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IUFM DE BOURGOGNE 2005 Concours de recrutement des professeurs des écoles LE TRAVAIL DE GROUPE Mémoire de Nathalie LOUVET, dirigé par Didier TORSET Numéro de dossier : 04STA00456

LE TRAVAIL DE GROUPE...d'apprendre autrement. L'élève devient en effet acteur de son apprentissage, il s'investit dans la situation proposée, et, si celle-ci est bien construite,

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IUFM DE BOURGOGNE 2005

Concours de recrutement des professeurs des écoles

LE TRAVAIL DE GROUPE

Mémoire de Nathalie LOUVET, dirigé par Didier TORSETNuméro de dossier : 04STA00456

SOMMAIRE

I. La pédagogie de groupe : ………………………………………………………………4

1. Les intérêts du travail en groupe …………………………………………………….4

2. La pédagogie coopérative en classe ………………………………………………..7

3. Les dérives possibles et les obstacles ……………………………………………..9

II. Les objectifs et les conceptions de cette pédagogie : ……..12

1. Les statuts de l'enseignant, de l'élève et du savoir …………………….12

2. Les expériences du stage en cycle 2 …………………………………………….16

3. Comment concevoir un travail en groupe qui implique

la participation de chacun ? ……………………………………………………………… 20

III.La mise en œuvre pédagogique : ……………………………………………..24

1. La place de l'enseignant ………………………………………………………………….24

2. Les rôles confiés aux élèves …………………………………………………………27

3. La constitution de règles : analyse du R1 …………………………………….30

Introduction au mémoire : travail de groupe

Au cours de ma formation, j'envisageais le travail de groupe comme un mode

d'organisation de la classe : il est possible de faire travailler une compétence par les

élèves en proposant un travail individuel, collectif ou un travail par groupes plus ou

moins importants. Une fois la consigne clairement exprimée et le travail de groupe lancé,

ça ne pouvait que bien se passer : chacun s'exprimerait, s'écouterait et apprendrait au

contact des autres. De plus, ce type de regroupement évite le modèle transmissif et permet

aux élèves peu à l'aise avec cette nature d'échanges des savoirs d'avoir la possibilité

d'apprendre autrement. L'élève devient en effet acteur de son apprentissage, il s'investit

dans la situation proposée, et, si celle-ci est bien construite, il pourra faire avancer ses

représentations. En effet, confronté à une situation problème dans laquelle son type de

réponse habituelle n'est pas efficace, il adoptera naturellement une réponse plus adaptée

proposée par le groupe ou il la construira avec lui. La recherche à plusieurs évite

également une surcharge cognitive pour chaque élève et permet à l'enseignant de proposer

des situations riches et complexes.

Cependant, je me suis rendue compte lors de mon stage tutelle en C.E1, (tout d'abord en

observant la classe en recherche par groupe puis en le pratiquant) que le contact entre les

élèves pouvait être "explosif" et aller jusqu'à parasiter tout apprentissage lors d'un travail

de groupe. Celui-ci pouvait alors rapidement devenir stérile, en se transformant en

simples affrontements d'opinions divergentes sans véritable apprentissage. Je me suis

alors demandée de quelle manière utiliser le travail en groupe pour qu'il soit un réel outil

d'apprentissage, permettant l'acquisition de connaissances. Pour tenter d'y répondre, je

ferai tout d'abord une présentation sommaire de la pédagogie de groupe en m'appuyant

sur plusieurs mouvements pédagogiques, puis je préciserai les conceptions qui sous-

tendent le travail en groupe ainsi que les objectifs qui en découlent. Enfin je

m'interrogerai sur la façon de mettre en œuvre cette pédagogie.

I. La pédagogie de groupe :

1. Les intérêts du travail en groupe

D'après une enquête réalisée auprès d'enseignants pratiquant la pédagogie de

groupe et présentée dans la revue Animation et Éducation n°148, cette pédagogie est

souvent choisie par les enseignants, notamment de ZEP, pour permettre une gestion

collective des conflits. En effet, ce mode d'organisation permet d'investir pleinement les

élèves dans la régulation de l'agressivité et les amène progressivement à modifier leurs

attitudes relationnelles en privilégiant la confiance réciproque et l'entraide aux conflits.

Elle est aussi souvent opposée à la pédagogie "traditionnelle" (modèle transmissif) car

l'élève (et quelquefois l'enseignant) est plus motivé par cette forme de travail :

l'apprentissage apparait comme moins ardu et les relations au sein de la classe

s'enrichissent. Mais, en dehors de ses observations générales, il faut se demander ce que

le travail de groupe peut apporter aux élèves dans le cadre des apprentissages. Nous

allons voir que le travail de groupe est bénéfique pour le développement de l'enfant sur le

plan cognitif, social ainsi qu'au point de vue pédagogique.

En premier lieu, le travail de groupe participe au développement psycho-cognitif

de l'enfant dans la mesure où il établit une interaction entre plusieurs enfants. De ce fait,

il suscite chez chacun, lorsque le projet est motivant, une volonté de dépassement de soi

en vue d'atteindre ensemble un but commun. Cet objectif commun apporte, pour

beaucoup d'élèves, une motivation dans le cadre de l'apprentissage de connaissances

nouvelles, notamment de concepts complexes. Ainsi, en mettant en commun les

compétences de chaque élève, l'enseignant évite la surcharge cognitive engendrée par un

nombre d'informations important. L'élève est, de plus, rassuré : il n'est pas seul devant le

problème à résoudre et peut s'appuyer sur les autres en cas de problème.

De plus, la recherche provoquera à coût sûr des discussions, des débats, mettant

ainsi en œuvre des conflits cognitifs qui permettront à chaque élève de prendre en

compte l'opinion de l'autre pour faire avancer ses propres conceptions et donc apprendre.

On retrouve alors la notion de formation à la diversité des points de vue présentée par

Piaget sous le terme de "formation de la pensée rationnelle". L'élève apprend à relativiser

son point de vue en le confrontant aux autres. Il peut prendre du recul et commencer à

percevoir la notion d'objectivité. Cette pédagogie lui permet donc de construire son

identité en s'affirmant comme personne qui a le droit de s'exprimer, de débattre, d'avoir

un esprit critique. De même, ces "conflits" positifs permettront une meilleure

mémorisation de l'information car l'élève aura dû la clarifier pour la reformuler lors de sa

justification. De ce fait, selon Louis Not (La classe-coopérative 1992), ces débats

stimulent "le développement des fonctions supérieures du langage : fonction

représentative (rendre présent à autrui ce qui n'est pas là) et fonction dialectique (utiliser

mots et formes syntaxiques appropriées pour informer et convaincre l'autre ou

comprendre ses argumentations)".

En second lieu, travailler en groupe permet à l'élève de se former sur le plan

social. En effet, ce mode d'organisation favorise l'interdépendance entre les membres du

groupe : ils ne sont pas seuls, il va donc falloir partager le matériel et les responsabilités

dans le groupe. De même, chacun va devoir prendre en compte l'autre pour parvenir à

l'accomplissement de la tâche : l'entraide et les encouragements mutuels devraient

s'installer progressivement à condition que, parallèlement, l'enseignant donne l'exemple.

La socialisation au sein du groupe passera aussi par l'acceptation des différences

(chacun a une vitesse d'exécution et des compétences qui lui sont propres). A plus long

terme, il s'agira de savoir tirer profit de ces différences. Chaque membre du groupe devra

donc dépasser son présupposé négatif pour comprendre et intégrer chaque particularité

dans le groupe.

En dernier lieu, ce mode d'organisation est bénéfique du point de vue pédagogique

: il permet aux élèves d'être acteurs de leurs apprentissages. Il se situe donc à l'opposé de

la pédagogie traditionnelle "dénoncée" par beaucoup comme productrice de passivité et

de démobilisation chez l'enfant. Ce n'est pas le cas dans la pédagogie de groupe où les

élèves sont en recherche pour construire eux-mêmes leurs savoirs. Cette attitude permet

aux élèves de donner du sens aux apprentissages et de pouvoir ensuite mieux les utiliser

dans d'autres contextes.

De plus, pour l'enseignant comme pour les élèves, le climat de classe est moins

tendu puisque le mode de fonctionnement de celle-ci ne s'appuie plus sur la compétition

mais sur la coopération. En effet, le fait de réaliser une activité en groupe permet de

réduire la charge émotionnelle engagée dans ce travail puisque la responsabilité est

partagée entre les membres du groupe. Il faut veiller cependant à l'expliciter car, j'en ai

fait l'expérience au cours de ma pratique (cf. II a), la coopération est loin d'être innée.

L'enseignant doit aider les élèves à se sentir en confiance dans leur groupe et à s'ouvrir

aux autres par des interventions telles que : "l'erreur est formatrice et nous aide à

apprendre", "on travaille ensemble pour s'aider". Dans ce cas seulement, l'élève osera

prendre des risques dans les travaux de groupe, et cette prise de risque est obligatoire

pour qu'il se libère de ses anciennes conceptions.

En travaillant en groupe, l'enfant développera aussi un mode d'interaction autre

que celui reposant sur la communication entre l'enseignant et l'élève. Pour Louis Not (La

classe-coopérative 1992) cet échange est parfois plus productif pour l'explication d'une

notion qu'une relation de maître à élève : "un élève en difficulté comprend, beaucoup

mieux que les explications de l'enseignant, celles que lui donne un camarade qui a

compris et qui sait dire ou faire ce qui convient. Celui-ci vient de surmonter les difficultés

qui arrêtent l'autre, il les comprend bien et il trouve des explications souvent plus directes

et plus souples que celles du maître, pour les résoudre". J'exprimerais cependant une

réserve sur ce tutorat : les explications données par les élèves ne sont pas toujours fiables

et peuvent entraîner d'autres confusions. Il me semble donc nécessaire de contrôler

ensuite individuellement ce que l'élève a compris du phénomène.

Le travail de groupe est aussi une variable didactique importante pour l'enseignant

: il peut l'utiliser quand il manque de matériel ou de place pour réaliser son activité (ce

qui était en partie mon cas lors de ma séquence sur l'existence de l'air au cycle 2 : je ne

pouvais pas fournir un récipient pour chaque enfant. cf. IIa). L'enseignant peut également

mieux gérer l'hétérogénéité de sa classe et différencier sa pédagogie en faisant des

groupes de niveau.

Finalement, le travail de groupe n'apparait donc pas comme un simple mode

d'organisation mais il s'inscrit bien dans une pédagogie constructiviste qui cherche à

rendre l'enfant acteur de son savoir en le faisant interagir avec les autres et en lui

permettant de se construire en tant que personne sociale. De nombreux chercheurs ayant

fait ces mêmes constats, plusieurs se sont intéressés au travail de groupe et ont développé

des pédagogies s'appuyant sur celui-ci. Ne pouvant toutes les présenter, je ne me

pencherai que sur les plus représentatives de cette recherche.

2. La pédagogie coopérative en classe

L'O.C.C.E. (Office Central de la Coopération à l'École) "est une fédération

d'associations départementales […qui] se donne pour but le développement de la

coopération à tous les niveaux du système éducatif" ( in Pour une pédagogie

coopérative : Apprendre et vivre coopérativement de l'O.C.C.E.). Il s'agit pour

l'enseignant qui investit sa classe dans cette pédagogie d'avoir une pratique

quotidienne de la coopération au sein de celle-ci au travers d'activités ou de projets

particuliers. En effet, ces activités de coopération sont menées en alternance avec des

activités plus individuelles. Il s'agit donc de moments spécifiques dans la journée et

non d'une organisation unique de classe. Au cours de ces activités, la confiance entre

les membres du groupe (y compris l'adulte) est l'élément indispensable au bon

fonctionnement de la classe et l'enseignant doit donc tout faire pour la mettre en place

le plus rapidement possible. Cette confiance passe obligatoirement par une attention

particulière de sa part sur le respect de tous des valeurs premières de l'École : "la

reconnaissance des personnes" (identifier et connaître tous les élèves de la classe), "la

dignité des personnes", "le respect des limites imposées", "l'objectif de tous est

d'apprendre", "le droit à la parole". L'enseignant doit également veiller à affirmer son

autorité institutionnelle pour assurer la sécurité et le travail de chacun. Même lorsque

cette pédagogie est bien installée, l'enseignant sera quelquefois obligé de revenir à un

fonctionnement plus autoritaire.

Pour les auteurs de L'apprentissage coopératif théories, méthodes, activités,

l'objectif de cet apprentissage est d'utiliser les rapports sociaux des élèves pour favoriser

l'apprentissage. On développera donc une interdépendance positive entre eux,

interdépendance qui, associée à une responsabilisation des élèves, leur permettra

d'apprendre tout en contribuant à réaliser l'objectif du groupe. Selon les auteurs de ce

livre, chaque élève participera donc à la "tâche" en s'efforçant de partager le matériel, de

recadrer les échanges des élèves sur l'objectif à atteindre si on s'en éloigne, et de gratifier,

féliciter chaque membre du groupe. Cette notion d'interdépendance sociale positive est

indispensable à la coopération : les élèves doivent se rendre compte qu'en aidant les

autres à apprendre, cela les encourage eux aussi à apprendre. Il faut donc à tout prix

évacuer l'esprit de compétition dans le groupe car il déclenche une interdépendance

négative : chacun cherche à faire obstacle au succès des autres au lieu de s'entraider pour

arriver à l'objectif commun qui a été fixé. Pour ce faire, il faut donner un statut positif à

l'erreur : l'enseignant doit la présenter comme une étape naturelle et constructive de

l'apprentissage et insister pour que chacun l'accepte comme telle. Ainsi, dans le cas d'un

échec du groupe, les membres de celui-ci auront naturellement tendance à rejeter la

culpabilité sur un élève, généralement celui qui a le plus de difficulté. L'enseignant devra

alors être intransigeant et refuser cet exutoire : c'est le groupe qui a été inefficace et les

élèves doivent réfléchir à la manière d'améliorer le travail de groupe pour qu'il devienne

source d'apprentissage.

Célestin Freinet a lui aussi réfléchi sur la place à donner au groupe dans le cadre

de l'apprentissage et propose une pédagogie plus "radicale". En effet, suite à plusieurs

expériences innovantes en matière de coopération dans les années 20, il est amené à

développer sa pédagogie et l'organise en 1947 au sein de l'ICEM (Institut Coopératif de

École Moderne). Cet organisme gère des classes coopératives qui placent le travail de

groupe au centre de leur pédagogie. Leur objectif est, "à l'inverse de la transmission

uniforme des savoirs, [de développer] des situations permettant l'appropriation des

connaissances dans une démarche naturelle d'apprentissage privilégiant la création,

l'expression et le tâtonnement expérimental." (extrait du site http://www.icem-

freinet.info). Il s'agit pour les auteurs de ce site internet de permettre "aux enfants et aux

jeunes de se construire et de conquérir des outils pour appréhender la complexité du

monde d'aujourd'hui et ainsi agir sur lui". Cette pédagogie très engagée (elle a pour but

de former les citoyens de demain) n'utilise pas seulement le travail de groupe

momentanément mais elle en fait le mode de fonctionnement habituel de la classe. La

coopération devient donc une méthode d'apprentissage, alors que l'OCCE s'en sert comme

variable didactique.

En tenant compte de ces deux orientations et avant de prendre position sur la

façon la plus adéquate d'utiliser le groupe, il faut être conscient des dérives que peut

engendrer l'apprentissage en groupe.

3. les dérives possibles

De ce fait, je me suis aperçue en revenant sur mon expérience qu'il était tentant de

tomber dans certains excès. En effet, convaincue des "bienfaits" du travail de groupe, je

décidai de l'expérimenter lors de mon stage tutelle dans une classe de CE1 composée de

24 élèves.

Dès la première journée d'observation, je me suis rapidement rendue compte que

lors d'un travail de groupe, de nombreux problèmes relationnels venaient perturber la

situation d'apprentissage, compliquant considérablement la gestion de l'activité pour

l'enseignant. En effet, face à des conflits liés aux affinités entre élèves ("je voulais

travailler avec X et non Y") ou au partage du matériel comme des tâches à effectuer, les

élèves en conflit fermaient automatiquement la discussion et recourraient à l'enseignant

pour régler le litige. Les élèves n'en étaient donc pas au stade de l'interaction positive

préconisée par les pédagogies de l'apprentissage coopératif (cf. I.b) De plus, les groupes

étant organisés de manière hétérogène, certains élèves avaient du mal à participer au

travail de groupe.

Je me suis donc intéressée à ces difficultés et j'ai mené deux séances de travail en

groupe dans le domaine des "Arts Visuels" : il s'agissait de construire une œuvre par

groupe puis de les réunir pour faire une œuvre collective à la classe. Pour cela, lors de la

première séance, ils ont eu à fabriquer un pochoir individuel afin de s'en servir ensuite

pour réaliser l'œuvre du groupe en se mettant d'accord au préalable sur le choix de deux

couleurs. La construction individuelle du pochoir a eu un effet bénéfique sur le travail de

groupe qui a suivi : chacun apportant quelque chose de concret au groupe s'est senti

investi et a ensuite participé avec implication au choix de deux couleurs (le plus souvent,

le critère de choix a été la majorité). Malheureusement, cet élan a ensuite été stoppé par

une mauvaise conception de l'activité : le format de l'œuvre étant quatre fois plus grand

que les pochoirs des élèves, chacun a réalisé sa partie de l'œuvre sans réellement se

concerter avec les autres. Il aurait peut-être fallu réduire le format de chaque pochoir ou

leur demander de choisir seulement deux pochoirs, le risque étant alors une démotivation

pour certains voire une dévalorisation : les "plus beaux" auraient forcément été choisis.

Les problèmes rencontrés lors de cette première approche étaient donc de savoir

jusqu'à quel point les impliquer dans la gestion du groupe : doivent-ils vraiment régler

leurs conflits seuls au risque de perdre un temps considérable ou l'enseignant doit-il

intervenir, et si oui à quel moment ? De même, comment faire pour impliquer les élèves

dans l'action : doit-on débuter par un travail individuel ? dans ce cas comment faire pour

le lier au travail de groupe ? De plus, en analysant à posteriori cette séquence sous l'angle

des dérives pédagogiques présentées par Meirieu (voir le paragraphe suivant), je me suis

aperçue que j'avais, sans m'en rendre compte, orienté ce travail vers le groupe de

production : certains élèves étaient réticents à laisser colorier les autres membres du

groupe car ils voulaient réaliser une "belle" œuvre.

Dans l'ouvrage Itinéraire des pédagogies de groupe Apprendre en groupe I,

Meirieu met en évidence deux dérives qu'il faut absolument éviter car elles transforment

le groupe en obstacle pour l'apprentissage. Le premier écueil serait de développer un

groupe de production en donnant la priorité au projet pour se rapprocher le plus possible

du vécu des élèves. En effet, si les apprentissages sont articulés autour d'un projet à

l'année, le but ultime est alors de se rapprocher de l'activité économique : motivation,

volonté du travail fini mais sélection des apprenants pour une qualité optimale. Le désir

de faire une "belle" production amènerait les élèves et l'enseignant à une division du

travail selon les capacités des élèves : on prend les meilleurs pour chaque tâche. (Le

travail de groupe que je viens de présenter n'a pourtant pas été jusqu'à cette division des

tâches car je n'ai pas laissé les élèves décider de la façon dont ils exécuteraient ce travail :

ils avaient tous la même tâche à faire). Dans le cas de la division du travail,

l'apprentissage est donc totalement oublié au profit de la performance. Or, l'école n'est pas

là pour former des spécialistes dans un domaine mais pour que tous apprennent tout. Mais

pour cela, il faut accepter d'oublier la qualité du produit fini, de "gâcher" le matériel.

Selon Meirieu : "L'école a pour mission […] d'aider chacun à acquérir de nouvelles

compétences, fut-ce au détriment de la qualité des réalisations de groupes".

Meirieu soulève un autre écueil du travail de groupe : le groupe fusionnel. Dans ce

cas, la priorité est donnée au relationnel dans le groupe et le projet, tout comme

l'apprentissage, est entièrement oublié. Le but de ce groupe est de retrouver une unité

fusionnelle en créant de nouveaux rapports entre les membres du groupe. Cette "quête"

finit par effacer toute différence individuelle au profit de l'unité du groupe. De ce fait,

chacun a regard et prise sur tous les éléments relatifs au vécu du groupe. L'affectif

devenant primordial, le mode de communication privilégié s'appuie alors sur la

fascination charismatique et la séduction (cf. l'école de Summerhill dans la partie II a). De

plus, le refus de l'autorité qu'entraîne cet enfermement procure au groupe une puissance

d'autant plus forte qu'elle est insidieuse : il est ouvert aux jeux de pouvoir et d'influence

grâce aux pressions. Celles-ci conduisent à rejeter tous ceux qui sont différents ou qui

refusent de céder aux pressions. Comme cette forme d'autorité est insaisissable, chaque

membre du groupe l'exerce sans le savoir et personne ne peut l'identifier. Il est donc

beaucoup plus difficile de s'en détacher : contre qui doit-on se rebeller si elle nous étouffe

?

Ces deux dérives font partie de l'évolution naturelle du groupe. Il faut donc rester

très critique et revenir sur la pratique du groupe pour l'analyser afin d'éviter le plus

possible ces deux obstacles. L'enseignant a donc un rôle très important à jouer : il doit

dégager une spécificité du lieu scolaire. L'élève doit comprendre que l'école est construite

à partir d'une logique pédagogique rationnelle (il faut exposer clairement les objectifs et

les progressions) et non d'une logique économique fondée sur la transmission des savoirs.

Il est donc nécessaire de se pencher sur les objectifs et les conceptions qui sous-tendent la

pédagogie de groupe.

II. Les objectifs et les conceptions de cette pédagogie :

1. Les statuts de l'enseignant, de l'élève et du savoir

Dans l'ouvrage Itinéraire des pédagogies de groupe Apprendre en groupe I,

Meirieu définit le groupe comme un ensemble "constitué de relations plurielles

d'échanges […] articulées sur un contact avec ce qui est donné comme le réel […],

évacuant tout ou partie de l'autorité du maître." Le groupe permet donc à l'enfant de se

construire comme personne à travers une interaction avec ses pairs et non plus seulement

avec l'enseignant. Ainsi, en se confrontant à autrui, il pourra se construire comme sujet et

sortir de l'individualisme et de l'arrivisme considérés généralement comme le propre du

petit enfant (notion d'égocentrisme) pour en venir à la coopération et à l'entraide. Pour

Meirieu, il faut donc se pencher tout d'abord sur le statut philosophique de l'enfance. On

n'existe que grâce au regard des autres, parce que les autres nous reconnaissent comme

une personne à part entière avec qui ils peuvent échanger. La mise en groupe devient alors

une expression légitime de la personne de l'enfant. Chacun peut s'y exprimer et être

reconnu.

Mais la définition de Meirieu ne présente pas uniquement le groupe comme un

lieu privilégié de socialisation. C'est aussi une organisation qui permet d'évacuer en partie

l'autorité du maître ou tout au moins de la modifier. Il ne faut cependant pas tomber dans

l'excès inverse et Meirieu nous le démontre en analysant la pratique des écoles libertaires

de Hambourg et Summerhill en Grande Bretagne (Cette dernière a été fondée sous

l'influence d'A.S. Neill). Selon lui, ces écoles s'appuient sur une pédagogie qui exclut

toute contrainte pour les élèves, qui se retrouvent à égalité avec l'enseignant. Ils disposent

d'une liberté totale, chaque élève dirigeant ses apprentissages. La discipline y est rejetée

car elle empêche l'autonomie, l'exercice de la liberté et détourne l'enfant de l'objet. L'école

devient alors un cadre de vie géré par les élèves ou aucun apprentissage n'est programmé

à l'avance. Sur le plan de l'organisation, A.S Neill introduit l'assemblée générale

hebdomadaire qui a pour but de définir les règles de la vie collective. L'enseignant, de

même que chaque enfant, peut exprimer son opinion en posant une voix. Selon Meirieu,

cet exemple présente des limites : l'autorité contraignante de l'enseignant (modèle

traditionnel) étant abandonnée, elle laisse place à une autre autorité, plus problématique

encore car insidieuse : la fascination exercée par l'enseignant sur les élèves. Ce serait

donc un retour au charisme de l'enseignant, à son pouvoir de séduction sur l'enfant,

annulant ainsi tous les efforts des pédagogues pour mettre au premier plan le respect de

l'élève.

Or, l'école de Summerhill existe toujours et face à ce type de critiques, l'équipe

pédagogique a voulu répondre sur son site internet

(Http://ecolesdifferentes.free.fr/art19j.htm). Matthew Appleton, responsable à Summerhill

" de la santé et du bien être des enfants", affirme que malgré la disparition de Neill en

1973 l'école continue toujours sa pédagogie avec succès grâce à la notion de self-

government introduite par Neill. Pour eux, les enfants ayant "la capacité à déterminer le

cours de leur vie" ("ils sont [le] plus à même de décider comment ils doivent mener leur

vie"), l'école est autogérée par la communauté et tout peut être remis en question pendant

l'assemblée générale (A.G.) : "Toutes les lois passent par l'A.G., sauf celles concernant la

santé […] ou d'autres relevant impérativement de la loi du pays." Selon eux, c'est ce

principe là qui permet d'évacuer l'autorité, signe de la supériorité des adultes et non la

forte personnalité de Neill.

Il est donc nécessaire, quand on s'engage dans une pédagogie de groupe, de se

pencher sur le statut de l'enseignant et de l'élève mais aussi du groupe. Quelle part

d'autorité, d'autonomie laissée au groupe et quelles fonctions l'enseignant doit-il

assumer ?

L'autorité est une notion qui pose beaucoup de problème aux enseignants car elle

s'impose le plus souvent aux élèves, révélant du même coup une supériorité qui dérange.

Pour ma part, lors de ma pratique, même si de nombreuses règles ont été discutées et

élaborées avec les élèves, je suis restée intransigeante sur certaines règles fondamentales

qui correspondent aux valeurs de la société et de l'école, telles que : "on vient à l'école

pour apprendre", "on respecte les personnes, soi et les autres", "on a le droit à l'erreur",

"chacun a le droit à la parole", "on refuse toute violence, verbale et physique", "on

s'entraide pour apprendre". Cette autorité doit être reconnue comme légitime par les

élèves car elle permet au groupe-classe de fonctionner de façon sereine. L'autorité

institutionnelle de l'enseignant est là pour assurer la sécurité et le travail de chacun. Au

sein du groupe, celui-ci devra donc gérer les relations conflictuelles si les membres du

groupe ne parviennent pas à le faire seuls. Il m'est d'ailleurs souvent arrivé d'avoir à

intervenir dans un groupe pour que chacun puisse exprimer son opinion ou pour inciter

les élèves à examiner les propositions de chaque membre du groupe avec plus

d'objectivité.

Mais l'enseignant n'a pas seulement à gérer le fonctionnement de l'autorité. La

pédagogie de groupe modifie aussi son statut pédagogique : il n'est plus celui qui "offre",

"transmet" le savoir mais celui qui permet aux élèves de le découvrir. Pour cela, il

organise les apprentissages des élèves et reste maître de la gestion de ceux-ci. Il devra

donc (voir III a) définir une progression de ces apprentissages ainsi que les objectifs

recherchés. Il s'occupera également de la gestion du matériel, de l'espace, des outils.

Il est également nécessaire de préciser le statut que l'on donne au savoir. Dans la

pédagogie de groupe, l'élève construit le savoir en manipulant. Mais mon expérience au

cours des stages m'a montré que ce n'était pas suffisant. Il faut également que les élèves

soient motivés pour s'investir dans la recherche et donc dans l'apprentissage. Ainsi, mon

expérience en stage de cycle 1 m'a montré l'importance d'inscrire le travail de groupe dans

un projet de classe. En effet, dans la classe de M.S et G.S à Rousson dont j'étais

responsable pendant trois semaines, un projet d'école sur le thème de la maison était mené

depuis le début de l'année dans la classe. Ils avaient notamment étudié l'album Les Trois

Petits Cochons et construit des maisons en paille, en bois et en briques. En reprenant ce

projet tout au long des trois semaines, je me suis inscrite dans une certaine continuité de

la classe, même si je l'ai traité différemment. De plus, les élèves se sont montrés très

motivés par ce projet qui, pour eux, donnait un sens aux apprentissages.

Ayant pour objectif de travailler sur le plan de la maison en "Découverte du

monde", je leur ai donc demandé de construire une maison en légo par groupe de deux.

Nous avions vu précédemment les étapes de construction d'une maison, du plan à la

peinture des murs et je m'étais assurée que tous connaissaient les éléments indispensables

d'une maison (les murs, la porte, une fenêtre au moins, le toit). Malgré cela, le passage de

la représentation plane (bien maîtrisée), à la représentation en volume a présenté de

nombreuses difficultés. Mais les élèves sont restés très motivés jusqu'à la fin de la

réalisation de leur maison et ont procédé par de nombreux essais-erreurs pour obtenir une

maison qu'ils jugeaient "correcte". Le travail en groupe de deux a été très bénéfique : ils

s'encourageaient et se conseillaient mutuellement, s'entraidaient (notamment pour réaliser

le toit qui a posé le plus de problème). J'étais là surtout pour leur permettre d'avoir du

recul sur leur réalisation ainsi que pour rappeler la consigne. J'ai également interrompu

plusieurs fois le travail de groupe pour faire le point sur l'avancée de leurs maisons, sur

les difficultés rencontrées et sur les solutions trouvées. Ces mises en commun ont permis

à certains groupes de trouver des solutions sans que j'ai besoin d'intervenir pour leur

donner.

Finalement, j'ai été très agréablement surprise par ce travail en groupe. Je pensais

que, du fait de leur jeune âge, les élèves seraient encore très "égocentrés" et accepteraient

avec difficulté de partager leur réalisation. Il en a été tout autrement puisque j'ai même à

faire face à beaucoup moins de problèmes relationnels que lors des travaux de groupe

réalisés en cycle 2. Je pense que cela est dû à la forte motivation des élèves grâce au

projet mais également à la difficulté de réaliser ce travail seul. En effet, les élèves étaient

tout à fait conscients du temps et de la complexité de la tâche. Il est donc très important

pour impliquer les élèves dans l'activité de construire certains savoirs autour d'un projet.

Il n'est cependant pas possible, mais aussi pas souhaitable, d'intégrer tous les

apprentissages au projet. En effet, surtout si celui-ci se déroule sur l'année, les élèves se

lasseraient rapidement d'un tel système d'organisation.

2. Les expériences du stage en cycle 2

J'ai effectué mon premier stage en responsabilité à l'école élémentaire de Pontigny

dans une classe de CP-CE1 composée respectivement de 7 et 12 élèves. Ces élèves

étaient peu habitués à travailler en groupe, l'enseignante en place m'ayant expliqué que

ses quelques tentatives avaient jusqu'alors obtenu des résultats mitigés.

Mon principal objectif de stage était de faire travailler les élèves en groupe tous

domaines confondus et chaque fois que c'était possible, espérant ainsi percevoir une

légère progression à l'issue de mes trois semaines de stage. Je voulais aussi qu'il y ait un

retour régulier sur cette forme de travail à posteriori : il s'agissait de faire une analyse de

la pratique du groupe pour pouvoir l'améliorer au cours des trois semaines et le rendre

plus performant. (Ce deuxième volet sera étudié dans le III c)

Durant ce stage, les élèves ont travaillé en groupe de manière ponctuelle tout au

long des trois semaines du stage. Je n'expose ici que les deux projets de travail de groupe.

Dans le domaine "Mathématiques", les deux niveaux ont travaillé sur la même

notion : la résolution de problèmes de partage et de distribution équitable. Après une

évaluation diagnostique effectuée par niveau, ils ont travaillé ensemble par groupe pour

calculer, à partir de commandes de chaque groupe, combien d'articles de chaque sorte ils

avaient besoin pour réaliser une expérience. J'ai organisé la classe en 5 groupes de 4 : 2

CP et 2 CE1 dans chaque groupe. Mais ce travail de groupe n'a pas abouti car la consigne

n'a pas été assez claire. De plus, l'effectif des groupes était trop important et les élèves

avaient beaucoup de mal à se mettre d'accord : ils se sont perdus dans des considérations

matérielles, se sont "disputés" la feuille, le stylo puis ont tout de suite cherché à écrire

quelque chose, sans vraiment tenir compte de la consigne ni réfléchir à une stratégie

auparavant. Il me semble donc préférable de ne pas leur donner tout de suite une feuille et

un crayon et de leur demander de réfléchir d'abord individuellement au problème. Il serait

aussi nécessaire d'écrire la consigne au tableau et de demander à un élève de la

reformuler.

Au cours de la séance suivante, les élèves étaient réunis par groupe de 3 : 2 CE1 et

1 CP ou 2 CP sans difficultés et 1 CE1. Il s'agissait de partager un tas d'allumettes en

plusieurs groupes. La mise en commun se faisait soit par observation/explication du

groupe à sa table (possibilité de manipulation et visualisation), soit par écriture du résultat

sur une affiche ensuite exposée. J'ai remarqué que les explications et la communication de

la procédure se faisaient plus facilement quand on allait voir le travail de chaque groupe.

Par ailleurs, les groupes de trois élèves semblent plus appropriés à ce type de recherche

mais il reste tout de même de sérieuses difficultés relationnelles concernant le matériel

notamment pour le partage des allumettes, chacun faisant son tas avec les allumettes qu'il

a pu récupérer ou s'emparant des allumettes des autres.

Le deuxième projet de travail de groupe suivi pendant ce stage relevait du

domaine de la "Découverte du monde". Les deux niveaux travaillaient ensemble par

groupes de 4 (2 CP-2 CE1) au cours d'une séquence sur la découverte de l'existence de

l'air. Pour les deux expériences qu'ils ont eu à faire, ils ont d'abord élaboré l'expérience,

passé une commande de matériel (pour la première expérience seulement), réalisé

l'expérience et en ont rendu compte au reste de la classe. La séquence se déroulait comme

suit :

Séance 1 : situation déclenchante

Objectif : présenter sa conception sur l’air et commencer à la remettre en question .Déroulement : IV. Les verres sont posés sur une tableV. On leur demande d’identifier chaque matière VI. Prise de note au tableau sur une affiche des représentations initiales des enfants sur

l’air

Séance 2 : expérience

Objectif : Vérifier l’hypothèse de la présence d’air dans le verreDéroulement :

VII.W/2 On leur présente le matériel : « quelle expérience pouvez-vous faire pourprouver qu’il y a de l’air dans le verre ? »

VIII.Mise en commun, présentation des différentes expériences et vérification enreproduisant l’expérience devant la classe

IX. L’ enseignant refait l’expérience en mettant un chiffon au fond du verre, il ne doit pasêtre mouillé quand le verre est au fond de l’eau

Synthèse avec dessin et légende

Bilan : Plusieurs enfants ont eu du mal à entrer dans l'activité car ils n'en voyaient pasl'utilité : la justification par leurs sensations leur paraissait suffisante. J'ai donc insisté surle caractère objectif et indiscutable de l'expérience scientifique.L'expérience voulue n'ayant pas été trouvée, je la présente au début de la 2e séancecomme une autre possibilité.

Séance 3 : expérience

Objectif : savoir déplacer de l’air Déroulement :

X. XI. "Mettez de l’air dans le verre rempli d’eau en utilisant l’autre verre mais sans sortir

les verres de l ’eau. "Constitution d’une trace écrite : schéma et phrase de synthèse

Bilan :Toutes les expériences avaient pour but d'attraper les bulles d'air à la surface del'eau ( à l'aide des mains ou du gobelet) et cela même après avoir dit qu'un verre devaitêtre rempli d'eau. Ce n'est qu'en refaisant l'expérience collectivement et en regardant avecattention à quel moment les bulles éclataient que les conceptions des élèves ont changé.

Séance 4 : Évaluation

Objectif : Démontrer la présence de l’airDéroulement :XII.Rappel des séances précédentes et des conclusions Évaluation : « il y a un trou dans cette chambre à air, à vous de le trouver »Quand ils l’ont

trouvé, ils posent une rustine

Ce travail en groupe n'a pas été aussi productif que je l'avais pensé. D'une part, il a

le souvent été perturbé par un refus de partager le matériel, un élève voulant tout faire à la

place des autres. Mes consignes n'ayant pas non plus été clairement précisées, certains

élèves indécis ont dissipé le groupe : la présence d'eau et de gobelets invitent alors à

l'amusement. Malgré des recadrages, les élèves n'ont pas paru très impliqués dans la

conduite des expériences. Il m'apparaît donc que, lors d'un travail de groupe plus encore

peut-être que dans une autre forme de travail, la construction collective du projet est

primordiale pour assurer le bon déroulement des travaux de groupe. Il aurait fallu que je

prenne plus de temps lors de la première séance pour qu'ils s'approprient le

questionnement et puissent par la suite s'investir totalement dans la recherche par groupe

d'une solution.

Finalement, un travail de groupe peut rapidement devenir inefficace : au cours de

ce premier stage comme aux suivants, j'ai souvent été obligé de reprendre une séance en

partie parce qu'elle avait durée plus longtemps que prévue. Je pense que c'est en partie dû

à mon inexpérience dans la prévision et la gestion du temps mais pas seulement. La

gestion des imprévus lors d'un travail de groupe est parfois plus lourde que dans un autre

mode d'organisation. Ainsi, de nombreuses interrogations restent en suspens. Tout

d'abord, en ce qui concerne la conception d'une séance d'apprentissage par un travail de

groupe, je me demande comment faire pour mettre en activité tous les élèves du groupe.

Cette situation pose en effet un problème majeur : seuls ceux qui croient "savoir"

bénéficient de ce moment de recherche pour approfondir leurs connaissances, les autres,

en refusant leur implication dans le groupe, refusent par la même occasion

l'apprentissage. Cela est d'autant plus préjudiciable que ces enfants sont assez souvent

ceux qui sont déjà en difficulté scolaire. Dans ce cas, le travail de groupe, qui se proposait

comme une alternative permettant un échange de savoirs entre pairs en utilisant

l'hétérogénéité comme un acteur de l'apprentissage, échoue complètement dans cette

mission : il renforce l'échec de certains enfants ! Que faire pour éviter ça ? Comment

organiser le travail de groupe ?

3. Comment concevoir un travail en groupe qui implique la

participation de chacun ?

La non-participation de certains membres du groupe est un problème majeur

quand on travaille en groupe. Les auteurs de L'apprentissage coopératif Théories,

méthodes, activités se sont penchés sur les facteurs qui ont une incidence sur l'implication

des élèves (voir en annexe 5 le tableau Facteurs qui influent sur la productivité des

groupes). Entre autres facteurs, les auteurs ont regroupé les facteurs liés à l'absence de

participation sous le terme d' "indolence sociale", suivant les études de psychosociologues

(Latane, Williams et Harkins en 1979). Ce terme définit "la diminution de l'effort chez les

individus travaillant en groupe". On peut relever cinq facteurs déterminants dans

l'implication des élèves : l'égalité des efforts, l'identifiabilité, la responsabilité, la

superfluité et l'engagement.

L'égalité des efforts dépend de la perception qu'à chaque membre du groupe de

l'effort fourni par les autres. Ainsi, si un élève a l'impression d'être le seul à travailler

durement, il se lassera vite et abandonnera ses efforts. J'ai en effet observé dans certains

groupes qu'en début de recherche quelques-uns uns s'impliquaient plus que d'autres dans

le travail mais, lorsque je repassais dans ce groupe, l'élève, s'il était seul à travailler, était

démotivé et adoptait l'attitude des autres membres du groupe. Il est donc nécessaire que

les élèves sachent que l'apprentissage acquis en groupe est aussi important qu'un autre et

qu'ils auront ensuite à le réinvestir individuellement.

En abordant l'identifiabilité de la contribution de chacun, les auteurs préconisent

que l'apport de chacun dans le groupe puisse être clairement identifié par les autres.

J'ajoute qu'il faut cependant veiller à ne pas tomber dans la dérive productiviste décrite

par Meirieu : il ne faut pas confondre identification de l'apport et division des tâches. Il

faut également encourager la responsabilité de chaque élève face à l'activité. En effet, si

l'élève ne pense pouvoir jouer qu'un rôle mineur dans le groupe, il ne se sentira pas

responsable et participera peu. Il en va de même pour le facteur de superfluité : si l'élève

pense que son apport est superflu et fait double emploi, il ne participera pas à l'activité.

Par conséquent, au lieu d'évaluer les solutions du groupe, il vaut mieux individualiser

l'évaluation, par exemple en demandant à chacun, suite au travail de groupe, de réinvestir

individuellement la notion. Le dernier facteur mis en évidence par les auteurs est

l'engagement de chacun. Celui-ci dépend de la motivation de chaque élève pour la tâche

(cf. la notion de projet, page suivante).

Face à un problème de participation, l'enseignant doit donc analyser le mode de

fonctionnement du groupe pour repérer de quels facteurs relèvent cette démobilisation et

savoir comment faire pour l'améliorer.

Il est également possible de résoudre en partie le problème de la participation de

tous à l'activité collective en réfléchissant au nombre d'élèves du groupe (cette notion fait

aussi partie des "facteurs influant sur la productivité des groupes"). En effet, au cours de

ma pratique de classe, gérer des groupes de recherche de quatre élèves m'a semblé plus

difficile que gérer les groupes de deux ou trois élèves, tant au point de vue de

l'organisation matérielle, de l'écoute des propositions que de la manipulation de chacun.

Je pense que pour des élèves peu habitués à travailler en groupe, il est préférable qu'ils

aient une première approche de cette nouvelle organisation par petits groupes (de deux,

trois au maximum). Cela leur permet d'appréhender les règles de base de ce mode de

travail : l'écoute mutuelle, la participation de chacun, l'entraide. Il leur sera ensuite plus

facile de travailler en groupe plus importants.

Cependant, l'effectif des groupes doit être établi en fonction de l'objectif de

l'activité. Ainsi, les auteurs de L'apprentissage coopératif Théories, méthodes, activités

présentent trois types de regroupement différents, classés selon leurs objectifs

pédagogiques. On peut tout d'abord former des groupes "stables". Ceux-ci vont travailler

ensemble pendant toute la durée nécessaire à l'apprentissage. Cette durée peut être

variable. Lorsque l'apprentissage ne dure que quelques minutes, il s'agit d'un "groupe

informel". J'ai utilisé ce type de groupe en CE1 pour leur faire comparer des réponses ou

pour vérifier la compréhension qu'ils avaient d'un texte. Lorsque la durée est plus

importante, il s'agira d'un "groupe de projet", ce dernier s'étendant sur plusieurs semaines.

Les élèves auront à organiser le groupe pour atteindre un objectif défini auparavant.

Enfin, des groupes stables peuvent être formés dans le cadre d'un réseau de soutien

("groupe de base"). Les élèves ayant des difficultés assez comparables travailleront

ensemble une partie de l'année. Le deuxième type de regroupement : les groupes

"combinés", sera utilisé par l'enseignant quand il voudra "élargir la discussion entre les

élèves, accroître la consultation entre les groupes, recueillir un consensus sur un sujet

donné, discuter des procédures d'une tâche d'apprentissage ou fournir une rétroaction."

Dans ce cas, l'enseignant réunit plusieurs petits groupes de travail. Le troisième type de

groupe proposé est le groupe "porte-parole". Pour ce faire, un membre de chaque groupe

de travail (le porte-parole) ira dans ce groupe pour échanger sur l'expérience de chaque

groupe. Ces deux derniers types de groupe me semblent intéressants, surtout lorsque

l'effectif de la classe est important, mais ils paraissent difficiles à mettre en place dès le

début. Pour ma part, j'attendrais peut être que les élèves aient déjà une certaine habitude

du fonctionnement en groupe pour le faire.

Les auteurs de cet ouvrage pensent aussi que les groupes peuvent être formés par

les élèves ou par l'enseignante. Il faut cependant savoir que dans le cas du choix des

groupes par les élèves, ceux-ci se répartiront soit par affinité, soit par intérêt sur le plan

scolaire (ceux qui s'intéressent au même sujet vont l'étudier ensemble). Dans le cas des

groupes formés par l'enseignant, celui-ci peut choisir de regrouper les élèves par

proximité géographique (c'est ce que je faisais en cycle 2 quand je ne connaissais pas

encore les difficultés des élèves et pour une activité ponctuelle). L'enseignant peut

également organiser des groupes hétérogènes en s'appuyant sur les compétences des

élèves, sur la façon dont ils apprennent (prédilection auditive ou visuelle) ou sur d'autres

critères en fonction de l'apprentissage voulu. Ce choix permet une confrontation des

élèves qui favorise l'apprentissage (cf. l'interdépendance positive I b). Il peut enfin former

des groupes homogènes, notamment pour permettre une différenciation pédagogique.

Pour ma part, je ne laisserais que très rarement les élèves choisir leur groupe pour éviter

les rejets de certains élèves.

Enfin, dans le cadre particulier de la classe à double niveau, j'ai été confronté à

l'obstacle suivant : est-il vraiment possible dans une classe à double niveau de cycle 2 de

faire des groupes en mêlant les deux niveaux ? En effet, dans le cadre de la séquence de

"Découverte du monde" présentée précédemment, ce type de regroupement s'est révélé

peu productif car les C.E 1 avaient la plupart des initiatives et ne prenaient souvent pas

assez de temps pour expliquer leurs stratégies aux C.P. Ceux-ci ne participaient donc pas

toujours à l'activité à parts égales avec les CE1. J'ai pourtant essayé autant que possible

d'intégrer les C.P. aux C.E1, notamment en leur demandant lors de la mise en commun

d'exposer aux autres leurs recherches mais ils ne pouvaient au mieux que reproduire

l'expérience sans en avoir saisi la raison. Plusieurs se sont justifiés en répondant : "on ne

m'a pas expliqué."

Il me semble maintenant préférable de faire des groupes de recherche composés

uniquement de C.P, leur permettant ainsi de s'investir pleinement dans la recherche et de

proposer aux C.E1 d'approfondir leurs expériences sur l'air en leur demandant par

exemple de renouveler l'expérience avec un sac puis de récupérer l'air de ce sac dans une

bouteille. En effet, pour créer des conflits socio-cognitifs, il ne faut pas qu'il y ait un écart

trop important entre les partenaires, notamment entre le développement cognitif de l'élève

et l'élément nouveau. C'est une condition essentielle pour qu'ils se comprennent et qu'ils

participent activement : ils doivent posséder un ensemble de compétences cognitives et

linguistiques communes. Pour P. Meirieu (in Outils pour apprendre en groupe Apprendre

en groupe II) comme pour Louis Not dans classe-coopérative, il faut que dans le groupe il

y ait identité des capacités (pour permettre l'implication de chacun) et différenciation des

compétences (pour que chacun apporte une originalité). Il est donc nécessaire que

l'enseignant évalue les pré-requis de chaque élève pour réunir ceux qui ont des

conceptions proches. Il doit également être à l'écoute des élèves et relever leurs

représentations pour les exploiter en créant des situations susceptibles d'entraîner des

divergences ou des conflits d'interprétation.

Enfin, lors de la conception de la situation d'apprentissage en groupe, l'enseignant

doit prévoir pour chaque élève une réappropriation individuelle du travail fait en groupe,

grâce à des réinvestissements à travers de nouvelles situations et à des évaluations. De

même, pour assurer la réussite du plus grand nombre, il faut proposer des stratégies

diversifiées aux élèves : cours magistral, travail sur fiches individualisées et non proposer

uniquement des recherches en groupe. Il faut diversifier le plus possible pour que les

élèves voient différentes manières d'aborder la notion et adhèrent à une ou plusieurs

d'entre elles. Le travail en groupe est donc une méthode parmi d'autres, à l'intérieur d'un

dispositif pluriel où il y a des objectifs précis d'apprentissage, une évaluation des

acquisitions en vue de développer un fonctionnement au profit de chacun. Il est donc

important de se demander comment mettre en œuvre ce dispositif.

III. La mise en œuvre pédagogique :

1. La place de l'enseignant

Dans un premier temps, l'enseignant a un important travail de préparation à faire.

On vient de le voir, il est nécessaire qu'il soit à l'écoute de ses élèves et qu'il s'appuie sur

leurs connaissances, sur leurs niveaux de conceptions pour préparer ses situations

d'apprentissage. S'il est fidèle au statut de l'enseignant et du savoir décrits auparavant (cf.

modèle constructiviste, II a), il construira ses séquences autour de séances de recherche de

façon à mettre l'enfant en contact direct avec l'objet du savoir. De plus, les groupes formés

s'appuyant le plus souvent sur les compétences des élèves, il devra construire une

progression des apprentissages et les articuler autour de projets d'activités. Cela lui

permettra d'apporter des situations d'apprentissages ouvertes qui aient du sens pour

l'enfant et qui le motivent.

Une fois cette trame établie, il devra penser aux outils d'évaluation qu'il mettra en

place pour lui mais aussi pour les élèves (grilles d'auto évaluation). Le choix du moment

où il apportera les connaissances indispensables au nouvel apprentissage doit également

être mûrement réfléchi. Il faut aussi tenir compte du cas où les élèves n'arriveraient pas à

l'objectif voulu. J'ai rencontré cette situation lors de la deuxième séance sur l'air effectuée

au cycle 2. Comme aucun groupe n'avait trouvé exactement l'expérience voulue, je la leur

ai présenté à la séance suivante en leur demandant si elle permettait bien de vérifier qu'il

y avait de l'air dans le verre.

L'enseignant doit également veiller à faciliter l'organisation technique et matérielle

de la séance. Il va falloir qu'il choisisse le type de groupe en fonction de son objectif (cf.

II c) mais aussi la disposition des tables dans la classe. Ce dernier point me pose

problème : le groupement des tables par 4 est-il judicieux ? Lors de mon stage tutelle en

CE1, la disposition de la classe m'avait semblé propice au travail en groupe : les tables

étaient réunies pour former des groupes de 4 élèves et étaient toutes orientées vers le

tableau pour que chaque élève puisse le voir sans gêne comme le montre le schéma ci-

dessous.

Cette disposition avait cependant un inconvénient : certains élèves ( • ) devaient se

retourner pour voir une partie du tableau. Lors de mon stage en responsabilité dans une

classe de CP.CE1, j'ai voulu reproduire cet aménagement en essayant le plus possible

d'éviter cet obstacle. Cela a été plus facile puisque à chaque niveau correspondait une

partie du tableau. Le plus souvent, les élèves avaient donc dans leur dos la partie du

tableau "réservée" à l'autre niveau. Néanmoins, ce type de regroupement m'a posé

quelques problèmes de gestion de l'attention des élèves : j'ai dû régulièrement isoler la

table de ceux qui n'écoutaient pas. Cette inattention était en partie due au regroupement

des élèves par quatre face à face. La raison du groupement (échanger plus facilement),

devient donc dans certains cas un inconvénient. On peut alors se demander si un

regroupement des tables en "U" ne serait pas préférable. J'envisage de le mettre en place

lors de mon dernier stage pour pouvoir comparer avec ce type d'organisation spatiale.

Dans un second temps, l'enseignant doit gérer ses interventions pendant le travail

des groupes. Dans le cadre des stages, la gestion de ma position dans la classe m'a parue

difficile à définir pendant ces temps de travail de groupe : je ne pouvais avoir un œil sur

tous les échanges en même temps et j'avais l'impression que la séance m'échappait.

Pendant que je relançais l'activité dans un groupe ou que j'écoutais leurs réflexions pour

résoudre le problème posé, un autre venait me solliciter pour des problèmes le plus

souvent relationnels ou se dissipait, ne sachant pas précisément quelle tâche accomplir.

(Néanmoins, les problèmes relationnels ont ensuite été plus ou moins gérés par le

"responsable du groupe" : voir III b). Je ne me sentais donc pas très efficace dans mes

interventions. Il est donc primordial, en préparant sa séance, de réfléchir à la place qu'on

occupera pendant l'activité .

Nous l'avons vu précédemment, il est important d'installer un climat de confiance

au sein de chaque groupe pour que chacun puisse s'investir dans la recherche sans peur

d'être jugé. L'enseignant est aussi le garant des qualités des échanges : il doit favoriser

l'expression, la communication et régler en dernier recours les conflits relationnels. Ses

interventions doivent porter essentiellement sur la communication entre les élèves. Pour

cela, il peut avoir préparé un questionnaire individuel. Les élèves auront ainsi réfléchi

individuellement sur la question et pourront l'apporter lors du travail de groupe. Les

échanges n'en seront que plus riches. L'enseignant doit cependant rester disponible en cas

de conflits ou de demande d'aide dans un autre groupe tout en laissant aux membres du

groupe un certain temps pour pouvoir régler seuls leurs problèmes. Cette gestion de

l'intervention ou de l'effacement de l'enseignant me paraît toujours difficile, il m'arrive

d'hésiter face à certaines situations en me demandant : "vont-ils arriver à résoudre le

problème seuls ou dois-je intervenir pour les guider ? ". Il me semble nécessaire lorsqu'on

commence la pédagogie de groupe d'imposer des consignes très strictes en ce qui

concerne les valeurs à partager dans la classe et en sein du groupe et s'assurer de leur

application. Cela leur fournit un cadre pour échanger en toute sérénité. Les règles du

travail en groupe prendront peu à peu le relais.

Ces interventions dans le groupe doivent aussi avoir pour objectif d'encourager

une mise à distance de l'action du groupe, un recul : l'élève doit être acteur mais aussi

spectateur. Il faut donc un retour critique de l'élève sur son action, en vue de favoriser une

analyse objective de ses actions et de leurs résultats. L'élève doit apprendre à s'interroger

sur l'impact de ses paroles ou de ses actions sur l'autre pour qu'il puisse faire évoluer ses

représentations et réaménager sa proposition en tenant compte des réactions. Ce travail

doit se faire sur le long terme car les élèves ont beaucoup de mal à se décentrer et à

prendre en compte autrui. Ainsi, durant le stage en classe de CP.CE1, Les CE1 avaient à

préparer par groupes de 4 (un personnage chacun) la lecture d'un album lu ensemble en

vue de le lire aux CP. Ils ont eu beaucoup de mal à tenir compte des remarques faites sur

leur lecture : peu audible pour les autres, peu expressif…Il est donc nécessaire de

favoriser les échanges entre pairs.

2. Les rôles confiés aux élèves

Le préalable à tout travail de groupe est que chacun sache qu'il peut s'exprimer

librement et qu'il peut se tromper (l'erreur est nécessaire à l'apprentissage). Chaque élève

doit aider à ce que cette attitude soit commune à la classe. L'élève doit pouvoir peu à peu

présenter son point de vue calmement sans monopoliser la parole, écouter et prendre en

compte les réactions des autres, modifier éventuellement son opinion sans pour autant se

rallier constamment au dernier qui a parlé. Il s'agit là de poser les fondements d'une

première autonomie intellectuelle. Au début de l'apprentissage, l'enseignant doit rappeler

à chaque fois ces règles essentielles mais il faut aussi responsabiliser les élèves. Un

travail a été fait dans ce but avec les CP.CE1 lors de mon premier stage en responsabilité.

Suite à quelques travaux de groupe, il est en autres ressorti du bilan cette remarque : "des

enfants ne passent pas les crayons, les règles… ; des enfants ne travaillent pas ; il y a du

bruit" suivie de cette proposition de la classe : " il faut que, dans chaque groupe, il y ait

un enfant qui décide, qui règle les problèmes."

Il a donc été décidé que cet élève serait "le responsable du groupe". Il devait

veiller à ce que les deux problèmes soulevés pendant la discussion ne viennent plus

entraver le déroulement du travail. En dernier recours, il pouvait venir s'adresser à moi. Je

désignais un élève différent à chaque mise en groupe pour éviter les discussions

interminables et les choix orientés affectivement qui auraient écarté certains de cette

fonction.

Les travaux en groupe qui ont suivi ont permis d'expérimenter cette méthode et le

responsable du groupe s'est rapidement vu attribuer une autre fonction : trancher en cas de

désaccord sévère entre les membres du groupe. Cette dernière fonction s'est

malheureusement transformée chez certains en "toute puissance" : le "responsable du

groupe" abusait de son rôle en imposant sa façon de penser. D'autres en profitaient pour

transgresser les règles établies collectivement : un élève est venu me dire que le

responsable de son groupe refusait de partager le matériel. J'ai alors décidé de retirer son

rôle au responsable en attendant que la question soit soulevée lors d'une prochaine mise

au point. Ce rôle m'a donc semblé peu efficace : sentiment de supériorité pour certains

élèves, monopole de la parole. Peut-être qu'un seul rôle dans le groupe introduisait une

inégalité ? le responsable du groupe avait-il trop de "fonctions" à exercer en même

temps ?

J'ai alors cherché ce que proposaient les pédagogies de coopération sur ce sujet.

Elles ont en effet réfléchi sur la pratique des rôles au sein du groupe. Ceux-ci sont là pour

éviter la reproduction dans le groupe de l'échange orienté uniquement du maître à l'élève

(et réciproquement). Ainsi, des élèves dans chaque groupe ont à gérer le fonctionnement

du groupe au cours de l'activité. Néanmoins, c'est l'enseignant qui gère la distribution et le

respect des rôles. Ces rôles sont présentés dans l'ouvrage La coopération en classe Guide

pratique appliqué à l'enseignement quotidien et les auteurs recommandent de "ne pas

concentrer tous les rôles reliés au fonctionnement de l'équipe dans les mains d'une seule

personne. Il est préférable de distribuer les rôles à plusieurs élèves de façon à ce que le

leadership soit partagé.". Au regard de ma pratique exposée précédemment, ce conseil me

semble tout à fait justifié et digne d'intérêt. Il est alors nécessaire de proposer différents

rôles au sein du groupe. Les auteurs proposent les rôles suivants : le facilitateur, le lecteur,

le scripteur, le chronométreur, , le secrétaire/porte-parole. Le facilitateur s'assure que tous

soient en mesure de participer et le font effectivement. Pour cela, il "lit les consignes au

groupe, voit si chaque élève a bien compris sa tâche, donne la parole ou distribue les

tâches en s'assurant que tous participent et dégage le consensus lorsque l'équipe doit

prendre une décision sur un point". Le lecteur lit aux autres les textes nécessaires au

travail du groupe dans le cas où il n'y a qu'un exemplaire pour celui-ci. Le scripteur est

chargé de consigner les résultats de la recherche par écrit si l'enseignant l'a demandé. Le

chronométreur gère la durée de l'activité et rappelle aux autres membres du groupe le

temps restant. L'harmonisateur doit traiter les conflits relationnels qui apparaîtront

sûrement au sein du groupe. Il doit éviter que ses conflits ne deviennent négatifs et ne

gênent le groupe dans l'apprentissage. En dernier recours, il va aider le groupe à se mettre

d'accord sur une solution. Le secrétaire est chargé de présenter la réflexion du groupe lors

de la mise en commun. Il faut donc qu'il s'assure que les scripteurs en ont bien rendu

compte.

Ces rôles vont bien sûr être attribués à des élèves différents lors de chaque

nouvelle activité de groupe. De plus, il n'est pas obligé que chaque rôle apparaisse,

l'enseignant choisira les rôles en fonction de la tâche voulue. Enfin, il est évident que

cette organisation ne sera pas performante dès la première mise en pratique. Il faudra un

certain temps pour que chacun ait intériorisé la fonction de chaque rôle. Tout au long de

ce tâtonnement, il sera donc nécessaire de les rappeler brièvement à chaque début de

travail de groupe.

Ces différents rôles pourraient peut-être aussi mettre en sourdine les phénomènes

de "leadership" en développant l'écoute et le respect d'autrui. En effet, certains élèves ont

tellement d'influence sur les autres, qu'ils se connaissent bien ou non, qu'ils imposent à

chaque fois leur stratégie en excluant toute autre comme non pertinente, et poussent ainsi

le groupe à exclure toute autre proposition, même dans le cas où elle est correcte ou plus

efficace que la proposition du "meneur". Il est très difficile d'amener les élèves à prendre

de la distance face au groupe et recevoir chaque proposition objectivement. Il semble que,

face aux phénomènes de leadership, il faille intervenir de manière autoritaire et obliger le

groupe à prendre en compte ou à formuler d'autres stratégies. Il ne faut pas avoir peur de

cette intervention selon Meirieu : "Ne pas intervenir, c'est souvent laisser les plus forts

opprimer les plus faibles."

3. la constitution de règles :

Au cours du stage responsabilité en cycle 2, une réflexion à été menée dans la

classe sur le fonctionnement du travail en groupe tel que le percevaient les élèves. Cette

réflexion s'est appuyée sur un retour différé sur les travaux de groupe tout au long du

stage.

Dans un premier temps, j'ai relevé leurs conceptions du travail en groupe (ils en

avaient déjà parlé avec leur enseignante auparavant). Cette prise d'indices s'est effectuée

sous forme de dictée à l'adulte. Les élèves ont tout d'abord eu du mal à cibler leur

réflexion sur le travail en groupe. Ils désiraient reprendre toutes les règles de vie de la

classe, peut être parce qu'ils les avaient récemment élaborés avec leur enseignante.

Je retranscris ici l'écrit produit, présent aussi en annexe de ce mémoire :

"Le travail en groupe

- il faut être en groupe de deux, en groupe de quatre, de trois.

- il faut s'entendre, se mettre d"accord.

- il faut chuchoter.

- il faut écouter la maîtresse."

Cette première approche du travail en groupe a plus été axée sur la définition d'un cadre

permettant une pratique "sereine" que sur une recherche de l'utilité d'un tel mode

d'organisation. Ceci se confirmera par la suite, la question "pourquoi travaille-t-on en

groupe?" les laissant assez perplexes.

Dans un deuxième temps, on est régulièrement revenu sur ces temps de groupe

pour les observer. La première analyse du travail en groupe s'est déroulée le troisième jour

du stage. Ils avaient déjà travaillé trois fois en groupes de 2 ou de 4. La consigne était la

suivante : "Qu'avez-vous pensé des travaux de groupe qu'on a fait jusqu'à présent ? Y a-t-

il eu des problèmes ?". Les obstacles relevés par les élèves étaient essentiellement d'ordre

relationnel (voir annexe). Ainsi, les élèves ont tout d'abord été gêné par le partage du

matériel et l'absence de participation active de certains. Je leur ai ensuite suggéré de

chercher des solutions à ces problèmes ; voici leurs propositions :

"- il faut qu'ils écrivent chacun leur tour ou qu'ils aient chacun un stylo.

- il faut que, dans chaque groupe, il y ait un enfant qui décide, qui règle les problèmes."

Il a été décidé que cet élève serait "le responsable du groupe" (voir III b pour plus

d'explication).

Le lundi suivant, le bilan des premières mesures adoptées a été fait : elles ont été

considérées comme efficaces. Désirant changer la disposition de la classe, j'ai attiré leur

attention sur le temps important passé à l'installation en groupes. La réflexion a abouti

comme suit :

"Pour aller plus vite en faisant les groupes :

- retourner les chaises

- prendre juste les chaises

- échanger les places

- préparer les tables tous les soirs.

On va mettre les tables en groupe."

Cette dernière solution est finalement apparue comme la plus pertinente compte tenu du

but recherché : perdre le moins de temps possible à se mettre en groupe.

A la fin de la deuxième semaine, en tenant compte des observations faites au

cours des derniers travaux de groupes, les règles du travail en groupe ont été établies ainsi

que des sanctions possibles en cas de non-respect de celles-ci. Ces règles ont été

appliquées au cours de la troisième semaine de stage et sont restées dans la classe comme

références.

Les élèves ont très vite intégré ce projet et ont rapidement fait appel à ces outils

(continuellement affichés en classe) lors des travaux de groupes. Néanmoins, il est

difficile de mesurer la portée de ce dispositif sur trois semaines. En effet, même s'il a

contribué à développer un éveil à un comportement citoyen (écoute, partage, entraide) ces

idées ont eu beaucoup de mal à se transformer en actes. Ainsi, à la fin des trois semaines,

les travaux de groupe étaient toujours ponctués de refus de partager, d'écouter la parole de

l'autre, d'accepter une autre opinion que la sienne.

De plus, je m'aperçois maintenant qu'il aurait fallu que je les fasse davantage

réfléchir sur l'intérêt du travail en groupe : savoir confronter ses connaissances à celles

des autres élèves pour faire avancer ses conceptions, avoir des responsabilités accrues,

apprendre à vivre et à apprendre ensemble, accepter les différences, s'entraider me semble

être les principaux objectifs du travail de groupe. Encore faut-il que les élèves le

comprennent aussi : ils sauront ainsi où ils vont, pourquoi ils travaillent en groupe et ce à

quoi ils doivent tendre dans ce type d'activité.

Pour conclure, ce retour méta-cognitif sur le fonctionnement des groupes me

semble très important à faire régulièrement pour permettre une analyse plus objective des

comportements de chacun. On instaure ainsi un moment particulier de la classe où chacun

peut échanger sur un problème rencontré au cours du travail de groupe et réfléchir à son

amélioration. Je pense qu'on pourrait même le ritualiser en désignant un horaire

hebdomadaire fixe, à l'image des "conseils de coopérative". Les élèves sauraient alors

quand ils peuvent parler des problèmes rencontrés et se prépareraient à les exposer. Ce

rituel permettrait donc de ménager un temps de repos et de réflexion entre le litige et son

règlement et substituerait la parole à l'action, faisant ainsi émerger le langage de

responsabilité.

Conclusion

Cette réflexion avait pour objectif de définir de quelle façon utiliser le travail en

groupe pour qu'il soit un réel outil d'apprentissage, permettant l'acquisition de

connaissances. En cherchant des réponses à cette question, je me suis rendue compte qu'il

n'existait pas de "potion magique" pour transformer instantanément les élèves en

participants actifs et respectueux des autres. Il faut beaucoup de temps et d'énergie à

l'enseignant pour installer un travail de groupe efficace et producteur d'apprentissage car

celui-ci met en jeu de nombreux apprentissages sociaux. Il est donc normal que je n'ai pas

pu mesurer tous les impacts de ce travail au cours de mes stages.

Il me semble pourtant que le travail de groupe est indispensable pour l'élève

comme pour l'enseignant. Il permet à l'élève d'apprendre à vivre en communauté et

d'acquérir une démarche citoyenne. Pour l'enseignant, le travail en groupe constitue une

variable didactique très importante et lui permet de développer une pédagogie de

différenciation pour que chaque élève puisse apprendre.

Enfin, cette pédagogie doit être mise en place progressivement et s'appuyer sur

des objectifs modestes : il n'est pas possible de travailler sur plusieurs apprentissages en

même temps. D'autres formes de travail doivent donc être développées en parallèle. Ainsi,

il est nécessaire que l'élève travaille régulièrement seul pour améliorer son expression

personnelle, son autonomie et pour s'assurer de la maîtrise de certaines compétences.

J'envisage donc de poursuivre mes recherches sur le travail de groupe lors de mon

prochain stage en responsabilité en cycle 3,. Je pourrai ainsi vérifier s'il est possible de

pousser plus avant la coopération du groupe : les élèves étant plus "matures", ils seront

peut-être encore plus enclins au partage des savoirs. J'installerai également un horaire

hebdomadaire consacré au retour méta-cognitif sur le travail de groupe. Enfin, j'envisage

d'organiser les tables en groupe de "U", pour pouvoir comparer l'efficacité de ce

regroupement avec celui du regroupement des tables par quatre. Je ne pense pas

cependant que ce stage m'apportera toutes les solutions aux questions qui restent encore

en suspens et j'envisage de poursuivre la réflexion les années qui suivront.

LE TRAVAIL DE GROUPE

RESUME :

Le travail de groupe est un outil pédagogique très riche pour l'enseignant. Mais

pour s'assurer de son efficacité dans les apprentissages, il est nécessaire de réfléchir sur

les enjeux de sa mise en place au sein de la classe. En effet, il ne s'agit pas uniquement

d'un mode d'organisation des élèves mais aussi et surtout d'une pédagogie qui s'appuie sur

une certaine conception de l'élève, de l'enseignant et du savoir.

MOTS CLES :

interaction sociale

coopération

intégration

autonomie

compétences

BIBLIOGRAPHIE

Livres :

•Philippe Meirieu Itinéraires des pédagogies de groupe Apprendre en groupe - 1 et

Outils pour apprendre en groupe Apprendre en groupe - 2, Ed. Chronique sociale,

1984.

•Denise Gaudel et coll. La coopération en classe Guide pratique appliqué à

l'enseignement quotidien, Ed. Chenelière/Didactique

•Collectif L'apprentissage coopératif Théories, méthodes, activités, Ed.

Chenelière/Didactique

Revues :

•Louis Not : La classe-coopérative, Ed. se former+, Pratiques et apprentissages de

l'éducation, avril 1992

•Animation et Education n°148, mars-avril 1998, p. 13 à 34

Sites Internet :

•Ecole de Summerhill, Matthew Appleton : http://ecolesdifferentes.free.fr/art19j.htm,

04/04/2001

Anonyme : http//www.icem-freinet.info, novembre 2004

ANNEXES:

Annexe 1

SEQUENCE L’EXISTENCE DE L’AIRSEANCE 1

Objectif : présenter sa conception sur l’air et commencer à la remettre en question.

Compétences :- observer et rendre compte de ses observations en les justifiant - écouter autrui et prendre en compte son opinion, ses remarques

Durée : 30 mn

Matériel :- 5 verres en plastique numérotés - sable, eau, trombones, papier - affiche A3

Déroulement :

XIII.Les verres sont posés sur la table du fond. Les enfants sont réunis autour.« Qu’est-ce que s’est ? »« Qui y a-t-il dans chaque verre ? »Ecoute des propositions« Il y a forcément quelque chose dans chaque verre »→ il y a de l’air dans le verre vide

10 mn

2. Les représentations initiales des élèves sur l’air : Où peut-on en trouver ?Peut-on le sentir ?Comment peut-on le reconnaître ?

10 mn

3. Prise en notes au tableau des conceptions des élèves.10 mn

Bilan :

Annexe 2

SEQUENCE L’EXISTENCE DE L’AIR

SEANCE 2

Objectif : Vérifier l’hypothèse de la présence de l’air dans le verre en construisant uneexpérience.

Compétences :- avoir compris à quoi sert une expérience - prévoir le matériel nécessaire à l’expérience

Compétences transversales : - s’écouter, prendre en compte les suggestions des autres- se mettre d’accord sur une expérience- expliquer son expérience (écrit /oral)

Durée : 50 mn

Matériel :- 5 affiches - 1 récipient rempli d’eau - des verres en plastiques - un chiffon

Déroulement :XIV.Rappel avec l’affiche, présentation du matériel « quelle expérience pouvez-vous

faire pour prouver qu’il y a de l’air dans le verre ? Il faut utiliser uniquement lematériel sur cette table. Vous me demanderez le matériel dont vous aurez besoin.»

Collectif oral 10 mn maxi

XV.Recherche 5 G de 4 écrit 15 mn

XVI.Mise en commun, chaque G. explique son expérience. Classement des exp.

identiques. Validation par exécution de l’expérience par chaque groupe devant lesautres. 20-25 mn

Bilan :Plusieurs enfants ont eu du mal à entrer dans l'activité car ils n'en voyaient pas l'utilité : lajustification par leurs sensations leur paraissait suffisante. J'ai donc insisté sur le caractèreobjectif et indiscutable de l'expérience scientifique.L'expérience voulue n'ayant pas été trouvée, je la présente au début de la 2e séancecomme une autre possibilité.

Annexe 3

SEQUENCE L’EXISTENCE DE L’AIRSEANCE 3

Objectif : Vérifier l’hypothèse de la présence de l’air dans le verre

Compétences :- lire un schéma d’expérience - réaliser une expérience

Durée : 1h05

Matériel :- 5 bacs remplis à ½ d’eau - 5 verres en plastiques - 5 chiffons - affiche A3 + 5 affiches - schéma de l’expérience - cahier - 20 feuilles reprenant la synthèse de la séance 1

Déroulement :XVII.Rappel à partir des affiches des élèves. Présentation du schéma de l’expérience.

Vérification de leur compréhension : « Qu’est-ce que c’est ? A quoi ça sert ? Que va-t-il falloir faire ? » Explication du travail de groupe « Vous allez fairel’expérience et expliquez ensuite ce qui s’est passé sur l’affiche : l’air est-il bienprésent ? »

Collectif oral 10 mn

XVIII.Recherche 5G.de 4 écrit 15-20 mn

XIX.Mise en commun. Je refais l’expérience avec un chiffon au fond du verre.« Comment ne pas mouiller le chiffon en retournant le verre dans l’eau ? »

Synthèse avec dessin et légende au tableau et sur leur cahier (coller avant la feuillerésumant la séance 1)

Collectif oral 10 mn

Bilan : Toutes les expériences avaient pour but d'attraper les bulles d'air à la surface del'eau ( à l'aide des mains ou du gobelet) et cela même après avoir dit qu'un verre devaitêtre rempli d'eau. Ce n'est qu'en refaisant l'expérience collectivement et en regardant avecattention à quel moment les bulles éclataient que les conceptions des élèves ont changé.

Annexe 4

SEQUENCE L’EXISTENCE DE L’AIRSEANCE 4

Objectif : savoir déplacer de l’air

Compétences :- lire un schéma d’expérience - réaliser une expérience

Durée : 40 mn

Matériel :- 5 bacs remplis à ½ d’eau - 5 verres en plastiques

Déroulement :

XX.Rappel avec affiches. Présentation du matériel. « Mettez de l’eau dans le verre remplid’eau en utilisant l’autre verre mais sans sortir les verres de l’eau »

Collectif oral 5 mn

XXI.Expérience. Constitution d’une trace écrite collective: schéma et phrase de synthèse+ rangement

5G. de 4, 15 mn

XXII.Mise en commun. « Qu’est-ce que prouve l’expérience ? » Choix d’une affichecomme référence ou constitution d’une autre

10 mn

XXIII.Trace écrite individuelle sur le cahier10 mn

Annexe 5"FACTEURS QUI INFLUENT SUR LA PRODUCTIVITE DES GROUPES"

(in L'apprentissage coopératif Théories, méthodes, activités )

Facteur Caractéristiques des groupesefficaces

Caractéristiques des groupesinefficaces

Taille il y a assez de membres pouraccomplir la tâche

il y a trop (ou trop peu) demembres pour accomplir latâche

Égalité desefforts

les membres se partagentégalement le travail et larécompense

les membres ne se partagentégalement le travail mais separtagent également larécompense (les tire-au-flancsont appelés"parasites" et lesbûcheurs, "poires")

Identifiabilité La contribution de chaquemembre est établie avecprécision

les contributions ne peuvent êtreclairement départagées

Responsabilité

les membres croient que leursefforts concourent au produitfinal

les membres ne savent pas sileurs efforts vont servir àquelque chose

Superfluité Chaque membre croit que sacontribution est indispensable

les membres croient que leursefforts sont inutiles parce que letravail est déjà fait par d'autres

Engagement les tâches sont intéressantes,stimulantes, engageantes

les tâches sont ennuyeuses, tropfaciles ou peu engageantes

Cohésion les membres se sententengagés vis-à-vis des autres etdu groupe

les membres ne se sentent pasengagés vis-à-vis des autres etdu groupe

Objectifs les objectifs du groupe sonthomogènes; les membresvisent les mêmes objectifs

les objectifs du groupe sonthétérogènes; les membres nes'entendent pas sur les objectifscommuns

Hétérogénéité le groupe représente un largeéventail de capacités,d'habiletés et de points de vue

l'éventail des capacités, deshabiletés et des points de vuen'est pas très large

Temps les membres ont assez detemps pour exprimer leursidées, dialoguer et faire lasynthèse des points de vue

les membres n'ont pas assez detemps pour travailler ensemble

Annexe 6

CONCEPTIONS INITIALES DU TRAVAIL EN GROUPE ET

PREMIER BILAN DES TRAVAUX DE GROUPE

Le travail en groupe.

•il faut être en groupe de deux, ou

en groupe de quatre, de trois.

•il faut s'entendre, se mettre

d'accord.

•il faut chuchoter.

•il faut écouter la maîtresse. quand

elle fait les groupes.

Les problèmes :

1 des enfants ne passent pas les

crayons, les règles…

2 des enfants ne travaillent pas.

1 il faut qu'ils écrivent chacun leur tour

ou qu'ils aient chacun un stylo.

2 il faut que, dans chaque groupe, il y

ait un enfant qui décide, qui règle les

problèmes.

Annexe 7

PREMIER BILAN DES TRAVAUX DE GROUPE

Pour aller plus vite en faisant lesgroupes :

•retourner les chaises

•prendre juste les chaises

•échanger les places

•préparer les tables tous les soirs.

On va mettre les tables en groupe.

Annexe 8

PRODUCTION DES REGLES DE TRAVAIL EN GROUPE

Ce que je dois faire ?

•prêter le matériel

•il faut chuchoter

•il faut s'entendre, se mettre

d'accord

•un enfant dans chaque groupe règle

les problèmes

Pour ceux qui ne respectent pas les

règles :

•mettre un mot dans le cahier vert

•aller tout seul à une table

•mettre une punition