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Le Nouvel-Age. A l'aube de l'ère du Verseau by Jean VernetteReview by: Françoise ChampionArchives de sciences sociales des religions, 36e Année, No. 74 (Apr. - Jun., 1991), pp. 301-302Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30122575 .

Accessed: 17/06/2014 22:32

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BULLETIN DES OUVRAGES

comme une entreprise isol6e. Pourtant, des Pdres du desert aux classiques mystiques des XVI'-XVIIC siecles - et au-delA encore - les points de comparaison ne manquaient pas, qui auraient permis de situer Bernard de Clair- vaux parmi ses pairs, ses peres et sa descen- dance en spiritualite, de dire sa difference en somme.

Cette remarque est celle d'un lecteur int&- resse et d69u A la fois. Elle ne doit pas empt- cher de lire ce livre serieux et pr6cis. II presente l'avantage, en tout cas, de mener A une meil- leure connaissance de pratiques jusqu'ici trop peu etudiees, et en seule tonalite pneumato- theologique. A c6te de la psychologie des experiences religieuses dont ce travail temoi- gne, on souhaite une fois encore voir se mettre en place une sociologie de la chose.

Jean Sdguy.

74.342 VAN 'T SPIJKER(Ienje). Als door een speciaal stempel. Traditie en vernieuwing in heiligenlevens uit Noord- west-Frankrijk, 1050-1150 (Marques par un sceau special. Tradition et innovation dans les Vies de saints du Nord-Ouest de la France, 1050-1150). Hilversum (Pays-Bas), Verloren, 1990, 191 p.

Les Vies de Saints de l'6poque de la r6forme gr6gorienne ont assez peu retenu l'attention des chercheurs. L'Auteur y voit la cons&- quence de l'oeuvre des r6formateurs, qui ont r~ussi A nous faire croire A leur vision de l'epo- que, opposant la depravation ant6rieure au renouveau politico-spirituel preche. Une nou- velle lecture de ces Vies de Saints s'impose cependant, afin de mieux saisir les tensions qui traversaient la vie des acteurs et les ideaux dont ils 6taient animes. Analysant une tren- taine de Vies provenant de la Picardie, de l'Ile- de-France et de l'Anjou, I'A. considbre ces textes non pas comme des reflets d'un modele evangelique, comme l'a propos6 A. Vauchez, mais comme des exemples A suivre, 6crits A I'intention de communautes religieuses pr6ci- ses, quand bien meme la structure des textes hagiographiques s'insere dans une tradition de stylisation remontant en dernicre analyse au modele de la vie du Christ. Pour l'A., cepen- dant, ce n'est pas la simple presence d'6l&- ments traditionnels qui importe, mais leur articulation concrete, la relation de ces Cl-

ments entre eux : celle-ci permet de distinguer ventre la < conjoncture > hagiographique et la structure traditionnelle des r6cits. Concrete- ment, cette conjoncture se caracterise par I'op- position entre deux notions aussi centrales que contradictoires : la renuntiatio (l'ascese, le reniement au monde) et la sollicitudo (la solli- citude A 1'6gard d'autrui). Tel qu'il se montre A travers les Vies de l'epoque de la reforme gre- gorienne, I'id6al de saintete est le mieux incar- ne par celui qui sait reconcilier ces deux exi- gences contradictoires, en combinant I'action et la contemplation. C'est ce qui explique que ces Vies sont surtout destinees aux comniu- naut6s religieuses elles-memes, tourmentees par le choix A faire entre ces deux positions extremes.

Willem Frijhoff.

74. 343 VERMEIL (Edmond). La Pens6e religieuse de Troeltsch. Geneve, Labor et Fides, 1990, 105 p. (Histoire et Socie- te, no 18; Introd. de Hartmut Ruddies).

(Cf. Arch., supra, p. 187-202).

74.344 VERNETTE (Jean). Le Nouvel-Age. A l'aube de l'ere du Ver- seau. Paris, Tequi, 1990, 245 p.

A propos de ce nouveau livre de J.V., com- mencons par ce qui est int6ressant : son infor- mation foisonnante qui donne un bon pano- rama des idees et des pratiques du Nouvel- Age, et aussi de ses antecedents historiques: de Kardec, Papus et M"i Blavatski, A Find- horn, en passant notamment par A. Bailey, Steiner et Krishnamurti, tout en integrant bouddhisme et hindouisme revisites.

Mais la mise en perspective analytique et id6ologique est trop marqu6e de parti-pris. Non qu'on demande A I'acteur religieux qu'est J.V. de se montrer sociologue; on est au con- traire int~ress6 A comprendre le travail de < discernement > que de son point de vue de chr6tien il vcut faire. Mais on aurait aime rigueur et bonne foi. Telle ne m'apparalt pas la demarche de J.V. Je soulignerai seulement A ce propos trois points: 1)la volonte qu'a J.V., A l'encontre meme de ses propres observations,

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

d'ignorer les differences, les tensions parfois vives qui existent dans toute cette n~buleuse de nouveaux r~seaux mystiques-6sot~riques dont quelques-uns seulement se r~clament du Nouvel-Age (un exemple: contre ce qu'af- firme J.V. dans sa note de la p. 233 - < A la difflrence des livraisons pr&c~dentes le terme Nouvel-Age (volontairement?) n'apparait gubre cette fois-ci n - la revue Sources ne s'af- firme aucunement Nouvel-Age) ; 2) I'impasse que fait J.V. sur la ligne majeure de transfor- mation du Nouvel-Age tout au long des ann~es quatre-vingts : sa tendance A la banali- sation comme marchandise sur le march6 de la sante et de la " transformation person- nelle n, voire du management pour entrepri- ses; 3)en revanche, la reprise, r~pt&e mais guere 6tay~e, du discours orthodoxe chr~tien qui caractdrise de maniere disqualifiante, comme gnose, ce type de religiosit6. En outre, c'est de manibre fort ambigue - en leur accor- dant une importance et un cr6dit dtmesures meme s'il en appelle aussi A leur sujet au discernement - que J.V. se fait I'6cho de tous ceux qui considbrent le < Nouvel-Age ~ comme le < cheval de Troie du communisme mon- dial n, ou comme le " retour de l'Ant~christ annonc6 par la Bible n, ou bien encore comme li~ 6 1'< sottro-occultisme nazi >.

Francoise Champion.

74.345 VIGNOT (Bernard). Les 2glises Parall>les. Paris, ld. du Cerf, 1991, 125 p. (Coll. " Bref,, n0 35).

Pcut-etre le plus intdrcssant num~ro de cette collection qui compte dejA A son actifnombre de dossiers excellents et concis comme son nom I'indique. II ne faut pas y chercher un repertoire de la multitude d'ecclhsioles qui se rdfbrent de pros ou de loin aux traditions catholiques ou orthodoxes, il existe de tels recensements auxquels la bibliographic ren- voie. On trouvera ici un essai de typologic et d'analyse d'un phb6nomtne dont les manifes- tations se multiplient actuellement et dont I'auteur voit le point de depart dans la procla- mation de la libert6 des cultes par la Rtvolu- tion de 1830 et le premier avatar dans l'lglisec Catholique Frangaise cr6e par I'abb6 Chatel en 1831. 1 ne faut pas confondre ces < chapel- les ) avec d'autres minorit~s d'origine catholi- que telles que la Petite lglise (refus du Con-

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cordat) ou les Vieux-Catholiques (refus de I'infaillibilit6 pontificale) ou les intCgristes schismatiques qui ont suivi Mgr Lefebvre. I1 s'agit dans ces cas de ruptures liies A des 6v&- nements faisant date dans l'histoire de I'tglise et dont les manifestations gdographiquement diversifites, pr~tendent A une certaine univer- salit&... alors que les lglises parallkles se caract~risent par l'exiguRt6 qui les r~duit sou- vent aux fidtles d'un seul lieu de culte, voire au groupuscule des d~vots qui entourent un < pretre > ou un < 6veque a s~par6 de son lglise d'origine en raison de son itintraire spi- rituel personnel ou dont l'ordination meme a eu lieu en marge de l'lglise. De ces Eglises, il faut distinguer un type dit n~o-gallican dont les prccurseurs sont l'Abbd Julio, pretre gubris- seur de la fin du XIX" sidcle dont les Grands Secrets Merveilleux... et autres ouvrages font encore recette, et Mgr Vilatte, pseudo-6veque aventurier, proche des Vieux-Catholiques et des 6piscopaliens ambricains, qui a tent6 de fonder une Eglise catholique, apostolique et franCaise A partir des associations cultuelles pr~conis~es apr~s la separation de l'tglise et de I'ttat, et interdites par Pie X L'auteur dis- tingue 6galement un type catholique tradi- tionnel, centre sur les devotions sulpiciennes, un type orthodoxe (lglise catholique orthodoxe de France) ax6 sur l'exotisme de liturgies somp- tueuses, un type mystique otx les fondateurs des communautts se caracttrisent par des visions et rev6lations, un type 6sot~ro-occul- tiste enfin, le plus reprtsent6, oi I'on retrouve pseudo-ordres de chevalerie et mouvements gnostiques et dont I'exemple le plus connu est l'glise catholique lib~rale. L'analyse met en 1videncc l'inconsistance doctrinale de ces iglises, I'absence de thtologiens, I'importance par contre des pratiques de devotions et des ctrtmonies, I'6vocation nostalgique d'une puret6 ecclesiale originelle qu'elles opposent aux derives des iglises officielles, la procla- mation frtquente d'une fid6lit6 A une papaut6 mythifide qui contraste avec la rupture de fait... Au-delA des aventures individuelles que reprtsentent les cas des divers fondateurs, I'auteur voit dans la proliftration de ces eccl&- sioles Ies fruits A la fois de I'inculture reli- gieuse actuelle qui prive leurs fidtles de dis- cernement, de I'individualisme moderne qui fait de la religion une affaire priv6e oh chacun se situe devant le march6 religieux, et de l'in- suffisance des Eglises officielles A proposer " une religion qui tienne suffisamment comp- te des sentiments conviviaux et des besoins religieux des fidtles >.

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