A la question de savoir si le pas-sage aux normes IAS/IFRS a unimpact sur le tableau des flux detrésorerie, certains répondent qu’ils’agit d’un faux problème, dans lamesure où la trésorerie est unedonnée théoriquement insensibleaux règles et méthodes comptablesretenues pour l’établissement desétats financiers.

La réalité est un peu différente ; eneffet, la détermination des flux detrésorerie opérationnels résulted’une approche indirecte utilisant,comme point de départ de l’ana-lyse, le résultat net qui, lui, subit lesnombreuses conséquences duchangement de référentiel.

Quelques illustrations desimpacts du changement deréférentiel comptable

Les entreprises émettant des stock-options doivent désormais enregis-trer dans leurs charges de person-nel la juste valeur des stock-options,ce qui se traduit par une détériora-tion du résultat net, avec pourcontrepartie directe une augmenta-tion équivalente des capitauxpropres ; ce type d’écriture, assezinhabituel pour les entreprises fran-çaises, est sans impact sur la tréso-rerie et se résume à un reclasse-ment interne aux capitaux propres.Ces charges de personnel sont pré-sentées, sur une ligne spécifique dela partie haute du tableau, pourexpliquer le passage entre le résul-tat net et le montant des flux de tré-sorerie opérationnels.

Par ailleurs, le résultat net prend encompte les variations de justevaleur de certains instrumentsfinanciers (valeurs mobilières deplacement, instruments de couver-ture de juste valeur…) et de cer-taines immobilisations (immeublesde placement…) ; ces variations,sans impact sur la trésorerie, et tra-duisant des plus-values ou desmoins-values latentes, doivent éga-lement être isolées sur une lignespécifique dans la partie haute dutableau des flux de trésorerie.

Un impact sur l’endettement financier net

Les groupes qui présentent l’endet-tement financier net sont affectéspar le passage aux normes IAS/IFRS. En effet, ce solde, déterminéselon ces nouvelles normes, risquede différer de celui résultant de l’ap-plication des textes français ; lesentreprises émettant des obligationsconvertibles en actions doivent ins-crire dans les capitaux propres lajuste valeur de l’option de conver-sion, ce qui réduit d’autant le mon-tant de l’endettement financier.

Les charges financières liéesaux instruments hybrides

Les entreprises se trouvant danscette situation doivent enregistrerdes charges financières correspon-dant aux charges théoriques, supé-rieures à celles d’obligationsconvertibles, qu’elles supporteraientsi elles émettaient des obligationsclassiques. La dégradation consé-

cutive du résultat net n’a pas d’inci-dence sur la trésorerie, le paiementdes intérêts demeurant calculé surles bases contractuelles; le surcroîtde charges financières constitueune charge calculée qui fait l’objetd’une élimination sur une ligne spé-cifique pour expliquer le passageentre le résultat net et le montantdes flux de trésorerie opérationnels.

Les recommandations de lanorme IAS 7

La norme IAS 7 encourage la pré-sentation des flux de trésorerieselon l’approche directe visant, parexemple, à identifier les encaisse-ments des clients et les décaisse-ments aux fournisseurs. Cetterecommandation, très éloignée dela pratique générale, a peu dechances d’être suivie.

Par ailleurs, la norme IAS 7 exigeque soient présentés, de manièredistincte, les impôts et les fraisfinanciers décaissés au cours del’exercice, sans, pour autant, que cetype d’informations revête un quel-conque intérêt pour l’utilisateur desétats financiers.

En définitive, et sous réserve dequelques aménagements de présen-tation, surtout liés à certainesnormes (IFRS 2 relative aux paie-ments en actions, IAS 32 et IAS 39relatives aux instruments finan-ciers), l’application des normesIAS/IFRS ne doit pas bouleverserla physionomie générale du tableaudes flux de trésorerie. ●

La lettre du trésorier N°223 / / Mars 2006 23

Le passage aux normesIAS/IFRS a-t-il un impact sur letableau des flux de trésorerie ?

C O M P T A B I L I T É

Par Xavier Paper, associé, Paper Audit & Conseil