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Géostratégie L’eau, source de conflits

L'Eau, Source de Conflits

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Géostratégie

L’eau, source de conflits

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Plan

INTRODUCTION GENERALE

I. L'eau ressource vitale

1.1. Données statistiques

1.2. Les différents besoins en eau

1.3. Les menaces qui pèsent sur les ressources en eau

1.4. Solutions possibles

II. La répartition et la rareté de l'eau dans le monde

2.1. La rareté de l’eau

2.2. L’inégale répartition de l’eau dans le monde :

III. La géopolitique conflictuelle de l'eau

3.1. Les confrontations pour le contrôle hydraulique 

3.2. Le partage des eaux et les désaccords intra-étatiques

3.3. L'eau comme arme stratégique dans les conflits internationaux 

IV Etude de Cas : Tensions autour du partage des eaux du NIL

4.1. Bassin du Nil :

4.2. Un partage inégalitaire des eaux du bassin :

4.3. Rivalités interétatiques, positions respectives de l’Egypte, de l’Ethiopie

et des autres pays riverains

Conclusion Générale

Bibliographie & webographie

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INTRODUCTION GENERALE

Dans un monde où l’actualité est faite et défaite par les puissants médias audiovisuels, un monde caractérisé par la suprématie du journal de 20h, que nous apprend-on sur les problèmes principaux de l’humanité ? A en croire les statistiques des thèmes traités par les grandes chaînes nationales), les problèmes de l’eau sont loin d’être la panacée médiatique, d’attirer le consommateur audiovisuel et ainsi de l’informer, l’instruire sur ce problème. Peut-on dès lors le qualifier de fondamental dans l’ensemble des sujets d’actualité qui nous préoccupent ?

En grattant sous la crasse informationnelle, l’on se rend pourtant compte d’une quantité non négligeable de problèmes liés à ce thème à quelque échelle humaine que ce soit (individu, pays, continent, planète) et représentatifs de toutes les échelles de besoins (des besoins primaires comme la consommation et l’hygiène, des besoins secondaires principalement liés à la gestion de l’eau dans l’industrie jusques aux besoins tertiaires liés aux loisirs « hydriques »). Après avoir précisé l’état actuel des ressources, nous nous attarderons sur les menaces au niveau de l’eau sur le plan individuel, industriel, agricole, suivront ensuite quelques solutions déjà applicables ou appliquées. Nous finirions par un exposé des les enjeux et menaces géostratégique, « la guerre de l’eau ».

I. L'eau ressource vitale

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L’importance de l’eau pour la vie et comme composant de l’écosystème mondial n’est plus à démontrer. Cette ressource qui répond aux besoins fondamentaux de l’homme est un élément-clé du développement, en particulier pour générer et entretenir la prospérité par le biais de l’agriculture, de la pêche, de la production d’énergie, de l’industrie, des transports et du tourisme. En outre, l’eau est vitale pour tous les écosystèmes du monde. Cependant, dans les faits, nous faisons face à une crise mondiale de l’eau.

1.1. Données statistiques

Comme tout le monde le sait, la planète Terre est également appelée planète bleue; ceci provient du fait que sa surface est recouverte à 72% d’eau. L’eau existe en quantité immuable depuis des millénaires, dans le monde nous pouvons en compter 1 400 millions de km3. C’est une quantité phénoménale. Même si la consommation en eau connaissait un accroissement formidable et que la fusion d’un noyau de deutérium avec un noyau de tritium était maîtrisée, ce qui donnerait une source d’énergie propre au monde et quasi inépuisable, il serait impossible de la consommer entièrement.

Mais ce n’est pas si simple. En effet, cette quantité d’eau colossale n’est pas à 100% propre à la consommation. La plus grande partie, 97.2% voire 97.5% selon les sources, est de l’eau de mer et le reste, 2.5% à 2.8%, est de l’eau douce. Cette eau douce est répartie de la manière suivante :

Les glaciers et neiges éternelles (68%), Les lacs et rivières (0.3%), Les eaux souterraines (29.9%), Le reste dans les mares, humidité du sol, permafrost

Nous voyons donc qu’il n’y a qu’un tiers de l’eau douce utilisable immédiatement, mais là encore ce n’est pas si simple. Sur les 110 000 milliards de m3 que représentent ce tiers, 70 000 s’évaporent en permanence, sur les 40 000 restants 20% sont peu accessibles (montagne, calotte glacière, …) et la répartition des 80% restants sur le globe est très inégale. Du fait de la désertification des régions arides, ce phénomène de disparité tend à s'accentuer.

Il s'agit donc de traiter, au cours de cette partie, les différents besoins en eau, les menaces qui pèsent sur l’eau et enfin les solutions possibles.

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1.2. Les différents besoins en eau

La répartition des différents usages des eaux dans le monde

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Les différents niveaux et prévention de consommation des eaux selon la nature de son utilisation

Agricole

Il faut 3 000 litres d'eau pour produire la ration alimentaire quotidienne d'un être humain. Cette consommation est essentiellement le fait de l'agriculture irriguée, qui occupe environ 17 % des terres cultivées mais assure 40 % de la production agricole mondiale. Pour cette raison, l’agriculture est le premier secteur de consommation d’eau. Depuis le début du XXème siècle, la superficie des terres cultivées en général, et celle des terres irriguées en particulier, a beaucoup augmenté pour faire face à l’accroissement de la population et des besoins alimentaires. La consommation mondiale d’eau pour l’agriculture ne cesse d’augmenter de manière fulgurante.

En effet, les prélèvements d’eau en 2000 étaient de 2 600 kilomètres cubes alors qu’en 1900 seulement 500 kilomètres cubes ont étaient utilisé. Pour 2025 l’augmentation de ce chiffre est prévu à 83.9 points. La consommation a elle aussi beaucoup évolué étant de 300 kilomètres cubes en 1 900 et sera normalement, en 2025, de 2 200 kilomètres cubes.

Partant, l’accroissement de cultures et d’élevages exigeants en eau appauvrit les ressources en eau, y compris dans les pays les plus riches. Ainsi, depuis plusieurs années, le taux de consommation dans l’irrigation agricole est supérieure au taux de recharge des nappes souterraines aux Etats-Unis et en France. D’autre part, la surexploitation des ressources en

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eau et la pollution de ces dernières a dégradé certains écosystèmes aquatiques, nuisant ainsi aux activités de pêche de loisir ou commerciale.

Domestique

Les usages domestiques de l’eau sont les plus vitaux pour l’homme et c’est pourquoi ce sont les plus anciens. Ces usages comprennent non seulement les consommations liées à l'utilisation de l'eau pour la boisson, le lavage, les soins d'hygiène, les jardins, le remplissage des piscines privées, etc., mais aussi les consommations collectives des écoles, des hôpitaux, du lavage des rues, des piscines, etc.

Bien que très difficile à évaluer du fait de la multiplicité des usages, la consommation totale en eau domestique dans le monde est estimée en moyenne à 40 litres d’eau par jour et par habitantEn l’année 2000, Les besoins en eau destinés à l’usage domestique sont passés de 100 kilomètres cubes en 1900 à 800 kilomètres cubes. Ces prélèvements ont étaient calculés de telle sorte qu’en 2025 presque 1200 kilomètres cubes seront prélever pour servir le domaine domestique. La consommation, quant à elle, devrait se multiplier seulement 3 fois pour 125 ans.

Il faut noter que la consommation en eau domestique dans le monde est très inégale, d’autant plus importante que le niveau de vie des populations est élevé, les pays industrialisés, qui la gaspillent sans compter, caracolant loin devant les autres nations.

Industriel

L'eau, par ses propriétés uniques, se retrouve au cœur de la plupart des activités industrieuses et industrielles. On l'utilise à tous les niveaux de la production d'énergie (énergie hydroélectrique, ...), dans l'industrie de transformation (industrie papetière, industrie alimentaire, ...), dans les loisirs (sports nautiques, ...) ainsi que dans toutes les activités de nettoyage.

En effet pour la plupart des industries, l’eau est un facteur de production. L’eau est ainsi présente quasiment tout au long de la chaîne de transformation des produits ; elle est également employée pour le nettoyage des ateliers, des machines et des produits finis. La production d’énergie occupe une place particulière dans les bilans de consommation d’eau. Elle implique des prélèvements très importants mais en restitue l’essentiel pour ne représenter qu’un faible pourcentage de la consommation nette.

L’industrie exige des ressources appropriées en eau de bonne qualité, matière première fondamentale. Actuellement, 15 % des utilisations de l'eau concernent l'industrie et on estime qu’en 2025, l’industrie utilisera environ 1 170 km3 d’eau par an. Les prélèvements devraient être de 650 kilomètres cubes en 2025 étant donné que les prélèvements en 1900 étaient de 25 kilomètres cubes.

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1.3. Les menaces qui pèsent sur les ressources en eau

La disponibilité de la petite partie d’eau douce (dans les cours d’eau, les lacs et le sous-sol) est de plus en plus menacée par les changements climatiques, la déforestation et la consommation accrue d’eau douce en raison de la croissance démographique et du développement de l’industrie. En outre, la qualité de cette eau est menacée par l’augmentation de la pollution, en particulier due à l’urbanisation et à l’agriculture intensive. En protégeant les ressources en eau douce, nous préservons aussi notre santé.

Changement climatique

On observe déjà les effets dévastateurs du changement climatique sur les réserves d'eau et la fonte des glaciers; les périodes de sécheresses et d'inondations sont aussi plus fréquentes qu'auparavant. Toutefois, l'augmentation des précipitations liée au changement climatique ne suffit pas pour pallier les pertes d'eau causées par la fonte des glaciers et une évaporation accrue. Les glaciers agissent comme des comptes en banque, stockant de la neige et de la glace par temps frais et pluvieux et en relâchant de l'eau lorsque nous en avons le plus besoin, pendant les étés chauds et secs ou en période de sécheresse.

La déforestation

Les forêts participent activement au cycle de l'eau, dont via l'évapotranspiration l'infiltration vers les nappes. Les forêts contribuent même plus que tout le reste de la flore au phénomène d'évapotranspiration, qui influence la pluviométrie et ce qu'on appelle les « hydro climats ». Ce sont elles qui entretiennent une hygrométrie élevée, parfois constante, dans les zones tropicales humides, ce qui est une condition favorable à une très haute biodiversité. Leurs racines vont chercher l'eau jusqu'à plusieurs dizaines de mètres de profondeur, ou de distance et facilitent l'infiltration des pluies. Cette eau qui ruisselle emporte avec elle le sol, qui se retrouve dans le lit et l'embouchure des rivières. Le Rhône a ainsi perdu deux mètres de profondeur en amont de Lyon à cause de la déforestation des alpages de montagne et du labour excessif de son bassin versant.

- L'évapotranspiration correspond à la quantité d'eau totale transférée du sol vers l'atmosphère par l'évaporation au niveau du sol et par la transpiration des plantes.

- L’hygrométrie caractérise l'humidité de l'air, à savoir la quantité d'eau sous forme gazeuse présente dans l'air humide (ou dans un autre gaz, dans certaines applications industrielles). Elle ne prend pas en compte l'eau présente sous forme liquide ou solide.

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La pollution et la surconsommation

L’agriculture, l’industrie et l’urbanisation ont fait exploser la consommation d’eau entraînant des rejets de quantités astronomiques d’eaux usées qui finissent par rendre cette précieuse ressource impropre à la consommation.

Le problème avec l’eau, c’est qu’elle ne se renouvelle pas toujours au rythme où l’homme la salit. En quelques décennies la croissance démographique, le développement des industries et de l’irrigation ont multiplié les usages de l’eau, faisant ainsi exploser la demande. Le manque d'eau pourrait avoir, si rien ne change, une importante conséquence, soulignée par l'International Food Policy Research Institute dans un rapport publié en octobre 2002 : "En 2025, la pénurie d'eau pourrait causer la perte annuelle globale de 350 millions de tonnes de production alimentaire soit légèrement plus que la production céréalière des Etats-Unis."

La qualité de l'eau n'est pas un problème moindre que celui de sa quantité. Dans de très nombreux pays, les déchets ou les eaux usées sont rejetés sans traitement à la rivière. Une étude menée sur 116 villes a constaté que, en Afrique, seuls 18 % des foyers sont raccordés aux égouts et, en Asie, pas plus de 40 %. Cela a des conséquences sur la santé en effet de nombreuses maladies sont transmises par l'eau polluée et sur la production agricole, sans parler des atteintes aux écosystèmes, de surcroît blessés par la destruction des zones humides et le bétonnage des rivières. En outre, l'irrigation entraîne souvent une remontée des nappes phréatiques, ce qui les condamne à terme, et la salinisation des sols.

Dans les pays qui n’ont pas les moyens de l’assainir avant de la rejeter après utilisation ou pire de la distribuer à leurs habitants, elle peut véhiculer de nombreuses maladies et quantité de produits plus ou moins toxiques. Autrement dit, plus la consommation est forte plus sa qualité risque de baisser.

On peut distinguer trois phases d’évolution de la demande en eau. Tout d’abord dans les sociétés préindustrielles, elle stagne ou croît très faiblement : c’est ce qui se passe actuellement dans l’Afrique sub-saharienne où l’eau est utilisée sur des surfaces très restreintes de cultures irriguées dans le cadre d’une agriculture vivrière. En revanche dans les pays en voie de développement et dans ceux qui doivent faire face à une pression démographique grandissante, la consommation en eau croît fortement. Cette phase concerne l’Asie du Sud-Est et la Chine. Enfin la troisième phase concerne les sociétés industrielles développées et se traduit par un ralentissement de la demande en eau grâce à l’utilisation de techniques moins gourmandes.

En effet seules des cultures intensives et irriguées peuvent satisfaire la demande alimentaire d’une population mondiale en augmentation. Ainsi les surfaces irriguées sont passées de 48 millions d’hectares au XXè siècle à 250 millions aujourd’hui et gaspillent par évaporation 60% de l’eau prélevée.

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1.4. Solutions possibles

Une question se pose : comment alimenter en eau potable la population mondiale toujours plus importante et surtout répondre à la demande des métropoles tropicales en pleine explosion démographique ?

Des procédés de traitement des eaux usées existent mais peu de pays peuvent y accéder. C’est pourquoi les chercheurs se mobilisent pour élaborer des solutions performantes plus légères et moins onéreuses. En effet les infrastructures nécessaires pour éviter la dégradation des conditions de vie et de la qualité de l’eau sont hors de portée des pays pré-industrialisés et en voie d’industrialisation et actuellement seuls les pays développés possèdent les technologies pour obtenir de l’eau potable à partir de ressources très polluées. Ces techniques produisant une eau chère sont inadaptées aux pays pauvres sauf quand l’intérêt des populations locales rejoint celui des touristes.

La technologie existante est lourde. Il existe actuellement 2 procédés : la distillation et un procédé basé sur des membranes semi-perméables. Malgré une réduction des coûts du fait des progrès technologiques, le prix de ces méthodes est encore lourd. D’autre part la désalinisation n’est pas sans risque car elle engendre des effets pervers sur l’environnement par ses répercussions. En effet elle permet le maintien d’une activité agricole ou/et industrielle dans des zones fragiles. Ainsi dans les îles Canaries, l’eau dessalée permet d’augmenter les capacités touristiques asphyxiant ainsi d’autant plus les milieux naturels. Ou alors en Andalousie, dans la région d’Almeria (Espagne), les projets de désalinisation vont servir à accroître les capacités de production de sols déjà surexploités.

Les avancées technologiques sont toujours plus surprenantes et intéressantes ainsi de l’électricité a pu être produite à partir d’eaux usées. Une équipe de chercheurs dirigés par Bruce Logan de l’université de Pennsylvanie a mis au point la « pile a combustible microbien ». Selon ce dernier, le système produirait 71 kW à partir des déchets de 100000 personnes de quoi alimenter 47 foyers. Et il espère passer à 500 kW pour alimenter 330 maisons. Ce procédé a un autre avantage qui est de servir à l’épuration. En effet la décomposition bactérienne de la matière organique éviterait jusqu’à 80% du retraitement des eaux usées dans les stations. Ce qui devrait permettre de substantielles économies sur les budgets d’assainissement incitant ainsi les gouvernements à investir.

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II. La répartition et la rareté de l'eau dans le monde

1.1. La rareté de l’eau

L’eau, ressource naturelle constitue un enjeu politique et économique du développement durable à l’échelle planétaire. Bien que la planète possède des réserves énormes en eau, 97.5% sont salées et la consommation de l’eau a quadruplé ces dernières années. Ce qui a rendu l’eau une source de conflictualité entre pays disposant d’une mer ou une rivière en commun.

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La raréfaction de l’eau douce se conjugue avec plusieurs difficultés relatives à sa gestion. Il est très difficile, voire impossible, d’estimer la valeur exacte de l’eau. Pour les usagers, elle découle de manière capitale du lieu d’accès, de sa qualité et du facteur temporel. Le lieu détermine son accessibilité et son cout. Sa qualité dans le temps régit sa fiabilité et sa valeur relative pour la production d’énergie, l’irrigation, etc.…

L'eau est primordiale pour avoir une bonne santé. Mais aujourd'hui, une personne sur trois dans le monde n'a pas assez d'eau pour répondre à ses besoins quotidiens.

À l'échelle mondiale, le problème prend de l’ampleur à mesure que les villes grandissent, que la population croit et que l’agriculteur, l'industrie et les ménages ont besoin d'eau en quantité toujours plus grande.

Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), la rareté de l’eau a des conséquences néfastes, il se traduit par plusieurs faits :

L'eau manque parfois même dans les zones où les précipitations et l'eau douce sont abondantes. La façon dont on la conserve, l'utilise et dont elle est distribuée au sein des communautés ainsi que sa qualité peuvent déterminer si la ressource est suffisante pour répondre aux besoins des ménages, des exploitations agricoles, de l'industrie et de l'environnement ;

La pénurie d'eau concerne une personne sur trois sur tous les continents. La situation s'aggrave sous les effets de la croissance démographique, de l'urbanisation et avec l'utilisation accrue des ressources à des fins domestiques et industrielles ;

Près d'un cinquième de la population mondiale (environ 1,2 milliard de personnes) vit dans des zones où l'eau est naturellement rare. Un quart de la population mondiale vit dans des pays en développement confrontés à une pénurie d'eau en raison du manque d'infrastructures pour capter l'eau des rivières et des nappes phréatiques ;

La rareté de l'eau oblige les gens à boire de l'eau insalubre. Ils ne peuvent pas non plus se laver, laver leur linge ou nettoyer leur logement correctement ;

Une eau de mauvaise qualité augmente le risque de contracter des maladies diarrhéiques comme le choléra, la fièvre typhoïde et la dysenterie, et d'autres infections à transmission hydrique. Le manque d'eau peut provoquer des maladies comme le trachome (infection de l'œil qui peut rendre aveugle), la peste et le typhus ;

Quand l'eau est rare, les gens ont tendance à la stocker chez eux, ce qui augmente le risque de contamination de l'eau à usage domestique et crée des aires de reproduction des moustiques, qui transmettent la dengue, le paludisme et d'autres maladies ;

il est particulièrement important de mieux gérer l’eau qui est devenu une ressource rare. Une bonne gestion de l'eau diminue également les aires de reproduction d'insectes qui

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peuvent transmettre des maladies et évite la propagation d'infections à transmission hydrique graves comme la schistosomiase ;

Le manque d'eau a conduit des communautés pauvres urbaines et rurales à utiliser des eaux usées pour les cultures. Plus de 10% de la population mondiale consomme des aliments issus de cultures irriguées par des eaux usées pouvant contenir des produits chimiques ou des microorganismes pathogènes ;

En effet, L'eau est indispensable à la vie. Tandis que les gouvernements et les organisations communautaires font de l’approvisionnement suffisant en eau de bonne qualité un objectif majeur, chacun peut apporter sa contribution en apprenant à conserver et préserver cette ressource au quotidien.

1.2. L’inégale répartition de l’eau dans le monde :

Les ressources en eau potentiellement disponible sont estimées entre 10.000 et 12.000 km3 par an. La situation n’est pas critique à l’échelle mondiale.

  Cependant, les précipitations et les écoulements terrestres sont mal répartis sur l’ensemble du globe. Certaines régions reçoivent beaucoup plus d’eau que d’autres, la répartition des ressources s’en trouve très inégale et certains pays souffrent d’un manque notable d’eau.

Cette inégalité de répartition d’eau s’explique par les chiffres donnés par les organisations mondiales :

9 pays se partagent 60 % des réserves mondiales d’eau ;80 pays souffrent de pénuries ponctuelles ;28 pays souffrent de pénuries régulières ;1,5 milliards d’habitants n’ont pas accès à l’eau potable ;2 milliards d’habitants sont privés d’installations sanitaires ;1,6 million d'enfants meurent chaque année de diarrhée, due

principalement à la mauvaise qualité de l'eau et au manque d'assainissement.

L’organisation mondiale de la santé stipule que « il y a stress hydrique lorsqu'un être humain dispose de moins de 1 700 m3 d'eau par an et pénurie lorsqu'il dispose de moins de 1000 m3 par an. 1, 4 milliards de personnes vivent avec moins de 1000 m3 d'eau par an.»

La situation d'un pays au regard des ressources en eau peut être évaluée par l'indice d'exploitation, le volume par habitant et le degré d'indépendance.L'indice d'exploitation est la part de l'eau prélevée pour l'ensemble des besoins d'un pays, par

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rapport au volume annuel moyen des apports naturels. Il peut aller de 1 % au Venezuela à plus de 100 % en Arabie Saoudite et en Libye. La France, avec 20 %, se situe dans la moyenne des pays industrialisés. Le volume des ressources naturelles va de moins de 500 m³/habitant/an (Malte,..) à plus de 80 000 m³/habitant/an (Norvège, Gabon, Canada...). La France, comme l'Allemagne, la Chine, la Turquie ou le Mexique, est considérée comme bien pourvue puisqu'elle se situe dans la fourchette de 2000 à 5000 m³/habitant/an.

L'Egypte, les Pays-Bas ou l'Irak, par exemple, dépendent fortement des ressources en eau d'origine externe, respectivement 99 %, 89 % et 65 %.

Le climat est un facteur influant sur les ressources en eau qu'un pays peut se procurer. Nous pourrons dire que plus le climat est sec, moins les ressources en eau seront abondantes et au plus l'irrigation sera importante. De plus, des précipitations assez régulières sont plus faciles à gérer que des précipitations avec de fortes variations saisonnières.

Le problème d'accès à une eau de qualité ne concerne pas seulement les pays ardus, il est également bien réel dans les pays où il pleut beaucoup et où les équipements d'assainissement ne sont pas suffisants.

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III. La géopolitique conflictuelle de l'eau

1.1. Les confrontations pour le contrôle hydraulique 

Parce qu’elle est rare et irremplaçable, l'eau constitue un enjeu stratégique sur la scène de politique internationale. Elle était au centre de plusieurs conflits au 20e siècle. Et d'après les experts le monde se dirige vers des conflits pour l'eau dans tous les niveaux : nationaux, régionaux et internationaux. Le siècle précédent a connu des tensions de déférent degré, notamment dans les zones qui connaissaient un déséquilibre hydraulique, comme au nord et sud de l'Afrique, au Proche -Orient et en Amérique centrale.

D'après le géographe Américain Aron Wolf ; la seule vrai guerre de l'eau connue remonte à 4500 ans. Il s'agit de deux cités mésopotamiennes à propos de Tigre et de l'Euphrate, dans le sud de l'Irak actuel.

Mais la planète aura de plus en plus soif et des besoins de plus en plus grands. Il y a consensus sur le diagnostic, toutes les études le confirment. Face à une demande croissante, l'offre sera encore plus limitée, et les déficits hydrauliques  iront croissante aussi.

Il n'est donc pas surprenant d'assister à une militarisation du vocabulaire à propos du statut de ce bien patrimonial économique et sociale. D'où les formules : la «  bataille de l'eau » ou

« pour l'eau », l'eau «  nouvel enjeu stratégique mondial », la géopolitique, la géostratégie de l'eau, ou encore «l’ hydro-politique », « hydro-diplomatie », « les hydro-conflits ». (22)

Deux types de conflits hydrauliques sont mis en évidence :

Les conflits intra-étatiques qui ne sont pas les plus dangereuses, sauf pour la stabilité des régimes politiques en place.

Carte 4   :

Les conflits interétatiques qui ont étés étudies par plusieurs chercheurs et spécialistes, et parmi eux Jaques Sironneau dans son ouvrage « l'eau en tant qu'un enjeu politique et stratégique », et aussi Fréderic Lasserre qui a publié un tableau qui indique les fleuves posant

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problème d'intensité et des conflits interétatiques variés (tension, négociation, crise, conflits ouverts), en fonction des enjeux (Accès à l'eau, détournements des eaux, quota internationaux, irrigation, barrages, dépendance extrême vis- a -vis des voisin). 

Carte 5

Rivière, fleuves Etat casernés Objet du conflit

-Brahmapoutre, Gange,

Farakka

-Mékong

-Saluen

-Aquifère cisjordanien, Jourdain, Litani, Yarmouk

-Nil

-Lac Tchad

-Okawanongo

-Danube

ASIE

-Bangladesh, Inde, Népal.

-Cambodge, Laos, Thaïlande,

Vietnam.

-Tibet, chine, Birmanie.

-Israël, Jordanie, Liban, Syrie.

(carte 5)

AFRIQUE

*Alluvions, barrage, inondation, irrigation, quota internationaux.

*inondations, quotas internationaux.

*Alluvions, inondations

*détournement d'eau, cotas internationaux.

*Alluvion, détournement d'eau, irrigations, inondation, quotas internationaux.

*Barrage.

*détournement d'eau.

*pollution industrielle.

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-Elbe.

-Meuse, Escaut.

-Szamos.

-Tage.

-Baie de Saint Laurent.

-Colorado, Rio Grande.

-Great Lakes.

-Lauca.

-Parana.

-Cenepa.

-Egypte, Ethiopie, Soudan.

-Nigeria, Tchad.

-Namibie, Angola, Botswana

Carte (4)

EUROPE

Hongrie, Slovaquie

-Allemagne, Tchéquie.

-Belgique, Pays-Bas.

*Pollution industrielle, salinité des eaux.

*Pollution industrielle

*Répartition des eaux.

*Répartition des eaux

*Aménagements hydraulique.

*Pollution chimique, quotas internationaux, salinité.

*Pollution.

*Barrage, salinité.

*Barrages, inondations de terres.

Pour les régions vivant des hydro-conflits on trouve, sept états en Moyen-Orient, sciez en Asie, prés de vingt cinq en Afrique et encore en Europe et en Amérique du nord. Les problèmes existant sont au niveau du Danube, Elbe, la Meuse, l'Escaut, le Szamos et le Tage. Sans oublier les grands lacs, la baie du Saint-Laurent, le Colorado et la Rio Grande.

La principale cause des conflits interétatiques se conjugue en une inadéquation entre la demande croissante de l'eau et l'offre limitée, sans négliger le prix. Les explications des conflits lies à l'eau sont insuffisantes, car ils convient d'ajouter quelques facteurs relatifs aux rivalités ethniques et racisme. Aussi, cite-t-on ceux relatifs aux rivalités et ambitions régionales, aux impérialismes locaux, aux rivalités religieuses et aux revendications territoriales.

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Au Moyen-Orient, en Afrique et en Inde, l’eau est un enjeu économique et stratégique vitale, conditionnant la vie de tous les jours. Mais pour la Turquie, l’eau prend une dimension d'outil politique particulier. Sa position en amont des fleuves transfrontières que sont le Tigre et l'Euphrate, par rapport à la situation en aval de la Syrie et l'Irak, donne à la Turquie le contrôle des deux cours et lui permet d'utiliser l’eau, en premier, au mieux de ses propres besoins agricole et industriels. La Syrie et l'Irak sont dépendants d'un pays tiers pour une ressource dont ils ne peuvent se passer. La Turquie n'est pas seule à bénéficier d'une situation comparable. D’autres cas se présentent à l'esprit comme celui de l'Ethiopie avec la mise en valeur du Nil bleu.

Dans le cas du Tigre et de l'Euphrate, une série de conditions particulières peuvent, d'ici une dizaine d'année, transformer les eaux de ces deux fleuves mythiques en enjeu à haut risque. Pour les trois pays riverains : un climat semi-aride ou très aride, une disparité des ressources naturelles, qui rend certains riches en pétrole mais pauvre en eau. Une longue expérience de gestion aquifère, peu économe mais difficile à faire évoluer. Un accroissement démographique lié a une urbanisation rapide, une volonté politique d'autosuffisance alimentaire et par conséquent une agriculture en plein développement. Et le tous sur fond omniprésent de conflit israélo-arabe, point de référence de toutes les relations internationales

L'eau bien commune de l'humanité : (Carte2)

L'eau est devenu aussi un élément de relations commerciales, puisque tout un réseau de propositions diverses d'échange ou de vente, se noue dans les régions. Mais les antagonismes millénaires et les guerres successives ont crée un climat de suspicion. Telles toutes les tentatives de partage ou de coopération éventuelles sont d'avance considérées par les parties en présence comme une ruse pour prendre un avantage. (23)

Les politiques de développement économique et sociale lies directement a la construction des barrages, a perturbé de plus en plus les relations entres les pays riverains. Pour la Turquie le Projet de Grand Anatolie (GAP) conçue dans les années 70, est considère comme une source d'énergie alternative au pétrole. L'immense projet contient 21 barrages et 17 centrales hydroélectriques. Il est destiné à dompter les eaux de l'Euphrate (32 milliards de m3 par ans) dont 34% des eaux du Tigre, soit 43 milliards m3 par an. Il contribuera à 53% des besoins en électricité du pays et irriguera une surface de 1,7million d'hectares située le long de la frontière syrienne, une surface qui représente 25% des terres irrigables du pays. Le coût total du projet est astronomique, puisqu'au moment de la fin des travaux devrait atteindre les 33milliard de dollars, plus une dizaine de milliards supplémentaires pour terminer la totalité

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d’aménagement. Le barrage Atatürk est le cœur de se grand projet, le neuvième plus grand barrage du monde. Il mesure 169 mètres du haut, et une capacité d'irrigation de plus 100000 km² est capable de produire 27 milliards de kWh/an.

Le Tabqa, un barrage syrien qui mesure 4,5 km de long pour une largeur de 512m à la base et de 19m à la crée, emmagasine 41 millions de m3. Ce barrage a été construit par les soviétiques et est considère comme une base de développement économique et sociale de la Syrie. Il a été mis en service en avril 1974 pour irriguer environ 640000 hectares, et fournir de l'électricité avec une centrale hydroélectrique de 800mw. Donc il représente 75% d'énergie électrique. À 26 km en aval, se trouve le barrage d'Al Baath, avec une capacité de retenue de 90 millions de m3, et produit 360 millions de m3 par an. Enfin tout à fait en amont se trouve le barrage de Icarienne à vocation électrique.

À l’instar de la Turquie et la Syrie, l’Irak vit une situation plus désastreuse car la guerre a détruit presque toute sa base économique.

L’Irak s’occupe actuellement de la remise en route de la totalité de ses installations détruites par les bombardements pendant la guerre du Golfe. Tous les sites de production d'électricité ont été détruits, entraînant de grandes difficultés pour l'approvisionnement en eau potable et le retraitement des eaux usées. La facture pour la reconstruction de l'ensemble de ces infrastructures se monterait à quelque 20 milliards de dollars.

La Turquie, la Syrie et l'Irak ont depuis les années 60 essayé de gérer conjointement les fleuves qu'ils sont obligés de partager. Mais les résultats ont été peu probants et se sont plutôt réduits à la mise en œuvre de gestions nationales qui, par manque de consultations et d'information réciproques, ont conduit à des incompréhensions et des craintes cumulées.

Le seul véritable accord qui existe à propos des eaux de l'Euphrate a été signé le 29 mars 1946 entre la Syrie et la Turquie, obligeant les deux parties à informer l'Irak des plans d'aménagement prévus et à essayer de gérer au mieux les intérêts de chaque Etat. Les problèmes ont débuté à partir du moment où les premiers barrages construits (le Keban en Turquie et le Tabqa (Al Thawra) en Syrie) ont commencé à être remplis entre 1973 et 1975. Lorsque les Syriens, en 1975, ont mis en eau le réservoir de leur barrage de Tabqa, réduisant d'un quart le niveau des flots passant en Irak. Ils n'avaient à l'époque consultée aucun de leurs voisins, argument que reprend aujourd'hui Ankara pour justifier sa propre conduite. Les Irakiens avaient alors violemment réagi et aussitôt massé des troupes à la frontière, menacé de bombarder le barrage. Le conflit dura deux mois et fut résolu grâce à la médiation des Saoudiens et probablement des Soviétiques, constructeurs de l'ouvrage. De nombreuses discussions techniques ont par la suite eu lieu entre les trois pays. Mais ce la n'a pas empêché les Syriens de réagir vigoureusement lorsque les Turcs ont, du 13 janvier au 12 février 1990, stoppé les eaux du fleuve pour commencer à remplir le réservoir Atatürk.

D'autres facteurs s'ajoutent au contentieux et donnent de l'ampleur au conflit : Damas soutient le PKK marxiste (Parti des travailleurs du Kurdistan). Elle a hébergé son chef Abdullah Ocalan, et elle offre même des camps d'entraînement dans la plaine de la Bekaa. La Turquie a accusa Damas d'avoir facilité les franchissements des frontières par les membres de PKK. En représailles, le président Özal menace de retenir les eaux de l'Euphrate, et en réponse Hafez el Assad donne à nouveau un signe d'aide ponctuelle au mouvement terroriste. Un protocole de l'accord de 1987 (laisse passe 500L/se), réactivé le 17 avril 1992 par le ministre turc de l'intérieur, Issmat Sezgin et son homologue syrien Muhammad Harba, prévoit

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des échanges d'information en matière de sécurité et aussi qu'aucun parti ne doit offrir l'asile aux différents mouvements d'opposition. Enfin, la revendication syrienne sur la province d'Hatay resurgit périodiquement : Hatay, le sandjak d'Alexandrette, a été cédée par la France à la Turquie en 1939 pour empêcher celle-ci de rejoindre les forces de l'Axe, mais a toujours fait l'objet d'une revendication par la Syrie. Qui pourrait au besoin fomenter des troubles parmi les quelque 40 % d'arabes qui y vivent. Pour tenter de forcer Damas à reconnaître sa souveraineté sur cette province, Ankara cherche à lier un accord sur l'Euphrate avec un accord sur l'Oronte (Asie). L’Oronte c'est un fleuve qui prend sa source au Liban, pas très loin du Litani, passe en Syrie, sert sur 40 km de frontière entre la Syrie et la Turquie pour se jeter enfin dans la Méditerranée.

La situation hydro-politique du Proche-Orient est beaucoup plus compliquée. Une grande sensibilité à la question de l'eau, denrée stratégique et fortement politisée, conduit les parrains du processus de paix israélo-arabe à créer une commission destinée à rapprocher la position des parties en conflit sur le partage et la gestion des ressources hydrauliquespalestiniennes, d'Israël, de la Jordanie et de la Syrie. Les négociations de paix syro- israéliennes ont échoué, notamment sur le problème lié à la délimitation des frontières communes et l'accès aux eaux du lac de Tibériade.

Le contentieux de l'eau qui marque cette région, est lié à la géographie physique. La majorité des eaux sont salées (la fosse d'effondrement avec la mer morte). Le seul point d'eau douce c'est le Golan jusqu'au lac de Tibériade. Il faut remonter cette eau de -200m à +800m vers Jérusalem. Les stations de pompage sont de véritables enjeux. Les Israéliens ont foncé, dés le début vers Tibériade dans les accords d'Oslo. Les Palestiniens n'ont pas été vigilants avec les problèmes d'hydraulique et les nappes. La consommation de l'eau en Israël par personne est 3 à 4 fois supérieure à la consommation des Palestiniens dans les territoires occupés sous l'autorité palestinienne. La quantité de l'eau Cisjordanie est estimée à 800-850 millions de m3 et celle de Gaza à 50-80 millions de m3. Ces ressources permettent à Israël qui les domine, de compenser son déficit hydraulique. 82% à 90% de l'eau extraite de la Cisjordanie sert à la consommation des Israéliens. Les palestiniens ne bénéficient que de 18%de ce volume.

La compétition pour l'eau fut encore ravivée avec la guerre de 1967. En occupant les hauteurs du Golan, les Israéliens rendent impossible le projet arabe de dérivation des eaux du Jourdain.

En occupant le triangle de Yarmouk, ils peuvent contrôler toute la partie aval du fleuve qui marque la limite entre le Jordanie et le Golan, qu'il tire environ 100 millions de m3/an, ainsi que la prise d'eau jordanienne qui alimente le canal du Ghor. Encore l'invasion du Liban-Sud (1978) et l'établissement d'une zone de sécurité permet à Israël de contrôler le Hasbani, et de ce fait la totalité des sources du Jourdain.

Israël se trouve désormais en position avantageuse de riverain amont. En outre, Israël contrôle aussi la partie aval du Litani, un fleuve libanais dont les eaux pourraient éventuellement être intégrées au système israélien. Un canal souterrain pourrait relier le cours aval du Litani à la dépression de Houle en Israël. Le pompage pourrait se faire au rythme de chantier, ce qui poserait un grand problème au Liban qui souhaite disposer des eaux du Litani pour étendre ses superficies irriguées en Bekaa.

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L'utilisation des eaux du Jourdain par les riverains était conforme aux quotas du plan Johnston, un dépassement par Israël est très sensible du fait de l'augmentation des pompages.

De l'autre coté de la mer méditerranée, en Afrique une vaste zone qui dispose des ressources hydrauliques inégalement répartis dans l'espace. La climatologie d'une part et les problèmes de l'accès a l'eau potable conditionnent l'hydrologie africaine .Elle compte environ 80 grandes rivières et fleuves internationaux (Congo, Niger, Nil, Sénégal, Volta, Zambére), des vaste bassins fluviaux (bassin de Congo,..) de nombreux lacs (Tchad, Victoria, Nyassa,...).

Carte 6   :

La rareté des eaux en Afrique et la croissance de la demande engendrent des crises intercommunautaires. En sahélo saharienne, des conflits opposent des éleveurs nomades ou semi-nomades et des agriculteurs sédentaires pour l'accès des hommes et des troupeaux à l'eau. Au cours des trois dernières décennies, la vie socio-économique des nomades a été profondément bouleversée, de sort que la communauté du désert (Peuhls, Touaregs, Maures,...) ont d'avantage des difficultés à vivre traditionnellement. Notamment au rythme du mode ancestral de gestion de l'eau et des points de l'eau.

Par ailleurs, des conflits sociaux liés à la gestion de l'eau éclate dans certains pays d'Afrique en raison de carences politiques et du mauvais état des infrastructures nationales.

Les conflits interétatiques en Afrique sont liés aux partages de plusieurs bassins hydrologiques avec un ou deux pays voisins. Plus de 50 fleuves et lacs relient et traversent ainsi des Etat ou forment des frontières internationales. Tous ces bassins transnationaux ne sont pas administrés par des institutions conjointes. Des conflits et rivalités surgissent périodiquement du fait que des pays dépendent du débit des fleuves internationaux en amont. Ce qui constitue un risque d'insécurité, un risque permanent de conflit lie a l'eau, comme l'ont

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montré les crises entre l'Egypte et le Soudan ou entre le Sénégal et la Mauritanie à diverses reprises. Il importe que l'eau soit gérée et répartie équitablement entre les états. Les effets de la sécheresse ont provoqué de très grandes vagues d'immigration vers des régions ou l'eau est présente. Cela a créé des conflits entres certaines tributs africaine sur des sources de l'eau.

Les qualités des eaux en Afrique posent une grande inquiétude. Des milliers de gens meurent chaque année des maladies causées par la pollution des eaux. .

L'Afrique du nord, a aussi marqué sa présence dans les problèmes hydraulique. Un désaccord entre l'Algérie et la Libye concernant le pompage de l'eau de désert, qui est considère comme des réserves hydrauliques pour les futures générations.

Le caractère conflictuel interétatique sur les ressources hydrauliques, domine les relations internationales de 21ème siècle. L’inadéquation entre la rareté de cette matière vitale et les besoins est de plus en plus élevée, provoquant un énorme déséquilibre social, économique, culturel et politique. Non seulement entre les états mais même à l'intérieure de chaque état.

3.2. Les partages des eaux et les désaccords intra-étatiques

En prise de compte d'une ressource rare et vitale comme l'eau, nous assistons le plus souvent à des action de concurrence qui n'entraînent pas nécessairement de conflit .La rivalité sur l'eau est une forme sociale non nécessairement mutuelle , car elle signifie une lutte qui oppose des groupes ou des individus en vue de valoriser leur chances de vie et de survie en possédant le plus grand sources hydraulique possible. Cette concurrence ou plutôt se conflit est pas seulement interétatique. Mais il est beaucoup plus profond car il touche quelque foi les communautés de la même nation. L'exemple le plus frappant et le plus connu est ce lui de l'Espagne, dont qu'elle développe ce titre.

L'analyse du cas espagnol, même s’il n'atteigne pas le même seuil de conflictualité qu'aux Proche et Moyen Orient, attribue à ce pays un caractère révélateur de l'impact des situations environnementales sur la sécurité, l’équilibre et la stabilité interne mais aussi externe d'un Etat.

À l'origine, le nouveau Plan hydrologique national (PHN) Boosté par le Parti populaire espagnol devait pallier l'absence d'une politique de l'eau, par un projet à long terme visant une meilleure régulation de l'utilisation de la ressource en eau. Au final, le projet stipule une politique de transvasement de l'eau depuis les bassins du Nord vers le littoral Sud, accompagné de la construction de 118 nouveaux barrages, pour un coût de 150 milliards de francs d'investissement. Or l'Espagne ne souffre pas d'une insuffisance d'approvisionnement, mais d'un étalement régionale hétérogène. 70 % des ressources sont dans le Nord (Ebre, Duezo, Pyrénées) et 23 %. Seulement dans le littoral Sud, zone concentrant à elle seule 55 % de la population ibérique et l'essentiel de l'agriculture irriguée.

Ces tensions politiques sont d'autant plus exacerbées pour la maîtrise des eaux de l'Ebre que son bassin fluvial occupe une place centrale dans la planification projetée par le

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gouvernement espagnol, du fait non seulement de sa situation géographique, mais par rapport à son importance économique.

L'Ebre prend sa source dans les Monts Cantabriques et traverse le pays jusqu'à son delta en Mer Méditerranée à proximité de l'île de Buda où il atteint un débit moyen de 614 mètres cubes par seconde. Le bassin hydrographique de ce fleuve recoupe une multitude de régions dans lesquelles l'expression de "l'identité culturelle" est spécifiquement marquée, comme par exemple le Pays Basque ou la Catalogne.

Cette identité culturelle se traduit politiquement par la défense systématique des Autonomies administratives telles que prévues par la Constitution de 1978. En vertu de ce régime des Autonomies, la Confédération Hydrographique de l'Ebre (qui dépend du gouvernement central mais gère officiellement en toute indépendance le bassin) a dû savoir composer avec les représentants des communautés autonomes, notamment en Catalogne où la concurrence est vive avec la Junta d'Aigües de Catalunya qui ont administré en toute indépendance les bassins internes à la Catalogne.

Ce fait est frappant quand on s'attache à analyser la gestion d`un fleuve intercommunautaire (donc partagé entre plusieurs communautés autonomes multipliant leurs stratégies particulières).l'analyse de la gestion d'un bassin intercommunautaire est donc très révélatrice des différentes tensions opposant tous les acteurs du cycle de l'eau. L'Ebre traverse, de plus, deux communautés, la Catalogne et l'Aragon, pour lesquelles le problème d'eau se présente en termes politiques et non pas techniques comme pour les autres. Ces deux études de cas seront donc extrêmement révélatrices du climat de tension que peuvent déclencher les hydro-politiques locales.

En prenant compte du Système Intégré d'Equilibre Hydrologique National (SIEHN.), qui consiste à rééquilibrer le réseau hydrographique de la péninsule ibérique, les bassins dites excédentaires - l'Ebre et le Duero - seront l'objet de dérivations et de transvasements destinés à subvenir aux besoins de bassins déficitaires comme le Jucar, le Segura et les bassins internes de Catalogne. Cette planification prétend à terme la redistribution annuelle d'un milliard de mètres cubes d'eau, soit 430 millions pour la région de Murcie, 300 millions pour Valence, 180 millions pour la Catalogne et enfin 90 millions pour la région d'Almeria.

Ces projets de transvasement avaient pris dans tout le bassin de l'Ebre, mais surtout en Aragon et dans les Comarques catalanes du Bas Ebre, des contestations très vives. Les défenseurs de l'environnement se soucient notamment de la disparition du delta de l'Ebre, la deuxième grande réserve écologique du pays.

Le 8 octobre 2000, un peu prés un mois à peine après l'annonce du PHN, 400.000 personnes ont ainsi protesté dans les rues de Saragosse (650.000 habitants) contre ce système de planification nationale. Ce courant d'opposition d'une partie de la société civile espagnole a trouvé un écho auprès du Parlement Européen. Le 9 octobre 2001, a « exprimé son inquiétude quant aux récentes séries de propositions de gestion non durable de l'eau en Europe, tel le PHN Espagnol (...) dont les propositions n'abordent pas la question d'un usage et d'une gestion raisonnés de l'eau à travers des mécanismes de tarification ou d'autres moyens de sauvegarde de la ressource ». En septembre 2002, sur l'initiative du COAGRET (Coordinadora de Afectadas por Grandes Embalses y Trasvases), une Marche Bleue, supportée par de nombreuses associations universitaires et des partis politiques, a été

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organisée depuis le delta de l'Ebre jusqu'à Bruxelles pour manifester contre le financement du PHN par l'Union Européenne.

3.3. L'eau comme arme stratégique dans les conflits internationaux 

Les divers dispositifs nucléaires, chimiques et bactériologiques s’introduisent comme des armes de la mort et de destruction, alors que l'eau se représente en tant qu’une arme de vie. Ainsi son rôle de protecteur de la vie humaine, n'empêche pas l’utilisation d’une arme de mort très dangereux. L'eau n'est pas considère comme une arme moins mortel dans l’utilisation contre les populations, et qui pourra causer la ruine des états. Il est devenu donc le fondement de base d'une stratégie dénommé hydro-stratégie.

L'utilisation de l'eau comme étant une arme stratégique « est lorsque un état menace un adversaire potentiel de le priver de disposer des ressources en eau primordiale à sa survie -par destruction des installations ou par rétention de l'écoulement-, pour obtenir un avantage politique, territorial ou économique sans combattre ».

Elle pourra être fondée sur des éléments objectifs de domination. Elle se réalise par la menace ou la mise en œuvre d’un endommagement des réserves, qui est insupportable aux populations à cause d’une pénurie de l'eau douce. Cette stratégie consiste aussi de prévenir un agresseur de l'inanité de ses actions, afin qu'il ne s'engage pas dans un confit ou l'espoir de gain est inférieur par apport aux risques de pertes encourues.

Les sites de management, de distribution et d'assainissement des eaux sont assez localisé pour être, à, leur tour, des objectifs possibles en cas de conflit en cours ou à venir. Les châteaux d'eau répartis sur l'ensemble d'un territoire national et facilement réparable dans le paysage, les usines de traitement de l'eau potable, les installations de traitement et d'assainissement de l'eau uses sont capables d'être frappées. Les sites fixes liés à la production, à la distribution et à l'épuration de l'eau douce sont des objectifs faciles pour tout agresseur, et apparaissent un intérêt stratégique pour le pouvoir politique .Leur destruction aurait la signature d'un adversaire déterminé à vaincre. Aussi sont-ils de véritables sentinelles qui veillent malgré à la paix et à la sécurité des populations. Ils contribuent donc au système de sécurité globale d'un état.

Le pire, est d'empoisonné les ressources hydraulique d'un état en guerre avec des produits chimique, et tous cela pour rendre faible l'adversaire, et de l'assoiffé. Parfois, la consommation de l`eau dans les zones des conflits est ainsi bloqué de manière systématique et organisée.

Au Kosovo, pendant la guerre, les forces belligérantes ont interdit et contaminé de nombreux points d'eau en jetant notamment, dans les puits de différents villages, des produits chimiques et des corps d'animaux morts. Dans les endroits les plus concernés, MSF a par la suite dû nettoyer plusieurs dizaines de puits et de sources d'eau, en vue d'améliorer la situation de santé et les conditions hygiéniques des populations. Ce sont bien sûr les produits chimiques et polluants qui ont posé le plus de problèmes.

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L'accès à l'eau constitue de manière générale un élément essentiel des soins de santé. On parle ici d'eau propre, en quantité suffisante pour combler les besoins des populations sur le plan de l'alimentation, de la santé et de l'hygiène. Très souvent, il faut donc porter de l'eau pour les personnes déplacées en raison du manque de sécurité, de la guerre, ou d'une catastrophe naturelle. En cas d'urgence, ces personnes n'ont pas d'autre possibilité d'obtenir de l'eau.

Stratégiquement, les états en amont ayant une postions dominante par apport aux états en avales. Ils sont incontournables dans leurs domaines économiques, et aussi ils ont le pouvoir de construire des barrages, des stations de la production électrique, de faire une dérivation des eaux des fleuves. Les états en amont ont entre leurs mains l’avantage d'exercer des pressions économique, en limitant la quantité d'eau délivrées aux états en aval. Cette capacité de nuisance à l’égard des populations des états en aval, n'est utilisée qu'en cas de conflit bilatéral ou multilatéral, afin de réaliser ses objectifs sans engagement militaire. Ainsi pendant la guerre du golfe, en 1991, un état en amont la Turquie, a limitée d'un tiers le débit des eaux s'écoulant vers l'Irak, à la demande de ses alliés occidentaux.

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IV Etude de Cas : Tensions autour du partage des eaux du NIL

Environ la moitié des ressources en eau douce sont contenues dans des bassins transfrontières, sans considération des nappes souterraines. En Afrique et en Amérique Latine par exemple, 60% des ressources en eau sont « internationales », ce qui signifie que dans bien des cas, même fournir l’eau potable aux populations qui n’y ont pas accès suppose l’usage de ressources partagées entre deux ou plusieurs États. On ne peut donc complètement disjoindre conflits internationaux et conflits internes en matière de ressources en eau.

Que ce soit l’accaparement ou l’utilisation dommageable des ressources en eau, ces comportements peuvent faire naître des tensions et en cela, les conflits interétatiques ne se distinguent pas fondamentalement d’autres niveaux de rapports sociaux conflictuels. Les ferments de conflits dépendront souvent de la disponibilité globale des ressources en eau : dans les régions humides, la pollution de l’eau ou les effets environnementaux des barrages pourront provoquer des tensions, alors que dans les zones arides, ce sera plutôt la compétition pour la ressource elle-même, combinée aux problèmes de répartition pendant la saison sèche.

Dans beaucoup de situations conflictuelles, se cumulent plusieurs facteurs et il est parfois difficile d’en déterminer rigoureusement l’origine : accaparement et utilisations dommageables peuvent aller de pair, particulièrement dans les régions arides déjà sous stress hydrique.

Pour illustrer nos propos, nous allons présenter un cas pratique des conflits qui résultent du partage inégalitaire des ressources hydrauliques. Il s’agit du bassin du NIL qui était depuis toujours à l’origine des tensions entre l’Egypte comme grand bénéficiaire et les autres Etats riverains, aussi bien en amont du bassin qu’en aval.

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4.1. Bassin du Nil :

Le Nil et le bassin hydrographique le plus étendu au monde. Dix pays africains se partagent les eaux de ce fleuve de 6 671 km, de l’équateur à la méditerranée.

Source : Vade-mecum – Unicef France

2005

Tous les pays le long du Nil (Tanzanie, République démocratique du Congo, Burundi, Rwanda, Ouganda, Kenya, Ethiopie, Erythrée, Egypte, Soudan) sont des pays en développement, en expansion démographique encore importante. Sept d’entre eux sont classés parmi les pays les moins avancés.

Du point de vue économique, la plupart sont des pays vivant essentiellement de l’agriculture à la fois de rente et vivrière.

Le fleuve qui s’écoule du lac Victoria s’appelle le Nil Blanc, au régime équatorial. A mi-parcours, il est rejoint par le Nil Bleu qui prend sa source en Ethiopie.

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Le Nil Bleu, au régime irrégulier, fournit cependant 60% de l’eau qui arrive en Egypte et, en période de crue, 90 à 95% des eaux globales du Nil. Il est à l’origine des crues et des riches alluvions parvenues en aval.

Il est à noter que près de 250 millions d’habitants vivent aujourd’hui sur le bassin du Nil et que cette population est appelée à s’accroître à l’horizon 2015, en même temps qu’une demande accrue en eau.

Deux pays, l’Egypte et le Soudan, forment un ensemble de 3 000 km du Sud au Nord qu’on appelle les pays du Nil ; l’existence et l’extension du désert fait que le fleuve y a une importance vitale.

Le cours inférieur du Nil est une région de très faible pluviométrie. C’est une zone semi-aride, souvent aride où même aucune culture ne serait possible sans les apports en eau du fleuve. En Egypte, sur les deux rives du Nil, c’est un mince ruban vert de végétation où les agriculteurs irriguent leurs champs. En l’état actuel des choses, l’Egypte et le Soudan sont les principaux utilisateurs du fleuve.

4.2. Un partage inégalitaire des eaux du bassin :

Durant la période coloniale, des accords sont conclus entre l’Egypte et le Soudan, représenté alors par l’Angleterre. Toute modification de nature à changer le niveau ou le débit du fleuve est interdite.

Dès son indépendance, le Soudan récuse cette clause, le risque de conflit violent est évité par la signature, en 1959, d’un accord entre les deux pays.

Cet accord autorise l’Egypte à puiser 55 milliards de m3 par an des eaux du Nil, le Soudan à 18.5 milliards de m3 par an.

Le potentiel annuel des eaux du Nil est estimé à 84 milliards de m3, une grande partie des 10 milliards restants subit le problème d’évaporation.

A la même période, l’Egypte entreprend de construire le Haut Barrage d’Assouan, à l’intérieur et à proximité de ses propres frontières, l’objectif étant le stockage des crues du fleuve et l’augmentation du nombre de récoltes annuelles grâce à une irrigation permanente.

L’Ethiopie, pays en amont, n’a pas été associée aux négociations et décisions. Or, le Nil Bleu, qui est né et coule sur son territoire, fournit les 4/5 du débit du fleuve et elle n’en utilise que 0.3%.

4.3. Rivalités interétatiques, positions respectives de

l’Egypte, de l’Ethiopie et des autres pays riverains

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1.3.1. Position de l’Egypte

Pour les Egyptiens, l’eau et les alluvions du Nil alimentent leur agriculture depuis 5 000 ans.

Ils estiment disposer d’un droit sur les eaux du fleuve au nom d’un principe historique acquis depuis des millénaires.

- Sur le plan économique et humain, le problème se pose de la manière la plus cruciale car l’unique source en eau est le Nil. C’est la seule source de vie (95% des ressources globales en eau), à l’opposé des autres pays riverains en amont à forte pluviométrie

- Toute initiative de réduction du débit du Nil (construction de barrages dans des zones de pays en amont) équivaudrait à un acte de guerre. L’Ethiopie détournant les eaux du Nil Bleu a toujours été une crainte historique.

L’Egypte s’oppose donc à toute renégociation des anciens traités qui lui attribuent les deux tiers des eaux du Nil.

4.3.2. Position de l’Ethiopie

L’Ethiopie réfute les termes du partage des eaux entre l’Egypte et le Soudan. Etant à la source de l’essentiel des eaux du Nil, et au nom du principe de souveraineté absolue, sur les ressources existant sur son propre territoire, elle exige sa part des eaux. Pour elle, le Nil est « un don de l’Ethiopie ».

Au cours des dernières décennies, de graves sécheresses dans certaines régions ont rendu nécessaire de lutter contre les malnutritions et de parvenir à un équilibre alimentaire. Cet objectif ne pourrait être atteint qu’en développant l’agriculture irriguée sur les Hauts Plateaux, grâce à la construction de barrages sur le Nil Bleu.

En 1958, les projets de retenues d’eau n’ont pas été suivis d’effet.

En mars 2004, l’Ethiopie a annoncé son intention de développer près de 200 000 hectares d’irrigation par la construction de 4 grands barrages.

4.3.3. Revendications des autres pays en amont

De nombreux pays en amont à pluviométrie importante considèrent, cependant, qu’il faudrait tout renégocier afin d’obtenir une répartition des eaux du Nil qui ne bénéficie jusqu’alors qu’à deux pays, l’Egypte et le Soudan.

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C’est une remise en cause d’accords passés durant la période coloniale. Même s’ils ne l’utilisent pas pour l’instant, tous les peuples riverains ont un droit sur l’eau et l’approche proposée est celle d’un développement du bassin du Nil dans son ensemble. Pour certains, l’utilisation des eaux du fleuve pourrait servir à la production d’électricité et pas nécessairement à l’irrigation.

Ce cas illustre à quel point, dans la mesure où les ressources en eau sont limitées, elles constituent une limite aux possibilités de développement de tous les États du bassin et qu’une redistribution équitable dans un tel contexte, suppose aussi le partage équitable de ces limites. Toute possibilité d’accaparement par un des États riverains, dans un contexte de ressources limitées, sera perçue plus rapidement par d’autres riverains comme injuste ou inéquitable puisqu’elle risque de constituer plus directement un facteur limitant de leur propre développement.

Conclusion Générale

La rareté de l'eau a des incidences sur tous les habitants de la planète -- elle menace notre bien-être, met en péril notre gagne-pain et, parfois même, met notre vie en danger. Dans les pays les plus prospères, elle freine la croissance économique et diminue la qualité de vie. Déjà, dans les pays en développement -- particulièrement parmi les populations pauvres -- le manque d'eau potable en quantité suffisante a des conséquences dramatiques. Elle engendre des maladies, ralentit le développement, exacerbe les inégalités de revenus, limite les possibilités, et compromet la survie de sociétés tout entières. Partout dans le monde, la pénurie d'eau -- et les démarches peu judicieuses entreprises pour la contrer -- sont désastreuses pour le milieu naturel. Et lorsqu'elle oppose des groupes d'origine ethnique différente ou des collectivités urbaines et rurales, qu'elle devient une question de privilège ou qu'elle se produit à une frontière, la pénurie d'eau peut aggraver le risque de conflit.

Certes, les pénuries d'eau ne sont pas nouvelles dans l'histoire de l'humanité. La Bible, le Coran et d'autres textes sacrés font abondamment mention de l'eau , et des conflits qui y sont liés. Mais les pénuries actuelles et futures importent plus que jamais, et pour un plus grand nombre d'entre nous. La croissance démographique, l'industrialisation et l'urbanisation épuisent et polluent irréversiblement les lacs, les rivières et les aquifères. Les nouvelles technologies nous donnent le pouvoir de capter l'eau plus rapidement qu'elle ne peut réalimenter les nappes souterraines. Il en résulte à l'échelle planétaire des dommages environnementaux catastrophiques, inimaginables jusqu'à présent.

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Bibliographie et webographie   :

- Sylvie Paquerot, « Ressources en eau : les différentes facettes des conflits

internationaux » Lex Electronica, vol. 12 n°2 (Automne / Fall 2007)

- Unicef France, Vade-mecum « Les conflits liés à l’eau dans le monde », 2005

- Vertigo,la revue électronique en sciences de l’environnement

(http://vertigo.revues.org)

- http://www.emse.fr/site/publications/eau.pdf

- http://devdurablemomo.blogspot.com/2010/03/les-differents-utilisations-des-

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- http://www.cnrs.fr

- http://ec.europa.eu/environment/water/water-framework/pdf/waterislife_fr.pdf

- CONSOMMATION D’EAU PAR LES SECTEURS INDUSTRIELS : Etude conduite par Planistat France pour le compte du Ministère de l’Ecologie et du Développement durable Direction des Etudes et de l’Evaluation Environnementale (D4E) Sous-Direction des Politiques Environnementales