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IDF Dimanche 15 novembre 2015 - N° 22141 bis - www.leparisien.fr 1,40 € Résistons 129 morts et 352 blessés. Cet effroyable bilan n’est que provisoire. L’enquête montre que les trois équipes de kamikazes ont agi de manière coordonnée. Partout dans le pays, les Français expriment leur émotion et leur solidarité. (LP/Matthieu de Martignac.) Numéro spécial milibris_before_rename

Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

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Page 1: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

IDF

Dimanche 15 novembre 2015 - N° 22141 bis - www.leparisien.fr 1,40 €

Résistons

129 morts et 352 blessés.Cet effroyable bilan n’estque provisoire. L’enquêtemontre que les troiséquipes de kamikazes ontagi de manière coordonnée.Partout dans le pays,les Français expriment leurémotion et leur solidarité.

(LP/M

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Martignac.)

Numéro spécial

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Page 2: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

02 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

Le point sur l’enquêtePAGES 4 ET 5

Dans l’enferdu Bataclan PAGES 6À9

Des vies briséesPAGES 10 À 12

Vigipirate renforcé PAGE 13

Les hôpitauxmobilisés PAGES 14 ET 15

L’émotion danstout le pays PAGES 16 À 19

Les centrescommerciaux ouvertsPAGES 20 ET 21

Comment en parleraux enfants PAGES 22 ET 23

La peur des amalgameset lesmessagesde paix PAGES 24 ET 25

Le choc au sommetde l’Etat PAGES 26À 29

La COP21 aura bienlieu PAGE 30

Lesmultiples visagesde Daech PAGES 32 ET 33

Quelle sécurité pourl’Euro 2016 ? PAGES 34 ET 35

Football : les Bleusen deuil PAGE 36

Les réactions dumondedu spectacle PAGES 37 À 40

Lire aussi

La France pleure. Ellen’a pas peur. Tandisque se précise le récit

des attaques qui ont sidérél’Occident, alors que sedessinent les figuressinistres de ceux qui ontsemé la mort dans les ruesde Paris, les premièreslueurs d’un retour à la vies’allument, à l’image de cesbougies déposées sur lestrottoirs et les balcons. Donsde sang pour les blessés,organisation de la solidaritésur les réseaux sociaux,rassemblements silencieuxdans tout le pays : unepulsation reprend, fragile.Pour qu’elle s’installedurablement, nous devronsapprendre à vivreautrement. Renoncer à unepart d’insouciance,s’habituer à la vigilance. Et,surtout, affirmer haut et fortnos valeurs de fraternité etde liberté. La guerre contrele groupe Etat islamique segagnera d’abord en Syrie eten Irak. Mais il serait vainde tout attendre de nosdirigeants et de nos soldats.C’est aussi ici, chaque jour,que doit s’organiser larésistance à la barbarie.

FRÉDÉRIC VÉZARD@FVEZARD

n L’ÉDITO

Revenirà lavie

EN IMAGES leparisien.fr

Paris en état de siège

Difficile, pourtant, de ne pastrembler quand l’enquête révèledéjà — comme en janvier — quel’un au moins des terroristes est na-tif de Courcouronnes, à quelques ki-lomètres des lieux du carnage.La guerre, proclamée hier par le

président, François Hollande, c’està l’extérieur contre les foyers du ji-hadisme,mais aussi à l’intérieur desfrontières, qu’il faut donc la mener.Cette France si longtemps célébréepour son message universel est dé-sormais la cible haïe d’obscurantis-tes qui grandissent dans ses écoles.Pour détestable que soit cette idée,il faut désormais vivre avec. D’au-tant que la guerre contre le terroris-me ne fait que commencer : commele prédisent juges, experts mais aus-si politiques, à l’image de ManuelValls, d’autres tueries effroyablessont, hélas, à redouter. Pour lesélus, cette unité, désespérément fra-gile et fugace dans notre arène poli-tique, est un défi.Déjà, hier, on sentait plus que des

réticences chez Nicolas Sarkozy etses Républicains à faire front derriè-re le chef de l’Etat. Sans parler deMarine Le Pen, les yeux rivés sur lesrégionales et plus encore sur 2017,qui canonne sans états d’âmecontre le « laxisme de l’UMPS ». Surce terrain aussi, le pouvoir de gau-che devra obtenir des résultats.Pour rassurer les Français.

CHARLES DE SAINT-SAUVEURET HENRI VERNET

@cdesaintsauveur@henriVERNET

pés hagards ; ces anonymes faisantla queue pour donner leur sang ; et,partout, de la place de la Républi-que aux collines de San Francisco,ces fleurs, ces bougies et ces messa-ges de solidarité qui ont afflué dumonde entier. Commeune façon dele proclamer : « Nous résisterons ! »

mêmes, à l’heure où triomphe lamode décliniste. Cette fois encore,la mobilisation est au rendez-vous.Ces médecins qui accourent, volon-taires, dans des hôpitaux débordésface à des blessures de guerre ; cesParisiens qui, toute la nuit du dra-me, ont recueilli chez eux des resca-

NEW YORK, 2001 ;Madrid, 2004 ;Londres, 2005. Et Paris, 2015… et2015. Frappée à deux reprises enmoins d’un an, la capitale devient laville martyre du terrorisme. Encoresous le choc de la vague d’attaquesde janvier, le pays, sidéré, gravit unemarche de plus dans l’horreur. Aumoins 129 morts et près d’une cen-taine de personnes en urgence ab-solue dans les hôpitaux. Des kami-kazes qui se font exploser ici com-me à Bagdad ou Kaboul ; de simplesclients attablés aux terrasses d’unété indien abattus pour la seule rai-son d’être là au mauvais moment,au mauvais endroit. Des fans derock fauchés au kalachnikov parceque les jihadistes envoyés par legroupe Etat islamique haïssent les« idolâtres », comme ils l’ont écritdans leur communiqué revendi-quant les attentats.

L’un des kamikazes natifde CourcouronnesHier, les terroristes ciblaient unjournal — « Charlie Hebdo »—, unereligion—celle des juifs—, un sym-bole de l’Etat — la police. Aujour-d’hui, ces fanatiques assassinent àl’aveugle, ou presque, dans le seulbut de terroriser tout un pays. De lefaire vaciller et plus encore. Y arri-veront-ils ?Tout lemonde se souvient du for-

midable sursaut citoyen du 11 jan-vier dernier, quand 4 millions deFrançais avaient défilé derrière lesymbole « Je suisCharlie ». Bluffantle reste du monde et s’épatant eux-

Rue de Charonne (Paris XIe), hier. Sitôt le périmètre de sécurité levé, de nombreuses personnes ont afflué sur les lieux des attentats pour témoigner de leur solidarité.

LesFrançaismobiliséscontre le terrorismeAu lendemain d’un carnage sans précédent, Paris hésitait entre hébétude,émotion et esprit de résistance. C’est une longue guerre qui s’engage.

(PHOTO

PQR/«

LaProvence»/FlorianLaunette.)

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Page 3: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 03

TROIS HEURES de terreur pour un carna-ge. Vendredi soir, des terroristes déterminésont semé la mort à Paris et au Stade de Fran-ce, laissant derrière leur folie meurtrière unnombre de victimes vertigineux. Selon le bi-lan fourni hier soir par le procureur de ParisFrançois Molins, 129 personnes ont péri lorsde ces assauts dont la parfaite coordinationeffraie. Un bilan qui n’est malheureusementpas définitif puisque les balles et les explosifsont également fait 352 blessés, dont 99 enurgence absolue. Récit détaillé de cette fréné-sie sanguinaire, sur la base des témoignagesrecueillis par la justice et livrés par le procu-reur, en charge du parquet antiterroriste.

21h20Alors que la France et l’Alle-

magne s’affrontent sur la pe-louse du Stade de France à Saint-Denis (Sei-ne-Saint-Denis), une première explosion re-tentit à la porte D de l’enceinte. C’est unkamikaze qui vient de se faire sauter. L’hom-me portait sur lui une ceinture composée deTATP, un explosif très instable, d’une pile,d’un détonateur sous la forme d’un bouton-poussoir et de boulons. Un passant est tuépar l’explosion.

21h25Dans Paris cette fois, au coin

des rues Alibert et Bichat(Paris Xe), des assaillants — dont le nombren’est pas connu avec certitude — à bordd’une Seat Leon noire et armés notammentde kalachnikovs mitraillent les clients du barle Carillon et du restaurant le Petit Cambod-ge. Les enquêteurs retrouveront une centai-ne de douilles de différents calibres mais no-tamment du 7,62 mm. La fusillade fait15 morts et 10 blessés très graves.

21h30Un deuxième kamikaze dé-clenche sa charge explosive

devant la porte H du Stade de France. Il nefait pas d’autre victime que lui-même.

21h32L’équipe qui s’attaque aux

bars parisiens s’en prend auxclients de l’établissement la Bonne Bière, aucroisement des rues de la Fontaine-au-Roi etdu Faubourg-du-Temple (Paris XIe). Là enco-re, on retrouve une centaine de douilles. Ondénombre 5 morts et 8 blessés en urgenceabsolue.

21h36Nouveau carnage des hom-mes en Seat noire, cette fois

devant le restaurant la Belle Equipe rue deCharonne (Paris XIe). Le modus operandi esttoujours le même. Dix-neuf personnes suc-combent aux balles de kalachnikov, 9 sontblessées.

21h40Au Comptoir Voltaire, unebrasserie du boulevard Vol-

taire (XIe), un kamikaze se donne la mort.« Le dispositif est identique », indique Fran-çois Molins. Une personne est grièvementblessée, une plus légèrement. Selon le récitdu gérant de l’établissement à « l’Express », leterroriste s’est installé puis s’est fait sauteralors qu’il passait commande. La serveuse aété blessée à l’abdomen et au thorax.

21h40A la même heure, une Polo

noire se gare devant le50, boulevard Voltaire, l’adresse du Bataclan,où se produit le groupe de rock américainEagles of Death Metal. « Trois individus por-teurs d’une arme de guerre font irruption,

tirent en rafales, prennent en otage le publicregroupé devant la fosse », relate FrançoisMolins, qui confirme l’existence de brefs« pourparlers » au cours desquels les agres-seurs « ont évoqué la Syrie et l’Irak ». Unesanglante prise d’otages débute.

21h53A 400 m du stade de France,une troisième explosion se

produit. Le kamikaze est la seule victime.

0h20Les policiers d’élite (BRI etRAID) donnent l’assaut au Ba-

taclan. Tous les terroristes sont neutralisés.Le bilan est dramatique : 89 personnes ontété tuées par les terroristes, des dizaines bles-sées, parfois très grièvement.

TIMOTHÉE BOUTRY ET PASCALE ÉGRÉ

Au moins 129 morts en trois heures

Paris (Xe), vendredi soir. En l’espace de trois heures, les terroristes ont semé lamort dans la capitale.« Ce sont vraisemblablement trois équipes de terroristes coordonnées qui sont à l’origine de cettebarbarie », a indiqué hier le procureur de Paris François Molins. (AFP/Kenzo Tribouillard.)

PARISPARISPARIS2 km

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2 km

21 h 2021 h 3021 h 53Abords duStade de France

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21 h 32Restaurantsla Bonne Bièreet CasaNostra

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21 h 25Restaurantsle PetitCambodgeet le Carillon

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2

Place dela Bastille

FROIDS, DÉTERMINÉS et formés au ma-niement des armes de guerre. Et, pour cer-tains d’entre eux, peut-être, encore dans lanature… Au lendemain de cette effroyablesérie d’attentats perpétrée en plein cœur deParis et à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), lesenquêteurs étaient toujours à la recherched’au moins un membre présumé de ces troiséquipes de terroristes, dont sept qui ont seméla mort sur leur passage. Des hommes dont lafroideur dans l’exécution de leur implacablescénario criminel a été filmée par les camé-ras de vidéosurveillance déployées autourdes restaurants pris pour cible. « Ces vidéosmontrent des hommes qui tirent sur desclients, avant de les achever, confie une sour-ce proche de l’affaire. Il n’y avait aucunefébrilité, ni hésitation dans leurs gestes. Lesimages montrent également qu’ils sont rom-pus au maniement des armes. »

Par ailleurs, quelques heures après l’assautdu Bataclan, un des assaillants a été formel-

lement identifié grâce à ses empreintes digi-tales. Né le 21 novembre 1985 à Courcouron-nes (Essonne), Ismaël M., déjà condamné àhuit reprises, entre 2004 et 2010 — sans ja-mais être incarcéré —, pour des faits de droitcommun, avait également fait l’objet d’unefiche S, pour sûreté de l’Etat. Une fiche rédi-gée en 2010 par les ser-vices de renseigne-ment après la radicali-sation de ce jeune gar-ç o n d a n s d e scirconstances qui n’ontpas été précisées. Enrevanche, le procureur de la République deParis, François Molins, a expliqué hier qu’Is-maël M. « n’avait jamais été impliqué dansun dossier de filière ou d’association de mal-faiteurs en relation avec une entreprise ter-roriste ».

Hier, un homme se présentant comme sonfrère à Bondoufle a expliqué qu’il avait

« coupé les ponts avec lui » pour « des histoi-res de famille ». Le suspect, qui a égalementvécu un temps du côté de Chartres (Eure-et-Loir), aurait également deux autres frères,qu’il ne voit plus, et deux sœurs. A Chartres,selon « l’Echo républicain », le suspect auraitfréquenté la mosquée de Lucé et, notam-

ment, un Marocainislamiste radical ve-nant de Belgique.

« Il est parti au bled,en Algérie, avec sa fa-mille et sa petite fille,affirme encore son frè-

re. Ça fait un moment que je n’ai plus denouvelles. Je n’ai pas son numéro au bled. »Dans la soirée, le frère a été interpellé etplacé en garde à vue.

Toujours hier, une opération de police aété déclenchée à Romilly-sur-Seine (Aube)au domicile d’un membre de sa famille quipourrait être son père. Il a également été

interpellé et placé en garde à vue.Mais ni les identités ni les nationalités des

deux autres terroristes qui se sont donné lamort au cours de l’assaut de la brigade derecherche et d’intervention (BRI) dans l’en-ceinte du Bataclan n’ont été dévoilées.

Un passeport syrien a également été re-trouvé à proximité du corps d’un des troiskamikazes qui ont déclenché leurs chargesexplosives à l’extérieur du Stade de France(lire pages 4 et 5).

Enfin, un autre Français, identifié commeayant loué la voiture des assaillants du Bata-clan, puis comme ayant servi de chauffeur àdeux hommes soupçonnés d’avoir pris partaux fusillades devant les restaurants duXe arrondissement, était toujours recherché,hier soir. Selon plusieurs sources, il sembleavoir joué un rôle « central » dans cette vasteopération terroriste.

STÉPHANE SELLAMI ET ÉRIC PELLETIER

Des tueurs à la détermination glaçante

Deux interpellationsparmi les proches

du kamikaze français

VIDÉO leparisien.fr

« En sortant du métro,j’ai entendu des coups de feu »

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Page 4: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

04 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

L’ENQUÊTE MONUMENTALE surles attentats de Paris, qui ont marquéla capitale française au fer rouge, per-met déjà de mieux cerner le parcoursdes sept islamistes qui les ont perpé-trés. Les investigations se resserrentsur l’arrière-plan international dumassacre. Lamenace prend sa sourcedans la zone irako-syrienne, fief del’organisationEtat islamique (EI). Ellepasse par la Belgique, devenue le « Ji-hadistan européen ». Mais les der-niers rebondissements ouvrent aussiune perspective effrayante : l’un desassassins aurait pu se glisser grâce àun passeport syrien parmi le flux demigrants arrivant sur les rivagesgrecs. Ce qui pourrait accréditer l’hy-pothèse d’un commandomixte, com-posé de Français mais aussi de mem-bres de Daech, venus de l’étranger(lire encadré).Dès hier matin, l’enquête a fait un

bond considérable. Le doigt section-né d’un des kamikazes du Bataclan a

Sur les tracesdeskamikazes

permis de relever une empreinte digi-tale, comme l’a révélé « le Point ».Comparée aux données du Fichierautomatisé des empreintes digitales(Faed), elle a permis d’établir un lienformel avec un certain Ismaël M., âgéde 30 ans et natif de l’Essonne. Lesspécialistes du laboratoire de policetechnique et scientifique de Paris onttous été mobilisés afin d’identifier auplus vite les auteurs de cette campa-gne de terreur. « C’est, pour nous, lapriorité des priorités, explique unhaut fonctionnaire. Le laboratoire deParis comme celui de Lyon tourne àplein régime. »Dans la nuit de vendredi à samedi,

les enquêteurs de la police judiciaireont aussi visionné et revisionné lesimages des 1 400 caméras de vidéo-surveillance disséminées dans Paris.Ils ont pu ainsi retracer l’itinéraire desdeux voitures utilisées par les assas-sins. La première, une Seat Leon noi-re, a servi à conduire les premiers as-

saillants devant des restaurants situésentre la rue Bichat à 21 h 25, puis larue de Charonne à 21 h 38. Objet d’in-tenses recherches, ce véhicule a fina-lement été retrouvé, hier soir, vide detout occupant, à Montreuil (Seine-Saint-Denis).

Traque sans relâcheUn deuxième véhicule — une Polonoire immatriculée en Belgique — aemmené le second commando pari-sien devant le Bataclan, théâtre d’uneeffroyable prise d’otages qui s’est sol-dée par 89 morts. Abandonnée de-vant la salle de concert, cette voiture apermis aux enquêteurs de la sous-di-rection antiterroriste d’identifier unautre membre présumé de cette filiè-re terroriste. A l’intérieur se trou-vaient des documents de location aunomd’un Français, résidant àMolen-beek, commune voisine de Bruxelles.Dans la foulée, les policiers ont dé-couvert que cet homme a été contrô-

lé, hier matin, au volant d’une Golf,du côté de Cambrai (Nord), en com-pagnie de deux autres hommes rou-lant en direction de la frontière belge.Aussitôt, la justice française a deman-dé à son homologue belge de procé-der à l’interpellation du trio.« Il a été déterminé que le conduc-

teur était parti de Belgique, à bord dela Golf, dans la nuit de vendredi àsamedi, vers 3 heures, à destinationde la France, relate une source prochede l’affaire. Nous pouvons imaginerqu’il est allé récupérer plusieurs terro-ristes présumés, auteurs des fusilla-des, car ces derniers se sont volatilisésaprès les faits. » Deux des hommesidentifiés dans la Golf ont été inter-pellés et placés en garde à vue (lirepage 5). En revanche, le conducteurn’avait, hier soir, toujours pas été ar-rêté. De nombreuses investigationssont en cours pour remonter sa piste.Une traque sans relâche.

ÉRIC PELLETIER ET STÉPHANE SELLAMI

Les investigations se concentrent sur l’identification des trois commandos, dont les crimesont été revendiqués par Daech. La piste remonte jusqu’en Syrie, en passant par la Grèce et la Belgique.

Boulevard Voltaire (Paris XIe), hier. Après l’attaque, les enquêteurs ont retrouvé le doigt sectionné d'un des kamikazes du Bataclan. (EPA/MaxPPP/Laurent Dubrule.)

HIERPEUAVANTMIDI, l’organisa-tion Etat islamique a revendiqué lasérie d’attaques coordonnées qui aensanglanté Paris vendredi soir.Quelques minutes plus tôt, le prési-dent de la République, François Hol-lande, avait très clairement cibléDaech. Diffusé en français, en arabe,en anglais et en russe, le texte évoque« l’attaque bénie de Paris contre laFrance croisée ». Le texte emploie ladialectique et la phraséologie classi-que de l’organisation terroriste.«Dansune attaquebénie dontAllah afacilité les causes, un groupe decroyants des soldats du Califat […] apris pour cible la capitale des abomi-nations et de la perversion, celle quiporte la bannière de la croix en Euro-pe, àParis », peut-on lire dans ce com-muniqué dont l’authenticité ne faitguère de doute.Egalement diffusé dans une ver-

sion audio — le narrateur de la ver-sion française emploie un ton grandi-loquentqui frise le ridicule—, le com-muniqué se veut surtout très précis :

« Huit frères portant des ceinturesd’explosifs et des fusils d’assaut ontpris pour cibles des endroits choisisminutieusement à l’avance au cœurde la capitale française, le Stade deFrance lors du match des deux payscroisés la France et l’Allemagne au-quel assistait l’imbécile de FranceFrançois Hollande, le Bataclan oùétaient rassemblés des centainesd’idolâtresdansune fêtedeperversitéainsi qued’autres cibles dans lesXe, leXIe et le XVIIIe arrondissement et ce,simultanément. »

Nouvelles menacesMême s’il rappelle la teneur « classi-que »de ce communiqué, le journalis-te de RFI David Thomson, spécialistede l’EI, souligne son caractère inéditen France. « Même après les attentatscontre Charlie Hebdo on n’avait pasvu ça. L’EI s’était contenté d’un mes-sage de félicitations dans sonmagazi-ne. Mais là, cela signifie que l’attentata été entièrement décidé et planifiépar les hautes instances de l’organi-

sation ». Cette revendication glorifie« les martyrs » qui ont perpétré cesattaques. Et profère de nouvelles me-naces envers la France, en raison desa participation à la coalition engagéecontre l’EI en Syrie et en Irak. «Mêmesi ça n’est pas explicité, c’est une réfé-rence directe au communiqué diffusépar un porte-parole de l’EI après ledébut des frappes en 2014 », rappelleDavid Thomson. « Si vous pouveztuer un incroyant américain ou euro-péen—enparticulier lesméchants etsales Français — […] alors comptezsurAllah et tuez-le den’importe quel-le manière », avait alors lancé AbouMohammed al-Adnani.Unique curiosité de cette revendi-

cation, l’évocation d’une attaquedans le XVIIIe arrondissement, pour-tant épargné. Il pourrait s’agir d’uneerreur. Ou alors d’une indication àproposd’unassaut quin’a pas eu lieu.

TIMOTHÉE BOUTRY

Daechdéfie frontalement laFrance

DIAPORAMA leparisien.fr

L’enquête sur les lieux des attaques

Unmystérieuxpasseportsyrien

nC’est l’un des points les plusbrûlants de l’affaire. La

découverte d’un passeport syrienà proximité du corps du kamikazequi s’est fait exploser près duStade de France accrédite lacrainte de l’infiltration par Daechdes colonnes de réfugiés fuyant laguerre qui ravage leur pays. Unesource proche de l’enquêteappelait, hier soir, à la prudencecompte tenu, notamment, de laprésence du corps d’une victimetuée juste à côté et non identifiéeformellement. Le passeportretrouvé près de la porte Dcorrespond au document devoyage présenté par un hommearrivé sur l’île grecque de Leros,venant de la Turquie voisine, le3 octobre. Ce document porteraitl’identité d’un certain Hamad, néen Syrie en 1990.Mais rien ne prouve qu’il nes’agisse pas d’un faux ou qu’iln’ait pas été utiliséfrauduleusement. Depuisl’ouverture relative des frontièresaux réfugiés, les passeportssyriens valent de l’or et senégocient entre 1 000 et 4 000 $selon leur qualité.La trace de ce mystérieux réfugiése perd après son entrée dansl’Union européenne. Selon nosinformations, les autoritésgrecques ont pris le soind’enregistrer les empreintes dudétenteur de ce passeport lors deson passage en Grèce. Celles-ciont été transmises, ainsi que saphoto, aux enquêteurs françaisafin de les comparer à celles duterroriste décédé. E.P. ET ST.S.

Rue de la Fontaine-au-Roi (Paris XIe), hier. Enquêteurs de la police judiciaireet spécialistes du laboratoire de la police technique et scientifique de Paris ont étémobilisés afin d’identifier au plus vite les auteurs des attaques. (Reuters/Pascal Rossignol.)

PAGES 32 ET 33Lire aussimilibris_before_rename

Page 5: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 05

ENCOREUNE FOIS, la Belgique ap-paraît comme la base arrière du ter-rorisme islamiste qui vient frapperen France. Trois hommes ont été in-terpellés dès hier matin en Belgique,après l’enquête éclair menée enFrance. Parmi eux, un suspect fran-çais de toute première importance.Ce résident de la commune de Mo-lenbeek (Belgique), une banlieue po-pulaire à l’ouest de Bruxelles, estsoupçonné d’avoir loué la Polo decouleur noire avec des plaques d’im-matriculation belges qui a été ensui-te abandonnée à proximité du Bata-clan. Une voiture utilisée par lestueurs kamikazes de la salle de spec-tacle. A l’intérieur, un indice pré-cieux a été retrouvé : des tickets duparking de la rue Brunfaut à Molen-beek. Ces éléments ont entre autrepermis à la police judiciaire de re-monter la piste belge.Dans la nuit de vendredi à samedi,

le parquet de Paris a aussitôt effectuéquatre demandes d’entraide judiciai-re auprès du parquet fédéral antiter-roriste de Bruxelles, dont le procu-reur de Paris, François Mollins, a sa-lué l’excellente coopération. En effet,dès samedimatin, le loueur présuméde la voiture des tueurs du Bataclanest interpellé par les policiers belgesen compagnie de deux autres hom-mes. Fait troublant : il avait étécontrôlé par des policiers français enpassant la frontière vers la Belgiquequelques heures avant.Le parquet fédéral belge n’a pas

souhaité hier soir commenter cettearrestation ni expliquer si ces troishommes qui revenaient de Francepréparaient un nouveau raid terro-riste dans l’Hexagone, ou s’ils « yavaient participé en assurant la logis-tique des attentats ». « Un groupe quiaurait pu constituer éventuellement

une quatrième équipe », mentionneavec prudence un magistrat belge.Cependant, deux hommes qui l’ac-compagnaientsont, eux, bienconnus de l’Or-gane de coordi-nation de l’analy-se de la menace,la DCRI belge.Des perquisitions dans des appar-

tements de la rue du Bois-Thorneétaient en cours hier soir à Molen-

beek, une cité connue pour être unfoyer du radicalisme islamiste enBelgique depuis vingt-cinq ans.

Avant ces perqui-sitions, les servi-ces du déminageont dû ouvrir lavoie aux policiersqui redoutaientque les sites ne

soient piégés. Le quartier autour dela station de métro Osseghem étaitbouclé par les forces spéciales de la

police belge. « Des arrestations enconnexion avec une voiture louée enBelgique », confirmait dans la soiréele ministère de la justice à Bruxelles.La banlieue de la capitale belge est

considérée comme le « Belgistan »,véritable foyer islamiste. MehdiNemmouche, le tueur présumé duMusée juif de Bruxelles en mai 2014,avait séjourné chez sa sœur àMolen-beek, juste avant de passer à l’acte.Ayoub el-Khazani, le tireur qui a at-taqué le Thalys au mois d’août, rési-

dait aussi dans cette ville, qui a long-temps été le fief d’Abdel RahmanAyachi, un jihadiste tué en Syrie. Ilétait le fils deBassamAyachi, unpré-dicateur radical installé de longuedate à Molenbeek, parti lui aussi enSyrie. Le parquet fédéral belge a an-noncé cette semaine que 494 Belgessont en Syrie ou en Irak, que 272 ycombattent en ce moment, dont54 femmes. Le plus fort contingenteuropéen.

JEAN-MARC DUCOS

es duvendredi 13

L’enquêtepassepar laBelgique

« Des arrestationsen connexion avec une

voiture louée en Belgique »Le ministre de la Justice belge

Molenbeek (Belgique), hier. Des perquisitions ont eu lieu dans plusieurs appartements situés dans une cité connue pour être un foyer du radicalisme islamiste en Belgique. (AFP/James Arthur Gekiere.)

nChercheur à l’Institutfrançais des relations

internationales (Ifri),spécialiste du terrorisme,Marc Hecker souligne lecaractère professionneldes derniers attentats. Ilest l’auteur d‘« Intifadafrançaise ? » (Ellipses,2012)Ces attentats sont-ilsune surprise ?MARC HECKER. Non car, à l’inverse du11 Septembre américain, tout le mondes’attendait à des attaques terroristessur le sol français. Ce qui interpelle enrevanche, c’est le mode opératoire,inédit en France. Jusqu’ici, on avaitaffaire à des attaques low-cost,conduites par des individus agissantseuls, comme Merah, Nemmouche ouGhlam. Là, les premières informationsfont état d’au moins trois groupesd’assaillants, dont sept kamikazesporteurs de ceintures d’explosifs, et desix lieux ciblés de façon synchronisée.

Il s’agit d’attentatssophistiqués, perpétréspar des gens entraînés. Lebilan humain est lourd ettraduit une escalade parrapport aux attaques desdernières années.Vu leur ampleur,peut-on s’interrogersur un raté des servicesde renseignement ?Par définition, un attentat

réussi traduit un loupé des services.Mais, avec quelque 3 500 personnes àsurveiller — dont 2 000 impliquéesdans les filières jihadistes vers laSyrie —, les moyens face à la menaceactuelle, même s’ils ont été renforcés,restent insuffisants. Ceci dit, plus unprojet d’attentat est important,planifié, plus il est susceptible delaisser des traces et donc d’apparaîtresur les écrans radar. Le fait que rienn’ait été détecté démontre sans doutele professionnalisme de ceux qui sontpassés à l’acte. Les services devront

analyser leurs erreurs éventuelles et entirer les conséquences.Ce professionnalisme suggère-t-il desauteurs rentrés de Syrie ?Il faut en tout cas un entraînement, etil est plus facile d’en disposer àl’étranger qu’en France. S’il est avéréque les terroristes sont partis en Syrieet ont réussi àrevenir sans se faireremarquer, celamarquerait une failledes dispositifs desurveillance,notamment auxfrontières de l’Unioneuropéenne.Que vous inspire la revendication dugroupe Etat islamique ?Cette revendication est plausible, maisil faut rester prudent. Les attentatscontre « Charlie Hebdo » ont étérevendiqués non par l’EI, mais parAl-Qaïda dans la péninsule arabique(Aqpa). Les groupuscules liés àAl-Qaïda restent actifs. Le Bataclan,

connu pour avoir abrité des galas desoutien à l’armée israélienne, a étémaintes fois menacé par desmouvances diverses pour cette raison.Or le communiqué de l’EI nementionne pas cet élément. Je doutepourtant que le choix de cette sallerelève du hasard.

Le Stade de France,des terrasses decafé… Pourquoi cescibles ?Viser un événementsportif peutprovoquer de grosdégâts humains etpermet une forte

médiatisation. Cibler les terrassesparisiennes, symbole d’une capitaletouristique, peut avoir un impactéconomique. L’objectif du terrorismeest de faire peur. Face aux attentats, ilfaut faire preuve de résilience : allertravailler, mener une vie normale,malgré la dureté de l’époque.

Propos recueillis par PASCALE ÉGRÉ

«Desattentats sophistiqués»MarcHecker, spécialistedu terrorisme

(EmilieMoysson.)

«Les moyens faceà la menace actuelle,même s’ils ont étérenforcés, restentinsuffisants»

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06 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

COUCHER L’HORREUR sur pro-cès-verbal. Mettre des mots sur l’in-nommable. Pour le tenir à distance,et paradoxalement se convaincrequ’il est bien advenu : de jour com-me de nuit, depuis trente-six heures,les rescapés du Bataclan se succè-dent au Quai des Orfèvres, au cœurde Paris, pour y être entendus par leshommes de la police judiciaire.

A chaque fois, le récit d’une mêmeterreur glaçante. D’abord, celle de ces« pétards » que tous ont cru entendreau fond de la salle. « Un son distinct,mais pas si fort, décrit Sidonie, 45 ans.On aurait dit comme un bruit de jouet.Plein d’étincelles jaillissaient dans lapénombre. On a cru à une mise enscène. Ça faisait Nouvel An chinois ! »

Un bref silence tombe sur les lieux,suivi d’une vague de hurlements, àmesure que les crépitements strientl’atmosphère confinée. « La foule afoncé vers nous, souffle Sidonie. Lesgens en piétinaient d’autres. Je ne saispas comment, mais les portes se sontouvertes sur notre gauche. On a ram-pé ou marché à quatre pattes, je ne

sais plus, puis couru. Il fallait sortir ! »Ce réflexe, c’est aussi celui qui a

sauvé Stéphane, aussi bien qu’il auraitpu le condamner. « J’étais parti pren-dre une bière au bar lorsque j’ai croiséun vigile. Un colosse dont le regardétait transfiguré par la panique.L’odeur de poudre a empli l’air. J’aicouru en arrière. » Au comptoir, Ma-rion, photographe spécialisée dans lerock, est l’une des premières touchées.« J’avais fini mes photos et je discutaisavec de vieux copains. La balle m’aatteint dans le bas du dos, pas trèsprofondément. J’ai vu ce matin quemon sac photo avait un trou, c’est pro-bablement lui qui m’a sauvé la vie. »

Les lumières se rallument. Marionentend les ravisseurs clamer : « Onintervient au nom de Daech, on fait çapour tout ce que vous faites en Syrie et

en Irak. » La photographe pense alorsà l’un de ses confrères et amis, tuéjustement en Syrie. « Mais je n’ai paspaniqué. Je me suis allongée sousmon sac photo. » Stéphane, lui, se re-prend, s’agenouillediscrètement prèsd’un poteau et ob-serve. « Je voulaisvoir leur tronche.Etre capable de ladécrire à la police. »C’est ce qu’a faithier cet avocat de 48 ans, retraçantminutieusement les dialogues des as-saillants, « des mecs de 25-30 ans,maghrébins avec une barbichettecomme la mienne, pas du tout le looksalafiste ».

« Vous bombardez la Syrie, vous al-lez comprendre », entend-il distincte-ment. « Ils disaient aux gens de ne pasbouger, et les abattaient ensuite desang-froid. J’ai eu l’impression de fa-natiques surentraînés. » Rapidement,deux des trois assaillants montent àl’étage. « J’ai pensé aux héros du Tha-lys, se remémore Stéphane. Au fait

que vivre, ça veut dire être actif. Je nevoulais rien perdre de la scène pour encomprendre tous les rouages, et êtrealors capable d’agir au mieux. »

L’espace de quelques minutes,l’avocat croit la fos-se libre de tout ter-roriste. « Un couplese trouvait devantmoi. J’ai vu qu’ilsp e n s a i e n t à l amême chose. » Lajeune fille et son

ami s’élancent. Une courte rafale cla-que, et la première s’effondre. « Songars s’est précipité sur elle. Il l’étrei-gnait, mais je crois que c’était fini »,lâche Stéphane. Contre toute attente,il fonce à son tour, dopé par l’adrénali-ne. « J’ai enjambé des corps. Mes liga-ments, qui avaient déjà craqué par lepassé, ont cédé. J’ai tenu bon, retrou-vé la sortie. Je ne sais pas s’ils m’onttiré dessus, mais je n’ai rien entendu. »

Il est 22 h 5. Les terroristes ne setrouvent dans la salle de concert quedepuis vingt minutes. A la porte prin-cipale, Stéphane ne croise qu’« un îlo-tier, tout seul, avec sa chasuble bleue,et son flingue à la main ». L’avocatrespire l’air extérieur comme au pre-mier jour, retrouve sa moto et… rentrechez lui. « Lorsquej’ai allumé la télé,on parlait de qua-rante morts. Mais jesavais déjà qu’il yen avait et qu’il y enaurait beaucoupplus. »

A l’intérieur, lemacabre décomptese poursuit inexorablement. L’indexet le majeur pointés vers le bas, le pou-ce relevé, Grégory*, 55 ans, n’en finitpas de mimer la scène. « Pan, pan,pan », égrène le père de famille. Initia-lement, il devait assister au concertavec sa fille et son fils, tous deux ado-lescents. La lycéenne étant fatiguée cejour-là, c’est un copain du fils qui l’aremplacée au pied levé.

C’est donc de chez elle que Valérie*,élève en classe de première, découvrel’ampleur du drame. « J’ai cru quetoute ma famille avait disparu. J’ai eutrois secondes de vide total dans moncanapé, trois interminables secondesde blanc sans vouloir croire qu’ilsn’étaient plus là. » Au même moment,son père s’est jeté à terre, et comprendimmédiatement que cela ne pourrasuffire à le sauver. « Ils tiraient et bu-taient tout le monde, ne s’arrêtant quepour recharger. A chaque fois qu’ilstrouvaient quelqu’un d’encore vivant,ils l’achevaient, comme ça », reprendle père de famille, en décrivant unefois de plus le même geste, des larmesdans les yeux, sa voix se brisant dansun sanglot.

C’est alors Valérie qui parle pourlui : « Mon papa a tout entendu et monfrère, lui, a tout vu. Je ne sais pas cequi est le pire. » « Je me suis caché sousun corps », témoigne le frère en ques-tion, Frédéric*, parcouru par des spas-mes d’angoisse. Stan, 28 ans, a lui aus-si plongé au sol. « A un moment, j’aifermé les yeux, revit le jeune homme.J’ai senti quelque chose de chaud quicoulait sur mon visage. C’était le sangd’un homme qui venait de s’écroulersur moi après avoir pris une balle. Une

balle qu’il a prise àma place. »

Hanté par cecauchemar, cons-cient qu’il a tutoyéla mort, Stan tenteencore et encore decomprendre com-ment il a pu survi-vre. « Je crois qu’ils

ont tiré des grenades. Je portais desvêtements épais. Peut-être qu’ils ontarrêté les éclats ? » s’interroge à hautevoix cet illustrateur. Comme beau-coup d’autres masses silencieuses,mais vivantes, il aurait voulu pouvoirse fondre dans le sol. Mais les sons sesont chargés de le ramener à la réalité.« J’entendais les gens crier : Fais pasça, s’il te plaît !Une détonation réson-

Dans l’enfer du Bataclan

Paris (XIe), vendredi soir. Alors que la prise d’otages a toujours cours à l’intérieur du Bataclan, la police commence à évacuer des blessés. (Divergence/Laurent Troude.)

nConstruite en 1864, la salle duBataclan se remettra-t-elle d’un

tel carnage ? Jamais les lieux, situésau 50, boulevard Voltaire, n’avaientconnu une telle tragédie, bien qu’ilsaient fait, par le passé, l’objet demenaces. Cela avait été le casnotamment en 2007 et 2008, aprèsl’accueil sur place de soirées de galade la police aux frontièresisraéliennes, la Magav. Desconférences tenues ces dernièresannées par des organisations juivess’étaient aussi traduites par laréception de courriers anonymes aucontenu haineux.Toutefois, la salle était surtoutconnue pour y accueillir de nombreux

concerts de musique, dans tous lesstyles. Le DJ électro françaisStGermain s’y est produit la veille dela tragédie. Le groupe de métalaméricain Deftones, dont lesmembres assistaient vendredi auconcert des Eagles of Death Metal,devaient jouer trois soirs de suited’hier à lundi. Une longue traditionmusicale commencée à la fin duXIXe siècle avec au fil des décenniesdes revues, dont celle de Buffalo Bill,des opérettes, des stars commeMaurice Chevalier.De 1926 à 1969, le Bataclan avaitcependant changé de vocation :cinéma, théâtre, puis à nouveaucinéma. Fermée jusqu’en 1983, avant

une réouverture en tant que salle despectacle, elle est l’une des plusappréciées de la capitale grâce à sacapacité d’accueil de taille moyenne(1 500 places), sa bonne qualitéacoustique et son éclectisme. En2006, une restauration avait permisà sa façade de retrouver ses couleursoriginelles. Arnaud Lagardère, dont legroupe possède désormais les lieux,s’y est rendu hier. Il en est sortisecoué : « C’est l’horreur absolue, unchamp de guerre. […] On ne m’a paspermis de tout voir parce que c’estvraiment encore plus horrible qu’onpeut l’imaginer », a-t-il reconnu.

MICHEL VALENTIN

Une salle historique plusieurs foismenacée

« Son gars s’est précipitésur elle. Il l’étreignait, maisje crois que c’était fini »

Stéphane

« A chaque foisqu’ils trouvaient quelqu’un

d’encore vivant,ils l’achevaient »

Grégory*

«J’ai senti quelque chosede chaud sur mon visage.

C’était le sang d’unhomme qui venait de

s’écrouler sur moi aprèsavoir pris une balle.»

Stan

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Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 07

nait, puis je n’entendais plus la voixd’avant… D’autres ont hurlé : Encu-lés !, sans qu’on sache s’il s’agissait despectateurs ou des terroristes. »Ces voix, Pascal les capte avec une

même acuité. Luiaussi a 48 ans. Luiaussi est avocat,comme son poteStéphane, qui, à cemoment-là, a déjàgagné la sortie. Pas-cal, lui, a fait lechoix de se figerface contre terre.« Contrairement à beaucoup, j’ai im-médiatement vu le gars sortir un fusild’assaut. J’ai tout de suite comprisqu’il s’agissait d’un attentat. » Aussivite, Pascal saisit que le moindre fré-missement se solde par une exécutionimmédiate. « Jemesuisdit : c’estmonjour, je vais y passer, ou peut-être pas.J’ai une chance sur deux. Je me suismis en condition de terminer ma vielà, commeça.J’aipensé très fortàmesproches. Je sentais mon portable quivibrait dans ma poche au rythme desnombreux SMS quime parvenaient. »Alentour, les blessés ne peuvent se

retenir dehurler. « Je savais quebeau-coup agonisaient », murmure Pascal.Un moment, la fusillade ralentit.« C’est comme s’ils avaient fini unepremière étape, raconte Frédéric.Alors, ils ont refait le tour de la salle,plus lentement cette fois, pour exami-ner chacun des corps. » Un jeunehomme, comme il l’a raconté hier à lapolice, est mis en joue et… épargné.« Ils m’ont dit : On a besoin de quel-qu’un ! » a-t-il témoigné sur procès-verbal, n’ayant d’autre choix que derépondre : « Je suis avec vous. » Legarçon est alors mis à contributionpour bouger les corps, afin que les ter-roristes puissent distinguer les simu-lateurs, ou simplement les blessés.Quand les tueurs arrivent à la hau-

teur de Grégory, « ils l’ont frappé dupied pour voir s’il vivait encore, récitesa fille, Valérie. Il a une prothèse du

genou, qui fait qu’il ne peut pas leplier complètement. Une fois, deuxfois, trois fois, ils ont tapé. Il n’a pasbougé. S’ils avaient essayé une qua-trième fois, il m’a dit en pleurant qu’il

n’aurait pas résisté.Son genou ne semaintenait plus enposition, ça lui fai-sait tropmal. »MaisGrégory a tenu lechoc. A moins de50 cm de lui, sonvoisin, lui, a bougé.« Il a pris une balle

en pleine tête, tremble Grégory. Je nele connaissais même pas. » « Mon frè-re, lui, a aperçu un jeune homme quirampait furtivement pour tenter de sesauver, rappelle Valérie. Les tueursl’ont vu. Ils l’ont achevé d’une balledans la nuque. »Allongé, Frédéric reste silencieux.

« Il avait son téléphone sur lui etn’avait qu’une peur, relève sa sœur :que quelqu’un l’appelle et que cesmonstres l’entendent. » Vers 4 heuresdumatin, une fois exfiltré sain et sauf

par lapolice,48messages s’afficherontsur le téléphone. « Le pire, c’était l’at-tente,etdenepassavoir, lâcheValérie.Vous imaginez, pour mamère et moi,ce que ça a été de se dire pendant silongtemps que nos deux êtres les pluschers n’étaient plus de cemonde? »Interminable, l’attente l’est encore

plus à l’intérieur de ce Bataclan oùrarement « fosse » aura aussi sinistre-mentmérité son nom. « Ça canardaitvraiment dans tous les sens », appuieJean-Baptiste, un spectateur dont laplace lui avait été offerte par son frè-r e p o u r s o n22e anniversaire.« Il a hurlé lors-qu’une balle l’a ef-fleuré, lui brûlantle dos, raconteJean-Baptiste. Leprojectile a finidans le ventre dela personne juste devant lui… »Les tueurs sont impitoyables. Ils ont

pourtant épargné Alexis*, un jeunemajeur « typé », comme le décrit uneamie,dont lapeaumate le fait souvent

passer pour un jeune d’origine mag-hrébine. « Ils l’ont visé, puis se sontrepris, expliquecetteproche. Ils luiontdit : Toi, t’es des nôtres !, et ils ont tirésur un autre jeune à ses côtés. »« On entendait distinctement les

pauses qu’ils faisaient, et le claque-ment lorsqu’ils changeaient de char-geur », souligne Pascal. Jean-Baptisteet un petit groupe de spectateurs pro-fitent de l’unde ces intervalles pour seprécipiterversunesortieannexe,don-nantpassageAmelot.Une fois dehors,ils s’engouffrent dans la porte d’un

immeuble qu’uncouple a volontaire-ment laisséouverte.Pascal, lui, est tou-jours immobile,comme il le seraresté plus de deuxheures. Alors qu’ilne sait pas encore

que le carnage touche à sa fin, l’avocatentend un bruit de scotch lui laissantpenser que l’une de ses pires craintesest en train de se concrétiser : « J’étaispersuadé qu’ils disposaient des explo-sifs pour tout faire sauter. » L’assautest lancé, les survivants évacués.A peine ont-ils réchappé à ce pre-

mier enfer qu’un autre vamaintenants’ouvrir devant eux. Grégory est celuiqui l’évoque lemieux. Incapable de sesouvenir comment il s’est retrouvé surle trottoir, le père de famille tente depercer l’insondable mystère de ce«miracle » qui lui a valu d’être encoreen vie. Indemne physiquement, il esttrès loin de l’être psychiquement.« Pourquoi, moi, je suis là ? Pourquoimoi et pas les autres ? » ressasse-t-il.

NICOLAS JACQUARD, NICOLAS MAVIELET ÉRIC MICHEL, AVEC ÉRIC BUREAU

ET CHARLES DE SAINT SAUVEUR* Les prénoms ont été changés.

Le dernier terroriste se réfugie dans un local techniqueà l’étage. A l’approche des policiers, il tire, tente de s’enfuiret est touché par un tir des forces de l’ordre. Aumêmemoment, ses explosifs se déclenchent, peut-être sousl’efet des grenades assourdissantes lancées par la police.

En tout, 89 personnesont été tuées.

6

l’efet des grenades assourdissantes lancées pa

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Sortiedesecours

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Selon un témoin, un hommeen costume est abattu devantla salle du Bataclan par troisassaillants qui entrentpar l’entrée principale.

1 21 h 40

BoBBo

La police donne l’assaut, alors queles terroristes abattentméthodiquementles personnes présentes dans la salle.Les terroristes activent leurs ceinturesd’explosifs.

5 0h 30

12

2

2

sssaaggLes terroristes se positionnentdevant le bar qui borde le fondde la salle et tirent sur la foule.Le groupe de rock, qui a déjàjoué sixmorceaux, s’enfuitderrière la scène.Un vigile ouvre une sortie desecours au niveau des toilettes,permettant à 200 personnesde sortir.

2

Deux ou trois des hommes armésprennent l’escalier etmontentau balcon. Les spectateurs sontregroupés dans la fosse, devantla scène.Un des assaillantsse positionne sur la scène.

3

Un commissaire de police etson chaufeur arrivent dansla salle et abattent le terroristesur la scène avant de ressortirdu bâtiment.

4

3

3

5

6

4

Bar

3

DESEXÉCUTIONSMÉTHODIQUES

Le groupe derock sain et sauf

n« Les musiciens sont sains etsaufs. Nous avons réussi à les

faire sortir, mais un membre de leuréquipe est mort. Le groupe a annuléle reste de sa tournée européenneet rentre au pays. » La voix qui sebrise, Salomon Hazot, patron deNous Productions, qui organisait leconcert des Eagles of Death Metalvendredi soir au Bataclan et leurtournée française, ne veut pas fairedavantage de commentaires.Les musiciens américains ont réussià fuir les tireurs. La femme dubatteur, Julian Dorio, l’a confirmé au« Washington Post » : « Il m’aappelé pour me dire qu’il m’aimaitet qu’il était en sécurité. Tous ceuxqui étaient sur scène ont pus’échapper. » Ce n’est pas le cas deleur ingénieur du son et de lapersonne qui vendait leurs tee-shirts, tous deux tués. Les Eagles ofDeath Metal ont été créés en 1998en Californie, par leur leadeur actuel,Jesse Hughes, aux convictionsconservatrices affichées — dont ledroit de porter une arme aux Etats-Unis —, et Josh Homme, aujourd’huià la tête des très populaires Queensof the Stone Age. Contrairement àson nom, la formation ne donne pasdans le death métal, musique ultra-violente aux textes souventmorbides, mais propose plutôt unrock alternatif parfois pop, parfoishard. Leur patronyme vient en faitd’une plaisanterie de Jesse Hughesqui, à l’écoute de la musique d’ungroupe polonais, trouvait qu’ellesonnait comme les Eagles essayantde jouer du death métal. Une imagetellement insolite qu’il décida del’utiliser pour nommer sa formation.

M.V. AVEC E.B.

«Je me suis misen condition de terminerma vie là, comme ça.

J’ai pensé très fort à mesproches.»

Pascal

VIDÉO leparisien.fr

« Ça pétaradait dans tous les sens »« Les gens hurlaient, comme s’ilsétaient torturés »

Paris (XIe), vendredi soir. Blessés, en larmes, des survivants sortent d’un immeubleadjacent après l’assaut. (IP3/MaxPPP/Benjamin Girette.)

«Ils lui ont dit : Toi, t’esdes nôtres !, et ils ont tiré

sur un autre jeuneà ses côtés»

Une amie d’alexis*, rescapé

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08 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

DEPUIS LES ATTENTATS de« Charlie Hebdo », en janvier, ils sesont entraînés comme jamais,s’adaptant aux nouvelles menacesterroristes, analysant les forces etles faiblesses d’un adversaire qu’ilssavent déterminé, pour être prêtschaque jour J. Mais pour la BRI, labrigade de recherche et d’interven-tion de la police parisienne, il yaura un avant et un après-vendredi13 novembre.

Initialement, c’est au Stade deF r a n c e q u el’« antigang »,son surnom, aété engagé avant-hier soir. Sur-vient alors l’an-nonce de fusilla-des en plein Pa-ris. Les fourgonsblindés noirs sont déroutés en di-rection du Bataclan, où un premierdispositif a été mis en place par leshommes de la brigade anticrimina-lité (BAC) du XIe arrondissement.

Dès lors, la BRI prend le relais, etses hommes savent parfaitement à

qui ils ont affaire. « En matière deterrorisme islamiste, cela fait unan qu’on est sur la brèche, rappellel’un d’eux. On a accumulé de l’ex-périence, avec des formationsspécifiques. » A mesure que mi-nuit approche, la brigade se meten action.

Des premières tentatives decontact sont effectuées, en parallèlede la préparation de l’assaut. « Onne s’est pas trop attardés sur lesnégociations, reconnaît un autre

policier spéciali-sé. Pour la bon-ne et simple rai-son que, contrai-r e m e n t à u nC o u l i b a l y(NDLR : le tueurd ’Hyp e r Ca -cher), qui a tout

de même émis des revendications,ceux-là n’avaient rien à négocier.C’étaient des bombes humaines, dela chair à canon… »

La brigade est scindée en deuxcolonnes, face à l’entrée principa-le, quand d’autres hommes se pos-

tent en soutien à l’arrière et sur lecôté du bâtiment. A l’intérieur, onentend distinctement des cris etles rafales d’armes automatiques.Les policiers avancent maintenantdans la salle, accueillis par le crépi-tement des kalachnikovs.

Les boucliers renforcés, « res-sortis complètement déchique-tés », attesteront de la violence desrépliques. « Ils étaient parfaite-ment précis dans leurs tirs, note cemembre de la BRI engagé vendre-di. Nous avons fait une toute peti-te erreur dans la progression, quis’est payée cash avec un blessé,heureusement léger. » Pour le res-te, « la seule chose que l’on peutcraindre dans un assaut de cetype, c’est un lance-roquettes. Etlà, nous savions qu’il n’y en avaitpas… »

Depuis l’attaque de l’Hyper Ca-cher de la porte de Vincennes(XIIe), ces policiers spécialisés dis-posent de combinaisons anti-ex-plosifs. Elles ont prouvé vendredileur utilité. « On a retrouvé desmorceaux des corps des terroristes

jusqu’au plafond… » Les éclaireursse ruent à l’étage. Le dernier mem-bre du commando islamiste estalors abattu (lire ci-dessous). Unetrentaine de spectateurs sont alorsretranchés dans une loge, parmilesquels Thierry, cadre commer-cial. « Lorsque les policiers sont ar-rivés, on n’a pas osé sortir pendantvingt minutes. Onleur hurlait : Prou-vez que vous êtesde la police ! »

Lorsque le grou-pe est finalementévacué, c’est unevision d’horreurq u i l ’ a t t e n d .« Derrière la porte, il y avait unterroriste, que j’ai dû enjamber, enjogging noir, recroquevillé. Il yavait du sang partout », se souvientThierry. S’ils sont aguerris à tous lestypes d’assaut, même les policierssont choqués par ce qu’ils décou-vrent. « C’était un amas de corpsdéchiquetés, criblés de balles, en-tassés partout, notamment dans lesescaliers. »

Des blessés agonisent. Les mem-bres de la BRI portent les premierssecours. « Dans l’escalier, une jeunefille hurlait qu’on la dégage, évo-que Florian, un spectateur rescapé.Instinctivement, un policier lui ademandé qu’elle lui donne samain. Mais elle avait eu le bras ar-raché… Ils lui ont fait un garrot sur

son moignon. »« On est pour-

tant blindés, déve-loppe ce policierhabitué des pre-mières lignes, etqui avait participéà l’assaut d’HyperCacher. Mais là, ça

n’avait rien à voir. C’était une scènede massacre. L’assaut a duré unepoignée de minutes, mais nous som-mes restés longtemps à l’intérieurpour venir en aide aux survivants.C’était un choc comme on ne l’auraitpas imaginé. Certains d’entre nousétaient assez mal en sortant. »

ARNAUD JOURNOIS,

AVEC NICOLAS JACQUARD

ET MICHEL VALENTIN

Ces policiers ont donné l’assautLe Bataclan, Paris (XIe), vendredi soir. Les policiers de la BRI ont donné l’assaut sans trop s’attarder sur les négociations : « C’étaient des bombes humaines, de la chair à canon… » confie l’un d’eux. (Photos LP/Olivier Corsan.)

nQuelques minutes après leur entrée dansles locaux du Bataclan (XIe), les policiers

ont localisé un des terroristes dans un petitlocal technique situé au premier étage, côtégauche de la salle.La suite, c’est un des intervenants qui laraconte, sous le pseudonyme de Patrick.« Quand on est montés, il y avait des corpspartout dans l’escalier. Un vrai carnage, jen’avais jamais vu ça de ma vie. A l’étage, oùon entendait des cris, des chargeurs couplésavec du scotch et des dizaines de douillesjonchaient le sol. Et devant une loge

technique, un kalach abandonné. Là, onentend à travers la porte un homme qui crie :Dégagez, j’ai de l’explosif, jevais tout faire sauter. On aalors tenté de discuter »,raconte Thierry.Et là, scène surréaliste, leterroriste exige de parler àun patron. Pour cela ildonne son numéro deportable. « Il voulaitnégocier, peut-être juste gagner du temps,raconte Thierry. C’était comme s’il préparait

un piège à l’intérieur du local. » A travers laporte, le terroriste donne donc son numéro de

mobile que les hommestransmettent à la hiérarchie.Mais quelques instants plustard, l’ordre d’intervenirtombe. « On a fait venir lebouclier pare-balles àroulettes, et à peine avait-iltouché la porte de la logeque le terroriste a lâché une

rafale à travers le battant en criant : Tirez-vous ! » Les policiers lancent alors des

grenades offensives en direction du localoù le retranché continue de tirer en rafales.Réussissant à accéder à un petit escalierétroit, l’homme veut redescendre.Il est poursuivi par les policiers qui continuentd’envoyer des grenades dans l’escalierjusqu’au moment où résonne une fortedétonation. La ceinture d’explosif duterroriste s’est déclenchée. Peut-être sousl’effet du souffle des grenades, en tout cassans faire d’autre victime que le terroristelui-même.

DANIEL ROSENWEG

« Un terroriste voulait négocierpar téléphone »Unpolicierqui est intervenuauBataclan, àParis (XIe), vendredi soir

« Nous avons fait unetoute petite erreur dansla progression, qui s’est

payée cash avec un blessé »Un homme de la brigade de rechercheet d’intervention de la police parisienne

« On est pourtant blindés,mais là, ça n’avait rienà voir. C’était une scène

de massacre. »Un policier qui avait participé à l’assaut

d’Hyper Cacher

« Il a lâché une rafaleà travers le battantde la porte en criant :

Tirez-vous ! »Un des policiers qui a participé à l’assaut

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Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 09

SE RÉJOUIR parce que Mark estvivant, s’effondrer parce qu’Elsa etsa mère sont mortes fauchées parles kalachnikovs, dans le chaos duBataclan. Devant la baie vitrée del’Hôpital européen Georges-Pompi-dou (HEGP), Marie oscille d’uneémotion à l’autre, pleure et sourit,fume cigarette sur cigarette. La jeu-ne femmedonne le change pour sonami blessé, mais les rafales du Bata-clan ont brisé le groupe de copainsfans des Eagles of Death Metal.« Ils sont trois ici, dont une amie

qui est encore au bloc, raconte-t-elled’une voix blanche. L’horreur, c’estnotre Elsa, qui était venue au concertpour faire plaisir à son petit garçon, iladore le métal… Lui n’est pas blessé,mais il n’a plus de maman, plus degrand-mère… » Marie aurait dû êtreau concert : le hasard a voulu qu’elleait autre chose à faire. A son côté,drapé dans un grand châle par-des-sus le trop fin pyja-ma d’hôpital, Markse répète qu’il est« so lucky, so luckyas many » (« sichanceux »).Ce quinquagé-

naire londonienétait venu à Paris« pour voir [ses]amis et aller au concert », raconte-t-ild’une voix fébrile. Une balle dans lebras gauche,uneautredans sonépau-le qu’il faudra opérer… Un moindremal, quand le pire reste gravé dans latête. « Lorsque des détonations ont re-tenti, comme presque tout le mondej’ai pensé à des pétards. Et puis, sou-dain, des gens tombaient, d’autress’allongeaient. Moi, j’ai senti quelquechose dans mon épaule. Je voyais leshommes qui tiraient depuis le milieudu balcon. »Lorsqu’il est sorti de cet enfer,

« blessé oui,mais debout »,Mark s’estréfugié dans unmagasin proche avecses amis. « On y est restés environdeux heures, puis des médecins sontvenus s’occuper de nous. So lucky as

many », répète Mark dans un souriredésemparé, sesmains tremblantes lâ-chant sa perfusion mobile pour allu-mer une nouvelle cigarette. L’Anglaisdevait rentrer à Londres aujourd’hui,mais, aujourd’hui, il doit être opéré.« Tu sais, tu as besoinde ton épaule »,sourit son amie pour dédramatiser.Devantl’entréedel’hôpital, ilyaaus-

si Arthur, 27 ans. Il n’est que désarroi.Indemne dans son corps mais le cœurlacéré par ce qu’il a vécu. Arthur amisune nuit pour se décider à venir auxurgences, poussé comme un automatepar son amie et un copain en larmes.« Vous savez, sur le moment, on necomprendpas ce qui se passe, raconte-t-il. On croit que c’est un pétard, deuxpétards, parce que dans un tel endroit,c’est inimaginable…Ettoutàcoupilyades gens sur le sol, qui tombent ou quis’allongent, on ne sait pas vraiment,mais on essaie de se protéger. »Sans vraiment comprendre, Ar-

thur et son amiont fait comme lesautres. Ensuite il acompris. « J’étaisdeux rangs derriè-re la barrière et jevoyais ces trois ouquatre hommesavec des fusils au-tomatiques, alors

on se dit que si on reste là on vacrever… Le seul moyen, c’est de sau-ter la barrière. » Quitte à être touchépar une balle, Arthur a pris ce risqueet s’est retrouvé « sous des gens, surdes gens »… « Là, raconte-t-il, onpense qu’on va mourir asphyxié. Etpuis au bout d’unmoment, une éter-nité, ça s’est dégorgé et on est sortis.On a couru, couru, couru, et pris lepremier taxi croisé. » Arthur est ren-tré chez lui, il voulait juste quittercet enfer, comme on quitte un cau-chemar. ÉLODIE SOULIÉ

«Je suis si chanceux, si chanceux…»Mark,quinquagénaire londonienvenuàParis «pour voir [ses amis] et aller au concert »desEagles ofDeathMetal

nUne quête acharnée. Depuisqu’il a appris les événements, à

la fin du match de foot vendredisoir, Tarek a quitté Maisons-Alfort(Val-de-Marne) pour Paris avec sonpère Ahmed à la recherche de soncousin Sami, 43 ans, domicilié nonloin du Bataclan. Leurs efforts ontfini par payer en fin de journée hier.Sami a enfin été localisé vers19 heures, à l’hôpital Percy, àClamart (Hauts-de-Seine) : « blességrave mais pas mourant ».Dès qu’il a connaissance desévénements vendredi soir, Tarekcherche à joindre Sami sur sonportable, sans succès. « Ça sonnaitdans le vide, jusqu’à 5 heures dumatin. Depuis, je tombaisdirectement sur son répondeur »,confie-t-il, tandis que son pèreessayait aussi, encore et encore.Les deux hommes savent que Samise trouvait au moment desfusillades avec deux amis dans unbar du quartier Oberkampf, où ilhabite. Deux des trois copains sonttouchés. « Mais, dans le mouvementde foule, ils se sont perdus, rapporteTarek. Ses amis ont été emmenésdans deux hôpitaux différents, onles a eus au téléphone, maisimpossible de retrouver la trace de

Sami. » Alors Tarek arpente les ruesavec son père, pendant que desproches font le tour des hôpitauxparisiens. « Le numéro d’urgence afini par répondre, mais ils n’avaientpas d’infos et nous ont renvoyésvers la préfecture de police, quin’avait rien à nous indiquer nonplus. »Ahmed et son père tentent donc lamairie du XIe hier matin, où unrecueil de témoignages de soutien aété ouvert. En vain. « Ce qu’oncherche, c’est à savoir s’il estencore en vie », s’inquiétait-il. En find’après-midi, il retente sa chanceauprès du numéro vert. « Cette fois,je me suis fait passer pour son frèreet j’ai enfin décroché des nouvelles :blessé grave mais pas mourant »,glisse-t-il dans un soupir desoulagement mêlé d’amertume.« Pour avoir plus d’informations,c’est uniquement sur place et uneseule personne, explique-t-il. Alors,comme je ne suis pas son frère, jen’essaie même pas. Sa femme, quiest en Tunisie, prend l’avion ce soirpour venir le voir. On est sa seulefamille ici, je ne comprends pasqu’on nous laisse dans l’ignorancecomme ça », déplore Tarek.

AURÉLIE FOULON

Ala rechercheducousinSami

Hôpital européen Georges-Pompidou (XVe), hier après-midi.Malgré deux balles dans le bras et une opération inévitable,Mark, sous perfusion et encore choqué, n’en revient pas d’être sorti de cet enfer debout. (LP/Élodie Soulié.)

LES MORTS, LES BLESSÉS… etceux dont on reste sans nouvelles.Hier, des dizaines de familles fran-çaises et étrangères ont cherché àsavoir si leurs proches, injoigna-bles, étaient sains et saufs. SurTwitter, des appels à témoins ras-semblés sous le hashtag #Recher-cheParis ont circulé toute la jour-née, formant une immense chaînede solidarité. Un numéro vert(0800. 40.60.05) et un site Internet(www.securite.interieur.gouv.fr/)ont aussi été mis en service par legouvernement pour lever les dou-tes, quitte à devoir affronter unetriste réalité.Georges a fait circuler la photo de

sa fille, Lola, 28 ans, sur le réseausocial dans les heures qui ont suivila tragédie. « Sans nouvelles de mafille Lola qui était au Bataclan. Nu-méro d’urgence injoignable », a-t-ilécrit dans son premier message àl’adresse des internautes. « J’étaisinformé qu’elle allait à ce concert,mais, depuis le drame, elle ne dé-croche pas son téléphone », nousexpliquait hier midi ce docteur pa-risien. Pour lui, comme pour d’au-

tres, le numéro vert dédié était sa-turé. Le père inquiet a donc choiside passer par Twitter et vu ses dif-férents appels à témoins partagésplus de 15 000 fois.

Georges ne s’est pas arrêté là.Avec l’aide d’autres proches, il a di-rectement téléphoné à de nom-breux commissariats et hôpitaux,mais aussi à l’Institut médico-légalde Paris, en vain. Il a égalementrempli un formulaire de signale-ment sur le site Web mis en lignepar le ministère de l’Intérieur. Uncanal plus efficace. « Un officier depolice judiciaire m’a rappelé quel-ques minutes plus tard, poursuit-il.Il m’a demandé la description phy-sique de Lola, les vêtements qu’elleportait, ce genre de choses. Après

recherche, il m’a dit qu’à cet instantelle n’avait pas encore été localiséeou identifiée. Depuis, j’attends,mais je ne suis pas optimiste. »Ce site, comme le numéro vert,

atterrit en bout de chaîne à la cellu-le de coordination des victimes, pi-lotée par le ministère de la Justiceet installée au ministère des Affai-res étrangères. Composée de psy-chologues, magistrats, et autrespersonnels spécialisés, elle permetde collecter les signalements, etd’effectuer des recoupements avecles équipes de police et de médeci-ne légale sur le terrain. Un travailréalisé en partenariat avec les asso-ciations agréées par la chancelleriechargées de prendre contact avecles proches des victimes une foiscelles-ci formellement localisées ouidentifiées.En toute fin d’après-midi, la fa-

mille de Georges a reçu l’appel d’unmembre de la Fédération nationaledes victimes d’attentats et d’acci-dents collectifs (Fenvac) mettantdéfinitivement fin à l’attente. Et àl’espoir.

THIBAULT RAISSE

Lechemindecroixdes famillesdedisparus

Pour retrouver sa fille,Georges a rempliun formulaire de

signalement sur le siteWeb mis en ligne par leministère de l’Intérieur

« On s’est retrouvésous des gens,sur des gens…

Là, on pense qu’on vamourir asphyxié. »

Arthur, 27 ans, a réussi à se sauverindemne du Bataclan vendredi soir

VIDÉO leparisien.fr

Kelly, rescapée du Bataclan :« On a tous prié »

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Dimanche 15 novembre 2015

SON RESTAURANT ITALIEN,

Chez Livio, est une institution deNeuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)qui attire les plus grandes stars.Pierre Innocenti, 40 ans, se faisaitune telle joie d’assister au concertdes Eagles of Death Metal qu’ilavait posté sur Facebook une photode la devanture du Bataclan quel-ques instants avec le début duspectacle. « Rock ! » avait-il simple-ment ajouté en commentaire deson cliché. « Son grand-père a fon-dé le restaurant, puis l’a confié àson fils, qui l’a à son tour confié àPierre et à son frère Charles il y aenviron quatre ans, raconte une in-time. Charles gère la cuisine, etPierre s’occupait de la partie com-merciale. Tous deux travaillentavec passion et un profond respectde la tradition familiale. »

Un grand sportifDécrit comme un grand sportif foude surf, Pierre avait réussi à donnerun coup de jeune à l’établissementfondé en 1964 qui a compté parmises habitués Brigitte Bardot, Nico-las Sarkozy et, plus récemment,Zlatan Ibrahimovic. « Un garçoncharmant, serviable, adorable. Lafamille est dévastée », poursuit cet-te même proche.Le restaurant a baissé son ri-

deau hier et restera fermé letemps du deuil.

THIBAULT RAISSE

plus… Je ne peux que parler au pas-sé désormais, dit en pleurant Jean-Marie de Peretti. C’est injuste, je nepeux pas m’habituer à ne plus lavoir. Le plus dur sera de retournerchez nous, dans cette maison oùnous l’avons vue grandir, de revoirsa chambre, son scooter, le vélo queje lui avais offert… »Avec sa famille, Jean-Marie de

Peretti a ressenti l’impérieux be-soin de se rendre à l’une des cellu-les d’écoute psychologique misesen place pour les familles de victi-mes. « A l’institut médico-légal, j’aieu l’impression d’avoir été face àun guichet d’administration, sansaucune écoute », regrette la tanted’Aurélie. Le père de la jeune fille,qui a échangé avec des psychiatres,assure y avoir trouvé une forme de

réconfort. Mais cen’est plus à lui-même qu’il pense.« Comment an-noncer cela à mabelle-mère, quiadorait sa petite-

fille ? Comment expliquer à nos ne-veux que leur cousine ne reviendrapas ? interroge-t-il, désemparé. Lamort brutale est une chose, les rai-sons de cette mort en sont une au-tre. L’homme est inhumain, dit laformule. Avec cette action terroris-te, elle prend aujourd’hui tout sonsens. »

LOUISE COLCOMBET

« On a gardé espoir toute la nuit »,poursuit Jean-Marie de Peretti. Laterrible confirmation est finale-ment tombée vers 15 heures.Aux côtés de son père, Delphyne,

la sœur aînée d’Aurélie, revenuehier matin à la hâte de Londres, oùelle vit, est sous le choc. « On vient

de m’amputerd’une partie demoi-même et jene parviens tou-jours pas à réali-ser », lâche-t-elle.Très proches, les

deux sœurs, nées à 23 mois d’inter-valle, ont grandi à Saint-Tropez,maintenant des liens très forts mal-gré l’éloignement. « Je me souviensde nos bagarres, de ces momentsque nous partagions dans la nature,au handball. Au-rélie aimait nager,monter à cheval,elle était curieusede tout ! Elle pra-tiquait la guitare,le piano. Elle étaittrès musique, avec des goûts éclec-tiques. Je m’étais même un peumoquée d’elle quand elle m’a ditqu’elle allait voir ce groupe de mé-tal en concert… », avoue Delphyne.Infographiste de formation, Au-

rélie « passait des heures à dessinerau fusain, à peindre », reprend Del-phyne. « Elle adorait ce métierqu’elle aurait aimé pouvoir exercer

C’EST UNE DOULEUR qui relèvede l’indicible. Celle d’un père quipourtant, d’une voix douce et plei-ne d’amour, tient à évoquer la mé-moire de sa fille Aurélie qui, à33 ans, est morte, vendredi soir,dans l’attaque perpétrée au Bata-clan. Les yeux remplis de larmes,Jean-Marie de Pe-retti parle d’une« jeune fille lumi-neuse, qui aimaitla vie et adorait lamusique ». Unepassion qui l’avaitamenée à planifier ces quelquesjours de vacances à Paris avec sonamie Elodie — elle-même blesséedans l’attaque — autour de troisconcerts. Celui du Bataclan était lepremier d’entre eux. « Aurélie nousparlait de ce concert depuis desmois… C’était sa récompense aprèsune saison difficile, elle avait tra-vaillé six mois dans la restaurationà Saint-Tropez et se faisait une joied’y assister. C’était sa récompenseet ça lui a coûté la vie », livre-t-ild’une voix brisée, la main crispéesur lemontant de cette valise qu’il afait à la hâte pour rejoindre la capi-tale, après une nuit d’angoisse. « Onn’arrivait pas à joindre le numérovert, ou alors on nous disait juste :On vous rappelle. Mais personnen’a jamais rappelé ! », relate la tanted’Aurélie, qui a ressenti « un dou-loureux sentiment d’impuissance ».

ToutescesviesbriséesAurélie, 33ans, attendaitceconcertdepuisdesmois

Bobigny (Seine-Saint-Denis)

nSes collègues du dépôt dutribunal de grande instance de

Bobigny (Seine-Saint-Denis) l’ont vuquitter le bureau tiré à quatreépingles. Thierry Hardouin, sous-brigadier de 36 ans au dépôt deBobigny, partait le cœur léger pourpasser la soirée à Paris. « Il allaitfêter l’anniversairede sa compagne »,glisse au bord deslarmes Jean-LucDubo, collègue etami de Thierry. Lepolicier avaitréservé une bonne table dans unrestaurant du XIe arrondissement, laBelle Equipe, rue de Charonne.Comme à l’accoutumée, il avait lâchéquelques blagues décapantes avantde partir, « sa marque de fabrique ».Hier, à 11 heures, Jean-Luc Dubo aappris par un appel que ThierryHardouin faisait partie des victimesdes attentats parisiens. Ce père dedeux adolescents a été fauché,comme dix-huit autres personnes, ruede Charonne (XIe). Sa compagne aussiest décédée dans la fusillade. « Hiersoir, on s’était tous inquiétés pour lescollègues qui travaillaient dehors. Ons’étaient envoyé des textos. Mais onn’avait pas pensé à Thierry parce qu’ilne travaillait pas », poursuit Jean-LucDubo.

A Bobigny, derrière les grilles bleuesdu dépôt, les collègues de ThierryHardouin arrivent petit à petit, lamine sombre. Aussitôt, ils ont vouluse retrouver dans ce lieu familier oùThierry Hardouin a passé toute sacarrière. « On se connaît depuisl’école de police. C’était un collègue etun très bon ami, reprend Jean-LucDubo. On garde tous de lui l’image

d’un bon vivant, unhomme joyeux,serviable et trèsprofessionnel.Il mettait de labonne humeurdans le service. »

Dans les rangs du syndicat Unité SGPPolice-FO, auquel appartenait ThierryHardouin, Arnaud Leduc, le secrétairedépartemental, qui l’a côtoyé delongues années, est sous le choc :« C’est un coup dur pour le service.C’était un policier très estimé. » Lesous-brigadier était affecté au dépôtdepuis quinze ans — la souricière,dans le jargon des policiers.C’est dans cette zoneque les détenus transitent avantleur comparution devant le tribunalou une présentation devant unmagistrat. « Thierry avait affaire auquotidien à des gens dangereux. Onsavait qu’il fallait toujours rester surle qui-vive », ajoute, accablé, unproche.

NATHALIE REVENU

Thierry, 36 ans, policier,fauché rue de Charonne

Pierre,40ans,le restaurateurdes stars

Pierre Innocenti a repris l’établissement familial à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)il y a quatre ans avec son frère Charles. Le rideau restera baissé, le temps du deuil. (DR.)

«On vient de m’amputerd’une partie

de moi-même »Delphyne, la sœur aînée d’Aurélie

Aurélie vouait une passion à lamusique. Elle avait planifié quelques jours de vacancespour assister au concert, après avoir travaillé toute une saison dans la restauration. (DR.)

«C’est injuste, je ne peuxpas m’habituerà ne plus la voir»

Jean-Marie de Peretti, son père

«C’est un coup durpour le service»

Arnaud Leduc, secrétaire départementaldu syndicat Unité SGP Police-FO

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Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 11

enquelquesminutes

Le Creusot (Saône-et-Loire)De notre correspondant

CE VENDREDI SOIR, les deuxsœurs étaient parties faire la fête àParis. Halima, 37 ans, et Hodda,35 ans, se trouvaient au café-restau-rant la Belle Equipe, rue de Charon-ne, à Paris. Avec un de leur frère, desamies et des copains, ils se sont re-trouvés pour fêter un anniversaire.Halima est tombée sous les ballesdes terroristes, comme plusieursamis. Tuée sur le coup. Elle avaitdeux enfants de 6 ans et 3 ans. Sasœur Hodda a semble-t-il été trèsgrièvement bles-sée. « Mais on nesait pas où elle este t r i en ne d i tqu’elle est entre lavie et la mort »,confiait, hier en finde journée, une deses grandes sœurs.« Je suis arrivé au Creusot en 1970,

j’ai travaillé dans le bâtiment »,confie Khalifa Saadi, originaire deTunisie. Ce père meurtri se tient aupied de son immeuble, avec deux deses fils. Des amis viennent témoignerde leur amitié et de leur compassion.Bechir, manageur de rayon dans lagrande distribution, a du mal àcontenir sa colère : « Il faut être duravec tous ces gens-là. Il faut les chas-ser du pays. Il faut dégager tous ceuxqui sont fichés ! Ma sœur, commetous les membres de la famille, étaitparfaitement intégrée. » Le frère dela victime marque un silence, puis

reprend, dévasté. « Elle a été tuéeavec tous ces innocents. Ceux quiont fait ça ne peuvent pas se revendi-quer de la religion. Dans la famille,tout lemonde travaille, on a toujoursdonné une belle image de l’intégra-tion. Et eux, les terroristes, ils foutenttout en l’air. »Son frère Abdallah a, lui aussi, des

mots très durs : « J’ai servi la Franceen Guyane. Aujourd’hui, après avoirtravaillé à la chambre de commercede Paris, j’assure la promotion detrois marques françaises à l’étranger,et notamment en Tunisie, d’où jesuis rentré à 2 heures dumatin. C’est

terrible. En plus dema sœur, peut-êtred e m e s d e u xsœurs, j’ai perdusix amis…»Redou-tant le regard desautres, il rappellequ’il ne faut pasfaire d’amalgame :

« Ces jihadistes ne représentent pasla religion musulmane. »Les deux frères, comme les autres

membres de la communauté musul-mane du Creusot, ne veulent paspayer pour « les fous de Dieu ». Ab-dallahmet en avant les valeurs trans-mises par son papa : le travail, l’ef-fort… « Je ne veux pas que l’onm’as-socie à ces gens-là », dit encore lefrère d’Halima. Venue voir la famille,Nasria embraye : « Il faut que tout çacesse. Nous, lesmusulmans intégrés,on en a ras le bol desmélanges et desamalgames… »

ALAIN BOLLERY

Halima,37ans,laissedeuxenfantsderrièreelle

DANS LES CONCERTS franci-liens, on croisait souvent ses che-veux longs, ses boucles d’oreille etsa bonne humeur. Et toujoursavec plaisir. La dernière fois,c’était le 14 octobre à la Boule noi-re. Nous avions passé le concertdu groupe Last Train ensemble,nous avions discuté du prochainHellfest et du nouvel album desEagles of Death Metal. Il était ven-dredi soir au Bataclan pour assis-ter à leur concert.Notre confrère Guillaume B. De-

cherf, 43 ans, était l’un des meil-leurs et plus adorables journalistesmusicaux, adepte du rock, hardrock et du métal, mais sans œillè-res ni préjugés. Il pouvait aussi

bien vous raconter en détail l’his-toire d’AC/DC que chanter un tubede Céline Dion.

Eclectisme culturelSa copine Flo se souvient en lar-mes des soirées « blindtest » musi-cales qu’il gagnait toujours. Oli-vier, attaché de presse, pleure « unpassionné ». « Gamin, il écrivaitdéjà sur Iron Maiden, son groupepréféré, dans un fanzine et, deve-nu professionnel, il ne se limitaitpas à la promotion des artistesmais partait les voir dans les festi-vals étrangers. On devait se retrou-ver dimanche au concert de Mo-törhead. Il allait faire un papierdans les Inrocks. »

Son parcours atteste de sonéclectisme culturel depuis l’Ecolesupérieure de journalisme de Lille,où il a étudié de 1997 à 1999. De-puis 2008, ce journaliste free-lan-ce originaire de Morsang-sur-Orge(Essonne) avait mis sa plume auservice des magazines « les Inroc-kuptibles » et « Rolling Stone », duquotidien « Métro » et du mensuel« Géo ado », pour la musique com-me pour la BD. Il avait aussi étépigiste pour « Libération » de 1998à 2003, rédacteur en chef de« Hard Rock Mag » en 2005et 2006, avait écrit une biographiesur Indochine en 2010… Il avaitdeux filles, dont il nous parlaitaussi avec passion. ÉRIC BUREAU

Guillaume,43ans,laplumedurock

Diplômé de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille en 1999, Guillaume B. Decherf collaborait avec plusieurs rédactions. (DR.)

nValentin Ribet était avocat aubarreau de Paris depuis l’an

dernier. Ce tout jeune homme, âgé de26 ans, avait rejoint le cabinet HoganLovells, un cabinet d’avocats d’affairesréputé de la capitale. Il était vendredisoir au Bataclan.« C’était un avocat brillantissime quiavait l’avenir devant lui, souffle l’un deses confrères, très affecté par sadisparition. On le croisait souvent aupalais de justice, il était passionné parla justice pénale. Il était très ouvert,très marrant. Il ne fallait pas se fier àson physique de jeune premier car,avec sa voix grave, il en imposait.C’est une perte terrible. » Un autreconfrère souligne ce trait decaractère : « Le plus inouï, c’est qu’il

aurait certainement défendu lesauteursdes attentats dans unprocès. »Valentin Ribet avait obtenu denombreux diplômes en droit à laSorbonne. Il avait également poursuivises études à la prestigieuse LondonSchool of Economics (Londres,Grande-Bretagne), où il avait obtenuson certificat en droit des affaires l’andernier. « Nos cœurs sont remplis detristesse », a fait savoir l’universitébritannique hier dans uncommuniqué. Selon un de sesconfrères, qui s’exprime surTwitter, sa compagne pourraitavoir été grièvement blessée lorsde l’assaut de la salle despectacle. TIMOTHÉE BOUTRY

Valentin, 26 ans,l’avocat plein d’avenir

Valentinvenaitd’intégrerun prestigieuxcabinetd’avocatsparisien. (DR.)

Halima était sortie faire la fête vendredi soir avec sa sœur Hodda, au caféla Belle Equipe, rue de Charonne. Elle est tombée sous les balles des terroristes. (DR.)

«Dans la famille, toutle monde travaille, on atoujours donné une belleimage de l’intégration»

Bechir, le frère d’Hamila

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12 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

LA VOIX EST LASSE. Au lende-main de l’attentat, Bley Mokono estencore aux urgences de l’hôpital dePontoise (Val-d’Oise) avec son filsde 13 ans. Vendredi soir, il était auplus près de la tragédie survenueau Stade de France, à Saint-Denis(Seine-Saint-Denis). « On est arri-vés à 20 h 55, la première bombe aexplosé à 21 h 17 », lâche-t-il d’unevoix blanche. A ce moment-là, pèreet fils se trouvent à la brasserie enface de la porte D. « On prenait unsandwich merguez avant d’aller aumatch. On est allés aux toilettes, unhomme en est sorti au même mo-ment. On s’est frôlés de l’épaule ense croisant. Je l’ai remarqué parcequ’il transpirait. Il a dû me prendrepour un vigile. » Bley Mokono dé-crit un « Maghrébin, 1,70 m, lescheveux bruns, presque noirs, le vi-sage très fin, dans les 25-30 ans, enjean délavé ».

Le père de famille n’a « pas vu lesexplosifs avec ses vêtements largeset son manteau trois quarts ». Ensortant de la brasserie, il croise « ledeuxième, en arrivant au stand dessandwichs ». « Lui était un peu plusgrand, avec un sac à dos. Il évitaitmon regard, je me suis dit que leurattitude était un peu suspecte à cesdeux-là, j’ai fait la remarque aumec de la brasserie en pensant à unbraquage ou un règlement decomptes. Il m’a dit : Il y a toujoursdes gens bizarres ici. Et puis le mecsuspect s’est décalé et ça a sauté. »Le souffle est puissant, il n’entend

plus de l’oreille gauche. Son ami,avec lequel il discutait face à lui,n’entend plus du côté droit. Sui-vant les ordres des policiers, ils par-tent dans deux directions opposéeset ne pourront pas se rejoindremais restent en contact régulier partéléphone. « Je suis allé prendrepar la main une jeune dame, pour-suit Bley Mokono, elle avait leschairs de l’avant-bras du terroristedans les cheveux et l’os sur l’épau-le, décrit celui-ci. Puis je l’ai portéepour l’amener aux policiers. Et là, ily a eu la deuxième explosion. Je

suis retourné vers les toilettes d’oùmon fils n’était pas encore revenu.Il n’y était pas. J’ai cherché ses vê-tements dans les débris de chair,mais aucune trace. Je l’appelais, jecriais. » L’homme de 40 ans à l’im-posante carrure s’est alors « sentitellement impuissant ». Un policierlui dit enfin qu’un enfant avait étéévacué par l’arrière. « J’y suis allé etc’était lui. Je voulais faire ma dépo-sition avant d’oublier quoi que ceque soit, alors j’ai confié mon fils àdes gens qui habitent la rue, pour lemettre à l’abri chez eux en atten-

dant. » Une heure plus tard, « versminuit et demi », le père retrouveenfin son fils. Là, ils sont pris encharge par les secours. « Ils m’ontproposé d’aller à l’hôpital mais,avec l’adrénaline, je ne le sentaispas. » Ils préfèrent être en famille,« aller chez [eux] dans le Val-d’Oise,plutôt qu’à Paris ».

« Les policiers et les secours ontété super, on a été vus par les mé-decins et j’attends maintenant lescanner, mais ça va. Mon fils a deshématomes et un traumatisme aurachis cervical. Mais, surtout, il a

vu les chairs. » Hier soir, avant deregagner leur domicile après vingt-quatre heures de calvaire, ils de-vaient être débriefés en présenced’une psychologue. « Je crois quec’est important pour le petit », souf-fle le papa.

AURÉLIE FOULON

«Et puis le mec suspect s’est décaléet ça a sauté…»

BleyMokonoavuunkamikaze se faire sauter auStadedeFrance

Hôpital de Pontoise (Val-d’Oise), hier. Bley Mokono a étéhospitalisé une journée avant de pouvoir revenir chez lui. (DR.)

Saint-Denis, vendredi soir. Lematch France - Allemagne s’est déroulé jusqu’à son terme pour éviter tout mouvemement de panique. (LP/Arnaud Journois.)

« On s’est frôlés del’épaule. Je l’ai remarquéparce qu’il transpirait.»

Bley Mokono

Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), vendredi soir.Des experts scientifiques passent au peigne fin les lieux de l’attentat peu après l’explosion. (AFP/Franck Fife.)

VIDÉO leparisien.fr

Attentat dans une brasserieprès du Stade de France Diaporama : des explosionsen plein match

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Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 13

PORTÉ À SON NIVEAU maxi-mum depuis les attaques de jan-vier, le plan Vigipirate n’a jamaisété réévalué à la baisse depuis.Dès vendredi soir néanmoins,

deux cent trente gendarmes et plusde cinq compagnies de CRS sontvenus prêter main-forte aux forcesde l’ordre de la préfecture de police,de même que deux sections duGIGN prêtes à intervenir. Enfin,d’ici à mardi, 3 000 militaires sup-plémentaires vont venir s’ajouteraux sept mille toujours mobilisésdepuis janvier.

Depuis dix mois, trente mille po-liciers et gendarmes surveillentcinq mille sites répartis dans lepays. Et tous les services de policede la capitale et de la petite couron-ne renforcent l’ensemble. Au ni-veau alerte attentat, et particulière-ment depuis les massacres de ven-dredi, « quasiment tous les policiersde sécurité publique et gendarmesdu pays sontmobilisés », précise unhaut fonctionnaire.« Le principe deVigipirate, c’est de faire de la sécu-rité l’affaire de tous, reprend cehaut fonctionnaire. Pas seulementcelle des forces de l’ordre. Les en-treprises, les centres commerciaux,la SNCF, la RATP, les salles de spec-tacle reçoivent des instructions deleursministères pour que soit accrule nombre d’agents de sécurité et

que soient renforcés les contrôlescomme l’ouverture des sacs. »Créé en 1995 alors qu’une série

d’attentats à la bombe a frappé Pa-ris, Vigipirate a été entièrementrevu et simplifié, il y a deux ans,par le Secrétariat général de la dé-fense et de la sécurité nationale

(SGDSN) et ramené à deux ni-veaux : vigilance et alerte attentat.Sa philosophie générale est d’as-

souplir sa mise en œuvre tout enfavorisant la transparence de sorteque « l’ensemble de la société aitconscience de la menace et soitplus vigilante ».

Toutefois, la mobilisation géné-rale ne suffit pas face à des hom-mes capables de tirer en rafale surdes clients attablés aux terrasses decafés et restaurants ou des kamika-zes se faisant sauter en pleine rue.Si un site sensible peut être proté-gé, « c’est très difficile en ce qui

concerne les espaces ouverts », re-prend ce haut fonctionnaire. Enclair, Vigipirate ne suffit pas à pro-téger les Champs-Elysées, les mar-chés, le parvis de Notre-Dame ou leTrocadéro, qui demeurent des ci-bles accessibles aux terroristes.

VALÉRIE MAHAUT

Vigipiraterenforcéau

maximum

Paris, quartier de l’Opéra (IXe), hier matin. Au lendemain des attentats, desmilitaires patrouillent dans ce quarter touristique. (LP/Olivier Corsan.)

« Quasiment tousles policiers et gendarmesdu pays sont mobilisés»

Un haut fonctionnaire

autour du Zénith », précise-t-il.Dans la grande majorité des sallespetites et moyennes, en revanche,le public n’est accueilli que par desouvreurs et des caissiers. Seulsquelques rares théâtres prennentl’initiative de se doter de vigiles.C’est le cas du Théâtre de Paris, où,depuis septembre, un ou deux offi-ciers de sécurité « surveillent ». Faceà la question du renforcement de lasécurité, les patrons de salles sont

d’ailleurs divisés.« Les mesures

de sécurité ser-vent à tranquilli-ser les spectateursmais sont inuti-les, soupire Hazis

Vardar, propriétaire du Palace. Onne pourra jamais rien contre destypes armés de kalachnikovs. »Propriétaire du Théâtre de Paris,

Richard Caillat estime à l’inverseque les organisateurs de spectacles« n’ont plus le choix » : « Si on veutpouvoir continuer à accueillir descentaines de personnes, on devramettre en place des procédures desécurisation et d’évacuation. Il nefaut pas réagir à chaud, mais il yaura un avant et un après les atten-tats du 13 novembre. »

CATHERINE BALLEET ÉRIC BUREAU

« REDOUBLER de vigilance. » Tel-le est la consigne donnée hier par lapréfecture de police aux responsa-bles des salles de spectacle. La poli-ce impose désormais un contrôledes sacs des spectateurs. Hier, lesrares théâtres à ouvrir leurs portesmettaient donc déjà en place cesinstructions : à la Grande Comédie(Paris IXe) et à la Comédie Républi-que (Paris IIIe), le public était ainsifouillé par un vigile. En temps ordi-naire, les proprié-taires des salles despectacle sont res-ponsables de la sé-curité de leur pu-blic sans qu’aucundispositif spécifi-que ne leur soit imposé.Les grandes salles ont des procé-

dés élaborés. Le Stade de France faitpasser son public par des tourni-quets, avant de le soumettre systé-matiquement à un examen des sacset à une fouille par palpation. LeZénith de Paris, lui, est doté de deuxsas d’entrée, de grillages et d’undouble contrôle. Et, suite aux atten-tats, le directeur de la salle, DanielColling, a déjà prévu de renforcerles fouilles, d’augmenter le nombred’agents de sécurité et de mettre enplace un système de files d’attenteavant les guichets. « Des maîtreschiens seront aussi disséminés tout

Contrôlesaccruspourles sallesdespectacles

nComme l’ont prouvé lesattentats aux abords du Stade

de France, les enceintes sportivesfont aujourd’hui partie des ciblespotentielles des terroristes. Mais quidde l’efficacité des mesures desécurité mises en œuvre dans et àl’entrée des salles de sports et desstades ? « Disons que nous sommespartis de rien, il y a quelques années,pour arriver à quelque chose derelativement performant. Mais pouravoir une sécurité efficace, il faut ymettre le prix », commente BernardPasqualini, ancien commissaireaujourd’hui consultant en sécuritépour les clubs de foot.Le prix, cela signifie des mesures depalpation efficaces avec despersonnels de sécurité formés,fiables et bien rémunérés. Tous lesclubs n’ont pas les moyensnécessaires ou ne font pas l’effortd’investir. « Certains stades sont despassoires », constate le dirigeantd’un club réputé de Ligue 1.

Installer des portiquescomme dans les aéroports ?Et ce n’est pas propre au ballon rond.Malgré des mesures drastiques, leresponsable de la sécurité du dernierEuro de basket en France, enseptembre, avoue, lui aussi, desfailles dans le système.

« A Montpellier, on a laissé passer14 drapeaux anti-israéliens. Celaaurait pu être autre chose mais onne peut pas fouiller dans lesculottes », constate Carlos Lobato.« Tout est réalisable, même fairerentrer une arme, ajoute un de seshomologues du football. On observela faillite du renseignement policierqui permettrait d’agir en amont et dedissuader ce type d’actions. Dès lors,les organisateurs de manifestationssportives privés sont totalementdémunis. »Il existe pourtant des solutions,comme celle d’installer des portiques

de détection des métaux à l’image deceux qui existent dans les aéroports.« Un gros investissement, mais celaréduirait les risques, observePasqualini. Le problème, c’est que lesgens arrivent souvent au derniermoment, donc il faudrait faireévoluer les habitudes. » Un autregarde-fou consiste à mettre en placeun périmètre de sécurité autour dustade, afin d’effectuer des fouillessur les spectateurs bien avant lesportes d’accès. Cette disposition seranotamment mise en œuvre lors duprochain Euro de football en France.

FRÉDÉRIC GOUAILLARD (AVEC J.L.)

«Certains stades sontdespassoires »Undirigeantd’unclubdeLigue 1de football

Tous les clubs n’ont pas les moyens nécessaires de se payer un personnelde sécurité formé, fiable et bien rémunéré. (LP/Marc Menou.)

Face à la questiondu renforcementde la sécurité, les

propriétaires sont divisés

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14 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

EXTRÊMEMENT MARQUÉ parles attentats du 7 janvier contre lejournal « Charlie Hebdo » auquelil collaborait depuis douze ans, lemédecin urgentiste, en perma-nence sous protection policière,vient de publier un livre d’hom-mage aux victimes des attentatsde janvier intitulé « Toujours là,toujours prêt ». Vendredi soir,Patrick Pelloux s’est notam-ment occupé de la régulationdes blessés vers les servicesd’urgence des hôpitaux pari-siens.Avez-vous participéaux opérations de secoursvendredi ?PATRICK PELLOUX. Oui, je mesuis notamment occupé au Samude Paris des opérations de régula-tion des secours chargés de répartirles blessés dans les services d’urgen-ce. Nous nous sommes battus toutela nuit avec les équipes du Samu etdes pompiers pour sauver le plus demonde possible et la mobilisationdes hôpitaux a été incroyable. Chi-rurgiens, réanimateurs, infirmières,tous les effectifs sont spontanémentrevenus à partir de 22 heures et tousles blocs opératoires ont été rou-

verts. Nous avons même mobilisédes collègues d’autres Samuqui sontvenus à Paris en hélicoptère depuisDijon (Côte-d’Or), Rouen (Seine-Ma-ritime), Lille (Nord) et Nantes (Loire-Atlantique).

Quels types de blessuresavez-vous dû soigner ?Même si j’ai préparé leur arrivée, jen’ai pas voulu voir directement lesvictimes, car cela me rappelait tropd’horreurs. Mais c’est un carnage deguerre, causé par des armes lourdesde type kalachnikov, qui provoquentdes lésions par balles très graves.C’est à la fois insensé et épouvanta-ble. Je sais que certaines famillessont toujours sans nouvelles de leursproches, mais l’urgence étant detransférer au plus vite les victimesau bloc opératoire pour les sauver,nous n’avons parfois pas pu vérifiertoutes les identités.Dix mois après les attentatsde janvier, vous attendiez-vous

à une nouvelle attaque terroriste ?Tout le monde s’y attendait et nousy étions préparés. Le hasard veutque le matin même nous ayons or-ganisé, au Samu de Paris, un exerci-ce sur les attentats multisites.Comment vous sentez-vousà titre personnel ?Peu importe mon cas personnel. Leseul message que je veux envoyeraux Français est que l’on doit tousêtre le plus solide possible et qu’il nefaut pas avoir peur ni changer noshabitudes. Le peuple français nepeut pas avoir peur. Au contraire, ilfaut se battre contre de pareilles hor-reurs. Dans les écoles et les collèges,il va falloir expliquer aux jeunes queces terroristes sont des nazis.Qu’attendez-vousdu gouvernement ?Il faut une réplique à la hauteur desattaques que nous avons subies. Ou-vrons les yeux, ils ont voulu tuer leprésident de la République et détrui-re la France. Aujourd’hui, ces enne-mis, on les connaît. Ils s’appellentDaech. Notre réponse doit être pro-portionnée et il faut les neutraliser.

Propos recueillis par

FRÉDÉRIC MOUCHON

«Nousnoussommesbattuspoursauverleplusdemondepossible»

PatrickPelloux,médecinurgentiste auSamudeParis

Paris, le 7 février.Patrick Pelloux affirmeque ce qu’il a constaté est«un carnage de guerre».(SIPA/Erez Lichtfeld.)

BRANCARDIERS, aides-soignants, infir-miers, anesthésistes, médecins et chirurgiens.Toute la nuit, ils ont accueilli, secouru, opéré,géré l’afflux massif de blessés. La tête dans leguidon jusqu’aumatin qui les a laissés hébétés,ou comme cette infirmière soudain en larmesau volant de sa voiture. « Quand on reçoit unecinquantaine de blessés, en l’espace d’uneheu-re, dont lamoitié dans un état très grave, on nepense pas. On agit. On philosophe après… »souffle le professeur Philippe Juvin, chef duservice des urgences de l’Hôpital européenGeorges-Pompidou (HEGP AP-HP).Dans les hôpitaux d’Ile-de-France, la mobili-

sation a été maximale très tôt vendredi soir et,comme le soulignent les autorités sanitaires,« exemplaire ». A 22 h 30, face à la violence et lamultiplicité des attaques, le plan blanc étaitdéclenché en région parisienne et les servicesd’urgences des régions limitrophes (jusqu’àChartres, dans l’Eure-et-Loir)mis en alerte. Sonbut : renforcer mais surtout coordonner les se-cours et les services de santé. Cinq établisse-ments parisiens de l’Assistance publique-Hôpi-taux de Paris (Lariboisière, Bichat, Beaujon, laPitié-Salpêtrière et Pompidou) ont été classés« trauma center », ces sites où sont adressés lespolytraumatisés et les blessés jugés en urgenceabsolue, pour la plupart conduits au bloc opé-ratoire ou en réanimation.

Dans chaquehôpital, hier, on témoignait aus-si bien d’un sentiment de « jamais-vu » qued’uneparfaitemaîtrise de la situation.A la Pitié-Salpêtrière—oùquatre blocs opératoires sur lesquinze de cet immense hôpital ont travaillé tou-te la nuit —, le patron des urgences souligne lasolidarité de tous les personnels. A Pompidou,son homologue, Philippe Juvin, raconte aussi

comment la solidarité a permis de tenir. « Enarrivant à 23 h 30, j’avais lancé un appel auxmédecins du XVe, les plus proches, et sur Twit-ter. Mais sans attendre, le téléphone carillon-nait de médecins — y compris un couple deLorient en vacances à Paris — ou d’internes quise proposaient de venir aider. Je crois qu’à unmoment, la moitié du personnel venu en ren-fort dans le service n’était pas de l’hôpital. »Le bilan dressé hier après-midi par l’AP-HP

fait été de 300 personnes qui avaient ainsi puêtre soignées, dont 80 en situation d’urgenceabsolue, 177 considérées en état d’urgence rela-tive. Quarante-trois autres — témoins ou pro-ches de victimes— ont aussi été prises en char-ge au cours de la nuit de vendredi à samedi. Autotal, 53 personnes ont pu regagner leur domici-le dans la journée, hier, tandis que s’organisel’après-attentat : la mise en place de cellulespsychologiques à l’hôpital de Saint-Denis (Sei-

ne-Saint-Denis) et à l’écolemilitaire sous l’égidedu service de santé des armées. Le plan blancreste en vigueur. Si besoin, des opérations nonvitales qui avaient été programmées la semaineprochaine seront reportées.Inutile d’assaillir le standard des hôpitaux

par des appels téléphoniques : les patientsconcernés, si cela s’avérait nécessaire, en se-ront prévenus, indique l’AP-HP.

CLAUDINE PROUST

Hôpitaux : lesmédecinsontaccourude toutepart

Paris (XIIe), hier. L’hôpital Saint-Antoine a étémobilisé comme tous les établissements d’Ile-de-France et des régions limitrophes. (AFP/Francois Guillot.)

« A un moment, la moitiédu personnel venu en renfortdans le service n’était pas

de l’hôpital»Philippe Juvin, chef des urgences

de l’Hôpital européen Georges-Pompidou (Paris XVe)

«On doit tous êtrele plus solide possible

et il ne faut pas avoir peurni changer nos habitudes»

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Page 15: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 15

À GAUCHE de la rue Bichat (Pa-ris Xe), des dizaines de passants semassent devant le Carillon et le PetitCambodge. A droite de la même rue,une autre immense file n’en finit pasde se former. Ironie du sort, l’Etablis-sement françaisdu sang (EFS), oùde nombreusespersonnes sontvenues donner leleur après les attentats meurtriers,est situé pile en face des brasseriesoùquinzepersonnes ont été abattuesvendredi soir. « Cette proximité don-ne forcément une émotion encoreplus particulière », confirme Pauline,24 ans.Comme elle, partout en Ile-de-

France, des centaines d’habitantsmais aussi de touristes se sont dépla-cés pour donner spontanément leursang. A tel point que de nombreuxpoints de collecte ont été débordéspar l’ampleur de l’affluence. Hier,dès le milieu de journée, l’Amicaledu don du sang assurait que, grâce àcette formidable mobilisation, les si-tes de collecte avaient fait le plein.Pauline, ingénieur, avait déjà tenté

d’être donneuse il y a plusieurs an-nées, mais la jeune femme s’étaitévanouie dès qu’on l’avait piquée.Dans la file d’attente de la rueBichat,elle était pourtant bien déterminée à— cette fois — réussir. « J’ai vu les

appels à se mobi-liser après les at-tentats. En fait, jene voyais pasd’autre moyen

d’être utile. C’est ce qui peut le plusaider à mon niveau », dit-elle, d’au-tant plus émue qu’il lui était arrivéde fréquenter le Petit Cambodge, elle

qui habite à proximité. Devant elle,certains patientent depuis deux heu-res. Avec douceur et diplomatie,deuxmembres dupersonnel ont ten-té de les faire revenir un autre jour.En vain. Une d’entre elles essaie deles convaincre : « Je vous remerciebeaucoup pour votre solidarité, maisnous avons déjà beaucoup de sangaujourd’hui. Si vous revenez lundi,mardi ou un autre jour, cela permet-trait une meilleure répartition. »Car le problème est que le sang ne

se garde que quarante-deux jours etles plaquettes seulement cinq jours.

« On a déjà desmontagnes de pochesde sang. Un samedi qui, sur un pointfixe comme celui-ci, attire quinzedonneurs est déjà considéré commebon. Là, nous avons déjà plusieurscentaines de volontaires, c’est un re-cord historique », explique un mem-bre de l’EFS. Cette situation était àl’identique dans la plupart des pointsde collecte.Jean-Yves hésite mais ne se résout

pas à rebrousser chemin : « Je vaisquand même le donner », tranche-t-il. Lui aussi tient à apporter sa« contribution », dit-il avec des san-

glots dans la voix. « Vendredi, je nepensais qu’à faire revenir à lamaisonma fille qui était de sortie dans Paris.J’étais dans une visée égoïste. Au-jourd’hui, je veux penser aux autres,à toutes ces victimes. » Hier soir,l’EFS appelait les personnes à pour-suivre les dons « dans les semaines,les mois qui viennent ».

FLORENCE MÉRÉO

Laruéeverslescentresdedondusang

Paris (Xe), hier.Des volontairesse sont pressés ennombre pour faireun don à l’ESF,l’Etablissementfrançais du sang(ci-dessus).Desmembres dupersonnel sontallés au-devantd’eux (à gauche).Unemêmeaffluence a eu lieuen province,comme icidans le Nord,à Lille (à droite).

La grandesolidarité desréseaux sociaux

nLe profil d’une Marianne enlarmes et la photographie

d’une banderole géante dans lesgradins d’un stade de football deGrenoble avec ces mots « Noussommes tous unis ». Sur les réseauxsociaux, des dizaines de milliers depersonnes témoignaient hier de leursolidarité à l’égard des victimes desattentats. Sur Twitter, les mots-clés#jesuisparis, #jedonnepourparis sesont rapidement trouvés en têtedes hashtags les plus partagés, toutcomme #peaceforparis avec sondessin déjà incontournable : la tourEiffel dans un cercle noir, à la placedu logo de Peace and Love. Réalisépar un artiste nantais Jean Jullien, ila été partagé des milliers de fois.Dans l’après-midi, le réseau socialmondial avait par ailleurs recenséprès de 7 millions de mentions dumot-clé #prayforparis. Facebook ade son côté invité ses utilisateurs àvoiler la photo de leur profil dudrapeau tricolore à l’image de la unede notre journal. Et par SMS, denombreux anonymes incitaient hiersoir à « déposer une bougie à safenêtre afin de montrer que lasolidarité française est bien plusforte que la violence ». Dans unmessage posté sur Twitter, Marierésumait dans une formule un étatd’esprit que beaucoup hierpartageaient sur la Toile : « MaFrance à moi, elle pleure, elle a peur,mais ma France à moi est solidaire,elle se bat et elle vaincra. » F.M.

Sur Facebook, hier soir, de nombreuxutilisateurs avaient voilé leur photode profil avec les couleurs nationales.

LES TRAITS TIRÉS, un petitgroupe de jeunes se dit au revoir,hier au petit matin, en bas d’un im-meuble quai de Valmy (Paris Xe). Lafusillade qui a fait cinq morts, ruede la Fontaine-au-Roi, a eu lieu laveille à quelques mètres de là. « Ona passé la nuitici », confie Char-lotte, 20 ans.Q u a n d l e s

coups de feu re-tentissent, vers21 h 30, la bande d’amis fait la fêtedans l’appartement. « On s’est pré-cipités au balcon et on a vu desdizaines de gens courir, paniqués »,décrit la jeune fille. « On est descen-

dus pour voir ce qui se passait etapporter notre aide », raconte Sé-bastien, 20 ans,marqué par les ima-ges de « corps sans vie par terre » etde « mares de sang ». La banded’amis finit par rebrousser cheminpour semettre à l’abri dans son hall

d ’ immeub l e .« On proposait àtous les passantsde se réfugieravec nous, ra-conte Sébastien.

Un couple qui sortait d’un théâtredans une rue perpendiculaire nousa rejoints, puis trois Danoises et unmonsieur. » Dans un élan de solida-rité, tout lemondemonte dans l’ap-

partement pour y passer la nuit.Comme cette petite bande de jeu-nes, les internautes se sont mobili-

sés pour abriter les personnes blo-quées par l’arrêt de certaines lignesde métro. Sur Twitter, le hashtag#Portes ouvertes a circulé plus d’unmillion de fois dans la soirée, selonle réseau social.Dans l’appartement quai de Val-

my, les jeunes, « choqués » par cequ’ils découvrent à la télévision, seserrent dans le salon, improvisantun canapé de fortune avec unmate-las. Au compte-gouttes, les compè-res d’un soir rentrent chez eux. « Onn’a même pas pris leur numéro! »réalise Charlotte. Pas de numéro,mais une « nuit d’horreur » qui lesliera probablement à vie.

ARIANE RIOU

«Onproposaitauxpassantsdeseréfugiercheznous»Sébastien, témoinde la fusillade ruede laFontaine-au-Roi (ParisXIe)

Paris (Xe), hier. Les cinq amis faisaientla fête vendredi soir. Ils ont hébergé sixpersonnes qui ont échappé à l’attentat.

« Je ne voyais pasd’autre moyen d’être utile »

Pauline, qui effectue son premier don

« On n’a même pas prisleur numéro »

Charlotte, 20 ans, qui a hébergéplusieurs personnes dans son appartement

VIDÉO leparisien.fr

À la Pitié-Salpêtrière,ils viennent donner leur sang

(DR.)

(LP/ArianeRiou.)

(LP/O

livierCorsan.)

(LP/O

livierCorsan.)

(PhotoPQR/«

laVoixduNord

»/EdouardBride.)

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16 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

Adrien Valentin26 ans, étudiantPuteaux (92)

« Non. On est tous sous lechoc, mais il fautcontinuer à vivre malgrél’horreur. Aujourd’hui, j’aitenu à sortir et même àvenir comme d’habitudesur les Champs-Elysées.Evidemment, je pense à cequ’il s’est passé, et on sentune certaine crainte. Dansle RER, par exemple, lesgens paraissent apeurés.Chacun se dit que celaaurait pu être lui. En toutcas, c’est ce que, moi, jeme dis. »

Anne Colin25 ans, assistante de régieParis (XVIIIe)

« Pas vraiment,mais il estvrai que j’ai déjà changémes plans de sortie pour cesamedi soir. J’avais prévud’aller boire un verre àSaint-Germain avec monfrère et, finalement, nousallons rester à la maisonalors qu’il n’est là que pourle week-end. Maisaujourd’hui j’ai quandmême voulu sortir et mebalader dans Paris. Lundi,il faudra bien retourner autravail. On est bien obligéd’apprendre à vivre avec. »

MedjahedHocine41 ans, magasinierLyon (69)

« Non. Tous cesévénements tragiques, c’estaffreux mais il faut que lavie continue. Avoir peur,changer nos habitudes,c’est céder face à ceslâches. Il ne faut surtoutpas leur donner ce qu’ilsveulent. Je tiensabsolument à continuer àsortir dans la rue, à voirmes amis en terrasse, à mepromener en ville. Mais ilest vrai qu’aujourd’huil’ambiance est pesante. Lesgens sont méfiants. »

Carole Nardin27 ans, pharmacienneParis (VIe)

« Oui,malheureusement.Comme je suis originairede Toulon, je me demandesi je ne vais pas retournerdans le Sud. Ma familles’inquiète et le souhaite.C’est d’autant plusangoissant que les attaquesont eu lieu dans desquartiers que je connaisbien. Je n’y reviendrai pastout de suite. Ce soir, jedevais aller dans le XIe,finalement, je sortirai avecmes amis rive gauche, parprudence. »

Georges Girardet72 ans, retraitéGruissan (11)

« Non, hors de question,sinon ils ont gagné. Je suisd’ailleurs tout étonné devoir que les rues sontpresque vides ce samediaprès-midi. J’ai choisi desortir me promeneraujourd’hui avec mapetite-fille. Notre questionprincipale à ce momentprécis, c’est : où allons-nous manger ce soir ? Ilfaut profiter, surtout. Parcontre, nous avions prévud’aller aux puces et aumarché mais c’est fermé. »

n VOIX EXPRESS Propos recueillis parANNECOLLIN

Est-ceque lesattentatsvontchangervotremanièredevivre ?

(LP/Aurélie

Lebelle.)

LE VOILE DE LA NUIT tombe àpeine sur Paris que des bougies,signes de fraternité, apparaissentsur les rebords de quelques fenê-tres. Sur la populaire place de Cli-chy (XVIIIe), une banderole a étédéployée sur l’immense statuecentrale. « Les lumières ne s’étein-dront jamais », peut-on y lire àcôté du drapeau tricolore dessiné.Comme hypnotisés, les passantsjeunes et moins jeunes s’arrêtentpour la photographier avec leursmartphone. Dans le XIe arron-dissement, devant les désormaistristement célèbres café et restau-rant le Carillon et le Petit Cam-bodge, ils sont nombreux à dépo-ser des roses blanches. Ces deuxlieux, parmi tous ceux des tueries,paraissent immobiles. Cependant,lorsque les équipes de nettoyagede la Ville de Paris viennent effa-cer les dernières traces de sang ausol, le rideau pourpre du Carillonbouge légèrement de l’intérieur.Un employé regarde la scèneavant de le refermer aussitôt. Desriverains portent une main à leursyeux pour réprimer les larmes.

C’est pourtant l’un des raresmouvements qui s’opèrent en cet-te fin d’après-midi dans la capita-le. L’état d’urgence, qui y a étédécrété la veille au soir après lavague d’attentats, a laissé la villeosciller entre endormissement ethébétement. D’une rue à l’autre,le même silence angoissant règneen maître. Les affiches de « Seulsur Mars », « Spectre » ou « Lolo »clignotent sur les façades des ci-némas mais, sur les portes, un

papier manuscrit indique que lessalles n’ouvriront pas. Dans lesmétros, les sièges sont vides. Lestêtes restent baissées, comme sil’indignation ou la fatigue avaientremplacé les regards complicesqui s’échangeaient encore le ma-tin même. « Je n’ai même plus laforce de faire un sourire amical »,ne cache pas ce jeune homme surla ligne 9. « Mais c’est par oùNation ? » demande cette femmepile devant le panneau… Nation.« Je sais plus où j’habite », ré-pond-elle, les yeux écarquillés,quand on lui pointe du doigt l’in-dication.

Quant aux magasins, y comprisceux qui avaient ouvert hier ma-tin, ils ont tous (ou presque) leursrideaux fermés. Même les caféssont déserts. Sur les marchés, lescommerçants ont dû remballer àl’aube leurs tréteaux. Leur tenue aété interdite par la préfecture. « Jesuis venu du Lot-et-Garonne pourrien, mais c’est bien dérisoire parrapport à ce qui s’est passé ici »,explique Patrick, volailler, qui es-saie de faire bonne figure .Julio, 58 ans, attend depuis de

longues minutes dans son taxistationné près de la Madeleinequ’un client ouvre la portière.« Tout est désert, tous les monu-ments sont fermés, alors je n’aiplus aucun client », note-t-il. Julion’est pas un petit nouveau dans laprofession, mais cette fois il cra-que : « Je suis inquiet. Qu’est-cequi se passera le jour où j’atten-drai un client devant un grandmagasin et qu’une bombe explo-

sera ? Qui dit que moi aussi je neprendrai pas une balle dans latête ? » interroge-t-il.Derrière son comptoir, un kios-

quier de la rue Tronchet (VIIIe) al’air meurtri. Jeudi, 43 personnesont été tuées dans un attentat per-pétré (et revendiqué par le groupe

Etat islamique) à Beyrouth, la ca-pitale de son Liban natal. Le len-demain, c’est sa terre d’adoptionqui a été frappée en son sein. « Jene vois même pas ce que je peuxdire, murmure-t-il, à part triste,immensément triste. »

FLORENCE MÉRÉO

Paris, entre silenceetDans une capitale désertée, les Parisienssont sonnés. Leur seule arme contrel’innommable : des bougies.

« Mais c’est où Nation ?Je sais plus où j’habite ! »

Une femme dans le métro

« Tout est désert, tous lesmonuments sont fermés »

Julio, un chauffeur de taxi

D’après une loi datant de 1955adoptée pour faire face auxattentats en Algérie, l’étatd’urgence peut être déclaré pardécret en Conseil des ministressur tout ou partie du territoirenational « en cas de périlimminent résultant d’atteintesgraves à l’ordre public ». Cettemesure avait été utilisée en 1958et 1961 en Algérie après le putschdes généraux puis décrétée enNouvelle-Calédonie en 1984. Elleavait aussi été instaurée par lePremier ministre Dominiquede Villepin en Ile-de-France le7 novembre 2005 pendant lavague d’émeutes qui avaitdémarré à Clichy-sous-Bois(Seine-Saint-Denis). La circulationdes personnes ou des véhiculespeut dans ce cas être interdite. Sides opérations de couvre-feusont possibles, le ministère del’Intérieur peut aussi prononcerl’assignation à résidence de toutepersonne résidant dans une zonedéterminée, ordonner lafermeture provisoire des salles despectacle, débits de boissons etlieux de réunion de toute nature.

F.M.

n LE MOT

Etat d’urgence

Paris (XIe), hier. Les Parisiensémus déposent des bougies etdes fleurs devant la Belle Equipe,où aumoins 19 personnes ont trouvélamort. (AFP/Lionel Bonaventure.)

VIDÉO leparisien.fr

Recueillement à Paris : « Montrerqu’on est forts et encore debout »

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Page 17: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 17

t émotion

DES FLEURS qui s’amoncellent, unparterre de bougies, quelques des-sins posés sur le bitume et deux mes-sages accrochés à la barrière justederrière… « Vive la France », indiquesobrement le premier. « Les voleursde vie, les Français les combattent.Sachez-le, terroristes ! » proclame lesecond. Hier, toute la journée, Pari-siens et touristes se sont succédé surle boulevard Richard-Lenoir (XIe),aux abords du Bataclan, pour rendrehommage aux victimes.

Malgré l’interdiction de manifes-ter décrétée par la préfecture de poli-ce, l’attroupementqui s’est formé à l’an-gle du boulevard etde la rue Oberkampf,derrière le périmètrede sécurité, grossit sans cesse. Et despassants franchissent le cordon desécurité pour aller apporter leurcontribution au mausolée improvisésur le trottoir. Une petite fille lâchebrièvement la main de son père pourdéposer une rose. Elle est suivie parun homme qui allume une bougie,s’agenouille puis se recueille quel-ques secondes, la tête dans lesmains. « J’habite à côté. Je passe tousles jours devant le Bataclan. Je de-vais être là », explique ce quinquagé-

naire qui n’a pas de mots pour expli-quer sa tristesse.

Dans la foule autour de lui, un jeu-ne homme sanglote, les yeux rivéssur les bouquets au sol. Etudiantdans une école d’audiovisuel, il a ap-pris en milieu de journée qu’un deses profs figure parmi les victimes duBataclan. « On va organiser un hom-

mage à sa mémoiredans notre école,lundi. Mais il fallaitque je vienne surles lieux dès au-

jourd’hui », lâche le jeune hommedans un souffle tandis que le défilédes anonymes venus apporter desfleurs se poursuit.

« Regardez, je n’ai presque plus deroses en rayon. Depuis ce matin, çan’arrête pas », explique Christian Mo-rel, qui tient une boutique de fleurs àmoins de 50 m du Bataclan. « Onavait fermé, mais on était encore de-vant le magasin quand les détona-tions ont retenti, explique-t-il. Nousavons vu des gens qui sortaient des

bars en courant. D’autres qui se ca-chaient derrière les voitures. Noussommes restés tétanisés sur le trot-toir. Sur le coup, on n’a rien com-pris… et vingt-quatre heures après onne réalise toujours pas », conclut-ilalors qu’une Anglaise entre pour luiacheter une fleur « à déposer sur letrottoir ».

Un autre rassemblement s’est for-mé sur la place de la République,symbole de la lutte contre le terroris-me depuis les attentats de janvier etla mobilisation « post-Charlie ». Au-tour de la statue, où des inscriptions àla mémoire des victimes de cette pre-mière vague d’attaques dans la capi-tale sont encore présentes, une grossecentaine de personnes se recueillentdans une certaine confusion. Les po-liciers, nombreux sur la place, es-sayent vainement de disperser lesgroupes trop importants. Hier soir,les Parisiens étaient invités à mettredes bougies à leurs fenêtres pour ren-dre hommage aux victimes dans desconditions plus sûres. BENOÎT HASSE

« Je devaisêtre là »

UnvoisinduBataclan

Paris (XIe), hier. Ce quinquagénaire, qui vit à côté du Bataclan, rend hommageaux victimes. (LP/Benoît Hasse.)

groupuscule d’extrême droite, se vo-latilisent. Des jeunes entonnent alors« la Marseillaise », reprise par les pas-sants, qui les applaudissent. La ten-sion retombe. Au milieu de la place,Julien, Jordan et Thibaut se sontdrapés de drapeaux bleu-blanc-rou-ge : « Parce qu’on est fiers de noscouleurs, disent-ils. C’est la premièrefois qu’on se met le drapeau françaissur le dos, c’est notre façon de direqu’on est plus forts et que la solidari-té vaincra. » Puis les militants de laLDH demandent aux petits groupes

de quitter la place.Chacun répondpar un sourire,mais la foule a dumal à partir. An-toine garde à bout

de bras sa pancarte « Même pasmal », sa fille Lucile arbore : « Mêmepas peur » : « On a choisi des slogansenfantins pour dire que la solidarité,c’est tout simple, qu’il faut resterunis. Depuis cette nuit, j’étais dansun véritable état de sidération et cematin je me suis dit qu’il n’était pasquestion de rester prostré chez moi,ça leur ferait trop plaisir. Même si onne parle pas, on échange des sourireset c’est bon. » Petit à petit, la place sevide, tandis que quelques personnesrestent recueillies devant des dizai-nes de roses blanches et de bougiesposées sur le sol. HÉLÈNE HANNON

Lille (Nord)De notre correspondante

UN PETIT MILLIER de personnesse sont rassemblées, hier à 15 heures,sur la place de la République à Lille(Nord). L’appel avait été lancé dansla matinée, via les réseaux sociaux,par la Ligue des droits de l’homme(LDH), mais la mairie de Lille avaitdéconseillé de s’y rendre. « Nousavons eu l’autorisation de nous ras-sembler un quart d’heure seulement,explique Georges Voix, délégué ré-gional de la LDH.Mais c’est déjà ça.Les gens ont be-soin d’être ensem-ble, de se serrer lescoudes. » Antia,18 ans, tient une pancarte sur laquel-le elle a griffonné « Vous ne nousfaites pas peur » : « J’ai la nausée,souffle-t-elle. J’avais besoin de direque je rejette ces crimes. Même sinous ne sommes pas très nombreux,on n’aurait été que cinq, je serais ve-nue quand même. »

Tout à coup, des cris fusent : unepoignée d’énergumènes, fumigènesà la main, hurlent des slogans isla-mophobes. Immédiatement, un cor-don de CRS, invisible jusqu’alors, faitirruption. La bousculade ne dure quequelques secondes. Les individus,identifiés comme des membres d’un

« On échange dessourires et c’est bon »

Antoine,venu sur laplacede laRépubliqueàLille

« On a choisi des slogansenfantins pour dire que

la solidarité, c’est simple »

Des bougiesaux fenêtres en guise

d’hommage

Brest

Epernay

La Rochelle

Périgueux

Loches

ChâteaurouxLyon

St-Etienne

Epernay

La Rochelle

Périgueux

Loches

ChâteaurouxLyon

St-Etienne

Epernay

La Rochelle

Périgueux

Loches

ChâteaurouxLyon

St-Etienne

LorientLorient

Saint-LôSaint-Lô

CherbourgCherbourgSaint-QuentinSaint-Quentin

MetzMetz

SigolsheimSigolsheim

MontbéliardMontbéliard

MorteauMorteau

PontarlierPontarlier

Neuilly-Neuilly-sur-Seine

MoulinsMoulins

BourgesBourges

Orléans

ToursTours

LeMansLeMansLavalLaval

PoitiersPoitiers

DunkerqueDunkerque

HalluinHalluinRoncqRoncqTourcoingTourcoingLilleLille

DouaiDouaiLe TréportLe Tréport

Besançon

Chalon-Chalon-sur-Saônesur-Saône

Le Puy-Le Puy-en-Velayen-Velay

GrenobleGrenoble

NiceNice

HyèresHyèresCarcassonneCarcassonne

ToulouseToulouseCavaillonCavaillon

ValenceValence

CaenCaenDeauvilleDeauville

ArrasArras

DENOMBREUXRASSEMBLEMENTSD’HOMMAGEDEPUISHIER

Lorient

QuimperQuimperConcarneauConcarneauQuimper

Concarneau

Brest

Epernay

AuxerreAuxerre

La Rochelle

Périgueux

Loches

ChâteaurouxLyon

CannesCannesMartiguesMartigues

St-Etienne

Brest Saint-Lô

CherbourgSaint-Quentin

Metz

Sigolsheim

Montbéliard

Morteau

Pontarlier

Neuilly-sur-Seine

Moulins

Bourges

Orléans

Tours

LeMansLaval

NantesNantes

AvranchesAvranchesAvranches

Poitiers

Dunkerque

Saint-OmerSaint-OmerSaint-Omer

HalluinRoncqTourcoingLille

DouaiLe Tréport

Besançon

Chalon-sur-Saône

Le Puy-en-Velay

Grenoble

Nice

HyèresCarcassonne

Toulouse

BiarritzBiarritzBayonneBayonneAngletAnglet

St-Jean-de-LuzSt-Jean-de-Luz

BiarritzBayonneAnglet

St-Jean-de-Luz

CavaillonAvignonAvignon

Valence

CaenDeauville

Hier

Aujourd’huiou demain

LP/Infographie.

Arras

AubagneAubagne

VannesVannes

Paris

Aujourd’hui à 18 h 30messe àNotre-Dame

NiortNiort

EN IMAGES leparisien.fr

Des hommages partout en Francemilibris_before_rename

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18 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

IL FALLAIT BIEN venir quelquepart. Occuper le temps, combler unvide, faire un pied de nez à ces mu-sées fermés. Alors, un peu hébétés,parfois avec un brin d’anxiété, lestouristes sont venus déambuler surles Champs-Ely-sées, à Paris (VIIIe).Le « passage obligédes vacances », la« promenade idéa-le » du week-end.Mais, hier après-midi, la plus belle avenue du mondea baissé le rideau. « Etat d’urgence,boutique fermée », pouvait-on liresur la vitrine du magasin Orange. Leton est donné : au lendemain desattentats, le spectacle est annulé surles Champs-Elysées. Le long de l’ave-nue, les grandes enseignes en ont

presque toutes fait autant. Lancel,Montblanc, Cartier ou encore LouisVuitton sont en deuil. « Circulez, y arien à voir », semblent d’ailleurs direles panneaux accrochés aux devan-tures. Même le Fouquet’s a dit stop.

« On a déc idéd’être solidaires,glisse Mika, un desagents de sécuritédu prestigieux res-taurant. On va voirsi on ouvre le res-

taurant ce soir.Mais rien n’est sûr… »Les touristes comprennent. Il flot-

te ici un parfum de recueillement.Mais aussi, et surtout, l’envie d’allerde l’avant. De sortir la tête haute,coûte que coûte.Deprofiter des quel-ques boutiques et restaurants ou-verts. De montrer au monde entier

que Paris a, certes, été martyrisé,mais qu’il ne s’éteint pas pour au-tant. « C’est un acte de résistance devenir ici aujourd’hui ! », lancentAlain et Malaya, un couple de ban-lieusards. Plus loin, un groupe dejeunes Niçois regrette d’ailleurs que« la boutique Nike soit fermée ». « Sion n’ouvre plus les magasins, ils ontgagné et nous, on est foutus ! » lanceNicolas avec amertume. Cassy estd’accord. Pour cette touriste new-yorkaise, qui a tout de même patien-té jusqu’à 14 heures, « au cas où »,avant de quitter son hôtel, « il fautrester vigilant mais on ne doit pasrenoncer à vivre ». Certes. Le motd’ordre est général. Alors ondonne lechange : sourires envoyés au smart-phone, balade romantique maindans la main, café en terrasse. Mais

Bahri n’est pas dupe. Cela fait un bailqu’il sert les clients de la Pizza Vesu-vio. Et, malgré la fermeture de nom-breux commerces, sa terrasse n’estpas pleine. Et tout est bien trop silen-cieux, selon lui, pour être normal. « Iln’y a personne sur l’avenue aujour-d’hui, ça fait peur, glisse-t-il. D’habi-tude, c’est noir demonde. Là, il n’y aque des touristes un peu perdus etdes flics qui tournent. » Cinq ca-mions de CRS sont en effet alignésprès de l’arc de Triomphe, des poli-ciers à scooter font des allées et ve-nues et des équipes mobiles circu-lent à pied. Ça rassure les passants :ceux qui jaugent les gros sacs desuns, observent le visage des autres.« Tout le monde se regarde, c’est

clair, reconnaissent Paula et Marina,deux sœurs italiennes croisées de-

vant le Lido. On essaie de ne pas ypenser, mais on sent que tout lemonde est suspicieux. » Malgré tout,la présence policière rassure les ba-dauds comme Jay, un Américain quiespère que le dispositif sera « désor-mais suffisant ». Sourire de façade,pointe d’inquiétude dans le regard.Car le trottoir s’est figé. Les passantsse sont tus. Tous scrutent avec an-goisse le groupe de CRS, armés jus-qu’aux dents, qui entoure avec pré-caution une camionnette mal garée.Fouille assidue de la voiture et duconducteur. Puis soudain… faussealerte. Tout va bien. Rien à craindre.On souffle, on reprend sa route, on sesent un peu bête. « La vie continue,répète Jay pour se rassurer. La viecontinue ! »

AURÉLIE LEBELLE

Champs-Elysées, Paris (VIIIe), hier. « Etat d’urgence, boutique fermée », pouvait-on lire sur la vitrine dumagasin Orange. Presque toutes les grandes enseignes en avaient fait autant. (LP/Aurélie Lebelle.)

Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis)

LES TROTTOIRS des puces del’avenue Michelet à Saint-Ouen (Sei-ne-Saint-Denis) étaient déserts, hiermatin, comme si on était un jour desemaine : un bon tiers des 200 pu-ciers de l’artère avaient baissé le ri-deau de fer. « C’est une marque desolidarité avec les familles des victi-mes et de respect pour tous cesmorts. C’est un geste humain », ex-plique Fayçal Bennouioua, pucierdepuis quinze ans.Tôt lematin, un représentant de la

mairie leur avait conseillé de resterfermés par mesure de sécurité. « Onn’a pas le cœur à travailler, de toutefaçon », avoue Fayçal, pour qui « tousles commerçants devraient le faire ».Enhaut de l’avenue, pourtant, la plu-part des échoppes avaient déballé.Labidi guette le chaland. « Chezmoi,ça se passe comme ça, explique cejeune vendeur d’origine tunisienne.Pour combattre le terrorisme, on achoisi de vivre normalement. » Entreles partisans de l’ouverture et les pro-

fermeture, il existe une troisième ca-tégorie. Devant sa boutique de sport-swear, Ahmed presse un client de ré-gler : « Jean-Paul vient de Reims,s’excuse-t-il presque. On lui donnedeux paires et on ferme. » Un plusloin, des commerçants soulèvent ra-pidement le rideau, pressés par derares visiteurs. « Evidemment, noussommes touchés, maisnous avonsun loyer et des charges. Nous avonsfermé jusqu’à 11 heures », justifie cecommerçant.Derrière ses Ray-Ban fumées,

Mourad soupire. Il a baissé le rideau,et se dit préoccupé par autre chose.« Nous travaillons tous ensemble ici,juifs, Arabes et Français. Nous vou-lons vivre enpaix avec nos familles. »Après ces attentats, ces commer-çants, pour la plupart d’origine mag-hrébine, redoutent les amalgames.« J’espère que les terroristes ne se-ront pas des Arabes, confie Karim.Car les gens vont automatiquementdire que tout ça, c’est à cause desmusulmans. »

NATHALIE REVENU

Auxpuces, «onn’apaslecœurà travailler »

Puces de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), hier. Fayçal et Nacer ont gardé leur boutique fermée en hommage aux victimes.

«C’est un actede résistance de venir ici

aujourd’hui »Alain et Malaya, un couple de banlieusards

PartoutenFrance,

DesChamps-Elyséesdésertés

(LP/NathalieRevenu)

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Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 19

Marseille (Bouches-du-Rhône)De notre correspondant

HIER, MARSEILLE s’est réveillésous le choc et en état d’urgence.Les Marseillais ayant de la familleou des amis dans la capitale ont faitcrépiter les téléphones portables oules réseaux sociaux. « J’ai un cama-rade de fac qui a été blessé au Bata-clan, il a pris une balle dans la jam-be, mais tout va bien », raconte Pier-re, un informaticien de 45 ans.« Pour l’instant, il est hospitalisé etinjoignable, c’est un ami qui m’aprévenu. Il a dû vivre l’horreur ! »

« J’ai eu très peur parce que monfils habite dans le Xe arrondisse-ment, mais heureusement il étaitrentré à Marseille pour le week-end,raconte Najet. C’est un ami qui m’aalertée vendredi vers 23 heures, j’airegardé la télévision et Facebookjusqu’à 3 heures du matin… Je n’ar-rêtais pas de pleurer. »

« C’est une catastrophe, on nepouvait pas faire pire pour fairemonter le FN », se désole Hassan,commerçant du quartier populairede Noailles, près de la Canebière.

« Je pense à toutes les victimes,mais aussi aux conséquences politi-ques de ces attentats. »

« Malheureusement, avec toutesces armes qui circulent, ça peut arri-ver même ici, renchérit un client.Les kalachnikovs, on sait bien qu’ily en a à Marseille. »

Rues quasiment videsPreuve de cet état de stupeur, lesrues du centre étaient quasi déser-tes, hier, en dépit d’un samedi enso-leillé. « Il n’y a que quelques touris-tes, les Marseillais ne sont pas sor-tis », confirme un vendeur du centrecommercial les Terrasses du port, àla Joliette. Quant aux 12 000 croi-siéristes attendus ce week-end, ilsavaient reçu l’ordre des compagniesmaritime de rester à bord. Partout,la sécurité a été dopée. Le centrecommercial de la Joliette a recrutédes vigiles supplémentaires pourcontrôler les sacs des clients. Milledeux cents policiers et gendarmessont par ailleurs mobilisés dans lesBouches-du-Rhône, et les contrôlesaux frontières sur les ports de Mar-seille-Fos et l’aéroport de Marseille

ont été renforcés. En revanche, àquelques exceptions près, les mani-festations sportives ou culturellesont été maintenues. Comme ail-

leurs, les élus locaux ont assuré laville de Paris et les victimes de leursolidarité en mettant les drapeauxen berne et ont suspendu la campa-

gne des élections régionales. LesMarseillais, eux, ont pris d’assaut lescentres de dons du sang.

MARC LERAS

A Marseille aussi,une armada de policiers

Marseille (Bouches-du-Rhône), hier. Seuls quelques touristes étaient dehors et les passagers des bateaux de croisière avaientété consignés à bord. (PhotoPQR/«la Provence »/Valérie Vrel.)

Lyon (Rhône)De notre correspondante

ALYON,hier matin, le préfet a réunid’urgence les maires du départe-ment, les parlementaires, les respon-sables des services de sécurité, le pro-cureur et les responsables des gran-des salles de spectacle afin de mettreconcrètement en place l’état d’ur-gence. Première décision : annula-tion des manifestations sportives etfestives pendant les trois jours dedeuil national. « Quand la France esten deuil, on ne fait pas la fête », arésumé le préfet Michel Delpuech àla sortie de cette réunion. Hier, soirun concert de musique électro ad’emblée été annulé, comme tous

ceux programmés dans les prochainsjours. Idem pour l’Opéra, l’Orchestrenational de Lyon, la Biennale d’artcontemporain et les musées. Pour leslieux restant ouverts, comme lesparcs, les gares et les centres com-merciaux, la sécurité a été renforcéeau maximum : le préfet a annoncé ledéploiement de 53 équipages de poli-ce, avec possibilité de passer à 75.

Le couvre-feu n’est pas excluAéroports, gares, partout, la présencepolicière était très forte hier. Et lepréfet se réserve le droit de décréterle couvre-feu si la situation l’exige.« Je n’exclus pas de le faire dans descirconstances particulières, commedes manifestations de joie faisant al-

légeance au terrorisme, a-t-il préve-nu. En effet, si la nuit de vendredi àsamedi est restée calme dans l’agglo-mération, les maires de certainescommunes sont inquiets pour lesnuits à venir.

Au-delà se pose désormais la ques-tion de la tenue de la Fête des lumiè-res, qui doit rassembler 4 millions devisiteurs à Lyon du 5 au 8 décembre.Le maire, Gérard Collomb, et le pré-fet se donnent encore quelques jourspour trancher.

Hier à midi, le glas de la cathédraleSaint-Jean a résonné dans le Vieux-Lyon. Et, le soir, les Lyonnais ontplacé des lumignions sur leurs fenê-tres en signe de solidarité.

CATHERINE LAGRANGE

A Lyon, l’incertitude planesur la Fête des lumières

Aéroport de Lyon Saint-Exupéry (Rhône), hier. La présence policière était très forte dans les lieux publics.

Lunel (Hérault)De notre correspondant

nA l’arrière de la mosquée deLunel (Hérault), quasiment

déserte, trois musulmans sontattablés. Ils se disent en état de chocau lendemain du bain de sang deParis. Ils fréquentent assidûmentcette mosquée très controverséedepuis qu’une vingtaine de jeunessont partis d’ici pour faire la guerre enSyrie. Pour beaucoup, désormais,Lunel, 25 000 habitants, est la« villedu jihad ». Les trois hommes disentne rien avoir de commun avec lesassassins de Paris. « Nous sommescomme vous, sidérés. Ces gens-là nedéfendent pas notre religion »,affirme Sofiane, qui regrette d’êtrestigmatisé à cause de son look debarbu. « On ne peut même plus sortirdans la rue, renchérit Rachid, unFranco-Marocain qui se considèreparfaitement intégré. Je devais allerau supermarché avec ma femme.J’annule tout. Je rentre chez moi »,

conclut celui qui rappelle : « Dans leCoran, il est écrit en toutes lettresqu’on ne doit pas tuer lesinnocents. » Hier à Lunel, tandis queles musulmans se faisaient discrets,tout fonctionnait au ralenti. Lemarché aux puces, peu fréquenté,était déserté par les candidats auxrégionales, Front national compris.« Nous devons continuer à vivrecomme avant », réagissait pour sapart Claude Arnaud, maire DVD, qui aorganisé normalement l’accueil desnouveaux arrivants après une minutede silence à la mémoire des victimes.Seul Philippe Moissonnier, élusocialiste à l’écoute de lacommunauté musulmane, apubliquement réagi. « Tous ceux quise refusent à dénoncer les salafisteset/ou cautionnent les menaces sontcomplices des assassins », a-t-il écritdans un tweet. Hier soir, le nouveauprésident de la mosquée, BenaissaAbdelkaoui, a fermement condamnéles événements de Paris.

CLAUDE MASSONNET

A Lunel, « ville du jihad »,lesmusulmans se font discrets

Mosquée, Lunel (Hérault), hier. Le lieu de culte était quasi désertet son président a fermement condamné les événements de Paris. (Topsudnews.)

lavie tourneauralenti

(AFP/PhilippeDesmazes.)

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20 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

ment. C’est le cas du Forum desHalles, situé au cœur de la capita-le et extrêmement fréquenté le sa-medi, ainsi que du Carrousel duLouvre, au sous-sol du musée, quiaccueille des milliers de touristeschaque jour. Beaugrenelle, dans leXVe arrondissement, pourtant enpleine zone touristique internatio-nale prévue par la loi Macron, estexceptionnellement fermé.

nDes mesures sécuritairessupplémentaires. Par prudence,bien sûr, mais aussi pour rassurerune clientèle qui risque de fuir leslieux publics en cette périodetroublée, la plupart des magasinset des centres commerciaux ou-verts, comme Val-d’Europe (lireci-dessous), ont pris dès hier desdispositions pour renforcer leursécurité. Ikea, après évaluation, aainsi décidé de poursuivre son ac-tivité, y compris aujourd’hui, maisen mobilisant des moyens supplé-mentaires, à Paris comme en pro-vince, « pour surveiller les par-kings et contrôler les sacs aux en-trées et sorties », explique-t-onchez le suédois, qui a autorisé sonpersonnel parisien touché directe-ment ou indirectement par les at-tentats à ne pas venir travailler.Ailleurs, comme au centre des Ar-cades, à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), les accès type livrai-sons ont été fermés, et deux vigilesont été postés à chacune des deuxentrées pour fouiller les sacs desvisiteurs.

DANIEL ROSENWEG

tains centres commerciaux n’ontpas réfléchi longtemps avant defermer jusqu’à demain, suivant lesrecommandations de la préfectureet des commissariats d’arrondisse-

l’heure habituelle dans un premiertemps, les Galeries Lafayette et lePrintemps ont finalement très vitedécidé hier de renvoyer les clientsvers la sortie. Dans la capitale, cer-

Sephora… ont décidé de leur pro-pre chef de rester portes closes ceweek-end.

nA Paris, le Forum des Hallesreste fermé. Après avoir ouvert à

FERMER ? Ouvrir ? Au lende-main des attentats meurtriers, lescentres commerciaux d’Ile-de-France, partagés entre solidarité,sécurité et considérations écono-miques, hésitaient hier à accueillirleurs clients. La plupart ont prévud’ouvrir aujourd’hui, alors que lapériode cruciale des courses deNoël démarre.

nLes Quatre-Temps, Vélizy 2ou Parly 2 accueillent toujoursles clients. Plusieurs réunionsont été organisées hier par les pré-fectures pour étudier les condi-tions d’ouverture des centres com-merciaux aujourd’hui. Celui d’Au-bervilliers (Seine-Saint-Denis), leMillénaire, qui avait programméune ouverture dominicale, sera fi-nalement fermé. A part lui, la plu-part des autres de la région quiavaient prévu d’accueillir leursclients restent sur leur décisioninitiale. Ce sera le cas notammentde tous les sites dépendant dugroupe Unibail-Rodamco. Sontainsi concernés les Quatre-Tempsà La Défense, ainsi que Rosny 2 àRosny-sous-Bois (93) , Par-ly 2 au Chesnay (Yvelines), Véli-zy 2 à Vélizy (78), le nouveau siteAéroville près de Roissy-Charles-de-Gaulle, So-Ouest à Levallois-Perret ainsi que Carré-Sénart àLieusaint (Seine-et-Marne).

nDes enseignes baissent le ri-deau. Malgré la décision d’ouvrirprise par la direction des centres,de nombreuses enseignes, tellesque H&M, la Fnac, Etam, Puma,

Serris (Seine-et-Marne)

DES VIGILES en renforts position-nés à toutes les entrées pour contrô-ler systématiquement les sacs desclients. Des policiers en civil, sur-veillant de près les allées et venues…Le centre commercial du Val-d’Eu-rope, à Serris, voisin du parc Dis-neyland Paris, en Seine-et-Marne, aété placé sous haute surveillancehier, tout comme les gares RER lesplus proches. La réplique exacte dudispositif mis en place lors del’après-« Charlie » en janvier.Le centre commercial a décidé de

rester ouvert hier, alors que le parcd’attractions, lui,gardait portes clo-ses pour la deuxiè-me fois de son his-toire (NDLR : la pre-mière avait eu lieulors des tempêtesde 1999). Si les par-kings semblaient un peu moinschargés qu’un samedi habituel, lesallées du centre étaient loin d’êtredésertes. Romuald est ainsi venuavec sa femme pour faire les cour-ses. « On n’a pas changé nos habitu-des, mais c’est vrai qu’on a quandmême un peu peur », explique cethabitué, son chariot rempli à rasbord à la sortie de l’hypermarchéAuchan. « C’est beaucoup plus cal-

me qu’un samedi habituel », constate-t-il. « On sent quand même que les genssont tendus. On s’est demandé si on al-lait venir mais on n’allait pas non pluss’arrêter de vivre », confient Davy etQuentin, un jeune couple de Thorigny-sur-Marne (Seine-et-Marne).Contrairement à ce que l’on aurait pu

croire, les touristes restent nombreux àparcourir la Vallée Village, le secteur descommerces de marques à l’intérieur ducentre. Une conséquence inattendue dela fermeture du parc Disneyland. « Noussommes arrivés à l’entrée ce matin(NDLR : hier) et les portes du parcétaient fermées, raconte Jerry, venuavec sa famille de Rotterdam (Pays-Bas).

On s’est dit que ce seraitmieux de faire une sor-tie plutôt que de resterenfermés dans notrechambre d’hôtel. » Ilsn’ont en revanche pasprévu de mettre lespieds à Paris d’ici à leur

départ, prévu demain.Entre les mamans avec leurs pousset-

tes, les touristes en famille et les jeunesen quête d’accessoires branchés pourcompléter leur tenue vestimentaire, ce14 novembre a finalement, malgré uncontrôle renforcé, des allures de samedicomme les autres au centre commercialdu Val-d’Europe, qui sera également ou-vert aujourd'hui.

GRÉGORY PLESSE

Certainscentrescommerciauxouvrent leursportesmalgré tout

Paris (IXe), hier matin. Si les Galeries Lafayette et le Printemps avaient choisi d’ouvrir à l’heure habituelle en début de journée,les deux enseignes ont vite décidé de renvoyer les clients vers la sortie. (LP/Olivier Corsan.)

Descoursessous surveillanceàVal-d’Europe

Serris (Seine-et-Marne), hier matin. Des vigiles positionnés à toutes les entrées du centre commercial étaient chargésde contrôler les clients et d’examiner le contenu de leurs sacs. (LP/G.P.)

« On n’a pas changénos habitudes, maison a quand mêmeun peu peur »Romuald, un client

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Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 21

touristique risque d’être forte dansles jours et les semaines qui vien-nent. « Il est prématuré de mesurerl’impact sur l’activité, confie Chris-tian Mantei, directeur générald’Atout France, l’agence officielle depromotion touristique de la France.Entre les touristes qui ne voudrontpas venir et ceux qui sont là et sou-haitent repartir rapidement, il y auraforcément une baisse. » Hier, Axa As-sistance avait déjà enregistré une di-zaine de demandes de rapatriementsd’étrangers présents dans la capitale.

Départs précipitésDu côté des restaurateurs parisiens,les annulations étaient massivespour la soirée d’hier. Les hôtels doi-vent faire face à une situation simi-laire. « Nos professionnels sont plusoccupés à répondre au téléphonepour des annulations qu’à faire leurmétier, constate Didier Chenet, pré-sident du Syndicat national des hôte-liers, restaurateurs, cafetiers et trai-teurs (Synhorcat). Dans les hôtels,des clients commencent à partir. »Au Royal Opéra, un trois-étoiles situéau cœur de la capitale, cinq réserva-tions sur dix pour hier soir ont étéannulées, selon la réceptionniste.

AYMERIC RENOU

LES RAMES de l’Eurostar étaientquasiment vides hier matin au dé-part de Londres. Nombre de voya-geurs, à l’image de Simon Gallacher(lire ci-contre), ont annulé leur voya-ge à Paris à la suite des attentats. Lasociété ferroviaire s’est engagée àrembourser intégralement les billetsde celles et ceux ne souhaitant pasembarquer.

S’il est encore trop tôt pour leschiffrer avec précision, les annula-tions se multiplient auprès des pro-fessionnels du tourisme. « Nos volsdu week-end à destination et en par-tance de Paris ont été maintenus etnous avons enregistré plusieurs an-nulations dans la matinée, a confir-mé hier Ursula Leonowicz, porte-pa-role du tour-opérateur canadienTransat. Nous ferons preuve de flexi-bilité en acceptant les changementsjusqu’à mardi. » Le groupe TUI (Nou-velles Frontières…) s’adapte aussi etpermet à ses clients de modifier sanscontrainte leur voyage. Ceux à Parispeuvent repartir plus tôt et se fairerembourser les nuitées restantes.

Avec l’instauration de l’état d’ur-gence et la fermeture au public dessites touristiques majeurs (tour Eif-fel, Moulin-Rouge, musée du Lou-vre…), la baisse de la fréquentation

L’AVION en provenance de Bombayvient d’atterrir pile à l’heure, commel’ensemble des vols qui clignotentsur l’écran des arrivées. Au termi-nal 2C à Roissy-Charles-de-Gaulle,hier peu après 17 heures, les touristesarrivent par petites grappes. Jeunesmariés, Gavish et Deepthi ont appris« les bombes à Paris », comme ilsdisent, juste avant de monter dansleur avion en Inde. Mais pas questiond’annuler leur lune de miel de troisjours. « La situation est maîtrisée,non ? La France est un grand pays,de toute façon », se rassure Gavish.Aucune cohue ni accès de panique àsignaler dans l’aéroport, tous les volssont assurés.

Au bureau des informations d’Aé-roports de Paris (ADP), une jeunefemme souriante explique qu’elle ne« peut faire aucun commentaire ».Au-dessus d’elle, un message d’aver-tissement dénote quand même : « Enraison des renforcements des contrô-les de sécurité, des délais supplé-mentaires sont à prévoir. »

Aux douanes, les filesd’attente s’allongentPar petits groupes, des hommes entreillis font des va-et-vient, une armeà la main. Un badge autour du coup,

les agents d’escale évoquent « des fi-les d’attente interminables auxdouanes ». Comme Mehdi, sur lepont depuis 8 heures, qui souligne :« Ce matin, les contrôles étaient sys-tématiques, même pour les voya-geurs de l’espace Schengen. Il y a desembouteillages à la sortie desavions. » Mais les terminaux sont« beaucoup trop vides pour un same-di, selon Mehdi. Comme si les gensavaient finalement décidé de ne pasprendre l’avion ».

Terminal 1A. Les passagers de Tur-kish Airlines viennent d’attendre

vingt minutes avant de sortir de leuravion puis une demi-heure auxdouanes. « C’était le bazar. Beaucoupde touristes se posent des questions,mais les agents d’accueil françaisparlent mal anglais », rumine Elisa,en provenance d’Istanbul. La jeuneFrançaise n’a pas fermé l’œil de lanuit. « Vu sur les images de la télévi-sion en Turquie, Paris, c’était Bag-dad », lâche la jeune femme, qui par-le de « psychose ». Dans l’avion, elle acroisé des Américains « qui se de-mandaient s’ils pourraient marcherdans les rues de la capitale ».

18 heures, le trafic du RER B esttoujours interrompu vers Paris. Pasd’explication avancée. Les touristesse replient sur les taxis. « La situationévolue de minute en minute. On estperturbés, mais il faut assurer, rassu-rer », concède Lina, traductrice fran-co-chinoise qui attend un groupe de100 voyageurs venus de Pékin. Elsaet son copain, eux, partent à la Ré-union. « Jusqu’au dernier moment,on s’est demandé si on allait partir,avoue-t-elle. De toute façon, cettejournée est surréaliste. »

BÉRANGÈRE LEPETIT

Roissy-Charles-de-Gaulle, hier. Venu passer sa lune demiel dans la Ville Lumière, ce couple d’Indiens a entendu parler des attentats juste avant demonter dans son avion. (LP/Jean-Baptiste Quentin.)

Voyages, hôtels, restaurants…des annulations en pagaille

Dès hier matin (ici, dans l’Eurostar), de nombreux voyageurs ont abandonné l’idéede se rendre dans la capitale. (Chris Green Twitter.)

nL’Eurostar de 7 h 52 est partide Londres sans eux hier.

Simon Gallacher, 50 ans, et sonépouse Lucy, 42 ans, avaientprévu de s’offrir un week-end enamoureux à Paris. Au programme,du shopping en prévision des fêtesde fin d’année, ou encore une visitedu château de Versailles. « Nousavons longuement réfléchi et hésitéavant, finalement, de renoncerà notre séjour, raconte Simon,enseignant chercheur à Londres.Moins par peur que par respect. Lesautorités françaises recommandentaux Parisiens de rester chez eux,et je ne me voyais pas me baladeren touriste dans les rues. »S’il a annulé, le couple entendpourtant bien venir prochainement.« En janvier ou février, c’estpromis », assure-t-il. Tous deuxétaient en tout cas hier soir aurassemblement organisé à Londresen soutien aux familles de victimes.

A.R.

« Nous avonsrenoncéà notre séjour »Simon, 50ans,chercheur anglais

« La situation estmaîtrisée, non ? »

GavishetDeepthi,arrivéshier à l’aéroport deRoissy

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22 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

nLes drapeaux en berne sur les édifices publics et lesadministrations et la minute de silence prévue lundi à

midi sont les symboles les plus visibles du deuil nationalannoncé hier par le président François Hollande pour unedurée de trois jours. En théorie, cela peut entraîner unefermeture des administrations publiques. Ce n’est que lasixième fois que cette mesure exceptionnelle est décrétéesous la Ve République. La dernière avait été déclarée il y amoins d’un an, le 8 janvier, à la suite de l’attentat survenu laveille contre le journal « Charlie Hebdo ».Le 14 septembre 2001, trois jours après les attentats auxEtats-Unis, un deuil avait été observé dans toute l’Unioneuropéenne, qui avait demandé aux Etats membresd’observer trois minutes de silence. Toute activité avait étésuspendue à midi : drapeaux en berne, églises sonnant leglas, métros à l’arrêt, programmes de télévision interrompuset rassemblements sur des places publiques.Des deuils avaient également été décrétés après la mortdes présidents De Gaulle, Pompidou et Mitterrand.

S’ILS ÉTAIENT DÉJÀ couchésvendredi soir, la question s’est trèsvite posée, hier matin, tandisqu’adulte on se levait, groggy parune courte et mauvaise nuit. Com-ment parler de tout cela aux en-fants ? Les morts, le sang, les ima-ges, la peur qui nous saisit, notrepropre chagrin, les rideaux desmagasins baissés et les écoles fer-mées… Quels mots trouver pourdire ce que l’on peine à se dire àsoi-même face à une horreur quidépasse tout ce que l’on pouvaitconcevoir, ici, à Paris ? Se tairesemble tout aussi inconcevable.

« Sauf à imaginer un enfant vi-vant dans une grotte, au fond d’unvillage, coupé de toute relation, detélévision, radio ou Internet, on nepeut faire l’économie d’expliquerun événement comme celui-ci, quienveloppe toute la vie de la cité, àlaquelle les enfants appartiennentaussi », souligne François Dufour,

rédacteur en chef et cofondateurdes journaux pour enfants « le Pe-tit quotidien » et « Mon quotidien »qui publie un numéro spécial (lirel’encadré ci-contre).

nParler, absolumentC’est un conseil unanime. Même siles enfants sont petits, cela nesouffre aucune discussion. La psy-chanalyste Claude Halmos* estformelle : « Les enfants sententl’angoisse des adultes ; ils surpren-nent les conversations des grandespersonnes. Et, dès lundi, à l’école,ils verront peut-être des images,déformées par les conversationsdes autres enfants. Il faut, pour af-fronter tout cela, qu’ils aient eneux une information raisonnable. »Oubliez l’idée d’une recette poséeet distancée : « Il n’y a pas de façonidéale de le faire », insiste la psy-chanalyste. « Nous-mêmes, adul-tes, psy ou pas, sommes tous extrê-

mement bouleversés. Mais ce quiest certain, c’est qu’à partir du mo-ment où l’adulte parle à l’enfant ilsait qu’en retour il pourra poserdes questions. »

nQuels mots choisir ?Sans faire abstraction de notreémotion, il faut bien sûr choisirun registre de vocabulaire adaptéà celui de l’enfant. Mais, surtout,il est « une précaution capitale àobserver, souligne Claude Hal-mos : en parler de façon sobre ».Concrètement, il faut à tout prixéviter de « prêter, par ce que l’onva dire, à ce que l’enfant se fasseune sorte de film d’horreur danssa tête. Ce qui s’est passé y res-semble déjà tellement… »

Alors oui, on peut dire que despersonnes sont venues et qu’ellesont fait comme à la guerre. Qu’el-les ont tué, tiré sur des gens dansdes restaurants, dans la rue, « mais

on évite de parler de cadavres et desang. Si l’enfant pose des ques-tions là-dessus, on peut lui répon-dre que c’est tellement affreuxqu’on n’a pas soi-même envie d’enparler ».

nQue faire des images ?Clairement, s’agissant d’enfants demoins de 6 ans, la psychanalysterecommande de les proscrire abso-lument. « Elles sont beaucoup tropviolentes. » Pour les plus grandsqu’il est peut-être difficile de teniréloignés des téléviseurs, « soyez àleurs côtés » s’ils les voient.

Quant aux adolescents, difficiled’imaginer qu’ils y échappent,quand ils étaient les premiers, ven-dredi soir, hypnotisés par le flotd’infos et d’images qui se déversaitentre télés et réseaux sociaux, àl’affût — pour les Parisiens — desnouvelles de leurs copains. Face àce raz de marée d’images et d’émo-tions, les adolescents ont aussi be-soin qu’on leur parle pour qu’ilscomprennent qu’on est avec eux.« Avec eux, ce doit être commeentre adultes, c’est-à-dire sans ca-cher notre propre peur. »

nComment gérer la peur ?Pour les plus grands, impossibled’en faire abstraction : « On nepeut en effet pas dire aujourd’hui àun adolescent : Ne t’inquiète pas,cela ne recommencera pas. L’hor-reur, que d’autres vivent déjà dansd’autres pays, que d’autres ont vé-cue ici avant nous dans le passé,est totale pour nous aussi : mais onpeut leur dire que l’on va devoirinventer ensemble notre façon defaire face. »

Pour les plus jeunes, veiller àtrouver l’équilibre : « On peut par-ler de danger sans terrifier », expli-que Claude Halmos. En clair nepas tomber dans « la panique obsé-

dante qui lui ferait voir un terroris-te caché derrière chaque arbre ouau coin de la boulangerie ».

Sans lui mentir « ni peindre laréalité en rose », conseille FrançoisDufour, sans nier le risque, « onpeut expliquer qu’il est restreint,parce qu’on vit dans une sociétécivilisée qui se donne les moyensde le rester, détaille Claude Hal-mos : il y a effectivement des ter-roristes, de même qu’il y a desvoleurs, mais que ce ne sont pasdes superhéros dotés de superpou-voirs, et il y a la police, qui ne peutpas tout, mais agit et en arrête,régulièrement ».

CLAUDINE PROUST

* « Dessine-moi un enfant »,(le Livre de Poche, octobre 2015,16,90 €).

Et que dire aux enfants ?Paris (Xe), hier. Trouver les mots pour aborder les attentats avec ses enfants est délicat mais néanmoins indispensable : pour eux, comme pour les adultes, c’est une source d’angoisse dont il vaut mieux parler.

n LE MOT

Deuil national

Palais de l’Elysée, Paris (VIIIe), hier. Les drapeaux ont étémisen berne sur les édifices publics pour trois jours.

(LP/Guillaum

eGeorges.)

(FrançoisLafite/W

ostokPress/M

axPPP.)

Unnumérospécial de«Monquotidien»

nTrès vite hier matin, desenseignants se sont

manifestés sur les réseaux sociauxde PlayBac Edition, qui publie « lePetit Quotidien » et « Monquotidien », se demandantcomment aborder le sujet et lesquestions lundi en classe. Pouraider à répondre à ces questionsd’enfants qui se demandent si « cesont des fous qui ont fait ça » ou« l’intérêt de tuer pour se tuer soi-même », les deux quotidiensmettent en ligne Lepetitquotidien.fret Monquotidien.fr, comme ils l’ontfait après les attentats de« Charlie Hebdo », gratuitement, etdès aujourd’hui un numéro spécial,partant des questions des 7-13 anspour tenter d’expliquerl’inexplicable aux petits.

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Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 23

par le président, explique-t-elle. Lesélèves pourraient craindre qu’on leurtire dessus comme dans les jeux vi-déo, ou que leurs papas soient mobi-lisés et s’en aillent comme dans lesfilms. » Si elle sait les mots qu’elle neprononcera pas, Delphine n’avaithier pas encore trouvé le terme ap-proprié pour dire l’horreur sans fairepeur à des enfants de 8 ans.

CHRISTEL BRIGAUDEAU

protègent leurs enfants de ce genrede nouvelles. Est-ce à moi de les in-former ? »

Hier, Delphine, comme beaucoupd’autres enseignants, cherchait surInternet et les réseaux sociaux desdocuments, des idées pour aborderle sujet des attentats de la meilleuremanière possible. « Ce qui est sûr,c’est que je ne reprendrai pas le motde guerre, même s’il a été prononcé

ministère de l’Education a promis,hier soir, de mettre en ligne des« ressources pédagogiques », Delphi-ne, qui dirige une petite école ruraleen Sologne, redoute d’être livrée àelle-même lundi à la sonnerie de8 heures. « Nous, enseignants, nesommes pas psychologues, on n’aque notre bon sens personnel… s’in-quiète-t-elle. J’ai peur de commettreun impair. Et il y a des parents qui

un lycée de banlieue. « Il faut faireattention aux discours moralisa-teurs, mieux vaut essayer de sortirles élèves de l’affectif et les guiderpour construire une pensée », préco-nise-t-elle.

Avec ses collègues, elle participerasans doute à une réunion en salle desprofs, lundi matin, pour que chacunaccorde ses violons avant d’aborderle sujet en classe. Cette concertationest envisagée dans beaucoup d’au-tres établissements, dont certainsont prévu de faire commencer lescours une heure plus tard, pour lesélèves. A Paris, où une cellule de cri-se a été mise en place par le rectorat,le choix devrait être laissé à chaque

établissement d’or-ganiser à sa guise lajournée de lundi.Audrey, dans soncollège de la régionde Calais, a aussiéchangé des mes-

sages avec ses confrères. Quelques-uns plaident pour une minute de si-lence cadrée par l’administration etles CPE afin de prévenir d’éventuelsdébordements.

Mais d’autres sont encore trop si-dérés pour anticiper. « Nous ne sa-vons même pas comment nous al-lons faire face à nos propres émo-tions », admet Julie, professeur d’his-toire-géographie. Même si le

LA NOUVELLE a été annoncée hierà la sortie du Conseil des ministres : ily aura bien école demain matin,dans tous les niveaux de l’enseigne-ment, y compris à Paris. Mais dansquelles conditions ? Qu’ils ensei-gnent dans des lycées situés à deuxpas des massacres ou dans de petitesclasses à la campagne, les profes-seurs étaient nombreux à s’interro-ger dès le réveil, hier, sur la conduiteà tenir, les mots pour le dire… et lesquestions qui ne manqueront pas desurgir dans la bouche d’élèves cho-qués, parfois très jeunes, ou dansl’incompréhension. Il faudra aussiencadrer la minute de silence, pré-vue à midi.

Le recueille-ment solennel or-donné dans les sal-les de classes enjanvier, au lende-main des massa-cres à la rédactionde « Charlie Hebdo » et de l’HyperCacher, et perturbé par endroits, alaissé de très mauvais souvenirs.« Balancer une minute de silence auxélèves sans rien expliquer, c’est trèscompliqué : certains ne compren-nent pas ce qui se passe, ils sont enproie à des émotions contradictoiresou sont influencés par les théories ducomplot », s’inquiète Clarisse, profes-seur de sciences économiques dans

Les profscherchent aussi

leurs motspour les élèves

Après les attentats de janvier, les élèves étaient arrivés avec beaucoup de questions en classe, désarçonnant parfois leurs profs.Pour la reprise des cours lundi, les enseignants se préparent aumieux pour aborder les événements. (LP/Olivier Lejeune.)

« Balancer une minute desilence sans rien expliquer,c’est très compliqué »

Clarisse, professeurde sciences économiques

« LES HEURES ne passent pasvite… on n’a encore aucune informa-tion, aucune liste : je ne sais pas lesblessés, ni les victimes, je ne sais queles gens qui vont bien. » Christel Bou-ry, proviseur au lycée Voltaire, dansle XIe arrondissement de Paris, vitdans une attente anxieuse depuisvendredi soir. La cité scolaire qu’elledirige abrite un collège et un lycée de1 200 élèves, situés à deux stations demétro des cafés et des rues visés parles kamikazes. « Ma grosse inquiétu-de, c’est de savoir si des gamins ontété blessés ou tués », soupirait-ellehier matin, café en main devant l’en-trée de Voltaire, les traits tirés parune nuit presque blanche.

Déjà en première lignelors des attentats de janvierComme partout en Ile-de-France,l’établissement est resté fermé pourles 300 élèves qui devaient normale-ment se rendre en classe hier. Lemessage, placardé sur le grand por-tail bleu, est aussi passé par dese-mails et des SMS envoyés dans lasoirée à tous les parents. « Malheu-reusement, on sait faire : les attentatsde janvier nous ont appris. L’acadé-mie a été très réactive », constate laproviseur (syndiquée au SNPDEN).Le lycée était déjà en première ligneil y a dix mois : le siège de « Charlie

Hebdo » est à proximité, et des élèveshabitent dans la zone de l’Hyper Ca-cher de la porte de Vincennes.

Pour Voltaire, comme les établis-sements qui en feront la demande,une cellule d’aide psychologiquepourrait être mise en place demain.

« Je ne sais pas encore comment jevais organiser le retour en classe : jepense à échelonner la rentrée et, enmême temps, je ne sais pas si c’estune bonne idée, hésitait hier ChristelBoury. Les consignes, en tout cas,sont d’une grande souplesse, et c’est

ce qu’il faut. Chaque établissementva s’adapter selon sa situation. »Ceux situés dans les Xe, XIe et XVIIIe

arrondissements redoutent particu-lièrement de compter des victimesparmi leurs effectifs et s’y préparent.

CH. B.

« Mon inquiétude, c’est qu’un gaminsoit tué ou blessé »

ChristelBoury,proviseurdu lycéeVoltaire àParis.

Paris (XIe), hier. Au lycée Voltaire, qui rouvrira ses portes demain, une cellule d’aide psychologique pourrait être mise en place.

Sortiesscolairesannuléesn

Tous les voyages scolaires,ce week-end ainsi que la

semaine prochaine, sont annulés,de même que les sorties declasse dans l’ensemble du pays,a annoncé hier le ministère del’Education nationale, à la suitedu Conseil des ministres.Seules les sorties « régulières »des élèves, pour se rendre à lacantine ou au gymnase parexemple, sont autorisées àcondition qu’elles n’impliquentpas de prendre les transports encommun.

Minute de silence demainQuant aux voyages scolaires quiétaient déjà en cours au momentdes attaques, « un recensementa été réalisé », indiquait, hier, laRue de Grenelle, sans donnerdavantage de précisions sur lenombre d’enfants concernés. Il aété décidé qu’ils « reviendrontdans les conditions prévuesinitialement ».Enfin, dans toutes les écoles, lesétablissements et lesuniversités, une minute desilence sera observée à midi,demain, et les drapeaux mis enberne.

CH.B.

(LP/ChristelBrigaudeau.)

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24 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

82 ans. Son fils l’avait appelée trèstôt hier matin. « Il m’a dit :Maman,tu ne sors pas dehors, c’est ris-qué ! » raconte-t-elle. Mais la retrai-tée est quand même sortie pour serendre à la messe. « Moi, face à lahaine, je n’ai que la prière commerecours. C’est pour ça que je suisvenue. Depuis Charlie, on a intégrédans nos têtes que ça pouvait re-commencer », souligne-t-elle pen-dant qu’un autre fidèle allume uncierge en souvenir des défunts.

VINCENT MONGAILLARD

ment. Mais il ne faut pas avoir peur,je continuerai à me promener dansles rues. Je suis en phase avec leprêtre. Oui, ce qu’ont fait ces crimi-

nels, c’est de la bê-tise humaine ! Onn’a pas le droitd’utiliser Dieu àmauvais escient »,dénonce ce rive-rain âgé de 60 ans

à l’issue de la procession. « Il ne fautpas rentrer dans le jeu des terroris-tes », poursuit Josyane-Marie,

C’EST UNE MESSE spéciale qui sedéroule « en temps de guerre ou detroubles graves ». « On demande auSeigneur de nous délivrer de la hai-ne, de nous arracher des égoïsmes »,explique le curé. Hier matin, à9 heures, ils sont une trentaine defidèles et cinq prêtres rassemblés enl’église Saint-Ambroise à Paris (XIe)pour un office d’une quarantaine deminutes dédié aux victimes de labarbarie. Parmi elles, ces dizainesde cibles du Bataclan, la salle deconcert qui est située à seulement300 m du lieu de culte.

Vers la fin de la célébration, lesfidèles sont invités à se serrer lamain et se dire « la paix du Christ ».« Je suis encore dans l’émotion, c’estvraiment traumatisant », souffle Oli-vier, un catholique pratiquant.« Notre quartier, c’est le centre degravité des atten-tats terroristes. Enjanvier, CharlieHebdo, c’était toutprès », rappelle-t-il. Dans l’homélie,l’un des ecclésias-tiques évoque « la bêtise humaine ».

François, 60 ans, se recueille.« Tout ça me fait pleurer intérieure-

« Je n’ai que la prière comme recours »

Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine)

« UNE BARBARIE. » Abdelkha-lek Khallouki, le président de lamosquée de Villeneuve-la-Garen-ne (Hauts-de-Seine), n’a pas demots assez durs pour condamnerles attentats. « Je suis bouleversé,choqué, confie, ému, ce musul-man de France. C’est une guerrequi est déclarée. »

A la sortie de la prière, hieraprès-midi, les fidèles condam-nent tous ce qu’ils qualifientd’« actes de terreur ». « Nous aus-si, on aurait pu être en terrasse entrain de siroter un verre. Com-ment peut-on en arriver là, si jeu-ne ? Comment peut-on s’en pren-dre à des innocents ? » fustige Sa-mir, 32 ans, qui confie être resté« bouchée bée » devant sa télévi-sion toute la soirée du drame.« On se demande comment on apu embrigader ces jeunes. Il fautsensibiliser nos enfants, faire at-tention aux discours de haine. »

« On est français, on défend nosvaleurs, notre république. On nepeut que déplorer ce qui s’estpassé », renchérit Younes, 65 ans.Derrière cette tristesse, certainescraintes persistent aussi. « On vaencore payer la double taxe, s’in-quiète Mohamed. Les gens ris-quent de faire des amalgames. »Depuis les événements dramati-ques de janvier, tous s’accordent

à dire que « le regard des gens achangé ». Leurs réactions aussi.« Au boulot, je me sens souventobligé de me justifier auprès demes collègues. Et ça me gène, re-grette Mourad, père de trois en-fants en bas âge. J’ai l’impressionque je dois prouver que je n’airien à voir avec ces gens-là. Que jecondamne tous leurs actes. »

D’autant que l’« après-Charlie »

avait été marqué par la montéedes actes islamophobes. « Onnous traite régulièrement de ter-roristes, et c’est blessant, s’attristeMalik, 35 ans. Ma femme, qui por-te le voile, n’ose même plus allerau supermarché parce qu’elle saitqu’elle sera épiée. »

Hier, plusieurs mosquées ontété prises pour cible. Comme àCréteil (Val-de-Marne) où des

croix chrétiennes rouges ont étépeintes devant le lieu de cultemusulman.

A Villeneuve-la-Garenne, desmesures vont être prises pourrenforcer la sécurité autour de lamosquée. « J’ai reçu beaucoupd’appels de fidèles qui craignentdes représailles », explique le pré-sident du lieu de culte. Des fouil-les de sacs auront lieu à l’entrée

et les parkings alentour vont êtrefermés. « Nous n’avons pas degardien, la nuit. On va donc réflé-chir à dormir sur place pour sur-veiller nous-mêmes », précise Ab-delkhalek Khallouki, qui a prépa-ré une prière spéciale pour lesévénements. « Je leur ai demandéd’être vigilants et de ne pas céderaux provocations. »

ARIANE RIOU

« Les gens risquent de fairedes amalgames »

Mohamed,un fidèlede lamosquéedeVilleneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine)

Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), hier. Les fidèles de la mosquée sont venus prier comme à leur habitude. Mais à leur sortie, les visages exprimaient de la tristesse.

« J’ai reçu beaucoupd’appels de fidèles

qui craignentdes représailles »

Abdelkhalek Khallouki, présidentde la mosquée de Villeneuve-la-Garenne

Eglise Saint-Ambroise (Paris XIe), hier. Josyane-Marie et François ont tenu àassister au premier office de la journée dans cette église, la plus proche du Bataclan.

(LP/M

atthieudeMartignac.)

«On n’a pas le droitd’utiliser Dieu

à mauvais escient»François, 60 ans, à l’issue de la procession

nHier, en fin d’après-midi, rueSaulnier, dans le

IXe arrondissement de Paris, lesfidèles affluent pour la fin dushabbat, à la synagogue Beth-El,très fréquentée par lacommunauté juive du quartier. Lesvisages sont fermés. Les minesinquiètes. Dans le hall, un largeécran retransmet en continules images de la rue et de laporte d’entrée,filmées par lescaméras devidéosurveillance.« Les gens sontcomplètementtraumatisés parl’horreur de cequi vient de se passer, confie l’undes responsables de lacommunauté, déjà éprouvée, voicideux ans, par la violente agressionau couteau d’un rabbin et de sonjeune fils. Les militaires quiétaient en faction jusqu’à cematin (NDLR : hier matin) devantla synagogue sont partis,certainement appelés ailleurs en

renfort, ce qui n’est pas de natureà nous rassurer. » « Comme toutela communauté juive, je suiscomplètement horrifié par cesattentats barbares, s’indigneSammy Ghozlan, le président duBureau national de vigilancecontre l’antisémitisme (BNVCA).Nous nous sentons réellement endanger et persuadés d’être descibles : le groupe qui se produisait

au Bataclanavait d’ailleursdonné desconcerts, trèscontestés parcertains, enIsraël. L’attaquede cette salle

ne doit rien au hasard. Quant auxlieux de culte, poursuit-il, il fautabsolument continuer de lesprotéger et conserver les gardesstatiques. Ne surtout pas baisserla garde parce que, comme lesmembres de la communauté juive,individuellement, les synagoguesrisquent d’être visées. »

CÉCILE BEAULIEU

A la synagogue déjà éprouvée,des fidèles « traumatisés »

« Il faut continuerà protéger les lieux

de culte »Sammy Ghozlan, président du Bureau

national de vigilance contre l’antisémitisme

Josyane-Marie,82ans, est allée se recueillir à l’église

(LP/ArianeRiou.)

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Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 25

Hier matin, le père Vincent Féroldi, directeur du Service nationalpour les relations avec l’islam de la Conférence des évêques deFrance (CEF), était invité à titre amical à un mariage en mairieentre un musulman et une chrétienne. « Je leur ai dit : Votreengagement, c’est ce que nous voulons vivre. Il faut solidifier levivre-ensemble en amplifiant nos rencontres dans la diversitédes cultures », estime-t-il. Il invite également ses « frèresmusulmans » à ne « pas désespérer ». « Résistons

ensemble à ceux qui instrumentalisent une religion au profitd’une idéologie barbare ! »

«Résistonsensemble»PèreVincentFéroldi,responsabledesrelationsavecl’islam

Sa prière, hier matin, à7 heures, s’est transformée enune « invocation de protectionet de sécurité pour la France ».Ahmed Miktar, imam de lagrande mosquée de Villeneuve-d’Ascq, dénonce la sauvageriede ceux qui « ont perdu le sensde l’humanité ». « Ilsn’appartiennent pas à notre France, à notreconception de la république. Combattons-les parl’amour, l’affection, la sérénité. Le message que jeveux envoyer, c’est : Soyons humains avant tout,enlevons toute haine dans nos cœurs, essayonsd’être forts face à la terreur en la chassant de notrepays. Je lance un appel à la responsabilité à tousceux qui risquent de stigmatiser, de faire desraccourcis pour trouver des boucs émissaires »,martèle celui qui est président de l’association lesImams de France.

«Combattons-lespar l’amour, la sérénité »AhmedMiktar, imamàVilleneuve-d’Ascq (Nord)

Dans le message d’HassenChalghoumi, imam à Drancy,il y a de la « colère ». « Cesbarbares n’ont rien à voiravec la civilisation humaine.Il faut que tous lesmusulmans sortent de leursilence pour dire : Nous, onn’a rien à voir avec cescriminels. On ne peut pasrester à distance, il fauts’engager réellement »,martèle celui qui estprésident de la Conférencedes imams de France. « Lesprêcheurs de haine n’ontpas le droit à la parole, cesont eux qui ramènent descatastrophes », fustige-t-il.

«Que tous lesmusulmanssortentde leur silence»HassenChalghoumi, imamàDrancy (Seine-Saint-Denis)

Il a réécrit hier son homélie pour sa messe dominicale,soulignant : « Le péché et la mort font partie de cemonde. » Le père Christian Lancrey-Javal, curé à Notre-Dame-de-Compassion à Paris (XVIIe), appelle sesparoissiens à l’apaisement. « Je dois donner l’exempleplus que jamais. Un exemple de calme et de confiance. Ilne faut pas tomber dans l’affolement quand on quitte sibrutalement l’insouciance. Dieu nous demande d’êtreproches les uns des autres. Nous devons être bons etfermes dans la foi pour rassurer les gens traumatisés »,répète-t-il. « Ce qui est arrivé dépasse l’entendement,on est dans le mal absolu. Il y a un double interdituniversel : l’interdit de tuer et l’interdit encore plusgrand de tuer au nom de Dieu », rappelle-t-il.

«Nepas tomberdans l’affolement»ChristianLancrey-Javal, curé àParis

« J’appelle les musulmans de France quiexpriment leur compassion, leur solidarité avecles victimes à élever des prières dans toutes nosmosquées pour que notre pays et noscompatriotes soient protégés. Ils sontune partie à part entière du peuplefrançais. Ce qui touche ce dernier noustouche également. Les terroristes,les criminels, les bourreauxcherchent à créer la division,alors soyons unis et solidairesface à la barbarie. La force denotre pays, c’est son unité. »

«La forcedenotrepays,c’est sonunité »MohammedMoussaoui,présidentde l’UniondesmosquéesdeFrance

Son message trouve sasource dans l’Evangile.« Il faut surmonter le malpar le bien », invite leprotestant Marc Pernot,pasteur à l’Oratoire duLouvre à Paris (Ier).« Nous devons restersoudés. Je dis à nosfrères musulmans qu’onne fait pas l’amalgameentre les extrémisteshaineux et les fidèlesqui prient dans la paix.Ne cédons pas ausensationnel. J’aiégalement une penséepour les migrants, jeme demande s’ils nevont pas subir

l’amalgame », s’inquiète-t-il. Ce membre de l’Egliseprotestante unie deFrance s’interroge sur lapart de responsabilité denotre société dans cette« montée » de barbarie.

« Parfois, nospolitiques ontdes discourstrès guerriers,il ne faut pasréagir comme

ça… »

«Nousdevons rester soudés»MarcPernot,pasteur àParis

Pour M’hammed Henniche, secrétaire général del’Union des associations musulmanes (UAM) deSeine-Saint-Denis, lui-même président de lamosquée de Pantin, « les premiers à êtretraumatisés par ceux qui ont sali l’islam, ce sont lesmusulmans ». Mais il s’attend à ce que les fidèlesde sa religion soient stigmatisés. « Je dis aux

miens : Ne répondez pas à laprovocation, ne paniquez pas,n’ayez pas peur, offrez uneimage de sérénité, insiste-t-il.Au-delà de l’émotion légitimedes uns et des autres, on a le

devoir de propager la paix.C’est la mission de toutmusulman. Personne n’a ledroit de la transgresser.Quand on dit Bonjour ! c’estSalam aleykoum ! celasignifie “Paix sur vous” ».

«Nerépondezpasà laprovocation»M’hammedHenniche,présidentde lamosquéedePantin (Seine-Saint-Denis)

Ambassadeur du dialogue interreligieux etprésident de l’Amitié judéo-musulmane deFrance, le rabbin de Ris-Orangis, Michel Serfaty,invite « l’ensemble des communautés juive,musulmane, chrétienne à descendre dans la ruepour crier : Nous sommes la France ». « Nousdevons tous nous serrer les coudes. L’uniténationale s’impose. La victoire contre la barbarienous est promise », lance celui qui estdéterminé à « partager avec la France le destindu courage ». A ses « concitoyens musulmans »,il adresse un message d’apaisement. « Nous leurdisons que nous leur gardons notre entièrefraternité et leur faisons confiance pour lutteravec nous contre le terrorisme », assure-t-il.

«Nousserrerles coudes»Michel Serfaty, rabbindeRis-Orangis (Essonne)

Il se dit « bouleversé parl’intensité de cette barbariejamais atteinte en France ».« Ces crimes portentatteinte à notre humanitéet aucune cause ne sauraitjustifier ces actesinqualifiables », s’indigne-t-il. Mgr Stanislas Lalanne,évêque de Pontoise, invite,en signe de solidarité, tousles prêtres de son diocèse àfaire sonner le glas après lamesse principale. Les églises du Val-d’Oise vont donc faireretentir la cloche qui annonce traditionnellement la finprochaine, l’agonie ou le décès d’une personne. Le prélatconvie les habitants du département à rejeter avec« fermeté toute forme de haine et de violence » et appelleles catholiques « à s’engager au service de la paix ».

«Rejetons toute formedehaine»MgrLalanne, évêquedePontoise (Val-d’Oise)

DANS LES ÉGLISES,mosquées et synagogues de l’Hexagone, des centaines demilliers de prières ont été élevées hier pour les victimes de la barbarie, mais aussipour la France et son unité nationale. Les responsables des différents cultes ontimmédiatement condamné ces atrocités commises au nom de la haine. Ils sont enpremière ligne pour appeler à l’apaisement et combattre la tentation des amalga-mes. Nous avons demandé à des dignitaires religieux de toutes confessions quelmessage de paix ils souhaitaient envoyer à leurs fidèles comme au peuple français.

TEXTES : VINCENT MONGAILLARD

Leursmessagesdepaix

(Photopqr/«leProgrès

»/M

aximeJegat.)

(LP/DelphineGoldsztejn.)

(LP/Olivier

Corsan.)

(LP/Matthieu de Martignac.)

(LP/O

livierLejeune.)

(LP/CaroleSterlé.)

(LP/Sébastien

Morelli.)

(Photopqr/«laVoixduNord

»/Chibane.)

(Ciric/Stéphane

Ouzounoff.)

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Page 26: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

26 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

« SONNÉS », « assommés » : dans lescoulisses du pouvoir, on décrivaithier un sommet de l’Etat sous le chocaprès les attentats les plus meurtriersen France. « Pour la première fois,Hollande a compris qu’il ne faisaitpas la guerre à 3 000 km, qu’il auraitpu y passer. Sans compter qu’il a vules corps au Bataclan… » glisse unconseiller du gouvernement. Dans cecontexte, l’exécutif a dû se penchersur la riposte à apporter aux terroris-tes. Et la question a semble-t-il viréau dilemme, entre les partisans demesures d’exception et ceux qui tien-nent à rester dans les clous de la loi etjugent l’arsenal sécuritaire suffisant.

« En temps de guerre, le droitchange. Nous ne sommes pas seule-ment face à des terroristes, mais àdes soldats, des vétérans, formés parune véritable armée », plaide unesource gouvernementale. « Beau-coup de mesures ont déjà été prises.

On ne peut pas être dans l’escalade,la réaction, céder à la panique. Il fautdes garde-fous », rétorque une autre.Pour l’heure, l’exécutif s’attachedonc surtout à afficher sa fermetésur la forme. « Hollande va être superferme. Il n’y a que ceux qui ne leconnaissent pas et leprennent pour un mouqui pensent le contrai-re », assure PatrickMennucci, député PSet coauteur d’un rap-port sur les jihadistes.

De fait, le chef de l’Etat a affichéun ton martial comme rarement,parlant même de « guerre ». Côté me-sures, les choses semblent plus com-plexes. Hier, le Premier ministre aannoncé sur TF 1 que l’état d’urgence(douze jours maximum) serait pro-longé, que les expulsions et déchéan-ces de nationalité décidées par l’Etat— au compte-gouttes — se poursui-

vraient. Dans la majorité, certainsveulent aussi étendre aux policiers laprésomption de légitime défense etles autoriser à porter leur arme endehors du service.

Mais pas question, dit l’Elysée, dedégainer l’article 16 de la Constitu-

tion, qui donne lespleins pouvoirs au pré-sident. Et le grand soirsécuritaire ne paraîtpas pour demain. UnPatriot Act à la françai-se non plus. « Beau-

coup de mots et un grand show… »regrette un partisan d’une réponseplus ferme. A gauche, ils sont nom-breux à avouer des pudeurs face aurisque de restreindre les libertés. In-terner les individus placés sous ficheS, comme le réclame Laurent Wau-quiez ? « Créer des Guantanamo par-tout, c’est favoriser Daech, qui misesur une guerre de religion », avertit

Bartolone. « Vous imaginez un campd’internement pour musulmans ? »abonde un élu PS. « Mieux vaut taperdirectement en Syrie », plaide doncMennucci. De fait, c’est sur le terrainmilitaire que la riposte pourrait seconcentrer. Valls l’a promis hier :« Nous répliquerons coup pour couppour détruire Daech. »

La COP21, qui sera maintenue soushaute sécurité, devrait donc tournerau sommet mondial contre le terro-risme. Reste à savoir si Paris infléchi-ra sa ligne diplomatique sur la Syrie.« Pour taper Daech, il faut s’allier àBachar al-Assad et aux Russes », ré-clame un élu PS. Tous étaient toute-fois d’accord sur un point. Commedit un conseiller : « Cette fois, l’uniténationale ne tiendra pas. »

NATHALIE SCHUCK(AVEC ÉRIC HACQUEMAND)

@NathalieSchuck@erichacquemand

Après ledrame,uneunionDepuis les effroyables attentats de vendredi soir, François Hollande se pose en chef deguerre et tente d’incarner l’unité nationale. Un rôle qu’à droite certains lui contestent déjà.

de sécurité, il arbitre lespoints plus chauds. No-tamment la question dur é t a b l i s s e m e n t d e scontrôles aux frontières :61 points de contrôle sontdécidés. Niveau maxi-mum. « Jamais il n’a étéquestion de suspendre lesrégionales ou la COP21 »,assure un participant. Ceserait donner raison auxterroristes. Quelques minutesaprès, les « 4 » de nouveau réunisdans le bureau présidentiel, exami-nent les derniers éléments d’enquê-te. « C’est un acte de guerre commispar une armée terroriste »,concluent-ils. Le président va re-prendre la formule dans sa deuxiè-me intervention télévisée.

Manuel Valls et Bernard Cazeneu-ve insistent alors sur la nécessité deconvoquer les parlementaires enCongrès à Versailles. « Face à cet évé-nement sans précédent, le débat doitavoir lieu », lui glissent-ils. Notam-ment avec l’opposition. Nicolas Sar-kozy est au bout du fil. « Pour cinqminutes, ça a été bref », indique l’en-tourage du chef de l’Etat. L’ancienprésident est attendu ce matin àl’Elysée comme tous les autres chefsde parti et de groupe parlementaire.Sur fond d’unité nationale, le mantrade François Hollande pour les pro-chains jours. ÉRIC HACQUEMAND

matin, Barack Obama appelle pourlui apporter son soutien… SuivrontAngela Merkel, David Cameron, Mo-hammed VI, le roi du Maroc...

L’action diplomatique est abordéelors du Conseil de défense qu’Hol-lande préside malgré une nuit pres-que sans sommeil. « Le pays est dansun état de choc », commence le chefde l’Etat. Devant les ténors du gou-vernement et les patrons des services

horreur », lâche-t-il. Dans son bureaul’attendent les « 4 » qui, en janvier,l’ont déjà aidé à surmonter l’épreuvedes attentats : Manuel Valls, BernardCazeneuve (Intérieur) sur lesquels lacommunication sera concentrée ;Christiane Taubira (Justice) et Jean-Yves Le Drian (Défense).

« Même s’il a été touché, il n’a ja-mais perdu son sang-froid », assureClaude Bartolone, présent avec Hol-lande au Bataclan où il est venujouer un classique de la communica-tion de crise : la présence rassurantesur le terrain. Hollande se sait aussisous l’œil du monde. A 4 heures du

« MONSIEUR LE PRÉSIDENT, leQuick a sauté. » C’est par cet étrangemessage discrètement porté par lepréfet de Seine-Saint-Denis et relayépar l’officier de sécurité présidentielque François Hollande a été averti. Ilest près de 21 h 30 au Stade de Fran-ce, le président regarde France - Alle-magne quand les explosions retentis-sent. « Un truc qui tape à la poitri-ne », raconte le président du conseilrégional d’Ile-de-France, Jean-PaulHuchon, assis juste derrière le chefde l’Etat, lequel se rend alors au PCsécurité. Il s’informe de la tragédieauprès de Bernard Cazeneuve puisrevient faire passer le message : « Nebougez pas, restez à vos places. » His-toire de ne pas créer la panique.

Lui s’en va. Direction Beauvau, à lacellule de crise installée salle du Fu-moir. Manuel Valls, qui était à sondomicile, le rejoint. Le climat estlourd. « On briefe même le présidentet son Premier ministre en chucho-tant », raconte un témoin.

Décision est prise de décréter l’étatd’urgence, annoncé vers minuit lorsd’une déclaration télévisée où Hol-lande apparaît ébranlé. « C’est une

« Monsieur le président, le Quick a sauté »L’officierde sécuritéduchefde l’Etat

Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), vendredi soir. François Hollande assiste aumatch France - Allemagne lorsque deux explosions retentissent. Immédiatement alerté,il se rend au PC sécurité du Stade de France pour s’informer de la situation. Avant de quitter l’enceinte pour superviser les opérations.

Paris (XIe), dans la nuit de vendredi à samedi. François Hollande, entouré notammentde Bernard Cazeneuve etManuel Valls, prend la parole aux abords duBataclan.

(EPA/M

axPPP/CecideF.)

«Même s’il a été touché,il n’a jamais perduson sang-froid »

Claude Bartolone, président de l’Assemblée

« Le pays est dansun état de choc»

François Hollande

(LP/ArnaudJournois.)

(AFP/ChristelleAlix.)

La COP21 pourraitse transformer

en sommet mondialcontre le terrorisme

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Page 27: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

e,

Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 27

n nationalebien fragile« ON DOIT ÊTRE responsable ettotalement solidaire », exigeait, hiermatin, Nicolas Sarkozy devant sestroupes. Pour le chef des Républi-cains, après la terrible série d’atta-ques dont a été victime la France, pasquestion de mettre à mal l’unité na-tionale réclamée la veille par Fran-çois Hollande. Du moins pas tout desuite. D’ailleurs, Sarkozy a attenduque le président de la République sesoit exprimé à nouveau devant lesFrançais hier matin pour faire, à sontour, sa déclaration solennelle de-puis le siège du parti. Et les deuxhommes rejoueront l’air de la belleunité transpartisane ce matin, à l’oc-casion d’une rencontre en tête-à-têteau palais de l’Elysée.Mais la concorde nationale n’ira

pas beaucoup plus loin. Car à droite,on compte bien réclamer des comp-tes à la majorité. Et sans trop atten-dre. « Pas d’union nationale pour di-luer les échecs du gouvernement.Plus jamais ça », attaque sans rete-nue l’eurodéputée Nadine Morano.« On doit faire front commun

contre les terroristes. Mais la réalité,c’est que, dix moisaprès les attentatsde janvier, on assisteà une dégradationde la situation »,renchérit le députéEric Ciotti, qui aprésidé la commis-sion d’enquête surla surveillance des filières et desindividus jihadistes. « J’ai encoreécrit une lettre à FrançoisHollan-de le 22 septembre pour m’éton-ner qu’il ne prenne pas encompte les propositions de cet-te commission… Eh bien, jen’ai eu aucune réponse »,confie-t-il, très agacé, touten réitérant sa demande

de déchéance de nationalité pour lesbinationaux en lien avec des entre-prises terroristes, ou encore le place-ment dans des centres de rétentionfermés de tous les individus qui re-

viennent du jihad.Un point de vue

partagé par unegrande partie desténors du parti.Candidat en Auver-gne - Rhône-Alpes,Laurent Wauquiezest même allé un

peuplus loin endemandant que « les4 000 personnes vivant sur le terri-toire français fichées pour terroris-me » soient « placées dans des cen-tres d’internement antiterroristesspécifiquement dédiés ».« Nous ne sommes pas là pour

pointer telle ou telle responsabilité,et encore moins pour régler noscomptes. L’urgence de la situation

exige surtout que nous prenions en-fin des mesures efficaces. Moi, je faisdesmesures concrètes et rapidementapplicables si on veut s’en donner lesmoyens », tonne Valérie Pécresse,chef de file en Ile-de-France, quiégrène ainsi ses idées pour renforcerla sécurité dans les transports encommun, l’armement des policesmunicipales ou encore la réactiva-tion de la réserve citoyenne.Alors voilà François Hollande et

Manuel Valls prévenus. Une foisl’émotionpassée, l’oppositionne ferapas la moindre concession. « Nousavons besoin d’inflexions majeurespour que la sécurité des Français soitpleinement assurée », a prévenu Ni-colas Sarkozy hier dans son allocu-tion, en guise d’avertissement. Il seral’invité ce soir du 20 heures de TF 1pour préciser sa pensée.

OLIVIER BEAUMONT@olivierbeaumont

LesRépublicains réclamentdescomptes

Paris (XVe), hier. « Nous avons besoin d’inflexionsmajeures pour que la sécuritédes Français soit pleinement assurée », a expliqué Nicolas Sarkozy.

UNE DÉCLARATION, etpuis s’en va. C’est une Ma-rine Le Pen volontaire-ment sobre qui s’est expri-mée hier au siège du Frontnational à Nanterre (Hauts-de-Seine). Pas question d’enrajouter, bien que la prési-dente du FN ait profité del’occasion pour dérouler à nou-veau ses pro-positions. « LaFrance et lesFrançais nesont plus en sé-

curité », a-t-elle mar-telé. Avant de lâ-cher : « Le présidentde la République aannoncé l’état d’urgence et le contrô-le temporaire des frontières. C’estbien. Mais il est indispensable que laFrance retrouve la maîtrise de sesfrontières nationales, définitive-ment. » Et de militer pour le réarme-ment de la France, l’anéantissementdu fondamentalisme islamiste etl’expulsion « des étrangers qui prê-chent la haine sur notre sol » toutcomme des « clandestins ».Bref, un discours sans surprises,

pesé au trébuchet. Marine Le Pen apar ailleurs fait savoir qu’elle répon-dra cet après-midi à l’invitation àl’Elysée de François Hollande, com-

me l’ensemble des représentants despartis politiques.Au FN pourtant, de nombreux ca-

dres ont le verbe beaucoup plus libreque la présidente. A tel point queFlorian Philippot, numéro deux duparti, qui évoquait hier sans détour« l’union nationale qui se fait natu-rellement parce que nous sommesune nation », faisait figure d’excep-

tion. « L’union na-tionale, il auraitfallu la faireavant, pourlimiter lescercueils, pasaprès. Vallspasse sontemps à

combattre le FN plutôtque l’islamisme radical »,s’énerve ainsi GilbertCollard, le député duRassemblement BleuMarine, qui plaide pourque « l’armée puisse ti-rer à balle réelle ». Hier,son blog hébergeait unetribune qui appelait à ladémission du gouverne-ment et à l’arrivée deMarine Le Pen au pou-voir. « Mais je ne suis pasl’auteur de ces textes »,tient-il à préciser.

Le compagnon de Marine Le Pen,Louis Aliot, s’est fendu, lui, dès ven-dredi soir d’un tweet sans équivoque«MonsieurValls, vous voyez oùest ledanger ? Le vrai ! Irresponsable ! »IdempourNicolas Bay, secrétaire gé-néral du parti frontiste : « Pendantque Hollande et Valls combattaientle FN, des assassins sanguinairespréparaient leurs attentats ! Honte,honte à eux. »

Sébastien Chenu, tête de listedans la Somme, affirme lui res-sentir « une vraie colère. On sedemande si quelque chose achangé depuisCharlie ». Quant

au candidat aux régiona-les en Ile-de-France,Wallerand de Saint-Just, il rappelle :« Après Charlie, lenombre de nos ad-hésions avait ex-plosé.Cette fois-ci, la colère este n c o r e p l u sgrande. »

VALÉRIE HACOT@vhacot1

DérapagescontrôlésauFN

Nanterre (Hauts-de-Seine), hier.

Marine Le Pen,présidente du FN.(EPA/MaxPPP/C. Petit-Tesson.)

« L’union nationale,il aurait fallu la faireavant, pour limiter

les cercueils, pas après »Gilbert Collard, député

Rassemblement Bleu Marine du Gard

Palais de l’Elysée (Paris VIIIe),dans la nuit de vendredi à samedi.

Deux heures après les attaques,François Hollande prend la parole.« C’est une horreur », lâche-t-il,

visiblement ébranlé.

(AFP/BertrandGuay.)

«La réalité, c’est que, dixmois après les attentatsde janvier, on assisteà une dégradationde la situation»

Eric Ciotti, député les Républicains

(AFP/ChristelleAlix.)

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Page 28: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

28 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

parce qu’elle se trouve sous le coupd’une attaque terroriste, c’est un si-gne terrible de faiblesse. Je proposeen revanche que ce rendez-vousmondial soit aussi consacré à la luttecontre le terrorisme islamique.Paris est candidat aux JO :ce serait un geste symboliquede la part des pays étrangersde se prononcer pour cettecandidature ?Bien sûr. Ce serait un geste fort desolidarité et de confiance.François Hollande réunitle Congrès lundi,qu’en attendez-vous ?Qu’il dise qu’il va changer de straté-gie au Proche-Orient, renforcer la sé-curité intérieure, dialoguer vraimentavec l’opposition sur la constructiond’une politique d’unité nationale. Cequi a manqué après les attentats dejanvier, c’était une écoute de l’oppo-sition et de ses propositions.

Propos recueillis par

OLIVIER BEAUMONT ET HENRI VERNET@olivierbeaumont @HenriVERNET

sionner les gens du groupe Etat islami-que. On est dans une guerre avec eux.Elle est en train de prendre l’aspect dela guerre totale, on doit donc appli-quer des mesures exceptionnelles.Comme les Américainsavec le Patriot Act ?On n’a pas besoin d’instruments légi-slatifs supplémentaires. Les mesuresque je propose, notamment les ex-pulsions d’étrangers et les mesuresadministratives à l’égard des Fran-çais considérés comme dangereux,peuvent être prises dans le cadre denotre législation, notamment dans lecontexte de l’état d’urgence.La campagne des régionalesest suspendue. Faudrait-ilrepousser la date des élections ?Sûrement pas ! Un pays démocrati-que qui bougerait la date de ses élec-tions parce que les islamistes l’ontdécidé perdrait toute crédibilité.Et la COP21 ?Non plus. Si la cinquième puissancedu monde n’est pas capable d’orga-niser un événement international

vivre, des habitudes qui avaient étéprises et qui étaient liées à cet état deguerre. Nous devons, nous aussi,nous habituer à cela.Comment renforcer le dispositifde sécurité ?D’abord par le renforcement des ser-vices de renseignement. C’est fonda-

mental. Car objec-tivement, com-ment une opéra-t i o n d e c e t t eenvergure-là a-t-elle pu passercomplètementinaperçue ? Et il y

a aussi des mesures exceptionnellesà mettre en place pour écarter uncertain nombre d’individus connus.On devrait pouvoir les assigner à ré-sidence, restreindre leurs possibilitésde déplacement…La gauche serait prête à entendrecela ?Le consensus ne peut plus être pure-ment symbolique. On ne va pas faireune marche pacifique pour impres-

Il faut notamment intensifier lesattaques contre Daech en Syrie ?Ce n’est pas avec quelques bombar-dements aériens qu’on éradiqueral’EI. Mais en décrétant une mobilisa-tion mondiale, sans tabou, sans pos-ture. C’est-à-dire en utilisant tous lesmoyens et sans faire le tri de nosalliés, y compris lerégime de Bacharal-Assad. Et je pen-se aussi qu’il faudraune intervention ausol. Le mieux étantqu’elle soit condui-te par les forces despays de la région.Sur le plan de la sécuritéintérieure, que peut-on fairede plus ?Mon épouse est britannique. Etu-diante à Londres, elle a connu laguerre avec l’IRA (NDLR : l’Arméerépublicaine irlandaise). A cetteépoque, on ne rentrait pas dans uncinéma sans être fouillé. Il y avait desmesures de sécurité, une façon de

RIVAL de Nicolas Sarkozy dans lacourse à l’Elysée, François Fillonévoque une guerre totale contre legroupe Etat islamique.Que ressentez-vous aprèsces terribles attaques ?FRANÇOIS FILLON. D’abord uneimmense tristesse vis-à-vis des fa-milles qui ont perdu leurs proches.Je ressens de l’admiration pour lesforces de l’ordre qui ont été exem-plaires. Et je ressens une très grandecolère contre les totalitaires islami-ques qui nous ont déclaré la guerre etqui doivent s’attendre maintenant àpayer le prix de leurs crimes.C’est-à-dire ?Pour ceux qui en doutaient encore,nous sommes entrés dans une formede conflit mondial. J’ai soutenu l’en-gagement militaire contre l’organisa-tion Etat islamique. A partir du mo-ment où on a décidé d’aller sur leterrain de la guerre, j’exige que nousnous donnions les moyens de gagnercette guerre. Ce qui n’est pas le casaujourd’hui.

François Fillon : « Etudiante à Londres,mon épouse a connu la guerre avec l’IRA. On ne rentrait pas dans un cinéma sans être fouillé. Des habitudes avaient été prises. Nous devons, nous aussi, nous habituer à cela. »

COFONDATEUR du Parti de gau-che, Jean-Luc Mélenchon appelle aurassemblement après les attentats àParis.Quel est votre sentimentaprès les attaques qui ont frappéParis ?JEAN-LUC MÉLENCHON. C’estune épreuve terrible pour le pays.Les assassins n’ont pas pour seul ob-jectif de tuer des gens. Ils veulentfaire exploser la so-ciété française.Leur but est de dif-fuser un sentimentde peur qui dérè-gle tous les com-portements, depousser les gens àse méfier les uns des autres, à mon-trer du doigt une religion. C’est à celaqu’il faut savoir résister. C’est un actede guerre. Quand on parle de terro-ristes, nous sous-estimons la naturedu danger. Ce n’est pas une petitebande, une poignée d’illuminés, quenous affrontons, mais une armée or-ganisée avec une direction politique,celle de Daech et des puissances ré-gionales qui l’aident et le financent.

Que faut-il faire face à « cet actede guerre » ?Le temps du débat sur les causes defond viendra. Cela est nécessaire etc’est le propre d’un pays démocrati-que. Mais là, on est dans un momentde deuil. Il faut mettre de côté uncertain nombre de confrontations.Premièrement, il faut se rendre dis-ponible aux autres par des actes desolidarité. Deuxièmement, il faut sui-

vre les consignesque donnent lesautorités sans dis-cutail ler , pourqu’on ait une ac-tion cohérentedans le pays. Enfin,chacun d’entre

nous peut faire obstacle à la haine,stopper les rumeurs, la désignationde tel ou tel bouc émissaire.L’union nationale est-ellepossible, compte tenu du climatpolitique et de l’approchedes élections régionales ?La cohésion est nécessaire. Il faut toutfaire pour ça. Tous ceux qui ont leprivilège d’avoir la parole ont pourpremier devoir d’inciter au rassemble-

ment et à la compassion. On ne va pasreprendre les polémiques alors que lesang n’est pas effacé des trottoirs.Faut-il maintenir la tenuedes élections régionales ?Oui. En 2012, la série d’attentats deMerah a complètement changé l’am-biance de l’élection présidentielle.Pour autant, on ne l’a pas reportée.On ne doit pas faire ce cadeau à ceuxqui nous ont frappés. Notre force,c’est la démocratie. A nous, mainte-nant, de nous adapter. Peut-êtrefaut-il que la campagne se mène

dans d’autres conditions, avec d’au-tres façons de parler. Sans doutequ’on y gagnera tous.La mise en place de l’étatd’urgence et le renforcementdes contrôles aux frontièressont-ils les bonnes réponses ?Pourquoi pas ? Mais j’observe unechose : on a fait beaucoup de conces-sions sur nos libertés en pensant pro-téger notre sécurité. Or, la sécurité nes’est pas du tout accrue. C’est plutôtl’inverse. On a beaucoup discuté del’importance du renseignement élec-

tronique. On s’aperçoit aujourd’huique ces méthodes sont profondémentinadaptées à la nature du combat. Ilfaut, à l’avenir, donner plus d’impor-tance au renseignement humain etaux méthodes de l’infiltration.L’action de François Hollandeet du gouvernementest-elle à la hauteur ?On le saura plus tard. Mais ce seraitune lâcheté et une bassesse, dans cemoment d’épreuve, de leur mar-chander la solidarité ou la cohésion.

Propos recueillis par PAULINE THÉVENIAUD

« La cohésionest nécessaire »

Jean-LucMélenchon,député européen (PG)

Jean-LucMélenchon : « Leur butest de diffuser un sentiment de peurqui dérègle tous les comportements,à montrer du doigt une religion.C’est à cela qu’il faut savoir résister. »

« On ne va pas faireune marche pacifiquepour impressionner

le groupe Etat islamique :on est dans une guerre »

« Hollande doitchanger de stratégieau Proche-Orient »

FrançoisFillon,ancienPremierministre

« On ne va pas reprendreles polémiques alorsque le sang n’est paseffacé des trottoirs »

(IP3Press/M

axPPP/ClémentMahoudeau.)

(LP/O

livierCorsan.)

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Page 29: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

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Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 29

PAS QUESTION de reporter lesélections régionales des 6 et 13 dé-cembre. Manuel Valls a fermé laporte hier soir à cette éventualité :« Ce serait donner raison aux terro-ristes », a estimé le Premierministresur TF 1, pour qui la tenue du scru-tin « est la plus belle réponse à leurapporter ». Une position unanime-ment partagée par la classe politi-que française, du PCF à l’extrêmedroite.L’attaque terroriste a toutefois

stoppé net la campagne dès vendredisoir. Tous les candidats ont suspenduleurs activitésmilitantes jusqu’à nou-vel ordre. « Rien n’est prévu d’ici àdemain, tous les plateaux ont été an-nulés, il n’y aura pas de prise de pa-role », indique-t-on dans l’entouragede Claude Bartolone, tête de liste PSen Ile-de-France. Le candidat socia-liste reprend à plein-temps sa fonc-tion de président de l’Assemblée avecla conférence des présidents aujour-d’hui et le congrès du Parlement de-main. « On va stopper la campagnependant au moins une semaine. Jeme vois mal faire desmeetings et desdéplacements en ce moment. On atout annulé », précise Florian Philip-pot, le chef de file FN dans la granderégion Est. La plupart des candidatsne savent pas encore combien detemps cette pause va durer. Une cer-titude : personne ne tractera sur unmarché le temps du deuil national.Dans les différents partis, des ré-unions se tiendront en début de se-maine pour envisager la suite. « Ces

événements tragiques sont forcé-ment un tournant dans la campagne.Après ce que nous venons de vivre,on va devoir faire de la sécurité undes thèmes majeurs de ce scrutin »,

analyse Valérie Pécresse, tête de listeles Républicains en Ile-de-France.Que faire après le deuil ?C’est la ques-tion à laquelle se heurtent les candi-dats. Impossible de continuer comme

si de rien n’était. A tel point que chezles communistes on n’est même pascertain « de reprendre la campagne »,confie-t-ondans l’entouragedePierreLaurent. Piste envisagée par les éco-

los : « Transformer lesmeetings et lesdéplacements en hommages et entemps d’échange avec les citoyens »,glisse un proche d’Emmanuelle Cos-se, la secrétaire nationale d’EELV.« On ne peut plus faire campagne surunmode électoral. »

Florian Philippot s’attend pour sapart « à un climat, une ambiance dif-férente ». « Cela va créer une lourdeur,une pesanteur », pronostique-t-il.Quant àWallerand de Saint-Just, chefde file FN en Ile-de-France, il n’envi-sage pas d’inflexion dans sa campa-gne. « Je vais continuer àm’adresser ànos compatriotes musulmans en leurdisant qu’ils sont chez eux, mais qu’ilfaut respecter les fondements de laRépublique », lâche-t-il le plus sérieu-sement dumonde.Pas facile dans ce contexte de trou-

ver le ton juste : « La campagne nepourra plus être aussi agressive quejusqu’à présent », estime un respon-sable LR. Rue de Solférino, on avouebuter sur la question : « Une fois ledeuil passé, comment procéder ? Onn’en sait rien. On a tous en tête l’ima-ge du président devant les cercueilsdes victimes… »

OLIVIER BEAUMONT, VALÉRIE HACOTET PAULINE THÉVENIAUD

@olivierbeaumont @vhacot1@Pauline_Th

Ledeuil efface lacampagnerégionale

L’HISTORIEN JeanGar-rigues, spécialiste d’his-toire politique, soulignele caractère exceptionnelde l’état d’urgence.Après ces attentatsd’une ampleur inéditeen France, l’étatd’urgence a été décrétésur tout le territoire.Qu’est-ce quicaractérise un paysen état d’urgence ?JEAN GARRIGUES. Les précé-dents, dans la période troublée de lafin de la IVeRépublique enmai 1958,puis en 1961 lors du putsch des gé-néraux à Alger, rappellent que celacaractérise une menace d’ordre mi-litaire. Aujourd’hui, cette notion deguerre intervient avec la désigna-tion d’un ennemiextérieur, Daech,re layé par desagents de l’inté-rieur. Dans un telcontexte, l ’étatd’urgence donnedes pouvoirs de police exception-nels. L’étape suivante, c’est le re-cours à l’article 16 de la Constitu-tion, qui donne les pleins pouvoirsau président de la République.François Hollande pourraitrecourir à cet article 16 ?Seul le général de Gaulle y a eu re-cours, en 1961, et il a été critiqué. Ceserait aussi le cas pour François Hol-lande s’il décidait de l’appliquer, caril ne se justifie pas. On n’a pas lesentiment que le fonctionnementinstitutionnel soit rompu. Ce qui sejustifie, ce sont des mesures d’ordrepublic permises par l’état d’urgence.Cela implique, sur le plan politique,un devoir de réserve, une formed’union sacrée — terme d’ailleurs

créé pendant la guerrede 14-18 — derrière lechef de l’Etat.Quel est le sensde la convocation duCongrès à Versailles ?Cela vise à donner de lasolennité, l’image d’uni-té nationale. Cela per-met d’asseoir la figureprésidentielle comme lechef de la nation. C’est

aussi une manière pour Hollande detordre le bras à l’opposition, de ten-ter de lui imposer cette union sacrée.La campagne des régionalesest suspendue. Faut-il repousserles élections ?Il n’y a pas de raison de les décaler.Ce serait en contradiction avec le dis-cours de fermeté de FrançoisHollan-

de, car cela revien-drait à céder auxterroristes. Ce quiest certain c’est quela campagne estmatériellementbouleversée, puis-

que les réunions publiques peuventêtre interdites. Psychologiquement,politiquement, il y a un impact.A qui cela profite-t-il ?Fondamentalement, ce qui s’est pas-sé va conforter l’électorat lepéniste,qui était déjà convaincu de la néces-sité de fermeté envers le terrorismeislamiste. Il peut aussi y avoir un ef-fet de mobilisation en faveur deFrançois Hollande, qui bénéficieraitd’une nouvelle phase de légitima-tion, comme il l’avait connue aprèsles attentats de janvier. Ce phénomè-ne favorisera-t-il une mobilisationélectorale de la gauche aux régiona-les ? Rien n’est moins sûr, car lesélecteurs feront la part des choses.Nicolas Sarkozy réclame

des « inflexions majeures »en matière de sécurité…La crainte de Nicolas Sarkozy, c’estque ces événements favorisent encoredes transferts d’électeursdedroite versl’extrême droite. D’où sa réaction pré-maturée : il n’aurait pasdûdire celaunjour de deuil, mais il ne veut surtout

pas laisser le terrain de la critiquesécuritaire à Marine Le Pen. Fai-sant cela, il prend le risque d’undiscrédit pour celui qui se met-trait en retrait de l’union sacrée,même provisoire.

Propos recueillis par HENRI VERNET@henriVERNET

«L’unionsacrée,unconceptde tempsdeguerre »JeanGarrigues,historien

Le général deGaulle condamneaussitôt le putsch et annonceà la télévision qu’il ferait jouerl’article 16 de la Constitution.

« Nicolas Sarkozy ne veutpas laisser le terrain

de la critique sécuritaireà Marine Le Pen »

Alger (Algérie), le 23 avril 1961.Les généraux français putschistesquittent la délégation généraleaprès leur prise du pouvoir.

(LP/PhilippedePoulpiquet.)

24 avril 1961. A la unedu « Parisien libéré » : « DeGaulle prend tous les pouvoirspar l’application de l’article16 de la Constitution. »

Pas faciledans ce contexte

de trouver le ton juste

Comme tous les candidats en France,Claude Bartolone (en haut à gauche),tête de liste PS en Ile-de-France,Wallerand de Saint-Just (FN, en haut)et Valérie Pécresse (LR, à gauche),sur le terrain ces dernières semaines,ont suspendu leur campagne.

(LP/SophieBordier.)

(LP/AnthonyLieures.)

(LP/Sebastien

Thomas.)

(AFP.)

(Ruedes

Archives/Agip.)

(Ruedes

Archives/CollectionGre.)

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Page 30: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

30 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

Manifestations revuesà labaisseA DÉFAUT D’ANNULER ou derepousser la conférence de l’ONUsur le climat, la gravité de la situa-tion sécuritaire créée par les atten-tats pourrait aboutir à réduire lesproportions de l’événement et desmultiples manifestations et collo-ques qui s’y rattachent.Dans les ministères, certains res-

ponsables commencent à faire ob-server que l’état d’urgence décrétépar le président de la Républiquene pourra pas être sans conséquen-ce. En particulier sur la présencedans la rue des nombreux défilésqui étaient prévus dans plusieursgrandes villes en région à la veille

de la conférence. En particulier laMarche pour le climat programméele 29 novembre dans la capitale, àlaquelle des centaines de milliersde participants sont attendus.

Aucune décisionn’est encore prise«En tout état de cause, si ces mani-festations avaient lieu demain, el-les ne pourraient sans doute pas sedérouler», estime un fonctionnaire.«Mais interdire purement et sim-plement ce cortège suppose un ac-cord politique avec les organisa-teurs», souligne prudemment unconseiller.

Pour l’heure, aucune décision n’aencore été prise. Mais du côté duministère de l’Intérieur, on ne ver-rait sans doute pas d’un mauvaisœil l’annulation des grandes mani-festations qui s’annonçaient délica-tes à gérer du fait notamment de laprésence d’activistes écolos parfoisviolents, comme ceux du BlackBlock. «Cela nous permettrait detrouver les effectifs nécessairespour renforcer la sécurité de laCOP21», échafaude un responsable.«De toute façon, remarque unconseiller, la COP21 n’aura pas lemême visage que prévu».

PH.M.

que c’était une erreur de ne pasavoir fait le déplacement. Envenant cette fois, il entendmontrer que les démocraties nese laisseront pas intimider par leterrorisme. Et que les Etats-Unissont au côté de la France dansl’épreuve.

Obamaviendra bien

LaFrancenerenoncerapasàsaCOP21Quai d’Orsay (Paris 7e), le 6 novembre. Pour les ministres de l’Ecologie et des Affaires étrangères, Ségolène Royal et Laurent Fabius, hors de question d’annuler la conférence de l’ONU sur le climat. (LP/Olivier Corsan.)

nUn responsable américain aconfirmé hier que Barack

Obama sera bien à Paris dansdeux semaines pour l’ouverture dela conférence sur le climat.Obama, qui fut l’un des toutpremiers chefs d’Etat à exprimersa solidarité avec le peuplefrançais après la série d’attentatsqui a ensanglanté Paris vendredi,doit participer le 30 novembre àun sommet au premier jour de laCOP21. Il tenait déjà beaucoup àvenir à Paris pour pousser unaccord « ambitieux et durable »sur le climat, malgré de fortesrésistances dans son propre pays.Le 11 janvier, il n’était pas venu àl’immense manifestation desolidarité organisée à Paris aprèsles attentats. Obama avait étécritiqué pour cela et avait reconnu

Washington, vendredi. Le présidentaméricain a pris la parole aprèsles attentats. (AFP/JimWatson.)

À QUINZE JOURS de l’ouvertured’un événement aussi planétaireque la COP21 — la gigantesqueconférence sur le climat organiséesous l’égide des Nations unies —les attentats de Paris ont amenétrès vite à s’interroger sur le main-tien de cette manifestation. Est-ilpossible dans un tel contexte degarantir la sécurité des 195 chefsd’Etat et de gouvernement et desquelque 40 000 participants atten-dus, sans mettre en danger nonplus la population ?Hier, Laurent Fabius, qui préside

à l’organisation de cette conféren-ce, a coupé court à toute spécula-

tion. « La COP21 doit se tenir, amartelé le ministre des Affairesétrangères. Elle se tiendra avec desmesures de sécurité renforcées,mais c’est une action absolumentindispensable contre le dérègle-ment climatique. » Manuel Valls l’aconfirmé hier soir sur TF 1 : « LaCOP21, qui fait de Paris une nouvel-le fois la capitale mondiale, se tien-dra. » Un conseiller ministériel pré-cise : « Oui, nous allons réévaluer ledispositif de sécurité qui était déjàbien blindé, ce n’est pas comme sion n’avait rien vu venir. »De fait, le contrôle aux frontières

avait été rétabli quelques heures

avant les attentats, avec pas moinsde 30 000 policiers mobilisés poursécuriser l’entrée sur le territoireavant l’ouverture de la COP21 le30 novembre. La conférence doits’achever le 11 décembre, date à la-quelle est espéré un accord interna-tional permettant de limiter à 2 °Cle réchauffement climatique.La partie du site du Bourget (Sei-

ne-Saint-Denis) réservée aux négo-ciations diplomatiques bénéficieradu statut de territoire internationalet sera directement placée sous lecontrôle d’une centaine de gardesde l’ONU. De multiples événe-ments sont prévus en marge de laCOP21, notamment au Grand Pa-lais, du 4 au 10 décembre, où sontprogrammées les rencontres Solu-tions COP21 orchestrées par des en-treprises.Dès hier, le débat sur le maintien

ou non de la conférence a cepen-dant commencé à s’installer dansle paysage politique. « Je suggère

que l’on reporte la COP 21 », estimeEric Ciotti. Pour le député LR desAlpes-Maritimes, la France ne dis-pose pas des moyens suffi-sants pour garantir un déroule-ment sans accroc : « En l’état,compte tenu de la mobilisation ex-ceptionnelle re-quise pour assurerla sécurité de nosconcitoyens, je nevois pas commentnous aurons lesmoyens d’assureren plus celle de di-zaines de chefsd’Etat pendantquinze jours. Réquisitionner desmilliers de policiers pour cet événe-ment, cela va déstabiliser notre or-ganisation actuelle. Il y a des hié-rarchies à avoir, des priorités ! »Une option combattue par d’au-

tres. « Au contraire, il faut plus quejamais tenir la COP21 ! Sinon, c’estle terrorisme qui gagne », juge ainsi

Ségolène Royal, la ministre del’Ecologie. Chef de file LR pour lesrégionales en Ile-de-France, ValériePécresse approuve : « Ne reportonspas la COP21. Ne donnons pas lesentiment aux terroristes que nouscapitulons face à leurs menaces. »

La députée desYvelines proposemême de « profi-ter de cet événe-ment pour organi-ser un sommetmondial contre leterrorisme dans lemonde ». Uneproposition parta-

gée à droite par Bruno Retailleau, leprésident des sénateurs les Répu-blicains. Sans écarter totalementcette option, le Premier ministre asouhaité hier soir que la COP21 « seconcentre essentiellement sur leclimat ».

PHILIPPE MARTINAT

(AVEC OLIVIER BEAUMONT)

«Réquisitionnerdes milliers de policierspour cet événementva déstabiliser notreorganisation actuelle»

Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes

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Page 31: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

s

Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 31

L’Opéra de Sydney (ci-dessous)et la roue de Londres (à droite)aux couleurs de la France, hier.

MINUTES DE SILENCE, bâti-ments illuminés, dépôts de fleurs…partout dans le monde, les mani-festations de solidarité se sontmul-tipliées avec Paris. Symbolique-ment, la tour Eiffel avait été éteintehier soir. Privée de ses célèbres lu-mières… qui ont rejailli dans de trèsnombreuses autres capitales.L’Opéra de Sydney, célèbre voilierd’acier et de verre, a ainsi été illu-miné des trois couleurs bleu-blanc-rouge, tout comme la porte deBrandebourg à Berlin, les mairiesde San Francisco en Californie etde Tel-Aviv en Israël, l’immensetour CN, à Toronto (Canada) ou en-core le stade de l’Etat de Puebla auMexique.A Madrid, plusieurs centaines de

personnes ont observé une longueminute de silence avant que lemai-re, suivi par d’autres, n’entonneune vibrante « Marseillaise ». Danscette ville endeuillée par un terri-

ble attentat le 11 mars 2004(191 morts), la tragédie parisiennerésonnait forcément avec plus d’in-tensité. La capitale espagnole a dé-crété trois jours de deuil et misses drapeaux en berne par soli-darité.

Roses en pagailleL’hymne français a aussiretenti à Dublin (Irlan-de), entonné par6 000 person-nes, ainsi qu’àMon t r é a l(Canada),o ù l e

maire a fait mettre les drapeaux enberne, avec ce message posté surles réseaux sociaux : « Ce soir, noussommes tous parisiens. »Tokyo, Mexico, Rio de Janeiro,

Berlin l’étaient eux aussi, parisiens.Dans tous les coins du monde, offi-ciels et anonymes ont voulu affi-cher leur soutien, en convergeantvers les représentations diplomati-ques françaises. A Oslo, en Norvè-ge, un fleuriste a même distribuédes roses en pagaille pour que lespassants puissent les déposer de-vant l’ambassade.Et comme un double hommage

aux victimes et à la Ville Lumière,des habitants ont allumé spontané-ment d’innombrables bougiescomme à Séoul (Corée du Sud), etbien sûr à Londres, « ville sœur »,a déclaré son maire, Boris John-son. « Nous sommes deux capita-les qui partagent les mêmes va-leurs : la liberté, l’ouverture, latolérance. » Malgré la pluie bat-tante, des centaine de personnesse sont réunies hier après-midipuis à nouveau dans la soirée à Tra-falgar Square, au cœur de Londres.A 11 heures demain, c’est toutel’Europe qui est invitée à se recueil-lir pour un instant de silence.

C. BR.

Rio (Brésil), hier. Rassemblement de soutien devant le Corcovado. (AP/Leo Correa.)

Hommageplanétaireà laFrance

New York (Etats-Unis)De notre correspondante

nC’est un jeune Français qui est àl’origine du grand

rassemblement new-yorkais organiséhier après-midi à Washington Square,l’une des plus célèbres places de laville. Se désespérant d’être loin de sesamis restés en France, Vincent Merleavait lancé une page Facebookinvitant tous les habitants de BigApple à exprimer leur solidarité. Enquelques heures, des milliersd’internautes ont répondu à cetétudiant en économie de 19 ans. Etparmi eux, le maire démocrate, Bill deBlasio, qui n’avait pas pris la peine dese déplacer en janvier, lorsqu’unmême rassemblement avait eu lieuaprès l’attentat contre « CharlieHebdo ».A l’époque, plus de Français qued’Américains s’étaient déplacés. Pashier, signe que la tragédie de vendredibouleverse les Etats-Unis. Entémoignent aussi les messagesinscrits au marqueur sur les

gigantesques feuilles de papiersdisposées autour de l’arche deWashington Square. « Pray for Paris »(Priez pour Paris), « Restez fortsParis », « Not afraid » (Pas peur) ou,tout simplement, « Paris, je t’aime ».

Humeur combativeAu-delà de la tristesse, dans cettepetite foule silencieuse (près de2 000 personnes), les cœurs étaientplutôt d’humeur combative etsolidaire, comme un indéfectible lienentre ces deux villes meurtries.New York, hier, « était » Paris avec saflèche du One World Trade Center auxcouleurs du drapeau français.A l’orchestre du Metropolitan Opera,dirigé par Placido Domingo, une« Marseillaise » au délicieux accentaméricain a été lancée avant lareprésentation de « Tosca », l’œuvrede Puccini. Pour que l’hommage soitrepris par la foule, la direction avaitglissé une feuille dans le programmesur laquelle figuraient les paroles del’hymne français.

GÉRALDINE WOESSNER AVEC C.D.S.

NewYork « est » Paris

EN IMAGES leparisien.fr

«Le monde se parede bleu-blanc-rouge»«Le choc à la une de la presseLa presse internationale»«décline l’horreur»

Séoul (Corée du Sud), hier. Des Français disposent des bougies devantl’ambassade de leur pays. (Reuters/Kim Hong-Ji.)

Académiemilitaire deWestPoint (Etats-Unis), hier.

Des footballeurs américainsentrent sur le terrain

en brandissant un drapeaufrançais pour rendre hommage

aux victimes des attentats.(USA Today Sports/DannyWild.)

(AFP/W

illiam

West.)

(AP/M

attDunham

.)

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Page 32: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

32 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

au-dessus de Raqqa, en Syrie, dansla nuit de jeudi à vendredi. Si samort n’a pas été officiellementconfirmée, les militaires améri-cains sont « à peu près certains »d’avoir éliminé ce jeune Londo-nien de 27 ans qui apparaît sur plu-sieurs vidéos de décapitation d’ota-ges occidentaux, couteau à lamain, menaçant la Terre entièreavant d’effectuer sa sinistre be-sogne. Changement de straté-gie assumée ou fuite enavant ? C’est en tout cas aumoment où Daech connaîtquelques difficultés sur leterrain que l’organisa-tion a choisi de frapperses adversaires sur leurterritoire.Multipliant les attentats

ces dernières semaines : enTurquie, au Liban, en Egypte(contre l’avion russe) et en France.Paris a, il est vrai, toujours occupéune place de choix dans les com-muniqués demenaces de l’EI. Pourles jihadistes, la France est le paysde la laïcité, celui qui a interdit levoile à l’école, la burqa dans l’espa-ce public et défendu les caricaturesde Mahomet dans « Charlie Heb-do ». Depuis 2014, elle participeaux opérations de la coalitioncontre Daech en Irak, et en Syriedepuis septembre.« Pour les groupes islamistes, la

France est mise sur le même planque les Etats-Unis. Tout en haut del’échelle de la détestation », assureun spécialiste des mouvements ra-dicaux. Qui ajoute, fataliste : « Pourla population française, il va falloirfaire preuve de courage et proba-blement s’habituer au pire… »

FRÉDÉRIC GERSCHEL@fgerschel

est coupée. Sur le plan symbolique,les hommes en noir ont égalementperdu cette semaine une figureemblématique : Mohammed Em-wazi, alias Jihadi John, un des pi-res bourreaux de l’EI, probable-ment tué par une frappe de drone

dis avaient été massacrés (pour leshommes) ou emmenées comme es-claves sexuelles (pour les femmes).Désormais, la route entre Raqqa,en Syrie, et Mossoul, en Irak — lesdeux grandes villes du « califat »autoproclamé par le chef de l’EI —,

Mais c’est en Irak que la défaite deDaech a été la plus spectaculaire.En moins de quarante-huit heures,les peshmergas kurdes, appuyéspar des avions de la coalition, onten effet repris la ville de Sinjar où,à l’été 2014, des centaines de yézi-

UN MOUVEMENT protéiformecapable de mener des actes deguerre classique, des raids dans lecamp ennemi à coups de camionssuicides, mais aussi des attaquesterroristes de grande ampleur àl’étranger, comme vendredi soir àParis. Voilà ce qu’est devenue enquelques années, selon les servicesde renseignements français, l’orga-nisation Etat islamique, qui opèreen Irak et en Syrie sur un territoireaussi vaste que le Royaume-Uni.Une véritable pieuvre, un groupeextrêmement difficile à éradiquerdans la mesure où il s’appuie large-ment sur la population sunnite —hostile aux gouvernements chii-tes — dans les zones qu’il contrôle.

« On considère que Daech dispo-se d’au moins 30 000 hommes trèsaguerris, dont une bonne partie decombattants étrangers venus dumonde entier », explique-t-on en-core à Paris. Depuis quelques se-maines cependant, l’organisationislamiste a subi une série de reversmilitaires. Face à l’armée d’Assad,en Syrie, les jihadistes ont d’aborddû abandonner leur position stra-tégique autour de l’aéroport deKweires, près d’Alep, qu’ils oc-cupaient depuis deux ans.Un vaste complexe qui permet-

tra aux forces régulières syrienneset éventuellement aux avions rus-ses, alliés de Bachar al-Assad, de serepositionner dans le nord du pays.

Lesmultiplesvisagesde lapieuvreDaech

L’organisation Etat islamique quimène une guerre classique en Irak et en Syrie, a revendiqué hier les attaques terroristes de Paris. (DR.)

«Pour les groupesislamistes, la France esttout en haut de l’échelle

de la détestation»Un spécialiste des mouvements radicaux

LP/Infographie

Daech

SYRIE, IRAK

YÉMEN

AFGHANISTAN

PAKISTAN

ALGÉRIE

FRANCE

DANEMARK

TURQUIE

TUNISIE

LIBAN

ÉGYPTE

Majlis Choura Chababal-Islam (MCCI) - LIBYE

1

3

2

4

5

ALALGÉRIEAL

TUTU

6

7

8

9

Août

Belgique-France0mort> Thalys

Janvier

Paris20morts>Montrouge> « Charlie Hebdo »>Hyper Cacher

LESPRINCIPAUXATTENTATSLIÉSÀDAECHEN2015

(horsMoyen-Orient)

Février

Copenhague3morts> Fusillades contreun centre culturelet une synagogue

1 2 4

5

6

7

8

9

3

Estimationdes combattantsétrangersdeDaech,parpays(100 personnes minimum)

ÉG

ho(

5

ÉG

oura Chabab(MCCI) -CCI) -C LIBYE

5

* Revendiquépar ou lié à Daech. Tunisie

Jordanie

Maroc

Liban

Russie

Libye

Roy.-Uni

Turquie

Egypte

Allemagne

Belgique

Australie

Pays-Bas

Palestine

Danemark

900

800

600

700

400

400

350

270

250

250

120

120

100

France

Arabiesaoudite

Vendredi soir

Paris-St-Denis129morts> Stade de France> Bataclan> Restaurants

Mars

Tunis24morts>Musée du Bardo

Juin

Sousse38morts> Plage de Sousse

Octobre

Ankara102morts*>Attentat suicidelors d'unemarchepour la paix

Novembre

Beyrouth43morts>Attentatà la bombe

Octobre

Egypte (Sinaï)224morts*> Crash aérien

3000

2500

2 100

1500

Groupusculessympathisants

FiefsimportantsdeDaech

Boko HaramNord-estduNIGERIA

)CI) -

Haramd-est

RIAANIGERIERI

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Page 33: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

é

MANUEL VALLS l’a affirmé trèsclairement hier soir, sur TF 1 : laFrance répliquera aux attaques ter-roristes de vendredi en frappant legroupe Etat islamique en Syrie et enIrak. Mais le Premier ministre s’estbien gardé de communiquer des élé-ments précis sur cette riposte qui sedécidera lors d’un Conseil de défen-se restreint autour de François Hol-lande. Ou de dire si la stratégie occi-dentale sera revue et, si oui, de quel-le façon. Voici les possibilités quis’offrent à la France (et à la commu-nauté internationale) dans les joursqui viennent.

nDes raids de représailles ?Paris est déjà engagé militairementen Irak et en Syrie contre le groupeEtat islamique. La France dispose de12 avions sur place : 6 Rafale basésaux Emirats arabes unis et 6 Mirageen Jordanie. Avant les attentats quiont endeuillé Paris, le chef de l’Etatavait annoncé l’envoi du « Charles-de-Gaulle » dans le golfe Persiquepour muscler son dispositif.

Le porte-avions appareillera mer-credi pour être sur zone mi-décem-bre, doublant la capacité opération-nelle de la France. Sans attendre,l’état-major peut choisir de frapperdes cibles de l’EI — camps d’entraî-nements, dépôts de munitions et decarburants, centres de commande-ment — pour marquer les esprits etfaire passer le message que « la Fran-ce est bien en guerre » comme l’amartelé le Premier ministre, hiersoir, à la télévision.

nEnvoyer des troupes au sol?Tous les experts militaires sont for-mels. Même si elles ont permis delimiter l’essor de Daech en Syrie eten Irak, les frappes aériennes ne per-mettront pas de se débarrasser rapi-dement des jihadistes de l’EI.

« Il faudra d’une façon ou d’uneautre envoyer des troupes au sol »,confirme le colonel Michel Goya,écrivain et expert militaire. Pourl’heure, ni les Américains, ni les Bri-

tanniques, ni les Français ne souhai-tent s’engager franchement dans lebourbier syrien. A un an de la fin deson mandat, Barack Obama restetrès prudent, lui qui a retiré les GId’Irak et d’Afghanistan. Mais les po-sitions ont quand même un peu évo-lué ces dernières semaines. Tour àtour, l’état-major américain et legouvernement britannique ont an-noncé l’arrivée de petits contingentsde forces spéciales pour déclencherdes opérations coup de poing etcoordonner la contre-offensive desmilices kurdes. Après les attaques devendredi, la France sera peut-êtretentée de faire pareil.

nSe rapprocherde Bachar al-Assad ?Jusqu’à présent, la France est le paysqui a le plus haussé le ton contre lerégime syrien, l’accusantd’être responsable duc h a o s a c t u e l(250 000 morts depuis2011). Au nom de la real-politik, faut-il à présentdialoguer davantageavec le maître de Da-mas ? Assad dispose tou-jours de puissants servi-

ces de renseignement et d’une ar-mée, certes à bout de souffle, maisqui est en ce moment appuyée parles avions russes et les troupes d’éliteiraniennes. Ce rapprochement estaujourd’hui souhaité par de nom-breuses voix — notamment à droite— qui critiquent de plus en plus ou-vertement la position française dansla région. Hier, du côté du Quai d’Or-say, on ne plaidait pas vraimentpour un changement de cap. « Il y aune collusion de fait entre le régimesyrien et Daech. Tant qu’Assad res-tera au pouvoir, l’Etat islamiqueprospérera. Il faut en revanche da-vantage aider les groupes de la rébel-lion modérée qui, le moment venu,pourront lutter efficacement contrel’EI », explique un diplomate. Lechoix est compliqué. Et c’est Fran-çois Hollande qui devra trancher.Hier, en tout cas, Assad a joué lasurenchère en déclarant devant unedélégation française dirigée par ledéputé (LR) Thierry Mariani : « Lespolitiques erronées adoptées par lespays occidentaux, notamment laFrance, dans la région ont contribuéà l’expansion du terrorisme. »

FRÉDÉRIC GERSCHEL@fgerschel

LEDISPOSITIF FRANÇAISDANS LARÉGION

IRAK

SYRIE

IRAN

JORD.

TURQUIE

ARABIESAOUDITE

EGYPTE

SOUDAN

Mer

Méditerranée ÉMIRATSARABESUNIS650militaires6 Rafale

JORDANIE6Mirage

IRAK700militaires

S LAS LAARÉGIONARDDANSDANSZone sous le contrôledeDaech

SOUDANSoldats françaisPorte-avions

Charles-de-Gaulle(arrivée mi-décembre)

1 sous-marinnucléaire

2 frégates

LP/Infograp

hie.

Damas Bagdad

Mossoul

Quelle ripostepour la France ?

Plus d’unmillier de soldats français sont déployés dans la région tandis que le porte-avions «Charles-de-Gaulle » (à dr.)prendra le largemercredi et arrivera sur zonemi-décembre.

La France dispose de six Rafale basés aux Emirats arabes unis. Ils pourraient entrer très rapidement en action sur des sites stratégiques du groupe Etat islamique pour les affaiblir et marquer les esprits. (AFP.)

Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 33

LEDISPOSITIF FRANÇAISAUPROCHE-ORIENT

(AFP/BertrandLanglois.)

(AFP.)

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Page 34: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

34 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

IL A SUIVI devant sa té-lévision vendredi soir lafolle nuit d’attentats à Pa-ris qui a débuté au Stadede France pendant Fran-ce - Allemagne. Pour Jac-ques Lambert, il est beau-coup trop tôt pour envisa-ger une annulation del’événement, même si« rien n’est impossible ».La tenue de l’Euro 2016en France est-elle menacée ?JACQUES LAMBERT. C’est impos-sible d’y répondre, pas seulement auregard des responsabilités des orga-nisateurs, mais aussi au regard de ceque cela représenterait pour un Etatde prendre une décision de cette na-ture. L’Euro, c’est dans sept mois.C’est un événement parmi d’autresen France. Il y en aura desmanifesta-tions importantesdansdesdomainesdifférents avant. Ce n’est pas en soi laquestion de l’Euro 2016 qui est posée,mais celle de la vie de la nation.Qui pourrait décider d’annulerl’Euro en France ?C’est une questionqui relève de l’UEFAau premier chef.Existe-t-il à ce jour un plan Bsi la France ne l’organise plus ?A sept mois du Championnat d’Eu-rope, certainement pas. C’est unequestion qui n’a pas été évoquéeavec moi à l’UEFA depuis hier soir.Vous n’envisagez aucun autrescénario que cet Euro en France ?Mon rôle n’est pas d’envisager maisde faire face devant des décisions àprendre. Je ne tire pas de plan sur lacomète.Le chef de l’Etat peut-il déciderseul d’annuler l’événement ?UnEtatpeut toujoursprendredesdé-cisions exceptionnelles liées à une si-tuation exceptionnelle. Rien n’estimpossible dans la vie d’un pays,mais la question ne se pose pas à cejour. Le chef de l’Etat et le gouverne-ment ont des priorités à régler quipassent bien avant celle de l’Euro.Aujourd’hui, nous sommes tous sousle choc et l’émotion. Ce qui s’est pas-sé vendredi est terrifiant. Le propre

des responsables de toutenature dans les circonstan-ces les plus difficilesconsiste à garder son sang-froid. On en a tous besoinpour évaluer et déciderdans les semaines quiviennent ce qui est lemieux pour la sécurité desspectateurs de l’Euro 2016.

Qu’est-il prévu en termes desécurité pour cette compétition ?Je ne dirai rien sur ce plan-là. Dévoi-ler les mesures de sécurité envisa-gées serait révéler des choses quipeuvent être utilisées contre nous.Ce qui avait été prévu va-t-il êtrerenforcé ?On ne peut pas répondre vingt-qua-tre heures après cette tragédie. Noustravaillons depuis trois ans sur le dis-positif de sécurité avec le ministèrede l’Intérieur et les préfectures danschacune des villes. Nous n’avons pasfini ce travail puisqu’il reste septmois pour affiner, peaufiner, régler,caler, etc. Il est bien évident que des

leçons sont à tirer etseront tirées de cequi vient de se pas-ser. Il y aura des cho-

ses supplémentaires et différentesprévues.L’Euro 2016 a-t-il été ciblépar les terroristes ?Nous n’avons pas d’alerte particuliè-re à ce jour. C’est la France en tantqu’Etat, pays et nation qui est viséepar le terrorisme international.L’Euro peut être une cible parmid’autres, compte tenu de sa médiati-sation. La sécurité est LE défi majeurde l’organisation de cet événement.Ce n’est pas parce qu’aucune mena-ce précise n’a été détectée jusqu’àprésent qu’il n’en existe pas.Des billets ont d’ores et déjà étévendus. Sait-on à qui ?Oui. On a le nom, le prénom, l’adres-se et les données bancaires. On estsusceptibles de tracer de façon préci-se les acheteurs de billets. Mais entretracer et identifier 2,5 millionsd’acheteurs dans le monde entier,c’est une autre paire de manches.

Propos recueillis par DOMINIQUE SÉVÉRAC Stade de France (Saint-Denis), vendredi soir. Raphaël Varane, Lassana Diarra et Blaise Matuidi (au premier plan, au centre,de g. à dr.) lors de la rencontre opposant la France à l’Allemagne. (LP/Arnaud Journois.)

«LasécuritéestLEdéfideJacques Lambert, le président de lasociété d’organisation de l’Euro 2016,revient sur la tenue d’un tel événementdans un contexte désormais très tendu.

24 L’Euro regroupera 24 équipes, contre 16 auparavant, pour la premièrefois de l’histoire de la compétition.

10 Dix villes ont été retenues par l’organisation : Paris, Saint-Denis,Marseille, Lyon, Lens, Bordeaux, Toulouse, Saint-Etienne, Lille et Nice.

10 L’organisation a prévu de mettre en place une fan-zone autourde chaque stade. Elles pourront accueillir les 6,5 millions de supporteursdépourvus de billet attendus pendant la compétition. L’accès y sera gratuitpour regarder les matchs sur écran géant.

7 à 8 millions Comme le nombre de supporteurs attendusen France pendant le mois de compétition, du 10 juin au 10 juillet.

51 matchs Avec 36 matchs de poules et 15 d’une phase finale quidébutera dès les 8es, la compétition concernera 51 matchs pendant un mois.

1,8 million C’est le nombre de places à destination du grandpublic. Un million d’entre elles sont déjà parties cet été, les 800 000 placesrestantes seront mises en vente le 14 décembre.

2,5 millions C’est le nombre total de personnes qui assisterontaux matchs, un quart des places étant destinées aux sponsors et aux invités.

n L’EURO EN CHIFFRES

SI, CE MATIN, la sécurisation des2,5 millions de spectateurs attendus,à partir du 10 juin prochain, dans lesstades de l’Euro, s’annonce commeun défi majeur, que dire de celle des6,5millions de supporteurs supposésremplir les fan-zones ? Les dix villesretenues (Bordeaux, Lens, Paris,Saint-Denis, Toulouse, Marseille,Nice, Lyon, Lille et Saint-Etienne)devront en effet prévoir un immenseespace d’animations où seront re-transmis gratuitement les matchssur des écrans géants.Mais l’UEFA n’a pas prévu de venir

en aide, financièrement, aux munici-palités. Et le choix des prestataires quiferont vivre ces lieux a déjà prishuitmoisderetard.Laraisonprincipa-le ? Le coût grandissant de la sécurité.

« C’est auxmunicipalités de finan-cer la sécurisation et nous l’avionsintégrée, remarque Gaël Perdriau,maire de Saint-Etienne. Depuis lesattentats de janvier, les exigencesdans ce domaine avaient été revues àla hausse, mais nous étions capablesd’y faire face. Maintenant, au vu desévénements de vendredi soir, il n’estpas impossible que les règles de sé-curité soient augmentées. » Et leurcoût aussi.

Pas assez d’agentsde sécurité formés« Nous allons lancer des appels d’of-fres pour assurer la sécurité des fan-zones, promet le maire stéphanois.Mais, en France, il n’y a pas assezd’agents de sécurité suffisamment

formés pour répondre à la demande.Et l’UEFA exige un ratio d’agents desécurité par nombre de spectateursqui correspond à celui d’une sallefermée ! Or, les fan-zones sont enplein air. Il faut trouver le bon com-promis. »De prochaines discussions entres

les maires des villes hôtes sont pro-grammées. Le dossier s’annoncecomme un sérieux casse-tête. D’au-tant que, comme le souligne l’édile,« on a déjà installé le système de vi-déo de l’Euro à Geoffroy-Guichardconcernant les extérieurs. Maisquand on voit ce qui s’est passé auStadedeFrance, on sedit, hélas, qu’ilest impossible de tout sécuriser. »

DAVID OPOCZYNSKIET CHRISTOPHE BÉRARD

Les fan-zones,l’autreenjeuà risques

«Des leçons sont à tirerde ce qui s’est passé»

(LP/LydiaChassier.)

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Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 35

veau aujourd’hui avant les autresrencontres de championnat italienquand, au Brésil, Sébastien Gros-jean, seul pilote français engagé auGrand Prix de F 1, arborera un bras-sard tricolore. CYRIL PETER

éliminatoires du Mondial 2018.Dans la banlieue de Londres, la mi-nute de recueillement a été briséepar les rugbymen agenais qui ontchanté « la Marseillaise » avant leurmatch contre les London Irish.L’hymne français a même été

joué à Livourne, en Italie, avant unerencontre de football de Serie B(2e division). Il résonnera de nou-

UN BRASSARD NOIR porté parZlatan Ibrahimovic. A l’instar detous les joueurs disputant unmatchsous l’égide de l’UEFA, le capitainesuédois a rendu hier soir hommageaux victimes des attentats lors dubarrage aller de l’Euro 2016 face auDanemark (2-1). Comme à Lvivpour Ukraine - Slovénie (2-0), uneminute de silence a été respectée austade de Solna (Suède), illuminépour l’occasion aux couleurs dudrapeau français. Aux Etats-Unis, lapatinoire des hockeyeurs des Was-hington Capitals s’est parée debleu, de blanc et de rouge, dans lanuit de vendredi à samedi.A Buenos Aires, les 50 000 spec-

tateurs du stade Monumental ontobservé une minute de silenceavant le choc Argentine - Brésil, en

e

de France avec l’ensemble de sa dé-légation qui doit repartir mardi.Un cas unique, même si un tour-

noi international de gymnastique sepoursuivra aujourd’hui à Combs-la-Ville, en Seine-et-Marne.Les Fédérations de basket et de

volley ont, elles, annulé tous leursmatchs dans l’Hexagone (plus de4 000). Celles de rugby et handball,qui ont pris cette décision unique-ment pour l’Ile-de-France, ont de-mandé qu’une minute de silencesoit respectée avant le début desrencontres dans les autres régionsce week-end.

GILLES TOURNOUX (AVEC A.D.)

nLes organisateurs de la Cou-pe d’Europe de rugby, dont lesrencontres de la 1re journée ont étéreportées en France, espèrent « êtreen mesure d’annoncer de nouvellesdates la semaine prochaine ».

FACE à l’état d’urgence, les instan-ces sportives ont reporté, hier, laquasi-totalité des rencontres de ceweek-end en Ile-de-France. Seul lematch entre le FC Mantois, club deMantes-la-Ville, et les Guyanaisd’Iracoubo, comptant pour le 7e tourde la Coupe de France de football, aété maintenu par la FFF, cet après-midi (15 heures). Il a été en revan-che délocalisé au Centre nationaldu football de Clairefontaine (Yveli-nes) et se déroulera à huis clos.« C’est le séjour le plus controver-

sé de ma petite vie. Notre premiervoyage en métropole avait démarrépar des entraînements à Clairefon-taine, la visite de la tour Eiffel etdes Champs-Elysées, avant les atro-cités d’hier (vendredi). Cela va nousmarquer à vie », confie le capitaineguyanais Gilbert Vontie, âgé de22 ans, présent vendredi au Stade

UnseulmatchmaintenuenIle-de-France

Usain Bolt a posté cette photode lui devant la tour Eiffel sur soncompte Instagram. (Instagram/Usain Bolt.)

« ON SE RÉVEILLE et on réalise.Personne n’est préparé à vivre detelles horreurs. » Arnaud Assou-mani, le champion paralympiquedu saut en longueur en 2008, pré-sent au Stade de France vendredisoir avec d’autres athlètes, mesu-re l’ampleur du drame. « C’estl’horreur », ajoute l’anciennechampionne de tennis MarionBartoli. « Une nuit tragique », af-firme le basketteur NandoDe Colo depuis Moscou.Comme eux, de nombreux

sportifs ont, tout au long de lajournée d’hier, fait part de leurémotion, notamment sur les ré-seaux sociaux. Depuis Paris, laFrancemais aussi dans lemonde en-tier. « Tellement triste d’apprendreles attaques à Paris. Pensées aux vic-times et à leurs proches », s’est ainsiému le sprinteur jamaïquain UsainBolt qui a posté une photo de luiprise devant la tour Eiffel sur Insta-gram. « Sois fort, Pa-ris, France, vous êtestous dans nos cœurset nos pensées », atweeté l’ex-rugby-man néo-zélandais Jonah Lomu.«Mon Dieu, que se passe-t-il avec lesgens ? » s’interroge le basketteur Le-Bron James. « Je suis anéanti »,confie Rafael Nadal en français dansle texte. Le numéro un mondial detennis, NovakDjokovic, est « choqué,attristé, horrifié, sans voix ».Après avoir été « Charlie », tous

sont désormais « Paris », à l’image dubasketteur espagnol Pau Gasol,champion d’Europe en septembreaux dépens de la France, qui a adres-sé ses « pensées et prières au peuplede Paris » avant de conclure sontweet du hashtag #JeSuisParis.« Ce n’est pas seulement une atta-

que contre le peuple de France etcontre Paris, c’est une attaque contrel’humanité et les valeurs humaineset olympiques », précise ThomasBach, président du Comité interna-tional olympique. Le comité d’orga-nisation des JO de Rio a adressé ses

« pensées au peuple de Paris ». LosAngeles, concurrent de Paris dans lacourse aux Jeux de 2024, a posté :

« J’ai le cœur brisé et jesuis indigné. Los An-geles est uni avec ceuxqui combattent le ter-rorisme. »

Depuis les Etats-Unis, les basket-teurs français ont réagi. « Pensée à

tout le monde en France et auxfamilles des victimes », souligneNicolas Batum. En Italie, le vol-leyeur Earwin Ngapeth a postésur son compte Twitter une pho-to de la tour Eiffel.En France, le judoka Teddy Ri-

ner parle d’une « soirée terrible »,le pilote de Formule 1 RomainGrosjean estime qu’il n’y a « pasde mot pour décrire ce qu’il sepasse ». Le perchiste Renaud La-villenie dit être « sous le choc ».Toutes les Fédérations partagentla douleur des familles. Eloyse Le-sueur, championne d’Europe dusaut en longueur, a « mal à saFrance ». Sa partenaire de l’équipede France, l’heptathlonienne An-toinette Nana Djimou, avoue ressen-tir « douleur, colère et peur ».« C’est une nouvelle tragédie, souf-

fle Jean-Philippe Gatien, championdumonde de tennis de table en 1993et désormais président du conseild’administration de l’Insep. J’ai faillialler au Stade de France. C’est unsymbole de la France qui a été atta-qué. Un symbole du rassemble-ment. » Le théâtre de la France black-blanc-beur de 1998.

SANDRINE LEFÈVRE ET JULIEN LESAGE

L’immenseémotiondumondesportif

Unevagued’hommagesdansles stades

Friends Arena, Solna (Suède), hier soir. Zlatan Ibrahimovic et ses coéquipiersont respecté uneminute de silence avant leur barrage contre le Danemark. (AFP.)

«Je suis anéanti»Rafael Nadal, en français,sur son compte Twitter

l’Euro2016»

VIDÉO leparisien.fr

La réaction d’Angel Di Maria

nFlorent Manaudou aremporté la finale du

100 m nage libre lors de la2e journée du meeting deCompiègne (Oise) qui s’esttenue hier. Les compétitionsprévues aujourd’hui ont étéen revanche annulées enraison des attentats. Le championolympique et double champion dumonde du CN Marseille est marquépar la tragédie. « Je regardais lematch de foot France - Allemagneet ça a basculé sur les attentats,explique-t-il. J’ai suivi ça jusqu’à1 heure et demie du matin. Jeconnais des gens sur Paris,

heureusement personnede mon entourage n’a ététouché. C’était difficile dedormir avec tout ça. Ça aété dur de faire du sportaujourd’hui. » MaisFlorent Manaudou a tenuà disputer la course :

« J’ai nagé car les terroristescherchent à nous terroriser, mais onn’a pas trop le moral. » Gestesymbolique mais fort, le clanmarseillais s’était peint un brassardnoir sur le biceps gauche. « J’ai ditaux gars cet après-midi (hier), onfait un truc pour les attentats. »

VINCENT MELOSCI

«Onn’apas trop lemoral »FlorentManaudou,chefdefiledesnageursfrançais

(LP/FlorentPervillé.)

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36 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

DES HEURES CHARGÉESd’émotion. Choqués, hébétés,traumatisés même pour cer-tains, les joueurs de l’équipe deFrance, rassemblés à Clairefon-taine, ont vécu hier, à l’unissond’une nation frappée en soncœur, une journée particulière.Et plus particulièrement l’und’entre eux, directement touchépar la vague d’attentats ayantensanglanté Paris et Saint-De-nis. Peu avant 18 h 30, LassanaDiarra a ainsi révélé sur les ré-seaux sociaux que sa cousine,Asta Diakite, était décédée aucours d’une des fusillades.« C’est avec le cœur lourd que je

prends la parole aujourd’hui. […]Elle a été pour moi un repère, unsoutien, une grande sœur, écrit lejoueur de l’OM sur Twitter et Fa-cebook. Dans ce climat de terreur,il est important pour nous tous,qui sommes représentants de no-tre pays et de sa diversité, deprendre la parole et de rester unisface à une horreur qui n’a ni cou-leur ni religion. Défendons en-semble l’amour, le respect et lapaix. Merci à tous pour vos témoi-gnages et vos messages, prenezsoin de vous et des vôtres, et quenos victimes reposent en paix. »Le milieu tricolore conclut sonmessage d’un « Prions pour lapaix » et d’un « France Unie ».Dans la matinée, d’autres

joueurs français avaient manifes-té leur émotion. « Pensée aux vic-times », a tweeté le défenseur Ba-

cary Sagna, quand Laurent Kos-cielny a rédigé : « Pas de mot,triste, so sad, pray (“trop triste,prions pour“) Paris. »« Pas de mots pour exprimer

mon choc et ma tristesse au len-demain de ces attentats. Mes pen-sées vont aux familles des victi-mes », a de son côté posté le mi-lieu Morgan Schneiderlin sur leréseau social. Le défenseur Ra-phaël Varane a aussi posté unmessage sur Twitter : « Une soiréeeffroyable. Pensée à toutes les vic-times et à leurs familles. »Dès leur sortie du terrain, ven-

dredi soir, les Bleus prennent lamesure de la dramatique situa-tion. Dans le couloir menant auvestiaire, ils tombent sur unécran de télé diffusant les ima-ges d’une chaîne d’informationen continu, avec notamment lebandeau « Explosions au Stadeau France ».

D’un seul coup, tous se sou-viennent des explosions enten-dues depuis le terrain pendant lapremière période face aux Alle-mands. Une fois au vestiaire,Thierry Braillard, le secrétaired’Etat aux Sports, et NoëlLe Graët, le président de la Fédé-ration française, les attendent. Enquelques mots, ils leur lancent la

phrase glaçante : « Il y a desmorts. » Le silence est pesant.Tout le monde écoute sans riendire. Au choc se substitue la colè-re. « Les salauds », balance unjoueur. « Des lâches, ces terroris-tes », ajoute un autre.La victoire contre les cham-

pions du monde allemands estdéjà oubliée (2-0). Pas de célébra-tions, pas de félicitations. La lon-gue nuit commence à peine. LesBleus restent confinés dans levestiaire, comme les Allemandsd’ailleurs qui, eux, dormirontdans les entrailles du Stade de

France. Certains rejoignent briè-vement leur famille avant de re-tourner avec leurs coéquipiers.Logiquement, personne ne se pré-sente devant la presse en zonemixte, mais tous suivent les der-niers développements de l’actua-lité sur les réseaux sociaux, lesécrans ou à la radio.Pour des raisons de sécurité,

leur départ intervient seulementà 2 h 55. Leur bus s’immobilisedans la pénombre de Clairefon-taine à 3 h 45. Durant le trajet,pas un mot n’est prononcé. Per-sonne ne ferme l’œil. Les atten-

tats peuplent tous les esprits. Ledîner est maintenu pour ceux lesouhaitant. Il est rapidementavalé, chacun retrouvant ensui-te sa chambre entre 4 h 30 et5 h 15. Pour ceux ayant trouvé lesommeil, la nuit a été courte. Aupetit déjeuner, toujours cemême silence. Transpirant d’or-dinaire la joie et la bonne hu-meur, la salle de jeu est déserte.La tonalité pour le reste de lajournée est donnée.

CHRISTOPHE BÉRARD,JULIEN LAURENS

ET HAROLD MARCHETTI

LesBleusportent ledeuil

Stade de France (Saint-Denis), vendredi soir. Lassana Diarra a fait part sur les réseaux sociaux de la mort de sa cousinedont il était très proche et qui a été victime des assassins qui ont ensanglanté la capitale. (Icon Sport/Nolwenn Le Gouic.)

TF 1, QUI A ANNULÉ « Téléfoot »ce matin, n’a rien décidé. Angleter-re - France, programmé depuis plu-sieurs mois à Londres dans le my-thique stade de Wembley, a finale-ment été maintenu par la Fédéra-tion française (FFF) et seraretransmis par TF 1. Cinquante-septmille places ont été vendues, 14 000sont encore disponibles. La Fédéra-tion anglaise, ouverte à toutes lesoptions, avait laissé le choix hiermatin à son homologue française.La FFF s’est alors retournée versl’Elysée, qui a donné son feu vert aumaintien dumatch.« On ne s’y oppose pas », a-t-on

expliqué à la Fédération depuis lesommet de l’Etat. On peut y voir

une volonté politique de ne pas cé-der devant la terreur. Roy Hogdson,le sélectionneur de l’Angleterre, a li-vré hier son sentiment : « Le matchmontrera que le monde du footballest uni contre ces atrocités. Je suissûr que l’équipe d’Angleterre et nossupporteurs afficheront leur solida-rité avec nos amis français et sou-tiendront les deux équipes en cesmoments difficiles. »

Un brassard noir à LondresMardi, à l’heure du coup d’envoi,la période de deuil de trois jours,décrétée par François Hollande,sera terminée. « On va jouer mardià Wembley. Il y a eu des hésita-tions, pas de notre part. La France

est debout, le foot aussi », ajouteNoël Le Graët, le patron de la FFF,sur RTL.Joint par nos soins, le président

de la FFFdéveloppe sapensée : « Lesjoueurs n’ont rien à voir dans le faitde jouer le match. C’est moi et moiseul qui ai pris la décision de jouer.J’en ai informé Didier (Deschamps)aux alentours demidi (hier), et il l’aensuite dit aux joueurs. » Le sélec-tionneur annoncera effectivementaprès le déjeuner à son groupe quelematch sedéroulera commeprévu.En privé, certains joueurs, encorechoqués, reconnaissent ne pas avoirla tête au football et pas envie deprendre part à cette rencontre ami-cale. Certainsmembres de la déléga-

tion bleue vont même plus loin etconfient, préférant garder l’anony-mat : « C’est irrespectueux et hon-teux de disputer cette partie. »En fin d’après-midi, hier, dans un

Clairefontaine où tout a été annulé(la venue de supporteurs, les ren-dez-vous médias), la séance d’en-traînement pour certains et de récu-pération pour les titulaires de ven-dredi soir n’est qu’une formalité.Professionnels et meurtris, les Bleusdevraient porter un brassard noir àLondres en hommage aux victimeset respecter une intense minute desilence ou d’applaudissements, se-lon un protocole qui n’a pas encoreété arrêté.

CH.B., R.F., J.L. ET D.S.

LesFrançais sont-ilsprêtsà jouercontre l’Angleterre ?

Noël LeGraët, le présidentde la Fédération française de football,a décidé dumaintien dumatchAngleterre - Francemardi.

«Des lâches,ces terroristes»

Un international

(LP/PhilippeLavieille.)

nOn imagine l’angoisse. Etl’insupportable attente. Plus que

n’importe quel autre Tricolore,Antoine Griezmann a traversé cettesinistre nuit l’oreille collée auportable. Alors que ses parentsassistaient à la rencontre contrel’Allemagne, sa sœur Maud faisait eneffet partie du public du Bataclan, oùse produisait le groupe de rock Eaglesof Death Metal. A 6 heures du matinvient enfin la délivrance. Sa sœur, trèschoquée, n’est pas blessée.L’attaquant de l’Atlético Madrid sefend alors d’un premier tweet :« Grâce à Dieu ma sœur a pu sortirdu Bataclan. Toutes mes prières vontaux victimes et leurs familles. » Puis

viendra un deuxième, trois heuresplus tard : « Grosse pensée pour lesvictimes des attaques. Dieu prendsoin de ma sœur et des Français.#vive la France. »

Griezmann a eu très peur

Antoine Griezmann. (LP/Arnaud Journois.)

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Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 37

LE DEUIL. Et la prudence. Aprèsquelques hésitations dans la mati-née d’hier, l’écrasante majorité deslieux culturels et de divertissementont décidé de baisser le rideau ceweek-end, soit de leur propre chef,soit par décision ministérielle.nLes concerts coupent le son.Les deux derniers concerts parisiensde U2, qui devaient avoir lieu hier etce soir à Bercy, ont été annulés. Lesquatre membres du groupe irlan-dais sont venus se recueillir hier de-vant le Bataclan. De même, leconcert des Foo Fighters, demain àBercy, a été annulé. Le groupe amé-ricain a annulé toute sa tournée.L’Olympia a annulé les spectaclesde The Dø hier et Nekfeu ce soir. AuZénith de Paris, le rappeur Sopranoa reporté son concert prévu ce soirau 26 novembre, et la préfecture depolice devait demander l’annula-tion des concerts de Motörhead cesoir et Marilyn Manson demain. Enprovince aussi, plusieurs dates ontété reportées, comme à Lille, hiersoir, pour les concerts de MaîtreGims au Zénith, de Lou Doillon auSplendid et de Disiz à l’Aéronef.

La société de production Auguri aaussi décalé les concerts de Louaneet des Innocents prévus ce week-end. « On ne peut décemment pasfaire la fête ce week-end, argue sondirecteur, Olivier Wurth. Mais c’estchaque artiste qui décide. Et il n’estpas question pour l’instant d’annu-ler les autres dates des tournées. Ilne faut ni céder à la psychose nicéder tout court. »nLes théâtres font relâche. Tousles théâtres publics ou de la Ville deParis ont été fermés hier et le reste-ront aujourd’hui, sur décision duministère de la Culture. La grandemajorité des salles privées, à l’ex-ception du Théâtre Edouard-VII, duDejazet, des Nouveautés, de la Co-médie des Champs-Elysées, de LaBruyère ou encore de la Grande Co-médie, ont également baissé le ri-deau hier et resteront fermées au-jourd’hui dans la capitale, par me-sure de sécurité et pour respecter ledeuil national, mais aussi parce quede nombreux spectateurs ont annu-lé leur venue.

Au Théâtre de Paris et à la Micho-dière, Robin, Berléand, Sardou,

Chazel font relâche tout le week-end. Une décision prise dès vendre-di soir par Richard Caillat, le direc-teur de ces deux salles : « On ne peutpas se permettre d’exposer les spec-tateurs et les artistes à un tel risque.Cette fois, nous sommes des cibles.Et comment proposer des comédiesaprès ce drame ? »nEcran noir dans les cinémas.Après avoir ouvert dans la matinée,les réseaux Gaumont Pathé, UGC etMK2 ont fermé leurs salles parisien-nes en milieu de journée, sur re-commandation de la préfecture depolice. Une mesure qui pourrait êtreprolongée aujourd’hui. Par ailleurs,deux avant-premières hollywoo-diennes prévues aujourd’hui et de-main, « le Pont des espions », deSteven Spielberg, et « Jane Got aGun », avec Natalie Portman, ontété annulées. Certains cinémas in-dépendants, en revanche, comme lecinéma du Panthéon (Paris Ve), as-suraient les séances hier.nLes musées décrochent. LeLouvre a ouvert à 9 h 30 après avoireu un avis positif du ministère de laCulture, mais ce dernier a donné un

avis contraire à 11 heures. La direc-tion du Louvre a ainsi fermé le mu-sée, ainsi que le jardin des Tuilerieset le musée Eugène-Delacroix. Amidi, le ministère de la Culture an-nonçait la fermeture de tous les mu-sées nationaux (le Louvre, Orsay, leGrand Palais…). A Paris, les muséesmunicipaux avaient aussi ordre dene pas ouvrir (Musée d’art moderne,Carnavalet, Petit Palais…). Ces fer-metures seront reconduites aujour-d’hui.nLa tour Eiffel verrouillée. Mo-nument emblématique de la VilleLumière, la tour Eiffel, qui est restéeéteinte cette nuit en signe de deuil,n’accueillera plus de visiteurs « jus-qu’à nouvel ordre ». L’Opéra de Pa-ris ou la Philharmonie resteront fer-més tout le week-end, ainsi que laGéode et la Cité des sciences. LeMoulin-Rouge, le Lido, le CrazyHorse ont remballé leurs plumes. Lefestival Les Inrocks a suspendu sesconcerts d’hier et d’aujourd’hui,tandis que Paris Photo, au GrandPalais, était complètement annulé.

CATHERINE BALLE, ÉRIC BUREAUET THIERRY DAGUE

Paris (XIe), hier. Les quatre membres du groupe U2, qui ont annulé les concerts qu’ils devaient donner hier et ce soir à Bercy, sont venus se recueillir devant le Bataclan.

Rideausur lacultureThéâtres, musées, cinémas, salles de concerts, parc d’attractions… A la fois parprécaution et par solidarité, la plupart des sites culturels ont fermé ceweek-end.

CE NE SONT PAS seulement lessalles de spectacle qui ont joué lacarte de la prudence ce week-end.Certains jardins et parcs d’attrac-tions ont préféré aussi baisser lerideau hier. Le jardin des Tuileries,par exemple, qui ne devrait pasnon plus rouvrir aujourd’hui. Ou lejardin d’acclimatation, qui annon-ce une possible réouverture lundi.

Le parc Disneyland Paris, qui ac-cueille en moyenne 40 000 visi-teurs par jour, a exceptionnelle-ment immobilisé ses manèges hier,ce qui n’était pas arrivé depuis latempête de 1999. Et en toute fin dejournée hier soir, le plus grand parc

d’attractions d’Europe a fait savoirqu’il resterait portes closes jusqu’àmardi inclus.

Egalement cibles potentielles,les grands châteaux de la régionparisienne ont baissé le rideau.Versailles (Yvelines), après avoirouvert hier matin, a fermé en finde matinée et le restera au moinsjusqu’à lundi soir. Ce jour, il ac-cueillera le congrès réunissant dé-putés et sénateurs à la demande duprésident de la République. Le châ-teau de Fontainebleau (Seine-et-Marne) reste également fermé au-jourd’hui.

PH.B.

Disney rouvrira mercredi

SUR L’AFFICHE de « Made inFrance » figure en gros plan un ka-lachnikov. Au lendemain des atten-tats, le distributeur, Pretty Pictures, adécidé de ne pas sortir mercredi lefilm de Nicolas Boukhrief. Sinistre-ment prémonitoire, ce long-métrage,tourné en 2014, devait à l’origine sor-tir sur plus d’une centaine d’écrans.Il raconte comment, téléguidés parun terroriste de retour d’Afghanis-tan, de jeunes intégristes de la ban-lieue parisienne créent une cellulejihadiste à Paris et se constituent unarsenal d’armes lourdes pour semerle chaos dans la capitale. Cette cellu-le est infiltrée par un journaliste quialerte la police. Tourné à la manièred’un thriller mais avec un grand sou-ci de réalisme, juste avant les atten-tats de « Charlie Hebdo », « Made inFrance » décrit le processus d’embri-gadement de jeunes musulmans, detoutes origines, qui basculent dans lalutte armée.

Toute la promotion a été suspen-due dès hier. Et les affiches ont étéretirées, précisait hier la RATP.

HUBERT LIZÉ

Le film surle terrorisme

reporté

nHier, le gouvernement a décidéla fermeture des salles de

spectacle et des musées publics(Louvre, Comédie-Française, Théâtrede la Colline...), tandis que la Ville deParis a annoncé celle desétablissements municipaux (muséed’Art moderne, Théâtre du Rond-Point, Monfort, bibliothèques...).Mais, en ce qui concerne lesétablissements privés, comme lescinémas et de nombreuses salles despectacle (Bercy, l’Olympia, leThéâtre de Paris...), le ministère dela Culture, la Ville et la police ont

seulement fait des préconisations.Comme le Prodiss — Syndicatnational des producteurs, diffuseurset salles de spectacle —, toutes cesinstitutions ont recommandé lafermeture des salles culturellesce week-end. Mais c’est auxpropriétaires des salles que revientla décision d’ouvrir ou non.L’état d’urgence permet à l’Etatd’ordonner la fermeture de toutesles salles accueillant du public, maisle gouvernement n’a pas franchi cepas hier.

C.BA.

Qui décide de fermer

LOGO BARRÉ d’un ruban noir, leschaînes de télévision ont boulever-sé leurs grilles depuis vendredi soir.Tandis que les chaînes d’informa-tion (i>télé, BFMTV, LCI) se bran-chaient très vite en direct sur lesfusillades à Paris, TF 1, dès 22 h 52,a interrompu ses programmes pourse consacrer aux attentats. France 2a enchaîné une heure plus tard,tout comme France 3 et M 6.

Hier matin, ces quatre chaînesont diffusé des éditions spécialesqui ont duré jusqu’au JT de 13 heu-res. Les JT du soir ont été augmen-tés sur TF 1 et France 2. De son côté,Canal + a programmé un « GrandJournal » spécial.

Les prime times d’hier ont égale-ment été adaptés. Tandis que laUne remplaçait « Danse avec lesstars » par un épisode du « Menta-list », la Deux faisait l’impasse sur« Ze Fiesta » de Patrick Sébastien etdiffusait ensuite un « On n’est pascouché » spécial en direct (lire pagesuivante). Les déprogrammationsse poursuivent aujourd’hui. TF 1 aannulé « Téléfoot » et consacrerason « Sept à huit » à l’actualité.Canal + a supprimé « Canal Foot-ball Club ». Sur la TNT, D 8 renon-cera lundi à « Touche pas à monposte » et repoussera le lancementde « Touche pas à mon sport »,présenté par Estelle Denis, à lundiprochain.

C.BA.

La télé bousculeses grilles

(AFP/Franck

Fife.)

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38 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

Au nom de Dieu et des « lieux deperversité » que sont à leurs yeuxles salles de spectacle. Je ne vouscache pas que je regrette parfoisd’être l’un des seuls à évoquer cessujets. En plus, ce n’est pas sansdanger ! Mais on ne peut pas fer-mer sa gueule devant ce genre decomportement. Il faut maintenantentrer en résistance.

Propos recueillis par

PIERRE VAVASSEUR

niens enmatière de sécurité, il seratoujours trop tard au moment oùils se décident.Craignez-vous pour vos propresconcerts ?Comment voulez-vous vous sentirtranquille ? Que ce soit dans unesalle de 1 000 places ou au60 000 des Vieilles Charrues à Car-haix, il sera maintenant impossiblede ne pas se dire : « Bon, est-ce queje ne vais pas sauter sur le plateau ?Est-ce qu’il ne va pas y en avoir200 qui vont être collés au pla-fond ? » A partir du moment où ceprocessus est engagé et que ça a

l’air d’êtrerelative-ment fa-c i l e …On lecons-

tate après chaque graveattentat. Les trois pre-miers mois, il y a beau-coup de remous au sujetde la vigilance. Ensuite,les choses se calment etles mecs rentrent où ilsveulent.Les mots des artistes,leurs chansons, sont-ilstoujours aussi importants ?Oh oui ! Je crois que les mots ontune grande importance parceque ça les dérange. Regar-dez au nom de quoiils ont encoredit agir.

Laurent Ruquiera animé une «émissionde concorde»

Il était impossible, selon lui, dediffuser l’émission d’« On n’est pascouché » enregistrée jeudi. Alors, hierà partir de 22 heures, LaurentRuquier a animé en direct uneémission spéciale sur les attentatsrebaptisée «On est solidaire». Unprogrammeà la demande de lachaîne, nous avait-il précisé hieraprès-midi, et à laquelle il avait misune condition : «Faire une émissionde concorde». Ruquier n’a voulu nidébats ni polémiques. Il s’est entouréd’artistes (Sylvie Testud, CatherineFrot…) et de politiques (Jean-LucMélenchon, Razzy Hammadi, Jean-Christophe Lagarde…) qu’il a faitvenir pour «exprimer leur solidaritéet l’importance du rassemblementdans ce genre de situation».

n ILS ONT REFUSÉ D’ANNULER

Bertignac a dû rangersa guitare

Louis Bertignac souhaitait jouer hiersoir à Chenôve (Côte-d’Or). Mais unarrêté municipal interdisant toutemanifestation jusqu’à demain soirl’en a empêché. Sur Facebook, l’ex-guitariste de Téléphone a expriméson désarroi : « Je comprends ceuxqui veulent honorer les victimes. Mafaçon de les honorer était dechanter pour eux et de faire chanterla salle pour eux. Je comprends ceuxqui ont peur pour notre sécurité.[…] Alors, on fait quoi ? On ne sortplus ? […] On donne raison à sixméchants qui veulent nous tuer ounous faire peur ? La seule réponsepensable : non, pas possible ! […] Lemaire de Chenôve n’est pas de monavis, alors je le respecte, c’est lemaire… » C.BA., T.D. ET E.B.

Jouer, chanter, sortir…

IL EST L’AUTEUR d’une chansonsortie en 1998, intitulée « Au nomde Dieu », qui dit comment la reli-gion a toujours été à l’origine desmassacres de l’histoire. Pierre Per-ret s’est sans cesse engagé contrel’intolérance (« la Petite Kurde »,« la Femme grillagée »). Le chan-teur de 81 ans témoigne de son in-quiétude, mais aussi de la nécessi-té, en son âme d’artiste, de faireplus que jamais acte de résistance.Dans quelles conditions aviez-vous écrit « Au nom de Dieu » ?PIERRE PERRET. Il n’y avait pasd’événement particulier. Ce sujet atoujours été en fi-ligrane chez moi.La religion est, àmes yeux, le nerfde la guerre surlequel est né lemalheur des gens. C’est elle qui en-gendre les ostracismes qui font quetout lemonde ensuite se tape sur lagueule.Dans quel état d’esprit êtes-vousaprès cette nouvelle tragédieà Paris ?Je me sens accablé, abattu. Et jeme dis que, malheureusement,tous les Cassandre que j’entendss’exprimer ici et là ne le sont peut-être pas autant que ça. Et que noussommes peut-être au début degrands malheurs qui risquent des’enchaîner. Parce que ces gens(NDLR : les terroristes) sont capa-bles de tout. On le voit bien, on lesait bien. A partir dumoment où ilsélèvent des gamins en batteriepour leur apprendre à se sacrifieret avoir « l’honneur » de se faireexploser au milieu d’une foule,tout est ouvert. Et c’est vrai que sinous ne sommes pas plus draco-

« Il fautentrerenrésistance»PierrePerret,auteurde lachanson«AunomdeDieu»

A 81 ans, Pierre Perretpense toujours que les mots

ont une grande importanceface aux terroristes.(LP/Arnaud Journois.)

nA l’affiche du« Mensonge »

de Florian Zeller,mis en scène parBernard Murat auThéâtre Edouard-VII, Pierre Arditi atenu à jouer hier à17 h 30 et à21 heures, au côtéde son épouseEvelyne Bouix.« Nous avons décidé de ne pas baisserla tête, nous a confié le comédien.Bernard Murat a voulu qu’on joue, et jesuis exactement sur la même ligne. Onne va pas commencer à se terrer dansdes caves et à vivre dans la peur.Chacun est libre de jouer ou pas, c’estune question de consciencepersonnelle. Pour moi, c’est uncomportement citoyen. On est horrifiépar ce qui s’est passé, bien sûr, je suisdésespéré par ce que j’ai vu, mais lameilleure réponse à ces actesinsupportables, c’est qu’ils n’aient pasprise sur ce que nous sommes et surnos vies. »

Propos recueillis par T.D.

«Nepasbaisserla tête »

PierreArditi, comédien

nPatron de plusieurs salles à Paris(le Palace, la Comédie

République et la Grande Comédie),Hazis Vardar a appelé le commissariathier matin pour savoir s’il avaitl’autorisation de maintenir sesspectacles. « Il n’y avait aucuneinterdiction, maison m’a conseillé defermer, nousexpliquait-il en finde matinée. Nousresterons doncvraisemblablementouverts, commenous l’avions fait au moment desattentats de Charlie Hebdo. »Si le propriétaire se souvient qu’enjanvier dernier la fréquentation dessalles avait beaucoup diminué, ilassure que, dans ces périodes,certains spectateurs considèrent que« sortir est un acte militant ».« D’ailleurs, il y a des gens qui ontdéjà appelé pour confirmer leurvenue », se réjouissait-il hier matin.« Bien sûr qu’il y aura une ambiance

lourde, mais il ne faut pas s’arrêter devivre à cause d’un acte de guerre… Onne doit pas plier. Sinon, on reprendquand ? Demain, dans quelques jours,dans six mois ? Le seul jour où onaurait dû fermer, c’est vendredi, maison ne savait pas ce qui allait se

passer… »Hazis Vardar aeffectivementchoisi de maintenirles représentationsd’hier à la ComédieRépublique et laGrande Comédie. Il

comptait également ouvrir le Palace,mais c’est l’humoriste Norman qui adécidé de ne pas jouer. « A la séancede 16 heures, il y avait 50 % du publichabituel », a précisé Vardar aprèsêtre passé à la Grande Comédie, oùse jouait « Familles (re)composées ».Le patron ne baissera le rideau que sil’Etat le lui impose ou, « bien sûr », sila police l’informe d’un dangerimmédiat.

C.BA.

«C’estvendrediqu’onauraitdû fermer…»HazisVardar,patronde salles de spectacle

Hazis Vardar affirme qu’il ne baisserale rideau que si l’Etat le lui impose.(LP/Catherine Balle.)

«On ne peut pas fermersa gueule devant ce genre

de comportement »

«On ne doit pas plier.Sinon, on reprend quand ?Demain, dans quelquesjours, dans six mois ?»

JacquesWeber ne veut pascéder à la haine

Harpagon ne lâche rien. JacquesWeber, qui incarne l’Avare , deMolière, au Théâtre Dejazet, placede la République, était hier soir surscène. «Si on ne me l’interdit pas, jejoue, nous confiait l’acteur avantd’entrer en scène. Je continue àfaire mon métier. Je ne veux céderni à la haine ni à la panique.»Vendredi, la troupe avait dûs’enfermer dans un café voisin enattendant la fin des attaques.

VIDÉO leparisien.fr

Un pianiste joue « Imagine »devant le Bataclan

(LP/Jean-BaptisteQuenti.)

(ArtComArt/PascalVictor.)

(LP/PascalVillebeuf.)

(LP/FrédéricDugit.)

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Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPÉCIAL ATTENTATS 39

être peinard dans la salle », souritune habituée. «On va continuer à vi-vre comme si de rien n’était. On neva pas mourir. Et surtout, on ne vapas leur donner raison », lâche auvendeur celle qui la suit. « Oui, il fautaller au cinéma, être fataliste face audestin. Même si c’est plus facile àdire qu’à vivre », souffle un autre…En tout cas, aujourd’hui, les cinémasMK2 seront à nouveau ouverts. Y.J.

te que vous soyez ouverts, affirmeNathalie, la trentaine, au caissier. Onse dit qu’il y a un risque mais il nefaut pas céder au chantage. Et puis lerisque, c’est quand ? Aujourd’hui, de-main, plus tard ? » Florence, la cin-quantaine, est venue avec une amie.« J’ai pas peur aujourd’hui, juste-ment. On voulait voir un film confi-dentiel, mais comme il n’y a person-ne, on va se faire Spectre. Normale-ment ça aurait été complet. » Floren-ce réfléchit : « Ce qui me fait peur,c’est la restriction des libertés qui vas’ensuivre. Tout ce qui va s’abattresur les immigrés… »

Dix minutes avant la séance, leflux de spectateurs s’accélère un tan-tinet. « L’attentat ? C’est fait. On va

vant les artistes, comme pour se ré-chauffer. Des hourras accueillent unnuméro d’acrobatie particulière-ment osé. Le cirque, aujourd’hui,c’est presque un miracle. Plus qu’unspectacle.

La représentation suivante seraannulée. Toutes les places avaientété réservées par un comité d’entre-prise, les Hôpitaux de Paris, dont lespersonnels sont sur la brèche.

Le Cirque d’Hiver Bouglione, lui,situé dans l’épicentre des attentats,entre République et Oberkampf, n’apas eu l’autorisation d’ouvrir. Aubois de Boulogne (Paris XVIe), AlexisGruss, le patriarche des cirques pari-siens, l’amoureux des chevaux, achoisi le silence, chapiteau clos, « parrespect » : « Je me suis couché à4 heures du matin, après avoir suivicette épouvante heure par heure. Jene peux pas faire le comique. » Cha-cun, hier, avait sa propre manièred’être en deuil, en habit de lumière,pour consoler, faire rêver, ou dansl’ombre, chevaux à l’écurie, au pas, àl’arrêt.

YVES JAEGLÉ

avec ses deux enfants, n’a appris lesattentats que samedi matin, en routevers le chapiteau. « En me garant, j’aieu un doute. J’avais mal au ventre…J’ai dit aux enfants : Au moindrebruit, vous vous couchez. On n’arrê-te pas de se retourner pour regarderderrière nous. Mais oseraient-ils s’at-taquer à un cirque ? De toute façon,on ne va pas les laisser gagner »,confie-t-elle à l’entracte.

A 14 heures, ledirecteur du cir-que, Alain Pache-rie, ouvre le spec-tacle en parlantde « compassion

et de colère face à la vague d’atten-tats », et de la nécessité de « se dres-ser contre les barbares ». La salle ap-plaudit très fort. Et se lève unanime-ment, pour une minute de silenceavec toute la troupe. L’émotion, lour-de, et le premier numéro, d’une grâ-ce infinie, avec des lampions rougesdans l’obscurité et une danseusedans les airs, font venir des larmes.Tant de finesse, tant d’horreur.

Le public s’est massé, compact, de-

teur de Phénix. Il attendait 2 000spectateurs. A peine 400 sont là.« Même s’il n’y en avait eu que 4,j’aurais joué. On ne va pas donnerraison à ceux qui nous attaquent.Cent cinquante personnes travaillentsur ce spectacle. Est-ce que lundi lesgens n’iront pas travailler ? », enrage-t-il presque. « J’ai la rage », nous lan-cera en écho à l’entracte Stéphanie,une jeune infirmière venue avec sonfils, les yeux encolère, un peuembués. « J’avaisdes amies au Ba-taclan. L’une d’el-les est en réani-mation, avec deux balles dans le ven-tre. Mais je ne veux pas vivre dans lacrainte. »

Guylaine et Candice, mère et fillemartiniquaises, toutes deux adultes,n’étaient pas du même avis. « Moi, jene voulais pas venir, avoue la mère.Par peur, dans les transports, et parrespect pour les victimes. » « Je l’aiconvaincue, explique sa fille. Jen’avais pas envie de me laisser abat-tre. » Patricia, cadre médicale, ici

Johnny Hallyday a dédiéson concert de Strasbourgaux disparus

« Bouleversé » par lesévénements, le chanteur a postésur son compte Twitter unmessage de solidarité : « Bientriste cette fin de semaine. Mespensées sont pour toutes lesfamilles des victimes. » Aprèsavoir attendu les consignes desautorités, il a maintenu sonconcert à Strasbourg hier soir.Marqué par une minute de silencetrès intense, le show était dédiéaux disparus. «Sansopportunisme, nous a expliqué sonmanageur dans la soirée, justeparce que nous avons besoind’être rassemblés. Et pourmontrer que la vie ne doit pass’arrêter. »

Laurent Gerra« plus fort que la bêtise »à Dunkerque

L’imitateur a décidé de maintenirhier soir son spectacle dans lasous-préfecture du Nord, « malgréles événements tragiques »,indique la production dans uncommuniqué. « L’humour et laliberté seront toujours plus fortsque l’abomination et la bêtise. Pardevoir de respect et dereconnaissance envers le public sifidèle depuis vingt-cinq ans,Laurent Gerra exercera son métierde divertissement qui prend icitout son sens. »

La chanteuse Jain« pour sa copine Aurélieet les victimes »

L’auteur du tube « Come » adécidé de maintenir son concerthier soir à Châteaulin (Finistère) :« Je vais chanter pour ma copineAurélie, que j’aime, et toutes lesvictimes, nous a confié cetteToulousaine de 23 ans. Elle a ététouchée de six balles au Bataclanmais, miraculeusement, elle est envie. Je ne suis pas une adepte dusilence. Mon hommage, même si jecomprends ceux qui ne chantentpas, c’est de dire : je suis là, enplace, et je continuerai. »

E.B. ET T.D.

n ILS ONT REFUSÉ D’ANNULER

r… coûtequecoûte

SAMEDI DE NOVEMBRE, samedide cirque. La pelouse de Reuilly (Pa-ris XIIe) en accueille deux. En tempsnormal, on se faufile difficilementdans la cohue des voitures. Hier,vingt minutes avant les représenta-tions annoncées sous les chapiteauxvoisins Pinder et Phénix, l’immenseesplanade a l’air d’une morne plaine.« Que le spectacle commence ! » voit-on clignoter en lettres lumineusessur l’écran géant Pinder. Mais il necommence pas. La séance de 14 heu-res est annulée. Le comité d’entrepri-se qui avait réservé presque toute lasalle a dit à ses employés de resterchez eux. Le show de 17 h 30, lui,aura lieu. « Pourquoi on ne joueraitpas si le public est là ? La vie conti-nue. Au contraire », lance GilbertEdelstein, le patron de Pinder.

Chez Phénix se tient la premièredu « Petit Dragon », par les Etoiles ducirque de Pékin et les moines Shao-lin. Une sécurité renforcée filtre l’en-trée, contrôle des sacs et bras écartés.« J’ai engagé 6 personnes supplé-mentaires ce matin pour les contrô-les », précise Alain Pacherie, le direc-

Une minute de silence au cirque PhénixPelouse de Reuilly (Paris XIIe), hier. Sur les 2 000 spectateurs attendus en début d’après-midi au cirque Phénix, seuls 400 se sont déplacés, dont Patricia et ses deux enfants.

normalement le matin, avant de fer-mer en début d’après-midi, sur pré-conisation de la préfecture de police.

La première séance du nouveau« James Bond », à 9 h 45, n’a accueillique 10 personnes, et les trois séancespour enfants du samedi matin ontété annulées faute de public. « On n’ajamais eu une matinée aussi calme »,commente le caissier.

Les cinémas MK2ouverts aujourd’huiSandrine et Nathalie, directrice desalon et géologue, devaient aller auThéâtre de la Ville cet après-midi,voir un concert africain. Annulé. Ducoup, elles viennent voir la comédie« Nous trois ou rien». « C’est chouet-

12 h 10, HIER, cinéma MK2 Gam-betta. « Il y a quand même des pla-ces, c’est ouvert ? » bégaie un adoles-cent. « Je voudrais deux places pourSpectre. Je crois qu’il y a de la pla-ce… » rigole un quinquagénaire venuavec sa femme voir le dernier « Ja-mes Bond ». On leur demande s’ilsn’ont pas peur d’aller au cinéma aulendemain des attentats. « Non, onne sera que deux dans la salle. C’estpas intéressant de nous tuer… » iro-nise la spectatrice. « Tout est fermé, iln’y avait pas de marché ce matin,c’est le bordel, on se fait un ciné »,ajoute monsieur.

Comme d’autres salles du réseauMK2, celle du XXe arrondissementavait dans un premier temps ouvert

« Ne cédons pas au chantage »Nathalie, spectatrice aucinémaMK2Gambetta (ParisXXe), hier

La salle a ouvert hier matin avant d’êtrefermée l’après-midi. (DR.)

(LP/FrédéricDugit.)

(LP/Jean-BaptisteQuentin.)

(LP/FrédéricDugit.)

L’émotion et le premiernuméro, d’une grâce infinie,

font venir des larmes

(LP/M

atthieudeMartignac.)

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40 SPÉCIAL ATTENTATS Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

nRéactions et hommages desstars du monde du spectacle

et de la télévision se sont multipliéssur les réseaux sociaux,principalement sur Twitter. Voiciquelques-uns de leurs messages.

Salma Hayek : « La haine nevaincra jamais. Je suis à Pariset, même si nous allons bien, jepartage la tristesse de cette nuittragique. »Eva Longoria :« Mon cœur sebrise pour Paris etla France. Je prieavec vous. »Kirsten Dunst : « Choquée quece ne soit pas sur toutesles chaînes américaines.Je prie pour les Français. »

Justin Bieber :« Je viens defaire un superpremierspectacle maisje viensd’apprendre cequi s’est passé àParis. Penséeset prières pourtout le monde#PrayForParis. »

Madonna : « Nous sommes tousdes immigrants. Nous saignons tousde la même couleur. Nous sommestous UNIS. Priezpour la paix. AParis et partoutdans le monde. »Peter Gabriel :« Choqué, tristeet en colère.Nous sommestous Parisiensaujourd’hui. »Antoine de Caunes :« Condoléances aux proches desvictimes. Même pas peur. Unitedwe stand, divided we fall. »Patrick Bruel : « Horreur. Tristesse.Jusqu’à quand ? »

Nekfeu : « Unegrosse penséeà toutes lespersonnestouchées… Ça faitvraiment mal aucœur, pas la têteà faire la fête surscène cesprochains jours. »

Cyril Hanouna : « C’est durde se dire que ça n’était pas uncauchemar. J’ai tellement peur pourvous tous. »Omar Sy : « Pasde mots, à partPaix Unité Amouret toutes mespensées pourles victimes etleurs familles. »Michaël Youn : « L’année 2015termine comme elle avaitcommencé… dans l’horreuret la barbarie. »

Elie Semoun :« Aucune parole,aucun mot, juste deslarmes de rage etd’incompréhensiondevant la bêtiseet la froideurde ces monstres.Pourquoi ? »

Maïtena Biraben : « Immensémenttriste. Soyons Unis. Fraternels.Français. »Stéphane Bern : « L’effroiest indicible. »

n LES STARS ONT RÉAGI

(LP/FrédéricDugit.)

(LP/FrédéricDugit.)

(LP/O

livierCorsan.)

La police nous avait recommandéde ne pas sortir », raconte un spec-tateur.L’impact s’est ressenti jusqu’au

nord de la capitale. Au Zénith, lasoirée électro Flash Deep battaitson plein lorsque les 5 000 dan-seurs ont reçu les premiers textosd’alerte. « C’était étrange, tout lemonde continuait à danser tout enétant rivé à son smartphone », té-moigne un participant. Peu avantminuit, le DJ Joris Delacroix, quidevait clôturer la fête, s’est inter-rompu après quatre titres, et la sallea été évacuée dans le calme.Chez Bartabas, au fort d’Auber-

villiers, la consigne est passée à l’is-sue du spectacle « On achève bienles anges » : personne ne quitte lerestaurant. Certains spectateurs ontmême passé la nuit dans les roulot-tes de la troupe…A l’autre bout de la ville, au pa-

lais des Sports (XVe), la comédiemusicale « Résiste » s’est dérouléenormalement, mais « plusieurs per-sonnes ont quitté la salle avant lafin en voyant leurs SMS », relateune porte-parole du show.Au Théâtre du Palais-Royal

(Ier), en plein centre de Paris, uncomédien de « la Dame blanche » avoulu informer les spectateurs dudrame à la fin de la pièce, maisFrancis Nani, le directeur de la sal-le, a refusé : « Cela aurait pu créerun mouvement de panique. » Defait, aucun débordement à déplo-rer. D’après tous les témoignages, lepublic a partout fait preuve desang-froid et de discipline.

CATHERINE BALLE, THIERRY DAGUE,

MAGUELONE BONNAUD

ont su que la prise d’otages étaitterminée, ils avaient encore besoind’être ensemble et de parler. »Au cinéma MK2 Beaubourg

(IVe), dans le centre de la capitale,les spectateurs des dernières séan-ces sont restés calfeutrés au sous-sol, où se trouvent les six salles,bien au-delà de la fin des films.« Les lumières extérieures étaientéteintes, les grilles étaient fermées.

A la Comédie Bastille (XIe),tout près du Bataclan et de l’anciensiège de « Charlie Hebdo », les spec-tateurs, informés de l’actualité grâ-ce à leurs smartphones, sont mon-tés sur scène pour demander auxcomédiens ce qu’ils devaient faire.Presque tout le monde est restédans la salle jusqu’à 2 h 20. « Audébut, les gens avaient peur de sor-tir, raconte un témoin. Après qu’ils

CINQ CENTS PIÈCES, concerts,one-man-shows, des centainesd’artistes sur scène, autant de tech-niciens, des milliers de specta-teurs : un vendredi soir comme lesautres à Paris… Sauf qu’aux alen-tours de 22 h 30, avant-hier, près duBataclan ensanglanté, il a fallu éva-cuer, protéger, informer un publicconfronté à un danger imminent.Dans le Xe arrondissement, au-

tour des restaurants attaqués, desdizaines de passants en fuite sesont réfugiés à l’Apollo, un théâtrequi regroupe plusieurs salles, ruedu Faubourg-du-Temple. « Alorsque les spectacles étaient encore encours, la police nous a demandé defermer les grilles et de garder tout lemonde à l’intérieur, confie le direc-teur, Philippe Delmas. Les gens —plus de 700 personnes — sont res-tés jusqu’à 5 heures du matin, avecles artistes. »Non loin de là, au Théâtre An-

toine, boulevard de Strasbourg(Xe), Jean-Marc Dumontet, proprié-taire des lieux, décide de fermer lesgrilles en pleine représentation dela comédie « Fleur de cactus ». « A23 h 15, la directrice de la salle estmontée sur scène pour annoncer cequi se passait dans Paris et conseil-ler aux spectateurs de ne pas se di-riger vers les lieux des attaques, ra-conte-t-il. Une centaine de person-nes sont restées dans le théâtre jus-qu’à 3 h 30 parce qu’elles avaientpeur de sortir dans la rue. »Lemême Dumontet a préféré fai-

re évacuer le Point-Virgule, nichédans le Marais (IVe), alors que leshow de 22 h 30 avait démarré de-puis cinqminutes. « On entendait àla radio qu’il y avait une fusilladeaux Halles et que les assaillants re-descendaient vers le Marais, expli-que-t-il. Etant donné l’exiguïté duthéâtre, je me suis dit que, si quel-qu’un rentrait armé, ce serait uncarnage, donc j’ai fait sortir tout lemonde. »

Desspectateursbloquésdans les salles

Retrouvez les résultats des jeux dans notre édition de demain

(LP/Jean-BaptisteQuentin.)

(LP/FrédéricDugit.)

(LP/FrédéricDugit.)

nAlors que les premiers coups defeu retentissaient à quelques

encablures de la place de laRépublique, vendredi, AnneRoumanoff était sur la scène del’Alhambra, une salle de 600 placestrès proche des lieux du carnage.Son spectacle « Aimons-nous les unsles autres » (sic !) avait commencéà 21 heures.L’humoriste est restée coincée dansla salle jusqu’à 1 h 30 du matin. « Ledirecteur de l’Alhambra, Jean-ClaudeAuclair, m’a laissée finir le spectaclepuis est monté sur scène pourdemander au public de ne pas sortirtout de suite, nous a raconté AnneRoumanoff hier matin. Unespectatrice avait compris qu’il sepassait quelque chose de gravelorsqu’elle a reçu un texto de son filsado demandant : Maman, t’es où ?Les ados ne demandent jamais oùsont leurs parents… Une autre avait56 messages sur son téléphone. Il

était 22 h 45. J’ai appelé mesproches pour les rassurer, puis jesuis descendue dans le public pourêtre avec les spectateurs. Les gensétaient plutôt calmes, mais certainspleuraient, notamment une femme

enceinte. On les a rassurés commeon pouvait, on a pris des photos, onleur a offert à boire. Certainsfêtaient leur anniversaire ce jour-là.Les gens n’étaient pas confinés, ilsont pu circuler dans le hall, aller auxtoilettes. Sur le coup, je suis restéezen, j’ai eu peur après. Ce n’est quevers 1 h 30 qu’on a pu sortir. Certainsspectateurs n’osaient pas rentrerchez eux, avaient peur de reprendreleur voiture, mais l’annonce de lamort des preneurs d’otages les arassurés. »Hier matin, Anne Roumanoff adécidé d’annuler les représentationsde ce week-end. « J’avais joué lessoirs du 11 Septembre (NDLR : datedes attentats des Twin Towers) etdu 7 janvier (NDLR : l’attentat de“Charlie”), mais je n’étais pas àParis. Là, c’est trop proche, je ne mesens pas capable de faire rire. Il y aun temps pour le deuil. »

Propos recueillis par THIERRY DAGUE

«Je suisdescendueavec lepublic…»AnneRoumanoff,humoriste, à l’affichede l’Alhambra (ParisXe)

Vendredi soir, Anne Roumanoff donnaitun one-woman-show dans une salleproche des sites attaqués.

(LP/Jean-NicholasGuillo.)

Paris (Xe). Le Théâtre Antoine, non loin du quartier de la place de la République, a fermé ses grilles vendredi soir en pleinereprésentation. Une centaine de spectateurs, craignant les fusillades, ont préféré attendre dans la salle jusqu’à 3 h 30. (LP/Yann Foreix.)

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Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 VOTRE SOIRÉE TÉLÉVISION 41

20.55Film

Wolverine : le combatde l’immortelDeJamesMangold - 2013AvecHugh Jackman,Brian Tee,Will Yun LeeWolverine, le personnage leplus emblématique del’univers des X-Men, estentraîné dans une aventureultime au cœur du Japoncontemporain.23.30 Les experts«Tomber des nues»AvecWilliamPetersenUne très belle strip-teaseuseest retrouvée sans vie dans lepire quartier de la ville etdeux corps en état dedécomposition sont amenésau laboratoire...«Sévices d’étage»

20.50Spectacle

Muse :Live at RomeOlympic StadiumConcertAvec ce concert,MatthewBellamy, ChristopherWols-tenholme et Dominic Howardviendront nous enchanteravec leursmorceaux qui noustranscendent.22.40Rêves de chairAvecViktoria Redd

20.55Film

Casino royaleDeMartin Campbell -2006Avec SimonCox,DanielCraig, EvaGreenPour sa premièremission,James Bond afronte letout-puissant banquierprivé du terrorisme interna-tional, "Le Chifre"...

23.20 Faites entrerl’accusé«Le crime fou deStéphaneMoitoiret»La France ne juge pas les fous ;le codepénal l’interdit. Pour-tant, selon certains psychiat-res, c’est bien ce qu’elle a faità deux reprises, en 2011 et2013.

20.50Télé=lm

Les enquêtes deMurdoch«L’habit ne fait pas lemoine»AvecYannick BissonTandis queMurdochreplonge dans son passé, labonne du presbytère de l’é-glise St Francis est retrouvéemorte dans le cimetière.«Frères d’armes»22.20 Les enquêtes deMurdoch«Femmes savantes»AvecYannick BissonLe cadavre d’une jeune étu-diante est retrouvé dans lelac par deuxmembres del’athlétique club de Toronto.«Enfant riche, enfantpauvre»

20.55Film

HungerGames :la révolte partie 1De Francis Lawrence -2014Avec Jennifer Lawrence,JoshHutcherson, LiamHemsworthKatniss Everdeen s’est réfu-giée dans le District 13 aprèsavoir détruit à jamais l’arèneet les Jeux.22.55 RayDonovan«La rolls des barbecues»Avec Liev Schreiber, PaulaMalcomson, JonVoightRay Donovan est l’homme àtout faire de l’élite califor-nienne. Il eface toute preuvede ses dérapages avec uneincontestable discrétion.«ThePower of Love»

20.45Film

Sur la route deMadisonDeClint Eastwood - 1995Avec Clint Eastwood,Meryl Streep,AnnieCorleyMichael Johnson et sa sœurCaroline reviennent dans laferme de leur enfance ainde régler la succession deleurmère Francesca.22.55 Les 18 fugitivesEn 1987, au début de la pre-mière intifada, des habitantsdu village de Beit Sahour, enCisjordanie occupée, achè-tent dix-huit vaches et créentune coopérative laitière.0.10Patrice en concert,spectacle1.25Au cœur de la nuit, doc.

20.40Doc.

Auil de la LoireLa Loire attire chaque annéedesmillions de touristesavec ses somptueux châ-teaux et ses vignobles. Celeuve sauvage cache aussides trésorsméconnus quequelques passionnés gar-dent jalousement.21.30 Bienvenue dansmonvillage, doc.

20.55Mag.

Capital«Temps de travail,salaires, hiérarchie :faut-il tout casser ?»38%des salariés françaisairment que leurmotiva-tion au travail est en baisse.Ce qui classe les Françaisparmi les travailleurs les plusdémotivés d’Europe !

23.00 Enquêteexclusive«Gangs duHonduras : laterreur au quotidien»Présenté par Bernard DelaVillardièreLe Honduras est le pays dontle taux d’homicide est le plusélevé aumonde : 90,4 tuéspour 100 000 habitants.

20.55Film

VictorDeThomasGilou - 2008AvecClémentineCélarié,AntoineDuléryLa famille Saillard gagne ledroit d’adopterVictor, char-mant vieillard érudit aban-donné de tous.Mais l’arrivéedu sémillant octogénairecensée apporter la joietourne rapidement à l’aigre…23.10 En quêted’actualitéPrésenté parGuy LagachePistons, avantages…Tou-che pas àmes privilèges !En quête d’actualité s’emparechaque semaine d’une ques-tion forte qui préoccupe lesFrançais et pousse l’enquêtejusqu’au bout.

1

17

20.50Div.

Ce seramoi«Episode 1»Qui n’a jamais rêvé d’êtremai-tresse d’école oupolicier ?Gulli, en partenariat avecl’ONISEP,propose l’émissionqui permet aux enfantsd’exercer le tempsd’une jour-née la profession de leur rêve.22.20Ce seramoi«Episode 3»

18

20.45Doc.

PassionOutremerWallis& Futuna, seuls aumondeWallis-et-Futuna est la terrefrançaise la plus éloignée delamétropole. Elle se situe àl’écart des routes commer-ciales et touristiques, aumi-lieu du Paciique sud.22.35 Rendez-vous enterre inconnue

19

20.30Doc.

Hôpital, attentionfragileEn suivant une docteureinterniste, un chirurgien proc-tologue et unmédecin urgen-tiste,Hôpital, attention :fragile s’attache à capter leface à face singulier qui senoue avec les patients.21.30Débat -Hôpital public :ils ontdes solutions !

13

21.00Mag.

BFMPolitiqueEmission politiquePrésentée parApollineDeMalherbeLe plus grand rendez-vouspolitique duweek-end. Unestar dumonde politique estl’invitée d’Apolline deMalherbe pour expliquer sesidées...22.30Week-end direct

15

18.00 Information

18h politiquePrésenté parAudreyPulvarAudrey Pulvar reçoit unefemme ou un homme poli-tique pour revenir sur lesdossiers de la semaine.19.00 Intégraleweek-endPrésenté parAntoineGenton,Aurélie Casse

16

20.45Doc.

Enchères à l’aveugle«Gros pari !»La nouvelle liste d´enchèresest arrivée, et les acheteurssont prêt à tout pour acqué-rir les nouveaux biens.«Le négociateur - S2»«Gros potentiel - S2»22.05Enchères à l’aveugle23.25 Storagewars :adjugé, vendu, doc.

24

20.55Série

Diane femmelic«L’amour d’un ils»Avec Isabel Otero,Laurent Gamelon,HassanKoubbaJérémy Dangin, trente ans, sefait accoster dans la rue parun homme qui lui demandeavec brutalité unemarchan-dise dérobée.22.50Diane femmelic

25

8 9 10 11 12 14 20

2 3 4 75 6

22.25 Juger Pétain«Acte 3»Après l’audition de quelquestémoins discrétionnaires quiévoquent - enin - la répres-sion des résistants par legouvernement de l’accusé, ladéfense commence à fairedéiler ses propres témoins.23.25 La grande librairie

20.55Série

Le Transporteur -La série«Euphro»Avec Chris Vance,Violante Placido,MarkRendallFrank doit venir en aide àson ami, l’inspecteurTarconi, en danger enBiélorussie.«Chinatown»22.40 LeTransporteur -la série«Sexe,mensonge etvidéo»Avec Chris VanceEn Albanie, Frank estcontacté par Jérémy Donne,membre d’une associationluttant contre la prostitutioninternationale.

20.55Série

NewYorkPoliceJudiciaire«La damede cœur»Avec SamWaterston,AnthonyAnderson, Je-remySistoLe corps calciné de BrennaLane, jeunemannequin, estdécouvert dans une benne àordures.«Incidents en cascade»22.45NewYorkPoliceJudiciaire«La couleur du sang»Avec SamWaterstonUn homme noirmeurt d’uncoup de couteau. Rapide-ment soupçonné, son cousinévoque l’existence de Blancsqui voleraient le sang de la fa-mille depuis des années.

20.55Film

Je préfère qu’onreste amis…De Eric Toledano,OlivierNakache - 2004AvecGérard Depardieu,Jean-Paul Rouve,AnnieGirardotClaude ne plaît pas telle-ment aux femmes. En quêtede l’âme sœur, il rencontreSerge, son contraire…22.55ChroniquescriminellesPrésenté parMagali LunelAfaire disparues de Perpi-gnan.Perpignan, le 5 août2013. Un légionnaire, Fran-cisco Benitez, est retrouvépendu au petit matin dans sacaserne. /Meurtre au paysde la country.

20.50Film

DreamHouseAvecDaniel Craig, NaomiWatts, RachelWeiszÉditeurà succès,Will Atentondéménageavec sa familledansuneville pittoresquedeNouvelleAngleterre. En s’ins-tallant, ils découvrentqueleurmaisonde rêveaété lethéâtredumeurtred’unemèreet sesdeuxenfants.22.30666ParkAvenue«La vie de palace»Avec JamesWaterston,Rachael TaylorHenryMartin et Jane VanVeen, un jeune couple duMidwest, arrivent à NewYorket doit passer un entretienpour devenir gérant au 666Park Avenue.

20.55Mag.

SOSma famillea besoin d’aide«SOSdeBrandon et safamille»Présenté par PascalSoetensFamilles déchirées, adultesen détresse, ados en crise,couples au bord de la rup-ture... Pascal va les aider àrégler leurs problèmes.

21.00Sport

Basket :Bilbao /Valence«Championnat d’Espa-gne - 6e journée»Derrière les ogresmadrilè-nes et barcelonais, Bilbao etValence essaient de tirerleur épingle du jeu et dese faire une place au soleilibérique.22.00 Le Journal

22.50 L’Équipe duWeek-EndPrésenté par Benoît CossetToutes les disciplines, tousles événements, tous lesrésultats : Benoît Cosset pro-pose une séance de rattra-page avec un panoramacomplet de l’actualité duweek-end.

21 22 23

20.55Film

Les Douze travauxd’AstérixAnimation - 1976L’Empereur César ne sup-porte plus que le petitvillage gaulois résiste en-core et toujours. Il proposealors un déi à Astérix, Obé-lix et tous leurs amis : la paixcontre la réussite de douzeépreuves...22.20Astérix chez lesBretonsDessinAnimé de PinoVanLamsweerde - 1986Astérix et Obélix partent chezleurs amis bretons pour lesaider à repousser lesRomains...23.45C’est pour rire

20.45Film

Parlez-moi de vousDePierre Pinaud - 2011Avec KarinViard,NicolasDuvauchelleAnimatrice de radio,Mélinaest, à 40 ans, la voix la pluscélèbre de France. Partie à larecherche d’unemère qu’ellen’a jamais connue, elle décou-vre que celle-ci vit au seind’une famille nombreuse.22.30MonnomestTsotsiÀ 19 ans, "Tsotsi", dirige unebande demarginaux dans unbidonville de Johannesburg.Après une soirée arrosée, ilagresse une femme, ets’échappe au volant de saBMWavec un enfant sur labanquette arrière...

20.50Film

Je te prometsDeMichael Sucsy - 2012Avec Channing Tatum,RachelMcAdamsPaige et Leo était un jeunecouple heureux, jusqu’àl’accident... Si Leo s’en sortindemne, Paige se réveille deson coma en ayant tout ou-blié des cinq dernières an-nées de sa vie.22.30SlumdogmillionaireDeDannyBoyle - 2007AvecDevPatelJamal Malik, 18 ans, est sur lepoint de remporter le pactolede la version indienne de "Quiveut gagner desmillions ?"quand la police l'arrête sur unsoupçon de tricherie…

22.15 SOSma famille abesoin d’aide«SOSdeMaxime, SandraetVincent»Pascal aide des familles avecdes ados en détresse, à réglerleurs problèmes.«SOSdeMarina,Dylan etJordan»1.15 TellementVrai,mag.

«Le Parisien libéré»

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Page 42: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

42 ACTUALITÉ Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015

rait « déraillé en raison d’une vites-se excessive », a répondu le direc-teur de cabinet du préfet d’Alsace,Dominique-Nicolas Jane. Une hy-pothèse contestée au sein de laSNCF. « C’est vrai que la rame ef-fectuait ce jour-là des essais de sur-vitesse qui l’amènent à monter à350 km/h, explique un cheminot.Mais il y avait dans la cabine deuxconducteurs et un cadre traction.Cela m’étonnerait qu’ils aientcommis une erreur de vitesse. Onne peut exclure, en revanche, unedéfaillance technique, voire unproblème sur les voies. »

L’enquête judiciaire devrait per-mettre assez rapidement d’appor-ter des éléments. Les recherchesont notamment pour but de retrou-ver les boîtes noires, a expliqué Sté-phane Ottavi, commandant de lagendarmerie de la région Alsace.« Les enquêteurs vont mettre sousscellés l’enregistreur de bord quiseul pourra nous dire à quelle vites-se roulait le TGV et quel a été lecomportement de l’équipage », in-dique-t-on à la SNCF. On sauraalors quelle hypothèse devra êtreprivilégiée entre l’erreur humaineet la défaillance technique.

MARC LOMAZZI ET VINCENT VÉRIER

des cheminots », relayant un mes-sage adressé par l’Elysée.

Parvenus eux aussi sur les lieuxde la catastrophe en fin d’après-mi-di, le président de la SNCF, Guil-laume Pepy, et le patron du réseauferroviaire, Jacques Rapoport, ontécarté la piste terroriste et indiquéqu’une enquête interne a été ou-verte pour éclaircir les causes decet accident ferroviaire, le plusmeurtrier depuis la catastrophe duParis-Nice qui avait fait 16 morts en1991 (voir ci-dessous).

Une douzaine de déraillementsde TGV, parfois dus à des objetssur les voies, ont été recensés de-puis 1981. Mais, jusqu’à présent,aucun n’a eu de conséquences aus-si graves, et aucun ne concernaitune rame d’essai. Les experts man-datés par la SNCF devraient rendredes premières conclusions sous 48à 72 heures. La rame d’essai rou-lait-elle trop vite au momentd’aborder une courbe ? Le train au-

des sapeurs-pompiers convergentvers les rives du canal. Un héli-coptère de la sécurité civile survo-le la zone tandis qu’une équipe deplongeurs de la gendarmerie estdépêchée sur place.

Le bilan fait d’abord état de7 morts avant de s’alourdir au fildes heures. Dans la soirée, la pré-fecture du Bas-Rhin dévoile l’am-pleur du drame. Sur les 49 passa-gers de la rame, 10 sont morts et37 blessés, dont 12 placés en « ur-gence absolue ». Les secouristestentaient encore en fin de soirée dedésincarcérer des personnes coin-cées sous les voitures couchées surle flanc. Les recherches devaient sepoursuivre toute la nuit avec deschiens spécialement mobilisés.

Peu de temps après la catastro-phe, un poste médical avancé avaitpris en charge les rescapés dontune dizaine ont été évacués par hé-licoptère. L’école du village d’Eck-wersheim a été transformée en unhôpital de secours improvisé. Arri-vée sur place en compagnie d’AlainVidalies, le secrétaire d’Etat auxTransports, Ségolène Royal, a évo-qué un « drame apocalyptique »avant d’exprimer sa « solidaritéavec les familles des victimes et

enjambe le canal de la Marne auRhin à hauteur de la petite com-mune d’Eckwersheim, à une ving-taine de kilomètres au nord de lacapitale alsacienne. « Les gens surplace ont entendu une forte explo-sion et un choc énorme », raconteElodie, habitante d’une localitévoisine qui s’est précipitée sur pla-ce (voir ci-dessous).

Sous la violence du choc, la rameprend feu. Dans l’impact, le trains’est aussi disloqué en faisant un« bruit métallique extrêmementfort », qui a pu être assimilé à uneexplosion. De nombreux témoinsont aperçu des flammes et ungrand panache de fumée noire visi-ble à des kilomètres à la rondes’échappe des amas de ferraille duTGV, dont une partie repose sur laberge tandis que la motrice de têtea plongé dans le canal.

Très rapidement, des secouris-tes affluent sur les lieux du drame,plusieurs véhicules du Samu et

MACABRE COÏNCIDENCE. Aulendemain des attaques terroristesqui ont endeuillé Paris et plongé laFrance dans l’effroi, le déraille-ment d’un TGV, probablement ac-cidentel et sans lien avec la tragé-die du 13 novembre, a fait aumoins dix morts près de Stras-bourg (Bas-Rhin).

Un bilan — encore provisoire —extrêmement lourd pour ce qui estle premier déraillement morteld’un TGV depuis le lancement deslignes à grande vitesse en 1981. Ledrame s’est noué hier en débutd’après-midi. Sur une portion de laligne du TGV-Est qui doit entrer enservice commercial en avril 2016,une rame d’essais, bourrée d’ins-truments de mesures, file à350 km/h. A bord, une équipe de49 personnes parmi lesquelles desingénieurs et techniciens de laSNCF, mais aussi quelques invités.

Alors qu’elle s’apprête à quitterla ligne à grande vitesse pour re-joindre le réseau classique et abor-der la dernière ligne droite avantla gare de Strasbourg, la rame,composée de deux motrices enca-drant cinq voitures à deux ni-veaux, heurte vers 15 h 10 la piled’un pont. Un ouvrage d’art qui

Eckwersheim (Bas-Rhin), hier. La locomotive de tête a plongé dans le canal qui relie la Marne au Rhinaprès avoir quitté la voie. (AFP/Frederick Florin.)

Laramed’essaiduTGVfinitdans lecanal : aumoins10mortsACCIDENT.Une rame d’essai a déraillé et a terminé sa course dans un canal près de Strasbourg.Le bilan provisoire fait état de 10morts et 37 blessés, dont 12 très graves. La piste de l’acte terroriste est écartée.

nEn France, le dernier accidentferroviaire mortel est celui survenu

le 8 février 2014 à Saint-Benoît (Alpes-de-Haute-Provence). Un bloc de pierretombé de la montagne avait provoqué ledéraillement du train des Pignes,l’autorail touristique reliant Nice à Digne,faisant 2 morts et 9 blessés. Survenul’année précédente, l’accident du trainIntercités Paris-Limoges no 3657 en garede Brétigny-sur-Orge (Essonne) est restédans toutes les mémoires. Le 12 juillet2013, à cause d’un boulon manquant surune éclisse (sorte de grosse agrafemétallique reliant deux rails), plusieurs

voitures de ce train de voyageurs avaientdéraillé, entraînant la mort de7 personnes et en blessant 30 autres.Deux ans plus tôt, le 4 décembre 2011, aulieu-dit Le Breuil (Rhône), une voiturefranchissant un passage à niveau nonprotégé avait été percutée par un TER etprojetée à 30 m, provoquant la mort des4 occupants de la voiture et blessantgrièvement le cinquième.Le 2 juin 2008, c’est également unpassage à niveau qui avait causé lacatastrophe de Mésinges (Haute-Savoie). Un TER entre Evian-les-Bains etAnnemasse n’avait pu éviter un autocar

de collégiens resté bloqué sur les voies,faisant 7 morts et 31 blessés.Plus loin dans le temps, le 7 octobre1991, un train couchettes Paris-Nice aété heurté de plein fouet par un convoide marchandises en gare de Melun.Bilan : 16 morts et 57 blessés.A ce jour, la catastrophe ferroviaire laplus meurtrière en France reste celle dela gare de Lyon à Paris, le 27 juin 1988. A19 h 10 une collision frontale entre untrain SNCF en provenance de Melun etun train à l’arrêt, bondé, avait fait56 morts et 57 blessés.

BÉNÉDICTE ALANIOU

Les précédents les plusmeurtriers

Le train aurait « dérailléen raison d’une vitesse

excessive »Le directeur de cabinet du préfet d’Alsace

Eckwersheim. Les secours sont rapidement arrivés sur place. Ils continuaient hier soirà désincarcérer les dernières victimes. (Reuters/Vincent Kessler.)

nElle était sur les lieux en mêmetemps que les pompiers. Il est

15 h 9 lorsque son ami, qui travailledans un centre équestre situé àproximité immédiate du lieu del’accident, avertit Elodie Weibel,33 ans, du drame. « J’étais àVendenheim, non loin de là, noussommes partis tout de suite envoiture avec des amis pour voir sinous pouvions aider, portersecours », confie-t-elle. Sur place,« les gens parlaient d’une forte

explosion, d’un choc énorme. J’ai vudes morceaux du train carbonisés,des parois de la rame complètementdétruites et un gros nuage de fuméequi s’échappait des décombres. »Les secouristes s’activent. « Il yavait des gens au sol recouverts decouvertures de survie.Nous étionsde l’autre côté du pont qui enjambele canal, mais on a aussi aperçu cequi devait être l’avant du TGVtombé dans l’eau. »

M.L.

« Un choc énorme »ElodieWeibel,habitanted’une localité voisine

L’accident ferroviairele plus meurtrier depuis

la catastrophedu Paris-Nice en 1991

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Page 43: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

s

Le Parisien

Dimanche 15 novembre 2015 SPORT HIPPIQUE 43

6Prix de Longchamp......................15 h 25Plat - Course E - 3 et 4 ans15 000 € - 2 300 m - Deuxième peloton

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

Ec. P. Merienne J. Mérienne 1 OLD CHAP H4 60 4 J. GuillochonB. Bonenfant Joël Boisnard 2 VERRIÈRE F4 55 9 G. Le DevehatT. Daguet P.-A. Schott 3 MALISSUN M4 58 7 C. SainjonM. Gozlan P. Leblanc 4 FIRST GREEN - O M3 58 13 J. CabreEc. A. Pommerai N. Leenders 5 CALIPSO DAY H3 57 11 Y. BarilleJ.-J. Chiozzi J.-J. Chiozzi 6 TONICA F4 54 12 L. BoisseauP. Grollier P. Grollier 7 BARAKAH D'ISCLA F4 56,5 5 Y. RoussetC. Regnault F. Cheyer 8 BALLINDA F4 56,5 14 F. VeronS. Adet S. Adet 9 CIARATZA M3 56 15 A. BernardY. Berlioz Y. Barberot 10 CAMARO LOUVO H3 52,5 6 L. DelozierN. Devilder N. Devilder 11 OR DES OBEAUX H3 56 1 Alex. RousselO. Journet O. Journet 12 FLY ONE H3 56 2 M. AndrouinP. Loth P. Loth 13 ASCOT LÉO H3 56 8 S. BreuxEc. N. Taudon F. Grizon 14 CHARM D'ART F3 52 10 T. BaronM. Tronco G. Rarick 15 RISK WELL TAKEN F3 54,5 3 D. Breux

M. Crochard : 11 - 5 - 1 - 4 - 2 - 8 - 7 Gentleman : 11 - 7 - 8 - 1 - 2 - 5 - 4S. Flourent : 11 - 4 - 2 - 1 - 7 - 8 - 10

3Prix du Conseil Départemental..13 h 45Course E - 4 ans et plus12 000 € - 1 400 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

K.-M. Al AttiyahM. Delzangles 1 WAHIB - O H5 61 6 A. FouassierM. Desander J.-M. Capitte 2 VIANELLO - O H8 59,5 1 N. LarenaudieM. Drévillon D et A-S Allard 3 MISTER PAR CŒUR H7 58,5 3 R. L.-BellemainEc. Haras Senora Y. Barberot 4 MAHER SENORA M4 60 14 R. MarchelliL. Nyffels L. Nyffels 5 DYLAR A H8 60 4 V. VionScuderia Briantea P. Fleurie 6 SHAMAR LOVE - A F5 59,5 9 F. VeronEcurie A.B.U. Y. Nicolay 7 FRASCATA - A H6 59 12 P.-C. BoudotLoderi Racing J.-E. Hammond 8 HAFTOHAF H6 59 2 Alexis BadelP. Prunier D. Darlix 9 JEREMY ROAD M5 57 7 J. CabreB. Renk B. Renk 10 PICADOR H4 57 10 St.M LaurentR. Nerbonne R. Nerbonne 11 OLONNIA - O F7 56,5 5 J. ClaudicC. Rondelé C. Rondelé 12 DIANA D’AUMONT F4 55,5 8 A. HamelinO. Saelens J.-L. Bara 13 VALLEY VICTORY F6 53 13 S. ChuetteJ.-M. Tonnini M. Blanchard-J. 14 HARD RUN F5 55,5 11 Y. Bourgois

M. Crochard : 5 - 7 - 6 - 9 - 3 - 8 - 1 Gentleman : 8 - 2 - 1 - 3 - 9 - 6 - 5S. Flourent : 7 - 2 - 3 - 5 - 1 - 6 - 8

4Prix de Longchamp...................... 14 h 15Course E - 3 et 4 ans15 000 € - 2 300 m - Premier peloton

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

S. Chinchilla N. Leenders 1 LUCKYDOM - A H4 60 7 A. BourgeaisAdolf Renk B. Renk 2 BIG NELSON H4 60 10 S.-M. LaurentM. Cailler M. Cailler 3 GRAZIE MILLE H4 58 6 C. GrosboisEc. Un Crin d’Or F. Lemercier 4 SHOULD I DREAM H3 58 8 Alex. RousselP.-L. Guerin P.-L. Guerin 5 LE BROSSILLON H4 55,5 15 S. ChuetteS. Adet S. Adet 6 CERISE D’AVRIL - A F4 57,5 12 A. BernardH.H. Aga Khan A. Royer Dupré 7 SAGAMIYNA F3 56,5 3 Alexis BadelE. Haye M. Blanchard-J. 8 DÉMONIXIA - A F4 56,5 13 V. VionJ.-Y. Lepage J.-Y. Lepage 9 VICI F4 54 5 G. Le DevehatA.-C. Trouvé A.-C. Trouvé 10 LA CANOPÉE F4 56,5 9 S. Martino

11 SAYYAD NON PARTANTEc. Cerdeval A. Couétil 12 MELCHIEF M3 56 2 A. FouassierB. Le Roux F. Lemercier 13 SILVER HEAT - A M3 53,5 4 L. BoisseauS. Renaud S. Renaud 14 BALLYFRESNE - O H3 56 14 Y. BarilleJ. Aisbitt J.-E. Hammond 15 RODELINDA F3 54,5 11 A. Hamelin

M. Crochard : 7 - 4 - 6 - 15 - 2 - 3 - 12 Gentleman : 7 - 6 - 2 - 13 - 15 - 4 - 3S. Flourent : 7 - 2 - 6 - 3 - 4 - 15 - 1

5Prix Reine Bérengère...................14 h 45Cavalières - Course E - 5 ans et plus12 000 € - 2 300 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

J.-M. Baudrelle J.-M. Baudrelle 1 TARA RIVER H6 63 6 M. PlatD. Bourillon D. Bourillon 2 KISSAVOS H9 59 12 M. BourillonEc. N. Taudon F. Grizon 3 STOCKHOLM EMERY H5 59 8 S. ThouvenotO. Fau N. Leenders 4 HAYA KAN H5 63 14 B. GuenetTh. Mercier Th. Mercier 5 BANCOMAT H7 63 10 J. MercierS. Bossert S. Bossert 6 LAYMAN JUNIOR - O H7 58 3 M.-L. BossertD. Riou D. Riou 7 STREET BOY - A H5 57 4 M. LemartinelEc. Victoria Dr. J.-Ph. Dubois 8 EASY DREAM H6 56 11 V. DuboisP. La Guillonnière C. Le Galliard 9 ULTRAJI H7 60 13 M. ArtuD. Le Geay D. Le Geay 10 REVANCHE DU RHEU H7 56 7 C. Le GlandE. Leray E. Leray 11 ARGENTIER H5 55 2 C. PoirierJ.-P. Domalain J.-P. Domalain 12 LOVING SONG - O F6 58,5 1 M. RollandoJ. Juillet W. Menuet 13 MESHADORA PELEM F7 53,5 5 T. MenuetP. Le Ponner P. Le Ponner 14 VALTARÉNA F6 55 9 F. Le PonnerT. Lemarié T. Lemarié 15 GARINSHA - O F8 53,5 15 L. Lenglart

M. Crochard : 4 - 9 - 8 - 1 - 11 - 3 - 5 Gentleman : 9 - 11 - 1 - 4 - 8 - 3 - 6S. Flourent : 1 - 2 - 5 - 6 - 8 - 3 - 12

2Prix Yves Lalleman...................... 13 h 15Course E - 3 et 4 ans15 000 € - 1 400 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

H.-A. Pantall H.-A. Pantall 1 FLASHEEN - A H3 58 4 F. VeronC. Dupuis C. Dupuis 2 FROYÈRES H4 55 3 G. Le DevehatN.-R. Wilson E-J. O’Neill 3 SWEET FONG H3 57 12 M. DelalandeBallymore Thor. M. Delzangles 4 PERFECT STRANGER F3 56,5 14 A. FouassierChevotel Rac. P. Brandt 5 A MAGIC TIGER M3 56 5 J. ClaudicJ. Cygler H.-A. Pantall 6 DARK ORBIT H3 52,5 6 L. DelozierE.A.R.L.Bony D et A-S Allard 7 MOONSKY WALKER H3 53,5 15 R. L-BellemainHaras Sablonnets F. Lemercier 8 MAREDSKAYA F4 56 7 M. AndrouinM.-P. Reichstein B. Renk 9 ZAFIRAH - A F4 56 10 St.M LaurentEcurie d’Haspel M.et S. Nigge (s) 10 ENARA - A F3 52 9 L. BoisseauEc. le Rossay P. Favereaux 11 GREAT CORA F3 54,5 2 S. BreuxHar.de la Perelle S. Wattel 12 GARCINIA F3 52,5 11 E. EtienneN.-F. Maslin G. Rarick 13 PALOMA DANCER F3 54,5 8 D. BreuxE. Nicoleau E. Nicoleau 14 ISET F3 54,5 1 S. MartinoS.-V. Tarrou S.-V. Tarrou 15 HAPPY VALLEY - A F3 55 13 Alex. Roussel

M. Crochard : 5 - 4 - 6 - 1 - 12 - 15 - 8 Gentleman : 4 - 9 - 3 - 1 - 5 - 15 - 6S. Flourent : 3 - 4 - 1 - 6 - 9 - 12 - 5

1 Prix des Hunaudières..................12 h 45Course G - 2 ans - Maiden15 000 € - 1 950 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

B. Angilletta G. Cherel 1 NOVEMBER RAIN H2 55,5 4 L. BoisseauBallymore Thor. A. Fabre 2 MAHARI M2 58 5 P.-C. BoudotG. Dufit H.-A. Pantall 3 BRANCAIO - O M2 58 11 F. VeronF. Fratini A et G. Botti (s) 4 FREE FROM DESIRE M2 54,5 2 P. BazireM. Gozlan P. Leblanc 5 DÉSINVOLTE M2 58 1 J. CabreO. Monnier A. Vetault 6 RIVERSOUL M2 58 12 J. ClaudicJ. Bourgeais J. Bourgeais 7 LADYSPEED F2 56,5 7 M. DelalandeA. Kurth Y. Barberot 8 CHIEF’S APP F2 56,5 9 A. FouassierA. Louboutin J.-V. Toux 9 ALEX DES FOSSES F2 56,5 6 Alex. RousselP. Cornou P.et F. Monfort (s) 10 MY AFFAIR LADY F2 54,5 3 Y. RoussetEc. Aigue Marine P. Chevigny 11 FÉLICITA F2 54,5 10 S. MartinoJ. Mérienne J. Mérienne 12 MISS ROMANTIQUE F2 54,5 8 J. Guillochon

M. Crochard : 2 - 1 - 3 - 9 - 8 - 4 Gentleman : 8 - 9 - 3 - 2 - 1 - 4S. Flourent : 2 - 3 - 1 - 8 - 9 - 10

1 Prix Henri Durrey.........................12 h 30Attelé - Course F18 000 € - 2 550 m - Autostart

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

J. Leroyer J. Leroyer 1 BEST DE VERRIÈRES H4 2550 N. BinetJ. Ains J. Ains 2 BELLISA VIENNOIS F4 2550 J. AinsJ.-M. Machet G. Rivière 3 BIG TOP GABINLEA H4 2550 F. CorbineauF. Delhal F. Delhal 4 BANCO DE LA ROUVRE H4 2550 J.-J. DelhalC. Pavone D. Cordeau 5 BOUCHON DU MEDOC M4 2550 D. CordeauF. Clozier F. Clozier 6 BAMBA DU PONT F4 2550 F. ClozierEc. G. Rautureau Y. Douin 7 BE HAPPY F4 2550 N. LangloisX. Thielens X. Thielens 8 BRUNE D’HAVAR. - P F4 2550 X. ThielensG. Sorieux G. Sorieux 9 BAMBINO DE MÉE - Q H4 2550 E. Audebert

10 BEAUJEU DE GUEH. - Q NON PARTANTEc. Richard Eric Y. Dousset 11 BABYLONE DANICA F4 2550 A. WielsR. Ouchar-Tourg. J. Paillé 12 BALADE DU CHARI - A F4 2550 J. PailléM.-X. Charlot M.-X. Charlot 13 BLASON DU VIVROT H4 2550 M.-X. CharlotJ. Séché J.-P. Lagenèbre 14 BOURBON PHIL - P H4 2550 J.-P. LagenèbreE. Gomez Y. Dousset 15 BELLE DE CORVEIL F4 2550 Y. DoussetJ.-M. Espagnolle G. Metzler 16 BEAUTIFUL BIRD H4 2550 M. Criado

M. Crochard : 7 - 4 - 3 - 8 - 9 - 16 - 12 Gentleman : 4 - 3 - 9 - 11 - 8 - 7 - 14S. Flourent : 7 - 3 - 8 - 14 - 1 - 4 - 13

2Prix Henri Durrey..................... 13 heuresAttelé - Course F18 000 € - 2 550 m - Autostart

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

D. Gevaux E. Buttigieg 1 BAGATELLE DU P. - P F4 2550 J.-A. ElipheD. Ansquer Y. Hurel 2 BOREV VEA M4 2550 Y. HurelA. Wilderbeek A. Wilderbeek 3 BAZAR DU BOULAY - Q H4 2550 J. ChavatteB.-R. Plaire B.-R. Plaire 4 BOUM CHALÉONNAIS H4 2550 D. BrossardEc. Augustin-N. R. Lacroix 5 BEST LADY F4 2550 R. LacroixG. Héritier G. Héritier 6 BICHE D’HILAIRE - Q F4 2550 G. HéritierG. Paillé G. Paillé 7 BIARROTTE GRAT. - Q F4 2550 A. PodioC. Feyte C. Feyte 8 BOGOTA DESBOIS - P F4 2550 C. FeyteJ. Séché J.-P. Lagenèbre 9 BOLÉRO D’ECAJEUL - P H4 2550 R.-W. DenéchèreG. Ruffato G. Ruffato 10 BORIANA DE VINDRAC F4 2550 G. RuffatoN. Priou P. Godallier 11 BAMBI CHALÉONN. - Q H4 2550 C. MignotF. Levesques D. Cordeau 12 BELLA DE GINAI - Q F4 2550 D. CordeauM. Pauly S. Barbedette 13 BLUETTE D’ISIS F4 2550 S. BarbedetteP. Chaussepied P. Chaussepied 14 BLACKSTORM BASLOIR H4 2550 F. JeanneauG. Gautier M. Criado 15 BALADE D’ENFER - A F4 2550 M. CriadoX. Guillot X. Guillot 16 BRAZ DE CRAVANS H4 2550 X. Guillot

M. Crochard : 8 - 6 - 3 - 4 - 9 - 16 - 5 Gentleman : 6 - 16 - 3 - 8 - 9 - 11 - 12S. Flourent : 1 - 3 - 6 - 8 - 14 - 12 - 9

3Prix Hippodrome de Toulouse....13 h 30Attelé - Course nationale - Course A40 000 € - 2 550 m - Autostart

TRIO - COUPLÉS - TRIO ORDRE - COUPLÉ ORDRE

Ecurie Duem K. Yemeloun 1 BLUE PASS M4 2550 F. MartyJ.-L. Yacono E. Prudhon 2 BOXING DAY H4 2550 M. CriadoG. Champié P.-M. Manceau 3 BRUN DE BENAC M4 2550 P.-M. ManceauJ-Et. Dubois E. Prudhon 4 BIXENTE H4 2550 D. BrossardG. Paillé G. Paillé 5 BOPAL DU BIJOU M4 2550 G. PailléMoratalla R.-W. Denéchère 6 BRÉTIGNY M4 2550 R.-W. DenéchèreEc. J.-A. Eliphe J.-A. Eliphe 7 BRISSAC - P M4 2550 J.-A. ElipheA. Babiel C. Feyte 8 BRAVO QUIRKY H4 2550 C. FeyteS.-M. Martin N. Langlois 9 BALADIN LUIS H4 2550 N. Langlois

M. Crochard : 6 - 7 - 2 - 1 Gentleman : 7 - 3 - 1 - 6S. Flourent : 6 - 7 - 1 - 2

6Prix Hipp. Beaumont-de-Lomagne.....15 h 8Attelé - Course nationale - Course A40 000 € - 2 550 m - Autostart

TIERCÉ - QUARTÉ+ - QUINTÉ+ - TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

S. Pommier Y. Vidal 1 ALBAN DU POITOU - Q M5 2550 Y. VidalG. Rahault N. Langlois 2 AL CAPONE H5 2550 N. LangloisM. Candillier N. Vimond 3 APRION - Q H5 2550 N. VimondM. Hanquier M. Hanquier 4 ASHINGA DU WALL. - Q F5 2550 M. HanquierM. Bourdon M. Criado 5 ARGINIO DES GOD. - Q M5 2550 M. CriadoEc. Saint-Hilaire D. Cordeau 6 ARIBO MIX H5 2550 D. CordeauEc. Didier Louis D. Cordeau 7 A NOUS BOSDARR. - Q H5 2550 S. Larduinat-D.R.-W. Denéchère R.-W. Denéchère 8 ASTRE D’OR H5 2550 R.-W. DenéchèreEc. J.-A. Eliphe J.-A. Eliphe 9 ART DU BOS (E1) H5 2550 S. RomeroP. Lourmière D. Brossard 10 ATHOS DE MARLAU H5 2550 D. BrossardB. Goetz B. Goetz 11 APOLLON MORAIRA - Q H5 2550 B. GoetzEc. J.-A. Eliphe J.-A. Eliphe 12 ALBANO BELLO (E1) H5 2550 J.-A. ElipheG. Paillé G. Paillé 13 AMOUR ROYAL H5 2550 G. PailléEcurie Initial R. Le Creps 14 ACTRICE DE CERISY - Q F5 2550 R. Le CrepsN. Mathias N. Mathias 15 ANGIE CASH F5 2550 N. MathiasA. Chère B. Goetz 16 AU TEMPS DUBONH. - Q H5 2550 J. Chavatte

M. Crochard : 8 - 2 - 3 - 5 - 6 - 1 - 10 - 4Gent leman : 8 - 12 - 16 - 3 - 7 - 2 - 5 - 6S. Flourent : 8 - 3 - 10 - 5 - 7 - 2 - 1 - 15

5Prix Agri 33..................................14 h 30Attelé - Apprentis et lads-jockeys - Autostart20 000 € - 2 550 m - Course E

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

G. Héritier G. Héritier 1 SYMPHONIE DU LYNX F9 2550 P. GapteauT. Le Floch T. Le Floch 2 ULSTER NEMO - P H7 2550 M. HoualEcurie de l’Iton H. Levesque 3 UPLAND DE L’ITON Q H7 2550 T. LevesqueJ. Sap J. Sap 4 TOCKEUR D’OCQUE - P H8 2550 L. LachèreM.-X. Charlot M.-X. Charlot 5 TEXAS HAUFOR H8 2550 M. BlotG. Cardine G. Cardine 6 STARKY DU COTTEL. - A H9 2550 V. PoupiotA. Dubert A. Dubert 7 THÉMIS COPAISE - Q F8 2550 L. BaudouinR. Westerink R. Westerink 8 UMOKO M7 2550 D. BertrandA. Hubert A. Hubert 9 UP AND GO H7 2550 A. SchnabelB. Goetz B. Goetz 10 TELFANTO DE COUD. (E1) H8 2550 C. MignotEc. N. Langlois N. Langlois 11 UNE ZARKAVA F7 2550 A. WargnierA. Wilderbeek A. Wilderbeek 12 SHARIF BOKO H9 2550 A.-L. PelletierB. Goetz B. Goetz 13 SIRIUS DE B. A. - Q (E1) H9 2550 P. Le MoelD. Benchetrit Y.-M. Desaunette 14 TÉNOR D’YLÉA - P H8 2550 P.-L. DesaunetteEc. R. Maurice D. Cordeau 15 TIDUMÉE F8 2550 J. CordeauL. Roussel J.-F. Senet 16 TARAHUMARA - P H8 2550 N. Senet

M. Crochard : 3 - 9 - 5 - 4 - 8 - 7 - 14 Gentleman : 3 - 13 - 2 - 8 - 4 - 7 - 16S. Flourent : 14 - 9 - 3 - 2 - 8 - 7 - 13

4Prix de l’Hippodrome d’Agen..14 heuresAttelé - Cse nation. - Course A30 000 € - 2 550 m - Autostart

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

G. Veyrac E. Prudhon 1 CHERRY DU VALLON F3 2550 D. BrossardN. Semeillon S. Bouisson 2 CITY DU PADOUENG F3 2550 S. BouissonC. Forte E. Prudhon 3 CERRINE DU BOSCAIL F3 2550 M. CriadoF. Levesques D. Cordeau 4 CALVIA F3 2550 D. CordeauD. Collin M. Hanquier 5 CŒUR DE DYPP M3 2550 M. HanquierF. Marty G. Marty 6 CAVALIER D’AVRIL H3 2550 F. MartyJ.-C. Porche N. Langlois 7 CRISTAL DES BAUX H3 2550 N. LangloisG. Barny F. Jeanneau 8 COCKTAIL DE DUSSAC M3 2550 F. JeanneauG. Lemière G. Lemière 9 COLT DU DROPT H3 2550 A. HonoréE. Kopinski J.-A. Eliphe 10 CYRIANA BELLA F3 2550 J.-A. ElipheG. Champié P.-M. Manceau 11 CALINO PÉNÈME M3 2550 P.-M. ManceauMoratalla R.-W. Denéchère 12 CAPTAIN AVENTURE M3 2550 R.-W. DenéchèreC. Feyte C. Feyte 13 CLINT D’AMBRI H3 2550 C. FeyteJ.-C. Delort G. Metzler 14 CORA DE MACAYRAN F3 2550 N. VimondG. Hilaire J. Asselie 15 CRAZY HORSE M3 2550 J. AsselieJ. Paillé J. Paillé 16 COUDETA D’HÉRIPRÉ F3 2550 J. Paillé

M. Crochard : 3 - 10 - 2 - 7 - 4 - 1 - 5 Gentleman : 8 - 11 - 1 - 7 - 2 - 4 - 9S. Flourent : 11 2 - 4 - 3 - 1 - 9 - 12

8Gd Prix Baron d’Ardeuil AOC Buzet...16 h 15Attelé - Course E24 000 € - 2 650 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

J.-C. Vierge M.-P. Marie 1 UN PETIT PIRATE H7 2650 B. VanackerM. Constantin M. Constantin 2 VOLCAN DE MONE H6 2650 M. ConstantinG. Gautier M. Criado 3 APACHE D’ENFER H5 2650 M. CriadoO. Cuzzupoli M.-P. Marie 4 VRÉDITH F6 2650 M.-P. MarieN. Duveau M. Duveau 5 TACT VRIE H8 2650 M. DuveauG. Hilaire E. Audebert 6 VICTORIEUSE F6 2650 E. AudebertEc. S. Marmion S. Marmion 7 VALEUR GÈS - Q F6 2650 S. MarmionL. Debayles D. Lebois 8 TÔT OU TARD - A H8 2650 J.-A. ElipheJ. Bodin J. Bodin 9 TATIE DU CANTER - A F8 2650 D. BrossardP.-F. Pentecôte R.-W. Denéchère 10 AVENIR D’OR H5 2650 R.-W. DenéchèreF. Théron O. Paillard 11 TONIA RUSH F8 2650 J. ChevreuxJ. Paillé J. Paillé 12 TIP TOP D’ANJO M8 2675 J. PailléS. Larduinat-D. D. Cordeau 13 UPSOS DE GUEZ - Q H7 2675 D. CordeauJ. Cottel B. Goetz 14 VERMEIL DU LOISIR - Q H6 2675 B. GoetzH. Bazin F. Clozier 15 TICIA DU BOCAGE F8 2675 F. ClozierB.-R. Plaire B.-R. Plaire 16 VICTORIA DE MARZY F6 2675 B.-R. PlaireEc. Franck Pellerot F. Pellerot 17 VERTIGE DE CHENU - A H6 2675 P. PellerotJ.-E. Thuet J.-E. Thuet 18 VERZEE CARISAIE F6 2675 J.-E. Thuet

M. Crochard : 10 - 18 - 17 - 14 - 13 - 16 - 7 - 2 Gentleman : 2 - 6 - 7 - 9 - 14 - 10 - 17 - 18S. Flourent : 14 - 17 - 10 - 18 - 13 - 16 - 6 - 9

7 Prix de Cagnes-sur-Mer..............15 h 40Monté - Course européenne - Course F22 000 € - 2 650 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ O. - 2SUR4 - CLASSIC TIERCÉ

M. Grolier M. Grolier 1 ASLY DE FLORANGE H5 2650 M. GrolierM. Pauly S. Barbedette 2 TOPAZE CILAO F8 2650 T. CouvrechelM. Viel M. Viel 3 USTAR D’AUVRECY H7 2650 H. GuérotB. Marini Y. Hurel 4 APÉRO CHENEVIÈRE H5 2650 M. CantinL., M. Uggla Hold. Lutfi Kolgjini 5 VALETTA STRIX F5 2650 M. BacsichStall Pershion P.-G. Norman 6 MYSTERY LOVE M6 2650 S. LiitiäinenA. Randon A. Randon 7 VIRGINIE DU PONT - Q F6 2650 A. BarthélemyG. Paillé G. Paillé 8 VAILLANT WINNER H6 2650 A. PodioJ. Bordenave Y. Henry 9 ULTRA MIX H7 2650 C. ThéaultT. Mounie G. Metzler 10 URSULA SIRAULT F7 2650 C. SaoutEc. J.-F. Popot J.-F. Popot 11 URAGAN H7 2650 J. LehericeyEc. J.-P. Marmion J.-P. Marmion 12 TEREL H8 2675 A. WielsEc. Franck Pellerot F. Pellerot 13 UMBRELLA DE CH. - Q F7 2675 N. PachaM. Denisot D. Cordeau 14 ULF DU REVERDY F7 2675 M. HoualP.-G. Marie N. Langlois 15 TOLBIAC H8 2675 D. LaisisP. Raquin J. Paillé 16 MORENO D’ASOLO - Q M9 2675 M. BlotF. Delanoë F. Delanoë 17 TOSSARI - A H8 2675 P. GapteauMoratalla R.-W. Denéchère 18 USIRIO M7 2675 R. JolyN. Semeillon S. Bouisson 19 SAPHIR DU GÎTE - P H9 2675 C. GazengelC. Groult L. Delestre 20 SLOW DE GODIN. - Q H9 2675 J.-B. Lelièvre

M. Crochard : 13 - 6 - 18 - 4 - 7 - 5 - 19 Gentleman : 6 - 5 - 11 - 13 - 19 - 7 - 3S. Flourent : 5 - 11 - 7 - 13 - 4 - 6 - 18

9Prix André Carrus........................16 h 45Attelé - Course G16 000 € - 2 650 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

F. Clozier F. Clozier 1 VAS Y MON KIKI H6 2650 F. ClozierC.-M. Rambert-L. J.-A. Lamaison 2 VIRGIL GRAND PRÉ H6 2650 T. CouvrechelJ.-J. Beausse J.-J. Beausse 3 VICTORIA DE MARC. - Q F6 2650 M. CriadoN. Catherine D. Cannillo 4 VIRTUOSE VOLO H6 2650 B. SavoyeEcurie Ginkgo J. Asselie 5 VINCENZO AUGEN. - Q H6 2650 J. AsselieR. Joly R. Joly 6 VIVALDI D’ANJOU H6 2650 R. JolyM. Candillier N. Vimond 7 VENDANGEUR - A H6 2650 N. VimondM. Blanc M. Blanc 8 VAHINÉ DE FAUV. - Q F6 2650 M. BlancJ.-M. Bernard J.-M. Bernard 9 VELOURS DARCHE - P H6 2650 D. BrossardJ.-F. Senet J.-F. Senet 10 VERY BEST OF TOM - P H6 2675 N. SenetI.-R. Billon J.-F. Popot 11 VERMEIL DE RIEZ H6 2675 A. PopotN. Semeillon S. Bouisson 12 VODKA FOR YOU F6 2675 S. BouissonB. Goetz B. Goetz 13 VAZOUILLIS - Q H6 2675 B. GoetzPatr. Martin Patr. Martin 14 VASCO DE LIGNY H6 2675 E. AudebertG. Portier F. Jeanneau 15 VÉNUS D’ÉVAILLES - Q F6 2675 F. JeanneauI.-P. Blanchon I.-P. Blanchon 16 VOYANCE DU RAVARY F6 2675 D.-G. ChavatteJ. Rivière J. Rivière 17 VRAIE BRILLOUARD - Q F6 2675 J. RivièreC. Clin C. Clin 18 VIVA YAD F6 2675 C. Clin

M. Crochard : 11 - 17 - 14 - 18 - 12 - 10 - 9 Gentleman : 9 - 1 - 13 - 12 - 11 - 18 - 17S. Flourent : 11 - 12 - 18 - 14 - 17 - 3 - 1

1re COURSE 1. Jolie Crickette (5), G.Ré, G. 5,80 P. 1,40 ; 2. Cadence d'Estruval(7), B. Lestrade, P. 1,30 ; 3. Bullrider (1), J.Tabary, P. 1,50 ; 4. Santa Amalia (8), J.Nattiez. Coup. gag. 5,90. Coup. pl. (5-7) : 2,40(5-1) 2,90 (7-1) 2,50. Trio (5-7-1) : 7,40.2e COURSE 1. Carminor (12), M. Farci-

nade, G. 9,50 P. 7,50 ; 2. Intrinsèque (4), D.Ubeda, P. 1,90 ; 3. Christmas In Usa (1), A.Renard, P. 2 ; 4. Robyx du Désert (6), S.Bigot. Cp. gag. 75,50. Coup. pl. (12-4) : 22,70(12-1) 25,90 (4-1) 4,20. Trio (12-4-1) : 126,10.3e COURSE 1. A Tout Propos (7),

N.-W. O'Driscoll, G. 36,60 P. 6,70 ; 2. WallyWillong (4), T. Cousseau, P. 5,10 ; 3. Sibiril

HIER À COMP IÉGNE

QUINTÉnEN RAISON des attaques terroristes, lescourses d’hier à Saint-Cloud ont étéannulées, et il n’y a pas donc pas eu dequinté. De même, la réunion de Laval a étéannulée, tout comme la réunion de cetaprès-midi sur l’hippodrome d’Auteuil. Lequinté dominical se disputera à huis clos àBordeaux-Le Bouscat dans la 6e .

(6), J. Morel, P. 2,10 ; 4. Baby Madrik (1), A.Champenois. Coup. gag. 179,80. Coup. pl.(7-4) : 41,60 (7-6) 19,20 (4-6) 12,30. Trio(7-4-6) : 293,50. Tous Couru 4'33"06 ().4e COURSE 1. Surname (8), W. De-

nuault, G. 3,60 P. 1,90 ; 2. Vol de Brion (1),A. Brunetti, P. 4,40 ; 3. Unechtimix (2), T.Blainville, P. 3,50 ; 4. Clétie de Teillée (5),A. Cardine. Coup. gag. 28,70. Coup. pl. (8-1) :10,40 (8-2) 9,60 (1-2) 21,60. Trio (8-1-2) :135,60. NP 14 Laisse Les Dires.5e COURSE 1. Great Alana (2), A.

Masson, G. 37,60 P. 8,30 ; 2. Dwinabad (10),J. Rey, P. 1,70 ; 3. Viva Brasilia (16), J.-C.Gagnon, P. 3,10 ; 4. Acropoli (6), D. Ubeda.

Cp. gag. 56,90. Coup. pl. (2-10) : 19,60 (2-16)55,50 (10-16) 6,60. Trio (2-10-16) : 233,20.6e COURSE 1. Olcani (15), S. Paillard,

G. 28,50 P. 7,70 ; 2. Ulla Banba (14), F.Giles, P. 4,90 ; 3. Voilabel (13), W. Denuault,P. 6,70 ; 4. Votre Plaisir (12), A. Gasnier.Coup. gag. 147,70. Coup. pl. (15-14) : 37,90(15-13) 38,60 (14-13) 33,20. Trio (15-14-13) :449,20. Non partant 9 Ulysse de Mai.7e COURSE 1. Nina Nana (11), M.

Daubry-Barbier, G. 18,70 P. 4,50 ; 2. PullMarine (7), N. Gauffenic, P. 4 ; 3. Super Bal(10), M. Bréand, P. 3,50 ; 4. Big Nitwit (13),J. Rey. Cp. gag. 116,10. Coup. pl. (11-7) : 28,80(11-10) 20,90 (7-10) 21,10. Trio (11-7-10) : 261.

Entraîneurs à suivreD. Cordeau - N. Langlois

Drivers à suivreM. Criado - D. Brossard

Nos sélectionsGagnante : (608) Astre d’OrPlacée : (814) Vermeil duLoisir

Corde à droite

Dernière heureBlason du Vivrot -Bogota Desbois - BluePass - Calvia - UlsterNemo - Aprion -Uragan - Victorieuse -Viva Yad

Entraîneurs à suivreH.-A. Pantall - Y. Barberot

Jockeys à suivreA. Roussel - P.-C. Boudot

Nos sélectionsGagnante : (407)SagamiynaPlacée : (501) Tara River

Etat probable duterrainTrès souple

Dernière heureBrancaio - Dark Orbit -Dylar - Big Nelson -Easy Dream - OldChap - Colibri -Calasiris

7 Prix Useful....................................15 h 55Plat - Mâles - Chevaux AQPS- Course G11 000 € - 2 300 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

P. Chemin P. Chemin 1 CONTE MALTAIX (E1) H3 64 6 F. VeronN. Devilder N. Devilder 2 CHEF DES OBEAUX H3 64 7 J. CabreA.-N. Dutertre L. Viel 3 CYRANO VALLIS H3 64 2 Y. RoussetEc. Mirande I. Pacault 4 CAREFREE - A H3 64 3 Y. GadbledGold and Blue EetG Leenders 5 CALIXEL - A H3 64 8 P.-C. BoudotJ. Planque J. Planque 6 COLIBRI H3 64 9 Alex. RousselP. Chemin P. Chemin 7 CRAK DE LA CHENEAU (E1) H3 62 10 M. DelalandeEc. Bred To Win Sc Pat. Quinton 8 CYRNAME H3 62 1 J. GuillochonP. Journiac P. Journiac 9 CHELSEA DE SÈVRES H3 62 4 L. BoisseauP. Papot L. Viel 10 CLINDŒIL DU MAQUI H3 62 5 A. Fouassier

M. Crochard : 2 - 6 - 4 - 5 - 10 - 3 Gentleman : 6 - 2 - 4 - 5 - 3 - 10S. Flourent : 5 - 4 - 6 - 10 - 2 - 3

8Prix Chef de Clan.........................16 h 25Plat - Femelles - Chevaux AQPS - Course G11 000 € - 2 300 m

TRIO - COUPLÉS - COUPLÉ ORDRE - 2SUR4

M.-F. Besnard P. Bourgeais 1 CHANEL DU GÎTE F3 64 8 S.M LaurentJoël Boisnard Joël Boisnard 2 CARLA DES PLAGESF3 64 3 C. GrosboisA. Clément A. Clément 3 CALASIRIS F3 64 1 A. ClémentN. Devilder N. Devilder 4 CÎME DES OBEAUX F3 64 2 J. CabreEc. Cerdeval A. Vetault 5 CALIE DU MESNIL F3 64 7 J. ClaudicP. Papot P. Peltier 6 CŒUR D'ALLEN - A F3 64 6 P.-C. BoudotL. Viel L. Viel 7 COQUINE MÔME F3 64 11 A. FouassierJ.-C. Werle J.-C. Werle 8 CHOUPA CHOUPES F3 64 10 A. WerléA. Bidon A. Bidon 9 CORÊVA DELONGCHAMP F3 62 9 Y. RoussetP. Chemin P. Chemin 10 CRISTALINE DU REPA F3 62 4 M. DelalandeG. Rocton B. Letourneux 11 COQUETTE MÔME F3 62 5 M. Androuin

M. Crochard : 4 - 2 - 5 - 6 - 3 - 7 Gentleman : 5 - 2 - 7 - 6 - 3 - 4S. Flourent : 2 - 3 - 5 - 4 - 6 - 7

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Retrouvez les résultats et les rapports de laréunion de Toulouse sur notre site Internet.

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Page 44: Le Parisien Du Dimanche 15 Novembre 2015

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INTERACTIFAttentats à Paris : 40minutesde foliemeurtrière

S u r www. l e p a r i s i e n . f r

Dimanche 15 novembre

Pluies et vent de la Bretagne aux Ardennesen passant par les côtes de la Manche, soleilaprès dissipation des brouillards matinauxau sud de la Loire, ce dimanche de mi-no-vembre reste toutefois agréable, grâce à ladouceur des températures. Revers de lamédaille pour ceux qui auront plus de soleildans la journée : soirée et nuit, sous un cielclair, leur rappelleront que l’hiver approche.ÎLE-DE-FRANCE ET OISE. Après unematinée très grise, le ciel devient pluslumineux puis s’éclaircit franchementl’après-midi. Avec des températures àl’unisson, un peu de lumière et de douceurne feront de mal à personne dans ce contex-te lourd…

Cœur. Vous manquerez de dynamismeaujourd’hui ! Réussite. Vous ne ferez pas tou-jours preuve de diplomatie au travail. Forme.Faites un petit régime.

Laura Smet, 32 ans (actrice). Jenifer, 33 ans (chanteuse).

BELIER 21 mars - 20 avril

Votre avenir?Des experts vous répondent au 01 58 57 25 72

VOTREHOROSCOPE

par ALEXANDRA MARTY

Cœur. Vous ne retiendrez pas votrecolère aujourd'hui. Réussite. Des prises decontacts ouvrent de nouvelles perspectives d'ave-nir. Forme. Bonne résistance dans l'ensemble.

TAUREAU 21 avril - 20 mai

Cœur. Votre charme fera bien desenvieux. Réussite. Vous allez redoubler d'efortspour maintenir votre activité. Mais attention, n'ylaissez pas votre santé. Forme. Bonne résistance.

GEMEAUX 21 mai - 21 juin

Cœur. Ne vous mettez pas à lirtersous le nez de votre partenaire. Réussite. Créa-tif en diable, vous pourrez mettre sur pied desprojets originaux et ambitieux. Forme. Bonne.

CANCER 22 juin - 22 juillet

Cœur. Les amours sont au beau ixe,vous voyez l'avenir en rose. Réussite. Vous aurezl'occasion de prouver que vous avez une vue d'en-semble utile à tous. Forme. Bon moral.

LION 23 juillet - 22 août

Cœur. Vous pourrez compter sur l'êtreaimé pour vous soutenir moralement. Réussite.Une formation professionnelle pourrait vous ten-ter. Forme. Maux de tête.

VIERGE 23 août - 22 septembre

Cœur. Ne vous laissez pas inluencerpar les discours qui viennent de tierces personnes.Réussite. Vous aurez du mal à vous concentrersur votre travail. Forme. Nervosité.

BALANCE 23 sep. - 22 oct.

Cœur. Vous proiterez de chaquemoment passé aux côtés de votre bien-aimé.Réussite. Vous êtes débordé par vos nom-breuses responsabilités. Forme. Excellente.

SCORPION 23 oct. - 21 nov.

Cœur. Vous aurez l'occasion de vousmontrer sous votre jour véritable. Réussite. Voustravaillerez en bonne entente avec vos collabo-rateurs. Forme. Buvez beaucoup d'eau.

SAGITTAIRE 22 nov. - 20 décem.

Cœur. Le grand amour pourrait se pré-parer à faire irruption dans votre vie... Réussite.Vous devez montrer plus de souplesse si vousvoulez parvenir à vos ins. Forme. Nervosité.

CAPRICORNE 21 décem. - 19 jan.

Cœur. Vous serez victime de quelquesdésillusions. Réussite. Vous devrez faire preuved'un grand sérieux et d'une parfaite maîtrise dessujets. Forme. Mauvaise digestion.

VERSEAU 20 janvier - 18 février

Cœur. En famille, vous vous montrerezparticulièrement généreux et attentionné, enfamille. Réussite. Vous avez le sentiment d'êtrefreiné dans vos activités. Forme. Allergies.

POISSONS 19 février - 20 mars

Le baromètre de l’amourScorpion : Vous saurez comment ne pas perdreune minute ! Verseau : Vous ne serez pas toujourssatisfait de certaines situations.

Bon anniversaire

La météo, c’esttoutes les ½ heuresentre 4h30 et 9h30

APPLI MÉTÉOEN FRANCE

Unpeudedouceur…

LAQUESTIONDU JOURAprès les attentats de Paris,avez-vous changévos habitudes ?

RÉPONSEÀ LAQUESTIOND’HIERLe réchauffementclimatiquevous inquiète-t-il ?

OUI : 41,6%

NON : 58,4%

1 137 internautes ont voté

Il joue « Imagine » au pianodevant le Bataclan

(DR.)

ENVIDÉORecueillement à Paris :« Montrer qu’on est fortset encore debout »

(LP/Georges

Guillaume.)

Lundi 16 novembre Mardi 17 novembre Mercredi 18 novembre

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