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Le rôle de la Le rôle de la télévision télévision dans la dans la construction de la construction de la personne personne Jesús Bermejo Jesús Bermejo Berros Berros LiPsiMedia LiPsiMedia Université de Université de Valladolid Valladolid

Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

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Le rôle de la télévision dans la construction de la personne. Jesús Bermejo Berros. LiPsiMedia Université de Valladolid. Comment se construit l’esprit ?. Comment se construit la personne ?. amitiés. famille. culture. ACTION. autres. école. Et alors ?. ?. OUI. OUI. - PowerPoint PPT Presentation

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Page 1: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Le rôle de la télévisionLe rôle de la télévision dans dans la construction de la la construction de la

personnepersonne

Jesús Bermejo BerrosJesús Bermejo Berros

LiPsiMedia LiPsiMedia Université de ValladolidUniversité de Valladolid

Page 2: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Comment se construit l’esprit ?Comment se construit

la personne ?

Page 3: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne
Page 4: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Et alors ?

Page 5: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

?

OUI

Page 6: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

OUI

gouvernement

Changer les chaînes de

télévision

doit intervenirOUI

Page 7: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

 ?

Page 8: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne
Page 9: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

CIEM

UNAF

GOUVERNEMENT CHAÎNES TV

RECHERCHE

Page 10: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

LE GOUVERNEMENT

Le libéralisme

Page 11: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

LA TÉLÉVISION =

informe +

divertit +

forme notre esprit

Page 12: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Quels sont les intérêts des gouvernements?

Page 13: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Les attitudes des gouvernements face à la réglementation

audiovisuelle

L’enfance

La publicité

Page 14: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

S’est avérée tout à fait inefficace

autorégulation

Page 15: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

déréglementation Moins de programmes pour les enfants

réglementation

Plus de programmes pour les enfants

EEUU

Page 16: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Pourquoi les gouvernements doivent-ils changer leurs

attitudes envers la télévision?

1.L’effet boomerang

2. L’ère du numérique

Page 17: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

L’effet boomerang

Gouvernement Société

Page 18: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Réglementer == censurer

Réglementer = créer des règles d’action

Page 19: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

La téléLa pub

Et le reste?

Page 20: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Quel rôle joue la télévision dans le temps

libre de l’enfant?

Page 21: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

2. Consumo De Televisión

EVOLUCI ON DE LOS ÚLTI MOS AÑOS CONSUMO I NFANTI L Y J UVENI LElaboración Corporación Multimedia A Partir De TNS Audiencia De Medios

158

153

143

146 146

151

142

140

155

153

150151

143144

143 143

135

140

145

150

155

160

AÑO 1999 AÑO 2000 AÑO 2001 AÑO 2002 AÑO 2003 AÑO 2004 AÑO 2005 AÑO 2006

Min

/ D

ía

4 A 12 AÑOS 13 A 24 AÑOS

La télévision dans le temps libre de l’enfant

Page 22: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

1

2

3Dormir = 2900 h.

Regarder TV = 990 h

École = 960 h

Page 23: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

70

75

80

85

90

95

1REGARDERLA TV

JOUER GOÛTER DEVOIRS

Activité préférée en rentrant de l’école

Page 24: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

ALLUMER LA TÉLÉ

Jouer avec les autres

Écouter de la musique

Lire

30%

18.8%

13.1%

10.9%

Page 25: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Premier constat:

Les enfants consacrent Les enfants consacrent beaucoup de leur temps beaucoup de leur temps

libre à regarder la libre à regarder la télévisiontélévision

Page 26: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Ce que les enfants regardent à la télé, et à quel moment, se caractérise par trois

traits significatifs:

Page 27: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

0

20

40

60

80

1

75% du temps: émissions pour adultes

Émissions pour enfants

1.Consommation significative de programmes pour adultes

Page 28: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Émission pour enfants

261.000

Football

Série pour adultes

Cinéma

Série pour adultes

Série pour adultes

Série pour adultes

Page 29: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Les SimpsonAnimation pour adultes

2. Les 50 émissions d’animation les plus regardées par les enfants:

Animation pour enfants

41 émissions:

9 émissions

Futurama

Etc.

Page 30: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

3. De mauvaises habitudes de consommation

Prime time: 21h-24h: 750.000 enfants

Late night: 24h- 150.000 enfants

31,3% une télé dans leur chambre

Visionnage par élimination et non pas par choix

Page 31: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

¿Apprend-il quelque chose avec la télévision?

Page 32: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Connaissances

Attitudes

Croyances

Valeurs

Page 33: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

La télévision peut-elle l’aider à penser mieux?

Page 34: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

AttentionAttention Labilité attentionnelleLabilité attentionnelle

Processus cognitifs-affectifs et sociaux

Page 35: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Attention

Compréhension

Pensée

Labilité attentionnelle

Générique vs analytique

Horizontale vs verticale

Processus cognitifs-affectifs et sociaux

Page 36: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Niveau I Niveau II

Niveau IIINiveau IV

Niveau V Niveau VI

Pensée verticale

Page 37: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

a

b

Pensée horizontale

a

b

c

b

d

e

a

a

b

c

h a b

b c d g

g

h

g d

e

f

a

a

b

c

b c d

d

e

f

a

Page 38: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Dessins animés

Les Simpsons

Marco

David le GnomeMaya l’abeille

Heidi

Mazinger Z

Pokémon

Vickie le Viking

Doraémon

Shin Chan

Dragon Ball Z

South Park

Pensée verticale

Pensée horizontale

+

-

Page 39: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Passivité à quand l’effet boomerang?

- son temps libre est prisonnier de la télévision et autres écrans

- la télé affecte négativemente attention, compréhension, pensée et affectivité

- il brûle les étapes

- la télévision a une répercussion négative sur son travail à l’école

Page 40: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

LES CHAîNES

DE

TÉLÉVISION

Se renouveler ou……

Page 41: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

- Fragmentation-Intégration des formats et supports (tv+ordinateur); hypermédia- Nouveaux formats - Interactivité- Prosumer- Advertainment

Changements du paysage audiovisuel:

Page 42: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

TV ?

TV ?

?

TV Audience

Audience

Années 60

Années 90

TV

TV

TV

AudienceTV

AudienceTV

Audience

Audience

TV Audience

Fragmentation

TV

Page 43: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Émetteur Récepteur /Audience

Émetteur Récepteur / Usagé

Pseudo interactivité

canal

canal

Stratégie push

Page 44: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

La pseudo interactivité par slots

Media Usagé

Page 45: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Émetteur

Prosumer

Prosumer

ProsumerProsumer

Prosumer

Prosumer

Prosumer

Prosumer

Stratégie pull

Page 46: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

a) Journalisme numérique

b) Publicité

Prosumer = Producteur + Consommateur

c) Télévision par internet

Page 47: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

AdvertainmentPublicité

+ Divertissement

Ou

Fiction

=

Page 48: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

LA RECHERCHE

À la recherche de l’efficacité sociale

Page 49: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

LUDIQUE

FICTIFRÉEL

Journal télévisé

Débat

Reportage

Documentaire

Magazine d’Info

Séries

Dessin Animé

Docu-soapConcours et jeux

Sport

Divertissement Humour

Talk-show Reality-show Docudrame Docufiction

Films

Le virtuel (Jeux vidéos; 3D)

interactivité

variétés

Émission Culturelle

téléréalité

Bermejo 2007

Page 50: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

L’AUDIOMÉTRIE AUDIENCE

PUBLIC

TÉLÉSPECTATEUR

NOTRE RECHERCHE

Page 51: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

nºde horas consumidas

de

suje

tos

Nº d’heures consommées

de

su

jets

Page 52: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

POURCENTAGE DE TEMPS CONSACRÉ À CHAQUE MACROGENRE TÉLÉVISUEL

PAR LES JEUNES DE 19 A 23 ANS15%

20%

65%

RÉALITÉ

LUDIQUE

FICTION

Page 53: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

Genres du RÉEL

Genres LUDIQUES

Genres du FICTIF

Page 54: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

- Sa conduite

- Son identité

- Ses attitudes, croyances et valeurs

- etc.

FICTION VIE

Advertainment

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Page 59: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

conclusion

Page 60: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

RÉSUMÉ :

Page 61: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

POST-SCRIPTUM. NOTES AU DÉBATLa télévision, en tant qu’outil technologique, comme je l’ai dit dans la conclusion de l’ouvrage « Mon enfant et la télévision », n’est ni bonne ni mauvaise en soi. Tout dépend de ce que l’on en fait. Tous les intervenant de cette journée du 6 décembre, au Théâtre National de la Colline, ont été d’accord pour dire qu’il est nécessaire d’améliorer la télévision et que, dans l’ensemble, cet outil n’est pas suffisamment bien utilisé, ce qui a des influences nuisibles sur les esprits et la conduite des gens.À partir de ce constat inquiétant, lors du débat, quelqu’un a posé la question sous-jacente à la plupart des interventions qui ont eu lieu au cours de la journée : D’accord, la télévision actuelle produit des effets nuisibles, alors, QUE FAUT-IL FAIRE ?Ainsi, il a été dit au cours du débat de l’après-midi que, tant que l’on ne trouverait pas d’autres solutions, il fallait continuer avec le type de mesures qui ont été prises jusque maintenant.Bernard Stiegler, quant à lui, a fait la proposition de maintenir la publicité, pour les raisons qu’il a clairement exposées. Pour ma part, comme j’ai tenté de l’argumenter au cours de mon intervention, c’est précisément le moment de changer de stratégie, le moment de faire de nouvelles PROPOSITIONS. D’une façon, je l’avoue, beaucoup trop schématique, hors du contexte, et abrupte, j’ai introduit, au cours du débat, l’une des propositions qui fait partie d’un paquet de mesures à prendre si l’on tient compte des conclusions qui découlent de ce que j’ai exposé et qui implique une façon différente d’aborder le problème de la télévision. Pour ce qui est de cette seule proposition à laquelle je me suis référé au cours du débat, je conseille la création à l’intérieur des chaînes publiques d’une équipe interdisciplinaire (composée de chercheurs, de scénaristes, réalisateurs, producteurs,..), dont l’objectif serait la production et la réalisation de programmes concrets pour une tranche d’âge concrète selon les principes de production que l’on a déjà mis en place dans le passé (par exemple, aux Etats-Unis pour Sesame Street). Ce type de mesure a conduit à produire des émissions de qualité dont on a testé les effets bénéfiques pour le développement de l’enfant, ce à quoi s’intéressent justement le CIEM, Ars Industrialis et autres collectifs qui s’interrogent sur le rôle des médias dans le devenir de nos sociétés. Il ne s’agit donc pas de créer une équipe pour « changer la télévision ».Ce n’est pas son objectif, mais une mesure, parmi d’autres, à prendre pour l’améliorer. C’est à l’État que revient l’initiative de créer ses équipes à l’intérieur des chaînes publiques (mais je ne m’étends pas davantage ici sur les caractéristiques de ces équipes, leur mode de travail et la modalité de leur implantation). Cette proposition concrète est le résultat, non seulement des besoins qui ressortent de l’analyse des recherches sur la télévision que j’ai pu conduire au cours des quinze dernières années, mais aussi de l’expérience que l’on peut acquérir à partir de la connaissance du monde intérieur de la télévision. Comme la littérature nous l’a montré au cours des siècles, dans une histoire concrète nous pouvons retrouver une idée générale. En ce sens, si vous me le permettez, je voudrais m’étendre un peu plus ici, à propos de ce que j’ai dit au cours du débat, pour vous raconter une petite histoire concrète qui pourra me permettre d’expliquer et d’illustrer de façon simple pourquoi je pense qu’il faut prendre des mesures comme celle que je viens d’évoquer.

Page 62: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

1. LE ROYAUME DE L’AUDIMATIl y a quelques années, l’Université Complutense de Madrid avait signé une convention de collaboration avec une télévision publique. Entre autres objectifs, il s’agissait de former de nouveaux cadres et responsables pour la télévision. J’ai été nommé par mon université, responsable académique de cette formation. Cette mission m’a conduit à travailler à l’intérieur de la télévision, ce qui m’a permis d’en connaître les modes de fonctionnement professionnels. Quand je suis arrivé dans cette chaîne de télévision, l’une de mes premières expériences a été de rencontrer la directrice des programmes. Il s’agissait de quelqu’un de cultivé, qui avait une culture cinématographique ample et qui avait des goûts télévisuels personnels de qualité. À cette époque, la chaîne diffusait une émission de téléréalité de très, très mauvaise qualité qui, bien souvent, terminait en scandale et dans les tribunaux pour diffamation. Beaucoup de gens étaient d’accord pour qualifier cette émission de « honteuse » et différentes initiatives avaient été faites pour qu’elle disparaisse de cette chaîne de télévision. Lorsque j’ai rencontré cette directrice des programmes, je lui ai demandé son avis et les raisons de la chaîne pour maintenir cette émission. Sa réponse a été très claire et illustrai parfaitement ce qu’est la logique qui règne dans le monde professionnel de la télévision. Pour elle, cette émission n’avait aucune qualité. Je lui ai alors demandé, avec toute la naïveté d’un jeune professeur d’université qui connaissait mal le monde professionnel de la télévision à l’époque, pourquoi donc maintenir cette émission dans la grille des programmes de cette chaîne dont elle était, après tout, la responsable. Elle pouvait décider (en partie) d’éliminer cette émission. Elle m’a regardé étonnée et avec un large sourire, que j’ai compris par la suite, elle m’a répondu qu’il n’était pas question de faire cela. La direction de la chaîne l’aurait empêché et elle même aurait été immédiatement renvoyée. Mais elle a ajouté quelque chose que je n’ai jamais oublié et que j’ai entendu maintes fois au cours des années suivantes. Supprimer cette émission aurait signifié rompre avec toute la logique qui préside les prises de décision des chaînes de télévision dans le marché libre qui est celui des pays occidentaux. Dans la télévision contemporaine, ce n’est pas la qualité des émissions qui décide mais bien d’autres concepts dont les plus importants sont très liés au marketing (l’image de marque, les cibles, le share, le rating,…). Bref, c’est L’AUDIOMÉTRIE qui préside les chaînes. Les hommes ne font que gérer ce qui détermine cette reine du royaume télévisuel.Cette émission de télévision était, de loin, l’émission la plus rentable de la chaîne. Par conséquent, peu importait le fait qu’elle soit d’une très mauvaise qualité. Quand on rentrait dans cette logique, tout était clair, et j’ai pris conscience de ma naïveté initiale. Cette émission avait une moyenne de 34% de share. Et, à elle seule, contribuait à presque 20% du share total de la chaîne par jour. Étant donné le coût de sa production qui était très bas, il s’agissait, en fait, d’une émission très, très, intéressante pour la chaîne. Même les procès en justice qu’elle perdait étaient rentables car, bien utilisés, ils devenaient une source supplémentaire de publicité pour l’émission, donc, plus de share, donc, plus de contrats publicitaires à des prix plus hauts et donc plus rentables pour la chaîne. (Une toute autre question, qu’il faudrait naturellement aborder, - dans un autre débat -, serait de se demander pourquoi il y a des gens qui veulent absolument regarder ce genre d’émission où sont exposés les misères humaines et les affrontements et déchirements personnels entre people ; pourquoi les ragots et les scandales attirent davantage les regards sur les écrans).Ce royaume de l’audimat, j’ai pu le constater jour après jour par la suite. Ainsi, par exemple, tous les matins, la première chose qui se trouvait sur la table de chaque responsable de la chaîne, c’étaient les résultats d’audience du jour précédent. Selon ces résultats, les mouvements dans la grille des programmes pouvaient aller dans un sens ou dans l’autre. Les décisions et les stratégies des responsables dépendaient fortement de ces chiffres versés par l’audimat.Finalement, la pression populaire a réussi à lever la résistance de cette chaîne et l’émission, malgré son succès permanent d’audience, a été retirée comme l’avait annoncé le nouveau PDG le jour de son arrivée à cette chaîne de télévision. Mais, comme dans beaucoup d’histoires, il y a un corollaire car, ne croyez pas que la citoyenneté avait réellement détruit le royaume de l’audimat (en l’occurrence, le « méchant »), mettant ainsi un point final heureux à cette histoire comme dans un conte de fée. De même que le capitalisme économique, qui évolue certes, mais qui est toujours là, le royaume de l’audimat avait changé pour continuer à être le même et à servir toujours son maître, à savoir, l’actuelle conception marketing de la télévision. Dans celle-ci, on trouve plusieurs concepts, dont celui de l’image de marque. Étant donnée que la pression populaire avait réussi à faire circuler l’idée que cette émission n’était pas digne d’une télévision publique, la chaîne, pour éviter que son image de marque souffre des effets négatifs de ce mouvement social, avait décidé de la supprimer malgré son succès d’audience. Cela n’est pas contradictoire avec la logique de la télévision, bien au contraire, c’est une manifestation de son fonctionnement. Les responsables de cette chaîne savaient parfaitement qu’avoir une mauvaise image conduirait à de lourdes conséquences. Cela se serait traduit, rapidement, par le fait que les annonceurs n’auraient pas voulu se voir mêlés à cette image négative et auraient fui vers d’autres chaînes, ce qui aurait fini par altérer le principe suprême de profit et/ou de survie économique de toute entreprise. Retirer l’émission rentrait donc dans la logique du fonctionnement des chaînes de télévision.Cela dit, cette histoire illustre également le fait qu’il y a une place pour l’optimisme car elle nous montre que, la prise de conscience de la population peut conduire à certaines modifications de la part des chaînes. L’action du CIEM, à propos de la chaîne Baby First, et la réponse du CSA, serait également un autre exemple de cet espace d’espoir qui nous montre que dans le système que forme le monde de la télévision, il y a des agents comme les mouvements sociaux, les parents, enseignants et autres, qui peuvent contribuer à faire avancer le système télévisuel vers de meilleurs résultats.

Page 63: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

2. LE TEMPO DE LA TÉLÉVISION, LE TEMPO DES EXPÉRIENCESDans cet objectif de montrer de façon simple la logique des chaînes, je voudrais attirer l’attention sur un autre frein qui,

à mon avis, existe à la télévision, et qui empêche qu’elle tienne compte de la notion de « qualité », c’est-à-dire, qu’une émission soit bénéfique et non pas nuisible pour l’esprit de son public. Il s’agit du tempo de la télévision. La logique du travail professionnel à la télévision fait que tout va très vite. C’est, en quelque sorte, un monde accéléré. Les professionnels se trouvent, de façon permanente, dans l’obligation de s’occuper des choses (qui pressent) dans le temps présent. Ils n’ont pas le temps d’une vraie réflexion. Dans le monde de la télévision, j’ai eu l’occasion de rencontrer des professionnels avec des idées magnifiques, des intuitions pleines d’intérêt. Cependant, tout cela passe à un second plan, lorsqu’il s’agit de se remettre au travail car c’est une routine implacable où la continuité dépend non seulement de ce que la chaîne doit faire pour avoir un rating et un share convenables vis-à-vis des annonceurs mais aussi de ce que font les chaînes concurrentes en temps réel.

À ce rythme de travail, ancré dans l’urgence, s’ajoutent d’autres facteurs qui entravent la quête de qualité. Le plus important (pour n’en citer qu’un) est celui qui le lie au phénomène de l’audimat. Même si l’on a l’idée d’une émission de qualité, les craintes apparaissent chez les responsables des chaînes, parce qu’il faut le courage de mettre en place une émission nouvelle qui peut échouer (d’un point de vue de l’audimat, bien évidemment) et les enjeux économiques sont considérables. Cela fait que la télévision, paradoxalement, innove de moins en moins.

Page 64: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

3. POUR UNE ÉQUIPE MULTIDISCIPLINAIRELes deux facteurs que je viens d’évoquer, l’audimat et le tempo de travail (et il y en a d’autres), font que les chaînes de

télévision ne trouvent pas la légitimité d’introduire des changements dans cette logique de production de programmes et, finalement, ne prennent pas de risques avec de nouvelles émissions incertaines.

Ce que je propose (et cela impliquerait de revenir sur une distinction de pratiques différentes entre les chaînes publiques et les chaînes commerciales), c’est de créer une équipe multidisciplinaire dans les chaînes publiques (ce qui pourrait encourager les chaînes commerciales à faire de même) pour concevoir, produire et réaliser des émissions de qualité concrètes.

Créer des émissions de qualité implique de sortir de la logique de l’audimat et du tempo du présent. Faire une émission de qualité requiert différentes activités qui ne sont pas faites actuellement par les chaînes (étant donnée naturellement la logique qu’elles suivent). Les équipes de travail, formées à tel effet, doivent réaliser un ensemble d’actions qui se trouvent dans un tempo différent de celui du moment présent actuel des télévisions. Il faut se rapprocher des besoins des populations ; les écouter (etc.). Une fois conçue une émission, il faut réaliser des pré-tests et des post-tests des émissions pilotes et appliquer toute une démarche méthodologique, qui existe déjà. Le travail de ces équipes n’implique nullement de rompre ni d’ interrompre le rythme de la chaîne. Ils travaillent en parallèle, le temps de produire cette émission (etc.).

Créer une telle équipe nécessite un budget, certes, dont la rentabilité peut être atteinte à moyen terme. Cette mesure n’altère pas la logique actuelle des chaînes dans son fondement ultime de rentabilité économique mais le complète avec une logique de rentabilité sociale, concept qu’il faudra récupérer pour ce qui est des chaînes publiques. Elle contribue à apporter à la chaîne une bonne image de marque ce qui attire finalement de nouveau les annonceurs. La publicité moderne sait qu’il ne s’agit plus tant d’une question de quantité que de qualité d’impact sur la cible. En ce sens, je suis tout à fait d’accord avec Bernard Stiegler pour dire qu’il ne faut pas supprimer la publicité. J’ajouterai pour ma part, que le problème majeur n’est pas la publicité en elle même mais les contenus des émissions et leur servitude envers la publicité. Ce circuit de dépendance peut se réorganiser en fonction de la qualité. Finalement, cette mesure rentre dans le champ des intérêts des chaînes et par conséquent pourrait être bien acceptée car elle vient les aider à compenser leur perte progressive de compétitivité face à d’autres média émergents. En définitive, une vraie émission de qualité, dont le label provient des essais et tests réalisés par l’équipe multidisciplinaire qui l’a créée, et qui n’est pas jugée selon ses résultats immédiat d’audience mais à moyen terme, finit par attirer un public suffisant pour que l’émission soit rentable et, en même temps, contribue a créer un image positive de la chaîne, ce qui n’est pas pour déplaire aux annonceurs.

Page 65: Le rôle de la télévision dans la construction de la personne

4. L’INTERVENTION DU GOUVERNEMENT ET LE SYSTÈME AUDIOVISUELLa logique qui fait fonctionner les chaînes de télévision, très liée à leur conception d’entreprise, ne peut pas changer si

ce n’est en tenant compte de ses propres intérêts. C’est une illusion de prétendre que l’Etat, à travers la réglementation, est capable de rompre la logique qui fait fonctionner les chaînes de télévision. La logique des chaînes peut évoluer favorablement pour le téléspectateur mais pour cela il faut, comme je l’ai souligné dans mon intervention au cour de la journée du 6 décembre, changer de stratégie et tenir compte en même temps du système au complet et des intérêts de ses partenaires.

Jusqu’à présent, de nombreuses voix se sont adressées au gouvernement pour qu’il réglemente et régule le marché audiovisuel. Il peut le faire et il doit le faire. Mais cela n’est pas suffisant car il faut, de plus, qu’il travaille avec les chaînes de télévision (notamment publiques) pour introduire une nouvelle forme de relation avec les chaînes en vue de la production d’émissions de qualité. Le gouvernement ne peut pas changer le tempo des chaînes mais il peut collaborer avec elles pour produire ces émissions de qualité. Dans cette nouvelle logique que je propose, et qui n’est ici qu’ébauchée en partie, s’inscrit la formation des équipes de production et la réalisation de nouveaux programmes de qualité.

Dans ma brève intervention à Ars Industrialis et au CIEM du 6 décembre, ici recueillie, j’ai tenté de rappeler que le monde de la télévision, comme tous les phénomènes sociaux complexes, fait partie d’un système où notamment trois facteurs majeurs sont confrontés mais dont le résultat doit nous conduire vers une meilleure télévision. Dans la conception théorique sous-jacente à ma réflexion se trouve une conception dialectique des phénomènes sociaux. Elle puise ses racines dans de nombreuses sources sur lesquelles je ne m’attarderai pas ici (Héraclite, Hegel, Marx, Wallon, Vygotsky,…). D’après cette vision théorique, demander à l’État d’intervenir, mais sans faire cela dans le système dialectique auquel participent d’autres facteurs intervenants (et dans lequel sont confrontés notamment les trois facteurs signalés), serait ignorer le processus de construction des phénomènes sociaux et historiques. Une pareille démarche impliquerait de demander à l’État de faire une synthèse à partir d’une seule thèse, la sienne (et encore faudrait-il que l’État prenne conscience de son action à mener), tout en oubliant le reste des facteurs en jeu. Cette façon d’agir suppose d’ignorer la dialectique des choses. À mon avis, la seule chance de réussite, c’est de confronter ces trois facteurs (avec les facteurs subordonnés comme, par exemple, les associations, les parents et enseignants) dans la voie que j’ai suggérée mais qui, bien évidemment, pourrait être erronée. En attendant, et étant donné que l’on se retrouve dans un système où ont lieu des processus systémiques (homéostatiques dans un réseau parallèle et distribué PDP), les apports et contributions du CSA et autres agents sociaux, sont également nécessaires car leur actions, bien évidemment, contribuent à faire avancer ce système vers une meilleure télévision pour tous. Autrement dit, la question initiale, « que faire » a une réponse plurielle : il s’agit d’une action collective à laquelle différents agents doivent participer. Notre avenir culturel en dépend car cette même dialectique à établir pour la télévision s’étend, également, à celle des autres médias. Mais cela est un autre débat.