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Dr Abdulaziz Othman Altwaijri Le monde islamique face aux défis du Millénaire Publications de l'Organisation islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture (ISESCO) 1436H/2014

Le monde islamique face aux défis du Millénaire · pour résoudre les grands problèmes qui se sont accentués à telle enseigne qu’ils constituent désormais un sujet de préoccupation

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Dr Abdulaziz Othman Altwaijri

Le monde islamique face aux défis du

Millénaire

Publications de l'Organisation islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture (ISESCO) 1436H/2014

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Table des maTières

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v Avant-propos ..................................................................................

v Connotations du terme « monde islamique » ......................

v Situation géographique et ressources humaines ................

v Densité de la population ............................................................

v Diversité linguistique et coexistence culturelle ..................

v Un bloc homogène et cohérent ................................................

v L'analphabétisme : un obstacle majeur au développement

v Situation de l'éducation dans le monde islamique ............

v Programme d’action décennal pour relever les défis du Millénaire

v Stratégies de l'ISESCO pour la promotion du monde islamique

v Le monde islamique : quel avenir ? ........................................

v Faire face aux défis externes .....................................................

v Les réformes nécessaires pour la réhabilitation ..................

v Un développement intégré et global ......................................

v Objectifs du Millénaire pour le développement ..................

v Responsabilité de l'ISESCO pour relever les défis du Millénaire

v Planification stratégique pour l'avenir du monde islamique

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avanT-propos

Le monde islamique fait face à de nombreux défis, dont certains se sont accumulés au cours des dernières décennies, tandis que d’autres sont l’aboutissement des diverses mutations que connaît le monde actuellement. Par ailleurs, il y en a parmi ces défis qui sont le résultat de facteurs subjectifs découlant des politiques qui ont été suivies jusqu'ici pour résoudre les grands problèmes qui se sont accentués à telle enseigne qu’ils constituent désormais un sujet de préoccupation majeur. Ceci est d’autant plus vrai qu’on est incapable de leur trouver des solutions viables, avec une ferme volonté, perspicacité et transparence. Ajouter à cela l’absence d’une approche rationnelle fondée sur le réalisme et sur une analyse approfondie des faits, loin des idées délirantes et des chimères découlant d'une méconnaissance de la culture et d’une compréhension insuffisante de la nature de ces défis dans leur globalité.

Face aux nombreuses crises auxquelles le monde islamique est confronté à maints égards, et en particulier ceux qui sévissent de nos jours dans différentes parties de celui-ci, à savoir les guerres, les conflits, la fragmentation sectaire, l'extrémisme et le terrorisme, tout observateur lucide et averti peut dès lors s’apercevoir que les défis qui se posent aux pays islamiques de l'océan Atlantique à l’océan Indien, durant cette phase critique de son histoire, ne peuvent être surmontés ni par des efforts limités ni par des moyens insuffisants et encore moins sans prendre la mesure de la bataille que doit se livrer le monde islamique pour atteindre l’objectif global du développement durable. A cet égard, un autre pari tout aussi important à gagner est celui du renouvellement de l'édifice civilisationnel, à la fois sur les plans politique, économique, social, scientifique, technologique, culturel et intellectuel.

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Ce n'est là ni une vision pessimiste en ce qui concerne le présent du monde islamique, ni une vision étriquée qui nous rend inapte à prospecter l'avenir en tenant compte de la réalité des faits. Il s’agit en fait d’une vision dans laquelle on est amené à effectuer une évaluation en partant des faits et des phénomènes concrets qui ont été traités dans le cadre des diverses études de terrain, recherches académiques et analyses scientifiques se rapportant au monde islamique à tous points de vue, avec une analyse approfondie de la crise civilisationnelle qui est à l’origine de tous les maux dont pâtit le monde islamique dans sa globalité.

De fait, le monde islamique n’est pas à l’abri des changements rapides qui s’opèrent actuellement sur la scène internationale, et encore moins des répercussions des conflits en cours entre les grandes puissances, afin de réaliser leurs intérêts stratégiques, en fonction des diverses politiques adoptées par celles-ci sur l’échiquier international, dans le but de renforcer leur influence dans de nombreuses régions situées en grande majorité dans le monde musulman.

Face à l'ampleur des tensions auxquelles les pays du Sud sont exposés et les nombreux obstacles de plus en plus difficiles à surmonter par les pays en développement sur la voie du développement intégré, le monde islamique fait face à son tour, de manière accrue, à de grands défis qui entravent son élan vers le développement intégré, la prospérité et le progrès, dans le cadre de la sécurité, de la paix et de la stabilité ainsi que la capacité de préserver à la fois ses acquis, son indépendance nationale et l'intégrité territoriale des différents Etats islamiques.

Le monde islamique qui fait face, à l’heure actuelle, aux défis du millénaire, s’efforce plus que jamais de surmonter les diverses crises d’ordre économique et social et celles liées au développement global intégré et durable, à maints égards. Ceci passe inéluctablement par une mobilisation générale de toutes les forces vives dans le cadre de l'action

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islamique à différents niveaux, ainsi que par la conjugaison d’efforts concertés de solidarité. Le but ultime est de sortir de cette phase critique où l’on se trouve en dépit des moyens mis en œuvre, incapable de donner corps au grand projet civilisationnel islamique, compte tenu de la faiblesse des mécanismes de solidarité islamique adoptés jusqu’ici, et ce quatre décennies après la création de l'Organisation de la coopération islamique (OCI).

Le monde islamique se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins, assailli de toutes parts par des difficultés, voire des crises à plusieurs niveaux. Cependant, il tente du mieux qu’il peut de leur trouver une issue favorable et de faire face à la forte pression exercée sur lui par les grandes puissances. Il demeure néanmoins enchaîné et impuissant, incapable qu’il est de prendre son envol, d’entamer un nouveau cycle de vie et de prendre appui sur le passé pour bâtir l’avenir.

Je me suis fort intéressé depuis de nombreuses années, à la situation générale dans le monde islamique à partir d'une variété d'angles de vue. J’en ai même fait une de mes préoccupations majeures, si bien que je me suis penché sur la question du développement dans les différents Etats du monde islamique et étudié son relief d’un point de vue académique. C’est ainsi qu’en 1995, j’ai publié le tome I de mon ouvrage (De l’édification civilisationnelle du monde islamique), suivi de 14 tomes du même ouvrage.

En 1994, est parue une étude en arabe, français et anglais, sous le thème : (Situation du monde islamique et stratégie d’avenir), suivie en 2004 par un autre ouvrage (Le monde islamique à l'ère de la mondialisation) publié par Dar al-Chourouq, le Caire. Cinq autres études en arabe, anglais et français paraîtront plus tard : (Le monde islamique et l'Occident: défis et avenir) ; (Les musulmans d’Occident et le monde islamique) ; (L’ISESCO et l'avenir éducatif, scientifique

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et culturel du monde islamique) ; (la mondialisation et la vie culturelle dans le monde islamique) ; et (l’Amérique et le monde islamique).

La présente étude (Le monde islamique face aux défis du millénaire) s’inscrit en fait dans le prolongement des études antérieures, ainsi que dans le cadre des efforts que je n’ai cessé de fournir durant plus de trois décennies, pour examiner la situation dans le monde islamique, en mettant l’accent sur les différents aspects qui relèvent des compétences de l'Organisation Islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture (ISESCO). Ainsi, cette étude a la particularité d’aborder cette question dans sa globalité, en se basant sur des statistiques et des informations très récentes ainsi que sur les multiples études scientifiques ayant intéressé le monde islamique au cours de ces dernières années.

S’intéresser à la situation dans le monde islamique est un devoir qui incombe à tous les chercheurs dans les domaines politique, social et économique. Il est l’apanage, notamment, des dirigeants de l'action islamique commune, des élites intellectuelles, scientifiques et culturelles qui ont pour mission de s’intéresser aux différentes questions vitales se rapportant au présent comme à l’avenir du monde islamique. Un lendemain que nous voulons par l'aide de Dieu Tout-Puissant, prospère et radieux.

Enfin, j’espère que cette étude, qui sera publiée aussi bien en arabe, en anglais qu’en français, contribuera un tant soit peu à enrichir les recherches et les études déjà menées dans ce sens.

Dr Abdulaziz Othman Altwaijri

Directeur général del’Organisation islamique pour l’Education,

les Sciences et la Culture (ISESCO)

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Connotations du terme « monde islamique »Le terme « monde islamique » est utilisé en référence à l'espace englobant la nation islamique. A cet égard, Dieu a dit : « Ceci est votre seule nation, et je suis votre Seigneur, adorez-moi »(1).

D’un point de vue politique et stratégique, qu’est-ce qu’on entend par cette expression, que l’on a rencontré pour la première fois dans les écrits orientalistes vers la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle?

Le terme (monde islamique) renvoie aux différents Etats et communautés qui ont en commun la religion islamique et dont l'histoire a été marquée par l’Islam, ou ceux qui ont été marqués par cette religion et cette histoire.

Les musulmans, dont le nombre avoisine le un quart de la population mondiale, sont disséminés sur les cinq continents. L'Islam a imprégné et imprègne encore, le monde islamique aux niveaux aussi bien politique, culturel que spirituel.

Le terme « monde islamique » s’applique à environ quatre-vingt-six (86) Etats à majorité musulmane, situés pour la plupart d’entre eux en Asie comme en Afrique et dont le nombre va en s’accroissant.

Il désigne également la Oumma islamique dans sa globalité, compte tenu des divers éléments en commun constituant la culture islamique, à savoir la religion islamique et les diverses questions religieuses intéressant cette nation.

1) Sourate Al-Anbiaa, verset 92

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Situation géographique et ressources humainesLe monde islamique couvre une zone située à 120° degrés de longitude Est et à 30° degrés de longitude Ouest. Il s’étend de l'Indonésie à l’Est, en continuant vers l'Ouest, sur la côte Est de l'océan Atlantique.

Il s’étale sur une région à 56° degrés de latitude Nord, au Sud de l'équateur.

Le monde islamique surplombe dix-huit (18) mers, trois océans et quatre lacs traversant plusieurs pays.

Ces océans sont : l'océan Indien, l'océan Atlantique et l'océan Pacifique.

Les mers sont: la Méditerranée, la mer Rouge, la mer Caspienne, le golfe d'Aden, le golfe Persique, la mer Noire, la mer de Chine méridionale, la mer de Marmara, la mer de Timor, la mer Egée, la mer Morte, la mer Adriatique et autres.

Les lacs partagés par le monde islamique et d'autres pays sont: le lac Victoria, le lac Tanganyika, le lac Malawi et le lac Torquena.

Le monde islamique comprend des passages maritimes et des détroits parmi les plus importants au monde, à savoir : Bab el Mandeb, détroit d'Ormuz, détroit de Malacca, détroit de Singapour, détroit des Dardanelles, détroit de Bosphore, détroit du Mozambique, détroit de Gibraltar, détroit de Gull, détroit de Gopal, détroit d'Otrante, détroit de Tiran, Canal de Suez et détroit Macassar.

On trouve dans le monde islamique plus de deux cent cinquante (250) fleuves et près de dix mille (10.000) rivières. On y trouve aussi les principaux fleuves du monde: le Nil, l'Euphrat, le Tigre, Sihon et Gihon (en Asie centrale), ainsi que le fleuve Niger, le fleuve Sénégal, la rivière Volga, la rivière de l'Oural, la rivière Indus, la rivière Gange, la rivière de Sebou, etc.

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Densité de la populationSelon les statistiques de 2012, le monde islamique compte une population estimée à près d’un milliard six cents millions de personnes (1.571.198.000), soit 24 % de la population mondiale. Le taux de fécondité dans le monde islamique étant le plus élevé au niveau mondial, le nombre des musulmans ne cesse par conséquent de croître(2).

Le monde islamique couvre une superficie de 41.707.540 kilomètres carrés, soit 28 % de celle du globe terrestre.

Les États membres de l’OCI sont répartis en quatre divisions géographiques : les pays asiatiques, constituant la majorité, les pays africains, les pays arabes et quatre pays européens, à savoir: Kosovo, Bosnie-et-Herzégovine, Albanie, outre deux Etats en Amérique du Sud qui sont: Guyane française et Suriname.

La plupart des pays du monde islamique étaient sous l'occupation européenne, avant de recouvrer petit à petit, leur indépendance. Aujourd’hui, l'Organisation de la coopération islamique compte cinquante-sept (57) Etats membres, dont cinquante-deux Etats (52) membres au sein de l'ISESCO. Il y a aussi d’importantes communautés musulmanes en Inde (environ Cent quatre vingt millions d'habitants), en Chine (environ soixante millions d'habitants) et dans la Fédération de Russie (environ trente millions de personnes).

2) Il est prévu que le taux de la population musulmane dans le monde s’accroîtra de 35% dans les 20 prochaines années, passant ainsi de 1,6 milliards en 2012 à 2,2 milliards en 2030, selon les nouvelles estimations démographiques publiées par le PEW (Research Center’s Forum on Religion Public Life).

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On trouve des musulmans dans tous les continents du monde. Leur nombre est estimé à plus de cinq cent millions (500.000.000) musulmans, soit un tiers de la Oumma islamique, vivant en dehors des frontières des États membres de l'OCI(3).

Les musulmans sont répartis un peu partout dans le monde. Certains d’entre eux vivent dans de grandes communautés de musulmans autochtones dont ils font partie intégrante. C'est le cas notamment en Inde, en Chine et dans la Fédération de Russie. Certains d'entre eux vivent, en revanche, dans de petites communautés dispersées dans de nombreux pays en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique Latine.

On a assisté récemment, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, à l'émergence de nouvelles communautés de musulmans dont le nombre ne cesse de croitre. Cela tient au premier chef, à la facilité de déplacement entre les différents pays, de personnes en quête de meilleures opportunités d'emploi, en plus des vagues successives de migration vers l'Europe et l'Amérique du Nord, en particulier.

3) Les indicateurs statistiques des Etats membres de l’OCI- Centre de Recherches Statistiques, Economiques et Sociales et de Formation pour les Pays islamiques (SESRIC), Ankara.

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Diversité linguistique et coexistence culturelleEtant donné l’immensité du monde islamique et la diversité de ses peuples en termes de race et de culture, on y compte plus de vingt (20) langues officielles islamiques, en plus de nombreux autres parlers et dialectes locaux. Le nombre d’arabophones est de 20 à 30 % des musulmans, tandis que les peuples autres que les Arabes ont des langues comme : l’ourdou, le persan, le turc, le kurde, le kazakh, le pachtoun, l’ouzbek, le swahili, le bahasa, le malais, le berbère, le haoussa…etc.

Outre l’Islam, on trouve dans un certain nombre de pays du monde islamique, d’autres religions telles que : le christianisme, l'hindouisme, le bouddhisme, le judaïsme, le zoroastrisme, le confucianisme et le sikhisme. Les musulmans sunnites représentent 90 % de la population, contre 10% de chiites, en particulier les adeptes de la doctrine chiite duodécimain.

Tous ces peuples islamiques coexistent pacifiquement, en dépit de leur multiplicité et diversité aussi bien en termes de culte, de langue que de culture. Les musulmans ont ainsi, contribué aux côtés des adeptes des autres religions, sectes et confessions avec lesquels ils ont vécu au fil du temps, à l’édification de la civilisation islamique. Celle-ci s’est enrichie dans une large mesure de l’apport des anciennes civilisations humaines: civilisation jébuséenne, cananéenne, phénicienne, araméenne, civilisation des Arabes Ghassanides, civilisation des Arabes nabatéens, civilisation de Saba, de Himyar et d’Altbabah, civilisation persane, grecque, romaine, civilisation d'Abyssinie, ainsi que les civilisations au-delà du fleuve, à savoir celle de l'Ouzbékistan, du Kazakhstan, du Turkménistan et la civilisation turque.

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Partant, la civilisation islamique a constitué et constitue encore le creuset de toutes ces civilisations, dont elle a pu intégrer les valeurs humaines et les bonnes mœurs, ainsi que les différents apports en matière de pensée, de science, de littérature, d’art, d’urbanisme de création et de recherche, afin d’assurer une vie décente et digne à l’être humain. Ce dernier a été en effet honoré par Dieu conformément à la parole divine: « Certes, Nous avons honoré les fils d'Adam. Nous les avons transportés sur terre et sur mer, leur avons attribué de bonnes choses comme nourriture, et Nous les avons nettement préférés à plusieurs de Nos créatures »(4).

Un bloc homogène et cohérentLe monde islamique constitue aujourd'hui une entité à part entière qui se propose de remplir une mission humanitaire universelle. Sa présence se renforce de plus en plus sur la scène internationale de façon constante, en dépit des multiples problèmes rencontrés par les musulmans à l’heure actuelle. Ces problèmes exacerbés sous la pression des défis majeurs auxquels se heurte le monde islamique, affecte de manière grave cette immense entité, l’empêchant ainsi d’aller de l’avant sur la voie du progrès, de la prospérité et du développement durable.

L'analphabétisme : un obstacle majeur au développementEn passant en revue les grands défis auxquels fait face le monde islamique lesquels affaiblissent ses capacités et entravent ses plans de développement, l'analphabétisme qui sévit dans tous les pays islamiques, sans exception, vient en tête. Il constitue de

4) Sourate Al-Israa, verset 70

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loin un mal qui ronge toutes les sociétés musulmanes. Selon les données de l'Institut de statistique de l'UNESCO et les statistiques avancées par l'ISESCO ainsi que les différents rapports annuels sur le développement humain élaborés par les organisations internationales, le taux d'analphabétisme dans de nombreux pays du monde islamique, se situe à 45 % chez les hommes et à 65 % chez les femmes.

Ce pourcentage, en hausse de 10 % en campagne qu’en ville peut atteindre jusqu’à 30 % dans certains Etats islamiques. Seuls quelques pays du monde islamique ont réalisé des progrès notables dans l'éradication de ce fléau, dont le taux est descendu à près de 1 %. Un résultat positif qui sera abordé plus en détail plus loin dans la présente étude.

L'analphabétisme n’est pas uniquement une offense à la Oumma considérée par le Saint Coran comme dépositaire du savoir. Il constitue en outre, une question d'une importance cruciale qui mérite d'entrer dans ce qu'on appelle les (questions fatidiques) ou les (questions centrales). Elle doit en tant que telle, recevoir une attention particulière de la part de la plus haute autorité au sein du monde islamique.

Hélas, l'analphabétisme n’est pas encore érigé en priorité par la plupart des pays du monde islamique. Il est plutôt considéré, comme une simple question d’ordre éducatif et éthique et non en tant qu’enjeu de développement socio-économique. En effet pour ces pays, l'analphabétisme est un souci de sécurité nationale au sens large du terme, que ce soit au niveau de l'Etat ou au niveau de l’ensemble du monde islamique. L’Islam constitue à cet égard, le socle autour duquel s’organise le bloc arabo-islamique, dont les Etats sont affiliés à la Ligue arabe et/ou à l'OCI.

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L'analphabétisme, dans nombreux pays du monde islamique, a atteint des proportions alarmantes, à telle enseigne qu’il est devenu un phénomène social qui nous incite à tirer la sonnette d’alarme. Il dépasse de loin par ses effets néfastes, ceux engendrés par la pauvreté, l'ignorance, la maladie et l’insécurité dans bon nombre de pays islamiques. De fait, l'analphabétisme est le principal déclencheur de bon nombre de ces phénomènes qui entravent la croissance et confortent le cercle vicieux du sous-développement, et ce en dépit des efforts considérables consentis par ces pays pour surmonter ces obstacles, et établir une base solide pour le développement durable, à même d’opérer de profonds changements en leur sein.

En effet, aussi bien la pauvreté, l'ignorance, la maladie, l’insécurité que le sous-développement sont dus en grande partie à l'analphabétisme, ce qui empêche l’Homme de prendre conscience de ses droits comme de ses devoirs, et partant de contribuer au bien-être de la société ainsi qu’à la préservation de ses intérêts suprêmes. Souvent, l’insécurité procède de l'analphabétisme, à la fois au sens propre du terme que dans son acception la plus générale, à savoir l'ignorance de la loi pour beaucoup de ceux qui commettent des crimes tombant sous la coupe de la loi. Il en est de même de la compréhension erronée de la religion pour beaucoup de ceux qui s'engagent dans le terrorisme sous couvert de la religion, et de ce fait deviennent une proie facile pour l'extrémisme et l’intolérance car ils font une interprétation très bornée des textes religieux.

L’ISESCO note avec amertume au vu des indicateurs de suivi des programmes d'alphabétisation dans les États membres, que le taux d'analphabétisme dans un certain nombre de régions du monde islamique est en hausse constante, nonobstant les efforts considérables déployés par les instances gouvernementales dans ces pays pour l’éradication de ce fléau. Seul un nombre limité de ces

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États membres ont pu réaliser quelques prouesses dans ce domaine, dont l’importance varie d'un État à l'autre.

Les études menées récemment par l'ISESCO ont montré que l'analphabétisme est l'un des principaux obstacles au développement dans l’ensemble des pays islamiques. Ainsi, afin d’assurer l’essor et le bien-être de nos sociétés, il convient de redoubler d’efforts à cet égard et de mettre en œuvre les mécanismes à même d’endiguer ce fléau. Ceci passe certes par l’adoption de nouvelles méthodes et approches novatrices, mais aussi par la mise en place de mesures audacieuses, grâce à une volonté politique affirmée et responsable.

Il va sans dire que la prolifération de l’analphabétisme, les obstacles auxquels font face les efforts de développement, la rareté des ressources, la mauvaise planification stratégique engendrent des résultats médiocres du secteur éducatif, tous niveaux confondus. Selon les rapports annuels sur le développement humain et ceux établis par l'ISESCO, le niveau de qualité et d'accréditation dans le secteur de l'enseignement dans la majorité des pays islamiques, régressent de façon alarmante.

Il ne fait aucun doute que le pourcentage élevé des enfants dans le monde islamique, constitue un fardeau qui pèse lourdement sur la plupart des Etats, si bien que ces derniers sont incapables d'absorber le nombre grandissant d'enfants dans les programmes de protection de l’enfance et d’enseignement préscolaire. En effet, une bonne éducation dans le cycle primaire a un fort impact à tous les stades du processus éducatif. Il ressort du rapport de la Banque mondiale sur l'enseignement secondaire 2010(5) que l'investissement dans l'enseignement secondaire a un rendement économique élevé aussi

5) Les indicateurs statistiques des Etats membres de l’OCI- SESRIC, Ankara.

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bien sur l'individu que la société. L'investissement dans l'enseignement supérieur, quant à lui, offre des opportunités propices à la croissance économique et au changement social. Il est clair d'après les études menées par l'ISESCO et les rapports à la fois de l'UNESCO et de la Banque mondiale que l'éducation dans de nombreux pays du monde islamique demeure faible que ce soit au cycle primaire, secondaire ou universitaire. Elle a pour ainsi dire, des retombées économiques et sociales insignifiantes, à de rares exceptions près d'un État à l’autre, et ce en dépit des efforts déployés sur le plans national pour la promotion du processus éducatif.

Les indicateurs de l’éducation élaborés par le Centre de Recherches Statistiques, Economiques et Sociales et de Formation pour les Pays Islamiques (SESRIC) issu de l'OCI (basée à Ankara), nous en dit long à cet égard(6) :

Ainsi, le taux le plus élevé d'alphabétisation des adultes (lecture et écriture) se trouve dans les États membres de l'OCI suivants :

- République d'Ouzbékistan : 99,9 %

- République du Kazakhstan : 99,6 %

- République Turkménistan : 99,5 %

- République du Tadjikistan : 99,4 %

- République d'Azerbaïdjan : 99,4 %

- République du Kirghizistan : 99,3 %

- République d'Albanie : 99,00 %

- République des Maldives : 97,00 %

- Brunei Darussalam : 94,9 %

6) SESRIC- indicateurs choisis de l’enseignement (2012), Ankara.

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- Etat du Koweït : 93,9 %

- Etat de Palestine : 92,4 %

- Malaisie: 91,9 %

- Etat des Emirats Arabes Unis : 90,4 %

- Etat du Qatar : 90,2 %

- République turque : 88,4 %.

Situation de l'éducation dans le monde islamique De nombreux pays du monde islamique ont échoué dans la généralisation de l'éducation primaire, l’amélioration de la qualité de l'enseignement secondaire et celle de l'enseignement universitaire. Un échec qui se répercute de manière négative sur la recherche scientifique, laquelle n'a toujours pas la place qui lui échoit dans les plans d'action et politiques mise en œuvre à cet égard. Les rapports de l’ISESCO indiquent en conformité avec les statistiques de l'UNESCO, que la proportion des dépenses allouées à la recherche scientifique dans les pays islamiques est inférieure à un (1) % du produit national brut de chaque Etat, contre plus de trois (3) % dans les pays développés.

L'ISESCO a mis en place la Stratégie pour la science, la technologie et l'innovation qui a été adoptée par la Conférence islamique au Sommet. Toutefois, à l’instar des 16 stratégies élaborées par l'ISESCO, la mise en œuvre de cette stratégie est tributaire de la volonté politique active et pertinente, capable de réaliser la réforme, le développement et la modernisation.

Selon les indicateurs des sciences et technologie, la proportion des dépenses allouées à la recherche scientifique du produit intérieur

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brut (PIB) dans les pays du monde islamique est extrêmement faible. Dans certains pays, ce taux atteint 0,1% seulement, voire plus de la moitié des Etats membres de l'OCI n'alloue aucun pourcentage de leur produit intérieur brut à la recherche scientifique. La plus grande proportion des dépenses consacrées à la recherche scientifique a été constatée dans les pays suivants(7) :

- République tunisienne : 0,73%

- République turque : 0,69%

- Royaume du Maroc : 0,60%

- République islamique d'Iran : 0,59%

- Malaisie : 0,59%

- Royaume Hachémite de Jordanie : 0,34%

- République d'Azerbaïdjan : 0,30%

- République islamique du Pakistan : 0,24%.

Face à cette réalité peu reluisante, force est de constater avec amertume que le sous-développement dans le domaine scientifique prévaut dans la quasi-totalité des pays islamiques. Cet état de fait se traduit par une faiblesse de l'économie, une croissance chancelante, ainsi que par une série de crises économiques et de problèmes sociaux qui entravent la poursuite des objectifs assignés dans le cadre des plans de développement global et durable.

7) Op.cit. indicateurs des sciences et technologie.

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Programme d’action décennal pour relever les défis du MillénaireLa session extraordinaire de la Conférence islamique au Sommet s'est tenue en 2005 à Makkah Al Mukarramah, au cours de laquelle fût adopté le (Programme d’action décennal pour faire face aux défis auxquels la Oumma islamique se trouve confrontée au XXIe siècle). La deuxième clause de ce programme d’action consacrée au développement et aux questions économiques, sociales et scientifiques prévoit notamment d’inviter les Etats Membres à participer aux efforts internationaux pour soutenir les programmes visant à éradiquer la pauvreté, renforcer les capacités des États membres de l'OCI les moins avancés, la promotion des activités visant à assurer le développement socio-économique au sein des pays africains, le soutien de l’industrie, l’encouragement du commerce et de l'investissement, le transfert de la technologie, l'allégement de la dette et l'éradication des maladies.

En ce qui concerne l'enseignement supérieur, la science et la technologie, le Programme souligne la nécessité d’améliorer les établissements et les programmes d'enseignement, à tous les niveaux, relier les études universitaires aux plans de développement global dans le monde islamique, en accordant la priorité aux sciences et à la technologie, à la facilitation de l'interaction académique et de l'échange d’expertise entre les institutions académiques des États membres et les inciter à œuvrer pour un enseignement de qualité visant à encourager la créativité, la recherche, l’innovation et le développement.

Cependant la réalité est tout à fait différente puisque la mise en œuvre de cette clause du Programme décennal se fait très lentement

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voire n'est pas du tout appliquée dans la majorité des pays concernés. En effet, la pauvreté reste très répandue dans la plupart des pays islamiques. Selon les rapports de l'ONU, les pays les plus pauvres au monde sont ceux appartenant au monde islamique. Pis encore, certains peuples islamiques sont aujourd’hui, des foyers de guerre, de conflits sectaires, de déplacement et de génocide.

C’est pourquoi, la plus forte proportion de réfugiés dans le monde est constituée de musulmans. D’ailleurs, selon les indicateurs statistiques des pays membres de l’OCI élaborés par le SESRIC (relevant de l'OCI), nous constatons au niveau économique que(8) :

Le plus bas PIB par habitant en dollars U.S. se trouve dans les cinq pays suivants :

- République de Guinée-Bissau : 211 dollars U.S.

- République du Niger : 289 dollars U.S.

- République de Somalie : 291 dollars U.S.

- République islamique d'Afghanistan : 341 dollars U.S.

- République islamique du Bangladesh : 428 dollars U.S.

Le PIB le plus élevé par habitant en dollars U.S. se trouve en revanche, dans les cinq pays suivants :

- Etat du Qatar : 76,391 dollars U.S.

- Etat des Emirats Arabes Unis : 47,866 dollars U.S.

- Brunei Darussalam : 31,835 dollars U.S.

- République d'Irak : 15,519 dollars U.S.

- Royaume d’Arabie Saoudite : 15,481 dollars U.S.

8) Op.cit, BASEIND (principaux indicateurs socio-économiques).

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Le monde islamique a des spécificités qui lui permettent de passer de l’état de faiblesse à l’état de force pourvu qu’il puisse exploiter pleinement ses capacités en s’armant de ses connaissances en matière des systèmes d’administration, de gestion et d'investissement. Parmi ces avantages: une économie forte, des ressources naturelles abondantes, une superficie énorme qui couvre environ un 1/4 de la superficie du globe, un grand nombre de rivières, une superficie étendue de terres arables qui avoisinent celle de l'Australie, une densité de la population dominée par les jeunes, sans oublier sa richesse culturelle et civilisationnelle laquelle contribue à améliorer le moral des peuples du monde islamique.

Le monde islamique puise toute sa force dans la religion islamique laquelle a élevé le travail fructueux et bénéfique au rang de culte de Dieu.

Stratégies de l'ISESCO pour la promotion du monde islamiqueCes défis de taille auxquels la Oumma islamique se heurte sont d’autant plus amplifiés que l’on assiste aujourd’hui au sein du monde islamique à d’autres menaces plus graves, à savoir le sectarisme et les conflits confessionnels entre les peuples de cette même entité. En effet, on constate actuellement que le phénomène sectaire est en expansion, dans la mesure où les conflits sectaires sont désormais déclarés entre les sunnites et les chiites. Un conflit qui menace l'unité spirituelle et culturelle de la Oumma islamique, voire constitue un véritable foyer de tension et d’instabilité, jetant ainsi le discrédit sur les sociétés musulmanes. C’est là un danger sérieux qui nous interpelle tous à plus d’un titre. Aussi les sages de cette nation sont-ils appelés à y faire face de manière efficace et avec un sens

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de responsabilité. A cet égard, il convient de rappeler les efforts de l'ISESCO dans ce domaine, notamment la mise en place d’une Stratégie pour le Rapprochement entre les Madhahib islamiques (doctrines religieuses islamiques), adoptée par la Conférence islamique au Sommet avec ses mécanismes de mise en œuvre dans le cadre duquel a été créé le Conseil consultatif supérieur pour le Rapprochement des Madhahib qui regroupe une pléiade d’éminents jurisconsultes musulmans et œuvre dans le cadre de l’ISESCO.

Néanmoins et par souci d’objectivité, il faut reconnaître que cette stratégie n’est pas appliquée du fait que certaines parties de la Oumma islamique, continuent à attiser les conflits sectaires. Ce faisant, ils cherchent par tous les moyens, à diffuser la pensée sectaire, en mettant tout en œuvre pour promouvoir leur propre idéologie, provoquant ainsi de graves crises, ainsi que des foyers de tension et d'instabilité dans de nombreuses régions du monde islamique.

Il va sans dire que les conflits et les guerres qui déchirent le monde islamique et l’affectent gravement, résultent principalement de l'expansion tous azimuts de la doctrine sectaire dans le monde islamique. Cette politique est néanmoins, vouée à l'échec conformément à la parole divine: «Quant à l’écume, elle se perd, tandis que ce qui profite aux gens reste près du sol »(9).

Il convient de noter dans ce contexte, que la situation d’instabilité, les guerres et les conflits qui sévissent dans les différentes régions du monde islamique, poussent les puissances étrangères à s’ingérer dans les affaires intérieures de certains pays musulmans leur laissant la voie libre pour pénétrer les sociétés islamiques et orienter leurs

9) Sourate Ara’ad, verset 17.

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politiques nationales, infiltrer la sphère politique dans certains pays marqués par leur instabilité pour parvenir à réaliser leurs desseins.

Cet état de fait rend le monde islamique une proie privilégiée de nombreux stratagèmes visant à semer la zizanie et la discorde, déstabiliser la région et corrompre la situation générale, ce qui impacte négativement sur les conditions économiques et sociales des peuples islamiques et entrave leur marche vers le progrès.

Le monde islamique : quel avenir ?Tels sont donc les traits distinctifs du monde islamique d’hier et d'aujourd'hui, mais qu'en est-il de demain ? Qu’avons-nous préparé pour l'avenir ?

L’édification de l'avenir du monde islamique auquel nous aspirons et que nous appelons tous de nos vœux, doit passer en premier lieu par l'éradication de l'analphabétisme, sous toutes ses formes : difficulté à lire, écrire, l'analphabétisme numérique, l'analphabétisme se rapportant au savoir. Cette édification de l’avenir est censée découler également du développement de l'éducation et de l’amélioration de sa qualité, en mettant au point un système d'éducation moderne et innovant à l’instar des pays développés. Ceci passe en premier lieu par la formation de l’enseignant qui a foi dans le changement, maîtrisant la culture de l'information et les outils des TIC. Il doit être non seulement un penseur et un professionnel chevronné, apte à communiquer avec ses étudiants et collègues, mais aussi un fin connaisseur de la science contemporaine et de la culture de sa société, tout en œuvrant à améliorer sa situation matérielle.

Il faut en second lieu, mettre à jour les programmes d'études, rénover le système éducatif, moderniser et réformer l'enseignement

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universitaire, en termes d’infrastructures du savoir, de structure organisationnelle et technologique, tout en s’inscrivant dans un contexte mondial. C’est ce qu'on désigne communément par le « Plan de développement en 4 points », qui vise à développer les universités et à promouvoir leur mission dans le soutien au développement global et durable, la promotion de la recherche scientifique, de l'innovation et de la créativité dans les domaines de la science et de la technologie.

Il s’agit en troisième lieu de la lutte contre la corruption en général sur tous les plans (politique, administratif et judiciaire), promouvoir l'intégration économique entre les pays islamiques, élargir le champ du commerce intra régional, tout comme l'échange d'expériences professionnelles, techniques, financières et administratives, la diffusion de la culture du travail, de production et de la pensée scientifique rationnelle dans tous les domaines, l’esprit d’émulation et d’abnégation, ainsi que le sens de l’innovation, gage de croissance équilibrée, de prospérité économique, de progrès scientifique et d'innovation dans tous les secteurs.

En dernier lieu, le monde islamique ne peut prétendre à la stabilité et au progrès que par la lutte contre l’idéologie sectaire, le fanatisme religieux et ethnique, d’autant plus qu’en cas de propagation, cette pensée véhiculerait les facteurs de destruction de l'intérieur, voire entraînerait un affaiblissement du monde islamique, entravant sa marche vers le progrès et la prospérité.

Il convient à cet égard de mettre en œuvre les dispositions de la Charte de l'OCI en matière de résolution des conflits, promouvoir la solidarité islamique face aux convoitises et stratagèmes des grandes puissances étrangères.

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Faire face aux défis externesLes crises graves que traverse le monde islamique aujourd'hui en raison de l’intensification des conflits ne sont pas dues pour la plupart à des facteurs externes uniquement. La question palestinienne, qui remonte à plus de 65 ans (depuis 1948), date de l'occupation israélienne des territoires palestiniens et la perpétration continue par Israël de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, de manière acharnée à l’encontre du peuple palestinien, ou encore par des régimes répressifs contre leurs propres peuples, sont tous des actes et pratiques barbares ayant affaibli la Oumma islamique. Ces actes sont orchestrés par des régimes tyranniques en place, animés par la répression et l’abus de pouvoir l’esprit autoritaire et l’abus de pouvoir, alors qu’ils sont censés préserver les intérêts nationaux de leurs peuples. Il ne faut pas négliger le rôle joué par certaines parties étrangères qui sont responsables, d'une façon ou d'une autre, de l'émergence de conflits et de guerres entre musulmans.

Il convient de souligner à cet égard, les nombreux foyers de tension dans bon nombre de pays musulmans, dont l'Afghanistan, la Somalie, la Syrie, l'Irak, le Yémen, le Liban, le Mali et le Nigeria, l'occupation de certains territoires du monde islamique, comme la Palestine, Ceuta et Melilla, les îles Moulouya(10) dans le Royaume du Maroc, la province de Nagorno-Karabakh azerbaïdjanais placée sous occupation arménienne, Thrace occidentale (dépendant de la Grèce et où la minorité musulmane encourt la répression et la

10) Plus connu dans les médias sous le nom d’Iles Canaries, or il s’agit en fait d’une erreur répandue à laquelle l’ancien historien du Royaume du Maroc, feu Pr. Abdelwahab Ben Mansour, avait attiré l’attention du public.

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persécution), le Turkestan oriental en Chine connu actuellement sous le nom de Xinjiang. Ajouter à cela les graves épreuves vécues par les musulmans que ce soit à Myanmar, Thaïlande, Philippines, Angola ou en République centrafricaine. En effet, ces minorités musulmanes sont victimes de persécution et de répression avec leur lot quotidien d’assassinats et de privation de leurs droits les plus élémentaires même en vivant dans leurs propres pays.

Des efforts soutenus ont été déployés, au cours des quatre dernières décennies, afin de promouvoir et de développer le monde islamique à tous les niveaux, notamment avec la création de l'Organisation de la Conférence islamique (devenue Organisation de la Coopération islamique) en 1972, dans le sillage de la 1ère Conférence islamique au Sommet, tenue à Rabat en 1969, et ce à l'aimable invitation de Feu Sa Majesté le Roi Hassan II, Dieu ait son âme, et en étroite collaboration avec Feu sa Majesté le Roi Fayçal bin Abdulaziz Al Saoud, que Dieu l'ait en sa sainte miséricorde.

Les réformes nécessaires pour la réhabilitationJ’ai publié il y a neuf ans, à la maison d’édition Dar Chorouk - le Caire, un livre intitulé : (Le monde islamique à l'ère de la mondialisation). Dans cet ouvrage, j’ai défini trois conditions pour changer la réalité des médias : la mise à jour des programmes d'études, le développement des systèmes éducatifs et l’appui à la recherche scientifique dans tous les domaines de la connaissance, en plus du renouvellement des modes de vie publique. A cet effet, il convient de mettre en place un programme-médias rationnel à prendre comme tremplin pour bâtir des lendemains meilleurs.

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J’ai également expliqué que les programmes d'enseignement ne sauraient se développer et que la recherche scientifique ne pourrait trouver ses lettres de noblesse, en se hissant au rang de priorité majeure, que si on améliore la situation générale dans la plupart des pays arabo-musulmans, dont la faiblesse et l'instabilité est le trait dominant, en raison des modèles politiques et économiques y adoptés et qui se sont révélées être un échec total.

J’ai mis l’accent dans ce livre sur la nécessité: « de mener de profondes réformes à même d’accorder à la libre volonté la place qui lui échoit, instaurer la confiance, raviver les espoirs, éteindre le feu de la colère et de l'anxiété, dissiper la peur et la suspicion, et vaincre l’hésitation et la réticence à participer à la chose publique au sein de la communauté ».

A cet égard, l’on peut lire dans le huitième alinéa intitulé (Droits de l'homme et bonne gouvernance) du « Programme d'action décennal pour faire face aux défis auxquels la Oumma islamique se trouve confrontée au XXIème siècle », qui a été adopté lors de la troisième Session Extraordinaire du Sommet Islamique, tenue à Makkah Al Mukarramah en 2005, ce qui suit : « Veiller à élargir le champ de la participation politique, à garantir l'égalité, les libertés publiques et la justice sociale, à promouvoir la transparence et la responsabilité, ainsi que la corruption dans les Etats membres de l'OCI ».

L'adoption de ce programme constitue un engagement de la part des pays du monde islamique à opérer une réforme de la situation générale tant en termes de doctrine, de méthodologie que de politique. C’est aussi un engagement en faveur du changement, du renouvellement et de la modernisation, en vue de se mettre au diapason des pays développés, et partant reprendre un nouveau cycle de vie pour la civilisation islamique.

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Ceci nous amène à se poser la question suivante: Quel serait l’état des lieux du monde islamique si les recommandations et autres résolutions et stratégies de la session extraordinaire du Sommet islamique tenue il y a huit ans, étaient réalisées ou du moins leur mise en œuvre a été lancée ?

En effet, le monde islamique n’a pas su tirer parti des nombreuses opportunités qui se sont offertes à lui. Si la plupart des pays islamiques avaient la ferme et sincère volonté ainsi que la capacité de mettre en œuvre les résolutions adoptées lors de ses multiples Conférences islamiques, et en particulier la Conférence islamique au Sommet, les sessions du Conseil des ministres des Affaires étrangères des pays de l'OCI, et les Conférences ministérielles spécialisées organisées par l'ISESCO, la situation dans le monde islamique aurait pu être meilleure, à tous les égards. Le monde islamique dispose d’un potentiel énorme et d’une pléthore de ressources, outre d’importants atouts géographiques et humains à même d’assurer son progrès et lui permettre de se libérer des pressions exercées par des puissances étrangères néocoloniales pour pouvoir affirmer sa présence sur la scène internationale.

Ces défis majeurs que le monde islamique est appelé à relever, à l’heure actuelle, mais aussi depuis bien longtemps, ne sauraient anéantir la lueur d’espoir qui pointe à l’horizon ni entamer la volonté d’action chez les musulmans ; car des perspectives positives se dessinent, augurant par-là de lendemains meilleurs. Le monde musulman renaîtra un jour de ses cendres, et pourra ainsi surmonter, par la volonté de Dieu, les embûches sur son chemin vers le progrès et la prospérité. Pour cela, il faut renforcer la solidarité islamique et promouvoir l'unité du monde islamique dans le cadre du respect de la pluralité, de la diversité et de la souveraineté nationale de chaque Etat membre de l’OCI. Il faut également faire face aux convoitises

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étrangères, par le biais de politiques concertées, pour ne pas dire unifiées, et en adoptant des positions fermes en conformité avec la Charte de l'OCI, celle des Nations Unies et les règles du droit international.

Un développement intégré et global Les études scientifiques modernes, que ce soit dans le domaine des sciences politiques, économiques ou sociales, ne font pas de distinction entre ces différents types de développement, dans la mesure où ils constituent tous un système de développement intégré. Les pays concernés par le développement économique et social, ne sauront en effet, réaliser les objectifs qu’ils se sont fixés, que s’ils s’intéressent au développement politique en en font une de leurs préoccupations majeures. Dans tous les cas, le développement aussi bien économique, social que politique ne peut porter ses fruits que s’il s’appuie sur une base plus large de développement dans les domaines de l'éducation, des sciences, de la technologie, de la culture et de la communication à travers l’ensemble du monde islamique, allant de l'Atlantique au Pacifique.

L'évolution de la notion de développement a donné lieu à un concept plus large et profond, à savoir ce qu’on appelle aujourd'hui le développement global et durable. Il s’agit là d’une notion qui vient d’être adoptée par l’Organisation des Nations Unies et les organes qui en sont issus. L’ONU a organisé de nombreuses conférences internationales sur le développement global et durable, au cours de ces deux dernières décennies dont certaines ont été marquées par la participation de l'ISESCO, en tant qu'organe islamique spécialisée dans le développement de l'éducation, de la science, de la culture et de la communication au sein du monde islamique.

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A la lumière de l’élargissement du concept de développement qu’a été publié en septembre 2000, la Déclaration du Millénaire des Nations Unies. Dans l'alinéa (III) de ladite Déclaration (Réalisation du développement et élimination de la pauvreté), il a été mis l'accent sur les engagements suivants en matière de développement :

1. Nous n’épargnerons aucun effort pour délivrer nos semblables - hommes, femmes et enfants - de la misère, phénomène abject et déshumanisant qui touche actuellement plus d’un milliard de personnes. Nous sommes résolus à faire du droit au développement une réalité pour tous et à mettre l’humanité entière à l’abri du besoin.

2. En conséquence, nous décidons de créer - aux niveaux tant national que mondial - un climat propice au développement et à l’élimination de la pauvreté.

3. La réalisation de ces objectifs suppose, entre autres, une bonne gouvernance dans chaque pays. Elle suppose aussi une bonne gouvernance sur le plan international, et la transparence des systèmes financier, monétaire et commercial. Nous sommes résolus à mettre en place un système commercial et financier multilatéral ouvert, équitable, fondé sur le droit, prévisible et non discriminatoire.

4. Nous sommes préoccupés par les obstacles auxquels se heurtent les pays en développement dans la mobilisation des ressources nécessaires pour financer leur développement durable. Nous ferons donc tout pour assurer le succès de la Réunion intergouvernementale de haut niveau chargée d'examiner la question du financement du développement à l'échelon intergouvernemental, qui doit se tenir en 2001.

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5. Nous nous engageons également à prendre en compte les besoins particuliers des pays les moins avancés. A cet égard, nous nous félicitons de la convocation en mai 2001 de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés et nous nous efforcerons d’en assurer le succès.

Ces engagements confirmés reflètent la volonté de la communauté internationale d’appuyer les efforts en faveur du développement global et durable dans le monde. De par leur portée politique, économique, sociale et culturelle, ces engagements convergent dans le sens de l’action globale accomplie par l'ISESCO dans sa quête incessante du développement soutenu, global et durable des sociétés islamiques, sur les plans tant éducatif, scientifique que culturel, de manière à en tirer profit et surmonter les défis du millénaire.

Objectifs du Millénaire pour le développementLes États membres de l'Organisation des Nations Unies, qui sont au nombre de 192 pays, et de pas moins de 23 organisations internationales, ont convenu lors du Sommet mondial du millénaire, de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d'ici l'an 2015. Il s’agit de huit principaux objectifs qui constituent ce qu'on pourrait appeler un (Programme de développement à l’échelle mondiale)(11). En passant en revue ces nobles objectifs qui incarnent la volonté internationale, et qui constituent un cadre général pour parvenir à un développement global et durable dans le monde, nous constatons qu'elles coïncident avec ceux à la réalisation desquels

11) Objectifs du Millénaire pour le Développement-Nations Unies- New York.

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l'ISESCO œuvre dans les limites de ses compétences. Ces objectifs s’inscrivent globalement dans le cadre des plans d’action triennaux successifs, tels qu’ils figurent dans le (Programme d’action décennal pour faire face aux défis auxquels la Oumma islamique se trouve confrontée au XXIe siècle), adopté lors du 3ème Sommet islamique extraordinaire tenu à Makkah Al Mukarramaha, en 2005. Ces objectifs se présentent ainsi :

1er objectif : Réduire l’extrême pauvreté et la faim

2ème objectif : Assurer l'éducation primaire pour tous

3ème objectif : Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes

4ème objectif : Réduire la mortalité infantile

5ème objectif : Améliorer la santé maternelle

6ème objectif : Combattre le VIH/Sida, le paludisme et d'autres maladies.

7ème objectif : Assurer un environnement durable.

8ème objectif : Mettre en place un partenariat pour le développement.

À l'exception du premier axe du 3ème objectif (promouvoir l'égalité des sexes), au sujet duquel nous émettons, certes, des réserves au cas où ceci impliquerait la transgression des dispositions de la charia islamique, tous les autres objectifs font néanmoins l’objet d’un consensus à l’échelle internationale.

On peut dire globalement, que l'ISESCO est un acteur actif qui joue un rôle clé dans les efforts déployés par la communauté internationale à plus d'un niveau, en vue d’instaurer un partenariat mondial pour le développement, où le monde islamique s’intègrerait pleinement, en raison des ressources diverses, des capacités multiples et du potentiel important dont il dispose.

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De surcroît, l'ISESCO est impliquée dans la mise en œuvre du (Programme d'action décennal pour faire face aux défis auxquels la Oumma islamique se trouve confrontée au XXIe siècle), dans les limites de ses compétences et selon les moyens mis à sa disposition.

Responsabilité de l'ISESCO pour relever les défis du MillénaireCe partenariat, aux niveaux islamique et international, destiné à soutenir les efforts visant à atteindre un développement équilibré et intégré dans des domaines vitaux tels que l'éducation, la science, la technologie, l'innovation, la culture, la communication, l'environnement et l'enfance, est ce qui distingue au plus haut niveau, le nouveau plan d'action triennal de l’ISESCO, adoptée lors de la 11ème Conférence générale tenue le 1er décembre 2012 à Riyad. Ce plan d'action vise en effet, à promouvoir le monde islamique afin qu’il puisse relever les défis du Millénaire.

Dans le domaine de l'éducation, ce plan se focalise sur deux priorités sectorielles : 1- le développement des systèmes éducatifs des États membres ; 2- le renforcement du rôle de l'éducation dans la consécration des valeurs humaines communes et le traitement des questions de développement. De ces priorités découlent de nombreux autres objectifs qui vont de pair avec le soutien au développement global et durable dans le monde islamique.

Dans le domaine de la science, le plan d'action triennal a mis l’accent sur trois priorités sectorielles, à savoir : 1- Le renforcement des capacités scientifiques et technologiques à des fins de développement ; 2- La préservation de la biosphère ; 3- La mise à profit des sciences humaines et sociales pour promouvoir la paix

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sociale. Ces trois priorités s’articulent autour de plusieurs axes ayant pour thème les questions objet de notre préoccupation.

Dans le domaine de la culture et de la communication, le plan est axé sur deux priorités sectorielles dans le domaine de la culture. 1- L'échange et la diversité culturels au service du dialogue, de la paix et de la stabilité ; 2- La culture et le patrimoine : outils d'intégration sociale et valeur économique. Dans le domaine de la communication, ledit plan s’est appuyé sur une seule priorité sectorielle, à savoir l’édification d’une société de l'information et de la connaissance et le traitement des stéréotypes mutuels. Cette priorité se décline en trois axes intrinsèques.

Concernant les projets sectoriels menés en commun avec les différentes organisations internationales, arabes et islamiques qui collaborent dans ce domaine, l'ISESCO a défini dans le cadre de son plan d'action cinq programmes couvrant des questions de l’enfance, la femme, les jeunes, les personnes aux besoins spécifiques, l'environnement, la santé et la population. Ces programmes englobent aussi l’action culturelle et éducative dédiée aux musulmans en dehors du monde islamique, la correction des informations erronées sur l'Islam et les musulmans, ainsi que les questions se rapportant à l'enseignement supérieur et à la recherche scientifique.

A travers cet exposé, il s’avère que ces différentes questions sur lesquelles l’ISESCO s’est attelée par la mise en place des programmes et d’activités dans le cadre d'un plan d'action et de projets bien définis, grâce à une vision claire et un sens profond de la responsabilité, reflètent l'importance de l'appui fourni par l'ISESCO aux efforts de développement consentis au niveau du monde islamique visant la promotion de la Oumma islamique.

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Etant donné les responsabilités qui nous incombent et sont au-delà de nos capacités et vu que les problèmes accumulés qui entravent le processus de développement dans le monde islamique sont exacerbées par la conjoncture délicate qui prévaut dans la majorité des pays islamiques, l'ISESCO se doit de contribuer par la réflexion et la planification prospective, à la mise en œuvre de plusieurs plans d'actions.

C’est ainsi que l'Organisation constitue le foyer d’expertise de haut niveau dans tous les domaines liés à l'éducation, les sciences, la culture, la communication, l'environnement et l'enfance, en apportant son savoir-faire à tous les pays du monde islamique aux fins de renforcer leurs capacités et rehausser le niveau de performance des politiques nationales dans ces domaines.

En tant que foyer d’expertise, l’ISESCO pourra contribuer non seulement à la mise en œuvre sur le terrain de grands projets civilisationnels, mais également au renforcement des capacités pratiques techniques et académiques des États membres dans les domaines de ses compétences, ainsi qu’à l’élaboration de programmes de mise en œuvre tout en veillant à leur intégration dans le cadre des efforts nationaux consentis par les gouvernements des États membres dans les domaines du développement éducatif, scientifique, culturel et communicationnel.

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Planification stratégique pour l'avenir du monde islamiqueEtant donné que la planification stratégique pour l'avenir du monde islamique constitue une règle fondamentale de son action, l'ISESCO a élaboré à ce jour, seize stratégies qui constituent dans leur intégralité la stratégie globale de développement dans ses domaines de compétence. Parmi ces stratégies, on peut citer notamment : la Stratégie culturelle du monde islamique, la Stratégie en matière de sciences, de technologie et d'innovation, la Stratégie d’action culturelle en dehors du monde islamique, la Stratégie de solidarité culturelle dans le monde islamique, la Stratégie de développement de la biotechnologie dans le monde islamique, la Stratégie de gestion des ressources en eau, la Stratégie de développement de l'enseignement universitaire, la Stratégie de développement des technologies de l'information et de la communication dans le monde islamique, la Stratégie de développement des énergies renouvelables dans le monde islamique, et la Stratégie de développement du tourisme culturel.

Ces stratégies adoptées pour la plupart par la Conférence islamique au Sommet lors de ses sessions successives, répondent aux besoins en développement de l'éducation, des sciences, de la culture et de la communication dans le monde islamique. Si le besoin pour de nouvelles stratégies s'en faisait sentir, l’ISESCO serait à coup sûr, la première à les préparer et à en superviser la mise en œuvre.

En se référant au Programme d’action décennal pour faire face aux défis auxquels la Oumma islamique se trouve confrontée au XXIe siècle, et à la mise œuvre duquel l'ISESCO contribue, nous constatons qu'il définit dans l’alinéa intitulé : « le développement

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et les questions économiques, sociales et scientifiques » les engagements pratiques suivants :

1. Inviter les Etats membres à signer et à ratifier l’ensemble des accords de l’OCI portant sur le commerce et l’économie et à mettre en œuvre les dispositions pertinentes du plan d’action de l’OCI pour le renforcement de la coopération économique et commerciale entre les Etats membres.

2. Demander au COMCEC de prendre des mesures pour élargir le champ des échanges commerciaux entre les Etats membres, d’examiner la possibilité de créer une zone de libre-échange dans un souci de complémentarité économique accrue, de porter le niveau des échanges à 20% du volume global pendant la durée du plan; exhorter les Etats membres à soutenir les activités du COMCEC et à y participer au plus haut niveau possible.

3. Promouvoir les démarches visant à instaurer une coopération institutionnalisée entre l’OCI et les institutions internationales et régionales s’occupant de questions économiques et commerciales.

4. Soutenir les efforts des Etats membres de l’OCI désireux d’accéder à l’OMC et promouvoir la coordination entre les Etats islamiques au sein de l’OMC.

5. Appeler les Etats membres de l’OCI à faciliter la libre circulation transfrontalière des hommes d’affaires et des investisseurs.

6. Soutenir l’effort de promotion du commerce électronique entre les Etats membres de l’OCI et inviter la CICI à renforcer ses activités dans le domaine des échanges de données et

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d’expertise entre les chambres de commerce et d’industrie des Etats membres.

7. Inviter les Etats membres à coordonner leurs politiques environnementales et leurs positions dans les foras mondiaux sur l’environnement pour en éviter les effets pervers sur leur développement économique.

Dans l’alinéa (Appui au développement et à la lutte contre la pauvreté en Afrique), le Programme d’action décennal définit les engagements suivants :

1. Encourager et soutenir les Etats membres pour renforcer leurs activités visant à promouvoir le développement socio-économique des pays africains y compris le soutien de leur processus d’industrialisation, la dynamisation du commerce et de l’investissement, le transfert de technologie, l’allégement de la dette, l’éradication de la pauvreté et des maladies ; souscrire à la nouvelle initiative du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) et adopter à cette fin un programme spécial pour le développement de l'Afrique.

2. Appeler les Etats membres à participer aux efforts mondiaux de soutien aux programmes visant à éradiquer la pauvreté et à renforcer les capacités des PMMA de l’OCI.

3. Exhorter les Etats membres donateurs à annuler les dettes bilatérales et multilatérales des Etats membres à faible revenu.

4. Inciter les institutions et organisations internationales spécialisées à fournir plus d’efforts afin d’éradiquer la pauvreté dans les Etats membres les moins avancés; à venir en aide aux communautés musulmanes, aux réfugiés et aux personnes déplacées dans les Etats membres de l’OCI ainsi

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qu’aux minorités musulmanes dans les Etats non membres et les inciter à participer au Fonds Mondial de Solidarité et de lutte contre la pauvreté.

Quant au domaine de l'enseignement supérieur, de la science et de la technologie, le PAD définit les engagements suivants:

1. Améliorer et réformer effectivement les établissements et les programmes de l’enseignement à tous les niveaux, relier les études universitaires de troisième cycle aux plans de développement intégral du monde musulman, et accorder la priorité aux sciences et à la technologie, à la facilitation de l’interaction académique et de l’échange d’expertise entre les institutions académiques des Etats membres ; et inciter les Etats membres à œuvrer pour un enseignement de qualité visant à encourager la créativité, la recherche, l’innovation et le développement.

2. Mobiliser les éléments hautement qualifiés au niveau du monde musulman et arrêter une stratégie complète pour tirer parti de leur expertise et enrayer le phénomène de la fuite des cerveaux.

3. Demander au Secrétariat général d'examiner l’opportunité d’instituer un Prix de l’OCI pour distinguer les travaux scientifiques des savants musulmans émérites.

4. Inciter les Etats islamiques à promouvoir les programmes de recherche et de développement en ayant à l'esprit que ces activités contribuent pour 2% au Produit intérieur brut des pays avancés ; les inciter également à veiller à ce que ces mêmes activités contribuent pour au moins la moitié de ce taux à leur PIB.

5. Tirer parti des résultats importants du Sommet Mondial de la Société de l'Information tenu à Tunis, auquel tous les Etats islamiques ont pris une part agissante, afin de réduire la

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fracture numérique entre les pays avancés et les pays en voie de développement ; inviter le Secrétariat général de l'Organisation à suivre ces résultats pour renforcer les capacités des Etats membres et leur permettre de s'intégrer à la société de l’information de manière à soutenir le processus de développement des pays islamiques.

6. Encourager les institutions nationales de recherche publiques et privées à investir dans le renforcement des capacités dans les domaines des technologies avancées telles que les applications pacifiques de l'énergie nucléaire.

7. Revoir la performance des établissements universitaires relevant de l’OCI afin d’en améliorer l’efficacité, lancer un appel à la participation aux deux waqf dédiés aux universités islamiques du Niger et d’Ouganda et soutenir l’Université Islamique Internationale de Malaisie.

8. Inviter les Etats membres à fournir un soutien accru à l'Université Islamique de Technologie au Bangladesh pour lui permettre de contribuer davantage au renforcement des capacités des Etats membres de l'OCI par le développement des ressources humaines.

9. Inciter la BID à renforcer son programme de bourses à l’intention des éléments brillants et pour les filières High Tech en vue de promouvoir le développement des capacités scientifiques, technologiques et de recherche dans les Etats membres.

Ce sont là les engagements convenus par les pays de l'OCI, lors du Troisième Sommet islamique extraordinaire, afin de relever les défis du millénaire, auxquels se heurte le monde islamique. L'ISESCO s'est engagée pour sa part, à contribuer à la mise en œuvre de certaines

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de ces obligations qui rentrent dans le cadre de ses attributions les plus larges. Il convient de noter que les plans d'action de l'ISESCO, et en particulier celui relatif à l'année 2010-2012 ainsi que l’actuel plan d’action amorcé au début du mois de janvier, couvre tous ces aspects sans exception aucune. C’est ainsi qu’au sein de l'ISESCO, nous avons pris en considération les grandes lignes et contenus du Programme d’action décennal de l'OCI, lors de l'élaboration du Plan d'action triennal et budget pour les années 2013-2015.

A cet égard, l’ISESCO contribue de manière active à l’action islamique menée conjointement avec l'OCI, afin de promouvoir le monde islamique. Elle s'engage à ce titre, à venir en aide aux États membres pour élaborer leur politique nationale dans tous les domaines qui relèvent de la compétence de l'organisation, et pour mettre en œuvre ces politiques, en veillant à assurer leur développement à tous les niveaux.

C’est ainsi que l’ISESCO considère le développement du monde islamique pour relever les défis du millénaire dans les domaines de ses compétences comme étant une mission civilisationnelle et une responsabilité commune qui incombent à toutes les parties impliquées dans l'action islamique commune.

Les défis majeurs et je souligne le qualificatif « majeurs » auxquels la Oumma islamique se trouve confrontée au présent comme à l'avenir, nous interpellent sur l’exigence de conjuguer davantage nos efforts à tous les niveaux, et de mobiliser toutes les forces vives au sein de nos communautés islamiques afin d’y faire face avec sagesse, courage et solidarité.

L'avenir du monde islamique se construit dans l’enceinte des universités et de ses laboratoires. Il est façonné par les cerveaux innovants et créatifs, mais aussi par les forces vives, responsables

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au demeurant devant Dieu Tout-Puissant, devant leur conscience, et vis-à-vis de leurs sociétés.

L'avenir du monde islamique se forge également dans le labeur sérieux et acharné, comme dans le cadre de la bonne gouvernance, la justice sociale et le respect des droits de l'homme garantis par l'Islam à tous les êtres humains.