18 casanova Oktober 2016 sanitas troesch18 casanova Octobre 2016 sanitas troesch

Dans l’univers d’Umberto Gessi, au commencement était le «verbe», celui de la mécanique: la joie

de mettre les mains dans le cambouis, le plaisir de bricoler, la recherche de la précision... Très tôt,

le jeune Umberto, passionné par la réparation de bicyclettes, se prend à rêver de son atelier idéal,

propre, fonctionnel et authentique. L’essentiel n’est pas de gagner de l’argent, mais le plaisir de

créer. Son premier amour sera le tour, cet allié qui apporte la dernière touche et exprime le

meilleur de l’art mécanique.

Umberto Gessi, aujourd’hui octogénaire, est né dans une famille de paysans près de Reggio d’Emilie.

Durant l’après-guerre, sans moyens ni outils, la vie à la campagne est très dure. On utilise encore les

bœufs pour le travail. Lorsqu’Umberto a 14 ans, sa famille, qui aspire à de meilleures conditions de

vie, s’installe dans le Piémont, une région à l’aube de son industrialisation.

Il trouve un emploi dans une usine de roulements à billes, où il gagne bien sa vie, mais effectue un

travail de montage répétitif qui l’ennuie. Il commence alors à faire le tour des ateliers de réparation,

des usines, des fonderies, des fabricants de robinetteries et de cuisines, en acceptant de travailler

gratuitement pour apprendre le métier.

C’est ainsi qu’il est engagé dans une usine de fabrication de cuisines. Le propriétaire est tellement

séduit par ses compétences qu’il lui offre une participation dans la société, d’abord de 5 %, puis de

15 %. Il s’y sent bien, raconte Umberto Gessi, mais les robinets du commerce sont souvent peu fiables

et inadaptés aux meubles de qualité; ils sont fragiles et les pièces de rechange sont difficiles à trouver.

Le Seigneur des robinetteries

Il y a vingt-cinq ans, Umberto Gessi créait une société qui allait redéfinir

le concept de robinetterie: de simple mécanisme

d’ouverture, de distribution et d’arrêt, le robinet est

devenu un élégant acces-soire design pour cuisine et salle de bains. Retour

sur la vie d’un entrepreneur génial, dans le plus pur

style italien.

En entrant dans l’exposition de Gessi Milano, on pénètre dans un

univers raffiné et magique consacré aux robinetteries et à leur impact sur

le design et l’aménagement.

Umberto Gessi et son fils Gian Luca décident de fabriquer «leur»

propre robinet: une folie, étant donné la concurrence féroce,

mais aussi une opportunité, puisque le «nouvel» objet en termes

d’esthétique et de qualité qu’ils ont à l’esprit fait défaut sur le marché.

En 1990, ils ouvrent leur propre atelier dans un garage d’environ

100 m², où ils conçoivent la série «Griffe», un modèle de technique

traditionnelle sans mitigeur, mais d’une beauté inégalée, bien

proportionné et solide. C’est Gian Luca qui le dessine. Umberto

Gessi reconnaît à son fils, non sans orgueil, un grand sens de

l’esthétique. Lui-même est plus porté sur la technique.

En 1992, ils déménagent à Serravalle Sesia dans des locaux plus

grands, de 500-600 m², et embauchent deux collaborateurs

chargés du polissage, car la surface des pièces métalliques doit être

impeccable pour effectuer le chromage, un procédé laborieux,

coûteux et produisant beaucoup de déchets, mais qui s’avère

indispensable pour ces produits haut de gamme. Le modèle

Griffe se vend comme des petits pains. C’est le bon produit,

lancé au bon moment.

Le modeste atelier connaît donc un développement fulgurant, pour

devenir la société anonyme Gessi, premier exportateur italien de

robinetteries et d’équipements de salles de bains, avec une part de

marché de 13 %, 500 salariés en Italie et des filiales sur presque

tous les continents.

L’objectif était et reste la production de produits exceptionnels qui se

distinguent par leur raffinement et leur technologie de pointe. C’est

ainsi que naît le modèle «Diverso», le père des robinets conçus dans

le design typique de Gessi et qui était encore fabriqué il y a quelques

années. Gessi a transformé le robinet, à l’origine un simple mécanisme

d’ouverture, de distribution et d’arrêt, en un véritable élément de

style, exprimant le principe essentiel de la marque: «fonction et

émotion». Le secret de Gessi, outre l’esthétique, a toujours été

l’extrême souci du détail. Aujourd’hui encore, la production est en

partie artisanale, car l’aspiration à la perfection requiert, comme dit

Umberto Gessi, que la touche finale soit apportée par l’homme.

D’autres facteurs de succès sont l’esprit d’innovation, le sens du

progrès et le refus des conventions. Aujourd’hui, la marque se

distingue toujours par son avant-gardisme technologique et son

design pionnier, primés par de nombreux prix, parmi lesquels le

tecture et paysagisme. La «Dream Factory», bien ancrée dans la région et dédiée

à une vision éthique, concilie production et vie sociale. Le système Gessi met

l’accent sur le bien-être et le respect de l’homme et de la nature: «Made in

Gessi» et «Made with Love». Bureaux, laboratoires de recherche et d’essais et

usine s’intègrent dans un paysage architectonique composé de prés, de bois,

de ruisseaux et de lacs et entouré des collines verdoyantes de la Valsesia.

Le design Gessi repose sur l’élégance. Les caractéristiques de la marque — le

carré, l’ovale, le rectangle, le cône et la goutte d’eau — témoignent des formes

minimalistes d’une sobriété éternellement valable Ces fondements esthétiques

inspirent les collections Gessi, transformant les «objets de la vie quotidienne»

en «petites sculptures d’usage quotidien». Un concept totalement conforme

à l’esprit de Sanitas Troesch qui a toujours accordé une grande importance

à l’esthétique et au bien-être dans la salle de bains et la cuisine. Les espaces

purement fonctionnels d’autrefois ont fait place à des décors où il fait bon vivre

et savourer l’esthétique. Les robinetteries, parmi lesquelles on trouve les plus

belles collections de Gessi, sont des éléments essentiels pour Sanitas Troesch

lors de la conception de cuisines et salles de bains de style.

Dans l’entreprise Gessi, les relations humaines et une ambiance familiale

jouent un grand rôle. Aujourd’hui encore, «il Signor Umberto», comme tout le

monde l’appelle ici, prend le temps chaque matin de saluer personnellement ses

collaborateurs. «Umberto Gessi est un collectionneur passionné de véhicules

anciens à deux ou quatre roues. Quand il était jeune, il s’était acheté une vieille

petite moto Guzzino qu’il avait «trafiquée» en abaissant la culasse et en

intégrant des suspensions téléscopiques. Puis il avait acheté sa première

voiture, une Lancia Ardea, elle aussi d’occasion. Il y a quelques années, il

avait dit en passant à sa famille qu’il aimerait remonter sur la même petite

moto que dans le temps. Quelque temps plus tard, à l’occasion de son

anniversaire, son fils réalisa son désir: dans la cour trônait, à la grande joie

d’Umberto Gessi, une belle petite Guzzino, totalement remise à neuf. Umberto

Gessi en fut si heureux qu’il commença à collectionner les motos d’époque.

Il en compte aujourd’hui une bonne quarantaine.

Sa collection de 16 automobiles — l’Ardea en fut le premier exemplaire —

est exposée dans le Parc Gessi. Umberto Gessi a toujours été d’avis que la

beauté, la propreté et l’ordre sont indispensables pour que le personnel se

sente à l’aise. En effet, seuls des collaborateurs satisfaits sont prêts à réaliser

des produits «difficiles à fabriquer» et uniques parce que «les autres sont

incapables de les fabriquer», précise-t-il. Des chefs-d’œuvre futuristes, lumineux

et inventifs, avec des systèmes de distribution par le sol ou le plafond, des

circuits de chauffage de l’eau à 100 °C, des jets de vapeur, la chromothérapie,

etc. Des produits personnalisés dont la forme et le matériau peuvent être

choisis par le client. Le dernier modèle présenté, «Equilibrio», qui tire son nom

de l’équilibre entre les deux composants du robinet en forme de pierres,

produit un effet fascinant et magique. Le client peut choisir la finition du métal,

le traitement des surfaces, la «pierre» qui constitue le levier du mitigeur, etc.

Pour Umberto Gessi, l’eau est un élément quasi sacré: «Sans eau, nous

n’existerions pas!», affirme-t-il. «Nous devons honorer l’eau et bien la traiter. Les

appareils qui distribuent ce précieux élément doivent donc être dotés de

parcours lisses, silencieux, sans aspérités ni recoins».

Tous ces aspects, ces idées et cette magie se retrouvent dans les locaux

de Gessi Milano, le centre d’exposition conçu par Gian Luca Gessi et

ouvert en 2013 dans un palais historique du «Quadrilatère de la Mode» et

destiné à faire connaître les produits Gessi en tant que promoteurs du style

italien. Ici a été créé sur plusieurs niveaux, dans un ancien cinéma, un

jardin secret s’inspirant des mêmes critères que le Parc Gessi de Serravalle

Sesia, avec des cascades, des piscines, des jardins souterrains, des

projections haute technologie et un véritable «Concept Lab» pour l’architec-

Le site de production de Serravalle Sesia incarne parfaitement les valeurs d’Umberto Gessi: beauté, propreté, ordre et respect de l’homme et de la nature.

ture d’intérieur et l’ameublement de salle de bains.

L’ambiance est si prodigieuse que même les représen-

tants de marques mondialement célèbres de mode,

de cosmétique, de lifestyle et de luxe y viennent

volontiers pour présenter leurs défilés et présenta-

tions. «Mais en regardant autour d’eux, ils découvrent

notre univers de bien-être...», raconte Umberto Gessi

en faisant un clin d’œil.

S’il devait revenir en arrière, changerait-il quelque chose

à son parcours? «Non, répond-il. Je fabriquerais de

nouveau mes robinets. J’ai eu de la chance, et je suis

heureux de voir que mon fils et mes petits-enfants

aiment autant l’entreprise que moi.»

Umberto Gessi est resté cet homme simple et génial

d’autrefois, se félicitant de la propreté et de l’ordre

régnant dans son petit atelier, avec la différence que

l’atelier est devenu une entreprise industrielle d’envergure

multinationale. Il apprécie les grandes valeurs tout

comme les petits plaisirs de la vie. Dans le hall de Gessi

Milano se trouve une boîte en bois pleine de bonbons

sucrés multicolores comme ceux qu’adoraient les

enfants après la guerre. «Il est difficile d’en trouver

aujourd’hui», explique le «Seigneur des robinetteries»

en croquant un bonbon rose avec gourmandise. Il nous

en offre, et l’espace d’un instant, nous avons l’impression

de revoir en lui le jeune garçon vif et curieux qui aimait

réparer les bicyclettes…

«Superbrand of Italy» et le prestigieux «Red Dot Design

Award» international. La mise en service de la machine

«transfer», à même d’orienter la pièce dans toutes les

directions, ce qui permet de travailler celle-ci de tous les

côtés, a constitué un jalon important dans l’évolution

technologique de la production. Pour son baptême,

cette machine a eu les mêmes honneurs qu’un bateau:

Umberto Gessi se souvient bien de la bouteille de

champagne qui a éclaté contre ses flancs.

Au début, le robinet était fabriqué par fusion. On préparait

les moulages pour la fonderie, où avait lieu la première

phase de la production. La dernière touche était apportée

à la main. Mais par la suite, un système totalement inédit

est adopté: il consiste à utiliser des barres de laiton,

pleines ou creuses selon les exigences. Une technique

de sculpture sert à les travailler, à l’instar de celle

utilisée pour le marbre. Elles sont ensuite assemblées

manuellement, comme autant de preuves de la veine

artistique qui accompagne la naissance d’un robinet!

Tout se déroule sous le signe de l’immuable devise

d’Umberto Gessi: ordre et propreté. L’entreprise doit en

effet être propre et claire, le salarié doit se sentir

comme à la maison: à l’aide d’un chiffon et d’un dégrais-

sant, chacun doit veiller à retrouver le matin un poste de

travail immaculé! Afin de rendre le temps passé à l’usine

encore plus agréable, celle-ci est intégrée dans un parc

industriel polyfonctionnel: le Parc Gessi réunit à la fois,

sur pas moins de 800 000 m², technologie, éco-archi-

Le «Seigneur des robinetteries» devant sa collection de véhicules d’époque exposée sur le site de l’usine à la plus grande joie du personnel et des visiteurs.