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Lionel Artige Cours de Macroéconomie 2 ème Bac HEC Université de Liège L’équilibre macroéconomique néoclassique avant Keynes

L’équilibre macroéconomique · Lionel Artige Cours de Macroéconomie 2ème Bac HEC – Université de Liège L’équilibre macroéconomique néoclassique avant Keynes

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  • Lionel Artige

    Cours de Macroconomie 2me Bac

    HEC Universit de Lige

    Lquilibre macroconomique noclassique avant Keynes

  • 2

    La macroconomie nat dans les annes 30.

    Avant cette priode, elle tait peu dveloppe.

    Elle drivait essentiellement de la microconomie.

    La macroconomie avant Keynes

  • 3

    Il y a un quilibre conomique gnral : pas de diffrence entre

    court et long terme.

    Dichotomie classique : lquilibre sur les marchs rels (march des

    facteurs de production et march des biens et des services) et

    lquilibre du march montaire se ralisent indpendamment lun

    de lautre.

    La monnaie est donc un voile recouvrant les changes .

    Linflation est un phnomne purement montaire.

    La politique conomique (budgtaire et montaire) na pas deffet

    sur la demande agrge.

    La macroconomie avant Keynes

  • 4

    Les hypothses de la thorie noclassique :

    Les marchs sont parfaitement concurrentiels et, par consquent, la

    maximisation des profits implique une utilisation maximale des

    ressources.

    Linformation est parfaite.

    Les prix sont parfaitement flexibles.

    La monnaie est seulement un instrument des changes.

    La macroconomie avant Keynes

  • 5

    Cest lquilibre de court terme tel quil ressortait du savoir

    thorique noclassique de lpoque.

    Lquilibre macroconomique de court terme

    avant Keynes

  • March des biens et

    biens dinvestissement

    March du travail

    Production

    Y

    L

    W / P

    P

    Y=F(K0,L)

    L0

    Y0

    W0 / P0

    P0

    OA

    Z

    Ls

    Ld

    W0

    Salaire nominal / salaire rel

  • 7

    Fonction de production : Y = F(K, L) = K0,5 L0,5

    Fonction doffre de travail : Ls = f (W/P) = 0.5 (W/P)0.5

    Fonction de demande de travail : Ld = g (W/P) = (W/P)-0.25

    A court terme le capital est fixe. Donc, on suppose que le stock de capital = K0 = 36 (Il est en fait dtermin par lquilibre du march du capital. Le taux dintrt est alors le taux de rendement du capital (d Y / d K) cette quantit dquilibre K0 = 36).

    Quel est lquilibre macroconomique de court terme?

    Le salaire et la quantit de travail dquilibre sont dtermins par la fonction de production et le march du travail:

    Ls = Ld lquilibre. Donc, 0.5 (W0/P0)0.5 = (W0/P0)

    -0.25 cest--dire W0/P0 = 2,5 environ. La quantit de travail dquilibre est donc :

    W0/P0 = 2,5 = d Y / d L = 0.5 K00,5 L0

    -0,5 => 2,5 = 0.5 * (36) 0,5 * (L0) -0,5 => L0 = 1,44

    Quelle est alors la valeur de la production dquilibre de court terme ?

    Y0 = K00,5 L0

    0,5 = (36) 0,5 * (1,44) 0,5 = 7,2

    La valeur de la production ne dpend que des inputs et de la technologie. Elle ne dpend pas des prix. Graphiquement, loffre agrge est une droite verticale dans le plan (Y, P).

    Lquilibre macroconomique noclassique modlis

  • 8

    A long terme, le niveau de production est dtermin par la quantit des inputs (travail et capital) utiliss et le

    niveau de la technologie. Le niveau de la technologie est suppos donn. La quantit des inputs est dtermine

    par lquilibre du march du travail pour linput-travail et par lquilibre du march des biens dinvestissement

    (pargne/investissement) pour linput-capital. (voir chapitres 3 et 4 du manuel de Blanchard pour lanalyse

    macroconomique de long terme). Les deux marchs sont parfaitement concurrentiels.

    Quen est-il de lquilibre de notre conomie court terme? (voir graphique de la diapositive 6)

    Lquilibre macroconomique noclassique est atteint quand les variables des trois quadrants ne bougent plus.

    Comme la contrainte technologique est donne et que le stock de capital est fixe court terme, il ne reste plus

    que la dtermination de la valeur de la quantit de travail tablir. Cette dtermination est ralise par lquilibre

    du march du travail.

    W0/P0, L0 et Y0 sont les valeurs de lquilibre macroconomique noclassique. A ces valeurs-l, on a un quilibre

    sur tous les marchs, cest--dire sur le march du travail et sur le march des biens. Les variations du march du

    capital naffectent pas lquilibre macroconomique de court terme.

    Remarque

    Loffre agrge est verticale car elle ne dpend pas des prix du march des biens. Dans un environnement

    parfaitement concurrentiel, la marge des entreprises est gale 0. Le revenu de la production ne sert qu payer

    les salaires et les dividendes. Or les salaires et les dividendes sont tablis par lquilibre des marchs du travail et

    du capital et la technologie de production. Seule la marge des entreprises dpend des prix du march. Mais

    comme la marge est gale 0 dans notre situation, loffre agrge est verticale.

    Est-ce que la politique montaire a un effet sur cet quilibre de court terme?

    Lquilibre macroconomique noclassique : long et court terme

  • 9

    Lquilibre macroconomique noclassique est entirement dtermin par des variables relles : loffre agrge

    est la quantit produite partir dune technologie particulire et dinputs. Parmi ces inputs, on trouve la quantit de

    travail dtermine sur le march du travail qui quilibre loffre et la demande de travail un certain niveau de

    salaire rel. On trouve galement la quantit de capital qui est dtermine sur le march des biens de capitaux qui

    est un march rel. On sy change des biens dinvestissement un prix qui est le taux dintrt rel, savoir le

    taux de rendement du capital. La demande agrge, quant elle, ne reprsente que les destinations finales de

    loffre agrge : consommation, investissement et dpenses publiques. Avec des prix flexibles, il y a toujours un

    prix pour couler loffre productive. En dautres termes, toute offre cre sa propre demande (Jean-Baptiste Say

    1767 1832).

    Cette conception de la macroconomie implique une sparation stricte entre variables relles et variables

    montaires. Les variables montaires (offre et demande de monnaie, niveau gnral des prix) nont pas deffets

    sur les quantits, les prix des facteurs de production et les prix relatifs des biens et services.

    Les variables montaires sont donc dtermines uniquement sur le march de la monnaie. Loffre de monnaie

    relve de la dcision des autorits montaires tandis que la demande de monnaie est dtermine par le montant

    des achats de biens et services que les agents conomiques souhaitent raliser. La monnaie est par consquent

    un simple instrument des changes. Ce march de la monnaie drive de la Thorie quantitative de la monnaie :

    M V = P Y

    o M est la masse montaire, V la vitesse de circulation de la monnaie, P le niveau gnral des prix et Y le revenu

    national. Les Classiques et Noclassiques considraient que V tait constante. Par consquent, un niveau de

    revenu national donn, toute variation de la masse montaire ne peut se traduire que par une variation

    quivalente du niveau gnral des prix. Selon eux, linflation est toujours un phnomne montaire.

    La dichotomie classique : les variations de la masse montaire nont pas

    dinfluence sur les valeurs de lquilibre macroconomique

  • 10

    Le march montaire dtermine le

    niveau gnral des prix pour un niveau

    de production donne Y0;

    Loffre montaire (en bleu) est

    dtermine par les autorits

    montaires. Elle ne dpend donc pas

    de PY. Elle est donc verticale.

    La demande de monnaie (en rouge)

    est uniquement une demande

    dencaisses montaires pour effectuer

    des achats dont le montant est PY.

    Plus le montant est lev, plus la

    demande de monnaie est forte. La

    demande est donc croissante avec

    PY.

    Pour un niveau Y0 et une offre de

    monnaie Ms0, le niveau gnral des

    prix est P0.

    PY

    M

    Ms0

    Md (PY)

    M0

    P0Y0

    La dichotomie classique : le march de la monnaie

  • 11

    Si les autorits montaires dcident

    daugmenter la masse montaire de

    Ms0 Ms1, le seul effet qui en

    dcoule est laugmentation des prix

    de P0 P1.

    PY

    M

    Ms0

    Md (PY)

    M0

    Ms1

    P1Y0

    P0Y0

    M1

    La dichotomie classique : le march de la monnaie

  • 12

    La demande agrge noclassique Z = C + I

    + G se dduit de la Thorie quantitative de la

    monnaie MV = PY.

    Les noclassiques supposent que V (la

    vitesse de circulation de la monnaie) est

    constante. Comme la production Y (offre

    agrge OA) est dtermine par des facteurs

    rels, toute variation de loffre montaire M

    se traduit par un effet sur le niveau gnral

    de prix P.

    Si les autorits montaires laissent M

    inchang, alors toute variation de Y implique

    une variation inverse de P. En effet, les

    agents conomiques dtiennent M encaisses

    montaires pour acheter Y. Cest donc la

    flexibilit des prix P qui permet une

    galisation de la demande (encaisses relles

    M/P) et de loffre.

    P

    Y

    OA

    Y0

    P0

    Z0 (M0)

    March des biens

    La dichotomie classique : la demande agrge noclassique

  • 13

    Exemple : supposons que M0 V = P0 Y0.

    Supposons que les facteurs rels permettent une augmentation de la production, le niveau de la production passe alors de Y0 Y.

    Si V et M0 sont constantes, les agents conomiques nont pas plus dencaisses montaires M pour acheter Y. Aux prix P0, les agents conomiques ont assez de monnaie pour acheter Y0 mais pas pour acheter Y. Donc ils expriment une demande gale Y0. A P0, loffre agrge Y est donc suprieure la demande agrge Y0.

    Si les prix sont flexibles, loffre suprieure la demande implique que les prix baissent. Le nouvel quilibre entre offre et demande agrges, qui respecte la thorie quantitative de la monnaie, se ralise aux prix P o

    M0 V = P Y

    est vrifie. Donc la demande est bien une fonction dcroissante des prix.

    P

    Y

    OA

    Y0

    P0

    Z0 (M0)

    March des biens

    OA

    Y

    P

    La dichotomie classique : la demande agrge noclassique

  • 14

    Voyons maintenant leffet dune augmentation de loffre montaire de M0 M1 sur la demande agrge. Cette hausse des encaisses montaires

    fait augmenter la demande agrge de Z0(M0) Z1(M1);

    laisse inchange loffre agrge OA.

    Rsultat :

    La demande Z1(M1) aux prix P0 est suprieure loffre, ce qui implique une augmentation gnrale des prix de P0 P1. Lquilibre du march des biens est ainsi rtabli.

    Remarque : ce rsultat suppose que la production soit au maximum de ses capacits. Les noclassiques supposent que cest le cas dans une conomie parfaitement concurrentielle.

    P

    Y

    OA

    Z1 (M1)

    Y0

    P1

    P0

    Z0 (M0)

    March des biens

    Excs de demande

    La dichotomie classique : la demande agrge noclassique

  • 15

    La dichotomie classique : quel est leffet dune

    politique montaire expansionniste sur lquilibre

    macroconomique ?

  • March des biens et

    Biens dinvestissement

    March du travail

    Production

    Y

    L

    W / P

    P

    Y=F(K0,L)

    L0

    Y0

    W0 / P0

    P0

    OA

    Z0(M0)

    Ls

    Ld

    W0

    Salaire nominal / salaire rel

  • March du travail

    Production

    Y

    L

    W / P

    P

    Y=F(K0,L)

    L0

    Y0

    W0 / P0 = W1 / P1

    P0

    OA

    Z0(M0)

    Ls

    Ld

    W0 Z1(M1)

    W1

    P1

    Salaire nominal / salaire rel March des biens et

    Biens dinvestissement

  • 18

    Politique montaire expansionniste : M0 M1 avec M1 > M0

    Consquence : la demande agrge Z (M) augmente. Mais loffre agrge OA

    demeure fixe. Donc les prix augmentent de P0 P1.

    Si loffre agrge demeure fixe, le niveau de production demeure inchang.

    Donc la distribution de la production sous forme de revenus des facteurs

    demeure inchange :

    Y0 = a*(W0 / P0) + (1 a)*(D0 / P0)

    o a est la part des salaires rels et (1 - a) est la part des revenus du capital D0.

    Mais en termes nominaux, on a :

    P0 Y0 = a*W0 + (1 a)*D0

    Aprs une augmentation de la masse montaire, les prix augmentent un taux

    x. Donc, on a :

    (1 + x) P0 Y0 = a*(1 + x)* W0 + (1 a)*(1 + x)*D0

    Que lon peut crire :

    P1 Y0 = a* W1 + (1 a)* D1

    La dichotomie classique : quel est leffet dune politique

    montaire expansionniste sur lquilibre macroconomique ?

  • 19

    En termes rels, on a

    Y0 = a*(W1 / P1) + (1 a)*(D1 / P1)

    Comme la production na pas chang, les revenus des facteurs en termes rels

    nont pas chang non plus. Par consquent,

    W0 / P0 = W1 / P1 et D0 / P0 = D1 / P1.

    Lquilibre macroconomique reste identique. Seules les valeurs nominales ont

    chang. Par consquent, la politique montaire na aucun effet sur les variables

    relles. Lajustement sest entirement ralis sur les prix.

    On a donc une parfaite dichotomie entre les variables montaires et les variables

    relles.

    La dichotomie classique : quel est leffet dune politique

    montaire expansionniste sur lquilibre macroconomique ?

  • 20

    Le march financier noclassique est le march des biens dinvestissement o

    le taux dintrt rel reprsente le cot demprunt pour les demandeurs de biens

    dinvestissement et le rendement du prt pour les offreurs de biens

    dinvestissement.

    Le march financier napparat pas sur le graphe 4 quadrants (Diapo 6) parce

    que son quilibre se dduit de lquilibre du march des biens (quadrant nord-

    est) et inversement. Lquilibre sur le march des biens est :

    Y = C + I + G

    En rcrivant lquation, on peut obtenir :

    Y C G = I

    cest--dire : S = I

    qui nest autre que lquilibre du march financier.

    Le march financier

  • 21

    Sur le march financier schangent les biens dinvestissement entre offreurs (pargnants) et demandeurs (investisseurs).

    Le prix du march financier est le taux dintrt rel (r).

    Lpargne (S) augmente quand le taux dintrt augmente.

    Linvestissement (I) diminue quand le taux dintrt augmente.

    A lquilibre, S = I.

    Remarques :

    Le taux dintrt du march financier est une variable relle. Cest le rendement de lpargne (ou de linvestissement) en termes rels.

    Le taux dintrt nest pas une variable du march montaire.

    Le march financier et le march montaire sont strictement distincts.

    r

    S, I

    S

    I

    I0 = S0

    r0

    March financier

    Le march financier : un march rel. Cest le march de la

    demande et loffre de biens dinvestissement.

  • 22

    Le march financier ne joue aucun rle sur lquilibre macroconomique de court terme:

    Comme le stock de capital est fixe court terme, le march financier naffecte pas loffre productive de court terme mais affecte celle de moyen et long terme.

    Le march financier naffecte pas non plus la demande. En effet, toute variation de linvestissement implique une variation de mme ampleur de lpargne qui est entirement compense par une variation oppose et de mme amplitude de la consommation.

    r

    S, I

    S

    I

    I0 = S0

    r0

    March financier

    Le march financier ne joue aucun rle dans la dtermination de

    lquilibre macroconomique de court terme

  • 23

    Une augmentation des dpenses

    gouvernementales finance par une

    mission dobligations dEtat :

    Le budget de lEtat est alors en dficit :

    (G-T)1>0 (alors que (G-T)0=0).

    La droite de linvestissement total se

    dplace vers la droite. Au nouvel

    quilibre S=I+(G-T), le taux dintrt est

    plus lev : r1>r0

    Linvestissement priv diminue (I1S0) dun

    montant gal la distance BC.

    La diffrence entre S1 et I1 gale la

    distance AC correspond au financement

    du dficit public (G-T)1>0.

    r

    S, I

    S

    I+ (G-T)0

    I0 = S0

    r0

    March financier

    I1+(G-T)1= S1

    A B C r1

    I1

    I+ (G-T)1

    Le march financier ne joue aucun rle dans la dtermination de

    lquilibre macroconomique de court terme

  • 24

    Au niveau de la demande agrge Z, une augmentation de la dpense

    publique na aucun effet puisque la cration dun dficit public provoque

    une hausse de lpargne (donc une baisse de mme ampleur de la

    consommation) et une baisse de linvestissement :

    (G-T) = C + I

    Donc (G-T) - C - I = 0.

    Par consquent, comme la demande agrge est Z = C + I + (G-T), leffet

    sur celle-ci est nul :

    Z = (G-T) - C - I = 0

    Le seul effet du dficit public est daccrotre le taux dintrt, ce qui

    diminue linvestissement. Les dpenses publiques font ainsi diminuer

    linvestissement et absorbent une partie de lpargne : cest leffet

    dviction .

    Le march financier ne joue aucun rle dans la dtermination de

    lquilibre macroconomique de court terme