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LA SOUMISSION

DES BAWANDdl

PAR M L TE S TU

« La soumission », c est un mot qui Ya su

s agissant d une peuplade du Gabon où il 1:

question de coups de fusil depuis longtemps.

J ai donné cependant la préférence à ce

comme rendant d une manière plus précise,1

forme à la réalité, la physionomie d évènemenlvais re tracer l histoire ancienne et r écente. To

est celui de rébellion » en particulier, et

<<révolte» m  a paru impropre.

Le passé, j en trouve le récit dans les arc

P?s.t_e. ~ a s t ~ u r s ~ i l l e le p r é s ~ n t , si j e peux

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LA SOUMISSION

DES B \N NDdl • -

PAR M L TESTU - - - -

« La soumission » c est un mot qui va surprendre,

s agissant d une peuplade du Gabon où l n est plus

question de coups de fusil depuis longtemps.J ai donné cependant la préférence à ce vocable,

comme rendant d une manière plus précise, plus con

forme à la réa lité, la physionomie d évènements dont jevais retracer l histoire ancienne et récente. Tout autre,

est celui de « rébellion » en particulier, et celui de« révolte» m a paru impropre.

Le passé , j en trouve le récit dans les archives duposte de Las toursville; le présent, si je peux dire, j en

ai été le témoin ; j y ai même été un peu acteur et l on

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12 ~ O C I DE,; BI-:CIIEIICIIES f : O N t ~ O L A l S E

Or, Bawandji et Badouma, sont une seule et m êmeraœ. Pourquoi porte-l-elle deux noms'? Les Badoumao nt-ils ù une ('poque antérieure formé un grou ped isti net ' E ~ t d'l ns l sui tc des temps q u' ils se sont

g r é g t · ~ aux Bawandji , ou ceux-ci _à ceux-là.' A u l ~ n té n i g m t · ~ que rien ne permet de r e ~ o u d r c : D u 1 ~ c C:>.IS

Ience de dt•ux groupes indépendants, les Jn< Jgcnes neconsnvenl nul ~ o u H • n i r ; à "h eure actuelle, Jls parlentla mème langue. on l ies Jllt;mcs noms de clan, le_s mêmescoutumes; ils se marient entre eux et les echangesde population sont con st a nt s. Il n'y a de difl'érenceperceptible entre les uns ct les autres q u ~ d a ~ 1 s laprofession : les Badouma sont des BawandJl qu1 pa gayent.

L'un des pt:·res de la :-.tission ac tuelle de FranccYille ,qui connut bien les p o p t t l < ~ l i o n s d_e Last_oursvil_e,_ oùs·(·tait ll'<ll)()rd il y a -Hl ou .lU ans, lllstallec la ~ h s s 1 0 n ,)·un de ces pi·;·es: dis-je, mt· repn:·sentait les Uad o uma

comme avant vis..:'à-vis d e ~ Bawandji la si tuation ducadet p a 1 ~ rapport il "ainé .Je n'ai mPmc plus t rou\·étrace d e cette subordination. Aujourd 'hu i , les deuxno m s Ùlppliquenl à une mème race. Les Bawandji sont

p r i m i t i f ~ Badouma J_>lus _ci,·iJisés <?) ;c est unear i stocratie el, de La s toursnllc a Poungu1, on entendde plus en plus la phrase: ,, Nous_autres, 1_3adourna . . . . . 1> Il t• sl possible que le prem ier n om v1enne àdisparailre. J e les consen·erai cependant to us les deuxawc leur acception actuelle, pr esqu e p u r ~ ~ n e n t topo_waphique: les Badouma seront il's BawanÙJI de la nvJcrc.

Ces po pu la lions so nt très voisines des B ~ n z a b i (N dj a vi,

Andjavis des ca rt es), elles les o 1 1 ~

auss1 et par conséquent, des Ba viii de L o a n ~ o   ~ e s L ~ ~ n g o s )qui sont de s Ba nzabi i g i J ~ c ~ ~ d e s Ba_nlJ de S m ~ a r a( h i lis des caries) cl de Selle-Cam a, qm sont auss1 deslianzabi, ces d( UX derniers grou pes ém igrés, comm e lepremie r , d'entre Ogooué el Lolo, mais à une da te bienpostérieure et tout à rail récente.

La population wandji ne vit à l'é tat de pureté_qu'auNord et à l 'Ouest de son habitat. Au Sud, les v illagessont m élangés de Bangomo, Bambahon, de Bandassa, àl'Est de Bakota ct de Uamba mba. Le mél ange est siintime qu'on a rrive à ne plus savoir à laquelle de c ~ sp euplades affecter tel ou tel individu, dont les SIX

MÉMOIRES OR IGINAù X 3

ascendants im médiats, par ex emple, appartiennent àq u a t r ra ces différe:1tes, les unes à filiation paternelle,les autres à filiation maternelle.

Quand j 'a u ra i ajouté que les individ us sont particuliè rem ent in dépendants, que moins que d'autres il s seré s ign ent fi accepter une autorité, qu ' il s paraissent

mê m e d epu is lo ngte mps faire bon marché de ce lle d e lacoutume, j 'aura i donné une idée du genre d 'ind igènesqui ont retenu notre activité de 1928 à 1929.

•••

Je dois encore préciser que lques habitudes de larégion pour permettre d'en mieux sentir e n quelquesorte l'atmosph è re .

Tou s les habitants ont des mœurs extrêmement ru des.Les fonctio nn a ires qui ont servi dans les circonscriptions

pl us m é ridiona les, celles qui s'appellent à présent laN'Gounyé, la Nyanga, les Ouroungous , se ra ient é tonnésd e la brutalité apportée au règlement de s pa labres.

Alors que dans celles-ci, tout se borne le plus souventà l'e nl èvement de quelques femmes ou enfa nt s, alorsque, en cas de g uerre, outre ces rapts, on ne cons tategu ère que d es in ce nd ies de v illages et des co ups defusil, ti rés h abituellement hors de p o r t é ~ ; , qui font rarement d es victimes et seulement par ma lc ha n ce, alorsqu'enfin les cr im es de sang eux-mêmes sont rares; dansces pays de l'Ogoo ué-Moyen, on semble fa ire très bonmarché de la vi e humaine; les habitants, de toute race,

ont le coup de fusil facile ; pour le plus léger prétexte lapoudre parle et si les victimes ne sont pas plus nombreuses, c 'est que le coup de fusil rate: un pa la bre demariage ne se résout pas au gr é d'un plaignant? Coupde fusil s ur son adversaire ou sur telle personne d e so nvillage; d es Ado umas pagayeurs ont fait du commerceavec les Bachaké d e la ri ve, ils n 'o n t pas payé leursd e ttes ? Coups d e fusil sur les pirogu es Adoumas, etc.,etc., pu is interminables représailles où le sang ne cessed e couler.

Telles étaient les populations au milieu desquellesadministrateurs, miss ionnaires, commerçants ont dû

vivre depuis 50 ans.

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14 SOCIÉTÉ DES RECHERfHF > t:ONr.OLA ISES

Il va sa ns dire qu e les confl its ont été d 'a utant plus

nombreux que les contacts sont devenus p lus é troits. •

Du te mps d e la première occupation , qui s est

minée en tre 1896 et 1900 les ar chi ves très in complètes

de Lastoursville ne permellen t pas de fixer de da te onne sait pas grand chose sur les difficultés qui on t pusurgir enfre le pos te et les indigènes, Bawandji ou au tres .

Les fonctionnaires n ont préoccupation : as sut·er les transports. Ils ne sortent guère de leur poste,

si ce n  es t pour d es questions en tJ uelque so rte commerc ia les : recrutement de pagayeurs, co nstruction de

pirogue, achats de viv res el tou t semble se traiter à lamaniè re d'un commerçant. Ce qui compte- ma is ce la n  aguère changé c'est le prestige indi v d ue l , c est l adr esse,

le tour de main. Ce sont au ss i les cadeaux qu  on sa it ne

pa s épargner en cas de nécessité. L'autorité ne se fait

pas senti r.

Du peu qui reste de s vieux papiers, il n  es t i b l ede ri en déduire. l y a eu des difficultés ent re les incorrigibles bricoleu rs que sont les Adoumas et les villages

de la rive : Ba mb amba, Bachaké, Pahou ins, régléesco mme je le disais à coups de fusil ou pa r des pi llages

de pirogues, sa ns souci du propriétaire. Les auxilia ires

indigènes, par leurs ex igences in temp es tives, ont pro

voqu é quelques conflits .

J e ne trouve rien dans ce peu d  a ncienn es ar chi vesqui no us reste. Mais il dut y avoi r quelques démêlés

ent re les fonctionnaires du poste et la population, puis

q u  en 1896 le chef de station RATIER ét ait b lessé à Limb enga, village wandji situé à une pe tite h eure, et revenait mourir au poste. Du moins telle ·semble être laversion officielle du décès. Y a- t-il eu a ut re chose et

s'agit-il bien d un m eu rtre? l m eu t fà ll u in terroger les

anciens ha bitants européens de Lasloursvill e, en l'espèce trois miss ion na ires , fondateurs ou premiers occupa nts de la Mission encore vivants : les pères DAHIN;HEE et BITON. Mais le prem ier est au Fe rnan-Vaz,

le se<ond, qui es t rentd en France, rés idait à Fr ancevi lle avec le troisième. Aucun ent ret ien n a été possible.

En résumé, l ancienne ad ministration ne dem andait

r ien aux indigènes, elle n 'avait pas de difficultés avec

eux.

·

MÉMOIRES ORIGINAUX 15

••• •l a.lla pas de même avec la Mi ss ion ca tholique

LH .auss i, JC ~ a n q ~ e de d  a rchi ves (1):ma1s la trad1hon y s up pfeera. . ·

. eu t-il chez les indigènes hostilité contre l évangélisaltoi.l? Je ne le cr ois pas, l indifférence a dû dominer.

Ma1s le ma téri el de la Mission, des ma rchan di sesreçues J.?ar elle et tran spor tées par les indigènes ont dû

tenter b1en gens. J 'imagine qu 'if y a dû se pe rpétrervols, qu Il a fa llu les punir ; des rancunes ont dû

na1tre cont re cette espèce de blancs qui avaient desma rchandises et qui ne fa isaient pas de commerce.

On a dû les considérer comme in dés irables et on atrouvé tout s itnple de les mol ester.

Là. . la pou.dre a pa rlé, tant et si bi en qu on

hre r, a la nutt tombée, des coups de fusil sur les

e s ~ en p r ~ n comme but la lampe réfectoire. Lalrad thon attnbue ces ten tatives crimine lles a ux habi

tants des villages de Mndoukou, situés à environ troish cm es du pàsle. Qu é taient ces indiuènes? Des Ba

wandji. c : e ~ t la première mention q0u on trouve de

leur hostilite.--a. t ~ o n evint rapidement in tenab le pour la

M1sswn, qu 1 partit pour Franceville, heureuse de céder

son é tab lissement à la Société du Haut-Ogooué.

•••Elle 1ui transme tta it en m ême temps ses difficul tés

ayec indigènes. Ceux-ci, en effet, poqva ient s'enhar

du ; 111 le meurtre de RATIEn. , si m eurtre il y a eu, ni les

a ttaq ues contre la Mission n avaient été punies. Et peu 'avant 1900, le pos te lui-même éta it évacué. La S. H. O. ,il es t vrai , avait ses milic iens. Elle s en es t se rvie . v e ~quel succès? J e n 'en sa urnis rien dire. Mais des conflitson t s urgi à coup sflr. Il y en eut après 1909, da te de laréocc upa tion. Point de doute qu ' il n e s en soi t produita up a ravant.

(1) Nous publions en « Annexe », un ext rait du livre du GouverneurA. F ouuNEAU, publié da ns le n• 4 d avril 1931du ul letin de l  friqueFrançaise~ o u s le tit_•·e « Au v i e ~ x. Congo . _Notes de route» , où sont re latés par Je c hefde ln s tahon de Mad.VIIIe les m cidents qui mi rent aux pr ises la Missioncntholique dirigée p ar le R. P. Hl CHET et les Bawandji.

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16 SOCIÉTÉ DES RECHERCHES CONGOLAISES

....

Depuis cette réoccupation de Lastoursville, 1909, i l ne

se passe guère d années sans que les Bawandji fassent

parler d'eux. Et cela se conçoit:

Qu on imagine une population au caractère indépendant et ombrageux, un poste qui s établit à son voisinage et a besoin d'elle à divers ti tres, mais n a enrevanche ni le personnel suffisant pour des tournéesfréquentes, ni les forces de polièe capables d  insp irerle respect, et ce seront n'est-il pas v rai? de perpétuels

conflits.Des Adoumas proprement dits, exclusivement pa

gayeurs, rien à attend re. Ils paient l impôt sans diffi-•cuité, rachètent les prestations et trom>:ent dans leuil .emploi l'excuse de ne point faire de cultures, ou si peu.

Les villages sont perpétuellement vides.

Veut-on des corvées? Et on en a besoin dans un postequi se fonde. Veut-on des vivres? Veut-on progressivement généraliser J'application des lois et t·èglements?Qui rencontre-t-on d'a bord ? Les Bawandj"î. Et pendant

20 ans, ils nous ont à -peu près toujours dit : Non 1 Appuyant leur refus des coups de nécessaires à nous

bien convaincre. •Le poste de Las toursville est insta llé en févri   r 1909.Sans tenir compte de difficultés survenues avec des

Bachaké en septembre de cette année-là, je relève dès

avril 1910, ui1e opé ration de police contre des Bawaodji.Des indigènes de cette raèe, appartenant au village

Licègo, à 2 kil? Jlèlres de l'Ogooué en aval de Las toursville, prennent parti dans un palabre matrimonial ent reBakota et Bachaké et tu ent une femme. L adminis

trateur GuiBET veu t in tervenir dans le règlement et faire

a rrêter lP meurtrier. Ses envoyés sont expulsés avecmenaces; i l se rend lui-même au village ci-dessus indiqué avec 28 gardes et, s'il y a lieu de su pposer que lespertes des indigènes ont dépassé les nô tres , i l n  en restepas moins que nous y perdons deme 'gardes et deux

pagayeur s tués, deux gardes et un pagayeur blessé. Etl administrateur a dû quitter la place. €e n est que plus

tard, en décembre, après sans doute bien des discours,

qu un règlement intervenu sera exécuté; on paiera 25 fusils et 500 neptunes. De sanctions pénales, aucune. ..

MÉMOIRES ORIGINAUX 17

Si bien que la situation politique parut empirer. Desgens de Madoukou firent même une démonstration bel

u ~ u s e et a d m i a ~ e u CHALET crut de-xoir requérirl asststance des mtltlaJres qui occupèrent Booué•. Unadjudant el 13 tirai lleu rs renforcèrent pendant au moins

tJ·ois mois (février-avril 1911) les forces de police deLasloursville . ·

t 9 t t Une section de gardes recherche des Bawan

dji détenu s ~ o u r vol la s H. O. et éyadés. Reçue àcoups de ftlSlJ., elle fa1t demt-tour et dèux jours après,

ces mê':lles Bawandji tente_nt d  en lever un garde à l'em.barcadere du poste. On met Lastoursville en dé fense.

En juin,, les g a ~ d é s in terviennent -dans une affaire'd e n l è v e m e n ~ de m m e . Nouvel échec, ils doiven t regagner le pos te blessés par les pointes de bambou dont ona semé leur chemin. · · ·

t9t2 Çe ~ : m t " e n c o r e des vols à la S. H. O :,.perpétrés par md1gènes de Poungui et B e m b é c ~ n i , cesê ~ vtllages qui occuperont . la chronjque desa_nnees et 1929. L administrateur veut interveniri l est explicitement éconduit. . '

. t t 3 ___.M. _l'administrateur GAFFORY. ne signale_Jen de grave, ·b•en qu a u cours de tournées il -ait étéreçu dans des villages pa r. les armes.

t t 4 - .M: BAscouL dès v i c e ~ civ-ls, est attaqué

et a un garde . blessé. Toutefois, il y a soumission

ul térieure. ·On ne signale rien en 1915. 1 9 1 6 .

.

t 7 q u e d'un village Adouma par des Ba

wandJl. Mats les chefs renient· Jeurs administrés ·et .q u a t o ~ z e a r r e s t a t i o n s so nt opérées.

.Puis, p ~ n ~ a n t 10 ans, on ne parle plus des Bawa·ndji.Est:-ce la patx? Es t-ce la soumission qui s obtient à Ja

, p ~ r 1effet du ~ o n t a c ~ quotidien, p;Jr l interven tion dts«rete dans la vte de la population ? On pourrait

le croire, on l'a cru. En 1922, l a d m i n i s t r a t e u r oN-

T ES-PAN visite ces villages turbulents; les chefs. viennent ·au poste. Les t i ~ s commerciales avec S-  H. O.- .

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18 SOCII :-fÉ DES RECHERC HES CONGOLAISES

sont à ce point cons tantes qu 'il s'en établit de plu s particu lières ent re un des ch efs, Wongo, qui sera celui dela dern ière ag itation, et les agen ts de la Société. Cetteannée là et l'ann ée suivante, les administrateurs de lacirconscription écrivent : « II n  y a plus de dissidence

et on commence à fai re payer l impôt à un taux q uirestera un taux de faveu r jusqu en 1929 ».

Un pas important avait été fait. On était ent ré en relations avec des gens jusque là insoumis, l aurait fa llu

continuer. On ne le put sans doute pas. Les a d m i n iteurs ou furent de santé débile, ou furent mal secon dés,ou enfin, faute d administrateurs, les intérims se pro

longèrent confiés à des agents des Services civils cum ulant toutes les fonctions. Si bien que je ne saurais ~ t xcompa rer cette période qu à celle de l'occupation primi

tive. Les Bawandji insoum is ne firen t pas parler d eux

parce qu  on ne leur demanda rien.

Se tena ient-i ls tranquilles pour a utant ? Au poste, onne savait rien , mais à la S. H. O. , on éta it renseigné.Le peu d'obli gations acceptées par ces indigènes indé

pendants commença it à leur semb ler intolérable etl'agent de la Compagnie en remet tant le service à sonsuccesseur, en décembre 1927, ne lui laissait pas ignorer

qu  à son avi s , une explos ion était proche .A cette époque, l arlmin istrateur TuRENNE venait

d'arriver. Il n'ignora rien de ces opinions dont l eu tl écho par le chef de cercle la S. H. O. Mais comment

croire à ces pronostics pessi mistes, ap rès une aussi

longue période d e tranquillité? Au surplus tout allait àl encontre. En 1927, l impôt avait été payé ; en 1928, efut de même. Les groupes que l'on suspectait fourni s

saient des viv res a u marché, amena ient des prestatait·espour les travaux du poste. Aucun signe prémonitoired une agitation quelconque.

Calme trompeur. En mai 1928, le .chef Wongo s opposa it les armes à la main à ce qu 'on recherchât des pres

tataires enfuis. A la fin du même mo'is, dan s une terre

con tiguë à la sienn e, des coups de fusil étaient ti rés surl adjudant GRÉM de la Garde régionale envoyé pou rreche rcher deux mousquetons perdus dans un chavirage.

La « guerre» commençait .

MÉMOIRES ORIGINAUX 19

•••

Que savait-on a lo rs de la région troublée? Pas grand

chose. On circonscriva it l agita tion dans deux terres,

représe ntant ensemble environ 700 habitants de sexe

ma sculin ; on leur connaissait 27 fusils, presque tous àpierre; on relevait à leur bénéfice la délivrance récentede bons d achat de poud re for mant ensemb le 3 kg . 500.

Si le recensement était impa r(ait et des plus confus,J erreur estimée étai t n ~ g l i g e a b mais on se doutait

que les rebelles ava ient des sympathies partout, même

et d abord chez leurs congénères les Badouma. On leur

prêta it des complicités tout autour de leur habitat,

da ns les terres Bawandji non soulevées, puis chez les

autres races : Banzabi, Bangomo, etc. On allait même

jusqu à trouver des prolongements à la révolte dans lacirconscription du Haut-Ogooué. En un mot, beaucoup

de légendes amplifiaient l im portance de l'agitation.Le plus grave c était l'ignorance où l'on restait sur

l armement et les mun itions. On ne fait pas la guerre

avec 27 fusils et 7 livres de poudre. On soupçonnait on savait, ou mieux qu elqu u n avait su - qu il y enavait davantage , mais on ignorait combien.

C'est au milieu de ces in certitudes que l administrateur TuRENNE, chef de la circonscription décida d 3llerse rendre compte par lui-même de la situation. Il n éta itpoint, tant s en faut , résolu à exécuter d'office un eopér ation de police, mais l prit des. précautions. Touten annonçant partout des in tentio ns pacifiques, lemmena avec lui 40 gardes et 1.200 cartouches .Il fut 'mal reçu, à 4 heures du poste on lui blessa itdeux gardes. Il poussa jusqu à B e m b ~ c a n i à 25 kilomètres du poste, vidage du chef de terre, en ti raillant

avec les indigènes. Il y resta plusieurs jours, envoya des

ém issaires sans succès et décida de s'en retourner. Aa

cours de ces journées, on lu i avait tué un garde envoyéen corvée .

On l attend ai t d a i l l e u r s ~ ur la route et à une heure et

demie de Lastoursvil le, il recevait encore des coups defusil.

On ne pouvait plus se faire d illusions, les relations

étaient bien rompues avec les Bawandji; il n  était plusqu estion de conversation.

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18 SOClli.TÉ DES RECHERCHES CONGOLAISES

sont à ce point cons tantes qu il s'en établ t de plus J?articulières ent re un des chefs, Wongo, qm sera celu1 dela dernière agitation, et les agents de la Société. Cetteannée là et l'an née suivante, les administrateurs de lacirconscription écrivent : II n y a plus de d i s s i d e n c ~et on commence à faire payer l impôt à un taux qm

restera un taux de faveur jusqu en 1929 ».Un pas important avait été fait. On était entré en rela

tions avec des gens jusque là insoumis, l aura.it .fallucontinuer. On ne le put sans doute pas. Lesteurs ou furent de santé débile, ou furent mal secondés,ou enfin, faute d administrateurs, les intérims se pr o longèrent confiés à des agents des Services civils cumulant toutes les fonctions. Si bien que je ne saurais m i e ~ I Xcomparer cette période qu à celle de l'occupation primitive. Les Bawandji insoumis ne firent pas parler d euxparce qu on ne leur demanda rien .

Se tenaient-ils tranquilles pour autant? Au poste, on

ne savait rien, mais à la S. H. 0., on était renseigné.Le peu d obligations acceptées p ces i ~ d i g è e s indé

pendants commençait à leur sembler m t o h b l e etl'agent de la Compagnie en remettant le service à sonsuccesseur, en décembre 1927, ne lui laissait pas ignorerqu à son avis, une explosion était proche.

A cette époque, l administrateur TURENNE venaitd arriver. II n ignora rien de ces opinions dont l eutl'écho par le chef de cercle la S. H. O. Mais commentcroire à ces pronostics pessimistes, après une aussilongue période de tranquillité? Au surplus tout l l ~ i t àl'encontre. En 1927, l impôt avait été payé; en 1928, ll lefut de même. Les groupes que l on suspectait fournissa ient des vivres au marché, amenaient des prestatairespour les travaux du poste. Aucun signe prémonitoired une agitation quelconque.

Calme trompeur. En mai 1928 le chef Wongo s'opposa it les armes à la main à ce qu on recherchât des prestataires enfuis. A la fin du même mois, dans une terrecontiguë à la sienne, des coups de fusil étaient ti rés surl adjudant GRÉMA de la Garde régionale envoyé pour

·rechercher deux mousquetons perdus dans un chavirage.

La <<guerre» commençait.

;',fÉMOIRE$ ORIGINAUX 19

•••Que savait-on alo rs de la région troublée? Pas grand

chose. On circonscrivait l'agitation dans d eux terres,représentant ensemble environ 700 habitants de se'ltemasculin; on leur connaissait 27 fusils, presque tous àpierre; on re levait à leur bénéfice la délivrance récentede bons d achat de poudre formant ensemble 3 kg. 500.

Si le recensement était imparfait et des plus confus,l erreur estimée était nrgligeable; mais on se doutaitque les rebelles avaient des sympathies partout, mêmeet d abord chez leurs congénères les Badouma. On leurprêtait des complicités tout autour de leur habitat,dans les terres Bav,•andji non soulevées, puis chez lesautres races: Banzabi, Bangomo, etc . On allait mêmejusqu à trouver des prolongements à la révolte dans lacirconscription du Haut-Ogooué. En un mot , beaucouP'de légendes amplifiaient l importance de l'agitation.

Le plus grave c était l'ignorance où l on restait surl armement et les munitions. On ne fait pas la guerreavec 27 fusils et 7 livres de poudre. On soupçonnaiton savait, ou mieux quelqu un avait su - qu il y enavait davantage, mais on ignorait combien.

C'est au milieu de ces incertitudes que l administrateur TuRENNE chef de la circonscription décida d'nUerse rendre compte par lui-même de la situation. II n étaitpoint, tant s en faut, résolu à exécuter d'office uneopération de police, mais l prit des-précautions. Touten annonçant partout des intentions pacifiques, lemmena avec lui 40 gardes et 1 200 cartouches.

Il fut 'ma l reçu, à 4 heures du poste on lui blessaitdeux gardes. Il poussa jusqu à BembPcani, à 25 kilomètres du poste, vidage du chef de terre, en tiraillantavec les indigènes. Il y resta plusieurs jours, envoya desémissaires sans succès et décida de s en retourner. Aacours de ces joùrnées, on lui avait tué un garde envoyéen corvée.

On l attendait d ailleurs ~ u r la route et à une heure etdemie de Lastoursville, l recevait encore des coups defusil.

On ne pouvait plus se faire d musions, les relationsétaient bien rompues avec les Bawandji; l n était plus

question de conversation.

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20 SOCIÉTÉ DES RECHERCHES CONGOLAISES

L administrateur se rendait bien compte de ce que

son voyage chez les rebelles se te rmi nait en échec, lfaillait reco mmencer, aller chez eux avec les forcessuffisantes, rester et r amener chacun à son·devoir. On

décida de le fai re e n novembre.Le lieutenant CoRDIER aujourd 'tu capitaine, était

alors chef de la su bdivisio n de Booué. On le chargea del'opération. On lu i adjoignit l adjudant hors cadres

RmiEAU qui avait été, entre temps, envoyé à Las toursville pour reprendre l in st ruction du détachement desGardes régionaux. Ils parti:·ent avec27 gardes, J gradés ,dont l adjudantGR·ÉM et six ti ra il leurs que le lieutenant

avait amenés de Booué.L opération dura cinq jours, du 14 au 19 novembre.

Les résultats furent peu brillants.

La petite colonne était attendue sur la route à peu

près aux mêmes points que celle de l'administrateur

T uRENNE en juillet. Auprès du village de Moulessi, à21 kilomètres du poste, elle eut deux hommes blessésdont un grièvement .qui mourra; à 6 kilomètres plusloin, coups de fusil encore au passage de la M Béladi; un

garde est blessé au cou. Dès lo rs, la fusillade n arrête

guère; l faut des feux de sa lve pour encourager les

miliciens qui se sentent menacés par un ennemi invisible, qui les tire du fond des trous qu'il a fait aux

abords de la route. On avance cependant jusqu à

Poungui, 3 kilomètres plus loin.

C'est là qu est concentrée la r é s i ~ t a n c e chausse

trappes, palissades, etc. Il faut que les Européens pa ien t

de leur personne pour faire avancer le détachement.Le villa'ge es t lon g, la petite troupe avance, partie en

contournant les cases, partie par la cour du village; àpeine tout le monde a- t-il atteint l'extrémité qu une sa lvecouche par terre 4 hommes de l avant-garde dont l adjudant GRÉMA qui ne survivra pas à sa blessure. Le lieutenant CoRDIER n échappe que parce que la salve s adres-sait sans doute à lui. ·

Il est alors 3 h eures après-midi; on a mis 11 heures

pour parcourir une distance ·qui en demande habi

tuellément 6. On s installe au village; on y rester quatre jours. On débrousse les environs. Mais le grand

problème est le ravitaillement; il faut trouver de l eau

MÉMOIRES ORIGINAUX f

et des vivres. L eau est assez loin; les corvées envoyéesperdent des hommes blessés et quant aux vivres, ledétachement est bien faible pour en distraire de quoi

accompagner et protéger les corvées. D autant que l'orisent les Bawandji tout près; on entend leurs cris, leurs

cornes de ralliement; on subi t aussi de temps en temps

leurs coups de fusi l.L adjudant meu rt le 15; g a r d le premier blessé,

le 16. Le moral de la petite troupe baisse.On envoie chercher des renforts à Lastoursville.

Le 17 arrive le sergent Amadou de la Garde régionale,avec 15 miliciens, 3 ti r  illeurs et 23'charges de vivres;l a été-attaqué en route. ·

Le 18, on évacue les blessés qui arri veront à Lastours

ville sans incident et le 19, le détachement d opération

quitte Poungui. Il suit une route plus occidentale quecelle qui l a amené et n est pas inquiété.

Le résultat apparent de l opération est mince. Onsaura plus tard que, cette année-là, les Bawandji ont

perdu du monde, sans cependant qu on puisse obtenir

des chiffres certains faute de recensement antérieur.

Il n en re ste pa s. moins que, une fois de plus, on est

allé chez les rebelles et qu 'on ·a fait demi-tour. On n a

pas réalisé ce qu on s était proposé : installer chez eux

un poste temporaire. C'était l'idée de l'administrateurTuRENNE ; elle était bonne ; on la réalisera en 1929 et

c est ~ u t e u r de la présente note qui en sera chargé.

•••Mon premiet· soin fut de chercher à réunir des rensei

; nombre d  a rmes détenues par les agités,extension de leur influence, possibilité d avoir desémissaires.

Sur le premier point, je fus favorisé par les circonstances. L agent de la S. H. O., qui a servi dans le pays

depuis plus de 10ans, M. Ch. SouTv, a conservé bien desre lations avec. les rebelles ; ceux-ci veulent le voir chez

eux, i l y va et revient avec une demande d  entrevue.

Le chef de la rébellion Wongo a appris qu il est arrivé 

un nouveau « Commandant» et on s explique très bien

qu il désire savoir ce qu 'il peut en attendre.

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SOCIÉTÉ DES RECHERCHES CONGOLAISES

On nous a donné rendez-vo us, à 5 k ilomètres du pos te,au vil lage de Li ngoy et il es t t n ~ qu e nous viendronssans a rm es ni escorte. J e m y rend s le 16 fév rier avecM. SouTv et un interprète.

Les indigènes, eux, ne se sen tent pa s liés par ce tte

cla use pac ifique et nous voyons arrive r les ch efs avec90 hommes arm ës. fus il ch argé (je m en sui s assuréà la fin de l ent ret ien). On parla, on pa rla pl us ded eux heures pour rien dire pas trace ch ez ces ge ns degriefs sé rieux . Mais l es t évid ent qu ils veulent traiterde puissa nce à pu issance, exigence inadmi ss ibl e. Il ss en vont sur celte co nclusion que je les attends au po stepour entendre les condi tions d e la paix qu  il s devrontaccepter sa ns discussion. Autrement, je leur ferai bonneet so lide guerre.

. Mes a uditeu rs se so nt mon tr és d  une grandè séréni té,Il y en a de tout àge, les armes sont soignées. La co nversation s est pours ui vie co mme si on n avait pas étéen guerre, aucun e vocifération, aucune manifes tat ionbe .l iqueuse. Ces guer ri ers sont bien calmes et je n ai pasl i mpression que la paix soit pr oche.

Les dern iers évènem ents y contradiraient d  a illeurs.Le 17 janvier , l agent sa nitaire CHAPUT se rend a nt àKoula-Mouto u, a vu so n convoi attaqué, en plein pa ysAdouma, à deux heures de Lastoursville, l a eu unporteur blessé.

Quatre jours ap rès , le 21, et à l a utre extrémi té de lasu bd ivision, a u vil lage de Moubili, sur l Ogo oué, c est le

docteur BoNNETBLANC médecin du secteur, et l adjudanthors ca dre RuMEAU qui essuient un coup de fusi l à septheures du so ir.

Nous avons affa ire à des gèns qui m ont rent unece rta ine audace.

Qu oiq u  il en so it , je n  av a is pl us qu à attendre. Au ss ibie n, si no us av ions assez d hommes, no us m anquionsd  a rm es de bonne qu a li té et surtout de munitions. Ilfa llait les demander et les a ttendre ; elles n arr iverontque le 2 avri l. Le temps fut e mp loyé visiter les abordsdu .pays ; des émi ssai res fu rent envoyés ; enavn l , on rendit une do uza ine de fu s ils et un d es chefs

importa nt s du pays ag ité vint au poste. C es t à lui quE>fut signifiée la cla use de désarmement .

\

MÉMOIRES ORIGINAUX 3

J  a i eu l  im pression dès lors qu il existait un parti dela paix ; le ch ef de Poungui, no us l app renio ns pa rM. So uTY , qui s é ta it de no m·ea u r endu chez les rebelles,recon struisa it so n vi llage; so n influence n eut m a lh eureusement pa s le dessus.

Il fa llu t employer la force pour ob ten ir la so um iss ion.

Le début de l op é ration fu t fixé au 27  nia i. Dëux détach ements de :5 à 30 ga rdes rég ionaux furent d1ri<rés surPoungui, cent re im po rtant de l in soumission, clutcunpar un e route difl érente (Poungui es t à 25 kilomètres auSud de La sto ur sv ill e) . Le li eutenant CoRDIER com mandait l un ; le se rge nt TA FAN I, l autre.

Ils fir ent le voyage en deux jours. Si le secondn éprouva , le p remier jour, au cune résistance, le premi erfut a ttaqué et perdit son guide . Il éprouva sur tout desdifficul tés le lend ema in ; les emb usc ades furent nom

breuses, les cha uss e-t ra ppes et les fosses multipliées.L  en nemi éta it très opiniàtre; abrité dans des tr ouscrr usés à trois ou quatre mètres des sent iers, i l ti rait àcoûp sûr et, au lieu de fuir , se ter rait sous les feux desa lve. Son édu ca tion militai re se fai sa it peu à peu.

Le se cond détac heme nt , au contraire, n  essuya it quequ e lques co ups de fusil le second jo m .

To us les deu x se trouvaient ré un is a u pied dum amelon de Po ungui do n t l accès fut tr ès dé fendu etl fa llut que les chefs de détachem ent payassent de

leur person ne pour entraîner la troupe. A midi trenteon éta it arrivé . No us av ions eu trois blessés.gri èvem ent,dont l un momra le 29 ma i, quatre autres étai entat tein ts au x pieds par les chausse-trappe s e t rendusindisponibles.

Poung ui éta it bien en recons truction, mais les rebell esl ava ien t brùlé le mati n com m e ils le fir ent pour tousleu rs a ut res vil lages. l\fa is l emplacem ent es t occupé depuis de très longues a nn ées et l reste encore bea uco up detr aces des cultures d e second o rd re pratiquées a uto urdes ha bita tions. Tous les indigènes du dé tachem enten vivront plusieurs jours.

E n même temps qu e des abris so mmaires sont établis

avec les res tes des cases, on débrousse les envi ronspour av oi r un cha mp de tir le plus vaste possible da ns

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24 SOCIÉTÉ DES RECHERCHES CONGOLAISES

toutes les di rections. Les vues at findront 100 mètresle troisième jour.

On organi se un blockhaus en combo-combo refendupour me ttre à l'abri les ga rd es et les porteurs, au total100 à 120 hommes .

Ce travail fini, on évacue les blessés le 2 juin. Onchoisit pour ce la une route ve rs l'Ouest se dirigeantsur un gros vi liage wandji, ma is pacifique, Saca œicanda .C'est le chef-l ieu d 'un g roupe dont une moitiP. a adhéréà la révol te ; ct pour le tenir en repos, le chef de la sub divis ion de Koula-Mouto u est venu s'y établir avec20 bommes. Il y J estera q uatre mois.

Sortir de Poungui ne semble pas chose facile. On doitêt re sur veillé pa r les Bawandji ; je constaterai que lessent iers son t coupés par des abattis. Une prrmiè retenta tive écho ue et je me perds dans d'inextricablessent iers. Remis en route le lendemain, je sui s suivi mais je ne l'apprendrai qu e plus t  r d par un groupe

de rebelles qui cherchent l'endroit favorable à un eattaqu e e t ne l'ont sa ns doute pas trouvé.

Sacamica nda ravi tai lle le poste; il recevra les blessésle 4 et je les conduirai à Las toursville sans incident.

Et d ès ce moment , je puis constater un phénomènebizarre qui éc laire les in ten tions du groupe insoumis.

Les indigènes qui le co ns tituent répugnent à sortirde chez eu x el les a ttentats ri squés les 17 et 21 janvier,un autre, l'incendiP du village de Ndombo à 1 ldl. 500du poste de Las toursv iUe, le 31 mai, seront des exceptions.

J 'anive à Lastoursville à pied le 5 février , seul, avecun ga rde ; je ne sui s pas inquiété. Les caisses d 'a rm eset de munitions tm nsportées par la S. H. O. sansesco rte, le 2 avri l, suivent la même roule, aucun ac cident.Je va is de Poungui à Sacamicand a , le dé tach emen t quim'accompagnait repa rt le lendemain et revient le su rlendemain avec les blessés, je regagne Lastoursv ille,sans qu'aucune attaque soit tentée. Il y a cependan tsur la route ou à un e demi-heure d'elle, des vi llagescetainement un is aux rebelles.

Un convoi de ra vita illement est envoyé de La s toursYil le à Poungui au début de juin avec un Européen,

M. EcKENDORFF, comm is des Services civils, sa ns

MÉMOIRES ORIGINAUX 25

incident. Il a· suivi la route occidentale qui emprunteau minimum le ter ritoire du gro.upe insoum is et parcette même voie tous les courriers et toutes les cha,rges

. passeront sans difficul té. Poungui, qui se garde soigneusement, ne sera jamais iso lé.

C'e st un e rébellion qui s'est conservée en vase clos.Le poste de Poungui donne d·ans le territoire rebelle,

l'impression d'un co rps étranger enkysté da ns unorganisme vivant Il vit, il s'organise , fait ses corvéesd 'eau, de vivres , es t ravitaillé de La stoursville; sonpersonnel de ma nœ uv res , 20 hommes , sont relevés tousles quinze jours. Tous les echanges de correspondancess'opèrent sa ns incident. On n e voit pas un indigène.

Mais l ne faut pas dépasser une certaine zone, d'ailleurs in déterminée , sous peine de recevoir des coupsde fusi l.

Aussi bien, pendant tout le mois de juin, l n'est pas

qJ.Ies tion de sortir.On s'est. rapidemen t rendu compte de l' iso lement où

on était muré ; l fallait en so rtir, mais en sortir enf{)rce. Tout le détachement d e la circonscrip tioncompor tai t en tout 114 unités, dont l fallait défa lqu erun mort, six blessés et les indisponible:; habituels. Il yavait 20 homm es à Sacamicanda, 15 à Koula-Moutou,25 à Las loursv ille. On n 'y pouvait pas touçher, l'in cendie de Ndombo, incendie de représail les contre un ·de nos émissaires, p r o u v ~ t que l'ennemi était capabled'audace

On résolut de demander l'assistance de la circons

cription du Haut-c>gooué, d'une part, et de ce lle duDjoua, d'au tre part. E lle no us -fut accordée rapidement.Le lieutena n t DE BRUCHARD vint de Franceville avec39 ga rdes; le lieutenant RAvoux de Makokou avec40 ti ra il lèurs et on ent rep rit d e nettoyer de ses dissidents la région à l'Est de Poungui, le lieutenantDE BRUCHARD ma rchant E.-0 . de Moubili versPoungui, le lieu tenant RAvoux avec le même but venantde Las toursville, le lieutenant-CORDIER a llant de l'Ouestà l'E st au d eva nt du lieutenant DE BR UCHARD.

Seul le lieutenant RAVOUX trouva de la résis tance ettout lé long de sa route; un tirailleur fut -tué. Les autres

dé tachements passèrent> sans incident, mais faute dè

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26 SOCIËTÉ nES RECHERCHES CONGOLAISES

vivres- il n y avait guère eu de planta tions en 192  il

fallpt retourner à Poungui où on se sépara rapiciement.

Le lieu tenant COR DI ER fut relevé à Poungui parl adjudant R mŒAU   Les de ux autres offici ers et leurs

détachement s respec ti fs s en allè rent vers le S.-O.

à tran  rs le pays Nzabi pu is se ra ba ttirent vers l'Oueste n. tra ,·ersa nt un groupe de Ba kélé fort su spect. Ils

rejo ign iren t l'Ogooué; le lieu tena nt RAYou x étai t deretour à Lastour svi ll:> , malade, le 26 ; le lieutenant

DE BnUî HAHD at teignit le neuve le ï et regagna Fran<_:e-

y j Ile. Le voyage avait très dur en raison du ca ractèretou rm enté du pa ys et a uss i à ca use de la sa ison. 13 ga rd es

su r 39 avaient dù ê tre éva cués; l un d 'eux est mort.

Les ti ra itleurs ne rejo ignirent leur chef qu e trois jours

après son retour.

La s ituation avai t clumgé a lors .Ju squ  à ce moment , nous n av ion s eu des pop ula tions

so umises qu 'un concours pass if, qui d aill eur s m atou jou rs é tonn é. Les porteurs éta ient recru tés sansga rdes et il en fallu t parfois ju squ à 80. Les ma nœ uvresdu poste de Po un gui, 20 tous les quinze jours, étaient

dés ignés et conduits pa r leur s chefs. Mais de renseignemeni s S  r l'ennemi , point.

Après le passage des dcrniers t dé tachements, lt:slangues comm encèrent à se délier, des villages .v inrent

se rendre, on nous am ena des réfu giés du groupe

' rebelle qui s é ta ient cacbés da ns des g e ~ en paix

avec nous .La déllandade commencait chez l'adversaire. Mais il

fallait avoir les chefs et Îes armes. Le 24 juillet, desouycrtures de paix no us fur ent portées par un chef de

ca nton. On lui accorda 8 jours, a u bout desquels rien

encore ne s était produit. l en fa llut encore autant pour

décider la soumission définitive.. Le 9 août, le chef Wo ngo se rendait à Poun gui , avec

son neve u et héritier Lessibi, plus eoupable à coup sûr

que so n oncle. C'é tait la fin de la rébellion.Elle no us a vail coùté ent re les de ux années 1928

et 1929 :

Un ti ra illeur et qu a tre ga rdes, do nt un adjudant, tués .Un tirailleur et un ga rde morts à l hôpital de

m a ladies contractées en service.

MÉMOIHES ORIGINAUX 27

Dix-sept ga rdes b lessés dont un de vra ê tre réformé.Quatre guides et un porteur tués.

De comb ien de vies les indigène s on t- ils payé•leur

crise d indépendance ? On ne l'a ja ma1s su avec une

approximation admissible, et on ne le saura ja mais ca rils n a iment pas parler de ces te mps ca la miteux . Tenonsseulement pour certain que la co rrection a été sérieuse.

Ce qui suivit la reddition des chefs se résum e en

quelques lignes : .

D'abord lf's sanc tions personnelles.

Les deux protagonistes de la révolte on t été déportés

pout· 10 ans à Bangui. Sept autres, chefs de villages ou

notables, ont été in ternés à Makokou.Les coupables de l incend ie de Nelombo, l auteur de

l agres sion cont re l agent sa nitaire CH APUT on t été déférésau tribunal et condam nés . ·

Enfin et surtout, la population a été dé sa rmée partout.On, connaissait à peine 500 fusils, j en al retiré plus de1.000, dont 120 pour le groupe en rebellion. Mais ce

désarmement a demandé du temps, on y travaillait

encore en septembre.Et à présent tout est tra nquille.

•••Une question pour finir :

A quoi attribuer cette rébellion ?

On a voulu y voir un e révolte. On a assigné à celle-cides causes diverses. On a même voulu lui trouver des

respo nsa bles. II n'y a eu ni causes ni responsables de

ce la, j en ai la certitude.

L insoumission du pays wandji a toujours existé. On

l a vu ou on ne l a pas vu suivant les relations qui ex istaient avec l'au torité loca le. ,

Tant que ce lle-ci ri  a ri en demandé aux Baw andji, ils

se sont tenus tranquilles, ils venaient a u poste, se liv ra jentà leur commerce, réglaien t leurs valables à leur gré. l

en fut ainsi d ns la première période de l occupation

tout entière et pendant ..fa période contemporaine

de 1917 à 1928. ·

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28 SOCIÉTÉ DES RECHERCHES CONGOLÀISES

Que si on voulait s occuper d eux, les soumettre aux

règlements, sanction ner leurs brutales coutumes, on se

heurtait à un refus catégorique sou ligné de coups deC est l his toire de la période 1909-1917 et tout in

dique qu e nous la voyions recommencer en 1928.Ces indigènes n  étaient pas des révoltés; pour pouvoir

être dit révo ltés, l faut avoir été 5f>umis. Les Bawandjine l avaient jamais été. Leur insoumiss ion éta it enquelque manière une maladie chronique sujette à des

crises aigües. Les évènements de 1928-1929 en consti

tuaien t un des pa roxysmes. J  a i tout lieu de croire que

c est le dern ier.

Lastoursville, le 15 mars 1931.LE TESTU.

•••NNEXE

Nous Yoici en avril1886 et l me faut bien mai ntenantrésumer les derniers incidents qui furent la conséquence

d une sit uation des plus tendues et des plus délicates,

en tre les indigènes et nous, incidents · qui viennent

. d avoir leur épilogue sanglant. Dans ma lettre précé

ùenle, j avais signalé l état d esp rit inquiétant qui ré

gnait dans le pays, également le malaise qui, chaque

jour, semblait s accentuer davange. J  e n la issa i devenir

la cause.

Ces incidents sont nés à la su ite de mésententes générales, ou même de co:nflits assez vifs survenus entre les

indigènes et les missionnaires , dont l action ne tenait

pas toujours suffisa mment compte de la situation poli

tique de la région et heurtaient parfois les habitudes

des indigènes .Le grand chef des Aouandji, un nommé Bamba, se

déclara même ouvertement et franchement ho stile àla Mission. Ce Bamba monopolise tous les commerces,au nombre desquels le plus important, le trafic- des

esclaves. Pu issant, riche, violent, sanguinaire, extrê

me ment redouté de tout le pays et des Adouma, en

particulier, Bamba a la réputation de se débarrasser

·•

MÉMOIRES ORIGINAUX 29

avec un . sans-gêne incroyabl e de tous les gens qui legênent ou peuvent devenir gênànts . La Mission fut

bientôt l objet de toutes ses rancunes . Il ne se passa

plus de nuit, et ce en déjJit d une active surveillance,

où une·partie des plantations ne fût dévastée, des chan-. tiers saccagés, les étables et ba sses-cours pillées. Puis,

les troupeaux furent décimés dans des proportions in quiétantes, empoisonnés, di saient les Adouma. Chaque

jour, les les plus nombreuses affluaient a u poste. ·Le 26 janvier, grâce à ma police, j apprenais que des

hommes et des femmes de Bamba se trouvaient au vil

lage Adouma de Lola, non loin de la M·ission . Ils étaienten pourparlers pour_des achats d iv9ire: Le 27, je dépê

chai, par pirogue, un caporal sénégalais et quelques

hommes, pour tenter de s emparer de ces individus

destinés à me servir d otages. Le 28, mon caporal revenait aQ poste, me ramenant deux femmes de Bamba etun chef Bakalai, un sieur Mopéma, l âme damnée de

Bamba, son homme d affaires et s0n el.écuteur deshautes et basses œuvres. ·

Je fis enfermer ces prisonniers, eu leur disant qu ils nerecouvreraient leur liberté que le jour où Bamba

viendrait en personne se présenter à moi, pour réglerles palabres qui, chaque jour, s aggravaien t . -

Loin de venir à résipiscence, Bamba, à la nouvell.ede la capture de Mopéma, sema la terreur dans toute

a région. Il fit savoir qu il se disposait à massacrer tousles Adouma, amis des blancs et qui leur louaient leurs

services. Avant peP, l aurait brûlé leurs villages

et anéanti leurs plantations 1 Pures fanfaronnades,

d ailleurs ; encore ·eurent-elles une désastreuse réper- ·cussion chez les indigènes. C était au o ~ n t où l me

. fallait recruter et former les convois destinés à

descendre à N Djolé de Kerraool, Dolisie, la mission

Rouvier, etc .   Je n y pus réussir qu en consentant de

gros sacrifices, en allant moi-même dans les villages,en les assurant de ma protection, etc.

J arrive au mois de mars : Bamba, avre une bande

d bommes ar més et déterminés, rôdait depuis quelque

temps aux abords de la Mission et de la s tation. Les

villages Adouma, terrorisés, lui donnaient asile et , loin

de le livrer, cachaient plutôt sa présence et lui fournissaient des vivres.

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30 SOCIÉTÉ DES RECHEkCHES CONGOLAISES

De ce jour, nous pr îmes les plus grandes préca utions et nous nous tîn mes su r nos ga rdes , tout enaffectant un dédain absolu à l'égard des menaces e t d esmenées du bandit. Notre a tt itude d ut, sa ns doute, luidonner à ré fléchir, ca r, le 12 mars, il fi l deman d er auR. P . DAVEZAC de lui accorde r une ent reYue, au coursde laquelle ils régle raien t, si possilfle, leu r dilférend.Avisé de sa démarc he, je partis aussi tôt avec RocHE etqu elques hommes déterminés. Nous glissa nt à traversla brousse, nous lombàmes subitem ent sur la Miss ion ,au moment où Bamba v entrai t. Ce fut un e débâcle etune bousculade sa ns Itom Quelques coups de feufuren t tirés , n'a tteignant heu reusement personne el,en moins de temps qu 'il n'en faut pou r l'éc rire, j e meprécip it3:i sur Bamba et lui mis la ma in à la gorge.Alors so lide ment ga r rotté, je le fis cond uire à la s tat ion.

Aussitôt connu e la prise de Ba mba, des menaces demort furent proférées cont re nous par son frère et ses

bommes. Une bande a rm ée sc serait même rassembl éedans un Yi liage Yoisin, prèle à nous a ttaq uer au premiersigne. Une efferYescence in tense régnait partout. JeYO tdus me rend re compte de visu   de la s itu a tionet contrôler les ra ppurl s qui m'étai ent fa its à tousmoments sur les fa its et ges tes du frère de Bamba, lesieur Sanga-Béra.

Aussi. en pleine n u it , accompagné seulemen t de Roc HE

e  de quelques homm es , je descendis en pirogue auvillage de Douma, sur la ri ,·e gau che, en aval de. laMi ss ion. Nous acco<> tàmes dans le plus grand silenceet, tels des fauves, en pleine obscurité, ra mpan t dans labrousse, nous pùmes at teindre, sans être signa lés, un e

grande case abritant un e nombreuse troupe de guerriers, ta toués en guerre, au mil ieu desquels pérorait« Sanga-Béra », Retenant not re souille, im mobiles ,couchés au ras du so l, no us écou tàmes et déso rm a isnous sùrnes à q uoi nous en teni r ; nous n 'avion s plus àgarder aucun e illusion . Une g uerre acham ée Pous éta itdéclarée el nous n 'av ion s plus qu 'à nous tenir sur nosgardes . Ma religion éta it éclairée.

Le 13 mars, dans la joum ée, j' in terrogeai Bamba e lMopéma, puis les co nfrontai: Ils nous crach èrent leurhaine au visage. Toul ménagement était désormaisinutile et je décidai d'évacuer ces deux bommes sur leGabon, pa r la première occasion.

MÉMOIRES ORlGINAUX. {

Le 26 mars, à minuit, une alerte. Bamba venait derompre ses liens et de briser la porte ·de sa prison ; ls\enfuyait 1 un coup 'de feu .   la sentine lle préposéela garde des prisonniers se jette à sa poursuite ; nousnous précipitons à sa suite deux bommes se

collettent au milieu du marais situé au bas du poste,dans la boue jusqu 'à la poitrine. Un violent .coup decrosse sur la nuque abat Bamba qui s'effondre sous lavase ; ou le ramène, ce n'est plus qu'un a d a v r e 1 ·

Le lendemain, 27, je faisais mettre en libel'té le BakalaiMopéma et les femmes de Bamba, en même tempsque la nouvelle de la mort du bandit se répandait avecune rapidité incroyable.

Les Adouandji proférèrent d'épouvantables menacesde mort contre le . blancs, les Sénégalais, les Adouma.Les villages de ces derniers sont désertés. Un frère deBamba ·se met complètement nu et jure de ne revêtirùn pagne que le jour où l m'aura tué, moi, un missionnaire ou un Sénégalais. J e n'avais plus à hési ter etl' beure des décisions promptes et énergiques avaitsonné.A tout prix, l fallait ramener la pa ix èt la tranquillitédans la région. Nous ne pouvions même plus disposerd'une pirogue, car tous les villages à proximité de lastation avaient été abandonnés.

Le 1er avril, je fis partir une petite expédition sous lecommandement du caporal sénégalais Mamadou.:.,Samba, celui déjà qui aYa it capturé Mopéma et quiconnaissait bien les villages Aouandji, pour avoi i J

accompagné le R. P. BICHET. Avec lui, étaientlecgpora lde tirailleurs algériens Nacer - ben-Aly, les tirailleurs

Barca-ben-Amady, Salem-ben-Embareck, Salem-benLakdar, Mobammed-ben-Messaoud, deux laptots et deuxKroumans.

Ces hommes gagnèrent par terre le village de SangaBéra, ayant nom Kongama, situé sur la r i ~ droite dela rivière Lolo. Ils marchèrent toute la nUit, sans désemparer et, au petit jour, surprenaient brusquementKongama. Un très grand nombre d A o u n ~ j i t o m ~sous leur tir, le village fut rasé, les plantations VQlSmesdétruites. La leçon fu exemplaire, radicale. La petitecolonne prit alors la route du retour. Malheureusement,le 2, alors qu'elle suivait une étroite piste dans l'impé

nétrable forêt, elle tomba dans une embuscade et reçut

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32 SOCJJi. TÉ DE S RE CHERC HES C O ~ G O L I S E S

une décha rge de mousqueterie à bout portant. Le ti ra il

leur Salem-ben - Emba reck fut tué, trois r e s bomm es

blessés, don t l u n assez grièvement. Le coup fait , les

Aouandji avaient dispa ru .Le 4 avril , l'expédi tion ramenan t son mort et ses

blessés étai t de retour à la st ation . Grâce au sang-froid

et à l énergie de Mamadou-Sa mba et d e ses bommes , les

Aouandj i ignorèren t le résul tat de leur guet- apens.Quant à l effet de notre coup de IDfÏn, i l fut consid éra ble. Aussitôt, avec la mobilité qui caractécise cespeu plades, la confiance revint et i l es t à présum er queles Aouandji se tiendront tranquilles pour longtemps.D'ailleurs, il faut bien le di re, pour la plu pa rt, Ja mort

de Bamba fut un véritab le soulage ment. Beau coup dechefs, ses a lliés de la vei lle, vinrent faire leur soum issio n et me dema nd er d'établir leurs villages sur les

rives de l Ogooué e t sous notre protection di recte. J e nepeux qu'encout ager cet exode. J 'espère éga lement qu e,

dans l'aven ir, nos missionna ires seront plus prudents etplus circonspects dans leurs rela tions avec les indi

gènes et qu' ils n oublieront plus que « le mi euxest l' ennemi du bien ». Pu iss ions -nous avoir enfin

quelques mois de paix

Le 14 av ril , CROCHET arr ive à Ma diville, ramenant leconvoi q ui avait descendu DousiE et ses camarades. lm'apprend que BELLIÈRES très malad e, serai t à N Djolé. _

Le 15, partent pour le bas, RocHE , PEZERON et leR. P. BICHET.

Alfred Fo uRNEAU.

............................•c · ~ tc ~ c c···-· '

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NOTICE - - -SUR LES BIDEY T

par le Capitaine CH LMEL - • · -

1 - L HABITAT: L  ENNEDI

LE P YS

l est im possible d 'étudier les manifestations de ·lavie hu mai ne sa ns faire préalablement connaissa nceavec le milieu où vivent les groupements sociaux, tant

est grande l influence du pays, de ses ressources , d e sonclimat sur les habitants. Des tribus de races différentes,vivant dans des région s semblables, prendront des

caractères communs et, inversement , un e race disperséedans des zones di ssemblables perdra une pa rti e de sonunité.

Bien qu e ce tte notice ait surtout pour but l étudeeth nographique des Bideya t d e l'Ennedi, il est d onc in dispensab le de parler d  abord de l' habitat de cesderniers.

Les Bideyat s'étende nt dans les régions de I Ennediet du Zagawa, mais nous n étudierons ici que les Bi

deyat de l 'Ennedi et qui sonta u nombre d environ 3.000