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Le Sorbonnard Déchaîné n°28 (oct/nov 2010)

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Page 1: Le Sorbonnard Déchaîné n°28 (oct/nov 2010)

Il est question d'“été de la honte”pour désigner les expulsions de roms. Maisque dire de l'annonce de François Baroin,ministre du Budget, le 13 juillet, de rabo-ter une « niche fiscale » ? Attention, cette« niche » n'a rien à voir avec l'ISF ou laTVA qui sont des dérogations fiscales per-mettant de payer moins d'impôts dans cer-taines conditions. Non, le gouvernementnomme niche le droit d'étudier dans debonnes conditions. L'idée annoncée étaitclaire: les parents auraient dû choisir entrela demi-part fiscale par enfant étudiant àcharge ou l'aide personnalisée au loge-ment (APL) pour ce dernier. En clair, payerplus d'impôts pour permettre à leur enfantétudiant de toucher cette aide ou payer lamême chose et priver leur progénitured'une allocation parfois vitale. Certainsjeunes l'annonçaient : « mesparents ne pourront plus assumer », « jevais devoir trouver un travail pour financermes études »... Les loyers, déjà bien chersdans le privé, auraient été inabordablespour beaucoup. Une nouvelle inégalitéentre classes seraient nées et les classesmoyennes en auraient encore souffert.Le 26 août, le gouvernement recule : unscoop, mais pas une surprise. Le gouver-nement sait qu'à force de raboter de pré-tendues niches, ceux qu'ils traitent commedes chiens finiront par mordre. Réforme

des retraites, présen-tation du projet de loides finances enConseil des ministres

en fin septembre, annonce de la stagna-tion des dépenses de l'État, suppression de100 000 postes de fonctionnaire en troisans et montée d'une xénophobie gênantepour la droite comme pour la gauche... Ilne fallait pas moins qu'une allocation pourl'instant garantie et d'un mois et demi debourse supplémentaire pour faire passer lapilule.

Rappelons-nous que NicolasSarkozy est le premier président à avoirété élu sans l'appui des 18-25 ans.Mettons cette information en relation avecla très forte mobilisation du 7 septembreet lisons l'équation obtenue. Les travail-leurs se sont mobilisés, les 100 000 signa-tures de la pétition du Front de Gauche ontété présentées le 8 septembre àl'Assemblée nationale, la mobi-lisation contre la politique sécu-ritaire se poursuit... Le choix dugouvernement de battre enretraite n'est que logique. Il neveut pas réveiller une révolteétudiante qui serait ingérablemais plutôt lancer de la poudreaux yeux des jeunes apparte-nant aux classes moyennes. Cesmesures ne sont pas descadeaux mais un calcul du gou-vernement. Tant que la réforme

des retraites et le budget de rigueur neseront pas passés, le statu quo demeura.Tant que le gouvernement aura besoin dusilence des étudiants, il se prétendra bien-veillant. Mais après?

Quand d'autres syndicats étu-diants crient victoire, l'AGEPS rappelle quemême si le projet est pour l'instant aban-donné, la menace plane. Les étudiantssavent désormais que le cumul entre lademi-part fiscale par enfant étudiant àcharge et l'aide personnalisée au logement(APL) est considéré par la classe politiqueau pouvoir comme une niche fiscale poten-tiellement supprimable. De quoi se souve-nir de l'importance de la mobilisation pournotre droit à ne pas cumuler deux tempspleins -études et travail-mais aussi celuide rester serein face à l'avenir.

Manon FERRANDI

ÉditorialRentrée des "classes"

Cette rentrée 2010 est char-gée, et on n'avait pas vu çadepuis longtemps ! Il fautdire que le gouvernement n'yest pas allé de main morte :Réforme des retraites, affaireWoerth-Bettancourt, expul-sion des camps de roms etrentrée d'enseignants sansstages... Et cette menace devoir interdire le cumul APL etdemi-part fiscale pour les étu-diants, qui sont c'est vrai, siriches.Pour nous, sorbonnards, cesmois de rentrées sont aussiun défilé de surprises amères,le festival de la truelle et dela cloueuse électrique. Vousrentrez en première annéed'histoire, de géographie,d'espagnol ou encore d'an-glais ? Clignancourt vousaccueille, les meilleurs falafelsde Paris, les meilleures pelle-teuses aussi ! Vous entrez entroisième année à laSorbonne, 5 ème arrondisse-ment ? La moitié du bâtimentest condamnée, l'autre estversée dans un fatras dignedes hôpitaux de campagne.Et si vous êtes chercheurs ouen préparation de concours ?La Bibliothèque est fermée !Prenez-vous donc une cham-bre avec vue à la BNF...Alors dans cet automne quisent bon la lutte des classes -celles des écoliers commecelles des sociologues - pour-quoi ne pas saupoudrer votregrise-mine avec un peu demilitantisme ! Heureusement,l'AGEPS est toujours là, etqu'il s'agisse des retraites,des travaux - une causemenée en intersyndicale - oude tous les ennuis qui croi-sent le chemin, si paisiblec'est bien connu, de l'étudiantmoyen. Alors, pourquoi nepas passer le pas de notreporte, et venir s'investir ausein de l'AGEPS ?

Julien AUVERTPrésident de l’AGEPS

L’été est souvent pourles étudiants l’occasion de seressourcer, parfois celle deremettre dans le vert leurscomptes bancaires. D’autresplanchent sur leurs concours,notamment les candidats auCAPES et au professorat desécoles. Il arrive aussi que cer-tains irréductibles mobilisentdurant cette période de « trêve »sociale les membres du Conseild’État pour une procédure judi-ciaire. Pas moins de six référéssuspension - annulation concer-nant les six décrets réformant lemode de recrutement des ensei-gnants des premier et seconddegrés : la fameuse masterisa-tion – ont été déposés. C’est ceque Sauvons l’Université, laFCPE, SUD-éducation, SUD-étu-diant, le Syndicat des Etudiantsde Nantes et nous-mêmes –l'AGEPS – avons fait le 29 juilletdernier.

Il y a cependant parmivous, lecteurs, de nouveaux étu-diants pour qui tout cela resteobscur. En 2008, le ministère del'éducation nationale annonce sa

volontéde réformer les concours.Dans un discours de janvier2009, le Président de laRépublique souhaite revaloriserla carrière des enseignants enrehaussant le niveau de qualifi-cation, de bac+4 à bac+5. Or,cela n'était pas sans consé-quences. Alors que le concoursde recrutement avait lieu l'annéesuivant l'obtention de la Licence(bac+3) et, qu'une fois leconcours en poche, les lauréatsétaient de vrais fonctionnaires-stagiaires (6h en cours, 12h enIUFM par semaine), voilà quel'année de stage passe àquelques semaines de stageentre deux périodes d'épreuveau sein même d'un master quin'existe pas dans la moitié desuniversités et IUFM. Déroutant ?C’est sans compter uneambiance délétère depuis 2007avec la loi de pseudo-autonomiedes universités (LRU). La lecturedes 27 numéros précédentséclairera votre lanterne.

Le 3 août, la nouvelletombe : le référé est rejeté par leConseil d’Etat. Un jugementrendu sans audience – comme l'yautorise la loi – en raison dunon-fondement de l’urgencemise en avant par les requé-rants. Il a jugé que nos argu-ments « ne permettent pas de

caractéri-ser unea t te in tesuffisamment grave et immé-diate à un intérêt public ou à desintérêts que les requérantsentendent défendre pour per-mettre de retenir que la condi-tion d’urgence est remplie ». Ensomme, hors de question dereporter la date des concours,qui auront bien lieu en novembrepour les CAPES, dès septembrepour le professorat des écoles.« La bonne marche du servicepublic ainsi que l’intérêt des can-didats justifient que les concourspuissent être organisés auxdates initialement prévues ».

On pourrait disserterlongtemps sur ce que l'on com-prend par « bonne marche duservice public » et « intérêt descandidats ». D’autant que,depuis 2007, nous sommes pas-sés de 22 000 postes auxconcours de l’éducation natio-nale, à 11 000. Mais de prime

abord, le Conseil d'Etat et nous,les plaignants, n'en avons pas lamêmepe r c ep t i o n , s u r t o u t ,lorsqu'il s'agit de préparer unconcours si important en quatremois au lieu de huit, voire uneannée et demie pour beaucoup !Mais que nos lecteurs se rassu-rent. La procédure comportedeux temps : la suspension enurgence et le jugement sur lefond. Ce dernier aura lieu dansles quinze mois courant. Et il estcertain, aux vues des impres-sions qui ressortent des premiersdébats menés par le juge et de lapublication d'un rapport à chargede l'Inspection Générale del'Education nationale contre lamasterisation, que ce ne serapas une promenade de santépour le Ministère. La date reste àce jour à déterminer, mais unechose est sûre : ce n'est que par-tie remise.

Simon VACHERON

La phrase du moisEn septembre dernier, Valérie Pécresse répond aux internautesde Libération : “ Le classement de Shangaï est biaisé et minoreles performances des universités françaises. ” Voilà pourtant 3ans qu’elle trouve dans ce classement la justification de sa poli-tique...On en rirait presque (jaune).

TRAVAUX, RETRAITES, APL

UNE RENTREE DATEE AU SORBONNE 14 !

LLee bbuulllleettiinn ssaannss ccoonncceessssiioonn ddee ll’’AAGGEEPPSS,, pprreemmiièèrree oorrggaanniissaattiioonn ééttuuddiiaannttee ddee ll’’uunniivveerrssiittéé PPaarriiss IIVV,, OOcctt//NNoovv 22001100,, nnuumméérroo 2288Rentrée à Paris - Sorbonne

Rentrée des “Classes”

encore au chaud dans nos niches !

MASTERISATION :PARTIE REMISE ?

Association Générale desÉtudiants de Paris-Sorbonne

01 40 46 32 [email protected]

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Au fond ducouloirUn Husson sur le toitSoulignons la promotion de l'an-cien Maitre de Conférenced'Histoire de l'Allemagne, mara-thonien double champion duParis-Amiens-Paris, ÉdouardHusson à la vice-chancellerie duRectorat de Paris. Une promo-tion à la " hussonarde ", trèspeu de temps après avoir briguéun poste de professeur àAmiens. On pourrait souhaiterque cet ancien membre de lamaison pose un regard bienveil-lant sur Paris IV à l'heure destravaux. Le caractère bienconnu du personnage va trèscertainement nous fairedéchanter.

Bienvenue à Paris 14Les dernières communicationsde la présidence de laSorbonne, qui se confondent ententatives d'adoucissementd'une situation vraiment chao-tique, font état du petit jeu mal-sain de poker-menteur que luiinflige le Rectorat, le grand mai-tre « réalocateur ». Celui-ci aporté la liste des lieux de coursenvisagés à quatorze: InstitutFinlandais, trois cinémas,CROUS rue Jean Calvin...Retrouvez la liste sur le site del'AGEPS.

Les Ecoles Doctorales veu-lent des urnesPersonne ne sait vraimentquelles règles régissent lesélections des élus étudiantsdoctorants dans les EcolesDoctorales (ED). Mystère entre-tenu, volontairement ou non,par tous les services del'Université. Du coup, les ED selancent entre ordre dispersé:ED 2 l'année dernière, ED 1 enoctobre, et les autres? De quoifaire peser la crainte d'électionspas très nettes ou en tout casrévélatrice de la faiblesse de lavie doctorale à Paris IV. Aprèstout, si les doctorants ne sontpas bien informés, il ne resteraplus aux enseignants qu'à faireeux-mêmes des listes.

Deux Husson sur le toit :Vous le savez peut-être, laSorbonne est divisée en troistiers. Tandis que le deuxièmetiers est en travaux, l'universitédoit se parquer comme du bétaildans un troisième tiers exigu etincommode. Mais alors, quid dupremier tiers ? La Galerie desArts, un ensemble flamboyantde salles spacieuses et degrands amphi, est jalousementgardée par le Recteur et ouverteuniquement aux remises demédailles. Une position morale-ment discutable alors que desmilliers d'étudiants devrontcourir tout Paris pour avoiraccès à leurs cours. Une seulechose pourrait alors excuser leRecteur, c'est que celui-ci cacheun terrible secret dans l'inac-cessible Galerie des Arts.Jouez à notre grand jeu " Quecache le Recteur dans la Galeriedes Arts " sur le groupeFacebook de l'AGEPS,et tentezde trouver quel mystère recèlel'inaccessible Galerie. Lesréponses les plus drôles serontpubliées dans le Sorbonnard.

La question des outils à mettreen place pour favoriser l'insertion pro-fessionnelle des étudiants de Paris IV afait l'objet, l'année dernière, d'un rap-port commandé par le président Moliniéau professeur Gensbittel. Dans ce rap-port, M. Gensbittel s'alarmait déjà durisque que le ministère revienne sur lapossibilité d'effectuer des stages facul-tatifs ; le décret du 26 août dernier aconfirmé ses craintes. En effet, en vertude ce nouveau règlement, il n'est désor-mais plus possible d'obtenir uneconvention de stage si celui-ci n'est pasobligatoirement commandé par le cur-sus suivi par l'étudiant, ces stages quele ministère appelle « hors cursus ». Cenouveau règlement entend interdire despratiques anciennes et tristement cou-rantes : les entreprises ont trop souventtendance à employer des stagiaires enlieu et place d’un salarié, alors que celaest strictement contraire à la législation.

Cependant, cette nouvelle dispo-sition va entraîner une cascade de pro-blèmes et d'arrangements bricolés sansapporter de réponse aux vrais pro-blèmes que rencontrent les étudiants

qui effectuent des stages en entreprise,notamment : rémunération scandaleu-sement basse, tâches ingrates, voiredégradantes, sans rapport avec leur for-mation. Comme le dénoncent fortopportunément certains syndicats desalariés, les exceptions prévues par ledécret sont en effet si larges, qu’en fait,elles pourraient engendrer l’effetinverse de celui recherché : la légalisa-tion de tous les stages hors-cursus souscouvert de « réorientation », de « for-mation complémentaire » ou encore de« périodes destinées à favoriser les pro-jets d’insertion professionnelle ».

Or, la question des stages sou-lève de nombreux problèmes sociaux etcertaines entreprises abusent encore dece vivier de jeunes gens prêts à beau-coup de sacrifices – vécus comme unesorte de bizutage pré-pro. inévitable –afin, leur semble-t-il de bénéficier d'uneexpérience valorisante. La réalité n'estmalheureusement souvent pas à la hau-teur de ce qu'un stage préparé en bonneintelligence entre l'université et l'orga-nisme qui accueille le stagiaire dans lecadre d'une vraie mission devrait appor-

ter en terme de compétences et, sur-tout, de découverte du monde du tra-vail, d'expérience et de mise en pers-pective des connaissances universitairesde l'étudiant-stagiaire.

Notre crainte est double : d’unepart, que ce nouveau décret necontraigne une université comme Paris4, qui semble enfin prendre consciencede l'importance de cet enjeu, à rendreobligatoire un stage en Licence alorsmême qu'à l'heure actuelle les offres destages sont insuffisantes. Une tellemesure risquerait d'engendrer un nou-veau décalage social entre des étudiants« pistonnés » et d'autres, obligés de sedébrouiller tout seuls, qui ne dégote-raient que des stages de secondezone... Et d’autre part, que ce nouveaudécret n’autorise finalement les entre-prises à continuer d’user et d’abuser desstages comme d’une forme de longpréavis à une véritable embauche.

Une fois encore, cette décisiondu ministère rate son effet - valorisationdes stages et coup d’arrêt aux pratiquesscandaleuses de certaines entreprises -et s'apprête à entraîner un lot de consé-quences désastreuses pour les étudiantset les jeunes diplômés.

Ariane BUISSON

« En raison de son injustice fon-damentale et des dangers qu'elle repré-sente, l'Organisation des Nations Unies afait de l'élimination de la discriminationraciale un de ses objectifs. »

Chapitre 4, DROITS DE L'HOMME,Convention internationale sur l'élimina-tion de toutes les formes de discrimina-tion raciale, mars 1966. Parmi 85 signa-taires : la France.

Elle est pourtant depuis juillet cri-tiquée par le Comité de l'ONU pour l'Éli-mination de la Discrimination Raciale(CEDR). Beaucoup d'interrogations,même frileuses, ressortent des débats.La France serait-elle raciste ? Mais le mot,s'il est prononcé, ne l'est qu'à demi.Taxer le pays des Droits de l'Homme deracisme, cela va tout de même trop loin !

Le 10 août Julie Gromellon,représentante de la FédérationInternationale des Droits de l'Homme,sonne l'alarme : « D'habitude, les expertss'interrogent sur la conformité d'une poli-tique nationale par rapport à laConvention. Mais là, les membres ducomité ont été choqués par les récentesdéclarations au plus haut niveau de l'État.» Et la sentence est sévère : « Une recru-

descence notable du racisme et de laxénophobie » en France, pays qui déçoit.Nous étions pourtant prévenus :

« Cette Convention condamne ladiscrimination raciale et engage les Étatsà modifier les lois et politiques nationalesayant pour effet de créer ou de perpétuerune discrimination raciale. [...] Ellecontient une liste non exhaustive dedroits et libertés dans la jouissance des-quels les États parties s’engagent à inter-dire et à éliminer la discriminationraciale. Cette liste inclut certains droits[...] le droit au travail, le droit de s’affilierà des syndicats et le droit au logement. »

Le 28 août, l'ONU somme laFrance de prendre des mesures clairescontre le racisme. Un rappel à l'ordre quin'empêche pas les expulsions en fanfareet les déclarations outrageuses. Presque30 ans avant, en août 1982, le gouverne-ment de la République française déclarait« reconnaître la compétence du CEDRpour recevoir et examiner les communi-cations émanant de personnes [...] rele-vant de la juridiction de la Républiquefrançaise qui [...] se plaindraient d'êtrevictimes d'une violation, par laRépublique française, de l'un des droits

énoncés dans la Convention. » Ça vamieux en le disant ! Le gouvernementaurait-il à présent des raisons de seméfier de la première force politique d'unÉtat, son peuple ?

Aide au retour, déchéance de lanationalité, libertés sacrifiées... certainesUnes étrangères, le comité de l'ONU, etrécemment, le Parlement Européen, n'hé-sitent pas à affirmer que la France desDroits de l'Homme n'est plus. Campéesur son îlot de matraquage sécuritaire,elle fait la sourde oreille.

Bien entendu, rien n'indiqueexpressément dans nos lois un encoura-gement au racisme. Est-ce pour autantmoins inquiétant ? Un gouvernementdémocratique qui intègre à sa politiqueune notion radicalement opposée auxprincipes de la République... Plusieursfrançais, plusieurs Frances... Évolutiondes mentalités ? On ne peut le dire aveccertitude. Gouvernement responsablemais pas coupable ? Le doute subsiste.

Si immigration s'apparente àdélinquance, si gens du voyage évoquentRoms, si répression et expulsions sontmis en scène médiatiquement, la Franceperd-elle le Liberté, Égalité, Fraternité,dont elle se réclame encore et toujours ?La seule chose qui soit certaine, c'est lemalaise ambiant. La petite bête, quimonte, qui monte, finira peut-être parnous avaler dans son ascension morbide.

Marie-Marine AKERMAN

Quatre ans pour obtenir uneLicence, deux ans pour un Master et troispour un Doctorat, des bourses privées oupubliques pour ceux qui en ont besoin, desCM et des TD, des examens : à premièrevue, les universités publiques chinoisesressemblent beaucoup aux nôtres.

Cette ressemblance frappante estaisément explicable. En effet, alors quenos universités datent de plusieurs siècles,les leurs ne datent tout au plus d'à peinecent ans. Leur système actuel est copiésur le nôtre, celui des Etats-Unis ou del'Allemagne, en tous cas leur modèle vientde l'Ouest. Après tout, pourquoi pas?

L'entrée à l'université est sembla-ble, dans sa sélection, à certains systèmeseuropéens. Tout se joue lors de l'équiva-lent de notre Bac, à la fin de l'enseigne-ment secondaire. En Chine, ce n'est pas undiplôme mais une sorte de concours deculture générale au terme duquel lesélèves sont classés. Suivant le classementet les notes obtenues dans les matièresvoulues, un des voeux – formulés avant le

concours – de choix d'université se verraréalisé.

« Pas de fac d'élite ! Pas de facpoubelle ! » a-t-on l'habitude de scanderdans les manifs étudiantes. Cet idéal etcette volonté sont légitimes quoique trèsfrançaises. En effet, cette idée d'égalitédes institutions est absolument absente dusystème universitaire chinois. Afin demieux comprendre les mécanismes il fautréellement se défaire d'un tel élémentd'analyse. En Chine c'est un fait accepté etreconnu qu'il y a une différence de niveauxentre les facs. Fait avéré tant par la forma-tion des professeurs qui y travaillent quepar les moyens privés et publics dontbénéficie l'institution.

Il ne faut plus essayer de savoir dequelle manière et selon quels critères leclassement des universités s'est fait maisde le prendre en compte tel qu'il estactuellement : plus une université estprestigieuse, plus elle a de budget et parconséquent plus son potentiel de qualitégrandi.

Les classements internationaux –tel celui de Shanghaï – ont pour unique butde donner aux futurs étudiants chinois uneidée du niveau de leur future universitépar rapport aux standards de l'Ouest.Pourquoi autant d'étudiants partent – ourêvent de le pouvoir – faire leurs étudesdans des universités européennes ou amé-ricaines pour ensuite revenir en Chine tra-vailler? La réponse est assez dérangeante.

Car la valeur des diplômes est elleaussi classée : un diplôme européen amalheureusement plus de valeur qu'undiplôme chinois sur le marché du travailnational autant qu'international. Il paraîtparadoxal que d'un côté, un pays nereconnaisse pas la valeur de ses propresdiplômes et de l'autre qu'il mette tout enoeuvre pour augmenter son nombre dediplômés. En effet, plus de 6.000.000d'étudiants sortent chaque année de l'uni-versité, diplôme à la main et souvent sanstravail au bout.

La question est d'autant plus inté-ressante que la France souhaite à son tourélever 50% d'une classe d'âge au niveauLicence. La politique absurde du chiffreappliquée actuellement en Chine n'est enadéquation ni avec l'emploi des nouveauxdiplômés ni avec les pauvres moyens don-nés à la formation de l'esprit critique ducitoyen...

Raphaëlle JAMET

ACTUALITE PARIS IV - STAGES

LE SPECTRE DE L’INSERTION JETABLE ?

ACTUALITE nationale - Discriminations

LA PETITE BETE QUI MONTE

ACTUALITE internationale -UNIVERSITES CHINOISES

CLASSEZ-LES TOUS!

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Le mois de septembre est communément lemois de la rentrée sociale. Cette année encore, ellen’en a que le nom. Le social ne doit il pas apporterdes réponses aux citoyens en matière d’éducation,de santé, de conditions de travail, d’hébergements,et garantir les libertés ? Parlons en ! La police joueles éducateurs dans les collèges, flingue à la cein-ture, et l’on nous promet que cela garantit la sécu-rité des jeunes. Les médias nourrissent les fan-tasmes des téléspectateurs d’images d’une jeunessedésœuvrée, potentiellement dangereuse et inéduca-ble. On construit des C.E.R pendant que l’on coupeles finances des institutions médico-sociales, celleslà même que l’ordonnance de 1945 a permis de créerpour répondre aux besoins éducatifs et à l’aide auxfamilles. Le secteur de la santé agonise, manque depersonnel dans les hôpitaux, glissements des tâchesdes métiers du soin, déshumanisation des structures,par manque de temps, par manque d’argent, parépuisement des salariés. La psychiatrie n’est pas enreste, avec sa cruelle carence en places d’accueil, etle retour des méthodes asilaires. Là encore, les pro-jets foisonnent autour de création de secteur psy-chiatrique en milieu carcéral…

L’automne s’annonce encore une fois dansune pénurie de logements sociaux avec son cortègede laissés pour compte et ses travailleurs pauvresdormant dans leur voiture. Il ne fait pas bon non plusvivre en caravane, être roumains ou slovaques, carlà, nous touchons le summum de l’intolérable gou-vernance en place, ses discriminations et sesméthodes quasi fascistes. Et le gouvernement valseallègrement sur nos peurs intrinsèques de l’inconnu,l’étranger, celui qui ne se comporte pas comme nous.Du côté des travailleurs, rien de neuf, plans sociauxrythment les semaines, après comme avant lescongés. Ils veulent rallonger la durée du travail, là-dessus, n’épiloguons pas. Sous de faux prétexte dechoix politiques, ils nous font croire à un inéluctablemensonger. La bourse pose ses dictats, le grandpatronat se remplit la panse et les poches au détri-ment des rémunérations, et l’entreprise est de plusen plus, tout secteur confondu, un lieu de souffranceet de stress. Le secteur social et médico-social n’estpas épargné. Démantelé, marchandisé, il s’ouvre auxactionnaires qui voient là un nouveau secteur lucra-tif à envahir. Pour cela, il faut casser les conventionsqui régissent ces établissements, qui furent crééesavec des plateaux techniques qualifiés pour une priseen charge de qualité. Tout cela coûte bien cher ! Endix ans, toutes les conventions du secteur ont étéramenées à peau de chagrin, la Croix Rouge, lesfoyers de jeunes travailleurs, les institutions d’en-fants et d’adultes handicapés, l’éducation spéciali-sée, toutes sont attaquées pour réduire les coûts depersonnel, engendrant des situations intenables pourles salariés, qui en sous effectif et pas assez formésse voient confrontés à la violence et à la souffrancehumaine. Et en réponse, le gouvernement ne prôneque sanctions, sécurité et surveillance vidéo !

Où va-t-on, quelle société là se dessine àgrand trait ? Un monde où seules la compétition et laréussite doivent gérer les rapports sociaux. Unmonde où l’on enferme ceux et celles qui ne répon-dent pas à ses critères, afin que LE bon citoyen viveen toute sécurité. Un monde qui n’autorise pas la fra-gilité, les dérapages, l’échec. Je pense à nos aînésqui ont voulu pour nous, après avoir souffert laguerre et la pauvreté, une société juste, sociale. Ilsont concouru à créer la sécurité sociale, afin quechacun, de la naissance à la mort, puisse vivredécemment, quelque soit sa situation et son âge.Plus loin encore, les droits auxquels doivent pouvoirprétendre tout individu firent l’objet d’une déclara-tion solennelle, inscrite dans le marbre. Quelleamnésie collective touche nos dirigeants ? Ce qui sevit aujourd’hui dépasse les effets induits d’un capita-lisme galopant d’un pays à l’autre. C’est l’idéologiedominante du pouvoir en place qui doit nous inquié-ter et nous amener à agir. Ce sont les hurlementsdévastateurs de la planète qui doivent nous convain-cre de sortir de cette impasse de surproduction àoutrance, qui détruit nos sols et notre air, et noustuent au travail autant que dans nos assiettes.Rentrée sociale disions nous ? Rêvons plutôt d’unautomne de prise de conscience et de luttes pour quel’année prochaine ces deux mots aient un sens.

Nathalie SOUCHONTravailleuse sociale ESAT (SUD TRAVAILLEUR)

Lidée d'une Universitéouverte à tous et exempte desélection à l'entrée ne cesse d'êtreremise en cause. Taux d'échec enLicence, nombre d'étudiants ensortant non diplômés, chômagedes jeunes nourrissent l'argumen-taire pro-sélection. Les classe-ments internationaux, dont celuide Shanghai, sont aussi invoqués,eux qui favorisent les sciencesdites dures au détriment dessciences humaines.

Ainsi, de plus en plusd'universitaires et de politiquesarguent que seule une sélection àl'entrée des universités pourraitrésoudre leurs problèmes et lesfaire briller à échelle internatio-nale. Ils n'hésitent pas à citer lesGrandes Écoles telles que les ENS,Sciences Po ou HEC et à prétendrehaut et fort que les jeunesFrançais se tournent de plus enplus vers les formations courtes etprofessionnalisantes, délaissantl'université ouverte à tous qui,selon eux, délivrerait une forma-tion de mauvaise qualité tout encompromettant les études desmeilleurs.

On oublie trop souventqu'il existe déjà une sélection pourentrer dans l'enseignement supé-rieur : le Baccalauréat. Il est lepremier grade universitaire et per-met, en théorie, de s'inscrire dansla filière de son choix. Toutefois,de nombreuses filières sont limi-tées. Parfois, c'est la capacitéd'accueil qui joue : manque desalles de cours ou de matérielpédagogique. Mais les capacitésd'accueil, fixées par le rectorat,sont aussi un moyen d'instaurerun numerus clausus fort sur cer-taines filières et de les rendre, defait, sélectives. Le recrutementdans ces filières est alors souventbasé sur le principe « premierarrivé, premier inscrit », commeen Histoire de l'Art & Archéologie àParis IV. Un tel mode de recrute-ment arbitraire peut amener àvouloir instaurer une réelle poli-tique de sélection jugée plus «juste » : c'est un écueil danslequel il faut se garder de tomber.

Le mode de sélection offi-ciel le plus répandu est celui dudossier. Nous vous en parlionsdans notre précédent numéro –article « Nouveaux CursusVénéneux », c'est de cette façonque Paris IV recrute les étudiantsde ses nouveaux cursus sélectifs,justifiant cette sélectivité par leurbi-disciplinarité. Notre bonnevieille double Licence Histoire-Géographie, non sélective et d'unexcellent niveau, serait-elle bonneà jeter ? En outre, ces nouveauxcursus ont un nombre très res-treint de places – une trentaine engénéral – puisque la sélection nefonctionne qu'à cette condition.Certains de ses partisans prônentalors la création de filières sélec-

tives pour les meilleurs – sans pré-ciser les critères pour les désigner– et la conservation des filièresnon-sélectives mono-disciplinairepour les autres. Autrement dit,l'officialisation de l'université àdeux vitesses. Comment peut-ondécemment affirmer que donnerune formation plus riche à un petitnombre d'étudiants rendra meil-leure la formation de tous et lesuniversités plus brillantes dans lemonde ? Si les universités veulentà ce point sélectionner leurs étu-diants, c'est que l'échec coûte cher: ne recruter que les lycéens desmeilleurs établissements limite lesp r o b a b i l i t é sd'échec. Les cur-sus hautementsélectifs – classesprépa et grandesécoles – sontsommées des'ouvrir à la «diversité », ce quiprouve bienqu'une telle poli-tique est désas-treuse sur le plansocial.

En outre,épreuves, consul-tations de dossieret entretiens ontun coût financieret humain nonnégligeable. C'estautant demoyens et detemps en moinsque le personneladministratif etles enseignantsauront à consa-crer aux étu-diants et aussi,pour les ensei-gnants, à leurs recherches.D'autre part, comment les futursétudiants pourraient-ils correcte-ment se préparer au Bac tout enmultipliant les dossiers de candi-dature aux universités, voire en sedéplaçant aux quatre coins de laFrance pour des entretiens ? Parailleurs, dispenser des formationsà un très petit nombre d'étudiantscoûte bien plus cher que d'y don-ner accès à beaucoup. Les cursussélectifs sont un moyen d'augmen-ter les frais d'inscription, déjà tropélevés pour nombre d'entre nous.

Les mécanismes de sélec-tions sont aussi sociaux. Ainsi, lasituation géographique d'un étu-diant est un facteur important deson accès à l'enseignement supé-rieur : habiter dans une agglomé-ration, à plus forte raison enrégion parisienne, donne plus dechoix que dans une zone rurale.Or, les petites ou moyennes uni-versités de province tendent à fer-mer des filières où le nombred'étudiants se compte sur lesdoigts. Car au fond, maintenir uneLicence de Lettres Classiques de

moins d'une dizaine d'étudiantstoutes années confondues, n'est-ce pas un gouffre financier ? Maispour poursuivre leurs études, cesétudiants devront se délocaliserdans une grande université, ce quicoûte cher, se réorienter ou arrêterleurs études. Un tel processussupprime aussi le nombre depostes de maître de conférences etde professeur, nuisant à laRecherche française. D'autres uni-versités de province, possédantdes sites dans plusieurs villes onttendance à regrouper les ensei-gnements d'une même filière, tou-jours pour des questions de renta-bilité. Les étudiants éloignés nepourront pas ou difficilement s'yrendre : manque de temps, d'ar-gent …

Quoi qu'il en soit, la sélec-tion existe au sein de l'université,une fois entré dans le système.Elle est sociale – ainsi, les étu-

diants ayant besoin de travaillerpour financer leurs études ont plusde chances d'échouer que lesautres – ou pédagogique, par l'ob-tention des ECTS et des UE.

Les universitaires et poli-tiques qui pensent que la sélectionà l'entrée de l'université permet-trait de résoudre sesproblèmes se trompent : elle neferait que les amplifier en fragili-sant les formations pédagogiqueset la Recherche. Le problème del'Université française est simple :elle manque d'argent. Le ministèren'hésite pas à faire du chantagefinancier pour imposer ses choix àdes universités qu'il est censéavoir rendues « autonomes » avecla LRU … Masterisation, passageaux RCE, actuelle volonté ministé-rielle d'allonger le calendrier uni-versitaire : la sélection est peut-être le prochain chantage gouver-nemental.

Alice BENSO

T R I B U N Erentree sociale

Les feuilles mortes

POUR ALLER PLUS LOIN

selection a l’universite

Le strip - Marvin & Loomis - digest states of America

Page 4: Le Sorbonnard Déchaîné n°28 (oct/nov 2010)

Agendaculturel

Soirée poésieCentre d’Études catalanesMardi 19 octobre à 18h30

Présentation de l’ anthologie "Huitsiècles de poésie catalane" deJean-Claude Morera, parue aux

éditions L’Harmattan.9, rue Sainte Croix de laBretonnerie 75004 ParisTél : 01 42 77 65 69Fax : 01 42 74 12 70

[email protected]

Mercredi 17 novembre à 18hGrand Amphi du Centre universitaire

de Malesherbes

Récital de ROGER MAS.Le récital sera précédé d’une ren-contre animée par les professeurs

du Centre d’Etudes Catalanes Grand Amphi du Centre universi-

taire de Malesherbes

LES CONCERTS DE MIDIConcerts classiques

Autriche et MoravieVendredi 4 mars 2011 à 12h15

Par l’Afflatus Quintet.W.A. Mozart

P. Haas : Quintette à vent, op.10

Budapest, Leipzig et VienneVendredi 11 mars à 12h15Raphaël Pidoux, violoncelle.Emmanuel Strosser, piano.

Z. Kodaly : Sonate pour violon-celle et piano, op.4

J.S. Bach :- Trois préludes de choral

- Transcription pour violoncelle et piano

J. Brahms : Sonate n° 2, op.99

"Le conservatoire de l’Europe"Vendredi 18 mars à 12h15

Par le Quatuor Vlach.E. Schulhoff : Cinq pièces pour

quatuor à cordesA. Dvořák : Quatuor n° 9 en ré

mineur, op.34

Des Alpages à la PusztaVendredi 25 mars à 12h15

Denis Pascal, piano.F. Liszt :

- Album d’un voyageur, S.156 :* Livre I : Impressions et poésies (extraits)

* Livre II : Fleurs mélodiquesdes Alpes (extraits)- Valse oubliée n° 1

- Rhapsodies hongroises : n° 17 - n° 18 - n° 15

Le Cymbalum au cœur de l’Europe

Vendredi 1er avril à 12h15Musiciens de l’Orchestre de Paris

M. Bruch : Mélodie roumaineF. Liszt : Rhapsodie n° 2, trans-

cription pour cymbalumI. Stravinsky : 3e Pièce des trois

pièces pour clarinette soloM. Dolinova/K. Maratka : Czarda

pour alto et clarinette, sur unthème populaire tchèque

J. Brahms : Danse hongroise n° 2,version pour alto, cymbalum et

contrebasseL. Weiner : Deux pièces pour cla-rinette, cymbalum et contrebasse

...

Lieux des concerts de Midi:Amphithéâtre 1,

Université Panthéon-Assas (92, rue d’Assas – 75006)

Réservations : 06 89 17 49 [email protected]

1. Parce que tu es étudiant(e) à Paris IV.

2. Parce que l'AGEPS est un syndicat étu-diant indépendant, à l'écoute de tous lesétudiants.

3. Parce que tu souhaites que les étudiantssoient toujours mieux informés sur ce quise passe dans notre université.

4. Parce que tu lis et apprécie leSorbonnard Déchaîné.

5. Parce que tu voudrais écrire dans leSorbonnard Déchaîné.

6. Parce que tu veux participer, au quoti-dien, à la défense des droits des étudiants.

7. Parce que tu veux soutenir les élusAGEPS qui défendent les droits étudiantsdans les conseils de Paris IV.

8. Parce que tu veux soutenir les initiativesculturelles étudiantes.

9. Parce que tu veux qu'il y ait une vraie vieétudiante à Paris IV.

10. Parce que tu t'intéresses à ton lieud'études, tout simplement.

Pour nous contacter, voir la case juste à droite!

Première organisation étudiante deParis IV, l’AGEPS dispose de nom-breux élus dans les différents conseilsd’UFR et, jusqu’à aujourd’hui, de 5élus dans les conseils centraux deParis IV. En tant qu’étudiants, noustravaillons chaque jour à ce que notrevoix à tous soit prise en compte dansla gestion de la fac. Rejoignez-nous! Nos locaux: SORBONNE: salle F646 galerie ClaudeBernard, esc. P deuxième étage.MALESHERBES: salle 113, premierétage CLIGNANCOURT: salle 303, RDC, àgauche en sortant des amphis

Le Sorbonnard Déchaîné: Directeur de publication:JulienAUVERT, Rédactrice en chef: Marie-Madeleine BEKO, Comité de rédactionde ce numéro: Marie-Marine AKER-MAN, Alice BENSO, Ariane BUISSON,Manon FERRANDI, Raphëlle JAMET,Emma OZAWA, Simon VACHERONDessins: Julien AUVERT, Maquette:Xavier HENRY

Avec la participation du FSDIE de Paris 4

Un casse tête pour les méninges,parmi les plus de 700 ouvrages sortisentre août et octobre : que lire après (oupendant) avoir avalé la bibliographiegigantesque de nos chers professeurs ?

Cette rentrée littéraire est pour-tant simple, à l'image du climat social etpolitique : glauque, très glauque, lourde,voire pesante, triste à en faire pleurer,affreusement compliquée. Elle pègue, elleagace, elle fatigue. Si vous voulez encette période peu glorieuse vous remon-ter le moral, allez donc au ciné ! Vouslirez dans l'ensemble du deuil, de l'intros-pection écoeurante, du crime sanglant etdes massacres historiques, des famillesbrisées et des vies détruites. Belle ren-trée, n'est ce pas ?

Le réel nous envahit, souventsombre et peu libérateur. Où sont passésles contes de fées ? Le pays des mer-veilles ? Les histoires drôles, légères etqui se lisent sans une boite de mouchoirsur la table de chevet, ou sans sursauterdès qu'une porte claque ? Heureusement

pour nos nerfset notre moral,certains auteursnous font grâcede la mélancolie

poisseuse pour nous donner enfin ce quenous attendons : une échappatoire ! Durêve et du voyage, en somme.

Sur le terrain de l'intelligent maisdrôle, il faut l'avouer, rentrez vos coqs,nos comparses anglo-saxons font preuved'un style british qui emporte les suf-frages : souvent plus légers, plus hale-tants et noirs, dans l'humour comme dansle suspens. Yann Martel, par exemple,propose Béatrice et Virgile, un voyagedans les mots, accompagné par Flaubertet la description d'une poire, où des ani-maux conversent dans une pièce éton-nante et une mise en abîme entre unauteur et un taxidermiste. ThomasPynchon, avec Vice caché, signe un polarrocambolesque où un détective fumeur dejoints et un flic déjanté, se détestant cor-dialement, enquêtent dans une nostalgieCalifornienne des années hippies. KenFollet, quant à lui, avec La chute desgéants, entamera en septembre une nou-velle trilogie historique, sur fond deRévolution Russe. Espérons que cette

fresque humaine soit aussi pointue ethaletante que les Piliers de la Terre !

Quelques français épargnent toutde même nos glandes lacrymales, commeCéline Minard, avec Olimpia, roman épo-nyme, qui conte la vie de l'éminence grised'Innocent X, surnommée « la papesse »par les moins incisifs de ses détracteurs.Les autres surnoms de cette femmeodieuse sont abondamment évoqués dansun style cru et fleuri. La biographieromancée d'un savant fou, précurseur etinventif est offerte dans Des éclairs deJean Echenoz. Un héros outre-Atlantique,ingénieur au destin singulier, peu sou-cieux d'éviter de se faire voler son travail.Du plomb dans le cassetin, premier romande Jean Bernard-Maugiron, décrit le par-cours d'un correcteur de presse à laretraite : au fil de ses métiers et dumonde de l'édition, il nous livre sa vieparfois drôle, toujours passionnée.

Si les rares rescapés de la mort etdu désespoir ne peuvent vous satisfaire,une solution s'impose : allez au ciné !

Marie-Marine AKERMANN

Contrairement à cette rentrée litté-raire peu glorieuse, la rentrée musicaledonne du punch, de la bonne humeur, de lajoie de vivre. Une multitude d'artistes pop etrock vous donnent R.D.V pour « kiffer la vibe» et vous déhancher autour d'une caipirinha.Il y en a pour tous, tous les goûts, toutes lescouleurs. Pas facile de dénicher la perle rareou d'élire son chouchou de la rentrée, rien(ou presque) n'est à jeter. Ça claque, ça pro-fuse, ça se diffuse sur les ondes et dans lesbars. Ça commence doucement à rockerdans la ville, avec le très attendu False Priestdu groupe Of Montreal qui en met plein lavue. Et ce n'est pas pour rien que ce groupe

déchaîne les critiques et le public deplus en plus nombreux et survolté.On n’entend parler que d'eux, dessérieux aux bloggeurs. On prend !Pas d'inquiétude, ce ne sont vrai-

ment pas les seuls à réveiller les soiréesmortelles de révisions. Une recherche vocaleintéressante sur des mélodies à conso-nances classiques tout en douceur : venuedu nord, Agnès Obél, voix à la Björk etrefrains apaisants est, pour lire ou réfléchir,un petit coup de calme avant la tempête.Car voici Jamaica, qui comme son nom l'in-dique nous vient tout droit d'Angleterre. Onbalance le son saturé et la batterie à bloc, etça fait du bien ! Du rock alternatif quiclaque. Parfois excessifs, mélodiques quandon s'y attend le moins... du qualitatif.

L'excellent Contra se repasse enboucle, pour un tour du monde musical par

Vampire Weekend, qui remonte le niveau etle moral. Enfin du son recherché, des sono-rités changeantes, une voix harmonieuse…Rock ? Indie ? Pop ? Du pur plaisir en déci-bels, sans prise de tête. Enfin le poste vousréveille avec un Surfing the void énergisant.Pour danser ou vibrer, surfez sur la vague deKlaxons déchaînés aux sons rafraîchissants,sautillants, entre rock et larsen.

Si les Mustang, Revolver et autresLa Roux s'y remettent rapidement, il n'y aplus qu'à s'enfermer chez soi avec un bonampli ou à blinder son mp4. Branchez lecasque, montez le son et faites vous plaisir !

Marie-Marine AKERMANN

culture - rentree litteraireO rage, O Desespoir! O Auteurs ennemis...

culture - rentree musicale“C'est la watt que j'prefere”

Zone d’info10 bonnes raisons de nous

rejoindre à l’AGEPSf

Qu’est-ce qu’un élu étu-diant ? Quelqu’un qui assiste àdivers conseils, parle de démo-cratie et droits étudiants, har-cèle de temps en temps d’au-tres étudiants à coup de tractsou pétitions, les soutient etconseille en cas de problèmesadministratifs ou litiges.Quelqu’un qui n’est pas tou-jours jugé utile visiblement,puisque l’année dernière vousn’avez pas été bien nombreux àvoter pour les élire. Pourtant, ilarrive qu’une de vos revendica-tions de sorbonnards soitentendue, notamment par leurbiais.

Ainsi, ceux d’entre vousqui fréquentent la Sorbonnedepuis quelques temps déjà

sont habi-tués àe n t e n d r eparler desvacances de

la Toussaint. Á en entendreparler et à les réclamer et nonpas les connaître, puisque le lotdes étudiants de Paris IV a tou-jours été celui d’une rentréetardive en octobre, suivie dedouze semaines de cours sansinterruption jusqu’aux fêtes defin d’année. En conseils,comme dans ce journal, vosreprésentants étudiants ontsouvent souligné les incohé-rences de ce calendrier univer-sitaire trop exigeant au premiersemestre, très relâché ausecond. Espérons que nousn’aurons plus à le faire, puisqueles CEVU et CA de juin 2010 ontfinalement validé une nouvelleorganisation de l’année, intro-duisant ces dix jours de cou-

pure demandés de longue dateentre le 23 octobre et le 1 ernovembre. En contrepartie,nous renonçons à une étrangeaberration des précédentscalendriers : la semaine devacances après une reprise deseulement trois semaines ausecond semestre, jusqu’alorsvéritable gruyère entre congéset jours fériés. Depuis le tempsque nous évoquions ce sujet, ilétait temps de pouvoir vousannoncer la bonne nouvelle !

Cette mesure est princi-palement bénéfique aux étu-diants de licence, ainsi qu’auxnombreux salariés à mi-temps.Elle intervient assez tôt pourpermettre à chacun de faire lepoint sur son début d’année etéventuellement redresser labarre en cas de besoin. Elleconviendra aussi aux détrac-teurs du système universitaire,qui sont légions rappelons-le,

qui trouveront certainementdans cette nouveauté matière ànourrir la thématique de l’étu-diant fainéant d’un nouvelargument. Chacun y trouveradonc son compte, miracle de ladémocratie.

Il arrive donc que vosélus soient utiles, que vos pro-fesseurs et les instances déci-sionnelles soient enclins àécouter vos demandes. Alorsn’hésitez pas à nous contacter,et le 7 décembre à voter pourvos représentants en UFR delangue française, d’étudesslaves, d’italien et de roumain.

Emma OZAWA

La voix des Elus

01 40 46 32 27www.ageps.org

[email protected]