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Vendredi 24 septembre 2010 - 66 e année - N˚20425 - 1,40 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Eric Fottorino Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA, T ous les services de l’Etat sont mobilisés » pour obtenir la libération des otages fran- çais au Sahel, a dit, mercredi 22 septembre, Nicolas Sarkozy. C’est vague, flou, opaque, langue de bois à souhait, style « mini- mum syndical ». Et c’est exacte- ment le discours qu’il fallait tenir. Car, en matière de prise d’ota- ges – et la France, hélas, a dans ce domaine une trop riche expérien- ce –, moins un Etat en dit, mieux cela vaut. Campant sur cette géné- ralité, le président de la Républi- que se réserve toutes les options. Il a raison. Il reste que la géographie rend la prise d’otages du Sahel encore plus difficile à traiter que les autres, passées ou en cours, qu’il s’agisse du Liban, de l’Irak, de l’Afghanistan ou encore du Nige- ria, où trois Français ont été enle- vés mercredi, vraisemblable- ment par des pirates. De l’Atlantique à la frontière entre le Niger et le Tchad, au cœur de l’Afrique, la région sub-saha- rienne est vaste comme vingt fois la France. Elle est bordée par une demi-douzaine de pays. Au fil des ans, quelques centaines de com- battants islamistes s’y sont instal- lées. Fondus dans la population, mariés dans les tribus touarègues, parmi lesquelles ils recrutent mas- sivement, les islamistes de l’AQMI (Al-Qaida au Maghreb islamique) y circulent librement. Ils l’ont encore prouvé avec le raid mené le 15 septembre au Niger, sur le site d’Arlit, en enle- vant sept personnes – un Malga- che, un Togolais et cinq Français. Apparemment ingénu, le minis- tre de la défense, Hervé Morin, a indiqué, jeudi sur RTL, que le « sou- ci de la France était de pouvoir entrer en contact avec Al-Qaida » : il s’agit « d’avoir des revendica- tions que nous n’avons pas ». Comme les talibans afghans, comme le Hezbollah hier au Liban, les terroristes de l’AQMI veulent d’abord une chose : de l’ar- gent, des rançons, ainsi que la libé- ration de certains de leurs mili- tants. A sa manière, la déclaration de M. Morin résume l’attitude de la France face aux prises d’otage. Elle n’a pas de position de princi- pe, pas de philosophie, pas de pos- ture définitive. Pour récupérer ses ressortissants, elle use de tous les moyens à la disposition d’un Etat appelé à être couramment confronté à cette tragédie. Elle emploie les femmes et les hommes de ses services secrets qui, à Bagdad comme à Beyrouth, ont prouvé leur courage. Avec plus ou moins de succès, selon les cas, elle mène des opérations armées. Enfin, c’est vrai, il lui arrive de payer, même si elle ne l’avoue pas. Quand elle se résout à verser une rançon, certains dénoncent une incitation à la prise d’otages. Sur ce dernier point, nous pensons qu’il n’y a pas de leçons de morale à donner. Les pays qui ont affiché les positions les plus fermes – pas de négociation avec les terroristes – ont tous, un jour ou l’autre, « payé » eux aussi, d’une façon ou d’une autre. C’est vrai d’Israël com- me des Etats-Unis. Pour tenir sur ce sujet des propos définitifs et péremptoires, il faut n’avoir jamais été confronté à la pression de l’opinion et des familles. Les Etats démocratiques négocient. C’est peut-être une faiblesse. C’est aussi leur dignité. p Lire pages 5 et 6 L e ballet de l’Opéra de Paris a fait sa rentrée, mercredi 22 septembre, au Palais Garnier, en rendant hommage au chorégra- phe Roland Petit, un jeune hom- me de 86 ans. Trois pièces de jeu- nesse étaient au programme, Le Rendez-vous (1945), Le Jeune Hom- me et la Mort (1946) et Le Loup (1953). On est frappé par la qualité des artistes que Roland Petit avait conviés pour écrire l’argument, dessiner un décor, imaginer la musique : Dutilleux, Picasso, Pré- vert, Brassaï, Cocteau, Anouilh... Dans Le Loup, porté par la musi- que de Dutilleux, Roland Petit ima- gine des effets saisissants et des acrobaties stupéfiantes pour les pas de deux, racontant le désir, le choc de deux corps, qui se cher- chent et se trouvent. p Lire page 17 Enlèvements Toute opération militaire visant à obtenir la libération des cinq Français enlevés au Niger leur ferait courir de graves risques, avertit, dans un communiqué diffusé sur Internet, Al-Qaida au Mahgreb islamique (AQMI). Présent au Mali, qui célèbre le cinquantième anniversaire de son indépendance, et où pourraient se trouver les Français enlevés, le ministre français de l’intérieur, Brice Hortefeux, s’est entretenu, mercredi 22 septembre, avec le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré. Page 5 P rès de quarante milliards de dollars : telles sont les som- mes qui devraient être mobi- lisées au cours des cinq prochaines années pour mettre en œuvre une « Stratégie globale pour la santé maternelle et infantile ». Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, en a fait l’annonce, mercre- di 22 septembre à New York, lors de la clôture du Sommet sur les Objec- tifs du millénaire pour le dévelop- pement (OMD). Barack Obama a, d’autre part, choisi l’occasion du Sommet pour exposer la nouvelle politique amé- ricaine en matière d’aide au déve- loppement : elle sera, à l’avenir, plus sélective. p Lire page 4 Editorial La réforme des retraites à l’épreuve de la rue Brantôme « Le Jeune Homme et la Mort », chorégraphie de Roland Petit, argument de Jean Cocteau. AGATHE POUPENEY/FEDEPHOTO AQMI met la France en garde contre une intervention Un vaste plan de l’ONU en faveur des mères Le chorégraphe Roland Petit et ses invités de rêve Voir plus loin, c’est s’offrir plus d’interactivité… C’est accéder à toutes les informations légales et officielles des entreprises. L’Etat démocratique face à la prise d’otages D es perturbations ont affecté les transports dès jeudi matin 23 sep- tembre, deuxième journée d’ac- tion sociale contre la réforme des retraites en un mois. L’impact de la mobilisation était toutefois plus sensible sur le trafic fer- roviaire et aérien que sur les transports urbains. A la SNCF, le mouvement avait démarré dès mercredi soir, entraînant la suppres- sion des trains de nuit en France. La Direc- tion générale de l’aviation civile a, pour sa part, prévu l’annulation de 50 % des vols programmés à Orly et de 40 % des vols à Roissy. A la RATP, à Paris, environ 85 % du trafic était assuré jeudi matin. Les syndicats misent sur un soutien comparable à la mobilisation enregistrée pour la journée du 7 septembre, considé- rée comme un succès. Au-delà des chif- fres des manifestants et des grévistes, « on est en train de gagner le soutien popu- laire », assure François Chérèque, secrétai- re général de la CFDT. Deux sondages sem- blent lui donner raison : 68 % des Français soutiennent la journée d’action, selon une étude CSA publiée par L’Humanité ; ce chiffre est de 63 % % dans un sondage Viavoice réalisé pour Libération, selon lequel 45 % des Français se disent « révol- tés » par le contexte économique et social. Le débat sur le projet de loi au Sénat est prévu début octobre. p Lire pages 10 et 15 RER B, station Denfert-Rochereau, jeudi matin 23 septembre. OLIVIER CORET POUR LE MONDE UK price £ 1,50 Vie des dames galantes t Deuxième journée de mobilisation en un mois t Le gouvernement affiche sa détermination, en particulier sur l’âge légal de départ à la retraite UNIQUEMENT EN FRANCE MÉTROPOLITAINE

Le Monde du jour 2010 09 23

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Cadeau : Le Monde de demain, qui ne paraît pas demain, quelle aventure !Offert par le journal, pour cause de grève, ce document est, comme toujours, remarquable.

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Page 1: Le Monde du jour 2010 09 23

Vendredi 24 septembre 2010 - 66e année - N˚20425 - 1,40 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur: Eric Fottorino

Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤,Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,

T ous les services de l’Etat sontmobilisés » pour obtenir lalibération des otages fran-

çais au Sahel, a dit, mercredi22 septembre, Nicolas Sarkozy.C’est vague, flou, opaque, languede bois à souhait, style «mini-mum syndical ». Et c’est exacte-ment le discours qu’il fallait tenir.

Car, en matière de prise d’ota-ges – et la France, hélas, a dans cedomaine une trop riche expérien-ce –, moins un Etat en dit, mieuxcela vaut. Campant sur cette géné-ralité, le président de la Républi-que se réserve toutes les options.Il a raison.

Il reste que la géographie rendla prise d’otages du Sahel encoreplus difficile à traiter que lesautres, passées ou en cours, qu’ils’agisse du Liban, de l’Irak, del’Afghanistan ou encore du Nige-ria, où trois Français ont été enle-vés mercredi, vraisemblable-

ment par des pirates.De l’Atlantique à la frontière

entre le Niger et le Tchad, au cœurde l’Afrique, la région sub-saha-rienne est vaste comme vingt foisla France. Elle est bordée par unedemi-douzaine de pays. Au fil desans, quelques centaines de com-battants islamistes s’y sont instal-lées. Fondus dans la population,mariés dans les tribus touarègues,parmi lesquelles ils recrutent mas-sivement, les islamistes de l’AQMI(Al-Qaida au Maghreb islamique)

y circulent librement.Ils l’ont encore prouvé avec le

raid mené le 15septembre auNiger, sur le site d’Arlit, en enle-vant sept personnes – un Malga-che, un Togolais et cinq Français.Apparemment ingénu, le minis-

tre de la défense, Hervé Morin, aindiqué, jeudi sur RTL, que le «sou-ci de la France était de pouvoirentrer en contact avec Al-Qaida » :il s’agit « d’avoir des revendica-tions que nous n’avons pas ».

Comme les talibans afghans,comme le Hezbollah hier auLiban, les terroristes de l’AQMIveulent d’abord une chose : de l’ar-gent, des rançons, ainsi que la libé-ration de certains de leurs mili-tants. A sa manière, la déclarationde M. Morin résume l’attitude dela France face aux prises d’otage.Elle n’a pas de position de princi-pe, pas de philosophie, pas de pos-ture définitive. Pour récupérer sesressortissants, elle use de tous lesmoyens à la disposition d’un Etatappelé à être courammentconfronté à cette tragédie.

Elle emploie les femmes et leshommes de ses services secretsqui, à Bagdad comme à Beyrouth,

ont prouvé leur courage. Avec plusou moins de succès, selon les cas,elle mène des opérations armées.Enfin, c’est vrai, il lui arrive depayer, même si elle ne l’avoue pas.

Quand elle se résout à verserune rançon, certains dénoncentune incitation à la prise d’otages.Sur ce dernier point, nous pensonsqu’il n’y a pas de leçons de moraleà donner. Les pays qui ont affichéles positions les plus fermes – pasde négociation avec les terroristes– ont tous, un jour ou l’autre,«payé» eux aussi, d’une façon oud’une autre. C’est vrai d’Israël com-me des Etats-Unis. Pour tenir surce sujet des propos définitifs etpéremptoires, il faut n’avoirjamais été confronté à la pressionde l’opinion et des familles. LesEtats démocratiques négocient.C’est peut-être une faiblesse. C’estaussi leur dignité. p

Lire pages5 et6

L e ballet de l’Opéra de Paris afait sa rentrée, mercredi 22septembre, au Palais Garnier,

enrendant hommage au chorégra-phe Roland Petit, un jeune hom-me de 86 ans. Trois pièces de jeu-nesse étaient au programme, LeRendez-vous (1945), Le Jeune Hom-me et la Mort (1946) et Le Loup(1953). On est frappé par la qualitédes artistes que Roland Petit avaitconviés pour écrire l’argument,dessiner un décor, imaginer lamusique : Dutilleux, Picasso, Pré-vert, Brassaï, Cocteau, Anouilh...

Dans Le Loup, porté par la musi-que de Dutilleux,RolandPetit ima-gine des effets saisissants et desacrobaties stupéfiantes pour lespas de deux, racontant le désir, lechoc de deux corps, qui se cher-chent et se trouvent. p

Lire page 17

Enlèvements Toute opération militaire visant àobtenir la libération des cinq Français enlevés au Nigerleur ferait courir de graves risques, avertit, dans uncommuniqué diffusé sur Internet, Al-Qaida auMahgreb islamique (AQMI). Présent au Mali, qui célèbrele cinquantième anniversaire de son indépendance, etoù pourraient se trouver les Français enlevés, leministre français de l’intérieur, Brice Hortefeux, s’estentretenu, mercredi 22 septembre, avec le chef de l’Etat,Amadou Toumani Touré. Page 5

P rès de quarante milliards dedollars : telles sont les som-mesqui devraient êtremobi-

lisées au cours des cinq prochainesannées pour mettre en œuvre une« Stratégie globale pour la santématernelle et infantile ». BanKi-moon, secrétaire général del’ONU, en a fait l’annonce, mercre-di 22 septembre à New York, lors dela clôturedu Sommetsur les Objec-tifs du millénaire pour le dévelop-pement (OMD).

Barack Obama a, d’autre part,choisi l’occasion du Sommet pourexposerla nouvelle politiqueamé-ricaine en matière d’aide au déve-loppement : elle sera, à l’avenir,plus sélective.p

Lire page4

Editorial

Laréformedesretraitesà l’épreuvede larue

Brantôme

«Le Jeune Homme et la Mort», chorégraphie de Roland Petit,argument de Jean Cocteau. AGATHE POUPENEY/FEDEPHOTO

AQMImetlaFranceengardecontreuneintervention

Unvaste plandel’ONUen faveurdesmères

Le chorégraphe Roland Petit et ses invités de rêve

Voir plus loin, c’est s’offrirp l u s d ’ i n t e r a c t i v i t é…C’est accéder à toutes lesi n fo rma t i ons l éga les e tofficielles des entreprises.

L’Etat démocratique face à la prise d’otages

D es perturbations ont affecté lestransports dès jeudi matin 23 sep-tembre, deuxième journée d’ac-

tion sociale contre la réforme des retraitesen un mois. L’impact de la mobilisationétaittoutefois plussensiblesur le traficfer-roviaire et aérien que sur les transportsurbains.

A la SNCF, le mouvement avait démarrédès mercredi soir, entraînant la suppres-sion des trains de nuit en France. La Direc-tion générale de l’aviation civile a, pour sapart, prévu l’annulation de 50 % des volsprogrammés à Orly et de 40 % des vols àRoissy. A la RATP, à Paris, environ 85 % dutrafic était assuré jeudi matin.

Les syndicats misent sur un soutien

comparable à la mobilisation enregistréepour la journée du 7 septembre, considé-rée comme un succès. Au-delà des chif-fres des manifestants et des grévistes,« on est en train de gagner le soutien popu-laire », assure François Chérèque, secrétai-re général de la CFDT. Deux sondages sem-blent lui donner raison : 68 % des Françaissoutiennent la journée d’action, selonune étude CSA publiée par L’Humanité ;ce chiffre est de 63 % % dans un sondageViavoice réalisé pour Libération, selonlequel 45 % des Français se disent « révol-tés » par le contexte économique et social.Le débat sur le projet de loi au Sénat estprévu début octobre. p

Lire pages10 et15 RER B, station Denfert-Rochereau, jeudi matin 23 septembre. OLIVIER CORET POUR LE MONDE

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1,50

Vie des damesgalantes

t Deuxième journée de mobilisation en un moist Le gouvernement affiche sa détermination,en particulier sur l’âge légal de départ à la retraite

UNIQUEMENT EN FRANCE MÉTROPOLITAINE

Page 2: Le Monde du jour 2010 09 23

A Drouot, les «bleus» remplacent les cols rouges

Les faits

L’histoire MichelGuerrin

aInternationalL’AQMImet en gardePariscontretouteintervention sur le terrainAl-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a mis en garde la France contretoute opération visant à libérer les sept personnes dont cinq Français,enlevés par le groupe au Niger, a rapporté, jeudi 23 septembre, le centreaméricain de surveillance des sites islamistes (SITE). Dans un communi-qué, AQMI lanceun avertissement à laFrance,visant àla dissuader deten-ter une opération de libération « comme celle qu’ils avaient faite pourMichel Germaneau », exécuté le 25 juillet. Le ministre de la défense, Her-vé Morin, a affirmé, jeudi 23 septembre, que le souci de la France était de« pouvoir entrer en contact avec Al-Qaida » afin de connaître ses revendi-cations. Il a ajouté que Paris n’avait « pas reçu de preuve de vie» de ses res-sortissants, retenus « très probablement » dans le nord du Mali, maisavait « toute raison de penser qu’ils sont en vie ». Lire page5

Nigeria: des rebellesaffirment avoirlocaliséles FrançaisenlevésPrincipal groupe armé du sud du Nigeria, le Mouvement pour l’émanci-pation du delta du Niger (Mend), a affirmé, mercredi 22 septembre, dansun communiqué en ligne, avoir localisé les trois Français et une quatriè-me personne pris en otage dans la nuit de mardi à mercredi, après queleur bateau des services maritimes français Bourbon a été pris d’assaut.Selon le communiqué, le groupe armé est « en pourparlers avec les ravis-seurs » afin qu’ils remettent les quatre hommes entre les mains duMEND. Le ministre de la défense, Hervé Morin, a dit soupçonner un actede piraterie devenu classique dans le golfe de Guinée. Lire page6

aFranceLessyndicatstablentsur unefortemobilisationsur les retraitesPour la journée de grève et de manifestations, jeudi 23septembre, les syn-dicats espéraient une mobilisation au moins aussi forte que celle du 7 sep-tembre. La CGT recensait 231 cortèges ou rassemblement contre 213 précé-demment. Dans les transports, les perturbations ont commencé mercredisoir et affectaient, jeudi matin, le trafic aérien et la SNCF avec un TGV et unTER sur deux en moyenne. A la RATP, 4 rames sur 5étaient en service danslemétro, 3sur4 surla ligne A duRER. Les lignesC (2trains sur5)et surtout B(1 train sur 5) étaient plus touchées. Dans l’éducation nationale, le ministè-re estimait, jeudi matin, à 26% le pourcentage de grévistes (33% dans lesécoles primaires), les syndicats entre 45% et 55%. Lire page10Sur Lemonde. fr : le suivi en direct de la mobilisation et de la grèvedans les transports

L’annulationdel’élection municipaleàCorbeil-Essonnes est confirmée

Le Conseil d'Etat a confirmé, mercredi 22 septembre, l’annulation del’élection du maire de Corbeil-Essonnes (Essonne), Jean-Pierre Bechter(UMP) (photo), proche de l’industriel Serge Dassault, maire de la ville de1995 à 2008. La haute juridiction a estimé que la mention du nom deM. Dassault, alors frappé d’inéligibilité, sur les bulletins du candidatUMP avait été « de nature à semer le doute », lors de la municipale partiel-led’octobre2009. C’est la deuxièmeélection annulée,en l’espace dequin-ze mois, après l’invalidation, en juin 2009, du vote de mars2008. De nou-velles électionsvont être organisées. SergeDassault, 85 ans, dont la pério-de d’inéligibilité a pris fin en juin, n’exclut pas d’être candidat.(BERNARD GAUDIN/AFP)

n Sur Lemonde.fr : le texte de la décision du Conseil d’Etat

aEnvironnementLesfeuxdeforêtreprennentenRussieDes dizaines de foyers ont repris en Russie, après les incendies qui ontravagé plus d’un million d’hectares cet été, ont indiqué, mercredi 22 sep-tembre, les autorités du pays. Le ministère des situations d’urgencedénombrait,mercredi 22 septembre, soixante-cinqfoyers actifs surle ter-ritoire. Près de soixante-dix hectares étaient la proie des flammes dansune réserve naturelle près du lac Baïkal en Sibérie, les autres feux concer-naient essentiellement les régions d’Ekaterinbourg et de Tcheliabinskdans l’Oural.

L ’Hôtel Drouot, à Paris, a connu une peti-

te révolution, mercredi 22septembre,

pour l’ouverture de sa saison. Cinq ven-

tes aux enchères débutaient. Et, pour la pre-

mière fois depuis 1832, les personnes char-

gées de la manutention des objets n’étaient

plus vêtues d’une veste noire au col rouge

mais d’un polo bleu. Le signe d’un chambarde-

ment: ce personnel a été «viré» de Drouot il y

a une semaine, et remplacé par un autre.

Drouot ne pouvait que se séparer de ses 110

«cols rouges», ou commissionnaires. Car cet-

te confrérie, en place depuis NapoléonIII, est

au cœur d’une vaste affaire de vols d’objets.

Lundi 13 septembre, à la suite d’un appel d’of-

fres, Drouot a désigné un remplaçant: l’entre-

prise Chenue, qui a une grosse réputation

dans les musées et a servi des rois.

Trente-sept «Schtroumpfs » de Chenue

sont à pied d’œuvre depuis le lundi 20septem-

bre. Ils n’ont eu qu’une semaine pour se pré-

parer. «Transporter des Van Gogh, on sait. Pré-senter des œuvres lors d’une vente aux enchè-

res, non», rigole un employé de Chenue. Il

faut surtout comprendre «l’esprit Drouot »,

dit son président, Georges Delettrez: faire

«vivre » chaque jour, tambour battant, des

milliers d’objets devant 6 000 visiteurs.

Trente-sept novicesDeux demi-journées de formation ont été

improvisées pour les trente-sept novices. Ils

ont participé à des simulations de ventes.

Puis, ce fut le grand saut. Mercredi, à 14 h 45,

le commissaire-priseur Didier Lafarge

s’adresse à la salle pleine : «Je vous demanded’être indulgents avec cette nouvelle équipequi n’a pas encore toutes les habitudes. » Qua-

tre « polos bleus » sont un peu empruntés

quand il s’agit de brandir un objet devant le

public. «N’hésitez pas à vous approcher, il y abeaucoup de subtilité dans ce tableau ! », leur

lance Didier Lafarge.

Commentaire des « bleus » : « Il y a un peude stress, des ficelles à acquérir. On ne connaîtpas encore les habitués. » Mais ils sont

contents d’être là. « Le travail est prestigieux.On participe à une belle aventure», dit Serge

Arcelin, promu chef de salle. Un autre :

«Avant, je manipulais des chefs-d’œuvre avecdes gants blancs. Là, je brasse de la brocan-te… » A la fin de la journée, M. Delettrez se dit

« très satisfait ». Pour le PDG de Chenue,

Julien Da Costa-Noble, « c’est un grand jour,même s’il y aura des couacs». Grand jour, et

beau contrat, puisque les «Chenue » vont

vite grimper de 37 à 50.

Les «cols rouges» étaient le double mais

ils assuraient aussi le transport des objets jus-

qu’à l’hôtel des ventes. Certains en font enco-

re. Les polos bleus les croisent. «Ça fait unpeu mal au cœur de prendre leur boulot, réa-

git un employé de Chenue. Je les sens tristes.Mais le monde change. » Les habitudes aussi.

Il leur est répété qu’il est interdit d’accepter

un billet en pourboire, d’entrer dans une

combine. Et puis les « bleus » attendent leur

tenue définitive. Elle sera rouge, « la couleurde Drouot », dit M.Delettrez.p

Société éditrice du « Monde » SAPrésident du directoire, directeurde la publication : Eric FottorinoVice-président, directeur général : David GuiraudSecrétaire général du directoire :Pierre-Yves RomainDirecteur du « Monde » : Eric FottorinoDirecteur adjoint : Laurent GreilsamerEditeur : Michel SfeirDirectrice de la rédaction : Sylvie KauffmannDirecteurs éditoriaux : Gérard Courtoiset Alain Frachon.Rédacteurs en chef : Jean-Jacques Bozonnet,Michel Kajman, Franck Nouchi, Isabelle Talès,Didier Pourquery (« Le Monde Magazine »).Chef d’édition : Françoise Tovo.Directrice artistique : Sara Deux.Veille de l’information : Eric Azan.Secrétaire général : Jean-Pierre GiovencoMédiatrice : Véronique MaurusConseil de surveillance : Louis Schweitzer,président. Gilles van Kote, vice-présidentLe Monde est édité par la Société éditrice du « Monde » SADurée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000.Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal : Le Monde SA.Rédaction :80,boulevard Auguste-Blanqui,75707ParisCedex13 Tél. :01-57-28-20-00 ;télécopieur :01-57-28-21-21Abonnements :partéléphone:deFrance0-825-000-778.(0,15TTC/min) ;del’étranger:(33)3-44-31-80-48 ouwww.lemonde.fr/abojournal/Changementd’adresseetsuspension :0-825-022-021(0,15TTC/min)

Les scores

Les gens Les chiffrest LiciaRonzulli,eurodéputéeitalienne,amènesonbébéenséance

La députée européenne italienne,Licia Ronzulli, 35 ans, membre dugroupe conservateur, a participé,mercredi 22 septembre, à uneséance plénière du Parlementeuropéen en portant contre elleson bébé d’1 mois. « Je suis ici sym-boliquement avec ma fille Vittoriapour penser à toutes les femmesqui ne peuvent pas concilier serei-nement grossesse et emploi », adéclaré Mme Ronzulli. Son initiati-ve a été applaudie par les eurodé-putés. (CHRISTIAN LUTZ/AP)

t Jean-LouisBlanchou,déléguéinterministérielàlasécuritéprivéeLe préfet hors cadre Jean-LouisBlanchou, 61 ans, a été nommédélégué interministériel à la sécu-rité privée par un décret paru auJournal officiel (JO), mercredi22 septembre. Créé au début dumois de septembre sous l’impul-sion du ministère de l’intérieur,ce poste doit permettre de « coor-donner l’action des services del’Etat » vis-à-vis des entreprises dusecteur de la sécurité, qui comptequelque 165 000 agents, du vigileau garde du corps.

t JeanPierreAmoreau,vigneronetstardemangaLe 23e tome de la série Les Gouttesde Dieu, produite au Japon, ontrendu célèbre le Château Le Puycuvée 2003 de Jean Pierre Amo-reau, propriétaire récoltant prèsde Saint-Emilion (Gironde). Prèsde 150 commandes lui sont parve-nues d’un coup du Japon, contrequelques unités en temps nor-mal. Une bouteille de Gouttes deDieucoûte toujours moins de20euros.

BriceHortefeuxauMali

tFootballCoupe de la ligue : Bordeauxet Saint-Etienne qualifiésBordeaux, vainqueur (2-1) sur leterrain de Nancy et Saint-Etienne,qui s’est défait (2-0) à domicile deNice, sont les principales équipesqualifiées, mercredi 22 septem-bre, à l’issue des 16e de finalede la Coupe de la Ligue. Dans lesautres rencontres, Caen s’estimposé (1-0) face à Arles-Avignon,Toulouse face à Boulogne-sur-Mer (2-1), Bastia à Sochaux (2-0) etGuingamp à Rennes (3-1). A noterla difficile victoire de Monaco surLens (1-0) sur penalty.

24heuresdans lemonde

tDéveloppement

40milliardsdedollarsalloués àla santédesfemmesetdesenfantsLe secrétaire général de l’ONU,Ban Ki-moon, a annoncé, mercre-di 22 septembre, que 40 milliardsde dollars seraient consacrés àl’amélioration de la santé des fem-mes et des enfants dans le monde.Il a estimé qu’une meilleure priseen charge sanitaire des femmes etdes enfants pourrait sauver prèsde 16 millions de vies d’ici à 2015.Lire page4

1,4milliarddepersonnessansélectricitéSelon un rapport de l’Agence inter-nationale pour l’énergie (AIE), ren-du public, mercredi 22 septembre,au sommet de l’ONU sur les Objec-tifs du millénaire pour le dévelop-pement (OMD), plus de 20 % de lapopulation mondiale, soit 1,4 mil-liard de personnes, n’ont pasaccès à l’électricité.

tParité

4femmessur7 membresauConseilfédéral suisseAvec l’élection, mercredi 22 sep-tembre, de la socialiste modéréeSimonetta Sommaruga, les fem-mes sont désormais plus nom-breuses que les hommes auConseil fédéral suisse : quatre sursept conseillers que compte l’orga-ne exécutif du pays. Un événe-ment historique pour la Suisse,qui fut l’une des dernières démo-craties d’Europe à accorder ledroit de vote aux femmes, en 1971.

tSanté

60%desactesdechirurgieréalisésdansle privéSelon la première étude de la Fédé-ration de l’hospitalisation privée(FHP), rendue publique mercredi22septembre, en 2008, les 1100cli-niques et hôpitaux privés ont réali-sé 60% des actes chirurgicaux pra-tiqués en France, et ont pris en char-ge un tiers des hospitalisations,soit quelque 7millions de séjours.

Représentant la France aux céré-monies du cinquantenaire de l’in-dépendance du Mali, le ministrede l’intérieur, Brice Hortefeux,s’est entretenu, mercredi 22sep-tembre, avec le président malien,Amadou Toumani Touré (photo).Les deux hommes ont évoqué lerapt des sept salariés d’Areva et deSatom-Vinci à Arlit (Niger), reven-diqué par Al-Qaida au Maghrebislamique (AQMI). La France et leMali ont « progressé vers une visioncommune», a résumé le ministrede l’intérieur français. Selon lespropos du président malien, la pri-se d’otages d’Arlit aurait été « sous-traitée», probablement à des Toua-regs. Lire page 5 (SIA KAMBOU/AFP)

0123 est édité par la Société Editrice du Monde (SA).La reproduction de tout article est interdite sans l’accord de l’adminis-tration. Commission paritaire des publications et agences de pressen° 0712 C 81975 ISSN 0395-2037

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94852 Ivry cedex

80, bd Auguste-Blanqui,75707 PARIS CEDEX 13Tél : 01-57-28-39-00Fax : 01-57-28-39-26

Président :David GuiraudDirectrice générale :

Bénédicte Half-Ottenwaelter

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“C’est écrit comme un souffle, un souffle puissant,envahissant, qui vous emporte, au bout du monde.”

Marianne Payot, L’Express

“Laurent Gaudé vise haut. Il s’impose comme unde nos meilleurs conteurs du monde moderne.”

Philippe Chevilley, Les Echos

“Les visions de Laurent Gaudé sont fulgurantes,sa langue est toujours aussi musicale. Eblouissant.”

Jeanne de Ménibus, Elle

“Passant avec virtuosité d’une voix à l’autre,Laurent Gaudé explore ces âmes confrontées

à l’apocalypse. Puissant.”Isabelle Courty, Le Figaro Magazine ACTES SUD

www.actes-sud.fr

LaurentGaudé

© Bernd Opitz / Stone / Getty Images

L’espace d’un été, ce garçon très discret est entré dans la légende mondiale du sprint. ALEXIS REAU/SIPA

Aix-les-Bains (Savoie)Envoyé spécial

Un peu usé, mais pasfatigué. Il se ditcontent d’être envacances, « maissans plus». Christo-phe Lemaitre,

20 ans, triple médaillé d’or (100,200 et 4 × 100 m) aux champion-nats d’Europed’athlétisme 2010deBarcelone, veut encore transpirer.Il vient pourtant tout juste d’ache-ver sa saison, « mais j’ai envie decourir avec mes potes du club »,lâche-t-il.

Place aujourd’hui au repos etauxétudes, chezlui, àAix-les-Bains(Savoie). Loin des caméras, il vientde reprendre les cours, dans une« prépa » d’ingénieur avec troisannées de remise à niveau. « On neprête qu’aux riches, sourit sonentraîneur,PierreCarraz.Des tasdeprofesseurs se sont portés volontai-res pour le suivre. Un autre jeuneinconnu n’aurait pas eu cettechance.»

Le prodige du sprint françaisveut s’assurer une porte de sortie,car « la fin d’une carrière peut aussiarriver plus vite que l’on croit »,avoue-t-il. Goûter à autre choseque l’athlétisme est nécessaire àson « équilibre mental ». Le jeuneétudiant s’est installé dans un stu-dio: « Vous savez, je suis bien à Aix,les gens me laissent tranquille. Mavie est normale. »

Christophe Lemaitre parle peu,très peu même. Le jeune hommeest plus généreux dans ses fouléesqu’avec les mots. Son entourageavait averti : « Christophe n’aimepas trop parler avec les médias. »D’ailleurs, il y a quelque temps, ilavait même refusé de se rendre surle plateau clinquant du « GrandJournal» de Canal+. « Quand il y atrop de journaux à faire, c’estpesant », explique-t-il. M. Carrazconfirme:«Ilaunpeudemalàs’ex-primer quand il y a du monde. Maisil progresse.»

L’espace d’un été, ce garçon trèsdiscret est entré dans la légendemondiale du sprint. Non pas pouravoir battu le modeste record deFranceen9s97.Encoremoinspouravoir été le 72e homme à passer

sous la barre des 10 secondesdepuisJim Hines,premier athlèteàfranchir ce seuil symbolique (9s 95aux Jeux olympiques de Mexico,en 1968). Avec cette performance,Lemaitre est devenu le premiersprinteur depuis un demi-siècle àfaire mentir le vieil adage : « LesBlancs ne savent pas courir.»

Lanouvelleafaitletourdumon-de et n’a pas laissé insensibles lesextrémistesde la «supériorité de larace blanche ». Selon son père,Christian, le Ku Klux Klan auraitmême invité le Savoyard au Texas.Le président de la Fédération fran-çaise d’athlétisme (FFA), BernardAmsalem, se souvient, écœuré,avoir entendu, dans les gradinsd’un stade, un couple lancer :«Maintenant, on va leur montrer àces Noirs ! » Il s’irrite : « C’est unevraie dérive. Christophe est un sur-

doué du sprint, il a le gène de l’athlé-tisme. Voilà tout ! » Ce préjugé surla couleur de peau agace le jeuneprodige : « Plus que chercher àentrer dans l’Histoire, c’est d’abordmon histoire que je veux écrire, etj’espère que ça va continuer.»

Rien n’avait préparé ce jeunehomme introverti et réservé à unesi brutale notoriété. Pourtant, esti-me Pierre Carraz, « il garde la têtefroide jusqu’à présent. C’est ungamin qui est très sain». Il y a com-me de la gêne chez ce «gamin», dela timidité dans sa voix zozotante,

que l’on ressent jusque dans sa poi-gnée de main. Il préfère enchaînercoursesurcourse,«làoùilpeutfaci-lement s’exprimer », assure Ber-nard Amsalem.

La saison a été longue. Il a dûretarder ses vacances pour faireplaisir à son équipementier japo-nais Asics en disputant, le 19 sep-tembre, le meeting de Kawasaki,puisenfaisantlatournéedesbouti-ques locales. «Asics a voulu présen-terson grand championblanc à sonpublic », explique un proche dusprinter. Lemaitre a aussi profité

du voyage pour revaloriser soncontrat avec son sponsor. Pour-tant, cet argent que lui rapportentses succès , « il s’en fout, il ne fait pasdu sport pour gagner sa vie », insis-te Pierre Carraz.

Tout a commencé en 2005, lorsd’un banal 50 mètres de détectionà Belley (Ain). Lemaitre est repérépar Pierre Carraz. Il est grand(1,89mètre), mince et sait déjà pla-cer ses pieds sur la piste. « Pierrot»emmène le « kid» rapidement versles premières places, puis sur lespodiums du plus haut niveau, jus-

qu’à réaliser cet été le nouveaurecord de France du 100 mètres,puis celui du 200 mètres. « Sur 100mètres, je fais le pari qu’il peut des-cendre sous les 9 s 80 », affirmeWilly Beaufour, l’un de ses entraî-neurs. Lemaitre, lui, désire battreen2011 lerecord d’Europe, bloqué à9 s 86 depuis 2004. Il ne lui resteplusqu’àtravailleretàmusclersondépart, beaucoup trop lent pourespérer se rapprocher d’Usain Bolt,le recordman du 100 mètres en9 s 58. « Je garde un œil sur lui », atout de même poliment lâché leJamaïquain.

Les entraîneurs du sprinteurs’inquiètent d’un calendrier sur-chargé : « Il faut éviter la course detrop, la blessure », explique WillyBeaufour. L’été prochain, il y a leschampionnats du monde qu’ilavait ratés, en 2009, disqualifiépour un faux départ dès le deuxiè-me tour. Sans oublier les JO de Lon-dres en 2012. «J’espère aussi, ajoutePierre Carraz, que ses parents nevont pas se laisser tenter par l’ar-gent et l’inciter à faire trop de cour-ses.» Sur les meetings, sa présenceestdésormaismonnayéeplusieursdizaines de milliers d’euros.

Pas d’inquiétude, explique lepère: « Christophe est un compéti-teur, il a besoin de ça. » Aujour-d’hui, le jeune coureur a un agentpayéau gain pour éviter toute déri-ve. Il a aussi une attachée de pressepour répondre aux sollicitations,même si ces derniers temps, recon-naît le champion, « c’est un peuretombé ». p

Mustapha Kessous

Après l’ordes podiums,l’argentdes sponsors

Pagetrois

ChristopheLemaitredésirebattreen2011lerecord d’Europedu100 mètres, bloquéà9 s86 depuis 2004

Sesexploits ont valu àChristophe Lemaitre une brusquenotoriété.Lenouveau prodige dusprint français doitassumer son retour àla vienormale

Lesjours ordinaires du champion

L’ÉTÉ 2010 restera marqué par letriomphe des Bleus. Mais pas ceuxqu’on attendait. Le fiasco de l’équi-pe de France de football a été gom-mé par des athlètes –ChristopheLemaitre ou Myriam Soumaré – etdes nageurs –Yannick Agnel ouCamille Lacourt– qui ont pu, parleurs performances dans leurschampionnats d’Europe respec-tifs, soigner l’ego sportif tricolore.

«Ils sont apparus comme les sau-veurs de la patrie. Des sportifs sym-pathiques, ne crachant pas sur lemaillot, explique Gilles Dumas, del’agence Sportlab. La natation etl’athlétisme sont les deux premierssports olympiques, et l’olympismereste une valeur refuge. »

Ces «sauveurs» vont-ils, alors,attirer les sponsors ? «Tout le moisde septembre est rempli de rendez-vous avec des enseignes qui veulentdevenir partenaire», se félicite Ber-nard Amsalem, président de laFédération française d’athlétisme(FFA). Les ressources liées au spon-soring de la FFA –au budgetannuel de 15millions d’euros–sont de 3,2millions d’euros pour lapériode 2008-2012, 25 % de moinspar rapport à 2004-2008. « Et pour

2012-2016, je pense que l’on vaatteindre les 5millions d’euros, voi-re plus», espère M.Amsalem.

«Les grands gagnants sont aussiles marques qui ont choisi d’accom-pagner ces sports depuis plusieursannées», affirme Gilles Portelle,directeur général d’Havas sports etentertainment. C’est le cas d’EDF,partenaire principal de la Fédéra-tion française de natation depuisquatre ans, ou encore d’Areva, sonhomologue auprès de la FFA. L’en-treprise verse 480000euros paran à la FFA, somme à laquelles’ajoutent les primes indexées surles performances des champions.Elle a investi 700000euros dansle meeting parisien qui porte sonnom, un moindre coût comparéaux 5millions d’euros annuelsdéboursés auparavant pour l’Ame-rica’s Cup.

Quant aux nageurs ou aux ath-lètes, décrocheront-ils le jackpotpublicitaire? M.Dumas évoque unticket de sponsoring moyen de20000 à 30000euros pour unathlète français, soit un rapport de1 à 10 avec ce que touche un foot-balleur…p

Laurence Girard et M. Ks

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New YorkEnvoyées spéciales

S i la communauté internatio-nale tient cette fois-ci ses pro-messes, des millions de fem-

mes des pays en développementqui mettent au monde leursenfants dans les pires conditions –enfants qui meurent souventavant leurs 5 ans – peuvent avoirl’espoir de recevoir les soins et l’at-tention qui chez nous sont deve-nus « une routine ». Le secrétairegénéral de l’ONU, Ban Ki-moon aannoncé, mercredi 22 septembre,lors de la clôturedu Sommet sur lesObjectifs du millénaire pour ledéveloppement (OMD), le lance-ment d’une « Stratégie globalepour la santé maternelle et infanti-le » sur laquelle près de 40 mil-liardsdedollars(29,9milliardsd’eu-ros) devraient être mobilisés aucours des cinq prochaines années.LesEtats-Unis, l’Australie, le Royau-me-UnietlaFondationBilletMelin-da Gates, les principaux donateurs,se sont fixés de faire accéder100 millions de femmes à des«méthodes modernes de planningfamilial» d’ici à 2015. Une multitu-ded’autresacteurs–institutionsdecoopération, entreprises, ONG –sont aussi impliqués dans ce parte-nariat sans précédent, qualifié«d’exhaustif » par M.Ban Ki-Moon.

Vingt-six pays en développe-ment dont dix-huit africains ontpris l’engagement d’augmenterleurs dépenses de santé, notam-ment pour former du personnel

médical et étendre l’accès gratuitau soin. Dans certains pays d’Afri-quesubsaharienne,unefemmesurhuit meurt en couche et le taux demortalité des enfants de moins de

5ansresteenmoyenne25foissupé-rieur au niveau européen

Cette initiative doit permettrede réaliser enfin des progrès sur lesdeux OMD qui avaient été les plus

négligés jusqu’à présent: la réduc-tion de la mortalité infantile et labaisse de la mortalité maternelle.L’ONU espère que ce nouveau pro-gramme permettra de sauver plus

de 15 millions d’enfants de moinsde 5 ans entre 2011 et 2015, d’éviter33millions de grossesses non dési-rées et d’empêcher que740000femmes meurent de com-

plications liées à la grossesse et àl’accouchement.

Cette stratégie est aussi la seulepreuve d’envergure de la mobilisa-tionaffichée partousles paysàl’oc-casion du dixième anniversairedes OMD. L’engagement de réduirede moitié l’extrême pauvreté danslemonded’ici à2015aété réaffirmédans un document final qui fixe, lechemin qui reste à parcourir.

«Impératif stratégique»Siles paysdonateursontétérap-

pelésavecinsistanceàleursengage-ments, notamment par le premierministre chinois Wen Jiabao qui ademandé aux pays industrialisésde porter le plus vite possible lemontant de leur aide à 0,7 % de leurrichessenationale, lespaysendéve-loppementontaussiétéplacésfaceà leurs responsabilités. En particu-lier par le président américain : « Iln’y a que vous qui pouvez conduirevos pays vers un avenir plus juste etplus prospère », a-t-il insisté.

Barack Obama a choisi le Som-met sur les OMD pour exposer sanouvelle politique d’aide au déve-loppement. Celle-ci, qui a fait l’ob-jet d’une directive présidentiellepubliée en même temps par la Mai-son Blanche, est le produit d’uneannéed’efforts conduite par les sei-ze agences qui interviennent dansce domaine. «C’est la première poli-tique de développement jamaispubliée par un président des Etats-Unis», a souligné Mike Froman, leconseiller présidentiel pour l’éco-nomieinternationale. Elle reflète lastratégie de sécurité nationale éta-blie en mai, selon laquelle le déve-loppementestun«impératifstraté-gique, économique et moral» pourles Etats-Unis. Maître mot: la sélec-tivité pour maximiser l’impact del’aide. Les Etats-Unis entendentconcentrer leurs actions sur lespays ou les sous-régions qui ontmis en place la gouvernance néces-saire, et où les conditions de succèssont suffisantes. « Pour parler sim-plement, les Etats-Unis vont chan-ger de méthode », a dit M. Obamadansson discours,regrettant que lapolitique américaine ait été troplongtemps définie par le montantdessommesengagéesetlesquanti-tés de nourriture et de médica-ments. « Mais l’aide à elle seule nesignifie pas le développement, a-t-ildit. Ilfautplusquelaseuleaidepourlibérer le changement. »

Le volume de l’aide américainene devrait pas être affecté mais larépartition pourrait évoluer.M. Obama a toutefois précisé queson gouvernement tiendrait lesengagements pris. « Nous n’aban-donnerons pas ceux qui dépendentde nous pour leur survie », a-t-il dit.

Les Nations unies se sont donnérendez-vous en 2013 pour faire unnouveau bilan sur les OMD avantl’échéance de 2015. p

Laurence Caramel

et Corine Lesnes

Entretien

Nommée le 14septembre à la têtede l’ONU Femmes, Michelle Bache-let, ancienne présidente du Chili,va mettre la nouvelle institutionen ordre de bataille d’ici à jan-vier2011, date à partir de laquellel’agence commencera à être opéra-tionnelle. Dans le monde des ONGqui militaient depuis des annéespour la création d’une agence«dédiée» aux femmes, rarementnomination aura été entouréed’une telle unanimité.

Dans l’entretien qu’elle a accor-dé au Monde, Madame Bacheletindique que ses priorités seront decombattre les violences domesti-ques et sexuelles, ainsi que de lut-ter contre les conséquences de lacrise qui frappe sévèrement lesfemmes.

Ce faisant, elle manifeste savolonté de ne pas se laisser enfer-mer dans les Objectifs du millénai-re pour le développement (OMD)notamment ceux concernant laréduction de la mortalité infantileet la baisse de la mortalité mater-nelle qui viennent de bénéficierd’un programme de 40milliards

de dollars (29,9milliards d’euros).A 59 ans, Michelle Bachelet, qui amûrement réfléchi cet engage-ment sur la scène internationale,entend utiliser toute la notoriétéque lui vaut sa position d’ancienchef d’Etat et de nouvelle secrétai-re générale adjointe de l’ONU, quila place haut dans la hiérarchie desNations unies.Quelles vont être vos prioritésdans les prochains mois?

Dans les trois mois à venir, nousallons travailler à rassembler etmettre en synergie les quatre enti-tés [Le fonds de développement desNations unies pour les femmes, l’U-nifem, étant le plus important,NDLR] qui composent l’ONU fem-mes. Avec deux priorités en tête.La première sera de lutter contreles violences faites aux femmes,un champ qui n’est pas couvertpar les OMD. Ce problème traversetoutes les sociétés sans exception :70% des femmes dans le mondesubissent des violences domesti-ques. Nous allons œuvrer en parti-culier à réduire l’immense fosséqui existe entre les législations quiprotègent les femmes – il en existebeaucoup – et leur application qui

reste très faible. Je souhaite égale-ment que l’ONU femmes s’impli-que dans la lutte contre les mutila-tions génitales: trois millions defemmes en sont victimes sur lecontinent africain chaque année.Cette guerre à la violence faite auxfemmes inclut bien sûr aussi le

combat contre les trafics de fem-mes, contre le viol, qui sévit à gran-de échelle dans les pays en conflit,comme la République Démocrati-que du Congo par exemple.

Notre deuxième priorité serad’agir sur les conséquences de lacrise. Actuellement, le partage del’emploi est très inégalitaire entrehommes et femmes sur la planète.Hors agriculture, l’accès des fem-

mes à l’emploi est limité: seule-ment 31% des femmes travaillentdans un autre secteur. C’est unpourcentage qui recouvre de sur-croît de très grandes disparitésrégionales (20% seulement en Asiedu Sud et en Afrique). Sans comp-ter qu’il s’agit souvent d’emplois àbas salaires et à temps partiel. Lacrise a aggravé le problème.

Selon l’Organisation internatio-nale du travail, le chômage desfemmes a augmenté plus vite quecelui des hommes. Plusieurs mil-lions de femmes se retrouvent pri-vées d’emploi avec des conséquen-ces en cascade. Quand les femmesperdent leur emploi, on voit aug-menter le nombre d’abandons sco-laires par exemple. De manièregénérale, qu’il s’agisse de la crisefinancière, de la crise alimentaire,de celle de l’énergie ou du change-ment climatique, toutes les crisesaffectent durement les femmes.Votre budget de 500millions dol-lars est-il suffisant?

C’est un budget de départ et ilfaut le considérer comme tel.C’est un minimum et nous avonsbesoin de bien plus mais nousallons demander aux Etats mem-

bres d’augmenter leur participa-tion, de faire un investissement«dans » les femmes.Les ONG souhaitent que l’agen-ce dispose de ses propres forcessur le terrain. Qu’en pensez-vous?

D’ores et déjà, l’Unifem est pré-sente dans 80 pays. Ce n’est passuffisant et je souhaite élargir cet-te présence. Dans ce sens, je suisd’accord avec les ONG. Mais je sou-haite que l’argent aille aux com-munautés de femmes qui agis-sent sur le terrain.Vous avez semblé hésiter à pren-dre la tête de l’ONU Femmes…

Ce n’est pas une question d’hé-sitation mais il fallait que je fasseun choix. Ce n’est pas facilequand vous bénéficiez de plus de70 % d’opinions favorables dansvotre pays ! Les gens craignaientque je les abandonne et je ne veuxpas les abandonner. Je serai à NewYork, ce n’est pas si loin. Et je vaistravailler à la cause des femmes,une cause qui concerne aussi lesfemmes du Chili. C’est un job mer-veilleux et passionnant. p

Propos recueillis

par Brigitte Perucca

Les oiseauxde NewYorkUne quarantaine de gratte-ciel de Manhattan ontaccepté d’éteindre leurs éclairages nocturnes enseptembre et en octobre pour ne pas déboussolerles oiseaux migrateurs. 90 000 d’entre eux setuent chaque année à New York en heurtant desgratte-ciel au cours de leur migration.

Pourquoile développement durable?Le«durable» estpartout, aurisque d’agacer. LejournalisteSylvain Allemandnous propose,

dans unmanuel bientroussé, unretour aux sourcesetauxenjeuxde cetterévolution quitouche l’agricultureautantque le tourisme oula finance. (Belin, 97 p., 15 ¤.)

MichelleBachelet (ONU Femmes)veut combattre les violences domestiques

«Uneautre prioritéserad’agirsurlesconséquencesdela crise. Lepartagedel’emploi esttrèsinégalitaireentrelesdeux sexes»

New YorkEnvoyée spéciale

L a négociation sur la protec-tion de la biodiversité mon-diale court-elle vers le même

risque d’échec que celle sur le cli-mat ? Alors qu’il ne reste qu’unpetit mois avant le Sommet deNagoya (Japon), la session extraor-dinaire sur la biodiversité organi-sée par les Nations unies, mercredi22 septembre, a confirmé les ten-

sions entre pays en développe-mentetpaysindustrialisés.Levice-premierministreduYemen,Abdul-karim Al-Arhabi qui s’exprimait aunomdu G-77etde la Chine, a rappe-lé l’importance de cette négocia-tion pour les pays en développe-ment: «Ce sont les plus pauvres quisouffrent le plus de l’érosion de labiodiversité car ils sont au quoti-dien les plus dépendants des res-sources naturelles.»

A Nagoya, les 193 pays membres

delaconventionsurladiversitébio-logique doivent s’accorder sur unenouvelle stratégie alors que l’objec-tifderalentir ladestructiondeséco-systèmes d’ici à 2010 n’a pas étéatteint.« Ledéclinglobaldelabiodi-versité s’accélère, a déclaré le secré-taire général de l’ONU BanKi-Moon. La raison en est simple :les activités humaines. »

Les Etats doivent trouver uncompromis sur la répartition desbénéfices que les entreprises de la

cosmétique ou de la pharmacietirent de l’utilisation des ressour-ces génétiques. Enfin, pour adopterdes plans de protection naturelle,les pays du Sud exigent un soutienfinancier des pays du Nord.

«Ces trois sujets sont indissocia-bles», dit M.Al-Arhabi. La ministrebrésilienne de l’environnement,IzabellaTeixeiraatenulemêmedis-cours, en reconnaissant qu’«on estassezloind’unaccord».Laveille,undîner informel réunissant les prin-

cipaux ministres de l’environne-mentavaitétéorganisépourtenterde déminer les points de conflits.Sans succès.

Cette négociation sur l’avenir dela biodiversité se déroule à l’écartdes projecteurs. Les scientifiquesont beau alerter sur la crise quimenace les écosystèmes, le sujetn’estpasremontéenhautdel’agen-da politique des gouvernements,alors que 2010 est l’année de la bio-diversité. La secrétaire d’Etat fran-

çaise à l’écologie, Chantal Jouanno,présente à New York, a une explica-tion: « Nous proclamons l’urgencemais la réalité, c’est que personnen’y croit. Personne ne pense que ladisparition des grands singes chan-gerala face dumonde.» Les pays duSud considèrent en tout cas que laprotection de la nature ne doit pascontrarier leur développement etquele«pillage»de leursressourcesdoit maintenant être rétribué. p

L. C.

Une femme sort avec son bébé de la maternité de Katmandou, au Népal. GEMUNU AMARASINGHE/AP

Lamère et l’enfant, nouvelle prioritédes Nations uniesDonateurs publics et privés mobilisent 40milliards de dollars pour combattre la mortalité infantile et maternelle

Les corauxdes CaraïbesLa chaleur inhabituelle, cette année, dans lesCaraïbes pourrait entraîner une décolorationdes coraux et menacer leur survie, selon l’Agen-ce océanographique et atmosphérique américai-ne, qui précise que ce « grave blanchissement »du corail frappe aussi le golfe du Mexique.

Planète

Aun moisdu Sommet deNagoya, les négociations sur la biodiversitépiétinentLes pays en développement, principales victimes de l’érosion des ressources naturelles, exigent un soutien financier des Etats du Nord

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Page 5: Le Monde du jour 2010 09 23

EEXTRAITXTRAIT DESDES MMINUTESINUTES DUDU GGREFFEREFFE DEDE LALA CCOUROUR DD’A’APPELPPEL DEDE RRENNESENNES

Par arrêt Contradictoire, définitif, rendu par la Chambre des AppelsCorrectionnels de la Cour d'Appel de RENNES le 12 mai 2009, sur appel d'unjugement du Tribunal Correctionnel de BREST en date du 12 décembre 2007MAROUANIAbdallah né le Jeudi 06 juin 1957 à CASABLANCA (MAROC)-ayant élu domicile chez Me NICOLAS 61 rue de la Boetie 75008 PARIS, a étécondamné pour REJET AU-DELA DE LA MER TERRITORIALE DESUBSTANCE POLLUANTE PAR UN NAVIRE CITERNE D'AU MOINS 150TONNEAUX - POLLUTION MARINE, le 29 septembre 2006à une amende délictuelle de QUATRE CENTS MILLE euros (400000,00 Euros),a dit que le paiement de cette amende sera supporté à concurrence de 95% soit380.000 euros par la société SA MARPHOCEAN, civilement responsable.Action civile :

La cour a constaté le désistement du syndicat mixte de protection du littoralbreton et du syndicat mixte de protection du littoral landais de leurs appels,infirmant le jugement, a déclaré irrecevable la constitution de partie civile ducomité régional des pêches de Bretagne, a débouté le syndicat mixte deprotection du littoral breton et le syndicat mixte de protection du littoral landaisde leurs demandes, a confirmé le jugement en toutes ses autres dispositionsciviles. Y ajoutant, a condamnéAbdallah MAROUANI à payer à l'association LaLIGUE POUR LA PROTECTION DES OISEAUX la somme de 1 000 € enapplication des dispositions de l'article 475-1 du code de procédure pénale pourses frais exposés en cause d'appel, a condamné Abdallah MAROUANI à payer àl'association TOS la somme de 1 000 € en application des dispositions del'article 475-1 du code de procédure pénale pour ses frais exposés en caused'appel, a condamné Abdallah MAROUANI à payer à SEPANSO la somme de1 000 € en application des dispositions de l'article 475-1 du code de procédurepénale pour ses frais exposés en cause d'appel, a condamnéAbdallah MAROUANIà payer à l'association France Nature Environnement (FNE) la somme de 1 000€ en application des dispositions de l'article 475-1 du code de procédure pénalepour ses frais exposés en cause d'appel, a condamné Abdallah MAROUANI àpayer à l'association ASPAS la somme de 1 000 € en application des dispositionsde l'article 475-1 du code de procédure pénale pour ses frais exposés en caused'appel, a dit que les sommes allouées aux parties civiles seront prélevéesdirectement sur le cautionnement fourni en application des dispositions del'article L 218-30 du code de l'Environnement.La Cour a en outre ordonné :La publication, aux frais du condamné, d'un communiqué informant le public desmotifs et du dispositif de la décision dans les journaux suivants : le Lloyd'sRegister Fair Play (version anglaise), le Journal de la Marine Marchande et leMonde.

Vu au Parquet Général

LE PROCUREUR GENERAL, P/ LE GREFFIER EN CHEF

PUBLICATIONS JUDICIAIRES01.49.04.01.85 - [email protected]

BamakoEnvoyé spécial

L a France et le Mali ont « pro-gressévers une vision commu-ne» de lasituationcréée parle

rapt des sept employés d’Areva etde Satom-Vinci au Niger, a déclaréauMondeBriceHortefeux,leminis-tre français de l’intérieur, mercredi22septembre au soir, à l’issue d’unentretien d’une heure avec Ama-

dou Toumani Touré – surnommé« ATT » –, président de la Républi-que malienne. Selon M.Hortefeux,le président malien, dont il étaitvenu « recueillir le sentiment »,aurait « exprimé sa solidarité aveclaFrance». Il se seraitdéclaré «d’ac-cord pour impliquer les forcesarmées maliennes dans le cadred’une action conjuguée avec lespays riverains [Mauritanie, Algérie,Niger et Mali]». M. Toumani Touré

pense que « la France a un rôle àjouer, qu’elle est partenaire [duMali] en matière d’appui logistique,de renseignement et d’observationaérienne », a ajouté le ministre.Interrogé la veille pour savoir si laFrance allait intervenir militaire-ment pour libérer les orages,M. Hortefeux avait répondu :«Non. A ce stade, non.»

Le déplacement d’un ministrefrançais en ce 22 septembre mar-quant le cinquantenaire de l’indé-pendance duMali, ancien «Soudanfrançais », était prévu de longuedate. Mais le sort des otages d’Al-Qaida au Maghreb islamique(AQMI) désormais localisés auMali, selon toute vraisemblance,faitdeBamakouninterlocuteurpri-mordial et donne une tout autretonalité à la visite de ce proche deNicolas Sarkozy. « Il ne s’agissaitpas d’une visite protocolaire », aconfirmé le ministre, en souli-gnant que « c’est la troisième prised’otages en un an dans laquelle leMali est concerné».

Aujourd’hui, non seulement le

désert malien abrite les ravisseurset leurs proies, mais Bamako peutêtrele pointde convergence de ren-seignements décisifs, en raison desmultiples liens tant commerciauxquecrapuleuxtissésparlesislamis-tes avec les Touarègues du Nord-Mali. Ces derniers mois, le prési-dentmalienaeuànégocierlalibéra-tiond’otagesfrançaisetlesintermé-diaires qu’il a activés peuvent serévéler à nouveau utiles. Parisn’oublie pas, en particulier le rôledécisif de M.Toumani Touré dansla libération de Pierre Camatte, unFrançais enlevé au Mali en novem-bre2009 et libéré en février.

Mais le président malien, sollici-té par Nicolas Sarkozy pour qu’ilautorise le déploiement de militai-res français sur son sol au lende-mainduraptdeTarlit,aopposésonrefus. Il considère son pays comme« victime et otage » des islamistesd’AQMI. Ces derniers « sont venusdu Maghreb. Nous n’avons rien àvoir avec cette histoire», a-t-il décla-ré, dimanche 19septembre.

Aunomdecetteanalyse,M.Tou-

mani Touré, qui souhaite éviterque le terrorisme gagne la partiesud du Mali abritant 90 % de sapopulation, n’a pas engagé ses pro-pres militaires contre les islamis-tes, qu’il tolère de fait dans le norddésertique de son pays. En revan-che, il a laissé les soldats maurita-niens combattre AQMI sur le terri-toire malien le week-end dernier.

Un rapt «sous-traité»Mercredi, l’armée malienne a

longuement défilé à Bamako, com-me si de rien n’était, à l’occasion dela fête nationale, sous les yeux deM.Hortefeux et de plusieurs chefsd’Etat africains. Dans son discourscélébrant l’anniversaire de la fin dela colonisation, « ATT » a rappeléqu’en 1961, son pays avait décidé«l’évacuation des troupes étrangè-res [françaises] stationnées sur sonterritoire». Difficile, le jour où l’onmagnifie le patriotisme, de justi-fier leur retour.

Selon les propos du présidentmalien que le ministre français del’intérieur a souhaité rapporter,

l’enlèvement des salariés d’Arevaet Satom n’aurait pas été perpétrédirectement par AQMI, mais ilaurait été « sous-traité », probable-ment à des Touarègues. « ATT »aurait confirmé que les otagesavaient pénétré sur son territoire,mais ne saurait pas s’ils s’y trou-ventencore.EnfinM.ToumaniTou-ré, interrogé par M. Hortefeux sur«le meilleur moyen de lutter contrel’expansion d’AQMI », se seraitdéclaré partisan « non d’une actionisolée mais d’une action conjuguéedespaysriverains».Maiscettepers-pective relève de l’utopie puisquel’Etat-major commun à ces quatrepays déjà installé à Tamanrasset(Algérie) en avril dernier et censécoordonner la lutte contre AQMIreste à ce jour une coquille vide,notamment en raison de la volontéhégémonique de l’Algérie.

Enrevanche,lepartagederensei-gnements entre Paris et Bamako etlacoopérationfrançaiseen matièred’observation aérienne pourraientse révéler plus productifs.p

Philippe Bernard

AQMI met en garde Pariscontre une intervention

Ekmeleddin Ihsanoglu, secrétaire général de l’Organisation de la conférence islamique. M. TREZZINI/AP

Al-Qaida au Maghreb islamique(AQMI) met en garde la Francecontre toute opération visant àlibérer les cinq Français enlevésau Niger, «comme celle qu’ilsavaient fait pour Michel Germa-neau». Cet avertissement, rap-porté jeudi 23septembre par legroupe de surveillance des sitesislamistes SITE, d’après un com-muniqué d’AQMI diffusé surInternet, s’inscrit dans un«contexte de représailles», préci-se le message, après le raid fran-co-mauritanien du 22juillet, lorsduquel 7combattants islamistesavaient été tués. A Paris, le par-quet antiterroriste a ouvert mer-credi une enquête préliminaire.L’enquête a été confiée aux poli-ciers de la Direction centrale durenseignement intérieur (DCRI).

LecolonelKadhafi, «invité spécial» du Mali

Le professeur turc EkmeleddinIhsanoglu, 66 ans, est le secré-taire général de l’Organisa-

tion de la conférence islamique,une institution qui regroupe57pays et qui a rang d’observateurpermanent à l’ONU. Il est spécialis-te de l’histoire des sciences.Etes-vous inquiet de la montéede l’islamophobie aux Etats-Unis?

L’islamophobie est un concepterroné. Les gens n’ont rien à crain-dre de l’islam. Ce n’est une menacepourpersonne ni pour aucunecivi-lisation. L’islam a contribué au pro-grès de l’humanité. Il est, tel que jele comprends, compatible avec lavie moderne, avec la démocratie.

Il faut remettre en perspectivecequiestprésentécommeunsenti-

ment antimusulman. Et nousdevons distinguer entre la situa-tion en Europe et aux Etats-Unis.Quelle distinction voyez-vous?

En Europe, nous entrons dansune nouvelle phase dans les senti-ments et les politiques hostiles àl’islam. Cela a commencé après leréférendum sur les minarets enSuisse. Les interdire par référen-dum et amendement a transformélahaineoulapeurdel’islamenleurdonnant une forme constitution-nelle et institutionnelle.

Ensuite, c’est devenu un élé-ment de politique politicienne.

Une monnaie d’échange entre lespartis politiques de l’extrême droi-te jusqu’au centre. C’est très préoc-cupant. Les électeurs se détermi-nent dans le processus politiquesur des sujets qu’ils connaissentpeu et sont influencés par des opi-nions partiales et des images défor-mées.

Nous nous dirigeons vers unparadigmequiressembleàl’antisé-mitisme des années 1930. Un nou-veau paradigme anti-islam où leradicalisme va jusqu’à profanerdes tombes. C’est difficile à com-prendre.Et aux Etats-Unis?

C’est un phénomène nouveau,quiremonteauxattentatsdu11sep-tembre 2001. Avant, cela n’existaitpas. L’Amérique est une sociétéd’immigrants. Il y avait une tradi-tion de coexistence pacifique entreles différentes communautés eth-niqueset les différentesaffiliationsreligieuses.

Mais il y a des groupes radicauxdes deux côtés. Prenez le cas de cetappel à brûler le Coran. C’est trèsmarginal,maisuneseulepersonna-lité marginale pourrait enflammerle monde et agiter les peuples.

Ouprenezlescaricaturesdupro-phète Mahomet. Je suis désolémais c’était des caricatures barba-res. Vous pouvez être croyant ounon, apprécier ou non. Mais vousdevez respecter les symboles desautres. Certains symboles doiventêtre respectés : le drapeau nationaldes pays, les chefs d’Etat. Il y a deslignes rouges. On aime ou onn’aime pas, chacun fait son choix,mais c’est là où s’arrête votre liber-té: on ne doit pas propager la haine

contre les autres.Vous soutenez le projet de mos-quée qui doit s’installer près deGround Zero?

C’est une question locale surlaquelle je n’ai pas à me prononcer.Il revient aux musulmans améri-cains de décider de l’endroit oùbâtir une mosquée. Mais la libertéd’exercersa religion est sous la pro-tectionde la loi.Et la loi estla mêmepour tous.Quel est votre sentiment face àla loi française sur la burqa?

C’est une réaction très exagérée.Je n’approuve pas la burqa. Ce n’est

pas une injonction de l’Islam. Il n’ya pas de dogme qui demande de secouvrir la figure. Mais elle relèved’une tradition dans certainessociétéspré-islamiques.Etc’estaus-si une attitude négative de la partde ceux qui veulent se couvrir, uneréaction.Quandvouscréezuneten-sion entre les musulmans et lesautres, vous créez des deux côtésdes attitudes négatives. J’étais enAutriche quand a eu lieu la discus-sionsurlaloi.Jen’aipasvuunefem-me en burqa dans la rue à Vienne.Pourquoi un tel débat ?

L’Europe est en train de devenir

une terre d’interdits, plus une terrede liberté. Vous n’aimez pas lesminarets ? Vous interdisez. Vousn’aimez pas les burqas? Interdites!Je ne défends pas la burqa, mais jem’interroge: quoi, après?A propos du conflit israélo-pales-tinien, pensez-vous que Mah-moud Abbas devrait continuer ànégocier même si les Israéliensne prolongent pas le moratoiresur les colonies ?

Abbas a dit clairement qu’il nevoulait pas s’engager dans un cer-cle vicieux. Nous ne le lui recom-mandons pas. Les Palestiniens ne

devraient pas être seuls à faire desconcessions. Toutes les partiesdevraient respecter les positionsqui ont été décidées préalable-ment, et nul ne devrait violer leslois adoptées par la communautéinternationale.Peut-on arriver à un accord sansimpliquer le Hamas?

Vous ne pouvez pas avoir unesolution en excluant un desacteurs. C’est le cas pour le Hamas.Il faut qu’il reconnaisse les stan-dards et les procédures internatio-nales. Et se déclare officiellementcomme un mouvement politique.Comme l’a fait le Sinn Fein en Irlan-de. Et il faut que la communautéinternationale reconnaisse leHamas ouvertement. Alors quepour l’instant, tout le monde est encontact avec lui, mais en secret.pPropos recueillis à New York par

Sylvain Cypel et Corine Lesnes

Une organisation crééepar l’Arabie saoudite

«L’islam estcompatible avecla démocratie»M.Ihsanoglu, secrétaire général de l’Organisation de la conférence islamique, est inquiet du climat antimusulman

International

La Franceessaie d’impliquerdavantage leMali dansla lutte contre AQMILe ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, s’est entretenu, mercredi 22septembre à Bamako, avec le président malien, Amadou Toumani Touré

LE MALI d’Amadou Toumani Tou-ré a célébré, mercredi 22septem-bre, le cinquantenaire de son indé-pendance, mais Mouammar Kad-hafi en a été la vedette. Venu envoisin comme d’autres chefsd’Etat africains, le « frère-guide dela révolution» a eu droit à un traite-ment privilégié. Promu «invité spé-cial» du défilé militaire, le colonellibyen est arrivé avec juste ce qu’ilfaut de retard pour faire uneentrée remarquée à la tribune offi-cielle où le fauteuil jouxtant celuidu président malien lui était réser-vé. Ce « grand ami du Mali » offreau pays «trois Cadillac et deuxLimousines blindées», s’est enor-gueilli le présentateur de la télévi-sion malienne. Sous un soleil deplomb, l’interminable parade où il

ne manquait ni les chameaux desméharistes ni les chars de fabrica-tion soviétique ni les acrobates dela gendarmerie ni, surtout, unefoule enjouée, a pu commencer.

A première vue, le généraldémocrate malien et l’indéboulon-nable colonel libyen ne sont pasfaits de la même pâte. La sobriétédu costume Mao bleu nuit et la cas-quette à visière à l’américaine dupremier contrastent avec le bou-bou en bazin flamboyant dusecond. Mais les deux hommesaffichent une grande proximité etle maître de la Libye, qui n’hésitepas à rendre les Occidentaux res-ponsables de la pauvreté en Afri-que, est populaire chez lesMaliens. Les investissementslibyens ont arrosé le pays depuis

dix ans. Plusieurs grands hôtels deBamako ont été rachetés par Tripo-li, qui est aussi présent dans l’Offi-ce du Niger, immense espace agri-cole irrigué, jadis aménagé par lecolonisateur. Au total, les investis-sements libyens représentent 5%du PIB malien. Symbole suprême,la nouvelle cité administrative deBamako destinée à accueillir lesprincipales administrations del’Etat et financée par un prêtlibyen, portera le nom de«Mouammar Kadhafi».

Même si, comme le futur troisiè-me pont de la ville sur le fleuveNiger tant attendu par lesBamakois, elle a été construite pardes entreprises… chinoises.p

Ph. B.

(Bamako, envoyé spécial)

«L’Europeesten traindedevenir une terred’interdits,plusuneterre de liberté»

L’Organisation de la conférenceislamique (OCI) a été créée àl’initiative de l’Arabie saouditeen 1969. Son siège est situé àDjedda. Elle compte aujourd’hui57membres, dont la Turquie, l’In-donésie et le Sénégal. L’OCI,représentée aux Nations unies,est très engagée dans les ques-tions de développement. Elleintervient à travers la Banqueislamique de développement(BID). Avec les autres pays duGolfe, l’Arabie en est l’un desprincipaux contributeurs.

50123Vendredi 24 septembre 2010

Page 6: Le Monde du jour 2010 09 23

Le lundi 4 octobre à 19h30

OscarWilde

Réservations : Théâtre du Rond-Point2 bis, avenue Franklin-D.-Roosevelt, 75008 Paris . Tél. : 01 44 95 98 21

Tarif : 15 € / Réduit* : 12 €.Moins de 30 ans : 8,50 €.www.theatredurondpoint.fr

Informations : www.lemonde.fr/debats*SDL, abonnés duMonde, duMonde «Dossiers et Documents », duMonde.fr& du Théâtre du Rond-Point, sur présentation d’un justificatif. Dans la limite des places disponibles.

THÉÂTRE DU ROND-POINT

Avec

Jean-François Copé, président du groupe UMPà l’Assemblée nationale, maire deMeaux

Manuel Valls,maire PS d’Evry, député de l'Essonne

Alain Bauer, criminologue, président de l’Observatoirenational de la délinquance

Dominique Noguères, avocate, vice-présidente de laLigue des droits de l’homme

Dominique Rousseau, professeur de droitconstitutionnel à l’université Paris 1

Sécurité & libertés :l’Etat de droit est-il menacé ?

Un débat animé par Eric Fottorino, directeur duMonde

JohannesburgCorrespondant régional

D u Niger au Nigeria, il n’y aqu’une frontière mais uneinfinitédedifférences.L’en-

lèvement de trois Français sur unbateau opérant pour l’industriepétrolière dans le golfe de Guinée,dansla nuit du mardi 21 au mercre-di 22 septembre, n’a rien de com-mun avec celui des sept personnescapturées à Arlit, dans le nord duNiger, et actuellement aux mainsd’un groupe d’Al-Qaida auMaghreb islamique (AQMI).

Dans les mains de qui se trou-vent alors les Français enlevés auNigeria ? Cette question pourraitêtre en voie de résolution. Dans lanuit de mercredi à jeudi, la princi-pale organisation de groupesarmés du delta, le MEND (Mouve-ment pour l’émancipation du del-ta du Niger) a adressé à la presse uncommuniqué affirmant « avoirlocalisé les trois otages français etun autred’une nationalitédifféren-te, enlevé dans un autre incident lamême nuit. »

Leporte-parole, dontl’organisa-tion-parapluie a de l’influence surune partie seulement des groupesarmés de cette région où est pom-pé le brut nigérian (un peu plus dedeux millions de barils par joursactuellement), affirme aussi :« Nous sommes en train de négo-cier avec les preneurs d’otage pourobtenir le transfert de ces hommessous la responsabilité du MEND. »

Le MEND, créé en 2006, demeu-re influent mais ses structuressont confuses. Jomo Ngomo, cor-

respond avec les journalistes parcourrierélectroniqueet communi-que, dans l’ensemble, peu d’infor-mations précises. L’un des respon-sables du mouvement, HenryOkah, après avoir été arrêté pourtrafic d’armes en Angola, a étéjugé, condamné, puis gracié, enjuillet, au Nigeria, à la faveur d’unprocessus d’amnistie engagé l’an-née précédente par les autorités.

Le même jour, un groupe duMENDavait fait sauter desinstalla-tions pétrolières dans le port deLagos,faisantsept morts, pourrap-peler que le groupe, qui a rompu,dans le courant de l’année, le ces-sez-le-feu instauré l’été précédent,conserve sa force de frappe.

Henry Okah circule en Afriqueaustrale et le MEND attend de voirlesrésultatsdesnégociations enga-gées dans le cadre d’une amnistiedu gouvernement. Mais il attendsurtout de voir l’effet sur le deltades élections générales quidevraient se tenir au Nigeria début2011. La constellation des mouve-

ments rebelles du delta joue sou-vent un rôle dans les violencesorganisées par les responsablespolitiques dont ils sont prochesdans les périodes électorales. Dansce cadre, le MEND a tout avantageà prendre en main la situation desotages français et à remodeler saréputation grâce à ce dossier.

Une petite industrieDans le delta du Niger où les

frontières entre banditisme, pira-terie et activisme politique sontporeuses, les enlèvements consti-tuent une petite industrie. La plu-part ont lieu à terre et ne concer-nent pas seulement les expatriésde l’industrie pétrolière, tant s’enfaut. Chaque année, le nombred’enlèvements atteint plusieursdizaines, voire dépasse la centainede cas, touchant des habitants dela région en majorité. En règlegénérale, lesprises d’otage d’étran-

gers seterminent par le versementd’une rançon et leur libération.Des sociétés occidentales se sontspécialisées dans la négociationavec les groupes armés preneursd’otage. C’est l’autre facette de l’in-dustrie de la prise d’otage.

Cet « acte de piraterie classi-que», selon le ministre français dela défense, Hervé Morin, a débutédans la nuit de mardi lorsque plu-sieurs vedettes rapides ont atta-qué les environs d’un bloc pétro-lieroffshoreexploité parlacompa-gnie Addax. Parmi lesnavires qui yopéraient, le Bourbon Alexandre,un «releveur d’ancres » du groupeBourbon, familier de la zone. Il y aeu échange de coups de feu puisassaut du Bourbon Alexandre oùtrois Français, sur les seize mem-bres d’équipage, ont été emmenéspar les ravisseurs pour être cachésdans les bras du delta. p

Jean-Philippe Rémy

MM.Kouchner et Moratinosselamententà New York

International

CAMEROUN

NIGER

BÉN

IN

Abuja

Lagos

Port Harcourt

Niger

Lieude l’attaque

NIGERIA

Delta duNiger

300 km

Golfede Guinée

AuNigeria, des rebellesdisent avoir localisétroisFrançais enlevés surleur navireLe Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger affirme négocier avec les ravisseurs.Le ministre de la défense, Hervé Morin, a qualifié le rapt d’«acte de piraterie classique»

L e public avait été invité àl’université de New York(NYU) pour écouter Bernard

Kouchner et Miguel Angel Morati-nos, ministres des affaires étrangè-res français et espagnol, planchersur le sujet: «L’Union européenneet le processus de paix au Proche-Orient». Les deux hommesavaient manifestement besoin des’épancher. L’essentiel de leurtemps fut consacré à une litaniecommune sur un seul et uniquethème: la frustration des Euro-péens dont l’apport serait néces-saire pour que cette région accèdeenfin à la paix, mais que les Etats-Unis tiennent inexplicablement àl’écart, quand ils n’ajoutent pas lemépris à l’indifférence.

Les Européens ne sont bonsqu’à être «d’excellents banquiers »au Proche-Orient – traduire: àaider financièrement les Palesti-niens –, s’indigna M.Kouchner,alors que «nous devrions être par-tie intégrante du processus depaix». D’autant, rappela à deuxreprises le ministre français, quise targua d’avoir «longtemps tra-vaillé à Gaza» pour montrer qu’ilconnaissait bien la région, que«l’Europe est la première puissan-ce économique au monde». LesEuropéens ne «se sentent pasexclus» du Proche-Orient par lesAméricains, ils ne sont «pasjaloux de leur prééminence» par-fois «compréhensible », maisenfin, «nous demandons juste àjouer un rôle un peu plus impor-tant». Ce n’est pas le bout du mon-de, les Américains pourraient lecomprendre…

«Il y a aux Etats-Unis un man-que de compréhension de ce qu’estl’Europe» et du rôle qu’elle devraitjouer, renchérit M.Moratinos, quia passé de longues années sur pla-ce comme envoyé spécial del’Union européenne en Israël etdans les territoires palestiniens. Et

de rappeler que l’UE a évoqué offi-ciellement la constitution d’unEtat palestinien bien avant que lesAméricains ne parviennent à lamême conclusion. «Si aujour-d’hui il y a une chance de faire lapaix, c’est d’abord grâce aux Euro-péens. Le moment est venuqu’Américains et nous entrete-nions dans la région une meilleurerelation», osa le ministre espa-gnol, qui reprocha à l’administra-tion américaine actuelle de fonc-tionner, au Proche-Orient, selon«de vieilles normes: avec tout lerespect que je dois à l’admirableouverture qui a eu lieu à Washing-ton» [la reprise des négociationsproche-orientales que Barack Oba-ma a obtenue], «il y a d’autresacteurs dans le monde et dans cet-te zone, les Américains devraientmieux en tenir compte».

Une «vieille chorégraphie»Le médiateur, le professeur

Tom Bishop, s’enquit de savoird’où venait cette triste incompré-hension entre alliés. M. Kouchnertergiversa, M. Moratinos leva uncoin du voile : dans la «vieille cho-régraphie» proche-orientale, lesacteurs «se sont toujours sentisplus à l’aise lorsqu’ils n’avaientpour intermédiaire que les seulsAméricains». Ces derniers peu-vent avoir bien des défauts, maisl’évidence est là: si l’Europe estréduite au Proche-Orient au rôledu banquier, c’est d’abord parcequ’à Jérusalem, à Ramallah, auCai-re, à Riyad, Téhéran ou Ankara,pour tous les gouvernants, etdepuis longtemps, le seul vérita-ble interlocuteur se nomme Wash-ington. M.Kouchner reste-il cepen-dant optimiste? «Si la colonisa-tion [israélienne] se poursuit, cesera impossible.» Il parlait enfinde la paix.p

Sylvain Cypel

(New York, correspondant)

Russie-Iran

Moscourenonce à vendresesmissilesS-300 àl’IranMOSCOU, NEW-YORK. Le président russe Dmitri Medvedev a interditpar décret, mercredi 22 septembre, la livraison de missiles sol-air S-300et d’autres armes à l’Iran. Le S-300 est un missile antiaérien mobile et àlongue portée, qui peut traquer et détruire des missiles balistiques, desmissiles de croisière et des avions volant à basse altitude. En 2007, laRussie s’était engagée à fournir l’Iran en S-300 mais n’avait jamaislivré les missiles, arguant de problèmes techniques.Cette décision, qui applique la résolution 1929 du Conseil de sécuritédes Nations unies du 9 juin 2010 interdisant la vente de nouveauxtypes d’armements à Téhéran en raison de son programme nucléairecontroversé, a été annoncée en marge d’une réunion tenue à New Yorkentre de hauts responsables russes et de l’Otan. Anders Fogh Rasmus-sen, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, a affirmé mercredique des « progrès solides » avaient été accomplis dans les relationsentre l’Otan et Moscou. Après l’évocation d’un nouveau « dialogue poli-tique » il y a quelques mois, elles butent toujours sur l’élargissementde l’Otan, la situation de la Géorgie et la question du désarmementconventionnel en Europe. – (AFP, Reuters.) p

Bolivie

Disparitiond’un coupledeFrançaisLA PAZ. Un couple de Français n’a plus donné signe de vie depuis le28 août à Guayaramerin, ville située dans le nord-est de la Bolivie. L’am-bassade de France à La Paz a jugé la situation « préoccupante », mercre-di 22 septembre, et elle va diffuser dans la presse bolivienne des avis derecherche et des portraits pour aider la police. Les deux Français ontdisparu après qu’ils se seraient rendus à une fête de village située dansune zone propice à divers trafics, notamment celui de drogue, et avecune assez forte criminalité. Leur logeuse, qui les accompagnait, étaitrentrée un peu plus tôt avec l’enfant du couple qui a été confié à l’am-bassade. p

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Reportage

Province de SivasEnvoyé spécial

D üzyayla, 200 habitants,dans la province turque deSivas, somnole sur un

coteau verdoyant bordé par unerivière. Quelques vieux à la barbeblanchie,devisentalignés àl’ombresur un banc en pierre. Les touristessont plutôt rares, alors quand unminibus d’étrangers déboule, lesenfants accourent. Les visiteurs,hésitants,seprésentent:desdescen-dants d’Arméniens originaires dece village qui, autrefois, s’appelaitKhorkhon. Ils sont revenus sur lesterres de leurs ancêtres, une démar-che de plus en plus fréquente, dansune Turquie qui se tourne lente-ment vers son passé. « Vous cher-chez les maisons arméniennes ? Il yen avait seize ou dix-sept au total,ainsi qu’une église qui est un peuplus bas», indique un villageois.

Le petit groupe se laisse guider.Le chemin contourne un amas depierres, recouvert d’herbes folles.Quelques inscriptions sur une stèlerappellentqu’ils’agissaitd’uneégli-se arménienne, engloutie par letemps. « C’est très émouvant, notregrand-père a été baptisé et s’estmariédanscetteéglise,souffleRose-Anne,une AméricainedeNewYork.Il est parti aux Etats-Unis en 1910,avant le génocide en laissant safamille. Sa femme et ses enfants ontensuite été tués» pendant le massa-cre des Arméniens d’Anatolie, en1915.

De son histoire familiale, Rose-Anne n’avait que de vagues récits,souvent édulcorés. Celui d’un arriè-re-grand-père prêtre orthodoxe,dans un village de la région de Kay-seri. Et d’un grand-père parti pourl’Amérique. Comme pour beau-coup d’Arméniens de la diaspora, la

décision de venir en Turquie a étédifficile à prendre. Avec des cousi-nes de France et de New York, elle asurmonté sa peur et a embarquépour Istanbul, avec Armen Aroyan.

Cet Arménien de Los Angeles estun pionnier. Il organise depuisvingt ans des circuits sur mesurepour les descendants des rescapésdu génocide en quête de leurs raci-nes. A travers l’Anatolie, il parcourtles villages et, exhume les vestigeslaissés par les génocidaires. «Je suisvenu en Turquie dans les années1980, j’avais ma propre histoire àdécouvrir, témoigne ce sexagénairené en Egypte, d’une famille quiavait fui Antep (aujourd’hui,Gaziantep), près de la Syrie. A monretour en Californie, j’ai fait parta-ger mes trouvailles.» En 1990, ingé-nieur chez Mac Donnell-Douglas,

Armen Aroyan est victime d’unplan social. « Dès l’année suivante,j’ai commencé à organiser des voya-ges pour des groupes d’Arméniens,poursuit-il. Tous ceux qui ont entre-prisce voyageont retrouvéune mai-son, une école, des vignes… Certainsont renoué avec une brancheoubliée de leur famille. » Depuis1991, il a guidé près de 70 groupes et800 personnes, sur les traces enco-re du génocide arménien.

Ce voyageur du temps a consi-gné des dizaines d’histoires person-nelles, répertorié plus de 600 villa-ges arméniens. Dans une trentainedevilles,ilaretrouvédepetitescom-munautés oubliées, signes d’uneprésencequelegénociden’aputota-lement éradiquer. « Les restes del’épée», comme sont encore parfoissurnommés ceux qui ont réchappéaux massacres.

Cejour-là,ArmenAroyanemmè-ne son groupe dans un village isoléprès de Sivas. Après une heure depalabre, les anciens se souviennentqu’un Arménien, Hovagim, habitetoujourslehameau.Unedemi-heu-re s’écoule encore quand un ermitede 85 ans, vêtu de guenilles, arrivecourbé en deux sur une canne. « Ilne faut pas parler arménien ici »,souffle-t-il inquiet. Très vite, ilretrouve sa langue maternelle, qu’iln’a plus pratiquée depuis plus de

cinquante ans, pour raconter queses frères et sœurs «sont partis» etqu’ilvitseul,démuni.Sesyeuxscru-tent les alentours. « Si je parle trop,on me coupe la tête », grimace-t-il.Son cas n’est pas unique.

Dans cette région où le génocidea été minutieusement exécuté,quelques individus ont survécu etsont restés malgré les menaces etl’ostracisme. « Mon ancêtre étaitboulanger et les soldats turcsavaient besoin de pain, c’est pourcela que nous avons été épargnés»,raconte Rober Koptas, le directeurdu journal turco-arménien Agos,dontlafamille est demeurée àSivasjusque dans les années 1960 avantde déménager à Istanbul. Dans lebourg de Gümüshaciköy, plus aunord, demeurent quatre Armé-niens. En 1915, le grand-père deGabriel, charpentier, a échappé auxtueries en se cachant dans leschamps. « Je ne veux pas parler decela, on a beaucoup souffert», pleu-

re le vieil homme. Il préfère mon-trer à ses hôtes le hammamconstruit par son père dans le quar-tierarménien, rebaptisé parla mai-rie «hammam de la nation».

A Merzifon, des cinq mille Armé-niens qui vivaient autour du collè-ge,ilnerestepluspersonne.«Laplu-part sont à Fresno, en Californie,note M.Aroyan. Dans cette maisonvivaitlafamilleDildilian,decélèbresphotographes installés à NewYork», montre-t-il. Avant la tragé-die, la communauté arménienneavaitfaitconstruireunevasteéglisedans le centre-ville. Elle n’a jamaisservi. Les Turcs l’ont ensuite trans-formée en cinéma. Dans le petit vil-laged’Ishkhan,l’égliseaététransfor-mée en mosquée en 1984, affubléed’un minaret et les fresques ont étérecouvertes de chaux. Cette décou-verte est un crève-cœur pour Astriket sa sœur, venues de Lyon. Leurgrand-père y officiait comme prê-tre,enseignaitàl’écoleetvivaitavecsafamilledanslamaisonadjacente.«Mon père a joué dans cette cour»,décrit Astrik dans un sourire triste.Dans le chœur, transformé en pla-card à balais, l’équipe de visiteursimprovise quelques chants liturgi-ques, sous le regard intrigué del’imam.

Lescousinesdécouvrentl’Anato-lie pour la première fois. Le choc estrude et l’émotion intense quand unpetit homme surgit, plein de com-passion: «Mon grand-père aussi atué des Arméniens. » La liberté deton, toute relative, que connaîtaujourd’hui la Turquie, est une sur-prisepources Arméniens de ladias-pora,pourquilemotTurcrestesou-vent synonyme de bourreau. « Onretrouve aussi tout ce que nousracontaient nos grands-mères, lestroupeaux de moutons, les champsdeblé», s’étonneDonnie,une ensei-gnante. La saveur des feuilletés, lasilhouette des chiens de berger,l’odeurducaféturcquimijotesurlefeu… « C’est vraiment le voyage denotre vie», soupire-t-elle.p

Guillaume Perrier

«C’est très émouvant,notre grand-père a étébaptisé et s’est mariédans cette église»

Rose-AnneAméricaine de New York

Le génocide et la diaspora

Le génocide Il a commencé, le24avril 1915, par la rafle de plusde 250 notables arméniens d’Is-tanbul et a continué jusqu’enjuillet1916. Les Arméniens esti-ment à 1,5million le nombre detués. La Turquie parle de300000à 500000 morts, recon-naît aujourd’hui des déportationset des massacres, mais rejette laqualification de génocide. Avant1915, la population arménienneen Anatolie (2,1millions selon lesestimations arméniennes) étaitconcentrée dans six provinces.

Les Arméniens aujourd’hui L’Ar-ménie compte environ 3 millionsd’habitants. Officiellement,60000 Arméniens vivent en Tur-quie, principalement à Istanbul.La diaspora (7millions), est répar-tie notamment entre la Russie(2millions), les Etats-Unis (1,2mil-lion), la France (600000), l’Iran(400000), le Liban (140000)…

En Inde,un professeurcatholiqueest mutilépardesislamistes pourun exercicede ponctuation

International

T U R Q U I E

SYRIE

GÉORGIE

IRAK

IRAN

Mer Noire

200 km

Sivas

Gümüshaciköy

Kayseri

Gaziantep

Merzifon

DüzyaylaIstanbul

AnkaraAZERB.

RUSSIE

ARMÉNIEA N A T O L I E

Zone de peuplement arménien avant le génocide (1915)

SOURCE : ATLAS HISTORIQUE DE L’ARMÉNIE, ÉD.AUTREMENT, 2001

Majorité d’Arméniens Minorité

Une Lyonnaise d’origine arménienne lors d’une visite à Ishkhan, berceau de sa famille. GUILLAUME PERRIER

LaTurquie s’ouvre aux visiteursarméniens en quête deleurs racinesUn ingénieur de Los Angeles organise des circuits pour les descendants des rescapés du génocide

Lajustice française déboutela fondationSasakawaL’organisme franco-japonais accusaitune chercheuse d’avoir diffamé son fondateur

TokyoCorrespondance

L a Fondation franco-japonai-se, dite Sasakawa (FFJDS), aété déboutée de son action en

diffamation contre la directrice derecherche à Sciences-Po KarolinePostel-Vinay. Le verdict, rendu,mercredi 22 septembre, par la17e chambre civile du tribunal degrande instance de Paris, met fin àune affaire commencée avec unepétition relayée fin 2008 par lachercheuse.

Dans ce texte, la cinquantainede signataires, spécialistes d’Asieorientale, jugeaient « regrettable »que le ministère des affaires étran-gèress’associeàuncolloqueorgani-sépourle150e anniversairedesrela-tions franco-japonaises et parrainépar la FFJDS en raison du passé sul-fureux de Ryoichi Sasakawa(1899-1995), créateur en 1962 de laFondation Nippon, dont la FFJDSestune émanation.LeQuai d’Orsayet plusieurs japonisants de renomse sont désolidarisé du colloque.

La pétition était accompagnéed’un mémorandum rappelant lepassé de Ryoichi Sasakawa. Lea-der d’extrême droite dès lesannées 1930, admirateur de Beni-to Mussolini, il participe aux exac-tions du Japon impérial en Chine.Arrêté en 1945 sous l’accusationde crimes de guerre de classe A, les

plus graves, il est libéré par l’occu-pant américain en décem-bre 1948, qui le considérait pour-tant deux mois plus tôt comme« un des pires responsables dudéveloppement du totalitarismeet de la politique d’agression » duJapon. La menace communisteavait incité les Etats-Unis à relâ-cher plusieurs accusés des mêmescrimes, dont le rôle fut de reconsti-tuer une droite puissante.

«Libre débat»Par la suite, enrichi grâce aux

coursesde hors-bord,RyoichiSasa-kawa cultive des liens avec la pègreet devient une personnalité puis-sante dans l’ombre de la politiquenippone. Loin de renier son passé,il seprésente en 1974 dans le maga-zine Time comme « le fasciste leplus riche du monde ».

Certains points évoqués dans lapétition et le mémorandum ontincité la FFJDS à attaquer Mme Pos-tel-Vinay. La société française desétudes japonaises a vu dans cetteaction une tentative d’« obtenird’un tribunal français l’interdic-tion officielle d’évoquer un sujetqui, actuellement, relève du libredébat intellectuel ».

Mercredi, tout en admettant lecaractère diffamatoire de certainspropos, le tribunal a souligné labonne foi de la chercheuse. p

Philippe Mesmer

Q uelques mois après avoir dis-tribué à ses élèves leur sujetd’examen de ponctuation

où se glissait le nom « Muham-mad », Thenganakunnel Joseph,professeur dans un collège catho-lique du Kerala, un Etat du sud del’Inde, a été violemment agressé.Sa main droite a été mutilée, sesbras et jambes fracturés.

Quel meilleur exercice qu’undialogue pour vérifier les connais-sances des élèves en matière deponctuation en malayalam, la lan-gue officielle du Kerala? Le profes-seur Joseph s’inspira en l’occur-rence d’un dialogue entre un fouet Dieu, tiré d’un film local. Maisc’est le fou qu’il choisit d’appeler«Muhammad », le nom du Pro-phète de l’islam, mais égalementde milliers d’habitants dans unEtat où le quart de la populationest musulman.

Quelques semaines plus tard,le 4 juillet, des hommes l’ont atta-qué à coups de haches et de bar-res de fer à la sortie de la messe.La police soupçonne le Frontpopulaire indien, un groupusculeislamiste local, d’avoir organisécette attaque, et a arrêté vingt-sept de ses membres.

Plutôt que de venir au secoursde son professeur, le collège New-man, placé sous protection poli-cière à la suite de manifestationsde musulmans, a préféré le ren-voyer, l’accusant d’avoir portéatteinte au sentiment religieuxde la communauté musulmane.«Il a délibérément ridiculisé le pro-phète », explique ThomasMalekkudy, le responsable du dio-cèse de Kothamangalam, souslequel l’autorité du collège New-man est placée. Le diocèse amême fait lire pendant la messe,dans plus de 120 paroisses, unecirculaire expliquant que le pro-fesseur Joseph avait cherché à dis-créditer l’Eglise et ses institu-tions.

Thenganakunnel Joseph seretrouve désormais invalide, sansemploi, avec une famille à nour-

rir. «Je me suis déjà excusé et je nevoulais offenser quiconque en uti-lisant le nom “Muhammad” »,assure le professeur. La Liguemusulmane indienne et des orga-nisations catholiques ont deman-dé, en vain, la réintégration duprofesseur.

Un modèle de coexistence«Cet incident est symptomati-

que de l’influence rampante dufondamentalisme religieux quimène à la violence dans le pays engénéral, et plus récemment des vio-lences dans le Kerala», observel’historien KN Panikkar dans unetribune publiée par le quotidienThe Hindu.

Début septembre, des façadesd’églises ont été vandalisées. LeKerala, autrefois reconnu com-me étant un modèle de coexis-tence pacifique entre hindous,chrétiens et musulmans, sombredans les tensions interreligieu-ses. En 2004 et 2005, des villagescôtiers ont été le théâtre de vio-lentes émeutes entre musul-mans et catholiques. Depuis, lepuissant conseil interéglises duKerala a recommandé auxfamilles chrétiennes de n’en-voyer leurs enfants que dans lesécoles de leur confession pourpréserver « les valeurs chrétien-nes attaquées ».

Sur la scène politique du Kera-la, dominée par le Parti duCongrès et le Parti communiste,des formations politiques com-me les nationalistes hindous duBharatiya Janata Party cherchentà attirer les électeurs sur la basede leur appartenance religieuse.« A quelques semaines des élec-tions locales qui vont se tenir enoctobre, le BJP va profiter de cetincident pour étendre son influen-ce et rassembler les voix des chré-tiens et des hindous en agitant lamenace islamiste », estime KPMBasheer, correspondant du quoti-dien The Hindu dans la région. p

Julien Bouissou

(New Delhi, correspondance)

70123Vendredi 24 septembre 2010

Page 8: Le Monde du jour 2010 09 23

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A près Pierre Lellouche, secré-taire d’Etat aux affaireseuropéennes, qui a convo-

qué récemment une discrète réu-nion d’information sur le sujet, lePS s’intéresse à son tour au sortde la Belgique : une délégationcomposée d’une demi-douzainede cadres du parti a rendu visite,le 13 septembre, au PS francopho-ne et au Sp. a, son pendant néer-landophone, à Bruxelles.

C’était «une mission d’informa-tion» destinée à «mesurer sur pla-ce les enjeux et les risques de la cri-se institutionnelle », a affirmé uncommuniqué. Mais cette mis-sion, après les récents démêlésentre le gouvernement françaiset le Luxembourg, est perçue dif-féremment : « Le but était aussi deprendre un peu d’avance sur ceuxqui, en France, pourraient être ten-tés par des discours sommaires,commente l’un des participants.De déjouer les mauvaises interpré-tations et de montrer que le princi-pal parti français d’oppositionfrançais prône, lui, un approfon-dissement de la coopération avecses voisins. »

Le PS a pris soin de préciserqu’il souhaitait « une issue positi-ve» aux tourments institution-nels du royaume, toujours privéde gouvernement plus de100 jours après les élections du13juin. La négociation qui s’éter-nise a fait émerger, dans les rangsfrancophones, la thèse d’un« Plan B », une alternative à l’ac-tuelle Belgique fédérale, un«mini-Etat » qui pourrait rassem-bler la Wallonie et Bruxelles. Enrevanche, il n’aurait, « à aucunmoment » été question d’un rap-

prochement avec la France, a affir-mé Laurette Onkelinx, vice-pre-mier ministre sortant.

«Solidarité menacée»Cela n’a pas empêché pas le

courant « rattachiste », favorableà l’intégration à la République,d’affirmer, mardi 21septembre,que la mission du PS avait aboutià une conclusion forte : « La crisebelge pourrait devenir un des thè-mes majeurs de la présidentiellede 2012 et s’avérer très profitable àNicolas Sarkozy, en cas d’inertiede la gauche ». Une affirmationmoins nuancée que le communi-qué du socialiste Jean-ChristopheCambadélis. Pour lui, «la crise bel-ge est l’expression d’un malaiseplus large qui frappe les différentspays européens où (…) la solidari-té est menacée par la peur et laperte d’identité, le repli et la xéno-phobie».

Les néerlandophones pensentqu’une éventuelle réforme insti-tutionnelle octroyant de largespouvoirs aux régions permettraitd’éviter la partition. Les franco-phones sont plus pessimistes:«L’éclatement du pays est unehypothèse beaucoup plus réalistemême si, nous ont-ils assuré, iln’interviendra pas brutalement ».

Depuis la visite des Français, lePS francophone a d’ailleurs esti-mé possible de reprendre la dis-cussion avec les indépendantis-tes de la Nouvelle Alliance fla-mande: personne ne croit vrai-ment qu’elle puisse aboutir maispersonne n’ose, non plus, annon-cer la rupture définitive… p

Jean-Pierre Stroobants

(Bruxelles, correspondant)

RomeCorrespondant

I ls se suivent et se ressemblent.Depuis la rentrée, tous les son-dages enregistrent une baisse

de confiance des Italiens à l’égardde Silvio Berlusconi, du gouverne-ment et du parti du Peuple de laliberté (PDL). Après deux annéesd’état de grâce, où l’indice de satis-faction du président du conseilavait émerveillé ses collègueseuropéens, M. Berlusconi neparaît plus une exception mêmesi, en comparaison, sa cote restehaute.

Combien « pèse » encore SilvioBerlusconi qui s’apprête à deman-der la confiance du Parlement,mardi 28 septembre, pour relan-cer son action et éviter des élec-tions anticipées ? 40 % pour Ipsos,40 % pour ISPO, 37,6 % pourDemos&Pi, et 33 % pourSWG. Mal-gré leurs écarts, ces chiffres mani-festent tous une nette tendance àla baisse qui s’accentue depuisl’été. Roberto Weber, président deSWG, témoigne: « En 2008, Berlus-coni se situait pour nous à 45 %d’opinions favorables. En 2009, iln’est jamais descendu en dessousde 40 %. Et là, en septembre, il perd7points ».

Trois éléments expliquent cet-te chute : la crise à l’intérieur duparti majoritaire (PDL), marquéepar la dissidence du président del’Assemblée nationale GianfrancoFini, la mise au jour d’un systèmede corruption impliquant desmembres du gouvernement, et lesretombées de la crise économique.« L’explosion du centre droit meten relief une forme d’impuissancedu chef du gouvernement, lui quis’est toujours présenté comme unhomme d’action, explique le poli-tologue Ilvo Diamanti. Aujour-d’hui, les Italiens constatent qu’ilnecommande plus rien. » « Les élec-teursduPDL s’attendaientà un par-ticompact, renchéritRoberto Man-nheimer, qui dirige l’institut IPSO.Ils découvrentune formationpoliti-que totalement éclatée. »

La baisse de confiance se mani-feste chez les petits entrepreneursdu nord comme dans les couches

les plus pauvres, au sud. Les pre-miers ressentent désormais la cri-se économique de plein fouet. Ilsreportent leurs intentions de votesurla LigueduNord,seulparti don-

né en hausse ; dans le Mezzo-giorno (régions du sud), on redou-te la mise en place du fédéralismefiscal, voulue par la Ligue, qui raré-fierait les aides de l’Etat. « Le paysse sent en déclin, analyse M. Dia-manti, or la confiance dans la clas-se dirigeante dépend largement dubien être des citoyens. »

Ce sentiment de mal-être géné-ral qui se traduit en défiance pour

la classe dirigeante a été enregistrépar tous les instituts. Selon Ipsos,76% des Italiens mettent le travailen tête de leurs préoccupations,contre 5 % il y a deux ans. Or, face àcela, « le gouvernement parle deréforme de la justice et d’interdic-tiondepublication des écoutes télé-phoniques, explique NandoPagnoncelli, directeur de l’insti-tut, des problèmes qui ne concer-nent que Silvio Berlusconi. C’estcomme si la classe politique ne par-lait que d’elle-même. »

Cette désaffection pour le prési-dent du conseil a contaminé toutela classe politique, oppositioncomprise. Aucune personnalitédu Parti démocrate, en proie à uneguerre des chefs de plus en plusvive, n’émerge de ce marasme : leparti ne décolle pas des 25 % d’in-tentions de votes. A leur place, les

Italiens regardent avec attentionles visages nouveaux, comme lecomiqueBeppeGrilloou l’inclassa-ble président de la région desPouilles, Nichi Vendola.

Plus inquiétante, dans les son-dages : la hausse du taux de non-réponses et des abstentions. « Jefais ce métier depuis 26 ans, témoi-gne M. Pagnoncelli, et je n’aijamais vu ça. 40 % des sondésdisent qu’ils ne se rendront pas auxurnes. Le fait que depuis 15 ansaucune majorité ne soit parvenueà se succéder à elle-même manifes-tait une volonté de changement.Aujourd’hui, règne la désillusion etl’apathie politique. »

Toutefois, les sondeurs se gar-dent de voir les prémices de la findu berlusconisme. De son côté, leprésident du conseil feint la tran-quillité et met en avant d’autresétudesfournies par l’institut Euro-media Research. Selon une métho-de consistant à additionner lesréponses à plusieurs questions,l’institut situe la popularité deM. Berlusconi entre 70% et 60%,jamais moins.

Le sérieux de ces données neconvainc pas toujours. A la télévi-sion, la jeune ministre des rela-tions avec le Parlement, LauraRavetto, a usé d’un nouvel argu-ment. « Il est populaire et resteaimé de la majorité des Italiens,a-t-elle asséné, parce que lorsqu’ilsort de chez lui, un attroupementse forme sur le trottoir et il y a desembouteillages dans la rue. » p

Philippe Ridet

Les socialistes françaisauchevetde leurs amis belges

«Lepaysse sentendéclin»

Ilvo Diamantipolitologue

Europe

Les Italiens éprouvent un sentiment de défiance, notammentenvers le président du conseil, Silvio Berlusconi. SERENA CREMASCHI

La chutede popularité de M.Berlusconivade pair avecune désaffection politiqueLa crise du parti majoritaire, la corruption et les difficultés économiques expliquent ce revirement

BruxellesBureau européen

V ivianeReding, lacommissai-re à la justice qui menace laFrance de poursuites au

sujet de l’expulsion des Roms,devaitserendreàParis, jeudi23sep-tembre. Jusqu’au bout, le program-me de ce déplacement est restéincertain. Mme Reding souhaitait àl’origine rencontrer Michèle Alliot-Marie, la garde des sceaux, mais lesautorités françaises lui ont faitsavoir, début septembre, que l’en-tretien ne serait pas possible. Elle adû se rabattre sur un déjeuner avecle secrétaire d’Etat au commerce etaux PME, Hervé Novelli. L’entoura-ge de ce dernier ne confirmait pasle rendez-vous, jeudi matin. Il a étésuggéré à la commissaire luxem-bourgeoise de renoncer à touteconférence de presse. « Mme Redingn’est pas la bienvenue », obser-ve-t-on du côté français.

La commissaire continue decroiser le fer avec le gouverne-ment de Nicolas Sarkozy. Le chefde l'Etat avait critiqué le parallèlequ’elle avait fait entre les expul-sions de Roms et la « deuxièmeguerre mondiale ». L’offensive asuscité un affrontement sans pré-

cédentlors du Conseil européen, le16septembre, entre Nicolas Sarko-zy et José Manuel Barroso, le prési-dent de la Commission.

Cette dernière menace la Francede poursuites pour non-transposi-tiondesgarantiesprocéduralespré-vues en cas d’expulsions, et pourapplication « discriminatoire » dela directive sur la libre circulationdes ressortissants européens.D’après nos informations, l’analy-se juridique menée par les servicesde Mme Reding conclut bel et bienque les expulsions ordonnées parla circulaire du 5 août, qui ciblait«en priorité les Roms», ont posé unproblème de « discrimination ».Mme Reding suggère de lancer uneprocédure d’infraction dès jeudi30septembre. Pour l’éviter, le gou-vernement français multiplie lespressions sur M. Barroso et sonéquipe. «Si la Commission attaquepour discrimination, cela sera vécucommeune déclarationde guerre»,analyse un proche du dossier.

Mardi, Mme Reding a fait com-prendre qu’elle ne souhaitait pasreculer. « Lorsqu’un homme tapedu poing sur la table, c’est jugé viril,il se défend. Si une femme tape dupoing sur table, elle est hystéri-que», a-t-elle lancé lors d’un point

presse au Parlement européen.Les autorités françaises ont

répondu aux deux courriers de laCommissaire en septembre. « Tou-te mesure d’éloignement donnelieu à un examen circonstancié dela situation de chaque personne,danslerespect dela proportionnali-té et sous le contrôle exigeant dujuge », a écrit le gouvernementaux services de Mme Reding, mer-credi. La circulaire du 5 août –annulée le 10 septembre – « n’a euni pour objet ni pour effet de créer,contrairement à la crainte que Mme

Redinga pu exprimer,une quelcon-que discrimination ». Sur les 550campements illicites évacués, lesdeux tiers concernaient des gensdu voyage français, et non desRoms, selon Paris.

Malvenue à Paris, Mme Reding anéanmoins reçu du soutien à…Strasbourg. Au Parlement euro-péen, la gauche, les libéraux et lesVerts l’ont exhortée à faire front.« Sur les Roms, la Commission a agicorrectement. Nous ne devons pasla critiquer mais l’aider, et je doisl’inviter à s’en tenir à son point devue », a demandé le président dugroupe libéral/démocrate, le BelgeGuy Verhofstadt. p

Philippe Ricard

Lacommissaireeuropéenne VivianeRedingn’estpas la bienvenue à ParisLa France tente d’empêcher la Commission de lancer contreelle une procédure d’infraction dans l’affaire de l’expulsion de Roms

8 0123Vendredi 24 septembre 2010

Page 9: Le Monde du jour 2010 09 23

Sur France Info

Plantu dévoileson dessin du jourvendredi à 11h40

avec

au micro de Jean Leymarie

Les chrétiens en France

Les catholiques 60% de Fran-çais de plus de 18 ans se définis-sent comme catholiques, soit28millions de personnes, selondivers sondages CSA, réalisésen2006 et 2009.Parmi eux, 11% se déclarent prati-quant réguliers ou occasionnels.Quelque 2millions de personnesvont à la messe tous les diman-ches. 20% des enfants suivent lecatéchisme.

Les protestants Ils représententenviron 2% de la population. Untiers d’entre eux appartiennentaujourd’hui à des Eglises évangéli-ques.

C hangement d’époque à l’As-sistance publique-HôpitauxdeParis(AP-HP).MireilleFau-

gère, 54ans, a été nommée directri-ce générale en conseil des minis-tres, mercredi 22 septembre. Incon-

nue du monde de la santé, elle aeffectué toute sa carrière à la SNCF.

Entrée dans l’entreprise à23 ans, parce que ni la Poste, ni AirFrance, ni EDF n’avaient réponduassez vite, Mireille Faugère, fille de

cheminot, a été l’une des premiè-res femmes embauchées sortantd’HEC, option service public. Unprofilatypique alorsquela tendan-ce allait plutôt vers le recrutementd’un homme, diplômé d’X-Minesou d’X-Ponts.

Dans l’entreprise, statut dujeune cadre oblige, elle reconnaîtqu’elle a tout fait : vendu desbillets, tenu des postes d’aiguilla-ge à Trappes et même été chef degare à Mantes-la-Jolie. Mais cen’est pas grâce à ce parcours queson nom reste lié à la SNCF.

C’est notamment à voyages-sncf.com qu’il est associé. Elle aconverti l’entreprise à Internet,lançant le site de voyages en ligne.On lui doit aussi la mise en placedu « yield management », l’outilde gestion des compagnies aérien-nes qui a permis à l’entreprise fer-roviaire d’optimiser le remplissa-ge des trains selon une méthodesimple : plus on réserve tôt, plus leprix est bas (le tarif Prem’s).

L’ex-numéro deux de la SNCFaurait été remerciée de ses fonc-tions opérationnelles voilà bientôtun an, car elle n’aurait pas, dit-on,été assez incisive avant l’ouvertureàla concurrence,et trop favorable àla coopération. Ironie de l’histoire :une coopération accrue entre laSNCF et la Deutsche Bahn a sou-vent été évoquée il y a peu.

Le dernier épisode public deson parcours remarqué au sein del’entreprise publique s’est jouédans les salons du Pavillon Gabrielà Paris, le 15 décembre 2009.Mme Faugère réunissait amis et col-lègues pour un classique pot dedépart : éloges de ceux qui l’ontvue arriver trente ans plus tôt,anecdotes, etc. Puis vient l’inter-vention non moins traditionnelledu chef, en l’occurrence Guillau-me Pepy, patron de la SNCF.

Visiblement peu à l’aise puis-qu’il était à l’origine de son départ,celui-cis’est lancédansunhomma-ge appuyé à son ancien bras droit,qui a suscité de nombreuses inter-rogations dans l’assistance, que

l’on peut résumer ainsi : pourquoise priver de telles compétences ?La question demeure, paraît-il.

A l’AP-HP, Mme Faugère va trou-ver un cahier des charges un peusimilaire : moderniser l’institu-tion, tout en lui conservant sa mis-sion de proximité. Dans ce contex-te, son profil, qui allie servicepublic et management, tendancemarketing, a de quoi séduire. Ildétonne cependant dans l’histoirede l’institution.

Jusque-là, la direction du pre-mier CHU de France était réservéeà de hauts fonctionnaires. Certes,entre 2002 à 2006, Rose-MarieVan Lerberghe, qui avait fait despassages en entreprises, de sur-

croît privées (Danone et Altedia), aoccupé le poste. Mais cette énar-queavait aussi été déléguée à l’em-ploiau ministèredes affairessocia-les sous Martine Aubry. Le prédé-cesseur de Mme Faugère, BenoîtLeclercq, aura, lui, été le seul recru-té parmi les directeurs d’hôpitaux.

Apaiser les tensionsSi leprofil de lanouvellepatron-

ne marque un tournant, il s’ajouteà deux autres modifications d’im-portance dans la gouvernance, quisont le fait de la loi Hôpital,patients, santé et territoires, votéeen 2009. Tout d’abord, Mme Fau-gère va devoir composer avec unconseil de surveillance à la têteduquel vient d’être élu Raoul Briet,un haut fonctionnaire anciendirecteur de la Sécurité sociale. Cequi pourrait apaiser les tensions,alors qu’auparavant le conseild’administration était présidé parun élu de la ville de Paris.

Du côté de sa tutelle, c’est désor-mais à la nouvelle Agence régiona-le de santé qu’elle devra rendre descomptes. Même si le ministère dela santé et l’Elysée, où de nom-breux médecins ont leurs entrées,ne devraient pas manquer decontinuer à suivre de près le dos-sier AP-HP, réputé délicat. p

François Bostnavaron

et Laetitia Clavreul

Entretien

C ’est une première dans lepetitmondedes«chapelles»chrétiennes. Près de 3 000

personnes sont attendues les 23, 24et 25septembre à Lille pour assisteraux Etats généraux du christianis-me, organisés par l’hebdomadairecatholique La Vie (groupe Le Mon-de). Durant trois jours, une centai-ne d’intervenants, chrétiens ounon, débattront de questions tellesque: Faut-il défendre l’Eglise à toutprix? Faut-il un nouveau concile ?Le«care »,leretourdelacharité?Lascience a-t-elle du sens ?

A l’heure où le christianismedevient une culture minoritairedans la société et alors que l’imagede l’Eglise catholique est ternie parunesériedescandalesetdepolémi-ques, la société civile chrétiennedoit se faire entendre, défend Jean-PierreDenis, ledirecteurdelarédac-tiondel’hebdomadaire.Uneappro-chequifaitéchoàla«minoritécréa-tive», régulièrement mise en exer-gue par le pape Benoît XVI.

Particulièrement en pointe cetétésur laquestion des migrants, lesEglisesapportent, selon Jean-PierreDenis, « des réponses que l’on netrouve pas ailleurs dans la société».Pour autant, il estime que les criti-ques estivales, parfois comprisescomme une défiance du mondecatholique par rapport au gouver-nement,ne devraientpas se tradui-re dans les urnes.Pourquoi avoir organisé ces Etatsgénéraux du christianisme?

La succession d’affaires qui ontébranlé le monde catholiquedepuis deux ans (évêques intégris-tes, polémique sur le préservatif,pédophilie…) a occupé le devant dela scène et nous a amenés à nousposer des questions sur la place etl’avenir du christianisme dans nossociétés sécularisées.

Onserendcomptequ’auseinduchristianisme, les lignes bougent,quelesclivagesentrelesprogressis-tes et les traditionalistes, les chré-tienssociauxet lescharismatiques,les protestants réformés et évangé-liquesperdentdeleursens.Contrai-rementàcequisepassaitauXXe siè-cle, le christianisme n’est plusidéo-logisé, notamment chez les jeunes.Et,alorsquel’œcuménismeinstitu-tionnel est arrivé au bout d’un pro-

cessus, persiste un désir personnelde chacun pour l’œcuménisme.Dans ce contexte, on ressent unbesoin de débats.

Cet été, avec les déclarations dupape et des évêques français sur lesRoms, les médias ont redécouvertque les chrétiens avaient un dis-cours sur les questions de société,

allant au-delà des interdits. Certes,le contexte était particulier : l’inté-rêt pour la parole de l’Eglise sur lesRoms est né du silence de la gauchesur cette question.

Néanmoins, je pense que noussommes dans un changementd’époque où le christianismeéveille de la curiosité, entre amuse-

ment et bienveillance. L’idée de cesEtats généraux est de montrer quele christianisme n’est pas réduit aupape et à ses gaffes. Il faut qu’unesociété civile chrétienne émerge.Les chrétiens sont-ils arméspour cela?

Globalement,lescatholiquesres-tent très inhibés ; ils ont du mal àassumer leurs choix ou à attesterde leur foi. Et, quand ils se lancent,ils le font parfois de manière mala-droite, agressive ou communauta-riste. Une conception restrictive dela laïcité et le caractère minoritairedu protestantisme, plus habitué audébat, explique cette difficulté àrendre part aux débats. Les catholi-ques sont encore écrasés par lemythe de l’unité de l’Eglise. Ils ontdu mal à gérer les voix discordan-tes et ont tendance à les excommu-nier assez vite. Les catholiques doi-vent rentrer dans l’âge adulte,c’est-à-dire respecter l’autorité dupape sans idolâtrie, ni névrose.

Dans ce contexte, quel est l’étatd’esprit des catholiques?

Cela dépend de qui on parle. Lespratiquants sont habitués à ce queleur vécu ne corresponde pas aumessage communément envoyédu christianisme. Ils condamnentla pédophilie, mais connaissentleur prêtre. Ils font aussi la part deschoses par rapport au discours dupape, et ce, depuis le texte Huma-nae vitae qui prônait l’interdictionde la contraception.

Quant aux non-pratiquants, ilsont la même distance avec l’Egliseque le reste des Français. L’écart secreuse entre ceux qui connaissentle christianisme de l’intérieur etceux qui en ont une connaissancelointaine. Et les crises actuelles nevont pas combler le fossé. Ainsi, lediscoursdel’Eglisesurlecélibatdesprêtres ou sur le divorce est aujour-d’hui incompréhensible pour lamajorité de la population, catholi-ques compris.

Mais je reste persuadé que lesgens attendent de la religion autrechose qu’un code de pensée ou decomportements.Elledoitrépondreaux interrogations sur les mystè-res de l’existence. Or, sur les ques-tions anthropologiques, ils conti-nuent de penser que le christianis-me a des réponses intéressantesque l’on ne trouve pas ailleurs dansla société.Y a-t-il des sujets tabous quevous n’avez pas souhaité abor-der lors des débats de Lille?

Non. Nous aurons des débatspolémiques,quecesoitsurlesques-tions internes à l’Eglise ou sur lessujetssociétaux.Nousferonsdébat-tre un abbé traditionaliste et la pré-sidente de la Conférence des bapti-sé-e-s, qui incarne l’aile réformatri-ce, sur les changements nécessai-res dans l’Eglise. De même, undébat est prévu sur l’évangélisa-tion,vécueparfoiscommeunepro-vocation.

Sur les questions de société,nous aborderons l’homoparentali-té ou le devoir d’objection des chré-tiens, un sujet qui monte face,notamment, àla questiondes sans-papiers. Dans une société plurielle,et tout en respectant la loi, jus-qu’où peut aller la dissidence deschrétiens face à des lois qui leurparaissent immorales ? C’est unequestion qui va devenir de plus enplus importante à mesure que lechristianismevadevenirunemino-rité culturelle et politique.Sur un plan plus politique, on aévoqué, notamment après lapolémique sur les Roms, la ruptu-re des catholiques avec la droi-te. Partagez-vous cet avis?

Du malaise au divorce, il y a unpas qui, selon moi, n’a pas étéfranchi. Je suis prudent sur le faitquelescatholiques,auvudesattitu-des, des discours ou des décisionsde Nicolas Sarkozy, le lâcheraienten 2012. C’est un électorat qui nes’abstient pas, qui est structurelle-ment de droite et qui vote moinsque la moyenne pour l’extrêmedroite. Il ne se reportera que margi-nalement à gauche, surtout si celle-ci met l’accent sur des réformessociétales. Au premier tour, il peutse disperser sur des candidatsdémocrates-chrétiens. Mais il fautrappelerqueFrançoisBayrouaper-du une partie de cet électorat, fautede l’avoir cultivé. p

Propos recueillis par

Stéphanie Le Bars

Alors que Mireille Faugère apour mission de rétablir l’équili-bre budgétaire de l’Assistancepublique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et de regrouper ses 37 hôpi-taux en 12groupes hospitaliers–ce qui met en jeu 3000 à 4000postes– médecins et syndicatsont donné le ton à cette nomina-tion, mercredi 22 septembre.Estimant que la politique desdernières années a été «dirigéecontre les salariés», SUD Santéespère qu’elle «aura pour ambi-tion de restaurer un climat propi-

ce à la prise en charge optimaledes patients». Dans une lettrecitée par l’AFP, le Pr Coriat, prési-dent de la Commission médicaled’établissement, lui rappellequ’en 2010, «l’ensemble de l’APa mesuré combien l’objectif pre-mier de supprimer des emploispénalisait toute l’institution».Le Mouvement de défense del’hôpital public, dit, lui, espérerqu’elle défendra l’intérêt de l’AP-HP auprès de ses tutelles,notamment en matière d’inves-tissement, jugés «insuffisants».

Ala têtedes hôpitaux parisiens, unprofil «service public»tendance «marketing»Nommée directrice de l’AP-HP le 22septembre en conseil des ministres, Mireille Faugère, ex-SNCF, arrive au sein d’une institution en pleine mutation

«Lescatholiquessontencoreécraséspar lemythedel’unité del’Eglise»

Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de «La Vie», devant l’université catholique de Lille. ERIC LE BRUN/LIGHT MOTIV POUR « LE MONDE »

«Il faut qu’une société civile chrétienne émerge»Jean-Pierre Denis organise des Etats généraux du christianisme, qui se tiennent à Lille jusqu’au 25septembre

France

Médecins et syndicats donnent le ton

90123Vendredi 24 septembre 2010

Page 10: Le Monde du jour 2010 09 23

Télérama propose cette semaineun album «André Kertész»à l’occasion de l’exposition au Jeu de Paume.

«Ce n’est pas le sujetqui fait une photographie,mais le point de vuedu photographe. » André Kertész

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«Souvent,quand il yades grèves, on nesaitpaspourquoi. Celle-ci,on sait!»

Un train sur cinq était annoncé, jeudi 23septembre, sur la ligne B du RER à Paris. OLIVIER CORET POUR « LE MONDE »

Les syndicatstablaient surune mobilisationdumême niveau que celle du 7septembreUne réunion de l’intersyndicale est prévue pour vendredi24. Elle devrait annoncerune nouvelle série d’initiatives en octobre, au moment où le Sénat examine la réforme

L es premiers effets de la jour-née nationale d’action inter-professionnelle contre la

réforme des retraites, la deuxièmeà laquelle l’intersyndicale appelleles salariés depuis la rentrée, sesont fait sentir dansla nuit du mer-credi 22 au jeudi 23 septembreavec des perturbations dans lestransports et la suppression destrains de nuit en France.

La RATP a fait état dans la mati-née de jeudi d’un trafic « meilleurque prévu » dans le métro parisienet dans le RER et « normal» dans lesbus.LaSNCFaprévuuntauxdegré-vistes « proche » de celui du 7. Enprovince, des arrêts de travail dedurée variée devaient toucher 77réseaux de transport urbain. Dansle transport aérien, la journée d’ac-tion paraissait mieux suivie que le7, où un quart des vols avaient étéannulés à Orly et Roissy. Enfin, leSNUipp-FSU comptait sur un mou-vement « très significatif » dans leprimaire avec « plus d’un ensei-gnant sur deux en grève ». Ce à quoile ministère répondait, mardimatin, que le taux de participationdesenseignantsdu1er degréétaitde32,68 %. Les syndicats s’atten-daient à une participation auxmanifestations au moins aussi

importante à celle du mardi 7 sep-tembre,qui avaitrassemblé2,7mil-lionsdemanifestantsselonlessyn-dicats et 1,12million selon la police,le jour de l’ouverture du débat surla réforme à l’Assemblée.

La CGT a recensé 231 cortèges ourassemblements, la plupart unitai-res, contre 213 le 7. Son secrétairegénéral, Bernard Thibault, y voit lesigne d’un ancrage « plus impor-tant» du mouvement de protesta-

tion sur l’ensemble du territoire.Son homologue de la CFDT, Fran-çais Chérèque, invité de RMC jeudimatin, a dit s’attendre à « de trèsgrosses manifestations », notam-ment en Ile-de-France. Le secrétai-re général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, espérait lui aussiunemobilisationaumoinscompa-rable à la précédente.

L’Elysée et le gouvernementd’un côté, les organisations syndi-

cales de l’autre savent, comme l’ad’ailleurs admis sans difficultéM. Chérèque, que « le nombre demanifestants sera déterminantpour la suite du mouvement». Unemobilisation moindre que le 7serait considérée par l’exécutifcomme un indice favorable : celuid’un début d’effritement de la pro-testation.Al’inverse,unemobilisa-tion du même niveau complique-rait la tâche du gouvernement etpermettrait à l’intersyndicale d’en-visager plus calmement la suite dumouvement.

Quels que puissent être les dis-cours de tel ou tel syndicaliste–« S’il y a une forte mobilisation, legouvernement sera obligé de recu-ler (…). L’idéal serait qu’il dise : onsuspend tout, on arrête tout et onrediscute », a ainsi déclaréM.Mailly sur France 2 –, aucun syn-dicat ne comptait, jeudi, sur unenette amplification de la mobilisa-tion. « On ne peut pas multiplier lesgrèves. Quant à la grève générale,ce n’est pas moi qui la décide. Ceuxqui en font un mythe ne connais-sent pas le monde du travail. Lessalariés ne peuvent pas financière-ment faire plus de un ou deux joursdegrèvepar mois»,areditlenumé-ro un de la CFDT.

La question sera au cœur desdébats de l’intersyndicale qui seréunit vendredi 24 septembre aumatin. Elle devrait annoncer unenouvelle série d’initiatives en octo-bre, au moment où le Sénat exami-ne la réforme. p

Claire Guélaud

Santé

Lancementdela campagnedevaccinationcontre la grippeAprès le fiasco de la vaccination contre la grippe A(H1N1), les autoritéssanitaires ont lancé, jeudi 23 septembre, la traditionnelle campagnecontre la grippe saisonnière. Cette année marque le retour à un traite-ment plus classique : il n’y aura pas deux vaccins, mais un seul. Néan-moins, le virus H1N1/2009 restant en circulation, sa souche a été inclu-se dans le vaccin saisonnier, avec un autre virus de type A(H3N2), et unvirus de type B. « Je me vaccine, je me protège », tel est le message que vadélivrer l’Assurance-maladie. L’enjeu est d’augmenter la couverture vac-cinale, qui a dépassé le seuil de 60% en 2009 parmi les populations àrisque (plus de 65 ans, personnes souffrant d’asthme…), pour lesquellesun taux de 75 % est recommandé. Les polémiques de 2009 auront-ellesun impact ? Alors que la vaccination contre le virus H1N1 était proposéeà l’ensemble de la population, moins de 8% des Français avaient suivi laconsigne. p Laetitia Clavreul

Société

Val-de-Marne: violencesdansun collègeet devant unlycéeUn professeur de mathématiques a été blessé, mardi 21 septembre, aprèsavoir été frappé par un élève de 14ans dans un collège de Vitry-sur-Seine(Val-de-Marne). Agé de 31 ans, l’enseignant a été insulté, frappé de troisgifles et d’un coup de genou par un élève du collège Jean-Perrin à qui ilreprochait de parler en classe et de mettre ses pieds sur la table. « La des-cription des faits laisse penser à un acte très violent, mais l’enseignant n’aété que très légèrement blessé», a précisé une source policière.Dans le même département, à Thiais, mercredi 22 septembre, une rixe estsurvenue devant un lycée où un groupe de quatre à cinq individus aouvert le feu sur deux autres. Les tirs n’ont pas fait de blessés. Mardi 21,c’est un jeune homme de 17 qui a été mortellement blessé à l’arme blan-che devant son lycée, à Schoelcher, en Martinique. Cinq jeunes ont été pla-cés en garde à vue mercredi soir. – (AFP.)p

Des tombes dégradées dans les Deux-SèvresUne cinquantaine de tombes ont été dégradées dans un cimetière catho-lique de Frontenay-Rohan-Rohan, près de Niort (Deux-Sèvres). Les faitsont été constatés mercredi 22 septembre.

Justice Procès des émeutes de Villiers-le-Bel :un témoin affirme avoir donné un faux témoignageUn témoin à charge du procès des tireurs de Villiers-le-Bel (Val d’Oise),lors duquel quatre jeunes ont été condamnés à des peines de trois àquinze ans de prison en juillet, s’est rétracté et dit avoir témoigné « sousla pression des policiers et du parquet », selon son avocate, AlexandraHawrylyszyn, qui a annoncé un dépôt de plainte pour « subornation detémoin». Le parquet de Pontoise a réfuté ces accusations. Lors du pro-cès, le témoin avait assuré qu’il subissait des menaces de représailles.

France

Reportage

A 5heures du matin, jeudi 23 sep-tembre, le lion de la place Denfert-Rochereau, à Paris, dort encore. Al’instar des grévistes: la station demétro, où passe la ligne B du RER,est déserte. Le premier à pousser laporte du vaste hall d’entrée est unétudiant, tee-shirt estival et yeuxcernés. Il a un cours à 9heures àMassy-Palaiseau, explique-t-il. Pasde chance. «J’espérais qu’il y auraitquand même un RER… », murmurele jeune homme, avant de s’éva-nouir dans la nuit. Finalement, ilira à Massy à vélo.

«La ligne B, grève ou pas grève,de toute façon, il y a toujours desproblèmes! », relève un hommeaux cheveux blancs, assis sur lequai. Des RER, il y en a pourtant.«Un sur cinq », assurent les écranslumineux. L’homme hausse lesépaules. «Le patron ne sera pascontent: normalement, on prend à7heures. Je vais avoir au moins uneheure et demie de retard. Mais com-ment faire autrement? », soupi-re-t-il, espérant à haute voix qu’on

ne lui retirera rien de sa paye.Ouvrier dans le bâtiment, Abdel-

lah (les personnes rencontréesn’ontpas souhaité donner leurnom)fait le même trajet, chaquematin: le métro de la gare du Nordà Denfert, puis le RER jusqu’à Anto-ny, et enfin l’autobus jusqu’à sonlieu de travail. « La grève, çaemmerde un peu. Mais les grévis-tes, ils ont raison. En plus, ils ne ris-quent rien. Nous, on ne peut pas fai-re grève: on n’est pas nombreux etil n’y a pas de syndicat», dit-il. Laretraite? Il préfère ne pas y penser.Il aura 50 ans en décembre; il enparaît 60. « Tant qu’on a la santé,on travaille», sourit-il.

« De bonnes raisons»Assis un peu plus loin, un jeune

homme en blouson, casquette noi-re et baskets, lui fait écho. Kamaraaussi travaille en banlieue. Com-me manutentionnaire. « A 60 ans,on est fatigué. Moi, pour l’instant,ça va», lâche le jeune homme à cas-quette, âgé de 32 ans. Lui aussi,comme Abdellah, endure «entemps normal» environ 3heures

de transport par jour. «Ces grèves,ça use vraiment», ajoute-t-il, préci-sant qu’il s’est levé, « comme d’ha-bitude», bien avant l’aube. Si toutva bien, il devrait prendre le pro-chain RER, annoncé à 7 h20. « Lesgrévistes, ils ont de bonnes raisonsde faire ce qu’ils font», n’en répè-te-t-il pas moins.

De tous ceux accostés sur lequai, patientant devant la voievide, aucun ne stigmatise les gré-vistes. «Souvent, quand il y a desgrèves, on ne sait pas pourquoi. Cel-le-ci, on sait! La retraite, c’est impor-tant», souligne Claire, étudianteen sciences, qui attend, un livre surles genoux, une improbable ramepour Gif-sur-Yvette. « Je partage lesentiment de révolte des grévistes.Mais je regrette qu’il n’y ait pas dedialogue. Pourquoi le gouverne-ment a-t-il fermé la porte?», s’inter-roge la jeune femme. Pour le reste,«il faut rester zen, pas la peine decourir et de s’agiter, conseille-t-elle.Il y a toujours un RER qui finit parpasser – même si c’est rarementaux horaires indiqués!» p

Catherine Simon

LaCGTa recensé231cortègesourassemblements,laplupart unitaires,contre213le 7

10 0123Vendredi 24 septembre 2010

Page 11: Le Monde du jour 2010 09 23

Jean-Pierre Bel, Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault à Pau, le 22 septembre. A. GUILHOT/FEDEPHOTO

PauEnvoyée spéciale

L es socialistes ont retrouvé lemoral et l’appétit de victoire.Faceauxdifficultésdugouver-

nement, la présidentielle de 2012,pensent-ils,estàportéedemains,sile parti ne retombe pas dans lesvieuxdémons de la divisionet de ladémagogie. Maintenir l’unité,dépasser l’antisarkozysme, voilà lafeuillederoutequelePSs’estimpo-sée pour les mois qui viennent.

Mais la situation est fragile. Lesjournées parlementaires qui sesont tenues à Pau les 21 et 22 sep-tembre l’ont démontré. Sous uneapparente bonne ambiance, lesdivergences affleurent. Des proposdu porte-parole, Benoît Hamon,promettanttroisjoursauparavant,aux côtés d’Olivier Besancenot, leleader de NPA, l’augmentationgénérale des salaires ont failli met-tre à mal la belle unité.

François Hollande, candidatprobable aux primaires, veille àl’orthodoxie. Durant deux joursl’ancien premier secrétaire a étéomniprésent devant les caméraspour rappeler les socialistes à leurdevoir de réalisme. La joute n’a paséchappéau premierministre Fran-çois Fillon qui, depuis Nice auxjournées parlementaires du Nou-veau centre, a mis en garde lessocialistes contre la tentation de se« compromettre avec l’extrêmegauche ». Il a fallu que FrançoisLamy, le conseiller politique deMartine Aubry renvoie le premierministreàseschantierspour rame-ner de l’ordre.

L’unité ne tient qu’à un fil : aupacte entre les partisans de Marti-ne Aubry et ceux de DominiqueStrauss-Kahn (« DSK »). La rumeurde la présence du patron du Fondsmonétaire international (FMI) le15 septembre à Paris a failli trou-bler la fin des travaux des parle-mentaires. Les deux rivaux seseraient-ils vus ? Martine Aubryaurait-elle cédé sa place ? Lesconjectures ont repris de plus bel-le.Descandidats potentiels repren-nent espoir, d’autres craignent dedevoir renoncer à leur ambition siDSK se décide.

Première secrétaireà la tête d’unparti sans candidat, le rôle de Mme

Aubry est délicat. Il lui faut mainte-nir la flamme de l’unité, calmer lesimpatiencesetprolongerl’impossi-blesuspensepourménagerlecalen-drier de son rival. « Je n’ai pas vuDominique, car il était entre deuxavions. Mais on se parle beaucoupau téléphoneJe l’ai eu encore hier »,a assuré jeudi 23septembre Marti-ne Aubry sur RTL. Ont-ils parlé de laprésidentielle ? « Non, de la situa-tion économique des Etats-Unis ».Auxjournalistes, la premièresecré-taire a prévenu : «Quand on se ver-ra, vous ne le saurez pas.»

La patronne du PS est condam-née au leurre. Elle s’interdit de seprésenter contre DSK mais doit seménagerla possibilitéd’être candi-date, sans apparaître comme unealternative par défaut, si le patrondu FMI déclare forfait. Sur ce che-mintortueux,elle achoisisastraté-gie : prendre de la hauteur pourmieuxincarnerle rôled’«opposan-te responsable » au chef de l’Etat.

Arrivée à Pau pour clôturer lestravaux des parlementaires socia-listes,Mme Aubry aappeléàla «séré-nité », à la « dignité» et invoqué « lagravité » du moment. Selon elle, laRépublique est « attaquée dans ses

fondements » par Nicolas Sarkozy,les institutions mises en danger, lerang et l’image de la France grave-ment écornés. Mais, puisque sonrival François Hollande l’a presséde dépasser l’antisarkozysme, lapatronne du PS se fait un devoird’énoncer des propositions.

Mme Aubry promet, en casde vic-toire en 2012, de « construire une

nouvelle République ». Après l’om-niprésidence de Nicolas Sarkozy, ils’agira de « rétablir la séparationdes pouvoirs et permettre au parle-ment de jouer vraiment son rôle »,« redonner au premier ministreson rôle de chef de la majorité quigouverne réellement ». Outre lalimitation du cumul des mandats,l’introduction d’une dose de pro-portionnelle à l’Assemblée natio-

nale et la refonte du collège électo-ral du Sénat, elle insiste sur l’indé-pendance de la justice et la libertéde la presse. « La République, cesont des contre-pouvoirs », insis-te-t-elle. La maire de Lille veutgarantir une justice indépendanteen maintenant le juge d’instruc-tion, en assurant l’indépendancedes magistrats du parquet dans laconduitedesenquêtes, entransfor-mant le conseil de la magistratureen « conseil supérieur de la jus-tice», qui ne serait plus présidé parle président de la République.

Elle prévoit aussi une « grande »loi sur la liberté de la presse, actantl’impossibilitédecumuler lesfonc-tions de patron de presse et de diri-geant de grand groupe vivant de lacommande publique de l’Etat.« Nous mettrons fin aux nomina-tions des responsables de l’audiovi-suel public par le président de laRépublique », précise-t-elle encore.Les socialistes auront aussi à cœur,s’ils gagnent, de défaire les princi-pales réformes de M. Sarkozy :retraite, collectivités territorialeset bouclier fiscal. Presque un pro-gramme de candidate. p

Sophie Landrin

L’uniténetientqu’àun fil :au pacteentrelespartisansdeMartine Aubryetceux deDominiqueStrauss-Kahn

Martine Aubry avance despropositionspour«une nouvelle République»Aux Journées parlementaires du PS, la première secrétaire veut dépasser l’antisarkozysme

Enunan, lesliens avec les parlementairesse sont resserrésPauEnvoyé spécial

Martine Aubry ne s’est pas jointeau chœur des élus du PS qui, ausoir de leurs journées parlemen-taires, mardi 21septembre à Pau(Pyrénées-Atlantiques), enton-naient des chants du terroir auson des bandas et formaient unejoyeuse sarabande. La premièresecrétaire n’avait pu se décom-mander d’un rendez-vous prévude longue date avec le ministre dela culture, Frédéric Mitterrand,pour inaugurer le Musée d’artmoderne de Villeneuve-d’Ascq,dans l’agglomération lilloise,alors que les journées parlemen-taires socialistes avaient été avan-cées d’un jour en raison des grè-ves et des manifestations du23 septembre.

Lors de la précédente édition, àToulouse, la nouvelle premièresecrétaire avait également faitl’impasse sur le dîner qui marquetraditionnellement un momentfort de ces retrouvailles parlemen-taires. L’épisode avait été mal per-çu, comme le signe d’une distan-ce, entre la patronne du parti etles élus.

Rien de tel cette fois. A son arri-vée, mercredi matin, la maire deLille a été chaleureusementaccueillie et son discours de clôtu-re qui comportait un hommageappuyé aux deux présidents de

groupe, Jean-Marc Ayrault à l’As-semblée nationale et Jean-PierreBel au Sénat, a été longuementapplaudi. En un an, les relationsont considérablement évolué.Sans être au beau fixe, elles sesont normalisées.

Les choses n’allaient pas de soi.L’installation de Mme Aubry à latête du parti en novembre 2008portait les stigmates du congrèsde Reims. Avant l’élection de lapremière secrétaire, M. Ayraultavait donné des gages, assurantque, quel que soit le résultat, le

groupe et lui-même se range-raient au côté de celui ou celle quiserait élu. Un gage de « légitimis-me» de la part de celui qui a tou-jours cherché à préserver le grou-pe des luttes de courants.

Dans l’entourage de Mme Aubry– qui n’est plus députée depuis2002 – certains plaidaient cepen-dant pour une personnalité plusforte à la tête du groupe, jugeantM.Ayrault «trop mou ». Ayantdéjà suffisamment à faire pourasseoir son autorité à la tête duparti, la première secrétaire a fina-lement jugé préférable de ne pas

ouvrir un autre front avec lesdéputés. M. Ayrault et M. Bel qui,tous deux, avaient apporté leurappui à Ségolène Royal lors de ladernière présidentielle, restent.Mais les liaisons entre le groupeet le parti ne sont pas toujoursbien huilées. Il arrive parfois quela Rue de Solférino annonce desinitiatives ou fasse état de la posi-tion des parlementaires avantque ceux-ci en aient été informés.La droite se gausse des députéssocialistes, caricaturés en simplesexécutants de la ligne décidée parle parti.

Petit à petit, le rapprochements’opère. Mme Aubry prend l’habitu-de de venir presque tous les mar-dis à la réunion du groupe de l’As-semblée nationale. Elle se familia-rise avec lui. Les rapports ygagnent en chaleur. Elle appréciele travail fait par les parlementai-res. Certains sont désormais inté-grés à la direction nationale duparti pour conduire les réflexionsthématiques, comme MichelSapin ou Pierre-Alain Muet sur lesquestions économiques et finan-cières, Marisol Touraine, FrançoisBrottes ou Alain Vidalies dans lesdomaines sociaux et industriels,Jean-Jacques Urvoas pour la jus-tice et la sécurité, entre autres.

Un autre élément va jouer enfaveur du rapprochement. Depuisnovembre 2007, Olivier Faure,l’ancien directeur adjoint du cabi-

net de François Hollande au secré-tariat du PS, occupe la fonction desecrétaire général du groupe del’Assemblée. Ce juriste subtiln’ignore rien des rouages du parti.Il connaît bien, en outre,Mme Aubry, pour avoir travaillédans son cabinet quand elle étaitministre de l’emploi, de 1997 à2000. Il aidera grandement àlever les méfiances que la premiè-re secrétaire peut encore nourrir àl’égard du groupe.

Mme Aubry le sait : son prédéces-seur, François Hollande, compteencore de nombreux amis chezles députés et les sénateurs. Ledéputé de la Corrèze continue àtravailler ses réseaux. Elle a l’intel-ligence de ne pas le prendre defront et de ménager les deux grou-pes pour gagner leur confiance.Pas toujours sans aspérités : ainsi,avec les sénateurs, quand elle déci-de de limiter le cumul des man-dats. L’explication est houleusemais elle finit par entendre lesarguments des sénateurs.

Longtemps sceptique, elle s’estlaissée convaincre que la gauchepouvait gagner le Sénat. Le « mon-sieur élections» du PS, Christo-phe Borgel, travaille désormais enlien avec le groupe socialiste pourpréparer les échéances cantona-les et sénatoriales de 2011. En casde victoire, ce sera pour elle toutbénéfice.p

P. Rr

BiarritzEnvoyé spécial

P ourlesjournéesparlementai-res de l’UMP, qui ont lieu jeu-di 23 et vendredi 24 septem-

bre à Biarritz (Pyrénées-Atlanti-ques), Jean-François Copé, le prési-dent du groupe UMP de l’Assem-bléenationaleetmaîtred’œuvredece rendez-vous, n’a pas fait dans lademi-mesure. Tout en affichantune sobriété de bon aloi – « cetteannée, le champagne ne coulerapas à flots », insiste-t-il, gardant enmémoire les commentaires quiavaient accompagné l’édition de2008,à Antibes –, il ne laisserien auhasardpourfairedecerendez-vousune démonstration de puissance.

Comme il en a désormais prisl’habitude, il avait convié la presse,la veille au soir des rencontres par-lementaires. Pas moins de cin-quante journalistes invités autourde la table. Et pas mal de « recalés ».Le « plan médias » qui a précédéces journées parlementaires fonc-tionne au-delà de toute espérance.

«Inaudible»M.Copé veut « du fond, du fond,

du fond ». Le programme est viteexpédié. Le président du groupeUMPn’attend qu’unechose : qu’onl’interroge sur ses intentions, cequi ne tarde pas à venir. Soudain,un grainde sable vient perturber labelle mécanique. Michèle Alliot-Marie, la ministre de la justice etancienne députée des Pyrénées-Atlantiques, déboule sans criergare. « Je suis venue vous souhaiterla bienvenue. Vous êtes chez moi »,glisse-t-elle en embrassant l’orga-nisateur de la soirée, qui ne goûteguère cet impromptu.

Sitôt le moment de froid passé,le maître des lieux reprend lamain. Il réaffirme clairement sonobjectif : la direction de l’UMP, envue de la prochaine élection prési-dentielle : « Nous sommes dans ladernière ligne droite, qui est celledu prolongement du groupe vers leparti », martèle-t-il. Le vice-prési-dentdugroupe, JeanLeonetti,s’ins-crit dans son sillage : « Actuelle-ment, l’UMP n’émet aucun son, elleest inaudible », estime le députédes Alpes-Maritimes, auréoléd’une étiquette de « sage ».

Un peu plus tard, M.Copé nieratoute « guerre des chefs » : « Pourqu’il y ait une guerre des chefs, ilfaudrait qu’il y ait des chefs. » A sesyeux,Xavier Bertrand, lesecrétairegénéral de l’UMP, ne boxe toutsimplement pas dans la mêmecatégorie: « Relisez“Infinis”,de Pas-cal” et vous comprendrez »,lâche-t-il. Il a lancé une OPA sur leparti et rien ne saurait l’en empê-cher, estime celui qui, jusqu’à pré-sent, a pas mal réussi à tirer sonépingle du jeu.

Maisalors, le parti,pourquoi fai-re? Pour mener la campagne prési-dentielle et pour imposer un cer-tain nombre de thèmes qui, auxyeux de M. Copé, seront détermi-nants pour le quinquennat à venir.S’il se félicite de la réforme desretraites mise en œuvre par le gou-vernement et de la fin de la retraiteà 60 ans, il prévient clairement :« La prochaine étape, ce sera les35 heures. » L’avantage, avecM.Copé, c’est qu’il ne se cache pasderrière son petit doigt. « Je parlecash, revendique-t-il. Il ne faut pasdouter de notre sincérité. » Maisqui en doute ?p

Patrick Roger

Parisrépartit inégalementses logementssociauxLe maire, Bertrand Delanoë, tablesur 20% de HLM dans la capitale en 2014

France

Mme Aubryvientpresquetouslesmardisàlaréuniondugroupedel’Assemblée

M.Copé lanceuneOPA surl’UMPA Biarritz, le président du groupe de l’Assembléenie la «guerre des chefs» avec Xavier Bertrand

P aris compte de plus en plusde logements sociaux, cer-tes, mais ils sont de moins

en moins bien répartis entre lesarrondissements, selon un rap-port de la Chambre régionale descomptes (CRC) d’Ile-de-Franceprésenté au conseil de Paris des27 et 28 septembre.

Révélée par l’AFP, cette étudeque le Monde s’est procurée, salue« la démarche volontariste » de laMairie depuis 2001 dont l’effortfinancier dépasse celui de l’Etat.Mais l’objectif d’une meilleurerépartition des logements «n’a pasété atteint», indique la CRC.

Alorsque lacapitale comptaiten2008, 178 749 logements sociauxsoit 15,6 % des résidences principa-les,BertrandDelanoëentendattein-dred’ici à2014le seuil de 20%exigépar la loi SRU d’ici à 2020. Mais lerééquilibrage territorial n’est passuffisant, selon le rapport. Près dela moitié des logements sociaux seconcentre toujours dans les 13e, 19e

et 20e arrondissements et la plu-part du temps dans les quartierspériphériques.

Dans les dix arrondissementslesplus déficitaires–du1er au9e etle16e –«l’écartparrapportàlamoyen-ne parisienne était plus grand en2007 qu’en 2001», constate la CRC.Les 6e, 7e, 8e et 16e arrondissementscomptaient, en 2007, moins de2,5 % de logement sociaux contre26,2% dans le 20e, 31% dans le 13e et34,8% dans le 19e.

La mairie fait valoir qu’elle créeen priorité des logements à loyerstrès bas dans les arrondissementsles plus favorisés et des logementspour classes intermédiaires danslespluspopulaires.Maisellerappel-

le aussi les deux freins à la mixitésociale: la «pénurie foncière dans lecentre de Paris» et l’ «explosion desprix de l’immobilier depuis treizeans ». M. Delanoë incrimine égale-ment « la forte opposition » de ladroite parisienne et invoque « lamultiplication des recours sur per-misde construire» qui « contribue àretarder des opérations pourtantprévues».

«Enkystées»Le président du groupe UMP,

Jean-François Lamour et ClaudeGoasguen, maire (UMP) du 16e ontvivement réagi, mercredi 22 sep-tembre, aux accusations de la Mai-rie : « Les autorités municipalesn’ont qu’à s’en prendre à elles-mêmessiellesperdentdevantlestri-bunaux administratifs en face deriverains mécontents d’être ainsimis devant le fait accompli », indi-quent-ils. Pour Jérôme Dubus, élu(NouveauCentre)du17e arrondisse-ment (10,2 % de logementssociaux), ce rapport «confirme queles inégalités sociales à Paris se sontprofondément enkystées».

La CRC constate néanmoins quela Ville « ne peut à elle seule répon-dre » aux besoins. La capitale«concentre 28% de la demande» delogement de l’Ile-de-France « alorsque son parc ne représente que18%». La part des demandeurs nonparisiensdanslesfichiersdelaVille«est passée de 9% en 1997 à 20% en2007», soulignent les juges. Le rap-port conclu à «la nécessité de parte-nariat entre l’Etat, la région, la villeet les communes limitrophes» pourremédier aux « disparités» de loge-ments au niveau régional. p

Béatrice Jérôme

110123Vendredi 24 septembre 2010

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BerlinCorrespondance

L e système est encore fragile.Deux ans après le choc de lafaillite de la banque américai-

ne Lehman Brothers, le paysagebancaire allemand, très morcelé,est loin d’avoir terminé sa mue. Leseffets conjugués de la reprise éco-nomique et des accords Bâle IIIdevraient contribuer à l’accélérerfortement. Et, pendant que l’Etatfédéral joue les pompiers poursecourir les établissements conva-lescents, un mouvement de fusion,côté public (banques régionales), etd’acquisition, côté privé (DeutscheBank-Postbank) est amorcé.

La critique récurrente de cer-tains experts libéraux et étrangers,

qui jugent le modèle bancaire alle-mand trop décentralisé, voiredépassé, a-t-elle fini par porter ?Non, répond Henrik Uterwedde,économiste à l’institut franco-alle-mand de Ludwigsburg. « [Il] estconsidéré comme ayant fait sespreuves», explique-t-il.

Même après le choc de la crise,qui a ébranlé le pays, il y a peu dechances que l’Allemagne remetteprofondément en cause son systè-me dit des « trois piliers », qui faitcoexister un secteur privé, qui necontrôle que 42 % du marché, unsecteur public très réglementé,composé du réseau des caissesd’épargne et des banques régiona-les (45% du marché), et des établis-sements coopératifs et mutualis-tes (13%). Ce système, historique etconsidérécomme adapté aumodè-le économique allemand fondé surle mittelstand – l’entreprise detaille moyenne –, explique pour-quoi, outre-Rhin, les banques sontpeu rentables et peu capitaliséespar rapport aux autres établisse-ments européens.

Une chose est sûre : rien ne seraplus pareil pour les banques régio-nales, ces fameuses Landesbanken,qui payent encore cher le prix deleur aventurisme financier.

Renflouésàcoups dedizaines demilliards d’euros par le contribua-ble, ces établissements, au nombrede huit, ont perdu de leur crédibili-tépourleurgoûtimmodérédespla-cements risqués à l’étranger et lafaiblesse de leurs mécanismes decontrôle.Laquestiondeleurutilité,qui avait déjà été soulevée avant la

crise, n’est aujourd’hui plus undébat d’experts. « Les banquesrégionales n’ont pas de modèle éco-nomique viable à long terme »,explique Stefan Stein, directeur del’institut finance et crédit de l’uni-versité de la Ruhr.

Dimanche 19 septembre, leministre de l’économie, RainerBrüderle,aenfoncéleclouetsuggé-ré de réduire leur nombre à deux,au risque de froisser leurs proprié-taires, les caisses d’épargne, et sur-tout, les fiers Etats régionaux.

Le vent a tournéCertainsétablissementsontsen-

ti le vent tourner. Avant le sommetqui doit réunir, mardi 28 septem-bre, les responsables des banquesrégionales autour du ministre desfinances, Wolfgang Schaüble, deuxd’en elles, la WestLB (Düsseldorf) etlaBayernLB (Munich), ontannoncévouloir fusionner avant la fin del’année.Unefaçondegarderl’initia-tive pour ces deux banques qui ontamassé le plus d’actifs toxiques.Bruxelles et Berlin ont déjà expri-mé leurs réticences quant à la créa-tion d’un établissement, quideviendrait la troisième banquedu pays, à partir de ces deux grandscorps malades.

Côté privé, le processus deconcentration, quoique plus rapi-de, n’est pas exempt de difficultés.Doter l’Allemagne d’un championbancaire international, c’est bienl’ambition de Joseph Ackermann,patron de la Deutsche Bank, qui aannoncé, le 13 septembre, vouloirlancer une offre publique d’achat

(OPA) sur les 30,6% de capital flot-tant de la banque postale, dont elledétient déjà 30 %, acquis en 2008.

Pour la Deutsche Bank, l’objectifde cette opération est d’augmentersesactivités debanque dedétail–labanque postale est le premier éta-blissement coté outre-Rhin sur ceplan –, et d’être moins dépendantedes fluctuations des marchés. Pourfinancer l’OPA, elle a effectué uneaugmentation de capital record de10,2 milliards d’euros, aussitôtsanctionnée par les marchés. A

l’ouverture de la Bourse de Franc-fort, mercredi, le titre DeutscheBank cédait 8,35 %, à 41,02 euros. Ilavait déjà perdu 4,54 % la veille,après que la banque a averti d’uneperte au troisième trimestre.

Quant aux autres banques pri-vées, elles sont loin d’être sortiesd’affaire. Si l’Etat fédéral espèrepouvoirsortir ducapital dela Com-merzbank, qui appartient à 25% aucontribuable, d’ici trois à quatreans, selon les prévisions du minis-tre de l’économie, il continue à

voler au secours de ses établisse-ments en difficulté. Le fonds fédé-ral de soutien au secteur bancaire(Soffin),aannoncé,mercredi, lever-sement de 2,08 milliards d’eurossupplémentaires de capitaux fraisà Hypo Real Estate (HRE), banquenationalisée en 2009 pour éviter lafaillite. Cette nouvelle injection decapitaux permettra notammentde financer la « bad bank » crééepar HRE pour «parquer » ses actifsà risques. p

Cécile Boutelet

EnhausseAirbusLufthansa a annoncé, le 22 septembre, l’achat de40 appareils pour 4,3 milliards de dollars (3,2 mil-liards d’euros). Avec 410 Airbus, la compagniedevient la principale cliente de l’avionneur.

EnbaisseLes Champs-ElyséesAvec un loyer annuel de 6 965 euros le mètre car-ré, l’avenue n’est plus la rue commerçante la pluschère d’Europe. Elle est détrônée, selon Cushman& Wakefield, par New Bond Street, à Londres.

L a France s’est mise en tête des’attaqueràla spéculationsurlesmatièrespremièresagrico-

les. Elle veut faire de la régulationde ces marchés l’une des prioritésde sa présidence du G20, qui débu-tera en novembre. « Comme sur lapolitique agricole commune [PAC],la France veut être moteur sur cettequestion », a martelé, mercredi22septembre, le ministre de l’agri-culture Bruno Le Maire en présen-tant Regards sur l’avenir de l’agri-culture, un ouvrage rassemblantles contributions d’un groupe deréflexion pluridisciplinaire mis enplace en février dernier.

« La régulation des marchésfinanciers initiée en 2008 ne per-mettrapas à elle seule de réguler lesmarchés agricoles. Une meilleureorganisation des marchés physi-ques est indispensable », a appuyéle président de l’Autorité des mar-chés financiers (AMF), Jean-PierreJouyet. Ce dernier est l’auteur,avec Christian de Boissieu, prési-dent du Conseil d’analyse écono-mique, et Serge Guillon, contrô-leur général économique et finan-cier, de propositions visant à « pré-venir et gérer l’instabilité des mar-chés agricoles ».

Déplorant le « déficit de gouver-nance mondiale face à l’ampleurdes enjeux », ceux-ci appellent à la

création d’un « forum de stabilitéagricole».Adossé auG20mais pou-vant intégrer d’autres Etats que lesmembres de cette instance, ceforum permettrait de favoriser« la transparence » des informa-tions sur l’état des stocks, sur leséléments déterminants contri-buantà l’élaboration des prix (évo-lution des matières premières, des

coûts de production…), sur les opé-rateurs intervenant sur les mar-chés agricoles. « S’il y a de la spécu-lation sur les marchés agricoles,c’est parce qu’il y a de l’opacité »,insiste M. Jouyet. Pour le présidentdel’AMF, l’objectifestbiende«pro-mouvoir la prévention et la gestiondes crises agricoles mondiales ».Non de développer une régulationéconomique destinée à organiserles marchés de façon permanente.

Ce « forum de stabilité agricole »devrait aussi permettre d’« éviterle développement des initiatives

nationales incohérentes et aggra-vant la situation lors d’une crise ».

La décision de Moscou débutaoût d’instaurer un embargo surses exportations de céréales qui aentraîné une flambée des cours dublé est dans toutes les têtes.« L’idée est qu’il y ait un peu plus deconcertation. Et même si la déci-sion d’un gouvernement se justifie,l’objectif est qu’elle soit partagée etque les Etats anticipent et en mesu-res ensemble les conséquences »,relève M. de Boissieu.

MM. Jouyet, de Boissieu etGuillon appellent aussi à unmeilleurencadrementdes transac-tions sur les marchés à terme agri-coles. Créés à l’origine pour per-mettre aux agriculteurs ou auxindustriels de se couvrir contre unrisque de fluctuation des prix – parexemple en vendant dès aujour-d’hui la production de la futurecampagne de blé –, ces marchésfinanciers sont désormais très pri-sés par nombre d’opérateurs, passpécialement spécialisés dansl’agriculture. Aussi, pour « préve-nir les manipulations et abus demarché», les auteurs préconisent,notamment, la mise en placed’une limitation des positions pri-ses par ces investisseurs pour frei-ner la spéculation. p

Laetitia Van Eeckhout

Parisdéfend la création d’un «forumagricole» pour stabiliser les coursLa lutte contre la spéculation sera l’une des priorités du G20

Les cours du jour ( 23/09/10 , 09 h 58 )

Economie

RomeCorrespondant

P as de chance, vraiment pasde chance. Mercredi 22 sep-tembre, le quotidien du Vati-

can L’Osservatore Romano apublié des extraits de la préfaceécrite par le numéro deux de lacurie, le cardinal Tarcisio Bertone,pour la réédition du livre d’EttoreGotti Tedeschi Denaro e paradiso(«L’argent et le paradis »).

La veille, son auteur, égalementprésident de l’Institut pour lesœuvres de Religion (IOR), soit labanque du Vatican, a été mis sousenquête pour violation de la nou-velleloi italienne contrele blanchi-ment ainsi que le vice directeur,Paolo Cipriani.

La justice reproche aux deuxhommes de n’avoir pas indiqué lemandataire ainsi que l’objectifd’un mouvement de fonds en pro-venance de l’IOR de 23 millionsd’euros déposés sur un compte-courant dans une agence romainede la banque Credito Artigiano.

Sur ce total, 20 millions d’eurosdevaient être transférés vers unefiliale en Allemagne de la banqueJP Morgan et le restevers une autrebanque italienne (Banca delFucino). Ces fonds ont été saisispar la justice.

Pour le Vatican, qui a renouvelésaconfiance auprésidentdela ban-que et pour M. Gotti Tedeschi l’af-faire tombe mal. Elle fait ressurgirdu passé les ombres et les intri-gues de l’affaire Paul Marcinkusdu nom du cardinal romain quidirigeait l’IOR dans les années1980.A cette époque, le prélat amé-ricain surnommé « le banquier deDieu», avait été mis en cause dansl’enquête sur la faillite de la ban-que Ambrosiano dont le dirigeantRoberto Calvi avait été retrouvépendu sous un pont de Londres.Actionnaire de l’Ambrosiano,l’IOR avait perdu dans cette opéra-tion plus de 1 milliard de dollars.

«Humilié et mortifié»Depuis le Vatican était bien per-

suadé d’avoir retrouvé les cheminsdelavertu,mêmesil’IORestentou-ré d’une double muraille de secret:celui qui touche au Saint-Siège engénéral et l’autre qui regarde lesopérations financières. La nomina-tion de M.Gotti Tedeschi, spécialis-te de l’éthique de la finance, venude la banque espagnole Santanderil y un an, manifestait la volonté duplus petit Etat du monde d’entrerdanslalisteblancheduGAFI, l’orga-nisme international créé pour lut-ter contre le blanchiment et lefinancement du terrorisme.

Amer, M. Gotti Tedeschi, soute-nu par les autorités vaticanes, sou-tient que l’argent saisi par la justice«concerne un mouvement de fondsde l’IOR vers l’IOR ». « Nous avons,dit-il, simplement transféré de l’ar-gent pour l’investir dans des obliga-tions allemandes. » Se disant« humilié et mortifié », agitant lamenace d’une démission, il veutvoir dans sa mise en cause unemanière indirecte « d’attaquer leVatican» et le Pape. «Nous sommessur la sellette au moment où noustravaillons sur les normes anti-recy-clage», ajoute-t-il sans en dire plus.

Fondé en 1942 pour assurer laconservation et l’administrationde biens mobiliers et immobiliersconfiés à l’église, l’IOR, placé sous laresponsabilité du cardinal Bertoneet doté de deux conseils de sur-veillance (un laïque, l’autre compo-sé de prélats dont le cardinal fran-çais Jean-Louis Tauran) possède unpatrimoine estimé à 5 milliardsd’euros.

La banque a son siège à deux pasdes appartements privés du pape.Elle ne possède pas de filiales maiscompte un distributeur automati-que dans l’enceinte du Vatican. Lesinstructions sont écrites en latin demesse. Une manière sans doute derapprocher l’argent du paradis.p

Philippe Ridet

Labanquedu Vatican soupçonnéed’avoirvioléla nouvelle loiantiblanchimentLa justice enquête sur un transfert de fonds de 23millions d’euros

SOURCE : BUNDESBANK

844

411

400

388

363

359

338

242

238

4,8

LESONZEPLUSGRANDESBANQUESALLEMANDESSELONLEURBILANenmilliardsd’euros

Deutsche Bank

Commerzbank

LBBWKreditanstalt fürWiederaufbauDZ Bank

Unicredit BankHypo ReakEstate HoldingBayernLB

WestLB

NordLB

Postbank

1 500 Joseph Ackermann, président de la Deutsche Bank, le premier établissementprivé allemand du secteur, lundi 13 septembre à Francfort. MICHAEL PROBST/REUTERS

Lesecteurbancaireallemandcontinuede panser sesplaiesFusions de banques régionales, acquisitions côté privé,aide publique: le modèle se restructure dans la douleur

L’objectifdela Franceestdepromouvoirlapréventionetlagestion descrisesagricolesmondiales

Euro 1euro : 1,3364 dollar (achat)Or Onced’or : 1293,50 dollarsPétrole Light sweetcrude : 74,87 dollarsTauxd’intérêt France : 2,693 (àdix ans)Tauxd’intérêt Etats-Unis : 2,551 (à dix ans)

12 0123Vendredi 24 septembre 2010

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Vathia Gonia (Chypre)Envoyée spéciale

L ’inauguration d’une stationd’épuration des eaux est, àChypre, un événement d’une

grande importance. L’île est en« stress hydrique », c’est-à-dire eninsécurité chronique d’approvi-sionnement. Lors de la sécheressede 2008, l’eau n’a été distribuéeque seize heures par semaine ! Lespluies du printemps 2010 ont unpeurechargé lesréservesdes barra-ges, mais la situation reste critiquedevant une demande croissantedes 700 000 Chypriotes et des2,5 millions de touristes accueillischaque année.

Le 14 septembre, à VathiaGonia, à 30 kilomètres au sud de lacapitale, Nicosie, se sont doncdéplacés leprésident de laRépubli-que, Dimitri Christofias, la mairede Nicosie, Eleni Mavrou, et Sa Béa-titude l’archevêque orthodoxeChrysostomos II. « L’usine, la plusimportante de ce type en Europe,financée grâce à des prêts euro-péens, déploie les techniques lesplus avancées », s’est félicité le chefde l’Etat. Le pope a béni le bâti-ment, comme c’est l’usage à Chy-

pre. Mais cette bénédiction de laplus haute autorité morale de l’îleest de nature, dans cette circons-tance, à rassurer les habitants réti-cents, comme partout, à se servird’une eau sale recyclée.

La station traitera les eauxusées pour les rendre immédiate-ment réutilisables selon un procé-démisenœuvre parla sociétéfran-çaise Saur et sa filiale d’ingénierieStereau. Il s’agit de membranes enplaques qui filtrent les effluents,ce qui permet d’obtenir, à moin-dre coût, une eau de qualité, « pasvraiment potable mais “baigna-ble” », précise Bruno Aymar, soningénieur-concepteur. Outre laconstruction du site avec un entre-preneur chypriote, Iacovou Bro-thers, un marché de 20 millionsd’euros, la Saur a en charge sonexploitation pendant dix ans,pour un montant de 1 à 1,5 milliond’euros par an.

L’eauainsi produite serviraàl’ir-rigation des cultures de légumeset de fruits, et les agriculteurs duvillage Patomia, voisin, en serontles premiers bénéficiaires. A pluslong terme, elle alimentera lesréservoirs, retenues d’eau et barra-ges, même distants.

L’usine, mise en eau début2010, ne fonctionne, pour l’ins-tant, faute de demande, qu’à 20 %de sa capacité de 22 000 mètrescubes par jour. Il faut en effetconvaincre les habitants d’aban-donner leur système individuel defosse septique et de se raccorderau nouveau réseau, ce qui entraînedes frais de branchement et majo-rera, bien sûr, leur facture d’eau ducoût même de l’assainissement.

« L’intérêt d’une eau recyclée estdouble : les agriculteurs ne crain-dront plus d’en manquer pour irri-guer régulièrement leurs cultures,et ils ne puiseront plus dans la res-source naturelle, préservant ainsil’eau fraîche pour la consomma-tion domestique », se félicite Kyria-

cos Kyrou, directeur exécutif duDevelopment Water Departmentduministèrechypriotedel’agricul-ture, des ressources naturelles etde l’environnement.

La technique du « re-use » sedéveloppe à grande échelle,depuis une dizaine d’années, dansles pays touchés par les pénuriesd’eau et suffisamment riches ouaidés pour se l’offrir. L’Etat de Cali-fornie a été précurseur, puis l’Aus-tralie, Israël ou l’Etat de Singapourqui a, lui, mis en place une politi-que volontariste dite des quatrerobinets (four taps) : le captage,l’importation, le dessalementd’eau de mer et le recyclage.

« Les usines de dessalement ontun peu moins de succès car elless’avèrent très consommatricesd’énergie, ce qui pèse sur les coûtsd’exploitation », analyse PhilippeBerrozpe,chargédescontrats inter-nationaux chez Stereau. La Frances’y met également et vient, pararrêté du 31 août 2010, d’autoriserl’usage de l’eau recyclée dans lescultures. Des villes balnéaires,comme Le Guilvinec (Finistère),ont adopté cette technique pourrejeter en mer une eau nettoyée. p

Isabelle Rey-Lefebvre

Reportage

Rillieux-la-Pape (Rhône)Envoyé spécial

D epuis quelques jours, le siè-ge du fabricant de lingeriesLejaby ressemble à un

camp de vacances fréquenté quasiexclusivement par des femmes. Al’entrée de l’établissement, situé àRillieux-la-Pape, dans la banlieuenord de Lyon, « Cathy », Fabienneet deux autres collègues jouent à lacoinche. Sur une autre table dres-séeàdeuxenjambéesdelàsedispu-te une partie de « Triominos ».Devant la grille, quelques femmesesquissent des pas de danse enligne. « On fait le Madison », lancel’une d’elles, en retenant ses longscheveux bruns de la main. Deuxtentes ont été plantées sur un boutde pelouse. Un camping-car sta-tionnedans l’enceinte de la société,parmi les véhicules du personnel.

Mais on n’est pas ici pour rigo-ler, comme le suggèrent les slo-gans inscrits sur plusieurs bande-roles : « Non à la délocalisation »,« Lejaby ne fait pas dans la dentel-le »… Le 16 septembre, plusieursdizaines de salariées ont décidéd’occuper les lieux pour protestercontre le projet de fermeture detrois ateliers implantés à Bellegar-de-sur-Valserine (Ain), Bourg-en-Bresse et Le Teil (Ardèche). Annon-cée au début du printemps, cettedécision entraîne la suppression

de près de 200 emplois sur envi-ron 650. A terme, le groupe ne gar-dera que son siège à Rillieux-la-Pape et l’unité de production d’Ys-singeaux, en Haute-Loire – fief dusecrétaire d’Etat à l’emploi, Lau-rent Wauquiez.

Fondé en 1930, Lejaby a long-temps fait partie de ces entrepri-ses familiales qui ont contribué aurayonnement de l’industrie texti-

le française. Racheté au milieu desannées 1990 par l’américain War-naco, le groupe, qui coiffe les mar-ques de sous-vêtements fémininsLejaby et de maillots de bain pourfemmes Rasurel, a traversé plu-sieurs périodes difficiles. Planssociaux, fermeture d’usines dansl’Isère et dans la Loire…

Propriétaire depuis deux ans dela société, l’autrichien Palmerssabre dans les effectifs pour préser-ver sa compétitivité pénalisée parun«coûtminutedeproductionqua-tre fois plus élevé» dans l’Hexagoneque dans les pays du Maghreb,selon la direction. Ces écarts sontd’autant plus insupportables, ajou-te-t-elle,que«30%desvolumesven-dus par Lejaby sont encore fabri-qués sur le territoire national,contre 5 % maximum pour laconcurrence».Lesecteurdelalinge-rie féminine a subi un recul de sonchiffre d’affaires en 2009, d’aprèsl’Institut français de la mode, ten-dance qui s’est poursuivie sur lessept premiers mois de 2010.

Maisces arguments ne convain-quentpasles salariées.Leurs repré-sentantes ont fait appel à des

experts, parmi lesquels le cabinetSyndex, qui a conclu à la profitabi-lité de Lejaby, même si le groupeconserve les trois sites promis àune disparition prochaine. Sontégalementmises en avant les com-pétences pointues de la main-d’œuvre, dont un peu plus de 20 %est âgée d’au moins 55 ans.

Depuis le mois d’avril, les éluesdu personnel ont donc pris leurbâton de pèlerin afin de défendrel’idée que le « made in France » aencore un avenir. « C’est la ques-tion de fond, souligne Nicole Men-dez, de la CFDT. Pourquoi a-t-onsacrifié l’habillement ? Qu’est-ceque l’on veut laisser sur notre terri-toire aux générations futures ? »Réunion au ministère de l’indus-trie, rencontre avec la stylisteAgnès b. qui milite pour l’adop-tion d’unecharte debonne condui-te entre les donneurs d’ordres duluxeetlesderniers façonniersfran-çais,manifestations, actionsen jus-tice pour obtenir l’annulation duplan de réorganisation…

Pour l’heure, toutes ces initiati-ves n’ont pas donné grand-chose.L’arrêt définitif de l’activité dans

trois établissements est toujours àl’ordre du jour. La direction n’a pasdonné suite aux nombreusescontre-propositions qui lui ont étésoumises : rebâtir le projet de res-tructuration en lançant d’abordun plan de départs volontairesavant d’identifier les sites à fer-mer, préserver l’atelier de Bourg-en-Bresse en accueillant le person-nel de Bellegarde…

Au fil des jours, les revendica-tions se sont élargies à d’autressujets que l’emploi. Désormais, ilest aussi question de réclamer uneprimedelicenciement«supra-léga-le» (c’est-à-dire qui s’ajoute à celleprévue par la loi). Mercredi 22sep-tembre, les syndicats ont avancé lechiffre de « 20 000 euros par per-sonne plus 1 000 euros par annéed’ancienneté », rapporte Marie-ChristineRochon,de la CGT.Requê-te rejetée par le patron du siège.

Jeudi matin, les représentantesdu personnel se disaient décidéesà poursuivre leur action tant qu’iln’y aurait pas d’« avancées ».p

Bertrand Bissuel

avec Laurent Guigon

(à Bourg-en-Bresse)

Latechniquedu«re-use»sedéveloppeàgrandeéchelle,depuisunedizaine d’années,dansles paystouchéspar lespénuries d’eau

Les salariés de Lejaby occupent le siège du fabricant de lingerie, à Rillieux-la-Pape (Rhône),depuis le 16septembre, pour protester contre un plan social en cours. PHILIPPE DESMAZES/AFP

Finance

Lataxebancaire devrait rapporteràl’Etat 504millionsd’euros en 2011La taxe sur les banques qui visera les activités les plus risquées de ces éta-blissements et que le gouvernement français doit inscrire dans son bud-get 2011 rapportera 504 millions d’euros à l’Etat en 2011, 555millions en2012 et 810millions en 2013, a indiqué la ministre de l’économie Christi-ne Lagarde aux Echos, jeudi 23septembre. Elle s’appliquera à « une ving-taine de banques, établissements de crédits et entreprises d’investisse-ment » et « frappera les banques françaises, au titre de leur activité inter-nationale; les étrangères, au titre de leur activité française ». – (AFP.)

Industrie

Lesfaillites d’entreprisesau plushautLe nombre de défaillances d’entreprises (hors auto-entrepreneurs)devrait atteindre le niveau record de 65 900 en 2010 en hausse de 2 %par rapport à 2009, selon les estimations de l’assureur-crédit Euler Her-mes. En 2011, le nombre de défaillances diminuerait de 5% tout endemeurant à un niveau élevé de 62 700. Sur les douze derniers mois,à fin août 2010, le nombre de défaillances s’est établi à 63 730, ce qui cor-respond à environ 240 000 emplois. – (AFP.)

Marchés L’or bat un nouveau record, l’euro au plus hautdepuis cinq mois face au dollarLe prix de l’or a atteint, mercredi 22 septembre, le niveau sans précé-dent de 1,295 dollar l’once, au lendemain d’une réunion de la Réservefédérale américaine (Fed), qui s’est dite prête à de nouvelles mesurespour soutenir une reprise encore vacillante. L’euro, lui, a dépassé1,34dollar pour la première fois depuis cinq mois, face à un billet vertplombé par les annonces de la Fed. – (AFP.)

Conjoncture Le moral des industriels françaisa encore progressé en septembreLe moral des industriels français a continué de progresser en septem-bre, prenant un point à 98 points par rapport au dernier chiffre publiéen juillet, a annoncé l’Insee, jeudi 23 septembre. Cet indicateur synthéti-que du climat des affaires dans l’industrie manufacturière avait chutétout au long de la récession, jusqu’à un plus bas historique de 70 pointsen mars 2009. – (AFP.)

L aLigue de footballprofession-nel (LFP) s’apprête à lancer sapropre chaîne de télévision.

L’organisme qui rassemble lesclubs français à statut profession-nel (soit les vingt clubs de laLigue1, les vingt clubs de la Ligue 2et six des vingt clubs du National)va déposer d’ici le 15 octobre, undossier de candidature auprès duConseil supérieur de l’audiovisuel(CSA) dans le cadre de l’attributiondes fréquences de la télévisionnumérique terrestre payante. Lesauditions des candidats aurontlieu en décembre pour un démar-rage de la chaîne début 2011.

Avec cette chaîne, l’objectif de laLigue est simple : compenser labaisse annoncée des droits deretransmission du football. Ceux-ci sont détenus par Orange etCanal+jusqu’en juin2012. Les deuxgroupes versent à eux deux668 millions d’euros par an. MaisOrange a fait savoir qu’il se retiraitdu jeu. Sa diversification dans lescontenus audiovisuels a vécu. Sté-phane Richard, le patron d’Orangene souhaite plus dépenser 203 mil-lions d’euros par an dans le foot-ball. Mais ce retrait n’est que partielcar Orange devrait rester à nou-veau candidat à l’attribution desdroits de diffusion du football surle mobile. La facture d’Orangeserait alors ramenée à 60 millionsd’euros par an. C’est un trou de150millionsd’eurosquedevrabou-cher la LFP. Pour combler ce man-que à gagner, la Ligue s’est d’abordtournée vers Canal+, qui verse déjà465millions d’euros par an. « Je nesuis pas la mutuelle sociale du foot-ball français », a répondu BertrandMéheut, PDG de Groupe Canal+, le9 septembre, devant la commis-sion marketing de la LFP.

In fine, c’est Orange qui pourraitdébloquer la situation. L’opérateurtéléphonique est prêt à apporter àla future chaîne de la Ligue les320 000 abonnés d’Orange Sport,ainsi que les droits de diffusion du

football dont il dispose jusqu’enjuin2012. C’est-à-dire que ce retraitcoûteraàOrange406millionsd’eu-ros, qu’il doit verser jusqu’à la findu contrat. De son côté, Canal+,serait prêt à distribuer cette futurechaîne. La filiale de Vivendi a, eneffet, intérêt à maintenir l’attracti-vité dufootball français,sonprinci-pal produit d’appel pour conquériret fidéliser ses abonnés.

Canal+proposedecommerciali-ser cette chaîne avec Foot +, sonoffre de paiement à séance quicompte près d’un million d’abon-nés. Canal+ propose aussi de la dis-tribuer, en option, autour de5 euros par mois, à tous ses abon-nés.Grâceàcemontage,laLFPpour-rait tabler au total sur 100millionsd’euros de recettes annuelles.

«Situation de monopole»En contrepartie de la bonne

volonté de Canal+, le prochainappel d’offres pour l’attributiondes droits organisé en 2011 pourraitentériner cette situation. Au pre-mier tour, il serait déclaré infruc-tueux faute de candidats. La Liguenégocierait de gré à gré avecCanal+. Son seul client.

Mais le projet de chaîne de la LFPne fait pas l’unanimité. Présentélors de la commission marketingde la LFP, le 9 septembre, il n’a pasrassuré les clubs de Ligue 1. « Je nesuis pas sûr que ça soit la solution »,adéclaré, mardi 21septembre, Jean-Claude Dassier, président de l’OM,le club le plus diffusé par les télévi-sions. Pour les clubs, avec le départd’Orange, Canal+ retrouve sa« situation de monopole ». Ils vou-draientque«Canal+assumesesres-ponsabilités », c’est-à-dire que lachaînecryptéepaiel’intégralitédesdroits. Les clubs sont devenus, eneffet, très dépendants des droitstélévisés: ceux-ci constituent 58 %de leurs recettes. Pour convaincreles clubs, deux cabinets d’auditsont été mandatés par la LFP. p

Guy Dutheil

LaLigue de footballprofessionnel veutlancersa proprechaînesurla TNTLe retrait d’Orange oblige à une réorganisationdu système des droits télévisés

Economie

AChypre, le groupe français Saurinaugure l’une desplusgrandes usinesde recyclage d’eauxusées d’EuropeLe pays, en insécurité chronique d’approvisionnement, bénéficie de financements européens

Leséluesdupersonnelontpris leur bâtondepélerin afindedéfendre l’idéequele«made inFrance »aencoreun avenir

Lamobilisationdes«Lejaby»faceàunedirectionqui«nefaitpasdansladentelle»Le propriétaire autrichien justifie les délocalisations par des coûts de production trop élevés

130123Vendredi 24 septembre 2010

Page 14: Le Monde du jour 2010 09 23

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteurDernier cours connu le 23/9 à 9hValeur Cours date

en euro valeur

Fonds communs de placementsECUREUIL BENEFICESRESPONSABLES 38,18 21/9ECUREUIL ACTIONS EUROPEENNES C 15,95 21/9ECUREUIL CAPIPREMIERE C 2902,76 21/9ECUREUIL OBLI CAPI C 61,93 21/9ECUREUIL PROFIL 90 D 33,26 21/9ECUREUIL PROFIL 75 D 37,80 21/9ECUREUIL EURIBOR 1259,75 21/9ECUREUIL EXPANSION C 18466,87 22/9ECUREUIL INVESTISSEMENT D 43,90 21/9ECUREUIL MONEPREMIERE C 2385,33 22/9ECUREUIL SECURIPREMIERE C 2611,50 21/9ECUREUIL TRESORERIE C 66,92 21/9ECUREUIL OBLI EURO D 269,13 21/9ECUREUIL MONEPREM.INSTC 117434,32 22/9

Multi-promoteursCM-CIC EUROPE 23,46 21/9Fonds communs de placementsCM-CIC EURO ACTS C 19,52 21/9CM-CIC SELECT.PEA 7,49 21/9CM-CIC MID EUROPE 19,83 21/9CM-CIC TEMPERE C 170,04 21/9CM-CIC DYN.EUROPE 33,05 21/9CM-CIC FRANCE C 32,13 21/9CM-CIC EQUILIBRE C 70,84 21/9CM-CIC DYN.INTERN. 26,62 21/9CM-CIC OBLI C.T.D 136,46 22/9CM-CIC MID FRANCE 30,59 21/9

Fonds communs de placementsCM-CIC DYN.INTERN. 26,62 21/9CM-CIC OBLI C.T.D 136,46 22/9CM-CIC OBLIGATIOND 26,55 22/9CM-CIC MID FRANCE 30,59 21/9CM-CIC PLANBOURSEC 18,30 21/9CM-CIC TEMPERE C 170,04 21/9CM-CIC EURO ACTS C 19,52 21/9CM-CIC FRANCE C 32,13 21/9

.......................................................................................

SICAV ET FCP

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercicecourant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

FRANCE CAC 40 3754,96 23/9 0,53 4088,18 11/1 3287,57 25/5 11,60

ALLEMAGNE DAX Index 6243,98 23/9 0,57 6386,97 6/8 5433,02 5/2 11,60

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5568,64 23/9 0,30 5833,73 16/4 4790,04 1/7 11,80

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 10739,31 22/9 -0,20 11258,01 26/4 9614,32 2/7 12,20

Nasdaq composite 2334,55 22/9 -0,63 2535,28 26/4 2061,14 1/7 17,20

JAPON Nikkei 225 9566,32 22/9 -0,37 11408,17 5/4 8796,45 1/9 16,00

LES BOURSES DANS LE MONDE 23/9, 9h58

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2010 2010

(Publicité)

VALEURS DU CAC40

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2010. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

ACCOR ......................... ◗ 26,06 26,09 -0,11 -0,39 30,74 22,25 1,05 T FR0000120404AIR LIQUIDE ....................... ◗ 90,65 89,89 0,85 16,64 91,90 70,59 2,25 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT ........... ◗ 2,33 2,31 1,04 -2,23 2,69 1,83 0,16 T FR0000130007ALSTOM ............................ ◗ 36,99 37,16 -0,46 -24,60 55,14 35,42 1,24 T FR0010220475ARCELORMITTAL ................ 24,62 24,89 -1,06 -23,48 35,45 21,33 0,16 A LU0323134006AXA .................................... ◗ 12,94 12,92 0,15 -21,77 17,60 11,51 0,55 T FR0000120628BNP PARIBAS ACT.A ........ ◗ 55,46 55,28 0,33 -0,79 60,38 40,81 1,50 T FR0000131104BOUYGUES ....................... ◗ 31,96 31,91 0,19 -12,24 40,56 30,40 1,60 T FR0000120503CAP GEMINI ...................... ◗ 36,26 36,16 0,25 13,40 40,30 30,20 0,80 T FR0000125338CARREFOUR ..................... ◗ 40,12 39,67 1,13 19,56 40,96 31,81 1,08 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............ ◗ 11,63 11,61 0,17 -5,91 13,78 7,87 0,45 T FR0000045072DANONE ............................ ◗ 43,82 43,53 0,65 2,31 46,88 39,34 1,20 T FR0000120644EADS ................................... ◗ 18,97 18,93 0,21 34,68 19,70 13,29 0,17 T NL0000235190EDF ...................................... ◗ 32,28 32,22 0,20 -22,33 42,84 30,14 0,60 S FR0010242511ESSILOR INTL .................... ◗ 48,83 48,83 0,01 16,96 50,45 40,84 0,70 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............ ◗ 16,11 16,12 -0,12 -7,60 17,92 14,01 0,60 A FR0000133308GDF SUEZ ........................... ◗ 26,03 25,68 1,38 -14,05 30,77 22,64 0,67 S FR0010208488LAFARGE ........................... ◗ 42,40 42,34 0,13 -26,66 63,00 35,57 2,00 T FR0000120537L’OREAL ............................ ◗ 83,09 82,49 0,73 6,53 85,00 70,90 1,50 T FR0000120321LVMH MOET HEN. ............ ◗ 102,85 102,55 0,29 31,22 105,45 74,19 1,30 S FR0000121014MICHELIN ........................... ◗ 64,17 63,74 0,67 19,76 66,76 49,81 1,00 T FR0000121261NATIXIS .............................. ◗ 4,38 4,38 -0,16 23,34 4,90 3,06 0,45 T FR0000120685PERNOD RICARD ............... ◗ 58,99 58,74 0,43 -1,54 68,64 54,89 0,61 A FR0000120693PEUGEOT ............................ ◗ 24,72 24,36 1,46 4,46 27,49 17,92 1,50 T FR0000121501PPR ..................................... ◗ 114,95 115,90 -0,82 36,46 119,00 81,00 3,30 T FR0000121485PUBLICIS GROUPE ........... ◗ 34,27 34,30 -0,09 20,23 35,73 27,66 0,60 T FR0000130577RENAULT ............................ ◗ 36,84 36,27 1,57 1,75 40,39 26,56 3,80 T FR0000131906SAINT-GOBAIN .................. ◗ 32,66 32,30 1,11 -14,20 40,28 27,81 1,00 T FR0000125007SANOFI-AVENTIS ............. ◗ 50,20 49,90 0,60 -8,83 58,90 44,01 2,40 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC ..... ◗ 91,50 90,34 1,28 11,89 94,47 72,00 2,05 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ......... ◗ 44,62 44,27 0,81 -8,84 53,12 29,70 0,25 T FR0000130809STMICROELECTR. ............. ◗ 5,68 5,67 0,28 -11,55 8,08 5,16 0,06 A NL0000226223SUEZ ENV. .......................... ◗ 13,50 13,55 -0,37 -16,28 17,86 12,46 0,65 S FR0010613471TECHNIP ............................. ◗ 58,16 57,64 0,90 17,73 64,85 45,14 1,35 T FR0000131708TOTAL ................................. ◗ 38,02 37,84 0,45 -15,53 46,73 35,66 1,14 S FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........ ◗ 161,30 161,85 -0,34 4,94 167,00 119,85 8,00 D FR0000124711VALLOUREC ....................... ◗ 72,71 72,76 -0,07 14,46 81,61 60,35 3,50 T FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............. ◗ 20,14 20,04 0,50 -12,91 26,49 17,96 1,21 T FR0000124141VINCI ................................... ◗ 37,15 36,95 0,53 -5,89 44,98 33,01 1,10 S FR0000125486VIVENDI .............................. ◗ 19,82 19,68 0,74 -4,66 21,47 16,18 1,40 T FR0000127771

Jeudi 23 septembre 9h45Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

Agroalimentaire Findusremplace l’huile de palmepar celle de colzaFindus France a annoncé, mercre-di 22septembre, qu’il aura rempla-cé l’huile de palme par l’huile decolza sur l’intégralité de ses pro-duits au 1er décembre. Le groupeestime que le retrait de 2 100 ton-nes d’huile de palme représente laproduction d’une plantation de525 hectares de palmiers.

Informatique Dell évoqueun projet de deuxièmetabletteMichael Dell, le patron fondateurdu groupe informatique améri-cain Dell, numéro deux mondialdu secteur, a annoncé, mercredi22septembre, un projet de deuxiè-me tablette, après le lancementcet été de la « Streak ». Il n’a fourniaucun détail. Depuis qu’Apple alancé son iPad, en avril 2010, beau-coup d’industriels (Samsung,Toshiba, Lenovo, Asus,…) lui ontemboîté le pas, annonçant la com-mercialisation d’ici au début 2011de produits similaires.

Luxe Le cristallierBaccarat réduit ses pertesLe groupe de cristallerie Baccarata annoncé, mercredi 22 septembreune perte nette consolidée de611000 euros au premier semes-tre, réduisant son déficit par rap-port à 2009 (–7 millions d’euros).Son chiffre d’affaires semestriel aaugmenté de 6% à 57,7 millionsd’euros. Les ventes sont bienreparties au second trimestre(+26%) et le groupe concentrera

ses efforts sur les pays émergentset l’Asie. – (AFP.)

Distribution Un hyper deCarrefour est condamnéà indemniser 47 salariésL’hypermarché Carrefour de Char-tres a été condamné par le conseildes prud’hommes à payer desarriérés de salaires à 47 salariés dumagasin, ainsi que des indemni-tés d’entretien des tenues de tra-vail, ont indiqué, mercredi 22 sep-

tembre, des sources judiciaires etsyndicales. – (AFP.)

Presse L’Institut françaisde journalisme fermeL’Institut français de journalisme(IFJ), une école privée non recon-nue par la profession, a annoncé,le 22septembre, qu’elle cessait sonactivité « pour des raisons écono-miques». Cinquante étudiants ins-crits en première ou en deuxièmeannée, se retrouvent sans forma-tion. Il y a en France 80 filières deformation au journalisme, dont 13reconnues par la profession.

Textile Descampstrouve un repreneurAu bord de la faillite, le fabricantDescamps, spécialisé dans le lingede maison et filiale du groupe ita-lien Zucchi, a trouvé un repreneur– le fonds d’investissement Astran-ce Capital – qui a racheté 80 % ducapital pour deux millions d’eu-ros, selon LeFigaro du 23 septem-bre. Le groupe Zucchi, propriétairedepuis 1997 de Descamps, resteraactionnaire minoritaire.

Economie

Marchés

Energie

GDFSuez renonce à investirdansle réacteur EPR dePenlyGérard Mestrallet, le PDG de GDF Suez, a décidé de retirer son entreprisedu projet Penly 3, le réacteur EPR de 1650 mégawatts (MW) et de troisièmegénération qui doit être construit à partir de 2012 en Seine-Maritime, indi-que Les Echos du jeudi 23septembre. Il l’a annoncé au premier ministre,François Fillon, dans une lettre datée du 13septembre. GDF Suez, qui pos-sède 25% du projet, ne voit plus l’intérêt d’investir là où EDF sera le seulexploitant, ce qui prive le groupe énergétique des retours d’expériencequ’il recherchait. Total devrait garder ses 8,33%, au côté d’EDF (50,01%), lereste se partageant entre l’italien Enel et l’allemand E.ON. GDF Suez nerenonce pas pour autant à construire et exploiter en France, à l’horizon2020, le réacteur Atmea (1100MW) conçu par Areva et Mitsubishi. p

Retrouvez l’ensemble des cotations sur notre site Internet :http://finance.lemonde.fr

Lavie desentreprises

L es élus socialistes de la région du CreusotetdeChalon-sur-Saône (Saône-et-Loire)nedécolèrent pas contre EDF. Objet de cette

poussée d’humeur : la décision de l’entreprisepublique de diversifier ses fournisseurs de groscomposants pour centrales nucléaires, notam-ment les générateurs de vapeur fabriqués parune quinzaine de constructeurs dans le monde.Et donc de ne plus les commander uniquementau groupe français Areva, dont les usines et cel-les de ses sous-traitants font vivre des milliersde personnes dans ce bassin d’emploi baptisé«Pôle nucléaire Bourgogne».

«Il semble qu’EDF s’inscrive dans une logiquede dumping social, l’amenant à préférer un par-tenariat avec la Russie ou le Japon, plutôtqu’avec Areva », s’indignent Christophe Siru-gue, député et maire de Chalon-sur-Saône, etAndré Billardon, maire du Creusot, dans uncommuniqué commun. Ils jugent que ce choixfait peser une triple menace : sur l’« emploi», la«sécurité » et l’« environnement ».

Si leur inquiétude est réelle, le calcul politi-que n’est pas absent de leur démarche. Ils rap-pellent Nicolas Sarkozy aux engagements qu’ila pris, le 3septembre, lors de sa visite dans uneusine de composants nucléaires à Montbard(Côte-d’Or). Le chef de l’Etat avait invité EDF etAreva à arrêter de « s’affronter » et à coopérerplus étroitement pour renforcer la filièrenucléaire française, dans le droit fil des recom-mandations du rapport Roussely (Le Monde du29 juillet). « Il se trouve que c’est l’Etat qui estactionnaire d’Areva, il se trouve que c’est l’Etat

qui est actionnaire d’EDF, ça va marcher ensem-ble», avait-il insisté.

« Nous en appelons donc à Monsieur le prési-dent de la République, écrivent les deux élus,pourque ses déclarations surl’avenir du nucléai-re et la politique industrielle se traduisent enactes. » M. Billardon ajoute, dans Le Parisien dumercredi 22 septembre, qu’il est inacceptablede « réaliser de petites économies » quand ils’agit du nucléaire et qu’EDF doit « s’assurer desapprovisionnements irréprochables ». Comme

il l’a fait dans les années 1970-1990 avec Frama-tome pour les dix-neuf centrales aujourd’huiexploitées dans l’Hexagone.

Maisla réalité du marché nucléaire a profon-dément changé depuis dix ans. La relance de laconstruction de centrales dans le monde créedes tensions dans la fabrication de grands com-posants, plaide-t-on chez EDF, où l’on veut s’as-surer qu’ils seront livrés en temps et en heure.Le groupe a en effet décidé, sous le contrôle del’Autoritéde sûreté nucléaire(ASN), de porter ladurée d’exploitation de ses centrales à 40 ans,voire60 ans. Pour cela, il doitnotamment chan-ger une pièce essentielle et coûteuse (avec lachaudière) de l’îlot nucléaire : les générateurs

de vapeur. Certains ont déjà été remplacés cesdernières années. Et si Areva reste « notre parte-naire industriel historique », indique-t-on, ilfaut s’ouvrir à d’autres fournisseurs. EDF vientde lancer un appel d’offres européen pour envi-ron 44 nouveaux générateurs.

Cette attaque des élus, à laquelle EDF refusede répondre, vient au moment où Areva et EDFessayent, dans le cadre de groupes de travailcommuns, de répondre à la demande formuléepar M. Sarkozy lors du conseil de politiquenucléaire du 27 juillet : créer un « partenariatstratégique» entre les deux fleurons du secteurincluant les équipements pour centralesnucléaires.Ce problème –unde plus– a-t-ilpourautantlieud’être ?Arevacherchedesclientspar-tout dans le monde pour vendre son combusti-ble, ses réacteurs ou ses services recyclage desmatières nucléaires. EDF fait de même pour sesfournisseurs,notammentdansle secteurstraté-gique de l’uranium alimentant ses 58 réacteurs.

Si Areva assure une part encore importantede l’approvisionnement d’EDF, elle ira en dimi-nuant.Depuis2004,EDFmetenœuvreunepoli-tiquedediversification deses fournisseurspourrenforcer son portefeuille (Canada, Kazakhstan,Australie). Y compris pour certaines étapes de lafabrication du combustible, où il fait appel augroupe canadien Cameco ou au russe Tenex. Lesnostalgiques de la vision « pompidolienne» defilières industrielles franco-françaises le regret-tent, mais c’est ainsi : le marché nucléaire s’estlui aussi mondialisé. p

Jean-Michel Bezat

L e rachat d’Internet Brandsdonne une bonne idée del’avenir qui attend les socié-

tés de capital-investissement. Lepropriétaire et opérateur de ce siteInternet a accepté de le céder à Hell-man &Friedman pour 640mil-lions de dollars (477millions d’eu-ros). Un montant relativementmodeste qui n’a vraiment rien decommun avec les transactions àplusieurs milliards de dollarsqu’on a pu observer à la grandeépoque. Mais là n’est pas toute ladifférence: la manière dont lefonds d’investissement Hellman&Herriman va boucler le finance-ment de l’opération est représenta-tive du nouveau modèle économi-que auquel les champions de la dis-cipline devront s’habituer.

Il y a seulement trois ou qua-treans, les officines spécialiséesdans le rachat de sociétés à créditn’avaient qu’à présenter des prévi-sions de croissance alléchantespour s’emparer de leurs cibles enmobilisant des capitaux prove-nant principalement d’emprunts.En l’espèce, le chiffre d’affaires etl’excédent brut d’exploitation d’In-ternet Brands ont récemment affi-ché une progression de 15% ouplus. Les établissements de créditou les investisseurs en obligationsen mal de rendements lucratifsont laissé se réinstaller les mauvai-ses habitudes qui avaient cours dutemps des excès, telles les clausesde révision du taux en fonction del’évolution de la solvabilité.

Il n’est néanmoins pas si faciled’empiler les crédits pour racheterune entreprise. Si Hellman &Herri-man reste très avare de détails surl’opération, certains financiershabitués à travailler avec les socié-tés de capital-investissement esti-ment qu’elles peuvent se procurer

au plus 6 à 6,5fois la valeur de l’ex-cédent brut d’exploitation de lacible. Cela veut donc dire qu’Hell-man &Herriman pourraitemprunter quelque 300millionsde dollars.

La charge ne pèsera pas troplourd pour Internet Brands. Si lasomme a été prêtée à un taux d’in-térêt avoisinant 6,5%, cela donneun remboursement annuel de19,5millions de dollars, c’est-à-direenviron les deux cinquièmes del’excédent brut d’exploitation. Etsauf à ce que l’entreprise soit prised’une fièvre de fusions-acquisi-tions, il y a peu de chances que leservice de cette dette menace sonexistence.

Continuer à faire des affairesIl n’empêche que Hellman

&Herriman doit encore réunir340 autres millions de dollars parses propres moyens pour mener àbien la transaction. La société adéjà signé des chèques plus impor-tants, mais ce qui est remarqua-ble, c’est que l’apport en proprereprésenterait plus de la moitiédu financier, là où il n’aurait pasdépassé le tiers auparavant.

On a même vu quelques cas oùla proportion a été encore plus éle-vée. Apax a par exemple sorti deses coffres l’intégralité des 571 mil-lions de dollars à verser pour pren-dre possession de Bankrate. Evi-demment, le rendement des opé-rations s’en trouve minoréd’autant. Mais c’est le prix à payerpour continuer de faire des affai-res après la crise. p

Antony Currie

(Traduction de Christine Lahuec)

n Sur breakingviews. comPlus de commentaires sur l’actualitééconomique et financière.

E ttore Gotti Tedeschi a tou-jours été fidèle au Vatican. Ila dit, et écrit, que la crise

mondiale pouvait largement s’ex-pliquer par le non-respect des pré-ceptes de l’Eglise sur la vie engénéral et la sexualité en particu-lier : il voit en effet dans la baissede la natalité la cause principaledes problèmes économiques etfinanciers de l’Occident.

Il y a unan, ce patron de la bran-che italienne de Santander, la gran-de banque espagnole, fut nommépar le pape Benoit XVI à la tête dela banque du Vatican avec la mis-sion de nettoyer l’institution.C’était suggérer que le nettoyageétait nécessaire. Il faut croire quele nouveau président ne fut pasassez rapide : la justice italienne,agissant sur des informationsfournies par la Banque d’Italie,enquête sur une possible viola-tion des lois antiblanchiment parM.Gotti Tedeschi et son bras droit.

Il y a plus de trente ans, le scan-dale de Banco Ambrosiano, dontla banque du Vatican était unactionnaire important, secouadans ses profondeurs l’establish-ment italien. La saga mêla corrup-tion politique, implicationsmafieuses et maçonniques, sansmême parler du suicide du prési-dent de la banque, Roberto Calvi,retrouvé pendu sous un pont deLondres.

Mais l’onde de choc du scanda-le fut profonde, et durable. Démis-sions de gouvernements et incar-cérations de ministres, disparitiondes partis politiques qui for-maient l’ossature du système:c’est tout le monde issu de laseconde guerre mondiale quis’écroula dans la foulée. Et on peutmême voir une conséquence duscandale dans l’ascension politi-que de Silvio Berlusconi, au débutdes années 1990, fondée en partie

sur une réaction de défense contrel’opération « mains propres » quivoyait des juges se dresser contrela corruption du pouvoir.

Les accusations portées cettesemaine contre la banque du Vati-can n’ont certes rien à voir, dansleur ampleur, avec l’affaire BancoAmbrosiano. Mais elles viennentrappeler que le Vatican, aussi petitsoit-il, est aussi un Etat qui a desintérêts à défendre, parfois puis-sants. La banque du Vaticandépend du Saint-Siège, mais elledoit se soumettre aux lois despays où elle opère. D’où l’interven-tion des autorités italiennes.

Il se murmura il y a trente ansqu’une partie de l’argent « dispa-ru » (plus de 1 milliard de dollar-s…) avait servi à financer le syndi-cat polonais Solidarité, alors enga-gé dans une lutte inégale contrele pouvoir communiste. Certainspensent que les causes du Vati-can valent d’être défendues,d’autres qu’elles sont douteuses.L’Eglise catholique a tendance àpenser qu’elle est seule juge dubien et du mal, et libre d’utiliserles armes dont elle a besoin dansla lutte de l’un contre l’autre.Mais la vieille obsession du secretn’est assurément plus dans l’airdu temps. Les temps changent, etmême Rome doit tenir comptedu fait que la finance, même pro-tégée par la pourpre cardinalice,reste sous la surveillance de la jus-tice des hommes. p

Pierre Briançon

Ecofrictions

LaBanque d’Italie,enquêtesurune possibleviolationdes loisantiblanchiment

Lestemps changentpourlecapital-investissement

Depuis2004, le groupepublicachoiside diversifiersesfournisseurspourrenforcer sonportefeuille

LeVatican atoujoursun problèmeàrégleravec Mammon

Desélus appellentEDF à plus de «patriotisme»

Le point de vue des chroniqueurs de l’agence économique

ReutersBreakingviews

14 0123Vendredi 24 septembre 2010

Page 15: Le Monde du jour 2010 09 23

Espérance de vie»: cette expres-sion est un abus de langage. Amoins d’être un démographeouunstatisticien,onl’interprè-te spontanément comme l’âgejusqu’auquel nous pouvons

espérer vivre, alors qu’il ne s’agit que de laphotographie de la durée moyenne de lavie à un moment donné. Il ne devient une«espérance »qu’àlacondition defaire l’hy-pothèse que les taux de mortalité reste-ront stables ou diminueront, si l’on pré-voit une augmentation de cette espérance.

Ilest vraique,selon cettedéfinition, l’es-pérance de vie à la naissance n’a cesséd’augmenter depuis un siècle. Elle estaujourd’huide 84,5ans pour les femmes et77,8ans pour les hommes, principalementen raison de la baisse considérable de lamortalitéinfantileetdesprogrès spectacu-laires de l’hygiène et de la médecine, quiont permis de faire reculer les maladiesinfectieuses,causes dominantes de morta-litéautrefois. Depuisdix ans, les gains d’es-pérance de vie ont été de trois années pourles hommes et de deux années pour lesfemmes. Ce sont ces chiffres qui sont misaujourd’huidansledébatpublicpourjusti-fier l’allongement de l’âge de la retraite.

Mais ce tableau idyllique doit être com-plété par des indicateurs moins souriants,comme celui de l’espérance de vie en bon-ne santé, et là, surprise, celle-ci n’est, selonl’Insee, que de 63,1 ans pour les hommes etde 64,2 ans pour les femmes. Rappelonsque l’Insee a une définition déjà restrictivede ce qu’est une bonne santé: « Absence delimitation d’activités (dans les gestes de lavie quotidienne) et absence d’incapacité.»Ainsi,unepersonneen rémissiond’uncan-cer, un diabétique correctement soigné ouquelqu’un ayant eu un pontage corona-rien sont en bonne santé.

Tout démontre que l’espérance de vieen bonne santé et encore plus l’espérancedevietoutcourtsontmenacéesparlamon-tée des maladies chroniques qui se sontsubstituées aux maladies infectieusescomme cause dominante de mortalité etde morbidité. C’est ce qu’il est convenud’appeler « la transition épidémiologi-

que». L’OMS qualifie cette «épidémie » demaladies chroniques comme « l’un desprincipaux défis du XXIe siècle ». La Francen’est pas épargnée, comme le montre lacroissance des affections de longue durée(ALD) du régime général de l’assurance-maladie (90 % de la population), dont lesmaladies cardio-vasculaires, les cancers etle diabète représentent les trois quarts.

Sur la période 2000-2008, alors qu’iln’y a pas eu de changement majeur denomenclature, le nombrede nouveauxcasd’ALDchaqueannée(incidence)aaugmen-té de 37,8 %, dont 11,4 % seulement étaientliés au changement démographique. Lenombre total de cas (prévalence) est passéde 11,9% de la population, en 2004, à 14,6 %

en 2008, soit une augmentation de 23% enquatre ans. Or la mortalité des personnesen ALD, à âge et sexe égaux, est 2,9 foissupérieure à celle des personnes qui n’ensouffrent pas (5,8 fois plus avant 70ans).

L’obésité, qui engendre une diminu-tion d’espérance de vie de cinq à quinzeans, est une composante majeure del’« épidémie » de maladies chroniques.Lors d’une conférence sur l’obésité enjuillet 2009, Bill Clinton déclarait que lajeune génération pourrait être « la pre-mière de l’histoire à avoir une plus faibleespérance de vie que ses parents ». Cettedéclaration faisait écho à celle de DavidByrne, commissaire européen à la santé,quelques années plus tôt, en septem-bre 2004 : « L’obésité infantile pourraitêtre à l’origine d’un désastre sanitairedans l’avenir. » Selon un rapport de l’Inter-national Obesity Task Force demars 2005, un enfant sur cinq est ensurpoids ou obèse en Europe, ce qui

devrait conduire à une surmortalité àl’âge adulte de 50 % à 80 %.

L’augmentation actuelle de l’espérancedevieàlanaissanceestessentiellementcel-le des personnes nées au début du XXe siè-cle, principalement en milieu rural, dansun environnement peu pollué et avec unmode de vie plutôt sain au moins jusqu’àl’âgeadulte.Latendance actuelle,enmatiè-re d’espérance de vie, risque de s’inverserlorsque les générations nées après guerrevont vieillir. Ces dernières ont vécu dansun univers totalement différent de celuide leurs aînés. Polluées dès la vie fœtalepar les substances chimiques de synthèse,elles ont mangé, souvent dès la naissance,une nourriture plus ou moins déséquili-brée (trop de sucre, d’aliments raffinés, deproduits appauvris par des transforma-tions industrielles, etc.), effet amplifié parle développement de la sédentarité.

Tousces facteursontconduit àl’«épidé-mie» d’obésité. Cette génération a aujour-d’hui moinsde 60 ans, trop tôt, sauf excep-tion, pour mourir du cancer, de maladiescardio-vasculaires ou du diabète, mais lefléchissement du progrès de l’espérancede vie en bonne santé en France, la régres-sion déjà observée de celle-ci dans des payscomme l’Allemagne, l’Autriche ou l’Italiemontrent que la tendance séculaire à laprogression de l’espérance de vie est entrain de s’inverser.

Ainsi les prédictions de l’Insee, pour quil’espérance de vie va continuer à croître aumoinsjusqu’en2050,reposentsurdesdon-néesfondéessurl’impactdureculdesmala-dies infectieuses, sans prendre en comptela réalité actuelle des maladies chroniques.Unpeucommel’état-majordel’arméefran-çaise avant- guerre croyait aux vertus de saligne Maginot sans voir que l’environne-ment avait changé depuis le précédentconflit. Avec le résultat qu’on sait.p

Claude Aubert, agronome, auteur de « L’Espéran-ce de vie : la fin des illusions » (Terre vivante,2006) ; André Cicolella, chimiste toxicologue,président du Réseau Environnement Santé ; Lau-rent Chevallier, médecin nutritionniste attachéau CHU de Montpellier.

Le principe de précaution repré-sente une innovation majeurepar rapport à la démarche clas-sique de prévention des ris-ques de grande ampleur. Il res-te toutefois marqué par une

contradiction entre l’affirmation de saspécificité, solennisée en France par soninscription en 2005 dans la Constitution,et la sous-estimation constante des impli-cations de cette spécificité.

Il s’agit d’une contradiction véritable-ment originelle qui entretient polémi-ques et confusions. Le débat en cours enFrance (Le Monde du 23 juin) n’échappepas à ce constat, même si un signe positifpeut être trouvé dans l’avis du Comité dela prévention et de la précaution (CPP) demars sur « la décision publique face à l’in-certitude ». Il devient urgent, sinon deremédier à cette carence, ce qui serait illu-soire à court terme, du moins d’en pren-dre conscience et d’en débattre.

Pour expliquer comment les implica-tions de la spécificité du principe de pré-caution sont sous-estimées, il faut partirdu principe lui-même, puis montrer sesimplications. Internationalement admi-se, la précaution désigne la situationdans laquelle les connaissances sontinsuffisantes pour établir scientifique-ment l’existence d’un risque de domma-ge de grande ampleur dû à une activitéhumaine (organismes génétiquementmodifiés, ondes des antennes de télépho-nie mobile, nanomatériaux, gestion desdéchets nucléaires ultimes, curieuse-ment peu évoquée, etc.), susceptible d’af-fecter l’environnement, la santé publi-que et la sécurité alimentaire.

En France, le principe de précautionest défini comme l’obligation faite auxautorités publiques de mettre en œuvre« des procédures d’évaluation des ris-ques » et d’adopter « des mesures provisoi-res et proportionnées afin de parer à la réa-lisation du dommage », lorsque celui-ciest « incertain en l’état des connaissancesscientifiques » et « pourrait affecter demanière grave et irréversible l’environne-ment ».

Le principe de précaution a donc la par-ticularité d’introduire l’obligation d’agirpour les autorités publiques, bien que lerisque redouté ne puisse être démontrésur la base des connaissances scientifi-ques du moment et des données disponi-bles. Le risque n’est donc pas avéré. Il esthypothétique et inévitablement contro-versé. L’incertitude est profonde.

En cela, ce principe se distingue radica-lement de la prévention. Celle-ci est for-malisée sur la base d’expériences de dom-mages et de distributions statistiques. Lerisque est avéré, probabilisable et évalua-ble selon des procédures disponibles. Ladécision d’engager l’action découle del’évaluation et ne pose pas de problèmede principe. Il en va tout autrement dansla démarche de précaution. La décisionne peut pas, par définition, reposer surune évaluation scientifique préalable.Les scénarios de risque sont disparates,aucun argument scientifique ne permetde les départager.

Le CPP signale ainsi opportunémentdans son avis que la décision dans ladémarche de précaution ne peut pasrépondre aux mêmes critères qu’en pré-vention. Elle relève alors d’une logiquede décision spécifique, évoquée dansl’avis, qui ne se réduit notamment pas àune décision d’experts surplombant lapopulation intéressée, mais appelle unprocessus de participation des partiesprenantes. Qu’en est-il de l’évaluation ?L’avis du CPP est muet sur une éventuellelogique spécifique d’évaluation en régi-me de précaution.

Pourtant, en l’absence de base scienti-fique reconnue, sur quoi peut-on fairereposer l’évaluation du risque ? La spéci-ficité du principe de précaution trouveici une espèce d’épreuve ultime de véri-té. D’un côté, l’exigence de l’argumentscientifique classique : « S’en tenir à cequi est démontré », sinon, en l’absencede démonstration, suivre des mesuresde prudence, sans obligation formelled’agir.

A l’opposé, le poids de la crainte et ducaractère plausible de la survenue d’undommage non avéré mais redouté dansson ampleur, et l’obligation d’agir, quin’est pas nécessairement d’interdire.

La première position exclut de fait laseconde, ou la condamne à attendre unedémonstration à venir, qui peut êtrelointaine ou dramatique si elle consisteen la survenue de l’accident majeur. Laseconde position n’a d’autre raisond’être que la croyance en un danger eten l’urgence d’une action précoce maisprovisoire, sans base scientifique recon-nue, appelant à une recherche pour éva-luer scientifiquement le risque.

Contrairement aux apparences, iln’existe pas d’argument scientifiquepour trancher ce face-à-face, malgré l’in-vocation de la démonstration dans lapremière posture. La démarche scienti-fique ne peut en effet pas se réduire à dela démonstration classique lorsque leproblème est non classique, ce qui est lecas de la précaution. Cette dernièreconcerne, rappelons-le, les problèmesde risques pour lesquels les connaissan-ces scientifiques admises, classiques,sont insuffisantes pour établir l’existen-ce du risque et donc pour réduire le pro-blème à une solution déterminée ou àun point de vue unique. Force est biend’admettre que la contradiction est pro-fondément complexe et n’est pas réduc-tible à une solution simple.

Que faire alors ? Est-on condamné àchoisir entre le statu quo ou l’abroga-tion du principe de précaution ? Nulle-ment, d’après les résultats d’une recher-che publiés récemment, en Grande-Bre-tagne, sur une démarche scientifiquenon classique en situation complexe,dont le principe de précaution ne consti-tue d’ailleurs qu’un cas particulier. Il enressort que, de même qu’une situationcomplexe requiert une démarche detraitement complexe, le principe de pré-caution appelle une démarche d’évalua-tion complexe. Transdisciplinarité,apprentissage, construction participati-ve de connaissances, transparence,exposition à la critique et à l’erreur, pos-sibilité de révision, organisation del’exercice d’une capacité de jugementincluant experts et autres parties pre-nantes, sont quelques-uns des maîtresmots de la démarche complexe dévelop-pée dans la recherche citée.

Il est donc possible de libérer le princi-pe de précaution de sa contradiction ori-ginelle. Les connaissances nécessairesexistent. Mais il y a un obstacle princi-pal. Il est intellectuel. Il réside dans lacroyance, dominante au sein de la com-munauté scientifique, en l’exclusivitéde la démarche fondée sur la démonstra-tion classique en sciences.

Il est devenu urgent de débattre decette croyance, sans optimisme exces-sif. Jean-Jacques Rousseau constataitdéjà, dans Les Confessions, que « si quel-quefois les savants ont moins de préju-gés que les autres hommes, ils tiennent,en revanche, encore plus fortement àceux qu’ils ont ».p

L’analyse des évolutions de lalongévité, qu’a proposée Fran-çois Héran (Le Monde du 18 sep-tembre), enrichit la réflexionsur l’avenir des retraites, maison peut contester une de ses

principales conclusions : « La pousséegénérale de l’espérance de vie (…) appelleforcément des mesures d’âge. » Cetteexpression, « mesures d’âge », qui naguè-re renvoyait plutôt aux dispositifs de pré-retraite, est utilisée ici, comme le montrela suite de son article, pour désigner aucontraire le report de l’âge de la retraite(« On fait fi des données de base quand onprétend geler la durée de cotisation et l’âgelégal de départ »). Ce raisonnement, quivise à affirmer une sorte d’impératifdémographique, est régulièrement reprisdans le débat social. Il néglige deux faitsimportants.1.L’âgelégalde laretraite,ou plus préci-sément l’âge minimum de la retraite àtaux plein (60 ans, en France, depuis1983), n’est pas l’âge de liquidation despensions. Le premier est une norme juri-dique, le second une donnée observée.L’âge de liquidation se situe aujourd’huientre 61 et 62 ans en moyenne, au-delàdonc de l’âge minimum. La raison essen-tielle de ce décalage est évidemment l’exi-gence d’un nombre d’années de cotisa-tion pour bénéficier d’une retraite autaux plein.

Seuls les salariés dont la vie de travail acommencé tôt peuvent effectivementprendre leur retraite à 60 ans aujourd’hui.Ils sont souvent moins qualifiés que lesautres. Leur position sociale moins élevées’accompagne – François Héran le rappel-le justement – d’une moindre espérancede vie. Si l’on poussait jusqu’au bout lalogique de la longévité, on pourrait doncen venir à proposer… la baisse de cet âgeplancher, non son relèvement.

Ajoutons qu’il y a un second âge

« légal » de la retraite, 65 ans, permettantde prendre une retraite sans décote,même avec un nombre d’années cotiséesinsuffisant. Cela concerne des personnesaux carrières incomplètes, particulière-ment des femmes. Parmi elles, un nom-bre non négligeable a travaillé ou tra-vaille encore dans des emplois physique-ment exigeants.

Dans les deux cas, l’accroissement de lalongévité doit être nuancé: il est toujourssupérieur à l’accroissement de la longévi-té « en bonne santé », et il ne préjuge pasde la capacité à rester en emploi plus long-temps.2.L’âge minimum de la retraite n’est pasnon plus l’âge moyen de sortie de l’em-ploi. Le différentiel est, cette fois, dansl’autre sens : cet âge moyen de sortie sesitue entre 58 et 59 ans. Le taux d’emploi à59 ans est de 40 %. Rien ne dit qu’enrepoussant l’âge plancher de la retraite àtaux plein, on retarderait d’autant les finsde vie professionnelle. On pourrait aussibien voir augmenter le nombre de person-nes sans emploi, aux âges voisins de60ans. Rappelonsque c’estcequi s’est pro-duit il y a une quinzaine d’années, lors ducoup de frein sur les préretraites publi-

ques: le nombre de chômeursâgés a consi-dérablement augmenté.

Dans un tel contexte, repousser l’âgeminimum de la retraite pourrait aboutir àl’allongement de la durée d’« attente »pour des seniors sans emploi. L’économie,quirésulterait d’un décalage dans le verse-ment des pensions de retraite, serait alorsen partie absorbée par la durée croissantedu chômage indemnisé, ou pire par le bas-culement vers des dispositifs de revenuminimum.

Enfin,soulignonsqu’uncertainnombrede sorties de l’emploi sont dues à des situa-tionsdemaladie ou d’invalidité. Làaussi, lerelèvement de l’âge de la retraite allonge ladurée de ces situations, voire accroît lenombre de personnes concernées. Leursrevenus de remplacement ont des mon-tantssouvent modestes. Toutesces formesdeprolongationdesituationsfragilespour-raient avoir des conséquences néfastes surl’espérance de vie elle-même.

Il ne s’agit pas de considérer que desvies de travail plus courtes soient un gagede progrès social, alors que la vie dans sonensemble s’allonge. La concentration de lavie professionnelle sur les 25-55 ans, trèssensible dans les années 1980-1990, a eudes effets néfastes, et pas seulement sur lefinancement des pensions. Elle peut pro-voquer une usure prématurée, ce donttémoigne la montée des inaptitudes à desâges jeunes. Cette concentration a diver-ses causes dans les pratiques des entrepri-ses et des administrations en matièred’emploi, de santé au travail, de forma-tion professionnelle. Infléchir ces prati-ques relève d’initiatives concrètes.

Les « mesures d’âge » dont parle Fran-çois Héran ne constituent pas, à notresens, le bon levier pour faire progresser lenombre et la qualité des emplois des sala-riés âgés. Le risque serait alors de creuserles inégalités sociales de longévité, dont ila raison de souligner l’ampleur. p

Unenfant sur cinqestensurpoids

ouobèse enEurope,cequi devrait conduireàune surmortalitéàl’âgeadultede50 % à 80 %»

L’espérancede vie n’augmenteraplusL’Insee sous-estimeles maladies chroniques

Lesscénariosde risquesontdisparates,

aucunargumentscientifiquenepermetdeles départager

RobertDelormeProfesseur émérite à l’universitéde Versailles-Saint-Quentin-en-YvelinesAuteur de « Deep Complexity andthe Social Sciences » (« complexitéprofonde et sciences sociales »,éd. Edward Elgar, 2010, non traduit)

Prévention ouprincipede précaution? Une questioninsoluble scientifiquementLadécisionpubliquefaceàl’incertitude»doitêtrerevue

AnnieJolivetEconomiste à l’Institutde recherches économiqueset sociales (IRES)

Serge VolkoffStatisticien, ergonome,directeur du Centre de recherchesergonomiques sur l’âge et lespopulations au travail (Créapt)

Il faut seméfier des «mesures d’âges»L’âgede la retraiteest un critère à relativiser

DébatsDécryptages 150123Vendredi 24 septembre 2010

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InternationalAlain Frachon

L entement, silencieusement,les mafias italiennes –’Ndran-gheta,CamorraetCosaNostra

– ont colonisé le monde. Les dépla-cements des boss mafieux reflè-tent exactement la mondialisationdes capitaux. Certes, ce phénomè-ne n’est pas nouveau, souligneFrancesco Forgione, mais il estdésormais la norme.

Et si elles ont conquis une placedepremierrangdanslamondialisa-tion, ce n’est pas seulement dansleur dimension criminelle, mais ens’appuyant sur leur système d’en-treprises, sur leurs participationsfinancières dans des sociétés et desétablissements de crédit, et sur uneextraordinaire capacité à faire cir-culer les capitaux. « Les mafias par-ticipent activement aux processusd’internationalisation économiqueet financière; avec la force de petitsEtats, elles contribuent à la forma-tion du PIB [produit intérieur brut]mondial», explique-t-il.

HypocrisieLes revenus annuels de ces trois

mafias oscillent entre 120 et180milliards d’euros, soit plus quela somme des PIB de la Slovénie, del’Estonie et de la Croatie. Les bénéfi-ces sont estimés à quelque 80mil-liardsd’euros, soit environ le PIB delaRoumanie.Seuleunepartie,envi-ron 40% à 50%, est réinvestie dansles activités criminelles tradition-nelles (drogue, armes, etc.), le resteentre dans l’économie légale souslesformeslesplusdiverses.EnEspa-gne, par exemple, il a suffi d’inves-tirdansletourismeetdansl’immo-bilier pour blanchir l’argent sale. Atel point que la Costa del Sol a étérebaptisée la « Costa Nostra ». Ettout cela grâce au concours d’avo-cats, experts en droit international,de directeurs de banque, de fonc-tionnaires et de politiques.

Le livre de Francesco Forgionen’est pas une simple description dece que représentent aujourd’huiles mafias dans le monde. Ce jour-nalistede 49ans,originairede Cala-bre, ex-député et porte-parole de la

RifondazioneComunistaàl’Assem-blée générale de Sicile, qui a dirigéla commission anti-Mafia du Parle-ment italien et enseigne aujour-d’hui l’histoire et la sociologie desorganisations criminelles à l’uni-versité de L’Aquila, en profite aussipour dénoncer l’hyprocrisie despays qui continuent de fermer lesyeux surla présencede la mafia ita-lienne sur leur sol. Jusqu’à unearrestation spectaculaire, une prisede drogue exceptionnelle ou enco-re un véritable bain de sang.

A l’instar de l’Allemagne – paysle plus touché en Europe selonl’auteur –, dont la police criminelleconnaissait tout depuis 2000 surles familles mafieuses de San Luca(Calabre). Installées à Duisburg,elles prospéraient tranquillement,jusqu’au « massacre de l’Assomp-tion », le 15 août 2007, au coursduquel six jeunes Calabrais ont étéabattus. Le crime serait le résultatd’une lutte sans merci entre deuxclans:lesNirta-Strangioet lesPelle-Vottari-Romeo.

« Malgré l’événement et sonretentissement international, unegrande partie du monde politiqueetinstitutionnelallemandfaitenco-re semblant de ne pas compren-dre », s’insurge l’auteur. L’Allema-gne n’est pas un cas isolé. L’Europene veut pas voir. Elle est pourtant,avec les Etats-Unis, le premier mar-chéde la cocaïne, donc durecyclagede l’argent de la drogue.

A travers plusieurs histoires –dont celle de Giovanni Strangio, lecommanditairedelatueriedeDuis-burg –, Francesco Forgione livre undocument captivant grâce auquelon comprend mieux le fonctionne-ment de cette Pieuvre, et commentces criminels circulent, agissent ettrafiquent.p

Nathalie Brafman

L’Unioneuropéenne,ce«nain budgétaire»

Lelivredu jour

O n s’en veut de s’apitoyerencore sur l’Europe,quand la politesse com-

mande de ne pas tirer sur lesambulances. On s’en veut de poin-ter à nouveau une faiblesse de cet-te « Europe instituée » – pourreprendre la belle expression dupolitologue et géographe MichelFoucher. L’Europe pèse moinsque jamais sur la scène internatio-nale ; elle suscite, au mieux, l’in-différence des opinions publi-ques à l’intérieur de ses frontiè-res ; enfin, ses dirigeants viennentde se livrer, à propos des Roms, àun étonnant spectacle pugilisti-que. Mais voilà, à tout cela, quiaccable déjà la bête, il faut ajouterun autre mal : elle est en faillite,l’Europe, en faillite financière s’en-tend.

Il ne s’agit pas de la dette souve-raine cumulée des membres del’Union européenne (UE), mais dubudget de cette dernière – budgetde fonctionnement et d’investis-sement. A Bruxelles, les caissessont vides !

Sur le front de l’actualité euro-péenne, la bataille budgétairesera la bataille de l’automne, cellequi va dominer l’activité du Parle-ment de l’Union. Elle risque d’être

sanglante. Pour la première fois,elle se déroule cette année selonles règles du traité de Lisbonne.Entré en vigueur en 2009, il fixeles modalités de fonctionnementd’une Union à 27 membres. Ellesmarquent, en matière budgétaire,un progrès important : elles don-nent le dernier mot au Parlement.Avis aux esprits chagrins : s’il estun domaine dans lequel l’UE necesse de progresser, c’est celui desa démocratisation et, notam-ment, des pouvoirs conférés aux736 membres de son Parlement.Voilà une Assemblée digne d’unedémocratie : elle vote le budget.

Les bonnes nouvelles s’arrê-tent là. La Commission a soumiscet été un projet de budget 2011de l’ordre de 126,6 milliards d’eu-ros, soit 1,02 % du produit natio-nal brut (PNB) de l’Union. Crise etdette publique obligent, c’est unbudget d’austérité : la priorité desEtats membres est de restaurerleurs finances publiques, pas d’ali-menter celles de l’Union. Maisc’était encore trop pour le Conseileuropéen, qui a corrigé ce canevasà la baisse (Le Monde du 18 août)avant de le soumettre à la com-mission des finances du Parle-ment européen.

Par l’une des rares bonnes for-tunes de l’Europe en ce moment,ladite commission est présidéepar le Français Alain Lamassoure(UMP). Sur les affaires de l’UE,c’est un homme aussi éclairéqu’éclairant, chez qui l’expérien-ce et le sens des réalités n’ont pastué l’enthousiasme pour l’aventu-re européenne. Il dit les chosescomme elles sont : « C’est l’impas-se, le blocage budgétaire. »

L’UE est devenue un « géantlégislatif », explique-t-il. A chaquenouveau traité – Maastricht(entré en vigueur en 1993), Ams-terdam (1999), Nice (2003), Lis-bonne (2009) –, le Conseil euro-péen a ajouté des compétences à

l’Union. En clair, cela veut direque les chefs d’Etat et de gouver-nement lui ont assigné de plus enplus de tâches : énergie, environ-nement, recherche, enseigne-ment supérieur, création d’un ser-vice diplomatique de6 000 agents, etc.

A chaque nouveau champ d’in-tervention auraient dû correspon-dre de nouvelles ressources pourl’Union. Mais, solidement installédans une royale désinvolture, leConseil n’a jamais voulu doterl’UE de moyens à la hauteur deses nouvelles fins. Au contraire,plus l’UE a de missions propres,moins elle a de ressources : sonbudget représentait 1,28 % duPNB européen au milieu desannées 1980, 1,02 % aujourd’hui…

D’où cette impression que l’Eu-rope est une puissance velléitairedont les sommets accouchent deprojets grandioses qui ne voientjamais le jour. Souvenez-vous decelui de Lisbonne où le Conseildécrète que l’Europe va se doterde « l’économie de la connaissan-ce la plus compétitive du mon-de » ! Cocasse et triste à la fois :l’Europe, combien de brevets ?

Si l’Union est devenue un« géant législatif », elle est un« nain budgétaire », poursuitM. Lamassoure. A sa naissance,avec le traité Communauté euro-

péenne du charbon et de l’acier(CECA, 1951), elle dispose de res-sources propres : les droits dedouane perçus à ses frontières (letarif extérieur commun). Au fildes grandes négociations surl’abaissement mondial des barriè-res douanières, ces revenus dispa-raissent. Pour remplir les caisses,on décide en 1984, à titre provisoi-re, complémentaire, de doter l’Eu-rope de contributions de chacunde ses membres – calculées enproportion de leur PNB et de l’as-siette de leurs TVA respectives.

Le provisoire a duré; le complé-mentaire est devenu le principal.Aucune recette propre n’a plusété décidée. Aujourd’hui, l’essen-tiel du budget européen estconstitué des contributions natio-nales. C’est la ligne UE dans lesprojets de loi de finances des 27,aussi peu populaire chez lesgrands argentiers que chez lesélus nationaux.

Triomphe alors la logique ditedu « juste retour » – l’Europe doitme ramener autant que je lui

apporte –, qui est l’antithèse del’esprit communautaire.

M.Lamassoure observe sobre-ment: hier, « les ministres desfinances ne voulaient pas payer» ;aujourd’hui, avec la crise, « ils nepeuvent plus payer». Il faut sortirdu blocage budgétaire européen.Il faut se dégager de la prison descontributions nationales.

Cela signifie une chose : recréerdes ressources propres pour l’Euro-pe. Majoritaire, le groupe conser-vateur au Parlement (le Parti popu-laire européen, PPE) propose d’ins-taurer un impôt européen (taxesur les transactions financières oules émissions de CO2). Plus inven-tif, M. Lamassoure suggère de fairepercevoir par l’Europe et de luiattribuer directement la TVA surcertaines importations hors UE(par exemple, sur les voitures).

Il propose une sortie par lehaut: le Conseil, le Parlement et laCommission se mettent d’accordsur la réunion au plus vite d’uneconférence budgétaire européen-ne qui serait chargée de formulerdans un délai d’un an un projet deressources propres pour l’UE encontrepartie d’une diminutionradicale des contributions nationa-les. Mais il n’exclut pas un scéna-rio de crise qui verrait le Parle-ment refuser de voter le budget del’UE – si rien ne change… p

Mafia Export . Commentles mafias italiennesont colonisé le mondeFrancesco ForgioneActes Sud, 304 p., 23 ¤

Il faut sedégagerdela prisondescontributionsnationales

DécryptagesAnalyses

La Pieuvremondialisée

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Danse

F risson électrique et soiréehistorique, mercredi 22 sep-tembre, au Palais Garnier, à

Paris, pour la rentrée du Ballet del’Opéra. Le programme spécialconsacré au chorégraphe RolandPetit, 86 ans, composé de trois piè-ces de jeunesse, a tout d’un cas-ting de luxe.

Suivons la chronologie. PourLe Rendez-vous (1945) : PabloPicasso a imaginé le rideau de scè-ne et Jacques Prévert l’argument,Brassaï a réalisé des photogra-phies, Joseph Kosma a écrit lamusique. Pour Le Jeune Hommeet la Mort (1946) : Roland Petit acréé cette pièce pour le danseurJean Babilée, l’argument est deJean Cocteau, le décor de GeorgesWakhévitch et la musique deBach.

Reste la pièce la plus attendue,la plus insolite aussi, Le Loup(1953), qui n’a pas été repris depuis1996. Jean Anouilh et GeorgesNeveux signaient le scénario,Carzou les toiles peintes et les cos-tumes. Henri Dutilleux écrivit lapartition en trois mois, livrant cha-que jour à Roland Petit quelquesminutes de musique à chorégra-phier. Agé de 94 ans, le composi-teur était impatient de revoir leballet, splendide anomalie entreconte naïf et fable morale.

D’emblée, le personnage duloup explose. Visage ultra-maquillé autour de deux énor-mes crocs qui lui pendent de labouche en permanence, il grima-ce en ouvrant grand la gueule. Unmasque pour le moins difficile àajuster que le danseur étoile Sté-phane Bullion réussit à rendrecurieusement proche sans y per-

dre pour autant son aura fantasti-que et effrayante. En quelquesminutes, l’histoire de ce loup,dont s’éprend une jeune mariée(l’étoile Emilie Cozette) délaisséele jour de ses noces par son hom-me pour une gitane, prend sa pla-ce et sa saveur bizarre. L’anoma-lie le reste jusqu’au bout, entrete-nue par des costumes bariolés

d’un folklore imaginaire pour tra-gédie amoureuse.

Pour soutenir les multiplespéripéties de ce ballet qui ne dureque trente-trois minutes, la musi-que de Dutilleux se révèle d’uneextrême intelligence narrative.Sa texture, riche mais limpide,ses contrastes entre friselis de flû-tes et violons qui griffent, assu-

rent à la pièce une dramaturgiesans faille. Elle en module leshauts et les bas, dilate lesmoments-clefs sans jamais for-cer les effets.

La musique conduit la dansethéâtrale de Roland Petit, aiguiseson sens de la narration : chez lui,chaque geste a son mot à dire etchaque mouvement est un texte

à sa façon. Les pas de deux déclen-chent des trouvailles saisissan-tes. Le chorégraphe sait raconterle désir, le sexe, le choc irrésisti-ble de deux corps qui se cher-chent et se trouvent. Il ose desacrobaties éberluantes, des postu-res explicites mais jamais grossiè-res. Aussi appuyé soit parfois letrait, le Kama-sutra selon RolandPetit est juste dans l’expressiondes élans comme dans celui dessentiments.

L’amour est malheureuse-ment tragique dans les pièces dePetit. Les femmes y sont fatales.Brunes le plus souvent et les che-veux courts. Lorsque Zizi Jean-maire triomphera, en 1949, dansCarmen, c’est Roland Petit, muéen coiffeur, qui lui aura taillé soncasque brun.

Mercredi 22 septembre, dansle duo du Jeune homme et lamort, comme dans Le Rendez-vous, les deux héroïnes se ressem-blent en tout point ou presque.Allumeuses et croqueuses, ellessont aussi tueuses. Elles jouent

avec les hommes, les humilientet les poussent jusqu’à la mort enleur montrant du doigt la cordepour se pendre quand elles ne lestrucident pas elles-mêmes. Som-bre vision d’un féminin quidevient le bras du destin.

Le destin, Roland Petit l’aquant à lui joliment provoqué, nelaissant à personne d’autre lesoin d’imaginer ce qu’il avait à fai-re. Dans son spectacle autobiogra-phique intitulé Les Chemins de la

création, présenté en 2004 auThéâtre Jean-Vilar, à Suresnes, lechorégraphe, plus que parfait enshow-man, racontait sa vie et lacréation de ses ballets – plusd’une centaine depuis les années1940 – comme autant de coupsd’éclat. Pour Le Rendez-vous, parexemple, c’est en discutant avecPrévert que Petit eut l’idée, pourla seconde fois en deux ans, detaper à la porte de Picasso. Il repar-tit avec une toile sous le bras.

A Garnier, plus de soixante ansaprès, avoir la chance de contem-pler pendant de longues minutescette immense œuvre de Picassoen écoutant la chanson des« Enfants qui s’aiment… », de Pré-vert, interprété en direct et à l’ac-cordéon, est un des plaisirs colla-téraux du programme. En deuxheures, il nous plonge dans l’his-toire d’un homme, de la danse etde la scène artistique, sansoublier celle d’un Paris populaireque les photos de Brassaï, commele décor de Wakhévitch, nous rap-pellent. Un paquet cadeau à saisirpour une rentrée parisienne dehaut vol. p

Rosita Boisseau

Programme Roland Petit : « Le Rendez-vous », « Le Loup », « Le Jeune hommeet la mort ». Jusqu’au 9 octobre, à19 h 30. Le 25 septembre, les 2 octobreet 9 octobre, à 14 h 30 et 20 heures. Le26 septembre, 14 h 30. Tél. :08-92-89-90-90. De 8 ¤ à 89 ¤. Le ven-dredi 24, la soirée commence par le« Défilé du Ballet ».Tarifs spéciaux de 10 ¤ à 130 ¤.

Opéra

E ugène Onéguine, de Tchaïko-vski, est la dernière des troisanciennes productions qui

ouvrent la saison à l’Opéra deParis – après Le Vaisseau fantôme,de Wagner, et L’Italienne à Alger,de Rossini. Entrée au répertoire en1995 sous l’ère d’Hugues Gall, cet-te mise en scène de l’AllemandWilly Decker, en est à sa quatrièmereprise après 1996, 1998 et 2003,qui avait révélé au public parisienle chef d’orchestre russe VladimirJurowski.

Quid en 2010 ? Hélas ! pourWilly Decker, personne n’a oubliél’éblouissante production venuedu Bolchoï, en septembre 2008,au Palais Garnier et mise en scènepar le jeune Dmitri Tcherniakov,une production de Gerard Mor-tier, actuellement au Teatro Realde Madrid, passé sous la directiondu Gantois (Le Monde du 11 sep-tembre 2008).

C’est cette production que l’onaurait aimé revoir, lundi 20 sep-tembre, sur la scène, même tropgrande, de l’Opéra Bastille, au lieude la roide abstraction qui s’articu-le dans les décors conçus par Wolf-

gang Gussmann : une grande boî-te de guingois, dont le fond s’éclai-re du ciel bleu d’été (les moissonset la rencontre de Tatiana etd’Onéguine), avant la nuit noiredu bal chez les Larine (qui verraéclater la dispute entre Onéguineet son ami Lenski, dont il a courti-sé la fiancée, Olga), puis les lueursglaciales de l’aube (le duel et lamort de Lenski) et du mariage

(Tatiana est devenue la femme res-pectée du Prince Grémine).

Du champ de blé à la neige sale,du canapé rouge bourgeois auxmarbres noirs princiers : perdusdans le vide d’un univers sans lamoindre connotation psychologi-que, les chanteurs se croiserontsans se rencontrer, tour à tourjetés au sol ou contre les murs,objets de passions violentes oumortifères, cependant qu’une

immense lettre leur sert de pointde ralliement. La première est lalettre d’amour exaltée de Tatiana,qui lui reviendra en boomerangdes mains railleuses et méprisan-tes d’Onéguine. La deuxième est lamissive d’adieu au monde du poè-te Lenski ; la dernière enfin, rageu-se et désespérée, celle d’Onéguine,touché par un amour devenuimpossible.

Lachaleur dela musique contre-balance heureusement la froideurdu plateau : Olga Guryakova, quiinterprétait déjà Tatiana enmars 2003, a su conserver la fraî-cheur d’un rôle qu’elle connaîtmieux que sa poche. Découvertdans le rôle-titre de Fortunio, deMessager, qui avait fait l’ouvertu-re de saison à l’Opéra-Comique en2009, le ténor canadien, JosephKaiser, est un Lenski passionné(qu’on aimerait plus nuancé).

Rien à dire du solide Prince Gré-mine de Gleb Nikolski, si ce n’estqu’il fallait cette stature pourtenir tête au hiératique Onéguinede Ludovic Tézier, lequel faisait làprise de rôle à l’Opéra de Paris.Ludovic Tézier quittera-t-il unjour le sacerdoce d’une virilitécompassée – et encombrante ? On

l’espère, car cet excellent barytonque le public parisien a pu applau-dir récemment dans les rôles deMarcello (La Bohème, de Puccini),Renato (Le Bal masqué, de Verdi),sans oublier Albert dans le Wer-ther, de Massenet mis en scène parBenoît Jacquot, oppose le mêmeton à tous ses personnages.

Le Chœur de l’Opéra n’a pu évi-ter une chorégraphie d’un autreâge mais la partition est sûre. Onregrettera que la belle directionaux tempos très larges (parfoistrop) du jeune Vasily Petrenko,âgé de 34 ans, porte certes le« Soleil noir de la Mélancolie »,mais manque parfois d’une plusfranche et sombre noirceur. p

Marie-Aude Roux

Eugène Onéguine, de Tchaïkovski.Willy Decker (mise en scène), Athol Far-mer (chorégraphie), Orchestre etChœur de l’Opéra national de Paris,Vasily Petrenko (direction). Opéra Bas-tille, le 20 septembre. Prochaines repré-sentations le 29 septembre et les 5, 8 et11 octobre, à 19 h 30 ; le 26 septembre, à14 h 30. Tél. : 08-92-89-90-90. De 5 ¤ à140 ¤. Operadeparis.frDiffusion sur France Musique le 2 octo-bre, à 19 heures.

Lerituel duDéfilé du corps deballet

Lechorégraphea tapéàla portede Picasso,pourlaseconde foisendeux ans.Ilenestreparti avecunetoile sous le bras

La Jeune fille (Emilie Cozette) dans les griffes du Loup (Stéphane Bullion). AGATHE POUPENEY/FEDEPHOTO

L’OpéradeParisfêtel’éternellejeunessedeRolandPetitTrois de ses ballets des années1940 et 1950 renaissent à Garnier. Cocteau, Prévert, Picasso, Dutilleux étaient du casting

LA RENTRÉE du Ballet de l’Opérade Paris se fait avec le Défilé, uneparade d’une quinzaine de minu-tes sur la « Marche » des Troyens,de Berlioz. Il a ouvert, mercredi22 septembre, la soirée RolandPetit. Il rassemble les 150 dan-seurs du Ballet et les 125 élèves –les « petits rats » – de l’Ecole dedanse.

Un éclat de tutu blanc commeun morceau de miroir surgitdans l’obscurité de la scène. Unepetite fille se redresse et la mar-

che commence. Par vagues, lesfemmes d’abord, puis les hom-mes, arrivent du fond du Foyer(situé derrière le plateau) et des-cendent jusqu’au proscenium,soit 46 mètres réverbérés par unimmense miroir. La majesté de lahiérarchie se donne à voir dansune magique simplicité. Les jeu-nes élèves ouvrent le cortègecomposé des Quadrilles, des Cory-phées, des Sujets, des premiersdanseurs et enfin des étoiles. Aunombre de dix-huit actuelle-

ment, les étoiles apparaissentune par une, de la plus fraîche-ment nommée jusqu’à la plusancienne, et viennent saluer lepublic. Certaines font les der-niers mètres en accélérant le pasou en courant. Nicolas Le Riche afermé le défilé et invité la compa-gnie à se mettre en place pour letableau final.

Imaginé en 1926 par Léo Staatssur la « Marche » de Tannhäuser,de Richard Wagner, donné deuxfois seulement, le Défilé, sur la

partition de Berlioz, fut remis augoût du jour par le chorégrapheSerge Lifar en 1947. L’espace d’uninstant, la communauté des dan-seurs se tient réunie dans unemême énergie. La beauté de latransmission et du temps qui pas-se se lit dans cette marche en bou-cle qui pourrait durer des heurestant elle hypnotise. Un momentde reconnaissance des artistes etdes spectateurs, du travail desuns et du plaisir de tous. p

R. Bu

Lachaleurdela musiquecontrebalanceheureusementlafroideur duplateau

Lespassionsd’«Eugène Onéguine» surun froid plateauDébuts à l’Opéra Bastille du chef Vasily Petrenko et prise de rôle pour le baryon Ludovic Tézier

Culture

Gleb Nikolski (le Prince Grémine) et Olga Guryakova(Tatiana). CHARLES DUPRAT

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Théâtre

A ttention, petit bijou auThéâtre des Bouffes duNord : devant les célèbres

murs décatis de cet antre toujoursmagique, la comédienne britanni-que Kathryn Hunter, seule en scè-ne, joue, sous le titre Kafka’s Mon-key (« Le Singe de Kafka») l’un destextes les plus brièvement percu-tants de l’écrivain pragois : Rap-port pour une académie. Jouer,c’est peu dire, tant Kathryn Hun-ter habite ce récit étrange de tou-tesles cellules de sonêtre de–gran-de – comédienne.

Rapport pour une académie,c’est un peu La Métamorphose àl’envers. Autrement dit, au lieud’un homme qui devient bête – uncafard, en l’occurrence –, une bêtedevient homme. Oyez !, oyez !,donc, braves gens, l’histoire dePeter le Rouge, qui fut d’abord unchimpanzé bien tranquille, dansla région de la Côte de l’Or, en Afri-que, avant d’être capturé par deschasseurs!

Enfermé, sur un bateauvoguant vers l’Europe, dans unecaisse « trop basse pour qu’on puis-

se y tenir debout, et trop étroitepour qu’on puisse s’y asseoir »,Peter le Rouge, selon le surnomqu’on lui donnera plus tard,quand il sera devenu l’une desvedettes des cabarets de Ham-bourg,cherche uneissue, et la trou-ve : « La place d’un singe est contrela paroi d’une caisse – eh bien il neme restait plus qu’à cesser d’êtresinge. »

Dans ce chemin pour devenirhumain, Peter le Rouge doit sur-monter nombre de répugnancesface àla grossièreté des hommes. Ilpeine à supporter l’odeur d’huma-nité qui commence à s’accrocher àlui. Mais il réussit : « Ma naturesimiesquebascula, elle fut furieuse-ment expulsée hors de moi-même,à telle enseigne que mon premiermaître fut sur le point d’être lui-même changé en singe et qu’il dutêtre emmené dans un asile.» Deve-

nu un vrai singe savant, Peter,pourtant, constate qu’il n’a lieu« ni de [se] plaindre, ni de [se]réjouir ».

Il a trouvé une issue, certes.Laquellen’a rien àvoir avec la liber-té. Il est seul. « Quand, à une heureavancée de la nuit, je reviens d’unbanquet ou de la séance d’unesociété savante, une jeune femellechimpanzé à demi dressée m’at-tend et me donne du bon tempsavec elle, à la manière des singes.De jour, je ne peux pas la voir ; il y adans son regard l’égarement et letrouble de la bête dressée. »

CommetousceuxqueFranzKaf-ka a écrits aux alentours de 1917, cerécit à l’humour grinçant ouvredes abîmes, cernant le mystère,l’approfondissant sans jamaisl’éclaircir. Walter Meierjohann, unmetteur en scène allemand de39ans que l’on ne connaissait pas,mais qui a été, entre autres, l’assis-tant de Klaus Michael Grüberavant de prendre la codirection duYoung Vic Theatre de Londres, où ila créé le spectacle, installe KathrynHunter dans un espace sobre, quirecrée visuellement la dimensionsurréelle du récit.

En frac et chapeau haut-de-for-me noirs, la comédienne, que l’ona pu voir dans Fragments, deSamuel Beckett, mis en scène parPeter Brook, donne corps à cettecréature mi-bête mi-homme, nibête ni homme, obligée de nierson identité pour pouvoir vivreune vie décente. La manière dontelle décline, de son corps menu etandrogyne, les infinies nuancesd’une gestuelle humano-simies-que est tout à fait saisissante.Alors c’est une sorte de GrouchoMarx tragique que l’on observe,fasciné, ému, troublé. p

Fabienne Darge

Kafka’s Monkey, d’après « Rapportpour une académie », de Franz Kafka.Mise en scène : Walter Meierjohann.Adaptation : Colin Teevan.Avec Kathryn Hunter.Théâtre des Bouffes du Nord,

37bis, boulevard de la Chapelle, Paris10e. Mo La Chapelle. 01-46-07-34-50.Jusqu’au 2 octobre. Du mardi au vendre-di, à 21 heures ; le samedi, à 15 h 30 et à21 heures. De 14 ¤ à 28 ¤. Durée : 55 min.En anglais surtitré. Bouffesdunord.com

Internet UninternautecondamnéestsoutenuparlecinéasteJean-LucGodardUn internaute français, James Cli-ment, 37 ans, condamné en juin àpayer 20 000 euros pour avoirtéléchargé et diffusé illégalement13788 fichiers, en majorité musi-caux, affirme avoir reçu le sou-tien du cinéaste Jean-Luc Godard.Ce dernier lui aurait fait parvenir,en août, la somme de 1 000 euros.Il aurait reçu également, « lasemaine dernière », un mot « écritde la main » du cinéaste, qu’il apublié sur son blog : « Acquis dedroit et plus encore de devoir, Sur-couf, Jean-Luc Godard». – (AFP.)

Les eurodéputés pour unerépression du piratageLe Parlement européen a adopté,mercredi 22 septembre, par328 voix contre 245 (83 absten-tions), une résolution visant àmettre en place des mesuresrépressives contre les échangesillégaux de musique ou de filmsvia Internet. Les eurodéputésaffirment « qu’il convient decréer, dans le cadre juridique euro-péen, un droit de recours contreles personnes portant atteintesaux droits de propriété intellec-tuelle ». Ils déplorent que lesnégociations portant sur l’instau-ration de « sanctions pénales »contre les pirates du Web « n’ontpas abouti ». Ce texte, refusé parla Gauche et les Verts, n’a pas devaleur contraignante. – (AFP.)

Numérisation Le ministèrede la culture présente4 projets de numérisationde contenus culturelsLe ministre de la culture, FrédéricMitterrand, a présenté, mercredi22 septembre, quatre projets, esti-més à 100 millions d’euros, qui« ont toutes les chances » de voir lejour dans le cadre d’un plan de750 millions d’euros consacrés àla numérisation des contenusculturels : la numérisation de3000 films postérieurs à 1929, de400000 livres, la mise en placede vidéos à la demande en parte-nariat avec l’INA, et d’un kiosquenumérique de la presse.

125millions pournumériser des sallesUne enveloppe de 125millionsd’euros sera consacrée au finance-ment du passage au numériquedes salles de cinéma les plus fragi-les (environ 1 500 sur un parc de5470 écrans), a confirmé, le minis-tre de la culture, Frédéric Mit-terrand, mercredi 22septembre,lors du congrès des exploitants àDeauville (Calvados). Cette som-me émane pour l’essentiel du Cen-tre national de la cinématogra-phie (CNC), mais aussi des collecti-vités locales. Les premiers dossiersseront examinés dès la « mi-octo-bre», a ajouté le ministre. L’annon-ce ministérielle visait à calmer lesinquiétudes des exploitants qui,en dépit d’une fréquentation tou-jours en hausse, font valoir descharges d’exploitation de plus enplus lourdes et un prix moyen dubillet en baisse (6,15euros). – (AFP.)

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DE LA MISÈRESOCIALE

À L’ESPOIR«LULA»

Une grande puissance est née.A quel prix ?

En 2008, Peter Brook, le maîtrefondateur des Bouffes du Nord,aujourd’hui âgé de 85ans,décidait de donner à «son» théâ-tre un avenir, en choisissantpour lui succéder un duo venudu monde de la musique: OlivierMantéi et Olivier Poubelle.En cet automne 2010, la nouvel-le direction est installée. Elle lan-ce sa première saison. Donnerleur chance à de jeunes talents,explorer de nouvelles voies dansle théâtre musical, renforcer l’of-

fre de concerts : le projet, sédui-sant sur le papier, pourrait êtredifficile à concrétiser, faute demoyens.Les Bouffes du Nord, théâtre pri-vé mais doté de subsides del’Etat, ont vu leur subvention,qui était de 1,3million d’euros en2009, réduite de moitié en 2010.Celle-ci pourrait être encoreminorée en 2011. Et mettre ainsien péril l’identité de cette sallemythique, connue dans le mon-de entier.

Musique

F idèle à sa réputation de pas-seur des avant-gardes appa-rues en terre germanique, le

Festival d’Automne, à Paris, pro-gramme cette année un large por-traitdePierluigiBillone. Ce compo-siteur italien de 50 ans s’est révéléen Allemagne avant de se fixer enAutriche.Deuxde sesœuvres four-nissaient la matière du concertd’ouverture du festival, mercredi22 septembre, dans l’amphithéâ-tre de l’Opéra Bastille. Soixante-quinze minutes de musique quiaugurent bien du cycle Billone quicontinuera avec deux autres ren-dez-vous jusqu’à la fin novembre.

Billone a été tardivement pré-senté en France, en 2002, lors d’unconcert « Tremplin » de l’Ensem-

ble Intercontemporain. L’Italienreste pour beaucoup un inconnu.Il possède pourtant un universbienà lui, fait de rumeurs galopan-tes et de cataclysmes éruptifs.

Sondomaine musical est lebrui-tisme instrumental, un champ oùplusieurs compositeurs font réfé-rence, comme Salvatore Sciarrinoou Helmut Lachenmann. Cesnoms sont même écrasants pourbien des nouveaux venus. Pierlui-giBillonea pourtantréussi àimpo-ser sa marque, notamment avecMani. Long, une magnifique piècepour ensemble, inspirée des sculp-tures Land Art du BritanniqueRichard Long.

L’aspect visuel est spectaculairedans ce type d’œuvres. On y voitun bassoniste et un joueur de clari-nette basse frotter une cymbale

arborée sur la poitrine comme undisque solaire, un trompettiste semarteler le thorax entre deuxincantations, une altiste monolo-guer dans une langue inintelligi-ble au moment où un percussion-

niste laisse tomber une lourdechaîne… On aperçoit aussi un pia-no et un célesta sans jamais distin-guer leur timbre habituel.

La colonne vertébrale de Mani.Longest constituée de galets entre-choqués (écho des pierresrecueillies puis alignées par

Richard Long) et de plaques de tôlesecouées au sein d’un phénomèneondulatoire à caractère sauvage.

Ouverts par effraction commedes coffres-forts recelant des tré-sors inouïs, les instruments tradi-tionnels semblent se découvrirune nouvelle nature. Le composi-teur impressionne à chaque ins-tant – intensément relayé par l’en-semble L’instant donné – à traversdes trouvailles qui laissent parfoisbouche bée. Mais son art fonction-ne aussi dans la durée.

Scandée par des éléments derituels (gestes, voix), la musiquede Billone s’élève dans une sortede culte de la stupeur. Kosmoi.Fragmente (traduisible du grec par«fragments d’univers ») se déploiedans le même registre. Donnée encréation, cette pièce d’une demi-

heure pour voix et sept instru-ments comporte son lot de sonori-tés inédites, effilées (tintementd’un verre de vin géant) ou dila-tées (plaques de tôle en forme deU) pour accompagner l’hypnoti-que activité vocale d’une sopranoqui, sans recourir au moindre tex-te, passe de frémissements en pal-pitations comme à la recherched’un antique chant de sirène. p

Pierre Gervasoni

Pierluigi Billone. « Mani. Long », « Kos-moi. Fragmente ». Alda Caiello (sopra-no), Ensemble L’instant donné, JamesWeeks (direction). Opéra national deParis, Place de la Bastille, Paris 12e, le22 septembre. Concert diffusé sur Fran-ce Musique, le 11 octobre, à 20 heures.Prochains concerts du cycle Billone, les17 et 29 novembre. Tél. : 01-53-45-17-17.

Dansles«bruits»dePierluigiBillone,ilyaautantàvoirqu’àentendreLe Festival d’Automne à Paris propose de découvrir, en trois temps, le compositeur italien, à l’Opéra Bastille

LeRocher de Palmer,un pari pourtoutes lesmusiques

Kathryn Hunter décline les infinies nuances d’une gestuellehumano-simiesque de manière saisissante. KEITH PATTISON

Uneincarnation saisissante du singe de KafkaAux Bouffes du Nord, à Paris, la Britannique Kathryn Hunter interprète, seule en scène, un texte de l’écrivain tchèque

Culture

V endredi24septembre,lavil-le de Cenon, située sur lescoteaux de l’aggloméra-

tion bordelaise, en face de la capi-tale, sera fière. Elle inaugurera leRocher de Palmer, lieu aux ambi-tions nationales, dédié aux cultu-res et musiques du monde.Durant vingt-quatreheures, à par-tir de 14heures, tous les stylesmusicaux – dont un opéra en fran-çais et en wolof produit par Migra-tions culturelles Aquitaine Afri-que, avec l’Opéra de Bordeaux –,vont faire vivre cet étrange etimposant rocher rouge aux for-mes pixelisées, œuvre de l’archi-tecte suisse Bernard Tschumi. Etla secrétaire d’Etat à la politiquede la ville, Fadela Amara, doitvenir confirmer le label « Acadé-mie des arts », le premier donnéau niveau national.

La petite ville de banlieue de23000habitants, longtemps stig-

matisée pour ses logementssociaux (50% du parc), ses problè-mes socio-économiques, son chô-mage, la cohabitation de dix natio-nalités, sera la seule d’Aquitaine àbénéficier d’un tel équipement.Coût de l’opération: 15,9millionsd’euros, dont 9millions financéspar la Ville. Le reste par l’Europe,l’Agence nationale pour la rénova-tion urbaine (Etat), la Région Aqui-taine, le conseil général de laGironde, la Communauté urbaine.

Quartier populaire«Il fallait un certain courage au

maire de Cenon [Alain David, PS],pour se lancer dans un projet cultu-rel de cette dimension, constateClaude Jean, directeur régional dela Direction régionale des affairesculturelles (DRAC) Aquitaine. Surle plan des aménagements cultu-rels, c’est très important qu’auniveau de l’agglomération, la rive

droite, avec le Rocher et la Média-thèque de Lormont juste ouverte,soit bien servie.»

Le bâtiment de 6700m2, estsitué en plein quartier populaire,à l’ombre de hautes tours. «Noussouhaitons intégrer tout le monde,dont la population de Cenon pourne pas être qu’un repère debobos», assure Patrick Duval,directeur artistique du lieu, fonda-teur et directeur de l’associationMusiques de nuit diffusion. Lapolitique tarifaire sera «agressi-ve» : de 8 à 15 euros le concert.

L’équipe de dix-huit salariés vadevoir faire vivre trois salles deconcert, de 650 à 1 200 places, etune salle dédiée aux stages et rési-dences d’artistes. Un centre dedocumentation, un atelier pourles résidences et une brasserietenue par le frère d’un chef étoilédu cru, complètent le dispositif.

Ce projet attise intérêts et

convoitises. Une scène de musi-ques actuelles (SMAC) d’agglomé-ration, une première nationale,qui réunit trois lieux de diffusionde musique, est en cours de mon-tage. Si le maire de Bordeaux,Alain Juppé, dont la municipalitéest associée à la mise en place duRocher, «ne craint pas que leRocher fasse de l’ombre aux institu-tions bordelaises» – des partena-riats sont même lancés – d’autres,à mots couverts, se demandentcomment faire vivre un tel équipe-ment au coût de fonctionnementde 2,2millions d’euros annuels.«Le pari est énorme, reconnaîtPatrick Duval. Mais cet équipe-ment a toute sa place et sa légitimi-té ici. » Sur la rive droite. p

Claudia Courtois

(Bordeaux, correspondante)

Le Rocher de Palmer, 1, rue Aristide-Briand, Cenon. Tél. : 05-56-74-80-00.

Lesinstrumentstraditionnelssemblent sedécouvrirunenouvelle nature

Cerécit àl’humourgrinçantouvredesabîmes,cernantle mystère

Maintenir l’identité des Bouffes

18 0123Vendredi 24 septembre 2010

Page 19: Le Monde du jour 2010 09 23

Higt-techet nostalgieLes souvenirs d’enfance ou d’adolescence sont un filon inépuisable pour les concepteurs d’objets high-tech. Bigben Interactive propose ainsi deux tourne-disques (ci-dessous, à gauche) (à partir de 89 euros) quirappellent les postes imposants des années 1960. Au-delà du design « sixties », ils permettent de copier les

vieux 33, 45 et même 78-tours ou les pas encore tout à fait désuetsCD sur une clé USB ou une carte mémoire de type SD. Pinel& Pinel signe la borne Arcade 80’s Trunk (à droite) destinée auxquadras en mal de jeux. La réédition contemporaine de cet objet

imaginé par le malletier parisien propose quelque soixante titresphares de l’histoire du jeu vidéo, dont l’incontournable Pacman ou le

légendaire Space Invaders. Mais la nostalgie a un prix :11 500 euros. Dans le même registre, Chevillotte

sort une table de jeux dessinéepar Eric Raffy (2 000 euros) etun flipper (4 290 euros). Le

goût du passé envahitmême la cuisine, avec ce

grille-pain, lecteur defichier MP3 aux formes

arrondies comme une vieilleTSF, de Russell Hobbs

(60 euros). p Joël Morio (PHOTOS DR)

C itroën C-Zéro, Peugeot iOnet Mitsubishi i Miev. Cestrois modèles, dont on peut

passer commande pour unelivraison en décembre, seront lesvedettes du Mondial de l’automo-bile de Paris, du 2 au 17 octobre,porte de Versailles. Et avoir eul’occasion de conduire cette tri-plette de voitures électriques aucours des dernières semaines don-ne l’occasion de tordre le cou àtrois idées reçues concernant lavoiture électrique.

Premier cliché : l’autonomieconstitue un problème rédhibitoi-re. Peugeot, Citroën et Mitsubishiassurent que leurs protégées peu-vent rouler jusqu’à 140 kilomè-tres voire 150. Franchement, pouraller aussi loin, il faut rouler« avec un œuf sous la pédale », etsurtout ne pas mettre en marchele chauffage ni la climatisation.En moyenne, il faut plutôt comp-ter sur une autonomie de l’ordrede 100 km. Au pire, 75 km si l’onest coincé dans des encombre-ments monstres ou si l’on accélè-re en permanence. A vrai dire,pour un véhicule destiné à un usa-ge urbain – sur ce plan, le contratpassé avec le client est clair –, untel rayon d’action apparaît plusque suffisant.

Lors des premiers kilomètres,l’électro-automobiliste ne cesse descruter fiévreusement l’ordina-teur de bord, qui calcule en perma-nence la distance qui reste à par-courir en se basant sur le style deconduite qui a prévalu lors desvingt derniers kilomètres. Il finitrapidement par se déstresser.

Deuxième cliché : l’univers dela voiture électrique impose derevoir ses habitudes de fond encomble. Or, recharger les batteriesne présente rien de compliqué. Ilsuffit de sortir un câble du coffre,de le connecter sur le côté de la voi-tureaprès avoir ouvertune trappe,puis de le brancher sur une prisede courant classique. Certes, il faut

disposer d’une prise de courantdans son garage. Pour le reste, rienn’est plus simple que de conduireces voitures. Pas d’embrayage,donc pas de vitesses à passer et pasde risque de caler. Pas davantagede carburant sur les mains à la sta-tion-service, et plus de coûteusesrévisions à programmer.

Dernier stéréotype : la voitureélectrique serait anémique etdésespérément ennuyeuse àconduire. Une objection sans dou-te générée par les voiturettes desterrains de golf ou l’idée saugre-nue – mais tenace – selon laquelleles autos sans permis fonction-

nent sur batteries. Or, c’est tout lecontraire. L’engin électrique seconduit naturellement en mode« cool » mais, il peut aussi démar-rer en trombe et réaliser des dépas-sements éclairs si on le sollicite. Ilfaut seulement prendre l’habitu-de de doser un peu différemmentla pression sur la pédale de freincompte tenu de la moindre iner-tie (frein moteur) de la tractionélectrique.

En revanche, il est exact quel’absence de nuisance sonoreconstitue un danger potentielpour les piétons et les cyclistes.Quant aux tarifs annoncés par lesconstructeurs – 30 000 euros, pri-me gouvernementale de5 000 euros déduite, ou des for-mules de location avec des loyersde 500 euros mensuels pendantcinq ans… –, ils permettent deconfirmer une seule évidence : lavoiture électrique est hors deprix.p

Tendance

C rème anti-âge, lait déma-quillant, gel douche, sham-pooing, ombre à paupières,

rouge à lèvres… de plus en plus decosmétiques sont fabriqués à lamaison par des adeptes qui bou-dent les rayons beauté des grandsmagasins. La tendance, commesouvent, est née aux Etats-Unisdans les années 1990 avec le savonet le maquillage. Sur Internet, denombreux blogs français propo-sent des astuces et des recettes aux« apprentis cosméticiens », quipeuvent aussi s’initier dans desateliers. Malgré un tarif élevé–990 euros la semaine –, les stagesBionessence organisés par SophieMacheteau, auteure de plusieurslivres consacrés au phénomèneparmi lesquelsBelle, bio, gourman-de: 80 recettesde beauté et decuisi-ne simples et originales, paru enoctobre 2009 aux éditions Vigot,ne désemplissent pas.

Si ce succès s’inscrit dans unmouvement plus large du retourau « fait maison », la prise deconscience collective de l’ineffica-cité, voire de la dangerosité desproduits industriels est un facteuressentiel. « La plupart des cosméti-ques contiennent 90 % d’eau ainsique des produits toxiques commeles parabens », explique SophieMacheteau. Pour connaître aveccertitude les ingrédients contenusdans un pot de crème, misez surlesboutiques spécialisées quiutili-sent des ingrédients biologiqueset garantissentune véritable traça-bilité des matières premières. Hui-les essentielles, beurres végétaux,colorants naturels ou cire: tous lescomposants sont obtenus à base

d’extraits de plantes ou de fruits.Avec moins d’emballage et untransport minimisé, fabriquer sescosmétiques est une démarcherésolument écologique. L’argu-ment économique a aussi sonimportance. « Le prix moyen d’unecrèmeest de 4ou 5euros etil est pos-sible de la conserver jusqu’à trois

mois », souligne Anne Vausselin,créatrice d’Aroma-Zone. En 2009,la marque a été la première àouvrirune boutique-atelierpropo-sant des cours thématiques à25 euros de l’heure.

Avant de se lancer soi-mêmedans la confection de cosmétique,il faut investir dans des ustensilesadaptés. Balance de précision,

minifouet, éprouvette, bécher,pipette, flacons et autres conte-nants constituent le kit parfait dupetit chimiste en esthétique.Ensuite, place aux mélanges. Pourobtenir une crème, il faut réussirl’alliance d’une huile végétale,comme le karité, ou le beurre decacao, et d’une eau florale, grâce àun émulsifiant. Celui-ci, issu descéréales, donne une texture plusou moins fluide à la préparation.Afin de préserver une crème plu-sieurs mois, un conservateur réali-sé à base de pépins de pample-moussepressés feral’affaire.A par-tir de cette base, chacun(e) ajoutehuiles essentielles, parfums, colo-rants, au gré de ses envies.

Comme pour la cuisine, certai-nes recettes demandent plus detechnique. « Réussir un fard àpaupières exige de maîtriser lemélange d’oxyde de fer pour lacouleur, d’une poudre – type ami-don de maïs –, d’un beurre végé-tal, sans oublier le mica qui donnel’aspect brillant », détaille SophieMacheteau. A en croire les adep-tes, ces cosmétiques sont aussi

efficaces que ceux vendus dans lecommerce.

« Mes copines ont toute unejolie peau, les huiles essentielles,notamment, sont des produitsexcessivement actifs », témoigneVénézia, passionnée par la botani-que depuis les années 1970, etauteure d’un blog de recettes(princesseaupetitpois.over-blog.com). Chaque plante a ses vertus :« Le bois de rose est antirides, lecyprès de Provence lutte contre lasensation de jambes lourdes, et lacriste-marine raffermit la peau,précise pour sa part Anne Vausse-lin. Même le fameux Q10 anti-âgeest un actif naturel qu’il est possi-ble d’acheter pur ! »

Si nombre de personnes sontattirées par le côté ludique et créa-tif, certaines précautions s’impo-sent toutefois. Car, produit natu-relne veutpasdireproduitsans ris-que. Certaines règles d’hygiène debase sont à respecter. Se laver lesmains, stériliser les flacons et net-toyer le plan de travail à l’alcool à90degrés permet d’éviter le déve-loppement de bactéries. Certaineshuiles essentielles utilisées à mau-vais escient peuvent égalemententraîner des réactions indésira-bles. Ainsi, appliquée pure, l’huileessentielle de cannelle attaque lapeau comme unebrûlure. Lesfem-mes enceintes, les personnes épi-leptiques et les bébés y sont parti-culièrement sensibles.

« Je recommande toujours auxclients de tester le produit sur le plidu coude afin de s’assurer qu’il n’ya pas de problème », prévient AnneVausselin. Des mises en gardenécessairespour éviter de se trans-former en apprenti sorcier.p

Hélène Guinhut

La voitureélectrique:unebagnole, une vraie!

Dernierstéréotype:lavoiture électriqueserait anémiqueetdésespérémentennuyeuseàconduire

La Citroën C-Zéro impose de revoir ses habitudes de fond encomble. DR

Produitnaturelneveutpasdireproduitsans risque.Certainesrèglesd’hygiènede basesontàrespecter

Roue libre Jean-Michel Normand

Aroma-Zone Boutique atelier,1, rue de l’Arbalète, Paris 5e.Ouverture mi-octobre d’une nou-velle boutique 42, boulevardSaint-Germain, Paris 5e.Vente en ligne sur www.aroma-zone.com. Stages à partir denovembre, renseignements et ins-criptions au 04-73-34-37-88 [email protected].

Bionessence Atelier, 25, avenuedes Mimosas, Boulogne-Billan-court (Hauts-de-Seine).

Stage du 22 au 26 novembre,990¤. Inscriptionsur www.bionessence.frTél. : 01-74-62-22-25.

Sur le Web Blogs de recettes decosmétiques : Princesseaupetit-pois.over-blog.com etPotionchaudron.canalblog.com

Livre «Belle, bio, gourmande:80recettes de beauté et de cuisi-ne simples et originales » (Edi-tions Vigot, 2009, 144p., 18,05¤).

Faireses cosmétiques, c’estchicCrèmes et maquillages «faits maison» se veulent écolos et économiques

&Vous

Ateliers, blogs et ouvrages pour apprentis cosméticiens

Rien de tel qu’un moment de détente pour optimiser les vertus d’un masque à l’argile. ALDO SPERBER/PICTURETANK

190123Vendredi 24 septembre 2010

Page 20: Le Monde du jour 2010 09 23

Carnet

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AU CARNET DU «MONDE»

Naissances

Aude CARASCO et Philippe PEREZont l’immense joie d’annoncer la naissancede leur fils

Hugo,

le 19 septembre 2010, à Paris.

Sacha, Marie, Sébastien ALBERTet leurs familles,

sont très heureux d’annoncer la naissancede

Raphaël,

le 14 septembre 2010,

8, rue Cannebière,75012 Paris.

Décès

L’Association française des arabisants

a l’immense tristesse de faire part de ladisparition de

M. Mohammed ARKOUN,professeur émérite

à l’université Sorbonne Nouvelle - Paris 3.

Elle s’associe de tout cœur au deuilde sa famille et de ses proches.

Gif-sur-Yvette. Chamonix.

Catherine Blanc-Dunand,son épouse,

Nicole Boccon-Gibod,sa belle-mère,Stéphane (†), Juliette, Hélène, Maxime,

Adrien et Alexis,ses enfants,

Anna, Adélie, Philémon, Alice, Oriane,Victoire, Herminie, Prosper, Sashaet Lily,ses petits-enfants,

Philippe Danet,Mireille Blanc,Anne-Cécile Blanc-Carli,Tara Afanassieff,

ses belles-filles et son gendre,

ont l’immense tristesse de faire partdu décès de

Jean-Pierre BLANC-DUNAND,

survenu le 18 septembre 2010,dans sa soixante-treizième année.

La cérémonie aura lieu le vendredi24 septembre, à 14 heures, en l’Égliseréformée, de Chamonix-Mont-Blanc,24, passage du Temple, suivie del’inhumation.

Françoise Bressac,son épouse,Hélène et Henri Foucard,

Marie-Cécile et Thomas Wick,Pierre-Etienne, Alexis et Damien,Vincent et Marie-Aude Bressac,

Timothée, Grégoire et Clément,Brigitte et Nicolas de Paillerets,

Axel, Thaddée et Côme,Agnès et Renaud Poidatz,

Dorothée, Juliette, Matthieu et Ségolène,François et Sandrine Bressac,

Guillaume, Claire, Henri et Cécile,ses enfants,leurs conjointset ses petits-enfants,Pierre et Charlotte Bressac,Sœur Madeleine Bressac,Claire Bressac

en union avec son époux,Maurice (†),Jacqueline Sers

en union avec son époux,Jean-Pierre (†),Marie-Hélène Wagner,

ses frères, sa sœur et ses belles-sœurs,

ont la douleur de faire part du décès de

Henri BRESSAC,avocat honoraire,

survenu le 18 septembre 2010,dans sa quatre-vingt-sixième année.

La cérémonie religieuse sera célébréele vendredi 24 septembre, à 10 h 30,en l’église Notre-Dame de Versailles.

L’inhumation aura lieu au nouveaucimetière de Neuilly, à Nanterre, dansl’intimité familiale.

Cet avis tient lieu de faire-part.

6, rue Berthier,78000 Versailles.

Lanester. Paris. Rennes.

La famille de

M. Georges CAILLIER

a le regret de faire part de son décès,survenu en Bretagne, le mercredi15 septembre 2010, dans sa soixante-deuxième année, des suites d’une longuemaladie supportée avec courage.

Nous ne l’oublierons pas.

Sabin, Donatien,ses fils,Sa familleEt tous ses amis,

ont la tristesse de faire part du décès de

André Sabin CARME.

Les obsèques ont eu lieu dans la plusstricte intimité.

Un recueillement aura lieu le samedi25 septembre, à 15 h 30, au « Clocherdu Village », métro Eglise d’Auteuil.

Donatien Carme,20, rue Bletterie,17000 La Rochelle.

Mme Gérard Charbonneau,née Josy Peyrepeyry,son épouse,M. et Mme Nicolas Chapis,M. et Mme Vincent Misrai,

Mathilde,ses enfants,et sa petite-fille,M. et Mme Serge Charbonneau,

Alexandre et Pierre,M. et Mme Hubert Charbonneau, Magali

et Elise,ses frères et belles-sœurs,ses neveux et nièces,Les familles Peyrepeyry, Baudron

et Neroli,

ont la grande tristesse de faire partdu rappel à Dieu de

M. Gérard CHARBONNEAU,professeur émérite,

vice-président honorairede l’université Paris XI,

chevalier de l’ordre national du Mérite,chevalier dans l’ordre des Palmes

académiques,

survenu à Paris, le 18 septembre 2010,dans sa soixante-huitième année.

La cérémonie religieuse sera célébréele vendredi 24 septembre, à 14 h 30,en l’église Saint-Etienne du Mont, placedu Panthéon, Paris 5e.

L’inhumation aura lieu au cimetière deSaint-Martial de Nabirat (Dordogne), lesamedi 25 septembre, précédée d’un tempsde prière à l’église, à 14 heures.

14, rue Pestalozzi,75005 Paris.

L’Entraide universitaire françaiseEt la Fondation Entraide Hostater,

ont la grande tristesse de faire partdu décès de

Mme Gisèle FRITZ,maître de conférences honoraireà l’université Paris-Dauphine.

Par son talent pédagogique et sesqualités humaines, cette mathématicienne,qui a toujours été très attentive auxconditions de vie étudiantes, a beaucoupc o n t r i b u é , d a n s n o s c o n s e i l sd’administration et sur le terrain, à l’actionque mènent nos deux institutions endirection des étudiants réfugiés ou ensituation précaire.

En s’associant à la peine de sa famille etde ses proches, on se souviendra d’elleavec reconnaissance et amitié.

M. Pierre Fritz,son époux,Claire Fritz et Yves Humblot,Alain et Béatrice Fritz,Laurent et Sonia Fritz,Olivier et Marie-Juliette Fritz,

ses enfants,Nicolas,Nicolas, Valentin et Clément,Farah et Léo,Léa, Julie et Thomas,

ses petits-enfants,Les familles Schneider, Catté, Masson,

Ghalem et Neveux,

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Gisèle FRITZ,née SCHNEIDER,

ancien maître de conférencesà Paris-Dauphine,

survenu le 18 septembre 2010.

Un dernier hommage lui sera rendule vendredi 24 septembre, à 15 h 45,au crématorium du Parc (104, rue de laPorte-de-Trivaux, 92140 Clamart).

15, rue du Maréchal-Gallieni,78000 Versailles.

Laurent Batsch,le président de l’université Paris-Dauphine,

a la grande tristesse de faire part du décèsde

Mme Gisèle FRITZ,maître de conférences

honoraire de mathématiques.

Elle a assuré à Dauphine de nombreusesresponsabilités : responsable d’équipepédagogique et directeur adjoint de l’UERgestion et économie appliquée, puisdirecteur adjoint de l’UER mathématiquesde la décision.

La communau t é un ive r s i t a i r edauphinoise se souviendra d’unepersonnalité très chaleureuse aux grandesqualités pédagogiques.

Elle s’associe à la peine de sa familleet de ses proches.

Antoine Lainé,son époux,Véronique et Gilles Garnier,Mathilde et Cyrille Gérard,Thomas et Aurélie Lainé,

ses enfants,Lucie, Martin, Gaspard, Flore, Zéphyr,

Myrtille, Oscar et Elise,ses petits-enfants chéris,Micheline de Gaillande,

sa sœur,René et Béatrice de Gaillande,

son frère et sa belle-sœur,Les familles Nguyen et Salem,

ont l’immense tristesse de faire partdu décès de

Danielle LAINÉ,née de GAILLANDE,

survenu le 21 septembre 2010.

La cérémonie religieuse aura lieule vendredi 24 septembre, à 10 h 30,en l’église Saint-Sulpice, Paris 6e.

L’inhumation aura lieu ensuiteau cimetière de Biennac (Haute-Vienne),dans le caveau familial.

Ni fleurs ni couronnes.

Dons à l’Institut Curie.

15, rue de Condé,75006 Paris.

Fabienne,son épouse,Francis, Mehdi, Pablo, Ruben,

son fils et ses petits-fils,Pascale,

sa belle-fille,Michel, Beatrice, Laure, Claire,Anne et Paule Tocher,Christian, Yvonne, Fabrice Pouillieute,Et ses proches et amis,

ont la tristesse de faire part du décès de

Michel LAZARUS,mathématicien,

survenu le 15 septembre 2010.

Il a fait don de son corps à la science.

Une réunion commémorative aura lieule dimanche 26 septembre, à partir de12 h 30, au 45, avenue d’Italie, Paris 13e.

Chantal Le Goff,son épouse,

Clotilde Royer,Laurent et Bénédicte Thomassin,

ses enfants,

Jean, Henri, Charles et Vittoria,ses petits-enfants,

Pierrette Le Goff,sa maman

Ainsi que toute la famille,

ont la tristesse de faire part du décès de

René LE GOFF,officier de la Légion d’honneur,

commandeurdans l’ordre national du Mérite,chevalier des Palmes académiques,

ancien conseiller de Paris,président

de la ligue professionnelle de basket,

survenu à Paris, le 17 septembre 2010,à l’âge de soixante-six ans.

La cérémonie religieuse sera célébréeen la chapelle Saint-Louis de l’EcoleMilitaire, 13, place Joffre, à Paris 7e,le jeudi 23 septembre, à 10 h 30.

Condoléances sur registres.

La crémation aura lieu au cimetièredu Père-Lachaise, Paris 20e, le même jour,à 13 h 20.

Cet avis tient lieu de faire-part.

11, avenue de Diane,94100 Saint-Maur-des-Fossés.

Raphaël et Thierry Manouck,ses enfants,Jeanne,

sa petite-fille,Odette, Mathieu, Marie, Arthur,

Monique,

ont le regret de faire part du décès de

Marcel MANOUCK,expert comptable,

survenu le 15 septembre 2010,à l’âge de quatre-vingt-quatre ans.

21, rue Paul-Bert,94100 Saint-Maur.

Le chef du corps de l’inspectiongénérale de l’administration,Ses collègues inspecteurs généraux

et inspecteurs de l’administrationAinsi que l’ensemble du service,L’association des inspecteurs généraux

et inspecteurs de l’administration,

ont la profonde tristesse de faire part dudécès accidentel, survenu le 19 septembre2010, de

Mostéfa MESSAOUDI,inspecteur de l’administration,

ancien élèvede l’Ecole nationale d’administration

(promotion Copernic 2002).

Ils s’associent à la douleur de sa familleet de ses enfants et leur présentent leursplus sincères condoléances.

Colette Meyerfeld,sa femme,Sylvie, Yves et Didier,

ses enfantsEt ses cinq petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

Jacques MEYERFELD,résistant au maquis des Glières,

survenu le 5 septembre 2010,à l’âge de quatre-vingt-huit ans,à Toulouse.

15, avenue Félix-Faure,75015 [email protected]

Claude Chevrie,sa fille,Marc et Anne Chevrie,

ses petits-enfantsEt toute sa famille,

ont la tristesse de faire part du décès de

Denise MULLER,

survenu le 19 septembre 2010,dans sa cent quatrième année.

Louis de Paillette,son époux,Jean-François, Patrick et Françoise,

ses frères et sa sœur,Marion,

sa filleule,Ses neveux et niècesEt toute la famille

ont la tristesse de faire part du décès de

Annie de PAILLETTE,née LE FLOC’H,directrice adjointede la communicationdu groupe BPCE,

survenu le 17 septembre 2010,à l’âge de cinquante-deux ans, à Paris.

Selon ses volontés, un hommage serarendu le vendredi 14 septembre, à 14 h 15,au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, Paris 20e.

31, quai de Valmy,75010 Paris.

Les membresdu conseil de surveillance,Les membres du directoire,Les membres du comité exécutif deBPCE,L’ensemble

des collaborateurs du groupe,

ont le regret de faire part du décès de

Annie de PAILLETTE,directrice adjointede la communication,

survenu le 17 septembre 2010.

I l s p r é s en t en t l eu r s s i n cè r e scondoléances à sa famille, ainsi qu’à sesproches.

Benoît Roussel,son mari,

Joëlle Schirrer,Yves Pernot,Béatrice Bernard,

ses sœurs et son frère,

Ses beaux-frères et belles-sœurs,Ses beaux-enfants et petits-enfants,Ses neveux et nièces,

font part avec tristesse du décès de

Danielle PERNOT-ROUSSEL.

La cérémonie religieuse sera célébréele vendredi 24 septembre 2010,à 10 h 30, en l’église Saint-Pierre-de-Montrouge, 82, avenue du Général-Leclerc, Paris 14e.

L’inhumation aura lieu, dans l’intimitéfamiliale, au cimetière du Père-Lachaise,Paris 20e.

Marina,son épouseIsabelle et Yorgo,

ses enfantsAinsi que toute la famille,

ont la douleur de faire part du décès de

PHILOLAOS,sculpteur,

officier des Arts et Lettres,

survenu le 18 septembre 2010,à l’âge de quatre-vingt-sept ans.

Un hommage lui sera rendu aucrématorium du Père-Lachaise, le vendredi24 septembre, à 10 h 20.

Selon sa volonté ses cendres serontdispersées dans l’allégresse, le samedi25 septembre, à 14 heures, dans le jardinde son atelier.

[email protected]@[email protected]

Grégory et Dimitri Rzepski,ses enfants,Sylvie Maze,

sa compagne,Irène Coat,

sa sœur,Mathilde et Raphaël Therizols,Marie-France et Alain Cyrulnik,Sa famille, ses amisEt ses collègues,

ont la tristesse de faire part du décès de

Jacques RZEPSKI,

survenu le 19 septembre 2010.

Un hommage lui sera rendu le samedi25 septembre, à 10 heures, au crématoriumdu Père-Lachaise, Paris 20e.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Graulhet (Tarn). Rueyres (Lot).

Ses enfants,Ses petits-enfants,Ses arrière-petits-enfants,Parents et amis,

ont la douleur de faire part du décès de

M. André VÉCHAMBRE,directeur honoraire

de la Société Générale,

survenu le 14 septembre 2010,dans sa quatre-vingt-quatrième année.

Les obsèques religieuses serontcélébrées le vendredi 24 septembre,à 15 heures, en l’église de Rueyres (Lot).

CondoléancesLe président

de l’université Paris-Sud 11,L’équipe de la présidence

de l’université Paris-Sud 11,

ont appris avec une profonde émotionle décès de

Gérard CHARBONNEAU,vice-président de l’université

professeur à l’université Paris-Sud 11,chevalier dans l’ordre national du mérite.

Ils saluent la mémoire de leur collègue,son investissement total pour l’université,notamment pour le développement de lacul ture , la direct ion de f i l l ièresd’enseignement.

Chacun appréciait sa générosité et sagrande humanité.

I l s sa luen t la mémoi re d’unepersonnalité qui a œuvré sans compterpour notre université.

Au nom de la communauté universitairede Paris-Sud 11,ils présentent à sa famille leurs plussincères condoléances.

Anniversaire de décès« Polì chamì n’alonja pa. »

« Petit chemin n’allonge pas. »

Le 23 septembre 2008 s’éteignait

Marie PATEY.

Ceux qui l’ont connue et aiméese souviennent.

Souvenir

Elisabeth RENIER-LAJEUNIE.

Elle reste vivante dans nos cœurs.

Marie-José Lajeunie,Dominique, Nicolas et Antoine Renier.

Avis de messeUne messe sera célébrée le samedi

2 octobre 2010, à 11 h 30, en l’égliseSaint-Roch, 284, rue Saint-Honoré,Paris 1er, à l’intention de

Rosine MARGAT,directrice du Cours Simon,

rappelée à Dieu le 5 août 2010.

ColloqueColloque

de la Société des agrégés« De l’instruction publiqueà l’Education nationale :quel rôle pour l’Ecole ? »

24 et 25 septembre 2010,Ecole normale supérieure,45, rue d’Ulm, Paris 5e

Entrée libreDans la limite des places disponiblesProgramme et renseignements surwww.societedesagreges.net

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Page 21: Le Monde du jour 2010 09 23

210123Vendredi 24 septembre 2010

Jeudi23septembreTF1

20.45 MasterChef.Episode 6. Divertissement.23.55 MasterChef se met à table.0.55 Koh-Lanta.Télé-réalité (saison 10, épisode 1, 130 min).

FRANCE2

20.35 Envoyé spécial.Au sommaire : Les Arnaques du permis à points ;Business à l’Irakienne ; Les Discriminés de laRépublique ; Ces photos qui nous trompent.22.50 Infrarouge.Guerres secrètes du FLN en France. Documentaire.0.00 L’Autre 8 mai 1945. Aux origines dela guerre d’Algérie. Documentaire (2008).

FRANCE3

20.35 Le Déshonneurd’Elisabeth Campbellp

Film Simon West. Avec John Travolta, MadeleineStowe, James Cromwell (All. - EU, 1999) V.22.30 Soir 3.22.55 Ce soir (ou jamais !) (75 min).

CANAL+

20.50 24 heures chrono.Série. 18 h 00 - 19 h 00. 19 h 00 - 20 h 00(saison 8, 3 et 4/24) V.22.10 Mad Men.Série. Love Among the Ruins (saison 3, 2/13).23.00 The Office.Série. Mutinerie. Café disco. Le Pique-Nique(S5, 26 à 28/28). Avec Steve Carell (60 min).

ARTE

20.40 L’Ecole du pouvoir.Téléfilm. Raoul Peck. Avec Robinson Stévenin,Elodie Navarre, Céline Sallette. [1/2] (Fr., 2008).22.45 Pop culture - Et Hollywoodcréa la femme. Documentaire.23.40 Tracks. Magazine.0.35 Calamari Union p

Film Aki Kaurismäki. Avec Markku Toikka,Matti Pellonpää (Finlande, 1985, N., 80 min).

M6

20.40 Bones.Série. Le Boucher de Burtonsville. Combustionspontanée (S5, 17, 8/22) U ; Innocence perdue V.La Momie. L’Ombre d’un doute (S1, 5 à 7/22) U.0.50 Standoff/Les Négociateurs.Série. Etat de siège (saison 1, 17/18, 40 min) V.

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Pacifique Le typhon “Malakas” circulera au large du Japon

En Europe12h TU

Un temps très nuageux et souventpluvieux s'imposera des régionsméridionales aux frontières de l'est.Les pluies seront parfois abondantesdu sud-est au Jura. De la façadeAtlantique à la frontière belge, deséclaircies se développeront, maisquelques averses se produiront parmoments, surtout près des côtes. Lestempératures chuteront sévèrement.

Sainte ThècleCoeff. demarée 86

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L a France est menacée d’actesterroristes. Il faut que les Fran-çais s’y habituent.»

Interrogé mercredi matin 22 sep-tembre sur Europe 1 par Jean-Pier-re Elkabbach, Frédéric Péchenard,le directeur général de la policenationale, n’avait pas envie de rigo-ler: «Nous avons actuellement unpic de menace incontestable. » Il y aquelques jours, un «service ami»l’avait même prévenu de l’immi-nence d’un attentat pour le 16sep-tembre. «Force est constater qu’iln’a pas eu lieu le 16», ajoutaM.Péchenard.A cet instant, Jean-Pierre Elkabbachcomprit qu’il tenait là un bonclient. A lui de poser les bonnesquestions et il obtiendrait les peti-tes phrases qui font le «buzz»d’une journée. «Qu’est-ce qui estmenacé? Par exemple, on a parlé dela gare du Nord. Est-ce qu’il y avaitune vraie menace sur la gare duNord?» Le matin, une pareille ques-tion, ça réveille son auditeur d’Eu-rope 1.«Il n’y a pas eu de vraie menace surla gare du Nord » : M.Péchenard sevoulait rassurant. Mais il ajoutaaussitôt que l’on pouvait s’atten-dre de la part d’Al-Qaida auMaghreb (AQMI) à deux catégoriesd’attentats: «Soit une personnalité,donc un attentat ciblé»… Et sinon,insista Jean-Pierre Elkabbach… «L’A-QMI n’a pas les moyens, à notreconnaissance, de faire un attentatspécifique nucléaire, radiologique,biologique. Donc, ce sera probable-ment, on peut s’y attendre dumoins, un attentat beaucoup plusclassique avec une bombe pour fai-re le maximum de dégâts, vraisem-blablement dans un endroit où il ya beaucoup de monde. Ça peut-êtreles transports, les grands magasins.Ça peut être des rassemblements.Malheureusement, les cibles ne

manquent pas.» Jean-Pierre Elkab-bach n’en demandait pas tant:«Est-ce qu’il y a un risque pour lesmanifestations de demain?» Légertemps d’arrêt de Frédéric Péche-nard: «Oui, non, je ne pense pas.»A priori, il n’y aurait évidemmentaucune raison de douter de la fiabi-lité des informations données parle patron de la police. Et pourtant…Dès le début de son entretien, Jean-Pierre Elkabbach s’était demandési cette menace terroriste relevaitd’avantage de l’info ou de l’intox.

Au même moment, ThomasLegrand, sur France Inter, allaitplus loin: «De l’affaire de Tarnac,qualifiée abusivement de terroris-me, aux surenchères sécuritaires del’été, il y a comme une atmosphèrede suspicion de manipulation quis’installe. On n’y croit plus, tout sim-plement.» Mercredi, des DernièresNouvelles d’Alsace au Dauphinélibéré, plusieurs éditorialistes de lapresse de province étaient tout aus-si circonspects. Ainsi Francis Bro-chet, du Progrès, à Lyon: « Atten-tion, Monsieur Hortefeux, à tropjouer le berger du conte qui criaitau loup, on ne vous croira bientôtplus.»Bref, même si M.Péchenard affir-me ne pas vouloir exploiter lespeurs pour «des raisons stratégi-ques, électorales et politiciennes»,il est difficile de ne pas ressentir unmalaise face à cette soudaine miseen alerte de l’opinion.p

Vendredi24septembreTF1

20.45 Koh-Lanta.Episode 2. Jeu.22.15 Secret Story. Episode 12 U.0.10 L’amour est aveugle (90 min) U.

FRANCE2

20.35 Boulevard du Palais.Série. Crédit revolver U.22.05 Avocats et associés.Série. A la vie, à la mort (saison 18, épisode 4).23.00 Semaine critique. Magazine.0.25 Journal de la nuit, Météo.0.40 Envoyé spécial (105 min).

FRANCE3

20.35 Thalassa.Magazine. Grand voyageur : Sacha en Tasmanie...22.30 Soir 3.22.55 « Vie privée,vie publique », l’hebdo.Magazine. Invités : Michel Galabru,Claude Gensac, Samy Naceri.0.10 Toute la musique qu’ils aiment.Magazine (120 min).

CANAL+

20.50 Neuilly sa mère !p

Film Gabriel Julien-Laferrière. Avec SamySeghir, Jérémy Denisty (France, 2009).22.20 X-Men Origins : Wolverine pp

Film Gavin Hood. Avec Hugh Jackman, LievSchreiber, Danny Huston (Etats-Unis, 2009) U.0.05 Max Paynep

Film John Moore. Avec Mark Wahlberg,Mila Kunis, Ludacris (Etats-Unis, 2008, 95 min).

ARTE

20.40 L’Ecole du pouvoir.Téléfilm. Raoul Peck. Avec Robinson Stévenin,Elodie Navarre, Céline Sallette. [2/2] (Fr., 2009).22.45 Fractales, à la recherchede la dimension cachée. Documentaire.23.40 Grand format.Sauve qui peut, la retraite ! (80 min).

M6

20.40 NCIS/Enquêtes spéciales.Série. Une affaire de famille (S7, 6/24, inédit) U ;Le Fantôme de Noël. Otages (S6, 11 et 12/25) U.23.05 Numb3rs.Série. Le Caméléon. Scan Man U. Le Secretde l’Aquarius (saison 5, 4 à 6/23, 160 min).

Lessoiréestélé

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées diman-che-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les jours Mots croisés et sudoku.

Iln’y aurait aucuneraisondedouterdelafiabilitédesinformationsdonnéesparle patrondelapolice. Et pourtant…

Sudoku n˚10-228 Solution du n˚10-227

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

télécopieur : 01-57-28-21-21Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;

Par courrier électronique : [email protected]édiatrice : [email protected]

Abonnements : par téléphone : de France 0-825-000-778(0,15 TTC/min) ; de l’étranger : (33) 3-44-31-80-48.

Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/Changement d’adresse et suspension :

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Internet : site d’information: www.lemonde.frfinances : http://finance.lemonde.fr

Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.frDocumentation : http ://archives.lemonde.fr

Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60

Résultats du tirage du mercredi 22 septembre.2, 14, 17, 37, 38 ; numéro chance : 1.Rapports :5 bons numéros et numéro chance : pas de gagnant ;5 bons numéros : 163 213,40 ¤ ;4 bons numéros : 1 611,60 ¤ ;3 bons numéros : 13,10 ¤ ;2 bons numéros : 5,70 ¤.Numéro chance : grilles à 2 ¤ remboursées.Joker : 3 580 316.

Motscroisés n˚10-228

Chronique FranckNouchi

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Solution du n° 10 - 227HorizontalementI. Sous-soleuses. II. Purifié. SAMU.III. Rend. Essaims. IV. Idées. Té.Gap.V. Scat. Songe.VI. Ta. Ages.Réac.VII. Embrasure. St.VIII.Ubu. Ite. Scie. IX. Sosie. Un.Ane.X. Encastrables.

Verticalement1. Sprinteuse. 2.Oued. Ambon.3.Urnes. Busc. 4. Side-car. Ia.5. SF. Sagaies. 6.Oie. Test. 7. Lest.Sueur. 8. Ses. Na. 9.Ores.10. Saigne. Cal. 11. Emmagasiné.12. Suspectées.

Philippe Dupuis

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1. Ses affaires sont douteuses. 2. Sedébrouille pour voyager sanspeine. Mesurait le rayonnement.3.Qui a toutes chances de resteren place. 4. Son retour n’est pasapprécié par tout lemonde. Pourtout emballer. 5.Unitéseuropéennes. Note. 6. Au cœur duboulot. Rêve économique.7. Expéditions risquées. Donne lechoix. 8.Mise en circulation. Sec.9.Des blancs sucrés. 10. Cœurtendre dans une pierre dure.Copain de la nana. 11. Font lesinnocents. Pomme ou glace.12. Fragilisent la colonne.

I. Sans trop d’énergie. II. Permetaux raves de passer à table. Aucentre du pliage. III. Bienmauvaismoralement. Grossesaffaires commerciales.IV. Rapprochementsprofessionnels.V. Bout de lacouronne. Permet de voir lasituation avec calme.VI.Grandréservoir. Pour de bonnesfermetures.VII. Equipas lebâtiment. Démonstratif.VIII. Faitpreuve de politesse. Un bon géniepour Socrate, plutôtmauvais pourles autres. IX. Pourmanger vite etsouvent pas bien. Mettent auxpoints.X. Fournisseur demessages. Démonstratif.

Malaise

Page 22: Le Monde du jour 2010 09 23

RetraitesLes deux approchesJ’ai lu avec intérêt la page Débatsconsacrée aux retraites (Le Mondedu 18septembre). L’article deBenoît Hamon, «Quelques éviden-ces contestables», dont le débutest une réponse à l’éditorial d’EricFottorino du 7septembre, sonnejuste. Celui de MichelGodet, «Tren-te ans de récréation!», est l’archéty-pe des leçons de morale qu’assè-nent les libéraux ou sociaux-libé-raux depuis des décennies et quin’ont pas vu passer la crise finan-cière. Sur la dette publique qui anéanmoins explosé depuis dix ansen raison des multiples allége-ments fiscaux et de charges socia-les, il opte pour le catastrophisme.En opposant le statut du fonction-naire au précaire, il applique unelogique binaire. Mais pour débou-cher sur quoi? L’amélioration dusort de tous ou la précarisation? Ilévoque l’évaluation des politiquespubliques, or voilà des annéesqu’on en fait, avec, paradoxale-ment, dans certains secteurs, uneprolifération bureaucratique, avecdes services qui ne sont pas tou-jours à la hauteur et des coûts éle-vés. Enfin, la phrase «demain, il vafalloir travailler plus» est bien dans

le style «père la morale», en direc-tion des plus jeunes et des quadrasqui galèrent déjà.Quant au sujet des jeunes généra-tions sacrifiées au bénéfice desrentiers néoretraités, Bruno Paliera déjà tout dit (Le Monde du 7 sep-tembre).

Tristan Berglez

Saint-Martin-d’Uriage (Isère)

La RépubliqueEt si on adaptait le système desretraites à la devise républicaine ?Liberté de prendre sa retraitequand on le souhaite, à partir de60ans, en toute connaissance decause par rapport à un système dedécote bien établi, y compris si ondésire travailler au-delà de 65 ans.Egalité, pour tous par rapport aunombre d’années de cotisationnécessaires pour partir en retraiteà taux plein. Fraternité, par rap-port aux métiers où la pénibilitéserait reconnue en fonction del’espérance de vie moyenne desprofessions dites à risques.

Eric Debray, Rueil-Malmaison

(Hauts-de-Seine)

C’EST «une autre France » que Martine Aubry appelle de ses vœux. La

République, aujourd’hui « attaquée dans ses fondements », est, selon

elle, « un état d’esprit » qui se résume en « trois mots : humilité, vérité,dignité».

La première secrétaire du PS n’a pas dit qu’elle renonçait à la devi-

se officielle, liberté-égalité-fraternité. Mais rien n’empêche d’enri-

chir celle-ci. Sur le fronton de la mairie d’Aix-en-Provence, deux mots

ont été ajoutés : «générosité » et « probité ». Dix autres y seraient à

leur place pour décrire l’état d’esprit des Français : amitié, charité, sin-

cérité, affabilité, docilité, hospitalité, sportivité, frugalité…

N’oublions pas cependant que le pays des Trois Mousquetaires et

du tiercé affectionne les triades. Même le régime de Vichy y a eu

recours en proclamant travail-famille-patrie. Le débat politique

gagnerait en clarté, lisibilité et commodité s’il respectait la règle de

trois. Pour combattre la politique sarkozyste (sécurité-austérité-pros-

périté), il appartient à la gauche, nourrie de l’esprit de la République

(humilité-vérité-dignité), de faire preuve, chaque jour un peu plus,

d’élasticité, de collégialité et d’œcuménicité. p

Lettre d’AfriqueJean-Philippe Rémy

Tiercé républicain

Le courrier du jour

Billet Robert Solé

Danger,cochonssurla route

Connaissez-vous les grands écrivains ?Quel rapport y a-t-il entre Rabelais et Céline ou Frédéric Dard ? Pourrez-vous distinguer les versde Verlaine de ceux de Rimbaud ? A l’occasion de la rentrée littéraire, Le Monde vouspropose un parcours ludique et instructif dans le monde des lettres, du Moyen Âge jusqu’ànos jours. En 300 quiz et jeux, vous partirez ainsi à la découverte des écrivains, de leursœuvres, des histoires et de l’Histoire, de l’homme et des passions humaines.

DÈS LE 23 SEPTEMBRE, CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX

I l a l’art de détecter les cochons embus-qués sur les routes de Johannesburg.Les cochons? Oui, les cochons, terme

péjoratif en argot sud-africain pour dési-gner la police, les poulets, les flics, lescognes, en traduction française libre. Ouencore, comme il les appelle aussi à l’occa-sion, les tranches de bacon, autre expres-sion locale pour dire poulet. Et surtout: oùse trouve le poulet. «PigSpotter» (lerepéreur de flics) passe ses journées à repé-rer les contrôles policiers sur les routes deJohannesburg, et à transmettre l’informa-tion par micro-blogs sur Twitter.

La police a mis un certain temps poursaisir l’ampleur du phénomène. PigSpot-ter est en train de mettre en l’air tout sondispositif de contrôles volants dans la villeen signalant aux «suiveurs» de ses tweets

(messages) où se trouvent les barrages, lesradars, et en se moquant de la maladressedes tranches de bacon. Qui enragent.«Grosse dame en bleu cachée derrière lepanneau de publicité» d’une sortie d’auto-route, signale un tweet. Le tweet tombesur les téléphones, dans les voitures. Cha-cun est libre d’éviter la sortie pour éviter lecontrôle et, donc, les poulets.

L’Afrique du Sud n’est pas un pays quiraffole de sa police. On lui reproche sonabsence en cas de problème et son omni-présence sur les routes. Le succès de PigS-potter en témoigne. Il a commencé à twee-ter en juillet et compte à présent plus de18000 suiveurs. On ignore qui il est, maisil n’œuvre sans doute pas seul. Aucunebête, même humaine, ne pourrait sedémultiplier à cette vitesse aux quatre

coins d’une ville étendue sur une centainede kilomètres. Mardi après-midi, PigSpot-ter délivrait 19tweets en une heure, en pro-venance d’endroits très éloignés. Grandest le soupçon que des éléments de la poli-ce participent à la mission d’information.

Cela pousse encore plus à la colère lesresponsables de la police, qui se sont juréd’arrêter l’insolent pour entrave à la jus-tice. « Il n’insulte pas seulement la policemunicipale. Il insulte les officiers en unifor-me. Ce sont des gens qui ont des familles, etil utilise ce langage vulgaire», a commentéle porte-parole de la police, Wayne Minaar.Plaisant euphémisme, bien éloigné duregistre que fait naître le traqueur decochons. Un utilisateur de Twitter, VusiMlambo, par exemple, a réussi à s’immis-cer dans le débat en termes plus drus,«twittant» à son tour: « @PigSpotterappelle les stations de radio en disant qu’ilest “prêt à négocier”. Lol. Crève, espèce dechimpanzé, je te souhaite d’être six piedssous terre.» Le tout en 140caractères, com-me le requiert chaque message de Twitter.Réponse, aussi sec, de l’observateur desroutes sud-africaines: « Alors maintenanttu me traites de chimpanzé? Au moins jesuis plus malin que toi, espèce debabouin.» Là, on flirte avec l’insulte racis-te. Heureusement, la règle des 140caractè-res limite les effusions, et PigSpotter s’enva vers d’autres préoccupations…

Il ne sévit pratiquement que dans lesbanlieues nord de Johannesburg, plutôtblanches, habitées par la classe moyenne,au pire jusqu’à Pretoria, mais jamais dans

les townships. Il recueille l’assentimentdes auditeurs de la radio702, très influen-te, surtout au sein de la classe moyenneblanche. Alors, le traqueur de cochons neserait-il pas l’expression codée d’uncurieux sentiment, interdit d’expressionpublique: l’exaspération d’une partie desBlancs sud-africains qui ne loupent pasune occasion pour affirmer que le payspart à vau-l’eau, même si tout prouve lecontraire?

Ou peut-être n’est-ce qu’une réactionde frustration face à une forme de libertéqui disparaît? Il y a encore deux ans, rou-ler la nuit à Johannesburg était condition-né par deux règles de base : 1) ne jamais

s’arrêter, notamment aux feux rouges; 2)surtout, ne respecter aucune limitation,notamment en matière de vitesse et deconsommation d’alcool. Pas l’ombre d’unevoiture de police en vue. Il n’existe, hélas,aucune étude pour déterminer si lesconducteurs se félicitant de cette libertétrompe-la-mort étaient plus nombreuxque ceux estimant que la vie nocturnemanquait de présence policière.

Mais l’approche du Mondial de foot arésolu la question. Avec des effectifs poli-ciers renforcés et le besoin de prouver quele pays n’était pas un coupe-gorge, les auto-

rités sud-africaines ont mis des policiersdans les rues. Mais pas toutes les rues, jus-tement. De nombreux townships restentdes zones où les policiers n’entrent quesur la pointe des pieds, se sachant juste«tolérés», comme le démontre dans unelongue enquête Jonny Steinberg, excellentconnaisseur des questions de sécurité enAfrique du Sud. «Qu’advient-il de l’actionde la police quand elle ne reçoit plus l’assen-timent de ceux qui doivent en bénéficier?La réponse est d’une grande simplicité.D’une façon ou d’une autre, la police se reti-re», explique-t-il dans Thin Blue (éd. Jona-than Ball, 2008). Ayant quitté les quartiersoù elles auraient pu tenter de «policer»l’espace public, voilà donc les forces de l’or-dre en terrain plus facile, investissant lesroutes des quartiers riches, et désormaistrès occupées à de multiples contrôles dejour comme de nuit qui se concluent sou-vent par des échanges furtifs de billetsentre deux portières.

La corruption de la police, PigSpotter enparle aussi, bien sûr. Pour toutes ces rai-sons, la chasse au traqueur de cochon estouverte dans les rangs de la police. Biensûr, celui-ci nargue les forces de l’ordre.Zorro se glisse sur les autoroutes de la villeen semant des Sergent Garcia qui s’épui-sent à la course. Mais les policiers ont trou-vé un défouloir : traquer sur les portablesdes conducteurs arrêtés aux barrages laprésence de comptes Twitter «suivant »les messages de PigSpotter.p

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L’AfriqueduSudn’est pasun paysquiraffole de sapolice

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