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Septembre 2006, vol. 6, n° 3 Droit, déontologie et soin 423 L U POUR VOUS Lectures Gilles DEVERS Avocat au Barreau de Lyon Initiation au judaïsme, au christianisme et à l’islam Richard Ayoun, Ghaleb Bencheikh, Régis Ladous, Ellipses, 2006, 368 pages Comment soigner, comment parler au malade de la vie, du corps, de la mort, sans une culture religieuse ? C’est l’assurance de rendez-vous manqués, et des plus importants. Cette initiation au judaïsme, au christianisme et à l’islam offre au lecteur une explication de leurs textes fondateurs, et un éclairage sur les pratiques religieuses. L’ouvrage présente aussi la place de la religion dans le monde contemporain. Composé dans un esprit laïc, il accorde une place égale au judaïsme, au christianisme et à l’islam. Les trois auteurs, tous spécialistes, livrent, avec sincérité, un texte clair et accessible ; ils souhaitent ainsi transmettre leur volonté d’intéresser étudiants, enseignants et public curieux à une question souvent méconnue. Richard Ayoun est maître de conférence à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO). Ghaleb Bencheikh est président de la conférence mondiale des religions pour la paix. Régis Ladous est professeur à l’université Jean-Moulin-Lyon III. L’homosexualité Jacques Corraze, PUF, Que-sais-je ?, 2006, 8° édition, 128 pages. Si aujourd’hui la « cause homosexuelle » défendue depuis une trentaine d’années bénéficie d’une certaine tolérance, on ne saurait se satisfaire d’une image trop idyllique. Cet ouvrage s’attache à porter un regard objectif qui rend compte de la réalité homosexuelle, en présentant à la fois ses dimensions sociales, culturelles et psychologiques. Un très large tour d’horizon : rapport aux normes, changements d’orientation sexuelle, modifications de comportement depuis le Sida, implications thérapeutiques.

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Avocat au Barreau de Lyon

Initiation au judaïsme, au christianisme et à l’islam

Richard Ayoun, Ghaleb Bencheikh, Régis Ladous, Ellipses, 2006,368 pages

Comment soigner, comment parler au malade de la vie, du corps, de lamort, sans une culture religieuse ? C’est l’assurance de rendez-vous manqués, etdes plus importants. Cette initiation au judaïsme, au christianisme et à l’islamoffre au lecteur une explication de leurs textes fondateurs, et un éclairage surles pratiques religieuses. L’ouvrage présente aussi la place de la religion dans lemonde contemporain. Composé dans un esprit laïc, il accorde une place égaleau judaïsme, au christianisme et à l’islam. Les trois auteurs, tous spécialistes,livrent, avec sincérité, un texte clair et accessible ; ils souhaitent ainsi transmettreleur volonté d’intéresser étudiants, enseignants et public curieux à une questionsouvent méconnue. Richard Ayoun est maître de conférence à l’Institut nationaldes langues et civilisations orientales (INALCO). Ghaleb Bencheikh est présidentde la conférence mondiale des religions pour la paix. Régis Ladous est professeurà l’université Jean-Moulin-Lyon III.

L’homosexualité

Jacques Corraze, PUF, Que-sais-je ?, 2006, 8

°

édition, 128 pages.

Si aujourd’hui la « cause homosexuelle » défendue depuis une trentained’années bénéficie d’une certaine tolérance, on ne saurait se satisfaire d’uneimage trop idyllique. Cet ouvrage s’attache à porter un regard objectif qui rendcompte de la réalité homosexuelle, en présentant à la fois ses dimensions sociales,culturelles et psychologiques. Un très large tour d’horizon : rapport aux normes,changements d’orientation sexuelle, modifications de comportement depuis leSida, implications thérapeutiques.

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L’atlas des Français d’aujourd’hui

Laurence Duboys Fresney, cartographie Claire Levasseur, Autrement, 2006,184 pages.

Qui sont les Français ? Comment s’investissent-ils dans la vie publique ?Comment appréhendent-ils leur travail ? Quelles sont leurs valeurs ? Autant dequestions auxquelles cet ouvrage, en se fondant sur les données les plus récentes,tente de répondre, balayant les idées reçues et présentant la France telle qu’elleest, complexe et contradictoire, en mutation et en mouvement.

On dit que les Français épargnent plus qu’ils n’investissent, éprouvent del’aversion pour le risque : ils ont le moral en berne, ils sont inquiets… Certes,mais ce même pays se distingue de tous les autres pays européens par l’un desindicateurs les plus sûrs d’une grande confiance dans l’avenir : la fécondité deses femmes. Pourquoi ? Adepte avancée des nouvelles formes de parentalité, laFrance demeure profondément attachée à l’institution familiale.

Après les structures de la société, sont évoquées les attitudes des Françaisface à leurs institutions et à leur vie de tous les jours. Comment appréhendent-ils leur travail ? Doivent-ils s’investir ? Oui, mais à hauteur des risques… Lesjeunes et les seniors, chacun à leur manière, créent un style de vie et une culturepropre à leur âge ; lentement mais sûrement, les femmes gagnent du terrain surle primat masculin et les immigrés adoptent au fil des générations le mode devie français. La pauvreté change de nature… Un portrait sociologique uniqueet vivant des Français du

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siècle, une lecture documentée et originale dumodèle français.

Laurence Duboys Fresney est secrétaire scientifique du groupe Louis Dirnà l’Observatoire français des conjonctures économiques (Fondation nationaledes sciences politiques) où elle participe à des recherches comparatives sur lechangement social en Europe. Claire Levasseur est cartographe indépendante.

Camus

Pierre-Louis Rey, Découvertes Gallimard, Série Littérature, 2006, 128 pages.

Que cela fait du bien de retrouver Camus… Dans un monde compliqué,incertain, quand chacun peut avoir le sentiment que les repères se brouillent. Lameilleure de la littérature ouvre les yeux, et quel bonheur de se replonger dans« L’homme révolté » ou « L’étranger ». Et un grand plaisir aussi à lire ce simpleet beau « Camus », publié dans la collection Découvertes Gallimard. QuandAlbert Camus meurt dans un accident de voiture, le 4 janvier 1960, il n’a quequarante-six ans. Journaliste, philosophe, romancier, dramaturge, il a reçu deuxans plutôt le prix Nobel. Pour ce « Français d’Algérie » pauvre et sans racines,le tragique est indissociable de l’aspiration à un bonheur qu’il sait aussi précaire

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que le soleil de midi. S’il voue sa vie entière au théâtre (« Caligula », « L’État desiège », « Les Justes »), ses romans (« L’Étranger », « La Peste », « La Chute »)et son œuvre de journaliste l’imposent comme un écrivain majeur et un des prin-cipaux acteurs de son temps. Tandis que les héros de ses livres se révoltent contrel’absurdité de la condition humaine, lui s’insurge au fil des colonnes d’

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, au nom de la démocratie, contre les injustices ducolonialisme, du communisme ou du franquisme. Pierre-Louis Rey revisite lavie et l’œuvre de ce créateur de mythes, « solitaire et solidaire », qui fut par saplume et la constance de ses engagements la conscience de toute une génération,et qui nous parle tant aujourd’hui.

La justice des enfants perdus, intervenir auprès des mineurs

Manuel Palacio, La Découverte, 2006, 252 pages

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Combien de fois ne s’est-on pas senti perdu devant le phénomène de ladélinquance des mineurs. Les praticiens du soin sont particulièrement concernés,et vient parfois très durement cette confrontation. En vingt ans, la délinquancedes mineurs est devenue un sujet d’inquiétude majeur en France et constituel’une des figures les plus emblématiques – avec le chômage – des angoisses socia-les actuelles, les politiques publiques n’amenant pas la décrue annoncée. Blou-sons noirs, jeunes en errance ou en manque de repères… De tout temps, lasociété a eu ses « enfants perdus », s’interrogeant sur leur prise en charge et yrépondant essentiellement en les renvoyant à sa marge. C’est au

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siècle queva progresser l’idée qu’au-delà de la sanction de la faute, il faut réinsérer lemineur qui l’a commise, en lui apportant l’éducation qui lui a manqué. Maiscette justice originale a été mise à mal : les profondes mutations subies par lasociété ont changé son regard sur l’enfant et sur le délinquant, tout comme surles institutions qui en sont responsables. C’est ce choc et ses effets sur la justiceet sur l’éducation spécialisée que l’auteur analyse dans ce livre, dans quatre lieuxmajeurs : le tribunal, la ville, le centre éducatif et la prison. Une réflexion indis-pensable – et particulièrement précieuse pour les professionnels de l’enfance endifficulté – afin d’ouvrir des voies nouvelles, dans l’intérêt des mineurs et de ceuxqui en ont peur.

Dictionnaire de l’argot

François Caradec, Larousse, Collection Référence, 2006.

Si volontiers, les juristes se plaisent à souligner la nécessaire précision deleur langage : un mot n’est pas un autre, et il peut vous en coûter la tête… Enfin,presque. Mais, ce scrupule du sens du mot n’est pas une spécificité du droit.C’est le propre de tout langage. Aussi, parce qu’il ne faut pas prendre le risque

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d’être perdu parmi ces mots et ces langages, les praticiens de la santé, quicôtoient tous les publics doivent là aussi rechercher la qualité. Et oui, prendresoin du mot ! D’où le grand intérêt de ce pratique et complet « Dictionnaire dufrançais argotique et populaire ». Au plaisir des mots, il définit et exemplifietous les aspects de mots et de locutions qui n’ont pas toujours droit de cité dansles dictionnaires d’usage… Il ravira les amoureux de la langue verte et tous lescurieux du français non conventionnel. Du verlan au louchebem en passant parl’argot, tous les mots de la tchatche et du français populaire d’aujourd’hui. Avecen annexe, une petite anthologie poétique de l’argot qui nous conduit de FrançoisVillon à Raymond Queneau. Au total, plus de 5 000 mots recensés… histoire dene pas rester sans voix, et de s’assurer la maîtrise des clés qui ouvrent vers leconsentement éclairé…