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Sébastien Courchesne-O’Neill Université du Québec à Montréal Département de Sociologie Le sport chez Bourdieu : éléments théoriques pour l’analyse sociologique du cas d’un boxeur québécois Travail présenté au comité de sélection 2007 du CRSSC Université du Québec à Montréal le 31 mai 2007

Le sport chez Bourdieu : éléments théoriques pour l ...sante.uottawa.ca/pdf/2007_fr.pdf · celle construite par Norbert Elias et Eric Dunning dans Sport et Civilisation7 et aussi,

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Sébastien Courchesne-O’Neill Université du Québec à Montréal

Département de Sociologie

Le sport chez Bourdieu : éléments théoriques pour l’analyse sociologique

du cas d’un boxeur québécois

Travail présenté au comité de sélection 2007 du CRSSC

Université du Québec à Montréal le 31 mai 2007

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À noter que ce travail est une version légèrement retravaillée d’un travail fait lors du cours Œuvres de Pierre Bourdieu (prof : Viviana Fridman) à l’automne 2006. J’aimerais aussi

remercier Suzanne Laberge pour son aide et ses conseils.

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Table des matières

1. Introduction ________________________________________________________________4

2. Présentation de l’école bourdieusienne de la sociologie du sport ______________________5

2.1. Une école populaire? ___________________________________________________________ 5 2.2. Quel rôle Bourdieu a-t-il joué dans le champ des sports? _____________________________ 7

3. La théorie socioculturelle______________________________________________________9

3.1. Présentation __________________________________________________________________ 9 Tableau 1._______________________________________________________________________ 10 3.2. Offre et demande en matière d’activités physiques et sportives _______________________ 11 3.3. Rapport au corps _____________________________________________________________ 12

4. Étude de cas : documentaire Le Steak___________________________________________15

4.1. Présentation du documentaire __________________________________________________ 15 4.2. Rapport au corps instrumental__________________________________________________ 17 4.3. Profit économique et mobilité sociale_____________________________________________ 18

5. Conclusion ________________________________________________________________20

6. Bibliographie ______________________________________________________________22

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« […] la sociologie est effectivement un " sport de combat ", dans la mesure où elle sert à se défendre contre la domination symbolique, l'imposition de catégories de pensée, la fausse pensée. Elle permet de ne pas être agi par le monde social comme un bout de limaille dans un champ magnétique. » 1

1. Introduction

La sociologie du sport s’est développée en marge des courants sociologiques

contemporains. Ainsi, comme l’indiquent Laberge et Harvey, les premiers à s’intéresser à

l’interaction du sport et de la société ont été, suite à la démocratisation du savoir et à l’expansion

des universités européennes et Nord américaines des années ’602, d’anciens professeurs

d’éducation physique incorporés à de tout nouveaux départements d’éducation physique3. Malgré

ce nouvel engouement pour une étude plus « scientifique » des sports, il faut voir que « [l’]

histoire, la sociologie, et la philosophie du sport étaient perçues comme des domaines marginaux,

contribuant davantage à la culture générale des étudiants qu’à leur formation scientifique. »4. La

« marginalisation » des sciences sociales du sport n’a cependant pas empêché certains grands

noms de la sociologie de s’y intéresser. On peut penser ici à l’approche marxiste du sport

développée par Jean-Marie Brohm5, à celle des Cultural Studies de l’école de Birmingham6, à

celle construite par Norbert Elias et Eric Dunning dans Sport et Civilisation7 et aussi, à celle

apportée par Pierre Bourdieu.

1 Wacquant, Loïc, cité dans Cyran, Olivier. (2001). Propos recueillis entre Pierre Carles et Loïc Wacquant. Paris : 15 février. URL : http://www.homme-moderne.org/images/films/pcarles/socio/cyran.html (consulté 6 décembre 2006) 2 À ce sujet, voir notamment le documentaire Berkeley in the Sixties (http://www.imdb.com/title/tt0099121/ URL consulté le 30 novembre 2006) 3 Voir : Laberge, Suzanne et Jean Harvey. (1995). « Présentation ». Sociologie et sociétés. (27)1. p. 6 4 Idem. 5 Voir entre autre : Brohm, Jean-Marie. (1992). Sociologie politique du sport. Nancy : Presses Universitaires de Nancy 6 Voir : Laberge, Suzanne et Jean Harvey. (1995). « Présentation ». Sociologie et sociétés. (27)1. p. 3 7 Elias, Norbert & Eric Dunnig. (1994). Sport et Civlisation. Paris : Fayard.

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Donc, nous tenterons, au cours de ce travail, de présenter l’approche sociologique de

Pierre Bourdieu en ce qui a trait à la sociologie du sport tout en apportant un exemple tiré du

domaine sportif canadien. Pour ce faire, nous nous attarderons, dans la première section, à

présenter, d’une part, l’école bourdieusienne de la sociologie du sport et, d’autre part, le rôle qu’a

joué Bourdieu dans le développement de cette sociologie. Dans la seconde section de ce travail,

nous aborderons la théorie socioculturelle des activités physiques et sportives. Après une brève

présentation, nous nous concentrerons sur l’offre et la demande en matière d’activités physiques

et sportives pour finalement, nous pencher sur le concept du rapport au corps. Au sein de la

section finale, nous chercherons à mettre en application les concepts théoriques mentionnés au

sein de ce travail en utilisant le documentaire de Pierre Falardeau et de Manon Leriche Le Steak.

À l’aide de la figure principale du documentaire, le boxeur Gaétan Hart, nous essaierons de

démontrer, à travers les conditions sociales et matérielles d’existence, la formation d’un habitus

spécifique ainsi que le façonnement d’un rapport au corps distinctif, qu’il y a bel et bien une

propension à choisir tel sport ou telle activité physique dépendamment de notre origine socio-

économique tel que Bourdieu le prétend.

2. Présentation de l’école bourdieusienne de la sociologie du sport

2.1. Une école populaire?

Pierre Bourdieu, est, sans l’ombre d’un doute, l’une des figures intellectuelles françaises

les plus importantes des années 1960-2000. Philosophe de formation, sociologue par choix,

l’interdisciplinarité des travaux de Bourdieu alliant à la fois la sociologie, l’anthropologie,

l’ethnologie et la philosophie a contribué à l’émergence d’une approche théorique innovatrice

permettant de comprendre les aspects pluridimensionnels de la vie en société. Certes, l’ampleur

6

de l’œuvre de Bourdieu peut paraître déconcertante (« quelques 45 livres et 500 articles »8); elle

touche aussi une très grande diversité de sujets allant, par exemple, de l’art à la science, au sport

et à la littérature. À cet effet, il est important, avant d’entreprendre une analyse, une recherche ou

encore une étude de type bourdieusienne, de cerner les diverses publications qui, en bout de

ligne, seront essentielles à la construction de notre point de vue scientifique.

À cet effet, sport occupe une place relativement réduite au sein de l’œuvre du sociologue

français. Cela n’a cependant pas empêché les quelques articles qu’il a écrits sur le sport de faire

école. Alors, l’approche bourdieusienne détient-elle une place légitime au sein de la sociologie du

sport? Pour Henri Vaugrand, la réponse semble être positive : « […] a recent international

symposium (Football and cultures, Paris, Centre National de la Recherche Scientifique, 13-16

May 1998 […] ) shows the importance of the Bourdieusian inspiration beyond the boundaries of

french sociology »9. De plus, pour Bodin, Héas et Robène,

« L’étude des goûts sportifs par Bourdieu a été reprise et complétée par Pociello (1981,1995,1999) et de nombreux autres chercheurs influents au sein de la 74e section universitaire en France (Clément, Defrance, Louveau, Michon, Ohl ou Waser). Cette influence a débordé le champ de la sociologie pour atteindre celui de l’histoire des aps [activité physique et sportive] (Chartier et Vigarello,1982). »10 D’autre part, pour J.-P. Clément, la diffusion d’une approche bourdieusienne de la

sociologie du sport a inspiré nombre d’articles apparaissant notamment « […] dans des revues

situées dans le champ de l’éducation physique ou des Sciences et Techniques des Activités

8 Wacquant, Loïc, cité dans McLemee, Scott. (2002). « L’influence de Pierre Bourdieu, décédé mercredi, et de ses derniers projets.» The Chronicle of higher education, 25 janvier. URL : http://www.homme-moderne.org/societe/socio/wacquant/chronicUS.html (consulté 6 décembre 2006) Traduction Libre 9 Vaugrand, Henry. (2001). « Pierre Bourdieu and Jean-Marie Brohm ». International Review for the Sociology of Sports. (36)2. p. 185 10 Bodin, Dominique et als. (2004). « Les goûts sportif : entre distinction et pratique élective raisonnée ». Sociologie et sociétés. 36(1). p. 189

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Physiques et Sportives (revues Education Physique et Sport, STAPS, Travaux et Recherches en

ESP de l’INSEP), et plusieurs travaux universitaires sont réalisés »11.

Pour Laberge et Kay, le travail de Bourdieu sur le sport a inspiré des sociologues de

partout dans le monde à se pencher sur le sujet : « his two articles 'Program for a sociology of

sport' (1988b) and 'Sport and social class' (1978) appear to be seminal works for sport

sociologists—at the beginning in France—but now spreading to North-America, Asia and

Continental Europe as well»12.

Finalement, il semble plausible, à la lumière des différentes citations évoquées plus haut,

de conclure que l’approche bourdieusienne détient bel et bien une place légitime dans le domaine

de la sociologie du sport.

2.2. Quel rôle Bourdieu a-t-il joué dans le champ des sports?

« […] Bourdieu seems to have assumed the role of a referee rather than a primary

player. »13. Au delà de l’affirmation de Vaugrand, il semble pertinent d’ajouter la chose

suivante : certes, Bourdieu a joué le rôle de l’arbitre; il a cependant élaboré l’ensemble des cadres

théoriques utilisés par les « joueurs ». Il demeure donc « arbitre » d’un jeu qu’il a lui-même créé,

comme nous tenterons de démontrer plus bas.

Pour J.-P. Clément, les sociologues du sport utilisant l’approche théorique de Pierre

Bourdieu ont puisé à même les outils théoriques développés par le sociologue français au sein

d’ouvrages bourdieusiens ne traitant pas nécessairement de sport14. Dans un autre ordre d’idée, S.

11 Clément, J.-P. (1994). « Les apports de la sociologie de Pierre Bourdieu à la sociologie des sports ». STAPS. (35) Octobre. p. 42 12 Laberge, S. et Kay, J. (2002). « Bourdieu's sociocultural theory and sport practice » In Joseph Maguire and Kevin Young (Eds), Theory, Sport and Society. Londres : Elsevier. p. 244 13 Vaugrand, Henry. (2001). « Pierre Bourdieu and Jean-Marie Brohm ». International Review for the Sociology of Sports. (36)2. p. 185 14 Voir : Clément, J.-P. (1994). « Les apports de la sociologie de Pierre Bourdieu à la sociologie des sports ». STAPS. (35) Octobre. p. 42

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Laberge et D. Sankoff rappellent qu’une approche bourdieusienne de la sociologie du sport passe,

entre autres, par la compréhension et l’application de la théorie socioculturelle des APS15 : « La

nécessité théorique et la valeur explicative de ce concept sont également soulignées par Bourdieu

dans son article « Pratiques sportives et demandes sociales » [qui, plus tard, a été remanié pour

être publié sous le titre « Comment devient-on sportif ?16 »]17.

L’importance du développement de cette théorie demeure le fait qu’elle « […] réside dans

la prise en compte de la pertinence sociale de la dimension corporelle des sports »18. Donc, en

proposant un tel modèle théorique, Bourdieu laisse le soin aux autres d’explorer les limites et les

capacités de la théorie à travers l’étude de divers phénomènes sociaux reliés à la pratique

d’activités physiques et sportives.

D’autres part, dans trois numéros de la revue Actes de la Recherche en sciences sociales

(7919, 8020 et 10321) consacrés à l’étude du sport, seulement court article d’une page est signé par

Pierre Bourdieu22, même si ce dernier est le fondateur de cette revue.

Finalement, pour en revenir au questionnement suggéré par titre de cette sous-section,

nous croyons, d’après les différents points abordés, que le rôle de Bourdieu s’est principalement

limité au développement d’une nouvelle approche théorique pour l’étude des activités physiques

et sportives. Il ne faudrait cependant pas, à la lueur de cette affirmation, minimiser le rôle de

15 Activités physiques et sportives 16 Bourdieu, Pierre. (1978). « Comment peut-on être sportif ? » dans Questions de sociologie. Paris : Éditions de Minuit. pp. 173-195 17 Laberge. Suzanne et David Sankoff. (1988). « Actvités physiques, habitus et styles de vie ». dans J. Harvey et H. Cantelon (éds). Sport et pouvoir : les enjeux sociaux au Canada. Ottawa: Les Presses de l'Université d'Ottawa. p. 281 18 Clément, J.-P. (1994). « Les apports de la sociologie de Pierre Bourdieu à la sociologie des sports ». STAPS. (35) Octobre. p. 42 19 Actes de la Recherche en sciences sociales. (1989). « L’espace des sports 1 ». num. 79 20 Actes de la Recherche en sciences sociales. (1989). « L’espace des sports 2 ». num. 80 21 Actes de la Recherche en sciences sociales. (1994). « Les enjeux du football ». num. 103 22 Bourdieu, Pierre. (1994). « Les Jeux Olympiques. Programme pour une analyse » Actes de la Recherche en sciences sociales. pp. 102 & 103

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l’étude des pratiques sportives dans la sociologie développée par Bourdieu23; il faut seulement la

relativiser face à l’ensemble des autres travaux qu’il a entrepris et réalisés au cours de sa carrière

universitaire.

3. La théorie socioculturelle

3.1. Présentation

Pour Bourdieu, les activités physiques et sportives sont, tout comme la lecture,

l’habillement, la nourriture, etc., des pratiques culturelles. Elles traduisent nécessairement une

vision du monde particulière et, du même coup, un découpage du réel en certaines catégories24.

Le tableau 1 montre la « configuration » la « composition » du monde social, telle que proposée

par Bourdieu.

23 « […] Distinction (1984), one of his most important works, gives major attention to SPA practice. » dans : Laberge, S. et Kay, J. (2002). « Bourdieu's sociocultural theory and sport practice » In Joseph Maguire and Kevin Young (Eds), Theory, Sport and Society. Londres : Elsevier. p. 244 24 Voir : Ibid. p. 246

10

Tableau 1.

Source : 25

On peut voir, d’après ce tableau, que, pour Bourdieu, le monde social est découpé en

plusieurs sections ou catégories, dépendamment du volume de capital économique et/ou culturel

amassé par un agent social donné. Aussi, il nous permet de localiser certaines pratiques sportives

25 Ibid. p. 247

11

et de les associer à certains modes de vies et/ou classes sociales. Par exemple, on pourrait

associer l’ouvrier semi-spécialisé au football (soccer) et les professeurs d’éducation supérieure au

tennis ou aux échecs.

3.2. Offre et demande en matière d’activités physiques et sportives

« Je pense que l’on peut, sans trop faire violence à la réalité, considérer l’ensemble des

pratiques sportives offertes aux agents sociaux […] comme une offre destinée à rencontrer une

certaine demande sociale. »26. Le sectionnement du domaine des pratiques sportives entre l’offre

et la demande instaure une catégorisation voulue des différentes instances reliées de près ou de

loin à la pratique du sport. Ainsi, du côté de l’offre, nous retrouvons, par exemple, les fédérations

sportives, les producteurs d’équipements sportifs, les écoles, les entreprises de plein air, les

organisateurs de spectacles sportifs, etc. En fait, l’offre est constituée de producteurs qui ont des

valeurs et des intérêts différents et qui, du même coup, répondent à une pléiade de demandes

différentes, provenant des groupes et agents sociaux.

La demande, quant à elle, prend en compte la subjectivité inhérente des agents sociaux.

La relation à l’activité physique et sportive n’est pas la même pour l’ensemble des agents sociaux

(voir la Tableau 1 plus haut); dès lors, le goût de pratiquer telle activité ou tel sport dépend d’une

multitude de facteurs émanant principalement des conditions matérielles et sociales d’existence.

Ces conditions sont déterminées, entre autres, par l’accumulation différentiée de capital

économique et culturel et aussi, par les multiples conditionnements vécus par les agents sociaux

au travail, dans leurs rapports avec les autres ainsi qu’avec l’ensemble des relations qu’ils

entretiennent à l'égard du monde social. De plus, « Les conditions matérielles et sociales

d’existence d’un groupe donné, combinées à sa position dans la structure sociale produisent un 26 Bourdieu, Pierre. (1978). « Comment peut-on être sportif ? » dans Questions de sociologie. Paris : Éditions de Minuit. p. 173 (en italique dans le texte)

12

habitus particulier qui génère des pratiques composant un style de vie particulier. »27. Donc,

l’habitus, constitué des schèmes cognitifs orientant les choix des agents sociaux dans un espace

de possibles28, guide le choix des agents face aux différentes pratiques sportives et physiques

offertes.

3.3. Rapport au corps

Comme nous l’avons vu au cours de la dernière sous-section, les activités physiques et

sportives sont, d’après Bourdieu, scindées en deux parties, soit l’offre et la demande. Nous avons

aussi constaté que la demande en matière d’APS est générée par les conditions matérielles et

sociales d’existence qui, pour les agents sociaux, sont inconsciemment reproduites par la

formation d’un habitus spécifique à leur style de vie. Dans cette section, nous allons nous attarder

à une dimension centrale de l’habitus (du moins dans l’étude des APS), le rapport au corps.

Dans ce qu’il convient d’appeler l’habitus corporel, le rapport au corps occupe une partie

importante :

« […] les différentes classes sociales ne s’accordent pas sur les effets attendus de l’exercice corporel, effets sur le corps externe comme la force apparente d’une musculature visible, préférée par les uns, ou l’élégance, l’aisance et la beauté, choisies par les autres, ou effets sur le corps interne, comme la santé, l’équilibre psychique, etc. : autrement dit, les variations pratiques selon les classes tiennent non seulement aux variations des facteurs qui rendent possible ou impossible d’en assumer les coûts économiques ou culturels, mais aussi aux variations de la perception et de l’appréciation des profits, immédiats ou différés, que ces pratiques sont censées procurer. ».29

Ainsi, le rapport au corps semble se différentier dépendamment de la provenance sociale des

agents sociaux. De plus, comme le rappelle Bourdieu au sein de la citation, l’anticipation de

profits différentiés amène les agents à percevoir un rapport différent à l’activité pratiquée. On

pourrait donc, d’après ces notions théoriques, associer certaines classes sociales à certaines

27 Laberge, Suzanne. (2006). Présentation PowerPoint du cours KIN 1037 : APS et sociétés. Montréal : Université de Montréal. p. 5 28 Idem. 29 Bourdieu, Pierre. (1978). « Comment peut-on être sportif ? » dans Questions de sociologie. Paris : Éditions de Minuit. p. 189 & 190

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pratiques sportives, d’après le type de profit qu’elle dégage et, de plus, d’après ce qu’elles

apportent au corps. À titre d’exemple, Bourdieu rappelle l’entrée en scène tardive de

l’haltérophilie aux Jeux Olympiques; la discipline faisait trop référence, selon les « fondateurs

aristocratiques »30 des Jeux Olympiques modernes, à la force brute et, du même coup, n’exigeait

pas le même niveau d’intelligence et de finesse athlétique que les autres sports.

Comme la société est divisée en plusieurs classes ou catégories sociales, il semble

plausible d’affirmer que les rapports aux corps ne sont pas les mêmes pour les agents des classes

ouvrières que pour ceux des classes bourgeoises. À cet effet, nous allons dresser une liste,

inventée par Bourdieu et remaniée par S. Laberge, des rapports au corps les plus connus, du

moins ceux qui semblent le plus se démarquer dans la société31.

Premièrement, le rapport au corps instrumental renvoie à une perception du corps en tant

qu’outil pouvant être affairé à de multiples tâches (loisir, sport, travail, etc.). Il est un outil

« efficace et fonctionnel » se devant de résister aux blessures et maladies. Le rapport hygiénique

introduit la notion de la santé à tout prix; la santé prime sur tous les autres usages que l’on

pourrait faire de son corps (performance athlétique, mouvements répétitifs, boire de l’alcool,

fumer la cigarette, etc.). Cette perception du corps peut souvent être associée aux personnes âgées

qui, étant donné leurs conditions de vie et de santé souvent précaires, doivent faire extrêmement

attention à leur corps et leur santé. Dans un autre ordre d’idée, le rapport au corps esthétique

rappelle que le corps est la principale forme de représentation du « moi »; on doit être prêt à

souffrir afin de correspondre à la norme esthétique. On peut retrouver cette forme de rapport au

corps autant chez les sociétés nord-américaines, où l’image d’une femme aux traits filiformes

nous est sans cesse ressassée dans les magazines et annonces, qu’au sein des tribus indigènes, où

30 Ibid. p. 190 31 Voir : Laberge, Suzanne. (2006). Présentation PowerPoint du cours KIN 1037 : APS et sociétés. Montréal : Université de Montréal. p. 7

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les femmes superposent des anneaux dans leur cou pour l’agrandir et ainsi adhérer à la norme

sociale. Finalement, le rapport au corps dit performatif désigne le corps comme une machine,

adaptée et adaptable à la pratique d’activités physiques et/ou sportives. Il faut rechercher et

repousser les limites afin d‘améliorer la performance, et ce, souvent au prix de la santé et du bien-

être de l’individu.

Est-il possible d’associer rapports au corps et classes sociales? C’est du moins ce que

semble affirmer Bourdieu : « […] en dehors même de toute recherche de la distinction, c’est le

rapport au corps propre, comme la dimension privilégiée de l’habitus, qui distingue les classes

populaires des classes privilégiées comme, à l’intérieur de celles-ci, il distingue des fractions

séparées par tout l’univers d’un style de vie. »32. Ainsi, chez les classes ouvrières, on aura

tendance à mettre en pratique un rapport au corps instrumental, favorisant les activités sportives

et physiques demandant un grand investissement d’efforts et de sacrifice corporel33 (football

américain, rugby, hockey, basketball, soccer, haltérophilie, etc.); ce sera aussi la même rhétorique

au travail, où les emplois occupés exigeront un effort physique soutenu pendant une bonne partie

de la journée (construction, manœuvre, travail d’entrepôt, etc.). À l’opposé, chez les classes

privilégiées, « […] l’habitus corporel des agents masculins des classes bourgeoises s’orienterait

vers une pratique de « sport pour le corps », dans sa dimension esthétique ou hygiénique

(condition physique, prévention de la maladie). »34. Toujours selon Bourdieu, les classes

privilégiées voient en l’activité physique et sportive le moyen d’atteindre une certaine forme

esthétique corporelle couplée au désir d’être en bonne santé. De plus, les agents de ces classes ne

cherchent pas nécessairement, en l’activité physique et sportive, un profit corporel instantané ou 32 Ibid. p. 192 (en italique dans le texte) 33 Voir : Bourdieu, Pierre. (1978). « Comment peut-on être sportif ? » dans Questions de sociologie. Paris : Éditions de Minuit. p. 192 34 Laberge. Suzanne et David Sankoff. (1988). « Actvités physiques, habitus et styles de vie ». dans J. Harvey et H. Cantelon (éds). Sport et pouvoir : les enjeux sociaux au Canada. Ottawa: Les Presses de l'Université d'Ottawa. p. 281 (nous soulignons)

15

immédiat; on constate plutôt la recherche d’un profit en « différé » pouvant donner des résultats

s’échelonnant sur une plus longue période de temps. À titre d’exemple, des activités telles le

jogging, le vélo ou encore la natation procureraient des effets bénéfiques « à long terme » sur le

corps humain35 (contrairement, par exemple, au culturisme, où des effets drastiques sont

recherchés dans le plus court laps de temps possible; pour certains, cela justifie l’emploi de

stéroïdes ou autres additifs à la performance).

Récapitulons rapidement ce que nous avons au cours de cette section portant sur la théorie

socioculturelle des activités sportives et physiques. D’abord, nous nous sommes attardés à l’offre

et à la demande en matière d’APS. Dans un deuxième temps, nous avons tracé un lien entre la

demande et les conditions matérielles et sociales d’existence pour enfin discuter brièvement de

l’habitus. Ensuite, nous nous sommes penchés sur la notion du rapport au corps, en nous attardant

plus spécifiquement sur quatre types de rapports au corps : instrumental, hygiénique, esthétique

et performatif. Finalement, nous avons fait correspondent les définitions de ces rapports au corps

à des classes sociales distinctes. Mettons maintenant en application ces différentes notions

théoriques en effectuant une lecture bourdieusienne du film de Pierre Falardeau et de Manon

Leriche Le Steak.

4. Étude de cas : documentaire Le Steak

4.1. Présentation du documentaire

Le Steak36 est un documentaire réalisé par Pierre Falardeau et Manon Leriche retraçant la

vie du boxer québécois Gaétan Hart, un natif de la région de Buckingham en Outaouais.

Tristement célèbre pour avoir tué un de ses adversaires dans le ring (Cleveland Denny), Hart

35 Voir : Idem. & Bourdieu, Pierre. (1978). « Comment peut-on être sportif ? » dans Questions de sociologie. Paris : Éditions de Minuit. p. 193-195 36 Falardeau, Pierre & Manon Leriche. (1992). Le Steak. Office National du Film. 76 minutes.

16

raconte sa vie à la caméra, à travers les différents combats qu’il a menés à l’intérieur et à

l’extérieur du ring. Aussi, pendant le documentaire, le téléspectateur est invité à suivre

l’entraînement de Hart, sa préparation au combat ainsi que son combat contre Michel Galarneau

(1992).

« Si je suis rendu là aujourd’hui, c’est pas de la faute à personne, c’est de ma faute à

moi. »37. Dès son jeune âge, Gaétan Hart est attiré par les sports de combat. Élevé par un père dur

et froid, il apprend très tôt que rien ne lui sera donné dans la vie et que s’il veut aller loin, il devra

le faire par lui-même. Issu d’une famille de la classe ouvrière, Hart découvre très tôt qu’il ne

passionne pas pour l’école. Il quitte d’ailleurs l’école très jeune pour se trouver de l’emploi. Son

premier « boulot » sera de ramasser les ordures pour la ville de Buckingham; une tâche qu’il

qualifie de dure et redondante (surtout pour 36$ dollars par semaine). Jeune homme agressif et

rempli de frustrations intérieures, Hart se tourne vers la boxe, un sport qui va lui permettre

d’extérioriser sa frustration au sein d’un milieu positif dans lequel il sera accepté sans préjugés.

Spécialement doué pour les types de compétences requises pour ce sport, Hart s’entraîne

durement et débute sa carrière de boxeur le 6 décembre 1972 face à Paul Colette38. Il connaît un

relatif succès à ses débuts et comprend bien vite qu’il peut faire beaucoup plus d’argent avec la

boxe qu’avec les ordures. Il consacre sa vie à la boxe jusqu’en 1984, année où il décide de

prendre sa semi-retraite en tant que boxeur. Il revient en 1992, 1994 et 2000, mais après quelques

échecs, il abandonne pour de bon sa carrière d’athlète professionnel en 2000.

Chose certaine, le documentaire Le Steak offre la possibilité de mettre en application

certaines notions théoriques vues à la dernière section. Parmi celles-ci, nous examinerons, en

priorité, la notion du rapport au corps contenu dans ce qu’il convient d’appeler l’habitus corporel.

37 Ibid. 38 Pour l’ensemble des combats de Hart, voir : http://www.boxrec.com/boxer_display.php?boxer_id=002597 (consulté le 9 décembre 2006)

17

Ainsi, nous étudierons la vie de Géatan Hart, telle qu’elle nous est racontée dans le documentaire

de Falardeau; du même coup, nous tenterons de valider l’hypothèse suivante : les conditions

matérielles et sociales d’existence façonnent des habitus différents qui, à leur tour, perpétuent un

rapport spécifique au corps lequel, en définitive, incite l’agent à choisir une telle activité

physique ou sportive plutôt qu’une autre.

4.2. Rapport au corps instrumental

Considérons ce premier aspect : Hart provient d’un milieu ouvrier. Son père, un

travailleur en usine, gagne durement sa vie et subvient maigrement aux besoins de sa famille. Il

va sans dire que les conditions matérielles et sociales d’existences de Hart ne le prédisposent pas

à détenir beaucoup de capital économique ou culturel. Force nous est donc de constater que

l’habitus de Hart s’est graduellement forgé face à l’ensemble des « possibles » auxquels il a été

exposé durant sa vie. De plus, la notion de rapport au corps subit, elle aussi, les déterminations

des conditions sociales et matérielles d’existence; cela veut donc dire que l’origine socio-

économique de Hart a vraisemblablement joué un rôle important dans son choix de pratiquer la

boxe.

Concentrons maintenant notre étude de cas sur le rapport au corps correspondant à la vie

de Gaétan Hart. Ainsi, il est possible, je crois, d’affirmer que le rapport au corps instrumental est

celui qui englobe le mieux la vie et la carrière de Gaétan Hart. Pourquoi ? Parce que d’abord, il

perçoit son corps comme étant un outil fonctionnel et efficace : « j’continuais à boxer parce

c’étais ça mon gagne pain, c’tavec mes poings que je gagnais ma vie moé […] moé, si je suis pas

en forme, je suis malheureux; j’ai passé ma vie à être en forme. »39. On peut donc voir que le

corps de Hart, ici entraîné en une machine à se battre, véhicule non seulement le désir de

39 Hart Gaétan dans Ibid

18

s’entraîner pour outrepasser les limites, mais demeure, et c’est ici que l’on constate un

détachement par rapport au performatif, un moyen pour gagner sa vie. De plus, le rapport de type

instrumental renvoie à une plus grande tolérance aux blessures et à la violence : « Me faire tuer

dans l’arène de boxe? Si j’ai à mourir avant 40 ans, j’espère que ça sera là-dedans […] faire la

guerre, c’est se battre; c’est d’être capable de se battre jusqu’à la fin, jusqu’au bout de la

souffrance. ». Hart met ici l’accent sur le corps qui doit être en mesure de résister à la souffrance

lui étant infligée.

4.3. Profit économique et mobilité sociale

Selon Bourdieu, le rapport au corps de type instrumental instaure chez les agents le désir

de rechercher des activités physiques et sportives pouvant offrir une certaine forme de mobilité

sociale ou encore de profit d’ordre économique. Compte tenu de ce fait, il faut voir que pour

Hart, la boxe est un moyen de récolter de l’argent. Aussi, c’est un moyen d’obtenir la

reconnaissance de ses pairs et, plus largement, d’une certaine partie de la société :

« La boxe, ça m’a tout le temps sauvé; ça m’a tout le temps permis d’aller me chercher de l’argent, un 2000 ou 3000$. J’me bats pour l’argent, sûrement pas pour les beaux yeux de mon adversaire! […] ce qui m’épate de la boxe, c’est que tu sois blanc, noir, jaune, bleu, t’es respecté peu importe où tu vas […] tsé, j’étais un gars connu moé, le monde y me reconnaissait dans rue. »40.

De plus, pour Hart, la réussite ne semblait pas une option, mais la condition quintessencielle de

son émancipation face à un milieu ouvrier relativement pauvre et sans grandes promesses pour

l’avenir. Dans le même ordre d’idée, Hart rappelle le fait suivant : « Si j’avais pas fait de boxe, je

serais sûrement en prison, je serais un criminel parce que je voulais rien savoir de personne […]

pour moi, c’est do or die. »41.

40 Hart Gaétan dans Ibid. 41 Idem.

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Ainsi, pour Hart, la boxe semble s’être avérée porteuse d’une certaine mobilité sociale : après

avoir remporté quelques titres canadiens et avoir combattu contre quelques-uns des meilleurs

pugilistes de la planète, Hart est un personnage connu de la scène sportive québécoise des années

’8042. Plus encore, on le demande en entrevue à la radio, à la télévision et on relate ses combats

dans les grands quotidiens québécois. Force nous est donc de constater que Hart s’est élevé au

sein de la hiérarchie sociale, passant du vidangeur inconnu de Bukingham, à l’un des boxeurs

poids léger les plus connus de son époque au Québec43.

Tout compte fait, si nous revenons à l’hypothèse énoncée plus haut, il semble plausible,

d’après ce que nous avons examiné sur Hart, de conclure qu’effectivement, les conditions

matérielles et sociales d’existence spécifiques à la vie de Hart ont, de manière inconsciente,

formé un habitus spécifique qui s’est traduit en un rapport au corps de type instrumental. Les

différentes caractéristiques de ce rapport instrumental semblent, à leur tour, avoir joué un rôle

important concernant le choix de Hart de pratiquer la boxe plutôt qu’un autre sport comme le golf

ou le tennis.

Finalement, l’exemple que nous avons regardé dans ce travail n’est pas nécessairement

représentatif de l’ensemble des boxeurs québécois ou canadiens. À cet effet, il pourrait très bien y

avoir des cas contradictoire à ce que nous avons observé et une analyse similaire pourrait

conduire à une tout autre conclusion.

42 À ce sujet, voir : Darling, David. « Gaétan Hart ». Champ Boxing. En ligne, URL : http://www.champsboxing.com/david_darling/gaetan_hart.htm (consulté le 5 décembre 2006) & Léveillé, Gilles et Michel Tremblay. « Assainir la boxe au Québec? ». Archives de Radio-Canada. En ligne, URL : http://archives.cbc.ca/IDC-0-60-1151-6325/sports/boxe_quebec/clip2 (consulté le 5 décembre 2006) 43 Idem.

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5. Conclusion

Revoyons brièvement les différentes parties de ce travail. Tout d’abord, nous nous

sommes attardés à la présentation de l’école bourdieusienne de la sociologie du sport. À

l’intérieur de cette première grande section, nous avons consacré une partie à la place de l’école

bourdieusienne dans la sociologie du sport contemporaine et une autre au rôle qu’a joué Bourdieu

dans le développement de la sociologie du sport.

Dans la seconde grande partie de ce travail, il a été question de la théorie socioculturelle

des activités physiques et sportives. Après une brève présentation, nous nous sommes attardés à

l’offre et à la demande en matière d’activités physiques et sportives pour finalement, dans la

dernière section, nous pencher sur le concept du rapport au corps.

Finalement, dans la dernière section, nous avons tenté de mettre en application les

concepts théoriques étudiés au sein de ce travail en utilisant le documentaire de Pierre Falardeau

et Manon Leriche Le Steak. À l’aide de la figure principale du documentaire, le boxeur Gaétan

Hart, nous avons essayé de démontrer, par les conditions sociales et matérielles d’existence, la

formation d’un habitus spécifique ainsi que le façonnement d’un rapport au corps particulier,

qu’il y avait bel et bien une propension à choisir tel sport ou telle activité physique

dépendamment de notre origine socio-économique.

La sociologie du sport couvre une très large étendue de perspectives théoriques issues de

traditions relativement hétérogènes. Quoique relativement populaire dans les milieux

académiques francophones, la vision proposée par Bourdieu et ses successeurs semble gagner

tranquillement en popularité chez les sociologues de langue anglaise ou autre. Le corpus de

littérature bourdieusienne s’agrandit à chaque année et plusieurs auteurs viennent même y greffer

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des éléments théoriques afin de le faire correspondre plus étroitement à la réalité étudiée ou

analysée. À titre d’exemple, le travail de Sankoff et Laberge introduit des notions féministes dans

la notion d’habitus corporel chez la femme44; Fabien Ohl tente quant à lui de tracer un parallèle

entre goût et culture de masse à travers les consommations liées au sport45. Bodin, Héas et

Robène tentent quant à eux de critiquer le cadre théorique présenté, entre autres dans ce travail, à

l’aide d’une étude sur le golf en tant qu’activité ouverte à une vaste étendue d’agents sociaux46.

Si l’on convient que le rôle du sociologue n’est pas d’être « le perroquet du sens

commun »47, le cadre théorique suggéré par Pierre Bourdieu se veut avant tout une boîte à outil

renfermant des instruments pour mettre à jour et tenter de combattre l’inexorabilité de la

reproduction des inégalités sociales, dans le sport comme ailleurs : « The true freedom that

sociology offers is to give us a small chance of knowing what game we play and of minimizing the

ways in which we are manipulated by the forces of the field in which we evolve, as well as by the

embodied social forces that operate from within us. »48.

44 Laberge. Suzanne et David Sankoff. (1988). « Actvités physiques, habitus et styles de vie ». dans J. Harvey et H. Cantelon (éds). Sport et pouvoir : les enjeux sociaux au Canada. Ottawa: Les Presses de l'Université d'Ottawa 45 Ohl, Fabien. (2004). « Goûts, pratiques culturelles et inégalités sociales : branchés et exclus ». Sociologie et sociétés. 36(1). 46 Bodin, Dominique et als. (2004). « Les goûts sportif : entre distinction et pratique élective raisonnée ». Sociologie et sociétés. 36(1). pp. 188 à 207 47 Wacquant, Loïc; cité dans Cyran, Olivier. (2001). Propos recueillis entre Pierre Carles et Loïc Wacquant. Paris : 15 février. URL : http://www.homme-moderne.org/images/films/pcarles/socio/cyran.html (consulté 6 décembre 2006) 48 Bourdieu, Pierre. & Loïs Wacquant. (1992). An Invitation to Reflexive Sociology. Chicago: The University of Chicago Press. p. 198

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6. Bibliographie

Actes de la Recherche en sciences sociales. (1989). « L’espace des sports 1 ». num. 79 Actes de la Recherche en sciences sociales. (1989). « L’espace des sports 2 ». num. 80 Actes de la Recherche en sciences sociales. (1994). « Les enjeux du football ». num. 103 Kitchell, Mark. (1990). Berkeley in the Sixties. 117 minutes. Bodin, Dominique et als. (2004). « Les goûts sportif : entre distinction et pratique élective raisonnée ». Sociologie et sociétés. 36(1). pp. 188 à 207 Brohm, Jean-Marie. (1992). Sociologie politique du sport. Nancy : Presses Universitaires de Nancy. Bourdieu, Pierre. (1978). « Comment peut-on être sportif ? » dans Questions de sociologie. Paris : Éditions de Minuit. pp. 173-195 Bourdieu, Pierre. & Loïs Wacquant. (1992). An Invitation to Reflexive Sociology. Chicago: The University of Chicago Press. Bourdieu, Pierre. (1994). « Les Jeux Olympiques. Programme pour une analyse » Actes de la Recherche en sciences sociales. pp. 102 & 103 Clément, J.-P. (1994). « Les apports de la sociologie de Pierre Bourdieu à la sociologie des sports ». STAPS. (35) Octobre. pp. 41-49 Darling, David. « Gaétan Hart ». Champ Boxing. En ligne, URL : http://www.champsboxing.com/david_darling/gaetan_hart.htm (consulté le 5 décembre 2006) Elias, Norbert & Eric Dunnig. (1994). Sport et Civlisation. Paris : Fayard. Falardeau, Pierre & Manon Leriche. (1992). Le Steak. Office National du Film. 76 minutes. Laberge. Suzanne et David Sankoff. (1988). « Actvités physiques, habitus et styles de vie ». dans J. Harvey et H. Cantelon (éds). Sport et pouvoir : les enjeux sociaux au Canada. Ottawa: Les Presses de l'Université d'Ottawa. Laberge, Suzanne et Jean Harvey. (1995). « Présentation ». Sociologie et sociétés. (27)1. pp. 5-14

Laberge, S. et Kay, J. (2002). « Bourdieu's sociocultural theory and sport practice » In Joseph Maguire and Kevin Young (Eds), Theory, Sport and Society. Londres : Elsevier. pp. 239-266 Laberge, Suzanne. (2006). Présentation PowerPoint du cours KIN 1037 : APS et sociétés. Montréal : Université de Montréal. p. 7

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Léveillé, Gilles et Michel Tremblay. « Assainir la boxe au Québec? ». Archives de Radio-Canada. En ligne, URL : http://archives.cbc.ca/IDC-0-60-1151-6325/sports/boxe_quebec/clip2 (consulté le 5 décembre 2006) Liste des combats de Géatan Hart http://www.boxrec.com/boxer_display.php?boxer_id=002597 (consulté le 9 décembre 2006) Ohl, Fabien. (2004). « Goûts, pratiques culturelles et inégalités sociales : branchés et exclus ». Sociologie et sociétés. 36(1). pp. 209-228 Vaugrand, Henry. (2001). « Pierre Bourdieu and Jean-Marie Brohm ». International Review for the Sociology of Sports. (36)2. pp. 183-201 Wacquant, Loïc; cité dans Cyran, Olivier. (2001). Propos recueillis entre Pierre Carles et Loïc Wacquant. Paris : 15 février. URL : http://www.homme-moderne.org/images/films/pcarles/socio/cyran.html (consulté 6 décembre 2006) Wacquant, Loïc, cité dans McLemee, Scott. (2002). « L’influence de Pierre Bourdieu, décédé mercredi, et de ses derniers projets.» The Chronicle of higher education, 25 janvier. URL : http://www.homme-moderne.org/societe/socio/wacquant/chronicUS.html (consulté 6 décembre 2006)