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Le Chabin JOURNAL N°1 Salut p'tite Mère, p'tiot Billam et p'tiote Karine, Mercredi 9 mai 1984, 8h40 (heure locale bien entendu) Je viens juste de recevoir ta lettre, accompagnée du mot de William, il y a 5 minutes car je suis ce matin le remplaçant de la secrétaire ; mais reprenons dès le début. (Constatons qu'il faut compter une semaine pour recevoir le courrier) Lundi 30 avril 84 Je suis arrivé très tard à Cayenne car l'avion est passé par Fort de France (Martinique) ; il était donc environ 18h et la nuit venait de tomber. Félix était à l'aéroport - le temps de récupérer les bagages, passer chez Félix et passer au bureau, il était 1h du matin en France et c'est pourquoi je ne t'ai pas appelé de suite. J'ai rapidement constaté que les piments de Cayenne étaient bien plus forts ici que ceux de France. Dès la première nuit, les moustiques étaient au rendez- vous. Quel festin ils ont fait et moi qu'elle nuit ! Levé le mardi 1er mai vers 9h30. Félix va me cueillir des feuilles de citronnelle en bas de chez lui pour nous faire une tisane - c'est bon - ça a bien le goût du citron - avec un peu de sucre (placé au frigo à cause des fourmis) quelques minuscules fourmis remontent qu'en même à la surface, alors j'enlève le plus gros et bois le reste. Je me suis très vite habitué aux rudesses du pays et j'avoue même y prendre un certain plaisir. Bien entendu, je me fais très bien aux plats de la région ainsi qu'indonésien, car beaucoup de chinois ont des restaurants dont plats à emporter et sont gérants de la plupart des libres-services. Mercredi 2 mai Debout à 7h. Je commence à me faire aux douches froides (l'eau est tout de même moins froide qu'en France) Petit

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Le Chabin

JOURNAL N°1

Salut p'tite Mère, p'tiot Billam et p'tiote Karine,Mercredi 9 mai 1984, 8h40 (heure locale bien entendu)

Je viens juste de recevoir ta lettre, accompagnée du mot de William, il y a 5 minutes car je suis ce matin le remplaçant de la secrétaire ; mais reprenons dès le début. (Constatons qu'il faut compter une semaine pour recevoir le courrier)

Lundi 30 avril 84Je suis arrivé très tard à Cayenne car l'avion est passé par Fort de France (Martinique) ;

il était donc environ 18h et la nuit venait de tomber. Félix était à l'aéroport - le temps de récupérer les bagages, passer chez Félix et passer au bureau, il était 1h du matin en France et c'est pourquoi je ne t'ai pas appelé de suite.

J'ai rapidement constaté que les piments de Cayenne étaient bien plus forts ici que ceux de France.

Dès la première nuit, les moustiques étaient au rendez-vous. Quel festin ils ont fait et moi qu'elle nuit ! Levé le mardi 1er mai vers 9h30. Félix va me cueillir des feuilles de citronnelle en bas de chez lui pour nous faire une tisane - c'est bon - ça a bien le goût du citron - avec un peu de sucre (placé au frigo à cause des fourmis) quelques minuscules fourmis remontent qu'en même à la surface, alors j'enlève le plus gros et bois le reste.

Je me suis très vite habitué aux rudesses du pays et j'avoue même y prendre un certain plaisir. Bien entendu, je me fais très bien aux plats de la région ainsi qu'indonésien, car beaucoup de chinois ont des restaurants dont plats à emporter et sont gérants de la plupart des libres-services.

Mercredi 2 maiDebout à 7h. Je commence à me faire aux douches froides (l'eau est tout de même

moins froide qu'en France) Petit déjeuné : pâté de tête, fromage cuit et banane - Ensuite, coup de main à Félix sur une piscine et voilà comment j'ai attrapé mes premiers coups de soleil.

Jeudi 3 mai Levé à 5h45, pour voir le jour se lever dès 6h, en un clin d'œil. Ca c'est agréable de se

trouver en pleine nature sauvage et voir le jour se lever, les chauves-souris finir leurs travaux, les reinettes ou autres petites grenouilles grimper aux murs. Je suis en slip dehors et il fait doux. J'entends les premiers oiseaux et les coqs qui se renvoient les cocoricos ; les grosses cigales chantent un peu plus tard. Malgré la saison des pluies, le temps est au beau depuis mon arrivée et le début de saison en général. Petit dèje et courses au marché avec Violaine, une amie de Félix. Apéro chez une cliente qui a une très jolie demeure en bord de mer (bien que cette dernière soit boueuse pratiquement sur toutes les plages ; personne ne s'y baigne)Dîner rapide avec Félix et re-dîner au resto avec Romuald (son frère) pour aller manger du serpent. Comme ils n'en avaient plus, on a mangé du tigre (aspect du bœuf, plus fin, plus tendre), et la prochaine fois, ce sera du caïman.

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Vendredi 4Mon cachet habituel anti-paludisme

Bien que tenté de fumer, surtout hier soir au restaurant, je n'ai pas flanché. Levé 7h. (Je reviens un peu à hier pour dire que je me suis coupé les moustaches). Je remets une couche de mitosyl contre les brûlures du soleil. Goûter à la marmelade de goyave (fruit dont un arbre est devant la maison) et démarrage d'une petite piscine. Déjeuner et sieste dans le hamac (on s'y endort très vite). Félix me laisse dormir et me reprend en fin d'après-midi pour terminer une autre piscine.Champagne chez Violaine pour son anniversaire et je fais connaissance avec sa sœur Murielle. Tour en boite de nuit (exceptionnel, même pour Félix) ; et là, j'ai vraiment appris à danser la "vraie" biguine - c'est quelque chose !

Samedi 5Grasse matinée ; finir une piscine et déjeuné vers 14h (j'ai fais du poisson au court-

bouillon - ils appellent çà une pimentade) Sieste dans le hamac - comme tu vois, je suis les coutumes locales - Travaux avec Félix.

Dimanche 6Encore grasse matinée - petit déjeuné préparé par Romuald : œufs au bacon et tomates.

Petit tour sur le bateau (ancré) d'où l'on a déjeuné : beignets de crevettes et poisson au gingembre (spécialités chinoises) ensuite sieste (c'est presque une religion ; surtout le dimanche) à l'ombre d'une toile sur le bateau ; mais le soleil tourne et mes cuisses sont comme des écrevisses (cuites).De plus, avant de manger, avec Romuald on a dû (je change de stylo, l'autre est fini - que je suis bavard !) réparer le moteur de la navette (barque pour aller au bateau). Il fallut changer une goupille entraînant l'hélice ; On l'a remplacée par un boulon trouvé sur le port dont on a serré la tête grâce à des Brésiliens ancrés au port qui nous ont prêté des outils. Il est indispensable d'avoir l'esprit débrouillard, ici. Autrement dit, cette réparation m'a coûté un coup de soleil sur la nuque. Je n'ai pas pu l'empêcher. Rentré à la maison, bonne couche de mitosyl partout. Dîner chinois à la maison : beignets, porc laqué, riz cantonais - un poil de télé et dodo.Lundi 7

Quelle nuit ! Moustiques et coups de soleil, alors je me lève avant le levé du jour pour apprécier ce spectacle permanent - 3ème couche de mitosyl et re-dodo jusqu'à 8h30. La femme de ménage n'a pas fait de bruit, et je me réveille gentiment ; Quant on lui pose une question, elle répond toujours "oui" même si elle n'a pas compris, et c'est souvent le cas; beaucoup de gens sont ainsi - faut s'y faire

Pour calmer mes envies de fumer (de plus en plus rares) je mange des petits gâteaux et bois du jus de fruit. Murielle nous fait du jus de Corossol - c'est bon de découvrir toutes ces nouveautés. Romuald retourne en Martinique vers 20h. Je me rends compte que mes ongles ont poussés, sans l'avoir fait exprès et de la même façon, je ne bois plus du tout de café. Quel changement, n'est ce pas ; de plus, j'ai pris environ 4 kg. Comme tu vois, ton fils va bien, et il en avait besoin - (les brûlures sont passées, je pèle, je change de peau quoi !)

Mardi 8Nuit de bandage velpo sur les coups de soleil - aussi rouge que la "latérite" (terre

rouge du pays). En fin de matinée, visite d'un club hippique, trop snob à mon goût et surtout trop métro (métropolitain : blanc). Les bœufs que l'on voit dans les champs ont de très

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grandes oreilles (comme des lapins). Des fleurs appelées "oiseaux du Paradis" poussent devant chez Félix. Voilà jusqu'à présent. Je suis heureux d'apprendre que le p'tit père va faire du foot... surtout à la place de la télé (ici, on reçoit que sur une seule chaîne, les émissions avec environ trois mois de retard - mais je m'en fou !). Je n'ai pas encore pris de décision de travail - ça viendra, j'ai confiance. Je pense tout de même faire un tour en Martinique, vers le 15/20 mai. La suite, on verra. Comme t'as pu voir, plus on est loin et plus je te parle. D'accord on est loin mais il faut avouer que jusqu'à présent ça n'a été que positif dans tous les domaines. Je vous fais mille gros bisous en disant à bientôt. (Le prochain mot sera sans doute plus court) Je suis prudent Ton fiston, papa, tonton Gérard

JOURNAL N°2

Salut ! à toute ma p'tite famille

En effet, j'ai trouvé la solution idéale pour vous parler de mes aventures sans avoir à les recopier pour chacun

- 1° je les envoie à Mère, Karine et Billam, qui les renvoie à- 2° Gilles, Chantal, Frankie et Romain qui les renvoie à- 3° Gilbert, Marie Thé, Gildas et Géraldine et qui peut les renvoyer à- 4° Mère si elle souhaite les conserver.

TOUS DROITS DE REPRODUCTION PAR PHOTOCOPIE N'ETANT PAS STRICTEMENT RESERVES

(je crois que Gilles à récupéré la 1ère partie et qu'il devra commencer le circuit pour Gilbert). Voilà ! Pas bête hein ! Surtout pour mon stylo.Alors, j'en étais où ? Je compulse mon carnet et vois que nous avons terminé la bavette au matin du Mercredi 9 Mai 8h à CAYENNE (j'écris de la plage Ste Anne en Martinique, assis (ou allongé) sur un fauteuil du club méditerrané. L'eau est vraiment chaude ; on a pied très très loin (pas de danger) et les couleurs et le site valent vraiment une carte postale. Malgré que l'on attaque la saison des pluies, le temps est superbe). Alors ce mercredi, j'ai déjeuné d'une belle côte de bœuf - congelée mais bonne. En effet, seulement 2 bouchers à Cayenne et encore, c'est le 1er qui vend la viande au 2ème (il parait qu'il y à la dessous une mafia de frères Libanais !) On trouve peu de viande fraîche car il y a 2 à 3 ans, on a dû abattre tous les bœufs à cause d'une maladie. Donc entrecôte avec choux chine et en entrée, salade de tomates et endives. Ce détail pour vous citer 2 prix intéressants : 18 frs les 4 endives (normal) et 25 frs les 6 tomates (de Martinique) ; Comme vous voyez les prix de bouffe (et autres) chez les Chinois (épiceries tenues par eux pour la plupart du temps) sont complètement fous ! J'en étais malade. Où sont nos LECLERC! Il a plu toute la journée. La saison des pluies est vraiment bien partie - pluies souvent fines et pénétrantes, parfois grosses averses. L'après-midi au bureau à étudier l'anglais.

Les moustiques sont très petits ; Quand ils volent, on dirait des moucherons, mais ils sont très efficaces.Ne pas confondre BACOVES (bananes de chez nous) et il y en a une variété, et bananes à cuire normales ou jaunes (plus sucrées) et bananes à frire (je m'y perds un peu, mais ce qui compte, c'est que "TOUTE FE ROUN" (tout fait ventre!)

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Il ne faut pas manger n'importe quoi, tel le plat typique, le bouillon d'AWARA dont la légende dit que lorsque l'on en mange une fois, on reviendra forcément au pays (pour en manger).

Recette du BLAFF :

de préférence avec exocet (poisson volant) ou poisson rouge (de la Martinique) 1) mettre à mariner (ici, tout ce fait mariner, même la viande ; d'ailleurs çà la parfume énormément) le poisson avec beaucoup de citron (dont on frotte le poisson) sel, poivre, clous de girofle, ail- 2) faire chauffer dans une marmite : eau, oignons normaux et en branche, piments (les vrais de Cayenne, et je vous promets que c'est quelque chose) persil (bouquet)

3) A ébullition, ajouter poisson (mariné) et faire cuire environ 10 minutes. C'est très bon accompagné de bananes jaunes à cuire; Cuisson des bananes : les éplucher et les faire cuire dans une eau salée en ébullition durant environ 10 minutes.BON APPETIT

Jeudi 10 MaiLevé vers 8h - repos à la maison - (enfin presque, car Murielle était là pour m'aider à

faire du rangement !).

En début de soirée, promenade sur le marché avec Félix (franchement j'adore !) Et dégustation de noix de coco : Sur le trottoir le marchand la coupe sur un côté (jusqu'au blanc), fait un trou avec son coupe-coupe et on boit le jus. Ensuite, on lui redonne et il la fend en 2 et fait une écope sur le côté qui nous servira de cuillère ; Et on balance une fois fini. C'est bon et c'est chouette. Tour sur le bateau, la nuit tombée, en short et débardeur sous une pluie comac - on a bonne mine - en plus on trouve la barque complètement coulée ; on écope! Pour se réchauffer, dégustation de shrubb (rhum à l'orange) à bord.Vérification du moteur, et retour vers 21h30 après avoir remonté la barque à quai (pas fous ! Y en a marre d'écoper) Fait "blaff" et dîner tous les 4 chez Violaine.

Cours de Créole avec Murielle dans la journée - SA TO FE ? (Comment çà va ?) SA OU FE (en Martiniquais, qui est très différent) et on répond entre autre MO LA (çà va)Vendredi 11 mai

Rien de spécial, donc repos pour chacun (écritures et lecture).

Samedi 12 maiAu matin, remplissage d'une piscine que l'on vient de terminer chez Mme Meriaux,

une femme du pays, divorcée, très agréable et accueillante, libérale, qui connaît bien son pays et qui sait en parler. Elle habite une merveilleuse maison de rêve en bord de mer (au fait, la mer est impraticable à Cayenne car on se trouve dans un cycle où toute la vase est repoussée sur Cayenne ; phénomène bizarre) Avant le remplissage, on a dû y retirer quelques grenouilles et un rat (ils sont nombreux ici et peu craintifs) Au déjeuné : blaff de crevettes (sacrés piments ; même Félix s'est fait avoir, j'suis content !). Ensuite, visite de l'intérieur de cette superbe maison : bois de serpent, bois violet (qui fonce au soleil) sculptures sur panneaux de portes fait par les Indiens et les nègres marrons (nom donné aux anciens esclaves émigrés vivants dans les forêts Amazoniennes). Dans la soirée, ti-punch chez Mme Meriaux et l'on voit dans

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le ciel passer un vol de flamants. Ensuite, dîner lunch à l'anniversaire de M-Thérèse (une cousine de Félix ; en effet, il a de la famille à Cayenne. Les "Caristan" sont très étendus ; sacrés aïeux !!) Et on y danse la biguine.

Dimanche 13 maiJournée de fainéant : grasse matinée, déjeuner, sieste jusqu'à 19h - déjeuné au resto

chez Jean-Claude Coupra ; resto Franco-Antillo-Guyanais (pourquoi pas !) On s'est tapé 2 côtes du Rhône à 3 (seuls les Bordeaux et Côtes supportent le voyage de métropole), et j'ai mangé du caïman en fricassé sauce clous de girofle et bois d'Inde. Le Coic (en grains) de Guyane ou la farine de manioc en Martinique, remplace aisément le pain pour absorber les sauces, notamment une pimentade qui n'est ni plus ni moins qu'un court bouillon pour poissons mais avec une dose "correcte" de piment (bien sûr !).On y fait aussi le poisson et poulet boucané (du créole boucane, fumée) On fait consumer de l'herbe à lapin fraîche sur de la braise - ce qui entraîne une fumée - on place le poulet un peu au dessus et l'on recouvre de feuilles de banane - et c'est ainsi qu'il cuit - c'est bon !. Je parle quand même souvent de bouffe - mais je dois avouer que depuis que je ne fume plus, j'ai toujours faim et suis attentif à tous les plats locaux.Télé : les égouts du paradis (vus 3 mois auparavant comme le reste) ; et dodo.

Lundi 14 maiLevé 8h30 - Jolis petits oiseaux bleus ou jaunes - toujours même pluies incessantes -

p'tit dèje et au boulot avec Félix. Pris photo chez Mme Meriaux d'un reptile, sorte de lézard d'environ 90 cm. Au déjeuner, on s'est fait un genre de spaghettis bolognaises avec Félix ; qui ne valent pas ceux de Gilles - mais quand on a faim ! Sieste jusqu'à 17h (il faut ralentir le Rhum en apéro, ici çà tape) Lecture - Télé - Lecture et dodo sans manger (ben, oui !).

Mardi 15 maiJ'ai cueilli deux "oiseaux du paradis" fleurs recherchées en métropole et qui poussent même devant la maison. Petits travaux - déjeuner : riz cantonais amélioré, fruits divers que Murielle m'a rapportés : pommes de rosa (goût âpre) Abricots (énormes du pays) Tamarin (pour faire des confitures) etc..; Tour sur le bateau - Télé - Tour en boite et dodo. Les boites, bien que je ne les fréquente que très très peu, sont correctes et la musique très variée est à la page.

Mercredi 16 maiLevé 10h30 - rangement - déjeuner ; pimentade avec bananes cuites (délicieux) - RV

chez un ORL qui m'a retiré des bouchons de cire - Tour sur quelques chantiers et suite couranteJeudi 17 mai7h30 debout, et malgré la pluie qui tombe fort, le réveil est agréable grâce au cadeau d'un tee-shirt et serviette que Murielle vient de m'offrir - bureau - chantiers - au déjeuner, poissons frits (beaucoup de poissons finalement) - suite simple mais vers la fin : Sérieuse engueulade avec Murielle, qui a vraiment mal tourné (7000 kms pour retrouver les mêmes emmerdes - je n'accepterai pas)

Vendredi 18 mai Travaux, plongeons et vu mot de Murielle sur le lit : ça va r'partir !

Samedi 19 MaiBien travaillé

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Dimanche 20 Mai8h30, réveil aux croissants et komou (graines d'un certain palmier, que l'on fait cuire

etc...et qui ressemble à du chocolat chaud). Goûter au papaye. (Ici, on prononce le "s" de moins et on appelle goyaves - "goi-iave") Déjeuner de coquillages et poissons rouges avec des Ignames indiens (sorte de pomme de terre violettes)

Amusant : il y a quelques jours, j'ai vu dans un fossé, dans Cayenne même, un dauphin d'environ 1,20m

et des petits requins de 50 cm et divers poissons ; ils ont été surpris par la marée basse, alors qu'en marée haute, ils n'hésitent pas à remonter haut dans les terres; Toujours la pluie, ça n'arrête plus, mais il faut tout de même finir les raccords de ciment (prompt bien sûr), chaussé de Pierre Cardin (j'ai bonne mine !) Poissons frits - Télé- dodo.

Lundi 21 mai7h sur le chantier - jolies fleurs : roses porcelaine, Hibiscus...prises en photo. Arrivée

de Philippe Hamache. Tournées de ti-punch - resto où l'on s'est tapé du lézard (Iguane) Maicouri (tapir) de l'Agouti - genre de gros lapin roux. Nuit sur le bateau : à part les gouttières, l'odeur de moisissure et d'essence, c'est très agréable : pas de bestioles ni de bruit.

Mardi 22 mai8h - RV sur le quai - petit dèje et chantiers. Rien à faire - il pleut vraiment trop - c'est

lassant (écris à notre p'tite Mère) - Déjeuner et de nouveau sur le chantier à regarder la pluie tomber. Comme les yeux me brûlent (de fatigue) couché à 20h sans manger !

Mercredi 23 mai7h30 - toujours même topo : la flotte - Y'en a vraiment "marre". La piscine en question se remplie aussi vite que la pompe ne la vide - rien à faire - manger du Macoupa (poisson)

Jeudi 24 RASVendredi 25 mai

Courses pour les réserves du bateau.Préparatif de départ - Mes yeux me brûlent toujours de plus en plus. J'ai du mal à les ouvrir. J'achète des médicaments ; et par-dessus, mal de gorge. Les emmerdes reprennent. Dîner au resto mais très mal servi, le patron n'étant pas là - (difficile d'avoir du bon personnel) Malgré l'avoir commandé, on a pas eu de serpent (anaconda) mangé divers dont singe (macaques) On devrait partir en croisière dès demain.

Samedi 26 maiLe Bateau toujours au port : boite de vitesse à démonter et de plus le démarreur est

nase à présent.

Dimanche 27 maiJolie fête des Mères à passer à souffrir d'un genre de conjonctivite virale (je ne pensais

pas qu'on pouvait souffrir autant des yeux) Vu toubib de garde - pharmacie - on se soigne.Lundi 28 maiToujours là. Philippe pense repartir ce soir en avion car il rembauche en tout début juin. En effet - bien qu'on ait décidé de partir sans moteur, à l'aide des voiles et de la navette munie d'un 4,4 cm3 pour sortir du port, on a loupé la marée et le bateau est coincé dans le sable. On a voulu le faire tirer par un gros bateau, résultat : plus de pont à l'arrivée.

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Resto chinois dans le quartier mal famé de Chicago - parmi prostituées et locdus. Les bas-fonds typiques de Cayenne - il faut être prudent ! Gros bisous Je continue la suite qui vous parviendra très bientôt. A faire suivre.

JOURNAL N° 3

Salut mes grands (à faire suivre comme d'habitude)

Mardi 29 maiDans la nuit, adieu. Murielle me donne sa chaîne, je lui donne un au revoir et nous

voilà partis à 3h du mat' tirés par la navette attachée au bateau (vrai folklore)(Je reviens un peu à lundi : on note soit même la commande sur un carnet dans beaucoup de resto) (Traversée de marécage à pied pour rejoindre le bateau mis en carénage (grattage de la coque). Marécages infestés de bestioles : notamment de moustiques ; 1 piqûre tous les 2cm2 sur les jambes (sans mentir) Ne t'inquiètes pas Maman, il y a des bombes pour s'en protéger, mais on ne les a pas toujours sous la main... et les moustiques le savent.

Et ainsi commence ce Mardi 29 Mai la fameuse, ..............................

"L'EPOPEE DU BATEAU FANTOME"

sous titre original "saloperie de rafiot ! du bagne à la galère"

Pourquoi fantôme ? Vous le découvrirez dans ce récit ; disons pour commencer qu'il n'avait pas de moteur (avançant donc sans bruit) et pas de lumière non plus (ce qui fait que dans la nuit, nous foncions sans être vu d'un éventuel bateau venant d'en face) Je ne me doutais pas (p'tite Mère) au départ, que le bateau était aussi peu équipé.Alors que le bateau se conduisait tout seul au début, pendant que nous dormions, et ce, grâce au pilote automatique (appareil électrique qui maintient la barre sur le cap désiré), de jour comme de nuit ; je ne me doutais pas que nous étions sans radar (appareil détectant l'arrivée d'un bateau) et personne ne s'en souciait, dont le skipper (seul responsable sachant conduire le bateau, normalement !)

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Deux ou trois jours après le départ, lorsque j'ai appris que nous n'avions pas de radar, je ne dormais plus beaucoup et les quarts (tours de garde) ont commencé ; il était temps ! (l'inconscience du skipper me faisait douter de lui).

Mercredi 30 Mai2ème jour de mer : Je précise que déjà le départ ne s'est pas très bien passé ; quatre

jours de retard (nous devions partir vendredi) ; réparation en vain du moteur, boite de vitesse, démarreur, carénage (grattage de la coque) difficile : bien que n'étant pas présent à cause de mes yeux qui ne voulaient plus rien voir, ils ont amené le bateau, tiré par la petite navette (4CV) jusqu'à une plage adéquate, sous la pluie, buvant 1/2 litre de rhum pour se réchauffer (ils sont revenus complètement faits). Carénage sur 1 côté seulement. Le voyage, d'après Félix, devait durer 4 à 5 jours en mer, de Cayenne à Fort de France (Martinique) ; ce qui nous suffisait amplement.On continue, tout autour, la mer - Déjà quelques malades vomissant. Ma conjonctivite commence à prendre fin (soulagement énorme) (j'avoue avoir prié le jour même pour que ça cesse)

Lundi 31 mai3ème jour - La nuit a été longue : 4h de veille, seul. Peu de place dans la couchette

(sorte de cercueil sans couvercle) mais moins spacieux car il me resserre les épaules. Je prends des cachets contre le mal de mer quotidiennement et dois avouer que j'ai été le seul à ne pas vomir, bien qu'une fois s'en était pas loin (je m'efforçais à penser à des choses agréables pour oublier le remous, les odeurs infectes de moisissure, lait caillé, vieille bouffe et essence (tout ça mélangé) qui était bien ancrée dans la cale du bateau. La seule chose à faire pour ne pas vomir lorsque l'on descendait dans la cale, était de s'allonger, quelques fois, je respirais un peu d'alcool de menthe, et surtout de s'efforcer à penser à autre chose que ce que nous étions entrain de vivre. Grains forts (pluies) au début. Ah oui ! Amusant : on a cassé la barre de direction (elle était complètement pourrie) - réparation sommaire et on continue (rien ne nous arrête) On tente de pêcher, mais en vain, le matériel est dérisoire, seul un poisson en plastique à la traîne a appâté, mais le poisson sûrement trop gros a tout cassé. Seuls deux poissons volants sont venus s'échouer durant la nuit sur le pont. Aujourd'hui, on avance vite par rapport aux premiers jours. Pleines voiles + grains : le bateau penche. Les cicatrices dues au grattage de boutons de moustiques n'arrivent pas à se cicatriser malgré des soins d'eau oxygénée, étabool - elles suppurent (j'en compte une douzaine surtout aux jambes) Nous devrions, cette nuit ou demain, passer entre les phares de Trinidad (ou Tobago) et de la Barbade - nous attendons. Les conditions d'hygiène et sanitaires ne sont pas très catholiques (j'éviterais les détails, pourtant ça vaudrait le coup) On est tous en train de se demander pourquoi avons nous tant espérés et fait pour pouvoir faire cette fameuse traversée. Je précise, nous sommes 5 à bord : Félix, Philippe, François (le skipper) et Alain (un de ses amis, très sympa) et mézigue bien sûr. Félix jure de ne plus voguer que par étape d'une journée maxi.

Vendredi 1er juinToujours rien en vue, ni phare, ni côte, ni même un bateau - un désert d'eau.

Amusant (après) : François n'a pas encore pu "faire le point" au sextant (c'est-à-dire, savoir ou l'on est, longitude (latitude) à l'aide d'un appareil et de calculs) ; le 1er jour, cause pris trop tard, le 2ème, cause manque de soleil.. etc... il y avait toujours quelque chose qui clochait, si bien que je me demandais (j'étais pas seul) si ce skipper savait réellement "faire le point".

Samedi 2 juin : encore raté.

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Dimanche 3 juinLe point doit se prendre entre 1h avant et 1h après que le soleil soit à son point culminant. Je vous expliquerais en détail plus tard, si vous le souhaitez, comment on calcule la longitude à l'aide d'un sextant. En effet, voyant le skipper incapable, j'ai appris et suis prêt à faire le calcul dès demain vers midi. On attaque le 6ème jour et toujours aucun phare en vue. On scrute l'horizon légèrement brumeux, rien au bout - on s'inquiète légèrement ; surtout qu'on a pas encore pu vérifier notre position. En me réveillant, j'ai soumis l'idée d'attendre d'avoir fait le point et si ça n'a pas encore réussi, de filer à l'ouest, en direction des nombreuses côtes des Antilles. Quart tenu cette nuit avec Philippe - durant 4h- on chantait et discutait. Réflexion sur la vie, ce voyage mettant en valeur tous les bons instants passés et même les mauvais, pas si mauvais par rapport à notre situation actuelle. On en avait plus que ras le bol. Allez, je vous fais voir à l'aide d'un plan la gymnastique, plutôt risquée, surtout en pleine nuit, qu'il nous fallait faire en cas de "besoin".

Je n'ai pas appris à calculer la latitude (le skipper même ne sachant pas très bien) Ça y est, nous avons tout de même réussi à faire le point et calculer notre longitude ; et d'après une certaine latitude (pas fiable), nous devrions, selon les cartes, atteindre la Barbade cette nuit ou demain matin - Nous espérons toujours - soyons vigilants, ouvrons nos deux yeux. Si nos calculs sont faux, alors peut-être avons nous dépassé la Barbade au loin, et dans ce cas, on n’est pas clair. On décide de continuer sur le cap 320 (Nord-Ouest) (Bien sur, on pourrait prendre totalement à l'ouest, mais si par hasard nos calculs étaient justes, nous risquerions d'échouer sur les îles grenadines qui ne sont pas signalisées (pas de phare la nuit) On s'est fait dépasser par un gros cargo, apparemment Norvégien à 50-100m de nous (difficile d'évaluer) ; Malgré des signes pour qu'ils nous confirment notre position, ils n'ont pas compris et nous ont fait "bonjour" (à réfléchir ce devait être des Belges) Le soleil descend gentiment vers l'ouest, et toujours rien en vue - ça vaut une photo, rien de plus. On se prépare encore à une longue nuit de veille, de barre, et de sommeil léger, brassé dans une odeur déjà définie mais indéfinissable. Je répète : il est très important, à l'intérieur, de s'allonger de suite ; ah ! Les repas : (Il faut bien que j'en parle qu'en même) Ce matin : 1 bol d'eau chaude et lait concentré (le lait UHT ayant tourné - c'est pourtant de la longue conservation, alors imagine notre état avec des CORN FLAKES / A 1h (entre 2 relevés de sextant) un bol de pâtes (1/3 eau de mer) natures, sans beurre ni pain - c'est froid 1 minute après. Les plus courageux se risquent à ouvrir une boite de Corned Beef ou Cassoulet ou Choucroute qu'ils vomissent tout de suite après en disant "C'est quand même mieux d'avoir quelques chose à dégeuler" (Je respecte leur façon de voir les choses)Evitons de manger le soir, la nuit brasse davantageLe moral de la troupe n'est pas trop mauvais (ça pourrait être pire) et je m'efforce d'être optimiste malgré quelques moments brefs de découragements intérieurs.

Couché de soleil, des oiseaux rasent la mer, une mouette discute longtemps avec nous au-dessus du mat. Quelques poissons aussi volent et on se jure d'en manger en Martinique.On se raconte à tour de rôle ce que l'on ferra en arrivant, et à l'unanimité :1° une bonne douche2° une grosse bouffe3° en général une bonne nuit

Et chacun parle de ses souvenirs de bons repas - on s'est met l'eau à la bouche (car on a très faim malgré le fait de ne rien accepter à bord)Bien sûr, je relatais le dernier restaurant de la côte d'azur avant mon départ pour Cayenne que Bèbert et Tété m'avaient offert : “l’Auberge de la Vignette Haute”, une folie dans le cadre et les plats, ces éclairages, rien qu'aux bougies, ces plats et verres en étain et porcelaine joliment

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décorée, ces grandes tables rustiques, des sièges de bottes de paille aux fauteuils de style, gros soufflets, cheminée, âne et chèvres en exposition, mangeoire et pierres taillées, vitraux multicolores, décor et paysage de rêve, menu de roi : foie gras entier chaud, merveilleux sorbet, sauternes premier grand cru ainsi que rouge : Château Coutet (excellente année)Soirée mémorable. Je citais aussi le Pizzaïolo, les tomates de Marmande (malgré une nuit à dégueuler, à cette époque, cause : pastis) ; les cèpes avec les bloches que Gilles m'avaient ramenés et que je dégustais une serviette sur la tête pour ne pas perdre l'arôme ; le céleri rémoulade ; petit salé et moka maison ; Même les clafoutis - foutus à p'tite Mère.... Tous ces beaux moments autour d'une table, surtout un dimanche comme aujourd'hui...jusqu'au poulet - frites de notre enfance.

"Je découvre à quel point la vie est belle et a tout son sens lorsque je suis avec mes proches, avec vous et je vais me battre pour réussir à nous rapprocher davantage".On se fera plein de concours de bouffe (çà devient maladif). Des vagues de 3m ; Félix vomit le cassoulet qu'il vient d'avaler, le skipper en fait autant avec de la choucroute (mieux vaut que j'évite d'en parler)Les derniers instants du jour verrons-t-ils le phare de la Barbade ? Vont-ils se fendre contre les récifs ? Reverrons-t-ils seulement la terre ? Vous le serez peut-être en lisant le 4ème épisode de notre grand métro feuilleton "l'épopée du bateau fantôme" Gros bisous ! SUSPENS la suite arrive....

JOURNAL N°4

Reprenons, en ce dimanche 3 juin, la suite de cette traversée tragico-héroïque que nos 5 marins subissent quelque part dans les mers des Caraïbes (ou de l'Atlantique)A bord de ce bateau fantôme réellement dépourvu de tout, pas de LOC (appareil mesurant la distance parcourue), nous ne connaissons pas notre vitesse - pas de radio à bord nous informant d'un éventuel cyclone - plus de pilote automatique qui nous a lâché 2 jours après - une barre cassée et rafistolée 3-4 fois, maintenue par un étau - partie arrière - balcon, sièges en bois, winds, tout ça envolé (ça c'est pas grave) - une coque que l'on devait pomper de temps en temps pour en dégager l'eau.En fait, seules les voiles étaient fiables et on supposait que le compas (boussole) aussi. Eh oui ! Nous avions tout de même une boussole, seul appareil à bord.Il faut que vous sachiez, que chaque mouvement nous pèse, chaque effort est démultiplié à cause du tangage, nous devions garder l'équilibre et c'est très fatigant quand on n’est pas habitué ; Alors la plupart du temps nous sommes allongés à ne rien faire.En cette nuit qui commence, je songe de plus en plus que quelqu'un amoureux, de ce sport, doit se dépêcher de faire connaître davantage la pétanque à travers reportages filmés et dialogues des plus grandes et plus typiques parties. Il faut que ça se fasse ; sinon je serai déçu car c'est une grande et merveilleuse idée.Lorsque la nuit tombe, une brise s'installe et je suis bien content de retrouver le blouson d'aviateur que Mado m'avait offert.Pour oublier tous ces tracas et faire avancer le temps plus rapidement, je fais défiler dans ma tête un maximum de bons souvenirs ; après la bouffe, je me remémore les jeunes filles que j'ai rencontrées sur ma route ; c'est un sujet intéressant, car depuis le départ, je n'ai pas encore tout épuisé.Un banc de dauphins nous suit à 1m ou 2 du bateau ; il fait trop sombre pour les filmer et je risque une photo. Un premier quart de 1h30 avec Philippe et au dodo. Pas très en forme (qu'il est pénible de retrouver cette couchette).

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Lundi 4 juinRéveillé à 1h30 du mat' par Félix et François. On aperçoit enfin une lueur au loin.

Serait-ce le phare de la Barbade ? On le supposait mains sans en être sûr. Cap sur ces lumières. Reprise du quart plein d'entrain et redodo. Enfin allions-nous trouver un peu de paix. Pas du tout : toujours dans la nuit, vers 4h, une grande secousse fit trembler le bateau et nous réveilla en sursaut, le bateau se penchait et l'eau rentrait à grands sceaux par les écoutilles - on était trempé - je gueulais : "Oh eh, qu'est ce qui se passe ? " Car dans ma tête, on venait de heurter un bateau et allions couler. Philippe en gilet de sauvetage me dit : "Sortons vite d'ici" et reçu une autre douche suite à une autre collision. Les vagues recouvraient le bateau.A ce moment là, on a tous eu très peur et imaginions le pire (extrait du titanique) C'était très impressionnant. Quelques minutes après, à peine sur le pont le calme était revenu ; nous avions heurté les fonds sableux en s'approchant trop près de la côte - je préférais ça à un bateau - pas de dommage. Assez difficilement, je me rendors et rêve que je plane au dessus des villes et des montagnes, tiré tout bonnement par une ceinture de sauvetage...je délire.Je me réveille, nous longeons la côte. Un coup de caméra et je finis un film.Barbade ou non, on prépare les passeports en vue d'aller à terre. D'après les lois maritimes, une seule personne devra porter les passeports, les autres devront attendre au bateau.

A la Barbade, le vaccin anti-variolique est obligatoire (personne ne l'a) et les chiens sont interdits. (J'oubliais, nous avions un 6ème passager à bord qui s'appelait Vaval (diminutif) du Carnaval de Cayenne très réputé. Un chien que Félix ramassa dans la rue quelques jours avant, donnant 10frs au petit garçon qui était avec lui (l'enfant fit une affaire).Il a une bonne gueule, mais ne répond qu'aux bruits de gamelle. Vaval devra donc rester à bord ainsi que François qui ne possède que son permis de conduire.De toute façon, nous devons débarquer, au moins pour prévenir Marie Hélène et Isa que nous sommes encore bien vivants (car elles devaient prévenir les autorités si nous n'étions pas rentrés dimanche) - d'autre part, nous voulions faire un bon repas, se doucher et reprendre ainsi des forces.Nous hissons le drapeau français (à 1m50 et fanion jaune (signifiant : sous douane, nous arrivons). Jeux de voiles, car bien sûr, on n'a pas de moteur. Avant de jeter enfin l'ancre, on découvre la navette protégée d'une bâche, et le moteur 4CV, et là, on s'aperçoit que la coque de cette barque a un trou d'environ 20cm. Les emmerdes continues, mais on ne désespère pas - (en effet ; Les chocs de cette nuit ont fait que le moteur placé de l'autre côté du pont, est venu s'écraser contre la navette, lui faisant ce trou). Un bout de contre plaqué - du ruban à bord (encore heureux) et quelques clous ; on laisse sécher. La barque à l'eau...ça tient - on y descend le 4CV et Félix va vers le port avec nos passeports (filmé).

Pendant ce temps, on regarde passer l'avion qui relie Fort de France à Cayenne avec calme, au-dessus de nous. Dire qu'il ne met qu'à peine 2h lui. On se fait beaux...enfin Félix revient. C'est bien la Barbade, ancienne île anglaise, indépendante depuis 1966 - on y parle l'anglais bien sûr. Les autorités nous donnent l'ordre d'approcher le bateau du port, malgré que nous n'ayons pas de moteur - difficile - On relève l'ancre à la main en se relayant - bon pour les muscles. Félix accroche l'annexe (appelée navette, barque) derrière le bateau, on remonte les voiles et en route vers le quai.

On va enfin pouvoir se dégourdir les jambes !...Et bien non ; la fête continue : (Je vous le dis, de quoi écrire un livre). Au bout d'un petit moment, François se rend compte que la navette s'est détachée (merci Félix !) On fait donc 1/2 tour avec le bateau et ce n'est pas de la

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tarte, et on fonce la récupérer, Félix à la barre ; Moi en gilet de sauvetage, prêt à plonger pour la récupérer. On s'approche de la barque, assez vite, le vent soufflant fort, mauvaise manœuvre et boum ! En plein centre de la barque. Coulée en 3 secondes avec le moteur (merci beaucoup Félix !)

Et le bateau, continuant de filer - 1/2 tour, très difficile à cause du vent et on garde un œil sur la barque renversée mais qui flottait au loin, le ventre à l'air. Arrivée dessus, on saute Félix et moi en gilet avec une corde - on rattrape la navette et l'attache à la corde libre. J’attache l’autre bout de la corde à la taille en prenant soin - par reflex - d’effectuer une boucle pour me détacher rapidement (au cas où !) Le bateau fait 1/2 tour pour nous repêcher ; Il passe trop loin, j'attrape la perche mais la vitesse du voilier me fait lâcher prise. Il faut recommencer. Je décide alors de m'éloigner de la barque afin de tendre la corde pour que le bateau passe au milieu et nous attrape au vif (il n'y a pas de frein sur un voilier) - bien pensé, mais avant que le bateau arrive, la corde est comme attirée vers les fonds marins et entraîne la barque à son tour - il faut faire vite - En effet, i faut savoir qu’une longue corde qui trempe, prend énormément de poids, au fur et à mesure. Alors que la corde m'enfonçait vers l'abîme, je tirais sur la fameuse boucle de sûreté pour m'en détacher - Cette "boucle de sûreté" m'a réellement sauvé la vie !

Ils nous lancent une autre corde (attachée au bateau) et avec l'aide d'une barque du pêcheur qui nous voyant faire, on a réussi à y accrocher la navette. Mais il fallait couper la première corde qui entraînait la navette vers le fond. Alors d'un geste auguste, François (et non Auguste) plongea du bateau, à la main un couteau, et coupa cette corde du démon, prise au fond, poil au fion !

Le moteur était encore là - On relève le tout à l'aide d'un winch - on s'en est bien tiré - Les douaniers arrivent (se demandant ce que nous fabriquions) et ils nous remorquent jusqu'au port, carrément (filmé)Nous sommes accostés au quai, et attendons Félix, partis redonner les passeports. Il revient, on peut débarquer sauf Vaval et François pour l'instant, il doit faire vérifier son permis de conduire à bord même du bateau.

On va boire une bonne bière bien fraîche, j'en ramène une à François. Que c'est bon, bien que j'ai un peu le mal de terre (la tête me tourne) A très bientôt GROS BISOUS

AVIS

REGARDEZ BIEN CET HOMME(photo ci-contre)

Après un mois d'exil à CAYENNE....

Après s'être tapé des piments, les moustiques le bouillon d'AWARA, les rats, les serpents et iguanes, les chauves-souris et les coups de soleil, les ravets (gros cafards de 4 à 5cm), les douches froides, après avoir marché dans les marécages infestés de toutes sortes de bestioles peu fréquentables, après avoir vu des Brésiliennes, mangé du tigre et des cachets antipalu.....

Après avoir traversé la mer des Caraïbes se nourrissant de pâtes natures,.....

IL NE FUME PLUS, NE BOIT PLUS, (ou presque !)

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Mais, pour compenser, comme vous pouvez le constater sur ce document ci-joint, cet homme guérit de ces deux fléaux, cigarettes et alcool, il se pique avec son chien qui avait arrêté de boire et fumer aussi.

Vous pouvez constater la grosseur de l'aiguille rouge qu'il emploie, sur sa cuisse, après s'être piqué au bras.

L'expression de son visage nous montre à quel point il est détendu.

Le chien "Vaval" est déjà endormi et rêve que le poteau en face, s'est transformé en os.Nous le revoyons, quelques minutes après, il est inconscient et se prend pour qui ? Je vous le demande !

Pour JÉSUS Super star !

Les bras tendus vers le soleil levant, alors que la nuit vient de tomber, il plane et se voit, tout comme J.C. ressusciter son chien mort d'une overdose.Un éminent psychiatre, lui a conseillé de re-fumer et surtout boire autant qu'il le souhaitera afin de redescendre sur Terre.

Se laissera-t-il influencer ? Redeviendra-t-il ce qu il était ? Si vous souhaitez arrêter un vice fortement ancré, allez-y pro-gres-si-ve-ment, sinon.....!

JOURNAL N°5

Je me dépêche, voilà la suite :A KOUMEN TO FIRKA ?

(En vrai créole ancien Guyanais) : Comment çà va ?Les jeunes Guyanais disent SA TO FE ? Et en Martinique tout le monde dit SA OU FE ? et on répond toujours MO LA (çà va)- Je me répète, pour bien vous l’encrer ... à la Barbade ! -On en était à ce lundi 4 juin 8h, débarqués à la Barbade (Barbados) et ayant bu notre bière bien fraîche. Je vous jure qu'on l'a appréciée. En effet, après un séjour en mer, le mal de Terre existe et la tête nous tourne un peu par période. On fait quelques achats et François nous rejoint enfin - on - va - pouvoir MANGER. On attendait tous ce moment avec impatience. Un taxi nous emmène dans un resto près de la mer (à 20m) Ce taximan est un vieux d'la vieille parlant Anglo-Créole, on passe la douane pour aller manger - ils ont fouillé toutes nos affaires. On roulait, à gauche bien sûr et je vous jure que ça surprend, surtout quand il refuse la priorité à droite (puisqu'elle est à gauche), on a envie de freiner pour lui. On était donc 3 devant, 3 derrière dans cette grosse vieille voiture américaine - c'est un peu le Texas ici - (bien que je ne connaisse pas les Etats Unis). Il s'appelait Winston. Enfin attablés à 14h15 locale (heure martiniquaise, -1h de Cayenne-. Après le planteur, on attaque la salade composée (surtout de betteraves) et les fly fish (poissons volants) enfin !Il y a dans cette île beaucoup d'oiseaux, moineaux, tourterelles et surtout des black birds (genre de merles sympas et peu farouches) Tous s'approchent très près des gens. Il semble que personne, là bas, ne leur a jamais fait de mal.

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On aperçoit des gendarmes à cheval qui passent dans le coin. Il est dit que la Barbade possèderait la plus grande densité de population au km2, au monde (Les Martiniquais diront que c'est leur île) La vie est assez chère et leur dollar est à environ 5frs / on a payé environ 800 frs pour 5, sans excès mais c'est la première fois que j'ai autant apprécié et mangé avec autant d'appétit, une bouffe aussi médiocre que chère - (c'est Anglais ne sont vraiment pas doués pour la bouffe)Ensuite, un petit bain de mer très léger, une bonne douche froide bien savonneuse - que c'est bon ! On est entrain d'apprécier pleinement des choses banales, que chacun fait journellement et la plus part du temps inconsciemment. Que la vie est belle, qu'en on sait en apprécier chaque instant - (je ne l'ai pas copiée, mais elle va faire son chemin cette phrase là !)

J'écris quelques cartes, mais ne peux les poster car la poste est déjà fermée, et elle seule détient les timbres. Après le resto, on était fauché. Plus que 10 dollars. Un taxi accepte de nous ramener pour ce prix là. De retour au port, il nous a fallu 8,25 dollars pour récupérer la Carabine : fonds de poches, pas un centime de plus - Ouf ! Le compte est bon (dirait Max Favalleli). On peut repartir. Un douanier nous raccompagne jusqu'au bateau et là nous remet la carabine et les balles (qu'il avait compté une à une à la réquisition).

Ne t'inquiètes pas, p'tite Mère, je n'ai pas l'intention de reprendre le bateau tout de suite, j'en ai ma claque, surtout que nous ne sommes pas encore rentrés en Martinique (à l'heure de l'histoire, bien sûr) Mais il ne faut négliger aucun détail et donner l'explication à cette carabine 22 LR. En effet, il est nécessaire d'être bien équipé en armes à bord - nous avions vraiment un minimum - car dans les mers des Caraïbes, il existe des flibustiers appelés autrefois pirates, et ce n'est pas une légende.Il faut toujours être plusieurs et armés sur un bateau dans le secteur. Rentrés en Martinique, un navigateur nous contait la triste histoire d'un de ses amis qui s'est fait déposséder de son bateau et jeté à la mer près d'une île des Antilles - il avait eu le temps de cramponner un gilet de sauvetage - ça rigole pas dans l'coin. C'est pour ça que j'me dis, finalement dans l'ensemble, on a eu du pot ; Ça aurait pu être pire !!!

Je continu ; Vaval est heureux de nous revoir. Comme nous sommes sans moteur, la navette accrochée au bateau nous fait faire 1/2 tour - on hisse les voiles, et nous voilà repartis.

Mardi 5 juin, dans la nuit qui tombe, pour la Martinique.Nuit somnolente ; la couchette est vraiment très serrée ; si j'osais, je dirais que mes

épaules se touchent. Matinée calme. Vers midi /1h, on voit se dessiner une montagne au loin, confondue avec la brume. Est-ce Ste Lucie ou la Martinique ? On file sur elle et apercevons une autre île à gauche qui devrait être Ste Lucie - on file vers celle que nous attendions depuis 8 jours.Nous pensons y dîner ce soir, et prévoyons déjà le restaurant de notre choix.Peu de vent, l'approche est longue ; 18h et nous en sommes encore loin ; sans doute nous faudra-t-il encore 6 autres heures avant de débarquer; (extrait de mon journal de bord : "je pense à petite Mère, quand je lui écrirai l'aventure, je préciserai : "T'en fais pas.... c'est fini la navigation !"Eh bien non ! il a fallu y passer la nuit à contourner cette foutue côte. Depuis 19h environ, nous longeons l'île d'assez près (pas trop à cause des récifs) et devions attendre d'avoir vu le phare afin de rentrer dans la baie de Fort de France. On scrutait l'horizon, plutôt la côte, afin de voir ce phare - on se demandait s'il n'était pas en panne - on a faillit s'approcher de la côte tellement on en avait marre ; Mais avant, on voulait tout de même s'assurer sur les cartes que se fusse possible (connaissant tout de même les dangers des fonds qui étaient quelques fois de 2000 m et peu après de1,50 m). On a bien fait de regarder, sinon on avait toutes les chances

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de s'écraser. Il faut continuer de contourner jusqu'à la vue du phare, restant bien à l'écart de la côte.

Mercredi 6 juinJ'aperçus le phare durant mon quart, vers 2h du matin et fis cap dessus - Le temps est

long, seul à la barre, mais c'est pour tout le monde pareil. Environ vers 7h, nous sommes dans la baie (il est dit : la plus belle du monde, après celle de Rio) Il ne faut pas passer n’importe où, à cause des différences élevées de profondeur. On en a franchement ras l'bol ; Ça n'en finit pas ; il n'y a pas de vent (c'est là que le moteur est utile) - alors qu'on comptait amarrer hier vers 19h. Nos prévisions auront toujours été fausses. Félix prévoyait 4 à 5 jours pour rejoindre Cayenne à Fort de France. Heureusement, le cap, lui était bon. (Géographie : "ça vous fait du bien d'apprendre un peu" - La Martinique, la Guadeloupe et ses îlets dont St Barthélemy, les 2/3 de St Martin (le reste est hollandais) sont français dans les Antilles. Le reste des petites Antilles est indépendant, pour la plupart des îles).Nous approchons enfin de la fin, nous sommes environ à 500m de l'arrêt définitif, au 3 îlets ; le village de Félix et le port prévu du bateau.Félix prend la navette pour aller vérifier les fonds, devant nous. François à la barre, malgré nos commentaires pour rester au large, ne trouve pas mieux à faire que de se planter sur un banc de sable, presque à l'arrivée. Tout de même ; depuis le temps que tout allait bien ! On plonge pour pousser le bateau et Alain accroche une corde à un arbuste pour faire pencher le bateau (le mat) et ainsi, dégager la coque. C'est raté, il est bien enfoui. ça fait 2h qu'on essaie tout pour sortir ce putain de saloperie de merde de rafiot de là. Je ne peux plus le sentir celui-là et si ça ne tenait qu'à moi, je le coulerais carrément à coups de hache (y a pas de hache !).On décide de tout lâcher, et de revenir plus tard. Il est environ 11h30 - ça fait 24h qu'on a aperçu l'île ; ça fait 12h qu'on la contourne ; y en a marre, on rentre en barque. Deux tours avec celle-ci et nous voici enfin à la maison. Eh ben oui quoi ! On est arrivé : Un peu dans les vapes, embrassades, douche, un avant déjeuner, téléphoné à Mère et lu tes lettres. Pesée : 63 kg : j'ai perdu 5 kg en mer.Je ne me plains pas, Félix en a perdu 10. A midi - 1 h, ti-punch ; Bon repas : poulet en sauce préparé par Chantal (la sympathique servante) et ensuite, petite sieste bien méritée.Comme il fut dit : Douche - Bouffe - Repos - il fut fait.De retour au bateau pour débarquer les affaires principales (linge à laver cause moisissure) Il faudra attendre la nuit pour avoir la marée haute, et tirer le bateau vers le large.Adieux à notre skipper François qui rejoint Cayenne en avion (sa femme enceinte de 7 mois pleurait à son départ et s'inquiétait de ne le voir revenir ; Je ne sais pas de quoi elle va accoucher).Quelques écritures - J'ai rasé ma barbe qui commençait à être en forme - Tournée de ti-punch et au dîner.(Tout va bien en ce moment, mais je pense devoir retourner à Cayenne, et repousser un peu mon retour en France)

Gros bisous GPS : Mot et carte bien reçus ; merci aussi à WilliamPS : J'ai mis l'adresse de Sanxay pour le retour des films développésPS : Bisous à la Famille GUILLOUX à laquelle je n'ai pas encore écris !PS : La suite arrive. Au fait : à ce jour, j'ai repris mes 68kgs.

JOURNAL N° 6

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Voilà voilà, on continu ;Bonjour à tous

Fin de ce mardi 6 juin, au dîner : Grosses entrecôte avec Rex et sa femme enceinte Marie-Elise, des amis martiniquais très sympas. Un peu avant, j'avais fini le poulet froid et mangé du fromage (je bouffe)En soirée, Félix, Alain et Rex sont partis entraîner le bateau au large, vers 22h, la marée étant haute.A leur retour, petit tour en boite - rien de transcendant. Avant de faire dodo, je me tape un bout de fromage (je dévore). Le lit a tangué un instant (souvenirs de mer d'un vieux loup).

Jeudi 7 juinRéveillé à 8h30, petit dèje cachets palu et écritures.

J'achète encore quelques médicaments pour soigner mes plaies qui suppurent. Félix prépare un LOMBYFOOD pour un 2ème petit déjeuner (on a du poids à rattraper) : Morue et queues de cochon dessalées, bananes cuites, oignon, bouquet garni, piment - ça cale !. Toilette et petit tour au marché : j'adore. Les femmes qui vendent sont encore plus typiques que sur les cartes postales et on un charabia et des allures de poivrotes grossières. Au déjeuner, poisson au court-bouillon, dachines (légume très féculent) et pommes douces (pommes de terre sucrées, très bonnes).A 14h30, promenade à la plage Ste Anne, (soit disant aucune plage n'est privée) une des plus belles, là où le club méditerrané s'est installé, et nous nous sommes installés sur leurs chaises longues. Comme je vous le disais, la mer est chaude et très belle, comme sur les cartes postales.En bords de plages, bien sûr palmiers, mais aussi mancenilliers dont les petits fruits sont très toxiques et il ne faut pas s'abriter sous ses feuilles lorsqu'il pleut car l'eau se charge de sève et brûle gravement la peau. Faudrait que j'achète un bacoi (chapeau en lianes du Pays). Après midi calme et bronzant. Rentrée, environ 30km, parmi un joli paysage verdoyant, (bien que le Sud soit un peu cuit par rapport au Nord). La Martinique est très petite en fait : elle fait 80 km de long sur 12 à 30 km, selon les endroits, de largeur. Superficie 1080 km2 (eh vous dans l'fond, suivez bien !) En arrivant (vers 18h30), entrecôte haricots rouges. Une demi-heure après, re-dîner avec un hachi-parmentier maison.`A 23h, repartis au bateau avec Félix pour le ramener.

Vendredi 8 juinIl s'était éloigné de beaucoup et enfoncé de plus en plus. On a essayé de le tirer dans

tous les sens à l'aide de l'ancre et winch, mais en vain, jusqu'à 3h du mat'. Je n'en peux plus de ce rafiot qui me ressort par les yeux (bien que ceux-ci soit guéris)Fromage en arrivant pour garder les bonnes habitudes. J'ai déjà repris 2kg depuis notre arrivée ; Félix 3. Un petit coup d'Autan (contre les moustiques) et dodo.Petit dèje à 11h30. Isa a fait deux gâteaux au chocolat pour ce soir, car nous sommes invités chez Rex et M-Elise. Ces gâteaux me rappellent l'allure des essais de p’tite Mère - ça promet -j'emporterais mes chocos BN.Vers 17h, chez Rex pour préparer le PORC COLOMBO (spécialité du pays, aussi avec poulet, poisson ou mouton). Je voulais en connaître la recette.On écoutait quelques disques dont le groupe Malavoi qui fait de très belles choses - j'aime beaucoup la musique Antillaise (surtout la biguine).La vraie biguine ne se joue plus tellement. C'était par exemple BA MOIN AN TI BO que vous connaissez tous : 2 TI BO, 3 TI BO Doudou...etc. Après, c'est plus rythmé et bien qu'on

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appelle ça de la "biguine", c'est de la "Cadanse". Je vous ramènerai des enregistrements, c'est chouette. Soirée sympa.

Samedi 9 juinPetit dèje et directement à la plage Ste Anne. Les mangoustes nous coupent la route,

comme les lapins en France. Je n'ai pas encore vu de jolies filles mais ne désespère pas - pi c'est pas grave - ici toutes les routes mènent au Rhum (encore une phrase à faire connaître). Au retour, on pouvait voir en bord de plage des pêcheurs vendant leurs langoustes appelées "z'habitants" et lambis (gros coquillages).Courses à Fort de France, à MONOPRIX (à TONOPRIX comme dirait Christine) - déposé pellicules.Les habitants appelés Foyalais-Foyolaises car la ville s'appelait autrefois Foyal. Quelques jolies filles. Achat d'un peu d'herbe aux rastas du village pour Philippe et Alain (moi, je reste bien à l'écart de tout ça).Et le soir, on s'offre le restaurant, Phi et Isa partant demain : Accras (beignets de morue), fricassée de lambis, de chatrou (poulpe), crabes farcis. Finis en boite, pas mal mais trop biguine (bien que j'aime, il faut que la musique soit variée)

Dimanche 10 juin 84Je précise la date complètement, car c'est un évènement qui va faire plaisir à Mère, et

surprendre les frangins, frangines :Je me suis levé à 8h30 pour aller à la MESSE, accompagner en chantant ce que M-Hélène jouera à l'orgue. (Elle va jouer tous les dimanche matin à l'église). J'ai surtout retenu de ne pas placer les mauvais plaisirs et les possessions terrestres trop en avant, que nous devions pratiquer davantage des pensées plus spirituelles, que si on a pas peur de demander lorsque tout va mal et qu'on est dans le besoin, il faudrait savoir aussi remercier (Dieu ou simplement la vie) de notre bien être lorsqu'il fait beau fixe en nous et autour de nous.J'ai noté aussi que chacun d'entre nous, même les plus athées, qui ont frôlé de peu la mort, ont tous appelés DIEU ou ce qu'il représente, en face des ses derniers moments à vivre.J'allais oublier : c'est une église protestante et le pasteur est marié avec la sœur (Frantz) de Félix. Ils ont un garçon Bruno et en attendent un autre pour bientôt. Henri le pasteur est très sympa.Pesée au retour : 66kg (ça revient !)Vers 18h30, on accompagne Phi et Isa à l'aéroport. Ti-punch dans un café typique des 3 îlets. On vous amène le sucre, des zestes de citron et carrément la bouteille de "Mauny" sur la table - chacun se sert On discute avec un rasta ; je commence à comprendre un peu de créole, ce qui épate Félix....et moi aussi. Je fais une omelette aux oignons en arrivant - Courrier et dodo -P.S. Je ne dis même plus que je ne fume plus et que mes ongles sont longs puisque c'est définitif !Avant d'attaquer le Lundi, je vais vous résumer les médicaments que j'ai encaissé (une vraie pharmacie).Ca a commencé par le vaccin contre la fièvre jaune, les pilules antipaludisme à prendre tous les jours. Je nettoie mes plaies avec de l'héxomédine, j'ai aussi essayé une poudre et de l'exosectophix. Mes brûlures aux lèvres à cause du soleil avec Cuterpies. Bombe d'Autan à se passer sur le corps contre les moustiques. Mytosil et Biafine contre les brûlures solaires. Pulmoles et Dénoral pour soigner un rhume. Soframycine hydro -"machin" pour la gorge. Néo-Codion pour la toux. Upsa - Derma-Spray etc...Collyres Vita Septol et Dulcibleu, Optraex pour bains d'yeux et Terramycine en pommade, Ophtalmique Glifranan en cas de douleur. Bains de pieds pour plaies au permanganate de

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potassium : pieds marrons pendant 4 jours. Cerulyse en cas de bouchons auriculaires et Ercéfuryl 200 en cas de diarrhée (non utilisé). Le synthol fut utile ainsi que l'alcool de menthe. Et bien sûr deux différentes pilules contre le mal de mer. Au jour d'aujourd'hui, je dois rajouter pour soigner mes plaies qui sont devenues très laides et me donnent des ganglions (le sang est atteint) : 1 sérum antitétanique (piqûre), quelques antibiotiques : Bruffeur 400 et Clamoxyl 500 (pendant 10 jours) : (10 jours sans ti-punch, Félix me nargue) encore un peu d'Hexomédine et du Terramycine HudrocMais à part ça, TOUT VA BIEN !La boulangerie des 3 îlets n'a pas de magasin, et on va chercher le pain là où il est fabriqué dans un vieux hangar sympa.

Lundi 11 de PentecôteVisite du terrain à construire de Félix et rencontré son père (sympa). Déjeuner avec

Frantz et Mamy - longue sieste - Je tripote un peu l'orgue pour m'amuser. Dîner aux patates à l'eau. Félix et Alain sont allés au bateau comme presque chaque jour, qui s'éloigne et s'enfonce en même temps de plus en plus. Ce rafiot nous emmerdera jusqu'au bout, à croire qu'il refuse ce port.

Jeudi 12 juinPetit dèje, visite de Fort de France - allé au port espérant trouver un remorqueur pour

tirer le bateau de là...en vain. Ti-punch chez un ami de Félix. Dîner, écritures et dodo. "Allez AUTAN, abat les moustiques et les ravets". Petit plan pour vous repérer. Gros bisous et à très bientôt pour la suite. VOTRE GERARD.

JOURNAL N° 7

le 1er juillet 1984Mes biens chers frères....et SœursMe voilà de plus en plus Chrétien,

surtout depuis que je lis Haralan POPOV (Bulgare), prêtre baptiste torturé par les communistes (d'URSS) pour ce qu'il était. Et il intitula son livre bien sûr : "A cause de ton nom". C'est Marie-Hélène qui me l'a prêté, d'ailleurs, elle a eu l'occasion de voir l'auteur et l'entendre lors d'un séminaire en Martinique. Bien sûr, comme dans tout livre, il y a à prendre...et à laisser ; J'en reparlerai plus tard.

Revenons à notre journal qui continu en ce mercredi 13 juin :

Levé 6h - petit dèje - écritures - je filme quelques merles. Une petite visite au bateau, comme à l'accoutumé Il est toujours échoué, bien entendu, mais quel tableau : il est couché au milieu de la baie, juste là où il y a peu de fond, alors que très proche, même plus près de la côte, d'autres bateaux, plus gros, voguent parfaitement. A croire qu'il tient vraiment à nous emmmerder ce "Macali", puisque tel est son nom. J'ai pris quelques photos dans la soirée, bien que l'eau soit montée. Retour par les palétuviers boueux. Nous marchions précautionneusement sur leurs racines afin de ne pas mettre pied dans la boue noire et nauséabonde. L'habitant qui nous guidait traversait très rapidement ces palétuviers sans se tenir aux branches (photo, j'espère réussie..non !)On y retourne pour la marée de 17h, ayant rendez-vous avec un chalutier anglais qui doit nous sortir de là et nous tirer jusqu'au 3 îlets. Ça lui prendra environ 1h de temps en tout et pour

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tout et ne prendra en retour que 8 000 frs (pour Maman : 800 000 frs) pour ce dépannage rapide. Je dis bien que "8000 frs", car la marine nationale se déplace pour 15 000 frs - (l'un des plus gros tarif horaire que je connaisse !)Hors l'Anglais n'arrive pas et une grosse vedette (300 CV) au courant de nos besoins, se propose de faire la manœuvre avec l'aide d'un 80 CV supplémentaire pour nous tirer en moins d'une heure - pour le même prix - c'est OK - marché conclu. Après une corde cassée la première fois, tout ce passe très bien, et nous accostons aux 3 îlets... enfin ! Comme le dépanneur de "fortune" s'appelait "La Mauny", (la plus grande et meilleure marque de Rhum martiniquais) nous en profitons pour prendre une tournée de ti-punch au troquet du coin.Je leur fais un genre de spaghettis à la bolognaise pour dîner - écriture et dodo.

Jeudi 14 juin : Pesée : 67 kg, ça monte, ça monte !Un p'tit tour au bateau, histoire de le narguer et on se rend compte qu'il est bien trop près de la berge. On cherche à l'en éloigner à l'aide de la barque et pour se faire, on a du remonter et remettre à l'eau 4 fois l'ancre : et ce n'est pas de la tarte, les muscles se gonflent. Malgré tous ces efforts (et 8000 frs), il se trouve un peu dans la vase, mais si peu qu'on a plus la force de le pousser plus loin.Vers 17h30, départ d'Alain. J'appris que c'était ce jour, l'anniversaire de Murielle (24 ans) et que demain, elle repassait son permis (qu'elle eut)

Vendredi 15 juinTrès mauvaise nuit, parmi bien d'autres : Cause chaleur, moustiques, hurlement des chiens périodiques, qui font la chaîne et avant le petit jour, les coqs et cette fois en grande symphonie, car ils sont nombreux à reprendre la relève. "VIVE LES BETES"..... les bombes insecticides et boules Quies.Petit dèje et en route pour Fort de France avec Félix, afin de faire enregistrer la venue au port du bateau : Il faudra faire un chèque de 12 000 frs. On passe, au retour, à Monoprix récupérer les photos à développer - quelques bonnes, beaucoup de ratées ; Il me faudra acheter un bon appareil.Au déjeuné : Thon cru au citron. Le piment, sans doute le plus fort, se nomme BONDA MAN JACQUES (le cul de madame jacques) certainement dû à la forme de ses bourrelets. Après une petite sieste (ben oui, le soleil...la bouffe...) on s'en va pêcher l'oursin. Les fonds marins sont très jolis, (t'inquiètes pas Mère, on n'va pas là où c'est profond) pleins de coraux très fragiles. La pêche fut trop maigre pour faire un "blaff" d'oursin. Dîner quand même avec Lucien et Marie-Vonne (une autre cousine de Félix), dont au menu : des "acras" (marinades généralement de morue) dont j'ai pris la recette, bien entendu !

Samedi 16 juinRien de spécial, à part des courses à Monoprix. Je me suis offert un appareil électrique

à plaquettes contre les moustiques à la con. Ca va être leur fête ! Chacun son tour. De plus, juste avant de dîner, j'envoie quelques jets de "bégon" (produit contre tout ce qui bouge) pour endormir les Ravets (Blattes, cafards de 4 à 5 cm de long), et j’en cogne quelques-uns uns avant de me coucher. Je pense à Gilbert (qui a déjà les jetons d'une petite araignée) qui ne pourrait dormir ici ; surtout qu'il est dit, à juste titre, que ces bêtes aiment bien venir grignoter les orteils ou les lèvres (d'où le fait de bien se laver la bouche avant de se coucher) De plus, Yoann, le fils aîné de Félix s'est amusé à compter les ravets morts après avoir saupoudré les pourtours intérieurs du baraquement (à côté de la maison de Félix et M-Hélène) dans lequel je couchais : une soixantaine.

Dimanche 17 juin

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Debout à 6h après une bonne nuit : "merci plaquettes" ; malgré un bal très proche qui jouait de la biguine toute la nuit, je dansais un peu dans le lit et m'endormis vite.Vers 10-11h, retour à l'église d'Henri - messe un peu longue de part la présence d'un autre prêtre qui rabâchait trop les mêmes choses - néanmoins, de bons principes : abolition des mauvais plaisirs terrestres. Déjeuner bien sûr. Petit tour à la plage avec Félix pour voir le gars de "La Mauny" afin qu'il nous récupère l'ancre restée au fond, lors du remorquage - (il le fera gracieusement malgré que celle-ci se soit éloignée et se trouve à 25 m de fond, sous 1 m de vase.Petit tour seul sur le bateau, juste pour la lecture et la bronzette avant que le soleil se couche. Dîner, Télé, écritures, dodo.

Lundi 18 juinLevé 9h30. Chantal à la varicelle, alors je prépare le déjeuné en faisant un court-

bouillon. Aller-retour à Fort de France où je louais un Vespa 125 cm3 pour une semaine - ce service est très bien exploité en Martinique. Je rentrais aux 3 îlets pour repartir aussitôt sur la plage de la Pointe du bout, à l'anse Mitan - souvenez-vous bien de ces noms, car vous irez un jour. Petite chute, pas bien grave ; juste histoire de se faire la main (Gilles a bien connu ça avec le 49,9 qui se trouve d'ailleurs toujours stationné au Sphinx). Au retour, comme mes bobos ne s'arrangent pas à l'aide de produits, je vais chez le toubib - une femme très sympa, le Docteur Nicole YANG TING (bien de chez nous, malgré son nom) qui me prescrit les antibiotiques que vous connaissez ; (Il était temps avant de me couper les pieds !... mais non Maman, je plaisante). En continuant le retour, je croise un accident : un petit gars gisant au sol, son vespa pas très loin, renversé par une voiture. Je préviens la gendarmerie des 3îlets. Cà n'sra pas trop grave, il avait son casque - j'ai tout de même ralenti un peu l'allure pour finir les derniers kilomètres. Un dernier "petit" coup de punch avec Félix avant mon traitement de 10 jours et dîner d'un blaff d'exocets (poissons volants)

Mardi 19 juinLevé 8h et petite promenade à pied : mairie, PTT, pharmacie, piqûre et boulangerie d'à

côté comme tous les matins pour prendre le petit dèje au pain chaud. Préparation d'un poulet à la moutarde pour le déjeuné. Prévisions de travail avec Félix ; le retour sur Cayenne s'envisage et devrait être proche. Tour à la plage habituelle mais sans baignade (cause bobos). Comme je n'aime pas spécialement la bronzette faignante, je lis, j'écris. Un peu de repassage (je me débrouille) et dîner des restes.Durant des écritures, je chasse un sphinx (gros papillon) et je relis la carte de Fête des Pères de William. Ca ferait du bien quelquefois de lâcher une larme. Souhaitons que cette nuit soit meilleure. Mort d'un ravet et dodo.

Mercredi 20 juinLevé 9h - dèje - rangement, nettoyage, lecture, écritures. Pesée : 68kg ; j'irais jusqu'à

70. Préparation des fly fish frits (poissons volants appelés ainsi à la Barbade) Lecture sur la plage de la pointe du bout : je vois passer une maison sur l'eau ; c'est un bateau touristique le "KON TIKI" dont l'orchestre à bord bat son plein. Omelette aux haricots rouges - dodo -

Jeudi 21 juinFrais et dispos à 8h. Après déje, je poste le journal n°5 et 1 film pour la France.

Vaisselle et préparation par Félix d'un ragoût de veau. (Une voisine surnommée "Sucette" qui remplace Chantal n'ai pas douée pour la bouffe... mais elle fait le ménage)Aéroport pour prendre les billets pour Cayenne pour demain et reporter le retour en France et ce, de Cayenne au lieu de Fort de France.

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Bain de soleil de 16 à 18h30 à la plage finalement très agréable. J'inscris mes BUTS et PLANS de travail pour y parvenir. Dîner des restes. Film avec Bernard Giraudeau (tête à claque), écritures et dodo.DEMAIN, ON PREPARE LES VALISES

PS : William devrait recevoir une petite voiture électrique "Smarties"Gros bisous, je pense beaucoup à vous tous. Rendez-vous dans l'avion

JOURNAL N°8

le 21 juillet 1984Ma p'tite famille !

Je suis heureux de vous retrouver, bien que le temps m'ait manqué dernièrement. Reprenons notre causette en ce début duVendredi 22 juin

Debout à 9h - 69 kg - petit tour à Fort de France pour rendre le Vespa de location - on se tape un jus de canne à sucre avec Félix et ensuite, jus de pastèque et papaye. Déjeuné de thon, patates douces et bananes jaunes. Je finis de préparer la valise, et je débute la lecture du livre d'Haralan Popov "A cause de ton nom" dont les deux premiers chapitres m'ont beaucoup emballé.En route pour l'aéroport vers 18h. Au revoir à Marie-Hélène et aux enfants. On va enregistrer nos bagages, et il nous reste grandement le temps d'aller au bar.Embarquement et décollage qui est toujours impressionnant et bientôt on aperçoit les petites lumières de la ville - les oreilles se bouchent, alors on ravale sa salive. Quelques trous d'air qui lèvent un peu le cœur, et c'est parti en Boeing 727.(Rétrospective : Je me rappelle alors que partis de Poitiers pour Paris en train pour décoller sur Nice, ensuite Cayenne. Je me suis offert pour la première fois de ma vie, une "1ère classe". J'avais alors un compartiment isolé pour moi seul et j'ai baissé les 2 tablettes me servant du bureau, j'y ai installé toutes mes affaires (papiers, stylos...) et j'étais comme un pape. La poinçonneuse était vraiment très aimable.)Nous sommes placés, Félix et moi dans une zone "non-fumeur" - pour la première fois - ça m'a fait drôle, le premier vol sans fumer. Le vol durera 2 heures (c'est plus rapide que le bateau) Nous sommes partis à 19h20 + 2 h de vol + 1 heure de décalage horaire : nous arriverons vers 22h30. (L'inverse, Cayenne Fort de France est + intéressant car on arrive 1 h après - heure martiniquaise)Je lis le livre de Popov, et en ajoutant ce que j'ai déjà pu lire à travers des livres de motivation, souvent écris par d'autres pasteurs comme Schuller, je m'aperçois et ressens de plus en plus la présence d'une force mystérieuse qui m'enveloppe et me serre le cœur à certains passages. En fait, la bible est très motivante dans quelque domaine que ce soit de la vie d'un homme. "Tant que je vivrais, je ne cesserais d’espérer" En des moments critiques, cette phrase est très puissante et redonne courage à tout homme. D'où provient cette force, cette énergie que l'on dégage à cet instant.Dans l'avion, je rigolais en lisant une pub d'un magazine que me fit voir Félix sur une marque de frigo pour bateau qui disait : Finit les boites de cassoulet....etc). Ca y est, on est arrivé. Le temps est passé très vite, grâce au petit repas, café et Popov. On descend les marches de l'avion, avançons vers l'aéroport. Violaine et Murielle sont à l'arrivée plus rayonnantes de beauté l'une que l'autre. C'est agréable. Je ne réalisais vraiment mon retour à Cayenne que

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lorsque j'apercevais la maison. Ca fait drôle d'y être de retour. (La récupération des bagages est vraiment très très longue ici : Environ 1h)Déjà près d'une heure ; on va fêter ça au "106" avec une bouteille de Gin. Dansé, dansé, dansé... (surtout la biguine) Les climatiseurs étaient en panne et nous étions trempés à tordre de sueur. Dodo chez Violaine

Samedi 23 juinAssommé. Debout vers 10h30 (après discutions matrimoniales, désagréables, sans

fin). Petit dèje à la maison.Le soir, Murielle m'invite au resto chinois - très agréable et sympa.Vers 13h, resto tous les quatre au "soleil levant" ; On a mangé entre autre des beignets de crevettes, du Pakira et du Toucan (oiseau).Il était prévu de faire un tour de promenade à "Montsinery", mais Félix (le conducteur) changea d'avis. Alors, un peu vexés de ce changement de programme, après le retour à la maison, nous sommes repartis, Murielle et moi, visiter le zoo, et y voir les toucans (qu'on venait de manger), Aras, Tapirs appelés Maïpouri en créole et dont les entrecôtes sont très bonnes, Boas, Crocodiles etc...Je m’endormais, au retour, dans la voiture que Murielle conduisait.De retour à la maison, les filles lisent : "l'épopée du bateau fantôme" et moi Popov.On a eu la visite d'Alain (un cousin de Félix) m'informant d'un boulot de revêtement mural à faire sur Kourou.Les rats sont toujours aussi présents dans les escaliers de l'immeuble à Violaine.

Dimanche 24 juinLevé 10h - petit dèje et courses pour déjeuner sur le barbecue - déjeuné de viande très dure, inbouffable, heureusement il y avait du riz.Après-midi maussade....alors...grande sieste. Réveillé vers 18h, debout à 19, dîné chez Violaine d'un pot au feu avec la fameuse viande (très bon) et crème de riz. Un brin de télé et dodo sous le ventilateur ; c'est bon. Au réveil, surprise : des PUCES, même dans mon carnet de notes.

Lundi 25 juinJ'écris sur ce carnet dépucelé, il est 6h. 7h30, Félix m'emmène au bureau et sur le

chemin, on croise François (le skipper), coffre ouvert, y mettant un groupe électrogène. Il nous apprend qu'il s'est fait virer de son boulot ; parce qu'il est arrivé quelques jours trop tard (cause croisière) et qu'il se met à son compte dans la pose de menuiseries alu. Je rigole des suites de cette traversée, et re-songe, en lisant Popov de certains instants passés sur ce rafiot : (Popov p.75 "Aussi étrange que cela puisse paraître, les pires conditions d'existence ont souvent permis aux tendances les plus nobles de l'homme de se manifester. C'est souvent en de telles circonstances que l'être humain est capable des plus grands sacrifices") Rendez-vous avec M. Policarpe pour l'éventuel chantier à Kourou. Absent, il me faudrait repasser, en attendant, je fais quelques courses et ouvre un compte à la BNP Guyane.Ensuite, nous sommes partis avec le client visiter le travail à faire. Accord conclu, estimé à une semaine de travail. Revenu vers 14h30, et déjeuné de choco BN trempés dans du chocolat chaud. M. Badois, responsable de la BNP Guyane, m'appris que la cause des fréquentes pannes de courant étaient dues à la présence de "pions" (marsupiaux à longue queue, petit museau et poche comme les kangourous) qui se promenaient sur les lignes électriques et les mettaient en court-circuit à cause de leur longue queue. On les retrouve carbonisés au lieu du court-circuit.

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Poulet au dîner - auparavant, je touchais du bout des doigts une feuille de Manzé-Marie (ou Marie la Honte), plante sensitive qui se referma aussitôt.Aussi surprenant que cela puisse paraître, je me suis fais un "blindage", et je peux fort bien me passer de petite amie ; et c'est la raison principale pour laquelle je m'engueule notamment avec Murielle qui trop souvent veut être plus que ma copine. J'ai plus envie d'être enquiquiné par des bonnes femmes que je n'ai même pas envie de voir car je ne supporte plus les problèmes de couple et les gens absurdes. Lors d'une dispute, je me surprends à être très calme, même au comble de la stupidité chez l'adversaire qui traduisait mes paroles par ce que bon lui semble. Incohérence démentielle, mais je me contrôlais et décidais par conclusion que la solitude serait ma meilleure compagne. En réalité, seuls les gens que j'aime me manquent et il me vient à penser aux bons instants de couples passés ; çà fait déjà longtemps.

Mardi 26 juinLevé 7h30 - bureau - garage pour récupération de roue de secours et direction Kourou

vers 9h30. Vers 15h30, alors que j'étais dans le couloir de ce chantier, sans outil à la main, il y a eu un contrôle (et ici, c'est pas peu dire) par deux inspecteurs. Je leur racontais que j'étais en vacance et accompagnais Alain qui travaillait sur le chantier en tant qu'électricien. C'est passé ; j'espère qu'ils ne reviendront pas. Travaillé jusqu'à 21h et une heure de route (60 kms) Beaucoup de chiens se promènent la nuit sur les routes, et ce n'est pas étonnant d'en voir écrasés. Dîner de 3 avocats "frais cueillis" (mais murs) et 1 yaourt - Douche et Dodo;Peu de grandes nouvelles, alors j'écris la suite très prochainement. A très bientôt et mille gros bisous.

PSVoici mon adresse :Gérard GOUOTPiscine -ServiceRte de la Madeleine97300 Cayenne GUYANEUn mot ça coûte 2,10 frs et ça fait beaucoup de bien.Merci les frangins

JOURNAL N°9

Salut Sanxay : Mère poule, poulette et poussinSalut Hure : Bouliste, boule, boulette et cochonnetSalut Rocheville : Allô, Allocataire, allocution et à l'eau d'EvianAu cas où vous ne vous seriez pas reconnus,Salut à tous

Après cette journée bien remplie, nous voici au mercredi 27 juin : Arrivée au croisement le plus important, en sortie de ville, on tombe sur le marché aux Haïtiens appelé par Félix marché aux esclaves. On passe, on s'arrête et on prend qui on a besoin pour un trou à faire dans le béton ou pour bêcher le jardin ; on leur donne de 50 à 100 frs pour une bonne journée. Haïti est très pauvre, alors beaucoup d'exilés - politique - viennent ici.Une nouvelle femme de ménage, jeune et souriante nous a fait un ménage impeccable et prépare des plats délicieux. C'est une aubaine ! La maison est transformée. Je pars sur le chantier de Kourou avec la 4L et je traverse le pont de Cayenne d'environ 1,2 km sous lequel

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coule la rivière du même nom - ensuite je traverse "TONATE" où l'église se trouve juste au centre de la route (bizarre mais joli).Au déjeuné : corned beef (chaud par la chaleur), fromage in-bouffable alors choco BN. En quittant le chantier, je fais une chute à cause d'un fil tendu par le carreleur à ras du sol. Ca fait rire son fils "André", petit brésilien - son oncle s'appelle Georges ; beaucoup de prénoms français. Les brésiliens que j'ai connus sont très sympas.Arrivé à la maison, je trouve un mot de Murielle (repentante) et je dîne d'un avocat et d'une pomme. Je me couche, et Murielle arrive. Je la "tolère" sur le lit d'à côté et essaye de dormir - difficilement.

Jeudi 28 juinJe fus réveillé à 5h30 par Murielle, se levant pour aller travailler ; ne se gênant pas de

faire un maximum de bruit - n'ayant aucun respect du sommeil des autres - comportement que je ne supporte pas ! D'un ton très aimable afin de garder mon calme, je lui demande de bien vouloir prendre ses affaires et de refermer la porte de la chambre gentiment. Qu'est ce que je n'avais pas dis là ; je passe sur les détails qui ne sont pas drôles - ça se termina par une belle bagarre - pas très beau. J'en ai plus que ras le bol des "bonnes femmes" qui étouffent, qui contraignent, qui pompent l'air et qui prétendent aimer. Dehors ! Du balai ! Non mais....Vive le célibat ! Ce qui fut dit, fut fait.(Je me souviens de Félix, ahurit, réveillé en sursaut par ces bruits, se jetant sur moi pour retenir mes gestes et moi lui disant calmement : "ce n'est pas moi qu’il faut retenir, couillon !"La tempête passée, je reprenais le livre de Popov pour me détendre et me recouchais enfin. Réveillé à 9h30, j'arrivais sur le chantier de Kourou vers 11h et me suis mis à chanter, ce que nous chantions Marie Hélène et moi en Martinique, alors que je prenais des tas de médicaments habituels et sachant qu'il y a de nombreux cas de rapatriement sanitaire (cause maladie ou accident), nous chantions donc disais-je : "Je reviendrais mourir en fran-an-ce, je finirais ma vie dans mon pays, dormir au lit de mon en-fan-an-ce, même si ailleurs c'est mieux qu'ici...." à tu tête cette belle chanson de Serge Lama... et ça allait beaucoup mieux.Sur ce chantier, je déjeune de choco BN et en mange aussi entre midi, et bois 2 litres d'eau dans la journée. 21h30 : je suis assis devant une table du "Saramaca", restaurant à Kourou, après avoir bu une bière bien fraîche. Ben quoi, on s'prive pas, surtout que j'ai quelque chose à fêter : J'ai coulé la 4L de Félix. Repartis en soirée de Kourou pour rentrer à Cayenne, après une dizaine de kilomètres, le voyant d'huile (et d'eau) se mit au rouge. Je ralentis et continuais - ça bouillait. Je décide de faire 1/2 tour pour remettre de l'eau à Kourou, roulant à peine à 40km/h. Arrivé à la station, remplissage du réservoir (après avoir laissé refroidir) et remise au niveau d'huile. La station ferme, la voiture ne démarre plus. J'insiste, rien à faire. J'ai juste le temps d'appeler Félix au téléphone de la station : il arrive - rendez-vous au "Saramaca". Mais je le rappelle du resto pour lui dire que j’allais me débrouiller (en effet, ce n'était pas une solution de lui faire faire 120 kms pour rien, car on ne pouvait dépanner sur place) J'attaque la charcuterie : "dommage que je n'aie pas d'appartement pour vous dépanner" me répondit la serveuse après lui avoir demandé où dormir à Kourou. Sinon il y avait un hôtel (pour touriste) à 250 frs la nuit et probablement plein. La serveuse était logée chez des amis et cherche un appartement depuis plus d'un an. Ce n'est pas facile de se loger par ici. Je me prépare donc psychologiquement à passer la nuit dans la voiture et il me vient une envie de rentrer en France, travailler avec Gilbert ou mettre le film de pétanque au point avec Gilles... je déraille.Je me commande un filet au "ceps" (je sais bien, Gilles, que c'est un sacrilège que de vouloir manger des ceps en Amérique du Sud et avec la viande en plus, mais l'arrière goût me rappelle de bons souvenirs). Finalement, devant ce repas agréable, je crois que j'apprends à bien profiter des coups durs qui deviennent ni plus ni moins que des faits sans importance.

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Demain se lèvera et tout s'arrangera. (Encore heureux qu'ils acceptent les chèques hors place). L'autre serveuse est aussi très aimable et souriante, mais dans le fond, c'est normal, car ne suis-je pas moi-même très avenant ? Hein ? Là aussi, j'ai noté la commande sur un petit carnet, bien que ce resto soit tenu par des "métros", comme moi, du fait qu'il y est le CNRS (centre national de recherches spatiales) et des casernes militaires (présence de légionnaires tatoués)Vraiment, tout est verdure en Guyane, de nombreuses plantes et fougères dans le resto ; des grands ventilateurs comme dans des films de légion, à Macao (on s'y croirait) Je termine avec une banane Split, glace qui devrait faire envie à Bébert.23h. De retour à la 4L, je tente l'auto-stop.... on ne sais jamais. Alors je ferme les portes de la voiture, crois en entendre une qui arrive, je cours avec mes tongues aux pieds et fais un valdingue de toute beauté. Je reste à terre, pensant que mon genoux s'est déboîté et vois mes orteils en sang. Je me relève, la tongue colle un peu au pied, et le moral tient bon ; alors je chante en gueulant dans la nuit : "Je reviendrai mourir en Fran-an-ce...." et rigole. Puis je me replace en bordure de route, le peu qui passe ne s'arrête pas, alors je chante Adamo : "A vot' bon cœur monsieur, ne m'laissez pas sur le carreau" et reprends une fois la voiture passée, "je reviendrais...."Je m'amuse et je ressens que dans la vie, on doit essentiellement faire ce qui nous passionne le plus, et c'est ainsi seulement que l'on peut réussir, motivé constamment par un désir ardent qui nous relève de toute situation.Je dois avouer que l'envie de fumer me prend un peu, mais ça va vite passer. Une affiche de film en face de la route : "Les Morfalous" de Verneuil avec Belmondo. Comme à Poitiers, il y a une "Radio plus" à Kourou, 100MHZ.Il y a beaucoup de méridionaux à Kourou, et de surcroît tatoués, qui n'ont pas l'air très fin !

Vendredi 29 juinLa nuit fut un peu longue, cause que dormir dans une 4L c'est peut être sympa, mais

pas très confortable. Un sac me servit d'oreiller. On a vite des courbatures avec les jambes pliées, alors il faut souvent changer de pose ou d'orientation. Un parapluie me servait d'ombrelle, filtrant les réverbères.Réveillé au chant du coq (ou plutôt des coqs) vers 7h, j'essaye de redémarrer, rien bien sûr. Je pars au garage Renault à pied, le type ouvrait juste ses portes. Il peut changer le joint de culasse, mais il faudra certainement passer la culasse au marbre ce qui risquerait de repousser à lundi. Je tente le coup, après avoir prévenu Félix. Je retourne au garage. Démontage et avec le petit manœuvre, on apporte la culasse au fraiseur ajusteur, route de Cayenne qui, d'après le patron (métro ou becqué, aussi "sympa" que le tôlier de la station - les enfoirés) n'aurait pas le temps de la faire car il était 10h et fermait vers midi-1h. L'ouvrier insiste pour tenter le coup, et nous voici chez le fraiseur qui veut bien nous la faire - ouf ! Le temps de mettre la culasse sur l'appareil avec des cales bien comme il faut pour qu'elle soit bien d'aplomb, il met en marche la machine... elle ne veut pas démarrer.Re-démontage, mais en discutant, ils vont s'efforcer de réparer leur panne et s'il reste du temps, de nous faire la culasse avant 13h30 (heure de fermeture) Mais le garage Renault ne réouvre qu'à 14h et c'est eux qui doivent aller chercher la pièce. Comment allons-nous nous en sortir ? Vous le saurez après manger, car je me suis réinstallé à ce petit resto sympa devant une bière pour écrire ces quelques mots sur mon petit carnet de notes. Je me souhaite donc un bon appétit Gérard ! Merci ! C'est vrai que les légionnaires ont de vraies têtes de bagnards.Il doit y avoir une vérité "cachée" à tirer de toutes ces mésaventures. A moi de la découvrir ! Sans doute dans le prochain journal, avec la suite des réparations de cette fichue 4LA très bientôt. Mille gros bisous. Gérard

JOURNAL N° 10

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Mes chers enfants !

Je me dépêche de continuer ce journal en ce vendredi 29 juin 8h - dans ce restaurant où un seau à glace repose sur chaque table, à Kourou, en Guyane, Amérique du sud, je me retrouve ici, où je n'ai pas envie d'être, car bien sûr j'aimerais être près des miens : ou je ne fais rien qui m'intéresse et suis dans l'attente d'un travail qui pourrait être rémunérant.... mais je serais honteux vis à vis de moi-même de rentrer sans avoir accomplit quelque chose d'important. Il me faut donc résister et vaincre : bravo GG, vas-y mon gars !Les blancs ont l'air d'avoir quelque chose à cacher ou à se reprocher. Ils semblent mal dans leur peau tellement leur tronche est coincée et n'offre plus de sourire. Il n'y a pas de temps pour les bonnes manières ni le fair-play, malgré les prix pratiqués ! Les "blancs" sont ici pour bosser et ramasser du pognon - tout le reste, ils s'en foutent. Ils ne voient qu'eux. Il faut dire que la plupart des habitants ne veulent pas faire grand chose et qu'il faille vraiment les pousser. Je retrouve le gros de la station et au garage et au resto. Ils sont tous comme cul et chemise. Ils te voient mais t'ignorent.Deux œufs mayo, une bavette, une coupe glacée et chez Renault à 13h30 pour être sûr d'être à l'ouverture afin de faire accélérer : "Que ça fait chier de faire bosser des cons pareils". Excusez ma vulgarité, mais sincèrement, ce sont de petites gens. Des créatures qui ont perdu la notion du respect humain ou presque.Il faudrait créer une communauté de gens sympas qui se feraient travailler mutuellement, avec le sourire - à développer- (on donnerait un nom à ces magasins ou entreprises, tel "client rois" où l'on offrirait un accueil et un service incomparable...etc...)

Je rigole tout seul en attendant dans ce garage : un Guyanais (ou haïtien) fait le ménage du garage et passe le balai, on ne peut plus lentement, décontracté, du bout d'une main, la cigarette à l'autre, ne se baissant pas pour aller balayer sous la voiture en exposition et passe ensuite la serpillière (ou scince ou wassingue) à l'inverse de nous ; c'est à dire qu'il lave devant lui, en avançant et marche donc ainsi dans ce qu'il vient de laver. Ils ne raisonnent pas car ils se foutent de tout.Je pense : il me faudra inventer et créer un mini-vélo pliant avec petit moteur : le tout dans une valise, à loger dans le coffre d'une voiture en cas de panne : ce serait bien utile aujourd'hui.Ah oui ! j'ai trouvé en ce qui concerne la vérité "cachée" à tirer de toutes ces mésaventures, (question posée en fin de journal n°9). En fait, je savais qu'il manquait de l'eau dans la 4L auparavant mais repoussai l’instant d'en rajouter, me disant “ça tiendra bien encore” ! On doit faire de suite ce qui doit être fait !!! Tarif de la leçon : 756,90 soit le montant de la facture que me présentait à 16h30, juste à l'heure de fermeture, la voiture étant prête (ils avaient pu faire la culasse et la récupérer)17h30 au bureau - maison - douche - écritures et dodo.

Samedi 30 juinDebout à 6h30, pour aller à Kourou avec François qui a acheté un gros Citroën pour

faire ses chantiers. Arrivés vers 9h - chantier habituel et déjeuné au Saramaca. François pense avoir une crise de palu et va s'allonger sur la plage, tandis que je continu mon travail. Repartis à 16h30.Toutes les toitures sur Cayenne et environs, sont en tôle ondulée ou plus rarement en revêtement spécial imitant la tuile. Il y a différentes couleurs de tôle, la plupart sont dans les rouges.

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Douche et dîner de soupe de canard préparée par Violaine avec des épinards. Je me coupe les cheveux "aux ciseaux" s'il vous plait ! Petit somme et sortie vers 23h30 au 106. Bien dansé, bien dormi.

Dimanche 1er juillet déjà !D'après mes premières prévisions, je devrais être en France aujourd'hui, mais le travail

et les possibilités d'avenir m'incitent à repousser mon départ ; peut-être même d'environ deux mois et demi. La décision est pénible à prendre, mais pleine de bon sens.Levé vers 10h et au petit déjeuné : "féroce" préparé par Félix : Avocats, morue (revenue), farine de manioc, beaucoup de piments et le tout écrasé en purée malaxée à la main, et on le mange avec les doigts. Je continuais avec du chocolat chaud et un bout de pain beurré.Vers 14h, je me tape 6 œufs sur le plat avec un peu de riz. Promenade vers la "plage" de Montjoly. Surprise en arrivant : contrairement aux plages de rêve des cartes postales, l'eau était marron de boue, (même assis ou allongé ! - voir la couverture : mer de boue, fils allongé !!) jusqu'à perte de vue. Petit bain de soleil quand même ; certaines personnes s'y baignaient quand même (après tout, les bains de boue c'est très sain). Petit tour en rentrant, chez le glacier habituel plein de bonnes glaces maison : Coco, Corossol, Tamarin, Kiomou, Prune de Citerre..etc Au retour, lecture et omelette aux épinards - dodo.La saison des pluies se termine ici, alors qu'elle commence en Martinique ainsi que les cyclones. IL est chouette la nuit, de voir voler les lucioles ; on croit voir des OVNI.Lundi 2 juillet

8h30, bonjour à notre petite femme de ménage dont les services sont remarquables (elle nous prépare un bon poisson pour déjeuner). Tour au bureau avec Félix - déjeuné et sieste de 15 à 18h, après avoir avalé un sorbet au citron vert un peu trop arrosé de Cointreau et de Rhum ! Journal.Un de mes prochains buts (faudra attendre) est d'inviter ma petite famille, avec Félix à prendre l'avion pour aller dîner sur rendez-vous à l'Auberge de la Vignette Haute, entre Cannes et Grasse et dont j'ai la carte postale du décor au-dessus de mon lit. Des petites reinettes aux pattes palmées et faisant de grands sots se promènent chaque soir sur les murs de chaque pièces, surtout dans les endroits humides, tels que WC : On tire la chasse d'eau et hop ! on en voit une qui saute.22h. j'ai fini le livre de Popov, après un dîner aux yaourts. Félix revient et je me remets à manger un yaourt, après avoir goutté du fruit à pin avec du beurre et du sel (genre de pomme de terre)Regardant la carte du monde, on visitait du doigt les pays proches de nous tels que Brésil, Venezuela, Colombie, Equateur, Pérou, Chili, Argentine, Uruguay, Bolivie et tout proche les Etats Unis avec Miami au-dessus de Cuba. Il nous faudra faire ces voyages ; je suis sûr qu'il y a un grand profit à en tirer.Je termine de recopier le journal n°7, et dodo vers 0h.

Mardi 3 juilletDebout 6h pour visiter trois chantiers. On passe devant le "marché" aux haïtiens qui se

trouvent au grand carrefour, devant le "Chinois" "CHOU KET KIME". Déjeuné d'un canard préparé par Violaine et dont j'ai fais cuire les marrons (délicieux) Re-chantiers. Ensuite, on va chez Jean-François, un entrepreneur en maçonnerie, ami de Félix, qui a une grande et belle propriété. Il y pousse des Chadèques (pamplemousse) et on aperçoit dans l'herbe, une trace de terre de 10cm de large et qui traverse tout son terrain. Ce passage a été fait par des fourmis "maniocs" (grosses fourmis qui dévorent tout sur leur passage). Jean-François donne un climatiseur pour le bureau - ce sera plus agréable. Je poste le journal n°7 à "Matouri". En

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revenant, sur la route de "Rochambeau", on peut apercevoir des vieilles baraques en bois où certains brésiliens habitent - ça fait vraiment très pauvres (photos prises).20h, dîner de 3 œufs et 1 yaourt. Douche et dodo. (Félix s'est couché plus tôt et patraque)Il ne faut jamais se masser là où l'on a pris des coups de soleil, sinon on ne dort pas de la nuit cause démangeaisons.Mercredi 4 juillet

7h - dèje. Je me répète mais la servante est vraiment très agréable et rend la maison propre et gaie. Chantier, nettoyage piscine, installation du climatiseur dans le bureau (agréable). Déjeuné au Resto "l'imperator". Très bien : un ramier, du Caïman, du Maïpouri, après une salade créole excellente - Sorbet - Sieste d'1h30 et travail.20h. On s'échappe Félix et moi en célibat pour décompresser et on s'offre une toile : "Un fauteuil pour deux". On a bien rit et ensuite on a dîné d'un morceau de poulet au fast food d'à côté. Je suis toujours habillé d'un short, débardeur et tongues. Au retour, Murielle était dans le hamac et nous attendait. Petite discussion et au revoir - lecture et dodo.Jeudi 5 juillet

Debout 7h ; maintenant c'est une habitude. Bureau 8h. Le soir, marché aux poissons (c'est ce qu'il y a de moins cher). Dîner de mérou frit mariné - très très bon - courrier et dodo.Je commence à me situer dans Cayenne et à noter les bons endroits. Les fourmis rouges ne pardonnent pas quand on marche près d'elles, vers les poubelles, elles attaquent en piquant très fort alors on se gratte et on passe du Rhum dessus, avant d'en boire un coup.Bien que je sois impatient de vous revoir, il me faut encore patienter et vous faire tout simplement de gros bisous par ce courrier. GérardPS : Petite Mère, on reverra nos comptes !

JOURNAL N°11

Une brise légère venue du Nordme porte à vous dire :Salut mes ch'tiots,Salut mes ch'tiotes !Sa to fé ? ...Comment vous avez déjà oublié que ça veut dire : "comment ça va ?"Continuons notre "petit" récit guyanais en ce vendredi 6 juillet :Sur le sol cimenté du rez-de-chaussée, j'ai tué hier soir, six ravets (oui, des gros cafards qui donnent le bourdon) et ce matin, les fourmis rouges avaient tout nettoyé. Pas de perte.Marlène, la gentille servante, vient d'arriver (7h) et me prépare un court bouillon de Parassi ou d'Acoupa (poissons d'ici et des Antilles) Chantiers, bureau. Je deviens très solitaire et apprécie ce fait. Etant toujours en tongue, short et débardeur, il va tout de même falloir que je m'habille un peu plus "classe", autrement dit d'une chemisette et pantalon, car je vais bientôt avoir la responsabilité entière de l'affaire de piscines. Il me faudra être à la hauteur.Dîner de cuisses de poulet, à la sauce Knorr bourguignon + olives noires. Lecture technique sur le traitement de l'eau (des piscines) et dodo. Il faut que je me mette tout le métier en tête et très rapidement.

Samedi 7 juilletLevé 8h - bureau - déjeuner des restes de poulet. Après une sieste, on va faire un

entretien (nettoyage) chez un client. Sur place vers 19h à la nuit tombante, on a eu droit à la "volée", mot désignant une invasion de moustiques qui viennent nous bouffer et qui pour un peu de sang se laissent écraser gentiment comme des "kamikazes". Etudes techniques sur les piscines jusqu'à 3h du mat' après avoir refusé de sortir en boite. Eh oui, il faut savoir c'que l'on veut !

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Dimanche 8 juillet10h, petit déjeuner. Petit bain dans la piscine à Boucard (client Martiniquais, absent

durant quelques temps). Déjeuné de côtes de porc sur le grill, sous la maison.Etudes-piscines, et entretien chez le même Boucard.François est venu à la maison hier pour nous annoncer qu'il avait tué un anaconda d'environ cinq mètres en revenant de Kourou et l'avait mis tel quel dans son grand congélateur. Il est donc revenu ce soir avec un morceau qu'il avait du découper à la scie à métaux et faire cuire environ 5 heures dans du vin, whisky et pastis (sacré François) On a retiré le centre qui sentait mauvais et on l'a accompagné d'une sauce moutardée. La bestiole faisait de 15 à 20 cm de diamètre et avait des "côtes" énormes : un peu caoutchouteux : faudra surveiller la décongélation et la cuisson, prévue pour mardi - dodo.

Lundi 9 juillet7h. Marlène est toujours très ponctuelle. A 9h, je pars avec Alain pour aller continuer

mon chantier - déjeuné de BN et revenu à Cayenne vers 20h30 - bonne journée de travail. Et c'est en dînant seul, en rentrant que je songe qu'il va être assez difficile de se retrouver seul après le départ, proche de Félix. Je m'armerai alors de combines et pensées revitalisantes et rêverai encore plus haut et en couleurs.

Alain va souvent chasser en brousse et nous projetterons d'y aller ensemble - dîner de restes, écritures - dodo. Inhabituel : ce soir je n'ai pas très chaud, alors j'enfile un tee shirt pour dormir - (encore une légère envie de fumer... chut !)

Mardi 10 juilletJe fais transférer mon compte BNP Guyane à une succursale qui se trouve sur la route de Montjoly. En effet, il y a un monde fou à la banque centrale et on y passe la matinée à faire la queue. Félix prend son billet pour la Martinique, mais cette fois en gros bateau qui transporte surtout des containers. Il a déjà la nostalgie de son dernier voyage en mer (pourtant pas d'quoi ! Bien que ce fut un bon souvenir... après coup !)

Location d'une R5 pour faire réparer la 4L qui n'a pourtant que 3 ans, mais dans un état lamentable, surtout à cause des chemins pleins de trous, et de cette terre "la latérite" qui bouffe vraiment les dessous de voitures. Au dîner, on fait revenir un autre morceau de serpent, comme prévu, mais il n'a pas assez cuit, on termine d'autres restes, bien arrosés au Bordeaux. Dodo vers 10h30. Environ vers 23h, après être partit faire un tour, Félix revient avec une Brésilienne, et cette dernière vient carrément s'allonger dans mon lit, pourtant d'une seule place. Les yeux à peine ouverts, je lui fais toutes les éloges qu'elle méritait et, vous me croirez ou non, mais je l'ai gentiment renvoyée se faire rhabiller !La Guyane,....ça vous change un homme, n'est-ce-pas ? ..... enfin, presque !

Mercredi 11 juilletEncore un chantier à Kourou et au soir, je mangeais seul le serpent en fricassé préparé

cette fois par Marlène, avec une sauce exquise - manque encore un peu de cuisson, mais très mangeable.

Jeudi 12 juilletBureau - clients - Banque avec Félix pour me donner procuration sur le compte. Au

déjeuné, encore serpent. Le soir, on va dans un petit resto chinois près de la maison, et on

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termine chez le glacier "au coin du palmier", se rafraîchissant d'une bière d'ananas, (genre de piquette un peu rêche et acide)

Vendredi 13 juilletEh oui, il a bien choisi son jour pour partir !

Derniers préparatifs - 14h30, j'accompagne Félix au bateau, le "Maripassoula" que je visite rapidement. Les couchettes sont très bien et il y a une petite piscine à bord. Je repars au boulot, les épaules lourdes de responsabilité, et le cœur chargé du long travail et temps à passer ici, seul. Il faudra tenir bon, et je prouverais que j'en suis capable. Divers chantiers et travaillé comme une bête jusqu'à 22h - dîner - dodo.Réveillé à 3h du mat' par Murielle qui rentre ici comme dans un moulin, ayant chipé le double des clefs que détenait sa sœur Violaine. Je la renvois "gentiment" et dès le Samedi 14 Juillet, je changeais le verrou pour être définitivement tranquille. Réveillé vers 9h, après avoir donc perdu 1h de sommeil. Je passe au bureau et vois quelques clients. Eh oui ! Un 14 juillet, comme Bébert l'a sûrement fait, mais à la différence que je dois mettre la gomme dès maintenant, mais me stabiliser dans l'avenir proche, car il est absolument nécessaire et vital de s'octroyer des moments de détente complète avec sa famille, afin de régénérer ses batteries et travailler ainsi d'une manière nettement plus efficace car plus réfléchie.Après une bonne douche en soirée, je m'habille en blanc, m'offre une tournée de ti-punch, et puis je m'invite au petit resto chinois d'à côté - très sympa, et d'où j'écris ces quelques mots sur mon carnet.D'accord, j'en crève d'être loin de ceux que j'aime, surtout qu'ici, je fais tout pour m'isoler, mais je m'en trouve que mieux, et j'en ai besoin. Et tout ça, c'est pour une bonne cause. Je dois oublier certains passages, me faire un "cœur d'homme" (que c'est triste à dire), et enfin, faire les efforts nécessaires pour réussir ma vie de la manière dont je l'ai toujours souhaitée.

Il me fait donc d'abord manger le pain dur (Maman l'a bien fait toute sa vie, nous laissant ainsi le pain frais du jour) Et puis mes enfants ont besoin de ma réussite, où du moins, ça pourra les aider et les encourager, ainsi que mes proches, et Mère serait tellement heureuse que je ne lui enlèverais pas ce plaisir.Crevettes, soja, canard à l'ananas, riz cantonnais - eh bien voilà ! J'ai bien mangé, j'ai bien bu, merci.....! Exception : un petit café - dodo.

Dimanche 15 juilletLevé 7h pour terminer le chantier de Kourou. Partit en 4L, à 50 km/h maxi, une roue

arrière battant de l'aile.

Je m'habille à présent d'un pantalon, chaussures et chemisette. Revenu vers 19h30 je passe chez un "chinois" d'ouvert acheter un côte du Rhône. Dîner de concombre et de cœur de poulets bien aillés - écritures - dodo.Mes pieds sont bouffés par les moustiques au centimètre carré, des orteils aux chevilles.Lundi 16 juillet : rien de spécial, alors passons vite au mardi 17 juillet

Romuald et Hélène, sa conjointe sont arrivés au soir, alors que je m'étais déjà endormi. On boit un coup, petite discussion et re-dodo.A demain, vous souhaitant à tous, plutôt une bonne journée remplie de soleil (dans votre tête) Gros gros bisousP.S : Si j'ai des instants de relâchement, sachez que mon moral, est au beau fixe et que je déborde de vitalité. Bisous

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JOURNAL N°12

Bonjour à mes petits métropolitains !

Je continue vite, afin de rattraper ce décalage entre les notes prises journellement sur mon petit carnet, et le journal que vous recevez, car depuis assez longtemps, il y a environ 1 mois d'écart.

Mercredi 18 juilletRomuald nous invite à dîner dans le resto antillais.

Jeudi 19 juilletLe boulot bat son plein depuis que je suis seul. Je m'occupe de faire rentrer l'argent des

factures en retard - de faire des rappels - des clients qui ont des fuites (ou du moins leur piscine) - des interventions sur des pompes en panne - de reprendre toute la gestion délaissée par l'ancienne secrétaire ainsi que la comptabilité, de faire des devis.Il n'y a pas à chômer, et dois avouer que la secrétaire est vraiment très bien et me seconde parfaitement. Elle participe pleinement à la bonne marche de l'entreprise. C'est une femme de poids (au moins 90 kg) qui reçoit les gens très aimablement et qui chaque matin cueille des hibiscus pour fleurir le bureau. Elle est très souriante, et à nous deux, on fait du bon boulot.Il y avait auparavant un ouvrier - plombier - Lui conseillant de travailler à son compte, à présent on lui sous-traite certains chantiers ou petits travaux qui ainsi traînent beaucoup moins et dont la rentabilité est plus sûr.D'ailleurs, je crois d'avantage en la vente de produit (toujours à promouvoir) ainsi qu'en la construction même de piscine et tennis, plutôt qu'aux travaux d'entretien et de réparations, qui sont de petit rapport pour beaucoup de temps à passer ; négligeant forcement ainsi l'élargissement des ventes, plus rentable. Mais comme il nous faut entretenir et réparer, la sous-traitance facile est préférable (à mon avis) D'autre part, il faut s'armer de représentants efficaces, faire de bonne publicité et ne pas louper les foires expo.Peu de temps pour les loisirs, même le dimanche ; mais en fait, il me plait d'être surchargé, et je garde suffisamment de temps pour le sommeil.

Vendredi 20 juilletPeu de temps pour prendre des notes de journal. 21h30. J'écris du lit, et mes yeux me

brûlent depuis deux ou trois jours. J'éteins la lumière et fais de gros bisous à toute ma petite famille.

Samedi 21 juilletChose très importante que chacun peut faire : J'ai noté certains BUTS sur un cahier, la

date à laquelle j'ai prévu de les atteindre, les efforts que je suis prêt à fournir en échange, le plan précis et les étapes à franchir pour y accéder et je relis ce cahier soir et matin. Je peux vous assurer que ça vous aide à lutter et au moins d'avancer là où l'on a décidé d'aller ; et on peut aller là où l'on veut.Toujours boulot intense. Je lis la lettre que Françoise m'envoya et re-songe un instant à un "certain bon temps". Ce soir Romuald et Hélène ne sont pas là, étant partis ce matin pour St Laurent, voir entre autres les grosses tortues pondrent et passer la frontière du Surinam (Guyane hollandaise)Je me fais cuire une grosse cuisse de poulet que j'ai fais mijoter, mes enfants, à s'en lécher les babines - ainsi que le côte du Rhône. En apéro, je bois du vin avec un peu de sucre en poudre,

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zeste de citron et beaucoup de glace ; c'est bon et pas trop fort.... et surtout plus sain. Si le journal est ajouré, et peu fournit en ce moment, c'est parce que je passe plus de temps à prendre des notes de travail et à planifier mon temps.

Dimanche 22 juilletPetite grasse jusqu'à 9h30. Ecritures. Après-midi, visite chez deux clients. Repassant à

la maison, Romuald et son amie sont là et je les emmène se baigner dans une piscine ; comme la pluie tombait à torrent, nous restâmes environ 1h dans l'eau qui d'ailleurs était très chaude. Dîner d'acras de crevettes que nous préparait Romuald et poulet mayonnaise. 21h, fatigués - écritures et dodo.

Lundi 23 juilletJe ne sais plus si j'ai déjà parlé du comptable de Félix, mais c'est un cas. Félix attend

son bilan de 83 depuis 6 mois et ce comptable, finalement incapable, trouve toujours un prétexte pour repousser de fournir ce bilan. Sans trop m'étaler sur cet africain (car il est de là bas), on a tout essayé, la gentillesse, les menaces, la semi-brutalité... mais rien à faire, cet homme dépressif est complètement barjot et à toujours une excuse à fournir.Il est donc venu au bureau ce matin... miracle ! Pour faire certains pointages et promis de venir chaque matin, jusqu'à la réalisation complète du bilan (bilan que Félix attendait pour vendre son affaire à une personne intéressée ; ce con-ptable est à étrangler).Rencontre avec M. Castor, député maire de Sinnamary. On a de bons clients, tels que le Préfet de certaines municipalités : Mairies, préfectures et sous-préfectures, nombreuses casernes, EDF, etc... stade nautique, PLM.14h15 : en arrivant au bureau, j'entends un air de musique provenant des propriétaires habitant au-dessus ; Une chanson de Barbara : "l'Aigle noir" ; Quel beau souvenir, j'avais 17 ans - déjà 15 ans - ça fout un p'tit coup au cœur.

Mardi 24 juilletPensée : Je me souviens que je ne voulais pas arrêter de fumer, pensant que ça me

donnait une "contenance" d'homme et que par conséquent j'aurais certainement plus de succès après des dames - (quelle misère !). J'ai fais la connaissance (rapide) de Marthe, jeune servante de Jean-François (ami de Félix) qui fêta ces 20 printemps hier. Cette jolie guadeloupéenne me demande rapidement si j'étais marié...ça commence bien !

Dans la nuit, à 4h, je me réveille, suite à un rêve : "Fernandel, en Ali Baba, faisait des miracles et il fut demandé pour sauver 25 brebis qui devaient mourir (sans doute de maladie). Il arrive devant le troupeau, tout auréolé, et voit un serpent à sonnettes ; il l'endort et lui serre le cou, puis un autre qu'il étrangle aussi, puis encore un autre.... mais en fait, il avait des hallucinations et en réalité, il étranglait des brebis et tua ainsi des 25 brebis, qui étaient "prédestinées à mourir : (C'est drôle les rêves).Ensuite, pluie torrentielle, si forte que ça t'empêche de te rendormir ; ensuite un chien qui hurle à la mort ; puis les poubelles passent faisant un boucan infernal de verre cassé, puis les chauves-souris du dessus se mettent à s'engueuler et suivent les coqs qui se renvoient la balle... alors le chien reprend sa plainte et ainsi tout se succédait en bonne harmonie, mise en orchestration par la "Guyana compagnie". A 7h, le réveil fut difficile.Mercredi 25 juillet

Il m'est difficile d'oublier Poitiers lorsque je suis au magasin, car sur le bureau, il y a un verre du "Sphinx Poitiers" que Félix avait ramené, il y a déjà bien longtemps.J'ai pris RV avec le fondé de pouvoir de la BNP, afin qu'il autorise le paiement d'un chèque important fait à un fournisseur, alors qu'il avait dû le refuser auparavant, le compte étant

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insuffisant. On a sympathisé et il a accepté. Ca m'a donné de l'assurance et de la confiance en moi.

Jeudi 26 juilletDe 8h à 10h30, j'attendais mon tour au cabinet du Dr CHOW CHINE, ophtalmologiste

pour faire vérifier mes yeux qui se fatiguent très vite. Je vois deux femmes l'une à côté de l'autre, la première faisant ses 120 kg et la seconde environ 50. Laurel et Hardy au féminin. C'est drôle ces différences : l'une est détendue, relaxe, les épaules en arrière, joviale - l'autre est recroquevillé sur elle-même, les épaules en avant, l'air triste, ridée, mauvaise mine.Je pense vraiment que l'attitude psychique que l'on a devant la vie même de tous les jours à une importance fondamentale et une influence certaine sur notre comportement physique et réciproquement.Résultat ophtalmo : j'ai de très bons yeux, 10 sur 10 à chacun, mais j'ai un problème "binoculaire", c'est à dire quand les 2 yeux fonctionnent en même temps. Ils ont tendance à ne pas voir tout à fait la même image et je dois donc faire des efforts constants sur les muscles afin de voir la même chose sur chaque œil, ce qui entraîne une rapide fatigue du muscle et me donne ces brûlures et fatigue. Si ce n'est pas soigné, un jour le muscle ne répondra plus et l'œil verra ce qu'il voudra ; autrement dis, je risquerais de loucher. J'ai pris RV chez une collègue Orthoptiste demain midi.Au soir, je termine le livre de Robert H. Schuller : "Devenez la personne que vous rêvez d'être" : très bien écris.

Vendredi 27 juillet12h15 : je suis attendu par Marylène, l'orthoptiste : il me faut faire de la rééducation

afin de ne pas loucher. Commençons par 12 séances d'environ 20 mn, en 1 mois - avec cette charmante personne - à qui j’ai tapé dans l’oeil à mon tour - et qui a accepté mon invitation à dîner, après m'avoir dit, que mes yeux étaient mon charme principal - (j'm'en vais donc bien les soigner) et à l'heure ou j'écris ces mots, j'ai fais des progrès considérables et ne souffre plus de mes yeux et peux très facilement vous faire un clin d'œil et un gros bisou en vous disant "à bientôt" ZazardP.S. : Petite Mère, fais un gros bisou à Germain pour son anniversaire que j'ai oublié de lui souhaiter. Merci

JOURNAL N°13

A ma lointaine famille,

Continuons rapidement en ce samedi 28 juillet :Je passe au "marché" des Haïtiens et prends un gars que je connaissais, pour l'avoir

déjà fait travailler, et l'amène sur un chantier afin de creuser un tunnel pour découvrir une fuite. Il reçu 120 frs, soit 20 frs de plus que la normale pour une dure journée de travail. Bien qu'ils ne parlent pas très bein français en général, on arrive tout de même à se comprendre en "petit nègre" : "Toi fouiller la" !Hier, sur la route de la Madeleine, je vois un type chargé d'un carton débordant de câbles et saloperies qu'il portait sur la tête et avançait d'un pas rapide en titubant sous ce lourd fardeau. Je m'arrête et lui propose de charger son colis dans la 4L et de l'emmener afin de faire ma B.A. quotidienne mais il ne compris pas bien et refusa malgré mon insistance. Il continua son chemin, titubant de plus belle. Le courage et la ténacité de cet homme me surpris.

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Au soir, vers 19h, à la nuit presque tombante, allongé dans le hamac, regardant la maison et le paysage environnant, écoutant les cigales et les bruits sauvages, respirant cette brise humide, m'emplissant de cette ambiance amazonienne, je me prends pour Yves Montand dans "le sauvage" isolé dans son île.A midi, quelques larmes ont coulées, repensant quelque peu à mon passé, et, à la distance qui me sépare des gens que j'aime.Ca ne m'arrive pas souvent de "tomber" dans cet état, car je sais que je suis ici pour me prouver bien des choses, et prouver ma volonté et mes capacités. Et puis, j'ai appris et continu d'apprendre à contrôler mes pensées, ce qui fait que je suis toujours optimiste et que les évènements se tournent toujours en ma faveur.A mes petites belles-sœurs : 21h, je viens de finir ma coupe de cheveux "aux ciseaux", s'il vous plait ! Et doit avouer, sans prétention, que je me suis bien débrouillé. Devant comme derrière, en 1/2h, le tour était joué, finitions au rasoir comprises. Ca fait peut-être un peu militaire, mais ici ça passe très bien.22h30 : François sort de la maison d'où il est resté environ 20 mn, le temps de s'taper un Cointreau et de m'annoncer qu'il avait une petite "Julie" de ce matin. Papa pour la première fois. Il me proposait aussi du travail que je dus refuser.Mes yeux me font un peu mal, alors je les ferme.

Dimanche 29 juilletRéveillé vers 4h par le chant d'un coq, je me lève 1/2h après, ne pouvant me

rendormir. Y sont fous ces coqs..., même qu'ils chantent dans la journée ; A croire qu'ils ne savent pas lire l'heure.Je recopie la suite du journal n°9 et le jour se lève. C'est vraiment chouette de voir ça, surtout ici, la nature est vraiment très belle ; Et les jolis oiseaux du matin nous font oublier les vilaines bestioles du soir.Après quelques travaux d'entretien, bains et bronzette à la piscine d'un client absent.Vers 16h, je vois passer des centaines de papillons blancs et jaunes, allant tous vers la même direction et à toute vitesse - bizarre ! Bientôt 19h, je bois mon apéro "maison" sur la terrasse et c'est très agréable. Dîner, et après quelques écritures, je vais au lit pour entamer le livre de Norman Vincent Peale "L'enthousiasme fait la différence" - Bonne nuit !

Lundi 30 juilletJ'ai encore vu cette grande migration de papillons - 12h : 1ère séance de rééducation

des yeux - ça tire un peu car on me fait loucher... sur l’orthoptiste !

Mardi 31 juilletToujours colmatage de fuites chez les clients. Je n'en suis qu'au 1er paragraphe du

livre de Peale, mais celui-ci m'a déjà beaucoup influencé vers un comportement plus enthousiaste. C'est bon !Cet après-midi, sur un chantier, j'ai du me mettre en slip pour aller voir en rampant sous un tunnel très étroit dans la terre d'où provenait une certaine fuite. Ensuite, j'ai pris un bon bain dans la piscine. Ce sont les inconvénients et les avantages du métier.Rejoignant le local technique de cette piscine, je croisais un serpent. On n'a pas eu le temps de bavarder tellement il était pressé.Vers 18h, je fis un tour au marché aux poissons très typique et prenais des Acoupas et Parassis pour donner à préparer à Marlène. Des types sont là pour les vider et écailler pour 3 frs à notre guise. C'est à côté que l'on peut boire des noix de coco sur place.Je voudrais que vous soyez tous là et vous faire découvrir toutes ces différentes ambiances très agréables. Je suis persuadé que ce "jour" viendra !

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Mercredi 1er août : déjà !Mort d'une mygale sur un chantier.

Par hasard, sur le dictionnaire, je revois que Casanova, célèbre par ses aventures galantes, s'appelait Giovanni Giacomo, et portait ainsi les doubles initiales G.G., ce qui expliquerait certains réflexes importants dans le comportement sentimental des personnes ayant les mêmes initiales. Moi, je suis pour la paix des ménages, mais l'histoire, c'est l'histoire ! Passons.

Jeudi/vendredi 3 juilletJe passais encore toute ma matinée dans la salle d'attente de l'ophtalmo CHOW

CHINE qui est extrêmement surchargé et qui m'expliquait qu'il n'y a personne pour le seconder. Il gagnerait autant à travailler moitié moins car l'état lui pompe tout le reste. Alors, il force de moins en moins. On apprend à être patient ici, que ce soit dans le cabinet d'un toubib, au volant de sa voiture, sur les chantiers, au magasin de pièces détachées et partout ailleurs, les gens prennent leur temps, il ne faut pas les bousculer, alors afin de ne pas trop faire monter sa tension, on apprend à devenir patient.J'ai eu le malheur de dire à Marlène que j'aimais le piment ; alors à présent mes plats sont hyper épicés (comme là bas, dis !).C'est une vraie petite fée du logis et grâce à elle, la maison est très bien tenue et mes affaires sont impeccables. Elle fait le ménage, lave, repasse, raccommode, fait la vaisselle et la cuisine, venant tous les lundis, mercredis et vendredis matin. Elle prend même soin de décorer les plats.

Samedi 4 aoûtVraiment, il y a beaucoup de "rattrapages" à faire chez les clients. Une fois que j'en

aurais terminé, je suis sûr d'un bon boulot, et d'un travail rentable.On devrait chaque jour, dès le matin, bénir, louer le ciel de nous avoir fait des yeux et nous permettre de pouvoir nous en servir.Je pense, en disant ces mots, profondément aux aveugles, privés de ce sens, et si on s'attarde durant quelques minutes, mais d'une façon intense à se mettre dans la peau de ces gens, alors on profite au maximum de ce que l'on voit en rouvrant les yeux, on le respecte, on l'aime et on sourit en face de la vie, en guise de remerciement. Ces pensées me viennent en songeant à mes petits ennuis oculaires (mais non je ne parle pas d'hémorroïdes), actuels.Finalement, c'est un bienfait qui m'amène à prendre conscience du bonheur qui nous entoure. Le toubib m'a donné des gouttes pour me soulager.Ils ont encore lancé une "Ariane", mais je n'ai vu que de la fumée.C'est vraiment rigolo ces petites grenouilles aux pattes palmées et adhérentes qui font de grands bonds très rapides et qui se "collent" là où elles se posent. Elles sont très farouches et d'où j'écris j'en vois trois biens mignonnes ; Je viens de m'offrir le resto. Un très bon filet de bœuf au poivre vert, arrosé d'un excellent Côte du Rhône. Peu, mais bien.

Dimanche 5 aoûtLevé 10h, petit dèje au choco BN, ce qui fait que j'apprends en même temps la géographie ; les sachets représentant des dessins avec des questions et réponses au verso. C'est ainsi que l'on peut savoir, par exemple, que le plus grand fleuve du monde se trouve ici et s'appelle l'Amazone avec ses 7025 kms. (Ca vous fait du bien !).Décontraction, et vers 15h, je vais chez un client vérifier sa fuite (pour ne pas changer), petite bronzette au bord de la piscine, après quelques plongées et je me dis : "Gérard, durant ton séjour à Poitiers, et lors de bons instants que tu passeras, efforce-toi de repenser aux mauvais moments où tu plongeais et replongeais pour rechercher des fuites.

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De retour à la maison vers 18h - douche et apéro maison. Je décompresse. Ensuite, je me suis mis à pleurer comme un drôle en épluchant des oignons !... que j'ai fais revenir avec le cœur découpé en morceaux... ail et piment pressés.Je me suis tapé les 620 grammes et finis le journal n°10 - Dodo - Passons lundi 06 et mardi 07

Mercredi 8 aoûtMarlène m'a planté 2 feuilles dans un fond de bouteille plastique et pense que ça va

prendre - bizarre ! Il faut dire que la verdure pousse vraiment très très vite ici. Dans l'après-midi rendez-vous au Novotel avec Marylène (l'orthoptiste) pour une démonstration de machines Olympia. La visite, en fait, s'est passée au bar à bavarder.20h30 - Je vais au spectacle de danse donné par l'ADACLAM, auquel participait ma doctoresse en tant que danseuse. Très bon moment de saine détente inhabituelle. Le temps qu'elle se change, et on va déguster une glace au "Métro" (snack en compartiments, portant chacun des noms de station) Nous sommes allés "porte des lilas" et je referme celle-ci pour vous dire au revoir, vous laissant le bec dans l'eau sur cette fin de soirée !Mille Gros Bisous ! Gérard

JOURNAL N° 14

Salut mes Gouches !

(Tout d'abord, sachez que les petits mots de chacun m'ont fait un énorme plaisir et j'étais vraiment heureux de vous savoir tous réunis pour quelques jours. Plus on est séparé, plus le plaisir est grand de se revoir, n'est ce pas ? Comme j'ai reçu votre dernière lettre hier (le 30 août) et apprenant ainsi que vous avez répété "Sophie", je la chantais aussi à 15h en allant au bureau et je me marrais tout seul.)Mais retournons "Porte des Lilas" en ceMercredi 8 août. Auparavant, il faut dire que les choses avaient été bien faites (vous me connaissez) ; En effet, avant le spectacle et afin d'encourager les artistes, dans la loge, "j'apporte des lilas" (jeu de mots, maître Capello !). En fait, c'était des fleurs locales (Anthurium) Alors après les fleurs, le spectacle, la glace au "Métro", il était de coutume de finir au champagne à la maison par le sabrage d'une Moët Rosée 78 bien frappée (pas étonnant puisque la bouteille était au frigo depuis 2 jours que j'avais préparé tout ça !).Fin de soirée très courtoise (c'est tout !!).Beaucoup de travail, le temps passe vite et nous voici déjà auSamedi 11 août :

J'ai fais la connaissance d'Edouard, un Haïtien à qui je demandais mon chemin et qui, me voyant désorienté, m'accompagna jusqu'à la demeure du Préfet Silberman chez lequel nous livrâmes du chlore. Comme il a été sympa, je le ferais travailler sur quelques petits chantiers. Il est marrant, et ne parlant pas trop mal le français, il m'expliquait que beaucoup des siens venaient ici pour travailler, car son pays est très pauvre et le gouvernement ne fait surtout rien pour les aider, les laissant mijoter dans leur ignorance. C'est pourquoi ils ne sont pas très fut' fut' les pauvres bougres !

Dimanche 12 aoûtLevé 10h - car je dors très mal depuis 10 - 15 jours. Je me réveille vers 4h du mat' et je

soupçonne que se sont des restes du travail habituel de nuit. C'est long pour se déshabituer.

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Je rêve souvent que je suis arrivé en France, et j'ai toujours oublié d'avoir fait quelque chose sur Cayenne avant mon départ. Je suis vraiment très impatient de vous revoir.Déjeuner de porc colombo chez Violaine - très bon.Vers 16h, après un petit coup de fil à Nice, je fais une promenade à la plage, après Montjoly. L'eau n'est pas très claire, mais tout de même moins boueuse qu'avant. Je rentre pour recopier le journal n°11 après m'être servi un apéro maison.Si les feuilles, composant un journal, sont par trois c'est parce que c'est le poids maxi accepté par les PTT pour un timbrage normal.

Lundi 13 aoûtPetite sieste au soleil ; il tape le bougre. Je suis fier de moi..., (et pourquoi pas ?) car

d'un élan bien décidé, j'ai pris rendez-vous chez un dentiste (métro) pour me refaire faire tout l'intérieur. En fait, le plus difficile est de décrocher ce téléphone, car une fois le RV pris, le reste n'a plus qu'à suivre, et nous, on se laisse emporter. C'est comme ça que j'avais agis pour passer le permis moto. Le plus ennuyeux était de passer la porte de l'auto-école... et le reste a suivi tout simplement.Déjà au téléphone, je l'ai prévenu de mon appréhension, et lui expliquait, lors de ma visite que j'avais été charcuté dans mon enfance et que j'ai toujours gardé en moi cette trouille de la chaise longue. (Mais je sais très bien que le seul moyen de combattre une peur, c'est de lui faire face et de foncer dessus ; Il n'y a pas d'autres solutions) Il fut très compréhensif, et auscultant il me dit que tout n'était pas pourri : Juste une ou deux petites caries et une ou deux molaires qui sont des dents de sagesse à arracher. On s'en fou, puisqu'il m'a dit que ces dents là ne servent à rien. Ce soir, il m'a simplement mit un pansement à une dent, et a extrait un bout de racine qui sortait de la gencive (et qui me gênait beaucoup d'ailleurs) bien sûr après m'avoir endormi le secteur. (Bien des troubles, qui apparemment n'ont rien à voir avec les dents, proviennent de celles-ci)Je suis rassuré et y retourne jeudi, plus confiant, surtout qu'il me donne à prendre des comprimés calmants. (Cet épisode était peut-être un peu long, mais il y a de grandes chances qu'il puisse aider l'un d'entre vous)Il m'arrive de faire de petits travaux de réparation à la maison, et notamment, le débouchage d'évier. Pour se faire, les tuyaux passant à l'extérieur, le moyen le plus rapide fut de défoncer la tuyauterie.A présent, ça arrose un peu, mais l'eau s'écoule bien !... ainsi que celle dans mes oreilles qui se bouchent à force de plonger pour réparer certaines fuites.De toute façon, je me dis que plus j'aurais de petites emmerdes aujourd'hui, moins j'en aurais dans l'avenir, ou du moins, j'aurais appris à leur faire face, ce qui fait qu'ainsi, je suis content de les voir arriver et j'en fais mon affaire très rapidement.Je vais chercher Félix à l'aéroport qui devrait arriver vers 22h30, bien qu'il soit sur liste d'attente.Je fus à l'aéroport de Rochambeau ( à 17kms de Cayenne) vers 22h05, et l'avion n'arriva qu'à minuit (comme il n'y a pas assez d'avion, il fit un détour par la Guadeloupe). J'étais heureux, car c'était mon tour d'accueillir Félix à cet aéroport. On bavarda jusqu'à 3h du mat' et après, j'eus une rage de dent là où le dentiste ne m'avait rien fait. Cachets anti-douleur à deux reprises, plus somnifères - la vache ! et je m'endormais vers 4h pour me lever à 7h en ce

Mardi 14 août :Matinée très somnolente. A14h, je faisais la sieste au soleil, puis à l'ombre dans le

hamac et je me réveillais à 17h, dans les vapes.On fit un tour sur le marché aux poissons vers 20h, et ils nous en ont bradé de quoi remplir le compartiment congel du frigo.

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Mercredi 15 août :Journée de pluie, alors repos en ce 15 août, surtout que la 4L n'a pas voulu démarrer.

Félix est donc revenu à Cayenne pour quelques jours, entre autre pour porter plainte contre le comptable, vis à vis des impôts, car le bilan n'est toujours pas fait. En recopiant le journal n°12, il est 18h50, et le soleil s'est juste couché. A l'horizon, le ciel est rouge violacé et c'est vraiment joli.

Jeudi 16 août :Beaucoup de projets de construction en vue, alors on travaille tard. On a loué une 4L

pour faire réparer l'autre qui ne veut toujours pas démarrer. Je crois que bien en main, l'affaire pourrait redevenir saine.19h - Je me fais arracher la dent de sagesse de gauche. Bien que cramponné au fauteuil par l'appréhension, je n'ai pas souffert ; ce dentiste est vraiment bien. Je vous donnerais ces coordonnées si vous en avez besoin ; c'est un peu loin, mais ça vaut le déplacement ! Dans 15 jours, on enlèvera celle de droite.... et allons y gaiement!!Dîner au "Paris-Cayenne" (aller-retour) Resto métro très bien : salade composée, riz de veau pour moi (cause ma dent, t'as oublié) et magret pour Félix. Sorbets - sympa. On ira ensemble un jour!!! 23h : je vais au dodo ; demain sera encore bien rempli. Félix tombe à pique pour les gros projets. Je le fais bosser dur. Marylène, l’orthoptiste, est passée à la maison, mais je n'étais pas là.

Vendredi 17 août :Au soir, comme on travaille tard au bureau sur plusieurs projets, on va s'offrir un p'tit

resto chinois très simple, mais surtout bien arrosé !... pour se récompenser d'une bonne journée de travail. Comme on était parti, on a continué la fête au "106" avec 2 bouteilles de champ, et finis au whisky... et youpi !!On était tellement "bien" qu'on a paumé les clefs de la 4L de location ; Comme Murielle se trouvait en boite alors qu'on s'apprêtait à partir, elle nous a ramenés... a bé couillon !, ben mon collon ! (Ça me rappelle un épisode du temps où j'étais peintre à Thénezay, et lors d'un bon dîner à la petite pension de famille, nous devions être 15 à une table, et bonnant malant on s'était rendu compte, arrivé au plateau de fromage, que nous avions bu 15 litres de vin et qu'il n'en restait plus une goutte. Un "malheureux" offrit une bouteille de vin bouché, ce qui fit que chacun offrit la sienne. Le chemin que nous parcourions Tintin et moi pour rejoindre la casba que le patron nous louait, (Tintin était un collègue de travail, à la gueule genre Bourvil), nous parut assez long.Je dormais au rez-de-chaussée, mais lui, devait monter un escalier. Le pauvre, quand il montait deux marches, il en descendait cinq ! Ca dura au moins 1/2 heure et j'étais plié de rire)

Samedi 18 août :Levé très dur. J'aperçois un couple d'Iguanes sur le sentier de la maison.

Arrivant chez un client pour vérifier sa piscine, je vois une toute petite fille et, voyant qu'elle s'approchait du bord, je lui dis "pas tomber" et étant affairé au travail j'entendis un "plouf" et dû plonger tout habillé pour la récupérer. Je la portais toute ruisselante alors qu'elle se blottissait contre moi. La grand-mère commençait à la frapper en la fâchant, alors j'ai dû me fâcher contre la grand-mère lui expliquant que la gosse était suffisamment traumatisée. Dans la soirée, Marylène est repassée, mais je n'étais toujours pas là!!!

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Dimanche 19 août :Levé tôt pour partir à Saint-Jean environ 250 kms, pour vérifier l'état du court de

tennis d'une caserne, à rénover. Sur la route, on pouvait apercevoir des indiens dans leur hamac, sous leur case juste composée d'un toit de paille et aussi des Saramacas (peuple de race noire) ainsi que des panneaux "Reich Houden" (pour les Surinamiens) ce qui veut dire "rouler à droite", ce que je vous conseille!!!!Plein, plein de gros bisous à tous. A bientôt, toujours le même Gérard

JOURNAL N°15

Cayenne le 05 09 84

Ne bougez pas, j'arrive!!!

Je voulais au départ vous en faire la surprise, mais Gilbert d'une part, a vendu la mèche pour Bordeaux, et Mère sera contente, à l'avance de me savoir en route. J'arrive donc à Poitiers le 15 septembre en début d'après-midi, sauf changement imprévu de la part d'Air France, assez fréquent en ce moment, et bien sur, je rejoindrai Sanxay dans un premier temps.Ensuite, rendez-vous à Hure prévu avec Tété et Bébert pour le vendredi 21, disons vers 10h, heure locale du ti-punch. J’aurais pourtant aimé faire quelques surprises, mais venant de si loin, et pour si peu de temps (environ 15 jours), mieux vaut prévoir. Je fais une pause ti-punch à votre santé. (Je vais vous en faire goûter, moi du "local")Ca fait au moins 15 jours que je tourne en rond, en comptant les jours que me séparent de vous. L'exil a du bon, car je n'ai jamais été aussi impatient de vous revoir ; Finalement, je retournerai avec plaisir, pour retrouver cette joie une autre fois. Terminons notre petit journal en ceDimanche 19 août : Etant dans une caserne, nous avons déjeuné au mess des officiers (très bien)Nous sommes passés ensuite chez un autre cousin de Félix qui habite St Laurent (décidément, il a de la famille partout) afin de quémander un peu d'essence, car tous les postes sont fermés le dimanche dans ce trou perdu, à 250 kms de Cayenne. On va voir un de ses amis, qui arrive à nous dépanner au compte-gouttes. Faudra rouler doucement. St Laurent est très triste sans doute à cause de l'air qu’émanent les vestiges des anciennes prisons.

Lundi 20 août :Comme nous travaillons tard au bureau, nous aperçûmes 2 filles devant le magasin, la

nuit tombée, entrain de réparer une mobylette.Se renseignant pour les aider, elles nous expliquaient qu'elles venaient de faire une chute devant le bureau et l'une d'elle se plaignait d'un mal au genou. Tandis que la première s'asseyait pour soulager son mal, la seconde fut embauchée par Félix pour taper à la machine un courrier urgent. Après avoir fait des courses dans un resto chinois, nous avons dîné au bureau, afin d'avancer le travail. En fait, beaucoup de papier jeté à la poubelle, mais aucune lettre d'écrite....

Mardi 21 aoûtLevé 5 h pour accompagner Félix à l'aéroport (toujours sur liste d'attente, car tout est

complet pour des semaines à l'avance) A midi, petite sieste au soleil. Passons mercredi pour arriver au

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Jeudi 23 août : Rencontre avec une très belle mygale noire et bien velue, dans le local technique d'un client. Bien qu'elles donnent la fièvre immédiatement, on ne les tue pas, respectant ainsi la nature. En apéro, punch au jus d'avocat que m'avait préparé Marlène. (Des avocats de chez Félix, énormes)

Vendredi 24 août : La secrétaire, absente le matin (prévenu par une amie qu'elle était malade) arrive en fin de matinée, avec un gros coquart sur une joue. Comme il y avait un client, elle me coince dans le bureau pour m'expliquer discrètement ce qui lui était arrivé.Elle était blanche (doublement).Elle m'explique qu'hier soir, en allant au palmiste (café) avec son amie, un grand balaise arrive, alors qu'elles étaient en terrasse et lui fout' un gros clochiron chuch'gamelle (une tarte, quoi !) (Tu vois bien que j'pense souvent à toi Tété) qui la marqua comme je viens de vous dire. Tout ça, cause qu'elle logeait l'amie de ce type chez elle, et que cette dernière recevait des petits copains. La secrétaire trinqua pour tout le monde. Bien sûr, elle porta plainte, mais va probablement la retirer, conseillée par ses amis, cause que le mec fait parti des "indépendantistes", dont même les flics ont la trouille. Elle est arrêtée 10 jours, mais viendra quand même pour me dépanner. Elle ne veut pas avouer ce qui s'est passé à son mari qui arrive lundi (pour 5 jours, depuis 5 mois qu'il est partit !) Cause que d'après elle, comme il n'est pas fin non plus, il foutrait un coup de fusil à l'autre - quel bordel !!.

Très belle journée : Alors que je rendais la Starlette en location, la 4L me retombait en panne, le garagiste ayant échangé la batterie. Après avoir gueulé, il m'a remis l'ancienne (qui marchait) ; la mygale toujours au rendez-vous ; la 4L dans un fossé en reculant ; je prends la volée (par les moustiques) chez un client - Assez - Vers 21 h, Marylène (l'orthoptiste) arrive, et nous allons dîner "Viet" et terminons par une promenade nocturne. La soirée rattrapa la journée.

Samedi 25 août :Je me fais encore une coupe de cheveux aux ciseaux. Mais cette fois, trop pressé, elle

est moins réussie. En fait, je m'en fous un peu.

Dimanche 26 août :Levé 9h ; dèje de BN; Visite d'un client vers midi, et devis pour la construction d’un

cours de tennis avant de déjeuner. Réchauffe poulet fricassé avec pâtes à l'indienne (Bami) Sieste d'une heure - écritures- Re-sieste (c'est important) J'écris le N°13. Et détente vers 19h, en regardant la mer en ce mardi 28.

Mercredi 29 août :Marlène m'a préparé des petits gâteaux pour le p'tit dèje.

Ca y est, la 2ème dent de sagesse est arrachée, elle avait 4 racines la slope ! Et je l'ai supplié, tant qu'on y était de faire le plombage de la dernière dent à soigner. 1/2 heure sur le billard, mais je n'ai pas du tout souffert. J'y retourne le 12 (en sautillant) pour me faire faire un détartrage, qui va durer, car je ne fume plus, moi ! Je sais déjà que le départ se fait dans 15 jours, et je suis très impatient.

Jeudi 30 août :A 7h chez un client pour détecter une fuite très difficile - 10h - Félix m'avait montré

du doigt un jour, un toubib qu'en avait envoyé plus d'un à la morgue. (C'est vrai qu'il a une tête de croque-mort) Comme des petites infections (cause moustique) recommençaient, j'ai pris RV chez le toubib le plus près du magasin, et comme vous l'avez de deviné, je tombe en plein sur notre énergumène. (J'ai faillit repartir en le voyant) Enfin, comme j'avais noté ce qui

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me fut prescrit autrefois, je lui conseillais de me donner le même traitement. Après avoir bien regardé dans ses livres, il préféra changer le traitement (qui m'avait pourtant réussi). Je n'ai pas voulu le contrarier. Il prend le temps de souligner les principaux mots de l'ordonnance à la règle; Pour ça, c'est bien présenté, bien qu'il y ait une bonne couche de poussière sur son lampadaire et qu'il n'a pas de réceptionniste. J'ai quand même réussi à obtenir de la Terramycine à vaporiser sur les plaies, bien qu'il supposait, avant de compulser son livre, que c'était pour la gorge !! C'est peut-être mon dernier journal !!! (Sachez, à tout hasard, qu'il me donna de la Pyostacine 500)Un nouveau jeu auquel on a autant de chance de gagner que le loto : composer le 12 pour avoir un renseignement - (ou le 10)`En effet, il n'y a qu'une seule ligne pour toute la région (Cayenne et Kourou)Sympa : un mariage : 3 ou 4 grands camions débâchés avec plein de monde dedans, hommes et femmes séparés. Avec orchestre et grand porte-voix, les femmes chantaient à tue-tête tandis que l'orchestre battait le mesure. Ils défilaient ainsi dans les rues. Par contre, pour les enterrements, les gens sont vêtus de noir ou de blanc !

Retour mercredi 29Marylène est passée me dire un bonsoir et m'invite à aller faire du cheval samedi au

lieu de dimanche, car c'est son anniversaire le 2. Elle fêtera ses 22 ans. Elle doit repasser demain soir, après ses cours de danse que dirige sa famille.

Suite au jeudi 30Marylène est donc venue, et nous avons dîné à la crique, dans un resto brésilien, en se tapant, un apéro "surprise", du jus d'orange avec de la coc'. Comme elle a, aussi, un caractère typiquement spécial, nous nous engueulâmes un peu, et je l'envoyais chier avant de trop la connaître - (Ben oui, déjà ! )

Vendredi 31 août :Marylène (la même) me fit pleurer lors d'une séance prévue, en me mettant des bouts

de papier adhésif sur les paupières (elle a probablement voulu se venger) Comme les places sont prises, le cheval est repoussé à l'autre dimanche.En rallumant pour boire un coup de flotte, je croise une souris. Jusqu'à présent, je n'avais vu que des rats - ça change.

Samedi 1er septembre :Déjà ! Le temps passe vraiment plus vite, ici : La secrétaire a rembauchée ce matin,

après avoir profité durant 3 jours de la venue de son mari.

Dimanche 2 septembre :Levé 10h15, réveillé par un bel orage qui tonne très fort. Il tombe des cordes, mais le

soleil est toujours présent. Ca sent bon, et c'est joli, ce paysage de premier plan ensoleillé, avec cette brume dans le fond. C'est drôle comme les oiseaux mouche arrivent à faire du surplace, comme un hélico, sans bouger d'un poil, et se déplaçant très rapidement, ils reprennent dans l'air, une autre position fixe. Je vais commencer à préparer les affaires à emporter, tellement je suis impatient de vous revoir. François est passé finir le cointreau.Lundi 3 septembre :

Cueillette de fruits à pin avec Lucien, ancien employé de Félix, à son compte à présent.Mercredi 5 septembre :

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18h15. Après une bonne journée, il est doux de se reposer sur un banc, face à la mer, même si celle ci est retirée et laisse apparaître de la boue grise. On est totalement dépaysé, et on ressent un grand apaisement.Je me prépare à vous faire des gros bisous de vive voix. Zazard

JOURNAL N°16

Cayenne le 21 10 84Nous y revoilà ! et je suis heureux de vous parler à travers ce courrierReprenons après le n°15, juste avant mon séjour :

Jeudi 6 septembre : quelques achats pour les cadeaux : je ne tiens plus en place !

Samedi 08/09 :Je vois beaucoup d'oiseaux noirs à queue longue et bec crochu. Courses dans la ville :

que ce soit chez les commerçants chinois, Libanais ou métros, on se tutoie presque tout de suite. Au soir, méchoui chez "Pierre-Paul", un ami de Lucien, en l'honneur de la fête à Rémi (qui dure 3 à 4 jours) Il y avait surtout des Martiniquais et Guadeloupéens, peu de Guyanais ; Ils m'ont bien reçu, mais j'ai bien fait d'apporter une "Mauny" (rhum) Le mouton était mis au feu vers 19h, on l'a attaqué vers 23h et on aurait pu rajouter 1 heure. Farci au riz, il était très bon. On jouait aux cartes et aux dominos en tapant avec sur la table (comme le veut la coutume) et l'alcool aidant, nous avons bien rigolé. Je suivais assez bien les discutions créoles. C'est la pluie, vers 4h du mat' qui nous a fait partir.

Dimanche 09 septembre :Jour "J" moins 5 - sieste au soleil, compta.

Mardi 11 septembre :19h : Invité à l'arrosage du permis de "Christiane" la secrétaire. Il y avait quelques

loubards et Marcelle sa copine de 54 ans, hyper jeune. On a bien rigolé et j'arrivais juste à 22h30 à l'aéroport pour récupérer Félix qui vient prendre la relève. Nous retournons chez Christiane boire le champagne, et terminons la soirée tous les deux au "106" - Bien !

Mercredi 12 septembre :20h : rendez-vous au Novotel avec Jean-François et un ami martiniquais.

Dîner à la "Belle Cabresse" d'acras et brochettes de requin, colombo de Cabri arrosés de très bons Saint-Emilion - vraiment bien -Vidé une bouteille de whisky au 106 - Encore bien !Fait divers : un plombier descendu par un métro !Travail : Devis pour revêtement d'un terrain de tennis accepté.

Jeudi 13 septembre :Veille départ - 8h : réveil très vaseux. 9h : plongeon chez un client : très dur, envie de

vomir.

Vendredi 14 septembre :Après que Félix m'ai accompagné vers 18h15 - Décollage à 20h25 (c'est parti pour

environ 8h10) soit arrivée prévue vers 9h40 (locale) (vol direct)

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Samedi 15 septembre :Après avoir dîné, vu "James Bond" et somnolé dans l'avion, j'atterrissais à 9h30 (h.

locale) à Orly. Un taxi me mena à Austerlitz et sans perdre un instant, je sautais dans le train qui arriva à Poitiers vers 13h30.Encore un taxi direction chez Gauffreteau (concessionnaire HONDA)J'ai enfin devant moi la moto que je rêvais d'avoir depuis déjà un an. Qu'elle est belle ! On installe les sacoches et on règle les papiers. Déjà près de 17h et me voilà enfin sur cette moto. Roulons doucement, j'ai oublié les mouvements. Petits tours au Sphinx pour leur donner rendez-vous le soir même et direction Sanxay avec impatience, mais prudence. Le temps est à la pluie, mais c'est pas grave. A l'arrivée, Mère et William étaient sur le seuil de la porte et William ne cru pas sa grand-mère quand elle lui annonça que c'était moi, sur cette moto qui arrivait.Il s'en approcha quand même, et fut tout étonné lorsque j'enlevais le casque. Mère me trouva vraiment très changé, même de visage et certaines personnes au Sphinx, le soir même ne me reconnaissaient pas de suite. De belles journées et bons repas se sont écoulés à Sanxay et leJeudi 20 septembre, vers 15h je partais pour Bordeaux où Gilles m'attendait chez "Pierrot", le célèbre café. A l'arrivée, vers 17h, je mis la musique de la moto à fond "biguine mon frère" et trouvais Gilles en train de taper un carton. Après un match (nous jouions ensemble) de ping-pong très serré (perdu !), Nous nous sommes gentiment mis à l'apéro, débutant à la mominette de pastaga.... et tout le répertoire des chansons bordelaises y passait, jusque tard dans la nuit. Nous allâmes éponger dans un resto de fin de nuit, où j'ai eu droit à "1 cep" (entre autre) Dodo chez un pote dont on réveilla la femme vers 3h du matin. Tu vois Chantal, on a été très sage.

Vendredi 21 septembre :Debout vers 9h et à 11h à Hure. Message des Cannois sur la porte. Alors tous deux, en

moto (que Gilles est beau sous un casque) nous fonçons au troquet "chez Françoise" à la Réole. Personne ! S'apprêtant à repartir nous croisâmes les Niçois au complet, dont les filles et Renée, venu de Lille. J'étais vraiment comblé !Encore des jours de bonheur en famille. Repas de fricassée de poulet et Féroce Antillais, toujours après quelques tournées de ti-punch traditionnels. Je me souviens d'un troquet à la Réole "chez Bruno" où un blondinet voulu nous plumer (surtout Gilles) au 421. Ca lui coûta quelques tournées générales et une bonne musette (Sacré Bébert !)

Dimanche 23 septembreDépart de Renée pour Lille, via Orléans. J'ai été très heureux de la revoir.

Mardi 25 septembre (dont la soirée du 24)Bien au chaud dans le lit douillet d'une jolie chambre, j'aperçois enfin un beau soleil

dans le cadre campagnard de la Réole d'où j'écris ces quelques lignes suivantes, en paix, dans cet hôpital tranquille : qu'il fut doux de se retrouver, tous les 3 frangins réunis (les belles sœurs aussi, mais vous comprenez !!).Après quelques apéritifs copieux hier soir, tous trois vêtus simplement d'un slip et soutien gorge que nous avait prêtée "Françoise du café", nous avons continué la fête dans un troquet, près de "chez Bruno". Prenant les gens à témoin afin qu'ils participent à notre fête, nous chantions ensemble, notre palmarès habituel ; Le pastis et exceptionnellement le Frontignan, étaient de rigueur. Didou, comme très souvent dans ces embuscades, était avec nous et vers minuit, il était tout de même temps de rejoindre Hure pour dîner, les femmes nous attendaient. C'est ainsi que par une pluie battante, la voiture de location (louée à Nice) probablement de mauvaise qualité, ne voulut point tourner lors d'un virage un peu serré. Passant entre les balises, nous nous plantâmes, là, dans un fossé qui faisait bien 1,50m. Chacun s'interrogeait

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sur chacun, et comme tout le monde répondait, on poussa un grand "ouf". Didou pleurait d'émotion, mais elle en a vu d'autres. Nous n'étions pas même sortis de la voiture que l'on apercevait déjà le gyrophare bleu du fourgon de police. (Ils passaient par-là, par hasard.) Nous nous rhabillâmes tant bien que mal, en vitesse dans la voiture, cherchant nos fringues, ce qui laissa le temps aux flics de nous apercevoir et de croire ainsi avoir à faire à 3 nanas en soutien gorge ! Comme j'avais mal à une main, j'étais un peu plus long à m'habiller et quand, sorti de la voiture, je remontais le fossé, j'engueulais les flics de ne pas être venus me chercher et que très blessé, j'aurais eu le temps de crever. Les frangins me calmèrent rapidement, en me disant qu'on était suffisamment emmerdé comme çà. Gilbert fit virer le "ballon", d'un premier tout petit coup de souffle léger ! Les flics le ramenèrent à Hure en fourgon ; Tandis que m'accompagnait Gilles en ambulance, vers l'hôpital, où les flics finalement très sympas, nous ont rejoint par la suite. Qu'est-ce qu'on ne leur a pas fait comme folklore dans cet hôpital ! Et je dansais en slip, et je chantais, et je prenais des poses devant les radios... je n'arrêtais pas de parler et de rigoler. Je demandais aux 3,4 infirmières qui m'entouraient d'aller chercher mon frère Gilles qui s'était éloigné dans les couloirs et que je ne serai sage qu'à cette condition. Accordé et Gilles arriva. Elles me recousaient le front pendant que je parlais et riais comme ce n'est pas permis en de telles circonstances. Je demandais à Gilles de me ramener, en lui disant : "tu m'as promis de m'emmener au "studio 2050" (une boite que nous devions rejoindre après dîner) Après tout ce cirque, je signais une décharge et nous rentrâmes, raccompagnés par les 2 "collègues" en fourgon à la maison. Il m'était interdit de boire (même de l'eau) et de manger quoi que ce soit avant une possible opération demain matin, Mardi vers 8h.Mais les flics trinquèrent au ti-punch et se tapaient (les vaches) le dernier gros avocat du jardin de Félix, en Martinique. Le ch'timi appréciait particulièrement le ti-punch et avant de partir, ils rendirent l'alcotest à Gilbert. Merci les gars!!!Ils sont repassés le lendemain midi, comme prévu pour l'apéro, mais nous étions à l'hôpital où Gilles et Gilbert m'accompagnèrent, pas avant 12h/12h30.D'après les radios, on devait m'opérer. Alors, on me donna la chambre 28, avec une petite perfusion, et j'ai du attendre 17h pour que l'on pique dans le tuyau, afin de m'endormir. Je somnolais, et comme j'en avais assez d'attendre, je demandais quand allait-on enfin m'opérer. La gardienne me répondit que c'était déjà fait, et je lui rétorquais de ne pas se moquer de moi. Je ne la crû pas avant d'avoir revu ma main.Le vide complet s'était produit. J'avais faim, mais ne pouvais toujours pas manger au risque de vomir. Alors, je m'endormis et c'est vers 7h ce mardi 25 septembre qu'on m'apportait le petit déjeuné au lit. Ca fait bien longtemps, que ça ne m'était arrivé !Je réclamais 2 tartines supplémentaires.J'interrompe ce journal pour vous faire de gros bisous à tous, en vous disant que ma main est quasi rétablie et que la suite des aventures guyanaises arrive. A bientôt - votre Gérard

JOURNAL N°17

Cayenne le 28-10-84

Gros bisous d'emblée !

Il faut que vous sachiez qu'auparavant, c'était une véritable corvée d'écrire ou bien de lire. Pensant que çà m'était nécessaire, j'ai pris la décision de me mettre à ces 2 tâches. Après les mots, les gestes ont suivi...et en toute franchise, c'est devenu un automatisme d'écrire et

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lire journellement et j'y prends tellement de plaisir qu'il me serait pénible, aujourd'hui de devoir me passer de l'un deux. (Faut dire que j'ai entièrement aboli la télévision... et un jour, je prendrai le temps que vous faire un spitch sur ce fléau du siècle, ce narcotique à endormir l'esprit, ce destructeur familial, cet émetteur de pensées négatives...) Je pousse peut-être un peu, mais c'est çà pour un bon 3/4 - de ce que l'on y voit, et comme nous ne sélectionnons pas souvent.... Revenons sainement à notre déjeuné hospitalier de ceMardi 25 septembre. Après mon repas, Gilles et Gilbert vinrent voir leur blessé dans la matinée, m'annonçant le départ des Niçois. La voiture de location étant irrécupérable, toute notre petite famille du Sud devra prendre l'avion pour rentrer..., le séjour fut onéreux ! C'était vraiment chouette de se retrouver ! Le chirurgien typique, grand chauve, vient de passer et pris la décision de me garder au moins jusqu'à demain matin. Il ne faut pas que la plaie fasse d'abcès, et je dois garder le drain. Je me rendormis ensuite pour oublier mes petites misères...petites, car c'est la main gauche, j'ai eu du pot ! Le déjeuné était bon et copieux mais j'ai tout de même demandé du rab de pain. Les infirmières et femmes de salle sont très sympa et quelques fois rapproche une chaise du lit pour faire la causette - 16h - A présent le temps se fait long ; Heureusement que ma gentille belle-sœur m'a ramené des livres et des gâteaux, et de plus, vers 18h, j'eu la visite de Gilles accompagné de "Françoise du café de la Réole" accompagnée d'une bouteille de Frontignan avec 3 verres. Et c'est r'parti - chacun sa tournée - (malgré les antibiotiques) On arrose la voiture cassée (entre autre) et bien que c'est loin d'être la première pour chacun des 3 frangins, c'est tout de même à chaque fois un évènement que l'on se doit d'honorer. Ca m'a fait très plaisir.

Mercredi 26 septembre6h30 - thermomètre 36° - 7h petit dèje, et comme hier j'avais demandé un rab de

tartines, la même femme m'apporta une double ration complète de pain, beurre, confiture, sucre, lait... J'ouvre les rideaux, pour voir se lever le jour. C'est très plaisant - (je me souviens que les matins d'hiver, au petit jour, sous la neige, sont merveilleux. Il nous faut garder nos yeux d'enfant qui s'émerveillent devant cette nature qu'il vient de découvrir). Je passe ensuite un bon moment avec "le fils d'Astérix". Vers 9h, le chirurgien est repassé : tout va bien; le temps d'enlever le redon (drain) et je quitte l'hosto. En fin de matinée, Frankie me rejoint à l'hôpital, et Gilles vient nous chercher. Nous rentrons à Hure (5 kms) Je téléphone à Françoise pour qu'elle vienne me chercher, et le soir même nous dînons d'un poulet colombo... un peu relevé, mais soirée très agréable. (Je me souviens d'un soir où Romain nous a fait de très bonnes imitations ; En particulier celle de Dominique LEBB est excellente, à se plier de rire !)Jeudi 27 septembre

Départ de Hure, déjà !... et je laisse encore de bons souvenirs (sans compter la moto, mais ça, c'est pas grave)

Vendredi 28 et les jours suivants, je me suis trouvé relativement bien coincé sans véhicule, sans mes papiers, ni carnet de chèques oubliés à Hure. Je souhaitais résider à Sanxay, mais j'avais à faire sur Poitiers - qu'il est bon d'avoir des amis que je remercie de m'avoir dépanné, aidé, hébergé et prêté leur véhicule. J'ai ainsi pu faire ce que j'avais à faire. Les derniers jours avant le départ étaient néanmoins nostalgiques. Je n'aurai vu Alexis que 3 fois durant mon séjour, et par passages très courts, alors que j'envisageais de passer de longues journées avec lui.

Dimanche 7 octobreLe Sphinx gagne les Clarines au foot par 7 à 4, et c'est après le match que je pu

emprunter la voiture d’un nomé "Bébert”, le cuistot des Clarines" pour rejoindre Sanxay. Préparation des bagages - bon dîner et aux revoirs. Ben oui quoi, c'est fini ! Il faut bien qu'il y

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est une fin sinon les plaisirs s'estompent dès qu'ils sont entraînés par les "habitudes".... et j'aurai ainsi de nouveau le plaisir de revenir. C'est un peu dur, mais c'est presque ça. Retour à Poitiers où je rendais la voiture et passai la soirée au Sphinx en attendant le train de 4h28. Je dansais le bob comme un fou, surtout avec "Michou" et dû changer de chemise durant la soirée tant je transpirais. Patrick THENAY était au rendez-vous, et ses imitations, toujours aussi bonnes, sinon meilleures, m'ont fait revivre de bons moments.Et le lundi 8 octobre, je pris donc le train de 4h28, auquel Franck m'accompagna, après une tournée de whisky "chez Jacky" à la gare. Paris-Austerlitz à 7h40 - Direction Orly par le RER et navette jusqu'à Orly sud. Enregistrement des bagages vers 8h45. Petit dèje à 9h et j'aperçus un architecte de Cayenne que je saluais. Embarqué à 9h35. Départ prévu dans 40 minutes (le train était bondé de gens ; Et je profitais du débarquement d'une personne à Chatelrault pour prendre sa place. Tout le monde dormait... alors j'en fis autant) Décollage qu'à 10h30, et 7h50 plus tard, nous atterrîmes en Martinique soit à 13h20 (heure locale) par 28°, ou nous étions en "transit" - car ce vol n'était pas direct comme à l'aller. L'attente est assez longue, alors on boit le ti-punch que l'on se sert toujours soi-même. Départ Martinique Fort de France à 14h50 (H Française 19h50) On recasse la croûte dans l'avion et atterrissage Cayenne 2 heures plus tard (H.F. 21h45) à 17h45, heure locale (décalage d'une heure par rapport à la Martinique) par une température de 30° (Désolé pour vous, couvrez-vous bien!!) Toujours une très longue attente d'environ 1h pour récupérer ses bagages. Il faut présenter son carnet de vaccination - contre la fièvre jaune - à la douane et son passeport ou bien une carte d'identité. Félix est au RV et nous rentrons vers 20h. Couché à 21h - Nous avons une 4L fourgonnette toute neuve... il était temps - et c'est reparti auMardi 9 octobre

Debout 7h - petit dèje et bureau. La secrétaire est toujours aussi radieuse. Pose d'un liner (poche plastique d'une piscine) de 10 x 5 m chez un client, dans la matinée, et remplissage. Déjeuné dans un petit resto Antillais "l'Acacia" vers le marché (tripes, pieds porc, requin). J'ai repris ma faim de loup, mais je me vois pâle devant la glace, par rapport à mon départ. Je vais vite reprendre des couleurs. Je fais une bonne sieste dans le hamac d'où je m'endors toujours aussi bien. Je me fatigue rapidement : sans doute le changement d'horaire et le soleil qui tape fort. Au dîner, on se fait des pâtes bolognaises (où presque)

Mercredi 10 octobre :Beaucoup de travail - tant mieux - Dîner chinois. Félix déclare présenter quelques

troubles psychologiques.... sans doute à cause du "saké".

Jeudi 11 octobre :Le boulot bat son plein. Il faut se refaire aux douches froides.

Vendredi 12 octobre :Comme c'est la fête de Cayenne depuis quelques jours, nous allons faire un tour sur la

place, et nous assoire à une terrasse pour regarder des matchs de boxe. Ti-punch bien sur. J'ai enlevé le bandage de ma main. Un peu enflée, mais très belle plaie. Petit tour au "106" pour se dégourdir les jambes. Et le lendemain soir, discussions en Anglais ce samedi 13 octobre, avec une copine "Surinamienne" ; Assez difficile, mais je suis sûr que çà viendrait vite si j'habitais Londres.

Dimanche 14 octobre :8h45, debout. Nous allons chez Jean-François manger un "trempage", prévu pour 9h30

- 10h.

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Recette : faire tremper le pain dans l'eau, puis bien l'essorer en le pressant entre les mains - l'étaler ensuite en l'émiettant sur des grandes feuilles de bananiers posées sur la table - (sinon faites ça sur votre toile cirée) par-dessus, on coule les lentilles et lardons qui ont cuit ensemble auparavant - (on peut varier avec des haricots rouges) Puis une couche de thon émietté, cuit au court-bouillon, avec la sauce, bien entendu, le pain étant là pour éponger - (on peut remplacer le thon par des langoustes ou des Malicons (marsupiaux) - (on devrait même par-dessus, rajouter une couche de chiquetaille de morue) Puis on y rajoute des bananes (fruit) découpées en rondelle et ensuite, presque une couche de piments déchiquetés et mélangés à de l'huile. Nous étions près de 20 personnes, et mangions bien entendu avec les doigts, en faisant des boulettes - (je joins une petite photo à Mère) Rentrés vers 13h40 et grande sieste de 3h dans le hamac - Ecritures.Dîner de morue - pomme de terre. Après avoir fait cuire morue et pomme de terre ensemble, découper les patates en rondelles et les laisser en attente dans un plat. Faire revenir des oignons et incorporer la morue déchiquetée, filet de vinaigre, ail. Etaler sur les patates, poivre et ajouter bien sur le piment finement haché.Dodo à 22h20, malgré que demain soit férié.

Lundi 15 octobre :Férié, cause fête de Cayenne, et comme Marlène (la petite femme de ménage) n'est pas

venue, je me levais qu'à 8h. Une vache morte dans l'herbe d'où elle était parquée, attachée à une corde et un piquet sous un soleil fondant, devant un immeuble délabré ; Ca n'étonne plus personne - ni même des chiens écrasés que l'on trouve presque chaque matin - ni même un dauphin ou petits requins échoués dans un fossé.Mais par contre, on peut voir tout un attroupement de badauds lors d'un incendie ou d'un petit accident de voiture.Déjeuné "à l'Anglaise" grâce à Dolly, notre amie Surinamienne. Boulot de plomberie dans l'après-midi, et Félix va chercher, à l'aéroport, le protégé d'un cousin, en provenance de Martinique. Comme il est sympa, nous lui faisons visiter en premier lieu, comme le veut la coutume, le quartier malfamé de "Chicago", derrière la crique ; Et avons dîné brésilien très copieusement, ayant droit aux yeux doux et regard taquin de la jolie Brésilienne qui nous servait.

Mardi 16 octobre :Félix emmène Philippe (le Martiniquais) à Kourou où il va faire ses études

supérieures... mais en vain car la rentrée ne se fera que jeudi matin. Démarrage des chantiers vers 10h15 - En soirée, tour au "106" avec Philippe qui s'est bien dégourdi.

Mercredi 17 octobreLevé tôt pour aller au marché acheter du pack (genre de sanglier) et du Caïman que

Marlène nous a fait mijoter en "fricassée" bien sûr !Ne vous inquiétez pas, nous en mangerons ensemble, je vous le promets. En attendant ce jour, recevez mes plus tendres baisers qui vous disent combien vous me manquez. A bientôt Gérard

JOURNAL N°18

Mes bien-aimés,

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Reprenons notre petite bavette après ce repas du mercredi 17 octobre, déjà en octobre ; Apportez les modifications nécessaires au journal n° 17 - Bien digéré, grâce à une sieste d'une heure. M'étant exposé au soleil pour travailler, ces derniers jours, mon dos en a pris un coup et s'épluche entièrement.... ma peau, s'est déshabituée au soleil durant ces 3 semaines d'absence et je vais devoir m'y réhabituer lentement. En soirée, après dîner, je dépose Philippe à Kourou car ses études débutent demain. Couché vers minuit, et le jeudi 18, je fais la journée quasi-continue en débauchant à 15h30. Ti-punch, et on termine le déjeuné vers 17h30. Passage au bureau pour voir les éventuels messages. J'ai toujours ressentis une certaine peur envers les narcotiques, et comme je ne tolère pas la peur, et que le seul moyen de combattre celle-ci est d'y faire face, à titre expérimental, j'ai fumé "un joint" en compagnie de Félix. On n'a pas lésiné ; c'était de la marijuana quasi pure de Colombie, et n'ayant pas de tabac pour la mélanger, nous l'avons fumée nature. Inutile de vous dire que les effets ont été immédiats.Ca commença par un fou rire incontrôlable à propos de rien. Nous étions atteints de "rigolo manie" et je m'efforçais de lutter en vain contre cet état. Il était difficile de lier le geste à la pensée, car on oubliait aussitôt ce que l'on projetait de faire à l'instant. Incapacité de réagir. Ca tournait, mais nous n'étions pas malades. Je me rasais, et Félix me demanda pourquoi. Je fus incapable de lui répondre, et nous en rigolions ; Comme de tout ! Grands manques de mémoire, et instant d'inconscience. Gorge sèche, soif et faim. Nous nous sommes tout de même mis à table et avons bien mangé (je ne buvais que de l'eau pour ne pas envenimer la situation) On rigolait toujours. Félix veut aller chercher "l'Anglaise" (car, erreur à corriger, Dolly est du Guyana (anglais) et non du Surinam (hollandais)) et je décide de l'accompagner par prudence. Je ne suis pas très rassuré, je l'avoue. Nous roulions à 50km/h maxi et ça nous suffisait. Craignant les conséquences, nous étions prudents. Nos yeux sont rouges et troubles. Le temps parait long et ne passe pas. Vers 21 h, très fatigués, nous allons nous coucher. Je m'endors comme une masse.Si je parle aussi franchement de cette "expérience", c'est que c'était bien à ce titre seulement et non pas un soir de cafard. Je n'ai pas peur d'éprouver ma volonté, et sais que je ne suis pas tenté d'user d'artifices pour être bien dans ma peau. Il n'en est pas moins vrai que ce type d'échappatoire est finalement moins néfaste à l'organisme que l'alcool. "Boire ou fumer, c'est dérailler". A la place d'un joint ou d'un verre, il suffit simplement d'influer une bonne pensée à son esprit, et le résultat est beaucoup, mais nettement beaucoup plus efficace. Seulement notre entourage quotidien ne nous a pas appris à contrôler nos pensées et nous tendons alors vers ce qui nous parait le plus simple. En fait, c'est le système d'éducation lui-même qu'il faudrait changer. Quelle discussion mes enfants !Enfin ce vendredi 19 octobre, je me lève à 7h après avoir bien dormi. Tout va bien et la journée démarre.Nous passons "prendre un Haïtien" vers 8h pour le déposer sur un chantier. Bien travaillé, malgré que j'aie tendance à m'endormir, même après 10h de sommeil.

Samedi 20 octobreDebout à 5h pour emmener Félix à l'aéroport. L'avion décolle à 7h15.

Un gros scarabée d'environ 5cm se promenait dans l'aéroport ; tandis qu'au seuil de la porte du bureau, un petit scorpion saluait mon arrivée. Un petit coup de balai pour qu'il aille jouer plus loin... car ici, on ne tue pas pour rien ! Je ne fais plus cas de ma main, c'est pourquoi il m'arrive de me faire mal, mais ce n'est rien, elle est presque désenflée. 17h, je passe voir trois clients, et fais quelques courses chez un chinois. Un ti-punch à la maison, et j'enfile un tablier de cuistot, bien qu'en slip dessous car il fait chaud, et je me mijote mes enfants un petit poulet au vin.... hum ! Ça va être bon.... Pas assez cuit !!

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Couché 22 h, après un arrosage de Timor (insecticide) et m'installe pour changer, dans la grande chambre.

Dimanche 21 octobreDebout 9h, petit dèje, écritures, journal, 13h : déjeuné du poulet réchauffé : il était

délicieux et je garde la recette "maison" secrète pour vous la faire découvrir - Sieste - Journal - Dîner de petits cœurs - Dodo à 22h30

Lundi 22 octobreMarlène au RV. Beaucoup de boulot. Peu de temps libre, même pour écrire.

Mardi 23 octobreJe transpire, torse nu sur un chantier, dans un local technique, et un haïtien, à mes

côtés, s'est endormi debout contre le filtre. Je rigole doucement sans le réveiller. La chaleur est souvent assommante.Les plus courageux en Guyane sont les "chinois", dont leur boutique est ouverte de 7h à 14h et de 16h à 21h (12h) dont le dimanche matin, et encore, certains sont ouverts jusqu'au soir...et ils bossent. Je demandais de l'eau fraîche à l'Haïtien, et il m'apporta une gamelle contenant un bloc de glace, sur lequel il versait un peu d'eau au fur et à mesure de ma soif. On ne fait pas plus frais !

Mercredi 24 octobre20h, maison. Le travail à plein tube. Une souris morte sous la tapette que j'avais enfin

acheté cette après-midi. Mes cheveux sont longs, et j'ai grande envie de les faire friser légèrement afin de ne plus avoir à les coiffer.... mais sur quel coiffeur vais-je tomber ? Dolly est passée prendre des nouvelles avec son amie Gloria (toutes deux du Guyana et non du Surinam) qui parle bien le français. Elles repasseront bientôt ! J'ai remis la tapette en route, et avant de me coucher, il y en avait déjà une autre. C'est une affaire qui marche ! Je remets le "zinzin" en route, et le temps de m'asseoir pour écrire quelques mots, j'entends "clac", une 3ème. Ca me fait peine, mais je ne peux décemment pas les laisser envahir la maison.... tout de même !!! Dodo à 23h30.

Jeudi 25 octobreEntrevue avec le fondé de pouvoir de la BNP, lui formulant quelques requêtes. Sympa.

Déposé 2 tapettes au bureau. 5 mn après, déjà une. 12h : retirée souris de la maison et dépose une 2ème tapette. Ca va barder. Le temps passe réellement plus vite qu'en France ici - sans doute dû au climat.

En rentrant une souris de plus dans la poubelle.Vendredi 26 octobre

Beaucoup de travail, pas le temps d'écrire. Rentrant vers 19h, une douche froide et je me sape de mon costar gris pour aller à un cocktail au Novotel, convoqué par les ordinateurs "Apple". Je suis très intéressé par ces appareils qui deviendront de plus en plus nécessaires pour ne pas se laisser dépasser. Discutions avec le fondé de pouvoir de la banque qui s'y trouvait. Je me place ! Ainsi qu'avec un technicien - A revoir.Puisque j'étais costumé, et que c'est très rare ici, je décide de m'emmener dîner au "Paris-Cayenne" et viens de commander un poisson cru mariné, suivi d'une raie au beurre noir. Je passe à table, à tout à l'heure. Sachez que je vous y invite, quand vous voulez ! Même à l'improviste, on y trouvera une petite table, et nous remémorerons de bons souvenirs.....

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Quand on y pense, en fait, en une journée à peine vous êtes ici, c'est vraiment simple !.... dans le fond, pourquoi pas ???? hein ?Bien mangé, arrosé d'un Riesling servi en seau - terminé par un "colonel" (sorbet citron vodka)Afin de bien clore cette agréable soirée solitaire, je m'invite au "106", puis "Méga Hertz" afin de transpirer un peu, et rentre vers 3h, bien réchauffé !Samedi 27 octobre

Debout 8h - dur ! Néanmoins, bien travaillé. Rentré déjeuné à 15h15. L'Haïtien a fini de couper l'herbe devant la maison. Lui demandant de rassembler les meules d'herbe coupées, il me répond " soumaké, encore soumaké", me demandant ainsi un supplément d'argent. Je lui rétorque d'aller se faire F....... ce qu'il a fait après avoir tout de même rassemblé les bottes ; A présent, c'est plus net !

Grande sieste après déjeuné et vu un client dans la soirée qui accepta son contrat d'entretien.De retour à la maison vers 20h, et j'attaque le n° 17. Je l'interromps à 23h pour faire réchauffer le rôti de dindonneau (en fricassé, bien entendu !) Je reprends un peu, et à minuit, dodo !Dimanche 28 octobre - 9h30 : Je me réveille, et du lit, j'aperçois la petite tête d'un lézard qui dépasse d'une couverture pliée, reposant sur une boite en carton. Il faudra que je bouche les fissures du parquet !`Il pleut ; Je dors, j'écris. Dîner vers 13h30. Couché vers 21h30 pour lire un livre de Dale Carnegis, professeur de psychologie pratique - (Vraiment très bien)

Lundi 29 octobreHaïtien chez un client. (Il n'y a qu'eux pour faire n'importe quelle corvée...mais je les

traite bien !) Je fais 4 fournisseurs, avant de trouver du ciment prompt. Travaux de nettoyage et plomberie. Je deviens expert en plomberie et traitement de l'eau (j'aurais tout fait !). Je me suis cassé un ongle ! Sans doute trouvez-vous ça banal, mais pour ma pomme, ce doit être la 1ère fois de ma vie.J'ai appris qu'il y avait une première saison des pluies en décembre et janvier, puis la seconde en mai, juin, juillet. Malgré tout, il pleut beaucoup depuis ces derniers jours. Marlène avait préparé un "colombo" pour midi, et en entrée, sardines avec endives à la béchamel. Elle me soigne toujours.Les guirlandes de Noël sont déjà en vente dans les magasins. Ce sera le premier Noël sans neige, sans froid, sans famille sans ami.... mais je vous saurais près par la pensée et garderai le sourire, je vous le promets. Vous ne me quittez pas car ma tête est remplie des bons et doux moments passés ensemble.

A bientôt la suite. GérardJOURNAL N°19

Mes petits français de France,

Et le temps s'écoule irrémédiablement sur cette terre lointaine française, et c'est ainsi que nous arrivons au mardi 30 octobre : Un couple de rat niche en bas de la maison. Ils savent qu'il y a des restes dans l'évacuation de l'évier de la cuisine, la canalisation étant percée, l'eau et les déchets s'écoulent dehors. Quand l'eau cesse de couler, ils sortent de leur cachette pour venir grignoter... c'est trognon ! Bureau, puis nettoyage de piscine, puis divers clients.. Le train-train quoi !Félix téléphone pour me dire entre autre, d'aller chercher des avocats de chez lui qu'il avait remis à un ami revenant de Martinique. Je vous raconte pas combien ils étaient gros et

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bons....nous en remangerons, même en "féroce" avec de la "chiquetaille" de morue, manioc et piment.Je finis un chantier à la lampe à gaz et rentre vers 20h15 ; fier de mon travail, et n'ayant rien d'appétissant dans le frigo, je m'invite au "brésilien" qui finalement s'appelle le "Paulista". Commandé ti-punch et "Espet Inho a gaucho", du poisson, quoi ! Toujours très bon et surtout copieux. Notez,.... je vous attends !!!La serveuse (au regard coquin) me fit attendre sa débauche afin que je la raccompagne. "Sandra" parle très peu Français mais j'ai cru comprendre qu'elle souhaiterait bien venir en France. Je crois que j'apprendrais vite le brésilien si j'habitais "RIO" ! Car même si on ne comprend pas bien les mots, on arrive à saisir le sens d'une phrase lorsque l'on y met de la bonne volonté.

Mercredi 30 octobreVisite de François qui a fini les fonds de bouteilles. Toujours de la fenêtre de la

cuisine, j'aperçois un Iguane vert d'environ 40cm de corps plus autant de queue ; il est prudent et regarde bien où il pose ses pattes.En cette veille de Toussaint, il nous est venu une pensée profonde envers l'être cher à nos cœurs qui nous habite encore à travers nos pensées.Le grand cimetière de Cayenne est rempli de monde, pire que le jour de la fête de Cayenne. C'est le grand nettoyage, on s'affaire, c'est comme une fête. Les gens ont même le sourire. Au soir, tout est fleuri et des centaines de bougies ou lampes éclairent les tombes. C'est joli, et presque gai ! Rappelons qu'aux enterrements, les gens sont vêtus de noir ou de blanc et même parfois de roses et portent fréquemment le sourire aux lèvres.Bien ça y est les enfants, je suis allé d'un pas ferme chez le coiffeur et j'en suis ressorti tout frisé ! Ca me donne une tête plutôt rigolote, et on m'en fait, en général des compliments. (Si l'on compte bien sûr sur la sincérité des gens) Moi, je me sens bien ! Et ça présente mieux que mes cheveux longs. Les copines du Guyana sont passées pour bavarder en anglo-français.Je vais "au chinois" et me ramène un plat à emporter. Je m'allonge et me réveille vers 2h du mat, tout habillé. Rapidement rendormi !Petite interruption momentanée du journal dont vous voudrez m'excuser, mais je voudrais vous faire part d'une recette que j'avais notée à l'esprit et qui me fut fort utile lorsque j'eu besoin d'écrire alors que le courage me manquait un peu. Il suffit de placer une feuille devant soi, la placer ; prendre un stylo dans la main adéquate, le prendre, écrire la date, le nom de la personne à qui l'on s'adresse, un bonjour, parler un peu de soi, donner les nouvelles qui nous passent par la tête et le reste suit tout seul.Le plus important, c'est de mettre la feuille devant soi et prendre le crayon puis....mais il faut le faire de suite ! Faites en l'expérience, vous verrez. Bon alors, allez-y, relisez ce paragraphe en y ajoutant les gestes proposés. Vous lirez la suite du journal après... à tout à l'heure.

Jeudi 1er novembre Férié. Levé 8h45. Marlène est tout de même venue puisqu'elle fut absente hier, après

m'avoir remis un mot d'excuse. Malgré son peu de culture, c'est une jeune fille très vive et de bonne volonté. Toute étonnée de me voir frisé, elle me fit de vifs compliments (je sais les siens sincères) et veut en faire autant. Mais il lui faudra attendre qu'ils repoussent car sa coupe est à ras. 11h30. Coup de tonnerre et éclair juste à côté - encore jamais vu - Je vous promets que la maison a tremblé ; C'était très impressionnant.Pas de dégâts, alors je termine les comptes.

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14h - je déjeune des bons plats de Marlène et des avocats de Félix. C'est un bel orage, et la pluie tombe à verse. Portes et fenêtres restent néanmoins toujours ouvertes, mais le temps est tellement maussade que je m'en vais enfiler un tee-shirt (comme vous prendriez un gilet) même avec vos portes et fenêtres bien closes - faut bien que je vous taquine un peu, sinon à quoi bon avoir fait ce voyage ?Sieste d'une heure, et à 16h, Philippe (l'étudiant de Kourou) me réveille. Il viendra dîner vers 20h avec un copain.Dans la matinée, je suis allé faire un nettoyage de piscine de 9 à 11h30 et dans la soirée, 2 visites de contrôle chez des clients. 20h30 - Dîner avec Philippe et David ; je leurs avais préparé un bon petit repas. Digestion au bar des "Palmistes" et dodo car les boites sont fermées pour le 1er Novembre.Lecture jusqu'à minuit, et on démarre le mois en ce

Vendredi 02 novembreDebout 7h, comme d'habitude. La secrétaire aurait bien voulu faire le pont, étant un

peu faible.Je ne vous ai pas encore parlé de la "papillonite", qui est une irritation de la peau causée par les papillons du même nom et qui entraîne des démangeaisons infernales. Rassurez-vous, je n'en suis pas atteint. C'est en volant que ces insectes laissent tomber une poudre qui attaque surtout les peaux sensibles ; Même morts, il ne faut pas les toucher car le produit est toujours actif.En rentrant, j'avais un message du "Guyana" et du bureau, nous discutions environ une heure au téléphone. Toujours ma lecture, même un peu, avant de m’endormir.

Samedi 03 novembreJ'emmène Marlène à un entretien de piscine afin de la former à ce travail, et pourquoi

pas, elle est très capable.... mais on ne lui a jamais dit ! Déjeuné à 14h (c'est fréquent ici) douche, comptes, clients. Le temps est toujours maussade. Gloria (du Guyana) est venue bavarder, en compagnie de son grand fils Tony qui aime les voitures. Recompta, dîner et je me sors exceptionnellement en boite. (Quand on y pense, elle est drôle cette expression "sortir en boite" !)

Dimanche 04 novembreLevé 11h par un beau soleil .... enfin !

12h30 - Cousine Alberte est passé dire bonjour (une cousine de plus de Félix) - 14h Sieste. Alors que je dormais, François, sa femme et leur petite Julie sont venus boire le café, et pomper un peu d'essence à la 4L, étant tombés en panne à 500m de là ! Je reprends ma sieste après leur départ et petit tour chez un client sympa.19h - je fais réchauffer le dîner alors que Gloria passe dire bonjour - ensuite arrive Dolly et une amie (amenée "spécialement" pour moi du Guyana, je le sus en fin de soirée) Là dessus, Tony arrive. Du monde à la maison ! et je donne à manger à Tony, ainsi qu'à l'amie en question. En raccompagnant d'abord Gloria et son fils, elle m'apprend que "l'amie" m'était réservée et qu'elle habiterait donc avec moi ! J'ai cru étouffer et riposte aussitôt... mais tout était prévu. De retour, j'insistais pour les raccompagner toutes les deux, faisant feint de ne pas comprendre du tout leur anglais. Ouf ! De retour, seul, à 21h, je bouffe les quelques pâtes qui restent. Non mais, je suis libre de mon corps tout de même !!!! m'enfin !

Lundi 05 novembre

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9h à la BNP, et comme la banque était fermée depuis le mercredi à 11h, c'est le bordel complet, il y a foule et n'en ressort qu'à 10h15. Tout prétexte est bon pour ne pas travailler et faire les ponts (avec un "P" comme crocodile) A 13h, déjeuné en compagnie de Gloria a qui j'extirpe quelques mots d'anglais. Beaucoup de travail. Rentré à 20h.

Mardi 06 novembre8h, Haïtiens sur chantier / 8h30 RV chez toubib pour 2ème injection anti-tétanique, et

1ère de polio. Arrivé chez le toubib, celui-ci m'envoie à la pharmacie chercher le vaccin (je n'ai pourtant pas le temps) et je retourne le voir. Piqûre ; A cette pharmacie, on n'acceptait pas les petits chèques et dû retourner à la voiture, bien que pas très proche, prendre de la monnaie. Irrité, mais je garde mon calme et balance des sourires en me disant Gérard, faut pas s'énerver. Je file en courant à la librairie d'à côté, les serveuses très occupées, discutaient et mangeaient ; Je patiente "patiemment" ; Arrivé à la caisse, il me faut retourner à la vendeuse qui expire en bougonnant lorsqu'on lui demande quelque chose, afin d'obtenir une facture, elle me fait attendre, la bougresse mais je reste inflexible et garde mon calme, (comme j'ai bien changé) ; enfin elle s'approche de moi : "C'est pourquoi ?" Et me fit la facture en bougonnant. Voulant m'éprouver davantage, j'ai voulu lui extirper un sourire, ce qui paraissait être impossible. Alors, regardant la facture, avec mon plus joli sourire, je lui dis : "Vous avez une très belle écriture (c'était vrai)" - Moi ? Oui !... et elle sourit comme peu de gens on dû la voir sourire ainsi. Finalement, je repartais plus heureux que si je m'étais mis en colère, et de plus, j'ai transformé, ne serait-ce que pour un instant et qui sait, le restant de sa journée, un monstre égoïste ronchonnant en une commerçante agréable. Méditez !Chez un client, dans la soirée, discussions agréables avec Karine, sa petite fille et Marie-Claude qui eu ses 17 ans en juillet (cancer, elle aussi !) et qui prépare son bac de Français pour la fin de l'année et celui d'économie pour l'année prochaine. Les contacts sont très agréables avec mes clients. Il suffit quelques fois simplement d'écouter et comprendre. Le beau temps est revenu définitivement depuis ce week-end. Lecture et dodo. Réveillé vers 3h du mat, alors relecture et re-dodo. La vie est simple.

Mercredi 07 novembreLevé 7h45 - pas en avance - Quelques clients dont le préfet. On bosse dans "la haute".

Déjeuné et visite de Gloria. Les gens ici roulent à 40km/h... des fois 50... rarement à 60 et au dessus, ce sont des fous. Je n'ai pas encore bien réussi à contrôler mes nerfs quant je suis derrière eux.... mais soit ça viendra, ou soit je prendrais la moto et vroum !Un client remet 10 000 frs en espèces... j'irais bien faire une fête à Poitiers !A sa demande, j'emmène Marie-Claude chez une de ses copines pour une course. Discussion agréable, me demandant mon âge et si j'étais marié... décidément c'est une obsession. C'est une charmante "chabine", de plus intelligente, mais restons bons copains. Son père, me donne dix ananas à faire mûrir, (c'est moins risqué)Je vous quitte sur plein de gros bisous - A bientôt Gérard

JOURNAL N°20

Cayenne le 28-11-84

Bonjour de votre Chabin !

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En effet, à présent que ma peau est un peu tannée, et mes cheveux frisés, je ressemble assez à un "chabin" (les traits d'un homme noir à la peau blanche et aux cheveux crépus, blonds).Je vous ai fais un peu attendre cette fois et vous demande de m'en excuser ; sans excuse "valable", je vous rappellerais tout de même que le temps passe réellement plus vite ici, et qu'une certaine douceur de vivre m'a emportée quelques instants. Reprenons nos petites habitudes bien agréables, et entamons ceJeudi 08 novembre : Marlène est au bureau cet après-midi et "remplace" la secrétaire absente. Celle-ci passera tout de même un après-midi avec son mari qui ne revient que trop peu souvent de la mine, située en pleine brousse. Enfin résolu un problème de fuite de piscine d'un client sympa. Je mets le réveil à 5h30 pour téléphoner à un payeur retardataire.

Jeudi 09 novembre6h au bureau comme prévu. Marlène est de nouveau au bureau pour mettre en "détail"

du chlore en fut. (je me relève dans la nuit pour revoir les comptes) Passages difficiles, mais "je tiens bon" ! (en créole : "MO KA TCHENBE RAID !) En effet, je suis obligé de retenir un peu de créole, d'Anglais et Brésilien.Samedi 10 novembre

Entretien de piscine avec Marlène. La secrétaire a encore des misères : empoisonnement après une "grosse bouffe" au resto, accompagné d'une crise de palu. Dans le fond, j'ai vraiment du pot de me porter aussi bien !... à croire que je suis du bois dont on fait de bonnes ..... !Je réceptionne les cartes de visite que Félix a fait faire en Martinique. Sieste, et visite de Gloria avant de redémarrer l'après-midi. Dîner d'un "swit shup" du chinois d'à côté. La secrétaire terminera la soirée à l'hôpital et y passera sa nuit de fête (Ste Christiane) cause empoisonnement.

Dimanche 11 novembre(Ca tombe mal pour les employés)Levé 10h, très bien dormi et petit dèje. Rangement au bureau. 16h déjeuné et sieste.

17h : journal n°19 et apéro de "Tang" orange. Dîner d'une salade de concombre, maïs et riz bien sûr. Lecture et dodo. Rien de sensas ! Faut bien qu'il y est des périodes calmes et détendantes, et puis ces banalités nourrissent le journal, tout comme cette course que je fis le…

Lundi 12 novembre pour acheter un petit cadeau pour la Ste Christiane ; je connais trois fleuristes existants à Cayenne, et croyez le ou non, je n'ai pas trouvé une seule plante à lui offrir ; par contre, ils ont un grand choix de fleurs séchées, en toile ou plastique...., dans ce pays ou ça pousse sans y toucher, et à foison. (Y sont fous ces Guyanais) Alors comme je sais qu'elle aime bien manger des gourmandises (qui entraînent parfois des empoisonnements), je lui offris un gros ananas, enveloppé de façon à le présenter comme une plante, ne montrant que la tête. (Elle dévora l'ananas au déjeuné, et planta la tête... qui a déjà de belles racines.

(2 cadeaux en 1 !)Je déjeunais d'un bon colombo de Marlène, et aussi d'un ananas qu'un client m'avait offert (le père de Marie-Claude), je l'ai aussi planté !Sieste - RV à l'hôtel de police avec le commissaire "Larré" qui m'interrogea quelque peu sur mes histoires de bouquins commandés à divers fournisseurs - rien d'important ; mais nous discutâmes très longuement sur les plaisirs de la chasse en Guyane, et avons bien sympathisés. Un contact vraiment très sympathique s'établissait aussi avec toute la famille

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d'un client... et je soupçonne fortement l'influence qu'on mes lectures actuelles envers ces relations. Il est vraiment temps d'apprendre à se servir "intelligemment" de son cerveau en le travaillant quotidiennement dans ce sens, afin d'avoir et pouvoir offrir une vie meilleure. Je vous promets de sortir un livre au plus vite, afin de faire profiter aux gens attentifs du peu que j'ai appris, et ressentis.Peut-être déjà 2 semaines que mes yeux me re-taquinent. J'irais dès demain à la pharmacie.Dîner, écritures et lecture. Vers 23h, après un bon moment de lecture, la tête reposant sur l'oreiller, je songeais quelque peu à ce que je venais de lire et qui amène à réflexion ; j'aperçus alors, dans un coin du plafond, sous la faible lueur de ma petite lampe de chevet, alors qu'une brise légère parfumait la chambrette de cette humidité tropicale, sans rien d'autre que le bruit des cigales de la nuit, j'aperçus disais-je, sereine digne et majestueuse, sous sa jolie peau velue une belle mygale noire ! Elle avance très lentement, tâtonnant le sol (dans le cas présent, c'est plutôt le plafond, mais comme il s'agit d'une histoire, ne renversons pas les rôles, et gardons les pieds sur terre, s'il vous plait), avant de poser chacune de ses pattes, l'une après les autres. Je vous assure, que finalement, en détaillant cet animal, on lui trouve quelques beaux traits. Mais cette fois, je ne serais pas très gentil, et prend ma "tongue" dans la main pour frapper cette araignée peu fréquentable. Ne l'ayant pas bien touchée, je m'apercevais alors que cette bête paisible est un monstre rapide lorsqu'on lui fait la chasse. Re"tongue", et la guerre se termina. A présent, il faut se rendormir, alors je me souhaite sincèrement une bonne nuit.... alors que les chauves-souris s'amusent dans les combles. Salut

Mardi 13 novembreJe passe la matinée à ranger le magasin. Sieste après déjeuné, et réveillé par une

averse. Je me renseigne pour faire venir la moto, auprès du transitaire. Je vais voir l'oto-rhino-laryngologiste "HO A CHUCK" qui me décèle une otite externe - (excusez la pause, mais ça me fait penser à me remettre des gouttes)

Mercredi 14 novembreDebout à 5h30, et le jour va pointer vers 45 - pour être totalement levé à 6h15. Il est

très agréable que les pharmaciens collent les vignettes sur l'ordonnance et re-notent les prescriptions sur les boites. Sieste, et je m'endors au soleil d'Amérique. Gloria et Tony sont venus et attendent patiemment mon réveil. A la poste, un citoyen du Guyana m'interpelle pour que je serve d'interprète auprès de la postière... c'est folklo, mais je m'en sors quand même. 17h30 : rentré tôt à la maison pour reboucher les fissures du parquet et béton ; Mais les grenouilles passaient par les canalisations ; Alors je bouche les évacuations inutiles. Sacrées bestioles. Il est toujours ennuyeux de ne pas avoir de robinet de coupures dans la maison lorsque l'on casse une arrivée d'eau. Je dérangeais le voisin qui me montra le robinet général, en bord de route (qui fuit aussi d'ailleurs)J'en suis rendu au 20ème journal ; j'ai donc écris 60 feuilles, soit 120 pages comme celle-ci. Ca ne vous fait pas rêver ? hein ?... et bien réalisez vos rêves !

Jeudi 15 novembreDîner au mess de la caserne "Loubert"... ma fois pas si mal que ça. Puis comme je me

sortais, je m'entraînais au "106" ; (la boite la plus sympa) Au moment de partir, je fis la connaissance de "Gyslaine", cuisinière au "Palmiste", mais dont les traits et l'allure ressemblaient d'avantage à un mannequin (ce par quoi elle débuta à Paris)Je me souvenais de l'avoir conviée auparavant - mais sans succès - à perfectionner ma façon de danser la biguine. Mais je n'en fis rien cette fois-ci, ce qui me valu la sympathie de cette ravissante jeune fille de 22 ans.

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Vendredi 16 novembreDebout 7h30. Je me fais donner quelques explication sur les manœuvres d'ordinateurs

d'entreprise. Au soir, Philippe (l'étudiant) m'attendait à la porte, ainsi qu'un chat noir que j'avais aperçu la veille, miaulant sur le toit d'à côté. Je les fis rentrer tous les 2 et nous dînâmes.Promenade au "106"... et en bord de mer au petit matin ; c'est joli, mais malgré cette nuit "blanche"....

... voici le samedi 17 novembreEt j'attaque par un entretien, à 8h. Je me tape un ananas vers 11h. Grande sieste à midi.

17h autre entretien. A 23h, je rends visite à Gyslaine à sa sortie de travail.

Dimanche 18 novembreLevé vers 10-11h - petit dèje et re-dodo - 15h : dèje de poulet - 16h : plage (boueuse)

ou je m'enfonce dans la vase. Rentré, douche, dodo.... dîner, dodo.Lundi 19 novembre

J'apprends que mon petit pot Lucien avec qui j'avais fait quelques installations de piscine, avec lequel nous avions bouffé un bon méchoui dans le journal n°16, qui aimait la moto, et avec lequel je projetais de grandes ballades dès que la 750 serait arrivée - avec lequel je me tapais des petits dèjes de morue vers 10h... a quitté ce monde connement.Il projetait bien plus tard de rejoindre sa Martinique. Il la rejoindra plus tôt que prévu pour y reposer.

Que sont, auprès de ce malheur, nos petits soucis quotidiens ? Portons moins d'importance à nos petites misères qui en réalité nous font sentir que nous sommes bien vivants, alors rendons-leur grâce et ne nous en plaignons point !La secrétaire a les cheveux frisés ; décidément ! Le chat ne me quitte plus lorsque j'arrive ; bien que Marlène en ai peur, il restera ici tant qu'il en aura envie, car il est vraiment très propre et très sympa.... d'ailleurs, il m'a adopté.Voici mes petits enfants. Je stagne un peu ces derniers temps, mais vais me ressaisir, je vous promets et vous aurez de mes "nouvelles".Je vous quitte, l'âme paisible, en vous embrassant très fort et formulant le vœu de vous revoir le plus tôt possible.A très bientôt dans le journal - Gérard

JOURNAL N°21

Cayenne le 24-12-84

Bisous de Réveillon,

Mardi 20 novembre 84Quelques photocopies chez CANON pour vous envoyer le journal. Télécopies à la

poste : c'est pratique, on peut faire parvenir une photocopie d'un document quelconque à la

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rapidité d'un télex. Ainsi, en l'espace d'environ 2 heures, j'ai fais parvenir un double de la carte grise de la moto au transitaire qui se trouve à Rouen. On n'arrête pas le progrès. 13h30 - François est passé et je lui propose de vendre du chlore au Surinam ; qui sait ? Banque : j'ai fais la connaissance du fondé de pouvoir officiel (M. Linary avec lequel j'avais bien sympathisé, n'était qu'en remplacement) Il s'agit d'une jolie femme au regard sévère) Je lui expose brièvement la situation, lui demandant par la même un découvert provisoire que le remplaçant bien que très sympa dû me refuser jusqu'à présent. A ma grande surprise, elle accepta et je la remerciais d'un joli sourire. Courses, compta, maison.

Mercredi 21 novembreBureau : Inventaire et Bilan général. Il est très important de connaître la situation dans

laquelle on se trouve, et si l'on avance ou bien on recule par rapport au mois précédent.20h : Nuit des cafards. En arrivant à la maison, j'en zigouille une bonne trentaine (d'environ 3 à 4cm) en bas des escaliers, et en approchant la lampe à gaz, j'en découvre des centaines contre le mur. J'abandonne la chasse et monte au logis, lequel bien calfeutré m'isole de ces bestioles. Gyslaine me rejoint après sa débauche.

Jeudi 22 novembre18h30 - Réunion à la chambre des métiers avec le Président M. HO A SIM et son

adjoint M. HO A CHUCK Josselin de son prénom pour mettre au point une exposition artisanale du samedi 15 au mardi 18 décembre. Nous exposerons une petite piscine démontable que nous lançons sur le marché. Vu que nous sommes en pleine première saison des pluies, il nous reste plus qu'à prier le soleil d'être au rendez-vous en ces journées de manifestations. Je rentre - douche, et m'invite au resto des "Palmistes" où je dîne d'une terrine et d'un fameux "Blaff" (de poisson) que Gyslaine cuisine, bien entendu. J'aperçois Murielle qui m'annonce entre autre aller à Nice fin décembre. Rochevillois, j'attends votre autorisation par retour pour lui donner votre adresse afin qu'elle passe vous donner des nouvelles du pays). La patronne du resto est une "charmeuse" qui, après que je l'eus complimentée de son sourire, me tapotait gentiment la joue. Le patron est, en autre, un macro qui sort de tôle. La responsable chef est une lesbienne de classe, aux cheveux courts et blancs, cigare au bec, jean et baskets - Ambiance très typique.Je manque de sommeil ces derniers temps - dodo !

Vendredi 23 novembreLa course aux encaissements a commencée.

Samedi 24 novembre9h. RV avec Marlène pour faire un entretien hebdomadaire de piscine. Elle est assez

simplette et ne comprend pas très bien malgré de nombreuses explications - pas toujours facile de garder son calme... mais je m'y efforce.12h : déjeuné de pâtes préparées par GhislaineContemplation de quelques photos de Ghislaine. Cette jeune fille est sympa et très propre et cherche un appartement pour le mois prochain. Maison à 20h. Ti-punch, chat sympa.23h au Palmiste, et on passe prendre une amie très jolie, Nathalie, d'origine Libano-Guyano-Indou ! Et petit tour au "New 106" et bonne nuit.

Dimanche 25 novembreLevé vers midi 1/2 - petit dèje et sieste au soleil jusqu'à 15h. Durant ce temps,

Ghislaine s'affairait à nettoyer, ranger et fleurir la maison avec de nombreuses plantes. En soirée, on se tape une toile tous les 3 pour voir "Vive les femmes" ; bonne détente. Dîner

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chinois. Une rare douceur : "un pastis accompagné d'une cigarette blonde" - ben oui quoi ! Pas trop bon goût, mais sensation agréable. Bien dîné de Nems et porc aigre-doux, sorbet coco café. En rentrant le chat nous accueille, une mygale aussi. Je caresse le chat et écrase l'araignée. C'est pas juste !

Lundi 26 novembreMaquette publicitaire pour la publicité sur France-Guyane (le journal) de nos piscines

démontables que nous exposons durant 4 jours à une petite foire organisée par la Chambre des métiers et qui aura lieu du S 15 au mardi 18 décembre. (Je viens de me rendre compte que je me répète : c'est dû au fait que la 1ère feuille a été faite avant le 24-12).Le chat est toujours aussi fidèle. A part ça, petites scènes sans importance, à propos de rien. Je suis calme et stoïque car je m'en fou !(Ca doit être énervant pour les autres). Ecritures - Ti-punch - discutions avec chat - un miaulement pour dire bonsoir, un autre pour sortir. Très, très propre. Vraiment bien et pas emmerdant lui !

Mardi 27 novembreRoutine et mercredi 28, levé en retard.

Toubib pour 2ème injection antitétanique et polio et boutons sur l'épaule : purge semestrielle avec fluvernal. Journée morte. Très mécontent de moi. Ecritures après avoir dîner vers 19h - dodo à 21h30 (lecture)

Jeudi 29 novembreA midi, ces deux demoiselles m'ont préparé un bon repas. RAS.

Vendredi 30 novembreRangement de l'atelier - y en avait bien besoin.

Philippe est venu, et nous dînons d'un poulet sauce suprême après quelques tournées de ti-punch - dodo

Samedi 01 décembre Une "matoutou" (mygale) sous le journalier du bureau de notre secrétaire - déjà qu'une souris vient remuer la terre d'une plante qui s'y trouve, là s'en est trop ! - je la mets (la mygale) dans un bocal avec du rhum pour vous la montrer à ma prochaine visite."Jodla pas gain soleil" (pas de soleil aujourd'hui)"Té gain" : il y avait et "Ké gain" il y aura.Genre de fourmis volantes à 4 ailes très fragiles qui défilent par centaines. C'est bizarre ; les bestioles se rassemblent souvent et on voit des nuées de cafards ou papillons ou moustiques...Dîner de blaff au Palmiste avec Philippe ; Ensuite 1/2 heure de boite pour digérer, et on repasse prendre Ghislaine pour aller au baptême de son neveu.L'ambiance battait son plein en arrivant, et un contact sympathique c'est rapidement établit avec tout le monde, dont les parents de Ghislaine.C'est seulement vers 3h du mat' que je m'aperçus n'être que la seule personne de peau blanche. Ca ne m'était pas venu à l'esprit auparavant. Méchoui, grand service - tour au "106" et engueulade - je rentre. A son retour, ré engueulade, valises et raccompagnée chez elle.(3-4 heure du mat) En arrivant, panne d'essence, et je mets quelques gouttes qui restaient du jerricane mais ne peux repartir. Alors, je m'endors dans la voiture, sous un soleil tapant déjà très fort, transpirant à grosses gouttes afin d'attendre que le carburateur soit sec, pensant avoir noyé le moteur. Vers 10h, dépannage par un voisin qui tape sur le carburateur : la jauge s'était bloquée. Ghislaine était venue me rejoindre, alors je l'emmène récupérer sa moto en ville.

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Retour à la maison. Je m'allonge au soleil, et Nathalie arrive. Je l'emmène à Matoury pour déjeuner au repas du baptême chez les parents de Ghislaine et finis par y rester, l'ambiance étant sympa. Banquet très agréable et très copieux : volailles, viandes, sauces poissons, colombo.... - repus ! Ensuite vaisselle. Nous devions être environ 40. Dominos, regards sur quelques photos de famille. Rentré vers 18h et dodo. Relevé pour dîner d'Atipas (poissons) dodo.

Lundi 03 décembreBeau soleil - bonne sieste.Renversé une jeune fille à vélo qui me coupe carrément la route ; j'eus une peur bleue,

mais "pas de bruit" (pas de mal) juste une roue de vélo cassée, , et je la ramenais chez elle. Une semaine avant, j'évitais de justesse une mobylette qui me faisait le même coup. C'est fréquent ici, vu le nombre de cyclomotoristes, et l'imprudence de ces derniers.Souvenir : Je faisais des remarques gentilles à Lucien lorsqu'il était mal habillé et négligé, lui expliquant pourquoi il devait faire des efforts de tenue vestimentaire ; et je le revoyais l'après-midi, bien sapé, et le félicitais de sa tenue. J'étais content pour lui. Il avait un peu d'ambition et cherchait à se prouver qu'il n'était pas plus con qu'un autre.Mardi 04 décembre

Pluie - Matinée au bureau, car la secrétaire était absente. Elle était convoquée chez le juge d'instruction pour témoigner sur une affaire de 2 ans, je crois, sur un meurtre qui se passait dans son restaurant à cette époque ; son cuistot énervé avait tué quelqu'un et elle dû fermer boutique et paye encore aujourd'hui les pots cassés. Quel bordel, j'en apprends tous les jours ! La femme de Lucien est venue au bureau avec sa petite fille pour un papier. Peu de mots échangés.

Mercredi 05 décembreToujours la flotte ; il va falloir s'y habituer.

A midi chez le dentiste pour prendre une empreinte de l'emplacement de la dent manquante, et qui détériore mon joli sourire ! Journal - dîner - dodo.

Jeudi 06 décembreTour en boite ; bonne suée.

Vendredi 07 décembreJe fus choisi par mis les 25 exposants pour représenter les artisans et parler en leur

nom sur les ondes de RFO prévu pour le samedi 18. Quel honneur !La moto ne partira, au plus tôt que le 04 janvier, cause que Gilles n'a pas porté la clef de celle-ci à temps, bien qu'il me l'ait dit ! Je suis vraiment très en colère et très vexé de ne pouvoir l'avoir pour les fêtes (aujourd'hui la colère est tombée, mais quand même !) (Pas de courrier de mes frangins non plus, heureusement que ma p'tite Mère, William, mes p'tiotes belles sœurs, ma nièce, Françoise et mon amie Chantal m'écrivent, sinon.... J'en profite pour vous en remercier)"Touffé" de requin chez Charly avec des amis de la secrétaire; Délicieux. Bien arrosé. Je décoince vers 10h15 pour aller chercher Félix à l'aéroport et revenons finir le touffé. Tour au "106" et "biguine club".Bonne soirée. Un peu de décontraction, mais surtout du boulot.Plein de gros bisous - A bientôt - Gérard

JOURNAL N°22

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Cayenne le mercredi 23 janvier 85

Savez-vous lire à l'envers ?

Non ! Alors placez-vous devant un miroirCa en vaut peut-être la peine :

J'en reparlerai en fin de journal !

Samedi 08 décembreBureau avec Félix. Marlène n'est pas venue au RV pour faire les entretiens de piscine.

Dîner d'ailerons de dinde ratatouille avec un Beaujolais nouveau 84 de chez Georges Duboeuf (jolie bouteille peinte) que Félix a rapporté de Martinique. Extra - Petit tour au "106".``Dimanche 09 décembreDéjeuner chez Christiane (la secrétaire) : Pizza et gigot préparé par Ghislaine et le soir, salade niçoise. Je montrais à Nénette, la fille unique de 15-16 ans de la secrétaire, comment on fabriquait cerbacanne et fléchettes lorsqu'on était gamin, et qu'on éclatait avec, les ballons d'un petit vendeur de cacahuètes, en descendant le pont des amours à Annecy sur nos patins à roulettes !

Lundi 10 décembreChangé spot d'une piscine d'une des plus grosses fortunes guyanaises. Dîner d'un bon

blaff.

Mardi 11 décembre :L'émission de radio est reportée à samedi. Nous sommes dans une mauvaise passe ; et

soit nous nous en sortons avec la foire et ces suites, soit nous fermons ! Ca va sûrement décoller ! Peintures des panneaux publicitaires pour l'expo ; le chat me regarde et apprend à peindre, puis il se ré-endort. Comme il s'est blessé à la patte hier, il couchera à la maison ce soir. Des plantes de plus en plus grandes dans l'appartement. C'est joli. Dîner salade composée et entrecôtes.En revenant le midi, je découvre un mot de Marlène : "Je m'en vais définitivement - merci pour tout" - (je citais) Je crus comprendre à travers ce mot qu'elle s'était bien habituée à ma présence et que celle de Ghislaine devait lui déplaire.Je perds quelqu'un de bien !

Jeudi 13 décembrePeinture des lettres sur les panneaux en fond noir. Installation de la piscine de

démonstration à la chambre des métiers. Sieste agréable. Dîner à la maison en compagnie supplémentaire de Jean-François arrosé de 2 bouteilles de beaujolais nouveau (faut en profiter tant qu'il a l'appellation) Tour au 106 bien dansant.

Vendredi 14 décembre :Peu de temps pour les écritures; vous avez dû vous en rendre compte. Levé 8h ; Lettres

sur panneaux : 2 propositions : "KIT de diam. 4,60 m complet pour 15 000 frs, et piscine

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démontable installée, complète de 10m x 5,50 pour 35 000 frs". Suivi de travaux sur une petite piscine. Déjeuné d'un petit pain et coca à 15h. Il faut que cette foire marche. On termine l'installation à 23h30 pour se lever tôt. Douche et dodo.Samedi 15 décembre

Debout à 6h45 pour fignoler les préparations de l'expo ; Inauguration à 9h.Ouverture au public à 10h et interview en direct sur RFO à 13h30. Dèje et petite sieste rapide à 14h30.Re-foire. Touches intéressantes, mais touches seulement. La pluie juste en soirée - pour l'instant, faut pas trop se plaindre. Je termine la soirée chez les parents de Ghislaine à la fête organisée en l'honneur du mariage de sa sœur. Toujours le seul métro à bord.

Dimanche 16 décembreRefoire bien sûr. Beau temps : merci ! Nombreuses touches, et quelques signatures.

Alors, on va arroser ça dans un bon restaurant sur la route des plages, en compagnie de Ghislaine, Nicole (une copine de passage) et la charmante et très sympathique Marie-Joe, élue dernièrement "Miss Guyane" (croyez-moi, elle mérite son titre !) ; et comme c'est son anniversaire demain, on termine par un sabrage de 2 bouteilles de champ au 106... et youpi - bon dodo.

Lundi 17 décembreBons contrats à la foire. Déjeuner chinois et dîner brésilien avec Félix.

Mardi 18 décembreQuelques contrôles de la piscine du préfet. Cocktail en fin de foire. Les contacts entre

exposants et responsables étaient très sympas.... d'ailleurs, un dernier petit groupe termina la soirée dans la fameuse piscine de démonstration - je dois en vendre une petite au secrétaire principal de la chambre des métiers. Je fus raccompagné par Mme ROY ; Une charmante métro qui perdit son mari, il y a quelques mois (j'étais déjà là), lorsqu'il fut tué par balles, chez eux, par des "Rastas" Guyanais dont 2 de la bande habitaient au dessus de notre bureau.La Guyane recèle de nombreux cas, quelque peu "spéciaux".

Mercredi 19 décembre6h : Je raccompagne Félix à l'aéroport, et retourne plier bagages à la chambre des

métiers. Pompage et démontage de la piscine de démonstration. Pluie aujourd'hui - mais il a fait beau pour la foire - merci !

Jeudi 20 décembreDebout 6h. Nombreuses prospections : 6 contacts revus sans rien au bout et la pluie

torrentielle par là-dessus. Demain ne pourra être que meilleur. Enervé par le "maçon" que Félix a "ramassé" à la foire pour faire une plage (entourage de dalles d'une piscine) chez un client. Il fait du travail dégeulasse et de plus ne tolère pas les reproches pourtant très justifiés ; Il n'est pas à l'heure au RV - Il trouve que 4000 frs pour 4 jours de boulot à 2 n'est pas assez payé (alors qu'on donne 120 frs/jour à un Haïtien). C'est vraiment un navet incapable, et con à la fois ; et surtout dont j'avais dis à Félix que ce type là ne me paraissait pas du tout à la hauteur. Assez parler boulot,... on n'en finirait pas.Mes nerfs tiennent bon, et je vais me mettre davantage à la vente, et former mon pot Haïtien nommé Edouard (Merci Dieu de son prénom) pour la pose des piscines. Pas vu les représentants attendus. C'est très courant ici d'attendre les gens.... car comme dirait Gilles, c'est gens là n'ont qu'une parole, et c'est pourquoi il la reprenne à chaque fois.Ici, on se tutoie très facilement, après 5mn de conversation.

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Vendredi 21 décembreMerci-Dieux (EDOUARD l'Haïtien), me fait un petit trou devant le bureau pour y

installer la piscine de démonstration : ce sera une bonne pub. A présent, j'ai vraiment bien appris à danser le "cha-cha", le reggae aussi, et je suis le roi de la biguine (enfin presque). Deux "contacts" qui ont signés pour des 10 x5,5 (comme je disais hier, aujourd'hui ne pouvait être que meilleur). Travail de la "plage" de plus en plus dégeulasse et j'eus un accrochage sérieux avec ce maçon de mes 2 ! Il me faudra faire poncer entièrement les carreaux et refaire certains travaux. Pour sûr, on trouve ici un tas d'incapables mais se prenant pour des "pros".`"Cayenne ville propre" : une poubelle plastique fermée sur roulettes dans chaque maison - c'est bien!

Samedi 22 décembreJe livre du chlore à Mr HO A SIM président de la chambre des métiers, et propriétaire

d'une grande bijouterie en ville, à laquelle j'avais confié la bague de papa pour la faire ressouder (après les suites de l'accident de Hure) Je la récupérais toute belle, ajustée à mon doigt et brillante comme un sou neuf. J'en suis très fier.Tour à la plage vers Montjoly de 14h30 à 16h. Au soir, en rentrant, je vais chez le chinois faire de grandes provisions. En revenant, je me sens patraque ; douche, je m'allonge, et demande à ne pas être dérangé". C'est simple, pas difficile à comprendre ! Marylène (l'orthoptiste) passe dire bonjour, et Ghislaine me réveille d'un bond. Fallait pas, alors je gueule. Marylène laisse un mot et s'en va. Je répète à Ghislaine que je suis malade, et souhaiterais me reposer. Elle m'envoie chier. Comme je ne tolère pas le non-respect du sommeil d'autrui, je la somme (avant de l'assommer : juste pour le jeu de mot, maître Capello) de faire ses valises ; comme elle n'est pas d'accord, je force un peu les évènements. Je la laisse à sa moto, et déposes ses affaires chez ses parents. A 22h, je m'offre une toile, ayant très envie de voir "Super flics" avec Terence Hill et Burt Spencer - "Complet" - Alors j'insiste lourdement, comme un gamin qui sait ce qu'il veut et ne lâche pas prise, usant de mes plus beaux sourires. Je les amuse, et ça marche. J'ai une place sur la moquette. Cinq minutes après, des gens s'en vont, alors je me retrouve confortablement assis devant mes 2 flics sympas. Bien rigolé. Je rentre à la maison tranquille, détendu, et écris ces quelques mots sur mon carnet, allongé sur le lit, avant de faire un gros dodo. Que c'est bon l'indépendance si ce doit être des gens "négatifs" qui vous entourent !Bonne nuit(En revanche, j'arrive donc pour revoir les gens que j'aime. A vrai dire, je décolle le jeudi 7 à 19h50 pour arriver à Orly le vendredi 8 à 11h30.Je visite le salon de la piscine vendredi et le samedi. Je serais donc à Poitiers dans la soirée et pense, par conséquent souper chez p'tite Mère le samedi 09 février. (Si le froid ne m'a pas gelé) Comme normalement (du moins je pense) mes deux frangins sont à Nice, cette fois je tâcherai je faire le voyage sur la côte enneigé. Ce sera une courte visite de deux semaines car je repartirai le jeudi 21 mais c'est toujours ça ! Je brûle d'impatience de vous revoir.A bientôt Gérard

JOURNAL N°23

Cayenne le mercredi 30-01-85

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HOUS !

Je ne suis pas sûr de l'orthographe, mais c'est ainsi que se prononce le salut au karaté (sport que je pratique depuis le début d'année - on en reparlera donc au journal).Le jour "J" du départ approche, et mon impatience grandit.... mais revenons à nos boutons... de moustiques en ce

Dimanche 23 décembre Bien dormi ! On termine le montage de la piscine de démonstration au magasin, avec

"Merci-Dieux" que finalement j'appelle Edouard. Je me suis un peu enrhumé C'est un peu normal à Noël,... malgré nos 30° et un soleil magnifique.A piétiner dans la terre, nos pieds sont "bouffés" par les fourmis rouges ; elles sont petites, mais mordent bien.Lavage fringues et vaisselle. Je reprends mes apéros de jus d'orange, à cause de mes aigreurs d'estomac ! Ghislaine est passée prendre quelques bricoles restantes... pas un mot. Après un traitement de 15 jours, mes yeux sont calmés.... et comme il me reste 3 boites de collyre de rab dans le frigo, je suis paré.L'interview s'est bien passé, et on m'a même aperçu à la télé auprès du représentant du préfet et du président de la chambre - je me place - Je remercie donc le "soleil" d'avoir été au rendez-vous durant 4 jours d'expo.Je "claque" une mygale de temps en temps, elles font en moyenne 5 cm ; mais j'en ai vu de belles exposées sous cadre en verre qui atteignaient environ 18 cm et dont le corps même faisait 5 cm. Les mâles ont 4 crochets et les femelles 2.

Lundi 24 décembreInstallation de la filtration de la piscine de démonstration. Ca marche ! Nombreux

accidents devant le bureau à cause de l'ouverture d'un tronçon provisoire. Les gens roulent doucement, mais sont j'm'en foutistes. On voit souvent des femmes en mobylette avec un petit devant entre ses jambes et un autre derrière sans protection... Les casques sont quelques fois tenus en main, mais quasiment jamais sur la tête. Les flics sont relâches et ont chopé le virus du Pays.Ca pétarade de partout depuis déjà 15 jours ; beaucoup de pétards et fusées en ces périodes de fêtes.Je me mange une petite salade de soja et maïs ; fais une brève digestion sur le "plume", et vers 21h30, je me prépare pour aller au réveillon, notamment entre artisans de la foire expo. (La plus grande partie des gens n'est pas venue ; toujours le même principe des paroles en l'air...) mais on a tout de même bien bu et mangé... et zouké (dansé : faut vous faire au créole). Je me "fais" vraiment bien aux familles d'ici (malgré leurs gros défauts) et suis bien accepté (toujours très "caméléon"). La belle-famille des gens chez qui j'étais invité est du Guyana (ou Surinam), je ne sais plus très bien ! ) Et je m'égosillais à jaspiner l'English-Créole... quel boulot ! Vers 2h30, sans attendre le petit cadeau qui m'était destiné (ils savent recevoir !) je salue l'assistance pour me rendre au "New 106", malgré une légère fatigue. J'y retrouve entre autre Nathalie et Ghislaine qui m'accueillent très gentiment. Funky, biguine, rentré et bon dodo.- Noël -

Levé 11h après une agréable "grâce matinée". Petit dèje de "Bonjour" (bonjour ! bonjour ! jourbon ! salut !) pas mauvais ! Comptabilité dehors, torse nu sous un beau soleil. Ca vous emmerde, hun ! - jaloux ! L'expression "salope" plus souvent dite "isalope" est ici, très courante et dite dans un terme plutôt amical - faut s'y faire !

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Déjeuné de sardines, soja, maïs, concombres ; Puis viande avec haricots rouges. Sieste agréable et au soleil jusqu'à 17h. Café et bureau pour enterrer l'alimentation de la filtration.Apéro chez les parents de Ghislaine qui m'offre une jolie chemise-veste (j'en demandais pas tant). Discussions créoles avec le paternel et le tonton Robert complètement éméché. Dîner façon chinoise. Terminé le journal 21 et dodo à 22h30. Nuit des moustiques et chasse à 3h du mat'.

Mercredi 26 décembreToujours une très très longue queue à la Banque qui se permet de fermer plusieurs jour

avant les fêtes. Je lave la 4L toujours pleine de boue- Boulot -

Jeudi 27 décembreTravaux d'entretien très difficiles à la piscine du préfet. L'eau est boueuse de latérite à

cause de certains travaux de la ville et il sort de la boue même de la bouche d'incendie. De l'eau épaisse et marron sort des robinets ; il nous faut dont la "floculer" et la traiter énormément pour arriver à un résultat à peine satisfaisant. L'expression "HAN-HAN" se dit pour dire oui ou non selon l'intonation que l'on y met - d'origine surtout antillaise ; J'ai vite adopté cette manie.Vendredi 28 décembre

Mis sur mon "31" : costar gris clair, chemise blanche, cravate bleue, épingle à cravate de Papa, chaussures cirées, pour aller voir Mme Dain (le fondé de pouvoir de la BNP) afin de lui demander de repousser l'autorisation de débit d'un mois....Accepté... je desserre la cravate.Enervé par le boulot, obligé de réparer un court-circuit, en rentrant à la maison, pas de bouffe de prête, alors un ti-punch dans le gosier et je m'invite au "chinois" d'à côté. Re ti-punch, nems et canard laqué, bien arrosés. La musique douce, seul dans la salle, détendu, tranquille, je prépare mon emploie du temps pour demain. Glace au café. Café à "la Croix du sud" : petit resto dont la serveuse Véronique, va sans doute reprendre la gérance. Cette jeune métropolitaine est vraiment très sympa et a beaucoup de caractère. Elle est à Cayenne pour y attendre le verdict du jugement de son père, incarcéré pour le casse des dollars de Nice qui a eu lieu il y a quelques mois - on connaissait déjà la femme à Mesrine que Gilles nous avait présenté à la Réole). Et ce qui est amusant, c'est que cette jeune fille blonde, en regardant mes photos de famille, a reconnu Gilles d'une façon affirmative ; l'ayant déjà vu alors qu'elle travaillait dans un bar de Nice. Je l'ai cru aisément !!! Mais je n'ai pas connu de bonnes sœurs qui connaissaient Gilou ; qui sait ? Ça peut venir ; On change parfois en vieillissant. Sacré Gilou va ! Tu pourrais devenir un grand acteur de cinéma avec tes allures de Johnny, Gabin, Bebel, Ventura... il ne manque qu'un vieux pionnier pour couronner tous ces "grands du cinéma". Il n'est jamais trop tard pour se refaire, même à 70 ans, alors il nous reste encore du temps pour y songer sérieusement.Je suis certain que nous pourrions être à la hauteur de grands rôles, mais ta présence pour nous frangins, serait in-d-i-s-p-e-n-s-a-b-l-e. Le fait de filmer les joueurs de pétanque serait peut-être une bonne entrée en matière. (J'arrive, alors nous en reparlerons).(Les frères "Jackson" du cinéma- je rigole tout seul)Bavardages, donc avec Véronique puis "106" et "Méga hertz" - dodo.

Samedi 29 décembreJ'attends toujours des RV qui ne viennent pas. Dîner léger après quelques écritures, et

je m'allonge à 21h30.

Dimanche 30 décembre

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Fais le tour de la pendule et debout à 10h.Lavage - douche - petit dèje - écritures - détente. Déjeuné de poulet au vin - 14h : plage.Dîner d'acras à 18h avec ti-punch - Ciné : "Indiana Jones" à 20h. Je ne m'attendais pas à éclater autant de rire ! Ensuite, resto chinois : ti-punch, nems, beignets de crevettes ; à côté du ciné ; pas bon - tout était du surgelé. Tour au "106". Belle suée. Biguine pour la première fois avec une "métro", d'ailleurs très jeune et fort sympa. Bonne soirée.

Lundi 31 décembreLes taxis prennent plusieurs clients à la fois. Arbre devant la maison dont on fait

griller les noix (de cajou) que vous connaissez. Edouard vit dans des baraquements où je me suis hasardé, avec d'autres Haïtiens. Une sorte de bidonville (il y en a beaucoup pour abriter ces pauvres gens)Livraison de 10 fus de chlore à la "Pappi", boucherie industrielle. Déjeuné de salade et poulet. Petite sieste d'une heure habituelle. A 20h au bureau pour souhaiter la bonne année. 21h : dodo jusqu'à 23h30 et habillage rapide pour aller réveillonner chez les parents de Ghislaine qui m'avaient gentiment invité. Pas grand monde encore, mais l'ambiance est venue doucement s'installer. Couscous, whisky, sabrage de champagne. Je garde la cage et donne l'oiseau à Sylvie, une agréable Guyanaise qui lorsque je lui parle me répond : "N'importe quoi ! ". Ce qui, d'après ses explications, ne voudrait pas dire que je dis n'importe quoi, mais qu'elle ne sait pas quoi répondre.De temps en temps, elle remplace cette expression par "waï", qui signifie la même chose... la conversation est très brillante !!!4h : je termine la soirée au "106" : surtout biguine et cha-cha (je vous en montrerai le pas). (Toujours le seul "blanc" de la cérémonie). Je m'intègre à tout : la danse, la bouffe, les gens mais moinse (on prononce le "s") à la lenteur de ces derniers. Couché donc le 1er janvier vers 7h du mat. Nous reprendrons la suite à mon retour de France.

Mon impatience grandieJe n'aurai la moto que demain et n'en profiterais donc qu'une semaine. Je fais le voyage en compagnie de Philippe (l'étudiant de Kourou) jusqu'en Martinique, et la suite avec Barbara, une ravissante Guyanaise (blonde à peau blanche) qui suit des cours théâtraux à Paris en vue de faire du Cinéma professionnel. Le voyage me semblera donc moins long, mais la joie de vous revoir prime sur tout le reste. Il est 14h, alors je vais déjeuner avant ma sieste locale. Je vous fais de tous petits bisous avant les GROS qui vous attendent. Votre "toujours et néanmoins le même" Gérard... ou presque !

Et ce journal n°23 fut le dernier.

J'ai continué mes notes sur un petit carnet du 1er janvier 1985 au 7 mars.Je débarquais définitivement en France le 19 juillet 85. Alors faisons un dernier bout de Guyane ensemble, et reprenons en ce :

Mardi 1er janvier 85

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Nous y voici !Levé vers 12h30. Bol de chocolat - Douche.14h30 : Sieste au soleil d'une heure. Après temps maussade. Déjeuné de poulet, salade et patates réchauffées. C'est bon ! Ecritures et dodo.Ghislaine s'en va voir sa famille. Je lui demande de me laisser seul ce soir -(comme dis la chanson) WaÏ ! Toujours la vaisselle au savon de Marseille et la toilette à la douche froide. Bien habitué.Je compte aller au Ciné ce soir et Karaté samedi. Glace au Palmiste et à 19 h "Deux heures moins le quart avant J.C." au Rex. Un film bidon dans un bidon ville. Serrault joue bien. Rentré à 21 h. J'ai fumé en fin de soirée. Peu, mais trop à mon goût et j'en eu très envie ce soir, jusqu'à aller demander à un passant une cigarette.

Mercredi 2/01Déjeuner à l'Accacia, près de la crique d'un plat nommé "Calalou" : Queue de cochon, épinards, lard, poisson. De la bonne bouffe maison antillaise. "Y salopp".Après avoir capturé un Iguane, apéro chez Marcelle et vu empailleur qui empaillera cette bestiole pour 200 à 300 frs, mais pas avant avril.Dîner d'un couscous rue Deveze. Au retour, Ghislaine était dans le hamac. Alors sortie au 106. Marie-Jo était là. Alors biguine - biguine. Dodo à 2h30.Samedi 05/011er cours de karaté. Aie aie aie les jambes.

Dimanche 06/01A la mer avec Marie-Jo.En soirée, 106. Bien dansé - comme d'ab. Tirage des Rois ; Ghislaine couronnée. Cramponnade avec Ghislaine tout le trajet du retour. Elle dormit dans le hamac. Je la croisais le lendemain ; pas un mot. TERMINÉ ! Pas trop tôt (elle faisait mal la vaisselle)

Lundi 07/012ème cours de karaté de 19 à 20h30."Je n'ai pas de regrets... mais j'ai quelques remords"(lettre à William).

Vendredi 11/01Après plusieurs essais pas très concluants, le poulet de ce midi était enfin excellent. En voici la recette : Découper en petits morceaux et bien faire revenir nature. Ajouter 2 concombres et 2 verres d'eau - Girofles - Bois d'Inde - Thym -Laurier - Piments - 3 gousses d'ail coupées en 2 - 1 oignon coupé en 4 - 1 pincée de Curry - quelques gouttes de Soja - Sel - Poivre et laisser mijoter.La température a baissé aujourd'hui et, torse nu, je pense m'être un peu enrhumé.Le chat me suit toujours autant, répond quand je le siffle, et vient vers moi.Dîner d'un bon poisson préparé avec Philippe - façon court-bouillon, mais sans tomate.

Samedi 12/01Courses chez CHOU KET KIAM - mon "chinois" habituel. Karaté - Ghislaine me rejoint. Resto chinois - 106 - ail ail ail

Dimanche 13/01Déjeuné d'accras et féroce avec Véro, Marie-Jo, Bruno, Olivier et Philippe.Ensuite, plage tous ensemble. Bains de boue... mais allongé !

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Lundi 14/01Il fait très chaud alors que j'apprends par Chantal qu'il fait - 17° à Poitiers, qu'il neige à Nice, qu'il fait - 30° en Haute Savoie et - 40° en Suisse ! C'est bête hein !Karaté en soirée.

Mardi 15/01Mort d'un serpent.

Jeudi 17/017h30 à "Degras des Cannes" pour charger les 21 fûts de Telcotar, sortes de bitume, soit 4,8 T avec Christian Bajoe pour emmener tout ça à St Jean après St Laurent du Marony au GSMA (QG militaire) En effet, nous avons traité la vente d'un revêtement de tennis, en bitume, pour le GSMA, avec l'accord du lieutenant Morellini (Cent mille francs ; 10 millions de centimes pour Maman)50 % à la commande et le solde à la Mise en service.Finalement, nous ne sommes pas partis avant 10 h de Cayenne, faute de papiers manquant pour le dédouanement - les fûts arrivaient de France.Donc obligé de retourner les chercher chez le transitaire "la Sognitrans".Arrivée à 14h15 à St Laurent (250 km) avec le 12 tonnes pour déjeuner au "Toukan" (nom d'un bel oiseau local, style de perroquet mais avec un énorme bec).Ensuite direction St Jean du Marony et déchargement, aidé par l'armée.Bière(s) avec le lieutenant, et repris la route vers 17 h. Quelques arrêts ti-punch en route, et sympathisé dans un bar avec un petit vieux nommé Edouard Bassefour, chez lequel on est allé pour boire quelques punchs de sa préparation. C'est facile à trouver : avant Iracoubo, sur la droite, fléché "Bassefour".Il s'éclaire au groupe électrogène.Ce type a environ 70 ans, est là depuis 18 ans, après avoir passé 18 années à Kleber Colomb à Paris, a laissé sa femme et son fils déjà très grand pour retrouver, seul, sa Guyane natale. Il y cultive des ananas. A chacun sa vie ! Deux autres arrêts à Simanary - de plus en plus typiques ! Je téléphone à la femme de Christian pour lui demander de nous rejoindre avec de l'huile pour le camion. Histoire de lui faire croire qu'on était en panne parce qu'on avait traîné un peu. Quel cinéma !Arrivée à 3 h du mat - dodo !

Vendredi 18/01Bureau. Sieste au soleil. Dîner de poulet pimentade avec Marylène et Philippe. Tour au "New 106". Couché 3h30 ! Pas sérieux.

Samedi 19/01Bureau et travaux avec Edward (Merci Dieu)? Rentré 13 h. Dèje et sieste prolongée. Karaté en soirée.9h20 - Marylène arrive, va se doucher et revient pour dîner chinois. Contre-ordre, on va dîner avec Philippe au "Paulista" "Estep et File" (je recopie mes notes sans me souvenir de ces noms)Rencontre de "Charley" qui va dorénavant vivre au Brésil. Il nous présente une carte de sa "maison de passe" à Belem avec des gagneuses de 14 à 18 ans maxi. Tournée de whisky à la "Croix du Sud" et "106". Couché à 5h.

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Dimanche 20/01Levé 13h30. Vaisselle et dèje de Banania. Sieste au soleil. Café à la "Croix du Sud". Début du défilé "Touloulou". Je reçois une poignée de farine par les fêtards et vais au bureau, encore plus blanc.

Au retour, re-sieste et préparation de cuisses de poulet sauce pimentade améliorée. Journal et dodo.

Lundi 21/01Travaux divers. Karaté. Poulet, ratatouille réchauffée. Ecriture et coup de klaxon : visite de Véronique et Marie-Jo qui m'entraînent au 106. Sympathisé avec des métros. Fini leur bouteille de whisky et dansé un bob. C'est rare. Très bonne soirée qui s'achève à 3h30.

Mardi 22/01Ne parlons pas de la matinée !"Jodla pa gain soleil pièce", mais il ne pleut pas. Sieste au soleil, tout de même. Travaux chez "Thébia", un client et discussion très agréable avec sa très jeune fille "Marie-Claude" vraiment très jolie. La bise et RV à vendredi. Courses chez le Chinois. Dîner de foie de Morue persilléeFini journal n°22 et dodo après cachet palu et 2 néo-codion.Mercredi 23/01Bureau - Prospection - Dentiste pour ré empreintes. Au dîner, je me fais frire un bon poisson après l'avoir laissé un peu macérer dans un jus de citron (vert forcément) sel, poivre, un clou et gousse d'ail. Enlevé tête, queue et arête dorsale et roulé dans la farine. Cuit 5 mn à feu vif.

Jeudi 24/01Idem. Tél à Félix. Vendu une piscine en Kit de diamètre 7,30 - 18 000 cash - Karaté - Compta - Bilan - Bonne petite fricassée de poulet. Mère a téléphoné ce matin, c'est gentil ; et j'ai appelé Dany et Félix.

Vend 25/01Bilan au 24/01 - Inventaire -Vérification des fiches - nombreuses erreurs. " Thébia " en soirée. Longue et agréable discussion avec Marie-Claude à qui je prête le livre de Dale Carnegie. Dîner avec Philippe et 106 !

Samedi 26/01La moto (Custom VF 750) commandée à Poitiers, n'arrive qu'aujourd'hui - mais quand même !. Le temps du débarquement et je l'aurai mardi ou mercredi. Entretien chez Thébia. Dentiste : pas au RV. La secrétaire sera absente la semaine prochaine (perturbée) et je préviens Valérie. Karaté malgré mon kimono qui trempe. J'emprunte celui d'un collègue. Dîner de gésiers-concombres. Habillage et RV à la Croix du Sud avec Véro, Marie Jo, Isabelle etc.… ainsi que des bidasses, pour aller au " Pénitencier ". Très calme mais bien dansé. A deux heures, soupe à l'oignon et je servais quelque peu au bar. L'ambiance est sympa, et pensant à mes frangins, je leur chante un peu du répertoire sans oublier "Sophie". Très bonne soirée changeante.

Dimanche 27/01Levé 12h30. Ecritures sous un ciel voilé, mais il fait bon vivre. Petite sieste avec un léger rayon de soleil. Vers 16h, on se prépare pour aller boire un café à la Croix du Sud et regarder défiler les " Touloulou ". Mélange à la foule. Je récupère les clefs du bureau chez la secrétaire.

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Elle était beurrée et me parlait de ses soucis d'argent. Whisky à la Croix et dîner de foie de génisse persillé à la maison. Je m'endors pour me réveiller, me déshabille et me rendors.

Lundi 28/01Debout 7 h pour aller chercher Valérie en remplacement de Christiane, la secrétaire. (J'ai noté sur mon carnet : Barbara 36 20 45 et Sarah 31 76 71, leurs numéros de téléphone, mais ne me souviens plus aujourd'hui de ces personnes !) Déjeuner à l'Acacias " avec Philippe. 19 h Karaté. 2 tranches de foie avec haricots rouges. Compote. Je fume un peu trop ; alors je décide de ré-arrêter à mon retour le 21/02.

Mardi 29/01Après le boulot, j'écris le journal n°23 et dîner de foie. Le chat joue avec les grenouilles. Je me sape et " 106 ". Biguine, entre autre, avec " Super Kiwi " (une vedette !).

Mercredi 30/01Moto prévue pour demain. Travaux divers. Dentiste " ça y est, je suis tout neuf ". Un dernier scellement vendredi. Grandes courses chez le Chinois. Dîner de poulet cuit à l'eau avec de nombreuses aromates (délicieux)

Jeudi 31/01Moto encore reportée à demain. Les affaires : " Jacquemin " est passé hier déposer 5 000 frs (solde en février) " Henry " 14 200 frs. Le " GSMA " vire 50 000 frs demain pour leur terrain de tennis de St Laurent du Maroni. Dîner de cuisses de poulet - Karaté - trois principaux profs, dont ce soir, Lisette, une charmante chinoise, ceinture marron (qui a beaucoup de Kimé !) Une dure à cuire très souriante à la fois. Je trouve très agréable cette petite femme mince et nerveuse.

Vendredi 01/02Réception de la moto à " Degras de Cames " enfin !! (pneu dégonflé !) Fini au 106 avec Philippe.

Samedi 02/02Bonne journée : déjeuné avec Marie-Claude sur la route des plages, et en soirée, au 106, connaissance d’Anne Paradis. Très bonne soirée.

Dimanche 03/02" Touloulou ". Dîner à la Croix du Sud. " 106 " : un peu mort, mais bien valsé !

Lundi 04/02Déjeuné de Colombo à la maison avec la ravissante Anne. Tour à la plage. Bon après-midi ; Bureau : aperçu Barbara - Karaté - Maison, vaisselle, prêt à manger et Marylène arrive, pour " étudier " (ces bouquins étaient à la maison) Alors nous dînons ensemble. Dodo vers 0h30.

Mardi 05/02Bricolages. Préparations de départ. 106 seul.

Mercredi 06/02Veille départ. Déjeuné shop-sui-crevettes à la maison avec Phi. Pluies passagères. Flegme aiguë. 19 h Karaté - 106 bien arrosé et bien dansant (frottis-frottas !)Jeudi 07/02

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Levé très tard. Entretien chez Richard. Mot chez Thébia : a versé 4500 et doit reverser 10000 demain. Bagages - Rangé moto- appelé taxi. Départ maison à 18h30, avion prévu à 19h50. Départ 20h40. Escale en Martinique, au revoir à Philippe. Whisky dans l'avion avec l'équipage, derrière les rideaux (car ce n'est pas autorisé !) et whisky en Martinique en bonne compagnie durant l'escale.

Vendredi 08/02Atterrissage paris vers 11h30 ; (C'est long !) Récupération des bagages, et au revoir à Barbara qui restera 3 mois en France. Dans le taxi à 12h10. Je m'endors. (J'ai dormi un peu dans l'avion, avant le film avec Deneuve et Trintignant " Le bon plaisir ". On approche de la porte de Versailles pour trouver un hôtel. Je tombe sur l'Hôtel Vaugirard qui me rappelait de bons souvenirs. Je fais un somme d'une heure. Je revois les cafés du coin, la pizzeria SILVANO, puis passais devant les n° 15 et 35 !! Visite du salon de la piscine (pas de souvenir particulier) Mes yeux me brûlaient. J'ai tout de même pensé à téléphoner à p'tite Mère et Billam. Installé au snack du coin, je mange un jarret et bois une bière. Je m'endors toujours. Dodo vers 21h- comme une souche.

Samedi 09/02Premier réveil à 8h. Deuxième à 11 h. Je me presse. Cocard à l'œil droit !?? Commande clapets pour Bruno, téléphoné à SNTC et salon. Départ vers 14 h - métro et trop tard pour le train. Il me faudra attendre 17h30. Coup de fil à Franck (du Sphinx) pour qu'il vienne me chercher à 20h18 à Poitiers et qu'il me loue une voiture (je traîne en écrivant ces mots ; il est 16 h et le temps ne passe pas vite).17h30 : Départ pour Poitiers. Dans le train, André, un ancien client du Sphinx. Alors le voyage s'est passé au wagon-restaurant. A l'arrivée : Franck. Un bon whisky en France, et direction Sanxay avec sa CX. Embrassade, soupe et lapin en sauce. Sphinx en soirée : rencontres et retrouvailles. Michou me saute au coup, je n'étais pas encore sorti de la voiture, alors que tout le monde a eu du mal à me reconnaître. Xavier, le disquaire, a mis deux minutes au moins.

Dimanche 10/02Déjeuné à Sanxay avec Michou. Sphinx en soirée avec Mère après un dîner à Sanxay avec Patrick Teney et Joëlle. Il nous fait un spectacle bénévole au Sphinx (K7 vidéo) Dodo à Sanxay.

Lundi 11/02Levé 13h30. Nuit à Ménigoute. Dodo à 23h.

Mardi 12/02Levé 11h30 (ça fait du bien). Déjeuné à Sanxay en compagnie du peintre.Poitiers : au Crédit Lyonnais, Gauffreteau : le vendeur de la moto, Dany : Absente, Havas : ticket pour Nice ; Visite du restaurant l'Olympe tenu par Dimitri ; Bonjour à Nadia. Je revois Sandra. Retour pour dîner à Sanxay. Chez Jo (Georges Vacher) à 23h. Heureux de le revoir, ainsi que le décor (que d'heures passées). Quelques verres au Sphinx et dodo chez Jo. " Nous ferons quelque chose de grand ensemble, plus tard. "

Mercredi 13/02Levé à 6h30. Train pour Paris à 7h09. J'arrive 3 mn avant le départ ! Une loge pour moi tout seul - en 2ème classe. Je relève les accoudoirs, quitte les baskets et m'allonge. Arrivé à St

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Pierre des Corps, six jeunes s'installent. Fini dodo. Le jour se lève, et plus on monte sur Paris, plus le sol est enneigé. Je me prépare à retourner au Salon et partir pour Nice à 17h. Je débarque à 18h30. " Tété " est au RV et me reconnaît, malgré mes cheveux bouclés. Tournée de " Chivas " en attendant Bébert. Arrivés à la maison, grand accueil par les filles. Quelques apéros et nous allons dîner japonais autour d'une table munie d'une plaque chauffante et le serveur fait sauter devant nous les amusent gueules, coquilles st jacques, saumon, langoustes et légumes. Soirée dont on se souvient. Petit tour au " Gardenice ", mais refusé pour mes baskets, alors on va dans une autre boite. Pas grand monde ". Un petit verre et on ré insiste au " Gardenice ". OK cette fois. J'y apprends la nouvelle façon de danser. " Faut s'y faire " Alors, allons-y ! Il est temps d'aller faire dodo à Rocheville.

Jeudi 14/02Grasse matinée. Visite de quelques clients avec Gilbert. Resto très agréable en soirée et gros dodo.

Vendredi 15/02Déjeuner avec Dédé à Nice. Bonne pizza et côte de bœuf. Départ prévu vers 15h. Alors à 13h30, Tété nous rejoint chez " Nalino " et annonce des chantiers supplémentaires. Pourquoi ne pas faire venir Gilles à Nice pour donner un coup de main ? Coup de fil à 14h… c'est OK. Gilles prend la route, alors je repousse mon vol. Déjeuner. Quelques visites clients et RV avec Gilles dans un resto de Rocheville. Nous arrivons tous ensemble, comme un fait exprès à 9h30. Gilles me trouve bien changé. Discutons un peu de travail autour d'un bon couscous. Soirée aérobic en boite. Les filles étaient sapées de collants pailletés, de justaucorps, chaussettes, bandeaux et écharpes jaunes et roses. Elles étaient ravissantes. Dédé et Joëlle nous y rejoignent. Démonstration de ce sport et avis aux amateurs. Démo avec Bébert. Gilles et Gilbert parièrent quelque chose en étant pliés de rire. Je n'en connaîtrais la cause que demain. Bébert et Didou dormaient dans la voiture, au retour. On avait tout de même éclusé 2 bouteilles. Je n'ai pas pu payer.

Samedi 16/02Grasse matinée et les garçons vont à un RV chez Mme Muller. Tété les rejoint pour finalement y déjeuner. Je ne me lève que vers 16h. Tété m'emmène à la rencontre des frangins dans un café. A ma grande surprise, je les découvre cheveux bouclés tous les deux. C'était ça le fameux pari. Ah les cons ! Ils feraient bien n'importe quoi pour me laisser un souvenir à emporter en Guyane. Après la voiture dans le fossé, c'est les frisouilles. Cette folie, finalement leur est favorable car ça leur va très bien…. Mais les gens se marrent à les voir ainsi. Dîner au "Rescator" à Cannes. Merci frangins ! Bouffe et service hors pair. Bébert et Tété vont faire un dodo bien mérité. On prend la BM de Gilles et petit tour au " Gardenice ". Soirée à bavarder en finissant la bouteille des Rochevillois (j'ai honte à présent de ne pas en avoir remis une autre). Bavardage toute la soirée avec Véronique des ascenseurs " Accel ". Vingt employés et la seule fille. Bien parlé en rentrant, mais je m'endors sur les derniers mots de Gilles.

Dimanche 17/02Didou nous apporte le petit dèje.