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LE PATRIOTE 2352 Semaine du 16 novembre au 22 novembre 2012 PRIX : 1,80 le patriote HEBDOMADAIRE PROGRESSISTE DE LA CÔTE D’AZUR culture Théâtre Blues d’Handke La pièce Souterrainblues du célèbre dramaturge alle- mand Peter Handke se joue les 16 et 17 novembre au TNN. L’homme y est face à lui-même et à ses compor- tements dans cet époustou- flant « attentat poétique Page 20 réseau Rencontre Eclairer la pensée Thierry Fabre est le créateur des Rencont- res d’Averroès. Un mo- ment rare et toujours très attendu de dialo- gue et de confrontation d’idées. Le thème de cette année : La Cité en danger ? Pages 32 actualité Monaco Nouveau paysage syndical ? A Monaco, une nouvelle organi- sation syndicale est en train de se mettre en place. L’Union des Syndicats de Monaco y voit une machination pour rogner le droit du travail de 40 000 travailleurs. Page 3 Rêvons d’une économie solidaire Alors que l’austérité économique continue de s’abattre sur l’Europe, l’économie sociale et solidaire apparait comme un des remparts à ces politiques et une porte ouverte pour d’autres choix de société possible. Pages 8 à 14

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L E P A T R I O T E N ° 2 3 5 2 S e m a i n e d u 1 6 n o v e m b r e a u 2 2 n o v e m b r e 2 0 1 2 P R I X : 1 , 8 0 ��

le patrioteHEBDOMADAIRE PROGRESSISTE DE LA CÔTE D’AZUR

cultureThéâtre

Bluesd’HandkeLa pièce Souterrainblues ducélèbre dramaturge alle-mand Peter Handke se joueles 16 et 17 novembre auTNN. L’homme y est face àlui-même et à ses compor-tements dans cet époustou-flant « attentat poétique

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réseauRencontre

Eclairerla penséeThierry Fabre est lecréateur des Rencont-res d’Averroès. Un mo-ment rare et toujourstrès attendu de dialo-gue et de confrontationd’idées. Le thème decette année : La Citéen danger ?

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actualitéMonacoNouveaupaysagesyndical ?A Monaco, une nouvelle organi-sation syndicale est en train dese mettre en place. L’Union desSyndicats de Monaco y voit unemachination pour rogner le droitdu travail de 40 000 travailleurs.

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Rêvonsd’une économie solidaire

Alors que l’austérité économique continue de s’abattre sur l’Europe,l’économie sociale et solidaire apparait comme un des remparts à ces politiques et une porte ouverte pour d’autres choix de société possible.

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PHOTO DE LA SEMAINE .

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+LES BONS MOTSDE MARIE DALENGA

E D I T O R I A L

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Urgence sociale,urgence démocratiquePornographie

La nouvelle a barré en un grand titre la une de Nice Matin le12 novembre dernier : Risque de fraude lors du vote dimancheCopé sème le doute sur la fédération UMP Mis en cause, lespartisans deFrançois Fillon, « choqués », montent au créneau.Et en page intérieure, on en apprend de belles : Jean-FrançoisCopé craint « des irrégularités » dans les bureaux de vote azu-réens dimanche. La députée maire du Cannet, par ailleurssecrétaire départementale de l’UMP et à ce titre chargée del’organisation des élections internes précise « Certaines per-sonnes avaient rempli des parrainages pour J-F Copé et ontreçu une lettre de remerciements de F.Fillon. Il y a égalementune inquiétude autour des procurations : un courrier de Ch.Estrosi et E. Ciotti indiquait comme adresse pour recevoir lesprocurations la permanence départementale de Nice. Les per-manences départementales, celle de Nice comme celle del’ouest du département, n’ont pas vocation à recevoir des pro-curations. Les procurations pour J.F Copé arrivent à ma per-manence de députée. Il faut qu’il y ait le plus de contrôles pos-sibles pour que ces élections reflètent la réalité du choix desmilitants.Qu es naissut tòrt pòu pas morir drech !Au passage, on apprend que Mme Tabarot s’est vu interdirel’utilisation de sa permanence pour organiser le scrutin. LeMaire de Cannes, partisan de Fillon, je présume, a même prisun arrêtè pour en interdire l’accès. De leur coté, Mrs Estrosi etCiotti ont obtenu de la direction nationale de leur parti que lesélections soient supervisées par un représentant des deuxcandidats et le maire de Nice, président de la métropole et del’UMP06 exige que soit désigné, par bureau de vote, un huis-sier qui sera garant de l’intégrité des militants UMP des Alpesmaritimes. C’est du saignant, ou du carnaval ? Je ne me pro-noncerai pas, cela ne me regarde pas, je ne vote pas UMP !Mais je suis sur que ni l’image de notre département, ni cellede la démocratie n’en sortiront grandies. Mi fa escofea !Faut dire que la fédération départementale, tenue parMessieurs Estrosi et Ciotti, partisans de Monsieur Fillon, cen’est pas rien : la troisième fédération de France, 12000 adhé-rents revendiqués, l’ensemble des députés des Alpes mariti-mes, la présidence du conseil général, celle des principalesmétropoles...Une base pour la reconquête rêvaient certains...L’élection du président du parti au suffrage direct des adhé-rents devait être un temps fort dans ce casting : l’occasion defaire la une des média, de choisir et de tester des thèmes decampagne, de surfer sur les mécontentements et les insatis-factions de ceux qui avaient confondu changement et alter-nance, l’occasion de faire la pige ... Bref, le lancement desfutures campagnes électorales, et le début de la revanche. Letruc avait bien fonctionné pour la désignation du candidatsocialiste à la présidentielle, malgré le couac DSK, pourquoine pas copier ? Parait d’ailleurs que certains s’imaginentrefaire le coup pour désigner la tête de liste de gauche auxprochaines municipales niçoises. Grand bien leur fasse. Trèspeu pour moi, même si le scrutin est sincère, je continue à nepas voir l’intérêt de me prononcer sur des individus et non desidées. Avec ce système, une fois l’élection gagnée, l’élu vafluctuer au gré de sa fantaisie, de son humeur, ou des sonda-ges : et je t’organise un référendum, ou pas, et je renvoie auxcalendes grecques la réalisation de promesses électorales quiont pourtant permis l’élection, ou je mets en place des réfor-mes dénoncées auparavant et patin-cofin.. Pas très sérieuxtout ça, et la population le montre, qui s’abstient de plus enplus. Et le bruit de bottes se fait plus insistant. Leur démocra-tie est à la vraie démocratie ce que la pornographie est àl’amour.Zo, bolegam ! Viva lo cambiament vertadier !

L’Europe a montré un autre visage le 14 novembre. Celuide la solidarité nécessaire face à une triple urgence :sociale, démocratique, écologique. L’austérité ne connaitpas de frontières. La solidarité non plus. Et c’est unebonne nouvelle. Pour la première fois, une grève généra-le internationale était organisée. En Espagne, auPortugal, en Grèce, à Chypre, Malte... Dans 23 pays,dont la France, on se mobilisait par des arrêts de travail,des manifestations, rassemblements et actions sectoriel-les pour les droits de tous les peuples européens. Cettelutte coordonnée marque une étape historique et ouvreun véritable espoir. Elle a réveillé la capacité d’agirensemble. De redonner l’initiative aux citoyens alorsqu’elle est aujourd’hui, hélas, davantage du côté desintérêts de la finance, et des classes privilégiées.« Nous sommes tous dans le même bateau » ditBernadette Segol, secrétaire de la ConfédérationEuropéenne des Syndicats pour qui « les droits sociauxfondamentaux doivent avoir la priorité sur les libertéséconomiques ». L’importance de trouver et de multiplierles formes de riposte communes face aux puissancesfinancières, elles mêmes coalisées, n’est plus à démont-rer. Il va falloir faire face, en effet, à ce qui se trame àBruxelles et Berlin : la création d’une zone franche dupoint de vue des droits sociaux et de la négociation col-lective. En d’autres termes, un appel vers le bas desconditions de travail et de salaire. Le parachèvement dela casse du modèle social européen. A cet égard,l’urgence sociale va de pair avec l’état d’urgence démo-cratique explique Walter Baier coordinateur en Autrichedu réseau européen Transform « car en attaquant lesdroits sociaux on attaque la démocratie, et nous, encontestant l’austérité nous défendons la démocratie ». Bien loin des préoccupations et des besoins de sescitoyens et de ses territoires, l’Union Européenne estdevenue un appareil de confiscation des souverainetés.Le dernier Traité budgétaire en est l’une des expressionsles plus abouties. En sacralisant compétitivité et réduc-tion des déficits, en faisant le choix du capital sur le tra-vail vu comme un coût et une charge et non comme une

richesse, il consacre des logiques et des dogmes quiminent les sociétés européennes et nourrissent les piresreplis nationalistes, identitaires, communautaires, xéno-phobes.Pendant ce temps, en France, la droite est agressivecomme jamais. D’avoir obtenu gain de cause dans leschoix budgétaires opérés par le PS au pouvoir, et confir-més par le président Hollande mardi soir, ne lui suffit pas.Elle veut plus et n’a aucun complexe à franchir les limitesdans tous les domaines. La Cité est en danger. Les tyrannies austéritaires, lesdéceptions à l’égard d’une politique dite de gauche, maisen réalité social-libérale, parce que aseptisée de la doc-trine socialiste des origines, ne font que favoriser unedroite extrémisée, « décomplexée ». Les propos de Jean-François Copé au Cannet chez Michèle Tabarot donnentdes frissons dans le dos pendant que Christian Estrosin’exprime aucune gêne à parler au nom des héros de 14-18 et à mettre en doute leur engagement pour uneFrance qui reconnaitrait le droit de vote aux résidentsétrangers. On ne peut pas laisser le champ libre à cesdérives. Les conditions existent pour qu’il en soit autre-ment. Dans la vraie gauche, comme le fait le PCF, onappelle les citoyens de gauche à réinvestir massivementle débat politique pour réclamer un autre cap gouverne-mental, conforme à leurs votes du printemps. Le Front degauche s’engage dans une campagne nationale, dans ladurée, pour démontrer que des propositions alternativesà l’austérité existent et qu’il est possible de les mettre enœuvre. Il entend favoriser l’implication citoyenne la pluslarge, celle de tous ceux qui refusent le renoncement dugouvernement à engager une véritable politique de chan-gement. L’enjeu, comme le dit le philosophe EtienneBalibar, est de faire tout ce qui est en notre pouvoir pourque le désespoir de tant de vies détruites se traduise enrevendications et mobilisations pour construite l’espoir.Sinon, nous aurons le pire. Faire, donc, se rencontrerl’énergie du désespoir et la force de l’espérance.

Latifa MADANI

Emue et heureuse l’équipe d’AGORA FM autour de Gilbert Andrucciolli et Vicky Berardi.Malgré le déluge de pluie les amis d’Agora étaient nombreux au RV de son 30è anniversaire samedi dernier. Paella et danseflamenco avec Luis de Almeria y su cuadro Flamenco et Fathia La Morita ont enflammé l’espace Chiris à Grasse et enchantéles 350 convives. Longue vie à la radio en liberté !

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actualités

Le gouvernement ne se mouille pasStéphane Valéri, conseiller de Gouvernement pour les Affaires Sociales et la Santé a répondu à nos questions

sur cette possibilité de voir émerger une nouvelle organisation syndicale à Monaco.

MONACO

Du nouveaudans le paysage syndical ?

Une nouvelle fédération syndicale à Monaco ? Possible. L’Union des Syndicats de Monacoest très remontée et dénonce une machination. Les droits de 40 000 travailleurs seraient en jeu.

La semaine dernière dans un article consacréà Monaco, était évoquée la mise en placed’une nouvelle fédération syndicale. Jusqu’àmaintenant, l’Union des Syndicats de Monaco(USM) était le seul acteur social dans la prin-cipauté et de fait le seul interlocuteur du gou-vernement et, plus important encore, le seulgarant de la défense des droits des salariés. La semaine dernière, dans un long entretienconsacré à l’hebdomadaire monégasqueMonaco Hebdo, Betty Tambusco, présidentede l’USM, est revenue sur cette annonce quis’est faite alors que de nouvelles négociationsvont sûrement s’ouvrir à propos de projets surla réglementation du contrat de travail. Depuis12 ans, « nous avons vu trois projets, àchaque fois de moins en moins protecteurs. »Alors cette nouvelle fédération, l’USM y voitsurtout un allié pour l’autre camp, celui dupatronat et de l’ultralibéralisme.

Bonnes volontés bienvenues. Elledénonce même des tentatives de déstabilisa-tion. Des coups de fils anonymes ont tenté dedébaucher certains des responsables syndi-caux de l’USM et sans vraiment répondre à laquestion de « qui est à la manœuvre ? », ellesous-entend que cette nouvelle organisationsyndicale ne s’est pas faite sous la simpleimpulsion de salariés : « Ces bonnes volontésont sans doute été trouvées parmi les raressyndicats autonomes existants à Monaco. Lesautonomes, nous les connaissons à l’œuvre.Ils viennent par exemple de s’associer aupatronat (…) et de se désolidariser de ladéclaration de l’USM sur le projet de réformedes retraites. (…) Mais l’affaire n’a pas l’aird’être aisée à monter car elle n’émane pas del’aspiration exprimée par des salariés des’organiser en fédération. Il a fallu deux anspour trouver quelques volontaires. » D’autantque les statuts ont, semble-t-il, été déposéssans que les adhérents concernés en aientpris la décision. Betty Tambusco parle mêmede machination.

Cependant, Stéphane Valéri, conseiller deGouvernement pour les Affaires Sociales et laSanté, a tenu à préciser que cette nouvelleorganisation syndicale : « n’est pas encoremise en place, mais en cours de création. Eneffet, Mr Bessi, directeur du Travail, a reçu le

12 octobre dernier des responsables syndi-caux [qui souhaitaient qu’il] se positionne surla conformité avec la Loi des mentions por-tées sur le projet de statuts, pour ne pas sou-mettre au vote de l’Assemblée puis auGouvernement Princier, un projet non confor-me à la législation monégasque. » Lesdemandeurs attendent pour l’instant la répon-se de la direction du travail.

Dangereux pluralisme. Drôle d’histoire

mais qui ne fait pas rire. « Le pluralisme syn-dical, c’est la division » explique-t-elle. « Il nefaut pas croire que plusieurs fédérations syn-dicales, c’est plus de syndicalisme et plus deforce. » Il y a plus de 40 000 personnes qui serendent tous les jours à Monaco pour tra-vailler et c’est 40 000 salariés dont les droitssociaux pourraient ainsi être menacés etrognés*. A qui cela pourrait profiter ? En pre-mier lieu, à la logique économique libérale etau patronat évidemment. Une politique privilé-

giée par le gouvernement monégasque actuelet sans doute prochain. Celui-ci reste officiel-lement à sa place et, comme il en a le devoir,regarde cela en toute impartialité. En attestel’entretien publié ci-dessous avec StéphaneValéri.

Julien CAMY* Le Patriote est allé rencontrer ces acteurs syn-dicaux monégasques. Un long entretien serapublié dans le numéro de la semaine prochaine.

Que pensez-vous de l’arrivée dansle paysage social monégasque decette nouvelle organisation syndi-cale à Monaco ?Le Gouvernement n’a pas à exprimerd’opinion sur des demandes de créa-tion d’organisations syndicales. Sonrôle se limite à examiner la conformi-té des statuts par rapport aux textesde lois monégasques.

L’USM est très remontée et dénon-ce une volonté de déstabilisation.Ainsi que l’USM le dit, les statutsauraient été déposés avant mêmeque les adhérents concernés enaient pris la décision. Comprenezvous leur point de vue ?Les statuts n’ont pas encore étédéposés [NDLR : lire l’article ci-des-

sus]. En effet, les textes prévoientd’organiser au préalable des assem-blées générales de chaque syndicatconcerné, auxquelles doivent êtresoumise la demande d’adhésion àune fédération. Si des syndicalistesveulent créer une nouvelle fédéra-tion, ils devront donc organiser lesassemblées prévues par les textes.Dans ce cas, si les AssembléesGénérales y consentent, les memb-res fondateurs pourront alors dépo-ser officiellement, avec tous les justi-ficatifs nécessaires, le projet de sta-tuts.Pour ce qui concerne l’USM, chacunpeut comprendre qu’une recomposi-tion du paysage –rappelons que nousétions dans une situation de monopo-le- puisse susciter des réactions

contrastées.

Le gouvernement est-il favorable àla création de cette nouvelle orga-nisation et y avez-vous joué unrôle ?Comprenez-bien, comme nousvenons de l’évoquer, que leGouvernement n’a vocation, ni àjouer un rôle, ni à prendre parti dansla vie syndicale. C’est aux salariés,ainsi qu’à leurs délégués syndicaux,et à eux-seuls, de choisir librementleurs représentants et la forme qu’ilsveulent donner à leur organisation.

Certains craignent que ce nouveausyndicat ne favorise les actions dugouvernement dans le secteursocial et du code du travail. Qu’enpensez-vous ?

Evitons les procès d’intention. Tout ceque nous savons pour l’instant, c’estce qui est paru dans la presse. Lessyndicalistes à l’origine de ce projetont déclaré qu’ils souhaitaient fairede cette fédération, je les cite : « uneorganisation pas opposante maiscomplémentaire à l’USM », en prô-nant les vertus du pluralisme syndicalpour mettre en avant des « idéescomplémentaires défendant tous lessalariés ». Vous pourriez, sur tousces sujets, les interroger directement.En ce qui me concerne, j’ai entière-ment confiance dans les salariés dela Principauté pour choisir leursreprésentants, conformément à leursconvictions et leurs intérêts.

Entretien réalisé par JC.

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actualités

Déclarationde réjouissanceAprès des années de lutte syndicale,les Chemins de Fer de la Provence passeront en régie publiquele 1er janvier 2014. La CGT revenait récemment,dans une déclaration écrite, sur les nouveaux enjeux que celaimplique. Voici de larges extraitsde cette déclaration.

« Nous souhaitons remercierl’ensemble des cheminots, éluspolitiques, militants mais égale-ment les usagers, particuliers,l’Association des Amis du rail, etplus particulièrement son prési-dent, qui ont œuvrésans relâche et avecdétermination jusqu’àcette première victoi-re qui, pour les chemi-nots, en appelled’autres.Nous vous rappelonsque c’est en 1981 quenaissait cette bataille pour unegestion publique. C’est donc bientrente ans de luttes accompagnésd’âpres mouvements de grève etd’abnégation, de batailles perdues,qui ont conduit à cette décision. Ja-mais nous ne nous sommes rési-gnés et avons baissé les bras.L’histoire nous montre que cette té-nacité est une qualité qui nous apermis de réussir.Permettez-nous aussi de rendrehommage à nos camarades Fran-cine Traversier et Maurice Dani quinous ont quitté et qui ont été, enleur temps, lesfers de lance decette bataille. Nous actons,sans état d’âme,que sous la pré-sidence de Mi-chel Vauzelle etsa volonté poli-t i q u ed’améliorationdu transportferré, notre lignea bénéficié denotables et indispensables amélio-rations.Pour la première fois depuis centans, avec la mise en œuvre d’unetelle politique, notre ligne a faitl’objet de réels investissements.Travaux de voie et achat de nou-veau matériel roulant à hauteur de70 millions d’euros ont permis unepérennité de la ligne et un meilleurservice.La CGT des cheminots de Proven-ce souhaite cependant que la ré-gion poursuive ses efforts afin quel’ensemble du personnel, des usa-gers et des populations attachés àcette ligne ne sentent plus le poidsde l’épée de Damoclès, incarnantla fermeture, qui depuis trop long-temps pesait sur nos têtes.Car, si pour un temps ce plan demodernisation permettra de répon-dre à l’urgence, il ne pourra enaucun cas être le socle indispensa-ble pour envisager le transport col-lectif de qualité et suffisant pour ré-pondre aux besoins des popula-tions.Il est évident pour nous quel’activité touristique a toute saplace sur la ligne. Cependant, ellene doit pas se faire au détriment duservice public que nous devonsaux populations locales. Cette acti-vité doit être maitrisée et respec-tueuse de nos villages. Il est toute-fois évident pour nous qu’elle sera

un facteur important de leur déve-loppement.

LLiiggnnee uunniiqquuee. Dans un futurtrès proche, avec le développe-ment de la plaine du Var, notreligne qui devrait en devenir la co-

lonne vertébrale, vasûrement supporter unafflux de voyageurs sup-plémentaires.Nous ne pouvons queconseiller à la région detout mettre en œuvrepour que nous puissionsoffrir aux usagers le

meilleur des transports possiblesentre Nice, Plan-du-Var et Digne.Cela sera également un gage de lasurvie de cette ligne.D’autre part, dans un soucid’intérêt général et de maîtrise desdeniers publics, nous luiconseillons également d’œuvrer àla complémentarité des différentsmodes de transports mis à ladisposition des usagers dans cettezone.Nous avons toujours défendu et af-firmé, dans un soucid’aménagement du territoire, afin

d’éviter la dé-sertification desvillages traver-sés par notrel i g n e ,l ’ i mpo r t a n c equ’ont pournous les effortsf i n a n c i e r sconsentis parles collectivitésterritoriales pource qui concerne

les transports collectifs.Nous souhaitons qu’elles poursui-vent leurs investissements sur lapartie haute de notre ligne et tra-vaillent à la réouverture de la ligneDigne-St Auban.Nous n’avons jamais cessé de dé-fendre l’idée, malgré les sirènes etautres menaces, depuis plus d’unsiècle que les Chemins de Fer deProvence reliant de la Côte d’Azuraux montagnes des Alpes de Hau-tes Provence, que cette ligne estunique et indivisible.Si la gestion publique est essen-tielle, il est aussi très important deconserver une véritable expertiseferroviaire.En effet, l’activité ferroviaire a be-soin d’une expertise et de compé-tences dans ce domaine afin desécuriser les circulations et par làmême le transport des usagers.La région Paca n’a pas cette ex-pertise et il convient qu’elle fasseappel, afin d’assurer un dévelop-pement des Chemins de fer deProvence et une pérennisation duréseau, à une assistance tech-nique fiable.Pour la CGT, la solution à retenirest un partenariat avec la SNCF,sous la forme d’un contratd’assistance. »

Un débat public est organisé àPuget-Théniers le 24 novembre.Lire p30, dans l’Agenda.

PPoouurr uunnppaarrtteennaarriiaattaavveecc llaaSSNNCCFF

DOMMAGES COLLATERAUX LA SEMAINE DE LANGOURO.

« L’Europe doit bâtirsa politique sur la solidarité »La journée européenne pour l’emploiet la solidarité a réuni près de 1000 personnes à Nice.

Un beau cortège a traversé la villeen passant devant le consulat grecpour manifester la solidarité enversce peuple qui souffre des mesuresd’austérité mises en place par songouvernement et l’UnionEuropéenne. A l’initiative de la Confédérationeuropéenne des syndicats (CES),l’action de l’intersyndicale desAlpes Maritimes (CGT-CFDT-FSU-UNSA - Sud Solidaire) s’inscrivait« dans un processus de lutte despeuples européens face aux poli-tiques d’austérité imposées par lesgouvernants et le patronat », expli-quait le communiqué commun.Ainsi sur la place Garibaldi, sous unsoleil estival, le secrétaire départe-mental CGT, Didier Turrini était lepremier à prendre la parole, dénon-çant le chômage qui ne cessed’augmenter, les plans de licencie-ments qui se multiplient, les salariés

de plus en plus en CDD, les salairesdans le public et le privé qui sta-gnent « honteusement ». « Lesmesures d’austérités aggravent ledéséquilibre et mettent à mal le sys-tème social français et la situationdes travailleurs grecs, espagnols,portugais montre bien l’impasse deces politiques qui détruisent lesdroits sociaux. » Pour le déléguéCGT, cette situation insupportablemet en danger la construction euro-péenne. « L’Europe doit bâtir sapolitique sur la solidarité pour desconditions de travail et de viedécentes. C’est tous ensemble enEurope que nous devons y tra-vailler. » Il évoqua alors le contratsocial revendiqué par le CES pourque soit mis en place des standardssociaux européens et un salaireminimum dans tous les pays. Gauthier Broquet, secrétaire géné-ral de la FSU 06 exprima son sou-

tien au peuple et sa crainte de voird’autres peuples rejoindre ceux quisouffrent déjà beaucoup commel’Espagne, le Portugal ou l’Italie. La CFDT clôturait le cortège syndi-cal. Jean-Michel Hervo, secrétairegénéral 06, dénonça lui aussi cespolitiques d’austérité, cause de lahausse du chômage. « La Francedoit agir au niveau européen car sinous laissons tomber, nous tombe-rons nous aussi par la suite. »Evidemment, la CFDT est enthou-siaste sur la proposition d’un soclesocial européen. « Européenconvaincu, nous avons toujours étéfavorable à ce que l’Europe soitreconnue et que l’on puisse s’yappuyer. Nous sommes ravis devoir que d’autres organisations syn-dicales, même si nous n’avons pasles mêmes positionnements, par-tage cette idée. »

Julien CAMY

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l'actualité en bref

SPORT EXPRESS

MMoorrttss ppoouurr llaa FFrraannccee,, aauu sseeccoouurrss !!Ainsi donc, les poilus de 14-18 « ne seraient peut êtrepas partis défendre la patrie si 100 ans plus tard, ilssavaient qu’il y aurait le vote des étrangers, et le 19 marspour date de commémoration de la fin de la guerred’Algérie ». C’est Christian Estrosi qui a osé le dire dansson discours qu’il a adressé, aux Corps constitués dansl’enceinte du Palais préfectoral le 11 novembre dernier.Une heure plus tôt, à la cérémonie aux Monument auxmorts, on avait pu remarquer la présence ostensible deJean-Marie Le Pen. Le député maire de Nice n’en estpas à son premier franchissement de la ligne surtoutlorsqu’il est question d’histoire et de mémoire touchant àcette page franco-algérienne. N’a-t-il pas proclamé Nicecapitale de l’Algérie française alors qu’il inaugurait leMonument dédié aux Harkis et Pieds Noirs. C’est dureste, sous ce seul label qu’il a organisé la célébration ducinquantenaire de la fin de la guerre d’Algérie. En fait, del’indépendance de l’Algérie.Emmanuelle Gaziello, s’est dit profondément choquée par les déclarations du premier magistrat de laVille. Pour la conseillère municipale de Nice et de la Métropole, il n’y a pas de raison que le droit devote aux élections locales qui existe déjà pour les ressortissants de l’Union européenne ne soit pasreconnu aux héritiers des tirailleurs sénégalais, marocains ou algériens qui ont payé le « prix du sang »comme le dit M. Estrosi lui même. Quant au 19 mars, elle rappelle que c’est l’OAS qui, pour la plupartdes attentats et manifestations, a déclenché la violence qui a suivi les accords d’Evian.

TTrraamm 22LLee PPCCFFvveeuutt ssaauuvveerr llaa lliiggnneeAvec un coût de plus de 750 millions d’Euros,et un tracé souterrain, des menaces réellespèsent sur la réalisation même de la ligne 2du tram. Christian Estrosi s’entête dans cechoix couteux et aléatoire alors même que laVille et la Métropole, comme l’indique la péti-tion lancée par le PCF, sont exsangues finan-cièrement. Après l’abandon de la ligne LGV,et le report à 2020 de l’extension de la ligne 1vers l’Ariane-La Trinité on ne peut, expliquentles élus communistes de Nice et du départe-ment, se permettre un ratage sur cet équipe-ment. Cela serait catastrophique pour ledéveloppement des transports en commun.De plus, le coût faramineux du projet « optionEstrosi » risque fort d’hypothéquer les autresinvestissements nécessaires. Il est encore temps, estiment EmmanuelleGaziello, Robert Injey et Jacques Victor, dereconsidérer le projet avec et dans le bonsens. Ils proposent, donc, d’abandonner défi-nitivement le coûteux tracé du tunnel, deréexaminer les possibilités d’un tracé en sur-face sur les axes Victor Hugo ou Thiers, d’uneconnexion directe avec la ligne 1 et avec lagare SNCF de Riquier.Tel est l’objet de la pétition que l’on peut seprocurer sur le blog du conseiller municipal deNice et Métropole Robert Injey : www.robert-injey.com.

Les Rromsexpulsés ? A Juan-les-Pins, la maisonsituée au 27 bd du littoral etoccupée illégalement depuis desannées par des Rroms devaitêtre ce vendredi matin le théâtred’une intervention policière. Unequarantaine de personnes viventlà, dans une misère des plus noi-res, dont des enfants. Certainsde ces derniers ont été récem-ment scolarisés, et une impor-tante mobilisation de soutienavait récemment eu lieu maisl’avis d’expulsion semble devoirêtre suivi d’effet. En ce milieu desemaine, des représentants duDAL 06 (Droit au logement)devaient être reçus en préfectu-re, mais sans que celle-ci neparaisse très pressée. RESF(Réseau éducation sans frontiè-res) dénonçait des méthodesinhumaines qui foulent au piedles dispositions récentes pré-vues par le pouvoir socialiste.

Le mondede la psy à NiceC’est à Coaraze que la Commission nationa-le de psychiatrie de la CGT se réunit cette finde semaine. Pour ce secteur sinistré, le per-sonnel soignant exige depuis longtempsl’arrêt immédiat des restructurations etfusions d’hôpitaux. A Ste Marie à Nice, lasituation est grave, et la psychiatrie, peut-êtreplus que toute autre discipline, semble désin-téresser et être sacrifiée sur l’autel de la ren-tabilité. « Sur le plan national, ces dernièresannées, les malades psychiatriques ont étéassimilés systématiquement à des personnesdangereuses et violentes. Les personnels, parmanque de moyens et de formations spéci-fiques, sont réduits dans l’exercice de leursprofessions à devenir des producteurs desoins et de surveillance. Ils attendent desdécisions significatives de ce nouveau gou-vernement qui rétablissent l’analyse institu-tionnelle, le travail d’équipe et l’élaborationpsychologique autour des patients et de leursouffrance. »

Autre lieu, même ambiance. Combien sont-ilsinstallés dans le lit du Var depuis que le fleuves’est gonflé des dernières grosses pluies ?Combien, à être en danger demort en cas de crue torrentiel-le ? Difficile à dire mais certai-nement plus d’une centaine,dont les affaires ont pour la plu-part été emportées par leseaux. Le DAL 06 (Droit au loge-ment) a sollicité la municipalitépour que des solutions soienttrouvées. Mais cette dernièrese déclare incompétente et renvoie tout lemonde vers la préfecture. Déjà la police, lespompiers, la croix rouge, le samu social, le

115 et le 15 n’avaient pas pu offrir de réponseau problème posé. C’est dorénavant une circulaire qui régit la

façon dont l’Etat doit s’occuper desRroms. C’est aux préfets d’anticiperl’accompagnement, pour la scolari-sation, la santé, l’emploi et le loge-ment ou la mise à l’abri. Sur les rives du Var, la situation em-pire à mesure que l’automne avan-ce, et les institutions sanitaires etautorités de référence ne semblentpas s’en inquiéter tant que ça.

Seule la police en fait, paraît toujours plus ra-pide que le reste des organes d’Etat lorsqu’ils’agit des Rroms.

La situationempire àmesure quel’automneavance

Les Rroms baladés

CC’’eesstt llaa lluuttttee…… aannnnuueellllee !!

Chez les femmes cette année, les Etats-Unis, la Russie, la Roumanie, l’Ukraine, la Corée du Sud et la France seront représentés.

Le très disputé et très attendu challenge HenriDeglane, 38ème du nom, fera venir à Nice lafine fleur de ce sport ancestral, les 24 et 25novembre prochains. Compétition unique enFrance, inscrite au calendrier de la Fédérationinternationale des luttes associées (Fila). Auprogramme, lutte libre, sambo et lutte Gréco-romaine, dans les différentes catégories depoids. Une vingtaine de pays participants,présentant quelques 200 athlètes, dont 5champions olympiques. Les frères Guénot,Steeve (médaillé à Londres) et Christophe,seront notamment de la partie.Spectacle assuré et émotions garanties. LeLutte club de Nice sera également représentéavec une équipe complète de juniors, les-quels lutteront en séniors.

Chez les femmes, les championnes dumonde de Russie sont attendues, ets’opposeront aux Etats-Unis, à la Roumanie,à l’Ukraine, à la Corée du sud et à la France.On notera cette année la participation pour lapremière fois de la Côte d’Ivoire. Le prix du président de la République seraremis au pays victorieux, concrétisé par levase de Sèvres, tandis que la seconde repar-tira avec la plaquette omnisports du princeAlbert II de Monaco. Un beau programme, et de quoi rendre unefois de plus le président du Lutte clubSébastien Giaume, particulièrement heureux.Un bonheur légitime et communicatif. A la salle Leyrit, à Nice, de 14h à 21h.

LLeess CChhiinnooiiss ppaass ccoonntteennttssLors de la finale du concours internationalde piano, qui a eu lieu la semaine dernièreau conservatoire de Nice, certains espritsse sont un peu trop échauffés au goût desorganisateurs qui ont fini par appeler lapolice.Toute la semaine, 120 candidats venus dumonde entier se sont succédés sur lascène de l’auditorium du conservatoiredevant un jury international. Jeudi soir,alors que le Niçois de 15 ans Simon

Bahadoran et un milanais ont été récom-pensés du premier prix, ex aequo, dans lacatégorie « Jeunes solistes », le profes-seur du jeune prodige chinois Michael Lus’est mis à lancer des insultes par le biaisd’un traducteur.En effet, le chinois de 13 ans, surnom-mé « little genius », très connu en Asie etaux Etats Unis était en lice et prétendaitconquérir le public européen en gagnant ceconcours et sa prestation a été d’une gran-

de qualité technique.Cependant, le jury a été touchépar la grâce du jeune Niçois quia joué avec beaucoup de sen-sibilité son concerto de Mozartaccompagné de l’orchestrerégional de Cannes. Le profes-seur de Michael Lu n’avait pasdu tout apprécié ce choix ets’est mis à proférer des mena-ces. Un comportement, certes,peu habituel dans ce genre delieu.

L.B.

A l’internationnal aussi ...

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actualités

6 / L E PATR IOTE d u 1 6 . 11 a u 2 2 . 11 . 2 0 1 2

dHumeur

«« LL’’éévvèènneemmeenntt qquuii nnoouuss rraasssseemmbblleeaauujjoouurrdd’’hhuuii :: llaa nnaaiissssaannccee

eett ll’’aaffffiirrmmaattiioonn dd’’uunn ccoommmmuunniissmmeeddee nnoouuvveellllee ggéénnéérraattiioonn.. ((……))

CC’’eesstt uunnee ccaammppaaggnnee dd’’aaffffiirrmmaattiioonnppoossiittiivvee.. NNoouuss ccoommbbaattttoonnssppoouurr llee ddrrooiitt àà llaa tteennddrreessssee,,

àà ll’’aammoouurr,, aauu sseeccoouurrss,, aauu ttrraavvaaiilllliibbrree,, àà ll’’éédduuccaattiioonn,,àà ll’’eemmppaatthhiiee...... »»

Pierre LAURENTSecrétaire national du PCF, lors de la rencontreavec les nouveaux adhérents, le 10 novembre

PHRASE DE LA SEMAINE

BEAUSOLEIL

Tout, tout, toutpour le privé !Le maire esquive à nouveau la question des logements sociauxet favorise la main mise du privé sur sa ville.

Lors du dernier conseil municipal, le maire deBeausoleil, Gérard Spinelli, a une nouvellefois éludé la question du groupe d’oppositionde Gauche, Beausoleil-démocratie, à proposdes logements sociaux. En effet, en juin der-nier, le maire avait été interpellé quant audéclassement de l’ancienne gendarmerie dudomaine public vers le privé. Pour la gauchebeausoleilloise c’était une chance inespéréed’y bâtir des logements sociaux. Même le pré-fet avait envoyé une lettre au maire pourl’inviter « à saisir cette opportunité de déve-lopper le parc public (de logement social) surson territoire ».Le maire ne veut apparemment pas en enten-dre parler, ni même le lire. En préambule,Brigitte Hourtic de Beausoleil-démocratiedénonçait le Procès verbal du dernier conseil.Dans celui-ci, la première question du groupeest résumé en trois lignes et « ne reflète pasdu tout les demandes que nous avions formu-lées, à savoir faire lecture de la lettre duPréfet, et de celle qu’il vous a transmise, et àlaquelle il fait référence dans ce qu’il nousécrit à propos de l’utilisation des locaux del’ancienne gendarmerie, dans un contexte deretard notable de construction de logementssociaux dans notre ville, et de paiement depénalités majorées de 88,5 % pour non-respect de la loi SRU… » Pour l’élue, celaprive « les élus du Conseil municipal et lapopulation de Beausoleil de l’information duPréfet quant à ses préconisations à propos dela très mauvaise situation en matière de loge-ment social sur notre commune… »Pourtant, lors du dernier conseil, l’adjoint àl’Urbanisme, Michel Lefèvre, expliquait : « iln’y a pas de foncier appartenant à la commu-ne, nous ne pouvons que recourir à des pro-grammes privés acceptant un principe demixité sociale. Ce qui est compliqué. »Pourquoi alors reclasser la gendarmerie dans

le domaine privé ? Le maire n’a pas réponduà Beausoleil démocratie. Est-il gêné auxentournures pour justifier ses paroles par rap-port à ses actions ?

Vinci prend les parkings. Le privé aurait-il définitivement les faveurs du maire ? On sepose la question. Après le choix de recondui-re la gestion de l’eau en délégation de servi-ce public, c’est Vinci qui va prendre la déléga-tion des parkings Libération et Belle Epoque.Là encore, les élus de gauche montent aucréneau en questionnant sur les raisons de cechoix alors « que la gestion avec la SAGES-TAB, dans laquelle la Ville de Beausoleil étaità 80% partie-prenante, s’est avérée saine etrentable ? » Brigitte Hourtic était favorable àune reprise en régie publique avecl’expérience acquise par la SAGESTAB etmalgré des outils technologiques (guidagedynamique à la place, lecture de plaques…)qui auraient été moindres. « Une fois de plus,les choix de l’actuelle majorité, outre qu’ilsdénotent d’un cruel manque d’imagination etde volonté, se portent vers la priorité des inté-rêts privés au détriment de ceux de la collec-tivité, c’est-à-dire des usagers. »L’élue rappelle notamment l’intervention duconseiller municipal de gauche, Paul Euzière,au conseil municipal de Grasse, dénonçant« les scandales de cette gestion, les manquesà gagner énormes pour la ville. » Les prévi-sions de redevances reversées laissent aussiprésager de « l’excellente rentabilité de nosparkings. » Alors, si le maire justifie ce choix« une meilleure redevance au profit de laville », encore faudrait-il que cela profite auxcontribuables et à la population. Et pendantce temps, les logements sociaux peuventattendre.

JC.

Pour une pressionpopulaireLe Front de gauche se mobilisecontre les préconisations du rapport Gallois,et contre l’attitude de 98 patrons du Cac40qui exigent de nouvelles baisses de charges sociales.

Des élus du parti communiste vont ces derniers temps à larencontre de la population pour sensibiliser sur ce qu’ils consi-dèrent être la vraie solution : « Ce n’est pas le coût du travailqui tue l’emploi, c’est le coût du capital ». Cécile Dumas, secré-taire départementale du parti communiste, accompagnée surla photo du conseiller municipal Robert Injey et de militants,sillonne les villes du département pour tenter de convaincreles gens que la solution proposée par le gouvernement n’estpas la bonne. Le rapport Gallois, qui préconise en effet, et enrésumé, de baisser le coût du travail en France pour relancerla compétitivité du pays apparaît comme une nouvelle agres-sion sociale dans un contexte où « les richesses créées par letravail n’ont jamais été autant détournées ! » Ainsi, expliquel’élue antiboise, en France, l’an passé, si 145 milliards ont étéprélevés pour les cotisations sociales, 245 milliards ont étéversés aux actionnaires. « Si les patrons veulent améliorer leurquotidien, il faut qu’ils rémunèrent moins les actionnaires »,rappelant aussi que depuis 1981, la masse salariale a été mul-tipliée par 3,6, tandis que la progression des dividendes se cal-cule à l’aide d’un multiple de 20. Mais ce discours est bien rôdé, et rarement, dans les médias,la solution d’une taxe sur le capital est-elle discutée. D’ailleurs,si des représentants du patronat bénéficient, sur le sujet, denombreux micros tendus, on n’entend que très peu les syndi-calistes. « Il y a un grand désarroi dans la population qui ne comprendpas pourquoi ce gouvernement procède de la sorte », estimentles représentants du Front de gauche. « C’est pourquoi il fautque s’exerce une pression populaire de manière à ce que, d’icijanvier au parlement, les solutions changent. »A Carros, Sophia-Antipolis ou Nice, les élus du Front de gau-che entendent bien participer à créer cette dynamique populai-re.

R.F.

Vivel’utopie Et si les choses se pas-saient différemment ?Et si l’économie se met-tait enfin au service dechacun, qu’ellen’asservissait plus, etservait de levier pourque tous, nous trou-vions notre place etavancions collective-ment sur le chemin dubien-être… Naïf, dites-vous ? Chimérique ?Nous pourrions répond-re que peut-être. Maisc’est important d’êtreutopiste, et même sal-vateur, car sans les uto-pistes, il n’y pointd’évolution, et encoremoins de progrès,comme nous le rappellePierre Rabhi P21. Nous répondrions plussûrement en avançantl’argument del’économie sociale etsolidaire (ess). Celui-làn’a rien d’utopiste ettoute une frange de lapopulation françaiseœuvre déjà dans cesecteur. Elle ne deman-de qu’à progresser. Onne demande que cela.En évitant évidemmentles écueils bien connus,en premier lieu celui deperdre de vue le côtésolidaire de la démar-che… En évitant sur-tout que cela ne soit aufil du temps et del’expansion souhaitée,une coquille vide oupresque, posant sur lavitrine d’un magasindont les étals seraienttoujours remplis deconcurrence aveugle,effrénée et avide. Lesecteur n’a pas voca-tion à servird’épouvantail, mais plu-tôt d’étendard du chan-gement. Et en matièred’écologie et de démo-cratie également. Au Patriote, nous avonstous sauté de joie àl’idée de consacrertoute une partie de cenuméro à l’ess (P8 à14). Non seulement carles sujets attenantssont toujours intéres-sant, mais aussi carc’est l’occasion derêver. Imaginons unmonde où les précepteschantés par John Len-non seraient courants.Et tout cela basé, audépart, sur un modèleéconomique… Pascroyable ? En fait, il ne s’agit quede changer de façon depenser. Et fermer lesyeux très fort, carquand on les rouvre lechoc est parfois brutal.En gros, pour promou-voir l’économie socialeet solidaire, vive l’utopiesociale et solidaire !

R.F.

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7 / L E PATR IOTE d u 1 6 . 11 a u 2 2 . 11 . 2 0 1 2

actualitésAGRICULTURE PÉRI-URBAINE

Déboires et perspectivesUne bien originale réunion publique avait lieu à Carros autour de l’avenir des terres agricoles,dans les Alpes-Maritimes mais aussi dans le cadre d’une réflexion plus globale. Les participants étaientgrandement satisfaits, les quelques agriculteurs présents ont pu faire part de leurs problèmestandis que les autres, souvent issus du monde associatif, témoignaient leur soutien et livraient leur analy-se. Le pari de l’association carrossoise Aqui Sien Ben, organisatrice de l’évènement, était donc réussi.Grands absents remarqués pourtant : les représentants du monde politique.

Le constat est déjà bien connu de tous etbien que l’enjeu soit capital, les élus demeu-rent souvent réfractaires à la question de lapréservation des terres. Principalement ici,dans un département où la pression foncièreatteint probablement son apogée. C’est doncla force politique qui doit adopter de coura-geuses positions pour que les choses avan-cent en la matière. Malheureusement, lechantier est immense, ainsi que l’illustraientquelques exemples livrés par les partici-pants. En posant les choses clairement, tous, cevendredi après-midi à Carros, étaientd’accord sur l’idée centrale que c’est à uneéchelle locale qu’il faut revenir pour garantirune nourriture saine aux citoyens et une acti-vité économique viable à ceux qui en vivent,lutter contre la propagation des pollutions etne plus se trouver dans des situations inep-tes. Comme celle, par exemple, du camionallemand chargé de tomates à destination del’Espagne, qui entre en collision, en France,avec un camion espagnol chargé de tomatesà destination de l’Allemagne ! La véracité decette histoire farfelue, qui circule souvent,n’est certes pas prouvée, mais il est sûr queces faits sont hautement crédibles. On ne saitpas si c’est vrai, mais c’est vraisemblable. Ce qui est évident, tombaient d’accord lesparticipants, c’est que l’agriculture doit êtreune activité économique à part entière, etqu’il n’est, sous aucun prétexte, question demaintenir ce secteur sous perfusion.

Chantier. Pour autant, rien ne paraît plusdur que de faire avancer les choses. Lesexemples détaillés étaient éloquents. Un desagriculteurs présents prit la parole pour dres-ser un étonnant constat. Etabli à la Croix-sur-Roudoule, à cheval entre les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence, ilexplique être en train d’essayer de lancer sonfils dans l’élevage d’ovins. C’est malheureu-sement sans compter sur l’intervention desvoisins, qui ont demandé au maire de cettepetite commune rurale d’empêcher que celase fasse, en raison des nuisances créées…Les mentalités, qui évoluent dans un sensparfois peu compatibles avec la pratique agri-cole, peuvent être un premier rempart à fran-chir. « Il faut alors, lance Jean-ChristopheRobert, de l’association marseillaise Filièrepaysanne, trouver des compromis et évoquerle rôle positif des moutons, comme ledébroussaillage… » L’étalement des villescrée ainsi, parfois, des situations rocambo-lesques. A Levens, c’est également l’urbanisationgalopante qui met en lumière à quel point laconscience de la nécessité de préserver etdévelopper l’agriculture n’est pas forcémentpartagée… « Chez nous, dit Gérard Pla del’association Les Perdigones, lors d’une

intervention richement applaudie, le termed’agriculture est dévoyé. La Directive territo-riale d’aménagement (DTA) recommandedans l’élaboration du PLU (Plan locald’urbanisme) la préservation de 50 hectaresde terres dévolues à l’agriculture à l’échellede la commune. Le maire engarde 256 ! Il n’y a rien à dire…Sur le papier. Car la réalité,c’est que les terres arables etfertiles sont placées en zoneconstructible, tandis que lesterres caillouteuses serontmises à disposition d’une acti-vité agricole. Vous savezlaquelle ? Des balades à cheval ! En France,c’est en effet une activité agricole… » Sansvolonté politique, et dans le contexte d’unetelle pression foncière, les textes, comme lerapport de la DTA, ne servent apparemmentpas à grand-chose.

Flou artistique. C’est à Carros que le der-nier exemple prend vie. Raconté par LaurentParzy, président de l’association Aqui SienBen et co-organisateur de l’évènement.

« Alors qu’entre 1960 et 2012, la populationde la commune a été multipliée par dix etmême davantage, le nombre d’exploitationsagricoles a connu la tendance inverse. LaDTA a estimé qu’il fallait que des terres agri-coles soient préservées dans le cadre du

développement de la ville, maiselle reste particulièrement vaguesur les zones où elles doivent êtresituées. Du coup, lors del’élaboration du PLU, en cours, lenombre d’hectares est respecté,mais les zones agricoles se trou-vent en forêt ou dans d’autresendroits improbables et sans aucu-

ne valeur agronomique, et les plus belles ter-res passent en constructible. »Un participant se dresse, plein de bon sens :« Tant que, pour l’achat de son terrain, desgens seront capables de proposer à un agri-culteur jusqu’à dix fois la valeur de son prix,les problèmes perdureront. Car je ne connaisque peu de gens qui résisteraient… » Unautre s’interroge : « A quoi sert la DTA si per-pétuellement, les communes la piétinent ? »En fait, ce dernier document est opposableau PLU devant le tribunal administratif, maisrares sont les cas où on en arrive là. Celapeut d’ailleurs faire le jeu de ceux qui n’ontpas pris conscience de l’importance del’agriculture de proximité. Dans l’assistance, certains s’énervent detant de friponneries. Mais tous paraissentcontents d’un tel rendez-vous. Laurent Parzy,évoquait cette réussite, tout en gardant unecertaine mesure : « C’est bien que les gensaient répondu présents de cette manière. Onregrette pourtant que la chambred’agriculture n’ait envoyé personne, à l’instardes différentes collectivités, toutes invi-tées… »

R.F.

Légiférer ? Jean-Christophe Robert, de l’association Filière paysanne revenait sur le projet que sonassociation soutient. Celui d’encadrer législativement la cession des terrains agricoles demanière à offrir un outil aux élus pour les aider à les valoriser. « Certains sont demandeursd’un tel instrument pour contrer la pression foncière, qui est, dans nos régions, souvent trèsgrande. »Dans la plaine du Var, la question de la préservation des terres agricoles est primordialepour des raisons de santé publique autant que d’écologie, même si cette affirmation estremise en cause par les décideurs actuels. La tendance peut-elle encore être inversée ?« On parle toujours de développer l’attractivité pour faire venir du monde, résumait l’un desagriculteurs. Mais développer l’attractivité, cela devrait être en premier lieu pour les habi-tants de ce territoire, non ? »

LLeess bbaallaaddeessàà cchheevvaall,,uunnee aaccttiivviittééaaggrriiccoollee ??

Jean-PierreLeleuxen pistepour 2014Le sénateur maire aime bien Paris, mais ilveut encore continuer à Grasse. C’est ainsiqu’en concluant son Assemblée annuelle desGrassois la semaine dernière il annonçait qu’ilpostulait pour un 4ème mandat. Les contentieux devenus des gouffres finan-ciers, les nombreux projets annoncés nonréalisés, un cinéma moribond, les devanturesfermées, dont la librairie du centre ville, lescommerces à vendre, la culture sinistrée....Tout cela ne semble pas retenir le maire deGrasse de ses ambitions de diriger la ville une4ème fois.Pas plus qu’une éventuelle future loi sur lenon cumul des mandats, qu’il balaie d’unrevers de main, affirmant qu’il est capable defaire beaucoup de choses à Grasse en étantdeux jours à Paris.Fier de son bilan, il liste la rénovation urbaine,la proximité, la jeunesse, la qualité de vie... Pourtant, lorsqu’on fait le point sur les par-kings ou l’eau par exemple, le compte n’y estpas. Le maire de Grasse a renouvelé sonchoix de l’affermage, malgré les chiffres, mal-gré la vétusté des équipements. Les déléga-taires, Vinci et la Lyonnaise, n’ayant pour seulsouci visiblement que d’empocher les royal-ties. Alors qu’ailleurs la tendance est auretour à la régie municipale, Jean-PierreLeleux continue de faire payer au contribuablel’enrichissement des compagnies privées.Sans véritable contrepartie. En 23 ans,explique Paul Euzière, président du groupeGrasse A Tous, les tarifs de l’eau en matièred’abonnements ont augmenté de 900% à2200%, celui du m3 d’eau de 660%. LesGrassois vont encore payer pendant 20 ans !Comme pour les cantines scolaires avec laSodexo, M. Leleux et son équipe, poursuitl’élu communiste, laissent donc à leurs suc-cesseurs et aux Grassois une situation ver-rouillée pour une génération.Que dire du dossier de l’ex usine Symrise,actuelle Aroma Grasse, dont le coût s’élèveaujourd’hui à 16 millions d’euros. Après unachat (sur emprunt), un accord à l’amiableavec le promoteur - partenaire évincé - lesfrais d’agence et financiers, la facture estsalée. Encore plus quand on sait que depuis5 ans que ça dure aucun emploi n’aurait étécréé. Cela, alors que d’autres projets commecelui du nouveau théâtre ont du être aban-donnés faute d’argent !

Le sénateur maire de Grasse n’en tire pas lesleçons. Il a annoncé en effet qu’iln’abandonnerait pas l’idée de funiculairedevant relier le pôle multimodal au centreville.Tant son coût faramineux, son amortisse-ment plus qu’aléatoire, que les conséquencessur le bâti et le paysage, ne semblent avoir euraison de l’acharnement du maire à maintenirce projet. Et à commander de nouvelles étu-des coûteuses. Pas plus qu’il n’entend lesGrassois qui semblent de plus en plus nomb-reux à y être défavorables.

Latifa MADANI

Le projet du funiculaire est très contesté

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8 / L E PATR IOTE d u 1 6 . 11 a u 2 2 . 11 . 2 0 1 2

dossierL’économie sociale :

une réalité transformatriceEn ce mois de novembre, plus d’un millier d’initiatives seront organisées pour promouvoir l’économie sociale.

Dans le même temps la crise met en lumière les vertus des Scop aux résultats économiques et sociaux supérieurs à la moyenneet qui peuvent être un type de reprise alternatif des entreprises.

L’économie sociale fait aussi face à de nou-veaux défis dont l’un est l’accès à des finan-cements stables. Elle est à la croisée des che-mins dans le capitalisme en crise : être unealternative significative à la marchandisationou bien un simple supplément d’âme à uncapitalisme financiarisé restant ultra-domi-nant ?Quatre principes fondateurs de l’économiesociale sont communément admis, qui se tra-duisent de façon différenciée dans une diver-sité de structures, associations, mutuelles,banques, Scop,…La libre adhésion à un projet partagé. Evidentdans le domaine associatif, ce principe estégalement valable pour les coopératives : lessalariés, qui sont également des associés,peuvent librement vendre leurs parts à lacoopérative s’ils veulent la quitter. C’est unepropriété collective choisie.Une lucrativité responsable. Les excédentssont répartis dans l’intérêt de l’objet de la per-sonne morale et de l’ensemble de ses partici-pants. La non-lucrativité individuelle est abso-lue dans les associations où nul dividende nepeut être distribué aux adhérents. Elle estrelative dans les coopératives où l’ensembledes salariés-coopérateurs peuvent recevoirindividuellement une participation aux résul-tats. Les excédents financiers, possibles ycompris dans les mutuelles et associations,peuvent être mis en réserve pour des usagesfuturs.Une gestion démocratique. Lors del’Assemblée Générale, c’est le principe d’unepersonne = une voix qui s’applique, quelquesoit la part de capital, (ou de temps individuel), apportée.L’utilité collective ou sociale de l’objet social :une structure de l’économie sociale est auservice d’un projet collectif qu’il s’agisse d’unterritoire (SCIC), d’un groupe social (mutuel-le, banque coopérative, …) ou d’un collectifde travail ( Scop ),….

UUnnee rrééaalliittéé ssiiggnniiffiiccaattiivvee.. Pris au senslarge, l’économie sociale et solidaire repré-sente aujourd’hui en France de l’ordre de 2,2millions de salariés et 10% du PIB. Nombrede personnes sont concernées parl’économie sociale, parfois sans en avoir uneclaire conscience, en étant sociétaire d’unemutuelle de santé ou d’assurance, adhérentd’une banque coopérative, d’une crècheassociative, etc…Réalité sous estimée, cette économie socialereprésente plus de 28%de la masse salariale dusecteur des activités finan-cières, avec de grandsgroupes comme le CréditAgricole, les BanquesPopulaires, ou encore leCrédit Mutuel et Finansolpar exemple. De mêmedans l’assurance, parl’activité des mutuelles, saprésence est très forte. Cequi pose un enjeu démo-cratique massivementsous estimé, mais pour-tant à portée d’initiativecitoyenne, dans ce secteur de la banque-assurance qui concerne 21 millions decitoyens adhérents dans notre pays. (1)Quant aux Scop (Sociétés coopératives etparticipatives), elles étaient en 2010 enFrance au nombre de 2000 pour 40.000 sala-riés et 3,5 milliards d’euros de chiffre

d’affaires. Elles suscitent un regain d’intérêt,notamment pour des reprises d’entreprises,voir des transmissions d’entreprises, auxsalariés. Ajoutons que l’économie sociale et solidaireest également une réalité internationale, pré-sente dans de nombreux pays, comme leJapon ou le Brésil mais aussi l’Italie oul’Espagne. Dans l’UE, un citoyen sur 3 estconcerné.

UUnnee rrééaalliittéé ccoonnttrraaddiiccttooiirree.. Si desinitiatives comme les AMAP développant descircuits courts, sont en vraies ruptures avecles formes dominantes d’organisation écono-mique, l’économie sociale n’est par contrepas à l’abri de sa pénétration par les pratiquesdu capitalisme financier.

Par exemple, 60% des dépôts bancairesen France s’opèrent dans des établisse-ments de l’économie sociale, mais cesoutils bancaires ont souvent été détour-nés de leur mission originelle. CréditAgricole, Banques Populaires, Caissed’Epargne, ont crée des filiales noncoopératives, sous formes de sociétésanonymes, très actives sur les marchésfinanciers. Pensons par exemple àNatexis. Et si Finansol par exemplerésiste dans une fidélité à la notion definance solidaire, il n’en est pas demême des « poids lourds » du secteur.De même les institutions européennes,mais aussi le patronat et les assurances

privées, au nom du « marché unique » et dela concurrence libre et non faussée » multi-plient les pressions contre les mutuelles.Face à ses pressions l’économie socialepeine souvent à construire des outils qui luisoient propres, et elle doit construire sonfutur, en tenant compte de son originalité qui

est notamment d’avoir des activités aussi biendans le secteur marchand et aussi dans lesecteur non marchand. (2)

QQuueell aavveenniirr ??.. Bien entendu, le capitalfinancier peut lui concéder un avenir limité àcertaines niches d’activités concédées, et quin’entament pas sur le fond sa domination. Mais l’avenir de l’économie sociale et solidai-re peut aussi être une compo-sante importante d’un dépasse-ment du capitalisme, dans seslimites aussi bien socialesqu’écologiques et démocra-tiques.Il est utile pour cela de faire unretour critique sur le passé, carles rapports en France entrel’économie sociale et les forcesde transformations sociales, ontsouvent été pleines de malen-tendus. Alors que l’économiesociale a vu certaines de sesformes se développer en Francey compris lors de la Communede Paris et dans le Jura, ellesera encouragée au 19ème siècle par les« socialistes utopiques » (Proud’hon, etc…) etse heurtera à la méfiance du mouvement poli-tique révolutionnaire, et aussi syndical, pluscentré sur la question de la conquête du pou-voir central. Ainsi dans l’histoire communiste,elle n’apparait que de façon marginale avecles « Mutuelles rouges » de Georges Marraneen 1925, certaines résurgences voyant le journotamment dans les Bouches du Rhône dansles années 1960 autour de Louis Calisti. Maisc’est plutôt l’ignorance réciproque ou ladéfiance qui dominera les rapports entre cou-rant révolutionnaire et économie sociale. Ilfaut dire aussi que bien des structures de

cette économie sociale n’auront que des rap-ports de plus en plus lointains avec l’idéal dedépart de la « République coopérative ».Avec l’impasse et la menace que représen-tent pour l’économie sociale la prédation ducapital financier d’une part, et aussi les tempsnouveaux qu’a forcement ouverts en politiquela chute du système soviétique et son modè-

le étatiste, un champ nouveau deconvergence s’ouvre pour ce 21ème

siècle.Il est ainsi communément admisque de multiples formes de pro-priétés collectives devront se sub-stituer au capitalisme financier :dans sa diversité l’économiesociale en représente un atout. Ilest aussi admis que pour subvertirle capitalisme l’enjeu est bien sûrle pouvoir central, mais tout autantla transformation des pouvoirslocaux, y compris dansl’entreprise. Là aussi avecl’économie sociale, des champsnouveaux peuvent être ouverts

dès à présent. Enfin l’économie sociale,comme la politique, sont face à un défi démo-cratique, promouvoir la citoyenneté activeface à la délégation et la confiscation despouvoirs. Autant de domaines à défricherd’urgence, à commencer par étendre les pos-sibilités pour les salariés de reprise de leurentreprise.

Jean Paul DUPARC(1) On peut voir à ce sujet les travaux et argu-mentaires de l’association ap2e sur son sitehttp://www.ap2e.info/(2) On peut notamment se référer à l’ouvrage deThierry Jeantet « l’économie sociale, une alter-native au capitalisme » éditions Economica

CCeettttee ééccoonnoo--mmiiee ssoocciiaalleerreepprréésseenntteepplluuss ddee 2288%%ddee llaa mmaasssseessaallaarriiaalleedduu sseecctteeuurrddeess aaccttiivviittééssffiinnaanncciièèrreess

LL’’ééccoonnoommiieessoocciiaallee eettssoolliiddaaiirreeppeeuutt êêttrree uunneeccoommppoossaanntteeiimmppoorrttaanntteedd’’uunn ddééppaassssee--mmeenntt dduuccaappiittaalliissmmee

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économie sociale solidaireSCOP

Salariéset propriétaires !

A l’heure où de nombreuses entreprises se trouvent en difficulté,la reprise de l’outil de travail par les salariés fait son chemin.

Près d’une vingtaine de sociétés coopératives ouvrières de produc-tion (Scop) ont vu le jour dans le département ces dernières décen-

nies. Leur exemple en ces temps de crise est précieux.

Le psychologue Bruno Perez faisaitpartie d’une équipe médicale grassoi-se qui a été licenciée dans une cli-nique privée du département en1980. C’est alors qu’une idée varéunir cette équipe soudée pour créerune Scop où tous seraient salariés etacteurs de leurs projets. Ainsi est né,à Cabris, le CALME (centre d’actionet de libération du mal-être éthy-lique). C’est sans hésitation qu’ils ont choisice statut très particulier, attirés par leprincipe démocratique et égalitairequi s’accordait parfaitement avec leprojet professionnel qu’ils souhai-taient mettre en place. En effet, il esttrès probable que cette clinique, quiaccueille des personnes qui souhai-tent soigner l’alcoolisme, soit la seuledans son genre en France. Ses sala-riés sont également actionnaires dela société etsoignent lespatients par lathérapie insti-tutionnelle, unc o u r a n thumaniste oùle maladejoue un rôlee s s e n t i e l .« C’est unefaçon de soi-gner démo-cratique. Lespatients sontacteurs deleurs soins,ce n’est passeulement lesoignant et lemédicamentqui soi-gnent », explique Bruno Perez, lepsychologue qui est PDG actuelle-ment de la structure. Le CALME compte aujourd’hui 30salariés dont 22 coopérateurs.Chaque nouveau arrivé a la possibili-té d’intégrer la coopérative. « Engénéral au bout d’un an on sait si lapersonne est en accord avec l’espritde la maison et, dans ce cas, nous luiproposons de nous rejoindre ». Cetteclinique possède un dispositif à taillehumaine, avec 45 lits et est un exem-ple de travail en équipe dans tout lesens du terme. Le statut de Scop leur a permis desurmonter plusieurs épreuves, maisaujourd’hui les statuts de la sociétégénèrent des craintes quant àl’avenir. En effet, pour les coopérati-ves qui mettent un terme à leur activi-té, il est impossible de récupérer lesbiens acquis pendant leur activité.Cela est vécu comme une grandeinjustice. « Nous avons tous fait desefforts considérables depuis desannées afin de payer le bâtiment,d’abord pour le loyer et ensuite pourle crédit une fois que nous l’avonsacheté. Si demain pour une raison ouune autre nous devons mettre la clésur la porte le bâtiment devient pro-

priété de la fédération nationale desScop. J’espère que cela ne nous arri-vera jamais », espère Bruno Pérez.C’est exactement le premier inconvé-nient signalé également par le gérantde la Scop MC Elec. Basée à Grasse,cet électricien est plutôt satisfait defonctionner de cette manière : « Lebut était d’avoir un statut de salariéavec une couverture sociale et pou-voir prétendre au chômage en cas delicenciement. Faire une Scop a beau-coup d’avantages mais cela a desinconvénients également ». Commele PDG du CALME, ce dernierévoque l’inconvénient le plus déran-geant de ce statut. « Notre sociétételle qu’elle est conçue ne peut pasêtre vendue. Nous devons revendrenos parts au même prix que nous lesavons acheté et cela même sil’entreprise prend de la valeur ».

Cependant,cet inconvé-nient est lag a r a n t i ed’une entre-prise nondélocalisable,ce qui peutreprésenterun gage pourles emploisc r é é s .Concernantla répartitionde bénéfices,ce genre des t r u c t u r efonctionne dem a n i è r eéquitable. « Ala fin del’année s’il y

a du gâteau on le mange tousensemble à parts égales », précise legérant de MC Elec. A la délégation régionale des ScopPACA, Peggy Capdevielle vante lesmérites de ce genre de société. Pourelle, plus qu’un statut, une Scop estune philosophie et une manièred’aborder le monde du travail avecune approche toute particulière car lamajorité du capital doit être détenupar des salariés et cela change beau-coup de choses. « Aujourd’hui lesScop se développent dans des sec-teurs nouveaux tels que l’ingénierie,l’informatique, la communication…l’idée d’être une entreprise responsa-ble dans laquelle les salariés sontaussi des entrepreneurs, séduit deplus en plus », explique-t-elle. Dansla région PACA le secteur représente220 entreprises rassemblant près de3000 salariés.Ce modèle économique ne date pasd’hier. Il s’est surtout développé auXIX siècle. Paradoxalement, la criseéconomique actuelle et les dériveséconomiques relancent la machine.Selon l’Insee leur taux de survie àcinq ans s’élève à 57% contre 52%pour la moyenne nationale.

Lidice BUSOT

« L’économiedu changement »

Le but de l’ESS n’est pas d’être une simplealternative, mais tend au contraire à se substi-tuer à des pans entiers de l’économie actuelle.Comment faire pour que le concept s’intègredans les politiques publiques, et dans la com-mande publique, de façon à ce qu’il pénètreplus avant l’économie, et qu’il ne demeure pasune niche parmi d’autres ? « Le changement d’échelle est l’enjeu des prochai-nes années. Il faut que les bonnes pratiques del’ESS puissent influer sur l’ensemble de l’économie. Pour cela, la politique que je mets en œuvre action-nera plusieurs leviers stratégiques.Donner une pleine légitimité aux acteurs de l’ESSpar une reconnaissance législative, en développantl’éducation à l’ESS, mais aussi plus simplement enles considérant comme des acteurs de la sociétéfrançaise à part entière. Pour passer un cap, les entreprises de l’ESS doiventavoir un accès facilité à des financements de longterme. La Banque publique d’investissement est làpour y répondre. Les emplois d’avenir aideront également les asso-ciations à développer des activités utiles au plusgrand nombre. Au quotidien, c’est aussi s’assurer que les politiquesrelatives à la décentralisation, à l’environnement, à lasanté ou l’action sociale pour ne citer que quelquescas, intègrent dans leurs préoccupations toutes lesspécificités de l’économie sociale et solidaire. La création de mon ministère correspond à un enga-gement fort du Président de la République en faveurde l’économie du changement. François Hollande achoisi de mettre l’économie sociale et solidaire aucœur de sa stratégie de redressement de la France.Pour la première fois un ministre de l’ESS a éténommé, et de plus à Bercy, c’est-à-dire là où sontrégulés la vie des entreprises, leur fiscalité, l’accès àla commande publique, la dépense publique. Les acteurs de l’ESS, associations, mutuelles,coopératives ont enfin un interlocuteur, doté d’unefeuille de route et de moyens pour la mener à bien.C’est une vraie reconnaissance de l’apport de l’ESSà l’économie du pays. J’y vois aussi un signe quel’économie du réel s’impose face aux dérives del’économie financiarisée. »

La forme d’économie sur laquelle le monde s’estconstruit est antinomique avec la solidarité, et

basée au contraire sur la compétition et sur lareconnaissance de l’autre comme un concurrentà éliminer. Le fait qu’un ministère prônant uneautre manière de voir les choses existe montreque le gouvernement se préoccupe de cettequestion. Quels sont, concrètement, vos objec-tifs, et à quel stade jugeriez-vous votre missionaccomplie ?« Il faut avant tout se rappeler que ce n’est pas uneéconomie par défaut qui irait là où l’économie « tra-ditionnelle », ou plutôt lucrative pour être précis, neva pas. Prenons l’exemple des maisons de retraite :celles gérées par les associations, fondations oumutuelles accueillent beaucoup plus de personnesmodestes, ou pauvres (habilitées aide sociale) quecelles gérées par les groupes commerciaux. Par rap-port au secteur public, l’ESS apporte souvent uneréponse complémentaire, issue du terrain là où lescitoyens s’organisent par ce que la réponse aubesoin n’a pas été traitée par la puissance publique.C’est le cas de la prise en charge des enfants handi-capés. L’offre d’établissements s’est construite parl’organisation des familles et leurs proches.Aujourd’hui 9 enfants handicapés sur 10 sont pris encharge dans des établissements gérés par des asso-ciations.Demain, l’ESS sera au cœur des réponses à imagi-ner face à la société du vieillissement. De mêmeaujourd’hui l’économie circulaire, du ré-emploi, durecyclage de déchets est largement ancrée dansl’ESS puisque ses acteurs sont des entreprisesd’insertion.Mon objectif est de conforter la place de cette éco-nomie dans l’économie de notre pays pour qu’ellepuisse pleinement contribuer à la stratégie de crois-sance voulue par le gouvernement. En ce sens leprojet de loi sur l’économie sociale et solidaire quisera déposé au parlement en 2013 participe de cettedynamique et répondra à trois principales exigences: permettre la reconnaissance de l’ESS, et assurerson développement. Il s’agira de dire de quoi nousparlons en matière d’ESS, et aussi d’identifier leslieux où s’élabore la politique publique qui soutientces entreprises, ainsi que les dispositifs qui concou-rent à ce soutien. Les pouvoirs publics bénéficierontainsi de cadres d’action permettant de bien ciblerleurs actions en faveur des entreprises de l’ESS etde l’innovation sociale. »

Propos recueillis par R.F.

Pour la première fois, un ministère est dédié au secteur de l’Economie socialeet solidaire. Rôle charnière dans la mesure où la solidarité en économie paraît comme une

condition sine qua non pour une sortie de crise. C’est alors,bien que peu d’observateurs le catégorisent ainsi, un des ministères les plus importants de cette mandature.

Interview de Benoît Hamon, ministre en charge de ce secteur.

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économie sociale solidaire

Des monnaiesvéritablement citoyennes

Les monnaies complémentaires sont de plus en plus prisées par les collectivités localespour redynamiser leur territoire et mettre en place un système monétaire non spéculatif.

Acteurde son

développementMathieu Vachez est fondateur del’association TAOA (There AreOthers Alternatives) qui promeutd’autres alternatives économiquesdans le secteur des monnaies loca-les et complémentaires. C’est en

2009, après avoir quitté son post deconsultant dans l’industrie pharma-ceutique qu’il se lance dans cetteaventure avec deux autres amis.

Sel, Sol, troc… Depuis les années 1930,des monnaies complémentaires oulocales existent. Fonctionnent-ellestoutes pareilles ?Elles sont toutes différentes. Cependant, ily a deux grandes familles. Tout d’abord lesmonnaies en dehors du système écono-mique : ce sont les clubs de troc, les SEL(système d’échange local), le Time dollar,etc. Dans ces dispositifs, on échange desbiens et des services sans passer parl’argent : une heure de ménage contre uneheure d’anglais, des vieux livres contreDVD. Le but n’est pas l’activité écono-mique mais de recréer un lien dans unquartier. Cela permet d’écraser les diffé-rences sociales et pousse les gens à réflé-chir aux notions de valeurs et d’échange. Ily a donc là un gros aspect d’éducationpopulaire. Et puis, il y a lesmonnaies localeset complémentai-res qui sont inté-grées au systèmeéconomique avecune réserve eneuro en banquepar exemple pour pouvoir les éditer. Cesmonnaies sont pour promouvoir les com-merces, artisans, agriculteurs locaux. Deplus, les entreprises doivent remplir descritères environnementaux, sociaux, pourrentrer dans le système.

C’est une manière de guider laconsommation ?En effet, cela permet de flécher les capi-taux et dire qu’ils ne sont plus dans les cir-cuits économiques classiques mais dansun réseau social et solidaire.Ces monnaies sociales sont passionnan-tes car elles doivent être normalementportés par les citoyens. Même s’il faut tou-jours une collectivité territoriale et unebanque en partenaire, les citoyens onttoute leur place. Ainsi, la création del’argent n’est pas que réservée auxBanques nationales et celui-ci peut porternos valeurs. Le citoyen est acteur de sonpropre développement.

Quelles en sont les limites ?Tout d’abord l’adhésion populaire est diffi-cile car la thématique est compliquée. Lesmonnaies locales existent en Francedepuis 2 à 3 ans. Les choses prennent dutemps et un vrai bilan pourra être fait dans5 ans. Si l’efficacité sur l’éducation popu-laire est indéniable sur le citoyen, celleéconomique n’est par encore très prouvéecar on manque de données etd’indicateurs.Autres limites, la multiplication d’initiativessans coordination. Il y a donc des modèlesdifférents à chaque fois et c’est difficile des’y retrouver. L’année prochaine, la Francecomptera une trentaine de monnaies loca-les.

Propos recueillis par JCPour découvrir TAOA : www.taoaproject.org/

«« LL’’aarrggeennttppeeuutt ppoorrtteerrnnoossvvaalleeuurrss »»

Dans ce monde, la monnaie est le nerf de laguerre. Sans argent, on se retrouve inexora-blement exclu. Ainsi, depuis des milliersd’années, la monnaie est essentielle dans leséchanges et la vie de nos sociétés. Du tempsde l’Antiquité, le philosophe grec Aristote del’Antiquité lui donnait trois fonctions : unité decompte, réserve de valeurs et intermédiairedes échanges. En effet, ces trois fonctionsn’ont guerre changé mais le système écono-mique à quant à lui bien évolué. Fini le sel, lescoquillages, le métal, fini aussi les pièces enargent véritable qui servaient alors de mon-naie.

PPeerrvveerrssee mmoonnnnaaiiee.. « Etablissant uneunité de compte commune et en créant unespace de confiance (d’où le terme de mon-naie fiduciaire qui signifie « foi, confiance » enlatin) », Ia monnaie doit servir à faciliter leséchanges et l’activité entre les êtres humainsselon le philosophe altermondialiste PatrickViveret, auteur d’un ouvrage référence« Reconsidérer la richesse ». Elle a donc étédématérialisée pour n’exister maintenant prin-cipalement que sous forme électronique et neremplit donc que très peu sa fonction premiè-re, servant plutôt à créer de l’argent au traversdes marchés spéculatifs dont les monnaiessont de plus en plus dépendantes. Elle n’estplus un moyen d’échange mais un symbolede pouvoir. Pour Bernard Lietaer, spécialistedes monnaies complémentaires, les mon-naies nationales, dans le contexte de mondia-lisation actuelle, survalorisent la rentabilité àcourt-terme, entraînent la concentration desrichesses, encouragent concurrence et com-pétitivité.Des études montrent que 10% des échangesmonétaires sont réinvestis dans l’économieréelle, les 90% restant étant destinés à géné-rer… de l’argent. Ainsi, avec la montée del’exclusion et de la misère, citoyens, philoso-phes, associations mettent en place depuisquelques années des monnaies solidaires,parallèles, alternatives pour, selon PatrickViveret, « recréer des capacités d’échangeartificiellement limitées par les politiquesmonétaire et de crédit qui s’appliquent auxmonnaies dominantes, et, d’autre part, deservir de porte coupe-feu pour l’économieréelle en cas de crise financière majeure,

comme c’est le cas actuellement. » Ainsi, onretrouve le Sol-violette à Toulouse, l’Abeille àVilleneuve sur Lot, la Bogue en Ardèche, leBrixton Poung à Londres… L’objectif est defavoriser l’économie réelle et locale. 5 000monnaies de ce genre sont en circulationdans le monde. Le phénomène n’est pascependant pas nouveau mais, avec la crisefinancière, les initiatives se multiplient.

SSuuccccèèss dduu SSooll--vviioolleettttee.. Toulouse est laplus grande ville à avoir mis en place ce genrede monnaies. C’est Jean-Paul Plat, militant dela première heure de l’économie sociale etsolidaire qui a initié ce projet après avoir étéélu à la mairie sur la liste du socialiste PierreCohen. Lors de la mise en circulation du Sol-violette en mai 2011 (Sol pour solidarité), lemaire expliquera que cette monnaie doit per-mettre de créer des échanges qui ne se « per-dent pas dans la consommation capitaliste etredonne ce que peut être l’argent en termed’échange et de valeur. »Pour l’utiliser, il faut tout d’abord adhérer etpayer une cotisation de 15 euros. Ensuite, onéchange ses euros contre des Sols. 1 euro =1 sol. Les Sols sont acceptés dans certainsmagasins qui participent au mouvement ets’engagent dans une économie sociale,responsable et écologique. Dans ce micro-système, la plupart des participants sont desbars ou magasins alternatifs proposant uneautre manière de consommer. 80% des Solssont utilisés pour l’alimentation. A Toulouse, 7000 solistes permettraientd’avoir, grâce aux cotisations, une monnaieindépendante. C’est l’objectif pour 2016.Après 6 mois, le succès était au rendez-vousavec plus de 500 solistes, la prévision d’uneannée. 22 000 Sols-violette étaient en circula-tion. Pour Patrick Viveret, si ces Sols ne sepositionnent pas en remplaçant de l’Euro, cesmonnaies complémentaires pourrait être unebase de reconstruction du système monétaires’il y a écroulement : « elles seraient aussitransformatrice de nouveau système monétai-re et d’échange de la richesse. »

EEppaarrggnnee iimmppoossssiibbllee.. Ces monnaies ontune grande différence avec les monnaiesdominantes. Elles sont fondantes. C’est-à-direqu’elles perdent de la valeur avec le temps.

C’est 2% tous les six mois pour le Sol. Il fautdonc les utiliser. C’est le principe du circuitcourt, empêche l’épargne et dynamisel’économie locale et de proximité. Pourl’Abeille, lancée en 2010, cela fonctionne dif-féremment. Pour ne pas perdre de la valeur, ilfaut y coller régulièrement une vignette prou-vant ainsi son utilisation. Le consommateurdevient alors un consom’acteur. « Les mon-naies complémentaires sont les réponses dela société civile à l’industrialisation de la finan-ce, comme l’ont été les syndicats et lescoopératives, les mutuelles et les droitssociaux, à l’industrialisation de la produc-tion. » explique Frédéric Bosqué, chargé demission à la mairie de Toulouse pour les sols-Violette qui fait le parallèle suivant : « Lespoissons ont besoin d’eau, comme lescitoyens ont besoin de monnaie pour vivre. Orsi l’eau est pourrie, il faut la changer. »

MMoonnnnaaiiee ssoolliiddaaiirree.. A Toulouse, la mairiedonne 30 sols par mois à 90 personnes enprécarité. Cette aide monétaire permet ainside diriger la consommation de cette popula-tion. Les assistants sociaux jugent l’initiativepertinente car « c’est une des premières foisque l’on s’intéresse au mode de consomma-tion des personnes en précarité ou en grandeprécarité. » En Angleterre, le Brixton poundest associé à un quartier et beaucoup decommerces (restaurant, pub, coiffeur, alimen-tation…) jouent le jeu et cela encourager leshabitants à consommer sur place. Des sala-riés brixtoniens peuvent même demander àce que leur salaire soit versé pour moitié enBrixton Pound bénéficiant ainsi d’une légèreaugmentation. Evidemment, elles ont les limites. Tout d’abordcelles de leurs utilisations. Elles ne pourrontpas supplémenter les monnaies dominantesmais remettent sur le devant de la scènel’objectif historique d’une monnaie et permet-tent d’avoir un regard, neuf et critique surl’argent. Pour Frédérique Bosqué : « Les mon-naies complémentaires sont les réponses dela société civile à l’industrialisation de la finan-ce, comme l’ont été les syndicats et lescoopératives, les mutuelles et les droitssociaux, à l’industrialisation de la produc-tion. »

Julien CAMY

Le Sol Alpin, une des nouvelles monnaies locales

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économie sociale solidaire

Le fonds social européen, créé en 1957 parle traité de Rome, est un fonds structurel del’Union Européenne, il contribue à la créa-tion d’emplois et de meilleure qualité. LeFSE représente près de 10% du budgettotal de l’Union Européenne avec un inves-tissement de plus de 10 milliards d’eurospar an dans l’ensemble des états membres.Cherchant à réduire les écarts de richesseet de niveau de vie entre les états membreset leurs régions, il promeut ainsi la cohésionéconomique et sociale et une économie fon-dée sur la connaissance et la croissanceéconomique durable dans le respect del’environnement. Sa stratégie globale estl’agenda de Lisbonne, axe majeur de la poli-tique économique et de développement del’Union Européenne.Géré selon des programmes cycliques desept ans, ses grands axes de priorités etson budget sont négociés entre les étatsmembres, le Parlement européen et laCommission européenne.

LLeess oobbjjeeccttiiffss.. Il se divise en deux objec-tifs : la « compétitivité régionale et emploi »,la « convergence », pour stimuler la crois-sance dans les régions les moins dévelop-pées. Le FSE est une composante clé de lastratégie Europe 2020 pour la croissance etl’emploi, et ainsi améliorer la vie descitoyens de l’UE. Avec le FEDER (fondseuropéen de développement régional) et lefonds de cohésion, ils se partagent la mis-sion de réduire les écarts de développe-ment et contribuent financièrement à laréalisation de projets dans le domaine del’environnement, des réseaux transeuro-péens et du développement durable. Ces trois fonds fonctionnent par redistribu-

tion et reversent aux organismes de forma-tion, collectivités locales ou associations. Soutien des projets des organismes publicsou privés visant à adapter les travailleurs etles entreprises aux évolutions écono-miques, le FSE doit favoriser le retour et lemaintien dans l’emploi, tout en luttant cont-re les discriminations et injustices, bénéfi-ciant normalement aux groupes les plusexposés au chômage et à l’exclusion.

DDee pplluuss eenn pplluuss ddee pprroojjeettss.. Durantla période 2007-2013, l’Union Européennea distribué environ 75 milliards d’euros pouratteindre ces objectifs, sa devise étant« investir dans la personne ». En France au5 novembre 2012, 82 116 projets reçoiventun soutien de l’Union européenne, pour unmontant total de 35,8 milliards d’euros.Certains secteurs sont favorisés ; la créa-tion d’activités et emplois (19%), le dévelop-pement durable et la prévention des risques(18%), l’innovation et TIC, technologies del’information et de la communication, (17%).Les états membres désignent les organis-mes nationaux de gestion du FSE, chargésde sélectionner les projets, redistribuer lesfonds, évaluer la progression et les résul-tats. En France il s’agit d’une mission de lagestion du volet central, un service rattachéau ministère de l’emploi et du travail.

LLeess bbéénnééffiicciiaaiirreess.. Les bénéficiaires deces projets sont très variés: les travailleursindividuels, les groupes de personnes, lessecteurs industriels, les syndicats, les admi-nistrations publiques ou les entreprises indi-viduelles. Les groupes de population vulné-rable sont préférentiels. La CLAIE, la coopération locale et appui

aux initiatives dans l’économie sociale etsolidaire, dispose de ces aides. En 2010,elle a accompagné les différents dispositifs :IAE, insertion par l’activité économique ; leDLA, le dispositif local d’accompagnement ;les microprojets ; la coopération européen-ne et le réseau local d’accompagnement.Elle favorise la structure de l’économiesociale et solidaire, qui regroupe un ensem-ble de coopératives, mutuelles, associa-tions, syndicats et fondations fonctionnantsur des principes d’égalisation des person-nes, de solidarité et d’indépendance écono-mique.

Maud VDW

Point de vuede Marie-Christine

VergiatDéputée européenne

Front de gauche-GUE/NGLde la région PACA

« Le fonds social européen commel’ensemble des fonds structurelssont sûrement parmi les finance-ments de l’UE les plus intéressants,ceux qui participent le mieux à unecertaine redistribution. on peut dèslors s’étonner que la France, ajou-tant sa bureaucratie à celle de l’UEne consomment que la moitié descrédits dont elle pourrait bénéficierà ce titre.

Quelques chiffres de l’ESSDans le 06*- 8 740 établissementsdont 2 981 établissementsemployeurs - 5,9 % des établissements employeurs (2,9 % deprogression annuelle)- 31 652 emplois salariés - 8,5 % des salariés du département (progressionannuelle de 2,3 %)- 66,8 % des emplois sont occupés par des fem-mes- 845,6 millions d’euros de salaires bruts distri-bués

En Paca*- 49 342 établissements dont 17 403 établisse-ments employeurs- 8,5 % des établissements employeurs (2,9 % deprogression annuelle)- 161 881 emplois salariés- 10,0 % des salariés de la région (progressionannuelle de 1,8%)- 68,5 % des emplois occupés par des femmes*Chiffres données par la chambre régionaled’économie sociale et solidaire – région PACA

Une loi pour les salariésJean-Pierre Caldier et Sylvie Mayer, co-anima-teurs de Ap2E – Agir pour une EconomieEquitable, essayent au travers de leur associationde rassembler les citoyens désirant exercer unecitoyenneté économique dans le cadre d’unedémocratie participative. Depuis deux ans, Ap2Eélabore, sous démocratie participative, un projetde proposition de loi : « Accession à la propriétééconomique, juridique et participative par lessalariés à la cession et à la poursuite d’activitéd’une entreprise » qui demande notamment laconsultation des salariés lors de la cession deleur entreprise et leur donnant un droit de pré-emption très fort.Selon Ap2E, « un récent rapport sénatorial, cetteproposition concernerait le maintien et la créationde 1 million d’emploi en 5 ans. » Ce projet estsoutenu à l’unanimité par le conseil national desSCOP-Sociétés coopératives participatives et areçu lors de la dernière campagne présidentiellele soutien de la majorité des candidats FrançoisHollande, Eva Joly, Jean Luc Mélenchon) ou leurreprésentant (Roselyne Bachelot au nom deNicolas Sarkozy, Robert Rochefort pour FrançoisBayrou).Contact : [email protected]

Exemple du WirLe Wir en Suisse est une monnaie créée en 1934et qui existe toujours. « Cette monnaie a mêmepermis une certaine stabilité financière au paysau moment des crises financières » expliqueMathieu de Vachez de l’association TAOA (ThereAre Others Alternatives). Cette monnaie utiliséepar les entreprises, à parité avec le Franc suisse,est déconnecté des bourses. « Elles l’utilisent dèsque le marché se tend car il y a moins de fluctua-tion. En 2008, 60 000 PME l’utilisaient etl’équivalent de 1,8 milliards de Francs suisse aété échangé. »

Du Sel à Pugets-ThéniersDans ce petit village de la moyenne vallée du Var,les citoyens ont mis en place en 2008 un SEL(Système d’Echange Local) intitulé le SEL desPignes. Ce système permet ainsi aux des’échanger des services comme la taille des arb-res fruitiers ou des balades en canoë, ou desbiens comme des combinaisons de plongées, deschaussettes de ski. Les Sel sont en dehors dusystème économie et servent à recréer un liensocial entre les habitants d’un même territoire.(voir article p10).

L’Aide socialede l’Union Européenne

Le Fonds Social Européen, alimenté par les différents états membres dont la France, agit par redistributionpour créer des emplois et rétablir une cohésion sociale et économique au sein de ces mêmes états.

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CollectorCartes postales du PatrioteLe Patriote vient de sortir sa collectionde cartes postales représentant des Unes historiquesdu journal faites par les artistes. Six par Picasso,deux par Ernest Pignon-Ernest, une par Morettiet une par Ben.

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Un autre regard sur la Côte d’AzurChaque semaine

Une information différente

L’actualité sociale et politiqueAvec une prise de parole syndicale, féministe, antiraciste, altermondialiste.

Des dossiers et des analyses.

L’actualité culturelleCinéma, théâtre, musique, expositions, arts vivants, Livre, BD, DVD

le meilleur est présenté, analysé, critiqué

Le Patriote est partenaire d’évènements majeurs comme le Festival Sept Off de la photo, le Festival dulivre de Mouans-Sartoux, le Forum Social Départemental, Les Rencontres cinématographiques deCannes...

Lieu de résistance et d’expression pour des alternatives au capitalismePour le débat, l’action et contre le matraquage médiatique culturel

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économie sociale solidaire

La Claie du bonheurChaque semaine depuis le début du mois, nous vous proposons, en partenariat avec la Claie (Coopération locale et appui aux initiatives dans l’économiesociale et solidaire – www.claie06.org), un gros plan sur un exemple de réalisation sociale et solidaire. La Claie mène différentes actionsd’accompagnement, de financement et de formation pour professionnaliser et développer le secteur dans les Alpes-Maritimes. Chaque année, cet orga-nisme intervient auprès de plus de 100 projets, dont celui de la Maison du bonheur.

La santé : terrain innovantpour l’expansion de l’ESS

Restructuration de services de santé, développement de la médecine et de la chirurgie ambulatoires, réforme du financement des servicespublics… l’économie et la technologie prennent le pas sur l’humain et participent de l’avènement d’une médecine à deux vitesses.

La Maison du Bonheur, en permettant aux familles modestes l’accès aux soins par un hébergement à prix modéré,répond à un besoin que ni l’Etat, ni le marché ne parviennent à satisfaire.

Cette association niçoise née en 2000 adéveloppé un modèle innovant « d’hôtelleriemédicale » pour pallier les inconvénients duregroupement et de la spécialisation deshôpitaux publics en France. « C’est en voyantun père de famille être obligé de dormir danssa voiture alors que son enfant était hospitali-sé au CHU de Nice, que l’idée est apparue »,raconte Christine Scaramozzino, à l’origine duprojet. En effet, la régionalisation des compé-tences oblige les personnes venues d’ailleurs,le plus souvent de Corse, à venir se faire soi-gner à Nice. Si les soins ne nécessitent pasd’hospitalisation, aucune prise en chargen’existe pourl’hébergementdu patient oude son accom-pagnant. Prenons lecas de parentsdont l’enfantest hospitaliséà Nice, seull’un d’euxpourra dormirà ses cotés àl’hôpital. Le second devra alors payer unechambre d’hôtel, à ses frais, pour pouvoir êtreprésent auprès des siens. Pas évident pourtoutes les familles au regard des prix prati-qués par les hôtels sur la Côte d’Azur…Une situation qui a incité l’association laMaison du bonheur à réagir dès 2003. Jusque là, cette structure fondée par sa prési-dente Christine Scaramozzino, proposait desactivités en faveur des enfants hospitalisés(clownerie, tours de magie, jeux de société…)et l’accompagnement en fin de vie d’adulteset d’enfants malades. Evidence. En2003, elle décide doncde mener un projetinédit dans le départe-ment : une maison desparents, un lieud’hébergement àmoindre coût pour lesfamilles et les prochesde personnesmalades.Ainsi, en partenariatavec le CHU de Nice,un étage entier del’immeuble situé au 10avenue Malausséna àNice, est gratuitementmis à disposition de l’association. 200 m² pour7 chambres sont alors disponibles et 900 nui-tées sont proposées la première année.Bien plus qu’un simple hébergement, laMaison des parents propose à ses occupantsune ambiance conviviale, où les familles trou-vent du soutien et s’épaulent mutuellement. Il suffit de visiter une seule fois cette maisonpas comme les autres pour comprendre quesa devise sonne comme une évidence : « Etrelà, tout simplement ».

Au fil du temps, dans un contexte de réformesde financement de la sécurité sociale et decrise économique, l’association a fait évoluerses services en proposant un hébergementpour les personnes prises en charges ensoins ambulatoires dans les différents servi-

ces de soins dud é p a r t e m e n t .Originaires de toutela France, les per-sonnes hébergéesse font prodiguerles soins au centrehospitalier universi-taire et dans les dif-férents services desoins des Alpes-M a r i t i m e s(Lacassagne…) enjournée (chimiothé-rapie, opérationslégères etc…) etdorment à la

Maison des Parents.En 2011, ce sont plus de 2 900 nuitées qui ontété réalisées au sein de la Maison desParents pour un tarif unique de 10 euros parnuit et par personne. Les partenariats autourde ce projet se développent et le nombre dedemandes d’hébergements augmentent…rendant l’extension de la maison indispensa-ble.Après avoir réuni plus de 450 000 euros(financés par des partenaires publics, desfondations, des entreprises et des donateurs

individuels), la Maison des parents sera dotéeen 2013 de 6 nouvelles chambres au seind’un autre étage du 10 avenue Malausséna.Dès juin 2013, 30 personnes pourront êtrehébergée dans ce lieu dédié à l’entraide et àla solidarité. Avec ses 4 salariés, l’association continue dese développer et de proposer de nouveauxservices. Elle souhaite aujourd’hui dépasserle statut de l’association loi 1901 en mettanten place un statut juridique méconnu et peuutilisé dans le département : celui de Sociétécoopérative d’intérêt collectif (SCIC). Humanisme. Une SCICregroupe en son sein, usagers,salariés et collectivitéspubliques mobilisés autourd’un projet économique d’utilitésociale au service du territoireet géré selon une véritabledémocratie économique.Si la Maison du bonheur a faitce choix c’est notamment pourmieux remplir ses missions et s’attaquer àune autre question centrale dans la vie desfamilles fragilisées par la maladie : le droit aurépit. Car, comme l’explique Christine, « lesfamilles ayant un enfant ou un adulte malade,en dehors des périodes de soins, éprouventle besoin de se ressourcer, de vivre un tempsléger, ludique, dans un lieu en dehors del’univers médicalisé ».En accord avec les maires de Menton etFontan, la Maison du bonheur va bénéficierd’un lieu exceptionnel pour mener à bien son

projet : le Château de la Causega. Niché aucœur de la Vallée de la Roya, cet espace offri-ra 900 m² habitables et 2 hectares de terrain.Si ce château sera dédié aux familles, il auraégalement un impact sur le développementéconomique local. Car, pour ChristineScaramozzino et son équipe, un tel projet nes’envisage pas sans la mobilisation de toutesles énergies et de tout les savoir-faire exis-tants dans les vallées de la Bevera et de laRoya. Avec cette initiative, de belles perspectivess’ouvrent pour l’équipe de la Maison du bon-

heur, pour les familles et pour leterritoire des Alpes-Maritimes. En discutant avec ChristineScaramozzino, elle cite EdgarMorin : « Nous sommes aujourd’huidans une mondialisation contra-dictoire : les progrès fantastiquesde la mondialisation techno-éco-nomique suscitent, mais aussi

étouffent, une mondialisation citoyenne ethumaniste ».On lui répondra, enthousiaste, que tant quedes projets comme celui de la Maison du bon-heur existeront, il restera un espoir pour unemondialisation citoyenne et humaniste.

Thibault DINGREVILLEet François FAMELI

Plus d’informations sur :www.maisondubonheur06.com

UUnn eessppooiirrppoouurr uunneemmoonnddiiaalliissaattiioonncciittooyyeennnneeeett hhuummaanniissttee

UUnn lliieeuudd’’hhéébbeerrggeemmeennttàà mmooiinnddrree ccooûûttppoouurr lleess ffaammiilllleesseett lleess pprroocchheessddee ppeerrssoonnnneessmmaallaaddeess

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• Jusqu’au 6 décembreRencontres de l’ESSLes premières rencontres de l’ESScoordonnées par la Communautéd’Agglomération Pôle Azur Provence.

• 20 novembre -La Roquette sur SiagneCafé-débat public« Pourquoi habiter autrement ? »Echange avec les habitantsde la communauté d’agglomérationde façon à faire émerger les représentationssur ce thème et partagerdes pistes d’actions.Lieu : Piste d’Azur, 1975 Avenue de laRépublique, 18h-22hOrganisateur : Mémoire à Lire Territoireà l’Ecoute, [email protected] public.

• 21 novembre - GrasseAtelier “Commentet pourquoi habiter autrement ?”Atelier débat avec les bailleurs sociaux, par-tenaires institutionnels et associatifs du terri-toire sur «habiter autrement » tourné notam-ment sur la question du vieillissementde la population, de la place des jardins etde l’importance des coopérations.Lieu : Le Mas du Calme, 51 chemin de laTourrache, 9h30-12h30Organisateur : Mémoire à Lire Territoireà l’Ecoute, [email protected] invitation.

• 4 décembre – Mouans-SartouxForum régionaldes initiatives solidaires

Repenser le rapport à l’économie et à la soli-darité invite à réinventer le rapport au territoi-re. Echange et débat sur le potentielde développement des territoiresporté par l’économie solidaire.Lieu : Salle Léo Lagrange, 9h-18h.Organisateurs : Réseaux des Piles,Communauté d’Agglomération PôleAzur Provence, EPCI, Apeas [email protected]ée libre, inscription recommandée.

• 6 décembre - GrasseJournée Environnementet SolidaritésJournée de sensibilisation organisée au seindu lycée par et pour les élèves.En soirée, conférence-débat sur le thèmede l’ESS, suivie d’un repas coopératifet solidaire à prix libre.Lieu : Lycée Tocqueville, 9h-21h.Organisateur :Lycée Tocqueville - [email protected]ée libre, tout public en soirée.

• Jusqu’au 20 décembre - NiceCycle d’ateliers collectifsdu PILES 06Un accompagnement collectif complété derendez-vous individuels pour positionnervotre initiative dans une démarched’économie solidaire et formaliser vos idéesavec des outils méthodologiques de montagede projet.Lieu : 38, rue dabrayOrganisateur :Piles 06 - [email protected] inscription

• 23 novembre - NiceLa formation professionnelleet l’ESSVous souhaitez connaître les offresde formations professionnelles dans l’ESS ?Venez rencontrer et échanger avec lesacteurs locaux et découvrir les offres de ser-viceà votre disposition.Lieu : Consultez le site www.claie06.orgOrganisateurs :CLAIE, RLA 06 - [email protected] inscription

16 et 24 novembre - Valbonne1ères rencontres de l’ESSà Valbonne Sophia Antipolis

• 16 novembre - Sophia AntipolisAtelier débat sur la FinancesolidaireDédié aux entreprises, comités d’entrepriseset organisations syndicales du territoire,cet atelier permettra de mieux comprendreles enjeux de l’épargne salariale.Lieu : MEDS, Arep Center,1 tr. des Brucs, 10h -12h.Organisateurs : CRESS PACA, Macif,Finansol, Nef, MEDS, Crédit Coopératif- [email protected] - [email protected] inscription

• 24 novembre - ValbonneJournée d’échangeset de partages en présence de structuresde l’ESS pour permettre aux visiteursde découvrir de manière ludique leursvaleurs et particularités : stands

d’information, conférences /débats, projections de !films,animations etc.Lieu : Salle «Le pré des arts»,Valbonne Village, 10h-17h.Organisateurs : Mairie de ValbonneSophia-Antipolis, Air LibreEchange, AMAP Désir de Bio, AVIE,AHPSA, Chambre des Métiers etde l’Artisanat 06, CLAIE06, CRESS PACA,TRAVISA, MEDS, Mission LocaleSophia Antipolis, NEF, PECOS 06, ELIA,MACIF, Finansol, COORACE- [email protected]ée libre

• 5 décembre -Mandelieu La NapouleGouvernance participative :un levier pour l’emploi durableLa Gouvernance participative :pourquoi pas dans votre structure ?Que vous soyez bénévole, salarié, bénéficiai-re, partenaire, venez découvrir 10 expérien-ces de gouvernance participativequi ont pu être possibles grâceà un projet d’échange européen.Lieu : CROS Côte d’Azur,809 bd des Ecureuils, 9h30-17hOrganisateur : CLAIE, HENNION Fanny -Tél. 04 97 07 34 49Sur inscription

Programme du mois de l’ESS dans les Alpes-Maritimes

Consommer équitableProduits de beauté et alimentaires, colliers, sacs, écharpes… tout doit retrouver un sens dans la boutique d’Artisans du Monde,

située rue Amiral de Grasse à Nice. Elle vient d’être complètement repensée. Le but ? Faire rimer engagement solidaire avec consommation.

Bruno Georges, le président del’association Artisans du mondedans les Alpes-Maritimes, enparle sans complexe : « Nous nepouvons pas nous déconnecterdes techniques de marketing et ilfallait absolument casser l’imagemiteuse du commerceéquitable ». Alors, tous les béné-voles se sont mis à l’œuvre, lemagasin a été repeint et a doubléde surface. « Nous avons desproduits de qualité et nousdevons montrer qu’ils sont beauxet faits avec amour », explique-t-il. Dans une ville où le prix du mètrecarré en centre ville atteint desprix exorbitants, les militants del’association ont dû se contenter,depuis quelques années, de celocal un peu excentré. L’esprit etla philosophie des lieux méritentlargement le détour. Les mili-tants, mais aussi les habitants duquartier, sont les principauxacheteurs aujourd’hui. Le commerce équitable, qui estné dans les années 60, a connuune embellie depuis les années2000. Malgré les difficultés devisibilité de la boutique, les habi-tants du quartier et les militantsse sont approprié le lieu et ontcontribué à son développementpetit à petit.

LL’’hheeuurree dduu cchhaannggeemmeenntt.. Un sondageréalisé en 2010 par la Sofres a démontré quela filière commerce équitable est certesconnue et appréciée mais de sérieux effortsde communication et pédagogie sont encorenécessaires à son développement. Alors, àl’association, tout le monde met la main à lapâte afin de mettre en œuvre les nouvelles

directives de la Fédération nationale quiessaie de tirer des leçons. La barrière principale, d’après l’enquête,serait les prix, de 10 à 30% plus chers que lesproduits courants. Bruno Georges le reconnaitmais constate que les prix ne sont pas pluschers que ceux pratiqués dans les magasinsBio. Dans les boutiques de l’association, lalogique du profit à tout prix est bannie, car le

système est un moyen d’équilibrer les échan-ges entre les pays du Nord et du Sud. Le butétant d’assurer, entre autres, une juste rému-nération du travail des producteurs les plusdéfavorisés, garantir le respect des droits fon-damentaux des personnes et de favoriser lapréservation de l’environnement.Avec la crise, les ventes ont baissé et BrunoGeorges a une explication pour cela : « Lesgens font plus attention. Beaucoup achètent

le Bio, c’est une question desanté, mais le commerce équi-table c’est pour l’autre. Ce n’estdonc pas une priorité ». Un autre constat du militant,« beaucoup préfèrent acheterles produits en grande surfacemais ce qu’il faut savoir c’estque ces magasins font du com-merce équitable dans un soucid’image mais pas du tout parconviction ni philosophiecomme c’est notre cas ».Bruno Georges n’apprécie pasles remarques de ceux qui lespointent du doigt parce qu’entemps de crise ils soutiennentdes projets à l’étranger au lieude soutenir l’économie locale : «Soutenir l’économie du sudc’est également éviter les délo-calisations chez nous. En don-nant l’opportunité de produire etde gagner sa vie convenable-ment chez soi évite égalementl’immigration », précise-t-il. Aujourd’hui, le commerce équi-table s’est imposé comme unsystème d’échange solide, voiremême une véritable alternativeaux règles économiques libéra-les. C’est pourquoi il est impor-tant pour l’association de fairepasser le message très rapide-ment. L’enquête avait égale-

ment démontré que le consommateur avaitbesoin de plus d’informations et de clartépour choisir ses produits. Information et péda-gogie sont donc à l’ordre du jour et les maga-sins d’Artisans du monde s’attèlent volontiersà la démarche !

Lidice BUSOTPour tout contact : 04 93 16 86 50

L’équipe des bénévoles d’Artisans du monde vous invite à consommer équitabledans la boutique de la rue Amiral de Grasse à Nice.

économie sociale solidaire

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mouvement

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CONTRIBUTION

u 31 octobre au 7 novembre dernier,j’étais en mission dans la partie kurde dela Turquie dans le cadre d’une mission del’ANECR (Association nationale des éluscommunistes et républicains) avecDominique Adenot, notre Président,Michel Billout, sénateur de Seine etMarne et Pierre Trapier, maire de Porteles Valence.Nous avons passé 6 jours sur place etsommes allés à Diyarbakir, Batman etAnkara. Nous avons pu recueillir de nom-breux témoignages. Avant de vous faire part de mon ressenti,je voudrais rappeler quelques élémentspour aider à comprendre la situation dupeuple kurde. Ce dernier revendique sonautonomie et le respect de ses droits fondamentauxdepuis les lendemains de la 1ère guerre mondiale. Eneffet, lors du Traité de Sèvres en 1920, la création d’unEtat kurde situé à cheval sur les frontières actuelles de laTurquie, de l’Irak, de l’Iran et de la Syrie avait été actéemais la proclamation de la République turque en 1923 mitfin au beau rêve kurde.Depuis lors, l’histoire de la Turquie est émaillée de soulè-vements des Kurdes qui revendiquent le droit de parlerleur langue et de faire vivre leur culture. Autant de chosesimpossibles dans un Etat dont la devise est : un seul terri-toire, un seul peuple, une seule langue. Dans les années 80, la lutte s’est radicalisée avec la gué-rilla armée menée par le PKK qui a fait de nombreuxmorts de part et d’autres.L’arrivée au pouvoir, en 2002 de l’AKP avait donné lieu àquelques promesses et le peuple kurde avait pu espérerune solution. L’AKP a même remporté un certain nombrede succès dans les villes kurdes aux élections de 2007mais les espoirs ont vite été déçus. Et aux élections de2009, le parti kurde a de nouveau renforcé ses positions.En conséquence de quoi, des vagues d’arrestations sansprécédent se sont abattues sur les kurdes. Et depuis lors,la répression a été quasi permanente.Aujourd’hui environ 10 000 prisonniers politiques se trou-vent dans les prisons turques. Nombre de ces personnesattendent leur procès depuis des mois, parfois elles peu-vent attendre jusqu’à 4 ans sans la moindre mise en exa-men. Certains ne savent même pas pourquoi ils ont étéarrêtés. L’impression globale que nous avons eue est que la justi-ce fonctionne de plus en plus mal. Un avocat nous a dit

qu’il avait l’impression que la plupart dutemps les juges ne les écoutaient pascomme s’ils étaient seulement là pourmettre des sanctions sur les preuves quela police leur amenait. Beaucoup d’arrestations reposent sur desdénonciations ou des écoutes télépho-niques. Nous avons rencontré le pèred’une jeune fille, en grève de la faimdepuis 58 jours, arrêtée en avril 2010 surla base d’une dénonciation sans possibili-té de la moindre confrontation avecl’auteur de la dénonciation. Nous avonsaussi rencontré le frère d’un jeunehomme, lui aussi en grève de la faim,arrêté dans le cadre d’une opération mili-taire. Ce jeune homme a subi 42 jours de

torture aux termes desquels il a « avoué » et a étécondamné à 33 ans de prison. Les écoutes téléphoniques sont généralisées. Tout estprétexte à incarcération. Nous avons reçu le témoignaged’une jeune fille emprisonnée parce qu’elle avait donnérendez-vous à une amie pour prendre un thé. “Prendre unthé”, c’est soi-disant un code pour aller à une réunioninterdite. Donc on est accusé de complicité de terrorisme.Ce ne sont là que quelques exemples de ce que nousavons entendu. Sur ces 10 000 prisonniers politiques, 6 000 le sont dansle cadre d’un seul procès, celui dit du KCK. Ce sont majo-ritairement des Kurdes, mais pas seulement : de plus enplus, l‘ensemble des progressistes et démocrates sont misen accusation. Il y a actuellement 2 000 étudiants en pri-son, des dizaines de journalistes, d’avocats, beaucoup desyndicalistes notamment enseignants. Et parmi eux, envi-ron 200 élus : conseillers régionaux, conseillers munici-paux, maires et 6 députés. Tous démocratiquement élus etleur parti, le BDP, est un parti reconnu qui siège auParlement turc. Comment s’étonner que la population kurde se sente deplus en plus abandonnée notamment par les Européens.Le mouvement de grève en cours dans les prisons auquels’agrège un mouvement de solidarité de plus en plus fortest comme un cri de désespoir auquel nous devonsrépondre.Ce que vit le peuple kurde est totalement insupportable.Nous devons casser le mur du silence.

Marie-Christine VERGIAT,Députée européenne

EN DIRECT DE L’EUROPE

Marie-Christine Vergiat

A propos de la rédactionde la base communepour le 36ème congrès du PCF.Notre conseil national vient de proposer un « Humanifeste duPCF à l’aube du siècle qui vient ». Un appel destiné au peuplefrançais, aux peuples d’Europe et du monde ; de l’audace, pour-quoi pas !Mais alors, me semble-t-il, au moins pour notre pays, l’appelmériterait plus de fondement théorique afin que le positionne-ment, l’argumentaire et les initiatives d’action des communistessoient plus précis et le changement de société clairement défini.Au moment où la crise du capitalisme et ses conséquences éco-nomiques, politiques et sociales sont exacerbées et alors quedepuis plusieurs décennies les dirigeants sociaux-démocratesont abandonné l’idéal du socialisme et la notion de la lutte desclasses, quel est notre projet de société ? Est-ce-que notremanifeste adressé aux peuples ne devrait-il pas porter loin surle vivre ensemble – sans pour autant dresser un catalogue -,mais partant des besoins et intérêts particuliers des différentescatégories et classes sociales, faire converger leurs revendica-tions en autant de fronts de luttes et de structurations politiqueset idéologiques en rupture avec les institutions existantes ?En effet, si 98% des classes et catégories sociales qui compo-sent le peuple sont victimes des oligarchies financières, le textede la base commune sous prétexte que «…les partis dominantsles opposent entre elles et opèrent des choix et des allian-ces… », ne peut s’en tirer par « ce n’est pas notre concep-tion…nous voulons parler à toutes et à tous en faisant émergerle bien commun. » La classe ouvrière fragmentée, les employés,les techniciens, ingénieurs et cadres précarisés sous les pres-sions quotidiennes de la rentabilité financière et du contrat detravail, l’entreprise artisanale, les PME-PMI, la petite paysanne-rie et ses exploitations familiales, les catégories sociales margi-nalisées dans le non-travail… ne peuvent pas, à mon avis,n’entendre qu’un discours sur l’intérêt général. Il y a besoin depropositions concrètes pour les situer, avec sécurité et dignité,dans un rassemblement populaire majoritaire, politique et idéo-logique, pour enclencher le dépassement du système existant etdécadent. Par exemple, concernant la grave question dans nosquartiers de populations paupérisées et assistées, comment, àl’initiative des communistes et de leurs élus, ouvrir des ateliers,structures et chantiers publics pour embaucher et former les jeu-nes sans perspective d’avenir et des adultes sans travail avantqu’une droite radicalisée, non plus avec des chemises noires oubrunes d’une autre sinistre époque mais avec des chemisesbleu – marine, ne les enrôlent dans un fanatisme factieux.En France, déclare la base commune « le clivage droite-gauchecontinue de structurer l’électorat… ». Hélas, à la manière anglo-saxonne, c’est-à-dire deux forces, majoritaires dans des structu-res institutionnelles créées sur mesure, installées aux comman-des à tour de rôle sans grandes différences fondamentales surla société et son évolution. Après la Grèce, l’Espagne, l’Italie etbien d’autres, nous faisons nous-mêmes une nouvelle expérien-ce mais cette fois grosse de dangers extrêmes et de régressionsdémocratiques et sociales.N’est-ce-pas au PCF de lancer une visée nouvelle comme« Pour une révolution citoyenne, un socialisme autogestionnaireà la française » ?A la timide proposition d’une « coopérative » à l’échelon natio-nal, est-il utopique de proposer en tous lieux des « conseilscitoyens » se mêlant progressivement des revendications, de lagestion et de l’administration de tous leurs lieux de vie et de tra-vail ainsi que des affaires nationales et européennes et basespremières d’une démocratie nouvelle? Est-il utopique que descommunistes aident à la création de structures de coopérationsinterprofessionnelles (secteurs publics –PME-PMI-coopérativesouvrières et agricoles) ?Concernant l’Europe, les partis communistes et les forces pro-gressistes, aux rencontres forums décrites dans la base com-mune, ne devraient-ils pas proposer aussi un manifeste pourune « Europe démocratique des nations » rompant avec celle ducapital, transformant l’euro en monnaie commune, plaçant laBCE sous contrôle politique, une Europe engageant coopérationet solidarité internationaliste dans le monde ? Pourquoi, en cesmêmes lieux, le PCF ne proposerait-il pas la création d’uneinternationale des forces progressistes et révolutionnaires dumonde, ouverte à l’échange d’expériences et coordonnant unesolidarité internationale des peuples ?Enfin, n’est-il pas envisageable que les mêmes partis commu-nistes et forces progressistes d’Europe puissent créer une radio- télévision et agence d’informations sur notre continent pourcontrebattre l’hégémonie idéologique et culturelle des tenantsdu capital ?Nota-bene : Dans nos écrits et notre presse bannir les mots :classe politique, gouvernance, plan social… De même ne peut-on pas sortir du « volapuk » (comme le réclamait le général DeGaulle) dans notre base commune adressée à des pékinscomme moi avec des termes comme « open source hardware »,« hackers », « makers » et autres « Fab lab » ?

Louis Broch.

De retour de Turquie,je veux témoigner

Diyarbakir

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mouvement

AAggeennddaa cciittooyyeennVendredi 16 novembreRéunion Café libertaireLe Collectif Anarchiste des Alpes-Maritimesdébattra sur le système économique/politiquepour défendre la planète. La question d’un régi-me capitaliste compatible avec une productionpropre sera étudiée. Une réunion publique surl’écologie, au centre des préoccupations.19h30 à la Zonmé de Nice

Vendredi 16 novembreRégion et monde associatifRendez-vous incontournable en PACA, lesRencontres régionales de la vie associativefont escale à Nice sous le signe du partenariat,initié depuis de nombreuses années, entre laRégion et les acteurs du mouvement associa-tif.Nul doute que les représentants de la collecti-vité seront interpellés sur les mesuresd’austérité budgétaire qui grèvent les moyensdes associations et parfois menacent leur sur-vie.Elus et responsables des services concernésseront là pour apporter des réponses...Vendredi 16 novembre 2012 à 18h Antennerégionale des Alpes-Maritimes. Nice

Mardi 20 novembreCercle du silence Un cercle de silence exceptionnel est organisépour la journée internationale des Droits del’Enfant. Place Masséna à Nice - 18h30

Jeudi 22 novembreSituation en SyrieLe « Comité pour une nouvelle Resistance-CNR » organise une conférence sur la situa-tion en Syrie, Ayssar Midani présidente d’uneassociation culturelle euro-syrienne présenterala situation en Syrie et son histoire.De 19h à 21h à la Maison des Associations deNice/centre dans le vieux Nice.

23 et 24 novembreCollecte Banque alimentaireLes produits collectés seront intégralementredistribués aux démunis du département àtravers le réseau des 107 associations humani-taires et CCAS partenaires de la BanqueAlimentaire. Collecte organisée dans 80 maga-sins des Alpes Maritimes pour solliciter lagénérosité des clients.

Samedi 24 novembre 12 Débat sur les CPA la suite du vote actant le passage de la ligneen régie publique (lire aussi p7), le syndicatCGT des Chemins de fer de la Provence orga-nise un débat public à Puget-Théniers. « Noussouhaitons, explique le syndicat, débattre denos propositions avec l’ensemble des usagers,des acteurs et des élus politiques des villageset collectivités traversés par la ligne. Enrichir,débattre, et construire avec les populations ettout le sens de la démarche de notre syndi-cat. »À Partir de 17 heures à la salle Miss Pell àPuget-Théniers.

Du 28 novembreau 2 décembreFoire aux livreset aux disques à St Roch.Les communistes de Nice Est organisentleur annuelle foire aux livres à St Roch Un très grand choix et des petits prix.Elle aura lieu : Les mercredi 28 novemb-re, jeudi 29 et vendredi 30 de 9h à 18h.Et les samedi 1er décembre et dimanche2 de 9h à 12h30.A « l’Espace citoyen » 2 Place St Roch.(Tel : 04 93 55 09 84)

AAggeennddaa ppoolliittiiqquueeSamedi 17 novembreDébat sur La TrinitéLe Front de gauche organise une conférencede presse et invite la population à débattre surle thème : « Quelles grandes orientations pour

La Trinité ? » A cette occasion, les porte-paro-les du Front de gauche pour cette campagneseront présentés. A 11 heures, à l’Espace citoyen, 82 bd Généralde Gaulle. Pour clôturer cette réunion, le beau-jolais nouveau sera servi aux participants.

Mercredi 21 novembreDébat sur le Front de gaucheLe Comité FRONT DE GAUCHE Nice Nord-Libération invite à un débat sur la situationdans le pays, la place du Front de Gauche et lerôle des comités. « Que faire et comment lefaire ? »Venez en débattre Mercredi 21 Novembre à 18heures 30, salle de la F.S.G.T., rue Smolett.

Jeudi 22 novembreRencontre départementaledes conseillers régionauxFront de gaucheLes élus du groupe Front de Gauche auConseil Régional PACA vous invitent àvenir échanger autour des grandes pro-blématiques du territoire et du prochainbudget régional.Jeudi 22 novembre à 18h30 Salle duConseil Municipal Mairie de Drap

Vendredi 23 Novembre à 18h30 Rencontre avec Éliane Assassi,Présidente du Groupe Front deGauche au SénatVenez nombreux débattre avec la sénatrice quise trouve en première ligne dans l’actualitéautour du budget, des plans de financement,du rapport Gallois...Elle fera connaître la position et les proposi-tions des sénateurs PCF et Front de gauchesur les grands dossiers qui nous concernenttous : emploi, pouvoir d’achat, industrie, sécu-rité sociale...23 novembre - 18h30 Hôtel Campanile à NiceEn face de l’aéroport

Mardi 27 novembreMains brunes sur la villeL’Union des Etudiants Communistes de Niceorganise en collaboration avec le PartiCommuniste Français la diffusion du film Mainsbrunes sur la ville. Ce film réalisé par BernardRichard montre quelle est la gestion opéré pardes élus d’extrême droite à travers l’exempledes villes de Orange et Bollène.Suivi par un débat avec la secrétaire départe-mentale du PCF Vaucluse Fabienne Haloui quiest immergée dans les terres du coupleBompard et celles de Marion Maréchal LePen : “Comment faire reculer l’influence del’extrême droite?”A partir de 18h30 - Faculté des Lettres CarloneEntrée Libre (Accès ligne 22 - arrêt Faculté desLettres)

AAggeennddaa ccuullttuurreellVendredi 16 novembreCinézarbiOuverture du cycle « Sexe... » avec le film Del’eau tiède sous un pont rouge de ShoheiImamura. La rencontre avec une femme fontai-ne... dans une fable sensuelle et drôle sur leplaisir et la jouissance. Suivi d’un documentai-re sur Tout ce que vous avez voulu savoir sur lesexe féminin. à 20h Local des Diables Bleus au 29 route deTurin Nice Est - Tramway arrêt Vauban. PAF 3euros - Petite restauration et bar sur place

Lundi 26 novembreLundi c’est comédie !L’association Cannes cinéma continue ses« Lundi c’est comédie ! » Et en attendant lesRencontres cinématographiques de Cannesen décembre et qui auront cette année pourthème l’Italie, une comédie italienne cultissimeLe Pigeon de Mario Monicelli. Avec VittorioGassman et Claudia Cardinale.A 19h à l’Espace Miramar à Cannes

Tous les mois, RESF tiendra une chronique dans le Patriote.

Plus jamais ça

Les paroles et les actes Une délégation de RESF a remis une lettreà François Hollande, lors de sa visite àNice, le 22 octobre dernier. Nous y rappe-lions notre demande d’un moratoire sur lesexpulsions et d’une campagne de commu-nication contre le racisme et la xénophobiequi font les choux gras de la droite.La réponse nous est parvenue au momentoù Manuel Valls annonçait une année 2012record… pour les expulsions !Dans sa lettre, le chef de cabinet deFrançois Hollande nous assure que le Chefde l’État « a bien pris connaissance » denos demandes…Il nous informe aussi, cerise sur le gâteau,qu’il a transmis ces demandes à MM Vallset Peillon et que nous serons « tenus direc-tement informés par leur soin de la suite . » On attend donc la suite … Mais les faitssont têtus et on attend la suite avec inquié-tude. - J.C

« Est-ce que c’est normal d’avoirpeur quand on va à l’école ? » Eva, 8ans et enfant de « sans papiers », apeur d’être contrôlée par la police et d’êtreséparée des parents et de ses camardes declasse… de ne pas savoir où dormir lesoir… La France a pourtant signé la charte desdroits de l’enfant en 1989 : « Les Etatss’engagent à respecter les droits de toutenfant… indépendamment de toute consi-dération d’origine nationale, ethnique ousociale… » Des droits à la sécurité, à lasanté, à l’éducation, à la vie en famille…Même en France, même après mai 2012 !Ces droits sont bien peu respectés. C’estpourquoi RESF organise un cercle de silen-ce exceptionnel à Nice-place Masséna, cemardi 20 novembre, à 18h30, à l’occasionde la Journée internationale des Droits del’Enfant. - A.C

Brèves de la détresse ordinaire :l’autre Côte d’Azur - A Nice, une maman ayant réussi à fuir lessévices de son pays avec sa fillette. Sademande d’asile enregistrée lui donne droità hébergement. Refus de l’administrationpendant de longs jours. Enfin un hôtel grâce

à l’acharnement des militants. Au bout de15 jours, changement brutal d’hôtel (alorsque la place est libre) qui éloigne l’enfant deson école où elle était admirablement inté-grée. Refus d’explication.- Un jeune garçon arrivé seul en Franceet recueilli dans un foyer de l’Aide Sociale àl’Enfance où il commence une formation .Le jour de ses 18 ans, mis à la porte sansstatut régulier et sans possibilitéd’apprentissage. Où dormir ? Commentmanger ? Quel avenir construire ?

Sur le vif !Dimanche 11 novembre, 23 heures. Desmembres du DAL06 donnent l’alerte. Desdizaines de personnes, dont un certainnombre d’enfants, se sont installées le longdu Var. La montée des eaux les a surprises.Personne ne s’est déplacé pour une mise àl’abri. Les tentes sont dans l’eau, tout esttrempé, il n’y a plus de nourriture. L… a appelé la police, qui lui a repassé lesmunicipaux, puis le central de la mairie.Impossible d’avoir la préfecture ou le maire,malgré la situation d’urgence.La mairie a répondu qu’ils avaient connais-sance de l’affaire depuis l’après-midi, qu’ilsallaient traiter le dossier, et qu’une actionétait prévue : quand ? Laquelle ? Mystère !En tout cas pas ce soir. Tout le monde estdans l’eau ou sur la route au-dessus, c’estnormal ! Ainsi, dans la 5° ville de France, il sembledifficile de livrer en urgence des couvertu-res à des personnes en danger dehors. -Comité local du DAL

Dans vos agendasSoirée débat avec l’historien YvanGastautJeudi 29 novembre « L’immigration dans les médias français »Comment les médias traitent ils les problè-mes de l’immigration ? Quelle image desmigrants véhiculent ils ? Une soirée ouverte à tous, pour échangeret débattre, questionner nos idées reçueset partager nos savoirs ! A 18h30 à la MSH (Maison des sciences del’homme) de Nice - Campus St-Jean-d’Angély – 3, boulevard François Mitterrand- Nice

Le Réseau Education Sans Frontière existe depuis 2004. Il regroupe associations etcitoyens contre des situations absurdes et insupportables : lycéens scolarisés menacésd’expulsion dès leurs 18 ans, familles enfermées avec leurs enfants dans les centres derétention…, enfants « arrêtés » dans les classes ou à la sortie de l’école, comme des délin-quants…Le collectif 06 organise, depuis 2006 le parrainage des enfants victimes de ces situations.Il participe aux manifestations départementales (forum social, festival du livre à MouansSartoux, journée de la solidarité…) Chaque mardi, place Masséna a lieu un cercle de silen-ce qui porte témoignage. D’autres cercles ont lieu à Grasse ou à Vence.Au total ce sont aujourd’hui plus de 500 personnes qui reçoivent régulièrement nos infor-mations et nos alertes et le combat doit continuer…

Contact : [email protected]

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mouvement

En 2012, dans le cadre du 50e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, les “Amis de la Liberté” publieront chaque mois dans la rubrique“ Il était une fois...” un article retraçant, de la colonisation à l’indépendance de l’Algérie, cette période marquante de notre histoire.

IL ÉTAIT UUNNEE FFOOIISS......

Que peut-on tirer comme enseignement decette période, de cette colonisation françaiseen Algérie ? Je laisserai cette partie aux his-toriens qui ont déjà beaucoup écrit ou pasassez.Mais je ne peux pas ne pas rappeler quelquesdates et faits historiques. Le 16 mai1830, 500 navires et 37000 hommespartent de Toulon et débarquent le 14juin en Algérie et obligent, le 5 juillet,le Dey d’Alger à capituler.A partir de là, tout s’enchaîne. LaFrance sur terrain conquis, continuesa conquête militaire mais trouve unerésistance à partir de 1840. En mai1841 et cela pendant 7 ans une guer-re est menée entre les troupes fran-çaises et arabes. Déjà un siècleavant, les « hostilités » avaient démar-ré.Ce n’est pas dans une guerre qui durapresque 8 ans (1954-1962) que noustrouverons les causes et les explica-tions de la résurgence des thèsesd’extrême droite, de l’apologie durégime colonial et de la nostalgie del’Algérie française.Ces tentatives de ré-écriture del’histoire de la France en Algérie,attendues lorsque véhiculées par leFront National, sont maintenantmenées par la droite classique et auplus haut niveau par le gouvernementprécédent (loi sur les aspects positifsde la colonisation, « musées » del’Algérie française dont la mise enplace est confiée à des associationsde pieds noirs d’extrême droite,légions d’honneur distribuées àd’anciens tueurs de l’OAS, stèles en leurhonneur).C’est dans l’enseignement historique de lacolonisation de l’Algérie que nous pourronstrouver les réponses et trouver une certainesérénité sur ce passé historique entre lesdeux peuples des rives de la Méditerranée.Encore faut-il la bonne option entrel’admiration, comme le proposent les auteursd’un livre récent : « On ne peut qu’admirer cequi a été réalisé par la monarchie de juillet

dans le legs onéreux qu’elle a reçu de laRestauration ; l’ancienne régence d’Alger estdevenue en 18 ans une véritable prolongationde la France » ? Ou soutenir que cetteconquête est totalement contradictoire avecl’idée, affirmée par la 1ère République, selon

laquelle la France, attachée à la paix,n’entretient une armée que pour seule défen-se et n’agresse aucun peuple : qu’elle aconduit à la fiction d’une « Algérie française »qui ne pouvait s’achever, tôt ou tard, que parune reprise de la guerre et l’indépendance ? Enseigner cette histoire implique forcémentun choix entre ces deux options. Choisir laseconde, c’est prendre acte tout simplement,des faits historiques eux-mêmes. Cela conduitaussi à reconnaître que cette guerre de

conquêtes a débouché sur des crimes mas-sifs contre les populations civiles tournant ledos aux principes les plus élémentaires desdroits de l’homme.(extrait « Marianne et lescolonies », page 175, de Gilles Manceron).Il ne faut pas occulter cette partie importante

de l’histoire de l’Algérie sous colonisationfrançaise.Les mémoires des pieds noirs sont multiples,souvent opposées, subjectives et passion-nées. Elles sont toutes empreintes du trauma-tisme du départ, de l’exildans un pays que la plupartne connaissaient pas ; et dece point de vue, peu ou proutous les pieds noirs se sen-tent Algériens, où plutôtenfants d’Algérie.Aujourd’hui, à coté d’uneminorité d’excités, enfermésdans une nostalgie absurdede l’Algérie française, et quisont entretenus dans cetesprit, il faut bien le dire, par les politiquesmenées depuis trop longtemps en France,tant au plan gouvernemental que local, à cotédonc de ceux-là, les pieds noirs cessent pro-gressivement de se réfugier dans la victimisa-tion et le ressentiment. Il s’agit d’aider lespieds noirs, de nous aider à aller vers un apai-sement, une décrispation de ces mémoires.Les travaux des historiens y contribuent.C’est pourquoi aujourd’hui encore, se battrecontre ces falsificateurs de l’histoire, ces nos-talgériques et leurs alliés politiques, va plusloin que leur simple dénonciation ; c’est sebattre pour la paix, la réconciliation, l’amitiéentre les peuples. Il faut lutter contre le racisme et la xénopho-bie, tel qu’ils s’expriment à l’égard de nos

compatriotes d’origine algérienne et desimmigrés maghrébins, tel qu’ils s’exprimentdans nos villes et nos quartiers, tels qu’ilssont alimentés. Cette agitation sur le passés’accompagne de campagnes racistes etxénophobes inacceptables, qu’il faut dénon-

cer et combattre.Il faut porter témoignage et militerpour l’écriture (par les historiens)d’une histoire lucide et dépassionnéede la France en Algérie ; œuvrer à laréconciliation des deux pays, cultiverl’amitié entre les peuples des deuxrives de la Méditerranée. Ces pointsimportants doivent enfin traduire dansle vécu politique et social que la guer-re d’Algérie est finie !La campagne menée par le précé-dent gouvernement français est évi-demment reçue en Algérie commeune agression, et le pouvoir algérienne fait rien pour calmer le jeu. Aucontraire, il développe un discoursréciproque au discours français, exi-geant par exemple et avant toutdébat, la repentance des crimes com-mis pendant la colonisation ; tout ensachant bien que ceci ne peut êtrereçu de l’autre coté de laMéditerranée (se repentir, comme onva à confesse !, comment les piedsnoirs, dont la grande majorité étaientde pauvres gens, pourraient-ilsl’accepter, alors qu’ils ont plus été desvictimes que des bénéficiaires durégime colonial ? ). Il faut que soit affirmée une réellevolonté politique de réconciliationavec l’Algérie, seul moyen de faire

cesser les surenchères réciproques entre lesdeux Etats ; favoriser les collaborations et lespasserelles en terme de recherche (en histoi-re notamment), de culture, de santé,

d’éducation, d’économie bien sûr,etc.Réunie en assemblée générale le 6octobre 2012 à Toulouse,l’Association des Pieds NoirsProgressistes et leurs Amis (ANPN-PA, créée le 8 novembre 2008)insiste pour que soit mise en œuvreune politique nouvelle, permettant laréconciliation de la France etl’Algérie, le renforcement de l’amitiéentre les deux peuples et la cons-truction d’un avenir qui leur soit

commun.Les cinquante années de relations entrel’Algérie indépendante et la France n’ontjamais été bonnes, marquées par un jeu sté-rilisant de surenchères politiques réciproques.Nous demandons au Président socialiste dela République, et à son gouvernement, des’engager dans une voie nouvelle qui rompeavec cette pratique, en prenant des initiativespolitiques positives et fortes vers l’Algérie.Premier pas dans cette ouverture, la Francedoit dès aujourd’hui reconnaître le fait colonialet les crimes qui l’ont accompagné durant 130ans.

Modeste ALCARAZMembre de l’ANPNPA

algérois d’origine européenne

50 ans passéset les années à venir

1962, deux dates : 19 mars, cessez le feu d’une guerre qui ne voulait pas dire son nom,5 juillet indépendance de l’Algérie, colonisée pendant 130 ans.

““IIll ffaauutt qquueessooiitt aaffffiirrmmééeeuunn rrééeelllleevvoolloonnttééppoolliittiiqquuee ddeerrééccoonncciilliiaattiioonnaavveecc ll’’AAllggéérriiee””

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mouvementGRÈCE

Réveiller les solidaritésEntretien avec Marie Lavrentiadou de l’Université d’Athènes.

Présidente du Comité Grec de Solidarité internationale, membre du Comité exécutif du Réseau Euro-méditerranéendes Droits de l’Homme, Marie Lavrentiadou a fait ses études à la Sorbonne. Elle enseigne les politiques urbaines

à l’Université des sciences sociales et politiques d’Athènes.Invitée du Festival TransMéditerranée, elle avait, au cours d’une conférence à Grasse,souligné l’importance pour les peuples européens de développer des actions solidaires.

Les manifestations de ce 14 novembre lui donnent raison.

D’abord quelques chiffres, quelques ima-ges pour résumer la situation dramatiqueque vivent les Grecs.Un Grec sur cinq vit en dessous du seuil depauvreté. Le PNB a baissé de 20%. Les salai-res et les retraites ont été diminués de 30%.On compte 25% de chômeurs dont 54% chezles jeunes et ce sont des chiffres officiels quine reflètent pas les chiff-res réels. Les jeunesGrecs n’ont qu’une idéeen tête : partir. Le budgetdes hôpitaux a étéamputé de 40%. Parfoison ne trouve même plusd’aspirine en pharmacie.Les gens ont peur del’hiver qui arrive : ne paspouvoir se chauffer, nepas pouvoir se soigner.On ne sort plus le soircomme avant. On n’aplus accès aux loisirs. Lenombre de suicidesexplose.

En quoi la Grèce est lelaboratoire de la ges-tion de la crise du capi-talisme en Europecomme vous le dites en même temps quede nombreux observateurs et analystes ? On y étudie les capacitésde résistance. La Grèceavait un puissant mouve-ment social, anti impérialis-te et solidaire. Le gouver-nement grec qui appliqueles Traités européenscontinue d’affaiblir sescapacités en remettant encause violemment toutes les structuressociales.C’est ce qui s’est produit, dans le passé, enEurope de l’Est : la chute des régimes ditssocialistes et l’avènement du néo-libéralismese sont accompagnés de la destruction bruta-le du système social.Les objectifs de la classe dirigeante grecquesont les mêmes que ceux de la troïka euro-péenne : diminuer le coût du travail et déman-teler le droit du travail. On remet en cause lesconventions collectives. On baisse les retrai-tes, les allocations familiales et sociales(familles nombreuses, troisième enfant…) lesindemnités de licenciements, les allocationschômage. Il est même question de réduire lessalaires des jeunes de moins de 25 ans,d’aligner le SMIC sur celui de l’Europe de l’Estet d’allonger la durée hebdomadaire du tra-vail. Tout cela pendant que le patronat péren-nise ses profits. Le démantèlement du secteurpublic va se poursuivre avec la suppressionde 15 000 postes de fonctionnaires et lesplans de privatisation notamment dans le sec-teur de l’énergie. Mais, les citoyens sont desêtres humains pas des chiffres !

Dans ce contexte l’extrême droite ramassela mise?Un groupuscule nazi, Aube Dorée, s’est trans-formé en force électorale non négligeable. Sacible, n’est pas que les immigrés, mais tousles milieux populaires. Il s’implante dans lesquartiers. Il recrute aussi des immigrés ouréfugiés dans ses rangs, et les montent cont-re les autres. Il divise les pauvres entre eux.Et les stigmatise comme la cause de nos pro-blèmes. Nos dirigeants utilisent cette violence

et la mettent sur le même plan que la contes-tation sociale.

La conjoncture géopolitique dans larégion méditerranéenne n’arrange pas leschoses.Les mouvements et transitions en cours auSud de la Méditerranée notamment dans lemonde arabe ont des conséquences humani-

taires très sérieuses.Ainsi face à l’exode despopulations syriennes,l’UE veut fermer sesfrontières et ne parleplus d’accueil mais de« refoulement ». Et puis,l’OTAN prépare unenouvelle guerre auMoyen-Orient. Tout celajoue dans la crisegrecque. Le gouverne-ment va agiter le dangerextérieur.Pour nous, cela sera dif-ficile de lutter sur deuxfronts : intérieur et exté-rieurOn a observé de grandschangements dans lazone euro méditerra-

néenne. Il n’y a plus d’asymétrie Nord-Sud : ledéveloppement, les libertés et les droits del’homme au Nord, l’inverse au Sud. En

Espagne, on réprime durement lesmanifestations, on restreint chaquejour les libertés, on attaque lesdroits. Même chose et pire en Grèceoù la situation des droits del’homme est catastrophique. Il suffitde se référer au dernier rapportd’Amnesty qui fait état de détention

arbitraire, de torture. Les agressionsd’immigrés, la chasse à l’étranger sont quoti-diennes, et sont effectuées en collaboration

entre la police et les néofascistes.

Comment les gens, les mouvements poli-tiques et associatifs résistent-ils,s’organisent-ils ? Notre Comité ne se limitepas à l’assistanat mais àaider les gens à entrerdans les luttes, à êtreactifs. Nous organisonsdes parrainages d’enfantspour les inscrire à la crè-che, à la cantine, au sou-tien scolaire, pour aider aufinancement du chauffage dans les écoles…Pour nous, la priorité ce sont les lieux de tra-vail et de vie.Les gens doivent se syndiquer et militer, passeulement avoir leur carte. On a seulement10% de syndicalisation en Grèce. Les lieux oùvivent les gens, les quartiers, la proximité,c’est aussi très important. On a créé beau-coup de comités populaires dans les quar-tiers. Là on est en contact avec la femme aufoyer, avec le chômeur, avec le travailleur. Unexemple : l’Etat a voulu imposer une taxed’habitation élevée incluse dans la factured’électricité. Dès les mises en demeure, ons’est mobilisés. On a bloqué l’accès auxemployés de la compagnie d’électricité. On aempêché les coupures, on a organisé desrencontres entre syndicalistes et employés.Les premiers mouvements de solidarité sontnés dans les quartiers d’Athènes à cause decette taxe.

Y a-t-il des perspectives pour une alterna-tive au changement ? Le grand espoir c’est la jeunesse. Elle n’estpas encore révoltée, pas résignée, mais per-plexe, elle observe. Elle est dansl’expectative. Le problème, c’est que les partistraditionnels, ceux du bipartisme sont toujourslà, avec leurs alliés de la « gauche » dite

modérée. Cela crée des confusions dans latête des gens.

Et Syriza ?Le mouvement d’Alexis Tziprasest en train d’examiner sa trans-formation de coalition en Parti.Cela va poser des problèmes, carquelle tendance de Syriza va-t-elle l’emporter ? Celle de la vraiegauche ou social démocrate ?Les communistes essaient demobiliser pour que les gens parti-cipent au mouvement et aux lut-

tes sociales car ils considèrent qu’il ne suffitpas de voter à des élections. Pour eux, il n’y apas d’alternative au changement sans le ren-forcement du mouvement social. Alors celapourra se traduire électoralement. Pour cela, ilfaut mettre en cause le système, dans la rup-ture, sinon ils nous dévoreront.

Sur le plan international, quelles solidari-tés à construire ?Le capitalisme sait s’unir et se coordonner.Pourquoi les peuples n’y arrivent t-ils pas ? Ilfaut pour cela que les institutions du peuple,les syndicats, les organisations sociales,populaires, se mettent autour de la table pourcoordonner leurs luttes, apprennent à agirensemble. On doit faire vite. Les peupleseuropéens doivent être solidaires pour refuserles réformes néo libérales et changer le coursdes choses.

Entretien réalisépar Latifa MADANI

Le Comité Grec de Solidarité International est entrain de mettre sur pied des mesures d’aidesconcrètes aux victimes de la crise à Athènes,avec des distributions de nourriture notamment.Voir www.eeda.gr. Le FTM va lancer une souscription pour apportersa contribution à ces actions. 04 93 36 28 [email protected]

LLeess cciittooyyeennssssoonntt ddeess êêttrreesshhuummaaiinnss ppaassddeess cchhiiffffrreess

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L'industrie des informations oeuvre de Kostas Moudatsos

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cultureEspace Turing

L’espace Turing est un lieu de découverte dans le numérique.En plus de la fête de la science annuelle, il propose des expositions, et ouvre les portes de son musée pour tous.

L’espace Turing à Nice est un espace dessciences numériques, du patrimoine et de ladiffusion, qui fut créé par le laboratoire deMathématiques de Nice. Il travaille en colla-boration avec le CNRS, l’institut des scien-ces de l’information et de leur interaction. Son nom vient d’Alan Turing, un mathémati-cien britannique, il est le créateur de la cal-culabilité et considéré comme le père fonda-teur de la science informatique. C’est grâceà ses travaux que le monde a évolué decette manière. Cette année l’espace Turingfête les 100 ans de sa naissance. Il fut àl’honneur de la dernière fête de la scienceen octobre avec de nombreux ateliers etdémonstrations comme la Machine deTuring, le premier ordinateur en papier ;

l’Enigma, le code allemand qu’il a lui-mêmedécodé ; la Morphogénèse, la création deforme et l’intelligence artificielle, la questiond’une machine capable de penser….

Le musée L’espace Turing offre la possibilité aux inté-ressés, de découvrir l’évolution de la scien-ce à travers un musée ouvert tous les mer-credis et vendredis après-midi. En 2012,quatre sujets seront proposés : Alan Turing,les 40 ans des micros processeurs (pourmontrer qu’ils ont bouleversé notre époque),les pavages de Wang et la relation entre lessciences et les jeux vidéo.Pour le plus grand plaisir de tous, unerétrospective d’ordinateurs montre leur évo-

lution au cours du temps, du premier« Mac » en 1984 jusqu’à nos jours.Il y a aussi des ateliers ludiques, pour com-prendre le pavage de Wang, ou construireune calculatrice avec des billes.

Un espace de découvertesDes visites scolaires sont organisées poursusciter l’intérêt chez les jeunes, elles sontprésentées par Marc Monticelli, ingénieur deRecherche CNRS au Laboratoire deMathématiques et par des professeurs delycées. Le but étant d’ouvrir de nouvellesperspectives. Des expositions sur Alan Turing, à partir du24 novembre jusqu’en mars, tous les mer-credis et vendredis, seront en libre accès,pour tous. On découvrira notamment une exposition

sur les jeux vidéo indépendants et leur rela-tion avec les mathématiques, en présencedu responsable du master jeux vidéo del’université de Nice. L’objectif étant de mont-rer qu’il y a beaucoup d’emplois dans cemétier, et non, seulement, dans les grandsdistributeurs tel que Nintendo. Les jeuxvidéo font maintenant partie intégrante denotre civilisation. En effet nous entrons dansune « gamification du monde », d’aprèsMarc Monticelli,De plus, le site de l’espace Turing offre unevision pédagogique des sciences numé-riques, avec la possibilité de monter soi-même l’ordinateur de calcul en papier d’AlanTuring, pour une création ludique tout enapprenant. L’espace Turing créel’engouement de tous.

Maud VDW

La Fontaine, homme libre et libertinDécidemment, le Théâtre de la Cité nous fait voyager. Après la Russiedu XIXème siècle (voir article sur La Pelisse) c’est la France du XVIIème siècle.Après Nicolas Gogol, c’est Jean de la Fontaine

L’histoire littéraire retient essentiellement les Fableset dans une moindre mesure les contes licencieux.Le fabuliste a éclipsé leconteur. La crispation reli-gieuse de la fin du règne deLouis XIV, et plus tard lapudibonderie du XIXe siècle,ont mis dans l’ombre cescontes licencieux dont ledéfi poétique consiste àjouer de l’implicite pour (nepas) nommer la sexualité, à« dire sans dire », dans unjeu de dérobade et de pro-vocation reposant sur lacomplicité du lecteur. LaFontaine a mené simultané-ment ces deux activités, jus-qu’à joindre des contes àl’ultime recueil de fables de1693 : bien plus qu’un laboratoire de la narrationenjouée des Fables, les Contes pourraient bien par-ticiper d’une même entreprise, celle d’une narrationpoétique sous le signe d’une gaieté sans illusions.La Fontaine n’est pas connu pour ses courbatures :de 1664 à 1690, les écrivains choisis pour leur habi-leté, leur zèle et leur docilité au pouvoir reçoiventchaque année une dotation attribuée de façonsolennelle par le roi lui-même dans une bourse decuir dorée. Parmi les bénéficiaires connus de ces“gratifications aux écrivains français”, citonsCorneille, Molière, Racine, Boileau, des historiens,des étrangers (Hollandais, Allemands, Italiens), plu-sieurs centaines en tout... mais jamais Jean de LaFontaine. Valère Staraselski, romancier, résumebien la réalité « Jean de La Fontaine, seul grand

auteur français du XVIIème siècle à n’avoir jamaisété de toute son existence, pensionné par le grand

Roi-Soleil. »Pour en revenir aux contes,c’est à la valorisation de cepatrimoine que s’est attachéle grand acteur qu’est JeanClaude Drouot. Point n’estbesoin pour moi de vous leprésenter. Il est venu aumoins deux fois au Théâtrede Nice (Ghetto, en 1986,La valise de Jaurès en2009) Je le vois chaqueannée au Festival d’Avignon(Lear et son fou, Fin de jour-née, deux textes d’AndréBenedetto) Bref, c’est unincontournable ou je ne m’yconnais pas.

Dans La Fontaine homme libre et libertin, Jean-Claude Drouot campe avec délice le célèbre fabulis-te et interprète ses contes licencieux avec délicates-se. Sans illusion excessive sur le bestiaire del’humanité, notre fabuliste, maître unique et mal-icieux de notre langue, se régalait aussi de char-mantes récréations d’alcôves, complice de nosébats les moins avouables. Rendons toute sa liber-té au merle moqueur. Jean-Claude Drouot

Jacques BARBARIN• La Fontaine, homme libre et libertin, d’après Jean deLa Fontaine, de et par Jean Claude Drouot Théâtre dela Cité, 3, rue Paganini Nice 04 93 16 82 69www.theatredelacite.fr 17novembre à 21h et 18novembre à 15h

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culture

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Qui va gagnerles Trophéesdu Jazz 2012 ?Pour la 11ème année consécutive,un jury de spécialistes va désignerle groupe de jazz qui aura le mieuxmarqué l’année dans notre région.De style très différent, ils seront neufà postuler pour cette distinctionlors d’une soirée à la Gaude.

Jazz classique, manouche, expérimental,new orleans, tous les groupes peuventprétendre à remporter Les Trophées par laqualité de leur musique. Le public de larégion connaît les musiciens, ils ont tousfoulé les scènes au cours de l’été et lesclubs de jazz. Pour les connaître un peumieux et sans parti pris, je vais vous lesprésenter par ordre alphabétique, le jurydevra choisir entre Dies Gos Unitavec lepianiste François Szönyl pour un jazzfusion avec des passages de musiquepsychédéliques. Djalamichto quartet et unswing manouche, le guitariste JeanCortès dirigera le Guitar Addiction avecdes versions inédites de standards ; lequintet Electrodes de Loïc Fauche offriraun très beau duo trompette sax. La seulevoix de cette compétition est féminineavec Laure Hanska au sein du groupe LSJazz, elle chante en français ; MC 2 dirigépar le guitariste Gérard Ebba pour un jazzrock et pop ; la harpiste Rossita Milevskaune jeune femme que l’on a beaucoupentendue cet été et qui commence à sefaire un nom, dans son CD de promotion,elle reprend le classique Camino avec unphrasé de pianiste ou de guitariste, elleest accompagnée par une contrebasse etune batterie. Le saxophoniste moné-gasque Franck Taschini et son groupe nesont pas des inconnus et ne seront peutêtre pas loin du podium. Le quartet varoisTriode dirigé par le bassiste FlorentKennich offre des compositions très rockmais n’hésite pas à revisiter des grandsstandards. Des jazzmen qui, cette année,privilégient les compositions aux stan-dards, le jazz est toujours vivant puisqu’ilintéresse encore de jeunes musiciens etpeut être une compétition comme lesTrophées pourra les aider à poursuivreune carrière. Il faut rappeler que ceconcours se déroule dans le cadre deJazz sous les Bigaradiers. Les résultatsseront annoncés le soir même de la pres-tation du trio du pianiste Jérôme Vinsonqui l’an dernier avait été l’heureuxgagnant.

JP LAMOUROUX

Blues de l’homme sauvageUn SDF met l’homme face à lui-même dans un métro imaginaire. Souterrainblues, la pièce de Peter Handke,mise en scène par Christophe Ferton détient un souffle poétique stupéfiant. A Nice, les 15 et 16 novembre.

Il pointe le doigt vers le public. L’hommesauvage s’avance et invective une person-ne au loin, très loin. Il interpelle le pape etson chasuble qui luit. Puis, il revient surscène. A l’intérieur du métro. « Où est pas-sée l’humanité des catacombes. L’ancienmonde n’existe plus et le nouveau d’autantmoins. » Yann Collette, une paire de lunet-tes éborgnée, joue le rôle de ce personna-ge dans la pièce Souterrainblues de PeterHandke, grand dramaturge allemandcontemporain. Celui-ci est notamment célè-bre pour avoir travailléavec le cinéaste WimWenders avec lequelil signa notamment lescénario Les ailes dudésir (1987). Maisl’auteur allemandn’est pas un inconnu pour le metteur enscène Christophe Ferton, qui avait déjà missur planche quelques unes de ses piècescomme « Les Gens déraisonnables sont envoie de disparition » en 1998 ou« Préparatifs pour l’immortalité » en 2003.Cependant, à chaque fois, c’est une expé-rience nouvelle : « Handke est un des dra-maturges contemporains qui a une capacitéà renouveler son regard sur la dramaturgie.Il s’interroge toujours sur les codes du théâ-tre et les moyens de sa représentation »explique-t-il, admiratif de sa poésie. « Lemerveilleux et l’illusion sont essentiels à son

théâtre épique basé sur la force de la paro-le et du récit. » Handke regarde le monde etdonne du sens avec une minutie stupéfian-te à de simples détails qui auraient pu pas-ser inaperçus : « c’est un auteur très émotif,sensible qui vous permet d’ouvrir desendroits secrets de votre conscience ou devotre inconscience. »

Homme sauvage. C’est ainsi que lethéâtre et les textes d’Handke interpellent lespectateur, à la fois dans sa fonction de

spectateur mais aussidans son être et son âme.Dans cette pièce, cethomme sauvage prend laparole dans un métro ima-ginaire qui traverse lemonde et le temps. Unhomme sauvage sembla-

ble à un SDF. Il n’y a d’ailleurs qu’eux pourprendre la parole dans ce lieu public.Handke au travers de ce personnage, figuresociétale par excellence, apporte le désord-re et le chaos. « Il va interpeller les passa-gers sur leur façon de vivre. Il se placecomme un miroir de nos comportements. Ilnous interroge sur cette beauté perdue. Surnotre manière de vivre qui a accepté toutesles conventions de nos société et de notremonde moderne ». Dans la droite ligne desphilosophes cyniques pré-socratiques telsque Diogène, explique Christophe Ferton,le SDF est alors le syncrétisme de toutes

nos facettes, interpellant l’intime comme lepublic, des visages familiers comme despersonnages historiques, pour qu’émergede ces diatribes « un amour pourl’humain. » Or, c’est souvent dans soncontraire que l’on trouve ce que l’on cher-chait. Dans ce métro, le rythme del’humanité résonne et les pulsations humai-nes s’accordent à l’harmonica de l’hommesauvage.

Transcendance. Souterrainbluesdéveloppe ainsi un art de l’insulte. Ni gros-sièreté, ni vulgarité mais une rhétoriqueprécise, percutante, sensible pour provo-quer et faire réagir. « Ce texte est un atten-tat poétique » et il ne faut y voir ni réalismeni idéologie. Du moralisme certainement,mais surtout un questionnement métaphy-sique sur l’homme et ses comportements.Christophe Ferton, jeune figure indépen-dante dans le théâtre contemporain actuel,cherche avant tout à mettre en avant lesmots et la puissante poésie du dramaturgepour que chaque spectateur sorte de lapièce transcendé, c’est-à-dire, grandi aprèsle spectacle.

Julien CAMYSouterrainblues de Peter Handke, mis enscène Christophe Ferton avec Yann ColletteVendredi 15 et samedi 16 novembre à 21h -Théâtre National de Nice -

« Il se place commeun miroir de noscomportements. »

Franck Taschini

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culture

« S’engager, c’est avant toutune chance de vivre »

Depuis de nombreuses années, l’artiste Rodolphe Cosimi réalise un intéressant travail sur les coulures,symbole de la matière et du temps qui passe. Aujourd’hui, il propose des portraits de personnalités célèbres composés

par ces coulures de peintures. Installé depuis peu à Vallauris, dans un tout nouvel atelier galerie,il explique cette évolution et ses nouveaux projets.

Comment en êtes-vous arrivé à « cou-ler » ces portraits ?Les “Coulures” sont un langage que je faisévoluer à travers différentes séries afin designifier le temps qui s’écoule inexorable-ment dans nos existences mais il s’agitaussi de donner à voir une peinture, qui,une fois apposée sur la toile ou la sculpture,s’exprime d’elle-même. Tout n’est pas maî-trisable et ne doit pas forcément l’être.Temps et Liberté sont les deux axes de marecherche picturale. Pour moi, l’enjeu del’artiste est celui de se renouveler sanscesse, tout en sachant conserver avecconviction, une ligne directrice dans ledéveloppement des possibles de l’art. Lesportraits que je réalise depuis un an meconduisent dans un nouveau champd’exploration. L’art évolue d’abord dansl’inconscient. Ce qui est nouveau s’impose àl’artiste avant même qu’il en ait pris uneconscience plus claire. Il m’est venu l’idéed’associer une peinture “informelle” à un tra-vail figuratif, afin de lier la représentationhumaine aux coulures de manière nouvelle. Dans ma série récente, ce n’est pas tantpeindre des personnalités célèbres quim’intéresse que de rappeler les visagesd’hommes et de femmes qui ont laissé destraces significatives dans l’histoire. J’aimetout autant rendre hommage à des amis quiont été proches, qui me sont toujours aussichers comme Vernassa, Verdet, Gaudet,Faniest… qu’à des artistes que je n’aijamais rencontrés comme Pollock,Rauschenberg, Basquiat, Giacometti, ouTapiès, aussi célèbres soient-ils.

Récemment, vous avez participé à desactions à Nice auprès d’HandicapInternational avec votre fresque monu-mentale sur les bienfaiteurs del’humanité à l’Eden Loft à Cannes. C’estune envie de faire un art plus engagé ouun coup de pub ?Je suis sensible à ce que disait JeanBazaine lorsqu’il soulignait le fait que lapeinture n’est pas un moyen d’orner sa vieou d’en distraire la part du jeu, mais de luidonner une forme et un sens. Il ne me sem-ble pas que la vocation de l’artiste soit celled’un publicitaire. Si c’était le cas, cela remet-trait alors en cause l’authenticité artistiquede pas mal de carrières passées et présen-tes… En ce qui me concerne, c’est loind’être la conception que j’ai de l’art. Pour moi, s’engager, c’estavant tout une chance devivre. Et ce n’est pas nou-veau. Cette toile monu-mentale que j’ai réaliséedernièrement rend hom-mage à sept personnagesconnus pour leur don desoi, qui ont “agi”, modifiantainsi le cours de nos exis-tences. C’est à la fois unacte de partage et un mes-sage d’espoir. Il me paraîtessentiel que l’art joue sonrôle pleinement en cestemps troublés, il ne nousest pas permis de nousdésintéresser du mondequi nous contient et de samarche inéluctable. Maconviction est quel’homme EST ce qu’il fait.Cela pourrait faire un bon slogan, me diriez-vous ! Si cela peut être déjà une prise deconscience, c’est que l’œuvre a rempli samission. Et cela me suffit.

Vous venez d’ouvrir votre atelier galerieà Vallauris. Quels sont vos projetsactuels ?

Cette nouvelle galerie, située dans le centrehistorique de Vallauris est en effet un jalonimportant dans mon parcours, me permet-tant d’exposer de façon permanente.Actuellement, et ce jusqu’au 30 novembre,j’expose également avec l’artiste plasticien-ne Diana Tournay, auClos des Roses à Fréjus.Il sera possible d’ydécouvrir mes toilesmais aussi une sculptureinédite que nous avonsréalisée ensemble,conjuguant nos sensibilités au sein d’une

même œuvre, ce qui n’estpas courant. Plusieurs projets sont encours, notamment de nou-velles séries de coulures.D’autres malheureuse-ment, comme le projet dela MJC Ranguin à Cannes,traîne depuis plus d’un anet demi maintenant. Celam’attriste et m’affecte parti-culièrement car il me tenaità cœur d’un point de vuede la relation entre l’art etl’humain, l’humain et lebâti. La Mairie de Cannesétait venue me proposer deréaliser l’identité artistiquede la MJC avec la créationde plusieurs sculpturesmonumentales en coulu-

res, qui devaient être implantées sur le sitede la structure associative. Ce projet devalorisation culturelle, qui prévoyait aussi unchantier artistique pédagogique auprès dejeunes du quartier, avait été placé dans lecadre de la «Coulée verte» et de la restruc-turation de quartier «Cœur de Ranguin».Toutes les propositions, dossiers techniques

et maquettes d’œuvres que j’avais élabo-rées avaient été présentés à la responsablede la Politique de la Ville et validés àl’unanimité par la Direction de la MJC, leService culturel de la ville et par la Directiondes affaires culturelles. La ville de Cannes

avait même édité une plaquetteinstitutionnelle à cette occasion !Mais depuis, plus rien n’avance,à croire que le projet n’a jamaisexisté ; Interlocuteurs, responsa-bles et membres des comités,ayant pourtant donné leur aval,

restent muets. Ubuesque ! L’intégration de l’art dans la ville devient unepréoccupation grandissante sur le territoirefrançais, la ville de Cannes s’illustre maldans cet élan en faveur de l’art et de la cité.Cannes, rayonnant dans le monde entier,serait-elle démunie au point de ne pouvoirgénérer les 15000 euros prévus pour ceprojet? Et offrir ainsi des oeuvres aux habi-tants d’un quartier pour en améliorerl’environnement de vie? N’y a t-il pas nonplus une enveloppe pour le 1% artistiquedans cette ville? Si toutefois elle existe, àquoi peut-elle bien servir si elle ne soutientpas ce type d’initiative... Quoi qu’il en soit, jene sais pas s’il s’agit d’un manque de com-pétences, d’énergie en matière culturelle,de volonté pour trouver des financementsou des partenaires financiers, mais siCannes ne peut pas tenir les engagementsdont elle est l’instigatrice, à quoi bons’adresser à un artiste cannois pour un pro-jet qui se termine en voie de garage etexclure de l’art les habitants d’un quartier ?Refuser l’art, c’est refuser l’homme toutentier.

Entretien réalisé parRenaud CHASTEL

«« LL’’aarrtt éévvoolluueedd’’aabboorrdd ddaannssll’’iinnccoonnsscciieenntt.. »»

Rodolphe Cosimi et Diana Tournaydevant la sculpture réalisée en

commun

LIVRES

Méli-méloLes éditions du Losange s’apprêtent àpublier un livre de Sonia Gebuhrer-Adam,intitulé Méli-mélo. Ce recueil alterne nou-velles, souvent autobiographiques, tou-jours réalistes et humoristiques, et textescourts s’apparentant aux haïkus japonais. L’auteure a été distinguée par plusieursprix et mentions lors de concours littérai-res français et allemands et a été publiéedans de multiples revues.Méli-mélo regroupe une trentaine de tex-tes qui invitent le lecteur à entrer dansl’univers de Sonia Gebuhrer-Adam, foi-sonnant et coloré.Les éditions du Losange vous proposentainsi de commander ce livre de 180pages environ au prix de 16 euros. Pourtout renseignement, vous pouvez télépho-ner au 06 30 17 57 12 ou par [email protected]

Pierre Rabhi,Le chant de la terrePiqûre de rappel pour l’insurrection desconsciences. Ce livre, à peine sorti auxéditions de La table ronde, est une réédi-tion de l’ouvrage de Rachel et Jean-Pierre Cartier paru en 2002. Une éditionaugmentée et actualisée par Anne-SophieNovel, journaliste indépendante spéciali-sée dans l’écologie.Pierre Rabhi, agriculteur et écologisteparmi les plus influents de sa génération,que les Azuréens ont pu rencontrer lorsde son passage au festival du livre deMouans-Sartoux en 2008 notamment,nous est conté d’une manière ultra-acces-sible et du coup, très sympathique, unefois passée l’impression d’une vulgarisa-tion exagérée de ses propos. Il devient unvéritable ami, au fil des pages et à mesu-re que l’on fait plus ample connaissance.Il est utopiste et gentil, mais de cette gen-tillesse constructive et universelle, quipourrait, peut-être un jour, finir par être lesentiment dominant, tant elle est précieu-se. Utopiste, non pas comme une chimè-re portée par des gens naïfs, mais del’ordre de ceux qui, à l’aide de cette visiondes choses, ont fait avancer l’histoire.« Nul n’est plus utopiste qu’Einstein, parexemple : il n’est pas arrivé uniquementpar déduction positive et rationnelle, sonintuition également a été impliqué dansson inspiration. » Il contredit le dogme de

la croissance, « cette croyance irréalisteet dangereuse », explique l’importance derevenir à une production locale et déve-loppe les clés du succès en la matière.Dans sa ferme de Monchamp enArdèche, d’aucuns prophétisaient l’échecde son projet d’agriculture. Non seule-ment sa terre aride a été rendue proli-fique, mais il en a échafaudé tout un sys-tème de culture qui s’affranchit des doctri-nes en cours depuis trop longtemps, etqui reposent sur une utilisation massivede pesticides, lesquels, au final, finissentpar tuer le sol. Une hérésie. Il peste cont-re la disparition des variétés de semen-ces dans l’indifférence générale et au pro-fit des grands fabricants à la tête degigantesques multinationales. Bref, les caractères étant comptés, résu-mons ainsi : voici un manifeste pour unretour à la raison. Ou, devrait-on dire, àl’intuition et au bon sens. Pierre Rabhi à la maison,chez vous, réconfortantet chaleureux. 18 euros.

Pierre Rabhi

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culture

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DANSE

Echoes l’intégrale !

photo: © Nina Flore Hernandez

Le Collectif PARC, Plate-forme Artistique deRecherche Chorégraphique, est de retourau Théâtre de Grasse avec deux créations :le solo l’angle mort chorégraphié pour NansMartin. On pourra ainsi découvrir en exclusi-vité cet extrait des Garçons Sauvages, pro-chaine création de Camille Ollagnier. Ledanseur habite pleinement cette partie del’espace invisible durant 20 minutes dans unmême mouvement en perpétuelle mutation.

Puissance, énergie contenue, équilibre surle fil de la rupture.Suivra Echoes, dont on avait eu un avant-goût en 2010. Créée collectivement par lesdanseurs chorégraphes Claire Charliot,Nans Martin, Camille Ollagnier et MathildeRondet, la pièce déroule 4 soli écrits les unspour les autres. Les danseurs y mélangentleurs espaces, leurs temps, leurs énergies.Support incontournable à ce voyage dans la

mémoire, la musique rock de Janis Joplin oules chansons subversives de Gainsbourg.Au rythme de la musique et des jeux delumière, les danseuses et les danseursswinguent et twistent l’espace et le temps.Ils tissent les liens des instants passéscomme un écho qui résonne encore...

L MJeudi 22 novembre 19h30 Théâtre de Grasse

Beethovenpour les amis

En prélude au festival du Printemps desarts de Monte-Carlo, qu’il faudra patiem-ment attendre jusqu’en mars 2013, lesorganisateurs proposent un prochainconcert consacré à l’œuvre deBeethoven. De quoi trouver le temps unpeu moins long… Les Amis du Printempsdes arts programment ainsi une soiréeintitulée Portrait Beethoven, où la Sonaten°8 pour violon et piano, op 30 n°3, et laSonate pour violon et piano n°9, op 47« Sonate à Kreutzer », seront interpré-tées par le violoniste Tedi Papavrami, etle pianiste François-Frédéric Guy (photo).La première des sonates citées fut, enson temps, au tout début du 19ème siècle,dédiée à l’empereur Alexandre Ier deRussie, tandis que la Sonate n°9, écriteavec une dédicace au violoniste françaisdu même nom, demeure la plus célèbredes sonates pour violon et piano deLudwig. Le jeudi 6 décembre, au troparium del’auditorium Rainier III de Monaco, à20h30. A suivre, et toujours pour que personnene languisse d’impatience, les concertsPortrait Manoury, le 16 janvier, et PortraitBartok, le 12 février.

Un directeur à l’opéra

Marc Adam vient d’être nommé directeurartistique de l’opéra de Nice. En débutd’année, on se souvient que le contrat decelui qui fut nommé directeur, JacquesHédouin, était annulé par le tribunaladministratif. Un peu avant, c’est le prési-dent de Virgin Classics, Alain Lanceron,qui était remercié sans autre forme deprocès. Entretemps, Philippe Auguinsignait lui pour le poste de chefd’orchestre, sans qu’il n’y ait rien à rediretant les compétences du personnagesont unanimement reconnues. Nouvel élément, plutôt récent, l’attributionde la délégation de l’opéra au conseillermunicipal André Chauvet, ex-adjoint lorsde la précédente municipalité. Un beausac de nœuds, la gestion administrativede cet opéra… Et ce depuis maintenantbelle lurette ! Les raisons officielles deces tracas restent obscures et le fantômesemble toujours tirer les ficelles. Faustaurait-il pris racine à Nice ? Souhaitons àMarc Adam qu’il parvienne à réenchanterles lieux, et que la flûte, par exemple,succède enfin pleinement au pipeau...

Echappéeau Moyen-OrientSpectacle original en formede carnet de voyage, « quiretrace, nous expliquel’auteure MandineGuillaume d’Arnika Cie, untravail mené avec desenfants des rues, desenfants des camps de réfu-giés et des orphelinats enBosnie, Serbie, Bulgarie,Roumanie, Egypte, Israël etPalestine... il s’attarde surles étapes de ce projet aumoyen orient, questionne laplace de l’artiste dans lesconflits, les liens entreengagement poétique etengagement politique. »C’est l’histoire, raconteencore le communiqué depresse du spectacle, d’unefille qui s’échappe dans untrain. Une fille tête en l’airqui se retrouve les pieds surterre. En Egypte, en Israëlet en Palestine, au milieudes enfants des rues, descamps de réfugiés, descheck-points et des conflits, elle nous offre son regard décalé et poétiquesur le monde.A voir, vendredi 23 novembre à 17h30 dans le cadre du festival« Enfantillages », au pré des arts à Valbonne, et les Samedi 1er décembreà 20h30 et dimanche 2 décembre à 15h30, dans le cadre du festival « his-toires de vie », au Lavoir théâtre à Menton (dans le cadre de l’abonnement« Autres scène » du théâtre national de Nice).

Des docsplein les yeuxL’association mouansoise Lumières Des Toiles a concoc-té un programme irrésistible pour sa sélection dans lecadre du mois du film documentaire. Jugez-en plutôt : Vendredi 16 novembre à 20h, en avant-première, Journalde France de Raymond Depardon suivi d’un débat animépar le critique de cinéma Philippe Serve.Samedi 17 novembre à 16h, La Vierge, les Coptes et moi(photo), un petit bijou de film de l’Egyptien Namir AbdelMesseeh, suivi d’un débat animé par Solange Poulet,spécialiste du cinéma arabe et méditerranéen ; et à 20h,César doit mourir, Ours d’or à Berlin, ce dernier film desfrères Tavianireprésen tel’Italie pourl’Oscar dumeilleur filmétranger !Dimanche 18novembre à18h, une clô-ture en apo-théose avecLa Traviata etmoi de Phi-lippe Beziaten présencede Jean-Ber-nard Matter,c h e fd’orchestre à Vienne, premier assistant de Pierre Boulepour l’opéra La Maison des morts de Janacek. Les films du festival Lumières Sur Doc seront tous proje-tés à La Strada.

Prévente conseillée. Renseignementsau 04 92 92 29 78, Cinéma La Strada,Mouans-Sartoux.

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cultureDES DVD POUR LE PLAISIR

Documentaireà l’honneuraux éditionsMontparnasse Octobre à Parisde Jacques Panigel (1962)Rappel : Le 17 octobre 1961, pour protestercontre les mesures discriminatoires misesen place par le préfet de police MauricePapon à l’encontre des français musulmansd’Algérie, une manifestation pacifique estorganisée à l’appel du FLN. 30 000 personnes défilent. Il s’en suit unerépression féroce qui fit plusieurs centainesde morts et aboutit à 11 000 internements. Tourné clandestinement en moins de troissemaines peu après les tragiques événe-ments du 17 octobre 1961, censuré pendantplus de dix ans, et pratiquement impossibleà voir depuis 50 ans, Octobre à Paris estconstruit autour de subtiles reconstitutionsde la mobilisation populaire et des précieuxtémoignages que Jacques Panigel (fonda-teur du comité Audin avec Pierre Vidal-Naquet et Laurent Schwartz et décédé en2010) a recueilli dans les bidonvilles deNanterre et Gennevilliers et dans le centrede torture de la Goutte d’Or. En donnant laparole à ceux qui organisèrent le rassemble-ment, qui vécurent la répression sanglanteet qui échappèrent à la mort après avoir étéjetés dans la Seine, en illustrant leurs pro-pos avec les photos saisissantes d’Elie

Kagan, le cinéaste réalise un documentexceptionnel et rarissime d’une efficacitéredoutable et exemplaire, véritable témoi-gnage d’un massacre d’Etat à l’égard d’unepopulation alors que l’indépendance del’Algérie était quasi acquise. Aussitôt achevé, le film est donc interdit,saisi, pourchassé par les autorités françai-ses. Panigel réussit à faire quelques projec-tions clandestines, le diffuse même au festi-val de Cannes et de Venise en 1962. Mais lapartie de cache-cache avec policiers etdouaniers ne permet généralement pas unedeuxième projection. Le film circulera sousle manteau dans les milieux militants, seramême projeté quelques jours en 1968 dansune salle du Quartier latin en alternanceavec La Bataille d’Alger de GillesPontecorvo. Il n’obtiendra son visad’exploitation qu’en 1973, après la grève dela faim du cinéaste militant René Vautier(Avoir 20 ans dans les Aurès). Sa premièresortie officielle en salle aura lieu le 19 octo-bre 2011 !!Compléments : A propos d’Octobre de Medhi Lallaoui(2011) remet en 19 minutes les conditionsde tournage du film dans leur contexte grâce

aux interventions du journaliste DanielMermet, des historiens jean-Luc Einaudi etGilles Manceron, de l’écrivain MoniqueHervo, de l’avocate Nicole Rein et ducinéaste René Vautier. 17 octobre 1961 de Sébastien Pascot(2012 et 52’), réalisé 50 ans après les évé-nements, pose un regard plus distancié quipermet, sans doute, de mieux appréhenderles faits mais qui n’enlève rien à la véracitédu propos de Panigel.

Mussolini-Hitler :l’opéra des assassinsde Jean-Christophe Rosé (2012)

Ce film, entièrement construit à based’images d’archives souvent inédites, colori-sées et remastérisées, raconte les nocesbarbares entre deux dictateurs que toutopposait mais qui devait sceller leur destin,celui de leur peuple et d’un monde entrainédans une Seconde guerre qui allait faire 50millions de morts. Tout l’art et la méthode du documentaristeJean-Christophe Rosé tient dans la qualitéet la rareté des images d’archives retro-uvées et restaurées, dans l’attention méticu-leuse qui leur est portée, dans la capacité àles faire parler par delà leur simple apparen-ce, dans le choix original de l’angle choisi (les relations personnelles entre les deuxhommes) et dans le commentaire magistral,piqué d’un humour intelligent et d’une sub-jectivité salutaire. Subjectivité que l’on retro-uve dans le choix d’une opposition musicaleentre le romantisme allemand de Wagner etle mélodrame italien de Verdi dans ce docu-mentaire-opéra en 5 actes. Avec une finesse judicieuse, Rosé analyseles contours d’une alliance contre natureentre un « caporal autrichien » et un mata-more transalpin. Il insiste sur la période del’immédiate avant-guerre qui voit le Führeret le Duce se livrer à un pas de deux plutôtridicule mais qui résume le prochain bascu-lement dans le rapport de force. Jamaispourtant Hitler ne laissera tomber son« ami » malgré ses rodomontades et sadéfaite en 1943. Le cinéaste dessinel’histoire vibrante et tragique de deux paysqui, malgré leurs différences, ont uni leursdestins pour le pire, définitivement pour lepire.

Trois filmsde Gianfranco Rosi : Le passeur (1993)Vision impressionnistede Bénarès, la villesainte du Gange,construite autour d’unpersonnage central, lebatelier Gopal. Indienset Occidentaux sontunis dans la mêmefascination pour lefleuve qui charrie la

vie et la mort. Brèves rencontres, petits évé-nements. Il y a le fleuve et, à l’arrière-plan,la ville où les gens vivent.Le film prend la forme d’un voyage sansdestination, ce qui, depuis l’intérieur de labarque, crée l’illusion d’un monde qui défile.

Sous le niveau de la mer (2008)À 190 milesau sud-estde LosAngeles et120 piedsen dessousdu niveaude la mer,en pleindésert, surle site dés-a f f e c t éd ’ u n ea n c i e n n ebase militai-re et à proxi-mité d’uncentre de tirs aériens, s’étend Slab City,vaste camp de caravanes, de tentes, demobil homes, d’autobus déglingués, de pick-up et de quelques cabanes. Là, vit une com-munauté de marginaux livrés à eux-mêmes.La solitude est le terme de leur voyage. Ilsn’ont pas de noms, juste des surnoms, fai-sant ainsi table rase de leur passé. Mais ilsuffit de quelques photos, d’une parole, pourque, par bribes, ce passé enfoui ressurgis-se, que la douleur afflue de nouveau.

El SIcario chambre 164 (2010)Un tueur à gages se confie : il a tué des cen-taines de personnes, est expert en torture etkidnapping, a été officier de police auMexique, fut entraîné par le FBI. Il a vécu àJuárez et s’est déplacé librement entre leMexique et les États Unis. Aujourd’hui, il esten cavale et sa tête est mise à prix à 250000 dollars. Pourtant, il est libre et n’a jamaisété condamné. Le film se déroule dans unechambre de motel à la frontière américano-mexicaine. Ce film est basé sur l’article “TheSicario” écrit par Charles Bowden et publiédans Harper’s Magazine en 2009.

Et aussi,toujours aux EditionsMontparnasse :

Duch, le Maîtredes Forges de l’Enferde Rithy Panh (2011)Avec ce film, Panh continue son travail demémoire du génocide cambodgien. Il mèneici un long entretien avec Kang kek Leu ditDuch, qui dirigea sous le régime Khmerrouge la prison M13 pendant 4 ans avantd’être nommé à la tête du S21 (voir S21, LaMachine de mort khmer rouge réalisé en

2004 par Rithy Panh déjà édité par les édi-tions Montparnasse). Duch se retrouve seulface à la caméra et évque ses souvenirs,ses convictions, ses méthodes, ses douteset ses souffrances… Terrifiant.

Gérard CAMY

COUP COEUR CD

87/2012Post Image – Cristal Records/Harmonia Mundi

Peut-être faisiez-vous partie, comme moi,de ceux qui n’avaient qu’une très vague idéede la musique proposée par Post Image. Ilfaut alors, toutes affaires cessantes, vousprocurez, oul’un des der-niers albumssortis en 2012,Mandragore etIn an englishgarden, paruschez MosaïcMusic, ou,mieux encore,vous ruez désle début dumois prochainchez votre dis-quaire vousprocurer lacompil’ quepublie CristalRecords. Lemeilleur des 25ans en un dou-ble Cd ! Lecondensé de 8albums en 19titres. EntreW e a t h e rReport, Pat Metheny dans ses périodesélectros, et Mahavishnu orchestra… Sansoublier évidemment la référence absolue :Miles Davis dans sa période jazz-rock.Entendons-nous bien, il s’agit de ne préciser

cela que dans un objectif pratique, poursituer le groupe sur l’échiquier. Car lesinfluences sont ici anecdotiques. Post Imageva bien au-delà, et c’est bien de géniales

compos dont ils’agit ici, et dutalent de cesmusiciens naîtun sens de lacréativité che-villé au corps.La colonne ver-tébrale du grou-pe est constituédes deux fonda-teurs, le bassis-te DanyMarcombe et lebatteur DidierLamarque. Segreffent là-des-sus le guitaristeP a t r i c i oLameira, dont lavoix résonneaussi surquelques titres,Freddy Buzon àla trompette, etb e a u c o u p

d’autres instruments au gré des morceaux. Ici la musique n’est qu’une aventure, et lechemin emprunté jamais répétitif. Le 4 décembre, dans les bacs.

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culture

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DE L'AUTRE CÔTÉ DES PAGES

« Nous approchons de l’état de crise et du siècle des révolutions », c’était dansl’Emile en 1762 que Jean-Jacques Rousseau écrivait cela. Il y a 350ans…Comment ces mots ne trouveraient-ils pas à résonner à nos oreillesd’aujourd’hui ?Nous fêtons cette année le tricentenaire de sa naissance (c’était le 28 juin 1712à Genève. Il mourra le 2 juillet 1778 à Ermenonville), Qui commémorer : l’hommeà cheval sur le XVIIIème – siècle des philosophes, de la raison comme lumière –et du XIXème – siècle de la sensibilité, du rêve, de la poésie ? Qui commémorer,l’auteur du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hom-mes, celui du Contrat social ou celui de l’Emile ou de l’éducation, desConfessions ou des Rêveries du promeneur solitaire ?

Si commémorer a unsens il ne saurait consis-ter à s’extasier d’unpassé révolu mais aucontraire à lutter contrele temps des mémoirescourtes, des temps pré-cipités et donc à jeterl’ancre dans un passépour y chercher assiettepour y voir ces questionsdont il y a toujours à senourrir, questionscomme autant de forcesqui veulent l’avenir, lan-cent leurs germes auloin. Tel est Rousseauqui de lui-même écrivaitdans ses Confessions :« vivant ou mort, il lesinquiétera toujours » !Il faut lire, relireRousseau précisémentparce qu’il échappe àtoute prise tant son soucide la vérité tient perpé-tuellement ouverte saconscience. Là est saposture.Oubliés les jugementsde Voltaire,C h â t e a u b r i a n d ,Lemaïtre…oubliées les

fausses querelles. Il y a une modernité de Rousseau, elle concerne aussi bien lasociété que l’individu. Il est celui qui ayant déclaré la souveraineté du peupleinaliénable a placé au cœur de tout régime démocratique le ver de la contesta-tion radicale. Et parce qu’il est celui dont l’œuvre, les pensées sont toutes tiréesde la vie, comment ces pensées ne retourneraient-elles pas à la vie pours’insurger toujours contre tous ces primats qui nous assèchent corps et âme, pri-mats économiques, financiers, terreau de toutes les injustices et les misères deshommes.J’ai tardé ,certes. Je tarde souvent.Mais je ne voulais pas laisser pas-ser cette occasion fournie par lecalendrier pour signaler les publica-tions des éditions de La passe duvent (Espace Pandora, 7 place dela paix, 69200 Vénissieux). D’unepart, la réédition de son Essai surl’origine des langues précédé d’untexte d’Abraham Bengio, un frèreen humanité. Cet essai, écrit pos-thume et inachevé de Rousseaufournira matière aussi bien à MichelFoucault qu’à Jacques Derridadans leur approche des questionstouchant la parole et l’écriture. On alà en effet une réflexion très neuvequi valorise l’écriture et la disquali-fie à la fois, qui en même tempsqu’elle détruit la présence la réhabi-lite dans la mesure où elle prometla réappropriation de ce que laparole passant par le froid del’écriture a perdu. Et d’autre part, unlivre original Rousseau au fil desmots, 10 mots, 10 écrivains, 10 citations. Ainsi à partir des 10 mots proposés par« la Semaine de la langue française et de la francophonie : dis-moi 10 mots quite racontent », - âme, autrement, caractère, chez, confier, histoire, naturel, pen-chant, songe, transport, envoi - 10 écrivains – Pierre Bergougnioux, Sylvie FabreG., Philippe Lejeune, Emmanuel Merle, Samira Negrouche, Maya Ombasic, MarcPorcu, Jean-Pierre Siméon, Valérie Staraselski, Patrick Vighetti – présentent leurRousseau.Pour moi, j’en resterai à ces mots d’André Breton : « Si, sur ce plan, ma penséeprocédait de quelqu’un, c’est – elle en procède toujours – du Jean-Jacques duDiscours sur l’origine de l’inégalité et du Contrat social. Il n’y avait déjà pas decris de meute qui pût la faire dévier. Rousseau : je me dis même que c’est surcette branche, pour moi la première jetée à hauteur d’homme, que la poésie a pufleurir.» et à cette invite : lisez Rousseau !

Alain FREIXE

Le retour d’OrphéeOrphée revient. Orphée est revenu. Il a changéde tête. Après celle que lui avait prêtée Armanpuis Julio Pomar, c’est aujourd’hui Milos Sobaïcqui rend cette collection de poésie à nulle autrepareille, visible. Fondée en 1989 aux éditions dela Différence par Claude Michel Cluny – Saluonsau passage la publication du premier tome deson Œuvre poétique qui regroupe les textespubliés entre les années 60 et 80 - elle avait dûs’interrompre en 1998. Se plier aux lois duMarché. 30 à 40 volumes chaque année, c’étaitfolie selon elles !Un temps seulement, s’il vous plaît ! La voilà de retour, forte de son ambition : collec-tion bon marché (5 euros les volumes simples, 7les doubles !) entièrement consacrée à la poé-sie : celle d’hier comme celle d’aujourd’hui, celled’ici et d’ailleurs – c’est si rare ! Les éditions dela Différence n’avaient pas voulu pilonner – c’estleur honneur ! – aussi ont-elles décidé de rache-ter les livres encore disponibles chez les sol-deurs, de les remettre au catalogue et de publierde nouveaux volumes – Quatre sont déjà parus :Ulysse brûlé par le soleil de Frédéric Prokosch,Sur la terre comme en enfer de ThomasBernhard, Chant de Weyla de Eduard Mörike etIci mon désir est ma loi de Théophile de Viau.La voilà devant moi, à Sète, cet été lors des Voixvives de la Méditerranée en Méditerranée. Lestand était impressionnant. Un arsenal, oui,comme un de ces bâtiments où l’on entretient –plus de 200 titres anciens – et produit – ce sera6 par an – armes et munitions. Toutes chosesnécessaires pour cet « humain voyage » dontparlait Montaigne et pour ce « combat spirituelaussi brutal que la bataille d’hommes » dont par-lait Rimbaud et que chacun mène à sa mesure.A sa main.

Orphée, un arsenal de livres où l’on peut faireprovision de ces munitions qui si elles ne nouspermettent pas d’élucider un présent qui nousfuit toujours et nous fuira encore, au moins nouspermettent de tenir au plus près de ces pointsd’émergence, là où ça bascule. Où ça pourraitbasculer. Il y a là de quoi résister. De quoi tenirface au travail de la mort.Orphée, des livres qui éclairent les intérieurs etles mettent en mouvement. Des livres qui espa-cent le cœur et dans cette ouverture renouveléele rendent à sa respiration propre.Rendre l’homme plus heureux ? La poésie ne lepeut. Mais le rendre plus humain en lui donnantla capacité de pouvoir se saisir comme mise enquestion de sa propre existence, c’est là sachance .Orphée, c’est la poésie même, celle qui saitaccueillir tout ce qui est autre, faire place à toutce qui reste, libérer et tenir « l’inconnu devantsoi » dont parlait Char.Ne croyez pas ceux qui vous disent que la poé-sie ne prend pas le monde en considération. Ellele prend depuis ses arrières. Dénoncer lestyrans, les bourreaux, les assassins, tous ceuxqui aident au désert, elle le fait quand elle setient, assoiffée de réel, au plus près d’elle-même, faisant signe vers le chemin de la viequ’elle devine, la langue sur le dos. Car elle laporte, l’emporte et chemin faisant aide à sestransformations, à son renouvellement.Aidons Orphée dans sa remontée ! Ne laissonspas ces voix que « la poésie fait résonner danstoutes les langues du monde, depuis l’originedes temps » n’être que « le versant occulté de lamondialisation ». Portons-les jusqu’aux rivagesde la lumière !

Alain FREIXE

CommémorerRousseau ?

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culture

COIN POLAR

COIN BD

L’écailler est une maison d’édition fondée en2011 et qui reprend la suite de L’Écailler duSud, une maison d’édition marseillaise origi-nellement créée en 2000 et ayant cessétoute publication dix ans plus tard. Nouveaucatalogue, nouvelle distribution, nouvellecharte graphique et nouveau nom : toutsemble réuni pour imposer L’écailler sur lascène éditoriale du polar.François Thomazeau est éditeur, journalisteet auteur. Avec Patrick Coulomb et MichelMartin-Roland, il est à l’origine de ce renou-veau éditorial, qu’il nous dévoile ici :

Après avoir sévi dix années avecl’Écailler du Sud, vous êtes revenus de-puis plus d’un an, avec un nouveau pro-jet éditorial, L’écailler. Pourquoi une telleténacité !? Quand on a un enfant en danger de mort, onfait tout ce qu’on peut pour le sauver, et cesans réfléchir. Après, on est assez persuadéde la validité de notre projet, de la qualitédes textes produits, de la pertinence denotre direction éditoriale. Alors on continue,comme d’autres jouent au loto. Polar et rock’n’roll sont souvent asso-ciés, et cela se retrouve dans vos propo-sitions éditoriales. Pourquoi ?Polar et rock’n’roll ne sont pas si associésque ça. Pendant longtemps, c’était plutôtpolar et jazz, question de générations. Nousavons pensé que l’édition française ne pu-bliait pas tellement de littérature rock’n’rolljustement. Or c’est notre culture. Donc il yavait une logique. Je dis bien de la littératurerock’n’roll. Nous ne publions pas de docu-ments sur la question, mais bien des ouvra-ges littéraires. Il n’y a pas grand monde surle créneau (Allia, 13e note) d’où l’idée. Maisc’est plus une envie de lecteur qu’un planmarketing d’éditeur. …et de fait, nous présenter l’ensemble devos collections, et la fréquence des paru-tions…Nous avons une collection « Polar & noir »qui est l’épine dorsale de l’ensemble, avecun corollaire « Pulp », une collection de do-cuments axés sur le noir et le crime (série« 100 crimes »), la collection de textescourts et percutants « Le petit écailler » etenfin, donc, la collection « L’écailler durock ». L’Écailler du Sud existait au départ de lavague du « polar marseillais » ; quel estvotre constat sur l’évolution du polar ?Marseillais ? Ça continue. Il y a toujours au-tant d’auteurs, mais chacun arrive à navi-guer de son côté, en marge de la vague qui,elle, a cessé. Pour le polar français en géné-ral, on est un peu dans le creux de la vague

justement. Le polar continue à se vendrebien, mais essentiellement autour dequelques grands noms qui concentrent lesventes, la masse vendant très peu. Et lesétrangers vendent mieux que les Français àde rares exceptions, qui écrivent en réalitéen marge du polar (thriller, horreur, fantas-tique) : Thilliez, Chattam, Grangé, Tabach-nik, etc. Reste le cas Vargas, mais elle faitplus du polar « littéraire et poétique » ; dansla lignée d’un Pennac. On est encore auxmarges du genre. Le polar est devenu es-sentiellement un genre télévisuel.L’ensemble des acteurs du livres’accordent à dire la difficulté d’existerpour une maison d’édition indépendan-te ; partagez-vous ce constat ?Oui. Pour des raisons mille fois évoquées.Problèmes de distribution, baisse du lecto-rat, frilosité des banques et des subvention-neurs (on ne prête qu’aux riches). Le problè-me s’est sans doute accentué du fait de lacrise, et les libraires ont tendance à se re-croqueviller autour des grandes maisons etdes auteurs connus, par sécurité.En tant qu’éditeur, quel regard portez-vous sur l’édition numérique ? Un regard bienveillant. Nous avons tous des

tablettes et ne lisons les ma-nuscrits quasiment plus que sur ce support.Ce n’est que cela : un support, qui n’a au-cune raison de changer fondamentalementla donne à condition d’établir un modèleéconomique sain. Nous sommes par ailleursdisponibles sur la plateforme Youboox et surcelle, destinée aux professionnels, E-Pagine.Vous éditez Au service secret de Sa Sain-teté, le dernier livre de Patrick Raynal.Quel effet cela fait d’éditer – et c’est peude le dire - une telle pointure du polar enFrance ?On a déjà édité d’aussi grosses pointures(Daeninckx en nouvelles, Bill Pronzini…) Cen’est pas la notoriété de l’auteur qui importepour nous, mais la qualité de son texte.Après, Patrick est un ami, qui soutientl’aventure de L’écailler depuis ses tout dé-buts et on a une vraie communion de vueéditoriale avec lui et beaucoup de goûtscommuns. Il était heureux comme un auteurdébutant de voir sortir le bouquin chez nous.

Propos recueillis parFabrice RINAUDO

Plus d’informations sur le site :http://lecailler.fr/lecailler/

Un nouveau soufflepour l’édition polar : l’écailler !

Au servicesecretde Sa SaintetéPatrick Raynal, Ed. L’Ecailler, 2012.Jonathan Swift est prêtre. Avant de trouverconfort et réconfort dans les bras de l’Église,c’est dans l’activisme d’extrême-gauchequ’il a donné un sens à sa vie. Cependant,lorsqu’il doit quitter sa paroisse située auBurkina Faso pour cause de convocation duSaint-Siège, il estime avec justesse que latranquillité dans laquelle il évolue depuisplusieurs années va prendre du plomb dansl’aile, et un sacré coup dans le nez.Reprenant du service –secret-, Swift devientespion et doit enquêter sur une procédurede béatification de la princesse de San

Bernardo. Lorsque l’on sait que ladite princi-pauté est un repère ambulant de trafiquesen tout genres (armes, drogues, blanchi-ment d’argent), on peut tout à fait imaginerl’envie de seconde jeunesse qui taraudeSwift. Avec ce bémol toutefois : il a un lien deparenté avec le prince de San Bernardo.Cela faisait longtemps (trop ?) que PatrickRaynal, pape du polar français, directeur decollection à la Série Noire de 1991 à 2004 -et certainement amateur de James Bond -n’avait pas fait paraître de livre. Et c’est sousla forme d’un roman d’espionnage qu’il lefait ici. Plutôt étonnant, et pourtant l’auteurparvient à réinvoquer ses thèmes de prédi-lection (ses vieux démons ?) : l’évolutiondes parcours personnels au fil des ans,l’amitié, le militantisme d’extrême-gauche.En d’autres termes, qu’est-ce qu’on a foutude notre passé ?

Fabrice RINAUDO

Les Fabuleuses aventuresautobiographiquesde John Relom dans le mondesans pitié de l’édition, John Relom, éd. Le Lombard, 2012.

John Relom ne sera pas rockstar. JohnRelom rencontre un éditeur intéressé parses planches. Le chat de John Relom sepend. Un lapin voulant ouvrir un compteen banques se fait braquer par des ban-

quiers qui, « de plusen plus aux aboisadoptent des com-portements dés-espérés ». JohnRelom entreprendd’écrire aux extra-terrestres dansl’objectif avoué defaire connaissance,histoire d’être enharmonie avec euxlorsqu’ils viendront

nous rendre visite. John Relom écrit sonautobiographie –presque- débridée, déca-lée et peut-être bien décadente. JohnRelom dévoile toute la vérité sur lespunks. L’éditeur de Relom a été racheté,de fait, les stagiaires de la maisond’édition méritent « le coup d’œil ». JohnRelom a un ennemi, c’est JocelynDurand. Cela commence donc comme ça : l’anti-talent de John Relom pour la musique n’apas fait de lui une rockstar. Alors il estdevenu auteur de bandes dessinées… Etpour parvenir à ses fins, John Relom,sans égocentrisme ni paradoxe aucun,emprunte avec justesse à certains de sescollègues, et pas n’importe lesquels. Onsent l’influence d’un Larcenet, Edika ouTronchet dans le découpage et les thè-mes abordés (le sexe, le rapport à la mort,les filles…) Relom, ou comment parler del’horreur en invoquant – avec justesse -l’humour. Noir, absurde, rempli de nonsens, cynique à souhait, loufoque et farfe-lu, Relom en fait trop, son style est parfai-tement déplacé, et c’est pour ça que çamarche.

La Ballade de Magdalena,la stratégie du poisson flûte(tome 1), Christophe Dubois, éd. le Lombard, 2012.

À l’aube de la Première Guerre mondiale,Léonie de Sars part à la recherche d’unpère ayant quitté femme et enfants. Lesdernières nouvelles qu’il a envoyées indi-quent une piste au cœur de l’Océan in-dien. Piste qui prendla forme du capitaineLikian Bruckner, unhomme cruel, misan-thrope, amoral et qui,sans pour autant êtrecaractériel, ne souff-re aucune contrarié-té. « J’emmerdel’humanité » procla-me-t-il à bord d’unvoilier qu’il vient de voler, tandis qu’il sou-haite en faire passer l’équipage par-des-sus bord. Léonie va devoir conjuguer aveccet être impitoyable, si elle veut obtenir lesinformations qu’elle souhaite…Il aura fallu plusieurs années à ChristopheDubois pour mûrir cette histoire, et sa pa-tience et son opiniâtreté n’auront d’égalque la qualité du travail fourni. Lorgnant ducôté d’un Corto Maltese, ce récit aux en-volées romanesques est également unvéritable voyage – historique, mais aussinarratif et graphique -. Le contraste développé entre la brutalitédes événements et les planches somp-tueuses (entre autres décors délicieux,océan, îles et bateaux) donnent un résul-tat très réaliste, aux couleurs majestueu-ses, faisant de la première partie de cediptyque un album fort réussi.

Fabrice RINAUDO

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DANS LES SALLES...

NNIICCEECinéma Pathé Lingostière604, route de Grenoble - 06200 NiceDe 10,60€ (plein tarif) à 7,10€ (tarifréduit)COMME DES FRERES Mar 20h00NIKO LE PETIT RENNE 2 Dim 11h00TWILIGHT 5 2nde PARTIE Mer VenSam Dim Mar 10h45 11h30 14h0015h00 16h45 18h00 19h30 21h0022h15 Jeu Lun 10h45 11h30 14h0015h00 16h45 19h30 21h00 22h15 (VO)Jeu 18h00 Lun 14h00LE CAPITAL 11h15 14h15 16h4519h45 22h20END OF WATCH 10h30 13h00 15h2017h40 20h00 22h20DRAGONS Sam 11h00 13h50 16h00SUR LA PISTE DU MARSUPILAMIDim 13h50 16h00SKYFALL Jeu Ven Lun Mar 10h3011h00 13h45 14h30 17h00 18h0020h30 21h30 Mer Sam Dim 11h0014h30 17h30 18h00 21h00 21h30ARGO 11h15 14h15 16h45 19h5022h20FRANKENWEENIE 11h15 13h5015h50 17h50LOOPER Mer Sam Dim 16h20 190521h45 + Jeu Ven Lun Mar 11h00 13h45NOUS YORK 10h45 13h20 15h3017h40 20h00 22h20PARANORMAL ACTIVITY 4 Mer 15h4517h50 20h00 22h10 Jeu 11h00 13h3015h40 Ven Lun Mar 11h00 13h30 15h4017h50 20h00 sf Mar 22h10 Sam Dim20h00 22h10STARS 80 11h00 14h00 16h45 19h3022h00UN PLAN PARFAIT 19h45 22h00L’AGE DE GLACE Mer 11h00 13h45CLOCHETTE ET LE SECRET DESFEES Mer Sam Dim 11h00 13h3015h15ASTERIX ET OBELIX 11h30 14h3017h00 19h30KIRIKOU ET LES HOMMES ET LESFEMMES Mer Sam Dim 11h15 14h15TAKEN 2 22h15UNE SOIREE AVEC (VO) Jeu 20h00

Cinéma Pathé Masséna31, Avenue Jean Médecin - 06 000NiceDe 10,40€ (plein tarif) à 7,10€ (tarifréduit)COMME DES FRERES Mar 20h00L’AGE DE GLACE Dim 13h50 16h00LE CHAT POTTE Sam 11h00 13h5016h00NIKO LE PETIT RENNE 2 Dim 11h00TWILIGHT 5 2nde PARTIE 11h1013h40 16h30 (VO) 19h30 22h00LA CHASSE (VO) 10h50 13h10 15h3017h50 20h10 22h30LE CAPITAL 10h40 13h00 15h2017h40 20h00 22h20ARGO (VO) Mer Ven Sam Dim Lun Mar11h30 14h10 16h50 19h45 22h20 Jeu10h40 14h10 16h50SKYFALL 10h40 13h15 16h10 (VO)19h05 22h00NOUS YORK 11h00 13h50 15h5518h00 20h05 22h10ASTERIX ET OBELIX Mer Jeu Ven LunMar 10h50 13h10 15h30 17h50 20h10Sam Dim 20h10UN PLAN PARFAIT 22h30UNE SOIREE AVEC (VO) Jeu 20h00

Cinéma Pathé Paris54, Avenue Jean Médecin – 06000NiceDe 10,70€ (plein tarif) à 7,60€ (tarifréduit)RENGAINE 14h30 16h30 18h30 20h2022h20TWILIGHT 5 2nde PARTIE 14h1017h00 20h00 22h30SKYFALL 14h00 17h20 20h30PARANORMAL ACTIVITY 4 13h3018h00 22h30SINISTER Mer Sam Dim 17h35 19h5022h10 Jeu Ven Lun Mar 13h05 15h2017h35 19h50 22h10LOOPER 15h30 20h00CLOCHETTE ET LE SECRET DESFEES Mer Sam Dim 13h50 15h40

Le Rialto4, rue de Rivoli – 06 000 NiceDe 7,50€ (plein tarif) à 6€ (tarif réduit)LE CAPITAL 14h00 16h30 19h3022h10 +Mer Sam Dim 11h00LA CHASSE (VO) 17h50 20h00 22h10+ Mer 11h00 13h40 + Jeu Ven Lun Mar13h40ARGO (VO) 14h00 16h30 19h30 22h00+ Mer Sam Dim 11h00TWILIGHT 5 2NDE PARTIE (VO)14h00 19h30 22h00 + Mer Sam Dim11h00AUGUSTINE 13h40 17h55 20h00FRANKENWEENIE 16h00 + Mer SamDim 11h30 (VO) 22h00J’ENRAGE DE SON ABSENCE MerJeu Ven Lun Mar 15h50AMOUR 16h30TOUS COBBAYES ? Jeu 20h00CHEBRUARSKA ET SES AMIS Sam13h50FELINS Sam 11h00 Dim 15h50

JEAN DE LA LUNE Dim 11h00UNE VIE DE CHAT Sam 15h50WINNIE L’OURSON Dim 13h50

Cinéma Variétés5, boulevard Victor Hugo – 06 000NiceDe 9,50€ à 6€ (tarif réduit)TWILIGHT 5 13h40 16h30 19h2022h10APRES MAI 13h50 16h30 19h30 22h10+ Mer Sam Dim 10h50ARGO 13h50 16h30 19h30 22h10 +Mer Sam Dim 10h50SKYFALL 13h40 16h30 19h20 22h10 +Mer Sam Dim 10h40UN PLAN PARFAIT 15h50 20h00STARS 80 13h40 15h50 22h10 + Mer11h00ASTERIX ET OBELIX AU SERVICEDE SA MAJESTE 17h55 20h00 22h10+ Mer 11h00 13h40 15h50 Jeu Ven LunMar 13h40 15h50CLOCHETTE ET LE SECRET DESFEES Mer Jeu Sam Dim 11h30NOUS YORK 13h40 15h50 17h5520h00 22h10LE ROI LION Sam 11h00LES ENFANTS LOUPS Sam 15h50Dim 11h00ERNEST ET CELESTINE Dim 13h50

Le Mercury16, place Garibaldi – 06 000 NiceDe 7,50€ (plein tarif) à 5€ (tarif réduit) LA BALLADE DE BABOUCHKA Sam11h00POUGNE, LE HERISSON Sam 12h00Dim11h00LA PRINCESSE ET LA GRENOUILLESam 13h00 Dim 12h00PIRATES ! BONS A RIEN, MAUVAISEN TOUTF Sam 14h45 Dim 13h45TEX AVERY 2 (VO) Sam 16h25 Dim15h20ARIETTY Sam 11h00 Dim 11h00LE CHIEN DU TIBET Sam 12h45 Dim12h45LE PETIT GRUFFALO Sam 14h30 Dim14h30ZARAFA Sam 15h20 Dim 15h20HAPPY FEET 2 Sam 11h00 Dim 11h00LA COLLINE AUX COQUELICOTSSam 12h50 Dim 12h50LES NOUVELLES AVENTURES DECAPELITO Sam 14h30 Dim 14h30MADAGASCAR 3 Sam 15h20 Dim15h20REVE ET SILENCE (VO) Ven 20h30 +Débat Dim 21h40 Mar 17h30TRANSAMERICA (VO) Mar 20h30 +DébatOLIVER SHERMAN (VO) Mer 17h25Ven 14h00 Sam 17h00 Dim 17h05 Lun15h40 Mar 19h30WEEKEND (VO) Jeu 21h30 Ven 15h35Lun 19h30 Mar 21h35VILLEGAS (VO) Mer 15h40 Jeu 14h00Ven 17h20 Dim 19h55 Mar 15h45CESAR DOIT MOURIR (VO) Mer19h35 Jeu 17h35 Ven 19h10 Dim16h50 Lun 14h00 Mar 19h20IN ANOTHER COUNTRY Jeu 19h00Ven 17h35 Sam 21h20 Mar 15h50LE MAGASIN DES SUICIDES Mer14h00 Dim 16h45 Mar 14h00AU GALOP Mer 14h00 Jeu 17h45 Ven21h05 Sam 18h30 Lun 19h10 Mar14h00TRAVIATA ET NOUS Mer 18h55 Jeu15h45 Ven 19h05 Sam 14h00 Lun17h10 Mar 21h00PAPERBOY (VO) Mer 17h30 Ven19h20 Sam 21h30 Lun 21h15 Mar17h40CAMILLE REDOUBLE Jeu 20h40 Sam19h40 Dim 21h40 Lun 15h25LA PART DES ANGES (VO) Mer 20h55Jeu 20h45 Ven 15h30 Sam 20h50TO ROME WITH LOVE (VO) Mer15h45 Dim 20h25 Lun 21h05 Mar17h30DESPUES DE LUCIA (VO) Mer 21h00Jeu 15h45 Ven 14h00 Dim 18h10 Lun19h15REALITY (VO) Mer 19h25 Sam 18h35Lun 15h35VOUS N’AVEZ ENCORE RIEN VU Jeu17h30 Ven 21h20 Dim 18h20 Mar15h35QUELQUES HEURES DE PRIN-TEMPS Mer 15h35 Jeu 14h00 Ven17h20 Mar 19h40MONSIEUR LAZHAR Mer 14h00 Jeu14h00 Dim 20h00 Lun 17h30LA VIERGE, LES COPTES ET MOI(VO) Jeu 15h55 Ven 14h00 Sam 20h40Lun 14h00LES FEMMES DU BUS 678 (VO) Mer21h30 Jeu 19h35 Sam 16h45 Lun17h40SUMMERTIME (VO) Jeu 19h25 Sam20h10 Dim 18h35 Lun 14h00GOD BLESS AMERICA (VO) Jeu20h50 Ven 15h30 Lun 20h40

MMOOUUAANNSS--SSAARRTTOOUUXX-La Strada 201, Avenue de Cannes – 06 370Mouans-SartouxDe 7,50€ (plein tarif) à 5,50€ (tarifréduit)TWILIGHT 5 2nde PARTIE Mer Ven

13h40 15h45 19h55 22h10 Jeu 14h0021h15 Sam 11h00 13h40 15h45 19h5522h10 Dim 11h00 13h40 15h55 21h00Lun 15h45 19h55 22h10 Mar 15h5019h55 22h10SKYFALL Mer Jeu 15h00 21h35 Ven15h30 21h35 Sam 14h35 21h40 DimLun Mar 15h10 21h35ASTERIX ET OBELIX Mer 15h20 Sam11h00 15h30 Dim 10h00 15h30 Lun13h15 Mar 19h40CLOCHETTE ET LE SECRET DESFEES Mer Dim 13h45 Sam 11h00UN PLAN PARFAIT Mer Ven Lun Mar17h50 Dim 21h25STAR 80 Mer Jeu 17h30 Ven 13h35Sam 17h50 Dim 17h45 Lun 17h40 Mar13h15FRANKENWEENIE Mer 13h20 Jeu13h30 Sam 13h00 Dim 12h00ARGO Mer 19h45 Jeu Lun 17h30 Sam19h30 Mar 13h40 21h30 (VO) Jeu21h35 Ven 19h25 Dim 17h30 Lun21h25NOUS YORK Mer Ven 17h30 Jeu13h45 19h40 Sam Lun 13h45 Dim19h40 Mar 14h00 19h45LA CHASSE (VO) Mer 19h30 21h50Jeu 15h30 19h30 Ven 15h30 18h00Sam 17h30 Dim 13h00 19h40Lun 15h30 19h40 Mar 16h00 17h40CESAR DOIT MOURIR (VO) Sam20h00TRAVIATA ET NOUS Dim 18h00PAULINE DETECTIVE Lun 14h0020h00 Mar 18h00LA VIERGE, LES COPTES ET MOI(VO) Sam 17h00COULEUR DE PEAU : MIEL Dim10h30JOURNAL DE FRANCE Ven 20h00

AANNTTIIBBEESS-Cinéma Le Casino6 Avenue du 24 Août - 06600 AntibesJuan les PinsDe 7,50€ (plein tarif) à 6€ (tarif réduit)TWILIGHT 5 2nde PARTIE Mer SamDim 13h45 16h45 19h45 22h25 JeuVen Lun 16h45 19h45 22h25 Mar16h45 (VO) Mar 20h30SKYFALL 16h30 19h30 sf Mar 22h25 sfMar (VO) Mar 20h30ASTERIX ET OBELIX Sam 13h50UN PLAN PARFAIT 13h50 sf SamSTAR 80 Jeu Ven Lun Mar 13h45ARGO Mer Dim 13h45 19h45 22h25Jeu Ven Lun 13h45 22h25 Sam 13h4519h45 Mar 13h45 (VO) Mar 20h30NOUS YORK Mer Sam Dim Mar 16h45Jeu Ven Lun 16h45 19h45PARANORMAL ACTIVITY 4 Sam22h25

CCAANNNNEESS-Les Arcades 77 rue Félix Faure – 06 400 CannesDe 9,50€ (plein tarif) à 7€ (tarif réduit)SKYFALL (VO) 18h45 21h30 + Dim10h30LE CAPITAL Mer 13h45 17h40 21h00Jeu Ven Sam Dim Lun Mar 13h4517h40 21h40 + Sam Dim 10h30LA CHASSE (VO) Mer 13h45 20h00Jeu Ven Sam Dim Lun Mar 13h4519h40 21h00RENGAINE 15h50 17h15 + Sam 10h30AUGUSTINE Mer Jeu Ven Lun Mar14h00 15h45 18h20 Sam Dim 10h3015h45 18h20AMOUR 16h00FRANKENWEENIE (VO) Sam Dim14h00

LLAA GGAAUUDDEE-La CoupoleQuai Sainte-Appollonie - 06610 LaGaudeDe 6€ (plein tarif) à 5€ (tarif réduit)CLOCHETTE ET LE SECRET DESFEES Mer Dim 15h00 UN PLAN PARFAIT Mer 21h00 JeuDim 19h30 + Dim 17h30MININO GARAY ET LES FRAPADIN-GOS + LA COMPAGNIE SO WHATVen 21h00JEROME VINSON TRIO + J.M. JAFETRIVIERA QUINTET Sam 21h00TRIO DIES GOA UNIT Lun 17h30LES SAPHIRS Lun 21h00

VVAALLBBOONNNNEE-Les visiteurs du soirLe Pré des Arts 0 – 6560 ValbonneDe 6€ (plein tarif) à 3€ (tarif réduit)KIRIKOU ET LES HOMMES ET LESFEMMES Sam 16h00 Dim 15h30LE CHIEN DU TIBET Sam Mer 18h00ASTERIX ET OBELIX Sam 20h30LES NOUVELLES AVENTURES DECAPELLITO Dim 10h00LE PETIT GRUFFALO Dim 11h00NEW YORK- MIAMI (VO) Dim 18h00AMOUR Dim Lun Mar 20h30KILLER JOE (VO) Jeu 20h30

Agora FM.Une radio de proximité ouverte sur le monde

3 fréquences dans les A.M: 94 MHZ Grasse Cannes Antibes, 94.1 Nice et Pays Niçois,88.9 Menton et Monaco, sur le web agorafm.fr

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Programmation musicale 100°/° originalePartenariats, infos:Tel:04 93 36 84 85 Fax: 04 93 36 01 32 [email protected]

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Film inédit sur la Grèce !

Le Festival TransMéditerranée propose en avant-première l’excellent film KHAOS. Lesvisages humains de la crise Grecque de Ana Dumitrescu. Ce road-movie sur la Grèced’aujourd’hui aborde, à partir de nombreux témoignages et portraits, la vie du peupleGrec. Il nous mène, au rythme du jazz et du rap, de Trikala à l’île de Kea en passant parAthènes à la rencontre du citoyen grec, du marin pêcheur au tagueur politique... Projection- Débat. Mardi 20 novembre 2012 - 20h30Espace Culturel Altitude 500 (5 euros).

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2 7 / L E PATR IOTE d u 1 6 . 11 a u 2 2 . 11 . 2 0 1 2

cinéma

Dans la séquence d’ouverture le comé-dien–cinéaste pose très clairement lestenants et aboutissements de la grave situa-tion Politique qui a conduit à une prised’otages dans l’ambassade américaine enIran, le 4 septembre 1979. Après la chute du Shah que les Américainsavaient mis en place à la faveur d’un coupd’état afin de préserver leurs intérêts écono-miques et la mainmise sur le Pétrole auMoyen-Orient, l’Ayatollah Khomeinydésormais au pouvoir, fait pression etaccuse l’oncle Sam -l’ennemi juré-d’avoir donné refuge au traitre dontl’extradition est demandée. Au plusfort des manifestations hostilesl’ambassade des Usa est prised’assaut et le personnel en otage.Dans la confusion Six d’entre eux ontréussi à fuir et se réfugier àl’ambassade du Canada. Afin de cal-mer l’opinion publique l’administrationAméricaine cherche à mettre enplace un plan susceptible d’exfiltrer,ces derniers. Mais, il va falloir user desubterfuges pour abuser des servicesIraniens qui ont bouclé toutes lespossibilités de sortie du territoire. Lescénario n’est pas facile… mais par-fois la fiction et la réalité (c’est unehistoire vraie …) se retrouvent réunispour en concocter un où le propre del’imaginaire du cinéma va permettrede trouver la parade. Des gens decinéma envoyés en repérage pour unfutur tournage en Iran est-ce un scé-nario-alibi plausible ? Réunir lesingrédients d’un scénario d’action oùpolitique, espionnage et drame sontau cœur d’un récit et où les risques et

les dangers d’une aventure humaine sontles éléments d’un suspense insoutenable,voilà une recette que les spectateurs ontsouvent plébiscitée. Alors pourquoi pas !Ben Affleck dont c’est le troisième longmétrage après deux essais réussis (Gonebaby Gone et The Town) où il explorait lespossibilités d’un cinéma où le spectaculairen’éclipsait pas la réflexion ni le regard sur lasociété, a trouvé ici le sujet idéal qui lui per-

met de décliner sa passion du cinéma, cetart de l’invention et de l’illusion de Méliès quise marie à celui du réel des frères Lumière.Et son film, au delà des éléments del’intrigue cités, est conçu aussi comme unhommage au cinéma. D’ailleurs, la manièredont le scénario de l’intrigue réelle se décli-ne est monté, par l’agent de la CIA qu’ilincarne, de la même manière qu’un projetcinématographique. C’est la superbe idée

du film qui trouve sa mise en pratique en fai-sant constamment se répercuter les élé-ments du réel et de la fiction. Dès lors lesuspense et la jubilation sont doubles. Il y acelui de l’opération de sauvetage, styleMission Impossible dont la mise en scène etla crédibilité sont mises à l’épreuve del’ennemi qu’il faut confondre, et doit seconcrétiser un succès. De la même manièreque le montage d’un projet de cinéma doit

convaincre producteurs et finan-ciers, puis décliner une réalisationqui trouve agrément et succèsauprès du public. A l’évidence BenAffleck prend du plaisir à mettre enparallèle les événements des deuxunivers qui s’entrecroisent et le filmregorge de situations qui mettenthabilement en avant cette associa-tion où le cocasse et le danger sefont écho. Le suspense n’en est queplus haletant et Ben Affleck utilisehabilement cet effet-miroir qui luipermet d’installer une réflexion surle Cinéma et sur son rôle dans lasociété. C’est en tout cas ce que lecomédien –Cinéaste veut mettre icien avant (en nous livrant les des-sous d’un dossier resté longtempstop secret et déclassifié et rendupublic en 1997) : ce pouvoir que lecinéma peut avoir pour aborder desproblèmes de société et offrir sujetsde réflexions, voire proposer dessolutions, pour tenter de les résoud-re. L’engagement artistique, au-delàde «l’entertainment », c’est aussicela…

Etienne BALLÉRINI

Face à l’Iran de la révolution de Khomeiny, le cinéma se met au service d’une libération des otages.Réel et Fiction sont au cœur d’une mission « top secret »….

ARGOdeBen AFFLECK

Le traitement de l’hystérie confronté aux balbutiements de la psychanalyse dans une société du 19ème rigide et réticente. Un premier film plein de promesses…

AUGUSTINEd’Alica WINOCOUR

Dans le restaurant où elle travaille commeserveuse, Augustine (Sapho, remarquable)a quelquefois des attaques d’angoisse dontles réactions corporelles violentes entraî-nent convulsions et formes de paralysiemomentanée. A la suite de l’une d’entre elle,plus violente, elle est envoyée chez le doc-teur Chacot (Vincent Lindon) dont les expé-riences, faites en marge de la médecine offi-cielle sont les premières tentatives de traite-ment d’une maladie sur laquelle, la sociétécomme la médecine traditionnelle, portentun jugement et un regard très sévère. A

l’évidence les signes visibles d’un troubleprofond lié à l’affectif et à la sexualité danscette société de la fin du 19ème siècle catho-lique très rigide dans ses bottes, est de reje-ter dans le camp des « anomalies mons-trueuses », les manifestations d’une maladiedont on ne sait pas soigner les origines dessymptômes. Dans le laboratoire expérimen-tal du docteur Chacot Augustine retrouved’autres femmes victimes, dont la souffranceest en attente de soins et d’un possible répit.Ce dernier y fait une étude méticuleuse descas, et y tente ses expériences d’hypnose

dans le but d’y trouver solution en mêmetemps que la reconnaissance de l’académiede médecine. Parmi les nombreux cas lasingularité de celui d’Augustine lui semblede nature à pousser plus avant ses expéri-mentations afin de les présenter à uneconfrérie dubitative, mais curieuse.Le premier long métrage de la cinéaste pas-sée par le court révèle un vrai tempéramentet un regard au travers d’une mise en scèneincisive qui inscrit les ellipses et les raccour-cis comme formes d’enferment au cœurd’un récit et d’une mise en scène où lesrituels semblent reflètent par leur théâtralitéla violence d’une société dont les réponsesà la souffrance, sont inadéquates. A cet égard la belle idée de couper la fluidi-té du récit par les interventions face camérade quelques-unes des compagnesd’Augustine, en est le reflet. De la mêmemanière la mise en scène qui fait volontaire-ment écho par son découpage sec et distan-cié à la fois à la dépendance(aux soins, maisaussi pour Augustine a son médecin...), et àla violence clinique des séances (la scèneoù Augustine est soumise aux instruments…) et à celle du regard extérieur (la séquen-ce où elle est jetée en pâture aux gens del’académie…) auquel fait écho, le texte trèsdur de Maupassant sur les expérimenta-tions, lu par la femme (Chiara Mastroianni)du professeur Charcot. D’ailleurs, habile-ment Alice Winocour inscrit au cœur de sonrécit un double regard (réaliste et fantas-tique) qui se retrouve en confrontation per-manente au cœur de la mise en scène pourtraduire un forme de double enfermement,mental et sociétal. Celui vécu par des fem-

mes objet de violence dans une société quirefuse de comprendre leur état, et sontsujet-objet d’expériences qui les jette enpâture et en spectacle. On pense au filmd’Abdel Kéchiche Venus Noire dontAugustine et ses semblables seraient lependant blanc « monstrueux » d’une socié-té dont le vampirisme morale, social et éco-nomique, rejette l’existence dans une humi-liante mise en spectacle. A cet égard le finalen forme de pied de nez libérateurd’Augustine, est non seulement libérateurmais annonciateur des combats féministesdu siècle à venir...

Etienne BALLÉRINI(1) Nous dédions la page cinéma àLeonardo Favio, acteur, chanteur, et cinéas-te argentin emporté par une pneumonie àl’âge de 74 Ans. C’est l’un des grands maît-res du Cinéma Argentin Leopoldo TorreNislsson qui le prend sous son aîle et aveclequel il atourné de nombreux films(Secuestrador, 1958, Fin de Fête, 1960,Martin Fiero, 1968) ce qui le pousse derriè-re la caméra. Leonardo Favio devient l’undes cinéastes- phare de la génération desannées Soixante et du « Nuevo Cinéma »avec sa Chronique d’un enfant solitaire(1965), El dependiente, 1969) aux accentsnéoréalistes, puis il se tournera vers un ciné-ma plus populaire et ses films rencontrerontun gros succès public (Juan Moreira, 1973,Sonar Sonar, 1976… et El Mono, 1993,Peron sinfonia del sentimiento, 1999).Il a été nommé par la présidente Kirchner en2010, ambassadeur de la culture argentine.

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loisirs

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IDEE RANDO

SAltitude de départ : 650 mPoint haut : 1200 mDénivelé cumulé : 650 mHoraire : 4 h 15Cotation : 1 (randonnée facile)Carte : « Vallée de la Vésubie » N°3741 OT Top 25 au 1/25000Accès routier : De Nice, remonter lavallée du Var (D. 6202) jusqu’à Plan-du-Var. A la sortie de ce village remon-ter vers la droite la vallée de la Vésubie(D. 2565) jusqu’au Suquet. Là, prendreà gauche la D. 373 vers Pélasque,après le hameau du Farguet et avantd’arriver à Pélasque (attention la routen’est pas très visible) s’engager sur lagauche, au niveau d’une fontaine etd’un bassin, sur la petite voie sansissue. Se garer à l’extrémité de la routeà proximité de la balise 142 point dedépart de la randonnée.Descriptif : Montée (2 h 45) : A partirde la balise 142 s’engager sur labonne piste en direction des« Granges de la Brasque » Moins de15 minutes après à la balise 143 lais-ser à droite la direction de la Baisse deCongelard (ce sera le sentier deretour) pour continuer tout droit tou-jours dans la même direction. La pistelégèrement montante traverse unebelle forêt où les châtaigniers maisaussi les chênes et les résineux domi-nent. Bien balisée de marques jaunescette piste atteint bientôt une plaquecommémorative (surmontée d’unehélice d’avion) rappelant l’accident sur-venu à la fin de la deuxième guerremondiale à un jeune pilote. Peu aprèsla pente devient, pendant quelquesminutes beaucoup plus raide, mais elles’adoucit à nouveau ensuite en bordu-

re du vallon du Figaret (à pics parfoisimpressionnants) Un peu moins de 2heures après le départ à la balise 144et à l’altitude de 1117 m au lieu-dit« Rimeut » abandonner la montée versles Granges de la Brasques pour lepetit sentier qui part vers la droite endirection de la Baisse de Congelard.En balcon il permet de rejoindre dansun premier temps la balise 150, puisen se dirigeant toujours vers la Baisse,

à droite, et après être passé au pointhaut de la randonnée (1200 m) aprèsune légère descente on atteint celle-cià la balise 135 (notre photo) après 2 h45 et à l’altitude de 1117 m.Retour (1 h 30) : Continuer tout droiten direction de « Pélasque supérieur »Le chemin remonte de façon modéréepour atteindre rapidement la balise136 puis la 138 (35 minutes) au quar-tier de Rastuna. Poursuivre vers la

droite le sentier toujours bien balisédébouche sur une piste, la prendrequelques dizaine de mètres (vers ladroite) puis au niveau de marques jau-nes, la quitter vers la droite pourdéboucher cette fois sur une chausséebitumée. Toujours continuer vers ladroite, au bout de quelques dizaine demètres au niveau d’in piquet duConseil général s’engager sur le petitsentier pas visible du tout mais pour-tant toujours balisé de repères jaunes.Pas du tout entretenu (lors de notrepassage) la progression est pas évi-dente mais permet toutefois d’arriveren bordure d’un canal d’irrigation.Poursuivre encore à droite puis assezrapidement (attention le chemin n’estpas très visible) plonger vers la gauchepour rejoindre à la balise 143 la pisteprise au départ de la randonnée. Dèslors le retour au point de départ nepose aucun problème.Remarques : Cette randonnée assezfacile, les pentes ne sont jamais eneffet très raides, mais un peu longue,peut être réalisée pratiquement toutel’année car elle se déroule pourl’essentiel dans de très belles forêtsqui assurent aux randonneurs une fraî-cheur très agréable. A noter que lesplus sportifs de nos lecteurs pourrontune fois la balise114 atteinte continueren direction des Granges de laBrasque et retrouver en redescendantsur la crête de Vallièra la balise 150avant la Baisse de Congelard.Compter alors 2 h 15 de plus et prèsde 400 mètres de dénivelé supplémen-taire.

Gé-Ro.

Circuit de CONGELARDAu départ de Pélasque

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le ciel

Nos soirées actuelles sont éclairées parJupiter. C’est ce qui brille le plus dans leciel, vers le levant, dès le début de la nuit. Laplanète Jupiter va enchanter nos soiréesd’hiver. Si vous observez régulièrement leciel, vous verrez rapidement que, de soir ensoir, Jupiter se déplace lentement parmi lesétoiles. Jupiter met douze années à faire letour du ciel. Ce phénomène a été remarquédès la plus haute Antiquité : parmi toutes lesétoiles visibles, seules cinq ont un compor-tement anormal. Cinq étoiles se déplacentlentement parmi les autres qui semblenttourner régulièrement et indéfiniment autourde la Terre. Ces cinq planètes, du mot grecplanètès signifiant mobile, ont été nomméesdans l’Antiquité en fonction de leur compor-tement. La plus lente, qui fait le tour du cielen 30 ans, a été attribuée au dieu du temps,Kronos chez les Grecs, Saturne à Rome.Celle qui met douze ans seulement à faire letour du ciel, c‘est le seul fils de Saturne,Jupiter, que nous pouvons admirer actuelle-ment dès le début de la soirée. À partir du début du XVIIe siècle, les lunet-tes astronomiques ont permis aux hommesde voir Jupiter de plus près. Grâce à cetinstrument, jusqu’alors réservé aux militai-res, Galileo Galilei (1564-1642), à Venise,découvre, le 7 janvier 1610, que Jupitern’est pas une étoile, mais un monde, plusperfectionné que le nôtre.En effet, utilisant ce nouvel instrument qu’ilavait fait construire par les verriers deMurano, île voisine de Venise, il remarqueque, contrairement aux étoiles qui gardentle même aspect dans la lunette, Jupiterchange et devient un disque. Bien plus,Jupiter semble accompagné de quatre peti-tes étoiles qui suivent son déplacement ettournent autour de lui.Observez, en ce moment, Jupiter avec lamoindre paire de Jumelles, et vous ferezune observation de bien meilleure qualitéque celle réalisée par Galilée au début duXVIIe siècle. Vous verrez alors Jupiter pren-

dre corps et distinguerez les lunes quil’accompagnent. C’est cette observation quia permis à Galilée d’affirmer que la Terren’était pas le centre de l’univers, puisqueJupiter possédait quatre lunes et était, luiaussi, un centre. Le Soleil devenait le maît-re du monde !Les observations de Galilée ont été repro-duites par de nombreux astronomes avecdes instruments dont la qualité s’est rapide-ment améliorée. Dès les années 1650, Gio.-DomenicoCassini (1625-1712) montrait que Jupitertournait sur elle-même beaucoup plus rapi-dement que notre Terre, en environ 10 heu-res. Mais il faudra attendre plus de 50 ansavant de connaître la taille de Jupiter. Cen’est qu’en 1672 que Gio.-DomenicoCassini mesure la distance de la Terre auSoleil et en déduit que Jupiter pourraitcontenir un peu moins de mille deux centsfois la Terre. De nos jours, on connaît 66 lunes à Jupiter.Mais avec une simple paire de jumelles, ouune toute petite lunette d’approche, vouspourrez facilement distinguer les quatre plusimportantes et devenir, pour un instant,Galileo Galilei.Au cours des XVIII et XIXe siècles, Jupiter aété très observée. Le perfectionnement deslunettes et des télescopes a permis de dis-tinguer, mieux que Cassini, des détailssignificatifs à sa surface. C’est ainsi qu’unegrande tache rouge a été observée, sansinterruption, depuis le mois de juin 1878. Ilfallut attendre les premiers rendez-vousspatiaux, dans les années 1970, en particu-lier le survol de la planète par la sondeVoyager en 1979, pour découvrir que cettefameuse tache rouge n’était qu’un gigan-tesque cyclone susceptible de contenir troisfois la Terre. L’atmosphère de Jupiter estdonc le siège de phénomènes semblables àceux que connaît l’atmosphère terrestre.Toutefois, outre la taille, les différences avecnotre monde sont importantes.

L’éloignement du Soleil provoque une trèsbasse température à la surface de Jupiter -140°C ! Jupiter est recouverte d’un immen-se océan d’hydrogène liquide, surmontéd’une atmosphère riche en composés amo-niaqués et en eau. L’intérieur de la planètesemble composé essentiellementd’hydrogène liquide sous forme métalliqueet moléculaire, autour d’un noyau métalliquede petite taille (à peu près la taille de laTerre néanmoins) riche en fer et en silicates.L’exploration spatiale a montré que, à l’instarde Saturne, Jupiter possédait un anneau.Beaucoup moins spectaculaire quel’anneau de Saturne, l’anneau de Jupiter estaussi composé de glaçons d’eau et depoussières. La découverte des quatre premiers satelli-tes de Jupiter a changé notre façon de pen-ser l’univers. Cette découverte prouvait quela Terre n’était pas le centre unique et quenotre monde n’était pas seul. La Terre deve-nait une planète, le Soleil semblait devoirs’installer définitivement en maître del’univers. Jupiter possédait quatre lunesalors que notre Terre n’en possédait qu’une.Notre Terre n’avait rien d’exceptionnel !Dès leur découverte, les quatre lunes deJupiter ont été nommées. Pour rendre hom-mage à son protecteur, Cosme II de Médicis(1590-1621), Galileo Galilei décida de lesappeler « étoiles médicéennes ». En 1614,Simon Marius (1573-1624) publie un ouvra-ge sur le monde de Jupiter et nomme lesquatre lunes (qu’il prétend avoir découver-tes avant Galilée) Io, Europe, Ganymède et

Callisto, trois des maîtresses et un desmignons du dieu mythologique. Certainsobservateurs peuvent distinguer les satelli-tes de Jupiter à l’œil nu. Essayez vous-mêmes, vous faites peut-être partie de cesprivilégiés sans le savoir. Le spectacle desquatre satellites de Jupiter est fascinant. Io, le plus proche, tourne autour de sa pla-nète en 1,77 jour, Europe, en 3,55 jours,Ganymède en 7,16 jours et Callisto en16,59 jours. La configuration est toujourschangeante et le mouvement de Io est telle-ment rapide qu’on le distingue très nette-ment lorsqu’il s’approche ou s’éloigne de laplanète. Le ballet des satellites de Jupiterest un superbe spectacle que les astrono-mes ont très rapidement exploité. Les appa-ritions et disparitions des satellites autourdu disque de la planète sont des événe-ments faciles à enregistrer. Ce sont aussides marqueurs de temps objectifs : tous lesobservateurs qui voient apparaître Ios’éloignant du disque de Jupiter le voient aumême moment. Mais, à cet instant précis, ilsne voient pas Jupiter au même endroit dansle ciel s’ils ne sont pas au même endroit surla Terre. C’est en comparant les positions deJupiter enregistrées depuis plusieursendroits sur la Terre au moment de ces phé-nomènes d’apparition ou de disparition desatellites que les astronomes du XVIIe siècleont pu, enfin, mesurer les différences delongitudes terrestres et installer les basesde la cartographie moderne. C’est en obs-ervant le ciel qu’on a déterminé les dimen-sions de la Terre. Grâce à Galilée, et à Gio.-Domenico Cassini. L’un des premiers résultats spectaculaires aété la correction de la carte du royaume deLouis XIV qui se trouve amputé de 15 % desa surface. C’est à partir de ces techniquesque sera élaborée, à partir de Louis XV etsous la direction de César-François Cassini,le petit fils de Gio.-Domenico, la carte com-plète et détaillée de la France. L’ouvrage nesera terminé qu’au XIXe siècle par Jean-Dominique Cassini, l’arrière petit-fils. Les observations liées aux phénomènesdes satellites de Jupiter ont permis à Gio.-Domenico Cassini de déterminer, avec pré-cision la distance de Paris à Cayenne, lesdeux observatoires les plus éloignés duroyaume de France et d’en déduire, dès1673, à partir d’observations coordonnéesde la planète Mars, la distance de la Terreau Soleil.

Jean-Louis HEUDIER

Jupiter

Jupiter, la planète géante du système solaire observéepar le télescope spatial Hubble en 2010. © NASA/ESA

La carte de France corrigée par ordre du Roypar ces Messieurs de l’Académie des Sciences publiée en 1682

Jupiter et les quatre satellites galiléens,tels qu’on peut les observer

à l’aide d’une paire de jumelles.

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infos

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LEGALES SEMAINE DU 16.11 AU 22.11 2012

SOLUTIONSDES JEUX

Hebdomadaire progressistede la Côte d’Azur

3, passage Macari 06300 Nice -Standard : 04.97.00.09.00

Une publication des communistesdes Alpes-Maritimes

C.P.P.A.P : 0913 C 82016 - I.S.S.N : 1778-8560 -Tirage : 12.300 exemplaires

Edité par la sarl Le Patriote côte d’azur au capitalde 40015,50� � - RCS NICE 301213567

Directeur de la publication et gérantJack André CLOSSE

Associés : P. GALLO, P. MASCARELLO,J.P. CREMIEUX,

M. BILLI, R. INJEY,Sté Lectrices et Lecteurs du Patriote,

Les Amis du Patriote,D. NATHAN, G. DE ZORDO,

J.A CLOSSE, A. PUPPO, G. GIANNO,J. MOLINARI, C. MAYAFFRE,

A. CONSO, D. CLAIRET, R. GILLI,C. MÔ, JC. CERVANTES, JP. DUPARC

Directeur : Jean-Paul DUPARC 06.21.65.23.01Rédaction : 04.97.00.09.05 -

Julien CAMY - Lidice BUSOT -Rafael FARDOULIS - Latifa MADANI

Fax : 04.97.00.09.01 -E-mail : [email protected] -

Site Internet : http://www.le-patriote.info

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Le Patriote est imprimé par Alpes Azur ImprimerieTél. : 04.97.00.09.09

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“Abonnement Soutien” :à partir de 10 �� par prélèvement mensuel -

132 �� pour un an.

le patriotePRÉFECTURE DES ALPES-MARITIMES

——

AVIS D’AUTORISATION——

Régie d’électricité de RoquebillièreAUTORISATION DE DISPOSER

DE L’ÉNERGIE DU COURS D’EAUDE LA VÉSUBIE

——Par arrêté préfectoral en date du 26 octo-bre 2012, la Régie d’électricité de Roque-billière est autorisée au titre du Code del’Energie et du code de l’Environnement(articles L 214-1 à -11) à poursuivrel’exploitation des chutes hydroélectriquesdont elle est exploitante et à fusionner lesdeux usines.L’arrêté d’autorisation peut être consultéen Mairie de Roquebillière, ainsi qu’à laDirection Départementale des Territoireset de la Mer des Alpes-Maritimes.

—————PRÉFECTURE DES ALPES-MARITIMES

——

AVIS D’AUTORISATION——

Par arrêté préfectoral en date du 26 octo-bre 2012, le Service des Ports du ConseilGénéral des Alpes-Maritimes est autoriséau titre des articles L 214-1 à 6 du Code del’Environnement à réaliser les travaux dedragage du port de Villefranche-Santé.L’arrêté d’autorisation peut être consultéen Mairie de Villefranche-sur-Mer, ainsiqu’à la Direction Départementale des Ter-ritoires et de la Mer des Alpes-Maritimes.

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MAIRIE DE DRAP——

AVIS D’APPEL PUBLICA LA CONCURRENCE

MARCHE A PROCEDURE ADAPTEE——

1. Dénomination et adresse de la collecti-vité qui passe le marché : Commune deDRAP – BP N°37 06340 DRAP Tél.04.97.00.06.302. Procédure de passation : Marché à pro-cédure adaptée, conformément à l’article28 du Code des Marchés Publics3. Objet du marché : Aménagement duCentre-Village1) Tranche ferme : aménagement del’esplanade du Paillon2) Tranche conditionnelle : aménagementde voirie – avenue Jean Moulin4. Retrait des dossiers : Les dossiers deconsultation peuvent être retirés en Mairiede Drap à partir du 20 novembre 20125. Réception des candidatures : Jusqu’auvendredi 30 novembre 2012à 16 heures 00 en Mairie de DRAP6. Date d’envoi à la publication : 14 no-vembre 2012

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AVIS D’ATTRIBUTION——

1. Nom et adresse officiels de l’organismeacheteur : Conseil Général Alpes Maritimes CADAM

8 Route de Grenoble - 06201 - NiceCEDEX 3 - Téléphone : 04.97.18.73.65 -Télécopieur : 04.89.04.29.89 - Adresse

internet (URL) : https://www.e-mar-

ches06.frType du pouvoir adjudicateur et activitéprincipale : Département - Services géné-raux des administrations publiquesLe pouvoir adjudicateur agit pour le comp-te d’autres pouvoirs adjudicateurs : Non2. Objet du marché : Travaux de rénovation de la galerieMusée des Merveilles à Tende - Type de procédure : Procédure adaptée -articles 26-II-5 et 28 du Code des MarchésPublicsRéférence : 12S0194BL’avis d’appel public à la concurrence a-t-ilfait l’objet d’une publication ? Oui, Nice Matin du 05/10/20123. Critères d’attribution retenus : Offre économiquement la plus avantageu-se appréciée en fonction des critè-res suivants :- le prix : 70%- la valeur technique : 30%4. Valeur totale estimée : Lot 1 : 41 387.58 € TTCLot 2 : 19 883.50 € TTC4. Renseignements relatifs aux attributai-res : Marchén°2012/1464 -

Travaux de rénovation de la galerieMusée des Merveilles à Tende – LOT N°1 Sol soupleDate d’attribution du marché : 09/11/2012Nombre d’offres reçues : 2

Nom et adresse de l’opérateur écono-mique auquel le marché a été attribué : -

MS DECO 12 Chemin du Saquier - 06200- Nice - Téléphone : 04.93.72.89.63 -Télécopieur : 04.93.72.88.67 - msde-

[email protected] totale finale du marché :

34 711,30 € HT soit 41 514.71 € TTCMarché n°2012/1465 - Travaux de réno-

vation de la galerie Muséedes Merveilles à Tende –

Lot n°2 ElectricitéDate d’attribution du marché : 09/11/2012Nombre d’offres reçues : 3Nom et adresse de l’opérateur écono-mique auquel le marché a été attribué :EUROP’ELEC - Z.I 13 ème Rue 5èmeAvenue B.P. 513 - 06516 - Carros CEDEX- France – Téléphone : 04.97.03.24.00 -Télécopieur : 04.97.03.24.01 [email protected] totale finale du marché :13 834,25 € HT soit 16 545.76 € TTC6. Procédures de recours : Précisions concernant les délaisd’introduction des recours :Recours pour excès de pouvoir : Possiblejusqu’à la signature du marché Référé pré contractuel : Possible jusqu’àla signature du marché Référé contractuel : en application del’art.r 551-7 du code de justice adminis-trative Recours de plein contentieux : 2 mois àcompter de l’accomplissement des mesu-res de publicité appropriéesInstance chargée des procédures derecours : Tribunal administratif de Nice – 33 boule-vard Franck Pilatte – BP 4179 – 06000NICEEmail :

Tel. : 04.92.04.13.13 Fax :04.93.55.78.31Date d’envoi du présent avis : 14/11/2012

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Mise au point des Amis du railL’association des Amis du rail azuréen nous transmet cette interview accordée à des usagers et populations de la ligne ferroviaire

de Cuneo Breil Nice et Vintimille, très inquiets des évènements qui s’enchaînent. Nous en publions de larges extraits.

Des rumeurs circulent, la ligneCuneo Vintimille serait-ellemenacée de fermeture ? Leshabitants des vallées de la RoyaBévéra sont très inquiets, qu’enpensez-vous ?En effet durant l’été 2011 septpoints dangereux sont découvertssur la ligne entre Viévola et PieneFr. Les mesures de sécurité ralen-tissant les trains sont prises puisRFF fait réaliser une partie des tra-vaux. Cette ligne de montagneprenant de l’âge nécessite aujour-d’hui une réfection totale.Il faut considérer la précaritéactuelle due aux problèmes géo-techniques de la Ligne Cuneo BreilVintimille. Elle assure sur la rela-tion française un service publicTende Breil Sospel Nice et unerelation internationale avec l’Italievers Cuneo Breil Vintimille. Untronc commun français Viévola fr.Piene fr. qui dessert en France lesgares de (Viévola) Tende à Breil.Durant la guerre de 39/45 la ligneVintimille Viévola a été endomma-gée et fermée. En 1970 uneconvention franco/italienne lanceles bases de sa reconstructiondans le cadre des dédommage-ments de guerre et définit sonentretien qui revient pratiquementà l’État italien. En 1979 la ligneCuneo Tende Breil Vintimille a étéenfin rouverte.Depuis les années 90 l’Italiedénonce l’ancienne convention etsouhaite en établir une nouvelleplus équitable qui prendrait encompte les services ferroviairesrendus aux deux pays.

La convention de 1970 est-elleobsolète ?C’est toujours la convention de1970 qui régit la ligne mais RFFest devenu le propriétaire en 1997,il assure son entretien. Succédant

à l’État, la Région PACA a pris encharge la gestion des TER dontl’exploitant est la SNCF.A ce titre les opérateurs françaisSNCF et italien Trénitalias’acquittent de péages à RFF. AuComité de ligne du 5 septembre2011 à Breil, RFF annonce qu’iln’a plus lesmoyens finan-ciers d’effectuerles autres répara-tions de voie, lesmesures desécurité sonteffectives mais sila situations’aggrave RFFfermera la ligne…

Mais quelle estla situation ?Les FS et laSNCF paientpourtant lepéage des trainsqui circulent surla ligne et RFFassure qu’il nepeut effectuerles travaux ?Nous sommesconfrontés à unvéritable imbro-glio, les exploi-tants s’acquittent des péages etRFF est dans l’incapacitéd’accomplir sa mission, il réclamel’application de la convention fran-co/italienne de 1970. En effet lestravaux d’entretien sont à la char-ge de l’État italien qui ne règle plussa facture à la France, RFF restesans ressource pour effectuer lamise à niveau de la ligne (RFF estendetté à hauteur de 30 milliardsd’�uros).

Les pouvoirs publics souhai-tent-ils abandonner la ligne ?Plusieurs réunions gouvernemen-

tales franco/italiennes ont eu lieusur le sujet depuis une dizained’années, il n’en est jamais sortid’accord, renvoyant à plus tard leproblème.La Région PACA avec la SNCF ontrelancé le processus des négocia-tions avec la Province de Cuneo

pour trouver une issue favorable àla desserte de la ligne, nousn’avons à ce jour que des infospartielles qui sont loin de satisfaireles usagers

Pourquoi les FS (chemins de feritalien) ont-ils décidé de res-treindre les navettes CuneoVintimille ?Venant s’ajouter à la situation pré-cédente, la crise économique del’Europe, pour satisfaire aux exi-gences de Bruxelles, provoquedes coupes budgétaires des Étatsen particulier sur les services

publics. Cela se traduit pour leferroviaire par des suppressionsde trains. Les Régions Ligure et duPiémont ont décidé de fermer 12lignes régionales et de limiter leurssubventions. Les trains qui restententre Cuneo et Vintimille doiventassurer les correspondances surla Riviera italienne qui ne sont pasforcément favorable aux dessertesentre Tende et Breil et de la Francevia Vintimille à destination deMonaco et Nice.

Pour éviter l’enclavement denos vallées un service de carspourrait-il remplacer provisoire-ment les trains entre Tende etBreil ?Bien sûr, ce pourrait être une solu-tion. Le service régional des carsLER ne peut s’effectuer qu’entre 2départements, la région PACA neserait donc pas compétente. LeConseil Général a déjà mis enplace un service de cars quin’assure pas obligatoirement lescorrespondances avec les horai-res ferroviaires. Il faudrait déjà quenos élus fassent abstraction deleur appartenance politique etqu’ils agissent de concert pourl’intérêt des populations… Il sem-blerait (A voir les articles dans lapresse), qu’ils auraient tendance àse rejeter les responsabilités.Notre proposition est la suivante,la Région autorité organisatricedoit suppléer Trénitalia entre Breilet Tende et mettre en place desnavettes ferroviaires au moins 2allers-retours quotidiens qui des-serviraient Breil, Fontan, LaBrigue, St Dalmas et Tende.Dans les cas ou la correspondan-ce à Vintimille avec la France n’estpas réalisée nous proposons unaller et retour quotidien entreTende Breil Sospel Nice Monacodans les horaires pendulaires.

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Bonjour Faustine !Grand moment de bonheur dans les famillesAntonini - Landrin - Carletti. Ce 11 novembreà 9 heures est née la petite Faustine - Elisa,fille d’Isabelle et d’Emmanuel Antonini.Félicitations aux parents et tous nos vœux debonne santé et de prospérité à la petiteFaustine.

Madeleine Pouilloux (Nice) : 48€ ; JocelyneJenneau (Grasse) : 16€ ; Francis Noat(Contes) : 48€ ; Ginette Roux (Peymenade) :48€ ; Monique Vernassa (Nice) : 48€ ;

Total liste: 208€

A Jean FerrandiJean Ferrandi nous a quittés. Il aura résistélongtemps contre la cruelle maladie qui vientde l’emporter.L’homme qui vient de s’éteindre à la vie, nevoulant ses obsèques que dans l’intimitéfamiliale, mérite cependant d’être publique-ment salué pour son engagement profes-sionnel et citoyen au service des gens et plusparticulièrement des plus humbles.Comment en ce moment de grande peineparler, en quelques mots toujours réduc-teurs, de la vie de Jean. Du médecin-psy-chiatre, du militant et responsable commu-niste, du syndicaliste CGT aux grandesresponsabilités dans le secteur de la santé etde l’action sociale, de l’humaniste, érudit etépicurien ; comment parler de l’homme,généreux et modeste qu’il fut tout simple-ment, compagnon, père de famille, bâtisseurinfatigable, impliquant ses proches dans sestravaux aussi bien dans son habitation niçoi-se qu’à sa propriété familiale de Canale diVerde en Corse, et bon cuisinier à ses heu-res de détente.Beaucoup se souviendront, notamment dansles quartiers aux familles les plus paupériséscomme à Nice – l’Ariane, du médecin – psy-chiatre pour qui le serment d’Hippocrate nefut jamais une formalité de début de carrièreprofessionnelle vite oubliée, mais un engage-ment éthique et moral de générosité,d’honnêteté et de droiture dans toute sa viede praticien, œuvrant aussi bien à l’hôpitalSte-Marie, à l’IMP Les Chênes que dans lesquartiers populaires.

D’autres que moi, évoqueront de manièredétaillée le militant et responsable syndicalis-te. Par ces temps de régressions sociétalesoù tout devient source de marchandaged’argent, il fut de ceux qui s’opposèrent demanière permanente à la restrictions dessoins médicaux et hospitaliers par la dégra-dation de l’hôpital public et les réductions deremboursement des actes et soins frappantles plus modestes.Né le 1et janvier 1938 à Toulon, Jean adhératrès jeune à l’idéal communiste et rejoignit lePCF. Militant actif, il est responsable au comi-té de la section Nice-Nord et, à compter de1994, il sera élu de nombreuses années à la

direction départementale du PCF. Il a étécandidat aux cantonales de 1991 à Nice etcandidat suppléant de S. Douhet dans la 2e

circonscription pour les législatives partiellesde 1994.Cet humaniste, érudit d’histoire et des reli-gions, voyageur aux excursions impliquantloisirs et culture aux itinéraires parfois ris-qués, conteur exceptionnel à l’humour caus-tique, fut aussi un citoyen concrètementengagé comme parent d’élèves à la FCPE etmembre fondateur de l’association des Amisde la Liberté.C’est en ce temps de mémoire que resteencore la date du 11 novembre, que Jeannous quitte. Cela permet de rappeler que cethomme, ce militant à haute stature citoyennefut aussi un pacifiste conséquent, adhérentdu Mouvement de la Paix.Par son engagement professionnel, syndicalet politique, jour après jour et par delà lescoups reçus, les déceptions et les échecsrencontrés, Jean Ferrandi fait partie de cespersonnalités fortes et déterminées, qui don-nent espoir et confiance pour changer la vie.A sa compagne Suzy, à ses sœursJacqueline et Andrée, à ses frères Jacqueset Georges, à ses enfants Florence, Sylvie,Hélène, Fanchon et Jacques, à ses petits-enfants et arrière-petit enfant ainsi qu’à tousses proches, avec beaucoup d’émotion et depeine, au nom de tous les camarades etamis de Jean, je veux leur dire notre tristes-se partagée et leur adresser nos plus amica-les pensées.

Louis BROCH.

Jean FerrandiNous avons le regret de vous annoncer le décès de Jean Ferrandi, médecin psychiatre des services sociaux, syndicaliste

et militant communiste. Fidèle lecteur du Patriote, nous avons toujours pu compter sur ses vastes connaissancesen matière de santé et sa disponibilité inconditionnelle.

Toute l’équipe du Patriote présente à sa femme, ses enfants et à toute sa famille les plus sincères condoléances.

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Eclairer la penséepour protéger la Cité

Des caméras de vidéosurveillance illustrent l’affiche des 19ème Rencontres d’Averroès dont les tables-rondes des 24 et 25 novembreont pour thème ce cri d’alarme « La Cité en danger ? Dictature, transparence et démocratie d’une rive à l’autre de la Méditerranée ».

Chaque année, c’est un moment rare et très attendu de dialogue et de confrontation d’idées. Un espace de résistance et de lumière en ces temps obscurcis.

Rencontre avec Thierry Fabre, le créateur et l’animateur de ces rencontres.

La Cité en danger ? Qu’est ce qui a motivéle choix de ce thème ? C’est autour de la Cité que se fonde le poli-tique, de la cité antique à la cité la pluscontemporaine, en passant par toutes sesmétamorphoses à travers l’histoire. La Cité, làoù s’est progressivement construitl’avènement de la démocratie, nous semblede plus en plus fragile, incertaine, désenchan-tée. Elle peut vaciller de part et d’autre de laMéditerranée.Lorsqu’on observe la montée des mouve-ments populistes et obscurantistes, quand onassiste à une espèce de renoncement devant30 000 morts en Syrie, quand on voit des po-liciers qui se transforment en voyous, ou la dé-fiance vis à vis des politiques commel’abstentionnisme dans les quartiers populai-res, nous devons être alertés. Car quelquechose d’une grande violence est en train dese mettre en place : des dynamiques nationa-listes, extrémistes, religieuses… Quelquechose de très préoccupant avec un effet dé-multiplicateur des médias, qui trop souvent,encouragent cette stratégie de la tension...

Pourquoi maintenir un pointd’interrogation ?Il convient de toujours laisser la question ou-verte… C’est peut être la meilleure façon dechercher des réponses. De se dire qu’il y ad’autres chemins pour sortir de cette forme decatastrophisme voire de nihilisme qui semblevouloir s’imposer aujourd’hui.

La première table-ronde s’intitule: Entredictature et démocratie. Fin de l’histoire oud’une histoire ? « En finir avec la démocra-tie », n’est-ce pas le projet à l’œuvre desempires financiers et autres tyrannies quevous évoquez pour maintenir leur domina-tion ?« Quand le pouvoir ne dépend pas du peuple,nous sommes dans latyrannie », remarquaitle philosophe ClaudeLefort. À cette aune, ilsemble que bien destyrannies, notammentéconomiques et finan-cières, soient en trainde s’imposer, aux dé-pens des démocraties.Comme en Grèce, enEspagne ou en Italieoù elles affaiblissent lebien commun danstous les secteurs, so-ciaux, sanitaires, édu-catifs, culturels. Regar-dez l’emprise d’unebanque comme Gold-man Sachs...Nous allons commen-cer par tenter de pren-dre la mesure de ce quise passe sous nosyeux en faisant appel àl’histoire récente. LaMéditerranée européenne a connu, à partirdes années 70, la fin des dictatures, en Espa-gne, en Grèce et au Portugal, alors que la Tur-quie sortait peu à peu du régime prétorien im-posé par les militaires, avec le coup d’Etat de1980. Dans les années 90, après la chute dumur de Berlin, le discours en vogue était celuide « la fin de l’histoire », chronique annoncéed’une démocratie libérale mondialisée qui se-

rait devenue, selon Fukuyama, « la forme fina-le de tout gouvernement humain. » Où ensommes-nous aujourd’hui de cette « nécessi-té » historique ? Ne voyons-nous pas apparaî-tre sous nos yeux,entre Europe etMéditerranée, des« démocratiessans démocrates» ? Une forme im-probable d’illusiondémocratique. Àmoins qu’uneforme mixte de «démocrature »,selon la formulede Matvejevitchpour les pays del’Est et des Bal-kans, ne soit en train de s’imposer àl’ensemble de la Méditerranée ? Je ne suispas sûr que nous ayons tous mesurél’ampleur du phénomène.La démocratie, parmi ses nombreuses accep-tions, est « le pouvoir du peuple, par le peupleet pour le peuple. » Or l’emprise des marchésfinanciers et des agences de notation , mon-dialisés, s’exerce de plus en plus sur les so-ciétés politiques. Le peuple, n’est-il pas entrain d’être dépossédé de ses prérogatives etde sa souveraineté ?

Les autres formes de tyrannies que vousévoquez, militaires ou religieuses, quipointent notamment dans les pays des« printemps » arabes ne posent-elles pasla question d’une démocratie à réinventerpour tous? Le contexte post révolutionnaire dans plu-sieurs pays arabes, en Tunisie et en Egypte enparticulier, fait forcément écho à cette interro-gation sur les conditions nécessaires à la réin-vention de la démocratie. Ces révolutions ont

apporté beaucoupd’espoir. Désormais,elles soulèvent des in-quiétudes. Mais cesmouvements, en libé-rant l’espace public, ontprouvé qu’entre la dic-tature et l’option politi-co-religieuse, il existaitbien une possible alter-native. Fragile, sansdoute, mais elle est là!Nous devons soutenircette dynamique, quin’a pas du tout disparude la scène. Il n’estbien entendu pas ques-tion de chercher à im-poser un supposé« modèle démocra-tique », mais d’aider lessociétés civiles dansleurs aspirations à la li-berté. Ainsi, les Ren-contres d’Averroès au-ront cette année le re-

gard tout particulièrement tourné vers laSyrie. Nous ne devons pas céder àl’indifférence, mais au contraire, exprimernotre solidarité avec le peuple syrien et ouvrirbien grand les yeux sur ce qui s’y passe.

La deuxième table ronde, s’intitule « Entrerenaissance citoyenne et transparence po-litique, révolution numérique ou contrôledes libertés ? » Peut-on dire que le temps

de l’ère post industrielle, ère de la financeet du numérique, ne s’accommode pas dutemps de la démocratie ? Les bouleversements politiques en cours ad-viennent au temps du numérique. De quoi larévolution - ou la civilisation - numérique est-elle le nom ? D’un désir de transparence etd’une capacité d’être et de faire ensemble oud’un contrôle toujours plus accru des libertésindividuelles et des libertés publiques ? Cetemps du numérique n’est-il pas en train dechanger profondément la donne au plan poli-tique ? La prise de parole des jeunes généra-tions, grâce notamment aux nouvelles techno-logies, a créé un nouvel espace public, à lafois plus participatif et plus interactif. En mêmetemps, des formes de contrôle, inédites etdont la puissance est inégalée, sont en trainde voir le jour grâce à ces nouvelles technolo-gies. Depuis le 11 septembre 2001, le dis-cours et l’idéologie sécuritaires s’imposentaux sociétés démocratiques comme une évi-dence. Les technologies de l’information et dela communication ont des capacités decontrôle et d’intrusion qui peuvent représenterune grave menace pour les libertés. Elles per-mettent une surveillance de plus en plus ac-crue de l’espace privé et public. Quels contre-pouvoirs mettre en place ? Comment confor-ter les libertés, personnelles et collectives ?Les technologies numériques sont très ambi-valentes. On a vu le rôle primordial qu’ellesont joué dans les révolutions arabes.L’appropriation de ces outils représente doncun enjeu démocratique essentiel.

Quelles directions prendre pour vaincreles désenchantements et résignations ?

On a plus que jamais besoin de comprendrenotre monde en général et le monde méditer-ranéen en particulier. Car une part significati-ve de l’histoire du XXIe siècle est en train des’écrire en Méditerranée. Un monde méditer-ranéen du XXIe siècle peut émerger. Com-prendre et parler de monde commun est unenjeu capital pour dépasser toutes les frontiè-res et les fractures!Ensuite, il est nécessaire, pour protéger la citéde connaître « un réveil de la pensée critiqueconcernant la fragilité démocratique ». La li-berté, la citoyenneté, la dignité, le refus de lacorruption sont des éléments du bien commundes démocraties. Est-il inconcevable de reve-nir à ses principes premiers? Ce qui est sûr,c’est que le statu-quo est désormais impossi-ble. Aurons-nous l’audace de l’inespéré pourque, comme le dirait Camus, la philosophiedes ténèbres ne prenne pas le dessus sur lapensée de midi?...C’est la responsabilité denotre génération.

Entretien réalisé parLatifa MADANI

Rencontres d’Averroès. Tables-rondes « La Citéen danger ? » 23 et 24 novembre. Parc Chanot.

Rond Point du Prado Marseille 8è.www.rencontresaverroes.net

Thierry Fabre, concepteur des Rencontresd’Averroès depuis 1994, est le directeur de laprogrammation et des relations internationalesdu Mucem. Il a dirigé le pôle Euromed à laMaison Méditerranéenne des Sciences del’Homme à Aix-en-Provence. Rédacteur en chefde la revue « La pensée de midi », il publie lesCahiers des Rencontres d’Averroès et estl’auteur de nombreux ouvrages sur laMéditerranée.

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