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28 formation dossier Actualités pharmaceutiques n° 476 Juillet-Août 2008 L es conseils donnés par le pharmacien doivent concerner autant l’hygiène alimentaire que les soins corporels et le sommeil Il faut boire au minimum 2 litres d’eau par jour, pour une température extérieure de 20 °C, puis augmenter sa consommation de 1 litre environ par dizaine de degrés supplémentaires au thermomètre extérieur. Dans le cadre de la prévention de la diarrhée des voya- geurs, de l’hépatite A, de l’amibiase…, il faut se laver souvent les mains, avant les repas et toute manipula- tion d’aliments, et après tout passage aux toilettes. En l’absence d’eau ou de savon, un gel ou une solution hydro-alcoolique peuvent être utilisés. Il ne faut consommer que de l’eau en bouteille capsulée (bouteille ouverte devant soi) ou rendue potable par filtra- tion (filtre portatif), ébullition (1 minute à gros bouillons) ou désinfection (produits à base de dichloro-isocyanurate de sodium – DCCNa – seul ou associé aux ions argent, ou hypochlorite de sodium). Les glaçons et les glaces doivent être évités. Le lait doit être pasteurisé ou bouilli. Les fruits doivent être pelés, les crudités, les coquillages et les plats réchauffés proscrits. Bien cuire les œufs, les viandes, les poissons et les crustacés est essentiel. Le voyageur devra se renseigner localement sur les ris- ques de toxicité des poissons de mer (ciguatera). La peau protège l’organisme. Elle est donc particuliè- rement exposée aux agressions de l’environnement extérieur : ensoleillement, froid, chaleur, humidité, piqû- res d’insectes… Les problèmes dermatologiques, fré- quents en voyage, fragilisent la peau et la rendent plus vulnérable. Une bonne hygiène corporelle évite bien des désagréments : il est indispensable de se doucher, si possible, plusieurs fois par jour avec un savon à pH neu- tre, de se sécher avec soin, et de désinfecter et panser immédiatement toute lésion cutanée. Il ne faut pas laisser sécher le linge à l’extérieur ou sur le sol (risque de myiase) et, à défaut, il est bien de le repasser des deux côtés. Marcher pieds nus sur les plages et s’allonger à même le sable (risque de larbish) sont des attitudes risquées. Il est conseillé de porter des chaussures fermées sur les sols boueux ou humides (risque d’anguillulose, d’ankylo- stomose…) et de ne pas marcher ou se baigner dans les eaux douces (risque de bilharziose). En voyage, le sommeil est souvent perturbé : décalage horaire, bruit, stress, propreté douteuse de la literie, mous- tiques et autres insectes… Or, de bonnes conditions de repos sont déterminantes pour le bien-être et la sécurité en voyage. Elles vont permettre d’entretenir la vigilance, de récupérer de ses efforts, de s’accoutumer plus facilement au décalage horaire et au changement de rythme de vie. Pour atténuer les effets du décalage horaire, il faut adop- ter dès que possible l’horaire et le rythme de vie du pays hôte (repas, réveil, coucher…). Jacques Buxeraud Professeur des Universités, professeur de chimie thérapeutique, Limoges (87) [email protected] Les mesures d’hygiène à rappeler Avoir une bonne hygiène durant le voyage, et notamment dans les pays chauds, est essentiel pour éviter un certain nombre de désagréments plus ou moins graves. Le retour de voyage, que faire ? A u retour d’une zone d’endémie palustre, même si le sujet a correctement suivi son traitement antipaludique, toute fièvre doit faire suspecter un paludisme et doit conduire à un bilan médical et parasito- logique immédiat. Si le voyage s’est bien passé, en dehors d’une banale diarrhée du voyageur, il n’est pas utile d’aller consulter un médecin. Si, en revanche au retour ou dans les semaines qui sui- vent, des symptômes anormaux surviennent (troubles digestifs, fièvre, troubles cutanés, troubles génito-urinai- res, amaigrissement, fatigue intense…), il faut impérati- vement consulter un médecin sans attendre, en l’infor- mant des conditions du voyage, des traitements suivis et de la chronologie exacte des symptômes apparus. Rappelons qu’il convient de poursuivre le traitement anti- paludique 1 ou 4 semaines selon les médicaments. J.B. © Fotolia/Saida

Le retour de voyage, que faire ?

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dossier

Actualités pharmaceutiques n° 476 Juillet-Août 2008

Les conseils donnés par le pharmacien doivent concerner autant l’hygiène alimentaire que les soins corporels et le sommeil

Il faut boire au minimum 2 litres d’eau par jour, pour une température extérieure de 20 °C, puis augmenter sa consommation de 1 litre environ par dizaine de degrés supplémentaires au thermomètre extérieur.

Dans le cadre de la prévention de la diarrhée des voya-geurs, de l’hépatite A, de l’amibiase…, il faut se laver souvent les mains, avant les repas et toute manipula-tion d’aliments, et après tout passage aux toilettes. En l’absence d’eau ou de savon, un gel ou une solution hydro-alcoolique peuvent être utilisés.Il ne faut consommer que de l’eau en bouteille capsulée (bouteille ouverte devant soi) ou rendue potable par filtra-tion (filtre portatif), ébullition (1 minute à gros bouillons) ou désinfection (produits à base de dichloro-isocyanurate de sodium – DCCNa – seul ou associé aux ions argent, ou hypochlorite de sodium). Les glaçons et les glaces doivent être évités. Le lait doit être pasteurisé ou bouilli.Les fruits doivent être pelés, les crudités, les coquillages et les plats réchauffés proscrits. Bien cuire les œufs, les viandes, les poissons et les crustacés est essentiel. Le voyageur devra se renseigner localement sur les ris-ques de toxicité des poissons de mer (ciguatera).

La peau protège l’organisme. Elle est donc particuliè-rement exposée aux agressions de l’environnement extérieur : ensoleillement, froid, chaleur, humidité, piqû-

res d’insectes… Les problèmes dermatologiques, fré-quents en voyage, fragilisent la peau et la rendent plus vulnérable. Une bonne hygiène corporelle évite bien des désagréments : il est indispensable de se doucher, si possible, plusieurs fois par jour avec un savon à pH neu-tre, de se sécher avec soin, et de désinfecter et panser immédiatement toute lésion cutanée.Il ne faut pas laisser sécher le linge à l’extérieur ou sur le sol (risque de myiase) et, à défaut, il est bien de le repasser des deux côtés.Marcher pieds nus sur les plages et s’allonger à même le sable (risque de larbish) sont des attitudes risquées.Il est conseillé de porter des chaussures fermées sur les sols boueux ou humides (risque d’anguillulose, d’ankylo-stomose…) et de ne pas marcher ou se baigner dans les eaux douces (risque de bilharziose).

En voyage, le sommeil est souvent perturbé : décalage horaire, bruit, stress, propreté douteuse de la literie, mous-tiques et autres insectes… Or, de bonnes conditions de repos sont déterminantes pour le bien-être et la sécurité en voyage. Elles vont permettre d’entretenir la vigilance, de récupérer de ses efforts, de s’accoutumer plus facilement au décalage horaire et au changement de rythme de vie.Pour atténuer les effets du décalage horaire, il faut adop-ter dès que possible l’horaire et le rythme de vie du pays hôte (repas, réveil, coucher…). �

Jacques Buxeraud

Professeur des Universités,

professeur de chimie thérapeutique, Limoges (87)

[email protected]

Les mesures d’hygiène à rappelerAvoir une bonne hygiène durant le voyage, et notamment dans les pays chauds,

est essentiel pour éviter un certain nombre de désagréments plus ou moins graves.

Le retour de voyage, que faire ?

Au retour d’une zone d’endémie palustre, même si le sujet a correctement suivi son traitement antipaludique, toute fièvre doit faire suspecter un

paludisme et doit conduire à un bilan médical et parasito-logique immédiat.Si le voyage s’est bien passé, en dehors d’une banale diarrhée du voyageur, il n’est pas utile d’aller consulter un médecin.Si, en revanche au retour ou dans les semaines qui sui-vent, des symptômes anormaux surviennent (troubles

digestifs, fièvre, troubles cutanés, troubles génito-urinai-res, amaigrissement, fatigue intense…), il faut impérati-vement consulter un médecin sans attendre, en l’infor-mant des conditions du voyage, des traitements suivis et de la chronologie exacte des symptômes apparus.Rappelons qu’il convient de poursuivre le traitement anti-paludique 1 ou 4 semaines selon les médicaments. �

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