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tre ouverte I À Juillet 1970 (XXIIIe année) - France : 1,20 F - Belgique : 17 F - Suisse: 1,20 F 1870 - 1970 l'éducation la science la culture L'ART JAVA

Lénine et l'éducation, la science, la culture, L'art de ...unesdoc.unesco.org/images/0018/001844/184442fo.pdf · la science la culture L'ART JAVA - ;. TRESORS DE L'ART MONDIAL *@

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tre ouverte

I À

Juillet 1970 (XXIIIe année) - France : 1,20 F - Belgique : 17 F - Suisse: 1,20 F

1870 - 1970

l'éducation

la science

la culture

L'ART

JAVA

- ;

.

TRESORS

DE L'ART

MONDIAL

*@ Syrie

Femmes de Palmyre

Évoquées d'un seul mouvement, ces trois femmes enroulées dans leurs voiles assistent audépart d'une procession sculptée il y a dix-neuf siècles sur un entablement du temple de Bel,à Palmyre; un autre fragment du même relief, aujourd'hui brisé, montre le passage desporteurs d'offrandes, et des chameaux auxquels Palmyre devait sa fortune commerciale. EntreDamas et l'Euphrate, les ruines de Palmyre (l'ancienne Tadmor ou cité des Palmiers quiapparut à la fin du 3e millénaire av. J.-C.) gardent encore l'éclat de ce que fut aux trois pre¬miers siècles de notre ère, l'une des plus brillantes métropoles d'Asie Mineure.

1 jm ?07ft

Le CourrierJUILLET 1970

XXIIIe ANNÉE

PUBLIE EN 13 ÉDITIONS

FrançaiseAnglaiseEspagnoleRusse

Allemande

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Japonaise

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U. S. A.

Hindie

Tamoule

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Mensuel publié par l'UNESCOOrganisation des Nations Uniespour l'Éducation,la Science et la Culture

Ventes et distributions :

Unesco, place de Fontenoy, Paris-7»

Belgique : Jean de Lannoy,112, rue du Trône, Bruxelles 5

ABONNEMENT ANNUEL : 12 francs fran¬

çais; 170 fr. belges; 12 fr. suisses; 20/-stg.POUR 2 ANS: 22 fr. français; 300 fr. belges;22 fr. suisses (en Suisse, seulement pour leséditions en français, en anglais et en espa¬gnol); 36/-stg. Envoyer les souscriptionspar mandat C. C. P. Paris 12598-48, LibrairieUnesco, place de Fontenoy, Paris.

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Édition française: Louis FrédéricÉdition anglaise: Howard BrabynÉdition espagnole: Simon Izquierdo PerezIllustration et documentation : Olga RodelMaquettes : Robert Jacquemin

Toute la correspondance concernant la Rédaction doit êtreadressée eu Rédacteur en Chet

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LÉNINE ET L'ÉDUCATION

LA SCIENCE, LA CULTURE

par Marie-Pierre Herzog

LÉNINE ET L'ESSOR SCIENTIFIQUE

par Mstislav Keldych

L'ÉDUCATION, CLÉ DE LATRANSFORMATION SOCIALE

par Vsevolod Stoletov

LÉNINE ET LES DROITS CULTURELS

DES MINORITÉS

par Lauri A. Posti

SI TU SAIS LIRE, APPRENDS A LIRE

A TON VOISIN

L'ART DE JAVA

par Hiroshi Daifuku

AU FOND DES MERS

L'HISTOIRE DES CONTINENTS

par Daniel Behrman

NOS LECTEURS NOUS ÉCRIVENT

LATITUDES ET LONGITUDES

TRÉSORS DE L'ART MONDIAL

Femmes de Palmyre (Syrie)

Notre couverture

Portrait de Lénine, détail d'une

photographie (reproduite ici enentier) prise à Moscou en 1920 lorsd'un entretien de Lénine avec

H.G. Wells, le célèbre romancier

anglais qui était venu lui rendrevisite.

Photo '© APN

Détail d'un des bas-reliefs qui ornentles murs du temple de Mendut,voisin et contemporain (fin duVIII" siècle) du grand stoupa deBoroboudour, au centre de Java,en Indonésie.

Photo © Louis Frédéric - Rapho

La dernière session de la Conférence générale

de /'Unesco qui s'est tenue à Paris ennovembre 1968, a autorisé le Directeur général

à «prendre l'initiative de certaines activités encommémoration du centenaire de la naissance

de V.l. Lénine, notamment à organiser un

colloque sur le thème : « V.l. Lénine et ledéveloppement de la science, de la culture et del'éducation » (Résolution 3.112).

Organisé par ¡'Unesco avec la collaborationconjointe de la Commission nationale finlandaiseet de la Commission nationale soviétique, ce

colloque international a eu lieu du 6 au 10 avrildernier, à Tampere, en Finlande, avec laparticipation de spécialistes de 20 pays invitésà titre personnel.

Ce numéro du « Courrier de ¡'Unesco » consacré

en grande partie à Lénine, a été préparé dansle cadre de la même résolution de la Conférence

générale de ¡'Unesco.

Dans l'article ci-dessous, Mme Marie-Pierre

Herzog, Directeur de la Division de philosophiede ¡'Unesco, qui a organisé le colloque deTampere, dégage les divers points de vueexprimés par les participants lors de leurs débats.

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Timbre commémoratif

émis par legouvernementfinlandais pour lecentenaire de la

naissance de Lénine

et le Colloque deTampere, organisépar l'Unesco.D'autres timbres

commémoratlfs ont

également été émisau Cameroun, enInde et en Union

Soviétique.

par Marie-Pierre Herzog

Directeur de la Division de philosophie de l'Unesco

L|E colloque de Tampere (6-10 avril 1970) afait ressortir des aspects variés de la pensée et del'action de V. I. Lénine dans le domaine de la science,de l'éducation et de la culture.

L'intérêt a été très vif pour le sujet choisi. On ad'abord noté, d'une manière générale, l'importanceque Lénine avait attachée personnellement à l'acqui¬sition continue du savoir et à l'union de la théorie

et de la pratique dans ses activités.Rentrant ensuite dans le détail, on s'est plu à

reconnaître dans ses premières 1uvres son souciaigu d'appliquer l'analyse marxiste aux réalités dela Russie d'alors avec le maximum de lucidité en ce

qui concernait le comportement ambigu de l'intelli¬gentsia, le sort véritable des paysans, la situation desouvriers, avec l'appui de toutes les données numé¬riques et statistiques qu'il avait pu recueillir, fortéloigné en ceci des effusions des populistes de l'épo¬que et de la confusion des esprits en général.

On a loué son discernement en face des problèmesposés par la science de son temps (dont l'armatureconceptuelle était fort secouée par l'apparition desnouvelles découvertes de la radioactivité et de la

dynamique de l'électron), et les vues très ouvertesqu'il exprime dans « Matérialisme et empiriocriticis-me » en 1909, sur les possibilités de l'évolution ulté¬rieure de la physique comme le montre la fameusephrase : « L'électron est inépuisable comme l'atome »,ainsi que sa volonté bien nette de séparer les présen¬tations successives des sciences de la nature de la

théorie matérialiste en tant que telle de même quesa capacité à le faire clairement.

Une théorie dialectique de la matière élaborée parle professeur Sakata a été présentée dans cet espritpar le professeur Yoichi Fujimoto, professeur de phy¬sique aux laboratoires de « Science and Engineering »de l'université de Waseda, au Japon, en relation avecdes récents travaux sur les particules élémentaires,notamment le méson.

On a montré d'autre part que, sans être un péda¬gogue à proprement parler, Lénine avait accordé uneimportance immense à l'éducation non seulement sousla forme de l'alphabétisation instituée par un décretcélèbre, mais sous cette seconde forme où le savoirassimilé, incorporé à la substance même de la vie,prend le nom de culture.

Certains participants, cependant, ont surtout retenu

LÉNINE

et l'éducation

la science

la culture

de Lénine ses capacités d'homme d'action et ontdemandé qu'on n'attribue pas des traits étrangers àce grand homme dont la modestie était exemplaire.

« Son génie consistait en son don de la décisionde même qu'en son sens aiqu des situations politi¬ques, de l'évaluation du moment opportun et despossibilités pratiques qui s'ouvrent alors », dit leprofesseur Alfred G. Meyer, directeur du Centre d'étu¬des russes et est-européennes de l'Université deMichigan, Etats-Unis, qui souligna le réalisme et lesintuitions de Lénine toujours soucieux de rester, par-delà concepts et discussions, face à ce qu'il appelait« la vraie vie » (jivaia jizn).

Et il ajouta : « C'est Lénine que je choisirais sil'on me demandait de désigner la personne qui a eula plus grande influence sur notre siècle. On ne peutmettre en doute que la révolution qu'il a accomplieet la société qu'il a commencé de construire ont eudes répercussions dans tous les domaines de la viey compris la science, l'éducation et la culture. A mesyeux ces répercussions n'ont pas toujours été posi¬tives. » Après s'être étendu sur la simplicité de Léni¬ne, le professeur exprima ses craintes devant certai¬nes présentations qui pouvaient être faites de soncaractère et de son

D'autres participants ont évoqué les conceptionsde Lénine sur le problème des nationalités et deslangues minoritaires et ont mis en valeur son actiondans ce domaine (professeur Lauri A. Posti, de laFaculté de philosophie de l'Université d'Helsinki, Fin¬lande).

Le professeur Cheikh Anta Diop, directeur du Labo¬ratoire de radiocarbone de l'Institut fondamental

d'Afrique noire, à Dakar, Sénégal, a examiné enfinles relations existant entre l'histoire des sociétés afri¬

caines et le matérialisme dialectique.

Mais le débat central a porté sur la culture. Unediscussion s'est instaurée entre les participants pourpréciser plus clairement les réserves que Lénineavait faites au sujet de la « culture prolétarienne »telle que la concevaient Bogdanov et le Proletkult, àsavoir une culture qui serait entièrement issue duprolétariat et entièrement créée par lui.

On a pris soin de rappeler que Lénine n'avait jamaisadhéré à ces vues, non pour des raisons de goûts

personnels qu'il eût maintenues de toute manièrehors du débat, mais pour des raisons générales.

On a souligné que Lénine considérait comme capi¬tale pour la nouvelle culture ce qu'il appelait « l'assi¬milation critique du legs bourgeois », c'est-à-dire lareprise éclairée de tout ce qu'il y avait de plusvalable dans le passé culturel de l'humanité. « Aprèsla conquête du pouvoir », a déclaré le professeurAlexis Roumiantsev, vice-président de l'Académie dessciences de l'U.R.S.S., « c'est dans le domaine dela culture qu'on trouve le véritable problème révolu¬tionnaire ».

Il avait déjà précisé dans son rapport : « Par culture,Lénine comprenait les principes fondamentaux de laconduite humaine, dont les racines se perdent dansla pensée, dans la mentalité.

Il voyait dans la culture les bases organiques desactions humaines, leur mécanisme social, psycholo¬gique et Intellectuel. Voilà pourquoi, pour Lénine, c'estprécisément de la culture que dépendait la qualitésociale de l'économie, de la gestion de l'appareild'Etat. »

On voit que la culture ainsi comprise dépasse lar¬gement l'acception habituelle de ce mot, et que d'im¬menses tâches et perspectives s'ouvrent à elle.

« Lénine ne défend pas la culture comme un objetprécieux, comme une relique admirable, mais commeun moyen vivant de conscience, c'est-à-dire commeun moment dans la lutte du prolétariat pour son éman¬cipation qui doit à terme engendrer une culture supé¬rieure à la culture bourgeoise existante qu'elle nedétruira pas mais qu'elle dépassera en l'assumantdans un monde où auront disparu l'exploitation del'homme par l'homme, les classes antagonistes, lalutte des classes, la division entre le travail manuel

et intellectuel qui marquent de leur empreinte lesplus hauts produits même de la culture bourgeoise »(Jean-Jacques Marie, professeur agrégé de lettres auLycée Voltaire à Paris, France).

Et le professeur Roque Gonzalez Salazar, directeurdu Centre d'études internationales, El Colegio deMexico, Mexique, d'ajouter qu'un des grands méritesde Lénine était « d'avoir vu clairement que l'hom¬me doit fonder son pouvoir créateur sur les effortsde ses semblables et même sur ceux des générationsqui l'ont précédé ».

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par Mstislav KeldychPrésident de l'Académie des sciences

de l'U.R.S.S.

Lénine

et l'essor

scientifique

L

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le 4 octobre 1957, le monde

entier suivit avec passion le lance¬ment de Spoutnik I, premier satelliteartificiel ; les immenses perspectivesd'une ère scientifique nouvelle ve¬naient de s'ouvrir à l'humanité.

Mais cette première aventure spa¬tiale témoignait également d'un mo¬ment capital dans l'essor scientifiquede l'U.R.S.S. ; si l'on se reporte auxpremiers jours de la révolution de1917, puis aux années qui suivirent, ilest clair que cette moisson de lascience soviétique avait été semée parVladimir Lénine.

En dépit des difficiles problèmesauxquels il eut à faire face dans lesjours qui suivirent la révolution, Lé¬nine reconnut tout de suite l'importancedu rôle que devait jouer la sciencedans la reconstruction de son pays.

Toute l'uuvre de Lénine homme

politique, homme d'Etat, homme publicest inséparable de la science. En

tant que scientifique, ce qui me frappele plus dans son iuvre intellectuelle,c'est comment ses conclusions théori¬

ques se fondent invariablement surl'analyse scientifique et l'examen cri¬tique des faits et des données dispo¬nibles. Une autre particularité de sarecherche, c'est le maintien permanentd'un rapport étroit entre la formulationthéorique et ses applications pratiques.

Nous avons un exemple accomplide la manière dont Lénine saisissait

l'esprit de la science moderne enanalysant les grands problèmes phi¬losophiques soulevés par les progrèsde la physique.

On sait que vers le début du siècleil y eut nombre de découvertes quiallaient conduire à une véritable révo¬

lution de la physique et, finalement, àla physique moderne. C'est ainsi queles progrès de l'électrodynamique per¬mirent d'énoncer la théorie de la rela¬

tivité et de découvrir des rapportsespace-temps jusqu'alors insoupçon

nés. Les recherches touchant à la théo¬

rie des corps opaques et à l'effetphoto-électrique ont permis de formu¬ler, la théorie des quanta.

Ces nouvelles idées, ces nouvelles

théories, auxquelles s'ajoutèrent bien¬tôt la découverte du radium et de la

radio-activité, ne s'adaptaient plus auxconcepts de la physique du 19e siècle,ni au concept de l'électromagnétiquequi avait succédé au concept mécani¬que de l'univers.

De graves difficultés apparurent. Enparticulier la conclusion de la théorieélectronique classique selon laquellela masse de l'électron était de nature

électromagnétique fut interprétée parbeaucoup de physiciens mécanistes etpositivistes comme une véritable « dis¬parition de la matière ». Les cher¬cheurs crurent pouvoir parler d'unecrise de la physique.

Ce fut alors que parut l'ouvrage deLénine « Matérialisme et empirio-criti-cisme », en 1909. Il apportait une ré¬ponse aux problèmes scientifiques quesoulevaient les dernières découvertes

scientifiques.

Lénine montrait que la crise de laphysique, sensible dans les premièresannées du 20e siècle, attestait seule¬ment un bouleversement des « an¬

ciennes lois et des anciens principesde base », la modification des postu¬lats de la physique que l'on avait cruinébranlables. La crise, disait Lénine,

signifiait le départ d'une révolutiontotale de la physique.

Notre savoir est relatif, écrivait-il, etla connaissance de la nature avance

à mesure que progresse la penséescientifique qui aborde la vérité deplus en plus près. Les grandes décou¬vertes auxquelles la physique a donnélieu au début de ce siècle ne démon¬

trent qu'une chose : l'insuffisance dela conception mécaniste.

La matière ne « disparait » pas, maisse manifeste sous de nouvelles for¬

mes jusque-là inconnues, assurant à

la science une connaissance plusapprofondie des propriétés physiquesde la matière et des rapports qui exis¬tent entre ses divers aspects et sesdifférents états.

« Dire que la matière a disparu »,écrivit Lénine, « cela signifie que lalimite de notre connaissance de la ma¬

tière disparait et que notre compré¬hension de celle-ci s'élargit. Les pro¬priétés de la matière qui, autrefois,apparaissaient comme absolues, inal¬térables et inamovibles..., ont disparuet sont maintenant reconnues comme

étant relatives, inhérentes seulement àcertains états de la matière. »

Il soulignait que « ... la seule et uni¬que propriété de la matière que le ma¬térialisme philosophique reconnaisseest celle d'une réalité objective exis¬tant en dehors de notre conscience ».

Et il énonça son admirable formule phi¬losophique : « L'électron est aussi iné¬puisable que l'atome : la nature est in¬finie... »

Je ne pense pas qu'il y eût, à l'épo¬que, un seul physicien qui soupçonnâtque l'électron avait d'autres propriétésque celles de posséder une chargeélectrique et une masse. Or, dans ledemi-siècle qui vient de s'écouler,l'électron s'est révélé avoir des pro¬priétés si multiples que la théorieavancée par Lénine peut maintenantêtre tenue pour largement démontrée.

La découverte de la nature ondula¬

toire des électrons commença parouvrir un monde nouveau et fantasti¬

que aux physiciens. Dans les années1930, le positron fut identifié. Puisl'électron manifesta une nouvelle pro¬priété : réuni à un positron, il se trans¬formait en un photon. Par la suite, ondécouvrit que l'électron est un prota¬goniste actif de ce que l'on nommeles interactions faibles, et qu'il est éga¬lement porteur de la charge spécifi¬que qui caractérise ce phénomène.

Ainsi, la thèse de Lénine s'est-elle

révélée dépasser la seule prévision.

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Photo © APNPhoto © APN

Lénine, dont le nom étaitVladimir Ilitch Oullanov,

naquit à Simbirsk(aujourd'hui Oulianovsk) surles rives de la Volga, le22 avril 1870. En haut à

droite, la maison où s'écoulason enfance. A droite, lafamille Oulianov : Maria

Alexandrovna, sa mère,Ilia Nicolaievitch, son père,entouré de leurs enfants.Assis à l'extrême droite,

Lénine à l'âge de neuf ans.Ci-dessus, Lénine, brillantdiplômé d'études secondaires,à l'âge de dix-sept ans.

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Photo © APN

ESSOR SCIENTIFIQUE (Suite)

Exclu de l'Université de Kazan,grande ville sur la Volga,à la suite de sa participationà un mouvement étudiant,Lénine s'installa à Samara

(aujourd'hui Kouibychev)autre ville sur la Volga, oùil commença à étudier lesnuvres de Marx, et à se lancerdans l'action révolutionnaire.

Cette photographie, à gauche,a été prise en 1891 et jointeà son dossier de candidatureaux examens de droit

La même année, il obtintson diplôme de droit àl'Université de Saint-Pétersbourg.

En 1895, Lénine, chef de l'Union de luttepour la libération de la classe ouvrière,est arrêté et incarcéré pendant quatorze moisci-dessous, sa cellule. Par la suite, il futexilé pour trois ans en Sibérie orientale,à Chouchenskolé, où il épousaNadedja Kroupskaïa, elle aussidéportée politique.

Un centre de recherche en 1917, aujourd'hui 210

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Elle est devenue un postulat philoso¬phique de l'investigation scientifiquede ¡'infiniment petit.

Tous les développements ultérieursde la physique ont corroboré la vali¬dité de ce principe, confirmé la natureinépuisable de l'électron et, plus géné¬ralement, les propriétés inépuisablesde la matière elle-même.

Les recherches dans le domaine de

la physique nucléaire et, plus tard, laphysique des particules, ont permisd'identifier nombre de ces particules,d'analyser la structure des nucléons etde comprendre la nature de leursinteractions dans la structure généralede la matière.

C'est dans ce contexte que prendtoute sa signification la phrase écritepar Lénine en 1922 : « Les sciencesnaturelles évoluent à une telle rapiditéet subissent de tels bouleversements

dans tous les domaines qu'elles nepeuvent aller sans implications philo¬sophiques. »

Nous voyons donc que non seule¬ment Lénine aida à surmonter les dif¬

ficultés qu'affrontait la science à sonépoque, mais qu'il sut prévoir, des dé¬cennies plus tôt, nombre de tendancesdu développement scientifique actuel :elles vont des recherches sur la struc

ture de la matière et des problèmesde l'énergie chimique à l'étude desagents biologiques.

Dans son « Matérialisme et Empirio-criticisme », Lénine déclarait que lesnouvelles découvertes scientifiques,loin de battre en brèche le matéria¬

lisme dialectique, consolidaient ce sys¬tème philosophique, confirmant que« la physique moderne... engendre lematérialisme dialectique ».

Telles furent les contributions de

Lénine à la philosophie des sciences ;il a clairement discerné les tendances

du développement scientifique. Aujour¬d'hui comme hier son demeure

d'une portée méthodologique considé¬rable pour la science contemporaine.

Car c'est en s'appuyant sur lessciences exactes que Lénine a déve¬loppé les principes fondamentaux dela connaissance. Esquissée par Marx,c'est par Lénine qu'a été approfondiela théorie de la conscience-reflet, selonlaquelle la pensée, reflet du mondeextérieur, peut à son tour intervenirsur le monde et le modifier. Elle devait

se révéler un outil précieux de raison¬nement dans un monde qui se voulaitradicalement nouveau.

Aussi Lénine a-t-il accordé une

grande attention aux Sciences socia¬les auxquelles il assignait, dans la

rénovation du pays, le rôle le plussignificatif. Il travaille assidûmentpendant deux mois, en 1918, à lacréation de l'Académie des Scien¬

ces sociales. C'était là le début, enU.R.S.S., d'institutions de recherche

qui allaient s'épanouir avec le rapidedéveloppement de l'éducation, etl'extension de la révolution culturelle

dans un Etat de type nouveau.

Conscient de l'importance décisivede la science dans le développement,Lénine ne perdit jamais de vue ce quiavait trait à l'organisation de la recher¬che en Union soviétique, et ne man¬qua jamais, chaque fois que l'occasions'en présentait, de faciliter les appli¬cations scientifiques et techniquespour améliorer le niveau de vie de lapopulation.

Il était persuadé qu'avec le nouveaurégime social la vocation sociale de lascience changeait aussi. « Auparavant,disait-il, tout l'esprit humain, tout legénie de l'homme ne créait que pourdonner à quelques-uns tous les biensde la technique et de la culture, pri¬vant ainsi les autres de l'essentiel :

l'instruction et le progrès. Maintenanttoutes les merveilles de la technique,toutes les conquêtes de la culture vontdevenir le patrimoine du peuple en¬tier. »

Lénine comprenait ce rôle nouveaude la science dans le fonctionnement

démocratique de la société ; il étaitconvaincu que le nouvel Etat devaitintervenir pour garantir le développe¬ment des sciences, et promouvoir à lafois la recherche fondamentale et les

applications pratiques des découvertesscientifiques.

En ce sens, le maximum fut fait pourdévelopper la recherche scientifique,soutenir les centres de recherche et

les chercheurs, même pendant les an¬nées les plus dures de la guerrecivile et malgré les difficultés écono¬miques.

On ne saurait d'ailleurs assez insis¬

ter sur la contribution scientifique deLénine, alors que son héritage théo¬rique s'est révélé déterminant pour lessciences sociales et les sciences fon¬

damentales qui, les unes et les autres,ne cessent d'en bénéficier.

Je pense ici au décret du Conseildes commissaires du peuple portant lasignature de Lénine, par lequel unecommission spéciale, présidée parMaxime Gorki, se vit confier la mis¬sion « d'assurer dans le plus bref dé¬lai les conditions optimales aux recher¬ches de l'académicien Pavlov et de

ses collaborateurs » ; ou encore à

l'attention que Lénine accordait auxtravaux de savants comme Constantin

Timiriaziev, le physicien P. Lazarev, legéologue I. Goubkine, et bien d'autres.

Lénine s'intéressait en permanence

aux nouvelles inventions et découver¬

tes. Il lui parut capital, par exemple,d'effectuer la prospection du puissantgisement de minerai de fer découvertdans le secteur de « l'anomalie ma¬

gnétique » de Koursk, de mettre aupoint et d'appliquer un système pourl'extraction hydraulique de la tourbe.

De même, il sut reconnaître toute lavaleur des recherches réalisées au

laboratoire de radiotechnique de Nijni-Novgorod, pressentant que la radio(« un journal sans papier » et « sansdistances », selon son expression

imagée) promettait de devenir rapide¬ment un puissant moyen de diffusionculturelle.

Il encouragea au maximum le déve¬loppement de l'aviation et de quelquesautres techniques nouvelles. De sonvivant furent créés l'Institut central

d'aérohydrodynamique (T.S.A.G.I.), de¬venu depuis un centre pilote pourl'aéronautique, et l'Institut nationald'optique, berceau de l'industrie opti¬que soviétique.

Les activités de l'Académie des

sciences de l'U.R.S.S. retinrent parti¬culièrement son attention. Pour Lénine,

la participation de cette institutionscientifique à l'essor économique étaitprimordiale. Dès avril 1918, le gouver¬nement soviétique décida d'augmenterle budget de l'Académie, ce qui permità celle-ci de mettre en de vas¬

tes expériences et d'engager degrandes campagnes de prospection.

Presque en même temps, Lénine ré¬digeait son « Esquisse pour un plandes travaux scientifiques et techni¬ques » dans laquelle il soumettait auxchercheurs de l'Académie des scien¬

ces quelques problèmes urgents, àcommencer par l'étude des ressourcesnaturelles de l'U.R.S.S. en vue de leur

utilisation rationnelle. Par la suite,

l'exploitation des ressources naturellesdevait devenir l'un des thèmes majeursde la science soviétique.

Dans son « Esquisse », Lénine avan¬çait l'idée d'une planification centra¬lisée de la recherche, réalisée pourla première fois en Union soviétique.Il préconisait « le projet d'un plan qui,avec l'aide des savants et des techni¬

ciens, devrait aboutir à ("electrificationcomplète de la Russie ».

Cette initiative devait prendre formeen 1920 avec le plan GOELRO qui futà la fois le premier plan économiquenational et le premier plan national derecherche scientifique. Il déterminaitle développement de l'économie sovié¬tique sur la base d'un programmed'électrification étendu à tout le pays.

En fait, ce fut Lénine qui élaborales principes d'économie politique, surlesquels s'édifièrent intégralement lesstructures de l'Etat socialiste sovié¬

tique. Il assigna comme tâche princi¬pale la réalisation du triple objectifde l'industrialisation, des coopérativesagricoles et de la révolution culturelle.

Lénine souligna que l'industrialisa-

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ESSOR SCIENTIFIQUE (Suite)

. '»

Photo © APN

En Janvier 1905, des travailleurs deSaint-Pétersbourg accompagnés de leurs femmeset de leurs enfants, allèrent présenterleurs revendications au tsar, mais les troupesimpériales ouvrirent le feu (ci-dessus)sur cette manifestation pacifique. Lénine,qui vivait alors en exil à l'étranger, avaitdéjà travaillé avec son parti à ameneren Russie des changements révolutionnaires.Le massacre devant le palais du tsar marquale début de la première révolution russe.

Photo © APN

Dans la Russie tsariste, misère et servitudepréparaient le levain révolutionnaire.Le peuple vivait dans des conditionssi dures qu'il y avait non seulementdes « bateliers de la Volga », maisaussi des « batelières de la Volga »(ci-dessous).

tion ne pouvait être réalisée sansl'électrification, et il précisa que « tou¬tes les conquêtes des sciences humai¬nes, de la technologie humaine, quetoutes les découvertes et les connais¬

sances des savants et des spécialistesdevaient être réunies pour l'objectifcommun d'un peuple uni ».

Son plan coopératif fournit la solu¬tion du problème hautement complexede la refonte socialiste de la petiteéconomie agricole, sur le principe dela propriété sociale. Ses idées sur latransformation socialiste de l'agricul¬ture étaient étayées par une étudepoussée de la question agraire et desrapports agraires en Russie et dansbeaucoup d'autres pays, y compris lesEtats-Unis et les puissances euro¬péennes.

La manière dont Lénine envisageaitl'activité de l'Académie des sciences

a marqué toute l'évolution ultérieurede celle-ci. D'un petit cercle de sa¬vants, elle devint en un demi-siècle uncentre scientifique de la plus hautevaleur qui, maintenant, dirige le déve¬loppement des sciences exactes, natu¬relles et sociales du pays.

En 1917, l'Académie ne disposait qued'un seul centre de recherches, quicomprenait quelques laboratoires etmusées. Maintenant, elle contrôle 210établissements scientifiques, dont 160instituts de recherche qui, tous, contri¬buent au développement de la sciencemoderne. Le contingent de ses cher¬cheurs, avec plus de 250 000 person¬nes, a plus que centuplé. Son budget,astronomique, ne peut être comparéaux pauvres subsides dont elle dispo¬sait à ses débuts.

Depuis une dizaine d'années,l'U.R.S.S. a entrepris la réalisationd'un grand programme pour le déve¬loppement des immenses ressourcesnaturelles de la Sibérie. Une nouvelle

branche de l'Académie des sciences

a été créée en Sibérie pour servir decentre coordinateur. Le centre sibé¬

rien de Novosibirsk, où l'on travailleà la recherche théorique aussi bienqu'à la recherche appliquée, dirigeaujourd'hui certains secteurs de larecherche soviétique et ses découver¬tes lui ont valu une réputation mon¬diale. De nouvelles sections de l'Aca¬démie sont actuellement installées

dans l'Oural, l'Extrême-Orient et d'au¬

tres parties du pays.

Une des conséquences de la politi¬que nationale instaurée par Lénine futle développement rapide de l'ensei¬gnement et de la recherche dans lesRépubliques formant l'Union soviéti¬que. Avec la fondation, en 1919, del'Académie des sciences d'Ukraine, denouvelles académies ont été établies

dans chacune des quinze républiquesd'U.R.S.S.

A l'origine, ces nouveaux foyers derecherche scientifique visaient au pre¬mier chef à résoudre les problèmesqui touchaient directement au dévelop¬pement économique de chacune desRépubliques. Ce qui imposait de pous¬ser simultanément toujours plus avantla recherche théorique. Aujourd'hui,

les académies des Républiques appor¬tent une importante contribution à larecherche fondamentale.

L'académie des sciences d'Ukraine

est célèbre dans le monde entier pourses recherches dans le domaine de la

cybernétique, de la physique des soli¬des, de la géologie et de la chimiephysique. Les travaux d'astrophysiquemenés dans les académies d'Arménie,les recherches de mécanique théori¬que de l'Académie de la Républiquede Géorgie, les recherches sur lachimie des alcaloïdes faites à l'acadé¬mie de l'Uzbékistan, les recherchesgéologiques de l'académie du Kazakh¬stan, les études pétrochimiques del'académie de l'Azerbaidjan, les tra¬vaux de l'académie de Lettonie sur les

synthèses organiques, bien d'autresencore, ne sont pas moins fameux.

Les académies des Républiquesjouent un rôle considérable dans la so¬

lution apportée à certains problèmesrégionaux. Celles d'Asie centrale atta¬chent une attention toute particulièreà la culture scientifique du cotonnier,à l'étude et à l'exploitation des régionsdésertiques, ainsi qu'aux problèmesde séismologie.

Une des caractéristiques majeuresde la science soviétique tient à cequ'elle lie étroitement la recherchefondamentale et la recherche des so¬lutions à apporter aux problèmes éco¬nomiques sur le plan pratique. Réci¬proquement, les organismes scientifi¬ques dévolus à divers secteurs écono¬

miques contribuent largement à résou¬dre les grands problèmes scientifiques.

A l'époque de Lénine, on créa unesérie d'instituts de recherche voués

au développement de l'industrie, auxtransports et à ('electrification. Aujour¬d'hui, ces mêmes instituts continuent

leurs travaux, mais à beaucoup plusgrande échelle.

L'agriculture, la médecine, l'ensei¬gnement ont leurs académies. Lesquelque 800 établissements d'ensei¬gnement supérieur situés sur le terri¬toire de l'U.R.S.S. font des recherchesdans des domaines extrêmement va¬riés.

C'est ainsi qu'il a été possible dedévelopper la recherche dans tous lesdomaines de la science moderne, etd'aboutir à des découvertes spectacu¬laires et de grands progrès scientifi¬ques. Citons seulement les brillantssuccès obtenus par les mathématicienssoviétiques, les découvertes dans ledomaine de l'électronique, l'apport fon¬damental à la théorie des solides, à lathorie de la résistance, de l'aérodyna¬mique et de la mécanique.

En ce qui concerne la chimie, jepense en particulier au développementde la théorie des réactions en chaîne,aux apports à la chimie organique età la chimie des combinaisons organi¬ques élémentaires. Les savants sovié¬tiques ont frayé la voie à l'utilisationpacifique de l'énergie nucléaire eténoncé les idées directrices qui per¬mettent d'envisager le contrôle de lasynthèse thermonucléaire.

LES ANNÉES D'EXIL

Il était trop dangereux pour Léninede vivre en Russie, et il fut contraint

de passer plusieurs années à l'étranger,changeant sans cesse de domicile,ne cessant d'étudier, d'écrire et de dirigerl'activité des Bolcheviks en Russie.

En mai 1908, Lénine, alors à Paris, allarendre visite à son ami Maxime Gorki,à Capri (Italie), pour débattre avec luide divers problèmes politiques.Ci-dessus, Lénine, en chapeau melon,joue aux échecs avec Alexandre Bogdanov,économiste et philosophe russe, tandisque Gorki observe la partie. C'étaitpendant l'exil, en 1902, que Lénine pritson pseudonyme. Il eut d'autres nomsencore : William Frey, P. Petrov, V. Ilyin,

Jakob Richter, Ivan et llylch. Avantde revenir en Russie pour y dirigerla révolution, Lénine vécut dans divers

pays : Suisse, France, Angleterre,Suède, Danemark et Finlande.Ci-dessous à gauche, à Paris, en 1910.

Ci-dessus, Lénine jouit de l'un de | |ses rares moments de repos, à Zkopane.village des montagnes polonaises,pendant l'été 1914.

12

par Vsevolod StoletovMembre de l'Académie des sciences

pédagogiques de l'U.R.S.S. et ministrede l'éducation supérieure et secondaire,spécialisée de la République SocialisteFederative Soviétique de Russie.

«A^ M m TOUT prix nous devons

d'abord apprendre, ensuite apprendreet encore apprendre ; et veiller à ceque l'enseignement ne soit pas lettremorte, à ce qu'il devienne partie inté¬grante de notre être et partie constitu¬tive de notre vie sociale. »

Ces mots, extraits d'un article deLénine « Moins, mais mieux », reflè¬tent bien cet amour d'apprendrequ'avait l'homme que l'on a appelé« le grand maître à penser » et saferme conviction que savoir signifiepouvoir.

Lénine avait hérité de son père,éducateur connu et réputé, son pro¬fond respect et son intérêt pourl'étude. En 1889, un an avant la nais¬sance de Lénine, llya NikolaievitchOulyanov avait été nommé inspecteurdes écoles primaires dans la provincede Simbirsk ; plus tard, il devint direc¬teur des écoles avec rang de Conseil¬ler d'Etat.

Il était connu à Simbirsk comme un

« libéral » et son sens de la responsa¬bilité à l'égard du peuple le conduisitparfois à certains actes qui lui valurentla méfiance de ses supérieurs.

Professeur de gymnase (c'est-à-dired'école secondaire), il refusait de faire

L'ÉDUCATIONclé de la

transformation

sociale

payer ses cours aux élèves pauvresqui voulaient passer leurs examens.Inspecteur, puis directeur des écoles,il s'attela énergiquement à l'organisa¬tion du système scolaire de sa pro¬vince. Il fit construire 450 écoles en

17 années d'exercice et grâce à lui, lafréquentation scolaire devint deux foisplus élevée.

L'éducation humaniste que Léninereçut de ses parents et l'exemple deson père, tout dévoué à son travail,éveillèrent en lui, comme sa vasteconnaissance de l'histoire et sa faculté

d'analyser les événements, un ardentdésir de combattre pour la justicesociale.

Lénine était convaincu que l'injusticeet l'inégalité sociales devaient dispa¬raître avant que ne puisse être par¬faite l'égalité. Car pour lui, faute d'éga¬lité dans l'éducation, il ne pouvait yavoir véritable égalité ni vraie démo¬cratie. Pour atteindre à cette démocra¬tie véritable il définit un certain nom¬bre de buts à atteindre non seulement

en matière sociale, politique et écono¬mique, mais aussi dans le domaine del'éducation.

Dès 1902, Lénine et ses amis décla¬rèrent qu'ils combattraient afin d'obte

nir un enseignement public, gratuit etobligatoire pour tous ceux qui avaientmoins de seize ans.

Le père et la mère de Lénine appar¬tenaient à cette génération d'intellec¬tuels russes que passionnaient leXVIII' siècle français, les utopies socia¬listes de France et d'Angleterre, lesouvrages du révolutionnaire et démo¬crate russe Nicolas Tchernycherski.Autour de 1860, les de RobertOwen, Saint-Simon et Charles Fourierétaient les livres de chevet des intel¬

lectuels russes.

Les idées de Lénine sur l'éducation,

et ses principes pédagogiques étaientissus de l'enseignement des philoso¬phes des XVIIP et XIX' siècles qui met¬taient l'accent sur l'optimisme histo¬rique et le courage moral. Pour lui« l'humanisation du milieu » et l'as¬

surance pour l'homme d'un dévelop¬pement intellectuel harmonieux étaientle but du progrès économique, socialet technique.

En conséquence, son programme detransformation sociale était étroitement

lié à l'éducation. Il se rendait compteque l'Etat nouveau ne pourrait êtreconstruit que si chacun était pleine¬ment conscient de la noblesse du but

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Tout à gauche, portant unparapluie, Lénineà Stockholm ; il va passer parla Finlande pour rentrer enRussie, car la révolutionde février 1917 vient de

renverser le régime tzariste.Mais en Russie, Lénine doitrentrer de nouveau dans

la clandestinité sous le

gouvernement provisoirede Kérenski. A gauche,Lénine, dit Constantin Ivanov,ouvrier Identité d'emprunt

se sert d'un laisser-passerpour gagner l'InstitutSmolny d'où ¡I va dirigerla révolution d'octobre.

Ci-dessous : Lénine et sa femme Nadedja Kroupskaïaaprès la Conférence nationale de 1919 contrel'analphabétisme. Nadedja Kroupskaïa a joué elle-mêmeun rôle décisif dans l'établissement de la politiqueéducative soviétique.

Photo © Archives IML - Musée de la Révolution, Moscou

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L'ÉDUCATION (Su/fe,*

"Économisez sur tout, sauf sur l'éducation!"

Sur notre photo de gauche, Lénine(au centre, sous la lampe) présidele premier gouvernement soviétiquerusse le Conseil des Commissaires

du Peuple qui fut formé lors duSecond Congrès des Sovietsde toutes les Russies, au lendemainmême de la révolution d'octobre.

Les premiers décrets majeurs,qui concernaient la paix, la propriététerrienne et les nationalisations

furent suivis de décrets sur l'éducation,

la conservation des bibliothèqueset des monuments, l'ouverturedes universités aux travailleurs, etc.En 1919, fut promulgué le célèbredécret sur l'élimination de

l'analphabétisme.

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recherché. Pour l'atteindre, il fallaitélever l'homme, l'arracher à l'igno¬rance, à la pauvreté et à la solitude.Avant tout il fallait en finir avec l'anal¬

phabétisme.

Au début du XX" siècle, en Russie,80 % de la population de 9 à 50 ansétaient illettrés. Dans les provinces,surtout en Asie Centrale, en Extrême-

Orient et dans le Nord, l'alphabétisa¬tion était pratiquement nulle (0,5 %chez les Tadjiks, 0,6 % chez les Kir¬ghizes par exemple).

Analysant ce tableau, Lénine écri¬vait : « Il n'y a pas en Europe decontrée aussi barbare, où les massessoient à ce point privées d'éducation,de lumière et de connaissances... Il n'ya pas en Europe de pays qui en soitlà ; la Russie fait exception. »

Afin de confondre ses adversaires

politiques à la veille de la grandeRévolution d'Octobre, Lénine écrivit :« Nous ne sommes pas des utopis¬tes. » Il y disait : « Nous savons qu'unman non qualifié ou un cuisi¬nier ne peuvent sur-le-champ fairel'affaire dans une administration

d'Etat. » Il repoussait catégoriquementl'opinion qui voulait que « seuls lesriches ou les fonctionnaires choisis

dans les familles riches soient capa¬bles d'administrer l'Etat ou de remplirles tâches courantes, quotidiennes, del'administration ».

Mais les paysans et les cuisiniers,disait Lénine, sont capables d'appren¬dre à administrer les affaires de lasociété si on leur donne une bonneinstruction.

Lénine s'attacha à l'enseignementpublic, au lendemain même de l'acces¬sion des travailleurs au pouvoir poli¬tique. Aux décrets statuant sur laréforme agraire, la paix, la nationali¬sation des organismes financiers, leschemins de fer et l'industrie lourde

succédèrent immédiatement des loissur l'éducation.

Le décret sur « l'établissement d'une

Commission d'Etat pour l'enseigne¬ment », promulgué le 22 novembre1917, définissait (comme plus tard cer

taines lois établies en 1917 et 1918)les grands principes fondamentaux desstructures du système d'enseignementet de son organisation démocratique.

A la veille de la Révolution d'Octo¬

bre, l'épouse de Lénine et sa plusproche collaboratrice, Nadejda Kroup¬skaïa, écrivit, sur le conseil de Lénine,

un ouvrage intitulé « Education etDémocratie » qui devait servir de basepour le nouveau système d'enseigne¬ment en Russie.

Dans le régime nouveau, les insti¬tuts de recherche, les bibliothèques,les maisons d'éditions, les quotidienset les périodiques, les musées, lesgaleries de peinture, les théâtres, lesconservatoires, la radio, etc., devaientaider les écoles, à tous les niveaux,à répandre la connaissance.

L'armée Rouge servit de truchement.Un réseau de cours, d'écoles, de facul¬tés et de groupes d'étude fut installédans tout le pays pour apprendre à lireet à écrire aux illettrés. « Si vous savez

lire, apprenez à lire à votre voisin. »Tel était le mot d'ordre de l'époque.

DES « facultés » de travail¬

leurs furent orgnanisées dès le débutde 1919 pour aider les ouvriers, lespaysans et les soldats dont l'éducationsecondaire était incomplète, à rejoindreles établissements d'enseignement su¬périeur. Elles furent établies en trèspeu de temps dans toutes les univer¬sités et tous les instituts.

Au troisième Congrès des Sovietsde toutes les Russies, le 31 janvier1918, Lénine déclara que toutes lesréalisations scientifiques et technolo¬giques seraient désormais propriété dupeuple et demeureraient à son service.

C'était là une déclaration officielle,et dans des discours et articles ulté¬

rieurs, Lénine insista sur la nécessitéd'unir la connaissance scientifique del'élite à l'initiative, l'énergie et l'effortdes masses.

Le décret sur « l'établissement d'une

Commission d'Etat pour l'éducation »ainsi que d'autres documents ultérieursdéfinirent les principes de base del'administration des établissements

d'enseignement; ceux-ci devaient sefonder sur la coopération entre lesenseignants et le public.

Au début, le système d'enseignementpréconisé par les Soviets exigead'énormes sacrifices du peuple et del'Etat. La jeune République était as¬siégée par les armées étrangères etune grande partie de son territoireétait occupée par l'ennemi.

La contre-révolution, l'espionnagesévissaient dans le pays. Industrie,agriculture, transports, tout était dé¬truit, ou presque, des millions de gensmouraient de faim et les épidémiesravageaient le pays.

En ces sombres jours, cependant,on réussit à poser les fondations del'enseignement public. Le slogan dumoment était : « Economisez sur tout,

sauf sur l'enseignement ; économisezsur tout pour sauver l'éducation. »

Entre 1917 et 1928, on commença,on acheva la construction de 7 780

écoles primaires et secondaires. Auplus fort de la lutte contre l'ennemi,la maladie, la faim, la destruction, le

gouvernement organisa des universitésà Voronej, Nijni-Novgorod (aujour¬d'hui Gorki), Jrkoutsk et Samara (au¬jourd'hui Kouïbychev). Quelques an¬nées plus tard étaient créées les uni¬versités de Biélo-Russie, de Yaroslav,du Turkestan et d'autres encore.

Comparativement aux pays déve¬loppés, le nombre des étudiants dansl'enseignement supérieur était très basen Russie. En 1914, on ne comptaitque 8 étudiants pour 10 000 habitantspour 34 aux Etats-Unis et 16 en Alle¬magne. La même année, le nombretotal des étudiants n'était que de127 000 en Russie alors qu'en 1968-1969, 4 470 000 étudiants fréquentaientles établissements d'enseignement su¬périeur du pays.

Des changements considérablesfurent apportés à la répartition géogra¬phique des institutions d'enseignementsupérieur. Avant 1917, plus de la moi-

En 1918, pour le premier anniversairede la révolution d'octobre, Léninedévoila la plaque qui, sur le murdu Kremlin, porte l'Inscription :« A ceux qui tombèrent dans le combatpour la paix et la fraternité des peuples ».A cette époque, Lénine accordaitla plus grande attention à ce qu'ilappelait « la propagande parle monument ». Pendant sa vie,nombre de stèles, obélisques etmonuments furent érigés.

tié de celles-ci se trouvaient à Moscou

et à Petrograd. Il n'existait qu'un seulétablissement d'enseignement supé¬rieur en dehors de l'actuelle fédération

russe et de la république d'Ukraine.

A la veille de la seconde guerremondiale, il y en avait 146, dont 46 setrouvaient dans les Républiques trans¬caucasiennes, 47 dans les Républi¬ques d'Asie centrale et 20 dans leKazakhstan. De nombreux établisse¬

ments d'enseignement supérieur furentcréés en Sibérie.

Aujourd'hui, il n'est pas une seulerépublique, pas un seul centre territo¬rial ou régional qui ne possède aumoins une des 794 institutions d'en¬

seignement supérieur du pays. Lapopulation estudiantine soviétiquecomprend pour ainsi dire des repré¬sentants des quelque cent nationalitésqui vivent en U.R.S.S.

I|L y eut aussi de profondes

modifications de la structure sociale du

groupe étudiant. En 1914, les étudiantsissus des classes privilégiées repré¬sentaient 58 % des jeunes gens ins¬crits dans dix universités (34 500 étu¬diants).

Quant à la proportion d'étudiantsissus de familles de travailleurs com¬

prises sous la dénomination divers »,elle n'était que de 2,8 %. Cinq desplus hautes institutions techniquescomprenaient 41,3 % (9 300) d'élèvesappartenant aux classes privilégiéeset seulement 4,6 % de « divers ».

Un an après la Révolution d'Octobre,l'Université de Kazan avait encore plusde mille étudiants issus des classes

privilégiées, mais il y avait déjà 135étudiants d'origine ouvrière et 459d'origine paysanne.

Le gouvernement prit encore d'au¬tres mesures pour la démocratisationréelle de la population estudiantine quidemanda environ dix ans. En 1930,45,9 % des étudiants venaient descouches laborieuses, 19,4 % des cou¬ches paysannes, 30,3 % des classesde fonctionnaires et intellectuels et

4,4 % d'autres catégories.

Les directeurs des universités so¬

viétiques essaient de faire en sorte

que la structure sociale estudiantinesoit le reflet de la structure sociale de

toute la population. C'est dans cetesprit que furent institués en 1969 descours préparatoires d'un an dans laplupart des établissements d'enseigne¬ment supérieur.

La qualité de l'enseignement dansles grands centres culturels s'accroîtplus rapidement que dans les écolesrurales ou celles des nouveaux dis¬

tricts industriels. Les élèves venant deces dernières écoles se trouvent donc

souvent en état d'infériorité par rap¬port à ceux qui viennent des grandscentres culturels, lors des examensd'entrée aux universités.

Les cours préparatoires doivent per¬mettre d'éliminer ces différences et de

donner aux jeunes qui veulent faire desétudes supérieures la même forma¬tion, quel que soit leur domicile.

En 1965, la population estudiantinede l'U.R.S.S. était 28 fois plus élevéequ'en 1914, et son personnel univer¬sitaire 33 fois plus important. Mais ilne s'agissait pas uniquement d'unecroissance quantitative.

Lénine désirait qu'il n'y ait pas derupture dans la continuité du dévelop¬pement culturel et scientifique et ilveilla au plein emploi de tout le per¬sonnel enseignant de l'ancienne Rus¬sie, lequel comptait nombre de savantsde réputation internationale.

Il affirmait que la science et la cultu¬re socialistes se dégageraient, créa¬trices, du processus d'assimilationmême des phénomènes culturels etscientifiques antérieurs.

C'était cette continuité que Léninevoulait assurer lorsqu'il définissait laligne de conduite que le prolétariat,qui désormais tenait le gouvernail,devait adopter vis-à-vis des intellec¬tuels de la vieille Russie.

Il appela tous les savants de l'an¬cien régime à prendre effectivementpart à la vie des universités et institutssoviétiques et souligna que nulle bar¬rière ne pouvait se dresser entre an¬ciens et nouveaux savants. Une coopé¬ration fraternelle devait être établie

avec le corps enseignant des anciensjours qui devait être admis à participerà la recherche et jouir d'un niveau devie décent.

L'attitude de Lénine à l'égard dessavants du régime tsariste se révélaefficace et pour la plupart ils collabo¬rèrent à l'expansion de la culture et àla formation des jeunes chercheurs.A l'heure actuelle, dans la plupart despays, on cherche à donner à toute lapopulation une instruction au moinsélémentaire, faute de quoi, il seraitimpossible d'asseoir une agricultureet une industrie modernes.

L'éducation de la population toutentière est un premier pas vers la sup¬pression du « monopole des connais¬sances ».

La seconde étape c'est l'enseigne¬ment secondaire obligatoire ; quelquespays y sont parvenus. La troisièmeétape c'est de faire accéder à l'ensei¬gnement supérieur tous ceux qui leveulent et peuvent en bénéficier.Quant à la dernière étape, elle tendà faire disparaître toute séparationentre travail physique et travail intel¬lectuel.

Nul ne saurait aujourd'hui douterque les deux premières étapes peu¬vent être atteintes, mais pour la troi¬sième et la quatrième on avance en¬core le vieil argument de « l'inégalitébiologique » pour des raisons héré¬ditaires.

Les savants soviétiques sont pourleur part convaincus que tout homme,né de parents sains et menant une vie

normale, jouit des mêmes capacités.Il faut donc assurer à tous une enfanceharmonieuse et assurer aux enfantsles conditions matérielles d'éducation,d'étape en étape.

En d'autres termes, il faut une jus¬tice sociale, une égalité d'accès auprogrès matériel et intellectuel, et lesmêmes chances pour chacun de s'épa¬nouir personnellement.

L'accès à l'éducation sans discrimi¬

nation d'aucune sorte témoigne doncde cette justice sociale pour laquelleLénine combattit toute sa vie.

A propos de cet aspect de l'ouvrede Lénine, Einstein a dit : « Je respecteen Lénine un homme qui, avec un totaloubli de soi, a mis toute sa force àinstaurer la justice sociale... C'estirréfutable : de tels hommes main¬tiennent et renouvellent la consciencede l'humanité. »

15

par Lauri A. PostiProfesseur à la Faculté de philosophiede l'Université d'Helsinki (Finlande).

Lénine et

les droits

culturels

des minorités

D

16

ANS les premières annéesqui suivirent la création de l'Unionsoviétique, les minorités nationales re¬présentaient plus de 50 % de la popu¬lation, d'où l'importance capitale de lapolitique menée dans ce domaine.Sous les tsars, ces minorités avaientété subjuguées et opprimées de multi¬ples façons. Comme beaucoup d'entreelles n'avaient jamais eu de languelittéraire, il était très difficile de pren¬dre à leur égard des mesures équita¬bles et de les aider à élever leur ni¬veau culturel.

Les rares 'uvres littéraires rédi¬

gées dans des langues vernaculairesétaient surtout des textes religieux.Les minorités nationales étaient en

majorité analphabètes. Sous les tsars,26 '% seulement de l'ensemble de lapopulation étaient alphabétisés ; pourcertaines minorités nationales, le tauxd'alphabétisation n'atteignait mêmepas 1 %.

Ce problème, Lénine avait appris àle connaître dès ses années d'école.

Né à Simbirsk (aujourd'hui Oulia¬novsk), sur la Volga, il avait toujourséprouvé une vive sympathie pour lesnationalités opprimées de la régionTchouvaches, Mordves, Tatars et Vo-tiaks (Oudmourtes). Ses nombreusesannées d'exil, passées souvent en payslointain, l'avaient certainement confir¬

mé dans sa conviction de l'importancedes nationalités.

Il avait appris plusieurs languesétrangères, mais était resté profondé¬ment attaché à la langue et à laculture russes, et il est évident queses longs séjours à l'étranger lui don¬nèrent une conscience plus aiguë del'importance des langues vernaculai¬res.

Dans ses nombreux écrits, Léninerevient en maintes occasions sur la

question des nationalités et sur la va¬leur des langues et des cultures au¬tochtones, soulignant toujours la né¬cessité d'accorder un rang égal à tou

tes les langues, allant même jusqu'àsuggérer que la Russie n'avait pasbesoin d'une langue officielle obliga¬toire.

Dans un article intitulé « Faut-il une

langue officielle obligatoire ? », parudans la « Proletarskaja Pravda » du18 janvier 1914, critiquant les idées duparti libéral sur la question des lan¬gues, il conclut en ces termes : « C'estpourquoi les marxistes russes disentqu'il ne doit pas y avoir de langueofficielle obligatoire, mais qu'il fautmettre à la disposition de la popula¬tion des écoles où l'enseignement seradonné dans toutes les langues loca¬les, et inclure dans la Constitution,une loi fondamentale qui abolira tousles privilèges, quels qu'ils soient, ac¬cordés à l'une quelconque des nations,et supprimera toutes les violations,quelles qu'elles soient, des droitsd'une minorité nationale. »

Lénine s'est expliqué en détail surce point dans deux ouvrages « No¬tes critiques sur la question nationale »et « Du droit des nations à disposerd'elles-mêmes » qui datent de 1913et 1914, et qui devaient constituer plustard, à l'égard des nationalités, la basethéorique du programme de la révolu¬tion.

Peu après la révolution d'Octobre etl'accession des bolcheviks au pouvoir,le Conseil des commissaires du peuplepublia la « Déclaration des droits despeuples de Russie », signée de Lénine,qui déclarait que la politique soviéti¬que des nationalités se fonderait surles principes suivants :

1. Egalité et souveraineté des peu¬ples de Russie.

2. Droit des peuples de Russie àdisposer d'eux-mêmes, ce droit pou¬vant aller jusqu'à la sécession et lacréation d'un Etat indépendant.

3. Abolition de tout privilège et detoute restriction d'ordre national, ou

national et religieux.

4. Libre développement des mino¬rités nationales et des groupes ethni¬ques vivant en territoire russe.

Conformément au deuxième de ces

principes, Lénine, en qualité de prési¬dent du Conseil des commissaires du

peuple, signa à la fin de décembre1917 le décret qui, sur proposition dugouvernement finlandais, reconnaissaitl'indépendance de la Finlande.

Cette décision, digne d'un grandhomme d'Etat, lui valut la reconnais¬sance de la nation finlandaise tout en¬

tière. Dans de nombreuses déclara¬

tions antérieures, Lénine, qui s'étaitplusieurs fois réfugié en Finlande pourfuir la persécution tsariste et quiconnaissait bien le pays, avait déclaréque la Finlande pouvait prétendre àl'indépendance si tel était le vtu dupeuple finlandais.

Q| UAND l'ordre fut enfin

rétabli en Union soviétique, les autori¬tés s'occupèrent activement de déve¬lopper les langues et les cultures desminorités nationales, suivant une déci¬sion prise, en 1921, au Dixième Congrèsdu Parti communiste, sous la prési¬dence de Lénine. Il fallut doter d'un

alphabet et d'une orthographe les lan¬gues qui, jusqu'alors, étaient restéespurement orales.

Des spécialistes eurent à détermi¬ner quel dialecte (ou groupe de dia¬lectes) servirait de base à telle languelittéraire. Ce choix exigea souvent desrecherches très poussées ; il fallutétudier en détail la structure phonéti¬que de chaque langue pour identifierle (ou les) dialecte (s) essentiel (s).On dut enfin constituer des vocabu¬

laires spécialisés pour combler les la¬cunes évidentes de langues régionalesdont l'emploi avait été jusqu'alors ex¬clusivement oral.

Pour élaborer les nouveaux alpha¬bets, on s'inspira de l'alphabet latin, à

cause de sa plus grande diffusion in¬ternationale. On créa un centre pourtraiter les problèmes généraux et théo¬riques, et des comités locaux pours'occuper des diverses langues.

Comme beaucoup de communautésnationales n'avaient pas de linguistesautochtones, les recherches fondamen¬tales furent souvent confiées à des

Russes. Par souci de normalisation, ondécida d'employer l'alphabet latin, mê¬me lorsqu'il existait déjà dans unelangue donnée un certain nombre detextes écrits en caractères cyrilliquesou arabes.

Vers la fin des années 1930,- onsubstitua des alphabets cyrilliques àl'alphabet latin des nouvelles langueslittéraires. Cette décision fut motivée

par l'étroitesse des liens politiques,économiques et culturels avec la Rus¬sie et aussi, bien entendu, par le faitque beaucoup de citoyens non russesconnaissaient le russe ou souhaitaient

l'apprendre.Le russe est maintenant de loin la

langue la plus employée dans les rap¬ports entre les différentes régions del'Union soviétique et les différentescommunautés nationales. L'alphabetrusse comprend plus de caractèresque l'alphabet latin, mais 'pas asseztoutefois pour suffire aux besoins detoutes les langues. On a posé, enprincipe, qu'à chaque phonèmec'est-à-dire à chaque son ayant uneexistence fonctionnelle distincte

doit correspondre un caractère écrit.

Certaines langues comprennent unnombre exceptionnellement élevé dephonèmes ; ainsi le lesghien (languedu Caucase) compte-t-il 60 phonèmes

6 voyelles et pas moins de 54 con¬sonnes. Or, l'alphabet russe ne compteque 33 caractères ; il fallait donc lecompléter, ce que l'on fit en ajoutantde nouveaux caractères à l'alphabetcyrillique classique, ou en faisant desemprunts à d'autres alphabets. Cer¬tains phonèmes se transcrivent parcombinaison de deux caractères.

Ces nouveaux alphabets compren¬nent donc, outre les 33 caractères cy¬rilliques, 55 caractères supplémentai¬res, soit 88 lettres en tout nombre

requis pour que la valeur phonétiquede chaque lettre reste à peu près lamême dans toutes les langues, denouvelles lettres étant affectées aux

phonèmes qui différent de ceux de lalangue russe. Ainsi, les mêmes carac¬tères désignent généralement dessons similaires dans les différentes

langues.Pour choisir le dialecte à partir du¬

quel se formerait chaque langue litté¬raire, les spécialistes prirent en consi¬dération l'effectif des groupes linguis¬tiques intéressés et leur importanceéconomique et culturelle. Les caracté¬ristiques phonétiques, morphologiqueset lexicales et, le cas échéant, la litté¬rature existante entrèrent aussi en li¬

gne de compte. Si les dialectes étaienttrès différents et les populations épar¬pillées, on créait parfois deux langueslittéraires pour une même région géo¬graphique.

Quand on crée une nouvelle langue

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Ravagée lors de la première guerre mondiale et de la guerre civile,la Russie, en 1919, n'était que chaos. Les cheminots de Moscoudécidèrent de travailler volontairement le samedi (« Subbota » en russe),pendant leurs heures de loisir, pour réparer la ligne ferrée Moscou-Kazan.Lénine salua leur initiative comme « le grand commencement ».Dans tout le pays, on imita les cheminots. Le travail volontaire,« Subbotnik », fut repris chaque printemps, jusqu'au jour où toutela population de l'U.R.S.S. donna, sans salaire, des jours de travailpour l'édification du pays. Ci-dessus, Lénine (flèche) prenant partau Subbotnik de toutes les Russies, en mal 1920, au Kremlin.

Lénine a encouragé toutes sortes de perfectionnements scientifiqueset techniques. Ci-dessous, il observe les essais d'un nouveau typede charrue électrique, près de Moscou, en octobre 1921.

Dans la vieille Russie, 80 pour centde la population était analphabète,et dans les régions ruralesl'alphabétisation était à peu près nulle.Le 26 décembre 1919, un décret

du gouvernement soviétique surl'élimination de l'analphabétismeet le développement éducatifet culturel marqua un tournant décisif.Ci-dessous à gauche, une jeune fillede la ville explique les secretsde l'alphabet à un paysan russe.Ci-dessous (milieu), leçon dansune usine à l'heure du déjeuner.Ci-dessous à droite, des Tadjiks,montagnards de la région du Pamir,et, à droite, des femmes Turkmènesdes déserts de l'Asie centrale,suivent des cours d'alphabétisation.Avant la révolution, la proportionde Tadjiks alphabétisés étaitde 0,5 pour cent, et pour lesTurkmènes de 0,7 pour cent.Aujourd'hui, l'analphabétisme estpratiquement inexistant enUnion Soviétique.

Lénine pouvait travailler n'importe où : tout lieului était bureau, tout moment de calme, travail.Ci-dessus, il prend des notes sur les marches dela tribune lors d'une réunion en 1921. Intellectuel,Lénine savait de quelle importance décisive étaitl'éducation dans la transformation sociale du pays.

K£S

" Si tu sais lire

apprends à lire à ton voisin "

18

Photo © APN

1!

DROITS CULTURELS (Suite de la page 17)

Photo © APN

Ci-dessus, l'hiver dans la maison de campagne,à Gorki, village proche de Moscou, où Lénine, dontla santé était ébranlée par le surmenage, vécut de 1923jusqu'à sa mort, le 21 janvier 1924. En dépit des prescriptionsdes médecins, il continua à travailler jusqu'à sondernier souffle. C'est pendant cette période qu'il écrivitplusieurs ouvrages Importants, dont : « Moins, mais mieux »,et « De la coopération ». Ci-dessous, Lénine assis prèsde Nadedja Kroupskaïa, avec sa sBur Anna, sonneveu Victor, et Vera, fille d'un voisin, pendant l'été 1922,dans sa - datcha », ou maison de campagne de Gorki.

Photo © APN

littéraire, il faut apporter le plus grandsoin à l'élaboration du vocabulaire spé¬cialisé qui fait défaut aux langues lo¬cales demeurées à l'état oral. Il fallut

souvent recourir à des mots d'em¬

prunt, généralement d'origine russe,ou à des termes puisés dans le voca¬bulaire international, par l'intermé¬diaire du russe.

Une partie du vocabulaire conser¬vait cependant son caractère vernacu-laire termes dialectaux, ou formésselon les règles propres à la langue.Les comités spéciaux chargés de cetravail, groupaient des philologues etdes spécialistes du domaine en cause.

Plus de cinquante communautés na¬tionales, dont la langue vernaculairen'avait auparavant donné naissance àaucune littérature, ont maintenant unelangue littéraire propre. Cette évolu¬tion a souvent été très rapide. La dif¬fusion des livres et des journaux, etla production littéraire originale enlangue vernaculaire ont remarquable¬ment progressé.

La création d'écoles où l'enseigne¬ment est dispensé dans la langue ver¬naculaire permet aux différentes na¬tions de former elles-mêmes leurs

classes instruites. La division adminis¬

trative de l'Union soviétique a étéconçue en fonction des différentescommunautés nationales et de leurs

besoins, ce qui n'a pas manqué d'en¬courager leur développement culturel.

Dans certains cas, les autorités fini¬rent par abandonner divers projets decréation de langues littéraires, bienque tous les préparatifs eussent étéfaits, parce que les populations qui enauraient bénéficié ou que le projet in¬téressait vraiment étaient trop peunombreuses ou trop éparpillées, queles dialectes à y synthétiser étaienttrop différents ou que le groupe viséconnaissait déjà bien le russe ou uneautre langue courante dans la région,ce qui enlevait tout intérêt à la créa¬tion ou l'emploi d'une langue littéraireoriginale.

Toutes les nouvelles langues litté¬raires n'ont pas connu la même faveurou le même succès. Bien entendu, les

langues des petites communautés na¬tionales ont eu un moindre rôle quecelles qui sont parlées par un grandnombre de personnes.

Ce sont les langues utilisées pourl'administration, l'enseignement supé¬rieur et la recherche qui ont connu ledéveloppement le plus poussé ; cellesdes minorités nationales ne sont sou¬

vent employées que dans l'enseigne¬ment primaire. Néanmoins, elles ont euune grande importance pour les popu¬lations en cause.

On apprend beaucoup plus facile¬ment à lire et à écrire dans sa proprelangue, et cela rend évidemment l'al¬phabétisation bien plus aisée. A cetégard, l'Union soviétique peut s'enor¬gueillir de résultats spectaculaires. AuTadjikistan, par exemple, 2,3 % seule¬ment de la population de 9 à 49 ansétaient alphabètes sous le régime tsa-riste ; en 1926, ce chiffre n'était en-

Photo © APN

Sur la place Rouge, le 27 janvier 1924,le jour des funérailles de Lénine.Ce jour-là, pendant cinq minutes,le travail cessa dans toute l'Union

Soviétique, et dans plusieurs pays.

core que de 3,8 %; mais en 1939, ilatteignait 82,8 % et en 1959, 96,2 %.

En Uzbekistan, le pourcentage, sousles tsars, était de 3,6 % ; en 1926, de11,6 %; en 1939, de 78,7 % et en1959, de 98,1 %. Au développementde l'alphabétisme ont répondu les pro¬grès de l'instruction et de la vie cultu¬relle, qui ont, à leur tour, permis à lapopulation de s'initier aux sciences,à la technologie et aux cultures étran¬gères.

Lénine lui-même n'assista qu'auxpremières phases de cette grande évo¬lution. Au moment où le monde entiercélèbre le centenaire de sa naissance,

on peut affirmer avec certitude que leprincipe de l'égalité de toutes les na¬tions et de toutes les langues, principequ'il concrétisa dans sa politique desnationalités et qui a permis à différen¬tes communautés nationales de parti¬ciper activement à la vie éducative etculturelle, a profondément marquél'énorme effort de développement quel'Union soviétique fournit dans ce dou¬ble domaine depuis la Révolution d'oc¬tobre.

.v

Ci-dessus, Simbirsk, ville de province, aujourd'hui Oulianovsk,lors de la jeunesse de Lénine. Ci-dessous, la villed'aujourd'hui : le centre commémoratif avec ses bibliothèques,ses salles de conférences, ses musées, etc., construits

pour le centième anniversaire de la naissance de Lénine, jet Inaugurés par Leonid Brejnev, le 16 avril 1970.La maison des Oullanov est Intégrée à ce bâtiment moderne.

par Hiroshi Daifuku

DANS l'ensemble de Java,

le son de l'orchestre de gamelanle tonnerre assourdi des tambours,des gongs sonores et des carillonsargentins pénètre partout et peuts'entendre aussi bien dans les palais,au théâtre local, sur la place du vil¬lage ou même chez des particuliers.

Le son du gamelan accompagne lesreprésentations théâtrales des poèmesépiques hindous, le Mahâbhârata etle Ramayana. Enfants et adultes assis¬tent en foule aux représentations etécoutent avec enchantement les hauts

faits des héros mythologiques, desrois, des démons, des princesses etdes serviteurs drolatiques.

Le wayang kulit, le célèbre théâtred'ombres, projette la nuit sur un écranles ombres de ses marionnettes faitesde cuir de buffle découpé et peint.Le montreur d'ombres, appelé dalang,conduit le gamelan, chante les chan¬sons et emploie différentes sortes delangages suivant les personnages.

Dans le centre de Java, des troupesde danseurs appartenant à des asso¬ciations privées donnent aussi des

représentations des poèmes épiques(wayang wong). En outre, ¡I y a destroupes professionnelles qui vontd'une ville à l'autre, chacune étantspécialisée dans un certain style ; ellesjouent devant des salles combles pen¬dant deux ou trois mois de suite dansune même ville.

Les enfants apprennent très tôt àconnaître le Mahâbhârata et le Ra¬mayana. A chaque représentation duwayang kulit, ils sont assis ou accrou¬pis en groupes devant l'écran et sui¬vent avec de grands yeux les évolu¬tions d'un prince ou d'un démon.

De plus, c'est pour une bonne partà ces représentations de wayang queles enfants apprennent les manièresde parler, les modèles de conduite etles préceptes de morale qui régissentles m javanaises.

Dans les campagnes, autour de lacité de Djogdjakarta, on trouve destemples bouddhiques et brahmaniques.Construits en pierres volcaniques, .leurs masses gris foncé dominant les :champs de riz et les villages avoisi- :

HIROSHI DAIFUKU est le chef de la sec¬tion de la mise en valeur du patrimoine cultu¬rel, à l'Unesco. Il est l'auteur de nombreuxarticles et études sur l'ethnographie, laconservation et la muséographie.

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Sculpturesdanses

musiquethéâtre

perpétuentles leçonsd'un lointain

passé

Le grand sanctuaire de Loro Djonggrang, à Prambanan (Java) est l'un des plus remarquablesmonuments d'Indonésie. Construit au 10e siècle, il comprenait primitivement plus de deux centstemples et autres édifices. Ci-dessus, l'un des plus petits temples, vu du grand temple dédié à Çiva.Les parois extérieures des galeries sont ornées de sculptures qui narrent divers épisodes duRamayana, la grande épopée hindoue (Voir « Courrier de l'Unesco », numéro spécial, décembre 1967).On y voit comment Rama, aidé par les singes, part pour sauver son épouse Sita, enlevée parRavana, roi de Lanka. A droite, Jatayu, l'oiseau de grand courage, apporte à Rama l'anneau deSita et lui révèle le lieu où elle est tenue captive. A gauche, autre scène du Ramayana sur le templede Brahma, qui fait pendant à celui de Çiva.

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LA GROTTE DE L'ERMITE

A Touloung-Agoung (Java), dans unegrotte taillée dans le roc, sans doute versle 10e siècle, au pied du mont où furentdécouverts les restes de l'Homme de

Wadjak (de même type que celui deNeandertal), des bas-reliefs illustrentl'histoire hindoue d'Indra, roi des dieux,dépêchant sur terre quelques nymphespour demander à Ardjouna de cesserses mortifications. A droite, les nymphesdescendent du ciel et se posent prèsd'une rivière. Des bateliers, ramesur l'épaule, approchent de la grotte oùmédite Ardjouna (que l'on ne peut voirsur notre photo).

ART DE JAVA (Suite)

Les grandes scènes du Ramayana

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nants, ils reproduisent le rythme despics et des chaînes volcaniques quiles entourent, comme des témoinsmuets d'une civilisation passée dontles croyances continuent d'affecter lavie de la population d'aujourd'hui.

Bien qu'ils ne soient plus des cen¬tres religieux, leur association avec lavie culturelle de la population parla musique, la danse et le théâtreest toujours présente, car ce sont làdes monuments vivants, non des pier¬res mortes.

Le commencement et le développe¬ment de la culture hindoue dans le

sud-est asiatique ne sont pas encoreparfaitement connus. Les découvertesarchéologiques d'inscriptions sur pierreet sur métal, datant du début du 5e siè¬

cle de l'ère chrétienne, montrent qu'àcette époque, l'influence indienne étaitdéjà arrivée dans l'archipel. De petitsEtats existaient, sur le modèle indien,qui faisaient du commerce entre euxainsi qu'avec l'Inde et la Chine et sefaisaient la guerre l'un à l'autre.

Peu à peu, l'Etat de Mataram de¬venu le plus fort, imposa sa domina¬tion à la partie centrale de Java aucours du 8" siècle ; c'est alors que fu¬rent construits sur le plateau de Diengles premiers temples dédiés à Çiva.Les missionnaires bouddhistes arrivè¬

rent probablement un peu plus tard.

Pendant la deuxième partie du 8e siè¬cle apparut une nouvelle dynastie,celle des Çailendra, qui étendit sadomination à la plus grande partie deJava et de Sumatra. La plupart de nosconnaissances actuelles sur la partiecentrale de Java lors de cette période

provient des monuments construits parles rois de cette dynastie.

Borobodour (voir Courrier de l'Unes¬co, juin 1968) est le plus connu de cesmonuments.

Outre les sculptures révélant lesaspects religieux du bouddhisme, ungrand nombre de bas-reliefs donnentdes indications sur la vie de la popu¬lation pendant cette période. Un élé¬phant caparaçonné, à côté d'un princeet d'une princesse, indique que cetanimal était employé comme monture.Les musiciens jouent de la flûte, dutambour, des cymbales et de la cré¬celle, et les gestes d'un danseur, tail¬lés dans la pierre il y a plusieurssiècles, pourraient fort bien être ceuxd'un danseur d'aujourd'hui. Un navireà deux mâts, à proue élevée, toutesvoiles dehors et chargé de passagerset de marchandises, précise le degrétechnique qu'atteignait alors l'art de lanavigation dans l'Asie du Sud-Est.

A trois kilomètres de Borobodour

se trouve le temple de Mendut. On yvoit la célèbre statue du Bouddha quiprêche : avec la statue du Bodhisattvade bonté, Avalokiteçvara, à sa droite,et celle du Bodhisattva de puissance,Vajrapani, à sa gauche, il constitue, del'avis de Bernet Kempers, « l'une desplus grandes manifestations de l'art etde la pensée bouddhiques. Il y a dansles pays bouddhistes peu de groupesde statues si même il y en aqui puissent se comparer à celui-là ».

Sur les échiffres de l'escalier,des sculptures représentent des para¬boles fjatakas) inspirées de contespopulaires, par exemple l'histoire,répandue dans beaucoup d'autres pays

de l'Asie orientale, de la tortue bavardequi avait demandé à deux oies del'emmener dans les airs.

L'arbre du ciel, sculpté sur les côtésdu Mendut et de son voisin le Pawon,rappelle la silhouette du gunungan, lapeau de buffle en forme de feuillesculptée, employée pour annoncerl'ouverture et la fermeture du wayangkulit, pour indiquer les changementsde décor, les forêts et, en général,pour symboliser le rituel du wayang.

Des statues de gardiens, tailléesdans le rocher et portant de lourdesmassues de pierre, se trouvent à laporte de temples tels que ceux du Ka-¡asan, du Sewu et du Sari, pour eninterdire l'entrée au mal. Leurs traitsbienveillants contrastent avec les

expressions démoniaques fréquenteschez les statues analogues des tem¬ples d'autres pays d'Asie.

La tradition s'est perpétuée jusqu'àune date récente et beaucoup depalais de l'aristocratie du centre deJava ont des statues semblables prèsde leur entrée extérieure. La variété

des styles d'architecture, comme lesstatues de Bodhisattvas et de person¬nages royaux, témoignent de la riches¬se de la civilisation et de la dévotion

des princes Çailendra au bouddhisme.

Les récits des pèlerins et des voya¬geurs qui décrivent Java à cette épo¬que donnent une idée de la prospéritéet de l'importance politique de ladynastie Çailendra. Sauf la structurede pierre des temples et les scènesreprésentées, il ne reste que peu dechose de cette gloire passée, la plu¬part des maisons d'habitation étant

faites de matériaux peu durables(comme le bois), rapidement détruitspar l'humidité du climat de mousson.

Il est probable aussi que beaucoupde croyances indigènes, antérieures àl'introduction de l'hindouisme et du

bouddhisme, ont survécu pendantcette période, puisqu'elles subsistentencore de nos jours. Le culte de Çivaa sans doute continué aussi pendantl'ère Çailendra et, selon certains éru¬dits, les attributs de Çiva et du Boud¬dha auraient été combinés.

LIA deuxième moitié du

9e siècle a vu le début de la construc¬

tion des temples dédiés à Çiva, Brah¬ma et Vishnou, connus sous le nom

de « Loro Djonggrang », ou Pramba-nan, d'après le nom de la ville voisine.L'ensemble des temples de Prambananrivalise avec celui de Borobodour. Tra¬

ditionnellement attribué au royaume deMataram, à la fin de la période Çai¬lendra, il semble avoir été progressi¬vement abandonné lorsque la capitalede Mataram fut transférée à l'est

de Java. Les temples furent finalementdétruits par un tremblement de terreen 1549.

Pendant plusieurs siècles, ils res¬tèrent oubliés, leur présence n'étantindiquée que par de petits monticulescouverts de buissons. Les fouilles ont

révélé l'importance du site et on aentrepris de le restaurer petit à petit.Aujourd'hui, le visiteur découvre desfragments du mur extérieur, qui consti¬tuait un carré de 390 mètres de côté.

L'ensemble des temples et templionsse trouve dans deux enclos concen¬

triques, ceints de murs et situés dansla partie sud-ouest du terrain délimitépar le mur extérieur.

Dans la cour extérieure se trou¬

vaient à l'origine 224 temples secon¬daires, dont la plupart sont encore enruine, entourés par un mur de 222 mè¬tres de côté.

Dédié à Çiva, le temple centralculmine à 47 mètres au-dessus d'une

terrasse étroite entourée d'une balus¬

trade. On l'a soigneusement restauré,opération qui a duré de 1937 à 1953.Ses bâtisseurs avaient lié plusieursstyles indiens à des éléments javanaisen une seule composition architectu¬rale harmonieuse. Au nord et au sud,les temples de Vishnou et de Brahmaoffrent la même beauté.

Les figures de danseurs sculptéessur les balustrades du temple et sur¬tout les scènes du Ramayana sculp¬tées à l'intérieur des galeries ont unintérêt plus direct pour la culturecontemporaine de Java. Taillées dansla pierre, elles racontent les bataillesde Rama, les exploits d'Hanouman, legénéral des singes, et évoquent tousles personnages, toutes les scèneslégendaires que le théâtre et la danseont rendus familiers aux Javanais et

aux Balinais. Les scènes du Rayamanase continuent sur le temple de Brahma,tout proche. Les danseurs d'aujour¬d'hui étudient ces sculptures ancien¬nes, qui leur donnent à comparerrythmes et mouvements.

On a construit un amphithéâtre dansle voisinage et, tous les ans, pendantla pleine lune de la saison sèche (juin-septembre), diverses troupes de dan¬seurs de toute l'Indonésie et de paysvoisins viennent donner des représen¬tations du Ramayana.

La religion islamique fut introduiteen Indonésie au cours des 13e et

148 siècles par des commerçantsindiens. Elle avait déjà été modifiéepar des influences indiennes et, quand

elle fut progressivement adoptéeplutôt qu'imposée par la conquêteelle acquit des caractéristiques nette¬ment indonésiennes, et montra une

tolérance très marquée pour les sur¬vivances hindouistes.

Dans la partie centrale de Java, lesplus anciens monuments islamiques setrouvent sur la côte nord ; le plusconnu est le minaret de Kudus, prèsde la ville de Semarang. Ce ne sontpas ses dimensions, mais son carac¬tère historique qui en fait l'importance.Sa forme rappelle les tours balinaisesanalogues à un tambour, ou un kulkul,plutôt que les modèles indiens.

On trouve à Djogdjakarta un remar¬quable exemple de l'architecture mu¬sulmane aristocratique indonésienne.En ruine aujourd'hui, l'édifice témoigneencore de sa gloire d'antan. Ce palaisde plaisirs du sultan, appelé TamanSari, ou « jardin des fleurs », se trou¬vait autrefois sur une île d'un lac arti¬

ficiel ; on pouvait l'atteindre par bateauou en empruntant un tunnel reliantl'île à la berge. Aujourd'hui, l'île n'estplus qu'une colline basse au milieudes détritus, car l'ancien lac sert dedécharge publique.

L'ancien tunnel, ses murs et sespuits d'aération couverts de moussedemeurent des témoins muets de ce

que fut le palais. Seule reste encoredebout l'une des portes extérieures,dont les murs croulants s'élèvent au

milieu de maisons banales. Par derrière

s'étendent des réservoirs ou des bas¬

sins partiellement envasés, où jouentles enfants. On peut retrouver la tracedes anciens canaux ; la somptueusearchitecture du lac, les fontaines et lesbassins, firent donner à ce palais lenom de « palais des eaux ».

La forme du Taman Sari est nette¬

ment différente de celle des légères

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ART DE JAVA (Suite)

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constructions de bois plus tard utili¬sées pour les demeures aristocrati¬ques. Il faudrait le restaurer ; il attes¬terait l'architecture des 18e et 19e siè¬

cles ; les habitants, comme ceux quiviennent de loin pour découvrir larégion, pourraient le visiter.

Le palais d'été du sultan, commeles palais du prince de Solo et ceuxd'anciens aristocrates javanais, offreun autre style architectural, beaucoupplus proche des conceptions habi¬tuelles en Extrême-Orient. On y trouvedes cours ombragées d'arbres, despavillons bas, des communs, etc. Al'intérieur des murs d'enceinte, le bâti¬ment principal est le pavillon d'en¬trée où se donnent les concerts de

gamelan et les spectacles de danse.

Dans le palais du sultan, aujourd'huimusée ouvert au public, on garde l'unedes plus importantes collections d'ins¬truments de gamelan. Dans d'autresmaisons princières de la ville de Djog-djakarta, on forme des troupes de dan¬seurs composées d'enfants de familles

aristocratiques, ainsi que de jeunescitadins et paysans de la campagnevoisine.

Ainsi, de nos jours encore, dans lecentre de Java et dans d'autres par¬ties de cette ile très peuplée, lesanciens monuments d'un glorieuxpassé, les leçons de l'héritage moralet religieux et le code des bonnesmanières aident à l'éducation ; l'en¬seignement plus formel de la civilisa¬tion contemporaine s'en trouve nuancé,doté de valeurs plus subtiles.

Le gouvernement ne peut actuelle¬ment envisager de financer la restau¬ration et la conservation de tous les

monuments du centre de Java, malgréleur importance pour l'héritage culturelde la nation. A Sewu, par exemple, lap+upart des temples sont en ruine.

Le travail très rigoureux appeléanastylose (la remise en place despièces les unes avec les autres,comme celles d'un puzzle gigantesque)a permis d'identifier et en partie deréassembler certains éléments, maison ne saurait, faute de crédits, envi¬sager la restauration proprement dite.Dans la partie centrale de Java vit unepopulation très dense, surtout rurale.On accorde donc la priorité à desmesures urgentes sur le plan social etéconomique. Or la campagne de finan¬cement pour la restauration de Boro-bodour, entreprise par l'Unesco, n'aurapas d'incidence directe sur la prospé¬rité locale.

En même temps que les sites quenous venons de décrire, le centre deJava peut offrir au visiteur une pers¬pective unique du développementd'une civilisation de l'Asie du Sud-Estencore mal connue. L'Unesco aide le

gouvernement à mettre au point unprogramme de tourisme culturel quil'aidera à compenser les frais occa¬sionnés par la conservation des siteset des monuments et, en mêmetemps, ouvrira de nouvelles posibiliteséconomiques à la population. B

t-ES "Jatakas"ou "naissances anté¬rieures du Bouddha" sontcomposés de 547 contesentremêlant prose et vers.Ils auraient été rédigésvers le 5e siècle de notreère sur une ancienne ver¬sion en languepâliquielle-même devait refléter unetradition fort ancienne,datantpeut-être du 3e siè¬cle avant notre ère. Cescontes, tous de mêmeforme narrative, montrentle Bouddha sous l'une desmultiples formes animalesqu'il aurait assumées lorsde ses vies antérieures. Lesthèmes constituent deparfaits exemples de lamorale bouddhique soussa forme la plus ancienne,laquelle doit conduirel'être de progrès en pro¬grès jusqu'au Nirvana,c'est à dire à l'extinctionde tout désir et à fa béa¬titude absolue.

FABLIAUX SUR PIERRE

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LE SACRIFICE DE SOI. Le roi de Bénarès trouva un arbre couvert de fruitsmagnifiques que dévoraient des singes. Il ordonna à ses chasseurs de tuer lessinges. Ce que voyant, leur chef (qui n'était autre que Bouddha), pour sauver sescongénères, attacha une liane à sa queue et bondit de l'autre côté de larivière. Hélas ! la liane était trop courte. Le singe s'agrippa à la rive tandis queses frères passaient l'eau sur son dos. Le roi, touché de ce dévouement, décidaalors d'épargner la vie de ce singe qui, épuisé, était près de se noyer.Bas-relief de Borobodour.

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Photo '0 Louis Frédéric - Rapho

LE DAIM GENEREUX. Un chasseur

poursuit un daim mais,tombe de cheval et glissravin. Le chasseur est blessé. Pris de

compassion, le daim revient sur ses paset, de ses bois, aide le chasseur à setirer d'affaire. Le chasseur se jure de neplus jamais chasser le daim. On voit àgauche le cheval, au centre le chasseurdans le ravin et, à droite, le daim.Bas-relief de la balustrade du temple deBoroboudour (vers 800).

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fi'^üÉfÉi

LA TORTUE TROP BAVARDE. Désireuse ÍS

voyager, une tortue demande à deux oies del'enlever dans les airs en se saisissant d'un

bâton qu'elle tiendra fermement dans son bec.Les villageois qui assistent à ia scène luidécochent des flèches et se moquent d'elle. La.tortue, qui veut leur répondre, ouvre le bec,lâche le bâton et tombe sur le sol où les

paysans l'achèvent. Le poète français Jean de LaFontaine a su tirer parti de ce conteemprunté à Bidpay, qui aurait rédigé en sanscrit,dès le 6'' siècle, d'anciennes fables de l'Inde,

traduites en plusieurs langues orientales, demême qu'en grec, au 13e siècle en latin, puis en1644 en français.

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A MALIN, MALIN ET DEMI. Cetautre conte, tiré du Pancatantra, illustre

une fable célèbre à Java : un singepromet à un tigre de le mener où vitune chèvre, et s'attache par une lianesur le dos du tigre, pour plus de sûreté.Mais, en voyant cet équipage, la chèvres'écrie : « C'est bien, de m'apporter untigre à manger ! Mais où sont les neufautres que tu m'avais promis ? » Effrayé,le tigre s'enfuit, trainant derrière lui lesinge désarçonné.

Au fond des mers

'histoire

des continents

par Daniel Behrman

De récentes études dans le- domaine

de la géologie marine viennent apporterde nouvelles lumières sur la théorie

de la dérive des continents ; le fond dela mer se serait étalé au cours des

millénaires, séparant la masse continentaleen continents distincts. Ce processuscontinue toujours, car avec l'activitévolcanique sous-marine, les fissures etcratères des grandes dorsalessous-marines, tout autour du monde,crachent toujours des laves. La photode droite montre précisément ces coussinsde lave sous-marins, dont les formesont été déterminées par le brusquerefroidissement des pierres et minérauxen fusion au contact de l'eau. Cette photoa été prise, à quelque 3 000 mètres deprofondeur sur la dorsale médio-océaniquequi sillonne l'Atlantique dans sa longueur,par le navire océanographique français« Calypso ». Les savants ont utilisé descaméras électroniques qui peuventexplorer l'Océan jusqu'à 8 000 m deprofondeur. A l'extrême droite, à4 600 m de fond, une éponge en formede cloche oscille dans un courant

sous-marin. Sur cette photo, prise àquelque 300 km des Bermudes, l'aiguilled'une boussole fixée à l'appareil derecherches Indique la direction ducourant profond.

28

LIA côte occidentale d'Afri¬

que propose à la science modernemaintes énigmes à déchiffrer ; aussiles spécialistes de géologie et de géo¬physique marines sont-ils de plus enplus passionnés par les recherchesmenées dans le cadre de la coopéra¬tion internationale.

Car c'est le long de cette côte que,selon certaines théories, la masse

continentale originelle, Pangea, auraitcommencé à se rompre il y a plus de100 millions d'années le long d'unefaille qui serait devenue l'océan Atlan¬tique. On nomme « Pangea » cet im¬mense continent primitif, du nom grecde la déesse de la terre, « Gea ». Cequi est aujourd'hui la côte atlantiquedes Etats-Unis se serait donc détaché

de l'épaule occidentale de l'Afrique.

Et c'est bien là l'énigme. Si la bor¬dure continentale de l'Amérique duNord est peut-être celle que les spé-

DANIEL BEHRMAN, auteur de « The NewWorld of the Oceans * (Le Nouveau Mondedes océans), ouvrage édité aux Etats-Unispar Little, Brown and Co., Boston, est écri¬vain scientifique à l'Unesco.

cialistes de géologie marine connais¬sent le mieux, la côte occidentale de

l'Afrique est sans doute l'une de cel¬les qu'il connaissent le moins.

On pourrait réduire cette disparité,les savants en sont convaincus, en

faisant des enquêtes approfondiesauxquelles participeraient non seule¬ment les pays qui, dans le monde ontaccompli de remarquables progrèsdans le domaine de l'océanographie,mais aussi les pays en voie de déve¬loppement de la côte africaine.

Tel était le point de vue à peu prèsunanime lors d'un récent symposiumorganisé à l'Université de Cambridge,en Grande-Bretagne, par le Comitéscientifique pour la recherche océa¬nique (CSOR) du Conseil internationaldes unions scientifiques. Le CSORjoue le rôle de conseiller scientifiqueauprès de la Commission océanogra¬phique intergouvernementale à l'Unes¬co, qui a déjà coordonné diversesrecherches menées en mer dans le

cadre de la coopération.

Ce symposium ne réunissait pasmoins de 206 spécialistes de dix-huitpays. Ils vécurent sous le même toit,

dans le calme du nouveau Churchill

College de Cambridge, à près de deuxkilomètres du centre de la ville ; ils yhabitaient, travaillaient, discutaient,mangeaient, toujours ensemble.

Le sujet qui les occupait était « lagéologie de la bordure continentalede l'Atlantique oriental », c'est-à-direla côte atlantique, depuis la Nouvelle-Zemble, archipel soviétique du GrandNord, jusqu'au cap Agulhas, à lapointe australe de l'Afrique.

« Bordure continentale » est l'ex¬

pression qu'emploient les océanogra¬phes pour désigner non seulement laplate-forme continentale, mais aussile glacis et le talus qui séparent lerivage du fond de l'océan.

Le propos de la réunion était assezpassionnant pour attirer des spécia¬listes de treize sociétés qui se livrentà la recherche du pétrole et des mine¬rais sur le seuil continental, plus unesociété d'extraction de diamants. Il

apparut que l'exploration des extrémi¬tés boréale et australe des rives orien¬

tales de l'Atlantique va bon train.

SUITE PAGE 30

Photo Bruce Heezen

AU FOND DES MERS (Suite)

Du gravier à la tonneet des diamants au carat

Quant à la côte de l'Europe occi¬dentale, elle fait l'objet d'études appro¬fondies qu'ont stimulées les décou¬vertes de poches de gaz naturel enmer du Nord et les prospections pétro¬lières dans la baie de Biscaye. Maisune coordination des études s'imposecar, comme le remarquait un spécia¬liste, la géologie du sol continentaln'est politiquement pas aussi ardueque la géologie continentale I

Au sud de la baie de Biscaye, lestravaux commencent à se ralentir,

chose particulièrement regrettable, carc'est là que l'on pourrait trouver laclef de bien des problèmes.

Aujourd'hui, les géologues inclinentà tenir la surface de la terre pour unassemblage de plaques neuf entout. Ces plaques se déplacent, pous¬sés par les matériaux nouveaux quisont expulsés du manteau, sous lacroûte terrestre, et qui, de la dorsalemédio-océanique, s'étendent pour for¬mer de nouveaux fonds marins.

Le phénomène commence sur lerebord de ces plaques, et l'un de cesrebords suit une ligne qui va de Gi¬braltar aux Açores. Au sud de cetteligne, on pense que le fond marins'élargit plus rapidement qu'au nord(trente millimètres de plus par an).C'est pourquoi, de part et d'autre decette ligne, il faut explorer les bordu¬res continentales pour évaluer lesconséquences de cet implacable dépla¬cement.

Enfin, plus au sud, aux alentours del'épaule africaine que dessine leMaroc, se situe la jonction en « Y » oùl'Europe, l'Amérique et l'Afrique ontpu se réunir en un seul continent, Pan¬gea. S'il en fut ainsi, comment serompit-il ? C'est peut-être au fond del'Atlantique que se trouve la réponse,sur la bordure continentale au largede l'Afrique.

A

3D

Lia réunion de Cambridge,on a proposé d'envoyer Atlantis II tra¬vailler dans plusieurs zones, au largedes côtes africaines : Atlantis II est eneffet l'un des navires de recherche

les mieux équipés du monde ; jaugeant2100 tonnes, il est employé par laWoods Hole Océanographie Institu¬tion, au Cap Cod, sur la côte orientaledes Etats-Unis.

Le Dr K. O. Emery, de Woods Hole,donna différentes précisions. Le DrEmery a déjà été responsable de vas¬tes recherches sur le seuil continental

de l'autre côté de l'Atlantique, au largede l'Amérique. Il déclara que si lessubsides étaient votés pour la parti¬cipation des Etats-Unis à une future

Décennie internationale d'explorationocéanographique, il serait possiblequ'Atlantic II put faire des recherchessur 10 000 kilomètres de côte africaine.

Tous les 200 kilomètres, il pourrait,partant de la côte, faire un trajet cou¬pant le seuil continental, le talus et leglacis, en employant des techniquesde relevé des profils sismiques, desmesures gravimétriques et magnéti¬ques et cartographiques des fondsmarins.

La proposition était bienvenue : eneffet, on ne sait pas grand-chose dutalus continental ni de son modelé sur

le seuil continental (qui du point devue juridique se termine à 200 mètresde profondeur perpendiculairement àla surface de la mer). A la réunion, desspécialistes allemands et anglais dé¬clarèrent qu'ils seraient en mesure decoopérer à une enquête de cette na¬ture, soit en envoyant des spécialistesrejoindre l'équipe de chercheurs àbord de l'Atlantis II, soit en travaillantsur les données scientifiques recueil¬lies. Le Dr Emery exprima l'espoir devoir des spécialistes des pays afri¬cains travailler eux aussi à bord de

l'Atlantis II.

Pour ce qui est de l'extrémité de labordure continentale de l'Europe occi¬dentale, les savants pensent qu'unereconnaissance approfondie n'est pasindispensable. Ils jugent qu'il suffirait,dans de petites réunions de spécia¬listes, d'examiner les problèmes queprésentent certaines zones particu¬lières, comme la baie de Biscaye oule plateau de Rockall.

Car le plateau de Rockall a sollicitél'attention des participants de la réu¬nion de Cambridge. Il s'étend dansl'Atlantique sur quelque 450 kilomètresau nord-ouest de l'Irlande, et l'oncroit qu'il serait d'origine continentaleplutôt que d'origine océanique. Desétudes de réfraction sismique menéespar des géologues anglais à bord duDiscovery, navire de recherche an¬glais, montrent qu'ici la croûte terres¬tre a 31 kilomètres d'épaisseur, alorsqu'ailleurs sous l'océan, son épaisseurn'est guère que du tiers.

Il se peut que le plateau de Rockallait été en quelque sorte abandonné enmer lors de la triple cassure de Pan¬gea. La première cassure sépara l'Eu¬rope de l'Amérique, la seconde leGroenland de l'Europe, la troisièmeRockall du Groenland.

Quand on assiste aux discussions despécialistes de la géologie marine, ona l'impression que l'océan s'agitepresque autant en ses fonds qu'à lasurface. Il peut également bouger ver¬ticalement ; ainsi apprit-on au sympo¬sium que la mer du Nord s'affaisse enmoyenne d'un centimètre en 300 ans

SUITE PAGE 32

L'OR NOIR

SOUS

LA MER

Le fond des mers recèle de fabuleuses

richesses dont l'exploitation ne faitguère que commencer. Jusqu'ici,l'extraction n'est opérée qu'aux abordsdu seuil continental par des fonds demoins de 100 mètres, à une centainede kilomètres du rivage. Les forages ontdonné du pétrole, du gaz et du soufre ;charbon et minerai de fer, dont lesgisements s'étendent sous la mer, sontextraits de la terre ferme ; les draguespermettent de recueillir l'étain et lesdiamants ; l'eau de mer donne de l'eaudouce, du sel, du magnésium. Lepétrole et le gaz représentent plusde 90 pour cent de la valeur totaledes richesses extraites de la mer. A

gauche, au large du golfe de Gascogne,une plate-forme de forage opérant à80 m de fond. Les spécialistes du pétroleemploient un trépan d'acier incrustéde diamants (ci-dessous) pour préleverau fond les échantillons, lors de larecherche des gisements.

Photos Esso

PUITS ET

LABORATOIRE

FLOTTANT

Le navire océanographiqueaméricain de recherches

« Glomar Challenger » emploieun nouveau système de contrôle« d'ancrage dynamique » pours'immobiliser totalement lors des

opérations de forage en eauprofonde. Notre dessin montrecomment des balises sonar,placées au fond, transmettentdes signaux sonores auxhydrophones à bord. CesInformations sont interprétéespar un computer dont les calculsentraînent la mise en marche

de moteurs latéraux qui assurentau bâtiment sa stabilité, quelsque soient les courants, vents ouhoules. Le « Glomar Challenger »,qui a pris part aux programmesde forages scientifiques de laNational Science Foundation,aux Etats-Unis, détient lerecord de travail en profondeur :6 140 m, et de profondeur deforage sous le lit del'Océan : 985 m.

31

Quandla mer

fait

la terre

Géophysiciens et océanographes nous en apprennent toujours davantage sur la formation des fonds marins.De récentes recherches ont permis de dresser une carte du système des dorsales océaniques dans lémonde, à partir desquelles se sont produits de nouveaux étalements des fonds marins. Dans ces quatredessins, on voit la formaron des dorsales océaniques et la séparation des continents, ou leur soudure.(1) Quand la dorsale méso-atlantique a commencé à se former* il y a 120 millions d'années, la masse del'Afrique et de l'Inde s'est séparée de l'Amérique du Sud. (2) Il y a quelque 60 millions d'années, la dorsalede Carlsberg s'est formée entre l'Afrique et l'Inde, repoussant l'Inde vers l'Asie. (3) Il y a 30 millionsd'années, une autre dorsale s'est formée dans le golfe d'Aden, séparée par une zone de fractures de ladorsale de Carlsberg, provoquant la séparation de l'Afrique orientale. (4) L'évolution actuelle avec la GrandeFaille de l'Afrique orientale, les plissements montagneux (en haut du dessin* à droite), Himalaya compris*sont la conséquence spsctaculaire dss soudures des masses continentales. Dessins © Science-Journal.

Dessins © Science Journal

'o

Dorsale méso-atlantique en formation

IL Y A 120 MILLIONS D'ANNEES

Dorsale méso- atlantique

Dorsale de Carlsberg

en formation

IL Y A 60 MILLIONS D'ANNÉES

32

AU FOND DES MERS (Suite)

sous la charge de sédiments de7 000 mètres d'épaisseur.

Cette sédimentation est un indice

certain de la présence d'hydrocar¬bures, pétrole ou gaz. Le long de labordure continentale de l'Atlantiqueoriental, dix pays d'Europe et trente-trois pays d'Afrique cherchent actuel¬lement du pétrole.

En mer du Nord, au large des côtesde Grande-Bretagne, plus de soixantesociétés travaillent sur 23 concessions.

Au large de la côte africaine occiden¬tale, trente-cinq sociétés ont acquisou cherchent à acquérir des conces¬sions. La découverte la plus importantea été faite au large du bassin nigérianlequel, dit-on, aurait pu produire l'an¬née dernière, un million de barils de

pétrole par jour pendant un an, n'eûtété la guerre civile.

La mer du Nord assure à la Grande-

Bretagne 28 millions de mètres cubesde gaz naturel par jour. Chose éton¬nante, le fond de la mer donne 7 %

de la production charbonnière anglaise.Sur les 160 millions de tonnes extraites

chaque année, 11 millions viennent demines situées à 5 ou 6 kilomètres au

large des côtes du Cumberland et duNorthumberland et dont les puits sontsur la terre ferme. On évalue à550 millions de tonnes les réserves de

charbon de ces mines sous-marines.

C'est encore le fond de la mer quidonne 10 % du gravier anglais. Onen a dragué 11 millions de tonnes en1969, et selon le professeur K. C.Dunham, directeur de l'Institut desSciences géologiques, à Londres, lescapitaux investis dans cette industrieatteignent actuellement 25 millions delivres (soit environ 350 millions defrancs).

Au nord de la bordure continentale

de l'Atlantique oriental, on extrait legravier à la tonne ; à l'extrême sud, lediamant au carat. Un rapport de R. H.Joynt, des Consolidated DiamondMines of Southwest Africa, société qui

travaille près de l'embouchure de larivière Orange, a été présenté ausymposium.

La recherche des diamants est ma¬

laisée. Du rivage, on relève les profilssous-marins tous les cent mètres ; le litrocheux doit être déterminé tous les

mètres (pour le spécialiste de la géo¬logie marine, c'est comme si ¡'on étu¬diait le seuil continental avec une louped'horloger).

Pour explorer les crevasses, lesplongeurs doivent s'y faufiler dans uneeau à 10 'C, avec une visibilité à30 centimètres seulement. Dur labeur

que la prospection sous-marine dudiamant, outre que l'entreprise est fortcoûteuse. Ce ne fut que l'année der¬nière, dit M. Joynt, que l'opérations'avéra rentable. Quand on lui deman¬da ce que les bénéfices représentaientpar rapport aux chiffres d'affaires de

la société, il se borna à répondre :« A peu près ce que nous dépensonstous les mois en timbres-poste. »

Nos lecteurs nous écrivent

DE LA RELATIVITÉ DU BEAU

C'est toujours avec un grand plaisirque je reçois les numéros du « Cour¬rier ». Je les laisse dans le salon afin

que chacun puisse en prendre connais¬sance. Cependant, mon plaisir diminuerasi vous continuez à publier d'aussi peuengageantes couvertures.

Bien évidemment, ¡I faut aller avec

son temps, et même le précéder par¬fois, mais étant donné que le « Courrierde l'Unesco * doit être un lien entre

un grand nombre de personnes de men¬talités différentes, seules de très bellescouvertures (ou d'un intérêt humainfrappant) pourront avoir cet effet deliaison. Dans le passé, le « Courrier »a presque toujours respecté cette rè¬gle. Aussi, j'espère ardemment que lesquelques dernières couvertures paruesn'indiquent pas un changement perma¬nent dans la ligne du « Courrier ».

W. H. Posthumus van der Goot

Amsterdam, Pays-Bas

PROBLÈMES DE LA SURDITÉ

Il est certain que le « Courrier » acontribué dans une large mesure à pro¬mouvoir, guider et canaliser dans labonne voie les pensées turbulentes denotre époque. Je me suis voué à l'édu¬cation des enfants sourds, à Bombay.De temps à autre, le « Courrier * adéjà éclairé certains des problèmesconcernant les handicapés tels que lesaveugles et autres, mais il n'a pasencore traité le problème de la surdité.

Les sourds sont toujours mal compris,sous-estimés et leurs talents quelquepeu méprisés. Il me semble que lepublic, la presse et les gouvernementsn'ont pas accordé à ce problème vital ^une importance assez grande. Le handi¬cap des sourds a jusqu'à présent éténégligé et ignoré dans le monde, peut-être parce que ceux qui sont atteintsde surdité ne portent ni béquilles nibandages et paraissent normaux. EnInde, la surdité pose un très grand pro¬blème, malgré les efforts faits depuistrois ou quatre ans par ceux quiessayent d'éveiller l'opinion publique.

Les sourds possèdent les mêmesfacultés que ceux qui ne le sont pas,mais ils se trouvent emprisonnés dansun monde sans parole et sans bruit.Pour eux, le monde apparaît comme unfilm muet. Ils voient les gens se mou¬voir et parler, mais sans qu'aucun sonleur parvienne. Et le monde qui lesentoure leur apparaît comme dénué devie. Puis-je vous demander de vouloirbien traiter de ce problème dans unde vos numéros ?

R. R. Pavri

Bombay, Inde

LE MUSÉE MOUKHTAR DU CAIRE

La légende des photographies des* Trésors fabuleux des musées du

Caire (parues dans le numéro d'avril1970 du « Courrier ») indique que les

luvres des grands artistes européensGoya, Delacroix, Rubens, Van Gogh,

etc. et de peintres égyptiens telsque Mahmoud Said et Mohammed Ne-gui, se trouvent exposées au muséeMoukhtar du Caire.

En réalité, ces euvres d'art se trou¬vent dans le musée Mohammed Mah¬

moud Khalil du Caire. Le musée Moukh¬

tar, qui fut inauguré en 1964, est eneffet exclusivement consacré à l'expo¬sition des nuvres du célèbre sculpteurégyptien Mahmoud Moukhtar (1891-1934).

Osman NowayaLe Caire, R.A.U.

QUAND RIEN NE VA PLUS

Deux lettres parues dans le numérodu « Courrier » de février 1969 m'ont

paru particulièrement intéressantes.Marlene Hunk Fok King, de l'Ile Mau¬rice, demande que le « Courrier del'Unesco » traite des diverses religionsdu monde. Notre culture provient denos héritages religieux. Toutes les re¬ligions révélées ont eu une très grandeinfluence sur les personnes auxquelleselles furent révélées. Pensez à ce quesont devenues les tribus du désert

après que Mahomet eut prêché... L'effetde ces religions a toujours été d'éleverle niveau d'existence et de conscience

de l'homme. La direction divine n'a pasété refusée à l'humanité, mais celle-ci

a trouvé qu'il lui était difficile de nepas s'en priver.

Une pancarte sur le mur de la lave¬rie automatique où je nettoie mes vê¬tements indique : - Lorsque rien ne vaplus, lisez les instructions. * Tout meporte à croire que l'homme se trouverabientôt prêt à retourner aux instruc¬tions divines. Je suis d'accord avec

Marlene sur le fait que des articlestraitant des véritables origines des re¬ligions du monde seraient, dans le« Courrier de l'Unesco », d'une grandevaleur.

La seconde lettre, du Dr H. Bongers,des Pays-Bas, parle exactement desmêmes choses en lesquelles je crois

les vérités cosmiques ou éternellesqui sont sous-jacentes à toutes les re¬ligions et indique que diverses reli¬gions, y compris le christianisme,portent leur message. Pourquoi ne pasdemander au Dr Bongers d'écrire desarticles sur ce sujet ?

Neal J. Overeem

Cicero, III., U.S.A.

ACHETEUR S'ABSTENIR

J'ai été vivement intéressé par votrenuméro de mai 1970. Il me semble inté¬

ressant à beaucoup d'égards. Toutefois,p. 14, col. 1, vous dites que I' « on aapporté des limites à la publicité pourles cigarettes * en particulier en France.

A ma connaissance, la seule limite

est que l'Etat (français) détient le mo¬nopole de ce commerce. Lui seul estpar conséquent habilité à faire de la

publicité pour les cigarettes françaiseset étrangères je crois, mais la Régiepeut, si elle le désire, en faire autantque bon lui semble... D'autre part, jevoudrais vous faire les remarques sui¬vantes :

à ma connaissance, il n'existe au¬

cune loi concernant là publicité pourle tabac en France ;

il faut bien sûr mettre à part le« Code international de pratiques loya¬les en matière de publicité * établi parla Chambre de Commerce internatio¬

nale, qui n'a pas de valeur légale(Il B 3) ;

pourquoi ne vend-on pas les ciga¬rettes américaines en France avec la

mention : « Attention, danger pour votresanté ! * qui est de rigueur aux U.S.A. ?

tout simplement, pourquoi incite-t-on, par la publicité, les gens à fumer,pourquoi une partie de la solde desmilitaires se donne-t-elle en cigarettes(est-ce un produit indispensable ?), etc. ?

Jean Chaumien

Strasbourg-RobertsauFrance

ESQUIVER, NE PAS SE BATTRE

Il y a un peu plus d'un an décédaità Tokyo Morihei Ueshiba (1883-1969).créateur de l'Aikido.

Dans sa jeunesse, ce maître étudiales nombreuses formes de combat en¬

core en vigueur au Japon : jujutsu del'école Daito, kenjutsu (escrime au sa¬bre), arts de la lance, etc.

Après une longue période de médi¬tation, il acquit la conviction que l'artmartial devait, pour atteindre un idéalde paix, dépasser le but premier de lavictoire individuelle.

Le mot Ai-ki-do signifie à peu prèsméthode (voie) de l'harmonie des éner¬gies spirituelles. La méthode constitueune éducation physique supérieure eten outre une méthode de défense. On

n'y cherche jamais à opposer la forceà la force, l'agressivité à l'agressivitéen blessant son partenaire, ne serait-ceque moralement. On esquive seulementpuis immobilise le partenaire aprèsavoir harmonisé les deux énergies enprésence. Ce procédé de déviation del'agressivité permet aux deux partenai¬res de comprendre la vanité de la forcebrutale ; dans la vie courante, il réservedes possibilités de réconciliation. L'im¬possibilité de créer des matches permetà l'adepte sincère de perdre progres¬sivement l'esprit de lutte en faveur decelui de perfectionnement mutuel.

Puis-je vous suggérer, après le décèsde Morihei Ueshiba, et au moment où

ses disciples diffusent activement l'Aiki¬do dans le monde entier (à ma connais¬sance aux Etats-Unis, en France, enGrande-Bretagne, en Belgique, en Alle¬magne, en Italie) de signaler aux lec¬teurs du « Courrier de l'Unesco » cette

tentative d'entente universelle paradoxa¬lement issue d'un « Art martial » ?

René Le Menn

assistant à la faculté

des Sciences de Bordeaux

France

H lu

L'art

en diapositives

Une seconde série Unesco de diaposi¬tives : « Peinture et sculpture dans lemonde » vient de paraître. Chaque ensem¬ble constitue un volume sous reliure ; lesdiapositives sont incluses dans despochettes insérées dans la couverture.Présentation et commentaires des

sont dus à d'éminents spécialistes, en ver¬sion française, anglaise, espagnole et alle¬mande. On peut déjà se procurer quatrevolumes de cette série : « Sculptures de laGrèce antique », « Matisse et le nu >,

Van Dyck » et « L'Art de la région duSepik ». Huit autres ouvrages suivront,publiés à deux mois d'intervalle. Les com¬mandes peuvent être passées aux EditionsRencontre, Service B., rue du Cherche-Midi, Paris-66, France, ou chez les agentsdes publications de l'Unesco (voir la listede notre couverture intérieure dos). Pourchaque ouvrage de cette collection biblio-visuelle, le prix est de 35 F, mais il estvendu aux souscripteurs de la collection28 F. Pour l'étranger, les prix sont réduitsde 25 %, port recommandé en sus.

Nouvelle émission en Europede timbres des Nations Unies

Deux nouveaux timbres des NationsUnies, en deux versions de 60 centimes

et 10 francs font partie d'une série dequatorze timbres des Nations Unies émisà Genève, en Suisse. Aux termes d'unaccord entre les autorités de l'administra¬

tion postale suisse et de l'administrationpostale des Nations Unies, ils ont été dif¬fusés le 17 avril. Les huit premiers timbresde la série avaient été émis le 4 octobre

1969; quatre autres le seront le 22 septem¬bre 1970. Les commandes doivent être

passées à l'Administration postale desNations Unies, Palais des Nations, CH -1211 Genève 10, ou dans les agences del'Administration postale des Nations Unies.

Les aventures d'Ayao

Ecrivain et Journaliste dahoméen, OlympeBhély-Quénum (depuis quelques annéesattaché au Département de l'Information àl'Unesco) vient d'écrire « Un enfant d'Afri¬que », roman spécialement destiné « auxlecteurs et lectrices de dix à quatorzeans ». Ce récit qui met en scène le jeune

Ayao, qui découvre le monde, proche oulointain avec tout l'émerveillement et la

curiosité de son âge, allie avec bonheurpédagogie et poésie. L'auteur a voulu« écrire pour des enfants africains un livrequi puisse être, aussi, pour ceux des autrescontinents, une petite fenêtre ouverte surl'Afrique », et a parfaitement réussi sonentreprise. Rappelons qu'Olympe Bhély-Quénum a reçu le Grand prix littéraire del'Afrique noire en 1966 avec « Le Chant dulac » (Editions Présence africaine, Paris,1965). « Un enfant d'Afrique », illustré parPierre Leroy est publié aux Editions La¬rousse, Paris.

La France

recense ses monuments

La France entreprend le recensement detous ses monuments et trésors artistiques.Grâce aux techniques les plus modernes, ycompris les études par calculateurs, cegigantesque inventaire sera mené à bienen quelques décennies. Des dossiers des¬criptifs seront établis pour les milliersd'oeuvres recensées dans un premier inven¬taire. Cette opération est décrite dans« Aspects de la politique culturelle fran¬çaise », étude récemment publiée parl'Unesco dans la série « Politiques cultu¬relles : études et documents ».

En bref...

M Un bureau régional de l'Unesco pourl'éducation en Afrique vient d'être ouvertà Dakar, Sénégal.

Plus de 75 % des informations océano¬graphiques réunies par le Centre nationalde données océanographiques de Washing¬ton (Etats-Unis) sont communiquées pardes stations étrangères dont 87 000 sta¬tions japonaises.

U Depuis le Moyen Age, ce sont lesannées 1960 qui s'avèrent, au Royaume-Uni, la période où l'on a créé le plusgrand nombre d'universités.

L'Unesco et l'Organisation internatio¬nale du Travail aident le gouvernement deCeylan à mettre au point un programmenational de formation professionnelle quipermettra de tripler dans le pays le nombredes écoles professionnelles actuellementexistant.

34

CLOCHE DE LA PAIX

l,"1!.U*imi.MWTT¡WB,yi.-.»Tl-lil M a gauche, la - Cloche de la paix - offerte à l'Orga-m ruciitu v < "h nisation des Nations Unies par l'Association japo¬

naise pour les Nations Unies, en juin 1954. Cetimbre, récemment émis par l'administration postaledes Nations Unies, est émis en deux valeurs :6 cents et 25 cents. La < Cloche de la paix » a étécoulée à partir de pièces de monnaie données parles enfants de 60 nations ; logée dans une reproduc¬tion d'un temple shintoïste en bois de cyprès, elle

est exposée dans le pavillon de l'Organisation des Nations Unies à l'Expositionuniverselle d'Osaka. Comme agent en France de l'Administration postale desNations Unies, le service philatélique de l'Unesco détient tous les timbresactuellement en vente et les enveloppes oblitérées au premier jour. Pour tousrenseignements : Service philatélique, Unesco, place de Fontenoy, Paris (7e).

LECTURES

Histoire du développementculturel et scientifique de l'humanité9' et dernier volume

(1S<> et 2f> siècle)suivi de l'Index général de l'ouvrageEditions Robert Laffont, Paris, 1970

Exclusivement vendu

par souscription au CFED,6, rue des Saussaies, Paris-8S.

Mathématiques de l'esthétiquepar J.-C. Moineau

Editions Dunod, Paris, 1970

Prix : 9 F.

La psychosomatique, médecinede demain

par A. T. W. Simons

Editions Marabout,Verviers (Belgique), 1969

Prix : 8,50 F.

Lettres sur l'Espagnepar Vassili Botkine

Traduction, préface et notes deAlexandre ZviguilskyEditions Centre de recherches

hispaniques, Paris, 1969

Prix : 39 F.

L'information moderne et le droità l'information

par Joseph Folliet

Editions Chronique sociale

de la France, Lyon, 1970Prix : 25 F.

La Lune

La Sélénologie et son expression àtravers les âges

(avec 7 illustrations en couleurs et

96 en noir et blanc)

Editions Nagel, Genève-Paris, MunichPrix : 35,50 F.

Gondola e gondolier!

par Giovanni MarangoniEditions Filippi, Venise, 1970

Prix : 4 800 lires ou 8 dollars.

COLLECTION UNESCO

D'OEUVRES REPRESENTATIVES

Série européenne

Relations

des ambassadeurs vénitiens

Choix et introduction de Fran Gaeta

Traduction de Jean Chuzeville

Editions Klincksiek, Paris, 1969

Prix : 48 F.

Série chinoise

L'Amour de la renarde

Marchands et lettrés

de la vieille Chine

Traduction, notes et préfacede André Lévy

Editions Gallimard, Paris, 1970

Prix : 22,75 F.

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entre parenthèses, après les adresses des agents.

ALBANIE. N. Sh. Botimeve, Nairn Frasheri, Tirana.ALGÉRIE. Institut Pédagogique National, 1 1, rue

Ali-Haddad, Alger. Société nationale d'édition et dediffusion (SNED), 3, bd Zirout - Youcef, Alger.ALLEMAGNE. Toutes les publications : R. OldenbourgVerlag, Unesco-Vertrieb fur Deutschland, Rosenheim-erstrasse 145,8 Mun«ch 80. Unesco Kurier (Editionallemande seulement) Bahrenfelder Chaussee 160,Hamburg-Bahrenfeld, CCP 276650 DM 12). AUTRI¬CHE. Verlag Georg Fromme et C". Spengergasse 39,Vienne V. (AS 82). BELGIQUE. Toutes les publi¬cations : Editions «Labor», 342, rue Royale, Bruxelles3. Presse Universitaires de Bruxelles, 42 av. Paul

Héger, Bruxelles 5. Standaard. Wetenschappehjke Uitge-venj, Belgielei 147, Antwerpen 1. Seulement pour « leCourrier » (1 70 FB) et les diapositives (488 FB) : Jean deLannoy, 112, rue du Trône, Bruxelles 5. CCP 3 380.00.

BRÉSIL. Librairie de la Fundaçao Getúlio Vargas,Caixa Postal 4081-ZC-05. Rio de Janeiro, Guanabara.BULGARIE. Raznoïznos 1, Tzar Assen, Sofia. CAM¬

BODGE. Librairie Albert Portail, 14, avenue Boulloche,Phnom Penh. CAMEROUN. Papeterie Moderne,Maller & Cíe, B. P. 495, Yaounde. CANADA.

Imprimeur de la Reine, Ottawa, Ont. (S 4.00).CHILI. Toutes les publications : Editorial UniversitariaS.A., casilla 10220, Santiago. « Le Courrier» seule¬ment : Comisión Nacional de la Unesco, Mac-lver764, dpto. 63, Santiago (E°). REP. DEM. DUCONGO. La Librairie, Institue politique congolais. B. P.

23-07, Kinshasa. Commission nationale de la Républiquedémocratique du Congo pour l'Unesco, Ministère de l'ɬducation Nationale, Kinshasa Cen¬tre d'Edition et de Diffusion Africaines. Boîte Postale 4541,Abidjan-Plateau. DANEMARK. Ejnar Munksgaard Ltd,6, Norregade 1 1 65 Copenhague K (D. Kr. 1 9). ESPA¬GNE. Toutes les publications: Distribución de Publica

ciones del Consejo Superior de Investigaciones Científicas,Vitrubio, 16, Madrid, 6. Pour «le Courrier de l'Unes¬co » : Ediciones Iberoamericanas, S.A., calle de Oñate15 Madrid. (Pts 180). Ediciones Liber, Apartado decorreos, 17. Ondárrao (Vizcaya). ÉTATS-UNIS.Unesco Publications Center, P.O. Box 433, New YorkN.Y. 10016 ($ 5). FINLANDE. AkateeminenKirjakauppa, 2, Keskuskatu, Helsinki. (Fmk 1 1 ,90).FRANCE. Librairie Unesco, Place de Fontenoy, Paris.C.C.P. 12.598-48. (F. 12). GRÈCE. LibrairieH. Kauffmann, 28, rue du Stade, Athènes. Librai¬rie Eleftheroudakis, Nikkis, 4. Athènes. HAITI.Librairie « A la Caravelle », 36, rue Roux, B.P. 111, Port-au-Prince. HONGRIE. Akademiai Könyvesbolt, VaciU 22, Budapest V., A.K.V. Konyvtárosok Boltja, Nepkôz-társaság U. 1 6. Budapest VI. ILE MAURICE. NalandaCo. Ltd., 30, Bourbon Str. Port-Louis. INDE. OrientLongmans Ltd. : 17 Chittaranjan Avenue, Calcutta 13.Nicol Road, Ballard Estate, Bombay 1 ; 36a. Mount Road,Madras 2. Kanson House, 3/5 Asaf Ali Road, P.O. Box 386,Nouvelle-Delhi 1. Publications Section, Ministry of Educ¬ation and Youth Services, 72 Theatre CommunicationBuilding, Connaught Place, Nouvelle-Delhi 1 . Oxford Bookand Stationery Co., 17 Park Street, Calcutta 16. SandiaHouse, Nouvelle-Delhi. (R. 13 50) IRAN. Commissionnationale iranienne pour l'Unesco, 1/154, Av. Roosevelt,B P. 153 3, Téhéran. IRLANDE. The National Press, 2Wellington Road, Ballsbridge, Dublin 4. ISRAEL. Ema¬nuel Brown, formerly Blumstein's Bookstore : 35, AllenbyRoad and 48, NahlatBeniamin Street, Tel-Aviv. 1 L. 1 2,50- ITALIE. Toutes les publications : Librería Commissîona-naSansoni, via Lamarmora, 45.Casella Postale 552, 50121Florence, et, sauf pour les périodiques : Bologne: LibreríaZanichelli, Piazza Galvani 1/h. Mtlan : Hoepli, via UlricoHoepli, 5. Rome : Librería Internazionale Rizzoli Galena

Colonna, Largo Chigi. Diffusione Edizioni Anglo-Amen-cane, 28, via Lima, 00198, Rome. JAPON.Maruzen Co Ltd. P.O. Box 5050, Tokyo Interna¬tional, 100.31. LIBAN. Librairie Antoine,A. Naufal et Frères, B. P. 656, Beyrouth.LUXEMBOURG. Librairie Paul Brück, 22. Grand'Rue,Luxembourg. (170 F. L). MADAGASCAR. Toutesles publications : Commission nationale de la Républiquemalgache. Ministère de l'Education nationale, Tananarive.« Le Courrier *> seulemenc : Service des ceuvres post etpéri-scolaires, Ministère de l'Education nationale, Tanana¬rive. MALI. Librairie Populaire du Mali, B. P 28,Bamako. Librairie «Aux belles images»,

281, avenue Mohammed-V, Rabat. CCP 68-74. « Cour¬rier de l'Unesco » : Pour les membres du corps ensei¬gnant : Commission nationale marocaine pour l'Unesco20 Zenkat Mourabitine, Rabat (C.C.P. 324.45).TINIQUE. Librairie J. Bocage, rue Lavoir. B.P. 208,Fort-de-France MEXIQUE. Editorial Hermes, IgnacioMariscal 41, Mexico D. F., Mexique (Ps. 30).MONACO. British Library, 30, bid des Moulins, Monte-Carlo. MOZAMBIQUE. Salema & Carvalho Ltda.,Caixa Postal 1 92, Beira. NORVÈGE. Toutes les publi¬cations : A.S. Bokhjornet, Akersgt 41 Oslo 1. Pour « leCourrier» seulement : A.S. Narvesens, LitteraturjenesteBox 6125 Oslo 6. (Kr 2.75) NOUV.-CALÉDONIE.Reprex. Av. de la Victoire, Immeuble Paimbouc. Nouméa.

PAYS-BAS. N.V. Martinus Ni|hoff Lange Voorhout9. La Haye (fl. 10). POLOGNE. Toutes les publica¬tions : ORWN PAN. Palac Kultury, Varsovie. Pour tespériodiques seulement : « RUCH » ul. Wronia 23 Varso¬vie 10. PORTUGAL. Días & Andrade Lda, LivrariaPortugal, Rua do Carmo, 70, Lisbonne. RÉPU¬BLIQUE ARABE UNIE. Librairie Kasr El Nil 3, rueKasr El Nil, Le Caire, Sous-agent : la Renaissance d'Egypte,9 Tr. Adly Pasha, Le Caire. ROUMANIE. Cartimex,P.O.B. 134-135, 126 Calea Victoriei, Bucarest.

ROYAUME-UNI. H.M. Stationery Office. P.O. Box569, Londres S.E.I. (20/-). SÉNÉGAL. La Maisondu livre, 13, av. Roume, B.P. 20-60, Dakar. SUÈDE.Toutes les publications : A/BCE. Fritzes, Kungl. Hovbok-handel, Fredsgatan 2, Box 1 6356, 1 0327 Stockholm, 1 6.Pour « le Courrier » seulement : Svenska FN- Fórbundet,Vasagatan 15, IV 1 01 23 Stockholm 1 - Postgiro1 84692 (Kr. 18) SUISSE. Toutes les publications :Europa Verlag, 5, Ramistrasse, Zurich. C.C.P. Zürich VIII23383. Payot, 6, rue Grenus 1211 Genève, 11C.C.P. 1-236. SYRIE. Librairie Sayegh ImmeubleDiab, rue du Parlement. B.P. 704. Damas.TCHÉCOSLOVAQUIE. S.N.T.L, Spalena51, Prague 2.(Exposition permanente) ; Zahranicni Literatura, 1 1Soukenicka, 4, Praguel. TUNISIE. Société tunisiennede diffusion, 5, avenue de Carthage, Tunis. TURQUIE.Librairie Hachette, 469, Istiklal Caddesi, Beyoglu, Istanbul.U.R.S.S. Mezhdunarodnaja Kniga, Moscou, G-200.URUGUAY. Editorial Losada Uruguaya, SA. LibreríaLosada, Maldonado, 1092, Colonia 1340, Montevideo.

VIETNAM. Librairie Papeterie Xuan Thu. 185.193, rue Tu-Do, B.P. 283. Saigon. YOUGO¬SLAVIE. Jugoslovenska-Knijga, Terazije 27, Belgrade-Drzavna Zaluzba Slovenije, Mestni Trg. 26, Ljubljana.

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LE COURRIER

DE L'UNESCO¿a revue mensuelle interna¬

tionale qui traite des problè¬mes les plus divers de notretemps. Parmi les plus grandsthèmes présentés récem¬ment, citons:

Les fruits de la recherche

spatiale

i L'éducation en 1970

,j L antique civilisation des

Kouchans en Asie Centrale

j La lutte contre le cancer

Nourritures synthétiqueset révolution agricole

Notre planète devient-elleinhabitable ?

Utilisations pacifiquesde l'atome

La crise de la jeunesse

L'extraordinaire essor

du Japon

- Venise à sauver

Alerte à la drogue

Le Parthenon en danger...

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