L’enjeu du succès

par Krisztina Nagy

Hemingway était plus qu’un rêveur. Apparemment l’exemple-même d’un grand homme,

Henry avait tout ce qu’il pouvait désirer, à l’image du Gatsby de Fitzgerald : la reconnaissance

pour ses “actes héroïques” pendant la guerre et l’amour de sa blonde.

Dans L’Adieu aux armes, Hemingway se représente lui-même en tant que Frederick

Henry, ambulancier sur le front italien, qui tombe amoureux d’une jolie infirmière du nom de

Catherine Barkley. Une grande partie de la vie de Hemingway après le début de la première

guerre mondiale reflète les expériences vécues par Henry dans son roman. Gatsby admettrait

que Henry, ainsi que lui-même, était un jeune homme à la quête de l’oubli des horreurs de la

guerre.

Hemingway est né le 21 juillet 1899 à Oak Park, dans l’Illinois. Lorsque la première

guerre mondiale a éclaté et que les Etats-Unis se sont joints aux Alliés pour combattre

l’Allemagne et l’Autriche, Hemingway s’est engagé dans l’armée en tant qu’ambulancier pour la

Croix-Rouge. Après avoir quitté Paris pour Milan, Hemingway n’a pas tardé à découvrir les

horreurs de la guerre lorsqu’une usine de munitions a explosé, blessant grièvement de

nombreuses personnes. Par la suite, dans le courant de sa carrière d’ambulancier, Hemingway a

été blessé par un obus autrichien. Hemingway a passé sa convalescence dans un hôpital de

Milan où il est tombé amoureux d’une infirmière du nom d’Agnes Von Kurowsky, représentée

dans l’Adieu aux armes par Catherine. Au cours de sa carrière, il a également écrit Les neiges du

Kilimandjaro et Le Soleil se lève aussi.

Comme pour Gatsby, la vie de Hemingway s’est terminée tragiquement. Sa santé a

commencé à se détériorer à partir du moment où un accident d’avion lui a infligé des blessures

mortelles. Hemingway s’est mis à souffrir de dépression et de paranoïa. Comme son père, il s’est

suicidé d’une balle dans la tête le 2 juillet 1961.

Gatsby serait satisfait de L’adieu aux armes. Les paroles de Gatsby : “C’est alors que la

guerre est venue, mon vieux. Ce fut un grand soulagement et j’ai tenté de mourir à tout prix, mais

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je semblais être muni d’une vie enchantée. Je fus promu officier et tous les gouvernements alliés

m’ont décoré, même le Montenegro” (70), rendent crédible le fait qu’il apprécierait le roman parce

que ses expériences sont semblables à celles de Frederick Henry. Tous deux ont passé les

dernières années de leur jeunesse et les premières années de leur vie d’adulte en plein milieu de

la Grande Guerre. De même, chacun a été couvert d’honneurs à la guerre. Henry reçoit la

médaille d’argent du courage et Gatsby est promu à plusieurs reprises. De plus, Gatsby aimerait

particulièrement lire le roman de Hemingway à cause de leur amour éperdu. Jordan avoue à

Nick : “lorsque je suis arrivé en face de chez Daisy ce matin-là, sa voiture décapotable était garée

le long de la rue et elle y était assise aux côtés d’un lieutenant que je ne connaissais pas… son

nom était Jay Gatsby” (79). Gatsby désire recréer son passé avec Daisy. Contrairement à la

Catherine de Henry, Daisy ne partage pas son amour. La lecture de L’adieu aux armes

démontrerait à Gatsby que tout ne marche pas toujours selon les désirs de chacun. Elle l’aiderait

à abandonner son amour inutile pour Daisy et peut-être trouver quelqu’un d’autre à sa place. Il

est important de rêver, à condition que nos rêves restent dans le domaine du possible.