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INVESTISSEMENT AGILE DES PROJETS RIGIDES A LAGILITE DE LINVESTISSEMENT La ligne directrice pour comprendre et agir Table des matières 3 Résumé décideurs 5 Enjeu et plan 7 1. Comprendre d’où on vient 9 2. Comprendre où on va 13 3. Comprendre la ligne directrice 19 4. Sécuriser l’avancement 35 Le Portefeuille d’Etudes Les solutions sur les sujets de fond à l’attention des décideurs, managers et cadres Recherche appliquée indépendante MOe et MOa en informatique d’entreprise Yphise Nous voulons réussir le défi de l’informatique agile Transformation du travail Investissement agile Transformation devops Transformation digitale Gouvernance informatique

Le Portefeuille d’Etudes · A l’inverse, une pensée stéréotypée n’est pas étrangère à nombre de difficultés. Construire cette pensée nécessite du recul et du temps,

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INVESTISSEMENT AGILE

DES PROJETS RIGIDESA L’AGILITE DE L’INVESTISSEMENT

La ligne directrice pour comprendre et agir

Table des matières 3

Résumé décideurs 5

Enjeu et plan 7

1. Comprendre d’où on vient 9

2. Comprendre où on va 13

3. Comprendre la ligne directrice 19

4. Sécuriser l’avancement 35

Le Portefeuille d’EtudesLes solutions sur les sujets de fond à l’attention des décideurs, managers et cadres

Recherche appliquée indépendante MOe et MOa en informatique d’entreprise

Yphise Nous voulons réussir le défi de l’informatique agile

Transformationdu travail

Investissementagile

Transformationdevops

Transformationdigitale

Gouvernanceinformatique

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« Je suis fascinée par la puissance de ce quin’a pas de forme : le vent, l’eau et la pensée »

Anita Conti

Anita Conti est à la fois aventurière, océnanographe et femme de lettres du XXème siècle.

Toute organisation est confrontée à des enjeux de changement qu’elle a du mal à réaliser, tant

freinent le quotidien, les habitudes, les situations établies, l’usure du temps et les craintes.

Pour réussir l’action, il faut d’abord une pensée qui établit une vision et réfléchit les moyens de sa

concrétisation.

Anita Conti nous rappelle à juste titre à quel point une pensée puissante peut faire bouger les choses.

Elle nous suggère aussi que sans cette pensée, l’effort sera vain ; que comme le vent et la mer

peuvent aussi ravager, la pensée mal construite détruit.

Une pensée forte et construite, qui sait articuler en intelligence fins et moyens, est une condition

indispensable à la réussite de l'action en entreprise.

A l’inverse, une pensée stéréotypée n’est pas étrangère à nombre de difficultés.

Construire cette pensée nécessite du recul et du temps, largement inaccessibles au décideur,

manager ou cadre dans l’exigence de l’opérationnel. Le Portefeuille d’Etudes vous accompagne en

réalisant pour vous ce travail.

Ce que nous essayons de faire à chaque étude tient en quatre points.

− La réflexion de fond dont les managers et cadres ont besoin, sans avoir le temps de la mener.

− Les messages et solutions les plus simples, sans être plus simples que la complexité du réel.

− L’action opérationnelle en entreprise, sans débat théorique ou conceptuel inutile.

− Une dynamique de collaboration entre MOe et MOa, et entre les métiers d’une MOe.

www.yphise.com > le Portefeuille d’EtudesDirecteur : Xavier Flez

60 rue de la Folie Regnault - 75011 Paris - [email protected]

Décembre 2019

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Table des matières

Classement principal sur www.yphise.com

Investissementagile

Résumé décideurs 5

Enjeu et plan 7

1. Comprendre d’où on vient

1.1 Le fonctionnement 10

1.2 Les rôles 11

1.3 Une remarque sur la validité 12

2. Comprendre où on va

2.1 Le fonctionnement 14

2.2 Une logique d’adaptation 15

2.3 Les rôles 16

2.4 Ligne directrice 17

3. Comprendre la ligne directrice

3.1 Le business case 20

3.2 L’action agile 22

3.3 La transformation devops 24

3.4 Le mode projet 27

3.5 La gestion des services 30

3.6 Le cadrage de l’action 32

3.7 Le pilotage de la compétitivité 34

4. Sécuriser l’avancement

4.1 Le risque majeur 36

4.2 Une montée en puissance 37

4.3 La confusion des modes d’action 38

4.4 La logique d’adaptation 40

Chaque étude est rédigée pour être accessible à tout cadre, manager ou décideur en informatique, maitrise

d’œuvre (MOe) ou d’ouvrage (MOa), indépendamment de sa spécialité ou de sa responsabilité du moment.

Cette ouverture est une clé du développement professionnel de chacun et de la réussite collective.

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Synopsis thématique

Principaux sujets abordés et niveau.

Business case Compréhension de fond dans l’agilité de l’investissement.

aMOa opérationnel Id.

aMOa stratégique Id.

Propriétaire de produit Id.

Mode produit Id.

Mode projet Id.

Management des centres de

compétences

Id.

Nous recommandons de ressortir cette étude sur www.yphise.com en cas d’utilisation

plusieurs mois après sa date de parution : elle peut avoir fait l’objet de corrections ou

de petites modifications, notamment liées à des évolutions du Portefeuille.

Version 1.3

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5 © Yphise

Résumé décideurs

On vient d’une situation où l’investissement sur les systèmes d’information était affaire

de projets sélectionnés par un processus de mise au plan. On est aujourd’hui en pleine

transformation : on parle de business case, de mode produit, de remise en question des

projets ou encore d’aMOa stratégique ; le tout dans un cadre global visant l’agilité de

l’investissement.

Il est effectivement essentiel d’y voir clair afin de pouvoir ensuite descendre de manière

sûre dans la déclinaison opérationnelle qui convient à sa situation ; c’est pourquoi nous

vous proposons une ligne directrice.

Cette ligne directrice articule six rôles : aMOa stratégique, responsable de business

case, aMOa opérationnel, propriétaire de produit, chef de mode projet et service

manager. Chacun a une place précise dans la construction de l’agilité de l’investissement

sur les systèmes d’information.

La grande idée derrière tout cela est le passage d’un fonctionnement de l’investissement

centré sur une logique d’implémentation, à un fonctionnement conçu pour une logique

d’adaptation.

La logique d’implémentation fonctionne bien lorsqu’on sait détailler la solution dont on a

besoin et qu’il y a peu d’incertitudes dans la réalisation : le point de vue hyper dominant

pour assurer la maitrise est de planification, du « haut vers le bas ».

Mais aujourd’hui on demande à l’investissement sur les systèmes d’information bien

autre chose : on part d’un enjeu ou d’un objectif ; il faut alors avancer sur la création de

valeur, à la bonne vitesse, mais avec de nombreuses incertitudes ou inconnues qui font

qu’il faut agir progressivement et réagir à temps. Il faut en particulier faire très attention

à la bonne acceptation et appropriation des changements par les utilisateurs (user

experience). On est sur une logique d’adaptation, c’est-à-dire sur un enjeu d’agilité de

l’investissement.

Le grand piège est alors de basculer sur un fonctionnement simpliste qui consiste à

réaliser de temps en temps un paquet (ou lot) de changements à partir d’un flux continu

de demandes. On fait alors disparaitre un pan entier du professionnalisme de

construction et de pilotage des projets, avec en remplacement une notion déformée de

propriétaire de produit.

Ce piège est difficile à éviter car il donne dans un premier temps l’impression d’être agile,

jusqu’au moment où on s’aperçoit qu’on tourne en rond, sans avancer correctement là où

il faut, avec des conséquences de plus en plus sérieuses sur le fonctionnement et la

compétitivité de l’entreprise. C’est le constat de ce piège qui a amené cette étude et son

message clé : l’agilité de l’investissement est affaire d’excellence opérationnelle des rôles

de cette ligne directrice.

Une ligne directrice est toujours un peu indigeste : il s’agit de donner une vue d’ensemble

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6 © Yphise

qui amène de fait à manipuler un nombre relativement important de notions tout en

restant à haut niveau. Mais c’est indispensable pour descendre dans l’opérationnel de

manière sûre.

Nous avons ainsi essayé de dire dans cette étude l’essentiel afin de garder le caractère

synthétique. Mais cet effort a évidemment comme contrepartie de parfois schématiser : il

faut considérer cette étude comme un point d’entrée qui se concrétise par différentes

études du Portefeuille qui vont dans l’opérationnel des savoir-faire.

Nous vous invitons donc à entrer dans la ligne directrice de l’agilité de l’investissement,

afin de faciliter la réflexion nécessaire à la réussite de cette transformation.

Bonne lecture.

Yphise

Décembre 2019

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7 © Yphise

Enjeu et plan

Enjeu

Comment réussir l’agilité de l’investissement sur les systèmes d’information.

Résultat

L’enjeu d’agilité transforme en profondeur la manière d’investir sur les systèmes

d’information. Il repose sur six rôles : responsable de business case, aMOa opérationnel,

propriétaire de produit, chef de mode projet, service manager et aMOa stratégique.

La réussite nécessite d’y voir clair pour descendre de manière sûre dans la déclinaison

opérationnelle qui convient à son entreprise : il faut une ligne directrice.

Cette ligne directrice est d’abord présentée de façon très synthétique (2. Comprendre

où on va) ; un bref rappel d’où on vient aide sa compréhension (1. Comprendre d’où

on vient).

Elle est ensuite détaillée au niveau utile : c’est le cœur de l’étude (3. Comprendre la

ligne directrice).

Ce socle permet une prise de recul afin de sécuriser l’action (4. Sécuriser

l’avancement).

L’ensemble est présenté de sorte à faire immédiatement ressortir l’essentiel. Nous avons

à cet effet beaucoup travaillé la simplicité et la rapidité d’accès aux résultats par

l’utilisation systématique de schémas (18 schémas) et un texte à lire réduit ; un résumé

synthétique (encadré rouge) permet un accès immédiat aux points importants (16

encadrés rouges).

Cette étude constitue ainsi un point d’entrée de haut niveau ; il se décline en différentes

études du Portefeuille détaillant CHAQUE savoir-faire : elles sont référencées en note au

bon endroit.

Cette étude est rédigée à l’attention des décideurs et managers : atteindre l’agilité de

l’investissement nécessite une compréhension de fond partagée concernant la bonne

manière de procéder et les pièges à éviter. Elle établit ainsi un guide pour dynamiser et

contrôler cette transformation.

Cette étude s’adresse également à chaque professionnel, côté maitrise d’œuvre ou

d’ouvrage. Il est en effet important pour chacun de bien comprendre où on va afin de se

situer, agir de façon pertinente et motivante, et réussir son développement professionnel.

Cette étude concerne en particulier les professionnels des méthodes de l’informatique qui

doivent accompagner et animer le développement des compétences clés qui concrétisent

l’agilité de l’investissement.

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8 © Yphise

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9 © Yphise

1. Comprendre d’où on vient

1.1 Le fonctionnement

1.2 Les rôles

1.3 Une remarque sur la validité

CDC

Prj

Cahier des charges de la solution

Projet réalisant la solution

Plan de projets

D’où on vient

+ maintenance corrective et évolutive

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10 © Yphise

1. Comprendre d’où on vient

1.1 Le fonctionnement

CDC

Prj

Cahier des charges de la solution

Projet réalisant la solution

Plan de projets

D’où on vient - Le fonctionnement

L’investissement informatique est réalisé par un plan (ou portefeuille) de projets. Chaque projet

est défini par un cahier des charges décrivant la solution à réaliser.

+ maintenance corrective et évolutive

On vient d’un fonctionnement de l’investissement sur les systèmes d’information selon ce

schéma : des projets, chacun étant défini par la solution à réaliser ; avec une

macroplanification de ce portefeuille ou plan de projets au regard des ressources.

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11 © Yphise

1. Comprendre d’où on vient

1.2 Les rôles

D’où on vient - Les rôles

Un rôle est central : le chef de projet (1). Avec un gros travail de planification, coordination et

surveillance des interventions nécessaires des différents centres de compétences (2).

Progressivement est monté en importance l’aMOa, responsable en amont de l’analyse du besoin et

de l’établissement du cahier des charges (3) et en aval de la recette (UAT User acceptance

test) (4).

L’ensemble étant piloté par un processus de recueil des demandes, sélection, macroplanification et

surveillance des projets ; souvent sous le contrôle d’une entité dédiée (PMO Project management

office) (5).

Italique = un processus ou une entité de l’organisation

Piloter projetRéaliser projet

Planifier le résultat Planifier l’organisationPréparer projet

S C R Ve Va D

Responsabilité de l’aMOa

Intervention de l’aMOa

S Spécifier - C Concevoir

R Réaliser - Ve Vérifier (tester)

Va Valider (recetter) - D Déployer

3

4

1

2

5

aMOa

Chef de projet

Gestion du plan de projets

Centres de compétences

3 4

Ce fonctionnement se traduit par les dispositifs brièvement résumés ci-dessus : ceci est

établi depuis longtemps.

Le point clé à noter est que ces dispositifs traduisent un point de vue hyper dominant :

une logique de planification ; du « haut vers le bas » :

− la sélection et la macroplanification des projets au regard des ressources,

− la définition précise de la solution à réaliser par le projet en amont de son lancement,

− la conduite de chaque projet par une planification opérationnelle des interventions.

Dit autrement, on est sur un mode bureaucratique (ou administré).

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12 © Yphise

1. Comprendre d’où on vient

1.3 Une remarque sur la validité

En informatique, la charge de développement croit de manière exponentielle avec la complexité de

la réalisation. Une bonne planification de la charge repose donc sur la bonne appréciation de la

complexité ; ce qui est un défi souvent irréaliste.

En particulier, la complexité s’apprécie au regard de la compétence disponible ; la complexité

perçue peut en outre varier largement selon l’évaluateur.

Charge

faible

très forte

usuelle

forte

Complexité

de réalisation

usuelle fortefaible très forte

Il nous parait utile de rappeler ici que le mode bureaucratique est optimal lorsque

l’incertitude de réalisation est faible : on sait ce qu’il faut faire et comment faire pour y

arriver selon un budget et un délai définis. L’efficience repose alors sur la définition des

modes opératoires, la planification des ressources, et la surveillance du respect des

modes opératoires et de la planification.

A l’inverse, l’efficacité de ce mode s’écroule lorsque l’incertitude de réalisation augmente.

C’est ce que vivent quotidiennement les chefs de projet devant faire intervenir différents

centres de compétences. Ceux-ci ont du mal à tenir leurs délais parce qu’il leur est

souvent difficile d’apprécier précisément la complexité de ce qu’ils doivent réaliser et

qu’un petit écart de complexité peut avoir de grandes conséquences sur la charge.

On a alors l’effet boule de neige habituel sachant que ces centres de compétences sont en

général à ressources très contraintes : un délai non tenu par un centre de compétences

sur UNE réalisation pour UN projet se propage en s’amplifiant à TOUT le projet et à TOUS

les projets.

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13 © Yphise

2. Comprendre où on va

2.1 Le fonctionnement

2.2 Une logique d’adaptation

2.3 Les rôles

2.4 Ligne directrice

ActionEB

temps

BC vn

Action ActionEB

BC v1

Piloter la compétitivité

Contrôle de maitriseEB

Action

Expression de besoinBC Business case

Action agile : mode produit ou mode projet selon la circonstance

Réaliser un investissement

Où on va

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14 © Yphise

2. Comprendre où on va

2.1 Le fonctionnement

ActionEB

temps

BC vn

Action ActionEB

BC v1

Piloter la compétitivité

Contrôle de maitriseEB

Action

Expression de besoinBC Business case

Action agile : mode produit ou mode projet selon la circonstance

Réaliser un investissement

1

3 2

4

5Où on va - Le fonctionnement

L’investissement informatique casse, dans la mesure du possible, les gros projets en actions plus

petites correctement positionnées dans le temps (1).

Ce bon positionnement dans le temps vise à avancer au rythme permettant la meilleure création

de valeur compte tenu des incertitudes ; en particulier en évitant de fragiliser l’acceptation et

l’appropriation des changements par les utilisateurs.

Chaque action est conduite de manière agile ; ce qui signifie la conduite systématique des projets

en MODE projet (2) et la distinction lorsque pertinent d’un mode produit (3).

Le bon pilotage du business case amène à développer en temps utile l’expression de besoin

permettant de cadrer la ou les prochaines actions (4).

La construction et le cadrage des investissements se fait par une réflexion construite et continue

d’alignement du système d’information (5).

Nous avons rappelé d’où on vient ; voici où on va.

On va vers un fonctionnement selon ce schéma :

− la construction et le pilotage de business cases,

− au regard d’une réflexion identifiant les opportunités ou nécessités d’investir,

− avec une réalisation agile positionnant l’action utile au bon moment,

− cette action pouvant être en mode produit ou en mode projet selon la circonstance.

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15 © Yphise

2. Comprendre où on va

2.2 Une logique d’adaptation

service

Hyper

agilité Agilité Intégrité

métier système

implémentation adaptation

Le fonctionnement d’où on vient (old way) était centré sur une logique d’implémentation ; le

nouveau fonctionnement (new way) est centré sur une logique d’adaptation.

Le mode bureaucratique est efficient sur une logique d’implémentation. Une logique d’adaptation

nécessite de mettre de l’agilité partout.

L’évolution des systèmes d’information vers la recherche de compétitivité par des services à

l’utilisateur (transformation digitale) amène l’impératif de réussite d’une logique d’adaptation.

− Logique d’implémentation : on a un besoin, on l’analyse, on établit la solution, on conduit le

projet qui réalise cette solution.

− Logique d’adaptation : on a un enjeu ou un objectif ; il faut avancer sur la création de

valeur, à la bonne vitesse, mais avec de nombreuses incertitudes ou inconnues qui font qu’il

faut agir progressivement et réagir à temps. Il faut en particulier faire très attention à la

bonne acceptation et appropriation des changements par les utilisateurs (user experience).

Avant de détailler ce fonctionnement, il est utile de revenir sur ce qui l’amène.

On peut aborder cette transformation sous différents angles ; celui qui permet de donner

de la puissance à la réflexion se résume en deux mots : implémentation et adaptation1.

Le fonctionnement d’où on vient est centré sur une logique d’implémentation : on sait

détailler le fonctionnement cible d’un processus ; on conduit le ou les projets qui

l’implémentent.

Le nouveau fonctionnement est conçu pour une logique d’adaptation : on a un objectif de

valeur sur lequel il faut avancer à la bonne vitesse, sans précipitation susceptible de le

fragiliser dangereusement ; on est en situation incertaine, il faut savoir s’adapter

précisément aux événements, en particulier aux réactions des utilisateurs (internes ou

externes à l’entreprise).

L’adaptation est affaire d’agilité, c’est-à-dire de souplesse et d’intelligence dans le

temps : il faut une action fluide et à temps (just in time) qui soit cadrée par un objectif et

évaluée avec la fréquence utile pour sécuriser l’avancement.

1 Etude « Le défi de l’informatique agile ».

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16 © Yphise

2. Comprendre où on va

2.3 Les rôles

Où on va - Les rôles

La réalisation d’un investissement est un business case qui positionne dans le temps l’action utile

au bon moment (l’action juste). Il faut donc un responsable opérationnel de ce business case (1).

L’agilité de l’action amène à introduire un mode produit lorsque c’est pertinent ; ce qui amène le

rôle de propriétaire de produit (2). Lorsque l’action reste un projet, il faut conduire le projet en

MODE projet (3).

Cette agilité de l’action a pour enjeu déterminant la capacité des centres de compétences à

s’organiser, industrialiser ou déléguer pour tenir des délais, éventuellement très serrés ; il s’agit

concrètement d’arriver à maturité du rôle de service manager (4).

Le développement en temps utile d’une expression de besoin modifie le rôle d’aMOa (qualifié ici

d’opérationnel par distinction avec l’aMOa dite stratégique) (5).

Enfin, la construction et le cadrage des investissements amènent un rôle spécifique, souvent

appelé d’aMOa stratégique (6).

!Ce schéma distingue des rôles (un rôle = une mission + des savoir-faire). Il ne signifie

pas qu’il faut autant d’intervenants que de rôles : une personne peut porter plusieurs

rôles, successivement ou non, selon ce qui est raisonnable en la circonstance.

ActionEB

temps

BC vn

Action ActionEB

BC v1

Piloter la compétitivité

Action Action agile : mode produit ou mode projet selon la circonstance

Réaliser un investissement

15

6

2 34

1

2 3

4

5

6

Propriétaire de produit

aMOa stratégique

Service manager

aMOa opérationnel

Chef de mode projet

Resp business case

Le nouveau fonctionnement amène un développement précis de missions et savoir-faire,

c’est-à-dire de rôles.

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17 © Yphise

2. Comprendre où on va

2.4 Ligne directrice

aMOa

Chef de projet

Gestion du plan de projets

Centres de compétences

D’où on vient

Propriétaire de produit

aMOa stratégique

Service manager

aMOa opérationnel

Chef de mode projet

Resp business case

Où on va

Le rappel d’où on vient montre bien l’ampleur du sujet : il s’agit d’une transformation.

La ligne directrice de cette transformation est le développement harmonieux des six

rôles.

Détaillons cette ligne directrice.

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3. Comprendre la ligne directrice

3.1 Le business case

3.2 L’action agile

3.3 La transformation devops

3.4 Le mode projet

3.5 La gestion des services

3.6 Le cadrage de l’action

3.7 Le pilotage de la compétitivité

aMOa

Chef de projet

Gestion du plan de projets

Centres de compétences

D’où on vient

Propriétaire de produit

aMOa stratégique

Service manager

aMOa opérationnel

Chef de mode projet

Resp business case

Où on va

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20 © Yphise

3. Comprendre la ligne directrice

3.1 Le business case

ActionEB

temps

BC vn

Action ActionEB

BC v1

Cadrage

- les gains

- le scénario

- le financier

Pilotage

- les contrôles

- les actions

Business case vn

Responsable de business case

Le business case = un bon investissement = des gains et la capacité à les réaliser.

− Les gains = une construction des gains en privilégiant le quantitatif (plus de recettes ou

moins de charges) ; en recherchant les gains dits d’opportunité, sachant qu’au départ on

part souvent de contraintes.

− La capacité à réaliser les gains = le scénario répartissant les actions utiles dans le temps

permettant la maitrise de l’investissement = le changement juste.

Le socle est le rôle de responsable de business case avec deux savoir-faire fondamentaux :

construire des gains d’opportunité ; élaborer et piloter le scénario de la maitrise, c’est-à-dire du

changement juste.

Le changement juste = le changement utile au moment opportun = le changement

utile aux utilisateurs et qui permet des gains, sans fragiliser l’investissement par des

risques de réalisation informatique, d’appropriation par les utilisateurs ou

d’inadaptation aux événements.

L’idée fondamentale pour sécuriser un investissement en situation incertaine est

d’avancer progressivement. On cherche le bon positionnement dans le temps des

changements utiles : le changement utile aux utilisateurs2 et qui permet des gains, sans

fragiliser l’investissement par des risques de réalisation informatique, d’appropriation par

les utilisateurs ou d’inadaptation aux événements.

La clé est donc le changement juste : nécessaire et suffisant, et au bon moment. Cette

réflexion amène parfois à retarder un changement parce que le contexte amène un

2 Qui fait de la valeur à l’utilisateur ; on parle aussi de user experience.

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21 © Yphise

besoin de stabilité ; elle peut à l’inverse conduire à identifier et réaliser très vite un

changement en raison d’événements créant une opportunité ou une nécessité3.

Dans ce contexte, le pilotage se fait au regard d’une valeur, c’est-à-dire d’une cible en

terme de gains. La clé de la maitrise est de construire des business cases apportant des

gains quantitatifs significatifs.

Ceci nécessite un savoir-faire précis. Le point d’entrée d’un investissement informatique

est en effet souvent une contrainte : vieillissement d’une infrastructure, dégradation

d’une application, alignement sur la concurrence, réglementaire, etc. La construction d’un

bon investissement consiste alors à transformer cette contrainte en opportunité : on

cherche un cadrage ou un point de vue permettant des gains d’opportunité.

Nous insistons sur cette capacité à construire des gains d’opportunité : c’est LA condition

pour ne pas tomber dans le sous investissement en transformation digitale. Un

investisseur se caractérise par sa capacité à trouver des gains d’opportunité pour

construire de bons investissements en partant de contraintes ou d’une situation

médiocre. Il s’agit d’être un bon investisseur sur les systèmes d’information4.

Le socle du nouveau fonctionnement est donc le rôle de responsable de business case

considérant correctement le temps5 ; avec deux savoir-faire fondamentaux :

− construire des gains d’opportunité ;

− élaborer et piloter le scénario de la maitrise, c’est-à-dire du changement juste6.

3 La puissance des technologies informatiques fait qu’on peut rater complètement un investissement par un

mauvais dosage des changements amenés au regard de la capacité d’acceptation ou d’appropriation. Il est fini

le temps où il fallait avancer au maximum en UN projet en y mettant tout ce qui était faisable. Il faut au

contraire un discernement pour agir de manière circonstanciée.

4 Ou, si l’on préfère, un bon entrepreneur.

5 Historiquement la notion de business case est apparue associée à la notion de programme ; un programme

étant un ensemble de projets à séquencer dans le temps (notamment Val IT 2006). Cette notion de business

case en tant que réalisation d’un programme répartissant une charge en une séquence de projets, reste

valide ; mais on est aujourd’hui sur autre chose : un pilotage agile de gains, c’est-à-dire qui cherche le bon

changement au bon moment en situation incertaine, un changement pouvant être limité ou très limité (on parle

de continuous delivery). Dit autrement, la responsabilité de business case est à différencier de celle de gestion

de programme : ce ne sont pas les mêmes savoir-faire.

6 Etude « Responsable de business case ».

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3. Comprendre la ligne directrice

3.2 L’action agile

Mode produit

Le mode produit

Une application (ou une partie du système d’information) vue comme un produit (ou un

élément d’une prestation) de l’entreprise.

On a un besoin fréquent d’améliorations, dont la complexité et la profondeur sont limitées : on

est dans une logique d’adaptation de ce produit, sous l’autorité d’un propriétaire de produit ;

sans recette détaillée par les utilisateurs pouvant s’opposer à la livraison.

Mode projet

!

Le mode projet

L’évolution pouvant être complexe et profonde d’un système d’information, avec des enjeux

difficiles d’intégrité, de sécurité, de reprise, d’exploitabilité ou de flexibilité.

On est sur la nécessité d’une analyse et d’un travail de la part de compétences diversifiées,

ayant des intérêts différents, nécessitant beaucoup de collaborations et la capacité à trouver

des compromis. On a besoin d’une recette sur les changements apportés et d’une qualification

du système d’information dans son ensemble.

On a besoin d’agilité d’action sur le business case.

Ceci amène l’enjeu de conduite des projets de manière agile : c’est l’objet du MODE projet - au

sens strict du terme, non pas dans son usage galvaudé -.

Mais on aussi besoin d’un mode produit, distinct du mode projet, permettant des changements

limités sur une application (ou une partie du système d’information), mais pouvant être à haute ou

très haute fréquence (continuous delivery).

Le MODE projet amène à recentrer les savoir-faire du chef de projet ; le mode produit repose

essentiellement sur un rôle spécifique : le propriétaire de produit.

Attention : le mode produit et le MODE projet sont tous les deux faits pour optimiser

l’agilité d’action ; mais chacun est efficient sur ce pourquoi il est conçu : il faut les

distinguer.

Incertitude de réalisation :Faible Forte

Propriétaire de produit Chef de projet

Une action sur un business case peut être tout un projet. On cherche alors à travailler

l’agilité de ce projet, ce qui nécessite concrètement le MODE projet.

Attention : le terme mode projet est galvaudé : il est constamment utilisé pour désigner

une réalité très approximative, voire franchement éloignée, de ce qu’est le MODE projet.

Il y a alors un recentrage à opérer pour retrouver son agilité spécifique7.

Un projet est fait pour gérer de la complexité et de l’incertitude : on a besoin de

réflexion, de collaborations et d’interventions de la part de compétences qui ont leur

7 Chapitre ‘3.4 Le mode projet’.

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23 © Yphise

logique propre ; on a besoin d’un processus qui permet d’intégrer progressivement les

tests de sorte à vérifier et valider tout le système d’information.

La maitrise de l’investissement passe évidemment par des projets là où on en a besoin.

Mais cela ne suffit pas pour être agile : on a aussi besoin d’un mode conçu pour

maximiser l’agilité lorsqu’on n’est pas en situation de complexité ou d’incertitude

nécessitant un projet ; c’est ce qui est appelé le mode produit.

Le mode produit vise l’adaptation d’une application sur des changements sans besoin

complexe d’analyse ou d’intervention de compétences diversifiées. Il amène le rôle de

propriétaire de produit.

Détaillons ces deux modes.

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24 © Yphise

3. Comprendre la ligne directrice

3.3 La transformation devops

Le mode produit est dans une logique d’adaptation ; ce qui amène un rôle SPECIFIQUE : le

propriétaire de produit qui a autorité sur les changements, dans le cadre d’une délégation qui

cadre et surveille le développement de ce produit.

Le mode produit est par nature sans recette détaillée par des utilisateurs ou un demandeur qui

peuvent refuser le résultat jusqu'à obtenir satisfaction point par point d’une liste de modifications.

Il permet de se situer dans un objectif d’industrialisation automatisée, c’est-à-dire d’une

automatisation des tests et de tout ce qu’il faut en terme d’environnements et de montées

d’environnements.

Sprintdemandes

de changements

ProdBanc

d’essai

Analysesignaux

SprintProduct

backlog

Propriétaire de produit

Le mode produit

− Un propriétaire de produit (product owner) a autorité sur les changements pour adapter un

produit avec l’agilité voulue ; dans le cadre d’une délégation qui cadre la valeur, les

orientations, les jalons ou autres exigences de développement de CE produit (1).

− Les tests sont automatisés (banc d’essai) afin d’assurer l’agilité voulue jusqu’en production

(fréquence des changements, durée de réalisation, prédictibilité de cette durée) (2).

− Une surveillance en production du fonctionnement et de l’usage remonte les risques de non

qualité en raison des limites du banc d’essai et de la suppression (ou la restriction) de la

recette (3).

1

2

3

Le développement du mode produit constitue la transformation devops8.

Le mode produit considère une application (ou une partie d’un système d’information)

comme un produit (ou un élément d’une prestation) de l’entreprise. L’entreprise fait

progressivement évoluer ce produit selon ce qu’elle juge utile de faire ou non : elle

adapte librement son produit.

LA caractéristique essentielle est l’absence de recette détaillée (user acceptance test) :

on n’a pas d’utilisateurs ou un demandeur qui peuvent refuser le résultat jusqu'à obtenir

8 Etude « Transformation devops ».

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25 © Yphise

satisfaction point par point d’une liste de modifications 9.

C’est LA différence fondamentale avec un projet : dans un projet, le demandeur exprime

en amont son besoin et recette le résultat face à ce besoin de sorte à obtenir précisément

satisfaction10.

L’absence de recette qui caractérise le mode produit a deux conséquences clés :

− elle amène le rôle de propriétaire de produit qui a l’initiative et l’autorité sur les

changements,

− elle rend envisageable une industrialisation automatisée, c’est-à-dire une

automatisation des tests et de tout ce qu’il faut en terme d’environnements et de

montées d’environnements.

Voyons ces deux points.

Le mode produit est dans une logique d’adaptation par distinction avec une logique

d’implémentation11 : il n’y a pas de demandeur arrivant avec une spécification détaillée

point par point ; mais un cadrage de l’évolution du produit qui donne au propriétaire de

produit une liberté d’appréciation de ce qu’il faut faire : il pilote l’équipe de

développement par des objectifs de valeur qu’elle doit concrétiser.

C’est précisément ce qui se passe en Scrum, qui est une règle du jeu conçue pour

l’adaptation : le propriétaire de produit est une personne physique qui a autorité sur les

changements (product backlog)12. L’incrément réalisé par un sprint répond à un objectif

de valeur (sprint goal), défini par le propriétaire de produit, que l’équipe de

développement s’engage à atteindre. Cet objectif de valeur est précisé par les

9 Ex. un éditeur de progiciel adapte progressivement son progiciel selon ce qu’il juge utile à sa compétitivité.

Le client du progiciel achète ou non la nouvelle version, utilise ou non les nouvelles fonctions, mais il ne peut

pas se livrer à une recette amenant une liste précise de modifications à prendre en compte par l’éditeur : le

client est face à un produit.

10 Attention à ne pas se méprendre sur les tests : nous ne sommes pas en train de dire que le mode produit

signifie l’absence de test, mais l’absence de recette. On distingue dans les tests la vérification de la validation.

La vérification est une responsabilité de maitrise d’œuvre qui garantit la conformité d’un résultat à l’ensemble

de ses exigences : ceci inclut tous les tests unitaires, d’assemblage, d’intégration ou de qualification

(préproduction), qu’ils soient fonctionnels ou techniques, des nouveaux développements ou de non

régression : le mode produit comporte tous ces tests. La validation (ou recette ou user acceptance test) est

une responsabilité de maitrise d’ouvrage qui apprécie le résultat au regard du besoin. En pratique, la recette

des projets fait surtout de la vérification, mais c’est le résultat d’une faiblesse de cette vérification.

11 Chapitre ‘2.2 Une logique d’adaptation’.

12 La notion de propriétaire de produit a été parfaitement introduite par Scrum.

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changements du product backlog sélectionnés par l’équipe de développement pour le

sprint (sprint backlog)13.

On ne peut pas, par nature, automatiser une recette, puisque c’est précisément le regard

du demandeur ; à l’inverse, la vérification peut s’automatiser : on vérifie un code par ce

qui le spécifie ; cette vérification est répétée un grand nombre de fois dans l’évolution du

produit car elle doit assurer la non régression.

Une fois l’agilité obtenue sur le développement, le grand challenge du mode produit est

d’automatiser les tests permettant cette vérification : c’est indispensable lorsqu’on est

sur des enjeux de changements à haute fréquence ou à délai réduit14.

La montée en puissance du mode produit est un sujet récent et de fond. Le socle est le

rôle de propriétaire de produit dont le fonctionnement doit être en ligne avec la logique

d’adaptation du mode produit ; ce qui est plus difficile à réussir qu’il y paraît15.

13 Scrum n’impose pas de niveau de formalisation des changements du product backlog : on peut être à un

niveau de spécification détaillée lorsque c’est utile pour donner des consignes impératives à l’équipe de

développement ; mais la recommandation de fond est une formalisation qui donne de la liberté à l’équipe de

développement afin qu’elle puisse faire preuve d’initiative au regard de son expérience et des difficultés

rencontrées. Dans cet esprit, il peut arriver qu’il y ait des écarts entre ce que dit le sprint backlog et le code :

l’engagement est tenu dès lors que le sprint goal est atteint ; l’engagement ne porte en effet pas sur une

implémentation détaillée mais sur une adaptation selon l’objectif de valeur. Etude « Le bon usage de Scrum ».

14 Ex. e- ou m-commerce.

15 Chapitre ‘4.3 La confusion des modes d’action’.

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27 © Yphise

3. Comprendre la ligne directrice

3.4 Le mode projet

LE sujet clé du mode projet est l’intervention à temps et fiable des différents centres de

compétences dans un contexte d’incertitude de réalisation, d’exigences nécessitant des compromis

et de contraintes de ressources qui font échouer la logique de planification.

Le mode projet

− La réflexion de plan de projet travaille le quand et selon quelle technique (règle du jeu ou

méthode) mener chaque réalisation, de sorte à maitriser le projet au regard de ses risques

spécifiques de dérapage (1).

− La conduite du projet est menée de sorte à réussir à temps l’intervention de compétences

diversifiées, ayant des intérêts différents, avec des enjeux de collaboration et de compromis

à trouver, dans un contexte d’incertitude de réalisation pouvant être forte. L’agilité se joue

sur trois dispositifs.

− Le fonctionnement en plateau projet : une équipe pluridisciplinaire, chaque membre

étant détaché par son centre de compétences ; regroupée sur un même plateau de

sorte à permettre un travail conjoint de ses membres (par opposition à une intervention

séquentielle des différents centres de compétences avec une multiplication des

remontées hiérarchiques pour planifier ou arbitrer) (2).

− La collaboration planifiée du centre de compétences avec le projet selon un plan qualité

qui règle les modalités de cette collaboration en début du projet (avec révision

régulière), lorsque son intervention ne justifie pas ou ne permet pas le fonctionnement

en plateau (3).

− Un flux de conception sur l’ensemble du projet qui permet de poser et traiter au fil de

l’eau toute question de conception de sorte à ce qu’un centre de compétences ne se

retrouve pas à découvrir tardivement une contrainte qui fasse déraper son intervention

où celle d’autres centres de compétences (4).

Plan de

projet

Chef de projet

flux de conception à temps

Plan

qualité

Plateau du projet

Service manager

Centre de compétences

Service manager

Centre de compétences

Service manager

Centre de compétences

1

23

4

Le mode produit est la solution d’agilité efficiente sur son périmètre d’application. Mais il

n’est pas fait pour se substituer à un projet là où on en a besoin. L’agilité est alors affaire

de conduite du projet en MODE projet.

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28 © Yphise

Le mode projet est ancien ; il est d’ailleurs antérieur à l’émergence du sujet de l’agilité en

tant que tel16.

La caractéristique fondamentale du mode projet a trait à la manière de collaborer des

intervenants, en proximité et en responsabilité conjointe, c’est-à-dire à proprement

parler en agilité : LE principe fondamental est le fonctionnement en plateau (physique ou

virtuel grâce aux outils de collaboration) ; on est donc en situation de collaboration forte

et à plat, ce qui permet d’adapter l’action, sans être en permanence à devoir planifier,

négocier ou arbitrer avec des centres de compétences ayant chacun ses intérêts, son

organisation et sa hiérarchie.

L’erreur la plus fréquente (ce n’est pas la seule) est de parler de mode projet pour

désigner un fonctionnement caractérisé par un chef de projet sans autorité hiérarchique

sur les intervenants17, tout en restant dans une logique de planification, c’est-à-dire un

mode bureaucratique ; mais dans le contexte d’incertitude des projets qui fait que ce

mode bureaucratique ne peut pas fonctionner18.

Les projets dits en mode projet sont donc souvent qualifiés ainsi de manière abusive :

c’est une étiquette qui ne correspond pas à la réalité. L’enjeu est alors de revenir à un

MODE projet, digne de ce nom.

LE sujet clé est l’intervention à temps et fiable des différents centres de compétences

dans un contexte d’incertitude de réalisation, d’exigences nécessitant des compromis et

de contraintes de ressources qui font échouer la logique de planification.

Nous venons de voir que le fonctionnement en plateau est le principe fondamental. Mais

il faut aller plus loin avec deux autres dispositifs, trop souvent négligés.

Le premier dispositif est le plan qualité. Sa finalité essentielle est de définir les modalités

de collaboration avec les différents centres de compétences qui doivent intervenir

localement pour une analyse, une réalisation ou un contrôle. Le chef de projet se

rapproche du centre de compétences pour définir la collaboration adaptée : atelier

(workshop) d’analyse d’une exigence, participation à un sprint de développement, etc.

Le point clé à bien comprendre qui distingue la logique de plan qualité de celle de

planification est que la première réfléchit au mode de collaboration adapté, alors que la

16 Défini dans les années 90, d’abord dans l’industrie automobile. L’objectif était d’ingénierie concourante. En

bref : éviter l’intervention successive des métiers concernés par la conception et la fabrication d’un nouveau

modèle, ce qui conduit à découvrir tardivement les problèmes et à passer à côté de compromis permettant des

opportunités de gains : donc, à l’inverse, mettre en place des dispositifs permettant aux différents métiers de

travailler simultanément ensemble pour trouver les idées, équilibres ou compromis permettant la meilleure

valeur. Dans ce cadre, le dispositif le plus marquant est le plateau du projet qui amène les métiers à travailler

de manière conjointe, en une équipe avec une délégation de responsabilité de chacun de ses membres de la

part de sa hiérarchie métier.

17 On parle aussi d’organisation matricielle.

18 Chapitre ‘1.3 Une remarque sur la validité’.

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29 © Yphise

seconde affecte des tâches à faire19. Dit autrement, la recherche d’agilité dans les projets

nécessité de revenir sur la réflexion de plan qualité20.

Rappelons que le plan qualité s’inscrit dans la continuité de la réflexion de plan de projet,

qui est fondamentale pour assurer la maitrise d’un projet au regard de ses risques21.

Le second dispositif est le flux de conception qui permet d’identifier et traiter à temps

toutes les questions de conception détaillée qui apparaissent au cours du projet ;

questions dont la découverte ou la réponse tardive ou inappropriée fait déraper

l’intervention d’un centre de compétences avec l’effet boule de neige habituel22.

On voit bien qu’il y a ici une dimension de pilotage du projet : l’intervention à temps et

fiable de chaque centre de compétences exige de ne pas buter sur des difficultés de

réalisation liées à des points de conception défaillants ; cette découverte des points à

traiter et des réponses à donner se fait nécessairement au fur et à mesure de

l’avancement du projet23.

On parle parfois de conception fluide ou à temps (just-in-time design) pour désigner ce

flux de conception24. Mais attention à ne pas se méprendre sur l’expression « à temps » :

ce flux de conception doit permettre d’ANTICIPER la résolution des questions qui se

posent, pour que chaque centre de compétences puisse agir A TEMPS. Il ne s’agit pas

d’attendre le « dernier moment » pour faire des choix de conception.

19 La réflexion en terme de collaboration vise à établir la règle du jeu adaptée à la situation, c’est-à-dire à

mettre l’agilité qu’il faut dans l’organisation du travail ; par opposition à une logique de planification qui

prétend s’abstraire des multiples inconnues dans l’avancement du projet. Etude « Le défi de l’informatique

agile ».

20 La notion de plan qualité a précisément connu un essor dans les années 90, lorsque le mode projet a été

développé. Le problème est que ce dispositif a connu une dérive procédurière (dérive habituelle) qui fait que sa

valeur spécifique a été largement perdue.

21 Etude « Préparer un projet ».

22 On parle aussi de conception d’industrialisation. Avec un centrage sur les problématiques d’intégration qui

font que la conception fonctionnelle et technique des différents composants, faite par ailleurs, puisse aboutir à

un système en production, c’est-à-dire répondant aux exigences opérationnelles, notamment de reprise.

23 Tout projet a besoin de ce flux de conception, certains plus que d’autres. Il peut être particulièrement

développé dans un projet caractérisé par une valeur à créer très difficile, voire à la limite du possible,

nécessitant de challenger fortement la conception détaillée pour l’atteindre. On parle d’innovation fractale : les

projets disruptifs de la transformation digitale en ont parfois besoin.

24 Etude « Conception à temps ».

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30 © Yphise

3. Comprendre la ligne directrice

3.5 La gestion des services

Les modes d’intervention à distinguer et à bien utiliser pour garantir l’intervention fluide (just in

time) d’un centre de compétences.

− Le détachement d’une personne du centre de compétences au plateau du projet ou à

l’équipe de développement d’un sprint du produit (1).

− La collaboration planifiée du centre de compétences avec un projet, selon un plan qualité

qui règle les modalités de cette collaboration (2).

− La délégation à l’équipe de développement d’un sprint du mode produit de tâches courantes

de paramétrage de middleware, d’applications ou autres ; avec la surveillance ou le contrôle

adapté (3).

− L’organisation d’un hub d’intervention pour le mode produit afin d’assurer un délai

d’intervention très court pour des tâches de réalisation qu’il n’est pas opportun ou possible

d’automatiser (4).

− L’organisation pour répondre au flux de conception à temps nécessaire au mode projet

(parfois au mode produit) (5).

Chaque mode d’action, produit et projet, amène un enjeu d’excellence opérationnelle sur

l’intervention fluide des centres de compétences.

La base est l’organisation de la maitrise d’œuvre en services au sens ITIL : un centre de

compétences = une responsabilité portant sur le système d’information : une responsabilité

constitue un service ; chaque service a un service manager.

L’excellence opérationnelle signifie un management et une organisation de chaque centre de

compétences conçus pour garantir les délais utiles ; ce qui amène à distinguer et maitriser

différents modes d’intervention précis.

Mode projet - Mode produit

Centre de compétences

1

Service manager

23 4

5

?

Nous venons de voir ce qu’il faut pour revenir sur un sujet clé : chaque mode d’action,

produit et projet, amène un enjeu d’excellence opérationnelle sur l’intervention fluide des

centres de compétences, c’est-à-dire leur capacité à s’engager sur les délais

d’intervention et à les tenir.

Nous avons vu l’exigence du mode projet25. Le développement du mode produit introduit

des besoins différents qui amènent à travailler des dispositifs spécifiques : hub pour

servir très rapidement des tâches de réalisation simples ; délégation à l’équipe de

25 Chapitre ‘3.4 Le mode projet’.

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31 © Yphise

développement de tâches répétitives, en particulier de paramétrage d’un middleware ou

d’une application26.

L’agilité de l’investissement amène donc à reprendre le sujet de l’organisation et du

management opérationnels des centres de compétences, de sorte à distinguer et

maitriser les différents modes d’intervention nécessaires.

La clé de la réussite est de bien positionner et différencier les modes d’intervention : la

cause première de l’incapacité à s’engager sur les délais est la confusion qui fait porter

sur les équipes des interventions répondant à des logiques différentes, de manière

indifférenciée.

26 Etude « L’agilité des centres de compétences ».

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3. Comprendre la ligne directrice

3.6 Le cadrage de l’action

La construction d’une cible

permettant une action réussie

Expression de besoin

EB v1 EB v2 EB

Une analyse itérative en atelier (workshop)

ActionEB

temps

Action ActionEB

aMOa opérationnel

!

Expression de besoin = la construction d’une cible permettant une action réussie = trouver le

changement juste, là où en est le scénario d’investissement.

Se fait par une analyse itérative en atelier réunissant des intervenants du ou des métiers

concernés de sorte à trouver les bons équilibres ou compromis.

Si l’atelier met en évidence des différences d’appréciation sur les changements utiles qu’il est

impossible d’arbitrer à ce niveau � il faut remonter à une réflexion de business case (BC vn �

BC vn+1).

Attention : il ne s’agit pas simplement d’un recueil de besoins ou d’une liste de

demandes de changement, mais d’un travail de construction du changement juste,

là où en est le scénario d’investissement.

Dans un business case, viennent se loger des expressions de besoin selon le déroulement dans le

temps. Chacune construit la cible à atteindre par la ou les actions à venir ; cette cible est conçue

pour une action réussie = trouver le changement juste, là où en est le scénario d’investissement.

Il s’agit de trouver les bons équilibres ou compromis sur ce qu’il faut changer ou pas maintenant :

c’est forcément un travail en agilité ; ce qui convient ici est la conduite d’ateliers réunissant les

parties prenantes en responsabilité conjointe.

Le changement juste = le changement utile au moment opportun = le changement

utile aux utilisateurs et qui permet des gains, sans fragiliser l’investissement par des

risques de réalisation informatique, d’appropriation par les utilisateurs ou

d’inadaptation aux événements.

Le business case cadre l’investissement. A l’intérieur de ce cadre, il faut exprimer au

moment opportun le besoin qui définit la solution à réaliser par la prochaine action.

Notons qu’une expression de besoin pour plusieurs actions est courant en mode produit27.

27 Une idée du développement par sprint est de faciliter le report de certains changements à la vue du résultat

obtenu en fin de sprint, ces changements paraissant alors inutiles ou inopportuns. C’est pour cela qu’un sprint

constitue un incrément, c’est-à-dire un résultat potentiellement déployable, au regard d’un objectif de valeur

(sprint goal).

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La bonne nouvelle est qu’on est au cœur du savoir-faire de l’aMOa opérationnel : il est

établi et sa mise en oeuvre en est a priori mature28.

Le point à surveiller est de bien se situer au niveau d’une expression de besoin, c’est-à-

dire de la construction d’une solution informatique au regard d’une appréciation précise

du changement juste : nécessaire et suffisant, et au bon moment. C’est sur cette

réflexion en terme de changement juste qu’il peut être nécessaire de faire monter la

compétence29.

Ceci étant, la transformation digitale nécessite parfois de modifier en profondeur la

manière de construire le besoin lorsqu’on est sur la recherche d’innovations sur des

services (ou prestations) à l’utilisateur (métier de l’entreprise ou partie prenante

externe). On passe alors d’un atelier d’expression de besoin à un processus partant plus

en amont pour identifier et sélectionner les bonnes idées qui vont cadrer le besoin à

exprimer : on parle de processus de design thinking. Mais ce niveau de sophistication n’a

pas une utilité courante ; il n’est pas une condition de l’agilité de l’investissement.

28 Etude « Préparer un projet ».

29 Etude « L’expérience utilisateur ».

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3. Comprendre la ligne directrice

3.7 Le pilotage de la compétitivité

aMOa stratégique

Trouver à temps les bons investissements = identifier, qualifier et gérer le backlog du système

d’information : le portefeuille de business cases.

Trois sujets :

1. Anticiper le besoin : bien investir � une construction du besoin qui repose sur une analyse

des fragilités et des limites.

2. Injecter l’opportunité : bien investir � injecter la réflexion de simplicité et d’innovation pour

trouver et apprécier la juste profondeur de réalisation.

3. Mettre le relief métier : bien investir � une mise en ordre assurant la cohérence et la

faisabilité métier.

Trouver les business cases a priori pertinents nécessite une construction par une compétence

d’aMOa stratégique.

Piloter la compétitivité

Profondeur

simple programme difficile

A lancer

Positionnement de chaque business case

dans l’année

dans un an

dans deux ans

indéterminé

Portefeuille

de business cases

Le dernier sujet est la capacité à trouver les investissements nécessaires ou opportuns :

c’est la responsabilité dite d’aMOa stratégique.

Cette responsabilité est en particulier nécessaire en raison du temps qu’il faut pour faire

évoluer un système d’information au regard des enjeux de réactivité de l’entreprise : il

faut donc anticiper suffisamment pour investir à temps en considérant les fragilités du

système d’information, ce que veut ou doit faire l’entreprise, et les opportunités

d’innovation30.

30 Etude « Anticiper l’investissement sur un système d’information » et étude « aMOa stratégique ».

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4. Sécuriser l’avancement

4.1 Le risque majeur

4.2 Une montée en puissance

4.3 La confusion des modes d’action

4.4 La logique d’adaptation

! Confusions

aMOa stratégique

Service manager

aMOa opérationnel

Chef de mode projetResp business case

Propriétaire de produit

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36 © Yphise

4. Sécuriser l’avancement

4.1 Le risque majeur

L’agilité de l’investissement est un édifice qui repose sur six rôles.

Le risque majeur : les confusions qui amènent des approximations dans leur mise en œuvre.

! Confusions

aMOa stratégique

Service manager

aMOa opérationnel

Chef de mode projetResp business case

Propriétaire de produit

Le risque majeur est le constat qui a amené cette étude : l’agilité de l’investissement a

besoin d’une excellence opérationnelle en six rôles ; les confusions qui amènent des

approximations dans leur mise en œuvre, conduisent à l’échec.

C’est pourquoi nous revenons ici sur les clés de la sécurisation de l’avancement.

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37 © Yphise

4. Sécuriser l’avancement

4.2 Une montée en puissance

Une montée en puissance circonstanciée

et progressive des six rôles = compétences

ET organisation du travail permettant

leur bon fonctionnement.

Propriétaire de produit

aMOa stratégique

Service manager

aMOa opérationnel

Chef de mode projet

Resp business case

L’agilité ne se décrète pas : elle ne se traite pas par des procédures ou une

réorganisation ; c’est une montée en puissance progressive.

La réussite nécessite de ce fait toujours une vision et un engagement du management31.

Le danger dans cette montée en puissance est de rester sur un discours sur la nécessité

de bien collaborer ou de se comporter de manière agile : cela fait pire que mieux.

L’agilité n’est jamais une simple affaire de bonne volonté, mais de compétences et

d’organisation du travail adaptées32.

Concrètement, l’agilité de l’investissement est affaire de montée en puissance des six

rôles : mission, savoir-faire, et organisation du travail permettant les équilibres de

pouvoir et les arbitrages utiles.

Chaque rôle exprime un morceau du puzzle à réussir : il les faut tous. Mais leur mise en

œuvre dépend du contexte : priorités, affectation d’un ou plusieurs rôles aux personnes,

localisation dans l’organisation, appel à des compétences externes, répartition entre

compétences junior et senior. Ces points sont de management opérationnel, sans

considération conceptuelle difficile.

31 Agilité � tone at the top : étude « Le défi de l’informatique agile ».

32 Id.

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4. Sécuriser l’avancement

4.3 La confusion des modes d’action

L’erreur à éviter absolument est le glissement vers un fonctionnement simpliste : un flux de

demandes de changement (1) et la réalisation de temps en temps de paquets de changements (2).

Cela peut donner l’impression, au moins dans un premier temps, d’être agile : on a des demandes,

on les réalise : « tout le monde est content » ...

... jusqu’au moment où on s’aperçoit qu’on tourne en rond, sans avancer correctement là où il

faut, avec des conséquences de plus en plus sérieuses sur le fonctionnement et la compétitivité de

l’entreprise.

Le fonctionnement simpliste = un flux de demandes de changement (1) + la réalisation de

temps en temps de paquets (ou lots) de changements (2).

Ce fonctionnement cumule les erreurs à éviter :

− pas de construction de projets : un paquet de changements fait un machin (et non un

projet) qui dérape et amène un résultat médiocre ;

− pas de mode produit : une accumulation de demandes ne fait pas un bon produit ;

− pas d’adaptation précise des changements dans le temps au regard des enjeux

d’acceptation ou d’appropriation ;

− pas de construction ni d’anticipation des opportunités ou nécessités d’investir.

demandes

de changements= réalisation de paquets de changementsAction

1 2

! Fonctionnement simpliste

LE piège à éviter est la confusion des modes d’action.

C’est très difficile car ce piège est a priori séduisant : on a des demandes, on les réalise :

« tout le monde est content », on a l’impression d’être agile...

... jusqu’au moment où on s’aperçoit qu’on tourne en rond, en défaisant d’un côté ce qui

est fait de l’autre, sans avancer correctement sur les objectifs : l’entreprise perd en

compétitivité parce qu’elle sous investit ou qu’elle n’agit pas à temps ; les problèmes

d’acceptation ou d’appropriation des changements se multiplient ; les fragilités du

système d’information face aux exigences opérationnelles et au besoin d’évolutivité se

mettent à grimper33.

Ce piège se concrétise de quatre manières qui amènent toujours à négliger ou à déformer

l’un ou l’autre rôle.

− Une première manière, très fréquente, est la mise en place d’un rôle de propriétaire de

produit qui est en pratique un point d’accumulation des demandes de changement,

33 Tout ceci est avéré, allant jusqu'à mettre de belles entreprises en grande difficulté.

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39 © Yphise

sans réelle responsabilité d’évolution du produit concerné. Le mode produit repose sur

un propriétaire de produit qui a autorité sur les changements parce qu’il est garant de

la bonne évolution du produit, dans le cadre d’une délégation qui en cadre et surveille

le développement. Dit brutalement, le propriétaire de produit n’est pas un passe plats

entre métiers et maitrise d’œuvre.

− Une seconde manière est la négligence du travail d’expression de besoin, c’est-à-dire

du rôle d’aMOa opérationnel. Le simple traitement de paquets de demandes est en

effet contraire à la logique de construction du changement juste, avec sa recherche

des bons équilibres ou compromis en atelier.

Ceci va de pair avec la légèreté de construction et de suivi des business cases : le rôle

de responsable de business case perd sa raison d’être ; il a tendance à se

recroqueviller sur un suivi budgétaire, avec souvent des dérives bureaucratiques

contraires à la dynamique de création de valeur et d’avancement nécessaires pour

bien agir dans la transformation digitale.

− Une troisième manière est une conduite de projet qui reste sur une logique de

planification : le point d’entrée du projet étant un paquet de changements, son

pilotage est affaire de planification de chacun. Est alors négligé ce qui est nécessaire

pour réussir les enjeux de collaboration et de compromis à trouver pour faire face à

toutes les incertitudes : les projets ne sont pas en MODE projet.

Ceci amène toujours une faiblesse d’organisation et de management des centres de

compétences au regard de l’enjeu d’intervention fluide.

− Enfin, une quatrième manière est le sous-développement du rôle d’aMOa stratégique :

l’agilité étant vue comme la capacité à réaliser vite le changement du moment, n’est

pas fait l’effort continu de construction des opportunités ou nécessités d’investir. Agir

au coup par coup conduit au sous investissement.

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4. Sécuriser l’avancement

4.4 La logique d’adaptation

L’agilité de l’investissement répond à un enjeu d’adaptation : on part d’une valeur à créer, avec

souplesse et intelligence dans le temps ; plutôt que d’une solution à implémenter que l’on est

capable de décrire (ou spécifier) avec précision.

Il ne faut évidemment pas opposer adaptation et implémentation ; il s’agit de développer les rôles

de la ligne directrice au regard des situations nécessitant une logique d’adaptation.

Logique d’adaptation : on a un enjeu ou un objectif ; il faut avancer sur la création de valeur, à

la bonne vitesse, mais avec de nombreuses incertitudes ou inconnues qui font qu’il faut agir

progressivement et réagir à temps. Il faut en particulier faire très attention à la bonne

acceptation et appropriation des changements par les utilisateurs (user experience).

Par distinction avec une logique d’implémentation : on a un besoin, on l’analyse, on établit la

solution, on conduit le projet qui réalise cette solution.

Logique d’adaptation �

− l’action juste = à temps, nécessaire et suffisante en l’état,

− un pilotage par une valeur à atteindre (par différence avec une spécification détaillée à

implémenter),

− une certaine liberté et intelligence d’interprétation au moment de la réalisation,

− ce qui amène de nombreuses discussions, avec le souci de trouver le bon équilibre au bon

moment : donc des modes de travail avec beaucoup d’ateliers (workshop) et d’itératif.

adaptation

Nous venons de voir que le piège de la confusion des modes d’action nous donne une

lecture en creux de la ligne directrice : on tombe dans le piège lorsqu’on en rate des

rôles.

On peut dire la même chose de manière positive en revenant sur la logique

d’adaptation34 : les rôles qui concrétisent l’agilité de l’investissement permettent de doser

précisément la logique d’adaptation, là où on en a besoin.

− Le responsable de business case considère ainsi une adaptation progressive

d’opérations et du système d’information de l’entreprise au regard d’un enjeu ou d’un

objectif sur lequel il faut avancer avec souplesse et intelligence.

− Dans ce cadre, la responsabilité de l’aMOa opérationnel est de trouver précisément

l’adaptation à réaliser là où en est le scénario d’investissement ; adaptation qui est un

équilibre constituant un changement juste, c’est-à-dire permettant une action réussie

en la circonstance.

34 Chapitre ‘2.2 Une logique d’adaptation’.

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− La responsabilité du propriétaire de produit est d’adapter au bon rythme son produit

au regard d’une délégation qui cadre la valeur attendue et son jalonnement. Il définit

ainsi pour chaque étape un objectif de valeur (sprint goal) que l’équipe de

développement a pour mission de concrétiser, en adaptant sa réalisation au regard de

son expérience et des difficultés.

− Le mode projet adapte le système d’information en situation d’incertitudes de

réalisation et d’équilibres à trouver entre points de vue divergeants, notamment liés à

la diversité des centres de compétences impliqués.

− Enfin, la responsabilité de l’aMOa stratégique est d’identifier et qualifier les

adaptations nécessaires ou opportunes au regard de la situation du système

d’information et des enjeux auxquels l’entreprise doit faire face.

On voit bien que la bonne distinction des rôles, chacun agissant selon sa mission et ses

savoir-faire, constitue la ligne directrice de l’investissement en situation d’adaptation ; dit

autrement, de l’agilité de l’investissement sur les systèmes d’information.