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Plaquette de présentation de l'entreprise réassure africain.
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126me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
LE REASSUREURAFRICAIN
PUBLICATION DE LA SOCIETE AFRICAINE DE REASSURANCE
2 26me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain2
AFRICAN REINSURANCE CORPORATIONSOCIETE AFRICAINE DE REASSURANCE
Headquarters/Sige:Plot 1679, Karimu Kotun St., Victoria Island, P. M. B. 12765, Lagos, NIGERIA
Tel: (234-1) 4616820-8, 2800924-5Telefax: (234-1) 2800074
E-mail: [email protected] - Web site: http://www.africa-re.com
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Bureaux rgionaux
Casablanca Nairobi Abidjan33 Boulevard Moulay Youssef, Africa Re Centre, Hospital Road, Rue Viviane A24 - Cocody, AmbassadesB.P. 7556 Upper Hill, Nairobi, Kenya 20 B.P 1623 Abidjan 20 Casablanca, Maroc P. O. Box 62328 - 00200, Nairobi Abidjan, Cte dIvoireTel: (212) 22 43 77 00 - 5 Tel: (254-20) 2730660-3, Tel: (255) 22404480 / 75Fax: (212) 22 43 77 29 - 30 Fax: (254-20) 2724896, 273060608 Fax: (225) 22404482E.mail: [email protected] E.mail: [email protected] E-mail: [email protected]
Le Caire Maurice7, Elkhalily Str. Plot No. 1149 11th FloorMasaken Sheraton, Heliopolis One Cyber City,Postal Code: 11361 EbeneLe Caire, Egypte MauriceTel: (202) 22685668 Tel: (230) 454-7074Fax: (202) 22685667 Fax: (230) 454-7067E.mail: [email protected] E.mail: [email protected]
Filiales Bureau local
African Reinsurance Corp. Africa Retakaful Bureau local dAddis-AbebaSouth Africa Ltd 7, Elkhalily Str. Plot No. 1149 Gerad Mall, 6th Floor, Suite Number 4322nd Floor (West Wing) Masaken Sheraton, Helipolis Debrezeit Road, Beklobet, Kirkos SubOakhurst Building 11-13, Andrews Road, Postal Code: 11361 City, Kebele 05Parktown 2193, Houghton 2041, Le Caire, Egypte Addis-AbebaJohannesburg, Afrique du Sud Tel: (202) 22685668 EthiopieP. O. Box 3013 Fax: (202) 22685667 Office Tel: +251 11 416 5803/4Tel: (27-11) 484-3764/1970/1606 E.mail: [email protected] Mobile: + 251 922122473Fax: (27-11) 484 - 1001 Email: [email protected]: [email protected]
326me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain 3
SOMMAIRE
LE REASSUREURAFRICAIN
PUBLIE PAR
La Socit Africaine de Rassurance
Plot 1679, Karimu Kotun St.,
V/IslandP.M.B. 12765, Lagos, NigeriaTel: (234 1) 4616820-8, 2800924-5
Telefax: (234 1) 2800074E.mail: [email protected]
COMITE DE REDACTION
DIRECTEUR DE PUBLICATION
Corneille KAREKEZI
MEMBRESIke UDUMA
Elizabeth AMADIUMEAdewale ADEWUSI
Roger BONG BEKONDOEric TALA
Francis OPONDO
TRADUCTEURSRoger BONG BEKONDO
No Alexandre PENDAEric TALA
Stephen AYUKOSOK
CONSULTANTSALAMI KASALI
SAISIE & COMPOSITIONSandra KURUBO
Tous droits rservs.Reproduction interdite sans
autorisation de lediteur
26me Edition, Juin 2012 Fond en 1987
Page
4 EDITORIAL
5 ASSURANCE ET REASSURANCE
5 Risques Politiques, Emeutes, Grves et Mouvements
Populaires: Enseignements du Printemps Arabe
Par Gamal Sakr, Responsable des Oprations, Allianz Insurance
Company - Egypte
15 Assurance-Crdit: Opportunits et dfis en Afrique
du Nord
Par Jean Christophe Batlle, Euler Hermes ACMAR
Directeur Gnral/CEO
19 Entreprise Industrielle: Rle des visites de Risques
dans la Prvention des Sinistres
Par Hassane Assoumana, Inspecteur Technique, Africa Re
23 GESTION ET FINANCE
23 La contribution des quipes de direction successives
dAfrica Re lvolution de la Socit
Par Elizabeth Amadiume, Directrice des Oprations centrales et
des Risques spciaux, Africa Re
28 PRESENTATION DE MARCHE
28 Le march ivoirien des assurances
Par Bedi Gnagne, Directeur des Assurances, Ministre de
lEconomie et de Finance, Cte-dIvoire
33 Le march des assurances au Mozambique
Par Israel Muchena, Directeur Technique, Hollard Mozambique
37 NOUVELLES DES REGIONS
4 26me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
EDITORIAL
Corneille KAREKEZIDirecteur de Publication
La prsente dition du Rassureur
Africain est la toute premire dont
je suis le Directeur de publication, et
jai la ferme intention de perptuer
la qute dexcellence qui a anim ses
initiateurs, et tout particulirement
mon prdcesseur, M. Bakary
KAMARA.
La 26me dition de votre magazine
comprend des thmes dactualit
intressants. Les acteurs du secteur
des assurances et de la rassurance
ne sont pas rests indiffrents au
vent du changement qui a souffl sur le monde arabe, et qui
a eu un impact considrable sur leur domaine dactivits.
Le printemps arabe est en effet le thme dun article trs
instructif portant sur les problmes et interprtations
relatifs lassurance des risques politiques, des meutes et
des troubles civils.
Dans le contexte actuel de grave crise financire et
conomique mondiale, lassurance crdit suscite un grand
intrt. Larticle sur les opportunits et dfis de lassurance
crdit en Afrique du Nord propose
quelques orientations pour le
dveloppement de cette branche
daffaires importante.
La visite de risque est un aspect
indispensable de lassurance,
notamment en ce qui concerne
la prvention des sinistres et la
tarification du risque. Larticle portant
sur ce thme fournit des informations
sur les types de prvention des
sinistres, les avantages de la prvention
des risques dans une compagnie et
limportance de la mise en uvre des recommandations
formules aprs la visite de risque.
Lun des crits publis dans la prsente dition est luvre
dune personne qui a jou un rle trs important dans
lhistoire du Rassureur Africain et qui, dans larticle propos,
a choisi de remonter le temps pour rendre un vibrant
hommage aux anciens directeurs gnraux de lAfrica Re et
prsenter la nouvelle quipe de direction.
526me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
ASSURANCE ET REASSURANCE
RISQUES POLITIQUES, EMEUTES, GREVES ET MOUVEMENTS POPULAIRES : ENSEIGNEMENTS DU PRINTEMPS ARABE
Par
Gamal Sakr
Responsable des Oprations, Allianz Insurance Company Egypte
1.0 Introduction
Le prsent article examine les
problmes auxquels les compagnies
dassurances ont t confrontes en
Tunisie et en Egypte au Printemps
arabe et voque les enseignements
qui en ont t tirs. Il identifie
linterprtation que les uns et les
autres firent de ces vnements ainsi
que les lacunes du march des risques
lis aux meutes et mouvements
populaires avant et aprs janvier
2011 du point de vue de la couverture, des taux et des
termes et conditions. Larticle met galement en lumire
les conflits entre assureurs et rassureurs au sujet du
rglement des sinistres qui dcoulrent du Printemps arabe
et les arrangements auxquels parvinrent les parties. Lauteur
formule ensuite quelques recommandations qui pourraient
permettre aux assureurs de grer plus efficacement ce type
de risque.
Le Printemps arabe, aussi appel Rveil arabe, est une
rvolution qui se caractrisa par une vague de protestations
dans le monde arabe et dont les premires manifestations
remontent au samedi, 18 dcembre 2010. Le mouvement
donna lieu des soulvements, des protestations, des
guerres civiles, des changements de rgime et des
rvolutions dans un nombre de pays arabes dont la Tunisie,
lEgypte, la Libye, Bahren, la Syrie, le Ymen et, dans une
moindre mesure, lAlgrie, la Jordanie, le Maroc et Oman.
Furent galement concerns, mais sans graves consquences,
le Kowet, le Liban, la Mauritanie et lArabie saoudite.
Les protestations furent caractrises par des mouvements
de rsistance civile organiss dans le cadre de vastes
campagnes comprenant des grves, des manifestations, des
marches et des rassemblements qui sappuyrent sur les
rseaux sociaux pour rsister aux tentatives de rpression
et de censure des mdias par les
pouvoirs publics. Ces vnements
aboutirent des changements
de rgime politique, mais aussi
furent lorigine dnormes pertes
conomiques en Afrique du Nord, en
particulier en Tunisie, en Egypte et en
Libye, ainsi quil est indiqu plus bas.
2.0 Les pertes
conomiques en
Tunisie, en Egypte et
en Libye
Le Commissaire des assurances de Tunisie a estim quelque
700 millions $EU le montant total des pertes assures
engendres par la rvolution dans son pays tandis que le
Gouvernement de transition a avanc un chiffre initial de
lordre de 2,5 milliards $EU. Toutefois, les experts pensent
que le chiffre rel est deux fois plus important que celui
avanc par le Gouvernement.
La Fdration des assureurs gyptiens, quant elle, a estim
les pertes dassurances 150 millions $EU tandis que les
estimations prliminaires situaient les pertes conomiques
lies au soulvement 34 milliards $EU.
En Libye, les seules estimations prliminaires chiffrent
les pertes dassurance 400 millions $EU et les pertes
conomiques 6 milliards $EU.
La raction des assureurs quant la couverture des pertes
susvoques a vari dun march un autre. En Libye par
exemple, nombre de compagnies ont refus de couvrir les
pertes Dommages lies la Rvolution, arguant que ces
pertes sont explicitement exclues des contrats pertinents.
En revanche, en Tunisie et en Egypte, la Fdration des
assureurs a accept de couvrir les pertes Dommages subies
dans un dlai de 38 jours pour le premier pays et 35 jours
6 26me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
pour le second aprs lclatement des meutes. En effet,
les compagnies dassurances en Egypte eurent de longues
discussions avec leurs rassureurs sur le dphasage entre la
formulation des polices dassurances directes et les contrats
de rassurance ainsi que sur linterprtation des vnements
survenus dans le pays et en Tunisie.
A la fin de 2011, nombre de rassureurs en Tunisie et en
Egypte acceptrent de rgler les sinistres assurs sur une
base extra-gracia, tant donn que les sinistres Dommages
dcoulant des vnements survenus dans les deux pays sont
exclus des contrats de rassurance.
2.1 Le march des risques lis aux meutes
et mouvements populaires avant janvier
2011: formulation des contrats, taux et
termes et conditions
Le march gyptien
La pratique sur ce march est de couvrir les risques lis
aux meutes et aux mouvements populaires sous forme
davenants de rachat dexclusion aux polices dassurance-
Dommages. Aussi la Fdration des assureurs gyptiens a-t-
elle adopt une formulation comparable celle de la London
LPO 437 pour ce qui est de la couverture des risques lis
aux meutes et mouvements populaires, mais qui exclut
le terrorisme et les dommages intentionnels. Toutefois, les
risques lis aux rvolutions taient clairement exclus des
clauses des assurances Dommages relatives aux meutes et
mouvements populaires.
Le repre du march pour les taux oscille entre 0,5 pour
1000 et 1 pour 1000 pour les risques lis aux meutes
et mouvements populaires. Toutefois, les compagnies
dassurances offrent des couvertures gratuites pour les
meutes et mouvements populaires pour la somme totale
assure dans la mesure o aucune imite secondaire ntait
offerte, et ce sans imposer de franchise et en cas de :
Cycle baissier caractris par une forte capacit de
souscription ;
Stabilit politique durable ; et
Absence de dclaration de sinistre sur une longue
priode.
Il convient de faire observer quavant janvier 2011, les outils
de gestion daccumulation des risques lis aux meutes et
mouvements populaires ntaient ni dvelopps ni utiliss
sur le march. Aussi tait-il difficile de dterminer les
niveaux daccumulation.
Le march des assurances en Tunisie
Conformment la Loi N88 de dcembre 1980, lassurance-
dommages est obligatoire en Tunisie dans tous les secteurs
dactivit, des usines aux banques, en passant par les bureaux
et les boutiques.
Les principales caractristiques de la couverture des risques
lis aux meutes et mouvements populaires peuvent tre
rsumes ainsi quil suit :
a. Couverture:
Emeutes, grves, mouvements populaires et
troubles.
Actes de terrorisme (au sens large).
Guerre civile (notamment les actions militaires
visant renverser le pouvoir en place).
Les avenants relatifs lassurance des risques lis aux
meutes et mouvements populaires en Tunisie sont similaires
au LPO 437 du point de vue de la couverture.
b. Limites: 20% 25% de la somme totale assure.
c. Franchise: 10%, avec une limite montaire minimale
de 5000 dinars tunisiens et un maximum de 100 000
dinars tunisiens selon lusage dont le bien est fait et la
somme assure.
Le tableau ci-aprs fournit des dtails sur les taux et
conditions dassurance des risques lis aux meutes et
mouvements populaires sur le march tunisien.
ASSURANCE ET REASSURANCE
726me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
ASSURANCE ET REASSURANCE
Tableau 1 : Taux et conditions en matire dassurance des risques lis aux meutes et mouvements
populaires sur le march tunisien avant 2011.
Activit Franchise Taux
Habitations Franchise totale minimum:3000 Limite de 0,30% de 25% de la somme totale assure
Somme totale maximum: 10 000 Limite de 0,25% de 20% de la somme totale assure
Hpitaux, htels Somme totale assure infrieure Somme totale assure infrieure la franchise totale
la franchise totale de10 millions de 10 millions
Franchise totale minimum: 5000 0,50% de la limite de 25% de la somme totale assure
Somme totale minimum: 25 000 0,45% de la limite de 20% de la somme totale assure
Somme totale assure suprieure Somme totale assure suprieure la franchise totale
10 millions de 10 millions
Franchise totale minimum: 5 000 0,45% de la limite de 25% de la somme totale assure
Somme totale maximum: 50 000 0,35% de la limite de 20% de la somme totale assure
Risques industriels Somme totale assure infrieure Somme totale assure infrieure la franchise totale
la franchise totale de 10 millions de 10 millions
Franchise totale minimum: 5 000 0,60% de la limite de 25% de la somme totale assure
Franchise totale maximum: 50 000 0,55% de la limite de 20% de la somme totale assure
Somme totale assure suprieure Somme totale assure suprieure la franchise totale
la franchise totale de 10 millions de 10 millions
Franchise totale minimum: 5 000 0,60% de la limite de 25% de la somme totale assure
Franchise totale maximum: 75 000 0,50% de la limite de 20% de la somme totale assure
Autres activits Somme totale assure infrieure Somme totale assure infrieure la franchise totale
commerciales la franchise totale de 10 millions de 10 millions
Franchise totale minimum: 5 000 0,75% de la limite de 25% de la somme totale assure
Franchise totale maximum: 75 000 0,65% de la limite de 20% de la somme totale assure
Somme totale assure infrieure Somme totale assure infrieure la franchise totale
la franchise totale de 10 millions de 10 millions
Franchise totale minimum: 5 000 0,70% de la limite de 25% de la somme totale assure
Somme totale maximum: 100 000 0,60% de la limite de 20% de la somme totale assure
Source: Fdration des assureurs tunisiens
3.0 Formulation des contrats de rassurance
en matire de risques politiques
3.1 Le march gyptien
La plupart des contrats de rassurance comprennent une
clause dexclusion en cas de guerre et de guerre civile ou une
clause dexclusion de risques politiques, notamment en cas
de guerre, dinvasion, dacte dennemi tranger, dhostilits
ou dactivits semblables la guerre, de guerre civile et de
mouvements populaires ayant des allures de soulvements
populaires ou quivalant ceux-ci . Lexclusion en gras fait
partie du contrat de rassurance mais ne figurait pas dans
les avenants relatifs aux meutes et mouvements populaires,
ce qui a t lorigine dun grave conflit entre assureurs
gyptiens et rassureurs internationaux.
3.2 Le march tunisien
Les contrats de rassurance comprennent une clause
dexclusion des cas de guerre et de guerre civile ou de
risques politiques mais aussi un avenant qui prvoit la
couverture des risques ci-aprs :
a. Actes de terrorisme (au sens large).
b. Guerre civile (y compris les actions militaires visant
renverser le pouvoir en place).
8 26me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
Ainsi quon le verra plus loin dans le prsent article,
linterprtation des vnements lis au Printemps arable
comme tant une rvolution ou des meutes et mouvements
populaires a engendr un conflit entre les cdantes
tunisiennes et leurs rassureurs.
4.0 Chronogramme des vnements relatifs
aux rvolutions tunisienne et gyptienne
Le chronogramme des vnements publi par Aljazeera
replace les vnements dans leur perspective et a permis aux
cdantes et rassureurs de dterminer leurs engagements
respectifs. Nous reprenons ce chronogramme ci-aprs.
4.1 Chronogramme des vnements lis la
rvolution en Egypte
25 janvier 2011 : En ce jour fri lhonneur
de la police gyptienne, des foules descendent
dans les rues au cri de jour de rage ; les
manifestants en ont marre de lextrme pauvret,
de la corruption et du chmage.
Des milliers de personnes manifestent au centre
du Caire et se dirigent vers le sige du Parti
dmocratique national au pouvoir, du Ministre
des affaires trangres et de la tlvision publique.
Dans le mme temps, des manifestations similaires
sont annonces dans dautres villes du pays.
Les organisateurs des manifestations font
abondamment usage des rseaux sociaux tels que
Facebook et Twitter.
28 janvier: Les utilisateurs dinternet et de
messagerie de tlphone mobile font tat de
fortes perturbations des rseaux alors que le pays
se prpare une nouvelle vague de manifestations
aprs la prire du vendredi. Lagitation se rpand,
et Moubarak dcrte le couvre-feu au Caire,
Alexandrie et Suez et dploie larme. Il
dmet galement son gouvernement et affirme
comprendre les dolances des manifestants tout
en dfendant laction des forces de scurit. Les
meutes commencent et se poursuivent toute
la nuit malgr lannonce par Moubarak de la
dmission de son gouvernement.
29 janvier: Mubarak nomme le chef de ses
Services de renseignements, en la personne
dOmar Suleiman, au poste de vice-prsident et
son ministre de lAviation civile, Ahmed Shafiq, au
poste de premier ministre. Toutefois, meutes et
pillages se poursuivent dans la matine jusqu 16
heures, heure du dbut du couvre-feu.
31 janvier: Larme gyptienne fait savoir
quelle reconnat les droits lgitimes du peuple
et ne recourra pas la force contre celui-ci.
3 fvrier: Heurts entre manifestants hostiles au
rgime et des groupes de loyalistes.
4 fvrier: Dimmenses foules occupent de
nouveau la place Tahir. Certaines ttes de proue
des manifestations parlent de cette date comme
tant le jour du dpart du Prsident Moubarak.
5 fvrier: Des dirigeants du Parti dmocratique
national dont Gamal Moubarak, fils du Prsident,
dmissionnent en masse.
10 fvrier: Des dirigeants du parti au pouvoir
annoncent la dmission prochaine de Moubarak,
mais celui-ci cre la surprise dans un nouveau
discours tlvis o il rvle quil restera au
pouvoir jusquaux lections de septembre
suivant bien quil promette de transfrer certains
pouvoirs son adjoint, Omar Suleiman.
11 fvrier: Moubarak dmissionne au 18me
jour de manifestations et se retire dans la ville
balnaire de Sharm-el-Sheikh, son lieu de cong
de prdilection. Suleiman annonce que Moubarak
dmissionnera avec effet immdiat.
Des actes de pillage eurent lieu dans la nuit du
28 janvier et le matin du 29 avant les heures de
couvre-feu. Ces actes nauraient aucun lien direct
avec les manifestations dans les principales places
et seraient attribuables labsence de forces de
police et la situation de non-droit qui rgnait.
ASSURANCE ET REASSURANCE
926me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
4.2 Chronogramme des vnements lis la
rvolution de Jasmine en Tunisie
17 dcembre 2010: Mohamed Bouazizi,
jeune homme de 26 ans titulaire dun diplme
universitaire en informatique mais picier,
simmole par le feu aprs avoir reu une gifle
dune policire qui lui ordonnait de dgager sa
carriole de la route. Cest la goutte deau qui fit
dborder le vase pour le jeune diplm incapable
de trouver un emploi, mais aussi contraint au
mtier dpicier pour soutenir ses 7 frres et
surs.
24 dcembre 2010: Des manifestations
clatent Sidi Bouzid et se rpandent Menzel
Bouzaiene, Kairouan, Sfax, Ben Guerdane et
Sousse. La police ouvre le feu sur les manifestants.
27 dcembre 2010: Les manifestations
se propagent Tunis, la capitale. Plus de 1000
personnes descendent dans les rues. Les
manifestations sappuient sur les rseaux sociaux
(comme pendant la rvolution Verte en Iran qui a
t alimente par Twitter et Facebook).
28 dcembre 2010: Le Prsident Ben Ali
condamne les manifestations et avertit que ceux
qui recourent la violence seront punis.
13 janvier 2011: On apprend que 66
personnes auraient t tues depuis le dbut
des manifestations. Ce bilan ne serait que de 23
morts pour les pouvoirs publics. Le Prsident
Ben Ali sengage lancer un vaste programme de
rformes et annonce quil ne se reprsentera pas
en 2014.
14 janvier 2011: Ltat durgence est dcrt
dans le pays. Le Prsident Ben Ali dissout le
parlement et promet dorganiser des lections
lgislatives dans un dlai de 6 mois. Le mme soir,
il descend de son trne macul et senfuit
pour lArabie saoudite.
15 janvier: Le vide laiss par le dpart de ben
Ali est exploit par des pilleurs et des gangs
violents qui saccagent des piceries et des
manoirs appartenant des membres de lancien
rgime. Des rsidents de plusieurs quartiers de
Tunis affirment que des groupes sillonnaient les
quartiers la nuit, mettant le feu des immeubles
et attaquant des personnes et des biens sans
quon ne puisse apercevoir la police.
16 janvier: La tension et lincertitude semparent
de Tunis alors que les militaires sefforcent de
restaurer lordre.
On ne peut douter que les pillages et les meutes
commencrent au lendemain de la dmission et
de la fuite de Ben Ali le 14 janvier. Ainsi quil a
dj t relev, la datation des pillages et meutes
a t lorigine de quelques dsaccords entre
assureurs tunisiens et rassureurs internationaux.
5.0 Evaluation des dommages et positions
adoptes par les fdrations des assureurs
5.1 Le march des assurances gyptien
Les dommages matriels causs par les pillages furent
estims 25 milliards de livres gyptiennes (4,15 milliards
$EU). Ce chiffre comprend les dommages causs de grands
centres commerciaux, des boutiques, des banques, des
vhicules, etc.
Les pertes dassurances furent estimes 900 millions de
livres gyptiennes (150 millions $EU), chiffre assez bas en
comparaison des pertes conomiques. Lcart observ
sexplique sans doute par labsence de couverture SRCC
pour les vhicules et par le fait que peu de boutiques et
dtablissements de vente en dtail taient couverts contre
les risques lis aux meutes et mouvements populaires.
Au bout des 32 jours de pillage qui scoulrent entre le 29
janvier et le 8 mars, le Prsident de la Fdration des assureurs
gyptiens dclara que les compagnies dassurances devaient
rgler tous les sinistres lis la Rvolution conformment
aux termes et conditions des polices dassurances dans les
cas o ces dernires prvoyaient une couverture SRCC.
Avant cette dcision de la Fdration, plusieurs runions
furent organises qui permirent dvoquer les pertes subies
et linterprtation quil fallait faire des vnements.
ASSURANCE ET REASSURANCE
10 26me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
Les dcisions suivantes furent prises:
a. La Fdration distingua entre les destructions, pertes,
dommages, responsabilit civile, dpenses ou autres
dommages conscutifs intervenus entre le 25 janvier
et le 11 fvrier et aprs cet intervalle.
b. La Fdration conclut en outre quil y eut des
mouvements populaires et absence dordre du
fait que la police et les forces armes se retirrent
soudainement de leurs positions le 28 janvier,
donnant ainsi libre champ aux pilleurs qui causrent
des pertes et des dommages partout dans le pays.
c. La Fdration estima galement que tout dtenteur
dune police prvoyant la couverture des risques
lis aux meutes et mouvements populaires tait
fond rclamer des rparations pour les pertes ou
dommages subis entre le 25 janvier et le 11 fvrier.
d. Enfin, la Fdration dcida que toute perte ou
dommage subi aprs le 11 fvrier ne pouvait tre
couvert au motif que les vnements en cause
relvent de la Rvolution tant donn que le
Prsident Moubarak avait dj dmissionn.
5.2 Le march des assurances tunisien
Les dommages matriels causs par les pillages furent
estims 1 milliard de dinars tunisiens (700 millions $EU).
Etant donn que la limite obligatoire pour les risques lis
aux meutes et mouvements populaires est de 25%, les
pertes causes aux compagnies de rassurance slevrent
175 millions $EU. Furent concernes par les dommages
71 usines, 144 boutiques, 332 agences de banque et 33
entreprises de communication.
Au bout des 35 jours de pillage qui scoulrent entre le
15 janvier et le 18 fvrier, le Prsident de la Fdration des
assureurs tunisiens dclara que les compagnies dassurances
devaient rgler tous les sinistres lis la Rvolution de
Jasmine conformment aux termes et conditions des polices
dassurances.
La dcision de la Fdration se fondait sur le fait que la
dmission du Prsident Ben Ali intervenue le 14 janvier
ne devrait pas tre interprte comme signifiant que
les vnements en cause constituent une rvolution. En
consquence, les actes de pillage intervenus aprs le 15
janvier furent considrs comme tant couverts par les
clauses relatives aux risques lis aux meutes et mouvements
populaires
En juillet 2011, le Ministres des Finances dclara que les
dommages causs par les actes de pillage intervenus aprs
le 14 janvier taient couverts dans le cadre des risques lis
aux meutes et mouvements populaires. Les compagnies
dassurances furent donc obliges de rgler les sinistres
dclars par les clients dont la police Dommages comprenait
une clause relative la couverture des risques lis aux
meutes et mouvements populaires. Toutefois, les mdias
considrrent que les vnements viss correspondaient
une rvolution, ce qui les excluait explicitement du champ
dapplication des polices dommages voques.
6.0 Conflit entre assureurs et rassureurs sur
le rglement des sinistres
Pour mieux apprcier la position des assureurs et
rassureurs au sujet de leurs engagements respectifs, il est
intressant de se rfrer au tableau ci-aprs qui prsente les
4 types de risque politique et de police dassurance courants
sur le march et bien connus des assureurs et rassureurs
europens.
ASSURANCE ET REASSURANCE
1126me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
Full Political Violence cover
Couvre des dommages matriels lis des grves (y compris des contre-grves), des meutes, des mouvements populaires, des pillages, des actes intentionnels, des mutineries, des actes de terrorisme ou de sabotage, des soulvements, des rbellions, des coups dEtat, des insurrections, des guerre ou des guerres civiles. (La couverture peut occasionnellement tre tendue pour inclure la saisie et la capture de biens par des personnes engages dans des violences politiques, que les biens aient t endommags ou pas.
Non
Fixe la signature du contrat
Limites: guerre entre grandes puissances/attaques chimiques ou bio (mme si ces dernires peuvent tre incluses)/expropriation/vol.
Couverture
annulable
Prime
Exclusions
Risques lis aux meutes et mouvements populaires
Dommages matriels dcoulant directement dune grve (y compris dune contre-grve), dmeutes ou de mouvements populaires
Dordinaire
Modifiable
Elles sont nombreuses et comprennent les interruptions dactivits, les actes de confiscation, les guerres, les guerres civiles, les insurrections, les rvolutions, les actes de terrorisme, les mutineries. Les mouvements peuvent tre exclus lorsquils dcoulent de soulvements populaires ou militaires.
LPO 437
SRCC Actes de terrorismeActes malveillants
Dordinaire
Modifiable
Semblable lassurance des risques lis aux meutes et mouvements populaires, mais les actes de terrorisme et malveillants ne font pas partie des exclusions.
LMA 3030
Ne couvre que les seuls actes de terrorisme et ne sapplique gnralement que dans les cas o des actes de terrorisme influent sur laction des pouvoirs publics ou renversent ces derniers.
Dordinaire
Modifiable
Plusieurs
Source: Diverses polices dassurances
Tableau 2 Rsum des caractristiques des risques politiques selon le type de police
ASSURANCE ET REASSURANCE
12 26me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
6.1 Raction des rassureurs
Pour les rassureurs, les vnements intervenus en Egypte et en Tunisie sont des actes de rvolution qui ne sauraient engager leur responsabilit ni dans lun ni dans lautre pays, ainsi quon peut le voir ci-aprs.
Le march des assurances gyptien
Des rassureurs de premier plan tels que Hannover Re, SCOR ou Munich Re ont dclin toute responsabilit pour les raisons suivantes:
Bien que les contrats de rassurance couvrent les polices originales dans les formulations originales, les rassureurs incluent gnralement dans leurs traits lune ou lautre des exclusions suivantes :
Une exclusion relative la guerre ou la guerre civile ;
Une exclusion relative aux risques politiques trs semblable la premire.
Ainsi, bien que les contrats de rassurance comprennent une clause des sorts lis en vertu de laquelle le rassureur doit respecter les rglements de sinistres de la cdante, leur application est rgie par les termes et conditions.
Pour les rassureurs, les manifestants se fixrent un nouvel objectif partir du 28 janvier, savoir renverser le pouvoir en place. Ds lors, les manifestations se transformrent en un soulvement populaire, en une rbellion, voire en une insurrection ou en une rvolution.
Le march des assurances tunisien
La situation en Tunisie fut dautant plus diffrente quon se trouva ici en prsence dun problme dinterprtation, ainsi quil apparat dans les deux paragraphes suivants :
a. Les rassureurs examinrent tous les vnements survenus depuis le 17 dcembre, date laquelle Mohamed Bouazizi simmola par le feu, jusquau 14 janvier, date laquelle Ben Ali quitta le pouvoir, et conclurent que ces vnements rentrent dans le cadre des traits de rassurance.
b. Quant aux vnements survenus partir du 15 janvier, ils furent considrs par les rassureurs comme une rvolution dans la mesure o les mouvements populaires conduisirent au dpart de
Ben Ali le 14 janvier ; ils conclurent en consquence que les vnements en cause ne rentrent pas dans le cadre des traits de rassurance.
Dans un premier temps, les grands rassureurs refusrent de payer les sinistres en se fondant sur linterprtation ci-dessus.
En juillet 2011, le Ministre des Finances dclara que les dommages causs par les actes de pillage intervenus aprs le 14 janvier taient couverts par lassurance des risques lis aux meutes et mouvements populaires. Ce faisant, le Ministre entendait soutenir les cdantes dans leur conflit avec les rassureurs.
De longues discussions eurent lieu entre cdantes et rassureurs en Egypte et en Tunisie sur les questions suivantes :
a. Le montant total des sinistres ; et
b. Les relations entre les deux marchs.
En fin de compte, nombre de rassureurs acceptrent de payer les sinistres pour des raisons commerciales et non techniques.
6.2 Dfinition du concept de sinistre dans les traits XL Dommages aux biens
Une autre difficult laquelle sont confrontes les cdantes en matire de respect des traits non proportionnels est la dfinition du concept de sinistre dans les traits XL Dommages aux biens dont la clause de dfinition stipule que tout dommage dcoulant dun risque politique nest couvert que dans les conditions ci-aprs:
a. Sil est dclar dans un dlai de 72 heures pour les meutes, mouvements populaires et dommages intentionnels et 168 heures pour dautres risques politiques tels que les grves et contre-grves ;
b. Si les vnements auxquels il est li nexcdent pas les limites dune ville ou dun village.
Ce qui prcde tant, la rvolution gyptienne, qui a t marque par de nombreux actes de pillages partout dans le pays, en particulier au Caire, Alexandrie, Suez et dans dautres grandes villes, aurait d tre considre comme un ensemble dvnements distincts ayant caus des sinistres avec des priorits diverses. La couverture XL aurait d tre puise, donnant ainsi lieu des primes de reconstitution multiples.
ASSURANCE ET REASSURANCE
1326me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
7.0 Mesures prises par les rassureurs en Egypte et en Tunisie
Les rassureurs sont dsormais stricts en matire de couverture de risques lis aux meutes et mouvements populaires en Afrique du Nord. Les mesures prises vont de la modification de la formulation des traits et des limites la fixation de franchises multiples en passant par des primes supplmentaires.
Ainsi quil a t relev plus haut, le march des risques lis aux meutes et mouvements populaires en Egypte se caractrise par les lacunes ci-aprs :
a. Ecart entre les termes et conditions de couverture des assureurs directs et ceux des traits de rassurance ;
b. Absence de limites secondaires;
c. Absence de prime additionnelle ;
d. Absence de franchises multiples ;
e. Absence de stratgie de gestion daccumulations.
Ces lacunes ont toujours fait lobjet de discussions entre rassureurs et cdantes gyptiennes, et ce eu gard aux exclusions ci-aprs:
a. Nouvel acte de protestations (au nom de toute organisation, de tout organisme, de toute personne ou tout groupe de personnes) contre lEtat, le Gouvernement, une autorit en place ou tout pouvoir provincial, local ou tribal visant mettre fin au pouvoir de lEtat, du gouvernement, de lautorit en place ou renverser le pouvoir provincial, local ou tribal par des moyens terroristes ou par la violence ou qui menace de le faire.
Des mouvements populaires qui prennent les proportions dun soulvement populaire ou y correspondent.
Perte ou dommage li directement ou indirectement des actes de pillage ou tout vol li tout acte couvert par lavenant.
La nouvelle clause protgera les cdantes contre tous vnements futurs semblables ceux de janvier 2011. Il est vident que les compagnies dassurances gyptiennes nauraient pas payer les sinistres Dommages relatifs la Rvolution si cette clause existait dj.
b. La Fdration des assureurs gyptiens a dcid dadopter de nouveaux termes pour les risques lis aux meutes et mouvements populaires ; les nouveaux termes seront caractriss par des taux, des franchises et des limites distincts.
c. Les rassureurs appliquent dsormais des limites nouvelles en matire de risques lis aux meutes et mouvements populaires pour leurs risques catastrophiques en Egypte, tant donn en particulier que le march gyptien ne dispose daucune stratgie de gestion daccumulations de risques lis aux meutes et mouvements populaires. Dordinaire, la limite adopte est un multiple de la capacit du trait.
A la diffrence du march gyptien, il existe sur le march tunisien une clause relative aux risques lis aux meutes et mouvements populaires plutt claire, avec des taux, des franchises et des limites distincts. Toutefois, les rassureurs appliquent une limite par vnement semblable celle qui est applique en Egypte. Il est fort probable que les rassureurs appliquent une limite par vnement pour les risques lis aux meutes et mouvements populaires sur tous les marchs dAfrique du Nord.
8.0 Perspectives davenir
Une des difficults en matire de couverture des risques lis aux meutes et mouvements populaires est de mettre en place un cadre de modlisation de ces risques qui permettrait aux cdantes de grer leurs accumulations. Le march pourrait sinspirer ce sujet du modle de Muir-wood dont les grands axes sont les suivants :
a. Dtermination du niveau dexposition A laide de logiciels de gocodage, les compagnies dassurances identifieraient tous les biens couverts contre les risques lis aux meutes et mouvements populaires par localit et par propritaire.
b. Quantification des risques Identification des zones dmeutes et de leur picentre ainsi que des zones potentiellement vulnrables. Ces zones se situent couramment dans un rayon de 1 2 miles. Les niveaux de destruction dans ce rayon varieront dordinaire en fonction de la dure doccupation, des dolances et de lefficacit de laction de la police.
c. Evaluation de la vulnrabilit Les niveaux dincendie criminel et de pillage escompts devraient donner une ide du niveau de dommages aux immeubles et leur contenu ainsi que du niveau dinterruption dactivits.
ASSURANCE ET REASSURANCE
14 26me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
d. Analyse de probabilit Elle dfinit la probabilit dun vnement ainsi que les probabilits descalade et de contagion. Le potentiel de contagion des meutes sest accru de manire spectaculaire la faveur de lavnement des rseaux sociaux tels que Facebook, Twitter ou du Blackberry (messages instantans).
Une autre proccupation se rapporte aux provisions pour sinistres et la garantie. Ici aussi, les rflexions de Muir-wood sont assez difiantes et donnent des indications sur les problmes que les cdantes peuvent rencontrer dans la recherche de rponses appropries. En effet, selon Muir-wood:
a. Pour les cas extrmes, lescalade de violence politique pourrait ne pas permettre de dfinir les conditions prcises rgnantes la date de survenance du sinistre ou dajuster celui-ci quau bout de quelque temps.
b. Les cas extrmes pourraient staler sur un laps de temps plus long que la dure prvue dans la dfinition de tout vnement.
c. Dans la plupart des cas, les sinistres dcoulant dmeutes ou de lagitation sociale sont couverts mme lorsquils les meutes ou lagitation sociale se transforment en soulvement ou en tout autre vnement exclu de la police, moins que lvnement exclu ne soit en fait la cause des meutes ou des sinistres en question.
d. Il y a des complications juridiques lorsque des meutes sont considres comme des actes de terrorisme par les pouvoirs publics.
e. Lanalyse de risque doit tenir compte du risque de navoir pas dinformations sur le contexte et dignorer si ce contexte pourrait tre interprt comme une exclusion.
f. Les sinistres lis aux meutes et manifestations populaires Mena ont dj t prsents au march des assurances pour paiement ventuel.
9.0 Conclusion
Le Printemps arabe a assurment mis en lumire les lacunes de lassurance des risques lis aux meutes et mouvements populaires sur les marchs gyptien et tunisien. Ainsi quil a t relev dans le prsent article, les principaux problmes qui se posent sur ces marchs sont, entre autres choses, la pratique dune souscription librale, labsence de systmes de gestion daccumulations et le hiatus entre la formulation des polices
ASSURANCE ET REASSURANCE
et les termes des traits, en particulier en Egypte. Inspirs par les conflits ns de ces lacunes, cdantes et rassureurs ont pris des mesures qui baliseront la voie pour un march plus mr dans lavenir. Malheureusement, la probabilit de violences politiques accrues semble relle dans la rgion, ce qui pourrait accrotre la demande de couvertures contre les risques lis aux meutes et mouvements populaires. Do le besoin de rexaminer et dactualiser rgulirement les risques lis aux violences politiques grce des tudes et des recherches approfondies pour adapter les couvertures aux attentes des assurs.
Rfrences
1. Chronogramme des vnements lis au soulvement populaire en Tunisie et en Egypte par Aljazeera
2. Willis Risk Alert report on Political Risk Insurance: Mind The Gap, avril 2011
3. Mena Insurance Review Region in Chaos, mars 2011
4. Mena Insurance Review Defining Chaos, juillet
5. Bloomberg How Insurers Measure the Risk, septembre 2011
6. The National Magazine - Regional Unrest Bad for Insurance Industry, 5 octobre 2011
7. Business Insurance Middle East Uprising Put Spotlight on War Exclusions Risk, aot 2011
8. Mena Insurance CEO Club Testing Time for Insurers as Region Erupts
9. Al Bayan Newspaper 11 juillet 2011
10. Modeling Tools for Managing Political Violence Insurance - Robert Muir-Wood
11. Legal Review of the Application of SRCC Wordings in the Middle East - Wayne Jones Partner Clyde and Co LLP
12. Legal Issues Which Arise in PRI Disputes - Brian Boahene Partner Inco and Co.
1526me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
ASSURANCE-CREDIT: OPPORTUNITES ET DEFIS EN AFRIQUE DU NORD
Par
Jean Christophe BATLLEDirecteur Gnral / CEO, Euler Hermes ACMAR
Introduction
Le prsent article voque les
opportunits et dfis potentiels en
matire dassurance-crdit en Afrique
du Nord. Lobjectif recherch est
dapporter des lments de rponse
et de proposer des pistes de rflexion
afin de dvelopper cette branche
dassurance dans le contexte de
la crise mondiale et de la situation
gopolitique de la rgion.
Le champ dintervention de
lassurance-crdit
Lassurance-crdit consiste en la couverture, en assurance,
dun crdit commercial, avec la notion dala que cela
implique. Le crdit commercial se caractrise par une vente
entre commerants qui se fait crdit. Il est avr que ce
crdit inter-entreprises joue un rle primordial dans le
financement dune conomie. Il est communment admis
que le crdit inter-entreprises reprsente environ 4 fois
le financement bancaire court terme. Son importance a
encore t souligne lors de la crise qui a secou lEurope
rcemment. En France par exemple, outre le financement
bancaire, le crdit inter-entreprises sest effondr,
notamment du fait que les couvertures octroyes par les
assureurs-crdit se sont fortement contractes.
Cette volution a conduit tendre rapidement le mandat
du mdiateur. En effet, initialement nomm pour rgler les
conflits entre banquiers et clients, le mdiateur a vu son rle
largi la relation entre entreprises et assureurs-crdits, ce
qui tmoigne de la place quil tient dans le financement de
lconomie.
Les marchs dAfrique du
Nord
Il est ais de dmontrer aujourdhui
que la pntration de lassurance-
crdit en Afrique du Nord reste
faible. Loffre concurrentielle
demeure trs limite sur les trois
principaux marchs que sont le
Maroc, la Tunisie et lAlgrie. Les
dernires estimations font ressortir
un taux de pntration infrieur
la moyenne mondiale de 2004. Nous
estimons que cette moyenne ne sera
atteinte, toutes choses gales par ailleurs, quen 2016. Loffre
reste peu concurrentielle eu gard la faiblesse du nombre
dassureurs-crdit oprant en Afrique.
Il est galement utile de prciser que lexpertise en
assurance-crdit est trs apprciable, mais linnovation par
rapport aux besoins des marchs reste faible. On constate
aussi, au niveau mondial, que la distribution des produits
dassurance-crdit se fait via des rseaux de courtage
spcialiss. Au Maghreb, cette distribution reste confine
aux forces de vente internes des entreprises dassurance.
Nous sommes ainsi confronts aussi bien un manque
doffre sur les marchs quau problme dune diffusion
encore trs peu largie aujourdhui. Il convient maintenant
de rappeler quelques principes fondamentaux gnralement
appliqus en assurance-crdit1 de conception classique.
Seul le risque commercial court terme est
assurable
Le risque commercial normal rside dans les oprations
intervenant entre industriels ou commerants de
1 Comment garantir le risque de crdit JA Pietri Editions lArgus
ASSURANCE ET REASSURANCE
16 26me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
droit priv partir de la fourniture de marchandises ou
de la prestation de services payables court terme.
Sont donc exclues les transactions avec les acheteurs
publics, moins quil sagisse dexportations et de risques
caractre catastrophique qui chappent la prvision, la
compensation et au droit de recours judiciaire.
Lassurance doit porter sur un ensemble
dactivits suffisant de lassur pour ne pas permettre
ce dernier de pratiquer lanti-slection.
Tout crdit doit faire lobjet dun agrment
de lassureur, lexception de ceux qui peuvent tre
laisss la discrtion de lassur, notamment lorsquil
sagit de crances de faible montant.
Pour quune perte devienne indemnisable, elle doit
provenir dun dbiteur dont ltat dinsolvabilit
a t matrialis par une incapacit payer
judiciairement constate ou par une carence de
paiement au terme dun certain dlai (gnralement
5 6 mois pour les contrats classiques).
Lassur doit conserver sa charge une
partie de la perte constate en vertu du principe
selon lequel lassureur et lassur se trouvent associs
dans la ralisation dun objectif commun qui vise
viter toutes pertes dans lintrt des deux parties.
En dfinitive, lassurance-crdit permet de prvenir le
risque commercial et impose une meilleure gestion
tant administrative que financire du crdit-client. Elle
permet aussi de mutualiser les moyens tant en matire de
prvention que de recouvrement de crances. Elle aide en
outre prospecter de nouveaux clients efficacement
en se concentrant sur les plus solvables et en dfinissant
la politique commerciale la plus approprie pour chaque
catgorie de risque identifie. Lentreprise se trouve ainsi
dans une situation plus quilibre entre dveloppement du
chiffre daffaires et marge potentielle.
Outre ces exigences dordre conceptuel, le dveloppement
de lassurance-crdit doit aussi rpondre certaines normes
dordre conomique.
Accs linformation conomique et financire
En effet, lassurance-crdit dans ses principes vend la
prvention et impose dtre interroge pour octroyer des
garanties sur les clients de ses assurs. Ceci impose un accs
linformation conomique et financire. Lassureur-crdit
organise ainsi la collecte de linformation administrative pour
identifier les clients de ses assurs ainsi que leur situation (in
Bonis, RJ, LJ). Il mettra aussi en uvre une dmarche de
prfrence directe vis--vis des clients des assurs afin de
collecter les lments financiers et de commenter tant les
ralisations que les prvisions. Cela lui permet didentifier et
de surveiller le risque clients potentiel.
On notera les progrs raliss, notamment sur les marchs
marocain et tunisien, dans la structuration de linformation
conomique et financire ainsi que dans leur accessibilit aux
oprateurs conomiques. Par ailleurs, il est communment
admis aujourdhui sur ces marchs de commenter les
chiffres des entreprises. Des oprateurs comme Inforisk2 au
Maroc disposent prsent de bases de donnes accessibles
en ligne via Internet, avec des informations actualises sur
plus de 100 000 entreprises. Une socit marocaine a aussi
t constitue en 2010 qui a pour mission de consolider les
informations dtenues par les tablissements financiers et
de les mettre la disposition de lensemble des oprateurs
dclarants3. Ces exemples sont multiplier pour faciliter
laccs linformation. Des partenariats doivent tre dfinis
et facilits pour capitaliser sur les expriences existantes,
gagner du temps dans le dveloppement et raliser des
conomies dchelle. Une bonne base de donnes permet
ainsi lassureur-crdit de prendre les dcisions les plus
appropries et de mieux matriser le risque. Cela se traduira
par de la valeur ajoute apporte au client et une matrise
de la sinistralit.
Bon fonctionnement du systme judiciaire et
prservation des droits des cranciers.
Lassureur-crdit intgre dans ses contrats le recouvrement
de crances. Il organise ainsi la gestion du recouvrement
au niveau mondial pour les phases amiables aussi bien que
2 www.inforisk.ma 3 www.experianmaroc.ma
ASSURANCE ET REASSURANCE
1726me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
judiciaires. Il apporte ainsi lentreprise son expertise et met
sa disposition les comptences et atouts de son rseau
mondial ainsi que sa connaissance des langues, systmes et
procdures judiciaires locaux.
De plus, en consquence de lindemnisation des pertes, il se
substitue lassur pour ce qui est des droits de celui-ci sur
ses crances.
Le prix du contrat dassurance-crdit est aussi fortement li
cette capacit de rcupration qui permet de baisser le
cot du risque. Ainsi, une moindre capacit de rcupration
augmentera potentiellement le prix car la perte, et partant,
lindemnisation, est plus importante.
Nous constatons que les procdures judiciaires dans la
rgion sont longues. Ensuite, lorsque des jugements dfinitifs
sont obtenus, leur excution reste problmatique. Cela
fragilise le commerce inter-entreprises et contraint souvent
les cranciers imposer des srets dans leurs relations
avec les clients.
Produits et structure du march
Lautre dfi auquel fait face lassurancecrdit est la
structure des marchs en Afrique du Nord. Ces marchs
peuvent tre schmatiss comme des marchs de petites
et moyennes entreprises et de toutes petites entreprises au
ct de quelques grandes firmes. Cette structure entrane
quelques dfis relever.
En premier lieu, dvelopper une culture assurantielle
et une culture financire des dirigeants dentreprise.
Lassurance-crdit devient un outil important mais
sophistiqu. Il convient donc dinvestir dans la
formation en dveloppant la fonction de Credit
manager . Une association professionnelle de
Credit Management ainsi quun partenariat avec
un programme de formation professionnelle nous
semblent tre une bonne base.
En second lieu, les produits doivent tre mieux
adapts la structure du march. Il nous semble
important de travailler sur la simplification des
produits qui impliquent un minimum de gestion pour
lentreprise. Les entreprises du Maghreb demeurent
peu structures en interne pour assurer la gestion,
parfois complexe, du poste clients avec toutes ses
implications et le bon fonctionnement dun contrat
dassurance-crdit. Le contrat communment
commercialis reste un contrat classique issu des
contrats commercialiss en Europe. Il convient
donc den assurer la simplification pour en largir et
acclrer la diffusion.
En troisime lieu, il convient dapporter de lexpertise
pour lentreprise dans sa gestion courante afin de lui
faire prendre conscience des risques encourus dans
sa relation clients. Nous pourrions citer comme
exemple, la revue des conditions gnrales de
vente, la revue de la documentation commerciale,
le processus de facturation et de relance client pr
et post chances. Lentreprise pourra ainsi saisir de
meilleures opportunits.
Tarification approprie
Enfin, les assureurs-crdit doivent pouvoir dvelopper un
outil de tarification appropri, notamment pour la couverture
des risques lexportation. Les marchs maghrbins tant
relativement jeunes et de taille plus ou moins importante,
des donnes historiques comme la sinistralit par secteur
sont peu disponibles. Il est donc difficile de concevoir un outil
fiable. Des mcanismes de reversement de prime existent
en cas de bon rapport de sinistres prime. On pourra citer
principalement la participation au bnfice. Cela entrane
une volont commune de bonne gestion du risque.
Tarification lexportation
La problmatique de la tarification lexportation nous
parat plus importante. En effet, les assureurs traitent avec
des entreprises exportatrices qui sont gnralement de
petite taille. Elles reprsentent ainsi une faible dispersion
de chiffre daffaires et souvent en forte concentration sur
deux, voire trois clients principaux. Nous sommes donc
confronts des risques de pointe importants sur des
entreprises clientes de petite taille. Ces besoins restent hors
standard, notamment en matire dapplication de limite de
dcaissement. Il est donc important davoir une politique de
ASSURANCE ET REASSURANCE
18 26me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
tarification approprie. Par ailleurs, il nous semble important de prciser que pour accrotre la mutualisation des risques en assurance-crdit, il est ncessaire dtendre la vente du produit rapidement, notamment via des offres passant par le canal des associations professionnelles.
Partenariat public / priv
Afin doffrir de meilleures solutions aux exportateurs, nous avons au Maroc un exemple de partenariat public-priv, calqu sur le modle de ce qui a t ralis en Europe, pour offrir une capacit complmentaire et accrotre ainsi les couvertures apportes par les assureurs. En effet, lEtat peut doubler les garanties offertes par les compagnies dassurance-crdit signataires en apportant sa contre-garantie. La Socit Centrale de Rassurance (rassureur public marocain) est gestionnaire du mcanisme. Cela apporte donc une solution pour dvelopper la capacit exportatrice du pays. Cest aussi une solution pour aider les entreprises maghrbines conqurir de nouveaux marchs.
Financement
Un autre axe de dveloppement semble important. Les entreprises de taille moyenne sur les marchs du Maghreb ont du mal soit obtenir des solutions de financement, soit apporter des garanties importantes. Outre le financement bancaire, les solutions associes dassurance-crdit et de financement telles que le factoring sont aujourdhui disponibles, notamment sur les marchs marocain et tunisien. Leur dveloppement est souvent conditionn, pour des solutions de cession de crances commerciales sans recours, un contrat dassurance-crdit. Lentreprise est ainsi dcharge du poids de la gestion des factures, dune mise disposition de son financement immdiatement et de manire dfinitive si ce financement est adoss un contrat dassurance-crdit. Ces solutions existent actuellement et se dveloppent rapidement dans la rgion.
Une autre solution qui pourrait se dvelopper est ladossement aux crdits bancaires (facilits de caisse, ligne de financement descompte avec ou sans recours) dune solution dassurance-crdit. Lintrt pour le client est laccs un crdit bancaire qui est couvert par son contrat dassurance-crdit. Outre la solution de financement, le cot du risque pour la banque pourrait tre rduit.
Une seconde tape pourrait tre la prise en compte par les banques nationales de lassurance-crdit au regard de la rglementation de Ble II et du ratio MacDonough. Cette mesure permettrait de rduire les besoins en fonds propres des banques au regard de leurs engagements. Cest l, nous semble-t-il, une opportunit vritable et un axe de dveloppement pour les annes venir.
Assurance-crdit et dlais de paiement
Le dveloppement de lassurance-crdit reste aussi li aux pratiques en matire de dlais de paiement en crdit commercial. Les tarifications ce jour restent acceptables par le march lorsque les dlais ne dpassent pas les 120, voire 150 jours. Les dlais suprieurs 150 jours entranent un risque accru sans une grande visibilit. Leur cot est donc plus important. Le vendeur qui accorde des dlais allongs sans pour autant augmenter sa marge potentielle cre un risque supplmentaire de perte de la crance. Le Maroc, linstar de la France, a impos rcemment des dlais maximum de 90 jours pour rgir les changes inter-entreprises. Lapplication de cette loi nest pas encore effective et son impact est difficile anticiper.
Conclusion
Les marchs du Maghreb se trouvent la croise des chemins dans un contexte de crise internationale depuis maintenant 3 ans. Le dveloppement de la rgion dpend de la croissance de la demande intrieure et des exportations vers lEurope. Outre le ralentissement de la demande intrieure, la zone prioritaire dexportation est en phase proche de la rcession. Les Etats sont ainsi confronts au dveloppement de leurs conomies en assurant leur financement.
Lentreprise maghrbine est aussi confronte au double dfi de scuriser ses transactions existantes et de dvelopper de nouveaux marchs, relais de croissance. Lassurance-crdit est un moteur dans les deux cas. Elle apporte au march et aux Etats une solution de financement via la contre-garantie du crdit inter-entreprises et aux socits une scurisation de leur poste-clients en plus dun outil de dveloppement.
ASSURANCE ET REASSURANCE
1926me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
ENTREPRISE INDUSTRIELLE: ROLE DES VISITES DE RISQUES DANS LA PREVENTION DES SINISTRES
Par
Hassane ASSOUMANA Inspecteur Technique, Africa Re
1. Problmatique des visites de risques
Le plan de prvention des risques rdig la suite des visites de risques est un outil fondamental de prvention de sinistres qui fait connatre les zones risque et dfinit les mesures pour rduire les risques encourus. Il permet lentreprise de ragir efficacement et rapidement en cas durgence et de rduire les dommages. Il suppose lvaluation pralable du risque. Mais est-il suffisant pour liminer tous les risques et empcher les sinistres?
2. Le risque dans lindustrie
Les entreprises industrielles se regroupent en 3 catgories, savoir les industries de biens intermdiaires, les industries de biens de consommation courante et les industries de biens dquipement. Leurs activits entranent des risques dont la survenance peut savrer problmatique et compromettante pour le bon droulement de lactivit.
La mise en place dun plan de prvention de risques ou, mieux, dun plan global et intgr de gestion de risques dans lentreprise a une influence directe sur sa rentabilit et sa viabilit. Elle vise prvenir les sinistres ou en rduire lincidence. Lorsque lanalyse de risques est prise en compte dans le quotidien de lentreprise, cette dernire est en mesure de faire face aux risques qui peuvent limiter sa capacit raliser les objectifs de production. Cette politique de prvention de risques est traditionnelle dans lindustrie mais nlimine pas totalement le risque.
Classification des risques
Les principales grandes familles de risque qui affectent lentreprise sont gnralement :
Les risques stratgiques : ce sont les risques lis aux objectifs long terme de lentreprise ; ils peuvent tre causs par une mauvaise stratgie, labsence de veille concurrentielle et tout ce qui concerne limage, la marque, la proprit intellectuelle de lentreprise.
Les risques oprationnels : ils se rapportent aux activits quotidiennes de lentreprise (son modle conomique, son fonctionnement, sa chane de valeurs). Une altration dune des activits prcites peut interrompre inopinment la continuit de lactivit de lentreprise.
Le risque financier : Il concerne la gestion effective et le contrle des finances. Il est le plus dangereux et souvent le plus mconnu, en
particulier dans le domaine du reporting financier.
Le risque li au savoir-faire et la connaissance: La perte de savoir-faire et de connaissances sont des risques majeurs qui proccupent les dirigeants. La gestion des comptences en interne est un des enjeux des entreprises. Il convient ainsi danalyser les connaissances, le savoir-faire spcifique et la motivation des employeurs et directeurs afin de mieux redistribuer les rles et dentamer dventuelles politiques de formation.
Le risque li la gouvernance et la conformit: il est relatif au bon exercice du pouvoir tous les niveaux de lentreprise, la multiplication des lgislations et au durcissement des cadres rglementaires.
A ces risques propres lentreprise, nous ajoutons les risques crs par le travail des prestataires extrieurs dans des locaux inconnus o sont exerces des activits souvent trangres aux siennes et les risques naturels et anthropiques (risques lis aux activits humaines).
3. Du risque au sinistre
Le risque se caractrise par deux composantes essentielles : le phnomne ou lvnement dangereux susceptible de se produire dans une entreprise (lala ou hasard) et la vulnrabilit ou exposition de cette entreprise cet ala.Le risque est linteraction entre lala et la vulnrabilit.
ASSURANCE ET REASSURANCE
20 26me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
Le sinistre est la consquence de la manifestation de lala dans une entreprise avec la prsence dlments vulnrables. Il se caractrise par des pertes matrielles, conomiques, environnementales ou en vies humaines. Gnralement, lentreprise affecte narrive pas faire face aux conditions et aux consquences du sinistre avec les ressources et les capacits disponibles, ce qui entrane des perturbations dactivits.
4. Approche de la prvention des risques dentreprise
Afin de protger lentreprise et assurer sa prennit et sa croissance, les responsables dentreprise doivent mettre en place une vraie culture de prvention. La prvention demeure la meilleure protection contre les sinistres, quils soient dorigine naturelle ou provoqus par lhomme. Elle repose sur un ensemble cohrent de mesures techniques et organisationnelles quil convient dintgrer ds la conception du projet et, si possible, dans un souci de prennit. Elle est la meilleure stratgie de traitement de risques pour ses ressources propres et la moins coteuse en comparaison de :
Llimination du risque, qui consiste liminer la vulnrabilit ;
La rduction du risque, qui consiste rduire limpact potentiel associ un risque ;
Le transfert du risque, qui consiste transfrer le risque un organisme professionnel tel que les compagnies dassurances.
La prvention des risques sorganise en trois tapes qui peuvent varier dune entreprise une autre :
Lidentification (reconnatre parmi les signaux de facteurs de risques ceux contenant des risques importants) ;
Lanalyse (dterminer la criticit - pertinence et gravit - des dangers) ;
Le traitement du risque (formuler et mettre en uvre des mesures visant contrler le risque).
Lvaluation de risques passe par une analyse du cycle de vie des produits. Lidentification de risques dentreprise ncessite la comprhension du cycle de gestion.
La prvention sappuie sur lide que les proccupations et les enjeux relatifs aux risques sont laffaire de tous et
constituent un moyen de mettre en application les principes de lapproche globale et intgre de la scurit dans lentreprise.
4.1. Le Plan de Prvention
Le plan de prvention de risques comprend quatre tapes essentielles, savoir :
Les mesures prventives : visiter les lieux des fins didentification et danalyse des risques que prsente lentreprise (ainsi que les risques naturels du site) ;
le plan durgence : il permet de se prparer pour faire face au sinistre et consiste rdiger un plan dintervention en urgence, diffus, rvis et simul ;
Lintervention : elle permet de suivre les procdures dintervention en urgence tablies et survient quand il y a un sinistre,
La remise en tat : Cest le retour la normale qui consiste laborer un programme de restauration et analyser les origines, causes et effets du sinistre afin damliorer le plan de prvention pour viter la reproduction du sinistre.
4.2. Types de Prvention de Sinistres
Les responsables dentreprise doivent tre informs des risques auxquels leur entreprise est expose. Certains sont vidents ; dautres ne se rvlent qu un spcialiste qui sait o chercher et quelles questions poser. Les prventionnistes travaillent pour dceler les risques avant quil narrive un sinistre en suggrant des mesures prventives pour contrler ou attnuer les risques, voire en liminer plusieurs. On peut ainsi diminuer considrablement les dommages grce aux techniques de prvention efficaces et aux moyens de protection.
La prvention proprement dite ou prvention intgre consiste limiter le risque par des mesures visant prvenir un risque en supprimant ou en rduisant la probabilit doccurrence du phnomne dangereux .
La protection, qui constitue le deuxime niveau dune bonne prvention, consiste prvoir des mesures pour limiter ltendue ou la gravit des consquences dun phnomne dangereux, sans en modifier la probabilit doccurrence.
Nanmoins, la ligne de dmarcation entre prvention et protection est trs lastique ; cest pourquoi il convient en risque industriel de retenir le couple Prvention-Protection.
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4.3. Quelle prvention pour quel risque
Chaque entreprise est responsable de sa politique de prvention. Quelle que soit la taille de lentreprise, chaque type de risque ncessite une prvention approprie et des ressources adquates. La grille de risques dune entreprise suppose de la vigilance de la part des responsables pour ladapter sans cesse aux systmes rglementaires et lvolution de lentreprise. Dans ce cadre, lentreprise est amene consigner sa politique de prvention dans un plan global de prvention de risques.
4.4. Avantages de la prvention de risques
Une prvention efficace nlimine pas totalement le risque. Cependant, elle montre que lentreprise se soucie de la rduction des sinistres et est donc un meilleur risque assurable. La prvention permet de recenser les risques de faon claire et structure. Une entreprise qui comprend clairement tous les risques auxquels elle est expose peut les jauger et les classer dans un ordre de priorits pour rduire les sinistres.
La prvention comporte dautres avantages ; elle permet notamment de :
Faire dimportantes conomies de ressources (temps, actif, revenu, biens et personnes) en rduisant les sinistres ;
Protger la rputation et limage de marque de lentreprise ;
Protger lenvironnement ;
Amliorer la capacit de lentreprise faire face des situations difficiles ;
4.5. Rle de lassurance dans la prvention de sinistres
Peu dentreprises disposent des rserves ou des fonds ncessaires pour assurer elles-mmes leurs risques et prendre en charge les cots totaux des sinistres. Lassurance est donc un excellent outil de couverture du risque.
Toutefois, la souscription dun nouveau risque mal connu ou un grand risque de mauvaise qualit et nayant pas fait lobjet danalyse srieuse peut, en cas de sinistre important cumul un mauvais programme de rassurance, conduire au dsquilibre du portefeuille, voire la banqueroute de lassureur. Ainsi, ce dernier, ayant la charge des sinistres, doit tre en tat de veille permanent pour la matrise du risque accept ou souscrire. Il doit faire ou faire faire les visites de risques, voire offrir lassur des rductions de prime
qui compenseront le cot dun quipement de prvention ou damliorations ventuelles. Comme il ne peut valuer sparment chacun des risques couverts par les traits et est ainsi tributaire des pratiques de souscription appliques par lassureur, le rassureur doit veiller ce que les risques soient visits et les recommandations appliques. Ne dit-on pas que prvenir vaut mieux que gurir ? 5. La visite de risque
La visite ou lanalyse de risque a pour objectif de rpertorier les facteurs de risque, didentifier les risques inhrents lactivit de lentreprise et den dterminer la probabilit doccurrence pour formuler et structurer un plan de prvention leffet de ramener les risques des proportions acceptables. La visite peut inventorier les moyens de prvention existants et les obligations statutaires ; elle porte essentiellement sur les facteurs majeurs qui sont couramment lorigine de sinistres.
Elle se droule en trois tapes :
Un entretien avec la direction gnrale et ses principaux collaborateurs (y compris la scurit) pour aborder les processus transversaux ;
La visite des installations ;
Une synthse des premiers constats effectus lintention de la direction de ltablissement.
Un rapport de visite est ensuite adress au directeur de ltablissement dans lequel figurent les points forts, les points amliorer et des propositions dactions damlioration mener.
Dautres visites priodiques sont ncessaires afin de constater la mise en uvre effective des recommandations ou les changements de risques.Les visites se droulent en gnral dans un climat de confiance, de transparence et, surtout, dchange, ce qui tmoigne de lintrt croissant des entreprises pour ce type de dmarche et, surtout, dune prise de conscience de limportance dune bonne prvention de sinistres dans la pratique quotidienne.
5.1. Visite de risque et assurance
La visite de risque doit aider la dtermination du niveau de la prime. Ainsi, elle fait une large place aux mesures prventives prises par lassur pour grer les risques lis ses activits.
Avant daccepter le risque, lassureur sinforme sur les sinistres antrieurs et les indicateurs qui lui permettent
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de contrler les conditions de lassurabilit du risque propos et de faire une estimation du cot de la prime ventuelle. Les renseignements sont recueillis dans la proposition et, si cela savre ncessaire, un rapport de visite de risque apporte les renseignements complmentaires. Le concours de lassureur est une condition ncessaire pour dresser la cartographie risques & assurances.
La visite peut se faire avant ou aprs le dbut du risque. Elle peut galement tre ncessaire dun point de vue acceptation, estimation, valuation du risque. Elle permet une meilleure connaissance du risque par lassureur qui ne pourra affirmer par la suite quil na pas une apprciation des circonstances influant sur son opinion. Les rsultats de la visite contribuent une meilleure analyse et acceptation du risque, notamment lorsquil sagit de fixer les conditions dassurance, la part dacceptation du risque et, le cas chant, lors de placements en rassurance facultative. Une fois le risque accept, lassur est tenu, en cours de contrat, de dclarer les circonstances nouvelles qui ont pour consquence soit daggraver les risques, soit den crer de nouveaux, rendant de ce fait exactes ou caduques les rponses faites lassureur.
Nous rappelons que la cartographie risques & assurances est loutil qui permet de procder en temps rel lanalyse et lvaluation des risques de lentreprise, den valuer la frquence et la gravit pour diagnostiquer la cohrence du programme avec les besoins essentiels en matire dassurances.
5.2. Cot des visites et des recommandations
Il existe dhabitude dans les entreprises industrielles un plan de prvention de risques suivi par un service de scurit. Mais la composition de ce dernier et sa position hirarchique font quil narrive pas jouer convenablement son rle. Ainsi, la visite de risques doit tre effectue par une source externe lentreprise. Toutefois, cette source externe indpendante (gnralement un ingnieur prventionniste) a lavantage de lobjectivit et peut se passer de considrations dordre hirarchique et des pressions professionnelles ou politiques. De plus, elle peut dcouvrir des risques non encore dcels par le service de scurit de lentreprise ou dcels mais mis au placard cause souvent du cot des moyens de prvention.
A la suite de la visite, des recommandations sont formules pour le traitement du risque. La dcision dappliquer les recommandations ou pas est fonction de lexposition au risque et du montant que lentreprise est dispose consacrer la prvention.
Lingnieur doit convaincre les responsables dentreprise du bien-fond de telle ou telle recommandation et, en particulier, justifier les dpenses proposes dans les recommandations. En gnral, dans un contexte conomique normal, les
entreprises industrielles admettent de dpenser en prvention jusqu 2% des dommages directs et indirects encourus, mais prfrent garder leur propre compte les autres risques.
Toutefois, limportance de lexcution des recommandations apparat la suite des sinistres importants.
Le choix des recommandations appliquer pour avoir un niveau de prvention adquat dpend de lexposition du risque et du montant que lentreprise doit engager pour prvenir le risque avant quil ne vire en sinistre.
6. Conclusion
Au regard des mutations conomiques et technologiques actuelles, tout nest que risque. La prise de risque est inhrente la fonction de chef dentreprise. Nanmoins, elle est compromettante pour la survie de lactivit de lentreprise. Une connaissance de ses risques et une vraie culture de prvention demeurent la meilleure protection contre les sinistres. Pour y parvenir, il est utile de raliser a priori une visite de risque afin dlaborer un plan de prvention de risques. Ce plan pourra tre le dclenchement dune politique globale de risques et la mise en place dune organisation de contrle et de gestion de risques dans le temps pour matriser les risques dentreprise et rduire leur probabilit de ralisation (y compris les risques non assurables). Lassurance peut couvrir certains dommages pcuniaires, mais le risque pur entrane nanmoins des cots cachs susceptibles daffecter le bnfice de lentreprise.
BIBLIOGRAPHIE
1. Lees Loss Prevention in the Process Industries, Vol 1,2,3, third edition- Sam Mannan
2. Loss Prevention & Security Procedures: Practical Application for Contemporary Problems-Robert James Fischer and Richard Janoski
3. Trait pratique de scurit incendie : Livre V : Prvention-Protection, CNPP-Paris
4. La gestion du Risque - Comment amliorer le financement des PME et faciliter leur dveloppement- Jose St-Pierre (Presse de lUniversit du Quebec)
5. Les risques-Sous la Direction dYvette Veyret, Stephanie Beucher et Magali Reghezza
Sites internets suggrs:
www.backgroundalpha.comwww.pompiers.frwww.cnpp.com
ASSURANCE ET REASSURANCE
2326me Edition, Juin 2012 Le Rassureur Africain
LA CONTRIBUTION DES EQUIPES DE DIRECTION SUCCESSIVES DAFRICA RE A LEVOLUTION DE LA SOCIETE
Par
Elizabeth AMADIUMEDirectrice des Oprations centrales et des Risques spciaux, Africa Re
DONNEES GENERALES
On entend par changement toute volution dont le rsultat pourrait tre positif ou ngatif. Lhistoire de lhumanit foisonne de mmorables moments de changement qui ont ouvert la voie des solutions nouvelles et plus efficaces dans divers domaines dactivit. Limpratif damlioration pousse lhomme dpasser ses limites en dveloppant son potentiel dans un contexte de vive concurrence et dans un souci dexcellence. Ainsi, lhomme a fait des avances inimaginables dans des domaines tels que les technologies de linformation, en particulier partir des annes 90. Les mutations sociales et professionnelles sont autant dexemples frappants des bienfaits du changement.
Dans une organisation, tout changement non planifi, de petite ou grande envergure, peut tre lourd de consquences ; il peut mme entraner leffondrement de lorganisation. Do la rticence de certaines personnes qui prfrent le statu quo, attitude quon comprend du reste lorsque la ralit sur le terrain porte croire que tout changement naurait pour consquence que de dtourner lattention des objectifs fixs.
Cest ainsi quune priode de transition dans une institution engendre souvent de langoisse chez les parties prenantes qui ne savent trop bien quel style de direction adoptera la nouvelle quipe aux commandes. La question est dautant plus importante que la prise de dcisions et les relations avec les collaborateurs dpendent du style de direction. Celui-ci peut tre autocratique, paternaliste, dmocratique ou relever du laisser-faire, entre autres choses. Or il va sans dire que pratiquer rgulirement le mme style de direction pourrait aller lencontre du but recherch. Aussi les bons dirigeants adoptent-ils souvent tel ou tel style de direction en fonction des circonstances.
La Socit africaine de rassurance (Africa Re) fut cre en 1976, une poque o le continent africain tait en butte dnormes difficults politiques et conomiques qui ont persist jusquau cours des deux dcennies suivantes.
Les institutions de Bretton Woods proposrent les programmes dajustement structurel comme panace aux difficults conomiques du continent. Il sagissait, pour lessentiel, de programmes daide conomique aux pays en dveloppement qui prendraient le risque de libraliser leur conomie et de privatiser leurs entreprises publiques.
Africa Re vit le jour pour rsorber le grave dficit dont souffrait le continent en matire de capacit de rassurance locale, mme si plus
dune personne ny voyaient quun des nombreux lphants blancs mis en place lpoque par les Etats africains.
Pourtant, malgr les difficults conomiques de lpoque, les dirigeants dAfrica Re avaient une vision claire. Les politiques adoptes pousaient les objectifs dfinis la cration de la fragile institution pour lui permettre de se doter de solides fondements, ce dautant plus que le secteur de la rassurance en Afrique tait entre les mains de compagnies trangres jusque dans les annes 70, date laquelle la donne commena changer la faveur de la cration dinstitutions de rassurance locales.
Aprs 35 ans dexistence, 4 personnes seulement se sont succd la direction dAfrica Re, ce qui tmoigne de la stabilit de linstitution et de la culture de partage de valeurs entre la direction et le personnel. Les dirigeants successifs de la Socit ont soulign le caractre africain de linstitution malgr la structure de son actionnariat.
Loin de vouloir retracer le parcours dAfrica Re, notre propos ici est de braquer les projecteurs sur les trois premiers directeurs gnraux de la Socit et la manire dont ils ont affront les difficults rencontres dans laccomplissement de leurs missions. Larticle prsente galement la nouvelle quipe de direction et voque les attentes des parties prenantes au moment o souvre une nouvelle page de lhistoire de la Socit.
GESTION ET FINANCE
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HOMMAGE AUX DIRIGEANTS DHIER
Le mandat de M. Edward Mensah (1977-1984)
Cest M. Edward Mensah (de nationalit ghanenne) et M. Kabisi pene Yemba Milanga (de la RDC) quchut lhonneur en 1977 de diriger la Socit africaine de rassurance en tant que directeur gnral pour le premier et directeur gnral adjoint pour le second. Laptitude de M. Mensah sacquitter de cette norme responsabilit posa les jalons de la stratgie et des valeurs qui allaient inspirer laction des quipes dirigeantes suivantes.
M. Mensah mit en place une quipe de professionnels travailleurs et expriments de diverses nationalits africaines pour piloter les activits essentielles de la Socit. En fait, certains de ces professionnels quittrent des emplois srs pour rejoindre la nouvelle institution dont ils pensaient juste titre quelle contribuerait grandement transformer le secteur de la rassurance en Afrique. En 1977, Africa Re dmarra ses activits partir dAccra (Ghana) avant de se relocaliser Lagos (Nigeria) la fin de la mme anne. Pour soutenir la jeune institution, les Etats africains membres institurent la cession lgale de 5% pour les compagnies oprant sur leurs marchs respectifs. Nul besoin dajouter que dans un premier temps, la cession lgale constitua la principale source dencaissement de primes de la Socit malgr la rticence de certaines compagnies.
Ds sa cration, Africa Re fit le choix dtre la fois une socit africaine de par sa nature et une socit internationale par ses oprations. En effet, en 1979 dj, la Socit dcida dentrer prudemment sur le march international dans le but de consolider lexprience de son personnel et de souvrir au monde. En 1980, un programme de dcentralisation fut lanc avec louverture du bureau rgional de Casablanca, suivi de celui de Nairobi en 1982. Ces mesures permirent la Socit de se rapprocher de ses marchs dAfrique du Nord et de lEst.
Le mandat de M. Mensah inculqua au personnel le sens de la prudence, de la confiance et de la tnacit. Nulle surprise donc quau terme de ce mandat, lencaissement de primes total de la Socit stablit 225,75 millions $EU pour un bnfice net de 11,37 millions $EU.
Le mandat de M. Eyessus Zafu (1984-1993)
MM. Eyessus Zafu (de nationalit thiopienne), Ahmed E.A. Elsanusi (de nationalit soudanaise) et Bakary Kamara (originaire de la Mauritanie) succdrent MM. Mensah et Milanga en 1984 en tant que directeur gnral, directeur gnral adjoint et secrtaire gnral respectivement jusquen 1993. Le scepticisme des concurrents trangers quant la survie de la Socit poussa la direction continuer dlaborer des plans stratgiques pour laccomplissement de la mission et la ralisation des objectifs dAfrica Re.
M. Zafu intensifia les efforts visant faire en sorte que les Etats africains non membres jusque-l adhrent la Socit. En outre, la nouvelle quipe dirigeante se rendit compte du rle de la coopration rgionale et des partenariats stratgiques en tant quoutils indispensables pour la ralisation dune bonne partie des objectifs de la Socit. En consquence, Africa Re dcida de porter son capital autoris de 15 millions $EU 30 millions $EU et louvrit en particulier aux compagnies dassurances et de rassurance africaines. M. Zafu poursuivit le programme de dcentralisation lanc par son prdcesseur en crant un 3me bureau rgional Abidjan en 1987. Cette politique de dcentralisation sest avre trs efficace et continue dtre applique aujourdhui pour le plus grand bien de la Socit.
Lquipe de direction fit preuve dune sagesse indiscutable qui lui permit daffiner les politiques et programmes de la Socit et de les adapter aux circonstances rgnantes. Au cours du mandat de M. Zafu, Africa Re dcida de limiter ses oprations internationales lAsie et au Moyen-Orient en 1987 du fait de la trs mauvaise sinistralit de ce portefeuille. Cette dcision ne manqua pas de se traduire par la baisse de la production, mais elle permit la Socit dviter une ventuelle catastrophe.
La Direction fit galement la preuve incontestable de son aptitude communiquer efficacement avec le Conseil dadministration qui lui apporta son soutien pour les diffrentes innovations. De plus, lquipe dirigeante sut motiver le personnel dont le soutien fut indispensable pour la ralisation des objectifs de la Socit. Entre 1985 et 1993, le montant total de la prime brute souscrite de la Socit
GESTION ET FINANCE
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passa 318,61 millions $EU et le bnfice net 22,90 millions $EU.
Le mandat de M. Bakary Kamara (1993-2011)
M. Bakary Kamara (de nationalit mauritanienne) fut nomm directeur gnral dAfrica Re en 1993 et occupa ce poste jusquen juin 2011.
Aprs avoir servi Africa Re en tant que secrtaire gnral pendant 9 ans, M. Kamara accda au gouvernail de la Socit avec une abondante exprience. Il eut, pour le seconder, des adjoints capables et comptents: M. Ahmed E.A. Elsanusi du Soudan (1984-1994), M. James Abban du Ghana (1994-1999), M. Haile Michael Kumsa de lEthiopie (1999-2010), M. Ganiyu Musa du Nigeria (2006-2011) et M. Corneille Karekezi du Rwanda (2009-2011).
M. Kamara adopta un style de direction dont il fut jaloux et promut les prcieuses valeurs tablies par ses prdcesseurs. Son style de direction fut assez solide et efficace pour faire progresser la Socit dans un contexte de mondialisation et de vive concurrence o le respect des normes comptables internationales, des rgles de gouvernance et de gestion intgre des risques tait devenu un enjeu majeur. Ainsi, M. Kamara fit de louverture du capital de la Socit son cheval de bataille dans le but dy faire accder des partenaires stratgiques non africains. Sous M. Kamara, des chances gales furent accordes des professionnels hors de la Socit et au sein de celle-ci.
Sous la direction de M. Kamara, le nombre de bureaux rgionaux et de contact saccrut pour permettre la Socit de mieux pntrer le march et damliorer sa visibilit. Ainsi virent le jour les centres de production suivants: ARCSA (1995), Maurice (1997), Le Caire (2002) et Addis-Abeba (2011). En outre, 2 filiales part entire furent cres,
savoir Africa Re (South Africa) en 2004 et Africa Retakaful (2010) pour tirer parti des possibilits daffaires sur le plus grand march africain et de lexpansion du march de la rassurance islamique en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient.
Il y a lieu de faire observer quAfrica Re fut lune des premires compagnies africaines se soumettre lvaluation de sa solidit financire par des agences de notation en 1995. Lexercice a eu pour point dorgue lattribution de la note A- la Socit par A. M. Best (2002) et Standard & Poors (2009), note qui a t raffirme par les deux agences en 2011.
Enfin, sous la direction de M. Kamara, les performances dAfrica Re samliorrent considrablement, ainsi quen attestent les rsultats financiers de lexercice 2010, les meilleurs quait enregistrs la Socit ce jour. Cest donc sous un tonnerre dapplaudissements que M. Kamara a pass le tmoin en juin 2011.
En reconnaissance de son insigne contribution au dveloppement des assurances en Afrique en gnral et de la Socit africaine de rassurance en particulier, M. Bakary KAMARA a reu le 27 avril 2012 de Son Excellence Ernest Bai KOROMA, Prsident de la Rpublique de Sierra Leone, la distinction de Grand Officie