5avril o sera formellementlue la nouvellemairede Paris,AnneHidalgo.

    SiNKMarussi dcouragertoute concurrencepour laprsi-dencedungroupede55conseillersdeParisUMP, ellenest pasparvenue fdrer les10centristesde lUDI et les 6duMoDem.Ellenedsesprepascependantdeconstitueruninter-groupe. SonamieMariellede Sar-nez, vice-prsidenteduMoDem,prfregarder son indpendance:NKMadonn6 siges auMoDem(au lieudunauparavant) et aappuy la candidaturede Franois

    BayrouPau. Les lus de lUMPsontassez amers: Sarneznousaenfums la faoncentriste:Ctait superde faire campagneensemble,mais il vautmieux res-ter spars, commente lundeuxsous couvert danonymat.QuantChristianSaint-Etienne, lereprsentantde lUDI,personnene comprend jamais ce quil dit.

    NKM, nouvellemodesteSansdoute conscientede la ra-

    lit de son rsultat une lourdedfaite face une inconnuedansle 14e arrondissemento elle apourtant fait trs activementcam-pagneMme Kosciusko-Morizet abeaucoupclin ses troupes: ellea fait profil bas sur ses erreurs etencens les vainqueurs.Quatrearrondissementssont rests droite avec des lus bien implan-ts etDelphineBrkli a fait bascu-ler le 9e arrondissement.VincentRoger est pass un cheveude lavictoiredans le 4e et a indiququil avait bonespoir de gagner lerecoursquil avait intent.

    LanouvellemodestiedeMmeKosciusko-Morizetsest arr-te l. Elle a assurtremajoritai-re envoixPariset a contest lalgitimitdAnneHidalgoquinapasobtenuunbonrsultatdans le15e arrondissement.Lesbaronsdeladroiteparisienneontproposque les lusde ladroiteetducen-tre sortentde faonspectaculairede lhmicyclesansprendrepartauvote, lors desonlection, same-di. Leprocdat jugantirpu-blicain,antidmocratique,dplora-blepar certains.NKMelle-mmeneseprsenterapasmaisveut fai-reundiscours.

    Onne vapas lui laisser le grou-pe! Cest lemomentde la tuer!,staient jur certains copistes.Mais ils se sont rapidementaper-usquils ntaientpas asseznom-breux.Leurputscha faitpschitt, samuseunvieux routierduConseil deParis.Du coup, Jean-FranoisCopa envoyunSMSdesoutienNKM.Enaffirmantquilavaitdmin le terrainpourelle.p

    BatriceGurrey

    Malgr la victoire auxmunicipales, les tensionsrestent vives lUMP.Renforc par la performance deson parti, Jean-Franois Cop napusempcherde rgler ses comp-tes avec ses rivauxinternes,mardi1er avril, lors du comit politiquehebdomadaire.

    Je noublierai pas ceux quimont attaqu pendant la campa-gne au lieu deme dfendre, a-t-illanc en direction de FranoisFillon et Laurent Wauquiez, enrfrence aux critiques dont il afait lobjet dans laffaire Bygma-lion. Cette intervention, survenuedansuneambiancedesatisfactiongnraleaprs la vaguebleue, at perue comme une provoca-tion par les fillonistes. Cop arveillFillon,ensemontrantagres-sifsonencontre, jugelundeux.Piqu au vif, lancien premierministre a dgain, rclamant lamise en place dun comit de sur-veillance pour superviser la ges-tion financirede lUMP.

    M.Fillon a tenu parole : dbutmars, il avait annonc quil exige-rait des explications M.Copsur les comptes du parti lissuedesmunicipales,lasuitedesaccu-sations du Point contre le prsi-dent de lUMP sur de supposessurfacturations au dtriment desintrts de sa formation.

    Ladmarchenestpasnouvelle:cela faitplusdunanque ledputde Paris demande, en vain, plus detransparence dans ce domaine.Pour lui, un contrle des financesdoit sexercer demanire collgia-le. Le but, cest quon puisse avoirun droit de regard sur les finances,au lieu de laisser Cop et ses pro-ches sen occuper dans lopacit laplustotale, expliqueunfilloniste.

    Mais le patronde lUMPa rejetla demandede son rival, sansdon-ner suite. Tous les comptes ontt certifis, assure-t-il auMonde,en promettant demener une op-rationtransparencedicipeu. Sanssengagersurunedateprcise:Jesuis prt rendre publique unesrie de documents comptablesdans les semaines venir pour

    montrer que toutes les accusationscontremoi sont de la calomnie.

    Dtermin ne plus servir depunchingball, M.Copenragededevoir encaisser loffensive deM.Fillonaulendemaindelavictoi-re. Et rend coup pour coup: Cestun peu piteux de sa part. Il le faitpour sauver la face vis--vis de sessoutiens, qui prparaient unputsch contre moi car ils taientpersuads que lUMP ne gagneraitpas les municipales, accuse-t-il.Avant dassner lattention delancien chef de gouvernement:Enmattaquantenpleinecampa-gne, il sest laiss emporter par unsentiment individuel au dtrimentdu collectif. Cela nest pas caract-ristiquedunhommedEtat.

    Pour lentourage de M.Cop, lademande de M.Fillon na pas lieudtre puisqu il existe dj unecommissionde contrle de gestionfinancire des comptes du parti,compose de dix membres luspar le bureaupolitiqueet prsidepar le fillonisteClaudeGaillard.

    Difficile de trouver un terraindentente. Les rancurs restententre les deux camps qui se sontaffronts pour la prsidence de

    lUMPfin2012.Unautresujetsensi-blelesoppose:lagouvernance.Lun-di, MM.Cop et Fillon se sont ren-contrs pendant une heure lAs-semble pour tenter daccorderleurs violons. Le dput de Paris aplaid pour une applicationpleineetentiredesnouveauxstatuts,exi-geantquelenouveaubureaupoliti-que statutaire, lu le 25janvier lorsdu conseil national, devienne lor-ganededcision.

    Objectif de M.Fillon : donneruneprminencecebureaupoliti-que renouvel qui rassemble

    dsormais ses partisans, ceuxdAlain Jupp, de Bruno Le Maire,de Xavier Bertrand ou de LaurentWauquiez face celui qui se ru-nit actuellement chaquemercredi,composenmajoritde copistes.

    Alain Jupp et les trois autrestnorsconcernssoutiennentlini-tiative de M.Fillon. Pour un pro-che dumaire de Bordeaux, il estnaturel dappliquer les statuts enmettant en place ce bureau politi-que, qui reprsente toutes les sensi-bilitsduparti.Celapermettraitsurtout davoir une instance unpeu plus contrle, afin demp-cherCopdefairedescoupsfourrsdans son coin, souligne un qua-dra. Lors du comit politique, lespartisans dune ouverture de ladirection ont reu un renfort depoids en la personne de lex-pre-mier ministre, Jean-Pierre Raffa-rin. Pour ce soutien de M.Cop, lenouveau bureau politique doiteffectivementtre install.

    Le prsident de lUMPa acceptdu bout des lvres que cette nou-velle instance se runisse unefois par mois , tout en mainte-nant le bureau politique du mer-credi, lors duquel il a le beau rle.Le bras de fer se poursuit donc. p

    Al.Le.

    LaguerreCop-FillonrepartdeplusbellelUMPLesdeuxrivauxsesont livrsdenouvellespassesdarmeslorsducomitpolitiqueduparti

    AParis,UMPetcentristessesparent

    Jenoublieraipasceuxquimontattaqupendant

    lacampagneaulieudemedfendreJean-FranoisCop

    Jean-Pierre Raffarin, Franois Fillon et Jean-Franois Cop, enmeeting Strasbourg, le 5mars. PASCAL BASTIEN/DIVERGENCE

    LUMP peine trouver le tonjuste face Manuel Valls,considr comme un hom-medegauchemenantunepoliti-quededroite.Entre lavolontdaf-faiblir un adversaire et celle demnager un alli qui se seraittrompde camp, les dirigeants duparti dopposition cherchent lebonpositionnement.

    Difficile, pour eux, de sopposerfrontalementaunouveaupremierministre: il bnficie dune certai-nebienveillancelabasede lUMP.Depuismai2012, le chantrede lor-drerpublicainaudiscoursmuscljouitdunefortecotedepopularitdansllectoratconservateur,ensemaintenant au-dessus de 40%.Dans la dernire vague Ipsos-Le

    Point, il culmine 47% de juge-ments favorables chez les sympa-thisants de droite. Mme NicolasSarkozy, le chouchou des mili-tants, lui trouvait des qualits etavait song lui commeministredouverture, en 2007. Cest dire

    Au dbut du quinquennat, destnors de loppositionont vant laligne de fermet incarne par ceministredelintrieurquileurrap-pelaitM.Sarkozy certains gards(nergie, autorit, sens du coupmdiatique). Je soutiens sa politi-que, avaitaffirmClaudeGuant,son prdcesseur Place Beauvau.Jean-Pierre Raffarin avait alorsjug que son camp navait pasintrt fragiliser le ministre leplus droitedugouvernement.

    A lpoque, la stratgie visait soutenirManuelVallspourlepous-sermenerunepolitiquescuritai-re, en esprant quil prenne le des-sus sur sa collgue de la justice,Christiane Taubira, juge laxis-te.Ce fut enpartie le cas.

    Coupde barre droiteDepuis deux ans, lUMP tente

    dutiliser celui qui a longtemps tsurnomm le sarkozyste du PSpour faire contrepoids aux projetslesplusprogressistesdugouverne-ment, tel le droit de vote des tran-gers. On se sert de lui pour tapersur les autres, explique un cadredu parti. La droite la galementapplaudiquandilafaitpreuvedelaplus grande fermet propos des

    Roms face sa collgue du loge-mentCcileDuflotoulorsquilsestmontr inflexible face Jean-MarcAyraultdans ledossierLeonarda.

    Aujourdhui, rebelote: la droitetente de refaire le mme coup.Dans leurs ractions la nomina-tion de Manuel Valls Matignon,aucundirigeantne la charg lour-dement.Demanirevolontaire: laligne fixe par lUMP, mardimatin, lors de son comit stratgi-que, consiste cibler principale-ment le chef de lEtat. Le probl-me nest pas Valls. Le problme,cestHollande, rsumelex-minis-tre Laurent Wauquiez. Lopposi-tion mnage le nouveau chef dugouvernement, dans lespoir quilfasse pencher le centre de gravit

    de lexcutif. Patrick Devedjian adailleurs salu un coup de barre droite. Ce nest pas unhasard sile prsident de lUMP, Jean-Fran-ois Cop, exige aujourdhui leretrait de la rforme pnale deMmeTaubira : il se souvient bienqueM.Valls a envoy une note auchefde lEtat le 25juillet 2013,danslaquelle il sopposait la suppres-siondes peinesplanchers.

    Ladroitesest rsolue se servirde la puissance de M.Valls pourpeser sur la ligne du gouverne-ment, aprs avoir constat que lesoffensivesmenescontrelecham-pion des sondages navaient quepeu deffet. En mars2013, M.Copavait demand ses troupes deconcentrer leurs attaques contre

    le ministre, afin de mettre un ter-me la Vallsmania. Loprationnapas rencontrungrandsuccs.

    Les tnorsde lUMPonteubeaurpter quil est fort dans lesmots et faible dans les actes,riennya fait : les flchesontglisssur le costume du premier flic deFrance. Aujourdhui, lindulgence laquelle aunenouvelle fois droitManuel Valls devrait faire longfeu.Celavadurertroisjours,esti-meunprochedeM.Cop, qui pro-met dj au nouveau premierministre lenfer de Matignon :Invitablement,Valls vatreobli-gdedonnerdes gages la gauchedelagauche.Dsquilva le faire,onva lui taper dessus sans arrter.p

    AlexandreLemari

    LhommequeladroiteatantaimTantauseinde lUMPquechez leslecteursduparti,ManuelVallsbnficieduncapitaldesympathienonngligeable

    70123Jeudi 3 avril 2014

  • - CESSATIONS DE GARANTIE

    COMMUNIQUE - 103393En application de larticle R.211-33du livre II du code du tourisme,

    LASSOCIATIONPROFESSIONNELLEDE SOLIDARITE DUTOURISME (A.P.S.T.)

    dont le sige est situ : 15, avenueCarnot - 75017 PARIS, annoncequelle cesse daccorder sa garantie :

    CAPATLANTIQUEImmatriculation :

    M 017 11 0016SARL au capital de 8000 Sige social : 46, rue Sadi

    Carnot17500 JONZAC

    Lassociation prcise que la cessationde sa garantie prend effet 3 jours sui-vant la publication de cet avis et quundlai de 3 mois est ouvert aux clientspour produire les crances.

    international

    CaracasEnvoy spcial

    Depuisbienttdeuxmois, leprsident Nicolas Maduro,successeur de lancien chefdEtat Hugo Chavez (1999-2013),est contestpar la rue, Caracas eten province. Seize Etats vnzu-liens (survingt-trois) sont touchspar la mobilisation dtudiants etdopposants.

    Lesmanifestationsonttrpri-mesparlaGardenationaleboliva-rienne (GNB) et par des groupesirrguliers, les collectifs chavis-tes. Les confrontations ont provo-qu une quarantaine de morts,dont cinq policiers. La majorit at tue par balle, certains viss la tte, parfois bout portant. Oncompte plus de 550 blesss. Aumoins 2100manifestants ont tarrts, la plupart passibles depoursuites.Daprs les dfenseursdes droits de lhomme, 85% den-tre eux sont des tudiants.

    Malgr la rpression, lemouve-ment tudiant reste mobilis,maisalternedsormaismanifesta-tionsmassivesetactionsponctuel-les dagitation et propagande, des-tines largir le soutien dont ilbnficie auprsde lopinion.

    Des dizaines de plaintes pourtortures ont t dposes. Cepen-dant, 95% des victimes nont pasconfiancedans la justice et nosentpasporter plainte, affirmeRafaelUzcategui, un responsable de lor-ganisation non gouvernementaleProvea, qui dfend les droits delhomme au Venezuela depuisvingt-quatreans.

    Limmensemajoritdesmani-festations est pacifique, assureM.Uzcategui. A peine 5% des gensmobiliss dressent des barricades,qui ne sont pas forcment violen-tes. La principale responsabilitdes violences incombe lutilisa-tion excessive de la force par laGNB. Aucunmanifestant na tarrt avec une armedepoing.

    Rafael Uzcategui est aussi unmilitant de gauche, libertaire. Lacapacitdemobilisationde loppo-sitioncontrasteavec ladmobilisa-tion des chavistes, souligne-t-il.Leurderniredmonstrationdefor-ce a t les funrailles de Chavez.

    Le prsidentMaduro veut faireporterlaresponsabilitdesviolen-ces sur lopposition, qualifie tan-ttdefasciste,putschiste,voi-re de terroriste. Les opposantsvisent un coup dEtat moderne,sansmilitaires, commeauHondu-

    ras [en 2009] et au Paraguay [en2012],parladstabilisationdugou-vernement, explique EleazarDiaz Rangel, ditorialiste chavisteet directeur du quotidienUltimasNoticias, achet par un proche dupouvoir dont lidentit reste igno-re de la rdaction elle-mme.

    La thse complotiste est parta-ge par Nicmer Evans, du Centreinternational Miranda, un thinktank chaviste. Derrire la crise degouvernance du Venezuela, ontrouverait des acteurs politiqueset conomiques multinationaux,qui visent les premires rservesptrolires aumonde.

    Cependant, M. Evans estimeque Maduro utilise le mme dis-cours que Chavez, qui nest plusadapt au rapport de forces ni lasituation, car lactuel prsident estdpourvu du leadership messiani-que de son mentor. A force desadresseruniquementsaproprebase, le chavisme serait pris detorticolis : Le pouvoir a perdula capacit de parler aux oppo-sants, affirmeM.Evans.

    Les ponts semblent coupsentre les deux camps. La crise aloign les deuxmoitis du pays etaggrav la polarisation politique,mme si beaucoup de chavistesdsapprouvent la rpression,confie RamonGuillermoAveledo,le stratge de la coalition lectora-le de lopposition, qui rassembledes formationsquivontde ladroi-te lextrmegauche.

    Le gouvernement se rclamedu socialisme du XXIe sicle, maisutilise des formes de rpression dusicle prcdent, note FrancineJacome, de lInstitut vnzuliendtudes sociales et politiques.Par-mi les dignitaires du pouvoir figu-rent danciens dirigeants tudiantset militants dextrme gauche quiont t eux-mmes victimes dansleur jeunesse des mthodesemployesaujourdhui.

    Le pouvoir sen est pris aussiaux lus et dirigeants de lopposi-tion. Leopoldo Lopez, fondateurduparti Volont populaire (centregauche), est dtenu dans une pri-son militaire, accus dtre linsti-gateur des violences du 12fvrier,alors que limplicationdagentsde

    lEtat a t tablie dans les troismorts de cette journe. Deuxmai-resdoppositionlontrejointenpri-son, condamns demanire exp-ditive par la Cour suprme, sansappel, et dchusde leurmandat.

    Lundi 31mars, la juridiction aconfirm la dcision du prsidentdelAssemblenationale,quiavaitannul le mandat de la dputeMaria Corina Machado, coupablede haute trahison pour avoirdnonc les violations des droitsdelhommedevant lOrganisationdes Etats amricains.

    Lorsquil a choisi la rpressioncontreunmouvementciviquesansprcdent, le rgime a franchi uneligne rouge et a dvoil sa naturedictatoriale, criminelle et corrom-pue, affirme la dpute destitue.Mme les dictateurs militairesvnzuliens du XXe siclenavaientpas t aussi loin.

    Alors que les pnuries et linfla-tion rendent insupportable la viequotidienne des Vnzuliens, lespectreduCaracazoestdanstou-tes les ttes. En 1989, laugmenta-tiondu tarif des transportspublicsavait provoqu des protestationsdestudiants, suiviesdmeutesetsaccages.Larpressionavait faitaumoins 360 morts (trois fois plusselon Provea). Le gouvernementMaduro entretient le conflit politi-que pour dissimuler la crise cono-mique, assureM.Uzcategui.

    La spirale de la violencemena-ce lEtat de droit au Venezuela, amis en garde Amnesty Internatio-nal,mardi1eravril.Pourarrterlen-grenage et viter une explosionsociale, une mdiation pourraittre confie lanciennonce apos-tolique Caracas Pietro Parolin,secrtaire dEtat du Vatican, quisest dclardisponible.p

    PauloA.Paranagua

    Lors dunemanifestation contre le gouvernementMaduro, le 1er avril, Caracas. CHRISTIAN VERON/REUTERS

    Lesheurtsontfaitunequarantainedemortsetplusde

    550blesss.Aumoins2100manifestantsonttarrts

    M.Madurofaitporterlaresponsabilitdesmeutessur

    lopposition,qualifiedefascistevoiredeterroriste

    LeVenezuelaconfrontlaspiraledelaviolenceLeprsidentNicolasMaduroneparvientpas juguler lacontestation, lancepar lestudiantsdbutfvrier

    M.Capriles:Unecrisedampleurindite

    AFP

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    Gouverneurde lEtatdeMiranda,HenriqueCaprilesRadonski atdeuxfois candidat laprsidenceduVenezuela: lapremireen2012contre lancienchefdEtatHugoChavez, la secondeen2013contrelactuelprsidentNicolasMaduro,qui la emportde justesse,lorsdunscrutin controvers.Malgr lampleur desprotestations, loppositiona-t-elle vraiment tir profit dumcontentement populaire?

    Unchangementdurablepassepar la constructiondunenouvellemajorit, capabledattirer les80%deVnzuliensmcontents. Il nesuffitpasdesadresser la classemoyenne, il fauttre capabledin-carner les aspirationsdesdmu-nis. Etpour cela il fautpartir desbarrios [bidonvilleset quartierspauvres].

    LeVenezuelaconnatunecriseconomiqueet socialedampleurindite, aprs avoir engrang lesrevenusptroliers lesplus levsdesonhistoire.Nousvenonsdesubirunemga-dvaluation.Lespnuries, linscurit touchent tou-te lasocit.Nousdevonsreprsen-ter lalternative.Pendant la campa-gnelectorale, jedisais: nousnesommespas lopposition,mais lasolution.Le gouvernement a choisila rpression

    Madurocroitquil suffitdimi-terChavezetdinvoquersammoi-re tous les jours la tlvision,alorsquil ne lui arrivepas la che-ville. Lintransigeancegouverne-mentaleneconvaincmmepasseslecteurs. Le sectarismeetlautismemnentdroitdans lemur,versuneexplosionsociale.

    Lepouvoir sous-estimela sym-pathiesuscitepar lemouvementtudiantet les jeunes. Le chavismeaperdu le contrledes rues, il neparvientpasmobiliser, ilne susci-teplusdespoir. Legouvernementsest embourgeois,Madurone

    quitteplus lepalaisprsidentiel.Certes, il disposede la forcedelEtat. Et le gouvernementamon-trquil navait aucunrespectpour laviehumaine. La subordina-tionde la justice lexcutifnajamaist aussi vidente. Lempri-sonnementet les attaquescontredeslusdoppositionsont typi-quesdunedictature.Le pouvoir verrouille lesmdias.Comment les opposantspeuvent-ils toucher lopinion?

    Il faut revenirauxmthodes tra-ditionnellesdemilitantisme: lecontactdirect, leporte--porte, lesassemblesdans lesquartiers, letravailde fourmis. Il faut tre ima-ginatifs,utiliser les tlphonespor-tables, les rseauxsociaux.Face-book touche lesbarrios,mmeceuxcontrlspardesgroupeschavistesarms.Nousdevonspar-tirdesquestionsconcrtes: lespnuries, linscurit, ladfensedelaConstitution.

    La ruenestpasuncoursmagis-tral.Discuterpoursavoir si noussommesendictatureouendmo-cratieamuse lepouvoir. Il ne suffitpasdednoncer sesabus,maisapporterdes rponsesaux inqui-tudesdesgens.Comment joindrelesdeuxbouts, alorsque linfla-tionronge lepouvoirdachat?Commentavoirun logementdcent?Pourquoinepeut-onsor-tir le soir sans risquersavie?Pour-quoi lducationet la sant sonten

    ruine?Oestpass largentduptrole?Le gouvernement deMadurovous situe droite

    Jenesquivepas ledbat idolo-gique. Je suis loinde ladroite.Dans lEtatdeMiranda, 70%dubudget est consacr lducation.Il ny apasdepolitiquepluspro-gressisteauVenezuela. LeMiran-da est limagedupays: 70%dessecteurs sontpopulaires. Je neconoispasdegouvernementsanspolitique sociale. Je suiscontre la violence.A linstardeNel-sonMandela, je prneunchange-mentpour tous lesVnzuliens,jene fais pasdepolitiquesectoriel-le. Avecdeuxmoitisonne faitpasunenation, pasplusquen sou-mettant laminorit unemajori-t circonstancielle.Lmergence de dirigeantscommeLeopoldo Lopez ouMariaCorinaMachado ne vouscomplique pas la tche?

    Ladiversitneconstituepasune faiblesse,maisune richesse.Lapparitiondenouveauxleadersnemedrangepas:monprojetnestpaspersonnelmais collectif.Et lesbrutalitsdupouvoirnousont rapprochs.

    Faceungouvernement impo-pulaireet corrompu,plongdansunecriseconomiquesansprc-dent,nousdevonsconstruireuneforceavec suffisammentde sou-tienpopulairepourdjouer toutetentativede ractionviolenteoudecoupdEtat.

    Linsatisfactionde80%de lapopulationpermetde surmonterlapolarisation, qui fait le jeuduchavisme. Il y adeplus enplusderaisonspourmanifesterpacifique-ment,mais il faut partir du socialpour aller aupolitique, et nonlinverse. Lemot libertna pas lemmesenspour la classemoyen-neet pour lespauvres. Si onnecomprendpas cela, onna riencompris auVenezuela. La cl duchangement se trouvedans lesbarrios.p

    Proposrecueillis par P. A.P.

    8 0123Jeudi 3 avril 2014

  • international& europe

    LAllemagneprtesengagerplusnettementenAfrique

    LisbonneEnvoye spciale

    Mercredi2 et jeudi 3avril,lAfrique est Bruxelles.Plusde40dirigeantspoli-tiquesafricainsdevaientretrouverleurshomologues europenspourrelancer un partenariat, min parlinstabilit suruncontinentpour-tant prometteur. Pour lUnioneuropenne,ilsagitaussidenepasse laisser distancer par la Chine etsesambitionsdvorantes.

    LePortugaladjpris lamesurede laubaine que reprsentent sesanciennes colonies pour son co-nomiefatiguepar lacriseet laus-trit. Quitte choquer parfois lesdfenseursdesdroitsde lhomme.

    Le premier ministre de centredroit, Pedro Passos Coelho, sestencore rendu les 26 et 27mars auMozambique, richement dot engaz, pour y signer 16 accords com-merciaux. Lisbonne resserre aussiles liens avec la Guine quatoria-le, gros producteur de ptrole, quipourrait, selon le ministre desaffaires trangres, Rui Machete,rejoindre la Communaut despaysde langueportugaise (CPLC).

    Ce privilge lui avait t refusen 2012 faute de respect des droitsde lhomme.Aujourdhui, le prsi-dent Teodoro Obiang fait partiedes chefs dEtat les plus fortuns

    dAfrique quand, dans son pays,un enfant sur dix, selon lUnicef,meurt avant lge de cinq ans. Sonfils a t mis en examen, le18mars, en France dans laffairedes biens mal acquis. Mais peuimporte.LegouvernementdeGui-ne quatoriale a sign un accordpour prendre une participationdans la Banif, banque portugaiserenflouepar lEtat.

    Cest surtout lAngola que lePortugalouvregrandsesbras.A cepays gorg de ptrodollars, classpar Transparency International153e (sur 177) sur la listedespays lesplus corrompus de la plante, etdontJosEdouardoDosSantos,estlindboulonnable prsidentdepuis 1979.

    Depuis la crise, des milliers dejeunes diplms portugais ontmigr Luanda pour fuir le ch-mage.Desonct, lAngolaainves-ti dans plus dune vingtaine desocits portugaises cotes ou

    non, en allant de Galp (ptrole)auxbanques (Bic, BCP, BPI) enpas-sant par les tlcoms (Unitel), lesmdias(Cofina,Impresa)et lagroa-limentaire (Cofaco, Vinho beni-gno), indique Celso Filipe, auteurdunlivredenqutesur lepouvoirfinancier de lAngola au Portugal.Dix quinze milliards deurosauraient t injects dans lcono-mieportugaise, estime-t-il.

    DerrirelAngola,ontrouvesur-tout les proches deM.Dos Santos:safille,milliardaire,IsabelDosSan-tos,ManuelVicente,sonvice-prsi-

    dent, et le gnral Kopelipa,Manuel Hlder Vieira Dias. Bien-tt, le visage de Jos FilomenoDosSantos, le fils du prsident devraitapparatre aussi puisquil a pris,enjuin2013, lattedufondssouve-rain angolais, dot de 5milliardsdedollars (3,6milliardsdeuros).

    Lobjectif de ces investisse-ments fait peu de mystre : fairefructifier largent du ptrole etsacheter une influence. Avantson lection prsidentielle de 2012,lAngola a cherch se faire unebonne rputation, prsume

    M.Filipe. En attendant, le Portugalest complice dun rgime quimprise son peuple, juge le mili-tant anticorruption Rafael Mar-ques de Morais, la tte du blogMakaAngola.LePortugalsetrans-forme en unemachine laver lar-gent vol au peuple angolais ! ,accuse-t-il.

    IlnestpasinterditdecroirequeM.Dos Santos redistribueunepar-tie de cette richesse au peuple.Mais, aprs trente-quatre ans depouvoir, M.Marques de Moraissimpatiente, et doute.

    ALisbonneaussi, ces investisse-mentsmettentmal laise. Avecla crise, on avait une opportunitde nettoyer la corruption dansnotrepays,onachoiside lexporter[via limplantation dentreprisesportugaises en Angola, notam-ment dans le BTP] et dliminer lesbarriresdintgrit. Ona choisi defaire des affaires avec qui veut !,dnonce Joo Paulo Batalha, latte de lantenne portugaise deTransparency International. Lepays a conclu un pacte de silence,poursuit-il, lEuropeadjfait lex-prience de ce genre de procd enLibye. On a d ensuite expliquerpourquoi on avait fait des affairesavecKadhafi.

    Largent peut-il tout acheter?Les Portugais affaiblis par une cri-se historique savent quil est dansleur intrt dattirer des capitauxtrangers, mais ils ne semblentpasprts tout accepter.Les excu-ses formules en septembrepar leministre des affaires trangres,RuiMachete, envers lAngola, lors-quune enqute pour corruptionvisant M.Vicente avait fuit dansla presse, ont choqu.

    Depuis, lenqute a t classe,maislapressearvlqueleprocu-reur avait rserv un traitementspcial M.Vicente, prenant enconsidration les intrts natio-nauxliscetteaffaire.Uneenqu-tedisciplinaire lencontredupro-cureur a t ouverte le 15novem-bre. Ses conclusions ne sont pasencore connues.

    Nous avons besoin de largentde lAngola, mais lAngola a aussibesoin de nous, rsumeM.Filipe. Il yasansdouteunpeudhypocri-sie, mais pas seulement au Portu-gal. La famille Dos Santos investitailleurs en Europe!, signale-t-il.p

    ClaireGatinois

    BerlinCorrespondant

    Le septimesommetUnioneuro-penne-Afrique, les 2 et 3avril Bruxelles, est loccasionpourBer-lin de resserrer ses liens avec lecontinentafricain.Mmesi laFrance et lAllemagnedevraientprsenterunedclaration com-muneunenouveaut , Berlinnentendpas laisser Paris le lea-dershipde la relationavec lAfri-que. Leministre des affaires tran-gres (SPD) Frank-Walter Stein-meier, vient dy effectuer sa pre-mire tourne en Ethiopie, enTanzanie et enAngola et AngelaMerkel a consacr, le 29mars, sonpodcast hebdomadaire la politi-que africainede lAllemagne.Deux jours plus tard, elle a reu leprsident sngalaisMackySall.

    Jusque-l, les liensde lAllema-gneavec lAfriquetaientassezlches. Lederniervoyageque lachancelirey a effecturemonte2011: elle avait visit leKenya, lAn-gola et leNigeria ensoixante-dou-

    zeheures.Mais lAllemagne,dsi-reusede jouerunrleplus impor-tant sur la scne internationale, serendcomptequellenepeut sedsintresserde ce continent.

    AlorsquenombredAllemands,y comprisdans lepersonnelpoliti-que, jugentque la France inter-vient auMali ouenRpubliquecentrafricainepourdfendresesintrts, laministre de ladfense,Ursulavonder Leyen, essaiede fai-repasser lemessage inverse. Ellequi a obtenuduBundestag lauto-risationdenvoyer jusqu 250sol-dats allemandsauMali, prneunengagementplus fort de lAllema-gneenAfriquedans le cadredop-rations internationales.

    Cest le sensde la tribunequel-le cosigneavec sonhomologuefranais Jean-YvesLeDrian etquepublientLemonde. fr et la Frank-furterAllgemeineZeitung, le jouro lUEaofficalis le lancementdesamissionenCentrafrique.Ensituationde crise, lengagementdemoyensmilitairesne remplacecer-tainementpas les solutionspoliti-

    quesmais il contribue stabiliserdesEtats fragiles, protger lespopulations, et, au final, crerain-si les conditions essentiellespourreconstruire et dmocratiserunpays,crivent-ils.

    RservesCet engagement desmoyens

    militairesprovoqueunvif dbatenAllemagne.Ursula vonderLeyen reoit un accueil pluttbienveillantdes cologistes, tradi-tionnellementpacifistes. Dans leSpiegeldu24mars,MartinKobler,ex-collaborateurde JoschkaFis-cher (ministreVert des affairestrangresde 1998 2005), quidirige aujourdhui lamissiondin-terventionde lONUauCongo, ditse rjouir de la discussionet sou-tenir le gouvernement.

    En revanche,GerdMller,ministre chargde la cooprationet dudveloppement, ne cachepas ses rserves. Pour ce responsa-ble de lUnion chrtienne-sociale(CSU) bavaroise, lAfriquea besoindaide civile plutt quemilitaire.

    M.Steinmeier a unepositionmdiane. Reconnaissant en Ethio-pie que lAllemagnepeut davan-tage simpliquerdans la forma-tiondes forces de scurit africai-nes, il vante enTanzanie uncontinentdes possiblesqui sedveloppebeaucoupplus vitequonne le croit. Soucieuxdemontrerquil travailleplus troi-tementavec la Franceque sonpr-dcesseur, il appuie les initiativesdUrsulavonder Leyen.

    Sonministre ferabientt circu-lerauseindugouvernement lesgrandes lignesdecequidevraittre lapolitiqueafricainede lAlle-magnedurant lesprochainesannes, afinde coordonner l