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International African Institute L'ÉDUCATION DES MASSES EN AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE Author(s): Henri Labouret Source: Africa: Journal of the International African Institute, Vol. 8, No. 1 (Jan., 1935), pp. 98-102 Published by: Cambridge University Press on behalf of the International African Institute Stable URL: http://www.jstor.org/stable/3180402 . Accessed: 14/06/2014 13:20 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Cambridge University Press and International African Institute are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Africa: Journal of the International African Institute. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.12 on Sat, 14 Jun 2014 13:20:57 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

L'ÉDUCATION DES MASSES EN AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE

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L'ÉDUCATION DES MASSES EN AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISEAuthor(s): Henri LabouretSource: Africa: Journal of the International African Institute, Vol. 8, No. 1 (Jan., 1935), pp.98-102Published by: Cambridge University Press on behalf of the International African InstituteStable URL: http://www.jstor.org/stable/3180402 .

Accessed: 14/06/2014 13:20

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

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L'EDUCATION DES MASSES EN AFRIQUE OCCIDENTALE FRAN;AISE

H. LABOURET

SOUS l'impulsion personnelle du Gouverneur General M. J. Brevie et avec l'aide eclairee de M. l'Inspecteur General de l'Enseigne-

ment Charton, la Federation Fransaise de l'Ouest-Africain prend resolument une orientation nouvelle qui merite d'etre signalee. Un programme remontant deja a quelques mois en fixe les grandes lignes, definissant ainsi les trois aspects du probleme a resoudre.

'Au point de vue social et administratif, il s'agit de preparer et de former, par une selection attentive, les cadres indigenes necessaires a la vie econo- mique du pays, d'accroitre, par une education appropriee, la valeur des futurs chefs indigenes et de consolider leur autorite traditionnelle.

'Au point de vue economique, il s'agit de former des cadres economiques et la main d'oeuvre qualifiee, indispensable a la bonne marche de l'conomie africaine.

' II s'agit enfin par une action sur la masse et une orientation franchement pratique donnee a l'enseignement, de preparer les conditions sociales et psychologiques de la mise en valeur rationnelle du pays par l'indigene lui- meme, de creer un enseignement populaire educatif et pratique, qui dirige dans son cadre traditionnel le progres de la socited indigene.'

Ainsi se trouvent precisees les donnees de l'action a poursuivre. Elle se resume en trois formules solidaires: (a) former des cadres

indigenes capables de servir d'auxiliaires a la colonisation dans tous les domaines; (b) assurer l'ascension d'une elite soigneusement instruite et

rigoureusement choisie; (c) eduquer la masse de la population. La premiere partie de cette tache a ete brillamment remplie depuis

trente ans, en execution des arretes generaux de I903, 1908, I9I6, 1921 et des plans d'etudes qui les ont completes a diverses reprises, notam- ment en 1914 et en 1924. L'action s'est realisee jusqu'ici dans le triple cadre de l'ecole de village, de l'ecole regionale, puis de l'ecole superieure ou professionnelle, dont il ne saurait etre question d'etudier ici les

programmes successifs. On peut indiquer toutefois que les resultats obtenus pour la formation des auxiliaires et de l'elite ont ete tres satisfaisants.

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L'EDUCATION DES MASSES EN A.O.F. 99 Par contre le succes enregistre dans le domaine de l'instruction des

masses est loin d'atteindre celui qui s'est manifeste jusqu'ici dans l'education individuelle. Faute de moyens, de personnel qualifie et de temps, l'enseignement est demeure en Afrique Occidentale Fran5aise, comme dans beaucoup d'autres contrees, un phenomene de minorite et une affaire de selection. Le Gouverneur General a compris qu'une telle politique, admissible au debut de l'occupation, devait etre modi- fiee dans la periode actuelle. II a eu le merite de proclamer que la colonisation est avant tout une affaire d'education et de prendre des mesures pour que celle-ci s'adresse a tous, en restant adaptee aux possibilites et aux besoins.

Constatant que les 77 eoles regionales de la Federation devenaient de veritables cites, puisque certains de ces etablissements pourvus de o1 cours comptaient parfois 5oo, 600 et meme 700 eleves, M. Brevie a

redoute avec raison un desequilibre prochain entre les effectifs sans cesse accrus des ecoliers et le nombre des emplois a pourvoir dans les services publics et l'economie privee. Le niveau des etudes ayant ete progressivement releve, l'ecole regionale risquerait a la longue de creer une caste de 'deracines' auxquels il serait impossible d'accorder une place et qui menaceraient de faire figure de mecontents ou de rebelles dans les cadres traditionnels de la vie indigene.

Pour eviter un tel danger les programmes des ecoles regionales ont ete remanies afin de les mieux adapter a leur nature et a leur vraie fonction. On cherche desormais a leur donner, comme il est logique, une personnalite geographique empruntee au milieu, I'ecole du Sahel, proche du Sahara, celle de la contree montagneuse du Fouta-Djallon, celle de la savane soudanaise ne pouvant de toute evidence etre la replique exacte des institutions scolaires urbaines comme celles de Dakar ou de Saint-Louis. On y a introduit des sections agricoles ou pastorales, artisanales et meme des sections de peche, leur donnant ainsi un caractere surtout pratique et utilitaire. L'ecole regionale ainsi reformee est donc appelee a jouer un role tres important pour l'evolu- tion progressive de la vie indigene dans son cadre.

Cet amenagement realise, on s'est efforce d'organiser 1'education des masses par le moyen de 1'ecole indigene populaire. On englobe sous cette appellation les ecoles denommees autrefois 'preparatoires ou elementaires' ou du 'premier degre' qui avaient pour fonction

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L'_DUCATION DES MASSES EN A.O.F.

principale dans l'ancien systeme de foumir des candidats aux ecoles regionales ou aux ecoles superieures.

Une circulaire du Gouverneur General indique le r6le actuel et definit le but fixe desormais a ces institutions. Elles iront trouver

l'indigene dans son village, avec un programme hautement moral et franchement pratique, repondant a des besoins qu'elle illustre et de- vance, puisque l'ecolier instruit aujourd'hui est le pasteur, le paysan ou l'artisan de demain. Les programmes seront toujours simples, tout enseignement theorique et livresque en sera elimine, pour ac- corder la plus large place aux enseignements utiles: hygiene, agricul- ture, arboriculture, elevage, travaux manuels, lecons de morale et de choses fondees sur la vie indigene.

L'orientation est avant tout rurale, l'instruction se donne dans un etablissement qui n'est ni une ecole preparatoire, ni une ecole elemen- taire, mais bien une 'ecole de village'. Elle est destinee a crder une mentalite paysanne, a rattacher la classe a la vie du groupement humain. C'est une institution qui s'adresse au plus grand nombre; a ce titre elle est, si l'on veut, une 'ecole de quantite' qui s'oppose a 'l'ecole de qualite ' destinee a la formation des dlites.

Dans une autre circulaire, le Gouvemeur General precise ses intentions:

' Ce role devolu a l'6cole de village, ecrit-il, sera soutenu et continue quand il se pourra, par l'institution de cours pratiques d'adultes, ou l'on recevra les gens du village, ot l'on emploiera au besoin les langues indigenes. Les anciens eleves de l'ecole formeront tout naturellement le premier noyau d'auditeurs. Entendons-nous bien. II n'est pas question dans cette entreprise modeste, qui peut etre de grande portee, de mettre en cause l'enseignement du francais, il ne s'agit pas de revenir sur la discussion epuisee de la langue vehiculaire.

. . I faut, sans attendre que tous nos jeunes eleves soient parvenus a l'age d'homme, repandre dans la masse indigene ... nos intentions, nos directives. Le cours pratique d'adultes en langue indigene me parait un excellent moyen en vue de cette action educatrice de la masse.'

Une autre instruction autorise l'emploi des idiomes locaux pour l'education pratique en specifiant que les eleves recevront par ailleurs un enseignement de franqais parle dans les ecoles de village. Ainsi se trouve pose pour la premiere fois le principe que les langues africaines, si longtemps bannies des classes officielles, y auront acces desormais

pour servir de vdhicules a certaines notions simples et utiles. Cette

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innovation, encore critiquee par certains esprits, toujours partisans de l'ancienne methode, s'affirme logique et opportune lorsqu'on veut faire l'education des masses. Elle suppose par ailleurs une prospection des zones linguistiques, un choix judicieux des langues et des dialectes a utiliser, l'adoption d'une orthographe raisonnee et enfin la constitu- tion d'une litterature elementaire redigee dans les parlers locaux.

La mise en ceuvre des nouveaux programmes en vue d'une orienta- tion plus pratique a conduit i reorganiser l'Ecole Normale William Ponty de Dakar, dans le double but d'elargir les debouches offerts aux cadres indigenes et d'ameliorer en qualite la formation des agents de ces cadres. II a ete cree en consequence, en plus de la section des Instituteurs, Medecins et Veterinaires une section 'administrative' d'oui sortiront les commis-expeditionnaires, les secretaires des greffes et parquets, les comptables des tresoreries, les commis des postes et telegraphes, les radiotelegraphistes, etc.

En meme temps la formation professionnelle des instituteurs indi- genes etait orientee dans un sens plus pratique. Au cours de leur troisieme annee d'etudes ils recevront un enseignement plus developpe que par le passe en matiere d'hygitne, d'agriculture, d'elevage, dc travaux manuels.

D'autre part, pour repondre aux besoins de l'enseignement popu- laire, des Ecoles Normales Rurales dispensent une instruction parti- culiere aux maltres indigenes destines aux ecoles de villages. La premiere a ete edifide au Soudan.

Afin de rechercher pratiquement la meilleure methode a employer en matiere d'education populaire, un certain nombre d'ecoles experi- mentales ont ete ouvertes en I933: en C6te d'Ivoire a Sassandra dans la zone littorale des palmeraies; a Bongouanou dans la region sylvestre du cacao et du cafe; a Korhogo pour les cultures vivrieres de la savane. D'autres etablissements analogues fonctionnent a Koudougou, Com- bissiri, Zorgo, Bobo-Dioulasso.

A Zorgo les immeubles necessaires ont ete construits sans frais avec I'aide du village. Le personnel comprend un instituteur indigene du cadre secondaire choisi a cause de ses aptitudes et de son gout pour l'enseignement agricole. II est assiste par un moniteur d'enseignement pratique, ancien eleve d'une ecole professionnelle ou il a appris a travailler le fer et le bois, dans un dispensaire et enfin danls une ferme

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agricole. L'enseignement pratique est donne dans trois sections: agricole et pastorale, manuelle et artisanale, menagere. La plus im- portante est la premiere. Les eleves sont inities aux procedes de culture intensive par labours, assolements, engrais, mise en jachere verte, stabulation du bdtail, etc. L'instruction generale dlementaire est don- nee pendant la periode chaude de la journee, il lui est consacre environ trois heures, de Ioh. 30 i h. 3 et de 14 h. 30 a 6 h. Les vacances ont lieu de fdvrier a mai, c'est-a-dire pendant la secheresse, a l'epoque de la plus forte chaleur.

Les ecoles de ce type ont etC dotees comme les autres d'une Mutuelle Scolaire, alimente par le travail des eleves, le produit des recoltes, le croit des troupeaux, la vente des poulets, des ceufs, des produits divers, si bien qu'elles se suffisent a elles-memes.

La formule actuelle semble pleine de promesses, elle menage une evolution logique de la civilisation indigene et s'efforce de maintenir celle-ci dans ses cadres traditionnels autant qu'il est possible. L'organi- sation nouvelle marque une date dans l'education des indigenes peu- plant l'Afrique Occidentale Francaise.

HENRI LABOURET.

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