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Le seul magazine au Québec dédié uniquement à la boxe Janvier, 2011 Numéro 31 - Les prix de la Zone - Le moins glorieux prix Régis - Le classement livre pour livre des boxeurs Québécois Photo : Vincent Éthier

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Magazine La Zone de Boxe 6ième année – numéro 31

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Le seul magazine au Québec dédié uniquement à la boxe

Janvier, 2011Numéro 31

- Les prix de la Zone- Le moins glorieux prix Régis - Le classement livre pour livre des boxeurs Québécois

Photo : Vincent Éthier

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Magazine La Zone de Boxe 6ième année – numéro 31

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Magazine La Zone de Boxe

2755 Clermont Mascouche (Québec) J7K 1C1

[email protected] Éditeurs François Picanza Benoit Dussault Rédacteur en chef Pascal Roussel

Collaborateurs François Couture Pascal Lapointe Martin Laporte Karim Renno Guillaume Wagner Correcteur/Réviseur Pascal Lapointe François Couture Véronique Lacroix Monteur Martin Laporte Le magazine la Zone de boxe fut fondé en 2004 à Mascouche par François Picanza. Ce magazine est maintenant offert gratuitement sur le web.

La Zone de Boxe magazine

6e année, numéro 31 Janvier 2011

03 – L’Éditorial 3 – Le mot du médium format géant 0 6 – Prix de la Zone

8 – Entrevue Hercule Kyvelos 13 – Prix Régis 17 – Entrevue Christian Gagnon 24 – TOP 15 Québec livre pour livre 30 – La boxe et moi : Guillaume Wagner 32 – Comparaison Lemieux-N’Dam 35 – Qui entraîne qui ?

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Le mot du médium format géant Contenu de ce numéro : Les Prix de La Zone 2010 Là, mesdames et messieurs, nous nous prenons au sérieux. Avec 30 parutions derrière nous, nous croyons maintenant être prêts pour tenir notre première remise de prix. Nous sommes un magazine indépendant ayant atteint un niveau de crédibilité enviable, alors personne n’est mieux placé que nous pour s’occuper de ceci! Vous pourrez voir plus loin dans le magazine les premiers gagnants de l’histoire des prix de la Zone. Boxeur de l’année, entraîneur de l’année, K-O de l’année, etc. Que les gagnants soient fiers! Mais comme une bonne nouvelle vient rarement seule…

Les prix Régis de l'année 2010 Là, mesdames et messieurs, c’est un peu moins sérieux. Avec 30 parutions derrière nous, nous croyons maintenant être prêts pour tenir notre première remise de prix moins sérieux. Nous sommes un magazine indépendant ayant atteint un niveau de crédibilité enviable, alors personne n’est mieux placé que nous pour s’occuper de ceci! Vous pourrez voir plus loin dans le magazine les premiers gagnants de l’histoire des prix Régis de l’année 2010! (Pas Labeaume, Lévesque…) Ces prix visent à couronner ceux qui se sont illustrés au cours de l’année 2010 pour des raisons moins notoires… disons le comme ça. Top 10 livre pour livre québécois Cela fait à peine 6 mois que nous l’avions fait, mais il s’est passé tant de choses au cours de cette demi-année que nous sentions le besoin de rafraîchir notre classement livre pour livre québécois. Dix collaborateurs du magazine ont accepté de nous livrer leur classement afin qu’on puisse en faire un savant mélange et vous offrir ce qu’on croit être le plus juste et le plus réaliste. Mais nous le savions bien, ce genre de compilation est toujours propice à la critique, peut-être ne serez vous pas d’accord avec notre classement. Difficile de classer 10 boxeurs venant de catégories de poids différentes. Mais peu importe, quel plaisir nous avons eu à faire cet exercice! Connaissez-vous Christian Gagnon? Retournons dans le temps ensemble. Nous sommes à la fin des années 80 et au début des années 90. Trois boxeurs amateurs de Jonquière et leur entraîneur détruisent tout sur leur passage. Ils raflent tout. Une tornade jamais vue à l’intérieur d’un seul club de boxe. De ces quatre personnes, vous connaissez aujourd’hui l’entraîneur Stéphan Larouche, le boxeur Stéphane Ouellet et le boxeur maintenant entraîneur, Pierre Bouchard. Le quatrième mousquetaire était un dénommé Christian Gagnon. Laissez-moi vous le présenter. Appelons-le tout simplement celui qui aurait pu. Kyvelos Il est aujourd’hui entraîneur de quelques boxeurs. Mais au début des années 2000, Hercules Kyvelos était encore lui-même un boxeur prometteur. Toutefois, ce n’est pas tous les boxeurs qui deviennent des champions et tous n’ont pas des portes grandes ouvertes devant eux. Benoît Dussault a rencontré pour nous cet ancien élève de Russ Anber à qui il a un jour tourné le dos pour aller voir ailleurs si l’herbe y était plus verte. Lemieux ou N’Dam ? Le Québec et la France ont chacun un boxeur poids-moyens qui est une vedette à en devenir. Pour la France, Hassan N’Dam est champion intérim de la WBA. Au Québec, David Lemieux, à peine âgé de 21 ans, démolit tous les boxeurs qui osent se tenir devant lui. Un combat éliminatoire de la WBC lui est promis. Notre collaborateur Martin Laporte, qui a assisté en personne à la conquête du titre intérim de Hassan N’Dam, nous propose un texte analysant les forces et les faiblesses des deux boxeurs. La boxe et un humoriste Notre chronique régulière La boxe et moi revient cette fois-ci avec une personne qui ne vient pas du milieu de la boxe. Par contre, il peut s’annoncer sans gêne comme un grand amateur de boxe! Guillaume Wagner est un humoriste de la

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Richard Schaefer de Golden Boy Promotions reviendra au Canada, quoi

qu’il en dise. (Photo Vincent Éthier)

relève (quoi que je croie personnellement qu’il ait dépassé ce stade). Vous l’avez vu régulièrement avec son humour corrosif dans l’émission Un gars le soir à V. Il vous raconte comment est né son amour de la boxe. Qui entraîne qui, version 2011 Il n’est pas facile de s’y retrouver. Dites-moi qui entraîne Lucian Bute? OK, elle était facile celle-là. Qui est l’entraîneur de Jean Pascal? OK, vous êtes bon. Maintenant qui entraîne Nicholson Poulard? Plus difficile cette fois-ci, n’est-ce pas? Alors nous avons pensé vous simplifier la vie en vous dressant un tableau qui vous rendra un connaisseur impossible à coincer lorsqu’on vous demandera qui entraîne qui au Québec.

Les commentaires du médium La cassette de GBP À la conférence de presse d’après-combat du duel Pascal-Hopkins, j’écoutais hurler Richard Schaefer, le big boss de Golden Boy Promotions. « Au vol!... C’est une honte!... Un œil au beurre noir pour la boxe…» Bla bla bla. Et du coin de l’œil, j’aperçu David Itskowitch. Ce même Itskowitch qui était ici il y a deux ans comme représentant de GBP pour le premier combat Bute-Andrade. Et je me suis rendu compte que la cassette qu’était en train de faire jouer Schaefer était la même qu’avait utilisé Itsko (son petit nom pour les intimes. J’ai le droit, il m’a donné sa carte d’affaires il y a deux ans). L’histoire de l’œil au beurre noir, des menaces de poursuite, de leurs avocats, de l’intimidation venant du gros joueur USA, etc. On ne reviendra plus au Canada, car vous n’êtes pas gentils, avait dit Itsko. Guess what? Ils sont revenus pour la revanche Bute-Andrade II et ils sont venus pour Hopkins-Pascal. Hopkins, comme Andrade avant lui, ne fera pas vendre 3000 hot-dogs chez eux. On va revendre 16000 billets s’il revient. J’ai hâte à la conférence de presse de Hopkins-Pascal II pour l’annonce de la revanche. Je vous promets que je vais lui rappeler cette histoire. Duel Pascal-Hopkins : Et le gagnant fut… Lucian Bute! C’est bizarre à dire, mais celui qui, au Québec, bénéficie le plus de ce duel nul fut Lucian Bute. Parce que si Pascal l’emportait, il passait sans aucun doute devant Bute aux yeux des amateurs de boxe québécois. Les Cages aux sports étaient partout pleines à craquer. Pas de match de hockey. Pascal-Hopkins avait toute la

tribune sportive juste pour eux. Pascal avait la chance de dépasser Bute dans le cœur des amateurs de sport québécois. Il ne l'a pas saisie complètement. Maintenant, le doute persiste dans l’esprit des amateurs et selon moi, Bute et Pascal se retrouvent nez à nez. Pascal a affronté une plus grande adversité en Dawson et Hopkins, mais sa performance face à Hopkins a laissé un goût amer. Pendant ce temps, Bute affrontait des boxeurs de moindre niveau en Miranda et Brinkley, mais il les a carrément explosés! Qui est maintenant le roi du Québec? Difficile à dire. Pascal a raté l’occasion de ne laisser aucun doute. L’adage comme quoi un boxeur est aussi bon que sa dernière performance n’a jamais été aussi vrai. Après sa victoire sur Dawson, des gens le voyaient dans le top 10 livre pour livre. Et à la suite de son combat nul contre Hopkins, un journaliste qui tient un piquet de grève sur Rue Frontenac l’a exagérément qualifié de champion fantoche… La bonne nouvelle, c’est qu’avec la revanche immédiate exigée par la WBC, Jean Pascal aura la chance de remettre les pendules à l’heure rapidement, comme Bute l’avait fait lors de la revanche avec Andrade. L’option Toronto Le collègue Richard Cloutier, qui collabore régulièrement au magazine, a énoncé une théorie récemment comme quoi GYM préparait tranquillement le marché de Toronto. Et je trouve son analyse vraiment pas bête. Nous nous demandions tous pourquoi, lors de la tournée médiatique pour le combat Pascal-Hopkins, la caravane s’était arrêtée à Toronto. Avec les boxeurs ontariens rattachés directement ou indirectement à GYM qui peuvent facilement meubler une sous-carte à Toronto (comme par exemple Logan McGuinness, Tony Luis), l’idée de voir la revanche Pascal-Hopkins à Toronto n’est pas si folle. Et si on veut donner un combat de championnat du monde à Troy Ross, ce n’est pas à Montréal que ça va se vendre. N’oublions pas aussi les liens d’affaires qui unissent GYM à Hennessy Canada, la division canadienne (basée en Ontario) de la firme du britannique Mick Hennessy. Les vedettes européennes d’Hennessy (Tyson Fury, Junior Witter et autres) se cherchent un tremplin en Amérique du Nord. GYM a perdu sa salle du casino; il est logique de croire que GYM cherche un nouveau marché et, avec ses liens, GYM est mieux placé que Interbox pour le faire. Il faut comprendre aussi

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que le marché montréalais commence à être saturé, surtout avec la hausse du prix des billets. L’avenir nous dira rapidement si les indices nous mènent à Toronto. Erratum Lors du dernier numéro du magazine, nous avons publié un portrait de carrière du boxeur retraité Jean-François Bergeron et il semble que nous avons confondu quelques branches de son arbre généalogique! Notre collaborateur présentait le père de Jean-François en le nommant Marcel. Erreur de notre part, car son père s’appelle plutôt Maurice! Marcel est l’un des deux frères de Maurice, l’autre étant Réjean. Les trois frères ont fait de la boxe… Je suis mêlé juste à essayer de vous démêler! Pascal Roussel Rédacteur en chef format géant

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Le combat de l’année : Jean Pascal contre Chad Dawson (photo Vincent Ethier)

Le round de l’année : le 7e du duel Lucas-Andrade

Les prix du magazine La Zone de Boxe Par l’équipe du magazine La Zone de Boxe

Même si notre magazine existe depuis plus de sept ans, c’est la première fois que nous remettons des prix pour les différentes catégories comme le boxeur, le combat ou le round de l’année. Cet exercice est réalisé chaque année par plusieurs médias spécialisés en boxe au niveau international. Mais le magazine La Zone de Boxe s’est donné comme mandat de le faire en se concentrant uniquement sur la boxe québécoise. Nous avons remis un bulletin de vote à une quinzaine de personnes des médias et du milieu de la boxe qui n’ont rien manqué de l’année 2010. Voici le résultat de cette consultation. Boxeur de l’année : Jean Pascal Malgré une concurrence solide, Pascal est le choix unanime des panélistes, qui ont récompensé celui qui

est devenu champion du monde incontesté des mi-lourds en battant une vedette montante invaincue, avant de conserver son titre en faisant match nul avec une légende vivante.

Combat de l’année : Jean Pascal VDT11 Chad Dawson Il était important pour Pascal de faire savoir sans tarder aux juges qu’il était là pour gagner, ce qu’il a fait en remportant les trois premiers rounds. L’avance ainsi acquise lui a permis de ne jamais perdre les devants dans un affrontement où l’avantage est passé plusieurs fois d’un boxeur à l’autre. Mais comment Pascal a-t-il fait pour absorber cet uppercut au 11e round? Nous savons bien que les bonzes de la WBC ont préféré désigner le combat Pascal-Hopkins comme celui de l’année. Eux, ont des aspects politiques à considérer et des gens à qui ils doivent plaire, pas nous. Nous décernons tout de même une mention spéciale à ce combat. Mention spéciale : Jean Pascal N12 Bernard Hopkins Entraîneur de l’année : Marc Ramsay Règle générale, l’entraîneur de l’année compte le boxeur de l’année dans son équipe. C’est le cas en 2010 au Québec. Ramsay a reçu beaucoup d’éloges après que Pascal eut paru nettement mieux préparé que Dawson pour leur combat du mois d’août. Ramsay entraîne aussi Antonin Décarie, Kevin Bizier et Arash Usmanee, mais c’est son travail avec Pascal que les panélistes ont voulu mettre en évidence. Mention spéciale : Stéphan Larouche Round de l’année : Librado Andrade KOT8 Éric Lucas, 7e round L’ultime effort d’un grand. Conscient que les coupures et contusions qu’il arborait au visage ne lui permettraient pas de se rendre à la limite des dix rounds, Lucas a donné tout ce qu’il avait dans le ventre dans le but de faire basculer le combat en sa faveur. Il n’y est pas parvenu, mais il a laissé un dernier souvenir indélébile à tous ses supporteurs. Mention spéciale : Adrian Diaconu c. Omar Sheika, 8e round

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Le K.-O. de l’année : St-Juste sur Demers. (photo Martin Charbonneau Sportdunord)

Jo Jo Dan s’est royalement fait voler en Turquie contre le favori local, Selçuk Aydin. (Photo Yamadagankor)

Surprise de l’année : Darnell Boone KOT2 Adonis Stevenson Oui, Boone avait déjà gâché plusieurs fiches dans sa carrière. Mais Stevenson n’avait jamais auparavant montré de lacunes dont Boone était susceptible de profiter, surtout pas une mâchoire fragile. C’est pourquoi Karim Renno a utilisé cet été le mot « renversant » pour décrire ce résultat. La majorité des panélistes sont d’accord avec lui. Mention spéciale : Jean Pascal VDT11 Chad Dawson

K.-O. de l’année : Renan St-Juste KO2 sur Sébastien Demers Une succession de trois mains gauches ont conclu en moins de quatre minutes un combat que les amateurs de boxe locale attendaient depuis plusieurs années. Le fait que Demers s’est durement heurté la tête sur le tapis en tombant a accru l’impact du K.-O. Mentions spéciales : Lucian Bute KO3 sur Edison Miranda et David Lemieux KO1 sur Hector Camacho Jr. Gala de l’année : Jean Pascal-Bernard Hopkins (18 décembre 2010) Les résultats de cette catégorie dépendent de l’interprétation qu’ont faite les panélistes de l’expression « gala de l’année ». Bon nombre d’entre eux ont choisi de souligner la signification historique de

l’événement du 18 décembre malgré ce qui était probablement le pire programme préliminaire de l’année. Ils ont été légèrement plus nombreux que ceux qui ont préféré mettre l’accent sur la qualité de la sous-carte présentée le 15 octobre. Mention spéciale : Lucian Bute-Jesse Brinkley (15 octobre 2010) Prospect de l’année : Pier-Olivier Côté Côté a commencé l’année en évitant le piège posé par le dangereux Willshaun Bosley et l’a conclue en fracassant la mâchoire du dur Mexicain Cesar Soriano avec son premier direct de droite. Au total, cinq victoires, quatre K.-O. et plusieurs performances impressionnantes. Mention spéciale : Arash Usmanee Performance de l’année dans la défaite : JoJo Dan contre Selçuk Aydin Lorsqu’on remporte au bas mot huit rounds et qu’on perd quand même, on se retrouve en bonne position pour gagner le prix de la meilleure performance de l’année dans la défaite. En effet, Dan a fait les frais d’une des pires décisions de l’année. Le plus dommage, c’est que le combat a connu une diffusion confidentielle, c’est-à-dire que trop peu de gens savent que Dan a été victime d’une injustice. Mention spéciale : Éric Lucas (contre Librado Andrade)

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Herc Kyvelos est passé pro en 1997 pour Art Pellulo, de Banner Promotions. (photo :

herculeskyvelos.com)

Rencontre avec Hercules Kyvelos

Par Benoît Dussault

Les amateurs qui suivent la boxe depuis une quinzaine d’années ou plus gardent un bon souvenir du montréalais Hercules Kyvelos. La popularité du jeune protégé de Russ Anber a rapidement dépassé le quartier grec et il est devenu la coqueluche de plusieurs amateurs de boxe montréalais. Pourtant, un beau matin, Hercules a claqué la porte, plié bagages et est parti boxer aux États-Unis pour Don King.

Hercules Kyvelos, maintenant agent immobilier pour le

Groupe Sutton à Laval, a pris le temps de nous accorder une longue entrevue la veille de Noël. Nous avons parlé de sa carrière amateur, de ses expériences montréalaises et américaines, de sa rupture avec Russ Anber, et de sa nouvelle occupation d’entraîneur de boxeurs professionnels dont Olivier Lontchi, Wayne John et Ahmad Cheikho. Zone De Boxe : Tu as eu une belle carrière amateur, peux-tu nous en parler ? Hercules Kyvelos : J’ai boxé dix ans amateur et dix professionnel. Mon plus grand accomplissement a été ma participation aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996. Malheureusement, je me suis fait littéralement voler contre un Tunisien. Tout de suite après les Jeux olympiques, j’ai connu un très bon tournoi à la Copenhagen Cup au Danemark. Je me suis incliné contre l’Ukrainien Sergei Dzinziruk en finale. J’étais en avance après le premier des trois rounds, mais je n’avais plus assez d’énergie pour bien terminer le combat.

ZDB : Tu es passé professionnel immédiatement après ce tournoi ? HK: Je suis passé pro en 1997. J’ai fait un premier combat à Montréal, puis je suis allé boxer pour Art Pellulo, de Banner Promotions. Une agence de promotion de Philadelphie qui s’occupait aussi de mon ami Otis Grant. J’ai fait quelques combats là-bas et les choses allaient très bien. Puis, les gens d’Interbox m’ont fait plein de promesses pour venir boxer à Montréal. Mon gérant et entraîneur, Russ Anber, et moi pensions que ce serait plus facile de boxer à la maison. J’ai donc laissé Art Pellulo pour revenir chez nous à Montréal. ZDB : Comment se sont passées ces années avec Interbox à Montréal ? HK: J’étais populaire, je faisais vendre beaucoup de billets. J’ai fait la finale deux fois au Centre Molson. Par contre, même si je boxais sur leurs cartes, je n’étais pas officiellement lié à Interbox. C’est pour cela que tout le monde pensait que j’étais sous contrat avec eux. Interbox me parlait toujours de contrat, les paroles étaient belles et les chiffres intéressants, mais l’offre écrite n’est jamais venue. En fait, elle est venue, mais beaucoup trop tard. Ils faisaient signer des contrats à des Roumains, mais pas à moi. Pourtant, les amateurs m’aimaient bien, je suis un gars de la place qui parle français, anglais et grec. J’avais une excellente fiche 19-0 dont 10 KO et je faisais vendre beaucoup de billets. ZDB : Tu étais le protégé de Russ Anber, un peu à l’image de David Lemieux maintenant. Comment est arrivée la séparation entre Russ Anber et toi? HK: Russ était à la fois mon entraîneur et mon gérant. Il est probablement un des meilleurs entraîneurs de la profession. C’est par rapport à la gérance que nous ne nous entendions plus. Russ était très protecteur, trop à mes yeux. Il ne voulait pas prendre de chance, ne voulait jamais brusquer les choses. Il ne poussait pas assez sur les promoteurs à mon goût. Il n’arrivait pas à m’obtenir de contrat en bonne et due forme. En plus, Russ traversait une période difficile au plan personnel. Il songeait même à déménager à Kansas City. Pendant cette période, j’avais demandé à Gerry Goldberg, un ami, de me représenter auprès des médias. Russ était furieux quand il l’a appris. Il se sentait trahi, il pensait que je manigançais dans son dos. De mon côté, j’avais l’impression que je n’étais plus une priorité pour Russ puisqu’il parlait de déménager au Kansas. Lui, de son côté, pensait que je voulais le remplacer par Gerry Goldberg.

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Hercules Kyvelos, le 17 mars 2006, après avoir vaincu par décision unanime Frank Houghtaling à Albany, New-York. (photo : connect.in.com)

ZDB : C’est à ce moment que tu es allé boxer pour Don King? HK: Pas tout de suite, j’ai fait deux combats seul, contre Michael Covington et Johnny Molnar.

ZDB : Seul? Qui étaient ton entraîneur, ton gérant, ton promoteur ? HK: Personne. J’étais alors mon propre gérant et j’ai négocié ces deux contrats moi-même. Avant de prendre ces combats, je suis allé en Australie servir de partenaire d’entraînement à Kostya Tszyu en vue de son combat contre Ben Tackie. Quand je suis revenu à Montréal, j’ai proposé à mon ami Otis Grant, qui envisageait un retour, de s’entraîner avec moi et d’être dans mon coin le soir du combat. Otis, son frère Howard et moi, on s’est donc entraîné ensemble. Abe Pervin nous donnait un coup de main aussi. ZDB : C’était après l’accident de voiture d’Otis? HK: Oui, l’accident est arrivé en juin 1999. Otis conduisait, j’étais assis sur le siège du passager et sa fille prenait place directement derrière moi. Nous revenions des Laurentides. Nous arrivions de rencontrer les gens d’Interbox chez Gerry Goldberg pour finaliser l’organisation d’un combat entre Otis et Éric Lucas. Lorsqu’Otis a vu la voiture foncer directement sur nous, il viré à droite pour protéger sa fille. C’est lui qui a encaissé tout l’impact. Sa fille et moi en sommes sortis indemnes. J’ai boxé deux semaines plus tard. Quelques jours après l’accident, je suis allé au garage récupérer les effets personnels laissés dans la voiture au moment de l’accident. Quand j’ai vu ce qui restait de la voiture, un tas de ferraille, j’ai compris toute la chance que j’avais d’être encore en vie. Si Otis avait viré à gauche plutôt qu’à droite, je ne serais pas ici aujourd’hui.

ZDB : Comment est arrivé Don King dans ta carrière? HK: Ma victoire contre Johny Molnar à Atlantic City a réveillé bien des gens. Molnar s’entraînait avec Arturo Gatti et il était très populaire à Atlantic City. Il n’avait qu’une défaite en 21 combats et son avenir était très prometteur. Quand j’ai négocié le contrat, c’était clair que le promoteur ne me donnait aucune chance, il cherchait un perdant. Pourtant, j’ai facilement gagné. Après cette victoire, j’ai monté mon portfolio. J’y ai mis tous les articles de journaux sur ma carrière amateur et professionnelle, des photos et plein d’autres trucs. J’ai envoyé le portfolio à tous les promoteurs : Cedric Kushner, Art Pellulo, Don King, Lou DiBella, Bob Arum, Golden Boy et même Interbox. Le téléphone s’est mis à sonner, j’ai eu des offres d’à peu près tout le monde. Art Pellulo a retiré la sienne parce qu’il croyait, comme plusieurs autres, que j’étais sous contrat avec Interbox. Il ne voulait pas se mettre dans une situation conflictuelle. La meilleure offre, et de loin, est venue de Don King. ZDB : Est-ce qu’Interbox était dans le coup? HK: Leur offre était intéressante, mais jamais comme celle de Don King. En plus, n’oubliez pas qu’à cette époque, l’argent américain valait 30 % de plus que l’argent canadien. Même au pair, l’offre de King était de beaucoup supérieure à toutes les autres. ZDB : Comment s’est passée la suite des choses? HK: J’ai eu un premier combat contre Ener Julio en Floride que j’ai gagné. King était très content. Malheureusement après le combat, j’étais complètement aveugle de l’œil gauche. ZDB : Aveugle? HK: Plusieurs mois plus tôt, j’avais reçu un pouce dans l’œil à l’entraînement qui avait causé un décollement de la rétine. J’ai toujours réussi à obtenir les certificats médicaux des commissions athlétiques en trichant et en mentant au médecin. Avec le temps, une cataracte s’était formée sur l’œil gauche. Après le combat contre Julio, la cataracte était si opaque et je ne voyais plus du tout. L’ophtalmologiste m’a fortement recommandé de me faire opérer immédiatement, mais il m’a aussi dit que ma carrière serait terminée après l’opération. Devant mon refus, il m’a fait promettre de ne pas attendre

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Kyvelos est maintenant agent immobilier pour le Groupe Sutton à Laval (Photo Jonathan Abenhaim)

plus d’un an avant de me faire opérer. J’avais donc encore seulement un an de boxe devant moi. C’est aussi à cette période que j’ai découvert que quelque chose d’autre n’allait pas. J’avais une maladie qui m’empêchait de m’entraîner comme avant. Je n’avais jamais d’énergie, j’étais toujours fatigué.

ZDB : Une maladie? HK: Je ne veux pas élaborer sur le sujet. J’aimerais garder cela privé. Disons seulement que physiquement ça n’allait pas du tout. J’ai longtemps souffert d’apnée du sommeil, ce qui m’empêchait d’avoir une bonne nuit de sommeil. J’associais la fatigue à mon manque de sommeil. Les médecins m’ont recommandé de me procurer un appareil respiratoire pour m’aider à mieux dormir. Je croyais mes problèmes réglés lorsque j’ai commencé à utiliser mon appareil respiratoire pendant la nuit. Je dormais bien, pourtant la fatigue était toujours présente. J’étais toujours épuisé sans raison apparente. ZDB : Je ne veux pas insister, mais est-ce que cette maladie met ta vie en danger, est-ce une condition passagère ou un problème chronique que tu auras pour le restant de tes jours?

HK: Ma vie n’est pas menacée, mais je traînerai cette maladie pour toujours. Je ne dois pas me fatiguer, je ne peux pas me permettre de me fatiguer. Disons que pour un boxeur, c’est plutôt malcommode! ZDB : Comment est arrivé le combat contre Margarito? HK: Avant le combat contre Margarito, je devais me battre contre Rafael Pineda. Je n’ai pas passé les tests médicaux du Foxwoods Casino à cause de mon œil. Heureusement, le médecin du Connecticut n’a pas ébruité l’affaire. Autrement, je n’aurais pas pu me battre contre Margarito. Les promoteurs avaient planifié des combats pour unifier les trois ceintures. Le gagnant entre Corey Spinks (IBF) et Ricardo Mayorga (WBA) devait affronter le vainqueur du duel entre Antonio Margarito (WBO) et moi pour le titre mondial. ZDB : Avec ce que l’on sait maintenant sur Antonio Margarito et ses bandages illégaux, as-tu des doutes sur ses bandages lors de votre combat? HK: Cela n’a aucune importance. Dans la condition où j’étais, même avec des oreillers dans les gants, Margarito aurait gagné. Le résultat aurait été le même de toute façon. J’ai fait le poids dans mon lit. Je m’entraînais à peine, je me traînais entre le gymnase et mon lit. J’étais malade, je n’avais plus d’endurance, aucune d’énergie. ZDB : Tu as accepté le combat dans ces conditions? HK: L’ophtalmologiste m’avait donné un an de boxe. Deux, trois combats sans plus. Je ne pouvais pas passer à côté de cette opportunité. ZDB : Et ensuite? HK: Les choses n’allaient pas mieux physiquement, mais je savais que même malade, je pouvais écraser Cosme Rivera. Pourtant, il m’a passé le KO au quatrième round. J’ai alors vraiment réalisé que ma condition était plus sérieuse que je ne le pensais.

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Hercules ne regrette en rien son association avec Don King. (Photo Jonathan Abenhaim)

ZDB : Que s’est-il passé entre ta défaite contre Rivera et ton retour en 2006? HK: Je me suis finalement fait opéré à l’œil gauche et malgré ce qu’avait dit l’ophtalmologiste, j’ai eu le feu vert pour boxer de nouveau.

ZDB : Quelles étaient tes ambitions à ton retour en 2006? HK: Don King avait tout un plan pour me ramener dans le top 10. Ma vision était revenue et je croyais que ma santé était revenue. J’ai commencé par un petit combat de huit rounds à Albany que j’ai gagné. Dès le premier combat, je me suis rendu compte que les problèmes de santé n’étaient pas réglés. Je n’avais ni mon énergie, ni mon endurance habituelles. Don King a été très correct avec moi, il l’a toujours été d’ailleurs, me permettant de boxer à deux reprises à Montréal pour un autre promoteur, même si j’étais encore sous contrat avec lui. Le premier combat n’était pas un gros défi, et j’ai mis le gars KO au 2e round (Jeff Carpenter, 11-13). J’étais excité pour le combat suivant contre Sammy Sparkman parce que je voulais utiliser ce combat pour mesurer ma condition physique. Je savais qu’à 30 % de ma condition, je pouvais le battre. Lorsqu’il m’a battu, j’ai compris que je n’avais vraiment plus rien, que c’était bel et bien fini. ZDB : Si tu pouvais revenir en arrière et changer quelque chose dans ta carrière, que changerais-tu? HK: Plein de choses… probablement que je n’aurais jamais quitté Art Pellulo. Peut-être que j’aurais dû être plus compréhensif avec Russ Anber lorsqu’il vivait des moments difficiles. ZDB : Est-ce que Russ et toi avez fait la paix ? HK: Oui, je pense bien. Russ me connait depuis que j’ai 11 ans. Nous nous sommes revus, on a discuté. Tout cela est du passé maintenant. ZDB : Que penses-tu de l’association entre David Lemieux et Russ Anber? HK: David est le futur champion du monde des moyens. Je ne connais pas sa situation de gérance. Les choses

ont énormément changé depuis dix ans. Maintenant, Yvon Michel a acquis une bonne réputation parmi les promoteurs et il a de l’influence et peut obtenir de gros combats. À l’époque, avec Interbox, il commençait dans le business. Il n’était pas vraiment connu, il n’avait pas de crédibilité, ni le respect des autres promoteurs. ZDB : Est-ce que tu regrettes ton association avec Don King ? HK: Jamais. King a toujours été correct avec moi. Il était au courant de ma condition et m’a toujours supporté. Bien entendu, il faut être vigilant et voir à ses affaires quand on travaille dans la boxe. Tous les promoteurs vont s’essayer, King comme les autres; pas plus, pas moins. ZDB : Est-ce que tes bourses t’ont fait suffisamment gagner pour être indépendant maintenant? HK: L’argent des bourses m’a permis de retourner sur les bancs d’école pour faire mon cours d’agent immobilier. J’ai pu payer mes études et vivre très bien pendant plus de 18 mois sans salaire avant de toucher ma première commission.

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Olivier Lontchi, un boxeur sous la gouverne de Kyvelos. (Photo Jonathan Abenhaim)

ZDB : Tu t’occupes maintenant de boxeurs professionnels en plus de ta carrière d’agent immobilier. Parle-moi de ton aventure avec Olivier Lontchi en Californie contre Miguel Angel Garcia. HK: Au départ, je ne voulais pas qu’Olivier accepte le combat. Je ne le sentais pas prêt pour un défi de la sorte. Il devait se battre initialement en novembre au théâtre Corona dans un combat préparatoire, mais le combat a été annulé. Il a donc ralenti l’entraînement pendant deux semaines. Puis, il a reçu cette offre inespérée. Il n’était pas à son sommet et il ne s’était pas battu depuis sa défaite en juin 2009! Il avait espoir de battre Garcia et de revenir parmi l’élite. Il va revenir fort en 2011, j’en suis convaincu. ZDB : Et Wayne John ? HK: Son gérant a engagé Andre Kulesza pour son conditionnement physique. J’aimerais le voir combattre chez les lourds légers. Il ne pourra pas rivaliser avec des gars à qui il concède 50 ou 60 livres comme il l’a fait contre L’heureux et Riviera. Il est mieux d’être un gros lourd-léger qu’un petit poids lourd. ZDB : Sa victoire sur Patrice L’Heureux? HK: C’était un véritable test à son quatrième combat professionnel. Il n’avait fait que des quatre rounds jusque là. On lui proposait un combat de huit rounds. J’ai dit à Wayne d’accepter le combat malgré tout. Je lui ai aussi dit que s’il n’arrivait pas à battre Patrice L’Heureux, qu’il ferait aussi bien d’accrocher ses gants immédiatement et de passer à autre chose. ZDB : Merci Hercules d’avoir bien voulu répondre à nos questions en cette veille de Noël. Bonne chance dans l’immobilier et dans le coaching. Bonne chance côté santé aussi. HK: Merci et joyeux Noël à tous les fidèles du magazine de la Zone de Boxe.

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Jean Pascal pour son costume coloré remporte le prix « Le designer se lâche lousse».

(Photo Vincent Ethier)

Les prix Régis 2010

Par l’équipe du magazine Chaque année depuis des lunes, le 31 décembre à minuit, un très sélect panel de journalistes du Magazine de La Zone de Boxe se réunit secrètement autour d’un pichet de bière – ou deux – au premier étage de la Brasserie du Métro, dans le nord de Montréal, afin de dresser le bilan des 365 derniers jours en boxe locale et internationale. Il nous fait plaisir de vous faire part de leurs plus pertinentes observations, cette fois réunies sous la dénomination des Prix Régis 2010… Le prix «Regarde, maman, je peux le faire tout seul maintenant!» : Lucian Bute, qui a enfin donné une entrevue en français sans Stéphan Larouche à ses côtés. Le prix «Bienvenue au Québec!» : ex aequo, Jessie Brinkley, un gentilhomme qui a fait mieux que prévu, et Librado Andrade, qui a de nombreux supporteurs chez nous. Le prix «Aussi agréable que passer une colonoscopie» : Gary Shaw. Mention spéciale à Richard Schaefer. Et aussi mention spéciale à Madame Chad Dawson. Le prix «J’aurais dû, donc dû, ben dû, farmer ma grand’yeule» (la déclaration de l’année) : ex aequo, «Showtime, c’est comme la ligue américaine de hockey» (Jean Bédard) et «The headbutt was intentional» (Gary Shaw). Le prix «Lasik MD» : Jack Woodburn qui met son pointage du mauvais côté. Le prix «Le designer se lâche lousse» : le créateur du survêtement, des gants et des culottes de Jean Pascal lors du combat contre Chad Dawson. Le prix «La Maison qui rend fou dans les 12 Travaux d’Astérix» : Immigration Canada, dans le dossier des deux boxeurs colombiens qui n’ont pu disputer un seul round en 2010. Le prix «Earl Jones» (pour le vol de l’année) : Jo Jo Dan en Turquie. Le prix «M’Baye» (pour le combat à l’avantage du boxeur local qui aurait pu être une défaite ailleurs) : Antonin Décarie sur Irving Garcia. Le prix «Ne va pas aux toilettes pendant ce combat-là» (pour le coup d’éclat de l’année) : ex aequo, David Lemieux et sa démolition inattendue d’Elvin Ayala, Pier Olivier Côté sur Cesar Soriano. Le prix «crise d’appendicite» (pour la défaite qui a fait vraiment mal): St-Juste contre Upshaw ou Demers contre Vera. Le prix «Minuit moins une» (pour dépannage de dernière minute) : les adversaires de David Lemieux.

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Mikael Zewski remporte le prix « Andre Berto » grâce à son agent Cameron Dunkin. (Photo Stéphane Lalonde)

Le prix «Poupée vaudou« (coudonc, veut-il m'achever?) : Bruce Trampler, matchmaker chez Top Rank, sur Olivier Lontchi. Pour ses deux derniers combats, Lontchi s'est vu offrir la «chance» d'affronter les deux jeunes boxeurs les plus dangereux de la puissante écurie de Bob Arum : Juan-Manuel Lopez et Miguel Garcia. Rappelons que Lontchi a dû affronter Lopez en dépit d'une sérieuse blessure aux côtes et c'est sous un délai minimal, à la suite d’une inactivité d'un an et demi, qu'il a dû affronter le très talentueux Garcia.

Le prix «Le ciel me tombe sur la tête» : Mike Moffa avec toutes les défaites et les blessures de ses boxeurs pro. Le prix «Andre Berto» : (c'est payant de compter sur un agent très influent) : Le talentueux Mikael Zewski, qui sous les conseils de Cameron Dunkin, a signé deux ententes de promotion majeures et lucratives aux États-Unis. La deuxième, avec Golden Boy Promotions, a été rendue nécessaire à la suite des ennuis financiers soudains de son promoteur initial, TKO Boxing Promotions. Le prix «Donald Lautrec» (pour une volonté étonnante de capitaliser - avec de très minces perspectives de succès - sur ce qui appartient définitivement au passé) : Stéphane Payette, le dernier arrivé dans la promotion de boxe au Québec. Trop de nostalgie est néfaste. On lui souhaite du succès et des programmes ancrés dans le présent, à tout le moins. Le prix «iPad» (vous avez vraiment payé 800 $ pour ça?) : Ricardo Blackman. Le pire adversaire à s'être amené au Québec cette année. Celui qui a affronté Kevin Lavallée lors du premier gala «Rapides et dangereux»… désolant à voir.

Le prix «Les 30 premiers matchs 2010 de Carey Price» (ou l'art de faire taire les critiques de manière éclatante) : David Lemieux, qui passe sur le corps d'Elvin Ayala en moins de trois minutes alors que Teddy Atlas venait tout juste d'émettre - bêtement - de gros doutes sur ses capacités et lui prédire des ennuis importants dans ce combat. Le prix «Parce que du beurre, c’est du beurre» (ce qui est passé sous le radar) : Le gala du 28 août mettant en vedette Omri Lowther et Henry Lundy, présenté au Métropolis et qui clôturait la saison 2010 de la série «Friday Night Fights» du réseau américain ESPN2. Le prix «Benoît Brunet» (avons-nous vraiment envie d’entendre ce qu’il a à dire?) : Leonard Dorin, jaloux et/ou incapable d'être constructif, qui ne peut encore s'empêcher de cracher sur les succès de Lucian Bute. Le prix «Vito Rizzuto» (pour une baisse significative du nombre de personnes sous ses ordres) : Howard Grant, lui qui était l'entraîneur de boxe le plus occupé au Québec il n’y a pas si longtemps. Le prix «Patrick Huard» (pour le manque de stabilité chez ses partenaires) : GYM, pour la fin précipitée de l'entente avec V. La troisième fois en moins de trois ans qu'un contrat de télédiffusion avec un réseau généraliste prenait fin sans renouvellement. Mentionnons notamment aussi le passage de CKAC Sports à NRJ pour la radiodiffusion. Le prix «Jose Sulaiman» (créons des titres insignifiants) : le Canadian Professional Boxing Council, un inutile et deuxième titre canadien, comme si ça en valait la peine…

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Hermann Ngoudjo remporte le prix Dale Brown. (Photo GYM)

Apou s’envole et mérite le prix «Loto-Québec Célébration 2010 »

(Photo Vincent Ethier)

Le prix «Gerry Bolen» (et la santé des boxeurs, bordel!) : Sam Williams. Il a erré en laissant le combat Bute-Brinkley se poursuivre trop longtemps. La pire démonstration d'arbitrage au Québec cette année. On aurait pu trouver autrement mieux chez nous.

Le prix «Dale Brown» (pour avoir eu une carrière marquée par des décisions douteuses et avoir été près du but à quelques occasions en championnat du monde) : Hermann Ngoudjo, qui a sûrement disputé son dernier combat cette année : double fracture subie aux mains de Juan Diaz et nécessitant une deuxième opération importante à la mâchoire en autant d'années. Le prix «Anne-Marie Losique et sa chirurgie esthétique à la bouche» (la prise de décision regrettable) : Adonis Stevenson, pour avoir manqué de vison et fait de mauvais choix... Mentionnons également la gérance et les décisions toutes aussi déficientes quant à la carrière de Joachim Alcine. Le prix «Pétition pour la démission de Jean Charest» (qui peut avoir été porteur de faux espoirs) : l'affiliation entre Interbox et TKO Boxing Promotions, qui laissait présager des possibilités intéressantes pour l'avenir d'Interbox et ses jeunes boxeurs... Mais à la suite des ennuis financiers de TKO, le tout a avorté sitôt annoncé, comme ça se produit assez fréquemment dans ce milieu. Le prix «Loto-Québec Célébration 2010 » Pier-Olivier Coté pour son

envol suite à son K.O. spectaculaire contre César Soriano.

Le prix «Commission Bastarache» (on en a perdu du temps avec ça!) : aux Français Jean-Paul Mendy et Souleymane M'Baye, pour avoir meublé inutilement de nombreuses conversations, le premier par son statut d'aspirant obligatoire au titre de Lucian Bute et le second au sujet d'une illusoire revanche face à Antonin Décarie. Le prix «Sauerland Spécial» (attends-toi à sortir de là déçu) : À Troy Ross, qui a expérimenté une nouvelle façon de perdre de manière frustrante un combat en Allemagne à l'occasion de son premier combat de championnat du monde. Ross semblait en bonne voie de prendre l'ascendant à la suite notamment d’une chute au plancher enregistrée aux dépends de Steve Cunningham, mais une vilaine coupure sous l'œil droit (causée par le pouce droit du protégé de Wilfrid Sauerland, coup non signalé par l'arbitre) de Ross a forcé l'arbitre a arrêté le tout avant la mi-combat… et ainsi déclaré Ross perdant par K.-O. technique au cinquième round. Le prix «Manny-Floyd» (de plus en plus difficile d'y croire) : un combat opposant Jean Pascal et Lucian Bute à leur sommet respectif. Le prix «Merci, mec!» : (pour des bénéfices collatéraux sans efforts) : sans même se battre, Adrian Diaconu a hautement bénéficié de sa soirée du 18 août dernier au Centre Bell, considérant les retombées de la brillante performance de Jean Pascal, son seul tombeur, face à un boxeur du calibre de Chad Dawson. Le prix «Lance et compte, le film» (on n’aurait vraiment pu s’en passer) : les rénovations au Casino de Montréal. GYM se serait assurément passé de devoir mettre une croix sur l'avantageuse salle pour trois longues années.

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Stéphane Tessier ne s’attendait sûrement pas à remporter un prix cette année! Il

remporte le prix «Washington Generals». (Photo Marc-André Grenier)

Le prix «Washington Generals» (pour une séquence interminable de défaites) : Stéphane Tessier, le courageux et résistant poids-lourd québécois, qui semble être pris dans le même carcan que l'équipe qui a longtemps été opposée aux Harlem GlobeTrotters : deux autres défaites en 2010 ont mené à une série de 25 combats qui totalisent plus de cinq années sans victoire. Le prix «Brett Favre» (une retraite qui se fait trop attendre) : David Whittom. Le prix «FTQ construction» (on n’a pas trop le choix de laisser faire l'intimidation chez nous) : La RACJ devant le peu de recours qu'elle a su trouver face au comportement inacceptable du promoteur Gary Shaw. Le prix «N’ajustez pas votre appareil» (le moment médiatique le plus surréaliste) : Oscar de la Hoya à Salut, Bonjour! et aux Grandes Gueules. Le prix «Enveloppes brunes» (pour la faute dont on aurait mieux aimé qu'elle soit prise en compte sur-le-champ) : l’arbitre Marlon Wright, pour le coup de coude de Bryan Vera sur Sébastien Demers. Le prix «Drapeau blanc» (celui qui ne vient pas pour se battre) : le pacifique Purnell Gates.

Le prix «Trouve-toi un autre job, et vite» (pour le pire manque de professionnalisme) : le commentateur Jim Grey, pour son parti-pris avoué pour Bernard Hopkins lors des entrevues après-combat.

Le pacifique Purnell Gates remporte le prix « Drapeau blanc » pour celui qui ne voulait pas se battre.

(photo Martin Charbonneau Sportdunord)

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Christian Gagnon en 2011, technicien en éducation spécialisée avec des jeunes en trouble de comportement.

(Photo courtoisie Christian Gagnon)

« J’ai participé à 2 championnats du monde junior, le premier à Porto-

Rico et le second au Pérou »

Christian Gagnon : celui qui aurait pu

Par Pascal Roussel Vers la fin des années 80 et au début des années 90, le club de boxe olympique de Jonquière était le meilleur club de boxe au Canada. Personne qui a connu cette époque n’oserait contester cette affirmation. Le club de boxe de Jonquière avait trouvé la formule de la potion magique des Gaulois, faut-il croire. Trois boxeurs du même club faisait partie de l’équipe canadienne (et un quatrième boxeur du club s’était incliné par un seul point en finale du championnat canadien, je parle ici de Frédéric Poirier). Un trio de boxeurs et leur jeune entraîneur faisait la pluie et le beau temps et l’année 1989 fut la plus éclatante. De ce quatuor, vous connaissez encore l’entraîneur Stéphan Larouche, le boxeur Pierre Bouchard qui est aujourd’hui un entraîneur réputé et le boxeur Stéphane Ouellet qui a marqué la boxe professionnelle québécoise à tout jamais. Mais il y en a un qui n’a pas suivi la parade. Il s’appelle Christian Gagnon. Le magazine La Zone de Boxe vous invite donc à découvrir le Christian Gagnon de cette glorieuse époque, et ce qu’il est devenu aujourd’hui.

Christian Gagnon est aujourd’hui âgé de 38 ans. Il habite une modeste petite maison de Chicoutimi. Il est technicien en éducation spécialisée avec des jeunes en trouble de comportement au Centre St-Georges. Il exerce ce métier depuis maintenant 16 ans et est le fier père d’Hugues,

14 ans, et Laurie, 13 ans. C’est le lendemain de Noël que nous nous sommes rencontrés chez lui. Il m’attendait avec ses albums de photos-souvenirs et ses scrapbooks remplis de découpures de journaux que sa mère avait amassés lors de ses années de compétition. Et là commença l’entrevue la plus trippante que j’ai faite depuis que j’ai joint le magazine de la Zone de Boxe. La carrière amateur La Zone de Boxe : Bonjour Christian. Commençons en parlant de ta carrière en boxe amateur. Quel était ta fiche? Christian Gagnon : J’ai terminé avec une fiche de 87-13. Par contre, 8 de ses défaites eurent lieu lors de mes deux premières années. J’ai remporté 10 fois les Gants dorés. J’ai été champion canadien 5 fois de 1986 à 1990. 3 ans chez les juvéniles et 2 ans chez les juniors. J’ai participé à 2 championnats du monde junior, le premier à Porto-Rico et le second au Pérou. ZDB : Parlons tout de suite de ce championnat du monde à Porto-Rico en 1989. Tu as été victime d’un vol selon ce que j’ai pu voir dans tes découpures de journaux. CG : J’ai remporté mon premier combat contre un Hongrois par arrêt de l’arbitre dès le premier round. À mon second combat, j’ai affronté la vedette locale, le Portoricain Freddy Figueroa. C’était la première année des pointages par ordinateur et j’ai perdu 51-50… Pourtant, Figueroa était dans un tel état à la suite du combat qu’il n’a pas pu poursuivre la compétition. L’équipe canadienne a émis un protêt sur cette décision. L’arbitre qui avait fait un boulot désastreux lors du combat fut suspendu pour le reste de la compétition (Figueroa me frappait sans cesse après que l’arbitre ait demandé l’arrêt des échanges), de même que le juge américain qui avait scoré le combat avec plus de 50 points d’avance pour Figueroa (son pointage horrible n’avait pas été pris en considération).

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« Je ne voyais pas grand-chose! … Je tapais sur la grosse masse devant moi jusqu'à temps

qu’il abandonne »

« Si à 18 ans, j’avais obtenu mon brevet, cela aurait changé

le reste de ma carrière »

ZDB : Comment décrirais-tu ton style quand tu étais chez les amateurs? CG : Même si ma technique de boxe était adéquate, je n’étais clairement pas un technicien. J’aimais qu’on me décrive en me comparant à un rouleau compresseur! Daniel Cloutier du journal de Montréal m’avait un jour comparé à Matthew Hilton. En fait, ma boxe était très mathématique. Si mon adversaire me donnait trois coups, je devais lui en donner quatre ou cinq en retour! Je n’étais pas non plus super rapide, mais j’avais un cardio au-dessus de la moyenne, ce qui faisait que souvent l’adversaire ne tenait pas la cadence. Plus de la moitié de mes victoires se sont soldées par des arrêts de l’arbitre ou des abandons de l’adversaire à cause de cela. Je vais t’avouer quelque chose…. ZDB : Vas-y, je t’écoute. CG : Je ne voyais pas grand-chose! J’avais en dehors du ring des grosses lunettes assez épaisses. Quand je boxais sans mes lunettes, je ne voyais qu’une grosse masse floue devant moi. Comme j’avais peur de me faire frapper, c’est moi qui frappais tout le temps. Je tapais sur la grosse masse devant moi jusqu'à temps qu’il abandonne. J’étais prêt à recevoir les 2-3 premiers coups sur le nez pour pouvoir entrer à l’intérieur et ensuite déborder l’adversaire. C’était une stratégie efficace ! (rires) ZDB : Parles-moi de tes grands moments en boxe amateur. CG : Pour moi, ma meilleure année fut sans aucun doute l’année 1989. Il y a eu les championnats du monde junior à Porto-Rico, les championnats canadiens à Winnipeg où j’ai battu le favori Chris Johnson en finale. J’ai remporté l’or au tournoi préparatoire de Porto-Rico (avant les championnats du monde), et j’ai remporté le bronze à un tournoi international en Italie. Et dans ce tournoi, j’ai vécu mon deuxième vol monumental…. ZDB : Raconte-moi ce qui est arrivé. CG : J’étais favori pour remporter ce tournoi. J’ai facilement remporté mon premier combat par arrêt de l’arbitre contre un Algérien. En demi-finale, j’affrontais un Italien… en Italie. Je dois avant t’expliquer que la veille, Ouellet avait complètement détruit un autre Italien, qui est même tombé dans le coma à la suite du combat. Les arbitres ont donc eu une réunion d’urgence et décidé qu’à partir de ce moment, ils seraient prudents et allaient arrêter rapidement les combats afin de ne pas revoir le drame de la veille… J’affronte donc cet Italien, Antonio Di Maso. Et je le domine totalement, me demandant même pourquoi l’arbitre n’arrête pas le combat. Mais soudainement, l’Italien réussi à placer quelques coups solides et l’arbitre arrête le combat, lui donnant la victoire! Je n’étais pas ébranlé et je menais largement ce combat. Bye bye la médaille d’or dont j’avais besoin pour mon brevet 1 de Boxe Canada.

ZDB : Le brevet de boxe Canada, tu en avais besoin. Ce fut une grande déception. CG : Évidemment. Cela aurait changé le reste de ma carrière. Si à 18 ans, j’avais obtenu mon brevet, cela aurait changé le reste de ma carrière. Je serais allé à Montréal au Centre Claude-

Robillard pour la suite des choses et j’aurais assurément tenté de me rendre aux JO de Barcelone. Je considère qu’à deux reprises, on m’a empêché d’avoir mon brevet. À Porto-Rico, en obtenant ma victoire sur le Figueroa, j’obtenais automatiquement une médaille de bronze, ce qui me donnait mon brevet. L’autre façon de l’obtenir, c’était de remporter au moins deux tournois internationaux. En Italie, ça aurait été mon deuxième…

1 Le brevet ou programme d’aide aux athlètes consiste en un revenu garanti pour l’athlète. Il se divise en trois parties : Allocation de subsistance et d’entraînement, soutien pour les frais de scolarité et des crédits différés pour frais de scolarité, et aide pour les besoins spéciaux. Pour garder un brevet, il ne suffit pas d’être membre de l’équipe nationale, il faut aussi gagner un certain pourcentage de ses combats de niveau international (le seuil est actuellement fixé à 40 %). C’est pourquoi se faire « voler » à l’étranger a été aussi nuisible pour Gagnon.

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« C’était comme ça au gymnase. À force d’essayer de dépasser les autres, on finissait par se

dépasser soi-même.»

Stéphan Larouche, Christian Gagnon et Yvon Michel en janvier 1988. (Photo courtoisie Christian Gagnon)

ZDB : Parlons d’un bon moment cette fois-ci. Les championnats canadiens en 1989 à Winnipeg. CG : À mes yeux, ce fut le meilleur moment de ma carrière. Celui que j’aimerais revivre. Ouellet, Bouchard et moi avons gagné la médaille d’or dans nos catégories de poids respectives. En finale, j’ai vaincu Chris Johnson qui était pourtant le favori. Et je l’ai vaincu de façon décisive. Mais j’ai subi ce soir-là le coup le plus salaud de ma carrière. (NDLR : Gagnon enlève tout d’un coup sa prothèse dentaire et je vois qu’il lui manque une palette!) Johnson, frustré de voir qu’il était en train de perdre a, à un moment donné, ouvert sa garde et m’a volontairement donné un violent coup de tête en pleine mâchoire! L’arbitre n’a rien fait. Mais si je considère ce combat comme mon meilleur souvenir, c’est que j’ai boxé ce soir-là au-dessus de mes capacités. Et je trouve que ce combat représente bien l’ensemble de ma carrière : j’ai souvent battu des gars meilleurs que moi grâce à ma détermination. ZDB : Dans une entrevue qu’il a récemment accordée à CKAC Sports, Stéphan Larouche a dit, en parlant de Stéphane Ouellet, qu’il ne serait jamais devenu le boxeur qu’il a été s’il n’avait pas eu un Christian Gagnon avec lui. CG : C’est sûrement vrai. En sparring avec moi, Ouellet a eu à développer son jeu de pieds, améliorer sa défensive et augmenter sa vitesse. Au début, je le dominais. Je l’écrasais. Je n’avais pas de pitié pour lui, car j’avais peur! Alors je boxais à 100 milles à l’heure, car rappelle toi que je ne voyais pas grand-chose! (rires). Mais en améliorant ses habiletés, il a petit à petit trouvé les façons de m’éviter et de me contre-attaquer. Ouellet avait bien des défauts, mais il était orgueilleux et n’aimait pas perdre contre moi à l’entraînement. Par contre, Ouellet aussi m’a aidé à m’améliorer. Pendant deux ans, nous nous sommes livré des guerres incroyables au gymnase. On se faisait souvent plus mal là que dans nos vrais combats. C’était comme ça au gymnase. À force d’essayer de dépasser les autres, on finissait par se dépasser soi-même. J’ai été une vedette avant lui, mais avec le temps, il m’a dépassé.

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Pierre Bouchard et Christian Gagnon, il y a bien longtemps! (photo courtoisie Christian Gagnon)

« Larouche et Michel m’ont toujours vu très gros, mais pas

moi. J’avais sûrement un manque de confiance en moi »

ZDB : Tu me dis que tu étais meilleur que Ouellet et qu’il a fini par te dépasser. En regardant tes découpures de journaux tout à l’heure, j’ai vu un article qui disait en gros titre « Gagnon boxe maintenant dans l’ombre de Stéphane Ouellet ». Plutôt cruel pour un jeune de lire ça dans son journal local….

CG : C’était tout de même la réalité. Sur le ring, Ouellet était dans une classe à part. ZDB : Avec les autres boxeurs de Jonquière, tu as voyagé partout à travers le monde durant ton adolescence et le début de l’âge adulte. Mais votre entraîneur Stéphan Larouche était à peine plus vieux que vous! CG : En effet. Et en plus, nous n’étions pas facile à contrôler, surtout Ouellet! (rires). Je te dirais que durant ma période de 15 à 18 ans, c’est Stéphan Larouche qui m’a le plus connu. Il a été pour moi comme un grand frère, et ce, même en dehors du ring. Un niveau humain, il a été pour moi un accompagnateur. Il est un fin psychologue. Ce que j’aime encore de lui aujourd’hui, c’est qu’il se souvient d’où il vient. On ne se voit plus souvent, mais à chaque fois c’est encore un plaisir. Il est même venu en septembre dernier avec Lucian Bute nous voir au Club de boxe de Jonquière. Et nous avons pu aussi aller les voir au centre Claude-Robillard. ZDB : Ta carrière amateur chez les seniors fut plutôt courte. CG : J'avais arrêté pendant un an, je suis retourné au gymnase. J'ai

fait un ou deux entraînements et Stéphan Larouche m’a demandé si j’avais le goût d’aller aux Gants Dorés seniors 1992. J’y suis allé et j'ai remporté trois combats par arrêt de l’arbitre pour me mériter l'or. Mais

par la suite, je n’ai pas voulu aller aux championnats canadiens parce qu’il y avait le duel prévu entre Raymond Downey et Stéphane Ouellet dans ma catégorie de poids. Le plan déjà prévu au club était que Ouellet remporte l’or pour ensuite tourner pro (NDLR: il n’a donc jamais été question pour Ouellet d’aller aux JO). La fédération voyait Raymond Downey gros comme le ciel. Ce duel était attendu par tous. Je faisais un retour, je ne pouvais pas soudainement arriver là-dedans et faire dérailler le plan. J'ai donc laissé passer l’occasion. J'ai fais mon centième et dernier combat amateur le 19 juin 1992 dans une carte pro-am où Stéphane Ouellet se battait au Palais des Sports de Jonquière et décidé ensuite de faire le saut chez les pros moi aussi. La très très courte (et désagréable) aventure chez les pros ZDB : Quand Ouellet et Yvon Michel ont démarré l’aventure pro avec Box’Art, tu n’y as pas participé. Pourtant, tu avais les capacités et les qualités nécessaires pour joindre la parade. CG : En fait, ils auraient bien voulu. C’est moi qui ne voulais pas. Je n’étais pas prêt à faire tous ces sacrifices. J’étais bien chez moi à Jonquière. J’avais une blonde, j’avais commencé mes études au CEGEP en éducation spécialisée. Il y avait l’aspect financier de tout ça qui me rendait insécure. Toute cette aventure pour une incertitude? Car à mes yeux, ce n’était pas certain de valoir la peine tout ça. Je n’ai jamais été un gambler… Larouche et Michel m’ont toujours vu très gros, mais pas moi. J’avais sûrement un manque de confiance en moi. De plus, un peu plus tard, Jean-Marc Tremblay, le président du CBOJ avait obtenu ses « cartes » de promoteur. J’ai donc vu là la possibilité de faire des combats chez nous à Jonquière tout en continuant mes études et en gardant mes habitudes jonquiéroises… Avec le recul aujourd’hui, je vois bien que ça ne pouvait pas fonctionner.

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« Je regrette aujourd’hui de ne pas avoir participé à la relance de la boxe pro avec Ouellet,

Lucas et les autres »

Le trio des conquérants du CBOJ qui raflait tout sur son passage : Pierre Bouchard, Stéphane Ouellet et Christian Gagnon.

(Photo courtoisie Christian Gagnon)

ZDB : Ton premier combat pro a eu lieu le 18 juin 1993 à Jonquière en sous-carte d’un gala mettant en vedette les frères Grant et Éric Lucas. J’y étais. CG : J’ai fait une bonne bourse pour un 4 rounds à l’époque. Mille dollars. Mais c’est pas mal le seul côté positif que j’en retire. Premier combat sans casque protecteur, j’ai subi une sévère coupure à l’arcade sourcilière droite dont on peut voir encore la cicatrice aujourd’hui… On m’avait donné un adversaire qui, malgré une pauvre fiche, avait un style parfait pour me faire mal paraître. Comme je n’avais pas suivi le groupe à Yvon, j’ai eu l’impression ce soir-là de ne pas être dans la bonne gang et que je devrais toujours me battre contre « la machine ». Ce gala fût un gouffre financier et Jean-Marc Tremblay ne voyait pas comment à court terme il en referait un autre… Après cette soirée, j’ai quitté la boxe avec désillusion et dégoût. J’en voulais à mon sport. Je n’ai remis les pieds dans un gymnase que douze ans plus tard. Les regrets ZDB : Aujourd’hui avec le recul, as-tu des regrets? CG : Honnêtement, oui. J’aurais dû continuer chez les amateurs et tenter de me rendre aux JO de Barcelone en 92. ZDB : Et pour la boxe professionnelle? CG : Là aussi. Je regrette aujourd’hui de ne pas avoir participé à la relance de la boxe pro avec Ouellet, Lucas et les autres. Avec mon style à la Arturo Gatti, j’aurais sûrement encore pu déborder bien des boxeurs pros. Je n’avais peut-être pas la force de frappe de Gatti mais je crois, humblement, que j’aurais pu être une grande vedette. Mais tu sais, je crois beaucoup au destin. Avec mes mésaventures douloureuses chez les amateurs où je n’ai pas eu mon brevet, et la façon dont mon combat pro s’est passé, il y avait peut-être là un message me disant de faire autre chose de ma vie… Mais c’est certain que me demande souvent comment j’aurais pu me débrouiller si j’avais essayé.

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Et aujourd’hui ZDB : De la boxe actuelle professionnelle au Québec, qu’aimes-tu? CG : David Lemieux m’impressionne vraiment. Il a l’air de posséder tout ce qu’il faut pour devenir champion du monde. Il a aussi l’air d’avoir la bonne attitude. ZDB : Tu es maintenant un des entraîneurs au Club de Boxe Olympique de Jonquière. C’est ta façon de redonner? CG : Oui. En 2005, je suis retourné au gymnase du CBOJ. Mais c’était avant tout pour moi. Je venais de vivre un douloureux divorce et je cherchais quelque chose pour m’aider à me retrouver. Cela ma redonner la flamme. Je ne crois pas que je suis un super entraîneur. Je suis à l’image de ce que j’étais comme boxeur. Pas un fin technicien, mais je crois pouvoir transmettre ma passion pour la boxe aux jeunes. Comme entraîneur, je mise plus sur la combativité que sur la technique. C’était mon style quoi. ZDB : Merci pour cet entretien Christian. Quelle discussion on a eu, je manque de place sur mes feuilles de notes! (rires) CG : Merci à toi de m’avoir replongé dans mes souvenirs.

Un groupe du club de Boxe Olympique de Jonquière rendant visite à Stéphan Larouche et Lucian Bute au Centre

Claude-Robillard. (Photo courtoisie Christian Gagnon)

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Section anecdotes et détails supplémentaires Durant cette rencontre qui a duré 2h30, la discussion a inévitablement sauté du coq à l’âne. Voici plein d’informations qui cadrait mal dans l’entrevue, mais qui sont tout de même intéressantes. - Le fameux Chris Johnson que Christian a vaincu aux championnats canadiens à Winnipeg est le même boxeur qui remporta le bronze aux JO de Barcelone en 92. Et qui est devenu aujourd’hui un entraîneur professionnel basé à Toronto avec entre autre, Steve Molitor sous ses ordres. - Lorsqu’il était très jeune, vers 12-14 ans, il était très difficile de trouver des adversaires du même âge que Christian. Il était beaucoup trop dominant. Alors il est arrivé à quelques reprises qu’on le place devant des boxeurs seniors. Il se rappelle avoir affronté des gars de 25 ans et plus, dont un boxeur de 28 ans qu’il a battu devant sa femme et ses enfants… Aujourd’hui, la fédération ne laisserait plus passer des situations comme celle-là. - Lors d’une compétition Canada-États-Unis à Miami, Christian a vaincu le champion amateur américain Fernando Castellano qui avait alors une fiche incroyable de 150-0 (selon l’article de journal). - Le trio des boxeurs jonquiérois avait un seul problème. Ils avaient naturellement le même poids! Alors pour ne pas qu’ils s’affrontent dans les grandes compétitions, ils ont dû adopter une stratégie plutôt particulière… Ouellet qui était rendu le meilleur, garda la catégorie de poids des 147 livres. Gagnon monta de catégorie de poids à 156 livres et Pierre Bouchard, qui était pourtant le plus petit, se gonfla jusqu'à 165 livres! Cette opération n’empêcha pas les trois boxeurs de continuer à avoir du succès.

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Jean Pascal, nouveau roi au sommet de notre classement. (Photo Vincent Ethier)

Les meilleurs boxeurs québécois Par l’équipe du magazine La Zone de Boxe Résultats compilés par Karim Renno

Il fallait que ça arrive à un moment donné. Après plusieurs années fastes au cours desquelles un nombre impressionnant de boxeurs locaux ont gravi les classements mondiaux et se sont positionnés avantageusement pour des combats d’envergure, l’année 2010 aura vu un certain retour du balancier. En effet, jamais depuis le grand retour de la boxe professionnelle québécoise autant de pugilistes locaux de premier plan ont-ils subi la défaite ou offert une performance qui les a fait reculer sur l’échiquier mondial. Ainsi, 2010 se termine avec beaucoup de points d’interrogation. Les carrières de Ngoudjo et d’Alcine sont-elles terminées? Lontchi, Demers et Stevenson pourront-ils se remettre de leurs dures défaites par mise hors de combat et revenir à l’avant-plan de leur catégorie? Diaconu, Décarie et Dan obtiendront-ils de nouvelles opportunités de remporter un titre mondial? Cette réalité s’accompagne d’un grand revirement sur la scène locale : le champion unanime et incontesté de notre classement depuis ses débuts, Lucian Bute, s’est fait surclasser. Non seulement l’ascension fulgurante de Jean Pascal en 2010 lui a permis d’être couronné à titre de nouveau champion de notre classement mythique, mais ce revirement est unanime! Face à une année aussi mouvementée, notre rédacteur en chef n’avait d’autre choix que d’assembler une équipe de connaisseurs à toute épreuve pour établir notre classement. Pour l’occasion, un nombre record de panélistes (10) se prononcent (chaque classement individuel est reproduit à la fin de cet article). Aux collaborateurs réguliers du magazine (Martin Laporte, Pascal Lapointe et l’auteur de ces lignes), s’ajoutent le propriétaire du magazine (François Picanza), son rédacteur en chef (Pascal Roussel), l’éditeur canadien de boxrec.com (Philippe St-Martin), l’expert de 24 Heures (Vincent Morin), le chef de pupitre québécois de Netboxe.com (Richard Cloutier), un journaliste de RDS (Jean-Luc Legendre) et un des chroniqueurs principaux de fanatique.ca (Benoît Dussault). Le résultat? Voyez par vous-même… Les champions 1. Jean Pascal (120 pt) Le roi est mort, longue vie au roi! Si Lucian Bute est en partie responsable de sa chute au classement (voir ci-dessous pour plus de détails), il n’en reste pas moins que la cause première du changement au sommet de notre classement est la montée irrésistible de Pascal au rang de champion The Ring des 175 livres. Ce faisant, le Lavallois est devenu le premier Canadien depuis Lennox Lewis à être reconnu comme champion de sa catégorie par la bible de la boxe. Contre Chad Dawson, Pascal a d’abord remporté de manière convaincante un combat que presque aucun expert indépendant ne lui donnait une chance de gagner. Sa performance brillante lui a permis non seulement de remporter le titre The Ring chez les 175 livres, mais également d’être reconnu parmi l’élite mondiale toutes catégories confondues. Peut-être plus important, il a démontré ne pas être seulement un grand spécimen physique, mais aussi un bon stratège. Voyant une occasion grandiose de faire sa marque, il a décidé ensuite de se mesurer à la légende vivante, mais

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David Lemieux, la grande étoile montante de la boxe professionnelle québécoise. (photo Vincent Ethier)

vieillissante, Bernard Hopkins moins de quatre mois après son combat contre Dawson. Ce duel s’est terminé en match nul. Performance décevante de Pascal, regain de vie de Hopkins ou les deux? Impossible de le savoir. Quoique plusieurs soient déçus du résultat de son combat avec Hopkins, 2010 aura été une année fantastique pour Pascal. À l’horizon, un combat revanche contre Dawson et probablement un deuxième duel contre Hopkins. Rien pour sortir le nom de notre nouveau monarque des manchettes pour 2011. 2. Lucian Bute (100 pt) Cette année sont apparus les premiers signes d’impatience des amateurs de boxe québécois envers le Québécois d’adoption. Bien qu’il se soit débarrassé sans problème d’Edison Miranda (KOT3) et de Jesse Brinkley (KO9), Bute laisse encore sur leur faim ceux qui veulent le voir disputer un combat d’envergure. L’annonce de son prochain duel en mars 2011 contre Brian Magee n’a absolument rien fait pour changer cette perception.

Bien que je ne compare pas Bute à Roy Jones fils, il semble souffrir des mêmes circonstances et du même syndrome. D’un côté, il est victime des circonstances à 168 livres (continuation du Super Six, blessures à Kessler et Dirrell et décision de Pavlik de rester chez les poids moyens), lesquelles font en sorte qu’il soit impossible de lui trouver un adversaire de grande qualité. De l’autre, son refus catégorique de monter chez les 175 livres où s’offrent à lui plusieurs duels intéressants (Pascal, Dawson, Hopkins et Tavoris Cloud) laisse perplexe. Simplement dit, Bute est trop talentueux et performant pour les adversaires qu’il affronte à l’heure actuelle. Reste qu’il a fallu une année spectaculaire de la part de Pascal pour le rétrograder au deuxième rang. Qui plus est, on ne mentionne pas assez souvent qu’il a vaincu Miranda de manière beaucoup plus convaincante que Ward ne l’avait fait moins de 12 mois auparavant et que Brinkley, bien que loin du calibre de Bute, avait mérité son combat de championnat avec une victoire nette sur Curtis Stevens. Nos panélistes n’abandonnent pas Bute, loin de là, mais ils réclament qu’il fasse preuve du même sens du défi que Jean Pascal. Les aspirants 3. David Lemieux (76 pt) À peine arrivé dans notre classement lors de sa dernière édition, Lemieux est sans contredit la grande étoile montante de la boxe professionnelle québécoise. Fort de ses 8 votes de 3e rang, il grimpe de deux échelons dans notre classement. Les résultats ont été sans équivoque pour le protégé de Russ Anber en 2010. Des victoires sur Jason Naugler (DU10), Walid

Smichet (KO2), Elvin Ayala (KO1), Hector Camacho Jr. (KO1) et Purnell Gates (KOT2) n’ont laissé absolument aucun doute sur la force de frappe et la fougue du jeune homme de 22 ans. Plus important encore, il a démontré plus de patience à l’ouverture de ses combats et de nouvelles aptitudes défensives intéressantes. Est-il maintenant prêt à se lancer à la conquête d’un titre mondial? La question n’est pas facile. Si ses résultats démontrent clairement qu’il doit passer à la prochaine étape, il n’a toujours que 22 ans et fait carrière chez les professionnels depuis seulement 3 ans. En outre, trois des quatre champions (Felix Sturm, Sebastian Sylvester et Dmitry Pirog) chez les poids moyens font campagne en Europe et il serait surprenant de les voir venir risquer leur titre au Canada contre Lemieux. Aller se battre contre eux en Europe veut probablement dire consentir des options sur la carrière de Lemieux, ce que son promoteur ne voudra sûrement pas faire à ce stade. L’autre

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Adrian Diaconu, de retour sur le sentier de la victoire contre Omar Sheika. (photo Stéphane Lalonde)

champion (Sergio Martinez) semble occupé par des défis plus lucratifs pour l’instant. On a entendu en coulisses que l’équipe de Lemieux était prête à défier le clan Bute, mais les discussions ne semblent pas avoir été bien loin. Les chances sont donc fortes que 2011 ne soit pas l’année où Lemieux deviendra champion du monde. Par ailleurs, il pourra s’attaquer à des pugilistes de plus grand renom, dont Marco Antonio Rubio, probablement en mai 2011. 4. Jo Jo Dan (55 pt) Ne mâchons pas nos mots : Dan a été la victime d’un vol qualifié en Turquie lors de son combat contre Selçuk Aydin. Il méritait clairement la victoire dans ce combat. Nos panélistes ont reconnus cette réalité et classé Dan au 4e rang sur la base de cette belle performance et de ses victoires prévisibles contre Andre Marcos Nascimento (KO10) et Andres Pablo Villafane (KO4). Malheureusement pour Dan, nos prévisions pour 2011 ne sont pas roses. Ses grandes habiletés pugilistiques ne sont maintenant plus un secret et on conçoit mal pourquoi un des champions à 147 livres lui donnerait une chance au titre cette année. Cela veut donc dire qu’il devra gravir les classements pour atteindre le rang d’aspirant obligatoire ce qui sera difficile tant parce qu’il est actuellement loin derrière (3e au WBC derrière Mayweather ainsi qu’Aydin et 7e à la WBA), que parce qu’il ne compte pas sur des appuis promotionnels importants. À notre grand dam, le Roumain risque encore une fois de trouver l’année longue et difficile. 5. Adrian Diaconu (40 pt) Le Shark a commencé la tâche ardue de re-gravir notre classement en défaisant Omar Sheika dans un combat spectaculaire le 15 octobre dernier. Cette victoire, en plus de la déconfiture d’Alcine, lui permet de revenir dans notre top 5, lui qui se classait 6e la dernière fois. Ce combat lui aura également permis de conquérir les cœurs de plusieurs Québécois qui ont apprécié sa fougue et son ardeur contre l’Américain d’origine palestinienne. Le patron Picanza, par contre, n’est toujours pas convaincu, classant le puissant Roumain au 10e rang de son classement personnel. Sans vouloir être négatif, il faut cependant souligner que le combat contre Sheika a été beaucoup plus difficile qu’il n’aurait dû l’être. Donnant le bénéfice du combat à Diaconu, nous mettrons le tout sur le compte de la rouille. À l’horizon pour lui, un éventuel combat éliminatoire contre son ancien adversaire Chris Henry ou, beaucoup plus intéressant, un duel pour le titre IBF contre Cloud. 6. Antonin Décarie (26 pt) Hausse d’un rang également pour Antonin Décarie qui se classe maintenant 6e avec 26 points. Pas question de prendre des combats faciles dans le cas du Lavallois qui s’est frotté au dur Irving Garcia à son retour dans l’arène après sa défaite crève-cœur contre M’Baye en mai. Sorti gagnant par décision majoritaire d’un combat serré et rude, Décarie a terminé l’année en beauté. L’année 2011 s’annonce d’autant plus difficile qu’elle commence avec un duel contre Shamone Alvarez début février. Ancien champion NABO, Alvarez représente un défi de taille pour Décarie, mais une victoire devrait lui permettre de rétablir une bonne position dans les classements mondiaux. Ce combat (et l’année 2011 en général) sera crucial pour Décarie s’il entend obtenir une autre chance de combattre pour un titre mondial puisque M’Baye ne semble vraiment pas pressé de lui donner le combat revanche auquel il a droit contractuellement.

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Avec son nouvel entraîneur Jean-François Bergeron, Gaudet veut, en 2011, remonter dans les classements. (photo Stéphane Lalonde)

La troisième vague 7. Benoît Gaudet (15,5 pt) Surprise mineure ici alors que Benoît Gaudet profite de la dégringolade d’Alcine et de Ngoudjo pour prendre le 7e rang du classement. Ce qui ne veut pas dire que Gaudet ne le mérite pas, loin de là. Après une victoire peu surprenante contre Pepino Cuevas fils en mai 2010, Gaudet a retenu notre attention avec une très belle victoire par mise hors de combat contre Ceferino Dario Labarda en octobre. Ce dernier avait participé à un combat de championnat du monde en 2008 contre Steve Molitor et possède une belle feuille de route. Fort de ce succès, Gaudet se classe dans le top 10 de tous nos panélistes.

Prochaine étape pour Gaudet : conquérir un titre nord-américain ou autre titre continental qui lui permettra de revenir dans les classements mondiaux. De là, il pourra tenter sa chance d’obtenir un ultime gros combat. 8é. Herman Ngoudjo (14,5 pt) Est-ce la fin pour la Panthère? Les chances sont bonnes que ce soit le cas. En effet, il s’est encore une fois fracturé la mâchoire lors de sa défaite contre Julio Diaz en mai. Difficile de concevoir qu’un boxeur, même un qui est aussi déterminé et courageux que Ngoudjo, puisse revenir d’une telle blessure. C’est ce doute qui a causé la chute de Ngoudjo dans notre classement, puisque quatre de nos dix panélistes ont tenu pour acquis qu’on ne le reverrait pas dans un ring et l’on exclu de leur classement. Si c’est vraiment la fin pour Ngoudjo, nous profitons de ces quelques lignes pour rendre hommage à cette personne extraordinaire. Celui qui n’a jamais refusé de défi et qui est passé à un cheveu d’être champion du monde mérite nos applaudissements et notre admiration. 8é. Renan St-Juste (14,5 pt) Si le monde de la boxe peut-être cruel, il offre également un nombre de secondes chances presque illimité. Renan St-Juste a illustré ce propos parfaitement en 2010. Son année a commencé en force avec des victoires sur Roberto Hernan Reuque et Dionisio Miranda, lesquelles lui ont permis d’atteindre des classements internationaux très avantageux et de se positionner pour un combat de championnat. Malheureusement, sa contre-performance du 28 mai contre Marcus Upshaw, combat qu’il a perdu par décision partagée, l’a ramené à la case départ.

Mais une opportunité inespérée s’est présentée en décembre : le combat tant attendu avec Sébastien Demers. Force d’admettre qu’il a saisi cette occasion de manière spectaculaire, passant le K.-O. à Demers dans la première minute du 2e assaut. Maintenant, il est champion NABO des super-moyens, classé 4e par la WBO et 15e par le WBC. Il frappe encore une fois à la porte d’un combat de championnat du monde. Malgré ses 38 ans, le rêve de St-Juste n’est pas encore terminé. Chose certaine, nos panélistes ont pris note de la performance de St-Juste et lui accordent une avancée du 10e au 8e rang. 10. Arash Usmanee (9 pt) Sans contredit la surprise de notre classement, Usmanee prend le dixième rang alors qu’il n’avait même pas récolté un vote lors de l’exercice précédent. Certes ces six victoires consécutives en 2010, laquelle année s’est soldée avec la conquête du titre NABA des 130 livres, ont impressionné nos panélistes (lui qui se retrouve sur 7 des 10 bulletins), mais c’est à Richard Cloutier de Netboxe que le pugiliste albertain doit son classement. En effet, le 4e rang que Cloutier lui accorde permet à Usmanee de devancer Olivier Lontchi et Dierry Jean par 0,5 point au 10e rang. Quoi qu’il en soit, 2011 devrait offrir de belles opportunités à l’ex champion amateur. Sur la scène locale, on peut certes souhaiter un duel avec Pier-Olivier Côté ou Tony Luis.

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Renan St-Juste (à droite) a saisi sa chance de revenir sous les projecteurs. (Photo Stéphane Lalonde)

Les autres récipiendaires de votes Année pénible pour Olivier Lontchi (8,5 pt), qui a subi une défaite éclatante lors de son combat de retour contre Miguel Angel Garcia en décembre dernier, ce qui ne l’empêche toutefois pas d’obtenir la faveur de 9 de nos 10 panélistes. À quand la santé pour Dierry Jean (8.5 pt)? Deux victoires faciles dans la deuxième moitié de 2010 lui auront au moins permis de revenir dans le ring. Il reste quand même loin de réaliser son grand potentiel. Année parfaite pour Pier-Olivier Côté (6.5 pt) qui passe du 14e au 13e rang de notre classement. Des combats plus difficiles l’attendent en 2011, auquel moment nous pourrons mieux juger de son potentiel à long terme. Chute aux enfers de Joachim Alcine (5 pt) qui dégringole de la 3e à la 14e place après sa cuisante défaite aux mains d’Alfredo Angulo. Si l’on se fie à l’opinion de nos panélistes, sa carrière est essentiellement terminée. Profitant de quelques départs, Kevin Bizier (4,5 pt) gagne deux places depuis le dernier exercice et se classe au 15e rang grâce à ses six victoires convaincantes en 2010. Finalement, Sébastien Gauthier (3,5 pt), Bermane Stiverne (3,5 pt), Adonis Stevenson (2 pt), Mikaël Zewski (1 pt) et Nicholson Poulard ferment la marche de notre classement en prenant respectivement les 16e, 17e, 18e, 19e et 20e rangs.

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Les choix de nos chroniqueurs

PTS Philippe St-Martin

Benoît Dussault

Jean-Luc Legendre

François Picanza

Richard Cloutier

1. 12 Jean Pascal Jean Pascal Jean Pascal Jean Pascal Jean Pascal

2. 10 Lucian Bute Lucian Bute Lucian Bute Lucian Bute Lucian Bute

3. 8 David Lemieux David Lemieux David Lemieux David Lemieux David Lemieux

4. 6 Jo Jo Dan Jo Jo Dan Jo Jo Dan Jo Jo Dan Arash Usmanee

5. 4 Adrian Diaconu Adrian Diaconu Antonin Décarie Herman Ngoudjo Adrian Diaconu

6. 3 Antonin Décarie Herman Ngoudjo Adrian Diaconu Dierry Jean Jo Jo Dan

7. 2 Renan St-Juste Antonin Décarie Renan St-Juste Antonin Décarie Bermane Stiverne

8. 2 Herman Ngoudjo Kevin Bizier Benoît Gaudet Olivier Lontchi Benoit Gaudet

9. 1 Olivier Lontchi Joachim Alcine Herman Ngoudjo Benoît Gaudet Renan St-Juste

10. 1 Benoît Gaudet Olivier Lontchi Kevin Bizier Adrian Diaconu Antonin Décarie

11. .5 Joachim Alcine Renan St-Juste Pier-Olivier Côté Renan St-Juste Dierry Jean

12. .5 Dierry Jean Benoît Gaudet Dierry Jean Joachim Alcine Pier-Olivier Côté

13. .5 Arash Usmanee Pier-Olivier Côté Sébastien Gauthier Pier-Olivier Côté Olivier Lontchi

14. .5 Kevin Bizier Michael Zewski Michael Zewski Adonis Stevenson Adonis Stevenson

15. .5 Pier-Olivier Côté Arash Usmanee Bermane Stiverne Nicholson Poulard Sébastien Gauthier

Pascal Roussel

Vincent Morin

Martin Laporte

Pascal Lapointe

Karim Renno

1. 12 Jean Pascal Jean Pascal Jean Pascal Jean Pascal Jean Pascal

2. 10 Lucian Bute Lucian Bute Lucian Bute Lucian Bute Lucian Bute

3. 8 David Lemieux David Lemieux Jo Jo Dan Jo Jo Dan David Lemieux

4. 6 Adrian Diaconu Adrian Diaconu David Lemieux David Lemieux Jo Jo Dan

5. 4 Jo Jo Dan Herman Ngoudjo Adrian Diaconu Adrian Diaconu Adrian Diaconu

6. 3 Antonin Décarie Benoît Gaudet Antonin Décarie Antonin Décarie Antonin Décarie

7. 2 Renan St-Juste Jo Jo Dan Renan St-Juste Benoît Gaudet Benoît Gaudet

8. 2 Dierry Jean Antonin Décarie Joachim Alcine Renan St-Juste Renan St-Juste

9. 1 Benoît Gaudet Olivier Lontchi Benoît Gaudet Dierry Jean Olivier Lontchi

10. 1 Pier-Olivier Côté Joachim Alcine Olivier Lontchi Pier-Olivier Côté Pier-Olivier Côté

11. .5 Arash Usmanee Arash Usmanee Sébastien Demers Olivier Lontchi Dierry Jean

12. .5 Kevin Bizier Pier-Olivier Côté Dierry Jean Herman Ngoudjo Kevin Bizier

13. .5 Sébastien Gauthier Bermane Stiverne Pier-Olivier Côté Bermane Stiverne Sébastien Gauthier

14. .5 Nicholson Poulard Sébastien Gauthier Sébastien Gauthier Sébastien Gauthier Adonis Stevenson

15. .5 Olivier Lontchi Renan St-Juste Adonis Stevenson Arash Usmanee Arash Usmanee

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Guillaume dans un gala du Grand Rire à Québec en 2009.

(photo courtoisie Guillaume Wagner)

La boxe et moi est une chronique où nous demandons à une personnalité de nous expliquer comment est née son histoire d’amour avec la boxe. Pour ce numéro-ci, nous offrons la plume à Guillaume Wagner, humoriste québécois de plus en plus connu, mais aussi un grand amateur de boxe.

La boxe et moi Par Guillaume Wagner La boxe est entrée dans ma vie assez tard. Heureusement, car j’y aurais probablement consacré tout mon temps et, compte tenu du talent pugilistique que je possède, je n’écrirais pas ces lignes en ce moment. Je serais en train de boire un steak avec une paille en agitant une cloche pour qu’on me vire de bord dans mon lit.

Mes premières illusions

Enfant, mon premier contact avec les sports de combat a été la lutte… non pas la lutte olympique, mais le théâtre athlétique de la WWF (maintenant la WWE). J’étais fasciné par ces personnages stéroïdés, cokés, plus grands que nature. Leurs entrées spectaculaires, leurs grandes gueules, leurs managers loufoques, leur côté spectaculaire dans un ring. J’étais persuadé que tout ça était vrai (Donnez-moi un break, j’avais 7 ans!). Quelle ne fut pas ma déception d’apprendre que tout ça était « arrangé ». Mon cœur de petit garçon a été brisé d’apprendre que Rick Martel n’était pas vraiment un top model, que Sergeant Slaughter n’était pas du tout dans l’armée américaine et que The Undertaker n’enterrait pas des morts dans ses temps libres la fin de semaine. J’étais inconsolable.

Les sports de combat, c’était fini pour moi… Jusqu’à ce que j’apprenne qu’il existait un sport de combat avec des athlètes grandes gueules, des managers excentriques, des combats spectaculaires et qui en plus n’était pas « arrangé » (faites votre propre commentaire sarcastique dans votre tête)… la boxe !

Iron Mike

C’est mon voisin qui m’a initié au sport. Il me parlait avec passion de sa nouvelle idole, Mike Tyson. Le gars avait l’air d’un tueur, parlait comme une fillette, faisait des déclarations scandaleuses, avait un promoteur tout droit sorti d’une bande dessinée et le plus important : il assommait tout ce qu’on mettait devant lui… pour de vrai !

C’est avec « the baddest man on the planet » que j’ai été initié à ce sport. J’avais besoin d’une des personnalités les plus fortes de l’histoire de la boxe pour faire la transition entre mes stupides illusions d’enfant et la réalité, la vraie, la dure, la cruelle.

Un peu comme tout le monde, j’ai été attiré par ce sport vers le dramatique K.-O. et j’ai tranquillement apprivoisé les Oscar De La Hoya, Arturo Gatti, Roy Jones Jr, etc. Je me suis mis à apprécier la rapidité, la technique, la puissance, le courage, les guerres psychologiques, le côté tactique… la beauté. Je me suis mis à devenir accro à l’imprévisibilité des combats, à l’anticipation de l’événement, à l’obstination avec les fans. Je suis devenu fan de boxe.

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Guillaume Wagner à l’entraînement… (Photo Michel Bouthillet)

Suer pour comprendre

Pour apprécier encore plus ce sport et comprendre pleinement l’effort nécessaire pour devenir boxeur, j’ai récemment commencé à m’entraîner. Je voulais vivre ce que ça demandait : la discipline, l’investissement, la sueur, le sang. Bref, par respect, je voulais savoir de quoi je parlais quand je parlais de boxe. Mon respect a grandi assez vite lorsque je me suis rendu compte que j’étais le « Danger » du gym, comme dans le film Million Dollar Baby. Pas de jambes, mâchoire de verre, vulnérable au corps, mauvaise défensive. Je n’ai vraiment rien d’un Bute… ni d’un journeyman… En fait, me qualifier de jambon serait un compliment. Un coup sur la tête et c’est le mini blackout. Un coup sur le nez et les larmes coulent comme un bébé à qui on vient d’enlever sa doudou préférée. Un coup dans le ventre et je respire comme un asthmatique pris dans un incendie. Mais c’est la boxe, ce n’est pas pour les enfants, pas question de prendre de pause en raison de la douleur, même pas le droit de la laisser paraître. Tu puises au plus profond de toi et tu continues parce qu’à la moindre faiblesse l’ennemi attaque. Si tu abandonnes, c’est toi que tu abandonnes. C’est ce que j’aime de la boxe, ce n’est pas un jeu, c’est la vie.

J’ai assisté à mon premier combat très tard. C’est mon côté un peu fille fleur bleue. J’aimais tellement la boxe que je ne voulais pas que ma première fois « live » soit avec n’importe qui. Je voulais attendre que ce soit spécial, que tout soit en place pour un moment inoubliable. Je ne me sentais pas prêt… jusqu’au jour que j’ai appris que Bute relevait le plus gros défi de sa carrière, le guerrier Librado Andrade. J’ai eu droit à toute une première fois et telle une jeune pucelle, ce soir là j’ai crié, eu des spasmes incontrôlables, j’ai eu chaud et je ne me rappelle pas tout, alcool oblige. Par contre, je n’ai pas été déçu. Depuis, moi et le centre Bell, on s’est revu plusieurs fois. Il est un peu jaloux ces derniers temps puisque j’ai commencé à fréquenter le Colisée de Québec. J’espère qu’il va s’habituer, car j’ai bien l’intention d’également aller le tromper à Las Vegas un de ces jours.

L’attraction entre moi et la boxe est naturelle en raison de mon métier. Être seul sur une scène ou seul dans un ring, ça peut se ressembler... quoique je n’aie jamais fini un show avec une commotion cérébrale et le nez cassé. Avec le style baveux que je pratique, ça ne devrait pas trop tarder par contre.

Sur scène comme dans le ring, tu dois encaisser les coups sans broncher, sans laisser paraître ta douleur. Tu peux prévoir, te préparer le plus possible, mais tu ne sais jamais exactement à quoi t’attendre jusqu’à ce que tu sois en plein dans l’action et rendu là tu t’adaptes. Si tu ne t’adaptes pas, tu perds. Aussi simple que ça. Mais le parallèle principal entre les deux c’est décidément le côté introspectif. Les heures passées seul avec soi-même. Le combat avec soi-même. Apprendre à connaître ses forces, ses limites. Trouver la « drive » pour aller au bout de soi.

C’est ce que je retiens avant tout de ce sport, c’est d’aller au bout de soi et je m’y affaire chaque jour dans mon métier… mais pas sur un ring. Les légumes je les préfère dans une assiette.

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David Lemieux égale puissance brute. Parlez-en ici à Elvin Ayala. (Photo Vincent Ethier)

Hassan N’Dam N’Jikam égale mobilité exceptionnelle. (Photo Pierre Girod)

Lemieux – N’Dam : Comparaison de deux espoirs

Par Martin Laporte En 2010, j’ai eu l’occasion d’observer David Lemieux (22 ans) et Hassan N’Dam N’Jikam (26 ans), deux boxeurs représentant possiblement l’avenir de la division des poids moyens. L’un est basé à Montréal, une ville de boxe en plein essor, et l’autre à Pantin, une ville située en banlieue de Paris. Ma comparaison portera sur les réalisations sportives, les habiletés et les faiblesses, ainsi que l’encadrement de chacun des boxeurs. Cette étude n’a pas pour objectif de déterminer lequel des deux remporterait un duel qui les opposerait, mais plutôt de faire le point sur leur carrière et, du même coup, d’évaluer s’ils peuvent marquer les prochaines années de la catégorie des poids moyens. Historique David Lemieux

La carrière amateur de David Lemieux fut un succès au niveau national : trois championnats canadiens en témoignent. Par contre, au niveau international, David n’a rien accompli. On pourrait expliquer ses insuccès par un style basé sur la puissance qui n’était pas fait pour les gants de 10 oz et les casques protecteurs. Sous les conseils de son entraîneur et mentor Russ Anber, dès ses 18 ans, il débute une carrière pro spectaculaire et remarquée.

David remporte ses 20 premiers combats par K.-O. ou K.-O.

technique, un record sur les scènes québécoises et canadiennes. Le précédent détenteur était Lucian Bute, avec un total de 15 K.-O. ou K.-O. technique consécutifs. C’est au début de 2010 que l’impressionnante séquence de Lemieux a pris fin. C’est à Jason Naugler, un Canadien reconnu pour sa résistance, à qui revient l’exploit d’être le premier à encaisser toutes les charges de Lemieux. À la suite de cette « contre-performance », certains doutes sur la puissance phénoménale du protégé de GYM ont été soulevés. Cependant, il a rapidement fait taire ses détracteurs en détruisant tour à tour Walid Smichet, Elvin Ayala, Hector Camacho Jr. et Purnell Gates, tous en deux rounds ou moins! Il est aussi important de mentionner que tous ces boxeurs, sauf le dernier, avaient une certaine reconnaissance sur la scène internationale. C’est aussi lors de cette année que David Lemieux est devenu champion canadien, puis champion international version WBC.

Hassan N’Dam N’Jikam

Hassan est natif du Cameroun. Sa fiche amateur est très impressionnante (77 victoires, 4 défaites et 3 matchs nuls). Il a remporté le championnat d’Afrique en 2003 et a du s’incliner dans un combat serré en quarts-de-finale aux Olympiques d’Athènes, contre le futur médaillé d’or. Avant cette défaite, il avait vaincu l’Irlandais Andy Lee par décision. Contrairement à Lemieux, il n’a jamais été déclassé contre l’élite internationale. Un promoteur québécois aurait tenté de l’attirer à Montréal, mais la ville de Pantin et la sécurité financière de son parrainage ont poussé N’Dam à choisir la France.

Le premier combat pro de N’Dam a eu lieu le 4 décembre 2004 à Tours, France. Il était tout juste âgé de 20 ans. Sans promoteur, il participe à plusieurs petits

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Hassan avec son entraîneur Mouss Ouicher. (Photo Sébastien Bismuth)

galas dans les régions situées dans le Nord de la France ainsi qu’au Luxembourg. Mais l’arrivée du Grand Tournoi (2008) change tout : cet événement national réunit les meilleurs boxeurs de France et il les explose tous. Il obtient alors un contrat avec le principal groupe de promotion du pays, la famille Acariès. En 2010, il conquit coup sur coup les titres « International » et « Champion par intérim » de la WBA en battant respectivement Omar Gabriel Weis et Avtandil Khurtsidze. Mais lors de son dernier combat, N’Dam en a déçu plusieurs dans une performance où il n’a jamais complètement trouvé son rythme. Certains vont jusqu’à mettre en doute son niveau international. Malgré tout, l’opposition et les accomplissements de N’Dam restent jusqu’à maintenant supérieurs à celles de Lemieux.

Les habiletés Les deux boxeurs ont des styles complètement différents. Le Québécois est un fonceur qui sait qu’il aura toujours l’avantage au corps à corps grâce à sa puissance et à sa précision. Une sorte de Mike Tyson pas encore testé contre un boxeur d’élite qui excelle en défensive. Par contre, face à Jason Naugler, il a semblé manquer d’imagination lorsque le besoin de surprendre son adversaire pour lui faire mal s’est fait sentir. De plus, il aurait été très intéressant de voir comment Lemieux aurait réagi face à la mobilité de Purnell Gates si ce dernier avait eu un peu plus de cœur au ventre. Il m’a semblé, lors de ce dernier combat, qu’un boxeur avec bonne mobilité pourrait causer des problèmes à Lemieux. Les Martinez, Golovkin, Pirog et N’Dam sont à éviter tant que ces points ne seront pas éclaircis. De son côté, le Français d’origine camerounaise utilise sa mobilité exceptionnelle et sa vitesse pour dominer ses adversaires. Une sorte de Floyd Mayweather qui n’a pas encore développé une défensive et une précision dans ses coups, ce qui le transformerait en boxeur pratiquement imbattable. Tant que ses deux points ne seront pas améliorés, il risque d’être désavantagé face aux Martinez, Golovkin et Pirog. De plus, une force de frappe phénoménale comme celle de Lemieux pourrait éteindre rapidement ses lumières si sa mobilité ne s’avère pas meilleure.

Ces deux espoirs francophones me semblent supérieurs aux autres « champions » de la division : Zbik est tout le contraire d’un champion dominant et Sylvester a clairement montré ses limites face à Karmazin. J’ai hésité longtemps avant de placer Félix Sturm dans cette liste, mais je commence à croire que ses inconstances et sa tendance à choisir des boxeurs à la limite de

l’acceptable pour une défense de titre trahissent quelque chose. Par exemple, son prochain adversaire est Ronald Hearns, un boxeur qui n’a absolument rien fait qui vaille depuis sa victoire contre Paul Clavette en 2008. Malgré tout, le jab et la défensive de Sturm pourraient causer beaucoup de problème à Lemieux si celui-ci ne réussit pas à l’assommer rapidement. Par contre, la mobilité et la vitesse de N’Dam étourdiraient le champion vieillissant. Une rumeur affirme que cela s’est déjà produit à l’entraînement.

L’encadrement L’encadrement est un facteur crucial dans la carrière d’un boxeur : avoir un bon promoteur qui croit en toi et qui te donne les ressources nécessaires ainsi que le bon combat au bon moment peut tout changer. La preuve, certains Allemands sont champions du monde et en se basant uniquement sur leur talent brut, on ne comprend pas trop pourquoi! À ce jour, David Lemieux a déjà participé à des camps d’entraînement en Colombie, en République dominicaine et à Miami. Il accompagnait Jean Pascal et son équipe composée d’une nutritionniste, d’un préparateur physique, d’un

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psychologue sportif et d’un masseur. De plus, Marc Ramsay, l’entraîneur de Jean Pascal, ainsi que Pedro Diaz, l’ex-entraîneur en chef de l’équipe olympique cubaine, s’ajoutent à ce groupe de pros. Bien entendu, toutes ces ressources étaient focalisées sur la préparation de Jean Pascal, mais David Lemieux a pu en profiter et par le même, s’est amélioré. D’ailleurs, ses résultats le confirment : on a beau avoir augmenté le niveau d’opposition en 2010, les K.-O. sont toujours présents.

Un autre point en faveur de Lemieux est son positionnement à la WBC : il devrait au cours de la prochaine année

effectuer un combat afin de devenir l’aspirant obligatoire de Zbik et ensuite affronter ce dernier en championnat par intérim. Étant donné que Martinez est vieillissant et qu’il cherche davantage les gros combats payants, Lemieux pourrait bien posséder la totalité du titre WBC sans avoir à l’affronter, ce qui permettrait de compléter son développement avant d’affronter l’élite. Hassan N’Dam N’Jikam vit plutôt l’inverse : il est devenu champion WBA par intérim grâce à son unique talent ou presque. Bien entendu, son entraîneur Mouss Ouicher a participé aux succès de son protégé, mais il admet lui-même que les ressources n’étaient pas suffisantes pour s’assurer d’une préparation adéquate avant un combat. À titre d’exemple, lors de son dernier affrontement, N’Dam a obtenu son premier partenaire d’entraînement à deux semaines du combat. Ce qui explique peut-être son manque de synchronisme.

De plus, son positionnement au sein de l’organisme de la WBA ne lui procurera pas un chemin facile. Premièrement, il a obtenu un titre par intérim en battant un adversaire plus redoutable que ceux qui ont respectivement permis à Golovkin d’obtenir le titre régulier et à Sturm de conserver son titre de super champion. Deuxièmement, il devra au moins affronter un de ces deux dangereux champions afin de s’assurer de la pleine possession d’un titre majeur. La vieille école dit qu’on forme les champions dans l’adversité; N’Dam en fait vraiment les frais. S’il passe au travers de cette opposition, il deviendra sans aucun doute la star de la division. Conclusion

La francophonie a deux boxeurs pouvant marquer la division des poids moyens. Le premier à une force de frappe incroyable et son groupe de promotion s’assure qu’il développe les outils nécessaires pour que ce point fort ne soit pas facilement neutralisé. Le deuxième est un talent brut qui ne demande qu’à être peaufiné et qui apprend pendant des combats plus difficiles, certes, mais beaucoup plus instructifs. Malgré leurs stratégies divergentes, j’espère que ces deux espoirs réussiront à percer pleinement la division afin de s’affronter au top dans un combat historique. La boxe ne pourrait que gagner avec un tel affrontement, où les styles opposés se marieraient tellement bien sur le ring.

David et son entraîneur Russ Anber. (Photo Vincent Ethier)

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Qui entraîne qui ?

Tableau compilé par Pascal Roussel Il y a plus de deux ans, nous vous avions préparé un tableau pour vous indiquer les duos entraîneurs/boxeurs. Récemment, lorsque nous avons regardé ce vieux tableau, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait tellement eu de changement en deux ans qu’il serait nécessaire de le mettre à jour! Alors voici encore une fois la liste de nos boxeurs québécois et de leurs entraîneurs. Nous nous sommes limité en grande partie aux boxeurs qui ont des associations avec les promoteurs GYM et Interbox, car pour les boxeurs agents libres, il est beaucoup plus difficile de faire des associations claires, plusieurs d’entre eux n’ayant pas d’entraîneur attitré.

Jean-François Bergeron Benoit Gaudet Carl Handy Pierre Bouchard Adrian Diaconu Jo Jo Dan Sébastien Gauthier Stéphan Larouche Lucian Bute Howard Grant Librado Andrade (lorsqu’il est à Montréal) Enrique Ornelas (lorsqu’il est à Montréal) Francis Lafrenière Russ Anber David Lemieux Kevin Lavallée

Marc Ramsay Jean Pascal Antonin Décarie Eleider Alvarez Oscar Rivas Kevin Bizier Arash Usmanee Marc Seyer Sébastien Demers Mike Moffa Manolis Plaitis Renan St-Juste Dierry Jean Sylvera Louis Ghislain Maduma Jean Zewski Mikael Zewski

Victor Vargotsky Nicholson Poulard Bermane Stiverne Francois Duguay Pier-Olivier Côté Éric Martel-Bahoéli

Hercules Kyvelos Wayne John Olivier Lontchi Amhad Cheikho Abdou Sow Jorge Luis Tony Luis

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