1
Douleurs Évaluation - Diagnostic - Traitement (2014) 15, 91—92 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com ACTUALITÉS Sous la direction de Florentin Clère Le rhumatologue doit-il se convertir au magnétisme ? Will the rheumatologist have to deal with magnetism? Il n’est pas rare en médecine de transposer un traitement d’une discipline à une autre. Ainsi, la stimulation magné- tique transcrânienne répétitive (SMTr), initialement utilisée en psychiatrie pour le traitement du syndrome dépressif, entre progressivement dans le domaine de la rhumatologie. Les auteurs de cet article [1] en rappellent les principes et dressent le bilan des études d’efficacité de la SMTr dans la lombalgie chronique, la fibromyalgie et le syn- drome douloureux régional complexe de type I (SDRC I). En physique, la circulation d’un courant électrique alternatif (c’est-à-dire de brèves impulsions successives) au travers d’une bobine métallique génère un champ magnétique, dont les variations génèrent à leur tour un champ électrique secondaire. En pratique clinique, lorsqu’une bobine métal- lique est placée au-dessus de la tête du patient, le champ magnétique créé pénètre sans difficulté dans le cerveau. Le champ électrique secondaire génère un courant élec- trique, lequel est capable de dépolariser les membranes neuronales cérébrales et donc de déclencher un potentiel d’action. La SMT répétitive (SMTr) est la technique la plus utilisée à l’heure actuelle. Utilisant une série d’impulsions (ou trains) magnétiques brèves, il s’agit d’une approche non invasive dont les risques apparaissent comme faibles. Elle semble être capable de moduler l’activité des neurones cor- ticaux situés dans la zone d’action du champ magnétique, modifiant ainsi le fonctionnement de réseaux corticaux dys- fonctionnels. Enfin, plusieurs paramètres sont modifiables (la fréquence, l’intensité, la durée des trains et l’intervalle entre les trains), avec pour conséquence une variation des effets de la SMTr, allant de la suppression à la facilitation de l’activité. Fibromyalgie, lombalgie chronique et SDRC I sont trois pathologies au cours desquelles il existe des processus de modification des réseaux corticaux et des modulations de la perception de la douleur. Il n’en fallait pas plus pour que les rhumatologues et/ou les algologues, souvent dému- nis pour traiter la douleur chronique, essayent, en toute logique, la SMTr. Malheureusement, en l’état actuel des connaissances, l’intérêt de cette technique reste encore à démontrer en rhumatologie. Si les effets de la SMTr ne sont pas nuls, ils ne sont pas miraculeux non plus. Mais, qui sait, dans la mesure la science, la technologie et la connais- sance ne font que progresser, ce qui paraît peu convaincant aujourd’hui pourrait devenir commun demain. . . Déclaration d’intérêts L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela- tion avec cet article. Référence [1] Pérocheau D, Laroche F, Perrot S. Traitement de la douleur en rhumatologie : la stimulation magnétique transcrânienne répé- titive (SMTr), une nouvelle approche en développement. Rev Rhum 2013;80:559—63. Étienne Dahan Centre hospitalier, 23, avenue Louis-Pasteur, 67600 Sélestat, France Adresse e-mail : [email protected] Rec ¸u le 29 janvier 2014 ; accepté le 12 evrier 2014 Disponible sur Internet le 29 mars 2014 http://dx.doi.org/10.1016/j.douler.2014.02.004 Croire en un monde juste : atout ou handicap face à la douleur ? Believe in a just world: Asset or disability dealing with pain? La chronicité douloureuse peut susciter colère et senti- ment d’injustice chez certains patients. Des travaux récents menés auprès de cette population montrent une corrélation positive entre l’injustice perc ¸ue (IP) et la croyance en un monde juste (CMJ), probablement antérieure à l’apparition de la douleur [1]. La CMJ correspond à une perception caté- gorique chacun doit obtenir ce qu’il désire dans un monde fondamentalement équitable, contrôlable et donc prévisible [2]. Elle serait donc remise en question avec l’installation de douleurs chroniques suscitant ainsi colère et IP. Ces données viennent compléter les connaissances actuelles sur 1624-5687/$ see front matter © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Le rhumatologue doit-il se convertir au magnétisme ?

  • Upload
    etienne

  • View
    217

  • Download
    2

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Le rhumatologue doit-il se convertir au magnétisme ?

Douleurs Évaluation - Diagnostic - Traitement (2014) 15, 91—92

Disponible en ligne sur

ScienceDirect

www.sciencedirect.com

pdsa

D

Lt

R

[

h

Co

Bw

Lmmpmdgf

ACTUALITÉSSous la direction de Florentin Clère

Le rhumatologue doit-il seconvertir au magnétisme ?

Will the rheumatologist have to deal with magnetism?

Il n’est pas rare en médecine de transposer un traitementd’une discipline à une autre. Ainsi, la stimulation magné-tique transcrânienne répétitive (SMTr), initialement utiliséeen psychiatrie pour le traitement du syndrome dépressif,entre progressivement dans le domaine de la rhumatologie.Les auteurs de cet article [1] en rappellent les principeset dressent le bilan des études d’efficacité de la SMTrdans la lombalgie chronique, la fibromyalgie et le syn-drome douloureux régional complexe de type I (SDRC I). Enphysique, la circulation d’un courant électrique alternatif(c’est-à-dire de brèves impulsions successives) au traversd’une bobine métallique génère un champ magnétique, dontles variations génèrent à leur tour un champ électriquesecondaire. En pratique clinique, lorsqu’une bobine métal-lique est placée au-dessus de la tête du patient, le champmagnétique créé pénètre sans difficulté dans le cerveau.Le champ électrique secondaire génère un courant élec-trique, lequel est capable de dépolariser les membranesneuronales cérébrales et donc de déclencher un potentield’action. La SMT répétitive (SMTr) est la technique la plusutilisée à l’heure actuelle. Utilisant une série d’impulsions(ou trains) magnétiques brèves, il s’agit d’une approche noninvasive dont les risques apparaissent comme faibles. Ellesemble être capable de moduler l’activité des neurones cor-ticaux situés dans la zone d’action du champ magnétique,modifiant ainsi le fonctionnement de réseaux corticaux dys-fonctionnels. Enfin, plusieurs paramètres sont modifiables(la fréquence, l’intensité, la durée des trains et l’intervalleentre les trains), avec pour conséquence une variation deseffets de la SMTr, allant de la suppression à la facilitation del’activité. Fibromyalgie, lombalgie chronique et SDRC I sonttrois pathologies au cours desquelles il existe des processusde modification des réseaux corticaux et des modulationsde la perception de la douleur. Il n’en fallait pas plus pourque les rhumatologues et/ou les algologues, souvent dému-nis pour traiter la douleur chronique, essayent, en toute

logique, la SMTr. Malheureusement, en l’état actuel desconnaissances, l’intérêt de cette technique reste encore àdémontrer en rhumatologie. Si les effets de la SMTr ne sont

[dd

1624-5687/$ — see front matter © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits

as nuls, ils ne sont pas miraculeux non plus. Mais, qui sait,ans la mesure où la science, la technologie et la connais-ance ne font que progresser, ce qui paraît peu convaincantujourd’hui pourrait devenir commun demain. . .

éclaration d’intérêts

’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-ion avec cet article.

éférence

1] Pérocheau D, Laroche F, Perrot S. Traitement de la douleur enrhumatologie : la stimulation magnétique transcrânienne répé-titive (SMTr), une nouvelle approche en développement. RevRhum 2013;80:559—63.

Étienne DahanCentre hospitalier, 23, avenue Louis-Pasteur,

67600 Sélestat, France

Adresse e-mail : [email protected]

Recu le 29 janvier 2014 ;accepté le 12 fevrier 2014

Disponible sur Internet le 29 mars 2014

ttp://dx.doi.org/10.1016/j.douler.2014.02.004

roire en un monde juste : atoutu handicap face à la douleur ?

elieve in a just world: Asset or disability dealingith pain?

a chronicité douloureuse peut susciter colère et senti-ent d’injustice chez certains patients. Des travaux récentsenés auprès de cette population montrent une corrélationositive entre l’injustice percue (IP) et la croyance en unonde juste (CMJ), probablement antérieure à l’apparitione la douleur [1]. La CMJ correspond à une perception caté-orique où chacun doit obtenir ce qu’il désire dans un mondeondamentalement équitable, contrôlable et donc prévisible

2]. Elle serait donc remise en question avec l’installatione douleurs chroniques suscitant ainsi colère et IP. Cesonnées viennent compléter les connaissances actuelles sur

réservés.