Pensée et Volonté

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    Ernest Bozzano

    PENSE ET VOLONT

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    LES FORCES IDOPLASTIQUES

    Rien ne peut tre aussi important pour la recherche scientifique et la spculation philosophique que ladmonstration, appuye par des faits, de cette proposition : que ce qui est abstrait peut devenir concret,qu'un phnomne psychologique peut se transformer en un phnomne physiologique, que la pense peut-tre photographie, se concrter en une matrialisation plastique, ou crer un organisme vivant. End'autres mots : rien ne peut tre aussi important pour la science et la philosophie que d'tablir que la forceet la volont sont des forces idoplastiques et organisatrices . En effet, la rvlation de ce fait place lechercheur en prsence d'un acte crateur vrai et propre, avec cette consquence d'identifierl'individualit pensante humaine avec la Puissance Primordiale dont l'univers est une ralisation. Je merserve de dvelopper, le moment venu, cette conception grandiose de l'Etre.

    A propos de la question que nous envisageons ici, je remarquerai tout d'abord que l'ide de l'existenced'une pense et d'une volont substantielles et objectivables, n'est pas nouvelle. Les philosophesalchimistes du XVIe et XVIIe sicle Vanini, Agrippa, Van Helmont attribuaient dj au magntisme projet par la volont les rsultats qu'ils obtenaient par leurs amulettes et leurs charmes.Van Helmont a crit : Le dsir se ralise dans l'ide, laquelle n'est pas une ide vaine, mais une ide-

    force, une ide qui ralise l'enchantement . Et voil dj formule, avec trois sicles de priorit, lafameuse thorie de Fouille sur les ides-force ; et ceci d'une manire qui est mme plus complte,

    puisqu'on admet l'objectivation de l'ide. Van Helmont a mme nettement formul la thorie des formes-penses , de l'idoplastie , de la force organisatrice , en attribuant en outre une existence

    passagre, mais active, aux crations de la pense. Il crit :

    Ce que j'appelle les esprits du magntisme ne sont pas prcisment des esprits qui nous viendraientdu ciel, et encore moins des esprits infernaux. Ils proviennent d'un principe qui rside dans l'hommemme comme le feu se dgage de la pierre. Grce la volont, l'on dgage de l'organisme humain unefaible portion d'esprit , qui prend une forme dtermine, en se transformant en un tre idal . A

    partir de ce moment, cet esprit vital devient quelque chose d'une nature intermdiaire entre ltre

    corporel et les tres incorporels : Il peut ainsi se transfrer o la volont le dirige, n'tant plus soumis auxlimitations de l'espace et du temps. Ce n'est nullement une consquence du pouvoir dmoniaque ; c'estune facult spirituelle de l'homme, qui est rattache l'homme.

    J'ai hsit jusqu'ici rvler au monde ce grand mystre, grce auquel lhomme apprend qu'il y a enlui, la porte de sa main, une nergie qui obit sa volont, lie sa puissance imaginative, et qui peutagir extrieurement en exerant son influence sur des choses et des personnes distance mme unetrs grande distance.

    Il est bon d'insister sur cette circonstance : que les affirmations de Van Helmont sur les propritsobjectivables de la pense et de la volont n'taient pas purement intuitives ; elles taient fondes surl'observation de phnomnes incontestables, auxquels assistaient souvent ces premiers examinateurs de

    l'occulte, quoique les temps ne fussent pas mrs encore pour interprter dment ce qu'ils constataientempiriquement. Il n'est pas moins vrai qu'on trouve dj nettement formules chez les alchimistes d'il y atrois sicles, les proprits dynamiques de la pense et de la volont ; proprits que l'on commence

    peine, de nos jours, tudier avec des mthodes rigoureusement scientifiques.

    Maintenant, il me faut prvenir mes lecteurs que les matriaux recueillis par moi sur ce sujet sont siabondants, qu'il me faudrait crire tout un gros volume pour le dvelopper d'une manire complte ; jedevrai donc me borner prsenter un rsum substantiel de chacune des catgories dans lesquelles se

    partage le thme que je me suis propos.

    La premire des catgories dont il s'agit est familire tous ; je me bornerai donc y toucher trs brivement. Je veux parler des preuves, de nature simplement inductive, que les expriences de

    suggestion hypnotique peuvent fournir en faveur de l'hypothse d'une pense objectivable.Seulement, pour bien claircir le sujet, je crois qu'il est ncessaire de faire prcder quelques notions

    gnrales sur la signification que l'on doit attacher au terme images au point de vue psychologique.

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    On appelle ide , ou image , le souvenir d'une ou plusieurs sensations simples ou associes.Chaque pense n'est qu'un phnomne de mmoire ; et qui se rsume dans le rveil, ou dans lareproduction, d'une sensation perue antrieurement. Il y a autant d'agrgats d'images que nous possdonsde sens ; il y a donc des groupes d'images visuelles, auditives, tactiles, olfactives, gustatives et motrices.Ce sont l des images qui, en mme temps que les sensations, constituent la matire premire de toutes lesoprations intellectuelles. La mmoire, le raisonnement, l'imagination sont des phnomnes psychiquesqui, en dernire analyse, consistent grouper et coordonner des images, en saisir les rapports constitus

    afin de les retoucher et de les grouper en de nouveaux rapports plus ou moins originaux ou complexes,selon la puissance intellectuelle, plus ou moins grande, des individus. Taine a dit : De mme que lecorps est un polypier de cellules, de mme l'esprit est un polypier d'images .

    On pensait jadis que les ides n'avaient point un corrlatif physiologique, c'est--dire qu'un substratumphysique ne leur tait pas ncessaire pour se manifester dans le milieu physique. Aujourd'hui, aucontraire, il est prouv que les ides occupent dans le cerveau les mmes localisations que les sensations ;en d'autres termes, il est prouv que la pense n'est qu'une sensation qui renat d'une faon spontane, etque par consquent, la pense est d'une nature plus simple et plus faible que l'impression primitive,quoiqu'elle soit capable d'acqurir, en des conditions spciales, une intensit suffisante pour provoquerl'illusion objective de l'objet auquel on songe. Mais la pense n'est pas uniquement une rsurrection desensations antrieures : la facult de l'imagination domine en l'homme ; c'est grce elle que les imagess'accordent entre elles afin d'en crer d'autres. Cela prouve l'existence dans l'intelligence d'une initiativeindividuelle vraie et propre, ainsi que d'une libert relative vis--vis des rsultats de l'exprience. Cela estd deux autres facults suprieures de lintelligence : la facult d'abstraction et celle de comparaison . Il s'ensuit que l'imagination, l'abstraction et la comparaison dominent les manifestationsde l'esprit ; toutes les inventions, toutes les dcouvertes, toutes les inspirations, et crations du gniedcoulent d'elles.

    Ceci dit, je remarquerai qu'un premier indice de la nature essentiellement objectivable des images estfourni par la manire dont elles se comportent dans les manifestations de la pense. Bien entendu, on se

    base sur les nouvelles connaissances que l'on possde sur ce sujet et qui amnent modifier le point devue auquel les modes fonctionnels de l'intelligence ont t envisags jusqu'ici. Sans les dernires

    connaissances fournies, cet gard, par les recherches mtapsychiques, on ne pourrait certainement pasattribuer aux divers modes fonctionnels par lesquels se ralisent les images, dans la veille comme dans lesommeil normal, la signification que l'on est cependant en droit de leur confrer.

    Images conscutives. Lorsqu'une sensation est frquemment rpte, elle acquiert une vivacitexceptionnelle, de manire persister parfois longtemps mme, quand la cause qui l'a produite n'existe

    plus. Elle peut mme renatre avec toute la vivacit d'une sensation proprement dite. Newton parvenait,par un effort de volont, reproduire l'image conscutive du disque solaire, plusieurs semaines aprsavoir interrompu ses observations astronomiques. M. Binet cite le cas du professeur Pouchet,microbiologiste, qui, en se promenant dans les rues de Paris, vit tout coup surgir devant lui les imagesde ses prparations microscopiques, images qui se juxtaposaient sur les objets extrieurs. Ces visions

    surgissaient en lui spontanment, sans aucune association d'ides.Les hallucinations de cette nature prsentent une nettet caractristique, et l'intensit des images

    conscutives est telle qu'on pourrait les projeter sur un cran, ou sur une feuille de papier, pour en tracerensuite les contours avec le crayon. Le Dr Binet remarque que cette reviviscence de l'image, longtempsaprs que la sensation excitatrice a cess d'agir, exclut absolument l'ide que l'image conscutive ait tgarde dans la rtine On doit donc en conclure qu'elle a t garde dans le cerveau ; par consquent, quesa renaissance n'implique nullement la mise en activit des petits cnes et des btonnets de lartine.

    Telles sont les modalits par lesquelles se ralisent les images conscutives . Je rpte que si l'onveut les envisager sparment, elles n'offrent pas une base inductive adquate pour conclure l'existence

    de quelque chose d'objectif en elles. Toutefois, comme les nouvelles recherches que je vais traiteramplement portent admettre que les images en gnral consistent en des projections extriorises dela pense, il n'y a pas de raison pour ne pas conclure dans le mme sens pour les images conscutives .Le fait que leur vivacit est telle qu'on parvient les fixer sur une feuille de papier, en traant leurs

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    contours avec un crayon, est dj fort significatif dans le sens que je viens d'indiquer.

    Hallucinations spontanes et volontaires. Dans les vnements de la vie de chaque jour, tous lessouvenirs sont constitus par des images, attnues, plus ou moins vagues ; leur faible vivacit ne permet

    pas d'en distinguer la nature. Mais cette rgle a de nombreuses exceptions, et tous les hommes de gnie,dont la puissance d'imagination est parvenue crer des chefs-d'uvre, ont t dous d'une visionmentale intense, qui leur permettait d'apercevoir intrieurement les personnages et les milieux engendrs

    par le travail fivreux de leur mental en gestation.

    On sait que les grands romanciers parmi lesquels Dickens et Balzac taient parfois commeobsds par la vision des personnages qu'ils avaient crs ; ceci jusquau point de les voir agir devant eux,avec lindpendance de personnes relles.

    On doit en dire autant des artistes peintres, dont le pouvoir visualisateur peut parvenir au point deremplacer le modle vivant. Brierre de Boismont, dans son ouvrage sur Les Hallucinations (pp. 26 et451), rapporte le fait suivant :

    Un artiste peintre qui avait hrit en grande partie de la clientle du clbre portraitiste Sir JosuReynolds, et qui se regardait comme tant suprieur ce dernier, recevait tant de commandes, qu'il medclara avoir peint dans le courant d'une seule anne trois cents portraits, grands et petits. Une telle

    production paratrait normalement impossible ; mais le secret de sa rapidit de travail, et du succsextraordinaire de son art, consistait dans cette circonstance : il n'exigeait qu'une unique sance de posepour chaque modle. Wigan rapporte :

    Je l'ai vu moi-mme excuter sous mes yeux, en moins de huit heures, le portrait en miniature d'unmonsieur de ma connaissance, et je puis assurer que le portrait tait soigneusement fait, et d'uneressemblance parfaite. Je lui demandai des renseignements sur sa mthode ; il me rpondit : Lorsqu'onme prsente un nouveau modle, je le regarde avec beaucoup d'attention pendant une demi-heure, enfixant, de temps en temps, un dtail de ses traits sur la toile. Une demi-heure me suffit, et je n'ai pas

    besoin d'autres sances de pose ; je mets la toile de ct et je passe un autre modle. Quand je veuxcontinuer peindre le premier portrait, je pense l'homme que j'ai vu ; avec l'imagination je lassoies surle tabouret, sur lequel je l'aperois nettement, comme s'il s'y trouvait rellement ; jen distingue mme laforme et la couleur d'une manire plus nette et plus vivace que si elle y tait personnellement. Alors jeregarde, de temps autre, la figure imaginaire, je la fixe mon aise sur la toile, et lorsque c'est ncessaire,

    je suspens le travail pour observer soigneusement le modle dans la pose qu'il a prise. Et chaque fois queje tourne le regard vers le tabouret, j'y vois immanquablement mon homme.

    Seulement, cette facult exceptionnelle d'objectivation des images finit par tre fatale l'artiste, qui, unbeau jour, ne parvint plus distinguer ses hallucinations volontaires reprsentant certaines personnes, despersonnes relles et perdit la raison.

    Aussi dans les cas de cette nature, et toujours grce la nouvelle lumire projete par les recherchesmtapsychiques sur la gense des hallucinations en gnral, tout concourt dmontrer que dans les

    formes hallucinatoires auxquelles sont sujets plus ou moins volontairement les romanciers et les artistes,il y a quelque chose d'objectif et de substantiel. Cette induction merge dj plus nettement de l'analysedes hallucinations par suggestion hypnotique, ainsi que je me dispose le dmontrer.

    Suggestion hypnotique et post-hypnotique. L'image mentale suggre un patient en tathypnotique revt une objectivation substantielle si accentue, qu'elle cache les objets rels, ou bien

    permet d'tre fixe sur une feuille de papier avec une telle fermet que, si on n'enlve pas la suggestion, lesujet l'tat de veille continuera de l'apercevoir. Si l'on introduit la feuille au milieu d'un paquet d'autresfeuilles absolument identiques, en invitant ensuite le sujet indiquer celle sur laquelle il voit l'image enquestion, il le fera sans hsiter et sans se tromper. M. Binet a propos, pour expliquer cette dernirecirconstance, l'hypothse de point de repre . Il suppose que la feuille de papier sur laquelle l'image at cre prsente quelque particularit, comme par exemple, une granulation insignifiante, que le sujet a

    remarque subconsciemment, et qui lui sert de point de repre pour la reconnatre et pour projeter surelle l'image hallucinatoire qui lui a t suggre. Cette hypothse parat plausible, jusqu' un certain point,et lorsqu'on ne possdait pas encore les nouvelles donnes importantes ressortant des expriencesmtapsychiques, elle constituait la seule hypothse grce laquelle on pt se rendre compte des faits,

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    quoiqu'elle laisst beaucoup dsirer. Je crois cependant que cette hypothse doit tre presquecompltement abandonne, pour reconnatre que les diffrentes modalits par lesquelles se manifestentles images hallucinatoires au cours des expriences hypnotiques tendent dmontrer leur natureobjective. Je vais dnombrer brivement les modalits plus significatives en ce sens.

    Lorsque, l'insu du sujet, on retourne la feuille sur laquelle il aperoit l'image hallucinatoire, demanire lui prsenter en bas la partie d'en haut, le sujet la voit immanquablement retourne. Si onl'invite la regarder travers un prisme, il la voit double, comme il arrive pour les images relles. M.Binet remarque :

    Lorsque, pendant le sommeil hypnotique, je suggre la malade que sur la table d'une couleursombre, place devant elle, il y a un portrait de profil, au rveil elle voit le portrait. Et si alors, sans la

    prvenir, je place un prisme devant ses yeux, aussitt la malade s'tonne d'apercevoir deux profils, etimmanquablement l'image fictive est localise conformment aux lois de la physique... Si la base du

    prisme est en haut, les deux images sont localises l'une sur l'autre ; si la base est latrale, les images sontvisualises latralement. Avec des jumelles, l'image hallucinatoire s'approche et s'loigne, qu'on placedevant les yeux de la malade l'oculaire ou l'objectif ; ceci mme si l'on a la prcaution de dissimulerl'extrmit du binocle qu'on lui prsente, et d'viter que des objets rels tombent dans le champ visuel. Sion lui prsente un miroir, la malade y voit rflchie l'image hallucinatoire. Ainsi, par exemple, je lui

    suggre la prsence d'un objet quelconque sur le coin de la table ; je place ensuite un miroir derrire lecoin en question ; et la malade y aperoit immdiatement deux objets analogues, et l'objet rflchi par laglace semble la malade aussi rel que l'objet hallucinatoire, dont il n'est que le rflchissement.

    On peut ajouter que le Dr Prinaud, mdecin-chef de la clinique ophtalmologique des maladiesnerveuses l'hpital de la Salpetrire, a dmontr que :

    L'hallucination d'une couleur peut dvelopper des phnomnes de contraste chromatique, d'unemanire identique, et mme plus intense, qu'il n'arrive pour la perception relle de la mme couleur.

    Il faut enfin signaler une preuve physiologique en faveur de la ralit substantielle des imageshallucinatoires. Elle a trait aux modifications que subit la prunelle des hallucins. Le Dr Fr observe :

    Voici ce que nous avons remarqu chez deux hystriques avec lesquelles il est possible d'entrer encommunication l'aide de la parole pendant la catalepsie. Lorsqu'on leur ordonne de remarquer un oiseauqui a t se poser sur le sommet d'un clocher, ou un oiseau qui vole en l'air, leurs prunelles se dilatent

    progressivement jusqu' doubler leur diamtre primitif. Mais si nous faisons redescendre l'oiseau, leursprunelles se resserrent graduellement. Cette exprience peut se reproduire volont, et le phnomne serenouvelle infailliblement chaque fois qu'on fait observer aux patientes un objet mouvant. Or, cesmodifications de la prunelle, provoques chez des sujets cataleptiques, qui ne cessent pas de prsentertous les phnomnes spciaux de la catalepsie, dmontrent que, dans l'hallucination, l'objet imaginaire estvisualis exactement comme s'il tait rel ; ce qui fait qu'il provoque, avec ses mouvements, des effortsd'accommodement de la prunelle, conformment aux mmes lois qui rglent la prunelle lorsqu'il s'agitd'un objet rel.

    Ces modalits diverses et complexes par lesquelles se manifestent les hallucinations par suggestionhypnotique, sortent totalement de l'orbite de l'explication par les points de repre . Nanmoins, il taitlogique et invitable que les psychologues et les physiologues, peu au courant des recherchesmtapsychiques, les envisageassent comme devant tre de nature purement subjective, quoique cetteexplication ft inconciliable avec les faits. Maintenant, il est temps de reconnatre que, grce auxmodalits caractristiques par lesquelles se ralisent les hallucinations dont il s'agit, elles doivent treconsidres en rapport avec les formes de la pense visualises par les sensitifs, ainsi que par les formes de la pense restes graves sur les plaques photographiques ; enfin, avec les formes de la

    pense qui se concrtent et se matrialisent au cours des sances mdiumniques. Tout contribue donc dmontrer que les hallucinations hypnotiques appartiennent la classe des projections objectives par la

    pense.

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    Et voici comment s'exprime sur le mme sujet un sensitif clairvoyant. M. E. A. Quinton remarque cequi suit au sujet de ses visualisations de la pense des autres :

    Les formes-penses que j'aperois peuvent se subdiviser en trois groupes : celles dans lesquelles lapense revt l'image d'une personne ; celles dans lesquelles elle revt l'image d'un objet quelconque, etcelles dans lesquelles elle engendre des formes spciales... Les formes-penses appartenant aux deux

    premiers groupes s'expliquent toutes seules, mais celles du troisime groupe demandent unclaircissement... Une pense sereine de paix, lorsqu'elle est engendre par une personne qui en est

    profondment pntre, est extrmement belle et expressive. Une pense de colre projete par, unepersonne en proie une impulsion passionnelle est trs rpugnante et horrible. L'avidit et tous les dsirsanalogues prennent une forme crochue, pareille une griffe de faucon, comme si celui qui les pensevoulait avidement saisir quelque chose pour sa satisfaction personnelle (Light, 1911, p. 401).

    Comme il ressort de ces dclarations, thosophes et clairvoyants sont d'accord pour affirmer que lesimpulsions personnelles de l'avidit et des dsirs analogues donnent lieu des formes crochues de la

    pense ; ce qui constitue une concordance remarquable. Naturellement, en ce qui concerne la ralit del'existence de formes abstraites de la pense, nous ne possdons pour le moment d'autre preuve fairevaloir que celle ressortant de la concordance des observations chez divers clairvoyants. Je m'empressetoutefois de noter que pour les affirmations des sensitifs relativement aux formes concrtes de la pense

    (c'est--dire la forme-pense reprsentant des personnes ou des choses), nous disposons d'une preuveabsolue de leur ralit, puisque la plaque photographique les enregistre. On est donc logiquement amen tenir compte aussi des affirmations des voyants relativement aux formes de pense abstraite. Et l'on admontr que, lorsqu'on songe une personne ou une chose, celles-ci se concrtisent dans une imagecorrespondante. Tout contribue donc faire supposer que les ides abstraites doivent aussi se concrtiserdans quelque chose de correspondant.

    Il me reste parler d'un autre trait caractristique que prsenteraient les formes de la pense. C'estqu'en des circonstances spciales elles seraient susceptibles de persister plus ou moins longtemps dans lemilieu o elle sont nes, mme lorsque la personne qui les a engendres nest plus l, ou quelle est morte; ce qu'en termes mtapsychiques, on appelle persistance des images .

    Je vais rapporter quelques exemples du genre.Dans ce premier pisode, les images penses restent, durant, quelques heures seulement, dans le milieu

    dans lequel elles furent engendres.

    J'extrais ce fait du prcieux ouvrage de Vincent Turvey : The Beginning of Seership, ouvrage danslequel il analyse ses propres facults de sensitif clairvoyant et de mdium. Je remarque tout d'abord queVincent Turvey, mort, jeune encore, de tuberculose, tait un gentleman riche et instruit qui, tout en

    prvoyant sa fin prochaine, persvra jusqu'au bout exercer gratuitement ses facults mdiumniquesdans l'intrt de la cause spiritualiste. Chaque fois que des phnomnes ou des incidents importants seralisaient, il se faisait remettre par les exprimentateurs de courts rapports des faits ; il les employa dansson livre pour documenter les faits qu'il relatait ; ce qui confre de la valeur scientifique l'ouvrage en

    question. Celui-ci contient plusieurs pisodes de visualisations de formes-pense , parmi lesquels est lesuivant :

    Le 26 fvrier 1908, frappa ma porte un monsieur qui distribuait des brochures et des revues au nomde la Socit de propagande chrtienne . Il me fit tenir un numro de la revue, titre d'essai. J'yremarquai aussitt un article sur le spiritisme, dans lequel on ne contestait pas la ralit des faits, mais onleur attribuait une origine diabolique. Je fis alors entrer le distributeur de brochures, et entamai avec luiune vive discussion contradictoire ; comme d'habitude, chacun de nous en sortit avec l'impression d'avoirtriomph des arguments de son contradicteur. Tout de mme, avant de s'en aller, le visiteur rcita une

    prire dans laquelle il suppliait Dieu de m'ouvrir les yeux la vraie lumire ; par cela il entendait dire,que Dieu m'enlevt le don diabolique de la clairvoyance (qui d'ailleurs, dans les sicles passs, tait le

    signe rvlateur des serviteurs de Dieu et des prophtes), et que Dieu clairt mon esprit, c'est--dire, qu'ille transforma de manire le conformer aux opinions de celui qui priait. Aprs cela, il m'assura quedsormais on pouvait tre certain que les diables taient expulss de chez moi, et il s'en alla.

    Peu aprs, je me couchai sur le sofa, afin de reposer et, en mme temps, mditer. Mais voil que je

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    vois tout coup apparatre trois petits diables , absolument typiques des diables orthodoxes : d'unaspect humain, avec des pattes bifurques de bouc, de petites cornes derrire les oreilles, des cheveuxlaineux comme ceux des ngres, des mains fournies dgriffs, d'un teint gnral noirtre. J'avouefranchement que, tout d'abord, j'en tressaillis ; je pense que tout autre voyant ma place en aurait faitautant. Je me mis sur mon sant, pour m'assurer que je ne rvais pas ; mais les petits diables taienttoujours l. Etais-je victime d'une hallucination ? Ni plus ni moins que lorsque je percevais des esprits, au cours des sances mdiumniques esprits infailliblement identifis par l'un des assistants. Alors je

    me concentrai, avec l'intention d'atteindre l'tat que j'appelle condition suprieure dans lequel lesfacults clairvoyantes sont beaucoup plus tendues que lorsque j'exerce ces facults en public.

    Je parvins bientt cette condition, et je m'aperus alors que ces petits diables n'taient que des formesvagues, comme des masques en carton. Les esprits-guides me firent ensuite profrer une sentence,dont j'ai oubli la teneur, et qui eut la vertu de dsintgrer et dissoudre instantanment ces petits diables.Pour donner une ide de la faon dont je les ai vus disparatre, je dirai qu'ils se transformrent en un petitnuage pareil la fume du goudron. Je m'exprime ainsi, parce que telles taient la couleur et l'odeur deces formes-penses engendres par un individu qui croyait en bonne foi que le Trs-Haut et cr destres mchants aux pieds de boucs, rien que pour tourmenter l'humanit.

    Les formes-penses qui apparurent Turvey, bien que curieuses et intressantes cause des

    circonstances spciales dans lesquelles elles se manifestrent, sont en ralit absolument identiques toutes les formes-penses perues par les voyants. Seulement, ainsi que je l'ai dit, elles prsentent letrait caractristique assez rare d'avoir persist quelque temps dans le milieu o elles avaient tengendres. Cela dpend de l'intensit avec laquelle une ide a t pense d'o l'observation que,d'habitude, les formes-penses qui persistent longtemps se rapportent des situations motionnelles,tragiquement intenses chez l'agent procrateur. Il est donc assez probable que certaines apparitions defantmes inertes et sans vie dans les lieux hants ne sont pas autre chose que des formes-penses engendres dans la mentalit de celui qui est mort tragiquement dans cet endroit. Il est remarquer quedans les recueils de communications mdiumniques depuis Allan Kardec jusqu' William StaintonMoses on rencontre des messages de personnalits spirituelles dans lesquels on fait allusion la

    possibilit de l'existence de fantmes hanteurs qui sont de pures formes de la pense ; possibilit qui, en

    certains cas, est aussi confirme a posteriori par la contre-preuve de l'identification personnelle de la forme-pense perue. Il en est ainsi, par exemple, dans le cas suivant, que j'extrais de l'ouvrage deMyers sur la Conscience Subliminale (Proceedings of the S. P. R. ; vol. IX, p. 79). En cette circonstance,le mdium tait Miss A., une jeune fille trs instruite et trs distingue, parfaitement au courant desmthodes de recherches scientifiques qui permettent de se dfendre des suggestions inconscientes. Invite

    par la comtesse de Radnor dans sa rsidence de Longford, elle obtint, au cours d'une expriencemdiumnique par l'criture automatique, le message suivant, provenant de la personnalit mdiumniqueEstelle, qui se manifestait habituellement par son entremise :

    Tu me demandes ce que j'aperois dans ce milieu. Voici : je vois beaucoup d' ombres etquelques esprits ; je vois aussi un certain nombre de choses rflchies . Sais-tu me dire si un petit

    enfant est dcd dans la chambre au-dessus ? Et s'il est mort presque soudainement ? Pourquoi me le demandes-tu ?

    Parce que j'aperois constamment l'ombre d'un bb dans la chambre ct de la tienne.

    Une ombre seulement ?

    Oui, uniquement une ombre.

    Qu'entends-tu dire ?

    Une ombre se forme lorsque quelqu'un songe d'une faon intense et continuelle une personne ;avec cela, on grave l'ombre et le souvenir de la pense dans l'air ambiant. C'est une forme objective qu'il

    cre ; je suis donc porte croire que les prtendus fantmes des assassins, ou de ceux qui sont mortssubitement, sont plus souvent des ombres ou des images que des esprits confins . C'est laconsquence de la pense de l'assassin qui, obsd par l'ide du crime qu'il a accompli, projetteextrieurement l'ombre ou l'image de l'assassin. Ce serait d'ailleurs bien triste que des mes, aprs avoir

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    souffert en leur vivant sans que ce ft de leur faute, dussent encore souffrir aprs leur mort sous la formed' esprits confins . N'oublie cependant pas que les esprits confins existent rellement, et qu'ilssont nombreux.

    La comtesse de Radnor remarque ce sujet :

    Relativement la communication ci-dessus, je confirme que mon frre est mort, tout petit encore, parsuite de convulsions, et qu'il est mort dans la chambre dans laquelle la forme du bb a t vue. Je ne

    saurais vraiment pas imaginer comment Miss A. aurait pu le savoir, et surtout connatre la chambre ol'enfant tait mort.

    La dclaration de la comtesse de Radnor montre que, dans le cas ci-dessus, on rencontre une preuved'identification personnelle qui confirme les affirmations de la personnalit mdiumnique. Ceci montre le

    bien-fond de la thse que nous soutenons, concernant la ralit objective des formes-penses et lapossibilit qu'elles persistent plus ou moins longtemps dans le milieu o elles ont t engendres, endonnant lieu un groupe spcial de fantmes hauteurs.

    II est aussi remarquable que dans le livre rcent de H. D. Bradley : Towards the Stars, on trouve desdclarations identiques provenant de personnalits mdiumniques communiquant par l'entremise desclbres mdiums, Mrs Osborn Lonard et Mrs Travers-Smith.

    Ainsi, par exemple, la personnalit mdiumnique de Johannes (mdium Mrs Lonard) observe cet gard :

    II me faut d'abord l'expliquer en quoi consistent les fantmes dont il s'agit : ce sont les fantmes devotre cerveau. Ils ne sont pas des esprits, et ils ne sont pas matire. Ils consistent en un lment d'activitintellectuelle qui a laiss derrire elle son empreinte ; ceux qui possdent des facults psychiques trsvolues peuvent seuls apercevoir ces formes-penses... Tu demandes pourquoi certains fantmeshanteurs se produisent en certains milieux, et non pas en d'autres o il serait plus logique de les trouver.La raison de ce fait consiste dans la vitalit intense que doit possder l'ide gnratrice. Une prison, unasile d'alins sont bien les derniers milieux susceptibles de devenir hants, parce que l'espoir et l'activitvitale ont dsert ces lieux. Il est donc beaucoup plus probable que le fantme d'un assassin hante la

    localit o il a tu la victime, qu'il ne se manifeste o il a t tu lui-mme par la justice humaine (p.272).

    Et Astor , l' esprit guide de Mrs Travers-Smith, remarque son tour :

    Les fantmes (c'est--dire les formes-penses) apparaissent parfois spontanment ; ceci caused'motions terribles, jointes la terreur, qui leur procurent les lments ncessaires pour s'extrioriser, Ences conditions, on comprend parfaitement pourquoi la Tour de Londres n'est pas hante. C'tait une

    prison, parat-il ; c'est--dire que c'tait un endroit o la mentalit des prisonniers devenait obtuse causede la triste monotonie de leur destine, dpourvue de tout sentiment motionnel ou passionnel ; end'autres mots, un tat de dsespoir rsign. Et le dsespoir n'est pas un lment favorable la formationdes fantmes.

    Avant de passer un autre sujet, je vais rapporter encore un pisode, dont l'interprtation est pluttembarrassante.

    Mr Joseph Briggs a publi le compte rendu d'une sance qui a eu lieu chez lui avec le fameux mdium voix directe et matrialisations , Mrs Everitt, une riche dame qui servait de mdium par amourde la cause. Je nglige la description des manifestations obtenues et je passe l'incident qui nousintresse. Le rapporteur crit :

    Un incident remarquable est venu se greffer aux manifestations ; l'un des assistants, dou declairvoyance M. Aron Wilkinson s'tant cri tout coup : Un perroquet est sur mon paule ; il

    bat rapidement des ailes. Maintenant il s'est envol sur Mrs Everitt (qui tait assise de l'autre ct de la

    table). Mrs Everilt s'cria son tour en percevoir le contact. Wilkinson continua : A prsent le perroquetchante le God Save the Queen (l'hymne royal). Il recommence battre des ailes ; il s'lve dans l'air, ildisparat...

    Cet incident tait incomprhensible pour tout le monde, hormis pour Mrs Everitt. Celle-ci expliqua

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    que, depuis quelques mois, elle s'tait charge de garder un perroquet, qui s'tait attachextraordinairement elle, et que la veille elle avait reu de chez elle une lettre dans laquelle on l'informaitque le perroquet apprenait rapidement chanter : God Save the Queen. Tous les assistants ignoraientle fait.

    II faut remarquer que Mrs Everitt habite dans une province loigne. Cet incident est unique dans monexprience (Light, 1903, p. 492).

    Aucun doute que l'pisode en question s'explique par un phnomne d'objectivation de la pensesubconsciente de Mrs Everitt. La circonstance que la dame en question avait reu la veille une lettre dechez elle dans laquelle on l'informait que le perroquet avait appris chanter l'hymne auquel le clairvoyantWilkinson avait fait allusion, ne sert qu' le dmontrer ultrieurement. Toutefois, la description qu'en fit levoyant, combine avec l'affirmation du mdium d'en avoir peru le contact, tendrait prouver que l'ontait en prsence d'une matrialisation de l'image d'un perroquet, et non pas de la simple objectivationd'une forme fluidique de la pense ; ce qui est d'autant plus vraisemblable si l'on songe que MmeEveritt possdait de trs remarquables facults de matrialisation. S'il en tait ainsi, l'pisodeappartiendrait la catgorie des phnomnes d'idoplastie, dont nous parlerons plus loin. S'il s'agissaitrellement de la matrialisation d'une image subconsciente, on devrait toutefois noter une circonstance

    plutt exceptionnelle ; c'est que les matrialisations de la pense, quelques rares exceptions prs, sont

    constamment plastiques , c'est--dire inanimes , tandis que dans l'pisode relat plus haut, leperroquet matrialis aurait vol par-ci par-l dans la chambre, comme un tre vivant. Nanmoins, onpourrait soutenir que ce fait aussi peut tre explicable par l'action de la volont subconsciente du mdium,qui aurait agi distance sur sa propre cration ectoplasmique, en dterminant ses mouvements.

    Je termine cette seconde section de ce travail, en remarquant que, jusqu'ici, il n'a t question que desmodalits d'objectivation de la pense, qui n'taient pas susceptibles d'une dmonstration exprimentale

    proprement dite. Mais prsent nos recherches se rapporteront deux catgories de faits, grceauxquelles on atteint la preuve exprimentale scientifique de l'existence incontestable d'une projectionobjective des formes-penses observes par les voyants. On constatera en mme temps l'existence

    probable d'une projection objective de la pense aussi dans la circonstance des hallucinations

    provoques par la suggestion hypnotique, ainsi que dans le cas des hallucinations spontanes, ouvolontaires, chez les artistes et, en gnral, dans les hallucinations pathologiques proprement dites.

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    PHOTOGRAPHIE DE LA PENSE

    Le terme de photographie de la pense parat ne pouvoir tre appliqu qu' une partie desmanifestations comprises dans cette classe d'expriences. En effet, pour obtenir plusieurs d'entre elles onne pose pas devant l'appareil photographique ; la plaque est impressionne directement, pendant quel'exprimentateur la tient, dans la plupart des cas, sur son front, en concentrant intensivement sa pensesur l'image extrioriser ; parfois ce qui est impressionn directement c'est le papier sensibilis Cesdernires catgories de manifestations, obtenues sans l'aide de l'appareil photographique, sont dsignesen Amrique sous le nom de psychographies . Mais comme ce terme est dj employ pour les

    phnomnes de l' criture directe entre les ardoises , on a introduit, depuis quelque temps, pourdsigner les phnomnes en question, le terme de skotographies (impression dans l'obscurit, parantithse des photographies proprement dites, qui sont des impressions la lumire). Ce terme a t

    propos par Miss Felicia Scatcherd, qui s'est fait connatre dans cet ordre d'expriences.

    A propos des skotographies comme propos de photographies de la pense il est remarquerque les rsultats obtenus lorsque l'exprimentateur se propose d'obtenir le phnomne, et qu'il concentresa pense sur une image donne, se limitent la reproduction d'images trs simples, telles que des

    sphres, des triangles, des bouteilles, des btons, sans jamais parvenir des images complexes, tellesqu'un visage ou une forme humaine. Les meilleurs rsultats, avec des reproductions de visages et de

    personnes, ont t obtenus fortuitement; c'est--dire lorsque l'exprimentateur ne se propose pointd'obtenir une photographie de la pense , ou une skotographie . Mais en ces circonstances onconstate infailliblement que l'image reste grave sur la plaque photographique avait, ce moment-l, ouun instant auparavant, travers l'esprit de l'exprimentateur. Tout cela dmontre une fois de plus que dansles manifestations super-normales de la psych , la volont constitue un obstacle leur libremanifestation. En d'autres termes, cela dmontre que les facults super-normales de la psychappartiennent la partie intgrale subconsciente, et par consquent, que la personnalit consciente ne peutles utiliser que de manire exceptionnelle et rudimentaire.

    En employant, pour le moment, dans une signification gnrale le terme de photographie de lapense , je dirai que les premires tentatives de ce genre remontent l'an 1896, lorsque le commandantDarget et l'un de ses amis, s'tant persuads que la pense tait une force extriorisable, dcidrentd'essayer concentrer leur pense sur une image donne, dans le but de la projeter sur une plaque

    photographique. Le 27 mai 1896, M. Darget a fix sur la plaque sensibilise l'image trs nette d'unebouteille laquelle il avait pens avec une telle intensit qu'il s'tait procur un bon mal de tte.

    L'exprience a t rpte le 5 juin de la mme anne, avec un plein succs. M. Darget crit :

    M. Aviron m'ayant dit que pour carter toute objection, due au hasard ou une concidence, il seraitintressant d'obtenir encore une bouteille par le mme procd, nous convnmes d'essayer. Il ne manqua

    pas de me faire boire de sa mme vieille eau-de-vie, ni moi de regarder longtemps la bouteille. Etant

    mont au cabinet noir, j'essayai du mme procd que prcdemment, mettant mes doigts ct verre.Lorsque nous avons vu les doigts marqus, nous avons retir la plaque, fixe et lave, et enfin cherch labouteille que nous avons trouve.

    Mais le lendemain, la photo tire sur papier, ce qui nous a le plus frapps, a t une figure de femmeavec une coiffe caractristique. C'tait, n'en pas douter, un Esprit qui avait voulu se faire

    photographier (Revue Scientifique et morale du Spiritisme, 1904, p. 643).

    M. Darget a peut-tre raison dans cette dernire remarque, puisque les deux exprimentateurs, nonseulement ne pensaient pas du tout des images de personnes, mais n'avaient jamais connu la femme dontla figure est reste imprime sur la plaque, Seulement, quelques jours aprs, au cours d'une sance chezM. Lon Denis, l'crivain spirite bien connu, on eut la manifestation d'une personnalit spirituelle qui

    dclara s'appeler Sophie et avoir t celle qui impressionna la plaque sensibilise de Darget ; aide en celapar d'autres esprits. Elle a t identifie ensuite pour une marchande de lgumes d'Amiens, appeleSophie, morte quelque temps auparavant. La Revue Scientifique et morale du Spiritisme a reproduit laskotographie dont il s'agit, dans laquelle la figure de la femme est trs visible, au-dessus de la forme de la

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    bouteille.

    En poursuivant ses expriences, M. Darget parvnt obtenir la skotographie d'un bton, ainsi qu'uneforme plutt vague d'un grand oiseau. Aprs cela, sa facult sur-normale s'affaiblit rapidement, jusqu'disparatre pour toujours.

    A la mme poque, l'amricain Ingles Rogers a t amen par hasard s'occuper de la photographie dela pense. Comme il dveloppait des plaques photographiques dans le cabinet noir, il lui arriva de fixer

    fortuitement une plaque sensibilise qu'il avait devant lui, pendant qu'il rvait intensivement je ne saisquoi. Or, en dveloppant la plaque qu'il avait fixe, il dcouvrit en elle une impression qui ne pouvait pastre accidentelle. Il dcida de rpter l'exprience, en fixant une pice de monnaie et en pensantintensivement elle ; la pice parut sur la plaque photographique. Il renouvela l'exprience, quelques

    jours aprs, en prsence d'une Commission de mdecins, en fixant un timbre poste, qui resta imprim surla plaque photographique.

    Un an avant que Darget fit ses expriences, le colonel Albert de Rochas avait obtenu par hasard une photographie de la pense avec Eusapia Paladino (expriences de l'Agnelas). Il en parle dans les termessuivants :

    Un jour M. de Watteville voulut, en ma prsence, photographier Eusapia entre le comte de Gramont

    et le Dr Dariex. La pose ayant t prise, je plaisantai le Dr Dariex qui est de petite taille et qui s'taitcamp, la main dans son gilet : Docteur, vous ressemblez Napolon . La pose n'en fut pas moinsconserve, mais ce que personne ne prvoyait, c'est le profil de Napolon qui se dtache d'une faon trsnette sur le fond au-dessus de la borne-fontaine qui semble lui servir de pidestal, sans que rien ne ptnous expliquer cette apparence, malgr des essais successifs faits ensuite dans le mme lieu.

    Je me demande aujourd'hui si le nom de Napolon n'veilla pas chez Eusapia le souvenir d'un bustequ'elle avait vu et si ce souvenir ne coagula pas la matire fluidique qui mane presque constamment deses points hypnognes (Annales des Sciences Psychiques, 1908, p. 283).

    Cet autre cas, analogue au prcdent, est aussi intressant.

    En 1905, M. F. C. Barnes, industriel australien trs connu dans son pays, se rendit chez le mdiumphotographe Boursnell, pour poser devant l'appareil, dans l'attente d'une manifestation personnelle. Aucontraire, quand on dveloppa la plaque, apparut sur la tte de M. Barnes le portrait trs net del'impratrice Elisabeth d'Autriche. Ce portrait existait tel quel dans le frontispice d'un ouvrage intitul :The Martyrdom of an Empress. M. Barnes avait lu ce livre et pensait souvent ce portrait et lasouveraine dcde qu'il reprsentait (Annales des Sciences Psychiques, 1912, p. 217-18).

    Dans le cas d'Eusapia Paladino, M. de Rochas suppose logiquement qu'une matire fluidique, misepar ce mdium, s'est coagule autour de la pense-image qu'on avait fait natre involontairement dansla mentalit du mdium, en donnant lieu ainsi une photographie de la pense.

    Dans le cas de Mr Barnes, les modalits d'extriorisation seraient un peu diffrentes, puisque l'imagequi est reste imprime sur la plaque photographique avait t produite, cette fois, dans la mentalitsubconsciente de l'exprimentateur lui-mme. On devrait donc admettre que les fluides dgags par lemdium sont parfois attirs par l'image extriorise fournie par l'exprimentateur, pour se condenser d'unemanire suffisante afin de rendre photographiable l'image.

    Ces conclusions prsentent une norme valeur thorique. Il faut reconnatre en mme temps qu'ellesreprsentent l'hypothse la moins large que l'on puisse formuler cet gard. L'analyse compare desfaits ne fait d'ailleurs que dmontrer la ncessit, la lgitimit, la fermet inbranlable de ces conclusions.

    Nous parlerons plus loin de certaines autres hypothses secondaires, complmentaires de celle que nousvenons d'exposer, et auxquelles on est contraint d'avoir recours pour se rendre compte des faits.

    Passons maintenant citer quelques expriences du mme genre, ralises par Miss Flicia Scatcherd.

    Je remarquerai d'abord que cette exprimentatrice persvrante s'est occupe de radiographie, dephotographie transcendantale et de skotographie pendant une quarantaine d'annes ; elle tait regardecomme une des personnes les plus comptentes dans cette catgorie de faits. Elle a expriment avec lecommandant Darget, le Dr Baraduc, M. Guillaume de Fontenay, l'archidiacre Colley. Nous avons dit quec'est elle qui a propos qu'on dsignt du terme de skotographies les impressions sur-normales

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    obtenues sans l'appareil photographique.

    A propos de ses expriences avec l'archidiacre Colley, il est intressant de signaler l'incident suivant,que Miss Scatcherd a rapport au cours d'une confrence qu'elle a faite au sige de la London SpiritualistAlliance, le 3 fvrier 1921. La revue Light la publi l'anne mme (p. 106), dans les termes suivants :

    A titre d'exemple relativement au problme troublant de la photographie de la pense , MissScatcherd a relat cet incident :

    L'archidiacre Colley tait contrari souvent par le fait que, dans les photographies transcendantales,la tte de l esprit est enveloppe d'un petit nuage circulaire, en forme d'aurole. Or il arriva qu'un jouril alla avec l'un de ses amis se faire photographier pour des raisons trangres toute rechercheexprimentale. Au grand tonnement de l'archidiacre, sa tte apparut sur la plaque, enveloppe d'un petitnuage circulaire, pareil un halo. Miss Scatcherd, qui tait prsente, demanda l'archidiacre quoi ilavait song au moment o il posait devant l'objectif. Il eut un instant d'hsitation ; puis il avoua que sonesprit tait ce moment fortement proccup au sujet du sort d'un de ses amis qui traversait, cemoment-l, une terrible crise morale ; aussi, pendant qu'il posait, il priait avec ferveur, en demandant del'aide pour son ami. Miss Scatcherd remarqua alors : J'espre que vous ne serez plus, prsent, contrari

    par les auroles spirites, et que vous reconnatrez la valeur technique extraordinaire de votrephotographie. Les Saints ont t vus aussi entours de la mme aurole dont l'appareil photographique arvl tout l'heure l'existence autour de votre tte .

    Le Light reproduit la photographie en question, o l'on voit que l'aurole autour de la tte delarchidiacre Colley est absolument analogue celles qu'on remarque dans les photographiestranscendantales.

    On connat d'ailleurs plusieurs autres photographies d'auroles apparues autour de la tte de personnesqui taient absorbes par de graves proccupations au moment o elles posaient devant l'objectif. Ondevrait donc en arguer qu'en ces circonstances, l'aurole correspond la substance fluidique, ou thrique,dgage par l'organe crbral intensivement travaill par la pense ; de mme que, dans les photographiesavec l'intervention d'un mdium et dans les apparitions de formes transcendantales, l'aurole correspond la substance fluidique dgage par le mdium ; substance grce laquelle les images cres par la pensedes assistants, ou par la volont des dcds, sont rendues photographiables.

    Ce deuxime fait que j'extrais aussi des expriences de Miss Scatcherd, s'est ralis spontanment enprsence de l'archidiacre Colley, qui tait un sensitif d'une rare puissance ; Miss Scatcherd, son tour,tait une sensitive trs remarquable. Elle crit :

    Le 5 juillet 1910, par suite d'un appel urgent, je m'empressai d'aller la gare, o je pris le train pourStokton Rugby, rsidence de l'archidiacre Colley, me proposant de rentrer chez moi le soir mme.Comme, au moment de mon dpart, un orage allait clater, je m'tais mis un lger impermable sur larobe blanche que je portais la maison. Le soir venu, il m'a t impossible de rentrer chez moi, parmanque de trains pouvant me convenir et je passai la nuit au presbytre. Le lendemain matin, juste au

    moment du dpart, l'archidiacre eut l'ide de me photographier dans le jardin. Il plaa une plaque dans lechssis de l'appareil, rgla celui-ci, et puis il m'appela... Pendant la pose, d'ailleurs trs courte, je mesouvins tout coup de mon dpart prcipit de la maison, sans mme revtir une robe de dehors, et je dis moi-mme: Si j'avais mis mon corsage brod, je paratrais moins ridicule dans la photographie ...

    Quelques jours aprs, l'archidiacre m'envoya un exemplaire de la photo. Il n'avait eu d'autre intentionque celle de se procurer un portrait de moi ; il avait donc t surpris en dcouvrant ct de moi uneforme spirituelle... Mais ce qui, par contre, me combla mon tour d'tonnement, ce fut l'essai vident dereproduction sur mon buste du corsage brod que j'avais tellement dsir au moment de la pose : corsagequi se trouvait bien rang dans ma garde-robe.

    J'ai employ sciemment le mot essai , parce que le dessin de la broderie n'est pas visible ; mais on

    voit sur mon buste un corsage diaphane alors qu'en ralit je n'avais sur moi qu'une lgre chemisette. Cequi prouve qu'il s'agissait bien du corsage auquel j'avais pens, c'est que celui apparu sur la plaque ajustement les bords arrondis, tandis que tous mes autres corsages avaient les bord plats...

    A titre de contre-preuve, je revtis la robe que j'avais lorsque la photo a t excute, et je me fis

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    photographier afin de m'assurer si la chemisette en question ne contenait pas de coutures, des plis, oud'autres combinaisons fortuites, pouvant chapper l'il nu, et ayant pu causer une image fictive de moncorsage ; mais je n'y ai absolument rien rencontr ainsi que du reste je m'y attendais... (Light, 1913,

    p. 356).

    Dans un autre article de Miss Scatcherd sur le mme sujet article insr dans le numro de fvrier1921, p. 106, du Light la photographie en question a t reproduite ; on y voit Miss Scatcherd debout ;elle est visible jusqu'au dessous des genoux. La photogravure est imparfaite, et la forme spirituelle estrduite un petit nuage d'ectoplasme, mais le dessin diaphane du corsage inexistant est net et indubitable.

    Cet autre incident racont par Miss Scatcherd est curieux et intressant. Le 24 fvrier 1923, elle alla Crew, chez les fameux mdiums M. Hope et M. Buxton, avec lesquels elle se trouvait en rapportsd'troite amiti depuis seize ans. Elle avait apport un paquet de plaques photographiques, tout en n'ayant

    pas l'intention de les employer, tant venue pour discuter au sujet d'une srie projete d'expriences ausige de la Society for Psychical Rescarch. Les trois interlocuteurs ne tombrent pas d'accord sur certains

    points du projet ; aussi dcidrent-ils de s'en remettre au conseil de leurs guides spirituels, qui avaientl'habitude de se manifester au moyen de messages imprims sur les plaques photographiques.

    Miss Scatcherd sortit deux plaques du paquet qu'elle avait apport, les signa, en y apposant aussi unsigne spcial (qu'elle changeait chaque fois), et les introduisit dans les chssis, qui furent placs dansl'appareil photographique. Lorsqu'on eut excut les poses et qu'on eut dvelopp les plaques, on trouvasur l'une d'elles le message dsir ; sur l'autre, au vif dsappointement des mdiums, apparut trsnettement un couvercle de cercueil, derrire la figure de Miss Scatcherd. Celle-ci remarque ce sujet :

    La forme trange du couvercle de cercueil pris par l'ectoplasme qui s'tait condens derrire moi,n'est probablement qu'un nouvel exemple du fait, que la subconscience possde la facult de crer etobjectiver des images, facult qui s'exerce si souvent dans les expriences de photographietranscendantale. Que l'on remarque, cet gard, que lorsque, le samedi soir, je suis arrive chez lesmdiums, j'y ai trouv quelques personnes qui revenaient des obsques d'un membre de l'EgliseSpiritualiste de Crew. D'autre part, la fille du mdium, M. Buxton, avait, le mme jour, rempli lesfonctions de porteuse de la bire d'un enfant, dcd dans la maison en face. Lorsque, le lendemain, je

    posai pour la photographie, Miss Buxton se trouvait dans l'glise anglicane pour assister aux obsques del'enfant en question (Light, 1923, p. 252).

    Il est vident que la circonstance des deux enterrements qui ont eu lieu l'poque de l'exprience dontil s'agit, enterrements qui intressaient les membres des familles des mdiums, tend prouver que lecouvercle de cercueil apparu sur la plaque sensibilise tait d un phnomne de photographie de la

    pense. Il est toutefois difficile d'indiquer quelle a t la subconscience qui a fourni la pense-image dontil s'agit. Celle de Miss Buxton serait la plus indique, puisqu'elle tait fille du mdium, et qu'elle avaittransport au cimetire le cercueil de l'enfant ; mais Miss Buxton n'tait pas la maison au moment ol'exprience eut lieu. Cependant, comme elle assistait l'enterrement de l'enfant dcd, cettecirconstance serait favorable la projection d'une pense subconsciente dans le genre de celle qui est

    reste imprime sur la plaque photographique.On pourrait en outre supposer que, comme les mentalits des personnes vivant en ce milieu taient

    toutes plus ou moins absorbes par l'vnement le plus important de ce jour-l celui des deuxenterrements auxquels elles avaient pris part il s'ensuivit que l'ide gnrale de cercueil tait, pourainsi dire, en l'air. Alors, grce la circonstance favorable de la prsence des deux mdiums, une imagecollective de cette nature parvint peut-tre s'objectiver et se concrter d'une manire suffisante pourrester imprime sur la plaque photographique.

    Le Light reproduit la photographie dont nous avons parl ; le couvercle de cercueil plac derrire ledos de Miss Scatcherd y est tout fait net ; c'est bien un couvercle de cercueil ; pas de doute possible. Ilme semble donc qu'il n'est possible de formuler d'autre hypothse explicative en dehors de celle affirmant

    l'existence d'un rapport entre cause et effet : d'un ct, les enterrements qui avaient eu lieu dans le milieuo l'exprience fut ralise ; de l'autre ct, le phnomne du couvercle de cercueil, apparu sur la plaquesensibilise.

    Je remarquerai encore, par rapport l'authenticit du phnomne, que sur le coin gauche de la plaque

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    reproduite par le Light apparaissent nettement les trois sigles que Miss Scatcherd y a places, titre decontrle.

    Ayant ainsi puis le sujet concernant l'un des phnomnes qui se sont produits dans les circonstancesdont nous nous occupons, il me reste parler de l'autre, consistant dans le message obtenu sur la plaque

    photographique.

    Voici le texte du message, ou plus prcisment, des deux messages reus :

    Amis,Je suis tout prt vous guider de mes conseils. N'acceptez pas de dfis ; il serait vain d'attendre un bon

    traitement de ceux qui ont menti relativement Stead ; ne vous flattez pas quils vous pargnent.Archidiacre Colley.

    Mon cher Hope, Je suis avec l'archidiacre Colley. N'hsite pas, ne t'inquite pas : va Londres. W.T. Stead.

    Miss Scatcherd fait remarquer que le premier message, sign de l'archidiacre Colley, est un parfait fac-simil de l'criture du dcd. Elle note en outre que les mots ont menti ont t souligns deux fois ; autretrait caractristique trs spcial de l'archidiacre qui, lorsque, dans une lettre, soulignait des mots le faisait

    deux fois.Cette varit de messages photographiques se ralise assez souvent dans les expriences de

    photographie transcendantale ; elle est de nature rouvrir le dbat sur les modalits par lesquelles seproduit la photographie transcendantale en gnral.

    Il me faut observer ce propos que les messages super-normaux photographiques ne sont pas obtenusuniquement lorsque la plaque est insre dans l'appareil, mais souvent, quand la plaque est hors del'appareil. Cette dernire modalit par laquelle le phnomne se ralise nous porte supposer qu'aussidans les cas dans lesquels la plaque est dans l'appareil, il ne s'agit pas de la photographie d'une crituresubstantielle expose l'objectif, mais d'un message crit directement sur la plaque sensibilise ; peut-tre l'aide d'un minuscule rayon de lumire ultra-violette, servant de plume.

    J'ajoute que le mme fait se rencontre dans le cas des photographies transcendantales dans lesquelleson obtient des impressions de formes spirituelles et de formes de la pense, mme lorsque la plaque a tdpose hors de l'appareil photographique.

    Il semblerait donc rationnel de conclure en affirmant qu'aussi dans le cas de la photographietranscendantale de formes spirituelles et de formes de la pense , tout contribue dmontrer que le

    phnomne ne se produit pas l'aide d'images substantielles qui se prsentent devant l'objectif photographique, mais plutt au moyen d'une forme mystrieuse qui agit directement sur la plaquesensibilise, en dessinant des formes humaines, ou en crivant des messages.

    M. James Coates, auteur du livre : Photographing the Invisible, qui s'est spcialis dans l'tude desphotographies transcendantales, termine ainsi un article qu'il a crit sur ce sujet :

    En conclusion, nous avons appris ce qui suffit pour nous convaincre que nous savons bien peu dechose relativement aux modalits de la production des photographies super-normales. Nous avons enoutre appris que les modalits supposes par lesquelles se ralisent ces photographies, modalits selonlesquelles la forme de l' esprit irait se placer en face de l'objectif, ne sont pas confirmes par l'examendes faits. En effet, lorsqu'on braque diffrents appareils photographiques, dont les objectifs convergenttous vers le mme point, l'impression super-normale n'est saisie que par un seul, appareil, tandis que, si cet endroit il y avait eu quelque chose de substantiel, tous les appareils auraient d le saisir... J'espreavoir dmontr dans ces articles que les procds par lesquels se ralisent les photographiesexprimentales sont certainement multiples, tandis que les dernires expriences dmontrent que lesintelligences qui oprent ne sont pas obliges employer des systmes fixs d'avance... (Light, 1921, p.

    122).En s'exprimant de la sorte, James Coates ne prtend pas nier l'existence de formes spirituelles

    authentiques de la pense, qui soient substantielles, photographiables et photographies. Il veut seulementfaire comprendre que les intelligences qui oprent parviennent obtenir le phnomne en question sans

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    devoir ncessairement recourir l'objectivation d'images substantielles. Ce qui est incontestablement vrai.

    De toute manire, pour tre correct dans les dductions tirer des faits, je remarquerai que lacirconstance de plusieurs objectifs braqus sur le mme point, o l'un seul d'entre eux saisit une imagesur-normale, ne suffit pas dmontrer que dans ce point-l il n'y avait aucune forme, aucune imagesubstantielle. Je rappellerai ce sujet un cas que l'on lit dans un livre intitul : From the other Side, publien 1925 par M. J.-H. Miller. Cet exprimentateur demanda l'intelligence oprante en quoi consistaientles effets exercs par les fluides sur les plaques photographiques, elle rpondit : L'effet consiste enceci, que la plaque indique devient plus sensibilise que les autres . Or cette explication, absolumentrationnelle et acceptable, est thoriquement prcieuse, parce qu'elle porte logiquement arguer que, si la plaque indique devient plus sensibilise que les autres , ce fait explique admirablement pour quellescauses, dans la circonstance des objectifs photographiques braqus tous sur le mme point, une seule

    plaque entre toutes reste impressionne par l'image substantielle existant l.

    D'ailleurs, un fait concourt dmontrer que, s'il est vrai que certaines prtendues photographiesd'images super-normales sont en ralit des dessins, il n'est pas moins vrai que de nombreuses images decette sorte doivent tre positivement des formes substantielles projetes du dehors sur la plaque

    photographique. C'est que, lorsque des sensitifs clairvoyants assistent la sance de pose, ils dcriventd'avance les formes spirituelles qui sont venues se placer devant l'objectif ; leurs descriptions concordent

    admirablement avec ce qui apparat sur la plaque sensibilise. Je rappellerai ce sujet le cas du Rv.William Stainton Moses, qui dit apercevoir la droite du Dr Speer (qui posait devant l'objectifphotographique), une forme de fillette qui le regardait en souriant, forme qu'il dcrivit en dtail, et quiapparut ensuite sur la plaque dveloppe, absolument identique la description fournie d'avance par M.Moses. Le Dr Speer reconnut dans cette image sa petite sur, dcde quarante ans auparavant, l'gecorrespondant celui de l'image obtenue. Je rappellerai de mme les expriences bien connues de MrBeattie, pendant lesquelles les sensitifs dcrivaient d'avance les formes qui se prsentaient devantl'objectif photographique ; descriptions dont on constatait ensuite invariablement l'authenticit. Or, si l'ontient compte du fait que les exemples de sensitifs qui annoncent d'avance quelles sont, les formes quiresteront imprimes dans les plaques sensibilises, sont assez frquents, on est amen conclure que lescas d'objectivations proprement dites de formes spirituelles et de formes de la pense, sont plus nombreux

    que les cas dans lesquels la photographie est un dessin super-normal, excut directement sur la plaquesensibilise.

    Aprs cette explication, je reprends l'expos d'autres exemples de photographies de la pense.

    Mrs Cordelia A. Grylls envoya au Light (1921, p. 559), le rcit d'un incident photographique arriv elle-mme.

    Elle commence par dire qu'une de ses amies, ayant perdu sa mre, et dsirant tenter d'obtenir saphotographie transcendantale, s'adressa elle, en lui demandant conseil. Mrs Grylls la conduisit chez unmonsieur de sa connaissance, qui possdait une mdiumnit remarquable, bien que, depuis longtemps, ilet cess d'exprimenter. Le monsieur reut aimablement les visiteuses et se prta l'exprience. On fit

    six poses ; les deux dames revinrent pour en connatre les rsultats. Mme Grylls continue en disant : Sur la sixime plaque, sur laquelle M. X. tait photographi, on apercevait nettement de petits nuages

    et des lueurs placs autour de sa personne. Sur la cinquime plaque sur laquelle j'tais photographie, onvoyait, profondment imprime, l'image d'un pendule ! Mon amie et moi, nous reconnmes aussitt danscette image un symbole transmis par mon pre, auquel j'avais pens intensivement pendant que je

    posais .

    Le pendule est absolument semblable celui d'une horloge ; dans la photographie il a une longueur de7/8 de pouce, et il est plac un pouce et un quart de distance de mon profil ; mon regard parat dirigvers le pendule.

    A ce sujet, il faut remarquer que, depuis plusieurs mois, je recevais des messages d'une entit qui disait

    tre mon pre et ceci par le systme du pendule oscillant ... Mon pre m'informe que c'est lui qui a projetl'image du pendule sur la plaque, afin de me dmontrer que je possde des facults matrialisantes, qu'ildfinit : aptitude rendre visible la pense . Je remarquerai que l'image du pendule reprsente sa

    pense, et non pas la mienne...

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    Telle est l'opinion de la dame qui raconte l'exprience, relativement l'origine extrieure de limageobtenue. Rien n'empche qu'on puisse regarder son avis comme tant bien fond, toutefois, comme on ne

    possde pas des preuves positives en ce sens, nous ne tiendrons pas compte de cet avis et nous concluronsen remarquant que, si l'on suppose, au contraire, un phnomne d'objectivation de la pense, on devraitconvenir que conformment la rgle que j'ai expose au commencement de ce chapitre l'image du

    pre n'est parvenue s'objectiver, justement parce que Mme Grylls y pensait intensivement ; tandis quel'image du pendule oscillant, auquel elle ne songeait pas ce moment, mais qui vibrait l'tat latent sur le

    seuil du subconscient de la dame ( puisque le pendule oscillant tait l'appareil mdiumnique qu'elleemployait), est parvenue se concrter et impressionner la plaque sensibilise. Le Light reproduit laphotographie dont il s'agit, sur laquelle on observe que l'image du pendule, tant trs noire, se dtachenettement sur le fond.

    Il est bien d'observer aussi qu'un esprit affirme que la facult matrialisante des mdiums consistedans l aptitude rendre visible la pense ; ce qui concorde parfaitement avec la thse que je soutiensdans cet ouvrage, et concorde surtout avec l'analyse compare des phnomnes de la photographietranscendantale ; nous verrons qu'elle s'accorde mieux encore avec les phnomnes de l' idoplastie .En d'autres termes, tout contribue dmontrer que la facult de rendre visible la pense est une facultminemment spirituelle, qui, au cours de l'existence incarne, merge de manire rudimentaire etsporadique chez les sensitifs et les mdiums, pour devenir une facult normale dans le milieu spirituel,aprs la crise de la mort.

    Cet autre cas contient des dtails thoriquement dcisifs dans le sens que je soutiens.

    La direction du Light publie dans le numro de mars 1921 de ce journal (p. 172) le cas suivant,accompagn des photogravures qui s'y rapportent.

    Au mois d'aot dernier, MM. Goodwin et West se rendirent Crew, pour y visiter les mdiums MHope et Mme Buxton. On excuta quelques poses photographiques, et l'on obtint sur une plaque limagesuper-normale d'un beau-frre de M West, mort depuis six ans environ.

    Au mois d'octobre, les mmes messieurs firent une autre visite de surprise aux deux mdiums. M.West avait apport avec lui un mdaillon porte-portrait contenant une photo de son beau-frre, afin defaire remarquer au mdium Hope la ressemblance parfaite existant entre la photographie du dcd etl'image obtenue, quelques mois auparavant. Il s'tait pourvu, en mme temps, d'un paquet de plaques

    photographiques, dans l'espoir de pouvoir faire quelques nouvelles expriences.

    Le mdium Hope accorda volontiers une autre sance aux visiteurs, et lorsque les quatre personnesprirent place autour de la table, dans un but de recueillement et de prire, M West sortit de sa poche le mdaillon porte-portrait et le fit voir aux mdiums, qui reconnurent la parfaite ressemblance existantentre la photographie du dcd et l'image super-normale obtenue. Aprs cela, M. West introduisitsoigneusement le mdaillon dans son tui, le replaa dans une poche intrieure o il l'avait toujours gard

    par un excs de prcaution, et la sance commena.

    M. West et M Hope se retirrent dans le cabinet noir , o le premier ouvrit le paquet qu'il avait aveclui en tira deux plaques sur lesquelles il traa ses initiales, et les introduisit dans les chssis. Il portaensuite lui-mme les chssis dans la vranda vitre qui sert de studio au mdium Hope, et l, il les plaadans l'appareil photographique. Alors, les mdiums Hope et Buxton prirent place d'un ct et de l'autre del'appareil et l'on excuta les poses. M. West se retira ensuite avec le mdium Hope dans le cabinet noir et y dveloppa lui-mme les ngatifs. Lorsqu'il fut possible de les examiner la lumire du jour, onaperut, au grand tonnement de tout le monde, sur l'une des plaques, une parfaite reproduction du mdaillon porte-portrait , avec la photographie relative ; ceci en des proportions quatre fois suprieuresau naturel, et le tout superpos aux figures de MM. West et Goodwin. Tous les moindres dtails dumdaillon taient reproduits d'une manire admirable.

    Comment se rendre compte d'un pareil phnomne ? Je remarquerai qu'en des circonstances analogues

    on a propos dj l'hypothse d'une projection de la pense de la part de l'un ou de tous les assistants.En mme temps il ne serait pas irrationnel de supposer que le phnomne de la projection de la pense, tout en tant rel, ft d au contraire des oprateurs spirituels... Nous invitons nos lecteurs examinermrement le cas que nous venons de relater : ils ont leur disposition le rcit des faits et les

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    photographies qu'il leur faut comparer entre elles...

    Comme on peut voir, aussi en ce cas le narrateur penche pour l'interprtation spirite des faits ; maisnous ne tiendrons pas compte de cette interprtation, puisque aucune circonstance ne la suggre. Nousnoterons en mme temps qu'au point de vue que je soutiens, c'est--dire celui de l'existence relle deformes de la pense objectives et photographiables, il est indiffrent que l'on penche plutt pour uneinterprtation que pour l'autre, puisque aussi bien dans l'hypothse spirite que dans celle subconsciente, le

    phnomne de la reproduction supra-normale photographique du mdaillon porte-portraits ne peut avoird'autre origine que l'objectivation de la pense. Si l'on est port accepter linterprtation spirite des faits,on peut dire que c'est la volont d'une intelligence spirituelle qui a fait projeter devant l'objectif

    photographique cette image concrte ; si l'on prfre l'interprtation subconsciente, on doit dire que lacontemplation prolonge du mdaillon porte-portraits de la part des assistants, a t la cause del'objectivation d'une image analogue, grce l'effort de la mentalit collective subconsciente desassistants, ou grce l'activit des mdiums seuls. Ne perdons pas de vue que, dans le cas qui nousoccupe, le phnomne de l'objectivation de la pense est tellement vident, qu'il n'y a pas de controverse

    possible ce sujet, mme parmi des mtapsychistes militant en des camps thoriquement opposs. C'estce qui doit nous suffire pour le moment.

    J'ai gard en dernier lieu les clbres expriences du professeur Ochorowicz avec le mdium Mlle

    Tomczyk, expriences poursuivies au cours de plusieurs annes et dont il a t rendu compte dans unelongue srie d'articles parus dans les Annales des Sciences Psychiques (1910-1911-1912). Je les aigardes pour la fin parce qu'elles sont, au point de vue scientifique, les plus importantes, et qu'ellesexigent un plus grand dveloppement dans nos commentaires.

    Le Pr Ochorowicz, se fondant sur ses propres expriences, parvint son tour la conclusion que lapense possde la facult de s'extrioriser, et que les images mentales rvlent des proprits actiniques, puisque les plaques photographiques sont impressionnes par les images en question. Dans lesexpriences dont nous nous occupons on remarque deux cas plus spcialement intressants ; ils consistentdans les photographies supra-normales d'un d et de la lune. Voici comment M. Ochorowicz relate le casdu d:

    Un nouveau phnomne extraordinaire a t remarqu au cours de la sance du 22 septembre 1911.On a vu que dans plusieurs radiographies de la main gauche du mdium, on aperoit la bague qu'elle

    portait constamment l'un de ses doigts. Ce phnomne paraissait indiquer :

    1 Qu'une certaine union existe entre le corps et les objets ports sur le corps ;

    2 Que la notion occultiste, physiologiquement nouvelle, de l'existence d'un corps astral , n'est peut-tre pas limite aux tres vivants.

    Seulement, une question se prsente ce moment : S'il en est ainsi, comment expliquer le fait que labague apparat uniquement sur certaines photographies, et non pas sur toutes ?

    Je me rends compte de la difficult d'entreprendre des recherches exprimentales ce sujet ; d'autre

    part, cependant, les recherches exprimentales constituent, pour le moment, la seule base dont jereconnais la lgitimit dans cette catgorie d'ides. De toute faon, il me semble qu'un dtail dt treaisment vrifiable cet gard : c'est de s'assurer si un objet qui n'tait pas constamment port par lasomnambule pouvait se reproduire dans quelques-unes des photographies de son double . Pourcommencer, je choisis un d d'argent, dont elle se servait rarement...

    Je remis le d la somnambule, en expliquant ce que je dsirais ; mais la somnambule trouval'exprience peu intressante, et me proposa de la compliquer. Mets le d l'un de tes doigts me dit-elle avec l'autre main, garde le contact avec moi. Peut-tre le d passera-t-il mon doigt travers toncorps. Qui sait ! Essayons !

    C'est insens ce que tu dis-l !... Nanmoins, me souvenant du mot de Charles Richet qui dit

    quelque part qu'en mtapsychique il ne faut pas reculer mme devant les essais qui nous paraissentinsenss, je ne dis plus rien ; j'ouvre une nouvelle bote de plaques Elka 13 et 18, j'en sors une, je lamarque au crayon et la place sur les genoux du mdium, assis ma droite. De ma main droite je maintiensen l'air sa main gauche au-dessus de la plaque, une quarantaine de centimtres environ, je garde le d au

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    mdius de ma main gauche, derrire mon genou gauche et nous attendons le phnomne.

    La lampe rouge brle sur la table un mtre de distance.

    Au bout d'une minute la somnambule dit : Je sens des fourmillements l'endroit de l'avant-bras ota main me touche... Oh ! que c'est drle ! On me place quelque chose sur le bout de mon mdius... Je nesais pas si c'est bien le d ; je sens seulement quelque chose me serrer continuellement le bout du doigt...

    Quant moi, je ne vois rien et je n'ai pas de sensation particulire (ni souffle, ni frissons, ni rien de

    semblable), mais je sens toujours bien le d sur mon mdius gauche, en contrlant cette sensation toutesles secondes peu prs, l'aide de mon pouce ou de mon genou gauche.

    Une douleur, pas trs vive cette fois, ressentie par le mdium dans sa main gauche, agissante, terminel'exprience.

    Sur le clich apparat une main gauche, peut-tre un peu plus petite que celle du mdium, sauf letroisime doigt qui parat plus long, tant prolong... par un d !...

    Le d, comme le doigt qui le porte, paraissent amincis sur la photographie (dtail normal dans lesradiographies des objets ronds, lorsque la lumire est proche). La partie infrieure du d, sauf son borddoubl, est moins sombre (sur le positif) que sa partie suprieure ce qui ne rpond plus une

    projection radiographique, mais l'apparence normale du d, tel qu'on le voit. Enfin le verre bomb qui letermine reste peine visible, comme s'il tait trop transparent pour cela.

    En un mot, l'image produit une impression mixte, dconcertante : ce n'est pas une forme dessined'aprs nature, car elle ne prsente que la partie centrale (axiale) de l'objet ; ce n'est pas une radiographiede profil, car l'on y voit des dtails de surface, incompatibles avec une simple projection ; ce n'est pas non

    plus une photographie ordinaire par rflexion, puisque dans ce cas la lumire devrait clairer l'objet deface, ce qui, sans objectif et cabinet noir, aurait pour unique effet de voiler la plaque ; ce n'est pas enfinune radiographie la Roentgen, c'est--dire par transparence partielle, puisque les parties galementfortes du mtal sont traverses ingalement, et que la main se montre plutt moins transparente que lemtal.

    Le mtal !... Mais quel mtal ?... Il n'y avait rien au bout du doigt du mdium ! Le d n'a pas quitt mamain, qui restait loin de l et n'avait aucun rapport avec la plaque. J'en suis absolument sr ! Je suisgalement sr de l'impossibilit matrielle d'une simple projection de la main du mdium. La sensationque celui-ci eut sur son doigt ne ft qu'une sensation subjective. Comment admettre alors qu'elle ait pu se

    photographier comme quelque chose de rel ? Et ne faut-il pas supposer que, comme cette main n'est pascelle du mdium, mais bien celle de son double, de mme l'image du d, avec lequel elle forme un toutharmonieux, constitue, non pas la photographie du d, mais celle de son double...

    De son double ou de lide du d... (Annales des Sciences Psychiques, 1912, p. 164-166).

    Le Dr Ochorowicz remarque ensuite que ce fait ne peut donner lieu qu' deux hypothses explicatives :ou bien l'on suppose un ddoublement fluidique du d, venu se placer sur le doigt du mdium, ou l'on a

    recours la photographie de la pense . Il ajoute qu'au point de vue physique et chimique les deuxhypothses se valent, puisqu'elles restent toutes les deux en dehors de notre savoir actuel. Et il conclut endisant :

    Laquelle de ces deux conceptions, galement extravagantes, est plus prs de la vrit ? Mais quoiqu'on en pense, cette exprience existe, et elle contient une vrit, une vrit nouvelle, puisque lesanciennes ne s'y appliquent gure

    M. Ochorowicz a raison d'insister sur la circonstance que, quelle que soit l'explication qu'on veutdonner de ce mystre, le fait n'existe pas moins ; c'est--dire que ce serait vain, absurde, anti-scientifique,anti-philosophique de feindre de l'ignorer pour garder tranquille et sereine sa conscience scientifique de

    physiologiste ou de psychologue universitaire.

    Au sujet de l'incident que je viens de reproduire, M. Ochorowicz demanda des claircissements au double du mdium, c'est--dire l'entit oprante ; voici le dialogue qui s'ensuivit :

    Ochorowicz Eh bien, explique-moi l'exprience du d !Double. J'avais dtach du d sa partie fluidique et je l'avais mise sur mon doigt.

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    Etait-elle aussi sur le doigt du mdium ? Non. Que voulait dire alors la sensation qu'il eut ? C'tait naturel. Nous sommes unis. Lorsque je ressens quelque chose, il doit s'en ressentir. Et puis ? J'ai mis ma main orne du d, sur la plaque ; voil tout. Je ne sais pas comment se fit la lumire ;

    elle provenait du mdium.

    Ces claircissements du double nous apprennent que le d fantme ne s'tait pas condens sur ledoigt de la main corporelle du mdium, mais sur le doigt de sa main fluidique, qui s'tait extriorise pourimpressionner la plaque sensibilise. En tout cas, on comprend qu'en ces circonstances la somnambule dutressentir la sensation de la prsence du d sur son doigt corporel ; comme il arrive dans les expriences de ddoublement dans lesquelles, si l'on pince l'air sur le point o se trouve localis le fantmeddoubl , le sujet endormi ressent la douleur dans ses membres correspondants. Il en rsulte qu'il fautgalement conclure que le cas en question constitue un exemple rare d'une forme de la pense , qui nefut pas seulement photographie, mais aussi perue comme une sensation tactile par la somnambule.

    Relativement la question de l'hypothse qu'il convient de prfrer entre les deux que M. Ochorowicza proposes, il me semble qu'au fond la premire hypothse se greffe la deuxime. Mme si le d

    fantme avait rellement t constitu de substance fluidique soutire au d mtallique, il s'agiraittoujours d'une image photographique cre par la volont subconsciente du mdium ; c'est--dire par sapense. En d'autres mots : il serait indiffrent de supposer que la substance fluidique ncessaire a tsoutire l'objet pens ou l'air ambiant, ou l'ther ambiant attendu que ce qui importe est le fait d'un

    phnomne qui s'est extrioris grce la force plasticisante et organisatrice, inhrente la pense.

    Passons au deuxime cas tir des mmes expriences et dans lequel il s'agit d'une photographie de lapense reprsentant le disque de la lune. Au point de vue scientifique, il est peut tre encore plusimportant que le cas du d, parce que M. Ochorowicz, aprs avoir obtenu spontanment l'image de la luneen rapport avec une pense analogue du mdium, a excut d'autres expriences, afin d'obtenirexprimentalement la mme image ; ce qui lui russit plusieurs reprises circonstance qui prouve

    mieux encore que le phnomne de la photographie de la pense doit tre envisag comme un faitscientifiquement constat. Voici le rcit du Dr Ochorowicz :

    On se rappelle que, dans la nuit du 7 septembre, ma somnambule fut vivement impressionne par lasuperbe vue du ciel toile et particulirement de la pleine lune qu'elle contempla longtemps avecadmiration. Il en rsulta une excitation de sa curiosit scientifique, en mme temps qu'une obsessionsensorielle durable, manifeste dans la premire idoplastie photographique involontaire, obtenue lelendemain.

    Au lieu d'une petite main, que nous dsirions tous les deux, apparut sur la plaque une pleine lune, surle fond d'un nuage blanc. Tout d'abord, nous n'avions pas compris ce que c'tait, car le nuage masquait lalune, en formant une tache unique irrgulire.

    Le lendemain je remarquai la rondelle blanche du ct du verre et je m'empressai d'en tirer unepreuve positive. C'tait bien difficile, car l'impression avait t tellement forte, que pour sparer la lunedu nuage, il fallut exposer cinq heures au soleil, sur papier au chlorure, et quatre-vingts secondes sur du

    papier au bromure ; autrement la lune disparaissait dans le nuage.

    Enfin plusieurs copies permirent de s'assurer : 1 que c'tait rellement la lune ; 2 que son imagerpondait exactement ce qu'avait vu la somnambule ; 3 que cette impression avait t double, quoiqueles deux images, trs rapproches l'une de l'autre, fissent l'effet d'un seul disque oblong...

    Physiologiquement, cette photographie de la pense parat sans rapport avec le cerveau. La plaque nefut pas applique contre la tte du mdium, ni dans cette exprience ni dans d'autres russies...

    J'en conclus que l'idoplastie photographique peut ne pas tre due une action directe du corps engnral et du cerveau en particulier, et qu'elle se trouve en relation directe plutt avec le cerveauthrique , ou en gnral avec le corps thrique extrioris.

    Ceux auxquels rpugne l'hypothse d'une physiologie transcendantale, n'auront qu' se contenter d'une

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    explication spiritualiste, sans prciser le mode de l'action physico-chimique de l'me distance. A vraidire, ce ne serait qu'un aveu de notre profonde ignorance.

    Je dois ajouter que la photographie des images mentales visuelles, me semble galement sans relationncessaire avec la rtine. Le mdium ne fixait pas la plaque, et dans une exprience o il l'avait faitexprs (aprs avoir contempl une bouteille claire par la lumire rouge), je n'obtins rien.

    Au point de vue psychologique, il est remarquer qu'au moment du phnomne, l'imagination du

    mdium fut le terrain d'une lutte entre deux obsessions : l'une consciente et volontaire, celle dune petitemain ; l'autre inconsciente et involontaire, celle de la pleine lune qui s'inscrivit toute seule.

    C'est donc cette dernire qui l'a emport sur l'autre, ce qui semble indiquer que l'obsession inconscientese trouve en relation plus intime avec le mcanisme, encore inconnu, de l'idoplastie photographique...

    Toutes les considrations qu'on vient de lire se rattachaient la supposition que nous avions rellementaffaire une photographie de la pense. Cette certitude, je ne pouvais pas l'avoir de prime abord, et le seulmoyen d'y arriver consistait en une rptition de l'exprience, ou plutt en une transformation del'idoplastie photographique inconsciente suppose, en une idoplastie consciente et voulue.

    Je demandai donc au mdium de se reprsenter nettement la pleine lune et de tcher d'en obtenir unenouvelle reproduction.

    Le 11 septembre j'obtins le clich n 16. C'tait quelque chose de ressemblant la photographieprcdente quoique d'une apparence bizarre. Le nuage est analogue, mais la lune diffre beaucoup.

    Ce n'est pas une lune dis-je au mdium c'est un bouton !

    En effet, la photographie reprsentait comme deux disques, incrusts l'un dans l'autre, avec unetroisime tache ronde beaucoup plus petite au milieu. Cette tache est plus sombre que le second cercle, etle second plus sombre, que le premier. D'ailleurs, aucun d'eux n'est plus clair que le fond du nuage. (Ontrouvera plus loin les explications donnes ce sujet par le double).

    Mes critiques provoqurent de nouveaux efforts du mdium, et cette fois il se produisit le phnomneinverse ; des deux lunes, la premire, plus petite, est plus blanche, et toutes les deux plus claires que le

    fond...Une nouvelle rptition de la mme exprience, le 23 septembre, donna une figure qui ressemble

    presque tout fait la premire idoplastie inconsciente. En tout cas, la similitude est suffisante pourconclure que dj la premire fois nous avons eu affaire une vraie photographie de la pense.

    Enfin, la figure obtenue le 8 octobre doit tre considre comme l'effet suprme des efforts de masomnambule, qui devinant mes doutes, suscits par la deuxime lune-bouton, concentra de mieux enmieux sa pense consciente, pour me donner pleine satisfaction.

    Cette dernire preuve est particulirement intressante sous ce rapport qu'elle prsente quatre oumme cinq impressions nettes de la lune, de diffrentes grandeurs, prive cette fois de son nuage. Ce

    dernier est remplac par une aurole qui entoure les plus fortes impressions. Le ct moins fortementimprim de l'image ne prsente pas cette particularit ; mais mme la forte impression de l'aurole ne nuitpas la nettet des contours... (Annales des sciences Psychiques, 1912, p. 205-209).

    Au cours d'une sance suivante, le Dr Ochorowicz demanda au double du mdium des explicationsau sujet des dtails nigmatiques qu'il avait remarqus dans les photographies de la lune ; je reproduis iciune partie du dialogue qui s'ensuivit :

    Ochorowicz : La photographie de la pense existe-t-elle rellement ?Double : Oui..

    Y a-t-il un intermdiaire matriel entre la pense et la plaque ? Non. La pense agit toute seule. Comment ? Je ne sais pas. S'il n'y a pas d'objet intermdiaire qui se dplace, d'o proviennent ces impressions doubles, triples,

    etc. ? Des efforts ritrs du mdium. (Cette opinion me semble maintenant juste, elle tait contraire

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    mes suppositions d'alors). Pourquoi la premire lune obtenue sur commande ressemble-t-elle plutt deux boutons incrusts

    l'un dans l'autre ? Le mdium ne savait pas concentrer sa pense ; il se reprsentait par moments une lune plus petite,

    ou plus grande, plus claire ou plus sombre, ce qui dtermina des ronds concentriques. (Ibidem, p.237).

    Ces dernires explications du double propos des impressions multiples du disque lunaire,parurent absolument bien fondes et dcisives au Dr Ochorowicz ; indubitablement, on ne saurait trouverune explication meilleure du fait. Quant la premire question adresse par l'exprimentateur au double, relativement l'existence ventuelle d'un intermdiaire matriel entre la pense et la plaquesensibilise, elle se prte des interprtations douteuses, ainsi que d'ailleurs la rponse obtenue. C'est--dire qu'on ne comprend pas bien si les deux interlocuteurs ont voulu faire allusion un intermdiairematriel dans le sens d'une substance ectoplasmique proprement dite, ou bien dans le sens d'unecondensation purement fluidique, due la pense. Dans le premier cas, le double aurait eu

    probablement raison de rpondre ngativement ; mais on ne pourrait pas en dire autant dans le deuximecas, car l'analyse compare des faits lui donnerait tort. Ceci est prouv aussi par le phnomne de laradiographie du d, qui s'est ralise grce au mdium ; il avait alors expliqu avoir soutir de lasubstance fluidique du d mtallique pour former un d fluidique sur la pointe de son doigt, c'est--diresur la pointe du doigt fluidique et ddoubl du mdium ; pendant que le mdium en percevait le contact etla pression constante exerce sur son doigt corporel. Aprs avoir fait cette remarque, en hommage lacorrection thorique, je m'empresse d'ajouter que s'il y avait une contradiction dans les affirmations du double , celui-ci en sortait toutefois honorablement ; il avoua sincrement, en effet, ne pas connatrecomment s'exerait l'action de la pense sur la plaque sensibilise ; ce qui signifie que les explicationsfournies cet gard ne reprsentent que son opinion personnelle de double ; pas autre chose.D'ailleurs, s'il est probable, et aussi rationnel, que dans les expriences de la photographie de la pense on ne parvient jamais au phnomne de la condensation de substance ectoplasmique proprement dite,on y parvient certainement dans les phnomnes d'idoplastie . Celle-ci dmontre que la pense et lavolont sont des forces prodigieuses, qui ne sont pas uniquement capables d'impressionner directement

    une plaque sensibilise, ou de condenser du fluide suffisant pour rendre photographiable une image, maissont aussi capables de plasticiser une image ; et ce qui est plus important encore, aussi de matrialiser desmembres du corps, et des corps organiss ; ainsi que nous allons le dmontrer dans le chapitre suivant.

    Avant d'abandonner le thme de la photographie de la pense , il sera utile de prciser la placeoccupe par elle dans l'chelle des graduations phnomniques prises par la puissance cratrice de la

    pense ; ceci dans le but de tracer les limites que l'on peut thoriquement assigner aux phnomnes dontnous nous occupons.

    La chose n'est gure facile, cause du fait que j'ai dj discut fond en d'autres travaux que lesfacults super-normales subconscientes (et par consquent, aussi le phnomne de l'objectivation de la

    pense), sont des facults de l'esprit, existant ltat latent dans la subconscience humaine, en attendant

    dmerger et de s'exercer dans un milieu exprimental aprs la crise de la mort. En ces conditio